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LE COMPAGNONNAGE

Comme toutes les institutions qui ont traversé les siècles, le compagnonnage est de
celles qui sont portées par l'imaginaire, que l'on fasse remonter ses origines au
Temple du Roi Salomon ou aux chantiers des cathédrales.

Sans tenir compte des multiples nuances qui s'imposent, on peut dire qu'un
compagnonnage est une association d'hommes de métiers, soucieux de respecter
certaines règles, un "Devoir", dans un triple but d'assistance mutuelle, d'élévation
morale et de perfectionnement professionnel.

Cette forme d'association ne concerne pas tous les métiers mais seulement ceux
qui exigent de l'ouvrier, grâce à son intelligence et à ses outils, une transformation
de la matière (pierre, bois, fer...).

L'histoire des Compagnons a parfois été tumultueuse en raison soit des


interdictions des autorités soit des rivalités entre Sociétés mais aujourd'hui comme
hier, le compagnonnage, en faisant dialoguer l'esprit et la main, a pour vocation
d'accueillir, de former et de transmettre la passion d'un métier tout en conciliant
savoir faire et savoir être.

En novembre 2010, le compagnonnage français a été inscrit au Patrimoine Culturel


Immatériel de l'UNESCO.

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LES LÉGENDES

CONSTRUCTION DU TEMPLE DE SALOMON


Autour de 950 avant J.C.

Pour cette construction, les légendes insistent sur le nombre


important d’ouvriers,
153000 hommes.
Le temple fut construit au centre du royaume.
Le roi Salomon et son architecte Hiram auraient introduit une
hiérarchie:
Les ouvriers,
Les apprentis,
Les maîtres.

SALOMON
Roi des juifs de 970 à 931 avant J.C.
Il naquit en l’an 1033 avant J.C.
Il fit bâtir le temple sur le modèle du tabernacle ou temple portatif de
Moïse.
Il consacra à cette construction des sommes énormes, qui en firent
l’édifice le plus magnifique qu’on eut vu jusqu’alors.
Sa construction dura sept ans et demi.

HIRAM
Architecte du temple.
Fondeur, travaillant l’airain et sachant dessiner et graver.
Il inspecte régulièrement le chantier pour remarquer les meilleurs ouvriers. Il dirige des « assemblées »
pour que ces ouvriers soient initiés et deviennent compagnons.
Il fit en sorte que chaque ouvrier reçoive une assignation pour se faire payer, un mot de passe pour se faire
reconnaître. Trois apprentis à qui il avait refusé la maîtrise et le mot de passe, l’assassinèrent.
Salomon fit arrêter et exécuter les assassins, et enterrer Hiram au cœur du temple.
Le fondateur du compagnonnage avait préféré la mort à la divulgation du secret, mais la mort de
l’architecte n’entraîne pas pour autant l’arrêt du chantier.
Soucieux de la transmission du savoir, Hiram, en participant à la création d’un ordre des compagnons, a
donc mis en place une « chaîne d’oeuvriers » capable d’assurer, en dépit de la disparition d’un de ses
maillons les plus importants, la continuité du chantier et la transmission du savoir.
La transmission est donc plus forte que la mort.

MAÎTRE JACQUES
Tailleur de pierres
Il serait né en Gaule.
Il aurait visité les hauts lieux de Grèce et d’Egypte avant de participer à
la construction du temple dans le collège d’Hiram.
Le temple achevé, il aurait quitté la Judée en compagnie du Père
Soubise.
Il débarque à Marseille et se retrouve en Provence dans l’ermitage de la
Sainte Baume.
Alors qu’il est en prière, l’un de ses disciples l’assassine.

Jacques est le père fondateur du « Saint Devoir de Dieu ».

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LE PERE SOUBISE
Responsable des charpentiers.

Il aurait été l’un des architectes du temple et associé quelques temps à Maître Jacques.
Il est toujours représenté avec l’habit de Saint Benoît, signe des relations très étroites qui unirent en
Occident le monde ouvrier et le monde bénédictin.

LES TROIS FONDATEURS


Les trois personnages mythologiques qui
animent les légendes compagnonniques n’ont
pas été choisis au hasard:
- un roi: Salomon
- un tailleur de pierres: Maître Jacques
- un moine: Soubise.
On retrouve le schéma fondateur et organisateur
de la société médiévale qui veut que l’homme
soit classé dans l’un des trois ordres qui
composent la société de l’époque:
- celui qui se bat et qui dirige: Salomon
- celui qui travaille: Jacques
- celui qui prie: Soubise

D’autre part, ces trois personnages représentent


très nettement le triptyque des métiers majeurs
de la cathédrale:

- métiers du fer : Hiram


- métiers de la pierre : Jacques
- métiers du bois : Soubise

MARIE MADELEINE
Patronne des compagnons.
Pècheresse rachetée par le Christ.
Lors des persécutions des premiers chrétiens, elle s’enfuit de Judée avec Lazare dans une barque sans
voile, qui, grâce à la divine providence, les conduisit en Provence à l’embouchure du Rhône.
Marie-Madeleine évangélisa la région et se retira à la Sainte-Baume pour
y finir sa vie dans la prière.
Elle symbolise le rôle de la femme dans le compagnonnage.

LA SAINTE BAUME
Depuis au moins le Vème siècle, une présence religieuse et monastique a
toujours été assurée en ce haut-lieu provençal.
Lieu de pèlerinage connu depuis la nuit des temps.
Un des passages obligés pour les pèlerins de Saint-Jacques de
Compostelle. En 1254, le roi Saint Louis s’y arrêta à son retour de Terre
Sainte.
Les compagnons du Tour de France y accomplissent leur pèlerinage en
aboutissement de leur formation professionnelle, humaine et spirituelle.

Les vitraux ont été réalisés par Pierre Petit, décédé en 1985. Il était
compagnon des Devoirs Unis sous le nom de «Tourangeau, disciple de la
Lumière ».

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ORIGINE ET EVOLUTION DU COMPAGNONNAGE

Les premiers groupements d’ouvriers connus apparaissent:


En Egypte à la XIIème dynastie des pharaons –2200 av J.C.
En Israël lors de la construction du Temple par le roi Salomon.
En Italie au VIIIème siècle avant J.C.
La transmission des savoirs en Europe et en Gaule lors de la
conquête et de la domination romaine (125 avant J.C. à 486) :
les légions romaines amènent des artisans qui transmettent leur
savoir aux populations des pays occupés.
Lors de la chute de l’Empire en 486, les artisans se réfugient
dans les monastères bénédictins.

VIIIème au XIème siècle


Apparition des solidarités de métiers et des corporations
Les lois de Charlemagne protègent le droit au travail et un juste salaire. Les guildes ou hanses servent de
mutuelles d’assistance.
Apparition des premières associations ouvrières.
Les confréries religieuses créent une entraide grâce aux dons et aux cotisations de leurs membres.
Guillaume de Normandie installe les premiers tailleurs de pierre au Mont-Saint-Michel en 1082. Il fonde une
école de taille de pierre et de sculpture sous la direction des moines de Cluny.

XIIème au XIIIème siècle


Les corporations des villes — Naissance du compagnonnage
L’affranchissement des communes amène la création d’une solidarité d’intérêts entre les habitants d’un
même lieu.
Lors des croisades, création des fraternités ouvrières regroupant tous les métiers: « le Saint Devoir de
Dieu », sous l’autorité des Templiers.
Pour une meilleure organisation de la vie monastique, création du sous-ordre des « Frères Convers » et
des « Familiares » (laïcs travaillant avec les moines). Ils oeuvraient ensemble au chantier et profitaient des
connaissances architecturales et techniques des moines.

XIIIème et XIVème siècle


Début du compagnonnage
Il semble que les premiers compagnons se soient formés du début
du XIIème à la fin du XIIIème siècle autour des cathédrales en
construction, entre les artisans et les familiares ayant quitté les
monastères.
Construction ou modification de 250 cathédrales, 3500 églises ou
monastères en France et en Europe.
La France compte sept écoles de construction gothique.
Les maîtres français sont très sollicités en Europe parmi lesquels:
- Villard de Honnecourt à Kosice (Slovaquie)
- Guillaume de Sens à Canterbury
- Henri de Reynes à Westminster
Les loges bâties au pied des cathédrales sont des lieux d’échanges, de confrontation d’idées,
d’expériences, de rêves. Lieux d’apprentissage et de fraternité.
Peu à peu, les pouvoirs de création architecturale dévolus aux moines passent aux spécialistes laïcs
(maîtres d’œuvre, maçons, tailleurs de pierre, sculpteurs, ymagiers.)

Au XIIIème siècle sous le règne de Saint Louis :


1268: Etienne Boileau, prévôt de Saint Louis, élabore le premier livre des « métiers » (évocation du chef-
d’œuvre).
Trois sortes de métiers existent:
Le métier réglé: soumis à la municipalité.
Le métier libre: soumis au règlement de police.
Le métier juré: soumis au pouvoir royal.
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La corporation ou corps de métier:
Institution municipale reconnue par le roi ou le seigneur, elle comporte : maître, valet (compagnon),
apprenti. Les valets étaient représentés parfois par des mandataires élus par eux: les « jurés valets »,
membres de la confrérie.

Le compagnonnage n’admet pas de maître, il comporte :


Le compagnon, l’aspirant (ouvrier confirmé).
Les membres devaient gagner leur vie pour apporter leur écot à la communauté. Chaque
récipiendaire devait vivifier, enrichir pour transmettre.
Dès le début, c’est une association ouvrière.

XIVème et XVème siècle


Premières difficultés pour le compagnonnage
Les ouvriers bâtisseurs, persécutés par Philippe le Bel, quittent la France. A qui leur demandait la raison,
ils répondaient: « Nous voulons la liberté, nous ne voulons être ni serfs ni manants, nous voulons être ce
que nous fit Saint-Louis: des maçons francs, des ouvriers affranchis, des hommes respectés ».
Les rapports sociaux se détériorent, chômage et grève sont
interdits, le travail libre soumis à amende. La maîtrise est
réservée à la bourgeoisie naissante
Evolution des institutions corporatives
Les métiers aspirent à se hiérarchiser.
Ces associations, au départ fraternelles et égalitaires, ouvertes
à tous, deviennent des organisations fiscales exclusives, à la
solde des marchands.
La durée du séjour du compagnon chez le maître devient de
plus en plus importante, l’exécution du chef-d’œuvre trop
coûteuse.
Dès le début du XVème siècle, il ne suffit plus pour accéder à la
maîtrise de justifier de son apprentissage et d’acquitter certains
droits, il faut avoir servi quatre ou cinq années en qualité de
compagnon.
Les relations envers le maître changent : empreintes de
déférence et de respect, elles deviennent plus indépendantes et
même indisciplinées.
La qualité de compagnon ou valet devient une fonction à vie.
Ils prennent leur indépendance et ne vivent plus chez le maître.
← Réception des compagnons au siège de Rhodes en 1480

Les confréries purement ouvrières manifestent pour la première fois leur existence.

XVIème siècle
Les idées de la réforme amènent une scission au sein du compagnonnage
Les luttes entre maîtres et compagnons sont condamnées.
1506: sentence du Châtelet interdisant les assemblées de corporations.
1539: Edit de François 1er à Villers-Cotterêts où le compagnonnage est condamné.
1540: première évocation de la « mère » des compagnons à Dijon
1567: le protestant Théodore de Bèze fait sauter la croisée du transept de la cathédrale Sainte-Croix
d’Orléans, amenant la scission entre « le Devoir » et « le Devoir de Liberté ».
Les compagnons catholiques sont appelés « Devoir » ou « Devoirants »
Les protestants, « Devoir de Liberté » ou « Gavots »

XVIIème siècle
Interdictions, arrêts et sentences se multiplient.
Les revendications des compagnons portent sur la qualité du « métier » et l’intégrité morale.
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1645-1648: la confrérie du Saint Sacrement de l’Autel dénonce les déviations du compagnonnage (rites).
1655: condamnation en Sorbonne du compagnonnage.
1667: première évocation des gavots menuisiers et serruriers à Dijon.
1685: Révocation de l’Edit de Nantes, amenant une forte émigration des compagnons vers la Suisse et
l’Allemagne.

XVIIIème siècle
Abolition des corporations et associations de métiers.
Malgré les interdits, les confréries clandestines se développent et concernent de plus en plus de métiers à
Paris et en Province.
Elles luttent contre les corporations officielles.
1723: apparition de la Franc-maçonnerie en France
De nombreuses sentences et ordonnances sont prononcées contre les compagnons.
1776: Edit de Turgot supprimant les corporations et jurandes, désavoué par Louis XVI.
1789: Révolution française
1791 2 mars: Loi Allarde : abolition des corporations.
1791 14 juin: Loi Le Chapelier: interdiction des associations de métiers.

XIXème siècle
Les progrès de l’industrie, l’électricité, le chemin de fer, la mécanisation amènent des bouleversements
dans les pratiques et les mentalités.

Au début du XIXè (1815-1840), ce mouvement ouvrier est très fort.


Le compagnonnage, seule organisation ouvrière existante, offre
une aide en cas de maladie ou d’accident en échange d’une
cotisation, et assure une formation et un perfectionnement
professionnel.
Des liens de confraternité sont maintenus, même après la
cessation d’activité.
1804: scission des compagnons charpentiers du Devoir.
1830: fondation de la Société de l’Union, ouverte à tous.
1839: publication du livre d’Agricol Perdiguier : « Le livre du
Compagnonnage ».
Il oeuvra toute sa vie pour une union des compagnons.
A partir de 1830, des difficultés apparaissent:
- les divisions s’accentuent entre associations de compagnons,
amenant des rixes, réprimées par des arrêts des autorités
- une incompatibilité se crée entre le nouvel état d’esprit de la
classe ouvrière et les rites étranges et insolites du
compagnonnage.
- les progrès de l’industrie amènent une mécanisation et la
division du travail. L’éducation technique, but essentiel du
compagnonnage, est de moins en moins nécessaire.
Le travail de la machine se substitue de plus en plus au travail humain. : « l’ouvrier n’évolue plus ».
- le développement du chemin de fer permet des rencontres, des relations et des échanges qui
transforment les idées et les croyances dans la classe ouvrière, qui peu à peu, devient matérialiste.
- des sociétés secrètes, politiques et ouvrières, se développent de toutes parts.
1848: Agricol Perdiguier est élu député. Il sera exilé en 1852.
1850- 18 juin : loi sur les caisses de retraite.
1850- 15 juillet : loi sur les sociétés de secours mutuel.

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À partir de 1850, le compagnonnage perd de son prestige. Des divisions intestines et schismes nouveaux
apparaissent.
1862: Karl Marx crée à Londres l’Association Internationale des Travailleurs.
1864: création de l’Union Compagnonnique à Lyon.
1864- 25 mai : Napoléon III reconnaît aux ouvriers le droit de coalition.
Les ouvriers de diverses professions fondent leur premier syndicat.

Des efforts furent tentés pour apaiser et relever le


compagnonnage : Agricol Perdiguier, Chovin de Die,
des écrivains comme Victor Hugo et George Sand les
mirent à l’honneur.
1867: fondation à Paris de la première chambre
syndicale.
L’idée corporative devait survivre au compagnonnage
pour s’affirmer sous une forme mieux appropriée à la
société contemporaine: le syndicat.
1874: création de la Fédération Compagnonnique qui
devient en 1889 l’Union Compagnonnique.
1895: l’ouvrier relieur Eugène Varlin crée la
Confédération Générale du Travail.
1896: l’Union Compagnonnique est autorisée par le
ministère à former une vaste société de secours
mutuel conçue sur les principes du Compagnonnage

XXème siècle
Il a été celui des paradoxes : le compagnonnage au début, voué à une disparition certaine, s’est petit à
petit relevé grâce à la volonté d’hommes qui ont su l’analyser et l’adapter à la nouvelle société.
On observe de nombreux regroupements d’associations de métiers.
1902: le compagnon couvreur du Devoir Auguste Bonvous
(1869-1936), publie une étude sociale et propose un
programme destiné à redonner vie au compagnonnage.
1905: Jean Jaurès (1859-1914), socialiste, fonde
l’Internationale Ouvrière (SFIO) et le journal « l’Humanité ».
Séparation de l’Eglise et de l’Etat.
1906: la loi Sarrien institue le repos hebdomadaire.
Charte d’Amiens : le syndicat doit rester indépendant de la
politique et de la religion.
1910: Aristide Briand accorde la retraite ouvrière à 65 ans
1911: création de la Fédération Générale
Compagnonnique.
1914—1918: Première Guerre mondiale. En 1918 la
démobilisation engendre le chômage, la journée de travail
est réduite à huit heures.
À partir de 1923: le développement de l’industrie
automobile amène d’autres métiers à évoluer:
les charrons deviennent successivement menuisiers en
voitures, puis carrossiers.
Les bourreliers-harnacheurs se rapprochent de la sellerie-
garnissage...
Les compagnons s’investissent dans les sociétés
protectrices d’apprentis.
1927: les assurances sociales deviennent obligatoires pour
les salariés de l’industrie et du commerce.
Dans les années 1930: les Fédérations Régionales se
développent et regroupent des corps de métiers, pour plus
de cohésion dans les actions locales.

