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tA r,qrx

D'ARISTOPHANE

?RADUCTION SCENIQUE
DE

Marcel DESPORTES
i
La présente Trâduction a été jouée poul la première fois sur la scène du
théâtre de la Salle des Congrès, à Caen, sous la direÇtion de Jean-Pieffe
Laurent, le 18 Avrit 1975, par la Tripe de Caen, avec la distribution
ci-dessous :

Le Chæur : Rosa BLANCO


Marie-Claire CRESPIN
Frédéric ISELIN
Eric JOLY
Pierre-Jean REBICRE
Hervé Ir{ASELIN
Xavier ONRAED
Olivier POULI-Atrl.l
Catherine PIGNY
I,Iarianne PRENTOUT
FraoÇoise RENAUI-T
Haicha TAYEB

Le Coryphée r Patrick CONDE


Trygée '. Emrnanuel GENVIIIN
Petites ûlles de Trygée : Françoise RENAULT
Marie-Claire CRËSP{N
llermès : Gilbert DECoSSE
Serviteur Ir Hervé M,ASELIN
Serviteur 11 : Jean'Marc DUPRE
La Cuerre I Paûick CONDE
La Mêlée : Eric JOLY
l-e Marchând d'armes i Gilbert DECOSSE
Déesses : Saison des Fruits : Catherine PIGNY
Fête des Jours : Rosa BLANCO
Hiéroclès: Pâtrick CONDE
Fils de Batailloux; Jean-Marc DUPRE

La scène se passe vers la ûn de Mars, et 421 a''1.-1,-C., à I'exûême fln dÊs


pourparlers de la Paix de Nicias, et, sauf pour les séquences célestes, daDs
la cour de la ferme d'infortune du yigneron Trygee, réfugié depuis douze ans
dans la banlieue d'Athènes, Le Décor est du reste laissé tout entier à lâ saga-
cité du Metteur en Scène.
1

I
Ç:i. ç:i. pour oe bousicr par icj la galette I

II
Voilà. Scrs Ia lui donc. à la mauditc bôte I
Puisse t-eile janais t1'en mângcr de meillellre I

I
Une alltre. üne autre vite, une âLrlre, ar-l crotlin d'âne.
lt
Voilà. Mais oir do11c est celle .lue tlr porlaisJ
ll ne l'a pas mangéc'/
I
Ah ouiche, il i"a happae,
l.J'en a fait de ses pieds qu'une boule, el llop I

P.:t ,.. rrr'e.r Jrre-rl.rr. un l:r\ dc brur \irrùcr.


IT
Ah. messieuis les boueux, ii i'aide. au nom du ciel,
(lu c'est que vous voulez quc j'y suffoque enfin.
t
fJne aulae vite. Llne autre, une à la (< n]on minet »,
Clâr il l'aime, dit il, bien triturée.
II
Attrape !
(Aua spectatellrs)
Si d'un soupçon, Messieurs, je suis, clue je crois. hors.
(l'est clu'à ma pâte un jour je mette le mgnton !
I
Pouah ! ercore une âutre, Lrne autre, et puis une âLrtre.
Et puis d'autres encore.
]I
Ah I non, par Apollon I

Je n'eir puis plus d'avoir le nez sur ta sentino.


I :
Bon, e'est bon, je la prends el je m'en vais avec ! JI

It I
Oui, par Zeus, aux irorbeâux. elle et toi, I'un et l'autre I
{
rl
(rux spectateurs)
Si l'un de vous le sait. clu'il nre dise en quel iieu
Je pourrais faire achat d'un nez qui fût sans trous.
Non, non, point de travail qui soit plus misérable
Que cle pétrir de quoi nourrir un mange merde I

Ii
2 3

Un porc, quoi qu9 solls soi l'on iasse, ou même un chien, Mon meitre est le sujet d'une étrange manie,
Avale sans façon, majs iui. tout arrogaoce, Etraugère à la vôtre(1) et tout à fait nouvelle :

Prend des airs de héron, d'un manger ? je ne daigne I »,


<< ll passe tout le jour, les yeux levés au ciel,
Si ie ne lLli présente au bolit d'un jour d'efforts, Le bec ainsi béaDt, à dire à Zeus son fait.
Un vrai travail de dame (1), une ferme galette ! « Zeus ! dit-il, quel est donc le dessein que tu formes ?

Al,ons. e\t.il repu ? le m'en vais le savoir : Dépose ton balai, sans balayer I'Hellade ! »
Entr'ouvrons seulement. de peut qu'il ne me voie TRYGEE
Bâfre, mais bâfre douc, sans cesse lli relâche, (dans la « coulisse >>)
Juso.u'à slrbitemel1t en voler en éclats I

Comne, le nez dedans, ce maudit §e régale ! Ahlah!


