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Sempé-Goscinny

Les récrés
du petit Nicolas

§
+o'
Denoêl à'o
ato
râ'u'
Alceste a été renvoYé

Il est arrivé une chose terrible à l'école : Alceste


renvoyé I
ir été
Ça s'est passé pendant la deuxiême récré du
nratin.
Nous étions tous 1à à jouer à la balle au chasseur,
vous savez comment on y joue : celui qui a Ia balle,
c'ost le chasseur; alors, avec la balle il essaie de
tapeÍ sur un copain et puis le copain pleure et
clovient chasseur à son tour. C'est três chouette' Les
sculs qui ne jouaient pas, c'étaient Geoffroy, qui est
absenf ; Agnan, qui repasse toujours ses leçons pen-
tlant la réõré, et Alceste, qui mangeait sa derniàre
tartine à la confiture du matin. Alceste garde tou-
jours sa plus grande tartine pour la deuxiême récré,
qui est ú, p"u plus longue que les autres' Le chas-
sêur, c'était Eudes, et ça n'arrive pas souvent :
comme il est três fort, on essaie toujours de ne pas
l'aÍÍraper avec la balle, parce que quald c'est lui
qui chãsse, il fait drôlement mal. Et là, Eudes a visé
ôIotuit", qui s'est jeté par teÍre avec les mains sur la
éditictn 1994'
tête; la bâile est passée au-dessus de lui, et bing !
O í.,liri,,n, I)erut'el' l96l' et nouvelle
pout la préscnte édirir»t' elle est venue taper dans le dos d'Alceste qui a
ul ini,,,rm Gallimarl' 1994'
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d-e'la confi- r",i ouverte et le dirccteur est entré. avec
est tombée du'côte I s'e St
tâché sa tafline' qui i[ esl-devenu tout , l, r'l le llouillon.
rure. Alceste. ça ne
rJ íàr pr, : ,
^ des cris I alors' le I )t lrorr[ I a dit la maitrcsse.
rouge et iI s'est -"'a"{o"ter
b"J,íit* - t'ttt not'" 'u,eillant - ]l ::: ""nu pas
"n \ssis I a clit lc directcur.
voir t" ;;;passait tt q,Yll n'a
'
ll rr'rrvait pas l'air content, lc directcur ; le
courant pour et ,rrrllr)n non plus; Alceste. lui, il avait sa grosse
vu. c'est [a tafline "t
ii;';;ithé dessus"i[ a glissé i.
r
le Bouillon' il avait r rr L loLlto pleine de larmes et il reniflait.

il a tailli tomber' l u et?;;;;;' ça iu'le s cufants, a clit le direcleur. votre camarade


tout plein de contituie
t" tu chaussure'Alceste'
'r?""ti;;'e' il a a.gité les bras et il a crte : , r( (l'une grossiàreté inqualifiable avec le Bouil...
tn'"nl'ui po*"'-i11luit" , M. Dubon. Je ne puis trouver d'excuses pour
atten-
r
- Nom o't'n quoi' sans nrilnrluc cle respect vis-à-vis t1'un supérieur et
tion oü vous mettez
i"t úot ? C'esivrai'
I rrrr ;riné. Par conséquent, votre camaradc est ren-
blague ! '1
,it ll n'a pas pensé, oh ! bicn sür. à la peine
"'il?iuit drôlement en colàre''AlcSste-; t faut dire
.,rÍuense qu'il va causer à ses parents. Et si dans
q,r i ;;'i;;i.r":l iX i: ?;;?l:' iJi: n§,t;; ,r,'rrir il ne s'amendc pas. il finira au bagnc. ce qui
pu, non plus. r te sort inévitable de tous les ignorants. Quc ceci
lli?.lilJ?H"?il3llru,uiãans les"yeux'
"o,tent il a dit à ' 'ri un cxemplc pour vous tttus !

- Regardez--o'^Ul"o
que vous avez dit ?' l 't puis le directeur a dit à Alceste c1c prendre ses
Alceste ; qu'est-ce
- J'aidit que oü chien' zut"]ous! Ít'avez 'i,iiles. Alceste y est alló en plcurant, ct puis il est
"à"* t";-mes tartines a crié , rr I i. avec lc directcur et le Bouillon.
pas le droit de tli'"ol'" Nrlus, on a tous été três tristes. La maitressc
Alceste'
ceste'
Alors, le B o uillon ?
pl'
+l::-tt " ti:,i :"t'3;"
,ll:,Si.

