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École Normale Supérieure 1ère année

Année 2015-2016 Algèbre 1

TD10 : Produit tensoriel

Exercices ? : à préparer à la maison avant le TD, seront corrigés en début de TD.


Exercices ?? : seront traités en classe en priorité.
Exercices ? ? ? : plus difficiles.

Exercice 1 : ?
Soit K un corps, et soient A et B des K-algèbres.
a) Définir une structure de K-algèbre sur A ⊗K B.
b) Montrer que les K-algèbres K[X] ⊗K K[Y ] et K[X, Y ] sont isomorphes.
c) Montrer que le morphisme naturel de K-algèbres de K(X) ⊗K K(Y ) vers K(X, Y ) est injectif
mais non surjectif.

Solution de l’exercice 1.
a) On sait que A ⊗K B est naturellement muni d’une structure de K-espace vectoriel. Il reste à
définir la multiplication. Pour cela, on remarque par exemple que la multiplication sur A est
une application bilinéaire A×A → A, donc elle induit une application linéaire mA : A⊗A → A.
On dispose donc d’une application linéaire naturelle

mA ⊗ mB : (A ⊗ A) ⊗ (B ⊗ B) → A ⊗ B

définie sur les tenseurs purs par (mA ⊗ mB )(a ⊗ a0 ⊗ b ⊗ b0 ) = aa0 ⊗ bb0 . Alors la commutativité
et l’associativité du produit tensoriel permettent d’identifier cette application à une application
linéaire
mA⊗B : (A ⊗ B) ⊗ (A ⊗ B) → A ⊗ B ,
correspondant à une application bilinéaire m : (A⊗B)×(A⊗B) → A⊗B qui est la multiplication
souhaitée. Par construction, elle vérifie m(a ⊗ b, a0 ⊗ b0 ) = (aa0 ) ⊗ (bb0 ).
En utilisant le fait que les multiplications mA et mB munissent A et B d’une structure de K-
algèbre, il est facile de vérifier que m munit A ⊗ B d’une structure de K-algèbre : par exemple,
on vérifie que

(a1 ⊗ b1 + a2 ⊗ b2 ) a0 ⊗ b0 = (a1 ⊗ b1 )(a0 ⊗ b0 ) + (a2 ⊗ b2 )(a0 ⊗ b0 ) = a1 a0 ⊗ b1 b0 + a2 a0 ⊗ b2 b0 ,

et que K est central dans l’algèbre A ⊗ B ainsi définie.


Une variante consiste à considérer, pour tout (a, b) ∈ A × B, l’application bilinéaire ma,b :
A × B → A ⊗ B définie par (a0 , b0 ) 7→ aa0 ⊗ bb0 . Elle induit naturellement une application
linéaire ma,b : A ⊗ B → A ⊗ B. Il est facile de voir que l’application m : (a, b) 7→ ma,b
est une application bilinéaire m : A × B → EndK (A ⊗ B), donc elle induit une application
linéaire M : A ⊗ B → EndK (A ⊗ B). Il est alors clair que M induit une application bilinéaire
M 0 : (A ⊗ B) × (A ⊗ B) → A ⊗ B, qui est la multiplication souhaitée.
b) L’application naturelle K[X] × K[Y ] → K[X, Y ] définie par (P (X), Q(Y )) 7→ P (X)Q(Y ) est
clairement bilinéaire, donc elle induit une application linéaire ϕ : K[X] ⊗K K[Y ] → K[X, Y ]. Il
est facile de voir que ϕ est un morphisme de K-algèbres (pour la structure de K-algèbre définie
en a)).
On voit ensuite que ϕ envoie la base (X i ⊗Y j )(i,j)∈N2 de K[X]⊗K[Y ] sur la base (X i Y j )(i,j)∈N2
de K[X, Y ], donc ϕ est un isomorphisme.
On peut également considérer l’application linéaire ψ : K[X, Y ] → K[X] ⊗K K[Y ] définie par
m n m n
P P
m,n λm,n X Y 7→ m,n λm,n X ⊗ Y (ces sommes sont finies), et vérifie que ψ ◦ ϕ et ϕ ◦ ψ
sont bien les applications identité sur chacun des espaces en question.

1
c) On dispose comme en b) d’une application linéaire naturelle ϕe : K(X) ⊗K K(Y ) → K(X, Y ),
définie par ϕ(f
e (X)⊗f (Y )) = f (X)g(Y ). On voit que l’image de ϕ
e est incluse dans le sous-espace
strict

V := R(X, Y ) ∈ K(X, Y ) : ∃(Q1 (X), Q2 (Y )) ∈ K[X]×K[Y ] , R(X, Y )Q1 (X)Q2 (Y ) ∈ K[X, Y ] .
1
Ceci montre bien que ϕ e n’est pas surjective, puisque par exemple l’élément X+Y ∈ K(X, Y )
n’est pas dans V .
Définissons
ψe : P V → K(X) ⊗K K(Y )
mY n
λ
m,n m,n X P Xm Yn .
7→ m,n λm,n ⊗
Q1 (X)Q2 (Y ) Q1 (X) Q2 (Y )
On constate facilement que ψe est bien définie et que ψe◦ ϕ
e est l’identité, ce qui assure l’injectivité
voulue.

Exercice 2 : ?
a) Notons M2 (C) la C-algèbre des matrices 2 × 2 à coefficients dans C et H la R-algèbre des
quaternions. Montrer que les C-algèbres M2 (C) et H ⊗R C sont isomorphes.
b) Montrer que H ⊗R H est isomorphe à M4 (R).

Solution de l’exercice 2.
a) On constate d’abord que H ⊗R C est naturellement munie d’une structure de C-algèbre :
on a un isomorphisme naturel de C-espaces vectoriels H ⊗R C ∼ = C ⊕ Ci ⊕ Cj ⊕ Ck, avec
i2 = j 2 = k 2 = −1, et ij = −ji = k.
Par conséquent, il est facile de vérifier que l’application
 
a + bi c + di
1 ⊗ a + i ⊗ b + j ⊗ c + k ⊗ d 7→
−c + di a − bi

définit bien un isomorphisme de C-algèbres H ⊗ C −
→ Mat2 (C).
b) On va montrer que H⊗R H est isomorphe à Mat2 (R)⊗R Mat2 (R) (qui est isomorphe à Mat4 (R),
puisque pour toute K-algèbre A, on a que Matn (K) ⊗K A ' Matn (A)).
On considère la sous-R-algèbre A de dimension 4 de H⊗R H engendrée par 1⊗1, i⊗1, j ⊗j, k ⊗j
(on vérifie que le sous-espace vectoriel engendré par ces quatre vecteurs est bien une sous-
algèbre).
 Alors
 l’application  a : A → Mat2 (R)
 linéaire  définiepar a(1 ⊗ 1) := I2 , a(i ⊗ 1) :=
0 −1 0 1 −1 0
, a(j ⊗ j) := et a(k ⊗ j) := est bien un isomorphisme de
1 0 1 0 0 1
R-algèbres. De même, on définit la sous-R-algèbre B de dimension 4 de H ⊗R H engendrée
par 1 ⊗ 1, 1 ⊗ j, i ⊗ k, i ⊗ i (on vérifie que le sous-espace vectoriel engendré par ces quatre
vecteurs est bien une sous-algèbre). Alors on voit que l’isomorphisme linéaire A → B défini par
1 ⊗ 1 7→ 1 ⊗ 1, i ⊗ 1 7→ 1 ⊗ j, j ⊗ j 7→ i ⊗ k et k ⊗ j 7→ i ⊗ i est un morphisme de R-algèbres,
donc B ∼ = Mat2 (R) comme R-algèbres.
Enfin, les deux sous-R-algèbres A et B commutent dans H ⊗R H, donc l’application linéaire
naturelle A ⊗R B → H ⊗R H induite par la multiplication dans H ⊗R H (i.e. (a, b) 7→ ab)
est un morphisme de R-algèbres. On vérifie enfin que c’est un isomorphisme en calculant les
dimensions et en montrant par exemple
 que
 l’image 
contient des  de H⊗R H.
 générateurs
1 0 0 1 0 1
Plus directement, notons σi = , σj = et σk = . On pose
0 −1 −1 0 1 0
ensuite
α(1 ⊗ 1) = 1 ⊗ 1, α(i ⊗ 1) = σi ⊗ σj , α(j ⊗ 1) = σj ⊗ 1, α(k ⊗ 1) = σk ⊗ σj .
Ces matrices vérifient les mêmes relations que les générateurs de H. Faisons la même chose de
manière symétrique :
α(1 ⊗ 1) = 1 ⊗ 1, α(1 ⊗ i) = σj ⊗ σi , α(1 ⊗ j) = 1 ⊗ σj , α(1 ⊗ k) = σj ⊗ σk .

