Vous êtes sur la page 1sur 21

Monuments et mémoires de la

Fondation Eugène Piot

Les stèles-frontières d'el-Amarna, à propos d'une nouvelle


acquisition du Musée du Louvre
Monsieur Jacques Vandier

Citer ce document / Cite this document :

Vandier Jacques. Les stèles-frontières d'el-Amarna, à propos d'une nouvelle acquisition du Musée du Louvre. In: Monuments
et mémoires de la Fondation Eugène Piot, tome 40, 1944. pp. 5-22;

doi : https://doi.org/10.3406/piot.1944.1961

https://www.persee.fr/doc/piot_1148-6023_1944_num_40_1_1961

Fichier pdf généré le 25/04/2018


LES STÈLES-FRONTIÈRES D'EL-AMARNA
A PROPOS D'UNE NOUVELLE ACQUISITION
DU MUSÉE DU LOUVRE

Le nom d'el-Amarna, encore peu répandu à la fin du siècle dernier en


dehors du cercle étroit des spécialistes, est maintenant familier à tous les amateurs
d'art grâce aux admirables chefs-d'œuvre que nous a livrés depuis cinquante ans
ce site prestigieux. Plusieurs de ces chefs-d'œuvre, que connaissent bien les lec¬
teurs des Monuments Piot, sont aujourd'hui au Louvre : qu'il suffise de citer ici
les plus célèbres, le buste en calcaire d'Aménophis IV (1), la tête en bois (2), la
belle tête de princesse en calcaire polychromé (3), enfin le groupe d'Aménophis IV
et de Néfertiti que les Musées nationaux doivent à la grande générosité de
M. et Mme Atherton Curtis (4).
L'œuvre qui fait l'objet de cet article, si elle provient, elle aussi, d'el-Amarna,
appartient à un genre de sculpture qui n'était pas encore représenté au Musée du
Louvre. Il s'agit, en effet, d'un grand bas-relief, ou plus exactement de quatre
fragments d'un grand bas-relief historique qui se rattache étroitement à l'origine
de la fondation d'el-Amarna. Il est donc indispensable, avant d'aborder l'étude
objective de cette œuvre, d'essayer, en évoquant brièvement les premières années
de l'expérience amarnienne, de la replacer dans le climat qui l'a vue naître.
On a beaucoup écrit sur les origines du schisme atonien et, sur ce point,
l'unanimité n'est pas encore faite parmi les savants. On s'accorde cependant
sur la cause essentielle du schisme : la puissance exagérée du clergé d'Amon,
grand bénéficiaire des prodigieux succès militaires remportés par les rois de la
XVIIIe dynastie. En somme le bouleversement qui a marqué le début du règne
d'Aménophis IV est né d'une cause essentiellement politique, mais a dû rapide¬
ment, pour des raisons faciles à comprendre, se développer sur le plan religieux.
En effet, la puissance politique du grand prêtre d'Amon qu'il s'agissait d'abattre
ne pouvait être efficacement combattue que dans son principe, c'est-à-dire dans

(1) Boreux,
(2)
(3)
(4) Benedite,Monuments
MonumentsPiot,
Piot,XXXVII
XXXV
XXXVI
XIII (1935-1936),
(Ì906-07),
(1938),
(1940),p.p.p.1-26
25-36
p.5-277-24
et etpl.
et pl.
etpl.I. pl.III.
I-II.II.
6 MONUMENTS PIOT

le culte du célèbre dieu d'État sur lequel elle s'appuyait. Mais il ne suffisait pas de
détruire, il fallait aussi reconstruire. En d'autres termes, le roi se trouvait, après
ce premier acte du drame, devant la nécessité de donner à sa monarchie l'appui
spirituel d'une religion apte à satisfaire la masse de son peuple. Le culte que
choisit le roi-réformateur n'était pas nouveau. Il était apparu, en effet, dès le
règne de Thoutmosis IV et se rattachait étroitement à la religion solaire qui
.joua, à toutes les époques de l'histoire égyptienne, un rôle de tout premier plan.
Le culte du soleil, Rëf, qui remonte peut-être à la lointaine préhistoire (1),
s'était beaucoup développé à la Ve dynastie. Les rois d'Égypte, à partir de cette
époque, n'avaient cessé de se proclamer les fils de Rëf et Amon lui-même, pour
parvenir au premier rang, avait dû emprunter plus d'un trait au célèbre dieu
d'Héliopolis et accepter même qu'on ajoutât à son nom celui du dieu-soleil.
C'était, en effet, sous le nom d'Amon-Rë* qu'il était adoré d'une manière habi¬
tuelle depuis la XIIe dynastie (2). Il est certain qu'Aménophis IV ne pouvait
reprendre, sans la modifier profondément, une religion dont ses ennemis, les
prêtres d'Amon, s'étaient adroitement servis pour augmenter leur puissance.
Mais, là encore, il ne fut pas un créateur, et ce n'est pas sans raison qu'on a pu
dire, à propos de la réforme qui l'a rendu célèbre, qu'elle était, moins qu'une
révolution, le terme logique d'une longue évolution conditionnée par la politique
de conquête des grands roisde la XVIIIe dynastie.
Une des conséquences les plus importantes de cette politique avait été,
sans aucun doute, d'établir, entre l'Asie antérieure et l'Égypte, des rapports
étroits que resserrèrent bientôt les alliances matrimoniales entre la famille royale
égyptienne et les familles des grands souverains asiatiques, parmi lesquels on
doit citer avant tout les rois de Mitanni. Dès la fin du règne de Thoutmosis III,
l'Égypte contrôlait, directement ou indirectement, la plus grande partie de l'Asie
antérieure. L'ancienne religion égyptienne ne pouvait plus convenir à un empire
aussi vaste, et il était devenu indispensable de la modifier dans un sens universa¬
liste très net. Ce fut alors qu'on eut l'idée de transformer la religion solaire. Le
culte du soleil était répandu dans tout l'Orient ancien et nul dieu ne pouvait
être accueilli avec plus de bienveillance par la grande majorité des sujets de
Pharaon. Mais il fallait, pour cela, lui ôter ce qu'il avait de spécifiquement
égyptien, le délivrer des attaches qu'il avait pu contracter, au cours des siècles,
avec les principaux dieux du panthéon égyptien, en un mot lui rendre sa primitive
simplicité. Ce fut à quoi s'efforcèrent, dès le règne de Thoutmosis IV, quelques