On dirait un lutteur roulant de lâ mâchoire, II
Et sa tête et ses deux je ne sais quoi de bras (au pubtic)
Qui vont de ci de 1à comme aux tordeurs de câble§, Silence ! Je crois bien que c'est uÀ son de voix.
De ces câbles bou corps pour vaisseaux de commerce !

Ouet in1monde anjn.ral I Quel relent I et quel ventre ! T]lYGEE


Quelle divinité nous a fait ce présent ? O Zeus, que veux-tu faire el1frn de notre peup]e?
Je ne sais. Aphrodite I [[ ne me semble guère... Tu vas donc sans le voir épépiner nos ville§ ?
Les Grâces ? Moins eûcore !...
IT
I Le voilà, le voilà, le mat dout je parlais.
(ressLugissant) C'est 1à de sa démence un pur échântillon.
Mais qui donc ? Quanl a ce qu'il disait au début de sa crise.
II vous saurez que c'était.car il parlait tout seul :

« Fâce à fâce avec Zeui mais comment donc me rendre ? ,


Ah ! j'y sr-ris ! Et de se fabriquer de légères échelles,
C'est LlrI signe de ZeLls, quand il est sur le trône !
Et de séverrLrer à grimper jusqu'aux cieux.
I Quand en dégringolart il se fendit 1a tête.
Hier, pour soD malheur, il part, Dieu seul sait oir;
« Ah ! mais, errcor ? s'eû va nous dire un spectateur, Et ramène un énorme etnéen (2) de bousier.
Quelque blanc-bec de sage imaginaire, certes. De force au soin du monstre il m'attache sur I'heure.
Que ligure votre bousier ? » Et de répondre, Lui"même, le flattant Çomme on flatte un poulâin:
Assis a ses côtés. urt homme d'lonie: « Mon Pégase, dit'il, mon pur sang pouNu d'ailes,
(( Cela rn'a de Cléon (2, tout l'air d'être un symbole, Ernporte-moj bjel1 vjte en présence de Zeus | >>

Pour se repaître ainsi d'ordures san§ vergogûe. » Que fait-il ? Penchons-nous, et nous le verrons bien.
Mais à mor mange-étrons je vais donner à boire. Ah I misère de moi ! Venez, venez, voisins !
(Il sor0 Mon maître qui céans fait son ascension.
II A cheval dans les airs juché sur le bousier !
C'est moi qui du sujet vais à la tendre enfance TRYGEE
Aux I'roinmes de dernain, aux hornmes d'aujourd'hui, Tout dou-, tout dou-, tout doucement, bidet !
Comme aux hommes d'i:ier expliquer tout le sens, D'un rrop de fougue êvite bieu I'excès
Et d'abord à ceùx-ci, qui tant et tallt §e croient. Dès un départ de sâ force trop sûr !
Mets-toi d'abord erl nage, assouplis-toi
Les joints du corps au jeu de tes deux ailes.
(l) Les Athéniennes, an I'absence de leurs maris, Passaient pour se cuisinet (le bousier lui souffle en plein visage son assentiment)
des merveilles.
\2) Démagogue athénien, partuan de la guerre à outrance. Tué en luite (423)
soas les murs d'Amphipolis, ville de Thrace et colonie athénienne à I'embou- (l)L.t,tuahie arhéhiefitle par excellence était de plaider à longueur d'année.
chure de la Strouma. (2) L'énorrnité des bousiers de l'Etnd é|ah légendaire.
.t

t} lÀriLr:e I Au itcz poit]l r!.e me va sollfller.


TIiYGEE
A ià rnxison. si ttl Drétencl5 le l'àire. Jc L'âtiallue en justice : (1)
l.leste plulôt, colllnle un ran'lpatt. chez nous !
« ll sera pour le Perse et trahira l'Hellade... ))

II
I]
l!,il1itrr et saigiterJr. ce allle tu dérâisonnes i
(se plaçânt devent la m:rchine)
Non, pâr L)jonysos I Non. iamais de ma vic...
]'RYC Etl
( ert iron I c'est Lror I
TRYGEE
ll \'lais je n'ai Pns d'autre moyen I

It. ili:r bâttre lair cl'un coup d'âl1e inutile? it


1'R l',ai F E (appelant le:i petites lilles de Trygée)
esl pollr 1es Grecs. tant qu'ils soDt' tout ce vol
a-
LloLa I hola I
Que iientreprends:'L bord Lle ma trouvaille. ales petites surgjsserlt)

It Pauvre! enfants, papa vous abenConne : jl pârt.