2
Cela suffit pour prolonger α en un morphisme d’algèbres H ⊗R H → Mat2 (R) ⊗R Mat2 (R), dont
on vérifie (en calculant les dimensions) que c’est un isomorphisme.

Exercice 3 : ??
a) Soient U et V des espaces vectoriels (sur un corps K). On note U ∗ = HomK (U, K) le dual de
U . Expliciter une application linéaire naturelle injective Φ : U ∗ ⊗K V → HomK (U, V ). Quelles
sont les images des tenseurs décomposés (c’est-à-dire les λ ⊗ v avec λ ∈ U ∗ et v ∈ V ) ? Quelle
est l’image de l’application Φ ? Quand est-elle un isomorphisme ?
b) Soient E et F deux K-espaces vectoriels de dimension finie. Que vaut
n
( )
X
n n
max min n ∈ N : ∃(e1 , . . . , en ) ∈ E et (f1 , . . . , fn ) ∈ F , x = ei ⊗ fi ?
x∈E⊗F
i=1

Solution de l’exercice 3.
a) On définit φ : U ∗ × V → HomK (U, V ) par φ(ϕ, v) := ϕ(.)v. Il est clair que l’application φ
est bilinéaire, donc elle induit une application Φ : U ∗ ⊗K V → HomK (U, V ). Il est clair que
l’image de Φ est exactement le sous-espace W ⊂ HomK (U, V ) des applications linéaires de
rang fini. Par construction, les tenseurs décomposés sont envoyés sur les applications linéaires
de rang 1. P En outre, pour tout f ∈ W , on choisit une base (vi )1≤i≤n de Im (f ), de sorte
que f = P ni=1 fi (.)vi , avec fi ∈ U ∗ . La formule de changement de bases assure que l’élément
Ψ(f ) := ni=1 fi ⊗ vi ∈ U ∗ ⊗K V ne dépend pas de la base (vi ) choisie. Cela permet de définir
une application linéaire Ψ : W → U ∗ ⊗K V telle que Ψ ◦ Φ = id, ce qui assure que Φ est injective
(d’image W ).
Finalement, Φ est un isomorphisme si et seulement si tout application linéaire U → V est de
rang fini si et seulement si U ou V est de dimension finie.

b) La question a) assure que l’on a un isomorphisme canonique Φ : E ⊗K F − → HomK (E ∗ , F ), et
que si pour tout x ∈ E ⊗K F , on note
n
( )
X
n n
rg(x) := min n ∈ N : ∃(e1 , . . . , en ) ∈ E et (f1 , . . . , fn ) ∈ F , x = ei ⊗ fi ,
i=1

alors on a rg(x) = rg(Φ(x)), où le second rang est le rang classique d’une application linéaire.
Par conséquent, on voit immédiatement que l’on a
n
( )
X
n n
max min n ∈ N : ∃(e1 , . . . , en ) ∈ E et (f1 , . . . , fn ) ∈ F , x = ei ⊗ fi = min{dim(E), dim(F )} .
x∈E⊗F
i=1

Remarque : la question plus générale du nombre maximal de tenseurs décomposables dont on


a besoin pour écrire un élément quelconque de E1 ⊗K · · · ⊗K En , où les Ei sont des K-espaces
vectoriels de dimension finie, est très difficile si n ≥ 3. Cette question est encore largement
ouverte, et la réponse dépend du corps K...

Exercice 4 :
Soit K un corps
V et soit V V sur K. Soit n ≥ 1 un entier. Montrer
E un espace vectoriel de dimension finie
que le dual ( n E)∗ de n E est canoniquement isomorphe à n E ∗ .

Solution de l’exercice 4. Définissons l’application bilinéaire suivante

b: (E ∗ )n × E n → K
.
((αi )i , (xj )j ) 7→ det((αi (xj ))ij )

Pour tout (xj )j , l’application b(·, (xj )) est alternée et passe donc au quotient pour définir n E ∗ ×E n →
V
K. De la même manière, c’est encore alterné en l’autre variable et b induit donc une application

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bilinéaire b : n E ∗ × n E → K. Cette dernière est non dégénérée : il suffit de prendre pour (αi )i la
V V
base duale de (xi ) pour obtenir 1.
∼ Vn ∗
L’application (αi )i 7→ b((αi ), ·) est l’isomorphisme n E ∗ −
V
→ E recherché.

Exercice 5 :
Soit n ≥ 1 unVientier, soit
Vi K un corps et soit E un espace vectoriel de dimension n sur K. Montrer
Vn−i

que le dual ( E) de E est non canoniquement isomorphe à E.

naturelle i E × n−i
V V Vn
Solution de l’exercice 5. L’application
Vn Vi E ∗→ E composée avec l’isomorphisme
non
Vn−i canonique (voir cours) E ' K montrent que ( E) est non canoniquement isomorphe à
E.

Exercice 6 : ??
Soit K un corps et soient E et F des K-espaces vectoriels de dimension finie.V Soit n ≥ 1 un entier.
Montrer que l’on a une bijection entre l’ensemble des applications linéaires n E → F et l’ensemble
des applications n-linéaires alternées E n → F .

Solution de l’exercice 6. Si f : n E → F , on peut lui associer (ei )i 7→ f (e1 ∧ · · · ∧Ven ).


V
∼ Vn ∗
On peut construire l’application réciproque de la manière suivante : notons φ : n E ∗ − → E
l’isomorphisme de l’exercice 4. Notons (f1 , . . . , fr ) P ∗ ∗
une base de F et (f1 , . . . , fr ) la base duale. Si
g : E n → F est n-linéaire alternée, on lui associe j φ(fj∗ ◦ g)fj . On vérifie ensuite que c’est bien
l’inverse de l’application précédente.

Exercice 7 : ??
Soit K un corps et soit E un K-espace vectoriel. Soient u1 , . . . , ur des éléments de E.
a) Montrer que l’on a u1 ∧ · · · ∧ ur 6= 0 dans r E si et seulement si la famille (u1 , . . . , ur ) est libre
V
dans E.
b) Montrer que l’on a u1 ∧ · · · ∧ ur 6= 0 dans r E si et seulement s’il existe une forme alternée f
V
sur E telle que f (u1 , . . . , ur ) 6= 0.

Solution de l’exercice 7.
a) Si on a une relation linéaire non triviale λ1 u1 + · · · + λr ur = 0 avec les λi dans K, on peut
supposer λi0 = 1 pour un certain i0 . Alors on a
X
u1 ∧ · · · ∧ ur = − λj u1 ∧ · · · ∧ ui0 −1 ∧ uj ∧ ui0 +1 ∧ . . . ur = 0 .
j6=i0

Si
Vrla famille
V (ui )i est libre, notons F le sous-espace de E engendré par ces vecteurs : la droite
F ⊆ r E est alors engendrée par u1 ∧ · · · ∧ ur .
b) Si u1 ∧ ·V· · ∧ ur est non nul, notons F le sous-espace de E de base (u1 , . . . , ur ). Alors la forme
r
linéaire
Vr F →VrK définie par u1 ∧ · · · ∧ ur 7→ 1 peut seVprolonger par 0 sur un supplémentaire
r
de F dans E et on obtient une forme linéaire f : E → K telle que f (u1 ∧ · · · ∧ ur ) 6= 0.
La réciproque est évidente.

Exercice 8 :
Soit K un corps et soient E et F des K-espaces vectoriels. Soit n ≥ 1 un entier et soit u : E → F une
aplication linéaire.
a) Définir une application linéaire “naturelle” n u : n E → n F .
V V V

b) V V à un entier r. Montrer que si n ≤ r, alors le rang de


Supposons que le rang de u est fini égal
n
u est nr , et si n > r, l’application n u est nulle.