contre
cf. Vandier,
(1)cette
(2) Cf. entre
Sethe,
Journal
hypothèse
autres
Urgeschichie
des exemples,
deSavanls,
Setheund
dans
1942,
Chevrier,
atteste
son
p. 125
Religion
ouvrage
Annales
et seq.der
du Service
Aggpter,
Gôllerglaube
des §§Antiquités
104
im alien
sqq.deAeggpten
Kees s'est;XXX
l'Égypte, sur
récemment
cette
(1930),
question,
pl.élevé
II.
LES STÈLES-FRONTIÈRES d'eL-AMARNA 7

esprits élevés. Au lieu d'adresser leurs prières à Amon-Rê', ou à quelque autre


des dieux « solarisés », ils adorèrent le Soleil lui-même, considéré, non plus sous
la forme anthropomorphique qu'il avait prise depuis des siècles, mais sous la
forme de disque, celle qu'il prenait chaque jour pour se manifester à ses fidèles
dans tout l'éclat de ses rayons. Aton, c'est-à-dire « le disque solaire » fut le nom
que l'on donna à cette forme nouvelle de l'ancien dieu-soleil. Son culte se répandit
assez rapidement dans l'élite du pays et ne tarda pas à être adopté même par les
membres de la famille royale.
La faveur avec laquelle Aton avait été accueilli n'avait en rien porté atteinte
aux autres cultes, et Amon conservait toujours la première place dans le panthéon.
La grande idée d'Aménophis IV fut de remplacer par une religion à tendances
nettement monothéistes le vieux pofythéisme égyptien, si commode pourtant
parce qu'il admettait tous les compromis. Cet exclusivisme, dont on n'avait
eu, jusqu'alors, aucun exemple dans la religion égyptienne, permit au roi de
persécuter tous les autres cultes, mais surtout celui d'Amon qui était devenu,
comme on l'a vu, un danger pour la souveraineté de la monarchie égyptienne.
De tous les anciens dieux, Aménophis IV, qui prit alors le nom d'Akhnaton (1),
ne conserva que ceux qui se rattachaient étroitement à la religion solaire, Rëf,
Harakhti, Maât et Mnévis, le taureau sacré d' Héliopolis.
La doctrine atonienne, qui nous touche par son caractère naïf, et spontané,
est exposée dans l'hymne au soleil que le roi composa lui-même en l'honneur de
son dieu (2). C'est avant tout un hymne à la joie qui célèbre la bonté infinie du
créateur pour ses créatures, mais qui exprime aussi l'infinie reconnaissance que
les créatures doivent témoigner à leur créateur. Dans ce beau chant, au lieu des
directives anonymes d'un dogmatisme desséchant, on trouve l'exaltation des
sentiments les plus élevés : ceux-là seuls qui permettent à l'homme de s'épanouir,
la liberté, la confiance, la sincérité, la spontanéité. Cette conception nouvelle des
rapports qui unissent le fidèle à son dieu n'est certainement pas née en Égypte ;
venue très probablement d'Asie, elle a été greffée, tel un rameau étranger, sur le
vieux tronc de la religion solaire égyptienne (3).
On comprend qu'une telle religion, animée comme elle l'était d'un esprit
nouveau, ne pouvait pas se développer à l'endroit même où avait fleuri, pendant
des siècles, l'ancienne religion d'Amon. Akhnaton le comprit et décida, dès le

dep.trouve
Sethe, 70-109,
dire
(1)
(2)Zeitschrifi
(3) dans
qu'elle
Aménophis
Ceta Buck,
De sans
hymne
Davies,
a ses
filr
doute
Egyptische
signifie
figure
racines
àgyplische
ThetortRock
dans
«dans
deAmon
Godsdienst
nier
Tombs
Sprache,
plusieurs
le l'influence
est
sol ofégyptien.
satisfait
dans
XLIV
eldesAmarna,
Vander
tombes
de(1907),
» cultes
et Akhnaton
VI,
Leeuw,
civiles
p.étrangers
pl.116-8,
XXVII.
d'el-
de« Godsdiensten
celui
«Asur
c'est
marna.
qui
uneagréable
est
religion
Lader
agréable
version
à dont
Wereld,
AtonàlailAton
».aplus
Amsterdam,
d'ailleurs
»complète
ou, d'après
raison
1941,
se
8 MONUMENTS PIOT

début de son règne, de fonder une nouvelle capitale dans une région relativement
éloignée de Thèbes. Il choisit comme emplacement de sa future métropole la
plaine d'el-Amarna, située en Moyenne-Êgypte, dans le XVe nome, non loin des
nécropolesd'Hat-Noub.
d'albâtre de Sheikh Saïd et d'el-Bersheh, à proximité des célèbres carrières