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1936: le Front Populaire crée les congés payés et la semaine
de 40 heures.
1940-1944: Etat Français.
Loi contre les sociétés secrètes, y compris le
Compagnonnage.
Jean Bernard obtient du chef de l’Etat la levée des poursuites
contre le compagnonnage
1941: création à Lyon de l’Association Ouvrière des
Compagnons du Tour de France (une vingtaine de métiers).
1943: l’Association est reconnue d’utilité publique. Des actions
de formation sont prévues et mises en place.
1944: le Général de Gaulle rétablit les syndicats et les
sociétés secrètes sur la base de 1939.
Nouveaux métiers admis, création de maisons d’accueil.
1945: création de la Sécurité Sociale
1951: Aux Assises Nationales de Strasbourg, après une scission générale, trois groupes se forment:
Union Compagnonnique (Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis), fondée en 1889.
Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment.
Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France . (rétablie en 1941 par Jean Bernard).

1953: création de la Fédération Compagnonnique du Bâtiment


1956: la durée des congés payés est portée à trois semaines. Création du Fond National Vieillesse.
1963: création de la Confédération des Compagnonnages Européens (CCEG).
1968: inauguration du Musée du Compagnonnage de Tours.
A partir de 1970: Des formations adaptées sont mises en place.
Une encyclopédie des métiers, dans l’esprit des encyclopédies du XVIIIè est réalisée, et est toujours en
cours pour certains métiers.
2004: ouverture de l’Association à des jeunes filles souhaitant apprendre « le métier ».
Entrée des femmes dans le Compagnonnage.
2010: le Compagnonnage est inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel par l’UNESCO.

D’après Bernard de Castéra :

Le compagnonnage est l’héritier d’une culture ouvrière qui se confond


avec le patrimoine spirituel des grandes civilisations.
Pour les plus antiques d’entre elles, les monuments architecturaux sont
souvent les seuls témoins qui nous restent de l’effort des hommes pour
s’élever du visible à l’invisible.

La richesse des rites et des légendes en témoigne, mais plus encore le


geste ouvrier, celui qui produit ces œuvres. En accomplissant ce geste,
c’est l’homme lui-même qui se construit, qui s’accomplit dans l’unité de la
main et de la pensée.

Avec le recul du temps, il est permis de dire que le compagnonnage a joué


un rôle d’éducateur du monde ouvrier .

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TECHNIQUES MEDIEVALES

L'ORIENT

Il n’y a pas de définition précise de l’Orient.


Le premier à évoquer le terme est Raoul Vergez, compagnon charpentier, après la seconde guerre
mondiale. Il fonde en 1946 « la Voix des Compagnons » où il évoque « l’ouvrier universel de jadis, celui
dont les vieux compagnons disaient qu’il possédait l’Orient et le Trait.
L’Orient est le savoir-faire, le Trait est la science.
La transmission est l’une des clés de la culture compagnonnique, car il ne s’agit pas de transmettre un
savoir-faire professionnel, mais aussi un système de valeurs dont l’Orient fait partie.
Savoir-faire et savoir-être sont imbriqués dans la situation d’apprentissage.
« L’Orient ne s’enseigne pas, il se découvre. » (Nicolas Adell-Gombert)

LE NOMBRE D’OR

C’est un rapport entre deux grandeurs homogènes.


Il prend ce nom en 1932, il est maintenant désigné par la lettre φ, en l’honneur du sculpteur Phidias qui
l’aurait utilisé pour concevoir le Parthénon (-447 à -432).
Il est égal à 1,61803…
Les géomètres et les philosophes ont calculé ce nombre qui donne l’harmonie
d’une forme ou d’une construction.
Le nombre d’or est défini comme principe esthétique. Les artistes de la
Renaissance l’appellent « Proportion divine ».
Le nombre d’or et le corps humain:
Si, en vous mesurant, les rapports « hauteur totale/distance sol-nombril » et
« distance sol-nombril/distance nombril-sommet du crâne » sont égaux (environ
1,6), vous êtes bien proportionné.
Le nombre d’or et l’architecture:
Le rapport de la hauteur de la pyramide de Khéops (-2630 à -2510 environ) par sa base est le nombre d’or.
Le Théâtre d’Epidaure (fin du VIème siècle avant J.C.) : les gradins sont divisés en deux parties, la première
comporte trente quatre rangées et la seconde vingt et une qui sont des nombres de la suite de Fibonacci
(mathématicien italien du XIIIème).
La plupart des églises romanes ont été conçues avec la « proportion divine ».
Au XXème siècle, Le Corbusier a également utilisé ce nombre.
Le nombre d’or et le règne végétal et animal:
Une pâquerette ou un tournesol ont des pétales positionnés en spirales suivant les termes qui conduisent
vers ce nombre.
Le nombre d’or et la peinture:
Les dimensions des tableaux sont souvent telles que le rapport longueur/largeur soit égal au nombre d’or.
Léonard de Vinci et Salvador Dali ont utilisé le rectangle d’or pour certaines de leurs toiles.

L’ART DU TRAIT
La tradition raconte que ce sont les cisterciens qui, dès le XIIème
siècle, ont élaboré une pédagogie qui ne requiert pas de formation
de base spéciale: le trait.
Géométrie, basée sur les proportions, un module, réalisé à partir
de l’équerre, du compas, de la corde à nœuds ou de la canne
(pour mesurer).
Que ce soit pour la construction des charpentes ou la taille des
pierres, le trait est exécuté au sol et, à partir de ce tracé, on établit
les volumes.

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Il s’agit d’un savoir directement lié aux problèmes pratiques du chantier, mais
qui s’est développé comme discipline intellectuelle.

Celui qui comprend le trait maîtrise la perception du volume des


ouvrages.

La connaissance du trait s’est développée à partir du XIIIème siècle, au


moment des grands chantiers de construction des cathédrales. En se
perfectionnant au fil du temps, le trait a permis la construction des plus
importants monuments français.
L’enseignement et la pratique du trait se poursuivent de nos jours. Ils
permettent un accomplissement social et professionnel.
L’épure:
Dessin à une échelle donnée, qui représente sur un ou plusieurs plans les
projections de diverses parties d’une figure à trois dimensions.

LES OUTILS DU BÂTISSEUR MÉDIÉVAL


Le système duodécimal est un choix symbolique et géométrique.
Le maître d’œuvre choisit de compter sur une base de douze pour des raisons religieuses et
philosophiques: les douze apôtres, les signes du zodiaque, ainsi que pour des raisons pratiques: douze se
divise par 2,3,4 et 6, alors que dix ne se divise que par 2 et 5.

LA CANNE DU MAÎTRE D’ŒUVRE


Les cinq mesures de la suite dorée, inscrites sur la canne du
maître d’œuvre, sont celles de la représentation de l’homme
géométrique.
Par rapport à nos mensurations moyennes, la coudée et le pied
vont être les mesures d’une personne de grande taille.
L’empan, la palme et la paume seront celles d’une personne de
petite taille.

LA CORDE A TREIZE NŒUDS


Cette corde comporte treize nœuds et douze longueurs.
Le treizième nœud est ouvert en boucle, permettant le passage des autres nœuds et de travailler avec
différents périmètres.
Elle peut servir soit à mesurer, soit à tracer des arcs de cercle ou à travailler géométriquement.
Solide et pratique, elle était facile à transporter.
Elle était utilisée en permanence sur le chantier et circulait d’atelier en atelier.

LES GABARITS
Une fois l’ouvrage tracé au sol, le bâtisseur reproduit ce tracé à l’échelle un sur une planche de bois, puis
il la découpe pour former le gabarit.
Il pourra être appliqué sur la pierre ou sur la pièce de bois pour tracer les contours à tailler.
Une fois l’ouvrage terminé, le gabarit n’était pas jeté, il pouvait servir pour une autre utilisation.
Les compagnons emmenaient probablement leurs gabarits avec eux.

GESTUELLE SUR LE CHANTIER


Un des intérêts d’assimiler des mesures à des parties du corps est de
pouvoir communiquer par gestes.
Il est également possible à des oeuvriers ne parlant pas la même
langue de se comprendre en montrant leur coude, leur paume….. En
indiquant le nombre de fois la hauteur, la longueur ou la profondeur.
Parallèlement, le charpentier utilise « un alphabet » pour reconnaître
chaque pièce et l’orienter.

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LE PARCOURS DU COMPAGNON

L’APPRENTISSAGE
L’enfant, souvent dès l’âge de douze ans était placé chez un maître, un patron.
Il y demeurait pendant quatre, cinq ans selon les métiers.
Cette période devait permettre à l’apprenti d’intégrer les connaissances du métier
et d’acquérir les gestes obligatoires à la bonne exécution du travail.
La vie de l’apprenti est rude: travaillant au début du XIXème siècle de 12 à 15
heures par jour, il est nourri et logé, mais ne perçoit généralement pas de salaire.
« le pied aux fesses a autant de vertu que le tour de main ».
Cet apprentissage, bien que ne concernant pas obligatoirement le monde des
compagnons, préparait bien le jeune qui le souhaitait à devenir un compagnon au
sens de « compagnon, membre d’un devoir » et non au sens général
« d’ouvrier salarié ». Il était souvent très vite reçu parmi eux.
Après cette période et plusieurs mois vécus au sein de l’assemblé compagnonnique, la réalisation d’un
premier ouvrage prouve l’attachement du jeune à son métier, sa motivation à apprendre et son envie de
vivre en communauté tout en voyageant.
Si l’apprenti est accepté par la communauté, il devient « aspirant » ou « affilié ».
Il peut commencer son Tour de France.

L’ASPIRANT
L’aspirant est le stade intermédiaire entre l’apprenti et le compagnon.
La formation qu’il reçoit repose sur l’idée que le métier ne se communique qu’à
ceux qui le méritent. Il est informé d’un ensemble de règles assorties de
sanctions prônant les vertus d’honneur, de courage, de persévérance, de
fidélité….
L’aspirant n’est adopté qu’après une période d’épreuves et à condition que son
courage physique et moral ainsi que sa conduite soient jugés suffisants.

L’ADOPTION
La cérémonie d’adoption est empreinte d’enseignements et de symboles qui
marqueront à jamais le jeune. Cette cérémonie est longue et d’une grande
richesse morale.
A cette occasion, l’aspirant reçoit de ses pairs sa couleur frappée des symboles de son état, de son
engagement et de ses devoirs. Y sont aussi imprimés un labyrinthe et la Tour de Babel, invitations à mettre
de l’ordre dans son propre esprit ou rappels d’une œuvre demeurée inachevée, ces deux figures
désignent la quête de sens qui devra animer le jeune sur les chemins du Tour de France.
Avant de partir, il choisit son surnom, lié à sa région ou à sa ville d’origine.
Il reçoit sa canne, instrument de voyage, symbole de l’itinérance.
Il doit aussi être muni d’un passeport.

L’ASPIRANT SUR LE TOUR

C’est encore un tout jeune homme, 16- 18 ans lorsqu’il prend le départ. Au cours de son voyage, l’aspirant
est assuré de rencontrer d’autres compagnons qui vont s’efforcer de lui procurer gîte, couvert, assistance
et travail.
L’itinérant acquiert, en changeant d’entreprise et de ville une ou deux fois par an, une expérience humaine
et professionnelle considérable.
L’apprentissage et la transmission d’une identité de compagnon se réalisent au contact des Anciens qui
transmettent les savoir-faire propres à leur métier, mais aussi l’histoire du compagnonnage et de ses
légendes.

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LE COMPAGNON REÇU

le Compagnon Reçu a le droit de dispenser des cours, diriger une équipe et effectuer des ouvrages
complexes.
Le règlement d'une société du Devoir en 1814 dit que pour être reçu compagnon, un aspirant doit être âgé
de 18 ans au moins et 30 ans au plus, "qu'il sache travailler et remplir sa journée chez un bourgeois ; qu'il
soit de bonnes mœurs et de bonne conduite ; enfin qu'il n'ait pas d'autres dettes qu'il serait obligé de
contracter pour se faire recevoir." Il a été ajouté en 1843 qu'il devait savoir lire et écrire, être libre de tout
engagement, être de religion chrétienne "quelle que soit sa croyance" - Tout étranger peut être admis
pourvu qu'il entende et parle correctement la langue française.
Il est ensuite précisé que le serment fait par les aspirants reçus dans la société est sacré, que le violer est
passible de la "peine du renégat".

LA RÉCEPTION

Les réceptions se font généralement à l’occasion des fêtes patronales ou des grandes fêtes carillonnées.
Les aspirants peuvent se présenter d’eux-mêmes ou attendre qu’on les y invite ; ils doivent acquitter un
droit de réception.
Ce rendez-vous que, depuis le premier jour, ils attendent autant qu’ils redoutent, sera le plus haut moment
de leur jeunesse, et peut-être de leur vie d’homme. Ils vont être pesés, éprouvés ; s’ils en sont jugés
dignes, les compagnons les initieront, les recevront parmi eux, leur conféreront un nouveau nom et les
insignes de leur nouvelle dignité, la longue canne et les couleurs.

gravure sur bois de Jules Noël extraite de son reportage dans


« l’Illustration » 1845. Ici le Compagnon, questionné par le jury
entendant un rapport, s’explique devant le « Premier en Ville » (assis)
et le « Rouleur » (au chapeau enrubanné).
On notera le caractère plutôt caricatural donné par Jules Noël à son
reportage, le premier paru.

LE COMPAGNON FINI
Troisième état du compagnonnage :
Cette cérémonie n’est pas systématique.
On ne peut généralement pas être reçu et fini dans la même ville de Devoir.
On lui confie un symbole nouveau :
Un pentagramme dans lequel est inscrit un homme tenant le compas et l’équerre. Cette allégorie désigne
l’homo universale, l’homme accompli que cherche à devenir tout compagnon.

LE REMERCIANT
Dans beaucoup d’états, quand un compagnon a fini son tour de France et qu’il veut se fixer dans un lieu
quelconque, il remercie sa société.
Cette retraite n’implique pas une rupture complète avec le compagnonnage. Il restera attaché de cœur à
son ancien Devoir.
S’il devient patron, il réservera un accueil favorable aux compagnons et aux aspirants.
Il reçoit une carte de remerciement attestant qu’il a rempli loyalement toutes ses obligations .
13
LE TOUR DE FRANCE

Ecole de formation tant technique que morale, le Tour de France est une des
traditions les plus importantes du compagnonnage. Il permet au jeune homme
sorti de l’apprentissage de découvrir auprès d’hommes de métier des différentes
régions parcourues, les techniques et savoir-faire qui feront de lui un compagnon
expert dans son état.
La durée du périple était variable, souvent cinq à sept ans, l’important étant de
changer de ville et d’employeur plusieurs fois par an, accroissant ainsi
l’expérience de l’itinérant.

Le tour de France n’est pas le tour de la France. Chaque profession avait


semble-t-il son circuit particulier dont le Nord, les régions de l’Est, la Normandie
et la Bretagne, sauf Nantes, étaient généralement exclus.
Partant de son domicile, le compagnon effectuait son parcours dans un sens ou
dans l’autre.

Tous les moyens de transport sont possibles, si le voyage à pieds était fréquent, c’était
surtout par mesure d’économie. Les voies d’eau étaient aussi souvent utilisées.
L’arrivée du chemin de fer a profondément modifié les pratiques des compagnons.

A chaque étape, l’aspirant ou le compagnon est assuré de rencontrer d’autres


compagnons qui vont s’efforcer de lui procurer gîte, couvert, assistance et travail.
A son arrivée dans une ville, il se rend à la Maison des Compagnons ou « cayenne »,
que l’on a coutume d’appeler « maison de la Mère ». Là, il doit d’abord se faire
reconnaître en présentant son passeport et en effectuant certains gestes différents,
selon les métiers et les sociétés.
En plus du logement et des repas, les compagnons trouvent dans les cayennes des
lieux de réunion dans lesquels se tiennent les assemblées, et parfois une salle de cours où les plus
anciens aident les jeunes à se perfectionner.
Les papiers et registres y sont conservés ainsi que la bourse commune qui sert aux besoins collectifs, tels
l’assistance aux malades.
« La Règle » affichée dans le restaurant impose aux compagnons une tenue et un comportement
irréprochable.