El seules vous lalssant, monte au ciel, en cachette.
Ce vol I ce vol I vr.liirent tu dénlénagas I Mais suppliez-le doilc, f,etites malheureuses I

I'RYGEE I-FS PE-I'I'I-ES


t..,t,. rle,lo.l. Ltl< r.,a \'.t,lj\ tornrulesl 'r' O petit père, cst elle vrâie,
PJ\ ri.' ,iJ\ m('1. e' ricn .1u,: J.r tanl rque I " Lâ nouvelle en nos muls venue.
Or, rr rtr [ra'.l.,tlttr.'. n," rtet' J,'c. Q r,. 1,6 1p le. .ri'e.rrtr. tu Ine .luitlc\.
De bien ourer latrinet et luelles, Pour les corbeallii. aLr vent léger :
l)e ies coiller de tuiles, sans aitendre.
Llt .1e Lenir clos les derrières I
L'AINEE
iI { I rllc,lrt rrrr ' RelorJ. nnu\. fere..i rreirncnt ru no|- ainte..
Point le ne lne tail2ti, si ltl ne mc dis pâs
Oir \,a lendre ion vol. TRYGEE
i'
Saûs doute, enfants. Mais le plus vrai, c'est qu'en grippe fort je vous prends
I'ttYGEE Quand votLs mc clemaûdez du pain. en m'appela[t petit papa,
Et qllc d'argent chez nous ne reste plus, plus un seul sou vaillant.
l,'{ais ou sel eit cc doûc.
Si j'ai. pour moi, le bonheur de renlrer, vous aurez, en leur tenlps.
Sinon vers Zetts. au ciel l 'lblrrte bieû raisonnatrle avec dessLls les douceurs d'unÈ... taate.
II
I."dINF-E
D.Lns ,r1ue1le intelltion l
'r lllais encor ie moycn de faire ce voyage ?

'f RYGEË Un navjre jamais n en prendra le chemin.


I)our enten.ite de Lui ce que de nos llellènes,
Sans en excepter Lrll. lL a (lessein de fâire l1) ll lui intetûct'o un procès pour collaboration avet: I'tnnetni htréditairc,
I trit vttgue dtpuit la ftn tle.v Guctrcç Mt:Jiqucs. mait J,'nr l,.t Altléfiien.t
Llrie
II t,.oi,ttt ,.tt,ot. p..trr., ,l,.l,arrlt'.r o i t t , t , ,l u t r tnntmi.
, t
.
t r
' ,J

" \,crt mdrquét tl( «, jignc sont autdnt de püt-)dies d'Ëuripide-


Ut s 1l- nc t eD dit rien.' Lc.:;
6 7

.IR
YGtE 1,'AINEE
!'ai co cheval alla. irrs bcsoin de bateeu. De là-haut gardê-toi de glisser et de choir,
De peùr dc devenir, boiteux, pour Euripide (1)
L'AiNF,L tln vrai sujet tragique, et de fiûfu en dràme.
Uais clu'csL-ie qtri t:r;,ris. de seller Lln bousier -f
IIYGEE
ir(JrLr â]l3r chez les dicux. mcn clter pctit Pape l C'est ce dont j'aurai garde. Allons, portez-vous bien !
(Seul. Arix spectatellrs)
l fi.YcFlE Défense, quaut à vous, pour cLui tant ie prends peine,
Une lable d'llsoire i1). oir, dit-rl. le Bousier I)(j vesser, cle chier de trois jours accomplis !
l-ut lc se,,Ll vùlatiie ll roonler jrrsqu'aut cieux. Car si dLr hâut des airs cellri-ci le renilie.
Il nf ir'â, tête er1 bai, faire choir pour s'en pailre.
l',\[F]LF, Allons. Pégase, avance, l'âme en tête.
(l cst Lln conte ii (ir)rmir- iretii pèrc, debout. El-I brimbalaDt ton fiein aLLx rênes d'or
ljcûtir arrs:i nraLt!11is, el ùlarntel_ chez les dieux I
QuanC par éclair tu chauvis de l'oreille.
-lRl/6Eh Hé 1à | hé là | d'un oblique nâseâu
Pourciuoi chercher Llu côté des ruelles ?
Certe. cû hàine Je l'Aiglc. ah I ce û'es1 pas d'hier : l.laûcc roi hrrdimenr .le lr tcIre.
I lr r .lcb,',, 'l: ' . r,ge'.1.'e .i ,'ô(r\('e. Puis déPlo],arlt ta Iapide eûvergure,
(i.rgn( lorl drtrit lr. P.lrri: Ju Tr.,I{rq *z
1. Àli.laÊ L)etor.rne-toi le n.z Je. excremenr., // I
r, 1g çlsvais cl'un l)éga:,e aL1 joug soLÙt'lettre 1'aile, \ orre ,le lôur olirrent epnimere... .. - 1*
Hc. mon garcor. que fai.:iu. i.ri r1ui.
" Afin Lle 1e moûtier iilrx dieux en plus tragiclue. Près des bordels. débourres âu Pirée ?
l\{ais tu ver-rx donc ma lnort l Ne vas-tu point
fRYGIq Nl'enfouil' çâ, le couvrir d'un grand tertre.
eii iallLl (le ÿivres deux l'ois p1Lis.
I,ctitc, il Aveo. dessus. du plant de serpelet.
Or les ]1lit! ci(lc j'arrai ûroi.rrôme digérés Et des parfums l Car si, pour mon nralherlr,
\,.n1 .e,t\ fr..i,.,:1..t -,,'.1 -e!.I-il \ vrr D'ici je chois, rien que pour mon t.épas
C'est cinq talents que la cité Chiote (2)
rL À.IliEEl
-, ,Aura d'anende pour ton cul !
Hé c1uoi. sil tontre au fond des huurides chetrins?
" Brr... j'ai peur pour de bon, et je ne raille plLrs.
(i)mrnert cel ôtre ailLl se dérrergera_t il I Machiniste, fais galle ! Un je ne sais quel vent
Me circule à présent tout autour du nombril...
TRYGEE Si tu û'ouvres pas l'rci], je vais traiter ma bête.
r'. i ,o.1, (,,\tr', trr \rrrl. (. j-' tt'cn ,et.tt-t. Mais, à ce que je crois, nous voici près des dieux,
i-e tratcaLr prendrâ l'air d'ü» « boLrsier » de Naxos | (2) Et je vois clevant moi la demeure de Zeus.
Qui veille à l'huis de Zeus'l rl
(Îrâppant à plusieurs rcprises) rl
i,'AINEE N'allez-vous point ouvrir:)
" Bon. SoLl\erain rlcs nrers. qucl porl te recevra:r ti