Cette plaine est entourée d'un demi-cirque de collines qui s'abaissent


progressivement vers le Nil, ne laissant, au Sud et au Nord, qu'un étroit passage
entre elles et le fleuve (fig. 1). La nature semblait avoir délimité à l'avance
l'enceinte de la future capitale. Cependant le roi, pour éviter toute contestation,
résolut, sans doute dès sa première visite à el-Amarna, c'est-à-dire, croit-on, en
l'an 2 de son règne, de faire graver dans le rocher, à proximité de l'étroit passage
qui sépare, au Nord et au Sud, le Nil du Gebel, deux hautes stèles-frontières, la
stèle X au Nord et la stèle M au Sud. Peu de temps après, le roi fit graver une
troisième stèle (K) dans une paroi rocheuse située un peu au Sud de M; il
désirait sans doute faire entrer dans l'enceinte de la ville une partie du couloir
qui permettait de pénétrer dans la plaine par le Sud (1). Ces trois stèles X, M et
K , portent un même texte qui nous a conservé l'histoire de la fondation d'el-
Amarna. Elles furent inaugurées en l'an 4, deux ans après la première visite du
roi. Ce sont les plus anciennes du site. Le texte nous dit qu'Akhnaton, après
avoir fait de grands sacrifices en l'honneur d'Aton, avait visité successivement
chacune des stèles-frontières et qu'il avait fait, à cette occasion, une proclamation
officielle en présence des grands dignitaires du royaume. Il avait déclaré notam¬
ment qu'il avait fondé Akhetaton (2) en cet endroit pour obéir à un ordre formel
d'Aton. C'était donc là, et là seulement, que le dieu désirait que fût célébré son
culte principal. Aussi le roi s'était-il engagé par serment, en levant les bras vers
le disque solaire, à ne jamais s'écarter des limites que le dieu avait tracées lui-
même et à construire la nouvelle ville à l'intérieur du demi-cirque de collines dont
il a été question plus haut, sur la rive orientale du Nil. La proclamation nous met
ensuite au courant des travaux architecturaux que le roi avait achevés ou seule¬
ment entrepris : cinq sanctuaires consacrés à l'Aton devaient s'élever dans
l'enceinte de la ville ; deux palais étaient également prévus, l'un pour le roi et
l'autre pour la reine ; enfin Akhnaton avait annoncé qu'il avait déjà choisi
l'emplacement de la future nécropole royale et celui de la sépulture des taureaux
d'Héliopolis (3). La déclaration se termine par quelques règlements relatifs aux
fêtes d'Aton et à l'entretien des temples au moyen de redevances spéciales.

fut gravée
(1) «La
(2)
(3) Cf.Splendeur
un
stèle
supra,
peuJ,plus
p.située
d'Aton
7.tard,un».entre
peu
Ce fut
au
l'anleSud
6nom
etdesl'an
dedeux
la8 dunouvelle
précédentes,
règne d'capitale.
Akhnaton
répondait
(cf. sans
infra,doute
p. 10).au même souci ; elle
inserir J P§ Pf fionq(/U uo
pi. i

STÈLE FRONTIÈRE R, EL-AMARNA. ÉTAT ANCIEN


LES STÈLES-FRONTIÈRES D'EL-AMARNA 9

Peu après, Akhnaton décida de faire entrer dans l'enceinte d'el-Amarna une
partie de la rive gauche du fleuve, mais, conformément à son premier serment, il
spécifia que la ville même d'Akhetaton ne devait pas s'étendre à l'Ouest du
Nil (1). Cette extension du district d'el-Amarna répondait sans doute au souci
qu'avait le roi d'accroître les revenus des temples. Trois stèles A, B et F (cf. fig. 1)
devaient servir de bornes occidentales à la nouvelle enceinte. Une ligne tracée

THE DISTRICT OF AKHETATEN Cffr P<tn,)

Fig. 1. Plan d'el-Amarna. D'après Davies. The Rock Tombs of el Amarna.

de A à X marque la limite Nord du district. Cette ligne s'écarte légèrement du


Nord magnétique, mais, comme le remarque Davies (2), elle coïncide sans doute
avec le Nord absolu des anciens Égyptiens. La limite Sud partait de F et aboutis¬
sait, non pas à la plus méridionale des trois anciennes stèles (K), mais à une
nouvelle stèle (P) située à l'intérieur du Gebel, à l'entrée d'une des pistes
débouchant sur la plaine. Cette limite Sud F-P est exactement parallèle à la
limite Nord A-X (cf. fig. 1) et ce fut probablement pour obtenir ce parallélisme
que le roi étendit légèrement vers le Sud la limite de l'ancienne enceinte. Une
huitième stèle (V ) fut gravée non loin de l'endroit où le passage qui sépare,
au Nord, la montagne du fleuve débouche sur la plaine, à l'extrémité d'une

à l'Est.
*rès intéressante
(1) Le
(2) Thesoleil
Rock«etTombs
meurt
très complète
»ofà l'Occident.
el Amarna,
sur lesIlV,stèles-frontières
fallait
p. 19.queOn latrouvera
villed'el-Amarna.
s'élevât
dans cedumême
côté oùouvrage,
le soleilp.se 19-34,
lève, c'est-à-dire
une étude
10 MONUMENTS PIOT

ligne idéale B-V exactement parallèle aux limites Nord et Sud de l'enceinte
A-X et F-P. Le roi pensait sans doute à ces six stèles (A , X , B, V, F et PJ
lorsqu'il disait, en l'an 8 de son règne, dans un texte additionnel qui ne figure
que sur les stèles A et B : « Les six stèles que j'ai établies comme limites d'Akheta-
ton sont les trois stèles (gravées) dans la montagne à l'Est d'Akhetaton et les
trois stèles qui leur font face (1). » Six autres stèles-frontières sont connues :
J dont il a été question plus haut (2), Q, R , et S, situées, comme P, le long de
la large vallée où aboutissent, venant du Sud, les routes de la montagne, N,
adossée au Gebel qui ferme, "au Sud, la plaine amarnienne, U, enfin, gravée à
l'entrée du ouadi conduisant aux tombes royales (cf. fig. 1).
Cette deuxième série de onze stèles fut inaugurée par le roi en l'an 6 de son
règne, mais le texte qui les couvre en partie semble bien n'avoir été achevé qu'en
l'an 8. En voici la traduction (3) d'après la stèle S, la mieux conservée de la série,
complétée dans les passages en lacune par le texte des autres stèles.
.Introduction. — L'an 6, le quatrième mois de la saison d'hiver, le 13. Puisse
vivre le dieu bon qui prend plaisir à la justice, le seigneur du ciel, le maître de la
terre, l'Aton vivant, le Grand qui illumine le Double-Pays (4). Puisse vivre le
Père « Rëç-Harakhti-qui-se-réjouit-à-l'horizon (5) -en-son-nom-de-Soleil-iden-
tique-à-l'Aton » (6), celui à qui est donnée la vie à jamais, l'Aton vivant, le Grand
qui célèbre sans cesse ses jubilés (?), celui qui réside à Akheta ton dans le sanctuaire
d'Aton.
Le protocole (7). — Puisse vivre l'Horus « le taureau puissant aimé d'Aton »
celui qui appartient aux deux déesses « le grand souverain qui règne dans
Akhetaton (8) », l'Horus d'or « celui qui exalte le nom d'Aton », le roi de Haute et
de Basse-Égypte qui vit dans la justice, le maître du Double-Pays « Néferkhé-
prourë', l'unique de Rëf » le fils de Rë5 qui vit dans la justice, le maître des
diadèmes « Akhnaton » grand dans sa durée, celui à qui est donnée la vie à jamais.
Le dieu bon, l'unique de Rëç, celui dont Aton a créé la beauté et dont le
cœur est vraiment agréable à celui qui l'a créé, celui qui le satisfait dans tout ce