Chaque corps de métier a une cayenne dans les principales


villes compagnonniques, ses villes de Devoir où sont
conservés les rites, ses villes de passage appelées parfois
« bâtardes », qui sont des étapes sur le chemin du tour de
France.
Les principales villes compagnonniques sont Angers,
Angoulême, Auxerre, Avignon, Blois, Chalon-sur- Saône, Dijon,
Grenoble, Lyon, Orléans, Toulouse, Tours, La Rochelle, Paris,
Rochefort. Elles ont entre elles, pour chaque métier, un système
de correspondance qui permet d'informer tous les compagnons
de tout ce qui se passe dans la société.
Il était d’usage que tout utilisateur du réseau compagnonnique
porte sur lui un document dans lequel était indiqué que
l’itinérant appartenait bien à la « famille ». Le sceau de chaque
ville visitée était apposé sur ce papier nommé selon les
corporations et les époques : « affaire », « carré » « arriats »
« acte », « mouton »….
Tout itinérant devait présenter ce "passeport" lors de son
arrivée dans une ville au responsable, qui le lui rendait validé au
moment de son départ

14
LA MÈRE
Les aubergistes prenaient le titre de « Père » et
de « Mère » car les compagnons étaient
accueillis par eux comme des enfants par leurs
parents.
Cette dimension familiale et affective est
particulière au compagnonnage et prendra au fil
des siècles une ampleur particulière.
La Mère des compagnons est entourée d’un
respect qui deviendra très important au XIXème
siècle, elle a été de plus en plus associée à la
vie des compagnons, certaines sociétés
imaginant pour elle une cérémonie de réception.

LE ROULEUR ou RÔLEUR
Tout compagnon doit, à tour de rôle, son temps à la société. Il a pour charge d’inscrire et d’orienter les
nouveaux arrivants vers les chantiers ou ateliers où ils pourront être embauchés. A leur départ, il doit
« lever les acquits » et accompagner les partants jusqu’au lieu de séparation.
Il doit veiller au bon respect du règlement et, lors des rituels et fêtes, jouer le rôle de maître de cérémonie.

LE PREMIER EN VILLE
Responsable élu d’un compagnonnage dans une ville, il préside les réunions qui ont lieu généralement le
premier dimanche de chaque mois. Il est dépositaire des secrets de la corporation et détient la clé de la
« boîte » contenant les écrits et toutes les affaires concernant le devoir.
Il doit en principe savoir lire et écrire.
Exercer cette fonction est à la fois un honneur et un devoir du compagnon reçu.

Lorsqu’un compagnon quittait une ville pour une


autre, on pratiquait un rite de départ : la
« conduite ». A cette occasion, tous les
compagnons de la société manifestaient leur
soutien à celui dont ils se séparaient.
Si deux compagnons se rencontrent sur une
route, ils se « topent ». Etant à une vingtaine de
pas l’un de l’autre, ils s’arrêtent, prennent une
certaine pose et se demandent de quel métier,
de quel devoir. S’ils sont du même, c’est une
fête et ils boivent ensemble. Dans le cas
contraire, ils s’injurient d’abord, souvent
échangent des coups, parfois jusqu’à la mort.
Ces pratiques belliqueuses ont cessé au début
du XXème siècle.

Au cours de leur Tour de France, les compagnons gravaient leur marque, signature, inscription sur des
bâtiments remarquables techniquement et symboliquement– ici sur la célèbre « vis » de l’abbatiale de
Saint-Gilles du Gard. Le XVIIIème siècle et le début du XIXème voient leur prolifération, tandis qu’elles
deviennent rares et discrètes au cours du XXème.
Ces marques de passage permettent de recenser les surnoms portés par les compagnons et de connaître
leur origine.
Pour justifier de leur passage dans une ville, certains compagnonnages
demandaient aux arrivants de décrire un détail précis d’un monument, détail
appelé « remarque »: une marque lapidaire, une figure spécifique, un bas-
relief… éléments peu visibles pour qui se contente d’une visite peu
approfondie.
Ici, la grenouille de Narbonne, dans le bénitier de l’église Saint-Paul, à l’origine
d’un conte de Mistral. →
15
LES METIERS DE LA PIERRE

ORIGINES LÉGENDAIRES
950 avant J.C. : construction du Temple de Salomon.
Maître Jacques, tailleur de pierre, est évoqué.
558 avant J.C. :
-création des tailleurs de pierre « enfants de Salomon"
dits Compagnons étrangers ou loups.
-création des tailleurs de pierre « enfants de Maître Jacques »,
dits compagnons passants ou loups-garous.

LE TAILLEUR DE PIERRE
Le monde de la pierre est ancien et particulier, porteur de techniques
et de tradition.
En 1082, Guillaume de Normandie installe les premiers tailleurs de
pierre au Mont-Saint-Michel et fonde une école de taille et de
sculpture sous la direction des moines de Cluny.
Le métier de tailleur de pierre comporte plusieurs niveaux de
compétence, qui ont longtemps nourri une réelle hiérarchie au sein
de la profession. Dans les écrits des chantiers des cathédrales, il
est désigné par le mot « lathomus » (celui qui donne la forme à la pierre), il occupe l’échelon supérieur
du métier.
L’échelon inférieur est accordé aux « cementarius » qui lient la pierre par le ciment et en assurent la pose.

AU MOYEN-ÂGE
La même corporation comprenait les maçons, les tailleurs de pierre, les plâtriers et les morteliers.
Le Maître-maçon dirigeait la construction.
Le terme de « maçon » désignait fréquemment l’architecte, et le tailleur de pierre était parfois sculpteur et
entrepreneur

LA LOGE
Située près de l’édifice, c’est un espace privilégié où se réunissent architecte et ouvriers et où se
distribuent les consignes.
Elle devient un centre de formation où le maître et les compagnons transmettent leur art aux plus jeunes.
C’est un lieu d’échange où sont communiqués les gestes et les secrets du métier, cette transmission ne
devant pas se faire au vu et au su de tout le monde.

LA STÉRÉOTOMIE
La stéréotomie ou « coupe des pierres » est une technique de géométrie
descriptive permettant de tracer les gabarits d’une pierre à tailler,
quelle que soit sa complexité.
Cet « art du trait » fut durant des siècles l’apanage des Compagnons qui
s’en transmettaient jalousement les arcanes.
Au XIXème Gaspard Monge, mathématicien français, élaborant sa
géométrie descriptive, fut étonné de découvrir des traités de géométrie
graphique dressés par des ouvriers qui la détenaient depuis cinq ou six
siècles.

EPURES ET TRAIT
Le tailleur de pierre doit tracer le bloc avant de procéder à la taille de
celui-ci. Pour cela, il réalise une épure.
Le tracé des plans est aussi effectué directement au sol sur une aire du
chantier préalablement nivelée, et sur laquelle on installe un lit de plâtre
ou de terre argileuse qui permet de recommencer, corriger et compléter
à l’infini. ( ←Tracé au sol visible dans la cathédrale de Bourges)
16
RÔLE DES TAILLEURS DE PIERRE D’AVIGNON
Le mot rôle désigne un document qui se présentait sous forme de rouleau.
Dans une société de tailleurs de pierre, le rôle constitue la pierre fondamentale de leur Devoir. Il est
entouré de respect.
Il est composé d’un frontispice exécuté avec beaucoup de soin et de détails. Au-dessous se trouve le
règlement de la société, puis le nom de chacun des compagnons passés dans la ville.
Ces rôles, retrouvés seulement à la fin du XXème siècle, ont permis de recenser près d’un millier de noms
de compagnons et d’en déterminer l’origine.

COMPAGNONNAGE DES TAILLEURS DE PIERRE


Compagnon Passant tailleur de Pierre (Marseille, 1777 )→
Jadis, les Compagnons tailleurs de pierre avaient le sentiment
d’appartenir à une élite. Ils étaient, en quelque sorte, les pères
fondateurs de tous les autres compagnonnages et les autres
sociétés s’adressaient à eux pour intervenir sur les problèmes
de préséance et d’ancienneté des corps compagnonniques.
Ils ne faisaient pas de chef-d’œuvre et leur organisation
interne était centrée sur la solidarité et le respect mutuel.
Leur devise résume parfaitement bien leur idéal:

« TRAVAIL ET HONNEUR »

LES MARQUES
LA MARQUE DE TÂCHERON:
Payé à la pièce, le tailleur de pierre devait apposer sa marque personnelle sur chaque pierre travaillée. Le
maître chargé de vérifier l’exécution du travail et sa qualité pouvait ainsi payer chacun en fonction du travail
accompli.
En règle générale, les marques de tâcheron présentent des formes
géométriques simples.
LA MARQUE dite de POSITIONNEMENT:
Généralement constituée de petites équerres gravées, de croix, de
flèches indiquant le sens de la pose. Elle est inscrite sur la face
incorporée à la maçonnerie et, de ce fait, peu visible.
LA MARQUE DE PROVENANCE:
Certains édifices comportent des pierres qui possèdent des marques rappelant l’origine de la pierre. Ces
marques permettaient de distinguer (et donc de payer) les différentes carrières.

LA MARQUE DU MAÎTRE:
Délivrée au sculpteur ou au tailleur de pierre par ses pairs, ce signe lapidaire
permet de signer les pièces les plus importantes de l’ouvrage réalisé. Cette
marque est incessible et définitive durant toute la vie du tailleur de pierre. La
plupart s’articulent autour du chiffre 4.
LA MARQUE DE PASSAGE:
Sur ces marques apparaissent le nom et/ou le surnom Compagnon ainsi que
divers emblèmes, souvent des outils.
Les plus anciennes répertoriées remontent au XVIIème siècle.
On rencontre la plupart de ces marques sur des monuments célèbres, tels la
« vis » de Saint-Gilles-du-Gard ou le Pont du Gard.

17
LE SCULPTEUR IMAGIER
Certains sont sculpteurs et ymagiers en raison de leur habileté et compétences
particulières pour tailler la pierre et la décorer : « la mettre en image ».
Sur le chantier, ils ont un signe distinctif: ils sont les seuls à porter un bandeau
blanc autour de la tête.
Sur certaines cathédrales, on peut découvrir un personnage par lequel le sculpteur
s’est représenté lui-même avec humour.
Nombreuses sont les réalisations témoignant de la liberté, voire de l’audace de
certains imagiers qui ont su contourner une certaine rigidité ecclésiastique et
artistique.
Les gargouilles des cathédrales sont là pour nous le rappeler.

LE MAÇON
Au Moyen-Âge, les mots maçon et tailleur de pierre avaient un sens plus étendu que de nos jours. Le
terme de maçon désignait fréquemment l’architecte qui dirigeait la construction.
Le maçon, au sens large, est celui qui bâtit, qui élève des murs, quelle que soit la technique ou le matériau
utilisé.
Métier reconnu tardivement en compagnonnage en 1949.

LE MORTELIER
C’est une fonction essentielle qui conditionne pour beaucoup la qualité
et la longévité de l’édifice, le mélange obtenu servant à sceller les
pierres entre elles, garnir les murs, enduire les voûtes. Le mortelier est
celui qui sait mélanger l’eau, la chaux et le sable. Il commande le
mélange et décide de l’opportunité du transport, autour d’un seul
impératif: éviter que la chaux grasse ne soit entièrement prise.
A la limite du « petit métier » et du « métier noble », le mortelier jouit
d’une bonne considération.

LE PLÂTRIER
Au XIIIème siècle, ils sont soumis à la corporation des maçons.
Accusés de préparer du plâtre de manière malhonnête en mettant une
grande quantité d’eau dans le dosage, ils ont une réputation de
tricherie (pire que celle des meuniers…).
Chaque plâtrier doit jurer solennellement, en invoquant Saint Blaise,
Patron du métier, de se montrer loyal et juste à chaque préparation.
L’apprentissage du métier durait six années.

LE PAVEUR
Le pavage des rues devient chose commune dans le royaume de France à partir du XIVème siècle.
Tailleurs de pierre spécialisés dans la taille de dalles de 50 à 60 cm sur 16 à 19 cm d’épaisseur, les
premiers paveurs donnent le nom de « carreaux » aux pierres ainsi travaillées.
Dans leurs derniers statuts qui datent de 1730, les paveurs sont parfois nommés « pavementeurs » ou
« épinceurs » en référence à l’épinçoir, gros marteau à deux côtés tranchants qui sert à couper les pavés.

Poids : 4,5 kg

Leur savoir-faire a été progressivement absorbé par le corps des carreleurs, eux-mêmes englobés au sein
du corps des maçons.
18
POUR TRAVAILLER LA PIERRE
L’APPAREILLEUR:
a pour fonction essentielle de distribuer le travail aux
tailleurs et scieurs de pierre, à qui il indique, à partir des
plans de l’architecte, les tracés à respecter. Il guide
également les poseurs dans la mise en œuvre des pierres
taillées.
LE POSEUR:
est le maçon employé sur les grands chantiers pour
l’édification des murs en pierre de taille. Il met en place
les pierres à l’aide de niveaux et de fils à plomb et en
scie les joints.
LES BARDEURS, HALLEBARDIERS ou MANŒUVRES :
sont ceux qui assurent, sur le chantier, le transport des pierres… et qui sont le plus exposés aux accidents.
LE CARRIER:
Armés de coins en bois et de maillets, les carriers détachent d’énormes blocs de la roche. Les pierres sont
remontées à l’aide de treuils, poulies ou roues, pour être dégrossies par des tailleurs qui donnent à chaque
pierre ses dimensions définitives.
LE SCIEUR DE PIERRE :
débite grossièrement les pierres rapportées des carrières avant de les remettre au tailleur de pierre.

LES OUTILS
Massette, ciseaux, grandine : utilisés pour la sculpture →
Grand pic: utilisé pour dégrossir la taille. Comporte un manche pour
être manœuvré à deux mains. Poids: deux à quatre kilos.
Polka : Marteau à deux taillants inversement tournés par rapport au
manche.
Chemin de fer: outil formé d’une pièce de bois (hêtre), avec sur l’une des faces des emplacements
pouvant recevoir des lames en acier.
Têtu avec taillant: Marteau dont la tête a deux parties tranchantes. Il sert à dégrossir.
Cage d'écureuil : Ancêtre de la grue, dont le principe moteur est constitué par un tambour à l’intérieur
duquel un homme qui marche entraîne l’ensemble et enroule le câble de levage.
Peigne à grès : Marteau avec des petites broches de chaque côté, de différentes tailles. Utilisé pour
dégrossir.
Bol: maillet en bois dur (frêne, charme, buis). Remplace souvent la massette pour travailler aux ciseaux.
Boucharde :
Marteau dont les deux extrémités sont constituées de dents de forme pyramidale.
Utilisé pour planifier les faces.

Bouchardes peigne à grès polka

19
LES METIERS DU BOIS
LE CHARPENTIER
Réputés initiés en 560,
Les charpentiers se sont longtemps situés au sommet de la hiérarchie des métiers, faisant référence à leur
rôle prépondérant lors de la fabrication de l’Arche de Noé
Les Compagnons Passants Charpentiers Bons Drilles des Devoirs étaient
sous l’égide du Père Soubise.
Les Compagnons Charpentiers du Devoir de Liberté étaient enfants de
Salomon et portaient le sobriquet d’Indiens.
Ces deux Sociétés ont fusionné en 1945 et s’appellent désormais La Société
des Compagnons Charpentiers du Devoir du Tour de France.
Leur saint patron est Saint Joseph fêté le 19 mars.
Par son aptitude à lire des plans, à penser en volume, à modifier les formes,
le charpentier peut jouer le rôle de maître d’œuvre et de coordinateur du
chantier.
La corporation était vers 1268 sous la juridiction de Foulques du Temple,
maître des charpentiers: il étendait son autorité aux huchiers, tonneliers,
charrons, couvreurs, tourneurs...
Le charpentier est habile dans la construction des structures constituant
l’ossature principale ou secondaire des bâtiments réalisés, ainsi qu’à leur
levage. Il dresse également des monuments, fait face à des étaiements et
répond à quantité de manœuvres d’envergure.
De l’une des plus anciennes corporations, naîtront les charpentiers de
maison, de marine et de moulin.
Les compagnons charpentiers d’hier et d’aujourd’hui sont appelés les
« bois debout ».
Jusqu’au début du XIVème siècle, les charpentiers, par leur ancienneté,
dominent toutes les professions liées au travail du bois.
A cette époque, le métier est divisé en deux catégories:
Les charpentiers de la grande cognée, (outil emblématique de leur
fonction), ou charpentier de haute futaie. Ils se spécialisent dans le gros
bois de charpente. Ils travaillaient et vivaient en forêt pour abattre les arbres puis les transformer en
poutres pour former l’ossature des constructions.
Les charpentiers de la petite cognée. Ils se consacrent au bois plus petit, plus menu, de là viendra plus
tard le nom générique de menuisier.
Le XIXème siècle vit la mécanisation venir compléter les moyens de transformation du bois.