11) I'aur Ailtophdûe, lc (ortuptt:ut par cxccLlcncc dcs mrturs atlll ie ùcs. Il
'r,i:
i.RYCHE atait multiplié lc.ÿ petroûnagt,t d'/clopé clans !at 1t-agéclies. Ari,ÿtote, à c?i Tr
alL-mùe port au l:'irée ii s.] trouve Lul << i3ousier » (3). égard, le nomnte le plut tragique tles poètes,.
(2) L'îlc cle Chio, tmturcllelnenl ll!;ignéc ptlt lat circo slan(es pour cette ltl
altknd( cxceplionûrlle. Arislopha e taquitrc l?s set-ÿices linonciert du régime il
ilj Voit I li Iontaiti,' « t-',:\igle et 1'Esc:rrgot >>.
de (llon, toujourt ù |af|ût l'un nouÿel intpôl de gucrre *r le contpte des )a
l1) SL!ttlo 1. à r'ritrs,: lr lcur lr»tnc, dcç batadur labritlur,s dans tctte île. Colortias: arguant de la pcrte d'un austi ldbuleLtx trétar qu( Ttygée, itt , ir
11) Le C dttltarr (: Ût)!t\it t ), I un der tttit portt clu Pirie. téclain?tûient au ntoittç 135 kg d'argent, soit trèr approxintcttiÿenent 92 500 f:,' rl
'll
:11

li
8 9

HERMES TRYGEE
(à f intérieur) Trygée (1), et des plus f,ns, vigneron d'Athmonée (2).
Pas mouchard pour un sol ni déplaisant coucheur.
Quelle est cette odeur d'homme?
(se dirigeant à l'oderu, vers la porte, puis ouvrant)
I]ERMES
Pourquoi venir ici ?
Ah I seignetLr Héraklès,
Qu'est-ce que cette holreur ? T]IYGEE
Pour t'apporter des vivres.
TRYGEE
HERMES (devant les viandes)
C'est un hippobousier.
Pauvre homme ! Comment donc as-tu fait ?

HERMES (1) TRYGEE (pendant qu'Hermès mange)


Canaille, téméraire, impudence faite homme, Vilain goinfre !
Canaille, re-canaille, et meme archiÇanaille ! Tu ne me prends donc plus pour une archicanaille ?
Comment es-Îu venLl, canaille de canaille ? Et mainlenf,nt tu ras arrpeler Zeus.
Quel nom peux-tll porter ? Hé bien ?
HERMES
TRYGEE Hé!hé!,
Tu n'es pas près du tout d'aborder chez les dieux.
ArchicaDaille. Ils n'y sont plus. D'hier. Ils ont déméDagé.