atténuer
discussion
appartient
du
(delta)
titre
Nord),
(1)
(3)
(4)
(7)
(2)
(5)
(6)
(8)
étant
etLe
IlCf.
Allusion
C'était
C'est
Littéralement
lesaHaute-Égypte
leaux
d'ordre
Davies,
protocole
supra,
semblé
suivi
lourdeurs,
titre
la deux
letraduction
aud'un
nom
d'Horus
p.philologique.
utile
The
joyeux
déesses,
8, «nom
des àque
fìock
n.ledesupprimer
rois
(vallée
1.grand
d'or,
éclat
donner
du
l'on
spécial
Tombs
c'est-à-dire
égyptiens
Dictionnaire
ledonnait
dudetitre
lales
soleil
qui
ofNil).
royauté
traduction
eldigressions
deacomprend
àAmarna,
Nekhbet,
levant
roi
été
l'Égypte
de»demis,
Berlin,
(accusatif
intégrale
; Haute
cf.
V,cinq
et
déesse
ici,
àDictionnaire
les
p.IV,
cause
titres
etrépétitions.
entre
19deprotectrice
du431,
etrelation).
dedetexte,
34.
:guillemets.
Basse-Ëgypte,
leB,sa titre
deIII.
très
sans
En
Berlin,
dud'Horus,
ancienne
revanche,
chercher
SudIII,
etet leOuadjet,
40,
ledivision
àtitre
onvoiler
titre
A,nedeI,trouvera
dedéesse
les
c.ennebly
fils maladresses,
deBasse-Ëgypte
Rë,
protectrice
ici(celui
chaque
aucune
quià
LES STÈLES-FRONTIÈRES d'eL-AMARNA 11

qui réjouit son ka (1), qui fait ce qui est agréable à celui qui l'a façonné et qui
administre le pays en faveur de celui qui l'a mis sur le trône* celui qui approvi¬
sionne éternellement son temple en millions et en centaines de milliers de choses,
qui exalte Aton et magnifie son nom, qui fait exister le pays pour celui qui l'a
créé, le roi de Haute et Basse-Égypte qui vit dans la justice, le maître du Double-
Pays Néferkhéprourê', l'unique de Rëf, le fils de Hëf qui vit dans la justice, le
maître des diadèmes, Akhnaton, grand dans sa durée, celui à qui est donnée la
vie à jamais.
Et (puisse vivre) la princesse héréditaire, celle qui est grande dans le palais,
celle dont le visage est beau et les deux plumes seyantes (2), celle qui possède la
joie et les faveurs, celle dont on se réjouit d'entendre la voix, la grande épouse du
roi, sa bien-aimée, la maîtresse du Double-Pays Néfernéfrouiten Néfertiti,
qu'elle vive à jamais !
La cérémonie de l'offrande. — Ce jour-là, le roi se trouvait dans Akhetaton,
dans le pavillon du partage (ou : de la natte ?) qui fut fait pour Sa Majesté (vie !
santé ! force !) dans Akhetaton et auquel on donna le nom de « Aton est
satisfait ». Sa Majesté (vie ! santé ! force !) apparut en char sur un grand char
d'électrum, semblable à Aton, quand il se lève à l'horizon et qu'il remplit le
Double-Pays de son amour. On prit la bonne route menant à Akhetaton comme
la première fois quand Sa Majesté (vie ! santé ! force !) la trouva pour fonder
la ville comme un monument (consacré) à Aton, conformément à l'ordre de son
père « Harakhti - qui -se -réj ouit-à - l'horizon - en - son - nom -de-Soleil-identique - à -
l'Aton », celui à qui est donnée la vie à jamais, et pour lui faire un monument
à l'intérieur de cette ville. Elle fit préparer de grandes offrandes — des pains,
des cruches de bière, des bœufs à cornes longues et à cornes courtes, des
troupeaux, des volailles, du vin, des fruits, de l'encens et toute sorte de bons
produits des champs — le jour de la fondation d'Akhetaton en l'honneur de
l'Aton, et ces offrandes furent favorablement accueillies (par le dieu) pour le plus
grand profit de la vie, de la santé et de la force du roi de Haute et Basse-Égypte
qui vit dans la justice, du maître du Double-Pays Néferkhéprourë', l'unique de
Rë', du fils de Rëç qui vit dans la justice, du maître des diadèmes Akhnaton,
grand dans sa durée, celui à qui est donnée la vie à jamais.
L'arrivée devant les stèles. — Sa Majesté (vie ! santé ! force !) se dirigea vers
le Sud et fit arrêter son char devant son père « Harakhti-qui-se-réjouit-à-l'horizon-
en-son-nom-de-Soleil-identique-à-l'Aton » celui à qui est donnée la vie à jamais,*

et encadré
(1) La
(2) Surreine
dece deux
principe
portecornes.
généralement
spirituel, cf. une
Drioton-Vandier,
coiffure qui se L'Égyple,
compose dup. disque
124-5. solaire surmonté de deux plumes
12 MONUMENTS PIOT