LE MENUISIER
Compagnon du Devoir, enfant de maître Jacques, dit dévoirant, dévorant ou chien.
Compagnon du Devoir de Liberté, enfant de Salomon dit gavot
Réputés initiés en l ‘an 570, s’appellent « Pays »
Sainte patronne : sainte Anne, fêtée le 26 juillet.
On trouve à l’époque égyptienne, des chaises, des tabourets, mais aussi des coffres de petite taille
composés de plusieurs essences différentes.
A l’époque romaine, apparaissent des rabots, règles, équerres graduées, vrilles, etc…
Au XIVème siècle, il obtient une réelle autonomie dans son fonctionnement et son statut. Le terme de
menuisier apparaît pour la première fois en 1382.
Il faut citer :
-les lambrisseurs (poseurs de revêtements sur les sols ou les murs).
-les huissiers (faiseurs d’huis ou portes). Les huissiers de justice ouvrent et ferment les portes du tribunal
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ou des particuliers.
-les châssissiers (châssis, fenêtres)
Les meubles de menuiserie sont exécutés en bois massif,
constitués d’un bâti qui restera apparent.
Au XVIème siècle, la séparation se fera entre les menuisiers
en bâtiment (portes, lambris, parquets) et les menuisiers
en meubles.
Par un arrêté du parlement de Paris en 1637, chaque
maître menuisier sera tenu de marquer de sa marque
spécifique tous ses ouvrages, cette marque restera dans la
chambre du substitut du procureur général du Castelet.
Au XVIIIème siècle, au temps des métiers jurés, le menuisier
ne peut accepter que deux apprentis, dont un
obligatoirement membre de sa famille ou sa femme.
L’apprentissage est de six ans avant de prétendre être compagnon.
Parmi les menuisiers les plus qualifiés, on peut distinguer les ymagiers, faiseurs de statues en bois.
Les outils du menuisier:
De traçage: règle graduée, équerre, compas, crayon.
De sciage: scies diverses (à tenons, à chantourner….)
De tranchage: rabots, râpes, ciseaux à bois, herminette.
De serrage: étau, presse.
De perçage: chignole, vilebrequin, vrille.
De frappe: marteau, rifloir, tarabiscot.
Divers: tenailles, tournevis….

L’EBENISTE
Protectrice: Sainte Anne
Il produit des meubles en bois, composés d’un bâti en menuiserie sur lequel sont appliquées des feuilles
de bois précieux nommées placages ou de toute autre matière qui dissimulent entièrement ou partiellement
le bâti.
Le métier d’ébéniste est un métier à multiples facettes,
qui touche à l’art. Il comprend la création, la
reproduction ou la restauration de tout mobilier, de style
ou contemporain.
Au XVIIème siècle, avec la découverte des nouveaux
mondes et l’importation des bois exotiques: menuisier
en ébène. Ses statuts sont reconnus en 1743 par
Colbert sous le terme d’ébéniste.
Pour économiser le bois en quantité réduite et long à
acheminer, on utilisa le procédé de placage.
Deux métiers se réunissent au sein d’une même
corporation, celle des menuisiers-ébénistes.
Au XVème siècle, en Italie, apparaît la marqueterie. Elle
connaît une grande renommée dans toute l’Europe où elle n’est diffusée qu’au XVIIème siècle.
Ce métier demande une grande maîtrise de l’esthétique par le dessin, ainsi que la sensibilité et le goût du
travail bien fait.
Dans la décoration du meuble, l’ébéniste est appelé à côtoyer divers corps de métiers: bronzier, marbrier,
serrurier, verrier, tapissier...

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LE TOURNEUR SUR BOIS
Compagnon du Devoir, enfant de Maître Jacques.
Reconnu par les menuisiers en 1643, réputé initié en 1700.
Saint patron: Saint Michel, fêté le 29 septembre.
Son origine remonte aux environs de 1300 avant J.C. en Egypte.
Louis XI leur attribue des statuts particuliers.
Héritier des écuelliers qui æuvraient jadis en forêt, il confectionnait jattes,
échelles, quenouilles, fuseaux, mortiers, pilons en bois, etc..
Au XVIIème siècle, il est décrit comme très habile dans la réalisation de
chaises bien travaillées, d’où le qualificatif de tourneur-chaisier.
Progressivement, le tourneur diversifie les matériaux qu’il utilise: le buis,
l’érable, l’écaille et l’ivoire.
Au XVIIIème siècle, les billes de billard en ivoire constituent un véritable
monopole.
La guerre va se révéler une source de revenus en fournissant des bras et des jambes aux milliers de
mutilés durant les guerres napoléoniennes.
La réalisation de têtes à perruques et de rouets constitue le dernier secteur de travail des tourneurs, dont le
corps d’état va s’éteindre progressivement dans les premières décennies du XXème siècle, victime du
machinisme.

LE TONNELIER
Doleur-tonnelier : compagnon du Devoir. Enfant de maître Jacques.
Réputé initié en 1702 sur présentation des menuisiers.
Doleur-foudrier: compagnon du Devoir de Liberté. Enfant de Salomon.
Réputé initié en 1830
Leur saint patron est plus particulièrement Saint Baptiste qui fut décapité avec
un doloir.
Le tonneau est connu en Europe depuis 2000 ans, il servait à stocker des
produits liquides ou solides comme les grains, les clous.
Initialement, ils étaient appelés charpentiers de tonneaux.
Les maîtres tonneliers « tonloiers » ou « barilliers », « cuparii » (dans le haut
Moyen-Âge) étaient déjà réunis en corporation au IXème siècle.
Les faiseurs de barils, sous louis IX, adoptent le nom de tonneliers à partir de
1410.
Au XIXème siècle, la dénomination de « foudrier » vient compléter l’appellation de certains tonneliers
fabriquant « les foudres »

Le travail de cerclage des tonneaux est identique à celui des roues des
carrioles et les deux corporations sont représentées ensemble sur ce
vitrail qu’ils ont offert au XIIIème siècle à la cathédrale de Bourges .

LE CHARON
Compagnon du Devoir. Enfant de maître Jacques.
Réputé initié en 1706.
Il se place sous la protection de Sainte Catherine, puisqu’elle fut
martyrisée attachée à une roue.

Ce métier existe depuis plus quatre-mille ans.


Au XIVème siècle, ils obtiennent leurs statuts propres.
Au XVIIème siècle, ils héritent d’un nom composé : les charrons-carrossiers.
Il travaille le bois comme principal matériau. Durant l’automne, le charron repère les arbres qui seront
abattus en hiver. Les troncs sciés en planches seront stockés en attendant le séchage.

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Il utilise:
Le chêne pour l’ensemble des parties qui exigent une solidité à toute épreuve.
L’acacia et le chêne pour la fabrication de la roue (jante et rayons).
L’orme pour le moyeu.
Le sapin, le frêne ou le hêtre pour les autres éléments.

LE VANNIER

Initié par le serrurier.


Patrons : Saint Antoine et saint Paul.
Le végétal le plus employé est le saule, plus généralement
appelé osier lorsqu’il est à l’état d’arbrisseau. La vannerie fut
organisée en corporation sous Louis XI, qui lui octroya des
statuts en 1467. l’apprentissage devait durer trois ans. Le maître
ne devait prendre que deux apprentis.
Les statuts sont révisés en 1561, répartissant le métier en trois
classes:
- vannier-mandrier, utilisant l’osier blanc ou vert pour tout ouvrage non à claire-voie, comme les mandres,
grandes corbeilles à poignées.
- vannier-clôturier ou closier, faisant les vans, les hottes…
- vannier-faisier, pour tout ouvrage à jour: faisselles, corbeilles à fromages.
Fin du XVIIIème siècle, les statuts stipulent: quatre ans d’apprentissage et deux de compagnonnage.

LE SABOTIER
Réputé initié en 1849 par les vanniers.
Reconnu progressivement vers 1865.
Saint protecteur: René, évêque d’Angers qui, las des fastes de la ville, se retira en forêt pour y façonner
des sabots.
Pendant longtemps, les sabotiers se partagent les tâches:
Les tailleurs donnent au brut la forme grossière du sabot.
Les creuseurs creusent l’intérieur.
Les pareurs apportent la touche finale.
Jusqu’au XIXème siècle, seuls ou en famille, les sabotiers vivent et travaillent en
forêt.
Une tradition raconte que, dans de nombreuses corporations médiévales, les
amendes ou les dons étaient recueillis dans un sabot de bois. La légende dit
qu’un mauvais garçon vola le sabot et l’argent qu’il contenait : il fut ainsi le
premier « saboteur » de l’histoire.
A noter que les compagnons vanniers et sabotiers sont liés de par leur filiation.
Leur compagnonnage aurait pris naissance en Val de Loire.
Dans la hiérarchie des métiers, le sabotier, ainsi que le cordonnier étaient placés
à ras de terre, car ils fabriquaient des objets en contact avec le sol, la boue, la sueur et la poussière.
Si le sabot est symbole d’amour, de mariage, de naissance, le sabot brisé évoque souvent la faute.

LE BOIS CONTRE LA PIERRE


Au cours du XIème siècle, la ville médiévale amorce une profonde mutation. De nombreuses cités naissent
ou renaissent en raison d’un important flux de population.
Les villes établissent entre elles un réseau de communications terrestres et fluviales.
La société médiévale doit donc trouver une architecture qui puisse répondre à des exigences et des
besoins nouveaux.
Les ponts sont construits majoritairement en bois par les charpentiers. Progressivement, les piliers de
pierre apparaissent pour soutenir un tablier de bois, mais ce dernier supporte de plus en plus mal une
circulation qui s’intensifie.
S’inspirant des modèles romains, les architectes proposent des ponts en pierre.
En dépit du triomphe de la pierre, le bois reste nécessaire pour la charpente, les cintres, les échafaudages,
sans lesquels les pierres ne pourraient atteindre le sommet des édifices.
23
LES METIERS DU FER

Rien n'aurait été possible sans : VULCAIN


Dieu du feu, de la forge, des métaux
Balancier - Charron - Chaudronnier - Cloutier - Coutelier
Epinglier - Fondeur de cloches - Fondeur - Forgeron
Maréchal-Ferrant - Potier d'étain - Serrurier Taillandier.

Tous ces métiers ont un point commun :


Travailler et Forger les métaux

LE FORGERON
Réputés initiés en 1609
Saint protecteur : Saint Eloi
Les forgerons officiaient généralement dans les villages. Au moyen âge, ils s'appelaient «fèvres » lorsqu'ils
fabriquaient verrous, serrures et clés.
Quand le forgeron se spécialise dans le travail de l'or, on l'appelle : « Orfèvre ».

Beaucoup d'hommes fréquentent la forge, lieu de passage pour le plaisir de discuter, d'échanger et de se
réchauffer l'hiver. La forge est alors appelée : « le lavoir des hommes ».
Les centres d'activité de la forge se répartissent par rapport : au feu, au foyer, au bassin d'eau, et aux
outils : marteaux, enclumes, pinces, masses, ciseaux, poinçons.
Tous les paysans, mais aussi la plupart des autres métiers
ont un besoin indispensable du forgeron pour leurs outils. La
réparation d'un araire ou d'une roue de charrette nécessite
rapidement tout l'appareillage du forgeron.
Pour fabriquer des objets ayant à supporter d'importantes
contraintes : épées, boucliers, casques, armures, lames en
acier de damas, divers traitements sont mis au point.
La lame « Damas » avait la particularité de garder un
tranchant très affûté du fait de la dureté de l'acier, composé
d'un mélange de fer et de carbone. Elle présentait des motifs
ondulés sur la surface.

LE CHARRON
Réputés initiés en 1706
Saint protecteur : Sainte Catherine
Artisan qui fabriquait des roues de chariots, mais aussi toutes les
parties entrant dans leur composition : ridelles, cabestans. Travail
délicat qui devait être fait avec rapidité pour ne pas brûler le bois
et avec précision pour la solidité.
Ce travail exigeait une grande habileté.
Quand le charron n'avait pas de forge, il se rendait chez le
forgeron pour cercler, à chaud, les roues.
Dans le village, c'était l'occasion d'une « réunion de main-
d'oeuvre » pour cercler plusieurs roues dans la journée.

LE CLOUTIER
Réputés initiés en 1758 - Saint protecteur : Saint Cloud
Le premier clou aurait été trouvé à Tournai, dans le tombeau du Roi Childéric (436-481)
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Les cloutiers sont en général installés à proximité des mines de fer ou des forges.
Ils s'essaiment le long des cours d'eau afin d'utiliser la force hydraulique pour actionner le soufflet qui
active le foyer. Sans ruisseaux, des roues à hommes, puis à chiens ont été utilisées.
Pour travailler, il utilise le tranchet pour couper les vergelines ou carreaux de fer, l'enclumette pour les
forger et amincir la pointe, et différentes formes pour travailler des têtes différentes pour les clous de
charpente, d'ébénisterie, de maréchal-ferrant ou de sabotier.
Tout réside dans le coup de main. Un travail d'artiste, répété à longueur de journée et, rentabilité oblige,
avec le moins de coups de marteau possible : c'est le fameux clou à tête, à trois facettes ou trois coups.

LE MARECHAL FERRANT
Réputés initiés en 1609 - Saint protecteur : Saint Eloi
Maréchal vient de « Marhskalk », « le domestique qui
soigne les chevaux ».
Le Maréchal-Ferrant est un personnage clé du village,
où il a une grande importance.
Le métier est très développé, essentiellement dans les
régions de grandes cultures, mais aussi plus tard dans les
villes avec l'avènement des diligences et autres omnibus.
C’est lui qui fabrique les fers, sur mesure, qu'il pose sous
les sabots des chevaux, des boeufs, et des ânes. Pour le
cheval, ce travail est primordial, car il permet de protéger
le sabot, d'augmenter sa force motrice et lui apporte une
meilleure adhérence au sol.
D'après les statuts de 1687, seul le maréchal-ferrant avait
qualité pour ferrer, panser et médicamenter toutes sortes de bêtes chevalines. Il perdra ce privilège en
1761, avec la création de l'Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort.
Il faut une heure pour ferrer une bête docile.
Par sécurité, une personne se tient en permanence à la tête du cheval pendant le ferrage. Il faut aussi un
solide « teneur de pied » et si possible un gamin occupé à chasser les mouches avec une poignée de crin.
Parfois l’animal est récalcitrant, il faut alors lui parler, le rassurer et surtout l’appeler par son nom. Pour les
animaux plus difficiles, le maréchal-ferrant utilise « un travail à ferrer », bâti dans lequel le cheval est
entravé à l’aide de sangles.
Le bouquet de Saint-Eloi
Une fois son Tour de France terminé, le maréchal-ferrant se fait un devoir de placer
au-dessus de son atelier un superbe bouquet de fer. Il est généralement composé de
couronnes de fer à chevaux, regroupées par huit, chiffre bénéfique aux compagnons
du Tour de France.

LE CHAUDRONNIER
Réputés initiés en 1601 - Saint protecteur : Saint Maur
Il ne travaille qu'à la main. Son emblème : Un chaudron et deux
marteaux en croix, d'où l'appellation chaudronnier.
Il fabrique des objets usuels tels des chaudrons, des aiguières.
Les matériaux utilisés : l'acier, le cuivre, le zinc, le plomb, le laiton.
Si les familles aisées mangeaient dans de la vaisselle d'argent,
l'ensemble de la population utilisait des récipients en cuivre, d'où
l'importance du travail des chaudronniers. Chaque foyer tenait en
permanence son « chaudron sur le feu ». Il pouvait peser jusqu'à
trente kilos.
Le chaudronnier est alimenté en cuivre par le « Martineur ». Petit à
petit, ce travail de battage, de martelage, va permettre la création d'une
nouvelle corporation, celles des « Batteurs ».
Dinant est à l’origine d’une tradition d’orfèvrerie liturgique. La gloire de Dinant était si bien établie que l’on
appelait souvent les chaudronniers des « Dinandiers ».
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LE SERRURIER
Réputés initiés en 570 - Saint protecteur : Saint Pierre

Garantir la sécurité des biens et des personnes, c'est le credo du


serrurier.
Le serrurier est le forgeron de la serrure. Il est le seul maître de son art. Il
invente sans cesse, imagine et fabrique des serrures à la fois fiables et
esthétiques. Il fabrique aussi heurtoirs, pentures, judas. François 1er a
créé le statut de serrurier et prévoit les peines : celui qui fabrique de
fausses clés peut finir pendu avec inscrit au gibet : « crocheteur de
portes ». Ce statut est toujours en vigueur bien que tombé en
désuétude, sans parler de l’emploi du « bourreau », nécessaire pour
clouer les oreilles sur l’établi du serrurier félon.
La Serrurerie d'Art :
Il existe deux sortes de serrures : « les vertevelles » placées sur les
portes et les armoires, et la « serrure à moraillon », placée sur les
coffres.
Au XVe siècle, les pièces de petite serrurerie deviennent de véritables motifs d'ornementation. Les clous
simples sont décorés de têtes d'angelots ou de figures humaines.
Au XVIIe siècle, les compagnons serruriers s'inspirent de dauphins, chimères, entrelacs ou cornes
d'abondance.
Louis XIII fait installer un atelier dans le Jardin des Tuileries où il travaille avec le serrurier Rossignol.
LE TAILLANDIER
Saint protecteur: Saint Eloi
Le taillandier est un forgeron spécialisé dans la confection d'outils tranchants. Il travaille donc pour de
nombreuses corporations, en perpétuant une tradition qui remonte aux Mérovingiens.
Cette technique consiste à entailler l'acier doux pour y « insérer une âme » en acier plus dur, l'ensemble
étant porté à haute température, puis martelé et trempé. Cela permettait d'obtenir des outils « auto-
affûtant », puisque le corps s'émoussait plus vite que le coeur de l'outil.
Ce corps de métier était divisé en plusieurs catégories :
Taillandier en oeuvres blanches : Fabrication de haches, cognées, serpes, scies et faux,
Taillandier grosssier : Expert dans la réalisation de gros outils ou ustensiles de cuisine,
Taillandier vrillier : Fabrique vrilles, limes, poinçons, ciseaux, tenailles, vilebrequins,
Taillandier ferblantier en Fer Blanc ou Noir : Il a le monopole de la fabrication des chandeliers, lanternes,
passoires, entonnoirs, girouettes.