I-IERMES TRYGEE
Pour quel cântorl
Quel pays t'as vu nait!e'? Allons I
?

HERMES
TRYGEE
Un beaLl canton !
Archicanaille.
TRYGEË
HERMES Mais où ?

Et ton père a pour nom ?


HERMES
TRYGEE Si loin !...
Au flD fond, simplement, de la céleste votte.
Mon père ? Archicanaille
TRYGEE
HERMES Comment donc se fait-il qu'ici tu restes seul ?

(faisant le geste de le précipiter) HERMES


Sacré nom de la Terre, il faut que tu succombes, Je garde ce qu ils onr laissé de leur vaisselle,
Oir tu vas décliner torr nom, mais ton vrai nom ! Des- amours âa aàl6nr, de chaudrons, de crucbons !
I
(l) Soit « Ve dangeur ». t,
(l) Aÿec tous lcs dtttihllt\ e)itérieLtLt d'un dieu de La Paix. (2) Bourg cle la tribu Céuopir, à 9 kn au nord. d'Athôneg.
10 ll

TRYGEE HERMES
Dêménagé..- Déménagé, les dieux, pourquoi ? La guerfe l'a fait choir dans un a[tre saus fond !

TRYCEE
HERMES Ull anfie, dans lequel ?

Fâchés contre I'I{eliade. Alors, en ce lieu ci, HERMES


Qui îut leur et bierl leur, introtisant la Guerre, Tiens, là-bas... Vois-tu bien
lls vous onl propremeni livrés l sa merci. Ce qu'elle a de rochers entassé par-dessus ?
Puis se sont envolés au plus haut qu'ils ont pu, Pour vous ôter moyen de la revoir.
Afln de ne plus voir ces batailleurs d'Hellènes
Et de se trien soustraire aux vcux de vos cités. TRYGEE
Et dis-donc.
TRYGEE Et nous ? A quelle sauce allons-nous mijoter ?

Mais pourcluoi, disle moi, l1ous traiter de la sorte? IIER MES


Je ne sais, si ce n'est qu'un mortier, sut le soir,
HER.MÈS Un mortier colossâl à son nom fut livré.
Vous aimiez trop la guerre, et lorsque, tarlt de fois, TRYCEE
IIs vous tendaient, 1a... paix, Messieurs les Laconiens Et de ce beau mortier quel lui sera I'usage ?
Sur un rien de succès, déclaraient : « Dieux Jumeaux ! (l)
A présent vont payer ces Messieurs-les-Attiques ! », I{ERMES
Tantôt, sur moins que rien, c'étaieût les gars d'Att...ique, D'y broyer vos cités elle a ferme propos.
Car si le Laconien venait parler de paix. I Au revoir. M'est avis qu'elle s'en va paraître.
Vous de dire aussitôt : (< Orri. oui. pour nous roulerj Quel bruit, du moins, léans !
Par Athéna ! Par Zeus, ne les écoutons point I
Ils reviendront plus tard, si nous teûons Pylos. » (2) TRYGEE (seul)
Ah I misère de moi !
C'est elle ! Sauvons-nous ! car .i'ai comme entendu
TRYGEE Résonner, moi de même, un moriier de combat.
'loujours est il que c'est tout à fait noire style.
LA CUERRE (encore invisible)
Ah ! ah ! mortels, mortels, mortels, pauvres mortels
HERMES
Quels maux vous vont sur I'heure aux mâÇhoires saisir !
Résultat : ,e nc 5ais sr de retour .jamais
Vous reverrez [a Paix... TRYGEE (caché)
O seigneu Apollon, quet mortier ! quelle taille I
"I'RYGEE Quelle horreur ! 8t... ta Guerre ! O la trogne féroce !
Ah !c'est bien elle va, qui
Flélas ! Elte est partie ? ... nous donne lâ couraûte,
Oh ! La rosse... oh ! I'engeance... Oh ! qui le long des jambes...
LA GUERRE (même ieu)
(l) Castor et Pollux, l1l.t dc 7,eus et de Léda, et dc ce fait, dit,ins patrons ile Ah ! Porée (l), ah ! trois fois, cinq et dix mille lois
S pane. Malheursuse cité, toi, c'est pour aujourd'hui.
(2) Auiourd'hai Pilos, Ltu Navarin. A peu près pour Spane (= les Lacohiens) (il jette des poireaux magnifiques dans le mortier)
l'équivalent tlc cc que serait pour notLs CaLai,r ou Toulon.,. La c,hute de l'îtl
c[e Sphactéria, en ladr dc Pykts, en 425, lut pour Spaûe wp manière de (1) Textuellement, Prasies, port de Laconie Orientale, I'une des premières cités
Stalingratl. Mai.ÿ, cux, i!s cltmantlèrent I'armistice. Cléàn, l,incontcstable arti- ÿictimes de la guerre (Thucydide, l,/,,56). Toute propottion gardée, le sort de
sarl de (?|te victoire ine.rpéréc, relusa. Varsoÿie.
12 13

:f RYGEE (toujours caché) TRYGEE (toujours blotti)


Ah ! celui-là, messieurs, n'est touiours pas pour nous. A I'ail a-t-elle encore accommodé la beigne ?
Ce sont pour Ie moment les Lacoûiens qui prennent !
LA GUERRE
LA OUERRE (même jeu. avec de I'ail) Va quérir un pilon. Cours !