dans la montagne au Sud-Est d'Akhetaton, Et Aton l'inonda de ses rayons en


vie et en prospérité et rajeunit son corps chaque jour.
Le serment. — Serment que prononça le roi de Haute et Basse-Égypte,
celui qui vit dans la justice, le maître du Double-Pays Néferkhéprourë', l'unique
de Rëf, le fils de Rë' qui vit dans la justice, le maître des diadèmes Akhnaton à
qui est donnée la vie à jamais.
« Aussi vrai que vit mon père « Rë'-Harakhti-qui-se-réjouit-à-l'horizon-en-
son-nom-de-Soleil-identique-à-l'Aton », celui à qui est donnée la vie à jamais,
et aussi vrai que mon cœur trouve son agrément dans l'épouse royale et dans ses
enfants — que soit accordé un .âge avancé à la grande épouse royale Néferné-
frouiten Néfertiti, qu'elle vive éternellement dans ce million d'années (?) sous
l'autorité de Pharaon (vie ! santé ! force !) et que soit accordé un âge avancé à la
princesse Méritaton et à la princesse Mékitaton, ses enfants, sous l'autorité de
l'épouse royale, leur mère, dans les siècles des siècles — c'est mon serment
véritable que mon cœur désire prononcer et dont je ne dirai jamais qu'il est faux.
La stèle Sud qui est dans la montagne à l'Est d'Akhetaton-, c'est la stèle
d'Akhetaton auprès de laquelle j'ai fait halte. Je ne la dépasserai jamais vers le
Sud. Et la stèle Sud-Ouest est faite exactement en face de celle-ci, dans la
montagne qui est en face, à l'Ouest d'Akhetaton.
La stèle du centre qui est dans la montagne, à l'Est d'Akhetaton, c'est la
stèle d'Akhetaton, celle auprès de laquelle j'ai fait halte dans la montagne qui
est au Levant d'Akhetaton. Je ne la dépasserai jamais du côté du Levant. Et
la stèle du centre, dans la montagne qui est à l'Ouest d'Akhetaton est faite
exactement en face de celle-ci.
La stèle qui est au Nord-Est d'Akhetaton et auprès de laquelle j'ai fait
halte, c'est la stèle Nord d'Akhetaton. Je ne la dépasserai jamais vers le Nord.
Et la stèle Nord qui est dans la montagne, à l'Ouest d'Akhetaton, est faite
exactement en face de celle-ci.
Si on mesure Akhetaton, de la stèle Sud à la stèle Nord, cela fait, d'une
stèle à l'autre, dans la montagne à l'Est d'Akhetaton, une distance de 6 itérou,
1 khel3j4 et 4 coudées (1). De même, de la stèle Sud-Ouest à la stèle Nord-Ouest,
dans la montagne de l'Ouest, la distance est exactement de 6 itérou , 1 khet 3/4
et 4 coudées. Et l'aire comprise entre ces quatre stèles, de la montagne Est à la
montagne Ouest, c'est le district proprement dit d'Akhetaton. Il appartient à
mon père « Rë'-Harakhti-qui-se-réjouit-à-l'horizon-en-son-nom-de-Soleil-iden-

approximativement
est donc
(1) Lalégèrement
coudée vaut
2supérieure
kilomètres.
exactement
à La
120 distance
m.
kilomètres.
523 ; leentre
khel les
vautdeux
100 stèles
coudées,
extrêmes,
donc 52 dem. chaque
30 ; Viler,côté
ou du
millefleuve,
vaut
LES STÈLES-FRONTIÈRES d'eL-AMARNA 13

tique-à-1'Aton », celui à qui est donnée la vie à jamais, à savoir les montagnes,
les déserts, la campagne, les terres nouvellement inondées, les collines, les lotus (?),
les champs, l'eau, les villages, les rives du fleuve, les gens, les troupeaux, les arbres
et toutes
siècles deslessiècles.
bonnes choses qu'il plaira à mon père Aton d'y faire pousser dans les

Conclusion. — Je n'oublierai jamais ce serment fait à l'Aton, mon père.


Bien plus, il demeurera (gravé) sur une stèle de pierre, comme la frontière
Sud-Est, et comme la frontière Nord-Est d'Akhetaton ; de même, il demeurera
(gravé) sur une stèle de pierre comme la frontière Sud-Ouest et comme la frontière
Nord-Ouest d'Akhetaton. Il ne sera ni gratté (?), ni lavé, ni effacé, ni recouvert
de plâtre et sa dégradation ne sera jamais consommée. Cependant, s'il y manque
quelque chose, s'il subit une quelconque dégradation, si la stèle sur laquelle il
est gravé tombe, je la restaurerai à l'endroit même où elle se trouvait.
Post-scriptum . — Le serment fut répété en l'an 8, le 8 premier mois de la
saison d'hiver. Le roi était dans Akhetaton. Pharaon (vie ! sanlé ! force !) apparut
sur un grand char d'électrum pour inspecter les stèles qui étaient dans la mon¬
tagne comme fontières Sud-Est d'Akhetaton.
Ce long texte est illustré, sur les onze stèles qui nous l'ont conservé, d'une
scène d'adoration. Le roi et la reine, accompagnés de leurs deux filles aînées (1),
se tiennent debout, d'un côté ou de chaque côté du disque solaire. Ils lèvent leurs
mains vers le dieu, et celui-ci, en retour, les inonde de sa lumière bienfaisante.
Chaque rayon de l'Aton se termine par une main, symbole naïf de la protection
que le dieu exerce sur ses fidèles adorateurs. Sous le disque, on remarque, tantôt
un texte qui sert d'introduction à la grande inscription, tantôt une table d'of¬
frandes, chargée d'aliments divers. Ce dernier détail rappelle le passage du texte
qui mentionne de grands sacrifices et de grandes offrandes, le premier acte de
toute cérémonie importante dans l'Égypte ancienne.
Les quatre fragments qui viennent d'être acquis par le Département des
Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre appartiennent à la stèle R. Ce sont
eux que nous allons étudier maintenant sans nous attarder à décrire en détail
chacune des quatorze stèles connues. La planche II montre, à côté de la stèle R ,
telle qu'elle a été photographiée par Davies (2) au début de ce siècle, les quatre
fragments du Louvre, respectivement disposés comme ils l'étaient avant d'avoir
été détachés de la montagne (pl. I). Cette reconstitution permet de se rendre
compte aisément de l'importance des lacunes.
Premier fragment (fig. 2) (3). — C'est le motif central du cintre, le disque

