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p MlSgGYNËs

MUS|EJE.LI=s RTTIONS

radio'La scene
c'est plutÔtsilence
En France,pour l'instant' sexuelser
Weinsteln'la prÉ'urué" des prédateurs
de la sordideaffaire hexagonaleserait-elle
; J eouisles révélations sortie de son
ainsi que"celle de la oun' le cadre cie la
f 4 parotedesactrice;;st libêrée' #MeToo er des machistesde tout ooili
T
société clvile à travers
les phénomènes
que soit son sentiment sur cette manlere i,*",;,;,,"n,'"!lî"0i",ïl::';i'jËi::i;,:ï:'i:,i:::i:
poser avec '": u"::-:.":,""
rBalanceTonPorcGuel les nouverres raprofessions'estsurtout
';,:;;oe
remmesont prisd'assaut ;r;J'.
;:î#; ; tàou""'' les
des sévices
pourraitnuireà sacarrrere:"1::l^ cluoalmarès des
tribunesdes réseaux
'ot'ul't oo" rappeler'Î
qu'ettessubissent'Un
pot :"^i']::
pourri d'omerta et ;;";"0"'.':i:1:::'l^.115i''J1,",.i:1":ii::",es(Anne
du Jazzqut ne -vélation
et des humiliations Victoires rT ins-
et harcèlements sexuels d'un cÔtê;
ràtu Bessonen 2015comme
d'inaudible.Viols,agressrons les têmol- ;".*;; "'Airelle '"t nominésétaient des hommes'
conduites machistesde I'autre' trumentale)Eî 2011't*' JoëileLeandrequia écrit'
dragueslourdingues et
manières au rlsque
gnages brassentl'abject
et les mauvaises
re:uiem de l?
coup de gueulede 'u -ni'"iu"iste pourluiposerla question:
final ulto'*t
marscomposant au Yl en décembre,unelettre
"'-i''"'ur;le' encoreet encore'aucune
de tout mélanger' mYSi.cl,e^1fies ont sulvl'
l'etranger'certaines "Commentse fait-it o''ou
conditionféminine A

décembre2016'lors
#:ïi;*i iÏ
;";',P,é::9:,,r",1::;;[::::l;m?ffi
oe I
un poillasson
,àÀ" n" softnommée?"
une "pontotonnade"'

tiens devant vous comme


^ptl. tlRE %s'TFu'Falw@tq!
cri de révolte ' "Je me
àÀli*,-*,"":.,:::^::i;::t',n;:':iï*ï::*?"ii
tacitesde I'industriedu
o por tes on part de loin n t'opera'
à partlr- o'*Y5:::l:' blenséance
remplacées pardes
à êlre""obiéifiée 'on"Unu"U'"ment
de "iouer '" i"u'làu'consiste obllge,leschanteuses une éducatron
obligées salope"' i"'t""trn"t reçoivent
"s'hobillercomme une castrats.A cette
i.tit"t;t''t tul:loj:'"nn" Amber "ooou"'divertir lesinvitésdesdînersbourgeols'
Ouelquet"tp' uuunt'iu
songwriteuse musicale ,niqu"t"nt po" maisjouée
proi"tto" tf'u'celée sexuellement par Heath-
maloritaii"*""i '" harpeà la rigueur'
Piano et chant le
Coffman des Dirty dans i utarterlesjambes'comme
o'ti-t" â'U'U d" t"'"t:l:.:-'bliques en amazonepourne ott ""ït
cliff Berru, directeur votx
la musique)avait réveteliaffaire
sur Twitter' Depuls'
celles
d'autres
de-'Bjôrk (au sulet :f :::'i:
,upp"rr"Frorence:"4f"5::;:]'J:"J"ïSffi
se sont élevées"'
t"' rél"uu" sociaux'
l'réotisateur danoi's")'d'Alice Glass obscènes Lesinstrumentsà
du harcèlemento'un
tuii'n
de Jack Off ::îl'',",ï ii.iX''jllt'";;;;" uu petit gabarit'maistout ce qui est
tt"i"' de JessickaAddams cordes?On tolère'" "'l'à" cuisses'
du groupe Crystal "t leurs groupes) En 2018' les con- qui doit se calerentre les
Jill (violéesOu' 'n t"*O'e
de
sexueres plusimposant't"r r" uioËit"rll compositrice et pianiste
qu,rts,agissedes viorences o"X" siècle' la
fessionsen ligne onr e^pLse, pas question! ou ouo'i
dernier' Scandl-
en
!"*ttn" latent L'hiver
ou, plus largement'O' miso9ynes N a d i a B o u l a n g " . . o o , , - " l e s u s a g e s e nde
é tgrands
a n t l , uensembles
nedespre.
o.,o.u,ountleScomportements o'"oltn""re à diriger
navie,deux pétitions must- mièresfemme"n"t' musique" recevra
ont été signées par 3OOO gtalluni' Lu "'"in" de la
dans le cadre professlnn"r en Franceet aux Coplandà Daniel
L'initiativea fait des émules oà' -tOttn"urs' d'Aaron
ciennesno'ueg'"nn"'-"t
suédoises dans sa classel'élite SÛrqu'elte
de jazz women u"n'v
mobilisation O un coffectltinternational Barenboim, ou"u'i"oliei""" ":-o'T':o'"* autrichien
avec la ap- "n zéropoi'ià uucereorechefd'orchestre
puis celle o't*:::-1:ttraliennes' auraitcolléun femmeest
(www wehoveuo''" oà) musicale dans q'i déclara "La place
gene'urdans l'industrre Herbertvon f<u'uiu'i' " 'd'une "
pelantà 'n tnung"t";i un orchestresymphonique
O"uO"e" sur le site theindustryobserver' donsla cuisine'pa' dans
une lettre *VfeNoVor'e'