Ah ! Mégare, Mégare, à f instant si tu vâs LA MELEE


Tou- toute entière aio-aio-aioli'faire I Mais C ma bonne dame-
Ou le'irouver ici ? Nous y sommes d'hier.
TRYGEE LA GUERRE
Dieux I dieux du ciel I Tout ça I Ce que ça prend aux yeux I
Alors, cours dans Athène, et reviens au plus tôt.
Mégare, sur ce plat, ÿa verser bien des larmes.
LA MELEE (au public)
LA GUERRE (même jeu, avec du fromage) Oui par Zeus I vous pensez, car c'est toi qui prendrais !

Ah I Sicile ! à ton tour d'y passer, et comment !


(il sort en courant)
TRYGEE
TRYGEE Or ça, que ferors-nous, pauvres petits humains ?
Hélas ! quelle cité n'y sera point râpée ! Voyez notre périt à toute son échelle !
Car s'il revient ici nanti de ce pilon,
LA GUERRE (avec un raftinement horrible) L'autre, de nos cités, comme dans un fauteuil...
Dionysos, qu'il meure, et... ne râpporte rier !
Et puis... et puis... Mais sur le tout ce miel attique.
LA GUERRE
TRYGEE (inquiet) C'est toi ?

Hé là, si tu m'en crois, sers-toi d'un autre miel, LA MELEE (les mains vides)
Mais pas de mjel attique I il est à quatre oboles ! Madame... ?

LA GUERRE (terribte)
LA GUERRE (au dernier moment) Hé bien ?
Garçon I hô | La Mêlée I

LA MELEE
LA MELEE (I) C'est que 1e... le fourbi,
Ils ne l'ont plus, les Athérliefls, leur beau pilon (1),
Ce commerçânt en cuir qui tourmentait l'Hellade.
I.A GUERRË
Ilt'en cuira longtemps. TRYGEE (soutasé)
Plarté là sans rien faire. Attrape cette beig[e. Ah ! ce c1u'il a bien fait, digne dame Athéna,
Assaisonnée. hein ?
De périr, celui-là, juste à point pour ta ville !
lI n'a pas eu le temps de nous piler menu.
T,A MELEE LA GUERRE (blanche de cotère)
Oh I oh l oh I pitié, madame ! All]Is, va m'en quérir un dans Lacédémone.
Dépêche !

Soi Ku.loimos
(.1) (:
Furcur-des Mêlées, Bouillonnemeht-des-Mêlées). Aucun LA MELEE
cornbat n'a jamais commencé par la mêlée furieuse, mais cela ÿient à son
heure, qui est toujours l'aÿanî -denière, avant «le champ couverl de morts ».
Oui- madame !

Voit Hornère (XYIIl, 535). Toute guerre a de même des débuts boiteux. Voir
Brecht. Voit, uû peu plus loin, Aristophane. (l) C'lér:n, rithe tanneut.
14
15

La GUERRE (l'atteignant au loin)


Et reviens dare-dare Un joul qu'en s'.,.astiquant i1 chantajt en plein jour :
I
« Ah I quel plaisir de me jouir, ae m.ébauclir | »
TRYOEE Notre heure est arrivée. à nous, 6ls de l.Hellade !
Cette fois, c'est la lin. C'est sa course finale. Delivrés pour l'instant d'affaires et de guerres,
(aux spectateurs) (l) Tirons au jour [a Paix que nous chéÀsons ious.
5i lel dÈ SJntothracc c<1 par boDheur profès. Avanl d étre arrètés pâr un aurrc pilon.
( est l heure qu'il <lemande au Ciel que. propremenr. Allons, cultivateurs, commerçants, étrangers,
Le drôle dans son tour se casse les deux piedi. Metèques, ouvriers. artisans, insulaires.
(gémissements dans la coulissel A nous, veoez à nous, peuples de I'univers.
Accourez. mais accourez donc. pelles en main I lcviers. cordages
du Bon Cenie I '
TRYOEE (gémissaDt, et se tl aînant à peine) ( ar nous pouvons la décrocher. la timbile :

