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son importance. Pourtant le béton joue un rôle très important dans l'économie. Les bâtisseurs de
barrages Hydrauliques ont récemment mis au point un nouveau genre de béton. C'est le "Béton
Compacté au Rouleau". Cette nouvelle technique permet aujourd'hui de construire plus de
barrages chaque année, avec des coûts inférieurs, et dans des délais plus courts. Ce nouveau
matériau et cette nouvelle technique de construction ouvrent des perspectives fructueuses dans le
domaine de l'édification de grands ouvrages tels que les barrages, les routes, les aérodromes, etc
... L'article expose le pourquoi de ce nouveau genre de matériau, sa composition, sa production,
ses avantages, son histoire, ses applications et ses perspectives.
Le Maroc a commencé à utiliser une technique nouvelle dans la construction des barrages
Hydrauliques. C'est la technique du "Béton Compacté au Rouleau" (B.C.R.) qui n'est plus un secret
technologique. Pourtant les spécialistes considèrent eux-mêmes que la technique est encore en
phase d'expérimentation. Le Maroc figure parmi les quatre premiers pays dans le monde (avec les
U.S.A, le Japon et la Chine) ayant construit les plus grands barrages en B.C.R (le barrage d'Aoulouz a
un volume de 850.000 m3 de béton).
Le Maroc a ainsi déjà utilisé cette technique en 1987 dans la construction de deux petits barrages
collinaires (Koreima dans la région de Rabat, volume 30.000m3; et Rwidat dans la région de
Benslimane, volume 27.000 m3). Et il vient de terminer en Novembre 1991 la construction d'un
barrage important (Aoulouz, dans la province de Taroudant, 75 m de haut). Un quatrième barrage est
en cours de réalisation (Joumoua, dans la province d'Alhoceima, 57 m de haut).
Chacun de ces barrages diffère des autres par la forme et la composition du B.C.R qui est adapté aux
spécificités du site. Ainsi le Maroc devient capable de construire en moyenne cinq barrages par an.
Le Maroc pourrait même exporter son savoir-faire en construction de barrages, surtout dans le cadre
de la coopération technique avec les pays arabes et africains. Le Sénégal, l'Ouganda, le Burkina-Faso,
et le Niger ont déjà sollicité l'assistance technique des cadres marocains.
Le Maroc a aussi d'autres perspectives de recherche scientifique devant lui, et ses cadres
techniques peuvent mieux faire encore, surtout si on leur facilite la tâche.
Dans la construction d'un ouvrage en béton de dimensions courantes (tel un immeuble, ou un
pont), les coûts globaux sont généralement supportables.
Mais quand il s'agit d'un ouvrage gigantesque, comme un barrage, le coût global de mise en
forme du béton devient prohibitif, à cause de tous les travaux partiels exigés par son usage.
En effet, le béton conventionnel impose plusieurs contraintes longues et coûteuses, parmi
lesquelles on peut citer:
- l'obligation de traiter certains éléments constitutifs du béton (triage, lavage, tamisage, ...),
- les préparations des coffrages compliqués où le béton est coulé,
- les manutentions du béton classique se font lentement et en petites quantités,
- la nécessité de combler les vides pouvant exister entre les agrégats du béton (par exemple
par vibration mécanique au moyen d'aiguilles vibrantes qu'il faut manipuler avec précaution),
- l'obligation de respecter un délai nécessaire au mûrissement du béton avant de le décoffrer,
et avant de le soumettre aux charges d'autres constructions ultérieures.
- les volumes à bétonner (en béton classique) doivent être réduits pour permettre à la chaleur
dégagée par le béton au cours de son durcissement de se dégager sans fissuration. Plus le
volume du béton est grand, plus ce phénomène devient difficile à contenir.
Toutes ces précautions et ces procédures se traduisent par l'allongement des délais. Ces
contraintes nécessaires à respecter pour réussir l'obtention d'un béton performant,
renchérissent le coût global de l'ouvrage en béton conventionnel, il fallait donc chercher de
nouveaux types de béton qui coûtent moins cher, et qui soient plus simples à mettre en
oeuvre.
"Le Béton Compacté au Rouleau (B.C.R.)" est un béton constitué d'agrégats courants trouvés
dans la nature, où le liant hydraulique (ciment) est dosé à environ 100 kg/m3 (au lieu de 200
ou 300 Kg/m3 en moyenne pour les bétons classiques), et qui est compacté (ou préssé) par un
rouleau lourd et vibrant.