DEVANT V-OV:coMME uN PAILLASSON'


"JE ME TIENS ARTISTE'''
JE VEUi;iÉÈ TANî6È TTI.AT'I'E
Èr.I
OH,
2016
MApONNA,ËN!nÉcgtnnpRË

ô5
t D^55
culT R|ST
ENQUETE
des annéesBO et 90. Rienà voir avec les souillons
Joan Jett et ses copinesdu mouvement Riot Grrrls
- u n c o l l e c t i fd e m u s i c i e n n e ps u n k - r o c kd é f e n d a n t
ouver,tementles idéesféministes,comprenant,entre
autres,les BikiniKillde Tobi Vail (initiatricedu Lady-
fest, festivalregroupantartistesrock féministeset
lesbiennes),Bratmobileet L7 -, qui sortent les riffs
et jes griffes contre cette imagerierock misogyne.
Potardsà fond, la guitarese joue pleinfer ou finit,en
concert,dans la tronche des machos.
Rock,rap,jazz,musiquesactuelles,world ou clas-
s i q u e . .A. u j o u r d ' h u ii,l y e n a p o u r t o u s l e s m a u v a i s
goûts. "Le stotut de musicienne de jozz ne volait,
dans les onnées 1930, guère plus que celui d'une
prostituée", affirmait en 2015 dansLe porisienJean-
PaulRicard,fondateuret présidentde I'Ajmi(Asso-
ciationpour le Jazz et Musiquelmprovisée).Le rap
et ses clips rempllsde bimbos légèrementvêtues
quelsque soientlesdécors(cabriolet,piscine,clubs,
vorre pistes de ski)? "L'industriemusicole
n'a pos fait un très bon boulot pour dé-
fendre le pouvoir des femmes", a regretté
W i l l . i . a md a n s u n e n t r e t i e na c c o r d é à
Voriety en )anvier.ll visait ses conf rères
rappeursmaisaussiles rockers,dont il
fustigele slogan"Sexdrug & rock'n'roll",
réduisant la femme à "une simple res-
source".Si dans le milieuclassique,le
statutd'instrumentiste n'est pas con-
fisqué aux femmes, il existe encore
quelquesponcifsque traque lajour-
nalisteAliette de Laleu sur Fronce
Dansle milieude Iaguitâre,il a falluquelques lnter. Fin 2O"16.elle épinglait Lea
révolutionspour que I'instrumentse démocra-
tiseet qu'ilne soit plusqu'uneaffaired'hommes_
La marrainedu rock'n'roll,RosettaTharpe,n'a-
t-ellepas été rayée des manuelsde I'histoiredu
rock? Gujtaristeaccomplie,pionnièredu gospel psalmodiéè la
six-cordes,elle a influencéles ChuckBerry,Lit|e Richard,Elvis,
maisn'ajamaisété conviéeà la tablede ces demi-dieuxdu rock.
Trop avant-gardiste, trop controversée.Trop femme? Dansles
années 50, la compositriceet concertisteclassiquelda presti
ouvre une nouvellevoie en menantde front une carrièreinter-
nationaleen solo,en plus de son duo avec son mari Alexandre
Lagoya.
I
Dansles annéesBO,le "guitar-heroism" se conjugueenfinau
f é m i n i nq u a n dJ e n n i f e rB a t t e nm o n t e s u r s c è n ea v e c M i c h a e l
Jackson,parfoissous les quolibetsdes idiotspour qui Ia guitare
demeure I'instrumentphalliquepar excellence,un symbole de
viriiité.Un manche.On (se) gratte le bout de bois,mais pas les
méninges: en 2O1i,le classementdes "1OOmeilleursguitaristes r
de tous les temps" du mensuelaméricainRoilingStone (le dernier
en date) faisaitune minusculeplace à Joni Mitchellet Bonnie
Raitt,respectivement75ème et g9è'".patrickJuvet, qui chantait
en1977 "Où sont les femmes?",passeraitpresquepour un vi-
sionnaire.Pire,on ne compte plusles Top'lOdes guitaristesles
plus sexy qui pullulentsur le net ou des divers magazinessoi-
disantmusicaux.Bas résille,jupe ou short en cuir,cheveuxpro_
pres même en bataille,"fuckfaces",ces grimacesmaismaquillées.
les rockeusesont le droit de jouer les vilainesfillesà condition
de restergirly,si I'onen croit lesclipset les pochettesd,albums

