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Il est courant de considérer le béton comme un vulgaire matériau de construction, et de négliger

son importance. Pourtant le béton joue un rôle très important dans l'économie. Les bâtisseurs de
barrages Hydrauliques ont récemment mis au point un nouveau genre de béton. C'est le "Béton
Compacté au Rouleau". Cette nouvelle technique permet aujourd'hui de construire plus de
barrages chaque année, avec des coûts inférieurs, et dans des délais plus courts. Ce nouveau
matériau et cette nouvelle technique de construction ouvrent des perspectives fructueuses dans le
domaine de l'édification de grands ouvrages tels que les barrages, les routes, les aérodromes, etc
... L'article expose le pourquoi de ce nouveau genre de matériau, sa composition, sa production,
ses avantages, son histoire, ses applications et ses perspectives.

Le Maroc a commencé à utiliser une technique nouvelle dans la construction des barrages
Hydrauliques. C'est la technique du "Béton Compacté au Rouleau" (B.C.R.) qui n'est plus un secret
technologique. Pourtant les spécialistes considèrent eux-mêmes que la technique est encore en
phase d'expérimentation. Le Maroc figure parmi les quatre premiers pays dans le monde (avec les
U.S.A, le Japon et la Chine) ayant construit les plus grands barrages en B.C.R (le barrage d'Aoulouz a
un volume de 850.000 m3 de béton).
Le Maroc a ainsi déjà utilisé cette technique en 1987 dans la construction de deux petits barrages
collinaires (Koreima dans la région de Rabat, volume 30.000m3; et Rwidat dans la région de
Benslimane, volume 27.000 m3). Et il vient de terminer en Novembre 1991 la construction d'un
barrage important (Aoulouz, dans la province de Taroudant, 75 m de haut). Un quatrième barrage est
en cours de réalisation (Joumoua, dans la province d'Alhoceima, 57 m de haut).
Chacun de ces barrages diffère des autres par la forme et la composition du B.C.R qui est adapté aux
spécificités du site. Ainsi le Maroc devient capable de construire en moyenne cinq barrages par an.
Le Maroc pourrait même exporter son savoir-faire en construction de barrages, surtout dans le cadre
de la coopération technique avec les pays arabes et africains. Le Sénégal, l'Ouganda, le Burkina-Faso,
et le Niger ont déjà sollicité l'assistance technique des cadres marocains.

Les contraintes du béton conventionnel

Le Maroc a aussi d'autres perspectives de recherche scientifique devant lui, et ses cadres
techniques peuvent mieux faire encore, surtout si on leur facilite la tâche.
Dans la construction d'un ouvrage en béton de dimensions courantes (tel un immeuble, ou un
pont), les coûts globaux sont généralement supportables.
Mais quand il s'agit d'un ouvrage gigantesque, comme un barrage, le coût global de mise en
forme du béton devient prohibitif, à cause de tous les travaux partiels exigés par son usage.
En effet, le béton conventionnel impose plusieurs contraintes longues et coûteuses, parmi
lesquelles on peut citer:
- l'obligation de traiter certains éléments constitutifs du béton (triage, lavage, tamisage, ...),
- les préparations des coffrages compliqués où le béton est coulé,
- les manutentions du béton classique se font lentement et en petites quantités,
- la nécessité de combler les vides pouvant exister entre les agrégats du béton (par exemple
par vibration mécanique au moyen d'aiguilles vibrantes qu'il faut manipuler avec précaution),
- l'obligation de respecter un délai nécessaire au mûrissement du béton avant de le décoffrer,
et avant de le soumettre aux charges d'autres constructions ultérieures.
- les volumes à bétonner (en béton classique) doivent être réduits pour permettre à la chaleur
dégagée par le béton au cours de son durcissement de se dégager sans fissuration. Plus le
volume du béton est grand, plus ce phénomène devient difficile à contenir.
Toutes ces précautions et ces procédures se traduisent par l'allongement des délais. Ces
contraintes nécessaires à respecter pour réussir l'obtention d'un béton performant,
renchérissent le coût global de l'ouvrage en béton conventionnel, il fallait donc chercher de
nouveaux types de béton qui coûtent moins cher, et qui soient plus simples à mettre en
oeuvre.

Le Béton Compacté au Rouleau

"Le Béton Compacté au Rouleau (B.C.R.)" est un béton constitué d'agrégats courants trouvés
dans la nature, où le liant hydraulique (ciment) est dosé à environ 100 kg/m3 (au lieu de 200
ou 300 Kg/m3 en moyenne pour les bétons classiques), et qui est compacté (ou préssé) par un
rouleau lourd et vibrant.

Petite histoire du B.C.R.