(1) AE.
(2)
(3) Thecette
16672
Rocképoque,
a.Tombs
Hauteur
lesof autres
el: 0Amarna,
m. princesses
475 ; V,largeur
pl.n'étaient
XLII,
: 0 m.à 39pas
gauche.
; épaisseur
encore nées.
: 0 m. 135.
14 MONUMENTS PIOT

rayonnant qui brille au milieu du ciel. Le ciel, dans ces stèles, au lieu d'être
figuré par un signe horizontal f==i comme dans l'écriture hiéroglyphique,

épouse la courbe du cintre. La pierre est trop usée pourmembres


surqu'on
paraît
trième
Chacun
mine
vu
symbolisent
que plus
celepar
nettement
fragment,
puisse
fragment
dieu
haut
desune
derayons
exerce
que
la
le main.
lareconnaître
mais
sur
(cf.
protection
cesfamille
lefig.
se
sur
mains
ilqua¬
On ter¬
ap¬
5).a
les

royale. L'élément en saillie


que l'on remarque à la base
du disque représente ce qui
Éfsi reste de l'uraeus qui accom¬
pagne régulièrement, dans
les bas -reliefs amarniens,
• • / X les figurations du soleil.
L'uraeus se prolonge, vers
le bas, par un signe de la

vie
ticale dont
se confond
la branche
avecver¬
le

rayon qui passe par l'axe


vertical du soleil ; l'arrondi
de la boucle n'est plus visi¬
ble, mais on aperçoit encore
les traces des deux bran¬
ches latérales du symbole.
Fig. 2. Stèle R. Disque rayonnant. A gauche se trouve la fin
d'une courte inscription gra¬
vée en lignes verticales : « l'Aton vivant, le Grand, celui qui célèbre sans cesse
ses jubilés (?), le maître du pays, celui qui réside dans le temple d'Aton, à
Akhetaton ». C'est le nom de la ville qui se lit encore sur notre fragment.
Les fragments 2 et 3 appartiennent l'un et l'autre à la partie gauche du
registre décoré.
Deuxième fragment (fig. 3) (1). — Le second fragment nous montre Amé-
(1) E. 16672 b. Hauteur : 0 m. 26 ; largeur : 0 m. 24 ; épaisseur : 0 m. 08.
LES STÈLES-FRONTIÈRES d'eL-AMARNA 15

nophis IV tourné vers la droite. Seul le buste est conservé. Le roi est coiffé du
khepresh ou casque bleu et étend ses bras vers le disque rayonnant. Au-dessus de
la tête d'Akhnaton, on lit la fin des deux cartouches donnant le nom de l'Aton (a)
et, à gauche de la pierre,
le premier cartouche du
roi (b) :

41(15LUI c£i1

réjouit
nom
l'Aton.
« deRë'
» à Soleil
l'horizon
Harakhti
identique
enquison
seà

■H i* (pî&'oÎ

« Le roi de Haute et
Basse-Égypte Néferkhé-
prourë*, l'unique de Rë* ».
Troisième fragment
(fig. 4) (1). — Ce fragment,
qui se place immédiatement
derrière le précédent, nous a Fig. 3. Stèle R. Akhnaton adorant le disque solaire.
conservé les figures de la
reine et de la jeune prin¬
cesse Méritaton, tournées vers la droite. Comme le roi qui les précède, elles
adorent l'Aton ; la reine élève ses bras vers le disque et la fillette agite son sistre
en l'honneur du dieu. Néfertiti est coiffée d'un haut bonnet conique, tout à fait
semblable à celui qu'elle porte sur le célèbre buste de Berlin ; un long ruban se
détache de la coiffure et tombe sur le dos en flottant. Elle était vêtue d'une ample
tunique plissée, largement ouverte par devant, mais l'usure de la pierre a fait
presque entièrement disparaître ce vêtement ; il n'en reste que quelques traces
dans la région des hanches et sur les épaules. De la jeune princesse, nous ne
voyons que la tête et le bras droit qui tient le sistre. Elle a le crâne rasé à l'excep¬
tion d'une épaisse mèche qui tombe à droite en recouvrant l'oreille. Les jeunes

(1) E. 16672 c Hauteur : 0 m. 375 ; largeur : 0 m. 305 ; épaisseur : 0 m. 065.


16 MONUMENTS PIOT

princesses portent régulièrement cette mèche sur les bas-reliefs amarniens (1).
Au-dessus de la tête de Néfertiti, on aperçoit une des mains qui terminent les
rayons du soleil et qui transmettent à ses fidèles son fluide protecteur.

. v \ v * **** #j|-v.;, 5 stgafi


;? f, lliill
V ."JM
«fins*
*♦ *v x

»v-» -«* *'

Fig. 4. Stèle R. Néfertiti et Méritaton adorant le disque solaire.

Le nom de la reine est gravé deux fois, au-dessus d'elle et devant elle. Seul
ce dernier texte est complet sur notre fragment :

rŒIMSl

« la siècles
des grande! épouse
». royale Néfernéfrouiten Néfertiti, qu'elle vive dans les siècles

pl. I.(1)ElleM-:
nienne. Cette
n'est
Boreux
mèche
d'ailleurs
a minutieusement
apparaît
pas l'apanage
également
étudié
desenprincesses
cette
ronde-bosse
coiffure
et d'autres
:dans
cf. Boreux,
l'article
jeunes Monuments
cité,
filles p.la 10-17.
portent
Piol,àXXXVI
l'époque (1938),
amar-
LOUVRE
DU
MUSÉE
Illustration non autorisée à la diffusion D'EL-AMARNA.
R
FRONTIÈRE
STÈLE
LA
DE
FRAGMENTS
LES STÈLES-FRONTIÈRES d'eL-AMARNA 17