ôô
cutT^BtsTe D 55
-\ ^ Ê-r
l=t \\y^ri= ll=

o S p e e c he l K o n b t n ic, ' e s t . " L e p c : . a ^ a a . c e 3 - c o - e a - - - - a a


luste o cate de tot olors que c'est toi qui o produir tout i rttc_--
C'est quond tu fois un clrp et qu'on te propose de te dénuc=-
olors qu'il s'ogit d'une chctnsonsur la dépression."Ce sont êuss
d e s b l a g L e ss a l â c e ss. u r t e l p h y s i q u et,e l l e t e n u eo e s c e ^ e e -
d e s v e x a t i o n ss, o u r i r e se n c o i n .E n f i l i g r a n ec, e n ' e s t n i p l u s n
moinsqu'undénide statut: lesfemmesne sont pas rnustctennes.
ellesfont de 1arnusique."On connaîtla chonteuse,le musicien.
plus rorement lo femme tnstrumenttste... En tant que violoniste
oltiste,je n'oi jomais ressenti de condescendonce,olors qu'en

Salamé,qui,dansson émissionStupéfiont,présentaitlê star


g e o r g i e n n eK h a t i aB u n i a t i s h v i(lst u r n o m m é e, , l aB e y o n c e
du piêno") comme "une ortiste qui o lo réputotion de jouer
comme un homme mais en robe fendue."Les femmes.les
h o m m e se t l e s b û c h e r o n sô p p r é c i e r o n i .

€-fiç,flrrz?HNt/srQAF
P o u rf a i r eb o u g e rl e sl i g n e si,l f a u d r a i d
t é j èc o m m e n c e rp a r ;
ne plusse focalisersur les courbes."La musicienne,et ptus
particulièrement la chonteuse,reste dons I'imaginoirede certoins tant que chonteuseet guitonste de musique pop-folk,je me
une fille facile",se désole la compositrjcefranco-peruvienne suisheurtée a des rngénieursdu son qui ne me prenatent pos
ChristineAudat, qui traite du sujetdans sa chanson"Amâzone_ ou serieuxduront lesbolonces. C esr qui cette chanLeLSe qui se
s u r - S e i n e L" .e m a c h i s m ed a n sl a m u s i q u ec, o n c r è t e m e n tc,o m - la joue?" J'oi porfois ressentiune forme de mépris,',oDserve ta
m e n ts e t r a d u i t - i l S
? e l o nF l è c h eL o v e ,e x - c h a n t e u sdeu g r o u p e JeJnecon posirriceLonr^yVonten'r.
s u i s s eK a d e b o s t a n y d , â n s u n e v i d é o r é a l i s é ep o u r i e s s i t e s "Pendantlongtempsj'oi été un peu najve et j'ai accepte beou-
coup de chosessons b roncher,avoue EmelMathlouthi,voix de
la révolutiontunisiennede 2O11avec son hymne contestôtaire
"KelmtiHorra"("lVapôroleest libre").Puisen trovoillantsur mon
dernieralbum, Ensen,Têsursp asséepor de mouvaisesexpériences
qui m'ont ouvert les yeux... Dès qu'an commence a fojre de lo
production ou de lo réaltsotbn, on foit face d de la résistance
et un monque totol de conftonce.Certoinsont même refusé de
coréaliseravec moi sous prétexte que ce n'étoit pas un travail
pour moi. La ou j'ai vu un loup,je me sursenfuie,pour fatre mon
chemin daucement, sûrement, et ne jomais devoir avotr nonte
ou me dêtester."
D e s p y g m a l i o n so r n n i p o t e n t sd u s i è c l ed e r n i e ra u x b o n S a -
m a r i t a i n sd e s h o m e - s t u d i o sq u i d o n n e n t d e s c o u p s d e m a i n
b a l a d e u s el ,e d i c o d e s m a n i p u l a t i o nnse m ô n q u e n tp ô s d i t e m s
c r a p u l e u xU. n e x e m p l e: p r e m i è r ep a r t i ev, r â ic o u p d e p o u c eo u
promo canapé? "Je me suis retrouvée dans une situotion ou un
ortiste, qui m'a offert sespremières parties françoises, jnstallait
unjeu de séduction et un ropport de pouvojr du fait de sa noto-
@ riété. ll se permettoit de commenter ma monière de m'habiller.