L'apparition de ce nouveau genre de béton à faible dosage de ciment a commencé par des
tâtonnements et des essais dans la construction de certaines composantes de barrage (exemple
de l'Italie en 1961, ensuite de Taïwan, ...).
Les premiers pays dans le monde à s'atteler à la tâche de mise au point d'un nouveau genre de
béton plus simple et moins cher sont surtout le Japon, les USA, et la Chine. Ainsi des efforts
de recherche et d'expéri-mentation ont progressivement abouti à la conception et à l'utilisation
du "Béton Compacté au Rouleau". Les premières tentatives de conceptualisation et de
systéma-tisation du B.C.R ont débuté au cours de la fin des années soixante-dix, d'abord au
Japon, ensuite aux USA. Car c'est le Japon qui a construit le premier grand barrage en B.C.R
dans le monde (barrage de Shimajigawa, entre 1976 et 1981). Les U.S.A ont construit leur
premier grand barrage en B.C.R entre 1981 et 1983 (nommé: Willow Creek). Ce dernier a
subi des endomma-gements et a dû être révisé et corrigé. D'autres pays ont suivi un chemin
analogue.

Le Maroc est parmi les premiers pays dans le monde à approfondir la voie défrichée par les
U.S.A et le Japon. Les ingénieurs marocains ont découvert cette technique du B.C.R au cours
du 15ème "Congrès Mondial des Grands Barrages" auquel ils ont participé en 1985 à
Lausanne (Suisse). M. Mehdi Benzekri, Directeur Général de l'Administration de
l'Hydraulique rend justice aux ingénieurs marocains en disant qu'ils ont redécouvert le B.C.R
en 1977, lorsqu'ils ont "réalisé au barrage Al Massira un batardeau provisoire de 18 m de haut,
de 4.000 m3 de béton dosé à 90 kg de ciment par mètre Cube, et compacté par un rouleau de 6
tonnes, et sans coffrages".
Dès 1986, un programme de recherches sur le B.C.R a été engagé en commun entre
l'Administration de l'Hydraulique, le Laboratoire Public des Etudes et des Essais (L.P.E.E) et
l'Ecole Hassania des Travaux Publics. En 1987-1988, l'Administration de l'Hydraulique
réalise deux petits barrages en B.C.R. En 1988-1991, celui d'Aoulouz. Cet ouvrage récent est
encore sous observation.

Processus de production du B.C.R.

Aujourd'hui chaque projet de barrage est étudié dans une variante en B.C.R. Le nombre de
barrages construits dans le monde en béton classique ne cesse de diminuer (37% en 1960,
17% en 1988).
Pour obtenir le B.C.R, des granulats sont extraits de la nature, et préparés sur le chantier
même ou dans sa proximité.
Ces éléments qui composent généralement le béton sont ensuite mélangés suivant des dosages
minu-tieusement étudiés. La teneur en ciment est réduite au tiers environ de son dosage
classique. Au Maroc les ingénieurs essa-yent d'utiliser les alluvions locales avec le moins de
traitement possible. Ils utilisent sur le chantier même du barrage des centrales à mala-xage
continu, et un tapis convoyeur pour le transport du B.C.R.
Des cendres volantes, ou des fillers, sont ajoutés pour compenser certains effets dûs au
manque de ciment.
Cet agglomérat (B.C.R) est ensuite étalé au moyen d'un bulldozer, et par couches successives
de 25 à 75 cm d'épaisseur. Une couche de B.C.R est généralement régalée par 24 heures.
Ce sont les performances exigées du béton, et aussi les planches d'essais, qui déterminent les
différents paramètres de production du béton, tels que les dosages et l'épaisseur de couche.
Chaque couche de béton est ensuite soumise à un compactage par un "compacteur"
comportant essentiellement un rouleau compresseur lourd et vibrant.

Ce rouleau a donc une énergie et une fréquence déterminées de compactage, et le compacteur


passe et repasse sur chaque couche un certain nombre de fois pour bien tasser le béton.
Le délai entre la production du B.C.R frais et son compactage ne dépasse pas une heure.
Dans le B.C.R, le manque de ciment est compensé par les préssions du compactage, et par
l'incorporation d'éléments fins, dans le but de combler les vides pouvant exister entre les
agrégats du béton. Ces éléments fin peuvent être des cendres volantes (cendres naturelles ou
prélevées dans les hauts fournaux).
Les constructeurs respectent avec soin le temps maximum pendant lequel la surface extérieure
de la couche de béton va rester exposée à l'air libre. Parce que le ciment mûrit, son évolution
physico-chimique au bout d'un certain temps est déterminée. Ainsi, si la durée nécessaire à la
prise du ciment est atteinte ou dépassée (environ une heure 30 minutes), il devient difficile
d'assurer l'adhésion parfaite de cette couche de béton avec la suivante. Il y a donc un temps
maximum à ne pas dépasser entre la mise en place de 2 couches successives de béton. Sinon
on nettoie la surface inter-couche juste avant le régalage d'une nouvelle couche de B.C.R, soit
par jet d'eau ou d'air sous pression.
L'existence d'ouvrages inclus dans le corps du barrage (tels que: galeries, vidange de fond,
prise d'eau, évacuateur de crues, etc...) ralentit le rythme optimal de mise en place du B.C.R.
Dans certaines parties du barrage (par exemple la surface ou "masque" amont, le contact de
fondation, les parements, les galeries, etc...) sont réalisés en béton conventionnel ou en béton
préfabriqué.

Les avantages du B.C.R.