Solution de l’exercice 8.
a) Il s’agit de n u : x1 ∧ · · · ∧ xn 7→ u(x1 ) ∧ · · · ∧ u(xn ).
V

4
Vn Vn 
b) On vérifie que l’image de u est Im (u) , ce qui assure le résultat.

Exercice 9 :
Soit K un corps et soient A et B des K-algèbres graduées.
a) Montrer qu’il existe sur A ⊗K B une structure naturelle de K-algèbre graduée telle que
0
(a ⊗ b)(a0 ⊗ b0 ) = (−1)(deg b)(deg a ) (aa0 ⊗ bb0 ).

On note A ⊗su
K B l’algèbre ainsi obtenue.
b) Soient V et W des espaces vectoriels sur K. Montrer que l’on a un isomorphisme de K-algèbres
^ ^ ^
(V ⊕ W ) ' V ⊗su
K W.

Solution de l’exercice 9.
a) D’abord, la multiplication ainsi définie est bien associative. Ensuite, la distributivité par rapport
à l’addition permet de définir la multiplication sur A ⊗ B et de lui fournir la structure d’algèbre
voulue (voir aussi l’exercice 1).
b) En tant que K-espaces vectoriels, l’isomorphisme est clair puisque l’on a, pour tout n ≥ 0, un
isomorphisme naturel :
^n n ^  ^ 
M k n−k
(V ⊕ W ) ' V ⊗K W ,
k=0
V V
et ce dernier espace est exactement le sous-espace vectoriel de ( V ) ⊗K ( W ) formé des
éléments de degré n.
Reste à vérifier la compatibilité avec la multiplication, qui se fait sur les tenseurs indécomposables.
Pour cela,

soient n, n0 ∈ N, 0 ≤ k ≤ n, 0 ≤ k 0 ≤ n0 , v1 , . . . , vk , v10 , . . . , vk0 0 ∈ V, wk+1 , . . . , wn , wk0 0 +1 , . . . , wn0 0 ∈ W .


V
On calcule le produit suivant dans (V ⊕ W ) :
0
(v1 ∧ · · · ∧ vk ∧ wk+1 ∧ · · · ∧ wn ) ∧ (v10 ∧ · · · ∧ vk0 0 ∧ wk0 0 +1 ∧ · · · ∧ wn0 0 ) = (−1)(n−k)k vI ∧ wJ ,

où on a posé vI = v1 ∧ · · · ∧ vk ∧ v10 ∧ · · · ∧ vk0 0 et wJ = wk+1 ∧ · · · ∧ wn ∧ wk0 0 +1 ∧ · · · ∧ wn0 0 .


Or par définition de ⊗su , on a dans V ⊗su
V V
K W :
0
(v1 ∧ · · · ∧ vk ⊗ wk+1 ∧ · · · ∧ wn ) ·su (v10 ∧ · · · ∧ vk0 0 ⊗ wk0 0 +1 ∧ · · · ∧ wn0 0 ) = (−1)(n−k)k vI ⊗ wJ ,

ceVqui assure que l’isomorphisme naturel de K-espaces vectoriels entre (V ⊕ W ) et ( V ) ⊗su


V V
K
( W ) est bien un isomorphisme de K-algèbres.

Exercice 10 :
Soit K un corps et soit E un K-espace vectoriel.
E = n n E et on écrit tout élément z ∈ E
V L V V
a) Supposons E de dimension
P finie. On note V
sous la forme z = n≥0 zn . Montrer que z ∈ E est inversible si et seulement si z0 6= 0.
V V
b) Montrer que tout élément z ∈ E appartient à un F pour un V certain sous-espace F ⊂ E de
dimension finie. En déduire une description des inversibles de E.

Solution de l’exercice 10.


a) Notons r la dimension de E. Si z est inversible d’inverse V y, en projetant sur la composante
en degré 0 de l’algèbre extérieure la relation zy = 1 dans E, on voit que z0 y0 = 1, donc la
condition est nécessaire.
r P ∧i
Réciproquement, supposons z0 6= 0. On vérifie que z0−1 − z0−1
P
zn est une somme finie
V i=0 n≥1
dans E qui est l’inverse de z.

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b) Seuls un nombre fini de zn sont non nuls. Chacun s’écrit alors comme une somme finie
(1) (1) (α ) (αn )
zn = zn,1 ∧ · · · ∧ zn,n + · · · + zn,1n ∧ · · · ∧ zn,n .

Il suffit alors de considérer pour F le sous-espaceVde E V k avec n ≥ 0 tel


engendré par tous les zn,i
que zn 6= 0, 1 ≤ i ≤ n et 1 ≤ k ≤ αn . Alors z ∈ F ⊂ E.
V V
La question a) assure alors que si z0 6=V0, alors z est inversible dans F , donc dans E.
Réciproquement, si z est inversible dans V E d’inverse
V y, alors il existe un sous-espace vectoriel
G ⊂ E de dimension finie tel que y, z ∈ G ⊂ E, et la question a) assure que z0 6= 0.

Exercice 11 : ??
Soit n ≥ 1 un entier. Soient F ⊂ E des corps tels que E est un F -espace vectoriel de dimension
n, de base (1, x1 , . . . , xn−1 ). On suppose l’existence d’un groupe G de cardinal n, composé de F -
automorphismes de E, tel que le corps E G = {e ∈ E | ∀g ∈ G, ge = e} est exactement F .
a) Montrer que les éléments de G sont linéairement indépendants.
b) Soit V un E-espace vectoriel, muni d’une action semi-linéaire de G. On définit le sous-F -espace
vectoriel des G-invariants par V G := {v ∈ V | ∀g ∈ G gv = v}. Prouver que l’application
naturelle E-linéaire η : V G ⊗F E → V commute à l’action de G.
c) Montrer que η est un isomorphisme.

Solution de l’exercice 11.


a) On raisonne par l’absurde. Soit λ1 g1 + · · · + λk gk = 0 dans EndF (E) ⊂ E E une relation de
dépendance linéaire sur E de longueur k minimale (avec les gi ∈ G deux-à-deux distincts et λi ∈
E ∗ pour tout i). On peut supposer k ≥ 2. Comme les caractères gi sont distincts,Pon a l’existence
d’un élément
P y ∈ E avec
P g 1 (y) 6
= g2 (y). On a alors, pour tout x ∈ E, g1 (y) i λi gi (x) = 0,
et aussi i λi gi (xy) = i λi gi (x)gi (y) = 0. En soustrayant ces deux égalités, on obtient une
combinaison linéaire non triviale et strictement plus courte, à savoir

λ2 (g2 (y) − g1 (y))g2 + · · · + λk (gk (y) − g1 (y))gk = 0 ,

ce qui contredit la minimalité de la relation initiale.


b) Tout d’abord, on dispose bien d’une application E-linéaire η : V G ⊗F E → V puisque l’appli-
cation V G × E → V définie par (v, e) 7→ ev est bilinéaire.
Pour tout g ∈ G, et tous v ∈ V G et e ∈ E, on a

η(g · (v ⊗ e)) = η(v ⊗ g(e)) = η(g(v) ⊗ g(e)) = g(e)g(v) = g(ev) ,

donc η est bien G-équivariante.


c) Montrons d’abord que η est surjective. Notons g1 = Id, . . . , gn les éléments de G. On renomme
P0 := 1 ∈ E. Soit
aussi x
G
v un élément non nul de V . Posons, pour tout j ∈ {0, . . . , n − 1},
vj := i gi (xj v) ∈ V . Par la question a), la matrice (gi (xj ))i,j est inversible, et en inversant
le système précédent, on obtient les gi (v) comme combinaisons linéaires des vj . La relation
donnant g0 (v) affirme alors la surjectivité souhaitée.
Montrons ensuite que η est injective. Si ce n’est pas le cas, il existe une famille (v1 , . . . , vm )
de vecteurs de V G qui est F -libre mais non E-libre. On suppose P l’entier m minimal pour cette
propriété. On dispose d’une combinaison linéaire non triviale i λi vi = 0 sur E. Comme les λi
ne sont pas tous dans F , on peut supposer λ1 ∈ / F et λm = 1. Comme λ1 ∈ / F = E G , il existe
m−1
P
g ∈ G tel que g(λ1 ) 6= λ1 . On obtient alors une relation (g(λi ) − λi )vi = 0, qui contredit la
i=1
minimalité de m. Donc η est bien injective.