ôô
CUITARSTè DA55
ENQUETE
j e u n e e t f r i v o l ea t t a c h é ed e p r e s s e ,l e j o u r n a l i s t ea d e p t e d u
pince-fesseau premierdegré, les groupiesdélurées,les stars
qu'ilfaut contenter,les partiespas très finesdans les chambres
d'hôtels,les orgies dans les loges...Le businessest clinquant,
l e s l é g e n d e sd é t o n n e n t .S e x i s m d , r u g & r o c k ' n ' r o l?l C h e z l e s
professionnels de la musique,aucunepersonneinterrogéen'a
entenduparlerde cas de harcèlement. Tout au plusdéplore-t-on
certainscomportements misogynes, d'un autretemps Homme'
femme, il n'y auraitpas de modes d'emploidifférentspour tra-
v a i l l e rl e s a r t i s t e s .P o u r a u t a n t ,t o u s a d m e t t e n t a v o l r m l s e n
p l a c ed e s l i g n e sr o u g e sà n e p a s f r a n c h i rq u a n d l e s n u i t sd e -
viennentblanches.ll n'est pês toujoursaiséde faire la part des
choses: bureaule jour, sallesde concertsle soir,ilsvendent du
rêve et évoluentdans un environnementfestif Au fil de la nuit,
les frontières sont plus floues. "//exlste une zone grise, comme
par exemple lors de discussions ovec un patron de label, un
collaborateur ou un iournaliste, quond tu sens, à un moment
donné, qu'it se posse quelque chose de pos très cloir dans
t'échange, que te suiet dérive. Quand on te donne rendez-vous
d 22h, c'est pour parler de quor?"'résumeLonny Montem'
L a m a j o r i t éd e s p r o f e s s i o n n e l cs o n t a c t é sl e s o u l i g n e: l e
m i l i e ue s t " c o o l ' : , c en ' e s t n i l a m i n e n i I ' u s i n e ; o n c o p i n e ," o n
' ' L ES E X I S M E
D A N SL A M U S I A U E ? totère plus facilement certaines remorques inoppropriees, sons
compter qu'on est très vite cototoguée comme "féministe.de
C'E STOU AN D T U F A ISU N C L IP service", voire "mql boisée", si on réagit normalement, c'est-o'
ET QU ' O N T E P R OP OS ED E dire si on n'accepte pos lescommentoireset gestes déplaces",
T E D ÉN U D E RA L OR S s ' i n s u r g eC a m i l l eA u d a t . O n p r e n d é g a l e m e n tl ô m e s u r e d e
Y comprischez les hommes Georges.'
Q U'I LS ' A G I TD ' U NEC H A N S ON ses actesen vieillissant.
g r o s s em a i s o nd e d i s q u e s e , x p l i q u eq u ' à
c o m m u n i c a n dt ' u n e
S U RL A D ÉP R E S S ION ...'' ses débuts, il a pu se montrer trop "famrlier" dans ses attitudes
FLÈCHELOVE et dans ses mallsavec ses interlocutrices. ll ne faisaitpas la dif-
jusqu'au
férenceentre les sexes,il ne voyait pas le mal,jure-t-il,
jour où faisantla bise è une jeune journaliste, il lui posa machi-
?-.=)isoit des remarques sur mon corps. Cela m'a mise dans
nalementla mainsur la taille. Il avait dépassé une frontière "E//e
l-. positton délicote cor ie me sentais un peu redevable de par grand
a eu un mouvement de recul qui s'est troduit un
= , :csition qu'ilm'offroit",se rappelle,sousanonymat,uneJeune
s:^lwriteuse folk au succèsnaissant,qui a longtempshésitéè maloise. Cela m'a foit réftéchir sur le rapport entre proximité et
::--cigner. Cette expériencedouloureusen'étôitmalheureuse- intimité."
-:^i pas la première. "La pire expérience qui me soit orrivée
: =s: possée quond i'ovais entre 15et 17ons. J'ovois contocte
-- Cuitoriste sur Focebook en lui envoyont les vidéos de titres
: -= je postais sur Youtube. Nous nous sommes rencontrés et
. . :1s commencé d trovailler ensemble sur un proiet de duo' sur
c .xse desorrangementsde mespropres chansons.Rapidement,
: ) 3x€rcé sur moi une emprise malsaine, perverse, norcissique'
=.- à peu,je suisdevenue.sochose,il me rabaissoit,metroitait
:.- 'emmorde, de petite Eonnost" d'odolescente.. tt me disait
.:-ment m'hobiller,me maquiller,me comporter' ll tentait de
-='éminiser à outronce malgré monieune Ôge.Après quelques
-.'s. il a commencé à me foire des ovonces,j'ovais 16ons, lui
e' , 'on 32. J'étois ou lycée, en pleine construction, ovec une con-
' i^:e en moi plutÔt bancole : il me loissoit entendre que ie ne
:':.,citteraisiomois assezpour être d la hauteur.J'oi mis du temps
: 'étliser lo monipulation perverse de ce type de personnages,
: -ioge des témoignages sur #MeToo."