LE FONDEUR
Réputé initié en 1601 - Saint Protecteur : Saint Eloi
Le fondeur est l'artisan qui coule, dans une ambiance enfumée et une chaleur
infernale un métal ou un alliage en fusion dans un moule afin d'obtenir, après
solidification, une pièce dont les formes reproduisent celles de l'empreinte du moule.
Il travaillait souvent à l'air libre, creusait son foyer à même le sol et y installait un
soufflet capable d'amener les braises à la température nécessaire.
Les creusets étaient faits d'un mélange de sable et d'argile, vernissés à l'extérieur
sous l'influence de la chaleur, souvent d’une forme cylindrique avec un ergot sur le
côté pour que le fondeur puisse les sortir du foyer avec sa pince.
Dès l'apparition du travail du fer, les fondeurs firent preuve d'une maîtrise
exceptionnelle de la technique du moulage.
Le fondeur qui coule l’or ou l’argent est aussi appelé orfèvre.
La création d'un sceau commence toujours par un dessin. Le sceau représente
l'empreinte du pouvoir. Il sert à authentifier les actes : décrets, ordonnances,
déclarations, et à en ordonner l'exécution.
Techniques de gravure : jets de sable, acide, frappe au burin, pointe sèche, ciseaux.
Les sceaux royaux représentent le Roi, siégeant sur son trône, en justicier.
Chaque Roi choisi son sceau, pièce unique qui disparaît avec lui.
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LE FONDEUR DE CLOCHES
Réputés initiés en 1601 - Saint protecteur : Saint Eloi
On l'appelle aussi : « Maître Saintier » ou « Fondeur de Métal ».
Dès l'antiquité on trouve des clochettes, des « sonnailles »
composées de deux plaques de fer recourbées et jointes par
des rivets. La fabrication d'une cloche nécessite un grand
savoir-faire. Ce sont les Moines Bénédictins de Morteau qui
sont les premiers, au Moyen Age, à faire usage de cloches. Ils
se spécialisent donc dans leur fabrication. Les Saintiers se
déplacent de village en village avec matériel et outils pour
fabriquer les grosses cloches, au pied même du clocher auquel
il devait fournir, « la voie de bronze qui appelle les anges ».
Le nom Saintier ferait référence aux Saints, nom donné aux cloches des églises. Ils exercent leur art dans
toutes les régions de France, mais les Lorrains passent pour les meilleurs fondeurs d'Europe.
Au delà de sa technique métallurgique, la valeur professionnelle du fondeur de cloches est de nature
musicale puisqu'il s'agit de façonner le métal de manière à ce que le son, ses harmoniques,
correspondent à l'attente du client ou de l'auditoire potentiel.
Elles annoncent les offices religieux, mais se font l'écho de tous les évènements de la vie de la cité :
incendies, attaques ennemies, arrivées royales, etc…

LE BALANCIER
Saint protecteur : Saint Michel
Le balancier est un artisan qui fabrique et vend des balances, instrument de mesure basé sur les lois de la
mécanique qui sert à évaluer les masses.
Elle nécessite l'utilisation de poids et oblige à réglementer le pesage avec grand soin.
Une bonne balance doit avoir trois qualités. Elle doit être :
Juste : rester horizontale lorsque l'on place des masses égales dans chacun des deux plateaux,
Sensible : c'est à dire que l'addition d'une masse petite détermine une inclinaison du fléau,
Fidèle : parce qu'elle fournit la même indication pour le même objet, quelle que soit la position de cet objet
sur le plateau.
Le balancier est aussi appelé Balanceur ou Romanier lorsqu'il fabrique des balances de type « Romaine ».
Une ordonnance de Louis XI nous apprend que les balanciers feront en processions et cortèges bannière
commune avec les fondeurs, épingliers, graveurs de sceaux et chaudronniers.

LE COUTELLIER
Réputés initiés en 1703 - Saint protecteur : Saint Eloi
Selon une légende, lors de la première croisade, les Auvergnats
auraient rapportés d'Orient le secret de la fabrication des couteaux.
A cette époque on l'appelait : « Capujadou ». La fabrication est
basée sur la parcellisation : une multitude d'ateliers n'effectue
qu'une partie de la fabrication, le travail étant distribué à une
population rurale dense, constituée en communautés de
« Parsonniers ».
Le bassin coutelier s'est peu à peu constitué au cours des siècles.
Situés au fond de la « Vallée des Rouets », les moulins
s'échelonnent sur 3 km le long de la rivière la Durolle. Elle fut
aménagée par les couteliers comme source d'énergie pour faire
tourner les roues de leurs moulins.
- Le martineur présente les barres de fer à l'action du martinet, gros marteau actionné par une roue à
cames tournant avec une roue de moulin.
- L' émouleur aiguise la lame des couteaux, allongé à plat ventre au dessus de la meule, son chien
couché sur les jambes pour lui tenir chaud,
- Le polisseur : polit les parties métalliques de la lame,
- Le trempeur : « trempe », c'est à dire utilise l'eau froide de la rivière pour rendre le métal plus dur et plus
résistant.
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LE FOURBISSEUR D’EPEES
C'est un armurier en lames blanches, artisan qui garnit, monte et vend
toutes sortes de sabres et d'épées.
Au Moyen Âge, les guerres étaient tellement fréquentes que la fabrication des armes fût insuffisante.
En 1412, pendant les terribles guerres qui ensanglantèrent la France, les commandes d'armes étaient si
nombreuses qu'à Paris, les armuriers n'y pouvaient suffire.
« Le roi dût laisser chacun libre de s'improviser fabricant d'armes , ce qu'on exprimait en disant que le
métier était devenu libre, parce que les Ouvriers de Paris ne pourraient pas suffire à la centième partie des
armes qu'il convient ». Cette profession était aussi une des plus considérées. Ceux qui l'exerçaient
revendiquant entre autres privilèges : « celui de ne pas fournir de soldats au guet de Paris, car les statuts
précisaient que leur métier est pour servir Chevaliers et Ecuyers, et est pour garnir châteaux ».
Cette fréquentation de la noblesse détermina dans les statuts de cette corporation des articles qui sont
particuliers à ces métiers. Le fourbisseur d'épées doit : « tenir proprement habillés ses ouvriers « pour
nobles gens, comtes, barons, et autres bonnes gens qu’aucune fois descendent en leurs ouvroirs ».

L’EPINGLIER
Réputé initié en 1603 - Saint protecteur : Saint Pierre
De tout temps on a connu les épingles. Au Moyen Age, bien qu'elles coutaient cher, les dames les
utilisaient en grand nombre en ornements de coiffure.
Les épingliers avaient leurs statuts propres, leur communauté, leurs privilèges et leurs sanctions pénales.
Le métier d'épinglier comptait des Maîtres et des Maîtresses qui payaient cinq sols d'amende pour toute
infraction à la prohibition du travail des jours fériés. Ils étaient aussi sanctionnés quand ils employaient du
« fer clié » ou prenaient à leur service des ouvriers étrangers à la ville. Cette restriction était appliquée à
tous les corps de métiers et c'était l'une des plus sures à maintenir le bon ordre dans les villes, privées de
police et livrées à tous les coups de main.
Un ouvrier fabriquait 72 000 épingles par jour. Son modeste salaire était de 20 sols pour une besogne
ingrate et meurtrière. La fabrication n'était pas sans danger.
Le laiton, était calibré par une opération de tréfilage destinée à lui donner la grosseur voulue. C'est ce que
l'on appelait le raire.
Le calibre obtenu, un ouvrier spécial décapait le métal et le nettoyait. Un troisième ouvrier faisait passer le
laiton ainsi préparé dans une série de trous pour le redresser.
L'empointeur venait ensuite préparer les pointes sur une meule, et les donnait au repasseur pour les
terminer. Ils faisaient une poussière de laiton fort nuisible à leur santé. Les hommes blonds voyaient leurs
cheveux se teindre en vert

LE POTIER D’ETAIN
Saint protecteur : Saint Eloi
Artisan ayant porté le nom d'estanier devenu pintier et enfin
potier d'étain. Il écrouissait au marteau l'étain coulé en feuilles,
à l'instar des batteurs d'or ou d'argent. On disait qu'il « tirait
l'étain », afin de donner plus de régularité aux formes.
Ce métier se développe au XIIIe siècle avec le remplacement de
la vaisselle en poterie et des ustensiles en bois tourné. Son
apogée se situe entre le XIVe et le XVIIe siècle grâce à
l'utilisation dans les châteaux et demeures de grandes
bourgeoisies de la vaisselle d'étain, fine et fastueuse. Sous Louis XIV, il sera même nommé un Maître
Potier d'Etain à la Maison du Roi
Le Poinçon : Il apparaît dès 1392 sur les pièces de « bon aloy », c'est à dire d'étain fin.
Chaque pièce d'étain comporte au moins un poinçon.
Les Maîtres Potiers devaient présenter leur poinçon au Juré de la communauté et « l'insculper » sur une
plaque de contrôle. Les pièces non marquées risquaient d'entraîner une amende.
1643 : Obligation fut faite de marquer Etain Fin sur les grands poinçons et la date de la maîtrise.
Le petit poinçon devait regrouper quant à lui les initiales du Maître, son symbole et P pour Paris, ou l'initiale
de la ville de province.
1691 : Le poinçon doit comprendre le nom et la date d'admission à la maîtrise.
1776 : les Potiers d'étain perdent leur spécificité par un Edit Royal qui les réunit aux Chaudronniers et aux
Balanciers.
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AUTRES METIERS RECONNUS

Les métiers anciens, admis en Compagnonnage et disparus avant la fin du XIXème siècle, dont certains
s’éteindront progressivement avec l’arrivée de l’industrialisation ou de la mécanisation.

LE BLANCHER-CHAMOISEUR
Réputés initiés en 1500
Saint protecteur : Saint Jean
Le métier de blancher ou mégissier et chamoiseur se rattachent à la tannerie, c'est-à-dire à la
transformation des peaux en une matière imputrescible : le cuir.
Se dit aussi Blanchier, ou peaussier, artisan qui prépare et vend les peaux de petit modèle pour divers
usages.
Chamoiseur, artisan préparant et vendant des peaux de mouton et de chèvre pour la ganterie, les
doublures ou les culottes de peau.

LE TANNEUR CORROYEUR

Réputés initiés en 1330


Saint protecteur : Saint Simon
Tanneur : Ouvrier préparant les peaux des animaux, pour les
rendre imputrescibles, avec du tan, poudre d’écorce pillée par un
tacrenier.
Les peaux sont ensuite confiées à un Corroyeur.
Corroyeur : Artisan qui transforme la peau travaillée par les
tanneurs, il prépare à l’aide d’outils spéciaux, le cuir qui sera
utilisé par d’autres corporations.
Quelques outils : bigome, buton, drayoire

LE BOURRELIER – SELLIER - HARNACHEUR


Réputés initiés en 1706 par les selliers
Saint protecteur : Saint Eloi
Bourrelier, sellier, harnacheur : trois activités réunies, indispensables aux transports à la campagne ou à la
ville.
Les bourreliers sont connus pour leur expertise dans l’art de faire des colliers et des selles en cuir pour les
chevaux, les vaches ou les bœufs. Ils réparent et confectionnent tous les harnachements, utilisent des
accessoires pour leur décoration et travaillent différentes matières.
Ils font un travail d’usage, la solidité prime sur l’élégance.
A la fin du XIXème siècle, l’apparition des moteurs à vapeur, l’arrivée du chemin de fer vont modifier le
transport des hommes et des marchandises, et font disparaître les boutiques.

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Quelques expressions liées à leur production «laisser la bride », «bride abattue », à leur honnêteté « franc
du collier ».

LE BOURSIER - CULOTTIER
Saint protecteur : Saint Brieux
Ils avaient reçu leurs statuts de Philippe Auguste en 1342
Boursiers ou Bourseliers, fabricant de bourses, besaces, sachets, sacs de peaux, et de velours, ainsi que
des ceintures herniaires ( brayers), ils avaient le droit de vendre parasols et parapluies.
Culottiers : ouvriers qui ne fabriquent que des culottes de peaux.
Corps disparus avant le XIXème siècle.

LE TEINTURIER
Réputé initié, en 1330
Saint protecteur : Saint Maurice
Ouvrier colorant les pièces d’étoffe.
Les merciers, drapiers, chapeliers avaient aussi le droit de teindre leur
production.
Teinturier en grand teint : Artisan pouvant teindre toute étoffe de laine de
plus de 1.33 aune de large (1.60m) et à plus de vingt sous l’aune.
Teinturier en petit teint : Artisan pouvant teindre toute étoffe de laine à moins
de vingt sous l’aune ou reteindre tout autre étoffe ayant été au préalable
teinte par un teinturier en grand teint.

LE TOILIER
Initié vers 1775 (renié par les menuisiers) et reconnu vers 1865.
Saint protecteur : Saint Sévère
Les toiles sont en chenne (chanvre) ou en lin.
Ils peuvent « curer » ou « blanchir » les toiles ou toilettes (toiles grossières) .
Se dit aussi des ouvriers tisserands qui fabriquent des toiles,
marchand de toiles et autres tissus.

LE CHAPELIER
Réputé initié en 1410
Saint protecteur : Saint-Jacques le majeur
Fabricant de chapeaux ou couvre-chefs tricotés en coton, laine ou poils.
Chapeliers de paon, au Moyen âge, chapeliers de « haute couture » utilisant les
plumes de paon et de flamant pour une clientèle fortunée.
Chapeliers de fleurs : au Moyen âge, jardinier fleuriste ou bouquetière fabriquant
des guirlandes de fleurs ou de feuillages suivant la saison, dont les demoiselles
avaient coutume de se parer la tête.
Le maître chapelier n’avait qu'un seul apprenti, l'apprentissage durait sept ans.

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LE TONDEUR DE DRAP
Réputé initié en 1700
Saint protecteur : Sainte-Croix
Le tondeur de draps est un métier historique du textile.
Ouvrier lustrant et lissant les étoffes, les draps et la laine, pour les rendre
plus unis et plus ras (tondage).
Ce travail était effectué à l'aide de ciseaux d'un poids de dix huit Kg.
Les premières machines de tondage sont apparues vers 1820.

LE VITRIER
Réputé initié en 1701
Saints protecteurs : Saint Luc, Saint Marc
Le verre existe naturellement. L’homme l’utilise pour la première fois
il y a 100 000 ans sous forme d’obsidienne.
C’est un moine, « Théophile », qui au XIIème siècle a mis par écrit l’ensemble de la théorie relative à l’art du
vitrail.
Au début du XIVème siècle, naquit la première verrerie à vitres à Bézu-la-Forêt dans l’Eure et les feuilles
planes furent inventées par Philippe Cacqueray.
En 1698, au château de Saint-Gobain, Louis de Nehou mit au point le coulage des glaces.

Le vitrail : c’est une technique permettant d’assembler verre et plomb afin de réaliser une composition
décorative.
L’église Notre-Dame de Blonville (Calvados) possédait déjà entre le VIIème et le IXème siècle des vitraux.

LE CORDIER
Réputé initié en 1407
Saint Patron : Saint Paul
Les artisans se trouvaient dans toutes les régions de France, avec une prédilection pour les lieux de
production du chanvre et les régions maritimes : Bretagne et Charente.
Ils utilisaient aussi le lin, l’écorce de tilleul, le crin.
C’est l’un des seuls métiers où il faille marcher à reculons sur plusieurs dizaines de mètres.
Le travail se décompose en : peignage, filage et cordage. Les fils se tordent sur eux-mêmes et sont
ensuite réunis pour former un « toron ».