Exercice 12 : ??
Soit K un corps.

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a) Définir une notion de suite exacte de K-espaces vectoriels.
b) Soit 0 → V1 → V2 → V3 → 0 une suite exacte de K-espaces vectoriels. Soit également W un
K-espace vectoriel.
i) Montrer que la suite

0 → HomK (V3 , W ) → HomK (V2 , W ) → HomK (V1 , W ) → 0

est une suite exacte.


ii) Montrer que la suite

0 → V1 ⊗K W → V2 ⊗K W → V3 ⊗K W → 0

est une suite exacte.

Solution de l’exercice 12.


a) Soient (En )n∈Z des K-espaces vectoriels et fn : En → En+1 des applications linéaires. On dit
que la suite
fn−2 fn−1 fn fn+1
. . . −−−→ En−1 −−−→ En −→ En+1 −−−→ . . .
est exacte en rang n (ou en En ) si et seulement si Im (fn−1 ) = Ker(fn ). On dit que la suite est
exacte si elle est exacte en rang n pour tout n ∈ Z.
b) On note f : V1 → V2 et g : V2 → V3 les deux morphismes non triviaux de la suite exacte.
i) Montrons que la composée HomK (V3 , W ) → HomK (V2 , W ) → HomK (V1 , W ) est l’ap-

plication nulle. Soit ϕ : V3 → W une application linéaire. Alors l’image de ϕ dans
HomK (V2 , W ) est ϕ ◦ g et son image dans HomK (V1 , W ) est ϕ ◦ g ◦ f . Or la suite initiale
est exacte, donc g ◦ f = 0, donc l’image de ϕ dans HomK (V1 , W ) est nulle.
— Montrons maintenant que le noyau de HomK (V2 , W ) → HomK (V1 , W ) est contenu dans
l’image de HomK (V3 , W ) → HomK (V2 , W ). Soit ϕ : V2 → W dans ce noyau, i.e. tel
que ϕ ◦ f = 0. Alors f (V1 ) ⊂ Ker(ϕ), donc le théorème de factorisation assure que ϕ
se factorise en une application linéaire V2 /f (V1 ) → W . Or g induit un isomorphisme
V2 /f (V1 ) ' V3 , donc ϕ se factorise en ϕ : V3 → W de sorte que ϕ ◦ g = ϕ. Cela assure
que ϕ est l’image de ϕ par l’application naturelle HomK (V3 , W ) → HomK (V2 , W ).
— Montrons que l’application HomK (V3 , W ) → HomK (V2 , W ) est injective. Soit ϕ : V3 →
W tel que ϕ ◦ g = 0. Comme g est surjective par hypothèse, il est clair que cela implique
que ϕ = 0, d’où l’injectivité souhaitée.
— Montrons que l’application HomK (V2 , W ) → HomK (V1 , W ) est surjective. Soit ϕ : V1 →
W une application linéaire. On choisit un supplémentaire V10 de f (V1 ) dans V2 , et on
définit une application linéaire ψ : V2 → W en posant ψ|f (V ) = ϕ ◦ f|V1 −1 et ψ|V 0 = 0. Il
1 1
est alors clair que ψ◦f = ϕ, donc ϕ est l’image de ψ par HomK (V2 , W ) → HomK (V1 , W ).
On a bien prouvé l’exactitude souhaitée.
ii) — Montrons que la composée V1 ⊗K W → V2 ⊗K W → V3 ⊗K W est l’application nulle. Soit
v1 ⊗ w ∈ V1 ⊗ W . Alors l’image de v1 ⊗ w dans V2 ⊗ W est f (v1 ) ⊗ w et son image dans
V3 ⊗ W est g(f (v1 )) ⊗ W . Or la suite initiale est exacte, donc g ◦ f = 0, donc l’image de
v1 ⊗ w dans V3 ⊗ W est nulle.
— Montrons maintenant que le noyau de V2 ⊗ W → V3 ⊗ W est contenu dans l’image de
V1 ⊗ W → V2 ⊗ W . Pour cela, on constate que le point précédent assure que l’application
V2 ⊗ W → V3 ⊗ W se factorise en une application linéaire f : V2 ⊗ W/Im (V1 ⊗ W ) →
V3 ⊗ W , définie par f (v2 ⊗ w) = f (v2 ) ⊗ w. On définit une application h : V3 × W →
V2 ⊗ W/Im (V1 ⊗ W ) de la façon suivante : si (v3 , w) ∈ V3 × W , la surjectivité de g assure
qu’il existe v2 ∈ V2 tel que g(v2 ) = v3 , et on définit h(v3 , w) comme l’image de v2 ⊗w dans
le quotient V2 ⊗W/Im (V1 ⊗W ). Vérifions que la définition de h est correcte : si v2 , v20 ∈ V2
vérifient que g(v2 ) = v3 = g(v20 ), alors v2 −v20 ∈ Ker(g) = Im (f ), donc il existe v1 ∈ V1 tel
que v1 −v20 = f (v1 ). Alors on a v2 ⊗w −v20 ⊗w = (v2 −v20 )⊗w = f (v1 )⊗w ∈ Im (V1 ⊗W ).
Donc h est bien définie.

7
En outre, il est clair que h est bilinéaire, donc h induit une application linéaire h :
V3 ⊗ W → V2 ⊗ W/Im (V1 ⊗ W )
Il est immédiat de vérifier que h est la réciroque de l’application g. Cela assure bien que
le noyau de V2 ⊗ W → V3 ⊗ W est égal à l’image de V1 ⊗ W → V2 ⊗ W .
— Montrons que l’application V1 ⊗ W → V2 ⊗ W est injective. On fixe une base (wi )i∈I de
W ∼ L
morphisme V1 ⊗ W → V2 ⊗ W s’identifie que morphisme
L. Alors W = L i∈I Kwi , et le L
i∈I f ⊗idi : i∈I V 1 ⊗ Kw i → i∈I V2 ⊗ Kwi , qui est bien injectif puisque chacune des
composantes de ce morphisme est le morphisme injectif f : V1 → V2 .
— Montrons que l’application V2 ⊗ W → V3 ⊗ W est surjective. Soit v3 ⊗ w ∈ V3 ⊗ W .
Par surjectivité de g, il existe v2 ∈ V2 tel que g(v2 ) = v3 . Alors v3 ⊗ w est l’image de
v2 ⊗ w par l’application V2 ⊗ W → V3 ⊗ W . une application linéaire. On choisit un
supplémentaire V10 de f (V1 ) dans V2 , et on définit une application linéaire ψ : V2 → W
en posant ψ|f (V ) = ϕ ◦ f|V1 −1 et ψ|V 0 = 0. Il est alors clair que ψ ◦ f = ϕ, donc ϕ est
1 1
l’image de ψ par HomK (V2 , W ) → HomK (V1 , W ).
On a bien prouvé l’exactitude souhaitée.
Remarque : on peut également déduire la question b) ii) de la question b) i), en montrant le fait
suivant : une suite 0 → E1 → E2 → E3 → 0 de K-espaces vectoriels est exacte si et seulement si pour
tout K-espace vectoriel F , la suite 0 → HomK (E3 , F ) → HomK (E2 , F ) → HomK (E1 , F ) → 0 est une
suite exacte. La preuve de ce fait est facile (du même ordre que la preuve de b)i)). Il suffit ensuite
d’appliquer cela à la suite 0 → V1 ⊗ W → V2 ⊗ W → V3 ⊗ W → 0, en utilisant les identifications
HomK (Vi ⊗ W, F ) ' HomK (Vi , HomK (W, F ))...

Exercice 13 :
Soit V un espace vectoriel hermitien complexe de dimension finie n, de base (e1 , . . . , en ). On ne suppose
pas que cette base est orthonormale. Pour 1 ≤ i ≤ n, soit si une transformation unitaire telle que
si (ei ) = ci ei avec ci 6= 1 et telle que si est l’identité sur e⊥
i . On appelle G le sous-groupe de GL(V )
engendré par les si .
a) Soit x ∈ V . Exprimer si (x) comme combinaison linéaire de x et de ei .
b) Soit k un entier supérieur ou égal à 1. Montrer que tout élément de k V invariant par G est nul
V
(on pourra procéder par récurrence sur n en considérant le sous-espace V 0 de base (e1 , . . . , en−1 )
et en décomposant V en somme directe de V 0 et de son supplémentaire orthogonal).
c) On suppose que G est fini. Montrer que pour tout élément A de End(V ) on a :
X X
det(A − g) = |G| · det(A) et det(Id − Ag) = |G|.
g∈G g∈G

d) En déduire que pour tout A de End(V ), il existe g ∈ G tel que Ag n’a aucun point fixe non
nul.