Un autre texte, gravé à gauche au-dessus de la jeune princesse Mérita ton


et de sa sœur (1) donne le protocole des filles aînées d'Aménophis IV :

ii rf 3=*3 1 p u: EffiHISI 1 3 s m

ì ì an m mi

lefaisants.
verticalement.
tient
chère
« La
Néfernéfrouiten
table
frouiten
des
exactement
conservé
les
solaire
qui
largement
mollets.
fragment.
la
gênedisque
taille
mêmes
quatre
enveloppe
Quatrième
Les
a)
fille
en
le
aux
etdans
signe
etIlNéfertiti,
aucune
Enbien-aimée
véritable
solaire,
l'essentiel.
Celle
inscriptions
anciens
La
est
largement
coiffures
échancré
fragments.
haut,
un
symétrique
de
reine
orné
exactement
des
fragment
Le
geste
manière
étend
Néfertiti,
laÉgyptiens,
nous
et
qu'elle
mains
disque
d'un
vie
est
Le
que
du
en
bien-aimée
d'adoration.
ouverte
sont
devant
Ildrapée
roi
avons
roi
avant,
(fig.
«les
sur
àse
.du
devanteau
vive
solaire
et
qu'elle
les
C'est
celle
irrégulièrement
Mékitaton,
mouvements
place
les
5)dieu
la
que
reins
par
elle
ledans
(2).
descend,
reine,
fragments
du
une
dont
protocole
leenvoie
àAkhnaton
devant.
comme
qui
vive

et
roi,
droite
dieu
les
une
» tournés
manière
C'est
vient
arrive
deles
dans
née
siècles
Mérita
tunique
en
apporte
perles
jusqu'aux
de
un
L'étoffe,
2deux
du
led'Aton
s'accrocher
de
arrière,
réparties
la
et
àvoile
les
est
plus
cette
symbolique
ton,
disque
des
reine
la
3,
(3)siècles
fragments
vêtu
plissée
au
hauteur
grande
important
élèvent
dont
siècles
née
qui
fois-ci
très
: souverain
àsouverains
qui,
etd'une
peu
sur
de
n'est
les
sous
des
ample
ileten
!épouse
la
vers
leurs
de
est
plis
du
»près
la
transparente,
siècles
grande
de
sorte
plus
élevant
leet
traduire
visage
surface
décoré
parallèles
lela
nombril.
sur
bras
legauche
àses
visible
gauche,
souffle
royale
mieux
de
lales
! vers
épouse
rayons
La
ses
pagne
hauteur
d'Akhnaton
d'une
épaules,
disponible.
cette
fille
nous
bras
de
Ce
sur
leconservé
tombent
Néferné¬
portant
serrée
disque
royale
pagne
la
plissé
scène
notre
bien¬
véri¬
idée,
vers
vie.
ont
des
neà

(HHH * i-

identique
« Puisse vivre
à l'Aton
Rë'-Harakhti
», celui à qui
qui est
se réjouit
donnée àla l'horizon
vie à jamais,
en son
l'Aton
nom vivant,
de Soleil
le

a manière
(1) On
(2)
(3) La 16672
E. figure
appelle
d'un d.tablier.
de«Hauteur
la princesse
devanteau
: 0 m.
» Mékitaton
un48ornement
; largeur
n'existait
: 0 m.de37plusieurs
fait déjà
; épaisseur
plus rangs
au :début
0 dem. perles
09.
de ce et
siècle.
qui tombe par devant à
18 MONUMENTS PIOT

Grand (qui célèbre sans cesse ses jubilés (?), le maître de la terre qui réside dans
le sanctuaire d'Aton à Akhetaton). »

Fig. 5. Stèle R. Akhnaton et Néfertiti adorant le disque solaire.

b ) Derrière la tête du roi sont gravés les deux derniers titres du protocole
royal :

U [Ai » I

« LeRëf
de roi Akhnaton
de Haute àet qui
de Basse-Égypte
est donnée la Néferkhéprourë',
vie à jamais. » l'unique de Rëe, le fils
LES STÈLES-FRONTIÈRES d'eL-AMARNA 19

c) et d) Le nom de la reine est gravé devant elle (1) et au-dessus de sa tête :

« La grande épouse royale Néfernéfrouiten Néfertiti. »


e) Enfin, derrière la reine, on aperçoit le commencement du protocole de la
jeune princesse Méritaton qu'on doit se figurer derrière sa mère exactement
comme sur notre fragment 3 :

« La fille véritable et bien-aimée du roi, Méritaton, née de la grande épouse


royale Néfernéfrouiten Néfertiti, qu'elle vive à jamais ! »
Les quatre fragments que nous venons de décrire constituent la partie
essentielle de la décoration du cintre. Sans doute peut-on regretter que les
personnages principaux aient été aussi maladroitement découpés et que man¬
quent également la table d'offrande et les jeunes princesses de la moitié droite
du registre décoré. Cependant, en dépit de ces importantes lacunes, nos fragments
nous permettent de nous rendre compte, avec une suffisante netteté, des ten¬
dances esthétiques qui prévalaient au début du règne d'Akhnaton. C'est
par quelques considérations sur cette esthétique que nous terminerons cet
article.