LE COUVREUR
Réputé initié en 1703, reconnu en 1759
Fête patronale : l’Ascension
Le couvreur ou « l’homme des airs » est un artisan qui pose un revêtement
étanche qui assure la conservation des bâtiments.
Les premiers matériaux employés étaient la terre cuite et les végétaux.
La couverture en bois et en chaume se développera, puis l’utilisation des tuiles
romaines.
Plus tard, il va apprendre à fendre et à façonner des éléments plats, appelés
bardeaux.
Il travaille des matériaux divers : tuiles, ardoises, zinc, tôle, bardeaux de bois,
asphalte.
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Le toit est constitué d’une charpente pour supporter une couverture, et peut être de forme arrondie (dôme),
flèches, à l’impériale (courbe).

LE BOULANGER
Réputé initié en 1811 et reconnu en 1860.
Saint protecteur : Saint Honoré.
Trois mille ans avant J.C., sur les bords du Nil, une ménagère
découvrit le phénomène de la fermentation.
Evolution au cours des siècles :
Au XIVème, le pain blanc, le pain bis blanc, le pain bis.
Au XVIIIème, le savant Beccari découvrit le gluten et
l’amidon contenus dans la farine de blé.
Au XIXème, le pétrissage mécanique fait son apparition, son
emploi est limité, en 1840 : il y a cent trente pétrins en France.
Au XXème, apparaît la production des petits pains, de la baguette, des brioches et des croissants.
En 1920, les boulangers adoptent le pétrissage mécanique et la panification à la levure.

LE CORDONNIER
Réputé initié vers 1845.
Saint protecteur : Saint Crépin ou Saint Crépinien.

Au temps des pharaons, on trouve trace de ce que l’homme imagina pour couvrir, protéger et embellir ses
extrémités inférieures.
A partir de 1600, la chaussure voit une évolution dans sa fabrication.
Le cordonnier-bottier peaufine son art, usant de finesse, d’astuce et de talent pour réaliser de merveilleux
souliers, les déclinant sous toutes leurs formes.
Le métier de cordonnier a toujours constitué un effectif important, au caractère vif.

LE TISSEUR FERRANDINIER
Réputé initié, en 1832 reconnu progressivement vers 1860
Saint protecteur : Saint Mesmin

Le roi Louis XI veut développer le tissage de la soie à Tours.


Ces fabriques se spécialisent, telle le taffetas « gros de Tours »,
la serge de soie, les velours, le damas, la moire.
C’est une industrie de haute technicité.
C’est à Lyon qu’ils prennent le titre de « Ferrandiniers », la
ferrandine étant un tissu de soie à trame de laine ou de coton,
inventée au XVIIe siècle par le lyonnais Ferrand.
Vers 1941, le compagnon tisseur-ferrandinier « Pays Anguille »
arrête de donner des cours, faute d’élèves.
Le métier disparaît .

LE TISSERAND
Réputé initié en 1775
Saint protecteur : Saint Mesmin
Ouvrier aussi appelé Tisseur, et Tissier.
Il fait des toiles, des étoffes de laine, ou de chanvre.
Il travaille l’étoffe sur le métier avec la navette.
Il peut utiliser plusieurs types de métiers : le métier mécanique, (à navettes, ou les multiples etc...) et le
métier à bras qui reste le plus connu.
Après 1820, Jacquard a complètement transformé le métier, il devient une industrie.

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RITES ET COUTUMES
Le compagnonnage a un code de l'honneur particulièrement exigeant fait de
multiples symboles, règles et rituels.
Ces rites permettent d'exprimer la fraternité entre les compagnons.
LES COULEURS
Les « couleurs » ou « Rubans » montrent les fonctions et les voyages de
celui qui les porte.
Les couleurs sont constituées de rubans de 1.50m de longueur sur 0.10m de
large, et des franges dorées ou argentées terminent ces rubans. Ils sont rangés
dans une boîte en fer blanc.
Les mères ont leur propre écharpe, à prédominance blanche.
On porte généralement les couleurs lors des grandes circonstances:
mariage, fête patronale, procession, ou cérémonie funèbre…
Le plus grand outrage qu'on puisse faire à un compagnon, c'est de lui arracher
ses couleurs.
Les diverses professions se distinguent par la couleur des écharpes : blanche,
pour le bâtiment, blanche et bleue, pour le bois, rouge, pour les métiers du feu,
verte, pour ceux du cuir, jaune, pour les boulangers.

LA CANNE
Les cannes, souvenirs du jonc de maître Jacques, sont variées.
Courtes : ce sont les cannes pacifiques, aspirant.
Longues : garnies de fer et de cuivre, ce sont les cannes de compagnon.
La pastille du pommeau porte sur le pourtour le nom du compagnon, surnom
compagnonnique, suit le lieu et la date de sa réception.
La Canne est le symbole du pèlerin dans "toutes les civilisations du monde" !
Elle est le signe traditionnel d’autorité, soutien sur la route.
Elle est porteuse de sens et intervient lors de plusieurs rites.
Les jours de fête et de cérémonie, on pare les cannes de rubans, les couleurs.
Sa position a un sens, le fait de la tenir par le pommeau exprime la confiance
envers l’autre.
Présenter la pomme en avant, c’est demander la paix.
Laisser traîner sa canne, c’est mépris.
Saluer avec la canne la pomme à la hauteur du front, c’est dévouement.
Au repos, le compagnon s’appuie des deux mains sur le pommeau.

LA BANNIERE
Les bannières servaient de point de ralliement et se portaient en tête des corporations.
Elles sont décorées selon le symbolisme armorial, on y a conservé la devise de l’écusson, du blason ; les
devises corporatives entourent aussi des représentations religieuses ; d’un côté figure le saint patron, de
l’autre les instruments du métier.
Louis XI, en 1467, en organisant les métiers de Paris, leur donne une bannière, portant au milieu une croix
blanche, signe général de reconnaissance, et en dessous les armoiries de la profession comme signe
particulier entre les membres de la même communauté.

LES FÊTES PATRONALES


Chaque société célébrait la fête patronale annuelle,
Les Charpentiers fêtent Saint-Joseph Les Charrons : Sainte-Cathrine
Les Menuisiers : Sainte-Anne Les Boulangers : Saint-Honoré
Les Cordonniers :Saint-Crépin Les Maréchaux et les Forgerons : Saint-Eloy
Les compagnons se rendaient à l’église en cortège, bannière en tête, et portant le chef-d'oeuvre : ils étaient
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revêtus de leurs insignes, cannes enrubannées en mains, et ils assistaient à une messe spéciale.
La Mère était assise dans le chœur, le chef-d’œuvre déposé devant l’autel.
Le soir, ils invitaient tous leurs amis à venir au bal. C’était le rouleur, qui assumait le bon déroulement de la
fête: avec sa canne, il frappait trois fois le sol pour obtenir le silence, avant de faire une annonce, ou
demander à un Compagnon de chanter une chanson,

LA CHAÎNE D'ALLIANCE
Dans le Compagnonnage existe une chaîne d’union ou chaîne
d’alliance : la chaîne est tournante,
Les Compagnons qui portent leurs couleurs se tiennent par la
main, en croisant leur bras droit par-dessus le bras gauche ;
ils tournent dans le sens de la marche du soleil. C’est la main
droite qui transmet, la main gauche prend et absorbe.
Au milieu de ce cercle, se tiennent immobiles trois
Compagnons, ou deux compagnons et la Mère.
Le rouleur chante « les fils de la Vierge », chanson écrite en
1846 par le Compagnon Jules Lyon, Parisien-le-Bien-Aimé,
cordonnier-bottier, et le refrain est repris en chœur.
Cette chaîne permet d’acquérir un équilibre, une réalisation
harmonique de la nature humaine ; elle rend « frères » ceux
qui y participent.
Au cours des funérailles, la chaîne est pratiquée sans chant ; elle est ouverte afin de montrer qu’un maillon
manque et l’empêche de se fermer.
A la fin de la cérémonie, on referme la chaîne, le compagnonnage continue.
LES LETTRES
Le Compagnonnage emploie des abréviations pour se signaler envers d’autres Compagnons: ces lettres
suivies d’un point, sont souvent la première lettre du mot. Elles sont aussi très succinctes, et quand elles
sont écrites, ces notes ne peuvent être lues que par des initiés, ce qui les rend très secrètes, soit pour
tromper la vigilance des autorités, soit peut-être pour ceux qui ne savaient pas écrire. Ils se remémoraient
des formules apprises par cœur.
U. V. G. T. Union, Valeur, Génie, Travail. L. Louange.
U. P. F. S. Union, Prudence, Franchise, Sagesse. J.M.J. Jésus, Marie, Joseph.
G. Gloire. S.U.G. Sagesse, Union, Génie.

L'HABILLEMENT

Nous savons que dans la Cayenne et lors des tenues d’assemblées, le Compagnon
devait avoir une tenue très correcte. Il devait retirer ses habits de chantier, il ne pouvait
venir sans cravate ou en bras de chemise.

Agricol Perdiguier écrivait: « Les compagnons s’endimanchaient avec la redingote ou


l’habit. Dans la semaine ils portaient les uns la veste, le plus grand nombre l’habit-veste,
la blouse jamais; elle n’a pris naissance pour les ouvriers, qu’en 1830 après la révolution
de Juillet ».
Le port du chapeau a joué un grand rôle dans toutes les sociétés initiatiques.
En un temps où les ouvriers gardaient souvent leur coiffure, le compagnon devait se
découvrir.
Lors des réunions, il est toujours tête nue ; lors d’une assemblée de partants, celui qui
doit quitter la cayenne se place près du premier compagnon, il se couvre.

LES JOINTS OU ANNEAUX


Les joints ou anneaux étaient autrefois d’un usage courant.
C’était un signe d’attachement de l’ouvrier à son métier, et de son appartenance à un Devoir.
Pendentif articulé figurant l’outil-type du métier, cet anneau est de petite dimension.
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REGLES ET REGLEMENTS
Les exigences de moralité, de respect, d’honnêteté, les vertus de persévérance, d’effort, loyauté, franchise,
maîtrise de soi, demeurent essentielles au sein du Compagnonnage.
Sous peine d’amendes versées à la « boîte » (la caisse commune), ou de bouteilles de vin, il était interdit
de se quereller, de médire des compagnons, de mal se tenir, de manquer de respect au Père et à la Mère
(les aubergistes), de dégrader leurs meubles, de conserver son chapeau en entrant chez eux, d’y venir
dans une tenue sale et en vêtements de travail, de jurer, de cracher, de chanter des chansons vulgaires.
Toutes ces obligations tendaient à faire des jeunes compagnons des hommes éduqués, honnêtes, dignes
dans leur atelier et dans la société.
Ces textes sont affichés dans les Cayennes, ou la Maison des Compagnons ; il s’agit des règlements
en général de la tenue du Compagnonnage, et sont communiqués à tout nouvel arrivant.

LE SURNOM
Lorsqu’il devient compagnon, ses couleurs sont frappées d’une nouvelle marque, il reçoit une canne et son
nom. Ce nom nouveau marque bien un changement d’état, on désigne sur le chantier l’homme selon son
pays d’origine, suivi d’un nom qui caractérise son comportement, ou son attitude.
Le nouveau nom choisi doit marquer l’individu comme une investiture.
Quelques noms :
L’Ami du Trait : montre la compétence d’un compagnon dans le dessin
La Clé des cœurs : apparaît le caractère de fraternité,
Avignonnais la Vertu : nom compagnonnique d’Agricol Perdiguier

LE COFFRE
Dans le compagnonnage, le coffre à trois serrures conserve un bien précieux, au-delà de la simple valeur
d’outils.
Le symbolisme de la clé, qui permet d’ouvrir et de fermer, et qui scelle les mystères.
Le secret initiatique n’appartient pas à un seul, même s’il est dit Maître ; pour refléter la vérité, il faut
associer les savoirs multiples de chacun.
Aussi bien dans les Confréries que dans le Compagnonnage, la caisse, le tronc des aumônes, les
archives sont conservées dans des « boîtes », et l’on dit « ville de boîtes » une ville qui possède sa caisse
et ses archives.
Progressivement le coffre dans lequel on range les objets symboliques utilisés au moment de la réception
du nouveau membre, est différencié de la malle à outils qui retrouve sa fonction première : assurer le
transport des outils utilisés pour le tour de France,

LE COMPAS ET L’EQUERRE

Le symbolisme des outils est certainement la source la plus


authentique. L’équerre, le compas et la règle ont été les outils
symboliques communs à presque toutes les corporations.
Le compas nommé « l’outil du Seigneur », permet de pratiquer
toutes les opérations des métiers. Il peut devenir équerre.
Le compas est l’emblème de la sagesse, il mesure toutes choses à
leur juste valeur.
L’équerre provient de la moitié d’un carré. Elle peut être en bois ou
en métal, elle sert à tracer des angles droits ou à tirer des
perpendiculaires, elle sert aussi à dresser les faces de pierre polie, si
l’on veut que l’édifice soit stable.

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LE FIL A PLOMB
Nommé aussi Perpendiculaire, c’est une masse pesante qui, suspendue à un cordonnet, donne selon,
la pesanteur, la direction de la verticale.
C’est l’emblème de la recherche en profondeur, de la vérité, de l’aplomb, de l’équilibre.
Lorsque l’ouvrier est élevé au degré de Compagnon, il est dit qu’il passe de la « perpendiculaire au
niveau » ce qui laisse penser que le niveau a une suprématie sur le fil à plomb.

LE CARRE
Le carré ou passeport compagnonnique est un document qui a la forme d’un
carré une fois plié.
Le carré est à la fois la mémoire et l’authentification du Tour de France
réalisé ou en cours. Il est délivré à l’aspirant ; les Cayennes dans lesquelles
il séjourne, y apposent leur cachet.
La tradition veut qu’il soit détruit à la mort du compagnon, cette pratique
semble ne plus être systématique.
Le passeport compagnonnique est aussi désigné sous les termes : affaire,
ariat, cheval, navire, lettre de course.

LA MERE ET L’AUBERGE
Jadis, la Mère n’était qu’une simple aubergiste dévouée, réputée pour la
qualité et la chaleur de son accueil.
Elle est désignée par voie d’élection selon un rituel qui lui est propre. Elle
prête serment.
La Mère initiée a le droit de porter les « couleurs », l’insigne
compagnonnique, un sautoir blanc et souvent un bracelet de fer.
Les compagnons doivent le respect à celle qu’ils appellent « Notre Mère ».
L’auberge qui reçoit les jeunes a pris le nom de cayenne qui provient de
casa , la chambre. Elle est aussi nommée: « chez La Mère ».
Ces auberges, surveillées par la police, sont soumises à une stricte
règlementation.
Dans les auberges, tenues par le Père et la Mère, il règne une forte
discipline: il est interdit de s’y battre, de s’y enivrer et d’y jurer.
Le jeune compagnon respecte un code d’honneur, il apprend à avoir un
esprit pur.

LES RITES FUNERAIRES


Les funérailles font l’objet de rites très solennels.
Le cercueil, souvent porté par six compagnons, est paré de cannes en croix, de l’équerre et du compas
entrelacés, des couleurs de la société.
Lorsqu’un compagnon décède sur le Tour de France,
les compagnons présents accompagnent le défunt
jusqu’au lieu de sépulture. L’éloge du défunt est
prononcé par un de ses frères ainsi qu’une courte
prière. Ils procèdent à l’accolade fraternelle, dite
« guillebrette ».
Lors de l’enterrement, ses « pays » et « coteries »
(frères) tiennent leur canne sous le bras, la main
tenant le jonc, pommeau dirigé vers le sol.
Chaque corps d’état a un mode de funérailles particulier.

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CONSTRUCTIONS
AUXQUELLES DES COMPAGNONS ONT PARTICIPÉ

LA TOUR EIFFEL
Edifiée pour l’Exposition Universelle de 1889 qui devait célébrer le centenaire de la
Révolution Française.
Entrepreneur : Gustave Eiffel
Architecte : Stéphan Sauvestre
Responsable du chantier : Jean Compagnon
Responsable du levage : Eugène Milon
Durée du montage : 21,5 mois, du 1er juillet 1887 au 31 mars 1889.
Composition : 18 038 pièces métalliques dessinées, découpées et pré-assemblées
aux ateliers de Levallois par 40 dessinateurs et 150 ouvriers.
Nombre de rivets : 2 500 000 dont 1 050 846 posés sur place.
Poids de la tour : 7 300 tonnes, avec ascenseurs : 9 700 tonnes.
EUGÈNE MILON, « GUEPIN LE SOUTIEN DE SALOMON »
Pour construire le monument le plus haut du monde, il fallait des hommes unissant
la hardiesse au savoir technique et à l’habileté. Et tout d’abord, il fallait quelqu’un
pour les conduire, le « gâcheur » comme on dit dans la langue des Compagnons
Charpentiers.
Eiffel en avait un sous la main : Eugène MILON. Le choix était audacieux : Milon
avait tout juste vingt-sept ans. Mais l’ingénieur avait apprécié ses mérites : il
l’employait sur ses chantiers, depuis 1879.
Avec une quarantaine de Compagnons charpentiers des deux Sociétés
confondues, ils relèveront le défi, s’adaptant ainsi aux nouvelles techniques.