Solution de l’exercice 13.


a) La formule usuelle de projection orthogonale assure que l’on a
hx, ei i
si (x) = (ci − 1) ei + x .
kei k2
b) On raisonne par récurrence sur n :
— si n = 1, alors la seule valeur intéressante est k = 1, et on a k V = 1 V = V = Ke1 . Or
V V
V G
k
par définition, on a s1 (e1 ) = c1 e1 6= e1 , donc V = {0}.
— Soit n > 1 et supposons le résultat démontré si dim V = n − 1. On considère le sous-espace
vectoriel V 0 suggéré dans l’énoncé, ainsi que la décomposition en somme directe orthogonale
V = V 0 ⊕⊥ V 0⊥ . Alors dim V 0 = n−1 et dim V 0⊥ = 1. Soit k ≥ 1. On a alors un isomorphisme
canonique
^k k ^ ^ 
M i 0
^k−i
0⊥
^k
0 k−1 0 0⊥
(V ) ' (V ) ⊗ (V ) = (V ) ⊕ (V ) ⊗ V .
i=0

8
Vk 0 G0
Vk−1 0 G0 d’abord k ≥ 02. Alors l’hypothèse de récurrence assure que
Supposons (V V) = {0} et
(V )
Vk 0 = {0}, où G :=
Vk−1 0 1 hs , . . . , s n−1 i ⊂ G. Soit alors x = x 1 + x2 ⊗ v ∈ k (V )G , avec
x1 ∈ (V ), x2 ∈ (V ) et v ∈ V 0⊥ . Alors pour tout 1 ≤ i ≤ n − 1, on a si (x) = x,
donc comme 0 0⊥
V et V sont stables par si , on a si (x1 ) = x1 et si (x2 ) ⊗ v = x2 ⊗ v. Donc
0
x1 ∈ k (V 0 )G = {0}, donc x = x2V⊗ v. Si v = 0, alors x = 0, sinon, on a si (x2 ) = x2
V
0
pour
Vk tout 1 ≤ i ≤ n − 1, donc x2 ∈ k−1 (V 0 )G = {0}, donc x = 0 dans tous les cas. Donc
(V )G = {0}.
0
Supposons maintenantVk = 1. Alors par récurrence, on a seulement 1 (V 0 )G = {0}, et donc
V
si x = x1 + x2 ⊗ v ∈ 1 (V )G , on a toujours x1 = 0, et donc x = x2 ⊗ v, avec x2 ∈ C et
v ∈ V 0⊥ . On applique alors sn ∈ G à ce vecteur : sn (x) = x implique que sn (v) = v. Si
v 6= 0, Kv est un supplémentaire de V 0 et la restriction de sn à V 0 est V l’identité, alors que
sn 6= id, donc sn (v) 6= v. Par conséquent, v = 0 et donc x = 0. Donc 1 (V )G = {0}.
Cela conclut la preuve.
Vn
(A − g) : n (V ) → n (V ). C’est une
P V V
c) On considère
Pl’endomorphisme S := g∈G V homothétie
de rapport g∈G det(A − g). Soit alors e := e1 ∧ · · · ∧ en un vecteur non nul de n (V ). Alors

S(e) = S(e1 ) ∧ · · · ∧ S(en )


P
s’écrit, en développant, comme une somme finie de termes dont le premier est g∈G A(e1 ) ∧
· · · ∧ A(en ) = |G| det(A) · e et les suivants sont des multiples de vecteurs de la forme
X
A(eik+1 ) ∧ · · · ∧ A(ein ) ∧ g(ei1 ) ∧ · · · ∧ g(eik )
g∈G
P
avec 1 ≤ k ≤ n et {i1 , . . . , in } = {1, . . . , n}. Or pour tout k ≥ 1, le vecteur g∈G g(ei1 ) ∧ · · · ∧
g(eik ) ∈ k (V ) est clairement fixe par G, donc la question b) assure que g∈G g(ei1 ) ∧ · · · ∧
V P
g(eik ) = 0, donc finalement
S(e) = |G| det(A) · e ,
i.e. X
det(A − g) = |G| det(A) .
g∈G

De même, on obtient avec un raisonnement exactement similaire que


 
X ^n X
 (Id − Ag) (e) = e = |G| · e ,
g∈G g∈G

puisque tous les termes restants sont nuls pour la même raison que plus haut. On en déduit
donc que X
det(Id − Ag) = |G| .
g∈G

d) Soit A ∈ End(V ). La seconde formule de la question c) assure qu’il existe g ∈ G tel que
det(Id − Ag) 6= 0. Donc Id − Ag est inversible, donc Ag n’a pas de point fixe non nul dans V .

Exercice 14 : ? ? ?
Soient p un nombre premier impair, r ≥ 1 et q = pr .
a) On note V1 , V2 := (Fq2 )2 , et (ei , fi ) la base canonique de Vi . On munit V := V1 ⊗Fq2 V2 de la
forme bilinéaire symétrique b définie par b(v1 ⊗ v2 , v10 ⊗ v20 ) := b1 (v1 , v10 )b2 (v2 , v20 ), où bi est la
forme bilinéaire alternée sur Vi telle que bi ((1, 0), (0, 1)) = 1. On pose enfin

V 0 := VectFp {e1 ⊗ e2 , f1 ⊗ f2 , λe1 ⊗ f2 + λf1 ⊗ e2 : λ ∈ Fq2 } ⊂ V .

i) Montrer que dimFp V 0 = 4.


ii) Construire un morphisme de groupes SL2 (Fq2 ) → O(V 0 , b).

9
iii) En déduire un isomorphisme de groupes PΩ− ∼
4 (Fq ) = PSL2 (Fq 2 ).
b) On note (ei ) la base canonique de F4q et on note W := 2 (F4q ).
V

i) Quelle est la dimension de W comme Fq -espace vectoriel ?


ii) Montrer que W est muni d’une forme bilinéaire symétrique non dégénérée naturelle f telle
que pour tout σ : {1, 2, 3, 4} → {1, 2, 3, 4}, f (eσ(1) ∧ eσ(2) , eσ(3) ∧ eσ(4) ) = ε(σ), avec par
convention ε(σ) = 0 si σ n’est pas bijective.
iii) Montrer que GL4 (Fq ) agit naturellement sur W .
iv) Construire un morphisme de groupes SL4 (Fq ) → O(W, f ).
v) En déduire un isomorphisme PΩ+ (Fq ) ∼
6 = PSL4 (Fq ).
c) On note (e1 , e2 , e3V, e4 ) une base orthonormée pour la forme sesquilinéaire naturelle sur X :=
(Fq2 )4 , et X 0 ⊂ 2 X le sous-Fq -espace vectoriel engendré par les vecteurs λeσ(1) ∧ eσ(2) +
λeσ(3) ∧ eσ(4) , pour tout σ ∈ A4 et λ ∈ Fq2 .
i) Montrer que dimFq X 0 = 6.
ii) Montrer que X 0 est muni d’une forme bilinéaire symétrique f telle que pour tout σ ∈ A4 ,
λ, µ ∈ Fq2 ,

f (λeσ(1) ∧ eσ(2) + λeσ(3) ∧ eσ(4) , µeσ(1) ∧ eσ(2) + µeσ(3) ∧ eσ(4) ) = λµ + λµ .

iii) Construire un morphisme de groupes SU4 (Fq2 ) → O(X 0 , f ).


iv) En déduire un isomorphisme de groupes PΩ− (Fq ) ∼
6= PSU4 (Fq2 ).