L'apparition de ce nouveau genre de béton à faible dosage de ciment a commencé par des
tâtonnements et des essais dans la construction de certaines composantes de barrage (exemple
de l'Italie en 1961, ensuite de Taïwan, ...).
Les premiers pays dans le monde à s'atteler à la tâche de mise au point d'un nouveau genre de
béton plus simple et moins cher sont surtout le Japon, les USA, et la Chine. Ainsi des efforts
de recherche et d'expéri-mentation ont progressivement abouti à la conception et à l'utilisation
du "Béton Compacté au Rouleau". Les premières tentatives de conceptualisation et de
systéma-tisation du B.C.R ont débuté au cours de la fin des années soixante-dix, d'abord au
Japon, ensuite aux USA. Car c'est le Japon qui a construit le premier grand barrage en B.C.R
dans le monde (barrage de Shimajigawa, entre 1976 et 1981). Les U.S.A ont construit leur
premier grand barrage en B.C.R entre 1981 et 1983 (nommé: Willow Creek). Ce dernier a
subi des endomma-gements et a dû être révisé et corrigé. D'autres pays ont suivi un chemin
analogue.
Le Maroc est parmi les premiers pays dans le monde à approfondir la voie défrichée par les
U.S.A et le Japon. Les ingénieurs marocains ont découvert cette technique du B.C.R au cours
du 15ème "Congrès Mondial des Grands Barrages" auquel ils ont participé en 1985 à
Lausanne (Suisse). M. Mehdi Benzekri, Directeur Général de l'Administration de
l'Hydraulique rend justice aux ingénieurs marocains en disant qu'ils ont redécouvert le B.C.R
en 1977, lorsqu'ils ont "réalisé au barrage Al Massira un batardeau provisoire de 18 m de haut,
de 4.000 m3 de béton dosé à 90 kg de ciment par mètre Cube, et compacté par un rouleau de 6
tonnes, et sans coffrages".
Dès 1986, un programme de recherches sur le B.C.R a été engagé en commun entre
l'Administration de l'Hydraulique, le Laboratoire Public des Etudes et des Essais (L.P.E.E) et
l'Ecole Hassania des Travaux Publics. En 1987-1988, l'Administration de l'Hydraulique
réalise deux petits barrages en B.C.R. En 1988-1991, celui d'Aoulouz. Cet ouvrage récent est
encore sous observation.
Aujourd'hui chaque projet de barrage est étudié dans une variante en B.C.R. Le nombre de
barrages construits dans le monde en béton classique ne cesse de diminuer (37% en 1960,
17% en 1988).
Pour obtenir le B.C.R, des granulats sont extraits de la nature, et préparés sur le chantier
même ou dans sa proximité.
Ces éléments qui composent généralement le béton sont ensuite mélangés suivant des dosages
minu-tieusement étudiés. La teneur en ciment est réduite au tiers environ de son dosage
classique. Au Maroc les ingénieurs essa-yent d'utiliser les alluvions locales avec le moins de
traitement possible. Ils utilisent sur le chantier même du barrage des centrales à mala-xage
continu, et un tapis convoyeur pour le transport du B.C.R.
Des cendres volantes, ou des fillers, sont ajoutés pour compenser certains effets dûs au
manque de ciment.
Cet agglomérat (B.C.R) est ensuite étalé au moyen d'un bulldozer, et par couches successives
de 25 à 75 cm d'épaisseur. Une couche de B.C.R est généralement régalée par 24 heures.
Ce sont les performances exigées du béton, et aussi les planches d'essais, qui déterminent les
différents paramètres de production du béton, tels que les dosages et l'épaisseur de couche.
Chaque couche de béton est ensuite soumise à un compactage par un "compacteur"
comportant essentiellement un rouleau compresseur lourd et vibrant.
Le B.C.R est transportable avec des camions à benne et non pas avec des camions malaxeurs.
On peut l'étaler comme un remblai, le tasser avec des engins lourds, et le compacter avec des
rouleaux vibrants.
Avec le B.C.R, l'ouvrage coûte globalement moins cher, les coffrages ne sont plus
nécessaires.
Le temps total nécessaire à la réalisation de l'ouvrage est relativement plus court.
Mais le gain en dosage de ciment dans le B.C.R (100 kg/m3 au lieu de 200 kg/m3) n'est pas
un véritable ni un important avantage (voir plus loin: la comparaison chiffrée des coûts entre
béton classique et B.C.R).