-usf@^rrm^smw
D'U\(WWmL
a' 2c18,que peut-ilbien se passeren backstage?Les réseaux
::: aux livrentlescoulissesd'un secteurqui faitfantasmer,quitte
: :^foncer des portes ouvertes.Les clichésont la vie dure : lô

,70
CUITARISTô DA55
ENQUETE

Si elles ne sont pas dupes, les professionnelles refusentde Iiserle propos, comme en témoignent les clipsdes pop stars :
noircirle tableau,comme I'observeCéliaLaugery,chanteuse- clip SM pour Xtina et sa chanson Not Myself Tonight,léchage
compositricedu groupe Parpaing2.2, maisaussitourneuseet ( e n t r ea u t r e )d e c o r n e t d e g l a c e p o u r K a t y p e r r y d a n s l e c l i p
patronne du label Cowboy à la Mode :,'J'oi l,impressionqu,ily ColifornioGurls,défilé de maillots de bain très échancrés pour
o plus de respect et d'équité dons lo musique que dons beou- N i c k iM i n a j . Q. . u e l q u e s" r e b e l sw i t h o u t a c l o t h "n e d o i v e n tc e -
coup d'outres secteurs.Je ressensplus de mochisme et de con- pendantpastaillerun costardà toute la profession."Nousavons
descendonce dons mon rôle de tourneuse et de responsoble de plus de chonces que les octrices qui évoluent dons un milieu
Iobel qu'en tont que musicienne. Dons ce dernier, il y o comme beoucoup plus érotisé que le nôtre, leur imoge étont un orgument
une distonce qui s'impose, un périmètre de tronquittité rarement de costing",remarqueLonny Montem.Maissi la plastiquen,est
perturbé." Mème feedback du côté de Mélissaphulpin,attachée pas un instrumenten soit,elleconstitueencoretrop souventle
de presseindépendanteet fondatricedu labeld'éditionTomboy f a m e u x" a t o u t c h a r m e " .C i n q u a n t ea n s a p r è s l e s c o m b a t sd u
Lab. Bien qu'elle n'a jamais été confrontée à des réflexions MLF,son slogan "Femmesboniches,femmespotiches, femmes
misogynes,elle a entenduquelqueshistoiresde ci, de là : ,,Cer- offiches,on en o plein les miches!" semble toujours d,actualité.
toins chonteurs ou colloboroteurs ne troitent pos toujours bien Tout comme I'omerta.Un combledansun monde où lessilences
certaines attochées de presse, monogeuses, chefs de projet ou présagentd'un développementmusical,d'unesuite,et non d'un
outres. Il y a pos mol de poternolisme, une forme de sexisme p o i n t f i n a là r u m i n e r .M a i sc ' e s t e n l e s c h ê n t a n t ,c e s c o u p t e r s
sous couvert d' h umou r." qui ne devraientpas exister,que les femmes arrêterontde dé-
Des porcs ou des loups.Le 7e.eart, qui a déclenchéla vague chanter.
d'indignatlon actuelle,et la musiquene seraientpas victimesdes Iexfe:BEN
mêmesmeutes.Certes,l'industriemusicalea tendancea sexua- " Les prénoms ont été chongés

' ' P E UÀ P E U ,
JE SUISDEVENUESA CHOSE,
IL ME RABAISSAIT,
M E T R A I T A I TD E F L E M M A R D E ,
DE PETITECONNASSE
D'ADOLESCENTE...
I L M E D I S A I TC O M M E N T
M ' H A B I L L E RM, E M A Q U I L L E R ,
ME COMPORTER...''
TEMOIGNAGE ANONYME
D ' U N EJ E U N ES O N G W R I T E U S E

ç
ôo
o

72
culT^atsTr D 55
Alors,messieurslesvendeursetc|ientsmé|omal"
pasrapeinede parader de Pisarte,quanduneremmepousse
rroe sortirvotrescience, la ported mâeasin
notrevenuedansvotre ",;;r;;;;;i;:::,:::"". surtoutquandon r" ;r.;: de musique,
Quandon vient.r.'"ruor" Iôoemânde
;$ffii::."jil:^Î."
paset qu'ellen'aaucun