Solution de l’exercice 14.


a) i) On fixe un élément ε ∈ Fq2 \ Fq . On vérifie facilement que V 0 est un Fp -espace vectoriel de
dimension 4, dont une base est e1 ⊗ e2 , f1 ⊗ f2 , e1 ⊗ f2 + f1 ⊗ e2 , εe1 ⊗ f2 + εf1 ⊗ e2 .
ii) On considère la représentation de SL2 (Fq2 ) sur V définie par l’action diagonale g·(v1 ⊗v2 ) :=
g(v1 ) ⊗ g(v2 ). Montrons que le sous-Fp -espace vectoriel V 0 ⊂ V est stable par cette action.
Comme SL2 (Fq2 ) est engendré par les transvections, il suffit de montrer que V 0 est stable
 
1 0
par les transvections. Pour cela, il suffit de considérer l’élément g = (dans la base
λ 1
(ei , fi ) de Vi ), avec λ ∈ Fq2 . On a alors

g · (e1 ∧ e2 ) = (e1 + λf1 ) ⊗ (e2 + λf2 ) = e1 ⊗ e2 + (λf1 ⊗ e2 + λe1 ⊗ f2 ) + λλf1 ⊗ f2 ∈ V 0

car λλ ∈ Fq . De même,
g · (f1 ⊗ f2 ) = f1 ⊗ f2 ∈ V 0 ,
et
g · (εe1 ⊗ f2 + εf1 ⊗ e2 ) = (ελ + ελ)f1 ⊗ f2 + (εe1 ⊗ f2 + εf1 ⊗ e2 ) ∈ V 0
car ελ + ελ ∈ Fq .
Donc V 0 ⊂ V est stable par SL2 (Fq2 ). On a donc un morphisme de groupes naturel
SL2 (Fq2 ) → GL(V 0 ).
 
1 0
Soit alors g = ∈ SL2 (Fq2 ). Si on note q la forme quadratique associée à b, on a
λ 1

q(g · (e1 ⊗ e2 )) = q(e1 ⊗ e2 + (λf1 ⊗ e2 + λe1 ⊗ f2 ) + λλf1 ⊗ f2 ) = −2λλ + 2λλ = 0 = q(e1 ⊗ e2 )

et
q(g · (f1 ⊗ f2 )) = q(f1 ⊗ f2 )
et

q(g·(εe1 ⊗f2 +εf1 ⊗e2 )) = q((ελ+ελ)f1 ⊗f2 +(εe1 ⊗f2 +εf1 ⊗e2 )) = −2εε = q(εe1 ⊗f2 +εf1 ⊗e2 ) .

Cela assure que les éléments de SL2 (Fq2 ) agissant sur V 0 préservent la forme b, donc le
morphisme précédent est en fait un morphisme ρ : SL2 (Fq2 ) → O(V 0 , b), comme souhaité.

10
iii) Un calcul simple assure que le noyau du morphisme ρ construit à la question précédente est
{±I2 }. Le calcul du groupe dérivé de SL2 (Fq2 ) assure que le morphisme ρ est à valeurs dans
Ω(V 0 , b). Donc ce morphisme induit un morphisme injectif ρ : PSL2 (Fq2 ) → Ω(V 0 , b). Un

calcul de cardinaux assure alors que ce morphisme induit un isomorphisme PSL2 (Fq2 ) − →
PΩ(V 0 , b). Enfin, on vérifie facilement que la forme bilinéaire symétrique b est de type −, et
par conséquent le groupe PΩ(V 0 , b) s’identifie au groupe PΩ+ 4 (Fq ), ce qui conclut la preuve.
4

b) i) On sait que W est de dimension 2 = 6 sur Fp .
ii) On définit la forme f sur la base (ei ∧ej )i<j de W , de la façon suivante : on pose f (ei ∧ej , ek ∧
ek ) := 1 si la permutation (i j k l) est paire, f (ei ∧ ej , ek ∧ ek ) := −1 si cette permutation
est impaire, et f (ei ∧ ej , ek ∧ ek ) := 0 sinon. Il est clair que cela définit une forme bilinéaire
symétrique non dégénérée vérifiant la propriété souhaitée.
iii) Il suffit de considérer l’action diagonale de GL4 (Fq ) sur W donnée par g·(x∧y) := g(x)∧g(y).
iv) On a construit à la question précédente un morphisme de groupes SL4 (Fq ) → GL(W ).
Montrons que les éléments de SL4 (Fq ) agissant sur W préservent la forme bilinéaire f . Pour
 
1 0 0 0
 λ 1 0 0 
cela, on considère la transvection g =   0 0 1 0  ∈ SL4 (Fq ). On a alors g · (e1 ∧ e3 ) =

0 0 0 1
e1 ∧ e3 + λe2 ∧ e3 et g · (e1 ∧ e4 ) = e1 ∧ e4 + λe2 ∧ e4 , et g · (ei ∧ ej ) = ei ∧ ej sinon. Par
conséquent, un calcul simple assure que l’on a f (g · (e1 ∧ e3 ), g · (e1 ∧ e4 )) = f (e1 ∧ e3 + λe2 ∧
e3 , e1 ∧ e4 + λe2 ∧ e4 ) = λ − λ = 0 = f (e1 ∧ e3 , e1 ∧ e4 ), et de même, pour tout i, j, k, l, on a
f (g · (ei ∧ ej ), g · (ek ∧ el )) = f (ei ∧ ej , ek ∧ el ). Comme les transvections engendrent SL4 (Fq ),
on en déduit que l’action de SL4 (Fq ) sur W préserve la forme bilinéaire f . Par conséquent,
l’action de la question précédente induit un morphisme naturel
ρ : SL4 (Fq ) → O(W, f ) .

v) On vérifie que Ker(ρ) = {±I4 }, que la forme quadratique associée à f est de type +, et
alors le calcul du groupe dérivé de SL4 (Fq ) assure que le morphisme ρ induit un morphisme
de groupes injectif
ρ : PSL4 (Fq ) → PΩ(W, f ) ∼ = PΩ+ 6 (Fq ) .
Un argument de cardinalité assure alors que ce morphisme est un isomorphisme.
c) i) On note ε un élément fixé de Fq2 \ Fq . On vérifie qu’une base de X 0 est donnée les vecteurs
e1 ∧e2 +e3 ∧e4 , e1 ∧e3 +e4 ∧e2 , e1 ∧e4 +e2 ∧e3 , εe1 ∧e2 +εe3 ∧e4 , εe1 ∧e2 +εe3 ∧e4 , εe1 ∧e2 +εe3 ∧e4 .
Par conséquent, dimFq X 0 = 6.
ii) On introduit la forme f comme la somme orthogonale des trois formes naturelles suivantes
définies sur les trois Fq -plans en somme directe {λei ∧ ej + λek ∧ el : λ ∈ Fq2 } (pour
(i, j, k, l) = (1, 2, 3, 4), (1, 3, 4, 2) et (1, 4, 2, 3)), par les formules suivantes
f (λei ∧ ej + λek ∧ el , µei ∧ ej + µek ∧ el ) := λµ + λµ .
Remarquons que la restriction de f à chacun de ces trois plans (deux-à-eux orthogonaux)
est une forme quadratique non dégénérée de type −, donc f est une forme quadratique non
dégénérée de type − sur X 0 .
iii) On dispose de l’action naturelle de SU4 (Fq2 ) sur 2 X définie par g · (x ∧ y) := g(x) ∧ g(y).
V
Or on vérifie que SU4 (Fq2 ) est engendré par les matrices de permutation des vecteurs ei ,
ainsi que par les matrices correspondant aux applications définies par e1 7→ αe1 + βe2 ,
e2 7→ −βe1 + αe2 , avec α, β ∈ Fq2 tels que αα + ββ = 1. Or un calcul élémentaire assure
que ces éléments de SU4 (Fq2 ) préservent tous le sous-espace X 0 de 2 X, et qu’ils laissent
V
également la V forme quadratique f invariante. Par conséquent, l’action susmentionnée de
SU4 (Fq2 ) sur 2 X induit un morphisme de groupes
ρ : SU4 (Fq2 ) → O(X 0 , f ) .

11
iv) On voit que Ker(ρ) = {±I4 }, et le calcul du sous-groupe dérivé de SU4 (Fq2 ) assure que le
morphisme ρ induit un morphisme de groupes injectif

ρ : PSU4 (Fq2 ) → PΩ(X 0 , f ) ∼


= PΩ−
6 (Fq ) .

Un calcul de cardinaux assure alors que le morphisme ρ est un isomorphisme.