Le B.C.R est transportable avec des camions à benne et non pas avec des camions malaxeurs.
On peut l'étaler comme un remblai, le tasser avec des engins lourds, et le compacter avec des
rouleaux vibrants.
Avec le B.C.R, l'ouvrage coûte globalement moins cher, les coffrages ne sont plus
nécessaires.
Le temps total nécessaire à la réalisation de l'ouvrage est relativement plus court.
Mais le gain en dosage de ciment dans le B.C.R (100 kg/m3 au lieu de 200 kg/m3) n'est pas
un véritable ni un important avantage (voir plus loin: la comparaison chiffrée des coûts entre
béton classique et B.C.R).

Domaines d'utilisation du B.C.R.


Le Béton Compacté au Rouleau a été utilisé jusqu'à présent surtout pour construire des
barrages, et dans une moindre mesure des routes ou certaines pistes d'aérodromes. Parce que
les barrages et les routes demandent de grandes quantités de béton, et travaillent
essentiellement à la compression.
Mais cette technique du BCR ne peut être employée dans les constructions des immeubles, ou
des ponts. Car ces derniers sont généralement soumis à des tensions et des contraintes
beaucoup plus diversifiées et plus fortes, et le B.C.R est un matériau moins résistant que le
"béton armé" ordinaire.
Ainsi, un barrage tire sa stabilité de son poids. Et il n'est pas soumis à autant de contraintes
qu'un pont.
La technique du B.C.R n'est utilisable que dans les ouvrages de grandes dimensions exigeant
un grand volume de béton.
Mais il n'est pas impossible dans l'avenir qu'une utilisation mixte (du béton classique et du
B.C.R) soit introduite dans de nouveaux domaines de construction.

Comparaison chiffrée des coûts entre béton classique et B.C.R.

Dans une comparaison entre béton conventionnel et B.C.R dans la construction des barrages,
il peut paraître à première vue que l'avantage principal du BCR est son faible dosage en
ciment.
Ainsi, un barrage en béton ordinaire nécessite 200 kg de ciment par mètre cube de béton. Son
matériau a une résistance d'environ 200 bars (1 bar vaut environ 1kg/cm2). Le même barrage
fait en B.C.R nécessite seulement 100 kg de ciment par mètre cube. Mais son matériau a une
résistance d'environ 65 bars seulement. (voir tableau n° 4)
La réduction du dosage en ciment dans le B.C.R réduit donc sa résistance. Et pour
contrebalancer cet affaiblissement, il devient nécessaire de concevoir l'ouvrage en B.C.R avec
des dimensions plus grandes (que dans le cas du béton ordinaire).
Si un barrage en béton ordinaire a un volume total de 500.000 m3, il faudrait pour le
remplacer par un barrage équivalent en B.C.R un volume total de 800.000 m3. Le rapport
entre ces volumes est généralement de l'ordre de 1,5.

Ainsi, dans cet exemple (voir le tableau n°4), ce barrage en béton ordinaire a besoin de
100.000 tonnes de ciment. Le même barrage en B.C.R aura besoin de 80.000 tonnes de
ciment, donc le gain en ciment est plus modeste qu'on ne pourrait le croire.
Il ne suffit pas de tenir compte uniquement de la consommation de ciment. Il faut en plus,
prendre en considération beaucoup d'autres éléments.
En fait l'intérêt économique du B.C.R réside surtout dans les simplifications des procédures
qu'il permet dans la construction du barrage, et dans la réduction du délai global des travaux.
Si la construction d'un grand barrage en béton classique nécessite par exemple quatre ans de
travaux, un barrage équivalent construit en B.C.R ne durera environ que trois ans.
L'entreprise constructrice pourra donc espérer économiser le quart des frais généraux.
Généralement dans la construction des barrages, un mètre cube de béton ordinaire coûte
environ 500 DH. Et un mètre cube de B.C.R coûte environ 300 DH. Si on multiplie le volume
global du barrage par son coût unitaire, on trouve dans cet exemple, un coût global de 250
millions de Dirhams pour le barrage en B.C.R. Le barrage en B.C.R coûte donc relativement
moins cher (voir tableau n° 4).

Les apports du Maroc à la technologie du B.C.R.


Le Maroc a développé des formes et des compositions inédites de B.C.R, grâce aux efforts de
recherche, d'expérimentation, et de mise au point menés par ses cadres employés surtout dans
l'Administration de l'Hydraulique, et dans le Laboratoire Public des Etudes et d'Essais
(L.P.E.E.).
Le Maroc ne dispose pas par exemple de cendres volantes en quantités exploitables et à bon
marché comme les pays industrialisés. Ces cendres volantes (prélevées des cheminées de
hauts fournaux) sont utilisées comme liant et dans une proportion proche de celle du ciment.
Elles ont pour effet entre autres, de retarder la prise du ciment, et donc de faciliter sa mise en
place.
Les ingénieurs marocains ont donc été obligés d'utiliser le ciment pur, sans cendres volantes.
Le Maroc a adapté cette technique du B.C.R aux conditions d'un pays du tiers monde, pour
utiliser des aggrégats et des alluvions naturels dans la fabrication du B.C.R, et pour employer
la main-d'oeuvre locale nombreuse et peu qualifiée. C'est un acquis technologique à fructifier.
Cependant la participation des entreprises marocaines privées à ces efforts de recherche a été
plutôt secondaire. Leurs initiatives en matière de mise au point de techniques nouvelles de
construction sont restées limitées ne disposant pas de structures capables d'engager des
programmes de recherche scientifique.