LA FLÈCHE DE NOTRE-DAME DE PARIS


En 1860, Eugène Viollet-le-Duc souhaite reconstruire la flèche à la croisée des transepts de la cathédrale
Notre-Dame de Paris. Détruite par la foudre depuis de nombreux siècles, la flèche avait disparu de la
mémoire des parisiens.
Les travaux sont considérables et nécessitent une reprise en profondeur des charpentes de la toiture.
Viollet-le-Duc fait appel à un Maître, compagnon charpentier du Devoir de Liberté, Henri Georges,
"Angevin, l'Enfant du Génie ». Celui-ci vient de terminer l'érection de la flèche de la cathédrale Sainte-Croix
d'Orléans, en 1858.

LE RÉSEAU DE CHEMIN DE FER


De nombreux compagnons, ouvriers du fer mais aussi,
maçons, tailleurs de pierre, attirés par cette prestigieuse
entreprise, ont repris la route pour rejoindre les immenses
chantiers de construction du chemin de fer.
En plus des ouvrages à construire et des rails à poser, des
forges étaient installées à proximité pour l’entretien et la
retrempe des outils, le ferrage des mulets, le cerclage des
roues etc...
A la fin du chantier, certains ont intégré le personnel des
Compagnies ferroviaires, le poste le plus envié étant celui de mécanicien, qui était le plus souvent issu de
la forge, sinon de l’atelier de serrurerie ou de chaudronnerie.
C’est sans doute pour cela que l’on a pu retrouver chez les cheminots un esprit proche de celui des
compagnons.

LA MACHINE DE MARLY
Gigantesque dispositif de pompage des eaux de la Seine, établi sous le règne de Louis XIV pour alimenter
l’ensemble des fontaines et bassins du parc de Versailles. En 1678, Arnold de Ville, fils d’un maître de
forge de Huy, vint à Versailles présenter à Colbert son audacieux projet inspiré de la machine du château
de Modave. Il s’adjoint les services d’un charpentier : Rennequin Sualem, dit « Louis le Liégeois ».
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Sur une distance de 1,200 km, il fallait élever l’eau puisée jusqu’à l’aqueduc de Louveciennes qui
surplombe la colline de 165 mètres.
La Machine de Marly barre la moitié de la Seine avec quatorze roues à aubes de 11,60 m. de diamètre.
Il faudra sept ans pour construire cet ouvrage qui fonctionnera pendant 133 ans.

LE GRAND PALAIS à PARIS


Les architectes Henri Deglane, Albert Louvet, Albert-Félix Thomas et Charles Girault ne peuvent être
départagés et sont choisis pour réaliser une synthèse de leurs propositions respectives et faire œuvre
commune.
Edifié à Paris à partir de 1897 pour accueillir les grandes manifestations officielles de la capitale lors de
l’exposition universelle de 1900.
La nef métallique est dissimulée derrière un habillage de façade de pierre.
La société de construction métallique d’Armand Moisant (1838-1906) participe
à l’édifice du Grand Palais.
L’appareillage a été réalisé, entre autres, par « Boucher Francoeur d’Avallon ».

LES GRILLES DE LA PLACE STANISLAS A NANCY


Les grilles étaient destinées à honorer Louis XV, gendre du roi Stanislas de
Pologne. De style rococo, elles ont été réalisées en fer battu et dorées à la
feuille.
Elles sont l’œuvre de Jean-Baptiste Lamour dit « le Lorrain », serrurier de
Nancy.
Leur réalisation nécessita près de 200 ouvriers, la grille dite « de Neptune » à
elle seule représente plus de 25 000 heures de travail et 3 500 feuilles d’or.

L’HÔTEL DE VILLE DE PARIS


Lors des émeutes de la Commune en 1871, l’Hôtel de Ville est détruit presque en totalité par un important
incendie.
Entre 1873 et 1882, les architectes Ballu et Deperthes ont réussi à le reconstruire à l’identique, mais dans
des proportions beaucoup plus considérables.
Les façades sont ornées de statues de cent-six parisiens illustres.
Pour effectuer ce travail difficile, le gouvernement fit appel à la corporation des tailleurs de pierre, qui
demanda aux maîtres et compagnons de désigner dans chaque département le plus habile d’entre eux.
Pour les compagnons des Bouches-du-Rhône, c’est le grand-père de Marcel Pagnol qui, honneur
suprême, fut choisi.

LE PONT ALEXANDRE III


Ce pont était destiné à symboliser l’amitié Franco-Russe instaurée
par la signature de l’alliance conclue entre le tsar Alexandre III et de
président de la République Française Sadi Carnot.
La première pierre fut posée par le tsar Nicolas II en 1896 et il fut
inauguré pour l’Exposition Universelle de Paris le 14 avril 1900 par
Emile Loubet.
Ce pont métallique en acier d’une longueur de 160 mètres d’une
seule arche, a été appareillé par Gallineau « Joli Cœur de Coutras »
qui, dans une carrière des Vosges, calculait si précisément la
difficile taille des pierres de ce pont biais qu’on les montait sans
aucune retouche.

LES GRILLES DU CHŒUR DE LA CATHÉDRALE D’AMIENS


Ces somptueuses grilles en fer forgé formant clôture du chœur de la cathédrale ont été réalisées au
XVIIIème siècle, sur des plans de Michel-Ange Slotz, par un compagnon serrurier - ferronnier : Jean-
Baptiste Veyren dit « Vivarais de Corbie », originaire de l’Ardèche et installé à Corbie près d’Amiens, où
il est décédé à 84 ans.
Il fut aidé dans cette tâche par un autre compagnon : Claude Baradoux, également surnommé « Vivaret ».
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QUELQUES CHEFS-D'OEUVRE
CHEFS-D'OEUVRE DE RECEPTION
Un jury fort sévère et critique examine l’œuvre présentée, fruit de l’expérience acquise après plusieurs
années passées à « tourner » de ville en ville.
La morphologie de l’œuvre varie à l’infini, un grand nombre d’entre elles sont d’imagination et non des
maquettes réalisables à grande échelle, mais d’autres sont des modèles réduits de réalisations possibles.
«L’exécution du travail de réception ou chef-d’œuvre est une étape dans la vie
du compagnon. C’est une condition nécessaire à l’accession au titre envié, mais
ce n’est pas une condition suffisante: les valeurs morales et le comportement de
l’homme sont autant considérés ».
Chef-d’œuvre de réception d’Agricol Perdiguier 1825 →
Bois de noyer h.20cm – Une volée de treize marches aérienne remarquable
dans la pureté de ses lignes. La glissière coulissante aménagée sous l’escalier
représente à elle seule un chef-d’œuvre

Cheval harnaché
Chef-d’œuvre de réception du Compagnon bourrelier-sellier-harnacheur Maxime
Saulquin, Tourangeau la Fierté du Devoir en 1929 – h. 50 cm.
Tous les éléments d’un harnachement (réduit au 1/5) se retrouvent sur ce
modèle. Pas la moindre sangle, martingale ou petite bride ne manquent à
l’équipement.

CHEFS-D'OEUVRE DE PRESTIGE
Pour le simple honneur du corps de métier, de la ville et de la cayenne, les Compagnons ont toujours
exécuté des chefs-d’œuvre collectifs ou individuels. Ils étaient un sujet de fierté et servaient d’exemples
aux jeunes apprentis.

Chef-d’œuvre de taille de pierre Grille de parc,


(h. 130cm) grand chef-d’œuvre de serrurerie
travail de Compagnon fini de (h.100cm)
Robert Noyers, dit Angevin la réalisée au 1/10è par le
persévérance de Ménil 1965. Compagnon Habert, Léopold le
Il présente une partie romane à Tourangeau, entre 1878 et 1892.
voûte d’arêtes et une partie
gothique hexagonale Elle est composée de 2325
2300 heures de travail pièces de fer forgé, le tout
fonctionnant.
Ensemble majestueux, imposant,
témoignage de la pérennité de la
tradition des bâtisseurs de
cathédrales.

Grand chef-d’œuvre des


Compagnons Menuisiers du
Devoir en noyer, buis et bois
précieux, réalisé par Roux, dit
François le Champagne,
de 1837 à 1857
hauteur 1,70m — 17700 pièces .

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CHEFS-D'OEUVRE DE COMPETITION
Par un tacite accord entre les compagnons des divers rites, celui qui
arrivait le premier dans une ville s’assurait le droit au travail en cette
cité, pour lui-même et sa société. Cela n’allait pas sans contestation.
C’était la raison de rencontres, échauffourées et même de batailles
rangées meurtrières.
Il arrivait qu’on « jouât la ville » afin de départager les compagnons à
l’issue d'un concours.
C’est ainsi que fut réalisée en 1803 cette chaire de Montpellier en
noyer par Percheron le Chapiteau, compagnon menuisier du Devoir
de Liberté.

CHEFS-D'OEUVRE D'EXPOSITION

Triptyque réalisé pour figurer dans une exposition en 1911 à Tours par
Louis Barthès, dit Plein d’honneur le Languedocien, Compagnon cordier
du Devoir.
Il constitue un tour de force où se manifeste l’habileté du cordier dans l’art
d’exécuter des anneaux sans fin ou de tisser des réseaux de cordelettes
d’une incroyable finesse.

MEILLEUR OUVRIER DE FRANCE


Compétition créée en 1923 pour récompenser les meilleurs artisans. Les
Compagnons furent parmi les premiers reconnus et n’ont cessé depuis de participer
à cette aventure exaltante qui les valorise dans leur profession.

CHEFS-D'OEUVRE DE RECONNAISSANCE
« Le Berryer » →
Baldaquin en noyer offert par les Compagnons Passants Charpentiers du Devoir de
Paris, après la grève de 1845, à l’avocat Pierre-Antoine Berryer, qui les avait
défendus en refusant tous honoraires.

ENSEIGNES

Les Compagnons maréchaux-ferrants avaient pour habitude de


placer au dessus de la porte de leur atelier, et cela au moins dès
le XVIIème siècle, un assemblage de fers à chevaux: Bouquet de Saint-Eloi.

Cette très belle enseigne de Port-Saint-Père (Loire-Atlantique) est entourée, selon


l’usage, d’une guirlande de lauriers qui rappelle la guirlande traditionnellement installée
chaque 6 décembre dans les forges.

CHEFS-D'OEUVRE DE RETRAITÉS
Le chef-d’œuvre de Réception ou de compétition n’épuise pas pour autant la
faculté de création du Compagnon. Aussi arrive-t-il qu’il exécute sa plus belle
œuvre au crépuscule de sa vie, en repensant son métier avec acuité et
nostalgie, s’ingéniant à condenser tout son savoir d’une manière éblouissante
comme une sorte de « testament ».
Châtelet en ardoise découpée à la scie (h.50cm) exécuté vers 1910 par le
compagnon couvreur Leseurre, dit la France Va de Bon Cœur, flanqué de
clochetons ajourés, façade de fausses fenêtres avec des silhouettes de
Compagnons, rosaces, croix de Malte, sceau de Salomon, outils du métier. →
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LE COMPAGNONNAGE AUJOURD'HUI
Le Compagnonnage français est aujourd’hui représenté par trois mouvements.
La façon de devenir Compagnon et de pratiquer le tour de France peut être différente d’un mouvement à
l’autre, mais chacun a suivi l’évolution de la société en s’adaptant aux aspirations des jeunes, aux
nouvelles techniques des métiers et à la demande des entreprises.
Chaque mouvement a développé son propre réseau de structures d’accueil sur tout l’Hexagone et même
pour certains à l’étranger.

L’UNION COMPAGNONNIQUE DES COMPAGNONS DU TOUR DE FRANCE


DES DEVOIRS UNIS

Créée en 1889 à l’initiative de Lucien Blanc, Compagnon Bourrelier Harnacheur du


Devoir dit: Provençal le Résolu.
Regroupant des compagnons des trois rites (Salomon, Jacques et Soubise), ce
mouvement voulait s’inscrire dans la lignée de l’œuvre de réconciliation entreprise
par Perdiguier.
Son siège est situé à Versailles à la Maison des Musiciens Italiens,
15, rue Champ-Lagarde.
L’Union compagnonnique des Devoirs Unis cultive
plusieurs particularités.
Elle demeure le seul compagnonnage à pratiquer une cérémonie de réception
identique pour tous les métiers.
Actuellement, seuls les garçons peuvent prétendre devenir compagnons au sein
de l’U.C., mais une réflexion est menée sur une éventuelle venue des jeunes
filles.

En 2010, l’U.C. est présente dans les villes de


Angoulême Lyon Tours
Autun Montauban Vernègues (Aix)
Bordeaux Montpellier Versailles
Brive Nantes
Dambach-la-Ville Nice Bruxelles
Châteauroux Nîmes Genève
Fougères Paris Lausanne
Fumel Rennes Neufchâtel
Harfleur Surgères
La-Roche-sur-Yon Toulon

LES MÉTIERS PROPOSÉS PAR L’UNION COMPAGNONNIQUE


L’Union compagnonnique accepte beaucoup plus de professions que les deux autres
compagnonnages réunis. Près d’une centaine de métiers sont actuellement reconnus.

Alimentation Bois et dérivés Pierre et dérivés Cuir et textiles


Cuisinier Charpentier Carreleur Bottier
Pâtissier Ébéniste Couvreur Bourrelier
Boulanger Luthier Graveur sur pierre Harnacheur
Charcutier-traiteur Marquetteur Maçon Maroquinier
Chocolatier-confiseur Menuisier Plâtrier Sellier-harnacheur
Modeleur Potier Tailleur
Sculpteur sur bois Sculpteur Tapissier
Tourneur sur bois Staffeur-stucateur Teinturier
Tailleur de pierre
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Métaux et divers Divers
Ajusteur Horloger Doreur Maquettiste
Armurier Maréchal-ferrant Électricien Peintre décorateur
Bijoutier Mécanicien de précision Encadreur Peintre en bâtiment
Carrossier Métallier Enlumineur Peintre imagier
Chaudronnier Plombier Facteur d’orgue Peintre en lettres
Chauffagiste Serrurier Facteur de piano Photographe
Dinandier Tôleur-formeur Frigoriste Retoucheur
Ferblantier Zingueur Graveur sur verre Prothésiste
Ferronnier Imprimeur Souffleur de verre
Forgeron Jardinier-paysagiste Relieur
Joaillier Sérigraphe
Lithographe Typographe

ASSOCIATION OUVRIÈRE DES COMPAGNONS DU DEVOIR ET DU TOUR DE FRANCE

C’est Jean Bernard, la Fidélité d’Argenteuil, Compagnon Tailleur de Pierre du Devoir, qui prit l’initiative de
rénover le compagnonnage français en créant ce mouvement en 1941.
L’Association Ouvrière a été reconnue d’utilité publique en 1943.

En quelques décennies, l’Association ouvrière a constitué un réseau important


de maisons des compagnons à travers le territoire national. Actuellement, son
tour de France concerne les villes de:

Albi Épône Nantes Rouen


Angers Gap Nîmes Saumur
Angoulême Lamothe-Landerron Paris Saint-Egrève
Auxerre La Plaine-Saint-Denis Pau Strasbourg
Baillargues La Rochelle Périgny Toulouse
Besançon La Talaudière Périgueux Tours
Bordeaux L’Argentière-la-Bessée Perpignan Troyes
Brest Le Mans Pont-de-Veyle Villaz
Cagnes s/mer Lyon Poitiers Villeneuve Ascq
Cepoy Marseille Reims
Colomiers Muizon Rennes
Dijon Nancy Rodez
Elle possède des représentations en Belgique, Allemagne, Suisse, Irlande et Grande-Bretagne.

Depuis 2004, les jeunes femmes sont acceptées et


peuvent désormais devenir compagnons au sein de
l’Association ouvrière des Compagnons du Devoir.

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Vingt-cinq métiers sont proposés par ce compagnonnage:

Boulanger Mécanicien
Carrossier-constructeur Mécanicien de précision
Charpentier bois Menuisier
Chaudronnier Métallier-serrurier
Cordonnier-bottier Pâtissier
Couvreur Peintre
Ébéniste Plâtrier-staffeur-stucateur
Électricien Plombier
Forgeron Sellier
Jardinier-paysagiste Tailleur de pierre
Maçon Tapissier
Maréchal-ferrant Tonnelier
Maroquinier

FÉDÉRATION COMPAGNONNIQUE DES MÉTIERS DU BÂTIMENT

Créée en 1952, la Fédération est constituée de cinq sociétés :


-Société des Compagnons Charpentiers des Devoirs du Tour de France.
-Société des Compagnons Maçons Tailleurs de Pierre des Devoirs du Tour
de France.
-Société des Compagnons Passants Bons Drilles Couvreurs, Zingueurs,
Plombiers et Plâtriers du Tour de France.
-Société des Compagnons et Affiliés Menuisiers et Serruriers du Devoir de
Liberté.
-Société des Compagnons Peintres Vitriers du Devoir du Tour de France.