On est tout d'abord frappé par l'aspect anormal des personnages : crâne
démesuré, prognathisme accentué, cou long et gracile, bras trop courts mala¬
droitement articulés aux épaules, buste étriqué, taille exagérément mince,
bassin trop développé, cuisses trop fortes pour les jambes, tendance, enfin, à
traiter le corps géométriquement, par volumes superposés, limités par une
ligne souple et hardie. Ces particularités, intentionnellement soulignées, font
presque penser à une caricature. On aurait tort, cependant, de s'abandonner à
cette première impression, et, plutôt que d'une caricature, il conviendrait de
parler d'un idéal de beauté mis à la mode par le physique anormal du roi (2).
Peut-être y avait-il également, chez le roi, le souci d'innover, non seulement dans
le domaine religieux, mais aussi dans le domaine artistique, et doit-on attribuer
à un ordre d'Akhnaton lui-même les nouvelles tendances des écoles de sculpture.
Il est certain que les artistes amarniens ont cherché à remplacer l'idéalisme

Noter(1)
(2)simplement
CetteVandier,
Cf. inscription,
queRevue
le mot
dont
des« Beaux-
grande
nous n'avons,
A»ris,
(our)VIIest
ici,(1943),
écrit
que leavec
p.début,
8-9.le complément
présente le phonétique
même texter. que la suivante.
20 MONUMENTS PIOT

dominant de l'époque d'Aménophis III par un réalisme poussé jusqu'à la bruta¬


lité, mais adouci toutefois par une tendance très nette à la spiritualité. Il est peu
probable qu'ils aient pris d'eux-
. mêmes cette initiative ; Akhnatoa
\ dominait trop son époque pour
n'avoir pas joué un rôle important
dans cette évolution artistique.
Quoi qu'il en soit, c'est par sa ten¬
dance à la spiritualité que se re¬
commande surtout l'art amarnien.

Fig. 6. Statue d'Akhnaton trouvée dans le temple Fig. 7. Tête d'Akhnaton trouvée dans le
de Karnak. D'après Annales du Service des Antiquités temple de Karnak. D'après Annales du Service
de VÉgypte. des Antiquités de VÉgypte.

Grâce à elle, en effet, le dessin apparaît, non plus sous une lumière crue qui
accentue les exagérations de l'artiste, mais à travers une sorte de zone lumineuse
qui n'est que le reflet de la vie intérieure et qui nous transporte dans un pays
de rêve. On est tenté d'opposer ces deux caractéristiques constantes de l'art
LES STÈLES-FRONTIÈRES d'eL-AMARNA 21

amarnien, réalisme et spiritualité. En réalité, elles sont nées d'un même désir,
celui de rendre, avec la plus grande fidélité possible, d'une part l'apparence
physique du modèle, et d'autre part la flamme qui l'anime. C'est ainsi qu'on a
pu dire que l'originalité de l'art amarnien s'affirmait surtout dans la « recherche
de la vérité psychologique » et dans le
« goût du réalisme introspectif » (1). Ces
deux tendances n'ont d'ailleurs pas été
toujours mêlées dans les mêmes propor¬
tions. C'est au début du règne d'Akhna-
ton qu'elles apparaissent l'une et l'autre
avec toute leur force. A cette époque,
les artistes, avec le zèle de néophytes,
exagéraient intentionnellement l'idéal
que leur avait imposé leur souverain et
réussissaient à créer des chefs-d'œuvre.
Il suffit de citer, ici, les statues colossales
du roi, œuvres étranges et magnifiques
(fig. 6 à 8) (2) ; elles furent découvertes
à Karnak, dans le temple qu'Akhnaton
avait fait construire, en dehors de l'en¬
ceinte, à l'Est de la grande salle des fêtes
de Thoutmosis III, et sont, en ronde-
bosse, l'équivalent des bas-reliefs que
nous avons étudiés, mais avec plus de
force encore et de puissance. Plus tard,
les sculpteurs renoncèrent, en partie,
aux exagérations physiques, au géomé- des temple
Fig.
Antiquités
8. Karnak.
de Têtede d'Akhnaton
VÉgypte.
D'après Annales
trouvéedudans
Servicele
trisme outré des formes, mais accentuè¬
rent encore leur tendance à rendre la
vie intérieure de l'âme. Ils créèrent ainsi des œuvres plus séduisantes, parce
que moins heurtées, mais moins vigoureuses aussi, du fait même qu'elles étaient
plus évoluées, plus nuancées (3). Akhnaton a vécu à une époque où la décadence
était devenue inévitable. L'art égyptien, à la fin du règne d'Aménophis III,

(1) Boreux, Monuments Piol, XXXVI (1938), p. 24.


(2) Chevrier, Annales du Service des Antiquités de VÉgypte, XXVII (1927), pl. III-IV; XXXI (1931),
cette
pl. IV.
(3)seconde
Le charmant
manièrebuste
des deartistes
princesse,
amarniens
acquis ; par
cf. leBoreux,
LouvreMonuments
avant la guerre,
Piol, estXXXVI
un excellent
(1938),exemple
pl. I. On
de
amarniens.
trouvera, dans ce même article, p. 24-6, d'intéressantes remarques sur le « réalisme adouci » des sculpteurs

(
22 MONUMENTS PIOT

était parvenu à son apogée : il ne pouvait plus que se renouveler ou se répéter.


Akhnaton a eu le mérite de chercher, par une formule nouvelle, à retarder les
éternelles répétitions, de plus en plus imparfaites, de modèles trop parfaits.
Il a su, au cours des quelques années de son règne, apporter dans le domaine de
l'art, un esprit nouveau qui a -survécu dans quelques-unes des plus belles œuvres
pré-ramessides.
C'est à la période héroïque de la réaction amarnienne qu'appartiennent les
quatre fragments récemment acquis par le Louvre. Datés de la sixième année
du règne d'Akhnaton, achevés sans doute au cours de la huitième année, ils
témoignent encore de cette hardiesse, parfois maladroite, d'un art qui se cherche
et qui n'est pas encore parvenu à se dominer, à accepter la discipline du procédé,
à composer enfin avec le compromis qui n'est le plus souvent qu'une impuissance
à créer. Ils nous intéressent surtout parce qu'ils nous montrent, dans toute sa
primitive pureté, l'effort que les premiers artistes amarniens ont dû fournir
pour suivre les difficiles directives de leur maître, et aussi l'enthousiasme avec
lequel ils ont travaillé dès l'origine de l'expérience. Ces stèles-frontières, qui
marquaient les limites de la nouvelle capitale égyptienne, se devaient, en effet,
de traduire dans la pierre le double idéal esthétique, réalisme et spiritualité, qui
correspondait, dans l'esprit du souverain, au nouvel idéal religieux qu'il voulait
imposer à ses sujets.
Jacques Vandier.

Vous aimerez peut-être aussi