L'exportation du
savoir-faire

Pourquoi le Maroc n'exporterait-il pas la technique et le savoir faire du B.C.R? Il dispose en


effet aujourd'hui d'un noyau important d'ingénieurs et de techniciens qui maîtrisent assez bien
la technologie du B.C.R. Et même si le Maroc est dans un début modeste dans ce domaine, il
peut aspirer à développer encore plus sa technologie en la stimulant par l'exportation et la
coopération technique.
L'Administration de l'Hydraulique, et aussi le Laboratoire Public des Etudes et Essais, ont
aujourd'hui un savoir-faire non négligeable du B.C.R.
L'Administration pourrait mener toutes les démarches nécessaires pour exploiter et exporter
cet acquis, par exemple dans le cadre de la coopération technique avec tous les pays du
monde, y compris les pays arabes et africains.
Les ingénieurs marocains ont publié des comptes-rendus de travaux, donné des conférences à
l'étranger, ou participé à des séminaires au profit des pays africains organisés par la Banque
Islamique. Les chantiers marocains ont été visités par des ingénieurs étrangers, venus
s'informer des résultats obtenus par le Maroc.

Par exemple le barrage d'Aoulouz, au moment de sa construction, a été classé au quatrième


rang mondial par son volume et sa hauteur.
Cela a intéressé beaucoup de spécialistes à travers le monde (américains, japonais, français...).
Le transfert de technologie ne se fait pas toujours dans le sens du Nord vers le Sud.
Mais cela ne suffit pas. Un organisme publique ou privé pourrait se spécialiser dans
l'exploitation et l'exportation de ce genre de savoir-faire, et des autres compétences techniques
analogues.
Récemment le Sénégal, l'Ouganda, le Burkina-Faso, et le Niger, sont venus au Maroc pour
demander l'assistance technique des cadres marocains dans le domaine du B.C.R et de la
construction des barrages.
Mais il était souhaitable de ne pas attendre que l'initiative vienne des autres pays. Il serait
préférable qu'il y ait un organisme marocain (public ou privé ou mixte) qui prenne l'initiative,
fasse de la prospection, et aille trouver les partenaires étrangers qui sont intéressés par les
techniques et les savoir-faire nationaux.
Il existe au Maroc des Bureaux d'études privés, reconnus pour leur compétence, qui peuvent
contribuer positivement à exploiter et à exporter ces techniques.

Abderrahim NOUDA

Les différents genres de béton

"Le béton" ordinaire est un agglomérat artificiel de cailloux, de gravier et de sable, réunis
entre eux au moyen d'un liant hydraulique (=ciment). On dispose aujourd'hui de plusieurs
genres de béton:
- "le béton armé" se distingue par les armatures métalliques destinées à résister à des efforts
de flexion ou de traction.
- "le béton précontraint" se caractérise par les contraintes internes permanentes que l'on
introduit artificiellement en son sein pour compenser les contraintes extérieures résultant des
charges auxquelles il est soumis.
- "le béton cellulaire" est un genre relativement léger de béton, et se compose de liant
hydraulique et d'agrégats fins ayant subit un traitement destiné à grouper dans la masse de
nombreux pores sphériques.

Construction des pistes du Nouvel Aéroport International d'Agadir en béton de


chaussée

Les chaussées aéronautiques telles que les aires de stationnement et les voies de circulation
des avions dans les aéroports sont construites en "béton de piste". C'est un genre particulier de
béton. Il a été utilisé dans la construction des chaussées de l'Aéroport International d'Agadir.
Des études minutieuses sont menées pour choisir les matériaux constitutifs des bétons de
piste, et les dosages optimums.
Le béton de piste est un mélange de granulas, de ciment d'eau et d'adjuvants. Les
spécifications portent sur la granularité, la forme, la propreté, la résistance aux chocs, la
résistance à l'usure et au polissage. Le ciment C.P.J 45 est jugé suffisant pour donner au béton
de piste les résistances exigées.
Des adjuvants déterminés sont indispensables dans la production des bétons de chaussée
rigides (exemple: l'"Entraîneur d'air" dosé à 0,6% du poids du ciment, et le "plastifiant" dosé à
0,4% du poids du ciment). Ils servent respectivement à améliorer la cohésion du béton, sa
maniabilité, et ses résistances mécaniques.
Les caractéristiques du béton de piste sont: sa résistance à la flexion supérieure ou égale à 60
bars à 28 jours, son dosage en ciment de 330 kg/m3, son dosage en eau de 155 kg/m3 de
béton, et sa teneur en "air occlus" de 0,4%.