,"ffi::,.,::,i:::1.:::Ë;:
souventce qu,onu"u,,

:x,Huin*i:l:f::T:".','#ïïlî.ï:i*sj#i**
o,tunut'n l';,;:; ;#:'.
rapportavec

v , L r s , rL r u r r p e u p l U S
d€

de oudecrassique
::iii!'i'ï ff:îî;: is.lï ï',""="'#nn lï[1iijl:use rork Arrêtez
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"';î;: )spects'ilvous plaît.
Merci,,
INTERVIEV

wwwws'€dd@ F ON D A T E U RD U F ESTIVALLEg FEM M ESS' EN


M ÊLENT,
pÉorÉAVXARrsrESDELAscÈNERocKFÉMININE
Er !NDÉ?E_NDArylEr_cBEE_EI
1 9 9 7 ,S T EP H A N EA MIE LR E V IE N TSURSON COM BATPOURL' EGALITEDESSE XES.

Pourquoiovoir crééle festivolLes h b &Arù Fatrôrdcnnr rerl3


c o m m e n c éà e n t e n d r ed e n o m -
Femmess'enMêlent?Avez-vous E hrêr r<êc inirrraç covictcc
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alttoênrê
I
eu un déclic suite a une qctuolité "qâlônê" "nrte" et. I ôin de Se
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ou une offaire précise? Ê JenniferCharles
laisserdéstabiliser,
J a i m e r a i sd i r eq u e r ' a ic r é é l e f e s - È c n a r a i o r r fé c l e s c o r r c h e s e n m U l -
c
t i v a l s u i t eà u n e u n e i n j u s t i c ef l a - 6 tipliantles mouvementslascifsdu
o r â n t ê ô l â u t r e m â i s l e d é c l i ca . ô . n q ê ' e n ; f f i r m a n ts a f é m i n i t é
v r a i m e n té t é l ' e n v i ed e c e l é b r e r a v e c c o n v ' c t i o nc. e m o m e n t m ' a
lesvoixfémininescar,de memoire, m a r q u éà j a m a i se t j e p e n s eq u r i n -
cllcç cteicnt môinq nrécentes SUr c o n s c i e m m e ncte l aa d o n n én a i s -
l a s c è n em u s i c a l ei n d é p e n d a n t e . s a n c eà I ' e n v i ed e m e t t r eà I ' h o n -
Nous avons pris le prétexte de la n e u r l e s a r t i s t e sf é m i n i n e ss a n s
journéeinternêtlonale des femmes prejugé,sansqu'ellessoientagres-
du B marspour créerl'événement, s é e s v e r b a l e m e n ts u r s c è n e p a r
.'ê<l .ê nrri nnr rc  mi< lê niêal À le seulfait d'être des fillesprovo-
-,^,-^- a'^ll^-
l ' ê t r i ê r I l n n ô r ' r tn o r . r l c c a f t i s t e s
v , I y v v !
Ldt tLc5 ËL >ut g> u ç[çJ.

f é m i n i n e sd a n s u n c o n t e x t ep o p ,
comme ily en avaitmoins,ou alors Depuis I'affoire Weinstein, nous
m ô i n s " e Y n ô q ê e q "ô n â t o u t d e ovons moins entendue |es musi-
s u i t e p e n s éq u ' i l y a v a i t l a p l ê c e
"Ma démarchea mis ciennes que les octrices et les po-
pour ce festival.
du rcmps a etre compnse. Iitiques. Partagez-vous ce contot
Au début, et com m ent I'expliq uez-vous ?
j'ai entendu parlé de l o n e q rr i c n : ç d ' a e e n r a i
Quond vous avez décidé de loncer 'gfieffo à filles"." Récem-

ce projet il y o vingt ans, quelles ment,I'ancienne chanteusede Crys-


ont été les réqctions de vos col- tal Castles(Alice Gloss,ndlr) a ra-
Iègues mdsculins? Les femmes vous ont-elles toutes suivi? conté comment elle â été sous l'emprisedu compositeurdu
Concernantles réactions,c'étaittrès mitigé.Du côté des gar- g r o u p e ,q u i l a t r a i t a i tq u a s i m e nct o m m e u n e e s c l a v eC
. a st y -
çons,on a souventeu des sous-entendusgrivois.Commeje pique du perversnarcissique. Des histoiresde lô sorte,il doit
s u i su n h o m m e ,c ' é t a i tc o m m e s i i l y a v a i tq u e l q u ec h o s ed e y e n a v o i rb e a u c o u pJ. e m e r a p p e l l eô u s s d i u c o u pd e g u e u l e
louche Ià-dessous.Pourquoiun homme voudrait-ilfaire un de Bjôrkconcernantles allusionset les questionsdesjourna-
festivaluniquementavec des artistes féminines?Toujours listes,qui lui parlaienttoujoursdes hommes qui I'entouraient
une suspicion.Du côté des femmes,ma démarchea mis du at nrri ôi:ionl
v L Y v !
! ! e , v i
rnncirléréc à tOft COmme leS CréateUrS dU per-