Oh I la la ! malheureux ! oh là là I oh 1à là I LE CORYPHEE
LÂ CUERRE (tonnant) Ici qu'à grande ardeur chaçun droit à sa délivrance marche |
Hé bien, quoi ? Toujours rien Hellènes,f peuple indrvis. à nous. car c.esr l.heure, ^
?
";j;;;i.iouse.
Plus de "'Formez vo> bataillons ),. ni d.aflreuses tuniouâs
O
TR.YOEE (comme expira.nt) Oui. rour radieux. te voici, te jour fatal à Batailtoui i ai) --'-" :

Ils ne l'ont plus, ron plus, Dis.nous alors ce qu'il faut fa ire. et prends toi-même notrc tête.
Les Lacédémoniens. leur célèbre pilon (2). Il ne peut- ètre quesrion qu'aujourd.hui je qu,itte t.ouviiee
Que.mes leviers. que rnes engins naieni au grand loui"iait remonrer
LA GUERRE r a oeesse entre toutes grande er lavorable a nos vignobles.
Hein ? Tu dis, scélérat :)
TRYGEE
LA MELEE Taisez-vous. d'abord I El tâchez de n.aller poiDr en train
I à-,ledanr ratluDrer la Guerre à force d; pJ"r;;; ;;r';;i;. * '"''
,{ux places de la Thrace.-. de ioie
Bref, ils l'avaient prêté, pour ne plus le revoir.
LE CORYPHEE
TRYGEE (soulagé) Mais une proclamalion de ce geDre me met en joie:
Loués, loués, loués soyez-vous, Dioscures I (j) Ne pas demander de venir avec des vjvres pour trois jollrs
Tout n'est peLLt-être pas perdu. Du cran, les Flommes !
I

TRYGEE
LA GUERRE (désignant les ustensiles) Gare. donc. gare maintenant au fameux Cerbère d,En-Bas ! (2)
Prends. Tu vas nlaintenalt me suivre avec le tout. Craignez qu'ècumant et hurlanr tel encor que l";a;;;;
(avec une détermination épouvantable) i;;"
Il ne vienne nous empêcher de haler dehois ln à;"s; i-" '----'
C'est moi qui me ferai moi-même mol,l pilon !
(exeunt) LE CORYPHEE
TRYGEE
Il n'est.personne maintenant d'assez fort pour me l,arracher,
C'est l'heure d'entoDner le grand air de Datis (4),
Une fois que je Ia tiendrai dans mes bras.'Tra Èr rr" l"-ll j
TRYGEE
les gars, ie suis mort si vous ne retenez vos cris,
ll) L'î!e secrète par excellence. Ses Mylttères rétéloient les Lois de la Nature (l":lit.%..
ar rl va s'élancer, dehors et tout confondre à coups de piedi.
(Cicéron, DE LA NATURE DES DIEUX II. 421). Tout initié pouÿait
bien êtrc expert en maléfices. lott
LE CORYPHEE
l2l Brusid(Ltrgui avair .cu Iidle Jc. génie de combanrc Athènet dans ses colo. Hé bien, que sens dessus-dessous il confonde et piétine tout
n.Les. t uc N Antphtphotis, en fiène temp! que Cléon, La
fin simubanée de.r Car à notre joie aujourd,hui nous ne saurions mettre une
dpu\ ! pttons » I1t naitrc un intmense espoir dans toute I'Hcllade: ce fin !

l'uuvcrture dcs pourparlers dc la Paix de Nicias. fut


(1) le rexte, Lamachos, général athénien. Trourera une mort
1.3) Autrc fiom_ des << tlieux junleaux »,,çoit les « Jouvenceaut-ale"Zeus tl,.:rieuse
». ^Dans et dès lors ne serâ n)rs
en Sicile.
tt\ I ÿpc i e::clave Lyctitn dc tnaurai,,cs mæurs. (2) Cléon.
nomnlé qu.avec re:pecr ;a; Àii,,iàpnun..
16 t7