Dans une comparaison entre béton conventionnel et B.C.R dans la construction des barrages,
il peut paraître à première vue que l'avantage principal du BCR est son faible dosage en
ciment.
Ainsi, un barrage en béton ordinaire nécessite 200 kg de ciment par mètre cube de béton. Son
matériau a une résistance d'environ 200 bars (1 bar vaut environ 1kg/cm2). Le même barrage
fait en B.C.R nécessite seulement 100 kg de ciment par mètre cube. Mais son matériau a une
résistance d'environ 65 bars seulement. (voir tableau n° 4)
La réduction du dosage en ciment dans le B.C.R réduit donc sa résistance. Et pour
contrebalancer cet affaiblissement, il devient nécessaire de concevoir l'ouvrage en B.C.R avec
des dimensions plus grandes (que dans le cas du béton ordinaire).
Si un barrage en béton ordinaire a un volume total de 500.000 m3, il faudrait pour le
remplacer par un barrage équivalent en B.C.R un volume total de 800.000 m3. Le rapport
entre ces volumes est généralement de l'ordre de 1,5.
Ainsi, dans cet exemple (voir le tableau n°4), ce barrage en béton ordinaire a besoin de
100.000 tonnes de ciment. Le même barrage en B.C.R aura besoin de 80.000 tonnes de
ciment, donc le gain en ciment est plus modeste qu'on ne pourrait le croire.
Il ne suffit pas de tenir compte uniquement de la consommation de ciment. Il faut en plus,
prendre en considération beaucoup d'autres éléments.
En fait l'intérêt économique du B.C.R réside surtout dans les simplifications des procédures
qu'il permet dans la construction du barrage, et dans la réduction du délai global des travaux.
Si la construction d'un grand barrage en béton classique nécessite par exemple quatre ans de
travaux, un barrage équivalent construit en B.C.R ne durera environ que trois ans.
L'entreprise constructrice pourra donc espérer économiser le quart des frais généraux.
Généralement dans la construction des barrages, un mètre cube de béton ordinaire coûte
environ 500 DH. Et un mètre cube de B.C.R coûte environ 300 DH. Si on multiplie le volume
global du barrage par son coût unitaire, on trouve dans cet exemple, un coût global de 250
millions de Dirhams pour le barrage en B.C.R. Le barrage en B.C.R coûte donc relativement
moins cher (voir tableau n° 4).
L'exportation du
savoir-faire
Abderrahim NOUDA
"Le béton" ordinaire est un agglomérat artificiel de cailloux, de gravier et de sable, réunis
entre eux au moyen d'un liant hydraulique (=ciment). On dispose aujourd'hui de plusieurs
genres de béton:
- "le béton armé" se distingue par les armatures métalliques destinées à résister à des efforts
de flexion ou de traction.
- "le béton précontraint" se caractérise par les contraintes internes permanentes que l'on
introduit artificiellement en son sein pour compenser les contraintes extérieures résultant des
charges auxquelles il est soumis.
- "le béton cellulaire" est un genre relativement léger de béton, et se compose de liant
hydraulique et d'agrégats fins ayant subit un traitement destiné à grouper dans la masse de
nombreux pores sphériques.
Les chaussées aéronautiques telles que les aires de stationnement et les voies de circulation
des avions dans les aéroports sont construites en "béton de piste". C'est un genre particulier de
béton. Il a été utilisé dans la construction des chaussées de l'Aéroport International d'Agadir.
Des études minutieuses sont menées pour choisir les matériaux constitutifs des bétons de
piste, et les dosages optimums.
Le béton de piste est un mélange de granulas, de ciment d'eau et d'adjuvants. Les
spécifications portent sur la granularité, la forme, la propreté, la résistance aux chocs, la
résistance à l'usure et au polissage. Le ciment C.P.J 45 est jugé suffisant pour donner au béton
de piste les résistances exigées.
Des adjuvants déterminés sont indispensables dans la production des bétons de chaussée
rigides (exemple: l'"Entraîneur d'air" dosé à 0,6% du poids du ciment, et le "plastifiant" dosé à
0,4% du poids du ciment). Ils servent respectivement à améliorer la cohésion du béton, sa
maniabilité, et ses résistances mécaniques.
Les caractéristiques du béton de piste sont: sa résistance à la flexion supérieure ou égale à 60
bars à 28 jours, son dosage en ciment de 330 kg/m3, son dosage en eau de 155 kg/m3 de
béton, et sa teneur en "air occlus" de 0,4%.