Exercice 15 : ? ? ?
Soit K un corps de caractéristique 6= 2, V un K-espace vectoriel de dimension n et q une forme
quadratique sur V .
a) On note I(q) l’idéal bilatère de T (V ) engendré par les éléments de la forme v ⊗v −q(v) pour v ∈
VV. On pose C(q) := T (V )/I(q). Montrer que C(q) est une K-algèbre, canoniquement isomorphe
à V comme K-espace vectoriel, et admettant une décomposition C(q) = C(q)+ ⊕C(q)− définie
par le degré des éléments de T (V ).
b) Vérifier C(q)+ est une sous-algèbre de C(q).
c) Montrer que dimK C(q) = 2n et donner une base de C(q) comme K-espace vectoriel.
d) Montrer que V se plonge naturellement dans C(q).
e) Calculer C(q) lorsque K = R, dimR (V ) ≤ 2. Généraliser au cas où K est quelconque et
dimK (V ) ≤ 1.
f) Calculer le centre de C(q).
g) On note α := idC(q)+ ⊕ −idC(q)− ∈ GLK (C(q)) et pour tout x ∈ C(q)× , ρx ∈ EndK (C(q))
défini par ρx : z 7→ α(x)zx−1 . Montrer que cela définit un morphisme de groupes ρ : C(q)× →
GLK (C(q)).
h) On note Γ(V, q) := {x ∈ C(q)× : ρx (V ) ⊂ V }. Montrer que Γ(V, q) contient les vecteurs non
isotropes de (V, q).
i) On suppose q non dégénérée. Montrer que Ker(ρ) = K ∗ .
j) Montrer qu’il existe un unique t ∈ GLK (C(q)) tel que t|V = idV et t(xy) = t(y)t(x) pour tout
x, y ∈ C(q).
k) Pour tout x ∈ C(q), on pose x := t(α(x)). Montrer que la formule N (x) := xx définit une
application N : C(q) → C(q) induisant un morphisme de groupes N : Γ(V, q) → K ∗ .
l) On suppose q non dégénérée. Montrer que Im (ρ) = O(V, q).
m) On suppose q non dégénérée. Montrer que l’on dispose d’un morphisme naturel θ : O(V, q) →
K ∗ /(K ∗ )2 .
n) On suppose q non dégénérée et isotrope. Montrer que θ : SO(V, q) → K ∗ /(K ∗ )2 est surjectif.
o) On suppose q non dégénérée. On note Pin(V, q) := Ker(N ) = {g ∈ Γ(V, q) : N (g) = 1} et
Spin(V, q) := {g ∈ Pin(V, q) : det(ρ(g)) = 1}. Montrer que l’on a des suites exactes de groupes :
ρ θ
1 → {±1} → Pin(V, q) − − K ∗ /(K ∗ )2
→ O(V, q) →

et
ρ θ
1 → {±1} → Spin(V, q) − − K ∗ /(K ∗ )2 .
→ SO(V, q) →

p) On suppose K = R et q non dégénérée et non définie. Montrer que θ : SO(V, q) → K ∗ /(K ∗ )2


est surjective.
q) Montrer les isomorphismes suivants : Spin2 (C) ∼
= C∗ , Spin3 (C) ∼
= SL2 (C), Spin4 (C) ∼
= SL2 (C)×
SL2 (C), Spin5 (C) = Sp4 (C), Spin6 (C) = SL4 (C), ainsi que Spin2 (R) = U1 (C), Spin3 (R) ∼
∼ ∼ ∼ =
SU2 (C), Spin (R) ∼
4 = SU2 (C) × SU2 (C).

Solution de l’exercice 15.

12
V
a) Il est clair que C(q) est naturellement une K-algèbre. Remarquons que contrairement à (V ) ou
S(V ), l’algèbre C(q) n’est en général pas naturellement Z-graduée, puisque l’idéal I(q) n’est pas
∼ V
homogène. On peut écrire un isomorphisme canonique de K-espaces vectoriels C(q) − → V en
toute caractéristique, mais cela demande quelques vérifications un peu longues. On donnera une
autre version de cet isomorphisme (moins canonique) à la question c). La K-algèbre T (V ) est
munie d’une décomposition en somme directe T (V ) = T (V )+ ⊕T (V )− , où T (V )+ (resp. T (V )− )
est le sous-espace vectoriel formé des éléments de degré pair (resp. impair). Or l’idéal I(q) est
engendré par des éléments de degré pair, donc cet idéal admet lui aussi une décomposition
I(q) = I(q)+ ⊕ I(q)− , où I(q)± := I(q) ∩ T (q)± . Il est alors clair que le quotient C(q) =
T (V )/I(q) admet lui aussi une décomposition (en somme directe de sous-K-espaces vectoriels)
de la forme C(q) = C(q)+ ⊕C(q)− , où C(q)+ (resp. C(q)− ) est l’image de T (V )+ (resp. T (V )− )
dans C(q).
b) Comme T (V )+ est une sous-K-algèbre de T (V ), on en déduit immédiatement que C(q)+ est
une sous-K-algèbre de C(q). Remarquons également que C(q)− n’est pas une sous-algèbre de
C(q), mais que C(q)− est stable par multiplication par un élément de C(q)+ . On dit que C(q)
est une K-algèbre Z/2Z-graduée.
c) Soit e1 , . . . , en une base de V . Par définition de C(q), on a la relation suivante : pour tous
v, w ∈ C(q), v · w + w · v = 2b(v, w). Par conséquent, tout produit ei1 · · · · · eir peut se réécrire
sous la forme d’une combinaison linéaire de produits ej1 · · · · · ejs avec j1 < · · · < js . On en
déduit donc que la famille (ei1 · · · · · eir )1≤i1 <···<ir ≤n est une famille génératrice de C(q) comme
K-espace vectoriel. Donc dimK C(q) ≤ 2n .
Montrons que c’est une égalité. Pour cela, on démontre le fait suivant : si (V, q) et (V 0 , q 0 )
sont deux espaces quadratiques, alors on a un isomorphisme canonique de K-algèbres graduées
C(q ⊕⊥ q 0 ) = C(q) ⊗su C(q 0 ). En effet, on dispose d’une application linéaire ϕ : V ⊕ V 0 →
C(V ) ⊗ C(q 0 ) définie par ϕ(v ⊕ v 0 ) := v ⊗ 1 + 1 ⊗ v 0 . Or on a la relations suivante : pour tout
(v, v 0 ) ∈ V ×V 0 , on a ϕ(v ⊕v 0 )2 = q(v)+q(v 0 ) = (q ⊕⊥ q 0 )(v ⊕v 0 ), donc la définition de C(q ⊕⊥ q 0 )
assure que l’application ϕ se prolonge en un morphisme de K-algèbres graduées

ϕ : C(q ⊕⊥ q 0 ) → C(q) ⊗ C(q 0 ) .

Réciproquement, les inclusions de V et V 0 dans V ⊕ V 0 assurent l’existence de morphismes de


K-algèbres graduées C(q), C(q 0 ) → C(q ⊕⊥ q 0 ), dont on déduit (ce qui demande un petit calcul)
un morphisme de K algèbres graduées ψ : C(q) ⊗su C(q 0 ) → C(q ⊕⊥ q 0 ). Il est alors immédiat
de constater que ψ est la réciproque de ϕ, ce qui conclut la preuve du fait énoncé plus haut.
Remarquons au passage que pour la calcul de la dimension et d’une base (voir ci-dessous), on
a seulement besoin de la surjectivité de ϕ, laquelle est évidente puisque les éléments x ⊗ 1 et
1 ⊗ x, avec x ∈ V , x0 ∈ V 0 , engendrent C(q) ⊗su C(q 0 ) comme K-algèbre, et ces éléments sont
clairement dans l’image de ϕ.
Pour finir le calcul de la dimension, on raisonne par récurrence sur la dimension V n de V . Si
2
n = 1, on a v = K et q(x) = ax pour un certain a ∈ K. Si a = 0, on a C(q) = K = K ⊕ K
qui est bien de dimension 2, et si a 6= 0, on voit que T (K) ∼ = K[X] et il est évident que

C(q) est l’idéal de K[X] engendré par (X − a), donc C(q) = K[X]/(X 2 − a), quiVest bien de
2

dimension 2 sur K. Si n > 1, on a de nouveau deux cas : soit q = 0 et C(q) ∼ = V , auquel


cas dimK C(q) = 2n , soit q 6= 0, il existe v ∈ V tel que q(v) 6= 0, et V = Kv ⊕⊥ (Kv)⊥ , donc
C(q) ∼= C(q|Kv ) ⊗ C(q|(Kv)⊥ ), et l’hypothèse de récurrence assure que dimK C(q) = 2.2n−1 = 2n .
Finalement, dimK C(q) = 2n , et la famille génératrice précédente formée des (ei1 ·· · ··eir )1≤i1 <···<ir ≤n
est bien une base de C(q).
Remarque
V : il est désormais facile d’exhiber un isomorphisme de K-espaces
V vectoriels entre C(q)
et V : il suffit de faire correspondre la base (ei1 ∧ · · · ∧ eir ) de V avec la base (ei1 · · · · · eir )
de C(q)...
d) On dispose du morphisme naturel V → T (V ) → C(q). On a montré à la question précédente
que si (ei ) est une base de V , alors les images des vecteurs ei dans C(q) forment une famille
libre. Cela assure que le morphisme naturel V → C(q) est bien injectif.