avec ru;;í;[áilí.u"r" H', la confi- .l'cssaierai d'arranger ça. elle nous a protnis.
,l'a ernmene :;:l:"'i.,i.ti,
"tl?§r" l:x':
"il3 de itlri:
""]r:1
i'sr qu'clle peut être chouette la mailressc. tout
quand ilmargfal]'^11^ ,l, ntême !
I"t" q"'it avait au Pied ()uand nous sommes sortis de l'école, nous avons
;lxl'íl ffi üi*d":: :, : ::,T;f ,l*
oü:*:';: r,"rffi ;;; : y:::":Y, , rr Alcestc qui nous attcndait au coin de la rue en
pul-à"""r" eu le:iff
,n.::. M. ly'Ioucnaurvrvr"
récré. "?,i"4
IlT:
de
temps ru;rngcant un petit ptrin au chocolat. ll avait l'air
pour lequel entrês en
r.x":,tH'
tÍouver .llffi 1üü
"""t-l^1I^^r^ frNôrs sommes
un surllout :)il;;;;j;uÍs:x'Hpas":"*lT:
revenu. La ;: r, )ut triste, Alceste, quand on s'est approchés de lui.
T'es pas encorc rentró chez toi ? j'ai demandé.
classe et Alceste n
e-
Ben non, a dit Alcestc, mais il va falloir quc j'y
rnaitre-sse it eltc cltottttoe ' ,? elle nous a
c Alcostc rrlle, c'ost l'hcure du déjeuncr. Quand je vais racon-
Mais
- oü es1 tl
tcr ça à Papa et à Maman, jc vous parie qu'ils vont
u"ilàLl".,,tons porte de
t()us lui róp.nclre' quand la rrrc priver de desscrl. Ah ! c'est le iour, je vous jtLre. '.

rl
r rrr.ilrtl llr r.úcré a
sonné, nous soml1les tous cles_
Et Alceste est parti, en trainant les pieds et en , Ír.
s;rul ('l,ttrire
qui esf pr,ri. .ãÀr;;;rq*
mâchant doucement. On avait pÍesque l'impression ,, ,trr'il cst interrogó. Dans l; ;;., pendant
qu'il se forçait pour manger' Pauvre Alceste' on r, \l,,.sle ntangeait son sandwich au lromage,
était bien embêtés Pour lui. ,,i .r (l(.nriulclé comment on
ça s,é1ait pu*J
Et puis, l'apràs-midi nous avons vu arriver à ,' , .r.u.rlu clirccteul et puis le gouif l;-;ri
Oun, t"
arrivé.
l'école la'maáan d'Alceste, qui n'avait pas l'air ,\lkrns, allons, il a ciit, laissez
contente et qui tenait Alceste par la main' Ils sont ', ,rrilrrillc ; I'incident de ce matin estuoir""-àu_o.n,f"
entrés chez ie directeur et le Bouillon y est allé
ierm"ine, attez
'rr,r !AllonsI
aussi. I t il a pris Maixent par Ie bras
et Maixent a
Et un peu plus tard, nous étions en clas'se quand ,,,rnt'(rló Alceste
et le iandwich au-fràrnagc est
le directêur est entré avec Alceste, qui faisait un ,rrrl,,:
l.ritr lcrfe.
gros sourire. \ lors, Alceste a regarclé
le Bouillon, il est
- Debout ! a dit la maitresse' , ,,',,, tout rouge,
il s,est mis à agitei i" t"*r,
Assis ! a dit le directeur' it ,
- ,:
"t
Et puis il nous a expliqué qu'il avait décidé d'ac- Nom d'un chien, zut ! C,est pas
cordei une nouvell" à Alceste' Il a dit qu'il ,rl:r croyable
t;uc v()us rec()mmenccz I C.cst vrai. !

le faisait en pensant aux


"har""
parents de notre-camarade' rr,'ut.. vous qurli, sans
etes incorrigihle
qui étaient àut tristes dévant f idée que leur enfant I

risquait de devenir un ignorant et de finir au bagne'


j V.,tr" camarade a fait des excuses à M' Dubon,
qui a eu la bonté de les accepter, a dit le directeur ;
j;espàre que votÍe camarade sera reconnaissant
Lr*tt cetie indulgence et que, la leçon ayant porté
et ayant servi dãvertissement, il saura racheter
dans l'avenir, par sa conduite, la lourde faute
qu'il a
commise aujourd'hui. N'est-ce Pas ?
- Ben... oui, a réPondu Alceste'
Le directeur l'a regardé, il a ouvert la bouche' il a
fait un souPir et il est Parti.
Nous, ot etait drôlement contents ; on s'est tous
mis à parler à la fois, mais la maitresse a tapé sur la
table ávec une rêgle et elle a dit :
regagnez votre
- Assis, tout le monde. Alcestepassez au tableau'
place et soyez sage. Clotaire,

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