Chacune de ces sociétés régit son propre tour de France et dirige en toute
autonomie la vie de ses cayennes ou de ses chambres, tout en participant
à la gestion commune de la Fédération.
La FCMB est présente dans les villes d’Agen, Anglet, Annecy, Arras,
Avignon, Bordeaux, Grenoble, Clermont-Ferrand, Jeumont, Limoges, Lyon,
Marseille, Millau, Orléans, Paris, Saint-Nazaire, Soissons, Thouars,
Toulouse, Tours et Villeurbanne.
Elle est membre fondateur de la Confédération Européenne des Compagnonnages.
La formation proposée par la FCMB concerne les métiers de:

Carreleur Peintre vitrier


Charpentier Plâtrier
Chauffagiste Plombier
Couvreur Serrurier métallier
Ébéniste Staffeur
Maçon Tailleur de pierre
Menuisier

Le débat est ouvert pour l’acceptation


des femmes au sein de la FCMB.

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LA FORMATION
Le Compagnonnage : réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier.

LE COMPAGNONNAGE ACTUEL
D’après un texte collectif écrit et approuvé par les trois groupements compagnonniques :
« L’indépendance des trois sociétés assure à
chacune le choix de ses orientations et du
cheminement à suivre pour atteindre un but
commun, qui est d’accueillir des jeunes, de les
faire voyager et de leur permettre de se former
dans et par un métier. »….
« Nos instances nationales se rencontrent de
façon régulière car, pour chacun, les
problématiques sont les mêmes: évolution de nos
métiers, des modes et moyens de formation,
changement du comportement des jeunes, concours professionnels, etc... »

LE COMPAGNONNAGE DE DEMAIN
Pour la FCMB:
« … Le XIXe siècle fut l’apogée du compagnonnage, le XXIe sera
son renouveau »
Pour l’AOCDTF:
« En favorisant l’insertion professionnelle et sociale de la jeunesse,
le compagnonnage d’aujourd’hui prépare dans les meilleurs
conditions les hommes de métier de demain, un demain composé de
métiers dont certains restent sans doute à inventer ».
Pour l’U.C:
« … Demain, il faudra toujours des hommes aux mains adroites et à
l’esprit cultivé, sachant manier le compas et l’équerre. »

DEVENIR COMPAGNON A L'UNION COMPAGNONNIQUE


Pour entrer à l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis, il est nécessaire d’être un « ouvrier », et donc
de posséder au moins un CAP et être âgé d’au moins 18 ans.
Les étapes :
Sociétaire : après une courte période d’observation, un « parrain » suit le jeune tout au long de sa vie
compagnonnique. Il est alors sur le chemin du « Tour de France ».
Aspirant : c’est le moment de présenter un premier travail permettant de montrer ses connaissances du
métier.
Compagnon : après cette étape, il disposera de deux à cinq ans pour compléter son savoir et proposer
une pièce de réception : son « chef-d’oeuvre », qui devra montrer ses progrès dans la maîtrise
professionnelle et ses connaissances compagnonniques.
Une fois le titre de Compagnon atteint, son chemin n’est pas fini, il continuera d’apprendre, commencera à
transmettre et pourra prendre part à la gestion d’une cayenne.

DEVENIR COMPAGNON CHEZ LES COMPAGNONS DU DEVOIR


L’accès aux Centres de Formation est possible pour les jeunes gens et jeunes filles âgés de 16 à 25 ans,
d’un niveau scolaire minimal d’une fin de classe de troisième.
L’alternance, maître mot de l’apprentissage, est une formation acquise en situation de travail dans une
entreprise, ainsi qu’une formation plus théorique dispensée dans un CFA.
On devient ensuite Compagnon en suivant une méthode d’enrichissement personnel et professionnel
basée sur le métier, le voyage et la communauté.
Il faut, pour commencer, être âgé de 18 à 23 ans et justifier d’une première qualification professionnelle
dans l’un des 25 métiers reconnus par l’Association.

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Pendant son « Tour de France », il faut résider dans les lieux de passage des Compagnons du Devoir : ils
y proposent gîte, couvert, cours et formation complémentaire.

DEVENIR COMPAGNON À LA FÉDÉRATION COMPAGNONNIQUE DES MÉTIERS DU BÂTIMENT


Pour intégrer un Institut de formation, le jeune doit au
minimum sortir du collège après la troisième.
Il prépare ensuite en deux ans un CAP ou en trois ans un
Bac Pro.
La semaine de cours est constituée de 50% d’enseignement
général et 50% d’enseignement technique et professionnel.
Un diplôme de base en poche, il part faire son « Tour de
France ». Il va d’étape en étape sur le réseau des sièges
de la F.C.M.B., au rythme d’une ou deux villes par an, en
tant que salarié. Il change périodiquement d’entreprise, de
région, voire de pays, la Fédération Compagnonnique des
Métiers du Bâtiment étant un des membres fondateurs du
Compagnonnage Européen.

LES MAISONS DE COMPAGNONS


Que ces sièges soient nommés cayenne, mère, prévôté ou maison, en fonction des particularités de
chaque mouvement, ils ont toujours pour règle de fournir aux compagnons de passage ou en formation un
lieu d’accueil où ils sont assurés de trouver gîte et couvert.
Les maisons sont gérées par des compagnons:
-Les responsables : le provincial et le prévôt.
-Une Mère, quand il y en a une, ou une maîtresse de maison, gère l’intendance et veille à la bonne tenue
de la maison.
Des professionnels sont au service des jeunes pour l’enseignement, la restauration, l’hébergement.
De nombreux compagnons sédentaires s’impliquent bénévolement dans l’accueil, la transmission et
l’animation culturelle.
Elles comprennent : salles de cours - ateliers- chambres - salle à manger-
bibliothèque - salle de détente.

LES CENTRES DE FORMATION


Les CFA des Compagnons du Devoir sont tous implantés dans les Maisons des Compagnons.
L'Association ouvrière des Compagnons du Devoir se dote progressivement de structures spécifiques aux
métiers, l'objectif est de créer un institut pour chacun des métiers du Compagnonnage du Devoir.
Deux centres de formations sont rattachés à l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis. À Brive, l’UC FCP
forme aux métiers du bâtiment et à Nantes, l’AEPUC intervient dans les métiers de bouche, des arts, de la
décoration et du bâtiment.
En plus de ses centres de formations répartis sur les différentes régions, la Fédération Compagnonnique
des Métiers du Bâtiment a ouvert un Institut Européen de Formation, qui permet une ouverture
internationale.

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LA FONDATION DE COUBERTIN
Lieu de formation basé sur l’alternance, l’école accueille chaque année
une trentaine de stagiaires venus se perfectionner dans les « Ateliers
Saint-Jacques » et la « Fonderie de Coubertin », dont la réputation
d’excellence est reconnue au-delà de nos frontières.

L’ENCYCLOPÉDIE DES MÉTIERS


Cette oeuvre titanesque est un ouvrage collectif réalisé par l'association
ouvrière des Compagnons du Devoir. Le travail est ambitieux et exigeant. Son but est de rassembler
l'ensemble des connaissances actuelles et historiques des métiers.

LA MERE DES COMPAGNONS


Comme autrefois la femme aubergiste, aujourd’hui, la maîtresse de maison est
étrangère aux affaires compagnonniques.
Si celle-ci remplit bien sa mission, les compagnons la sollicitent pour devenir
Mère des Compagnons. Une cérémonie spéciale de réception lui est même
accordée, elle va porter des couleurs distinctives.
Aujourd’hui, la mère peut être issue de la société civile. Son rôle s’ouvre
dorénavant à la vie communautaire au sein d’un siège.
Les jeunes lui témoignent toujours un grand respect.

DU SAVOIR-FAIRE AU SAVOIR-ÊTRE

Réunis en assemblée, les compagnons procèdent à la lecture, à haute voix, de la règle pour les nouveaux
venus en compagnonnage.

DEMAIN …
Journées portes ouvertes, déplacements dans les collèges et les lycées, les compagnons ont su s’investir
dans de nouveaux chantiers pour se faire mieux connaître en rectifiant les idées fausses qui circulent
autour du compagnonnage.

En ce début de troisième millénaire, le compagnonnage, dans sa pluralité, affiche un nombre croissant de


candidats désireux de bénéficier de la formation et de la culture compagnonnique.
Tout en s’adaptant aux contraintes de la modernité, il n’en a pas pour autant perdu ses traits spécifiques et
perpétue ses caractères originaux : mobilité, solidarité, recherche de l’excellence, qui font de lui un
mouvement unique.
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REALISATIONS ET RESTAURATIONS
AUXQUELLES DES COMPAGNONS ONT PARTICIPE

RESTAURATION DE L' ARCHANGE DU MONT SAINT-MICHEL

En mai 1987, la statue est hélitreuillée et démontée pour restauration dans les
ateliers de la Fondation de Coubertin par des compagnons chaudronniers. M.
Palomares, doreur, y applique ensuite cinq-mille feuilles d’or.
La délicate remise en place de l’Archange est effectuée en octobre 1987 avec
l’aide de compagnons venus de Nantes, Angers, Epône.

L’échafaudage de la flèche a nécessité quatorze tonnes de bois. Il a été réalisé


par des compagnons charpentiers d’une entreprise de Coutances.

CHANTIER DE LA SAGRADA FAMILIA de BARCELONE

Commencée en 1882 sous la direction de l’architecte Gaudi, cette basilique mineure de


Barcelone est toujours en chantier aujourd’hui. La fin de la construction est prévue vers
2030…

Des compagnons français participent aux travaux: des tailleurs de pierre mais surtout
des stucateurs qui créent d’innombrables statues et décors selon les méthodes
traditionnelles.

RECONSTRUCTION DE l’HERMIONE

Cette frégate construite en 1778 à l’arsenal de Rochefort s’est échouée en


1793. Deux siècles plus tard, une association a décidé de la reconstruire à
l’identique. Le bâtiment mesure 44,20 mètres de long sur 11 mètres au plus
large. Il comporte 32 canons.
Plusieurs compagnons et aspirants ont apporté leur savoir-faire à cette
réalisation.

OBSERVATOIRE DE STRASBOURG

La rénovation du dôme de la grande coupole de l’observatoire de


Strasbourg a représenté, pour les couvreurs qui l’ont effectuée, un
travail complexe et exceptionnel.
Cette coupole, construite en 1881, est conçue pour tourner
intégralement sur elle-même. Elle comprend deux trappes
d’observation permettant la visée de la lunette astronomique.

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CHÂTEAU DE BLANDY-LES-TOURS (Seine-et-Marne)

Restauration de la charpente du donjon et des tours.


Toutes les charpentes ont été pré-montées en atelier afin que tout s’emmanche parfaitement, puis
assemblées au pied de la forteresse sur leurs enrayures respectives.
Le levage se fit à l’aide de grues de 50, 100 et 200 tonnes. Lors de la restauration du donjon, le crochet de
la grue se trouva à 45 mètres au-dessus du sol avec une charge de neuf tonnes de charpente taillée.

STADE DE FRANCE

Levage de la charpente métallique du stade de France, véritable auréole


flottante à 40 mètres au-dessus de la pelouse. Sa forme en ellipse symbolise
l’universalité du sport. Sa surface (6 hectares) et sa masse (13000 tonnes soit
une fois et demi celle de la Tour Eiffel) constituent une prouesse technique.

VÉHICULE PROTOTYPE « COLZER »

Véhicule de type sport proto à motorisation, de petit cylindrée, écologique,


devant rouler le plus rapidement, le plus loin, le plus légèrement, le plus
régulièrement et le plus silencieusement possible, avec dix litres de
carburant.
Réalisé par des élèves ingénieurs de l’Ecole Centrale d’Ecully et les
itinérants de la Maison des Compagnons du Devoir de Lyon (chaudronniers,
carrossiers, plâtriers).

HÔTEL-DIEU DE TROYES

Cette grille, considérée comme un monument de ferronnerie, emblématique de l’art de la serrurerie


baroque du XVIIIème siècle, a été restaurée en 2005. Après avoir été mis à nu, les éléments nécessitant
d’être remplacés le furent à l’identique en fer pur en respectant les techniques traditionnelles : forgeage,
tenons et mortaises, goupilles, clavettes etc...
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RESTAURATION D’UNE AUTOMOBILE D’AUTREFOIS

Cette automobile De Dietrich, modèle « Grand Duc » datant de 1897 et


restée dans son état d’origine, a bénéficié d’une restauration dite
« conservatoire ».
Le travail a été effectué par un Compagnon sellier-garnisseur.

MAIRIE DE SAVIGNY-LE-TEMPLE

Escalier à double évolution donnant accès à la salle des mariages de la mairie de


Savigny-le-Temple (77).
L’ossature est en sapin, assemblage par lamellé-collé, les marches sont en orme.
Réalisation: Compagnon « Rouergât la Fidélité » avec le concours de « Nantais
l’Ami du Trait » en 1986.

CARRIERE D’AUBIGNY en BOURGOGNE

La pierre de cette carrière de calcaire, déjà exploitée


à l’époque gallo-romaine, a été utilisée entre
autres pour la construction de l’Hôtel de Ville de
Paris et de l’Opéra Garnier.
Aujourd’hui, les compagnons utilisent la carrière
comme lieu de transmission de leurs savoirs et de leurs pratiques.
Cet escalier, œuvre collective, a été inauguré à l’Ascension 2011, jour de fête patronale des tailleurs de
pierre.

CHÂTEAU DE GROSBOIS à BOISSY-SAINT-LEGER

Restauration et remplacement des éléments en pierres de taille,


réalisation des enduits, plâtre et chaux avec finition au balai de buis.

SALONS DE MADAME DU BARRY A VERSAILLES

Restauration à l'identique

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LE COMPAGNONNAGE A ÉTÉ, EST, ET SERA

Dignes héritiers des bâtisseurs de l’Antiquité, les compagnons, véritables « chevaliers du métier »,
selon George Sand, ont appris, perfectionné et transmis leur métier.

Le tour de France leur permet d’approfondir leurs connaissances par l’apprentissage et les
relations humaines. Le compagnon cherche à s’instruire, éveiller sa connaissance. Le voyage a
pour but le passage du professionnel à l’humain.

Le Compagnonnage, première association ouvrière qui au cours des siècles a su:


▪ garder, parfois au prix de lourds combats, sa liberté d’action concernant la formation, le
perfectionnement et la transmission du « métier ».

▪ créer et assurer une solidarité pour le placement de l’ouvrier formé et pour les difficultés
rencontrées par eux et leurs familles. En effet, grâce aux cotisations payées par les
membres de la société, une aide pouvait être apportée aux familles en cas de
maladie ou décès.
Par la suite, les mutuelles, les syndicats, les lois sociales s’inspireront de ce
procédé.

▪ s’adapter à la société nouvelle en introduisant de nouveaux métiers, des techniques


modernes et en permettant peu à peu aux femmes d’être compagnon à part entière.

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BIBLIOGRAPHIE
LIVRES

Les Compagnons ou l'amour de la belle ouvrage François ICHER


Le Compagnonnage (P.U.F.) Bernard de CASTERA
Les Compagnons du Tour de France aujourd'hui Jacqueline CANTALOUBE
Ils voyageaient la France Pierre BARRET et
Jean-Noël GURGAND
Agricol Perdiguier Jean BRIQUET
Mémoires d'un Compagnon tailleur de pierre Alexandre GRIGORIANTZ
Le Compagnonnage, histoire, rite, coutumes Martin SAINT-LEON
Le livre d'or du Compagnonnage Frédéric TRISTAN et
Jacques THOMAS
Le livre du Compagnonnage Agricol PERDIGUIER
La légende des Compagnons - Musée de l'outil Dominique NAERT
Compagnons au fil de la Loire Laurent BASTARD
Chefs-d'oeuvre de Compagnons Laurent BASTARD
Chefs-d'oeuvre de Compagnons Roger LECOTTÉ
La France des Artisans et des Métiers François ICHER
Les oeuvriers des cathédrales François ICHER
Des hommes de Devoir - les Compagnons du Tour de France Nicolas ADELL GOMBERT
Sagesse des artisans au jour le jour François ICHER
Les Compagnonnages en France au XXè siècle François ICHER
Maréchal ferrant au XXè siècle Jean MAUPIN
Compagnons et bâtisseurs - Récits, contes et légendes François ICHER
Compagnons du Tour de France François ICHER
L'esprit du Compagnonnage Jean-Pierre BAYARD
Mémento d'Histoire de France O. VIGNIER
L'Outil Paul FELLER
et Fernand TOURRET

SITES WEB
Recherches de Jean-Michel Mathonière
Centre d'Etude du Compagnonnage
Association Ouvrière des Compagnons du Tour de France
Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment
Union compagnonnique des Compagnons du Tour de France et des Devoirs Unis

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