13
e) — On suppose d’abord K = R. Si n = 0, il est clair que C(q) ∼ = R. Si n = 1,V on a montré à2la
question précédente que deux cas se présentaient : soit q = 0, et C(q) ∼ = R∼ = K[X]/(X ),
2 ∼ 2
soit q 6= 0 (disons q(x) = ax ) et C(q) = R[X]/(X − a) ; dans ce dernier cas, on a deux
possibilités : si a > 0, alors C(q) ∼ = R2 , et si a > 0, C(q) ∼ = C. Enfin, si n = 2, limitons-
nous aux formes quadratiques non dégénérées : il y a trois cas (trois signatures possibles).
Si sign(q) = (2, 0), alors C(q) ∼ = Mat2 (R). Si sign(q) = (1, 1), alors C(q) ∼ = Mat2 (R). Si

sign(q) = (0, 2), alors C(q) = H, où H est l’algèbre des quaternions de Hamilton.
— Désormais, K est un corps quelconque. Si n = 0, on a C(q) ∼ = VK. Si n = 1, on a trois
possibilités : si on note q(x) = ax , soit a = 0 et alors C(q) = K ∼
2 ∼ = K[X]/(X 2p ), soit
∗ 2 ∼
a ∈ (K ) et alors C(q) = K , soit a ∈ 2 / (K ) et alors C(q) = K[X]/(X 2 − a) ∼
∗ 2 ∼ = K( (a))
est un corps qui est une extension quadratique de K.
f) On note Z(q) le centre de l’algèbre C(q). On fixe une base orthogonale (ei ) de V . Pour toute
partie I = {i1 , . . . , ir } ⊂ {1, . . . , n}, avec i1 < · · · < ir , on note eI := ei1 · · · · · eir . Alors pour
tout tel I et tout j ∈ {1, . . . , n}, on a
eI · ej = εI,j ej · eI ,
où εI,j := (−1)|I| si j ∈
/ I et εI,j := −(−1)|I| si j ∈ I. Soit alors x = I xI eI ∈ C(q). On a clai-
P
rement a ∈ Z(q) si et seulement si ej ·x = x·ej pour tout 1 ≤ j ≤ n. Soit alors j ∈ {1, . . . , n}. En
utilisant les relations de commutation susmentionnées, on obtient la caractérisation suivante :
x · ej = ej · x si et seulement si xI = 0 pour tout I tel que (|I| est pair et j ∈ I) ou (|I| est
impair et j ∈ / I). En faisant varier j dans {1, . . . , n}, on en déduit la dichotomie suivante :
— si n est pair : x ∈ Z(q) si et seulement si xI = 0 pour tout I 6= ∅. Donc Z(q) = Ke∅ ∼ = K.
— si n est impair : x ∈ Z(q) si et seulement si xI = 0 pour tout I 6= ∅ et I 6= {1, . . . , n}. Donc
Z(q) = Ke∅ ⊕ Ke{1,...,n} ∼= K 2.
g) Tout d’abord, pour tout x ∈ C(q)× , l’application ρx : C(q) → C(q) est bien linéaire, et elle est
inversible d’inverse ρx−1 . Donc x 7→ ρx définit bien une application ρ : C(q)× → GLK (C(q)).
On voit facilement que c’est un morphisme de groupes en montrant que pour tout x, y ∈ C(q),
on a α(x · y) = α(x) · α(y).
h) Voir cours, proposition III.6.4.
i) Voir cours, proposition III.6.5.
j) On définit C 0 (q) comme la K-algèbre opposée à C(q) : C 0 (q) = C(q) comme K-espace vectoriel,
et la multiplication ·0 sur C 0 (q) est définie par a ·0 b := b · a. Alors l’application naturelle
i : V → C 0 (q) est une application linéaire telle que i(x)2 = q(x), donc par définition de C(q),
l’application i se prolonge en un morphisme de K-algèbres i : C(q) → C 0 (q) En composant ce

morphisme avec l’identification C 0 (q) − → C(q), on obtient une application linéaire t : C(q) →
C(q) telle que t|V = idV et t(x · y)t(y) · t(x). L’unicité de t résulte de la propriété universelle de
C(q) qui découle de sa définition. Et l’unicité implique que t est une involution.
k) voir cours, proposition III.6.6.
l) voir cours, proposition III.6.7.
m) voir cours, proposition III.6.8.
n) La forme q étant non dégénérée et isotrope, elle représente tous les éléments de K, i.e. l’ap-
plication q : V → K est surjective. Par conséquent, soit λ ∈ K ∗ , il existe v ∈ V tel que
q(v) = −λ. Alors la question h) assure que v ∈ Γ(V, q), et la définition de N assure que
N (v) = v · (−v) = −q(v) = λ. Mais ρ(v) est une reflexion, donc ρ(v) ∈ O(V, q) \ SO(V, q). Il suf-
fit de multiplier v par un vecteur v 0 ∈ V tel que q(v 0 ) = −1 (qui existe) pour obtenir un élément
x := v · v 0 ∈ Γ(V, q) tel que N (x) = λ et det(ρ(x)) = det(ρ(v)) det(ρ(v 0 )) = (−1)(−1) = 1, donc
l’élément ρ(x) ∈ SO(V, q) vérifie que θ(ρ(x)) est la classe de N (x) = λ dans K ∗ /(K ∗ )2 . D’où
la surjectivité souhaitée.
o) Le morphisme Pin(V, q) → O(V, q) est la composée de l’inclusion Pin(V, q) ⊂ Γ(V, q) avec
le morphisme ρ : Γ(V, q) → O(V, q). Par conséquent, le noyau de Pin(V, q) → O(V, q) est
exactement
Ker(ρ) ∩ Pin(V, q) = X ∗ ∩ Pin(V, q) = {x ∈ K ∗ : N (x) = 1} = {x ∈ K ∗ : x2 = 1} = {±1} .

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Cela assure que la suite suivante (dont les morphismes sont les morphismes naturels)
ρ
1 → {±1} → Pin(V, q) −
→ O(V, q)

est exacte. En outre, soit y ∈ Ker(θ : O(V, q) → K ∗ /(K ∗ )2 ) : par surjectivité de ρ (voir question
k)), il existe x ∈ Γ(V, q) tel que ρ(x) = y. Alors par construction de θ (voir question m)), on
a θ(y) = N (x) mod (K ∗ )2 . Comme θ(y) = 1 ∈ K ∗ /(K ∗ )2 , il existe t ∈ K ∗ tel que N (x) = t2 .
Alors on a ρ(t−1 x) = ρ(x) = y car K ∗ = Ker(ρ) et N (t−1 x) = 1 ∈ K ∗ , donc t−1 x ∈ Pin(V, q).
On a donc montré que y = ρ(t−1 x) ∈ ρ(Pin(V, q)), donc Ker(θ) ⊂ ρ(Pin(V, q)). L’inclusion
inverse étant évidente, cela termine la preuve de l’exactitude de la suite
ρ θ
1 → {±1} → Pin(V, q) − − K ∗ /(K ∗ )2 .
→ O(V, q) →

La seconde suite exacte se déduit immédiatement de celle-ci, en remarquant que Spin(V, q) =


Pin(V, q) ∩ ρ−1 (SO(V, q)).
p) C’est une conséquence directe de la question n).
q) Les détails sont laissés au lecteur courageux...

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