II.9. Béton Compacté au Rouleau


II.9.1. Définition
On appelle Béton Compacté au Rouleau (BCR) un béton raide, non armé, d'affaissement nul
composé de ciment, de granulats, d'eau et d'adjuvants, dont la mise en place nécessite un
compactage externe pour être bien consolidé.
Chapitre II : Techniques innovantes de réalisation de barrages en matériaux mixtes
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Du point de vue structural, le BCR est un ouvrage rigide présentant le même comportement
qu'une dalle de béton et est soumis aux mêmes critères de conception.
La portance et la résistance à la déformation des couches de support et celles de roulement
confectionnées dans un tel cas permettent de soumettre celles-ci aux sollicitations d'un trafic
intense.
Le BCR présente une grande résistance et une bonne durabilité donc, est bien adapté aux
charges des équipements lourds.
II.9.2. Historique
Le béton compacté au rouleau a été utilisé régulièrement depuis les années 1920, le plus
souvent comme sous-couche pour les revêtements de routes et de pistes d’aviation. Dans cette
application, il est généralement appelé « béton maigre », ou « béton maigre sec », et autres
termes
identiques.
La première suggestion d’utilisation du BCR dans la construction de barrages remonte à 1941.
Le document s’y rapportant était bien en avance sur son époque et ce ne fut qu’à partir de
1960/61
que le BCR fut utilisé dans la construction de barrages. Il semble que cela a débuté lors de la
réalisation du batardeau du barrage Shimen (Taiwan). Le béton constitua le noyau étanche et
fut
mis en place en utilisant les méthodes d’exécution des remblais en terre, et compacté au
rouleau.
Un autre exemple ancien est le batardeau de Karun I (Iran) (CIGB, 2003).
Le barrage Alpe Gera (Italie), construit entre 1961 et 1964, présentait beaucoup de
caractéristiques que l’on retrouve plus tard dans la construction BCR. Du béton maigre fut
utilisé
pour ce barrage, et fut mis en place en couches de 700 mm d’épaisseur, en allant d’une rive à
l’autre de la vallée, évitant ainsi la construction traditionnelle par plots. Les joints de
contraction
ont été découpés à travers chaque couche après épandage et compactage du béton. Cependant,
le
compactage fut effectué au moyen de bancs de pervibrateurs montés à l’arrière de tracteurs
plutôt
que par des rouleaux vibrants. L’étanchéité du barrage fut réalisée en recouvrant totalement le
parement amont de plaques d’acier. Le principal argument qui conduisit à la construction de
ce
type de barrage et contribua à ouvrir la voie aux barrages BCR fut une série d’essais en vraie
grandeur montrant qu’aucun dommage ne survenait au béton transporté dès son très jeune âge
(CIGB, 2003).
Chapitre II : Techniques innovantes de réalisation de barrages en matériaux mixtes
46
Un rapport a été présenté par Raphael en 1970, dans lequel l’auteur décrit le « barrage-poids
optimal » comme étant un ouvrage constitué d’un matériau stabilisé par du ciment, et dont les
fruits des parements et le dosage en ciment ont été optimisés. L’ouvrage optimisé se situerait
entre
les extrêmes : le barrage en remblai, de volume élevé, ne contenant pas de ciment, et le
barrage
poids en béton, de volume moindre. Le barrage en remblai dur [16] – voir Chapitre 10 – se
rapproche des idées émises par Raphael (CIGB, 2003).
Au début des années 1970, Moffat développa davantage le concept du barrage poids en BCR.
À la même époque, Cannon présenta des rapports sur les résultats d’essais en vraie grandeur
faisant appel à des rouleaux vibrants pour le compactage du béton sur le chantier de Tims
Ford
(États-Unis). Pour la première fois, il fut proposé qu’un BCR contienne une proportion
significative d’adjuvants minéraux dans le liant (CIGB, 2003).
À partir de données fournies par des travaux de recherches et des essais effectués
précédemment par l’US Army Corps of Engineers, une variante BCR fut étudiée pour le
barrage
Zintel Canyon (États-Unis), en 1974. Le concept d’un barrage poids plus économique fit un
grand
pas en avant lorsqu’on démontra que le profil en travers en enrochement proposé à l’origine
pouvait être réduit à un profil plus caractéristique d’un barrage poids classique. En raison
d’une
insuffisance de fonds, la construction du barrage Zintel Canyon ne fut entreprise qu’en 1992 ;
cependant, de nombreuses caractéristiques de sa conception furent reportées sur le barrage
Willow
Creek (États-Unis).
Des études approfondies furent exécutées en laboratoire par Price au milieu des années 1970.