. u d é b u t ,j ' a i e n t e n d up a r l éd e
t e m p s à ê t r e c o m p r i s eê u s s i A sonnôgeBjôrk.
"ghetto à filles".Pourquoivouloirfaire un festivaluniquement
. o m n o c é d e f e m m e c ? C ê q t v r â i o r e I ' i . l é ên o rr v a i t t a i r e Après vingt dns de combot, pensez-vous qvoir contribué à
d é b a t , m a i sj e m e s u i s b a t t u p o u r f a i r e v i v r e l ' é v é n e m e n t . changer les mentalités sur les musiciennes?
L'importantétait d'être sincèreet désintéressé. Je n'auraipas cette présomption,je penseque les mentalités
. nv i n g ta n s ,o n p e u t d i r eq u ' i ly a e u
c h a n g e n at v e cl ' é p o q u eE
A I'époque, quels étaient les comportements machistes et les d r r e h a n ,nv Lc, m c n t
"r,
,1. Ce alônt iê nêry être ficr a est d'avoir

discriminotions les plus courontes? réussià faire perdurer le festivalen mettant en lumièredes
J'ai une anecdote qui m'a profondémentmarqué avênt de ê r t i s t e sf é m i n i n e si n d é p e n d ê n t e se,n m o n t r a n td e m u l t i p l e s
créer le festival.C'étaiten 1996,au concertdu groupe améri- m o d è l e sd e m u s i c i e n n e sq,u i o n t p u i n s p i r e u r negénération
c a i nE e l s ,a P a r i s à, l ' é p o q u ed e s o n p r e m i e ra l b u m .l l y a v a i t d'artistesféminines.Je rencontre de nombreuses jeunes ar-
en premièrepartiele groupe new-yorkaisElysianFields,avec tistesfrançaisesqui me disentqu'ellesont assistéau festival
à sâ tête la chanteuseJenniferCharles.Le groupe faisaitune e t q u e c e l a l e u r a d o n n é I ' e n v i ee t l e c o u r a g ed e f a i r ed e l a
pop avec des accentsjazzun peu indolente.Le phraseet I'at- musique.
titude de la chanteusea créé une tensionsexuellequ'appa- https://lfsm.net
remment de nombreuxspectateursn'ont pas su gérer.On a Proposrecuetlhspor BEN

74
I D^ss
cu T^Brsr
' ,

j . =c la finessequ'ont parfoisles bêtes


:::e à la princesse,il dit, suis-jebête
=^:re haut et bas souventfemme varie
S ellese débat c'est pour mieuxdire oui
''': s quand c'est non c'est non
: , : n d c ' e s tn o n d o m m a g e
::^ge ton crayonta plume sauvage
l-3nd c'est non c'est non
: rand c'est non mon vieux
::rge ton bâton et placeaux adieux

Tnnp Aru/p{,
\trmfl g''rt420Y.
('a{f40ff"
MUSTQUE.
LEs PARTIT|ONS
M|S9GYNE5

BlackGirlPower
A l'imagede son nouvelet troisièmealbum,Bod As I Wanna Be, MalinaMoye est I'exemple
même de la femme de la nouvellegénération: guitaristegauchèreaiguiséestyle Prince/JimiHendrix,
maisaussifemme d'affairesayant fondé son propre labelet actriceà ses heuresrarementperdues.
Rencontreavec une self-made-woman.

Iexte: ROMAIN DECORET

a ^ oÀ ^u t rg ^v g t' o^t ' - ^t u! ' au n s u n e f a m i l l ed e m u s i c i e n sa, u j o u r d ' h uéi t a b l i eà M i n n e a p o l i sM, a l i n aM o y e a u n e s o l i d er é p u t a t i o na u x


gg

États-Unis.Plusieursde ses disquesdans la sphère rocklfunk/soulont été classésdans le charts de Billboard,dont le single
"K-yotic"avec Bootsy Collins,égalementprésentsur ce nouvelalbum.Malinaest l'une des premièresguitaristesafro-amé-
r i c a i n e sa y a n t s i g n é u n c o n t r a t d ' e n d o r s e m e n F t e n d e r .L e m a g a z i n ea m é r i c a i nG u i t a r W o r l d , l u i ,l ' a c l a s s é ed a n s l e T o p 1 0 d e s
meilleuresgêchettesféminines.Malinaétait aussila seulefemme programméedans la tournée ExperienceHendrix,avec EricGales,
Kenny Wayne Shepherd,Jonny Lang et Robert Randolph.Récemment,elle a joué pour le Tributeto Chuck Berry au Rock and Roll
Hallof Fame et en Angleterrepour le jubilé de la Reineà Goodwood.Ses shows explosifs,son jeu redoutableet sa plastiqueavan-
tageuse lui ont valu I'estimeet l'aidede Bootsy Collins,CarlosSantana,StevieWonder et StanleyClarke.

Mqlino, pouvez-vous nous porler de votre cuting.WCE Records.Pourl'organigramme,


fomille de musiciens? je me suisinspiréede BootsyCollinset de sa
Mon père est bassiste,il a joué avec Bernard femme PattiCollins,qui est son manager.
Allison,et ma mère étôit batteuseet choriste
dansle groupede TinêTurner.Mon père m'a Le show business est un monde sans com-
misuneguitaredanslesmainsquandj'avaissix possion. Est-ce difficile d'y évoluer quond
ans,et la premièrechosequej'ai faite est de la on est une femme?
retourner,parcequej'étaisgauchère.lla inversé Je te remercied avoir penséà poser cette
lescordespourmoi.J'aitout de suitesuquece question. Je vaisI'aborderde deuxmanières:
seraitmon métier. c o m m e m u s i c i e n n ee t c o m m e b u s i n e s s -
woman.Avec lesmusiciens, c'étaittrès difficile
Quelles sont vos premières influences? au début; ilsse demandaient ouvertementsi
S l y & T h e F a m i l yS t o n e ,T i n aT u r n e r J, a m e s j'étaiscapablede jouer,pastous maisbeau-
Brown.Princeet bien sûr.car nous vivionsà coup.llsme testaientpourvérifierquej'étais
Minneapolis. Soninfluence a été immense, quel biencommeeux,une musicienne avanttout,
ë
guitariste ! J'écoutais aussiRobertCrayet, pro- ô et non une midinetteprésentepour fairejoli.
gressivement, j'ai découvertErlcClapton,Led Dèsqu'ilssaventque je peuxjouer,ilschan-
*
Zeppelinet Jimi Hendrix,qui est devenuune 6 g e n t d ' a t t i t u d ee t j e p e u x p o r t e r u n e m i n i -
lnfluenceprincipale. Je reprendsson titre "lf 6 Was 9" dansmon jupe ou des pantalonssexy,celan'a plusd'importance. J'ai passé
nouvelalbum.Ensuite,StevieRâyVaughan,BuddyGuy,et aussi ce cap depuislongtemps.C'estmoi le boss,maintenant!Avecles
EricGales,avecquij'Qitourné. businessmen, c'est le contraire:je m'habilleen robe strictepour
les conférenceset je connaisle dossiermieuxqu'euxen général
Et du côté des guitaristes féminines? parceque peu d'entreeux sont sérieux;ilsconsultentle dossier
Quandj'étaispetite,dansles années90,j'écoutaisles bluesgirls, juste une fois,ie matinmême...
DeborahColeman, DebbieDavis,JoannaConnors, maisaussiJoan
Jett pour le rock et plustard, SamanthaFish.Mâ mère me disait Porlons de vos guitdres. Quel est votre controt avec Fender?
q u ' o na v a i tu n e l o n g u et r a d i t i o na v e c M e m p h i sM i n n i eG
, eeshie ll y a un modèlegaucherSignatureMalinaMoye avec le logo MM
Wiley,SisterRosettaTharpe.C'étaitcool,je ne me sentaisjamais en oréoaration. ll arborerades microsDiMarzioTrue BlueVelvet
seule. avecun sélecteurcinqpositionset un radiusspécialpourla touche
en érable.J'en possèdeplusieurs pour la scène,dansdes coloris
Contrairement ù elles, vous dvez créé votre propre label, WCE différents,SeaGreenou SilverSparkle.Pourl'acoustique, j'ai une
Records, une solide structure orgdnisée autour de vous. Comment vieilleMartinDl8. Je joue avecdes médiatorsJim DunlopHeavy,
est-ilné? pour plusd'attaque.Mes amplissont des Marshallavec des cabs
J'étaisà l'université
à Minneapolis, oùje prenaisdes coursde ges- 2 x 12 pour la rythmiqueet des FenderHot Rod De Ville pour le
tiôn.Unjour, en marchantsur le campus,j'ai fait ce rêve évelllée: lead.Je brancheune Jim DunloDWah. un BossDelavet un Blues
j'auraismon labelet je l'appellerôisWalking,Commanding & Exe- Driver.

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