Des essais portant sur du béton maigre avec un dosage élevé en cendres volantes et un faible
dosage en ciment furent effectués au Royaume-Uni en 1977. D’autres essais en vraie grandeur
furent exécutés également au Royaume-Uni en 1978-80 et ceux-ci débouchèrent sur la
construction d’un petit barrage BCR en 1982 (CIGB, 2003).
La première utilisation de BCR en volumes importants fut réalisée au barrage de Tarbela
(Pakistan) en 1975 (CIGB, 2003).
En 1985 et 1986, deux barrages situés en deux points opposés du monde introduisirent le
concept d’utilisation d’un dosage élevé en liant dans le BCR, avec une forte proportion
d’adjuvants minéraux. Castilblanco de los Arroyos (Espagne) [et Kengkou (Chine) furent les
premiers barrages BCR dans deux des pays où se développait le BCR pour la construction de
Chapitre II : Techniques innovantes de réalisation de barrages en matériaux mixtes
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barrages. Peu de temps après ces barrages, la construction de barrages BCR débuta également
en
Afrique du Sud, au Brésil et au Mexique (CIGB, 2003).
Le barrage Upper Stillwater (États-Unis), constitue un jalon important dans le développement
de la technologie du BCR construit entre 1985 et 1987. Le BCR avait un dosage très élevé en
liant
(252 kg/m dont 69 % de cendres volantes). Le barrage a un volume de 1 281 000 m3. Le BCR
s’avéra imperméable et des essais montrèrent que le béton avait d’excellentes propriétés. Les
parements du barrage étaient constitués d’éléments en béton mis en place au moyen d’un
coffrage
glissant (CIGB, 2003).
Le barrage Elk Creek (États-Unis), construit en 1987/88, continua le développement de la
méthode de construction BCR. Le BCR fut conçu pour être maniable et l’on s’efforça
d’éliminer
la ségrégation du béton, les BCR contenant de faibles dosages en liant. Un mortier de liaison
fut
utilisé pour réduire le risque de perméabilité des joints de reprise. Une épaisseur de levée de
600
mm fut adoptée, la mise en place s’effectuant en quatre couches de 150 mm d’épaisseur,
épandues
entièrement au moyen de bulldozers avant compactage. À Elk Creek, il fut démontré qu’une
cadence de mise en place de 9 000 m3 /jour était possible sur une base continue. La
construction
du barrage fut arrêtée en cours de travaux à cause de problèmes environnementaux et n’a pas
été
reprise (CIGB, 2003).
Avec une plus grande expérience et un gain de confiance dans le matériau, l’avancée suivante
du BCR fut l’extension de son utilisation aux barrages du type poids-voûte et, éventuellement,
du
type voûte. Dans tous les cas sauf dans quelques-uns où il y a un nombre important
d’éléments
insérés dans le barrage, le BCR a remplacé avantageusement le béton classique pour la
construction de barrages
II.9.3. Les composants
II.9.3.1 Les liants
Son utilisation répond à pas mal d'exigences parmi lesquelles la résistance mécanique, les
critères de durabilité exigées ainsi que les contraintes économiques telles que: la disponibilité
et le
coût des ajouts, le coût du transport, etc.
Le liant est de type hydraulique, fin, pulvérulent, et peut être :
Le ciment Portland: CPA-CEM I, CPI-CEM II dont la classe varie en fonction des
performances voulues.
Chapitre II : Techniques innovantes de réalisation de barrages en matériaux mixtes
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Les ciments à forte teneur en laitier ou en cendre: CHF-CEM Ill, CLK-CEM III,
CPZ•CEM IV, CLC-CEM V. Ces ciments présentent un début de prise plus lent et un
durcissement plus progressif et permettent d'améliorer les propriétés mécaniques du BCR.
Le dosage classique d'un mélange de BCR est de 200 à 350 kg/m3, soit une teneur en liant de
10 à 15 % de la masse totale des constituants secs.
Il faut noter qu'une teneur trop élevée de ciment favorise les fissures, augmente le coût de
production et ne permet pas nécessairement une augmentation des performances (Lepage,
1996).
II.9.3.2 Les granulats
Les granulats occupent 75 à 85 % du volume total d'un mélange de BCR.
Ils jouent un rôle de remplissage et ont une grande influence, de par leurs caractéristiques
physiques, chimiques et mécaniques sur les propriétés du BCR frais et durci.
Les granulats peuvent être roulés (sable siliceux) ou concassés (sable calcaire, gravier....).
Pour limiter les problèmes de ségrégation et en vue d'une meilleure qualité de surface, la
dimension maximale du granulat doit être inférieure à 20 mm.
Toutes les fractions granulométriques doivent avoir un indice de concassage supérieur à 30%
dans le cas d'un trafic trop faible et environ 100% dans le cas d'un trafic élevé.
Ces granulats ont un indice de plasticité non mesurable et une teneur en matière organique
inférieur à 0,2 %.
Il faut noter que le choix d'un D élevé a comme avantages:
Une économie d'énergie à la préparation des matériaux
Une résistance mécanique plus élevée à dosage de liant constant
Une amélioration du transfert de charges aux joints en l'absence de dispositif
particulier.
Quant aux granulats fins, ils permettent une bonne cohésion à l'état frais, donc une bonne
compacité à l'état durci. Toutefois, un pourcentage élevé de fines entraînerait une demande en
eau
importante et donc une baisse de la résistance et un problème de mise en place (Lepage,
1996).
Chapitre II : Techniques innovantes de réalisation de barrages en matériaux mixtes
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II.9.3.3 L’eau
Le BCR étant un béton sec à affaissement nul. Sa teneur en eau doit donc être faible.
Elle est de l'ordre de 4 à 6%, fixé par le laboratoire lors de l'essai Proctor modifié. Quant à la
teneur en eau au chantier, on doit tenir compte des conditions atmosphériques et de transport.
L'eau est de qualité potable avec une teneur en sels dissous inférieurs à 1 g/l et une teneur en
matière de suspension inférieure à 0.5 %.
Il faut noter qu'un excès d'eau entraîne une instabilité rendant l'uni défectueux tandis qu'un
manque d'eau entraîne des défauts de prise localisés (Lepage, 1996).
II.9.3.4 Les adjuvants
Les adjuvants sont utilisés dans le but de faciliter la mise en oeuvre des BCR, d'adapter leur
fabrication au temps froid ou au temps chaud, de réduire les coûts de mise en oeuvre,
d'améliorer
les propriétés du BCR durci voire même de lui conférer des propriétés nouvelles.
Toutefois, dans le cas du BCR, la durée courte de malaxage et la faible quantité d'eau font
qu'il y a une atténuation de l'effet des adjuvants, d'où une augmentation du dosage en adjuvant
par
rapport au béton plastique afin d'accroître leur efficacité.
Pas mal de précautions doivent être prises pour leur utilisation. Il est même recommandé de
réaliser des essais au laboratoire afin de déterminer le dosage optimal et de mesurer l'effet sur
les
propriétés du BCR frais et durci (Lepage, 1996).
Les principaux adjuvants généralement utilisés dans le BCR sont:
A. Les adjuvants retardateurs de prise
Ces adjuvants augmentent la durée de transport et de mise en place du béton, permettent de
maintenir longtemps la consistance recherchée du béton ou de ménager la contrainte des
reprises
de bétonnage (Lepage, 1996).
B. Les adjuvants réducteurs d'eau
Ils ont pour rôle, à consistance égale de réduire le dosage en eau et à dosage en eau constant
d'augmenter l'affaissement au cône d'Abram. Ces adjuvants sont couramment employés dans
la
réalisation des BCR puisque permettant une amélioration de l'homogénéité de la pâte
(Lepage,
1996).
Chapitre II : Techniques innovantes de réalisation de barrages en matériaux mixtes
50
Cependant, ces adjuvants employés à fort dosage peuvent avoir un effet retardateur de prise.
L'utilisation de certains adjuvants dans un chantier de BCR n'est pas courante. Ces adjuvants
sont les suivants:
Les adjuvants accélérateurs de prise
Les fluidifiants.
Ces derniers ne sont pas employés puisqu’entraînant une très grande maniabilité alors que
l'effet d'une maniabilité trop élevée est néfaste pour un mélange de BCR (ressuage,
déformation
excessive à la suite du compactage...).
Aucune conception universellement acceptée a encore été obtenue pour le béton compacté par
rouleau, cette conception est différente d’un pays à l’autre, on distingue:
Le barrage en BCR maigre (faible dosage en liant) : dosage en liant (ciment Portland
et adjuvants minéraux) < 100 kg/m3
La méthode RCD qui était utilisée au Japon ;
Le BCR à forte teneur en pâte (dosage élevé en liant) : dosage en liant > 150 kg/m3
Bien que ce classement soit essentiellement basé sur les dosages en liant, chaque méthode a
une philosophie légèrement différente concernant la conception des barrages.
Tableau II.2 : Classification des barrages BCR
Classification Dosage faible en
liant RCD Dosage moyen en
liant
Dosage élevé en
liant
Dosage en liant (kg/m3) < 99 120-130 100 - 49 > 150
Teneur en adjuvants minéraux (%) 0-40 20-35 20 - 60 30 - 80
épaisseur des couches (mm) 300 750 - 1000 300 300
Masque amont Oui Oui Généralement Néant

II.9.7. Description du procédé


II.9.7.1. B.C.R. est un béton faiblement dosé en liant
La teneur en liant est, en général, différente suivant les parties de l'ouvrage (plus élevée sur
les parties externes), mais reste de l'ordre de 100 à 200 kg par m3.
Le liant est constitué de ciment et de cendres volantes, ces dernières dans une proportion
pouvant aller jusqu'aux deux tiers du liant.
Chapitre II : Techniques innovantes de réalisation de barrages en matériaux mixtes
57
La réduction des quantités de ciment permet de diminuer les coûts et d'obtenir un liant à prise
lente, ce qui diminue l'élévation de température provoquée par la prise du béton et limite le
retrait
thermique (Degoutte et al., 1998).
II.9.7.2. B.C.R. est mis en oeuvre à faible teneur en eau
Le passage des engins de compactage exige un produit très sec, tel que l'affaissement au cône
d'Abrams soit nul. La détermination de la teneur en eau optimale se fait couramment, comme
en
mécanique des sols, à l'aide de l'essai Proctor sur grand moule afin de tenir compte de la
granulométrie du matériau. On utilise aussi un essai dénommé VeBe consistant à étudier le
comportement d'éprouvettes normalisées sur une table vibrante.
La faible teneur en eau à la mise en oeuvre permet ainsi de diminuer le retrait hydraulique du
béton et d'améliorer sa résistance à long terme, toutes choses égales par ailleurs. Ce sera bien
sûr
également un atout pour réaliser des chantiers en Afrique sèche où l'approvisionnement en
eau
pose souvent des problèmes difficiles à résoudre (Degoutte et al., 1998).
II.9.7.3. B.C.R. est mis en oeuvre en couches minces
Le matériau, fabriqué dans des centrales à béton classiques ou à malaxage continu à gros
débit, est acheminé sur l'ouvrage par camion benne ou bande transporteuse.
Il est étalé au bouteur en couches minces de 0,30 à 0,50 m. L'épaisseur des couches est
commandée par des contraintes d'efficacité de compactage et de cadences de chantier. Le
point
délicat est la liaison entre couches successives qui présente une double faiblesse potentielle:
forte
perméabilité et résistance mécanique médiocre.
L'idéal pour avoir une bonne liaison consiste bien sûr à mettre en place la couche supérieure
ayant que la couche inférieure n'ait fait prise (reprise chaude), ce qui dispense de la mise en
place
d'un mortier.
Il faut par ailleurs éviter les différences de granulométrie entre la partie inférieure et la partie
supérieure d'une couche (ségrégation, remontée de laitance). Lorsque le temps entre la mise
en
place de deux couches successives dépasse une certaine limite (dépendant du type de ciment
et de
la température ambiante), on est dans les conditions d'une reprise froide et il est nécessaire de
traiter les liaisons entre couches par un mortier de reprise sur 2 à 3 cm d'épaisseur (Degoutte
et al.,
1998).
Chapitre II : Techniques innovantes de réalisation de barrages en matériaux mixtes
58
II.9.7.4. B.C.R. est fortement compacté
L'intérêt de l'utilisation des rouleaux vibrants par rapport à la mise en oeuvre classique avec
aiguille vibrante, est triple :
Ils sont plus adaptés à la faible plasticité du mélange
Ils ont un grand rendement
Ils compactent le matériau avec une énergie beaucoup plus élevée, ce qui permet
d'approcher les densités obtenues avec un béton classique (Degoutte et al., 1998).
II.9.7.5. L'ouvrage doit avoir une étanchéité spécifique
Un ouvrage réalisé en béton compacté au rouleau ne peut en général pas être considéré
comme étanche en grand, surtout du fait des reprises entre couches.
C'est pourquoi l'étanchéité de certains barrages construits en B.C.R. est assurée par un
parement amont vertical en béton vibré traditionnel, équipé de joints de dilatation avec water
stops. Ce parement amont sert de coffrage pour le B.C.R. du corps de barrage (cas du barrage
de
Petit Saut). Cette étanchéité pourrait être également assurée par une géomembrane ou un
enduit
approprié sur le parement amont de l'ouvrage (cas du barrage du Riou). Il est enfin des cas où
l'étanchéité n'est pas un objectif fondamental et où le B.C.R. peut se suffire à lui-même,
moyennant quelques précautions : barrages uniquement écrêteurs de crues, batardeaux
provisoires,
etc (Degoutte et al., 1998).
II.9.8. Avantages du BCR
Le béton compacté au rouleau, comme un nouveau procédé de construction, possède des
avantages incontestables liés aux gains de temps et d'argent. On estime que le coût
approximatif
du BCR est 20% à 30% plus faible que celui du béton de masse conventionnel. Cette
différence
dans les coûts s'explique par :
le faible volume des matériaux cimentaires par rapport à celui des granulats, qui
constituent environ 85% du volume du BCR;
les faibles coûts de production, de mise en place et de compactage (pas ou peu de
coffrage)
le rythme de construction rapide (taux de mise en place élevé)
Chapitre II : Techniques innovantes de réalisation de barrages en matériaux mixtes
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Le taux de mise en place élevé du BCR permet, comme dans le cas de certains grands projets,
de réduire le temps de construction d'une à deux années comparativement à la solution en
remblai. D'autres avantages liés à une construction rapide incluent aussi les coûts
administratifs
réduits ainsi que les bénéfices découlant d'une mise en service plus rapide de l'ouvrage. En
somme, l'utilisation du BCR pour la construction d'un ouvrage offre des avantages
économiques
sur tous les aspects liés au temps (Lepage, 1996).
II.9.9. Inconvénients du BCR
Le principal inconvénient pour les BCR est le débit de production qu'il est possible d'obtenir
avec des équipements de production conventionnels. Dans la plupart des projets réalisés
jusqu'à
maintenant, les malaxeurs à béton conventionnel utilisés pour la production des BCR ne
semblent
pas nécessairement conçus pour malaxer des BCR qui ont une consistance beaucoup plus
sèche.
Donc, pour obtenir un mélange homogène, les volumes des BCR à malaxer doivent être
moindres
ce qui rallonge le temps de malaxage et diminue le taux de production.
Dans les grands projets de construction en BCR. On utilise de plus en plus des installations
de production en continu (similaires à celles utilisées pour les enrobés bitumineux) qui ont des
taux de production beaucoup plus importants (Lepage, 1996).
II.10. Conclusion
Plusieurs techniques innovantes ont apparu afin de bien exploiter les matériaux disponibles
sur cite, faciliter leurs mise en place et réduire le coût.
La plupart des techniques innovantes touchent en premier lieu les organes d’étanchéité interne
et externe.
Il y a aussi les barrages en BCR qui représentent la technique la plus réussie et la plus
répandue, mais elle n’a pas encore une conception universellement acceptée. L’économie est
le
critère majeur pour projeter ces types de barrage.

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