TRYGEE LE CH(EUR
Quel mal vous prend, Ies gars'l quelle fureur ? Gardez-vous, par les dieux,
Donûé me soit de voir ce jour, enfin.
D'exposer si belle entreprise à sùccomber à vos gambades ! J'en ai vu, de mille couleurs,
LE CORYPHEE J'ai cent fois couché sur la paille
Mais je ne les îais pas exprès, ces gambades I C'est le plaisir ! A ['enseigne de Phormiôr (t).
Sans que je fasse un mouvement, d'elles-mêmes dansent mes iambes Tu ne me verras plus iuge brusque et bougon...
TRYGEE TRYCEE
Assez, assez coml11e cela I Cesse-moi, cesse-moi ces danses I
Ni, cela va de soi, dur de Çæur comme avant...
LE CORYPI{EE
Tiens voilà je ne danse plus. LE CHGUR
TRYGEE ru me verras rendre, bien rendre, . rJü','[ÏXü[b
Tu le dis, mais tu recommeDces !
Et bien vertement rajeuni. .. priS*efi'tinlt'^
Libre des alIres de la guerre. I ''
LE CORYPHEE Câr cela fait assez lonltemps .,,: " ûùP-,,
4ttr- No*-
Rien que ce pas encor. de grâce, et puis ce sera terminé. @OlP'Àotr' "
TRYGEE
Væ+n€{É'-ser*5-eessÈf€#alê+ï e$P
encore pcur celuilà, mais je n'en veux pas un de plus !
Ah Lycée ! au Lycée (2), lance en main, targe au bras !
Passe Mais pour être au mieux avec toi,
LE COITYPI{EE Que ferons-nous ? Parle, voyons,
Nous voudrions ne pas danser. si cela te rendait seryice Car c'est toi le Mâitre et Seigoeur,
Notre gros lot surgi de l'urne.
TIi.YGEE
Vous voyez biefl : ça danse ellcor. TRYGEE
LE CORYPHEE Voyons, voyons comment retirer ces rochers...
Tout jusle ce pas ci, pâI Zeus I
Un jeté de la jambe droitÊ et nous n'en reparlerons plus.,. HERMES (survenant)
Canaille ! Téméraire ! attends, Que fais-tu là ?
TRYGEE
Je vous l'accorde, mâis âLr moins vous ne m'importunerez plus TRYGEE
I-E CORYPHEE Mais pas le moindre mal, et tout le bien du monde (3),
... Et de la gâuche aLlssi vojs-tLl I c'est joliment plus fo que moi
HERMES
LE CORYPHEE
Tu vas périr, mâudit
Car ie suis joyeux, je jubile ah ! je lance des pets, je ris,
!

Plus que d'avoir vieux tait peau neuve, au bouclier d'être échappé I
TRYGEE
TRYGEE Tânt pis, si c'est mon lot...
Attendez pour vous réjouir : vous n'êtes encor sûrs de rien, I{ermès procédera, je sais, par loterie (4).
Mais quand une fois lrous l'aurons, alors épanouissez-vous
Poussez des cris, crevez de rire,
Car cette foislà vous pourrez i) Sttatège cle valeur, *ois un pn) dw pow la trcupe.
timer. dormrr.r (2) Gymnose d'Athènes, et letrain de ûtan@uÿres.
-ÂlJcL-rsrlq". -
I Fréouenterltètes et torres. .1
(l) 13) Réponse textuelle da traître CiLLicon aux gens de Samos, so patrie. Mot-
Festiner. louer au cottabe à-mot : << Rien de mal, rien de pire que Cillicon. »
Faire les sybarites,
(4) On exécutait un condamné par jour, mais ce n'était pas aa hasatd : on
Et hurler « TRA LA LA ! »
suivait I'ordre indiqué par le tirage qu sort, On parlait de « Coup d'Hermès >>,
dieu des sorts, comtnc aussî des toleurs et du gain, à propos du noûx qui nc
(1) Sofie d. ieu d'uclrctte lc»t popttloire danr I'ancienne Hellade. §ortoit jamois,
1

1S t9

HERMES TRYGEE (même jeu)


Périr. deLl\ fois portr rine. Au norr des llns nrorccaux.
Qu'avec beaucoup rle zèle ici t'offre Trygée ll!
I'RYGEF,
indirlue-m'en ie jr-.tir I
I.IER &,IES
Mais, lnou cher, je serai par Zeus anéanti,
IIURIvIES
Si pêr des cris perçants je ne donne I'alerte I
Sur l'heure I

.f TRYGEE
RYGEE
Sans avoir acheté lii:n eocore. Pas d'alerte. dc grâce, ô cher petit HÊrmès I

Ni pain, ni riz. ni sel a1ler me îaire... \,eau I lau chairur)


Diles .lonc, qu'âvez-vous, les gars ? Volis êtcs l.i glacés de peur.
I IERMES h4alheureirx. ùe restez pas cois, sinon, c'est lui qLli va brailler !
[)rLi, i'on t'4.. Pôssé.la l
r.Ë ('FltLLJ t{
.i
ITYGEE Ah I n en fais rien, maître Hljrûès, rien, rien, rien I

Possédé l
Mais. âlors 5'il tc sorrvient qu'avec plaislr
rll Si parfxit bonheur crnrlmeni lLls-je insensible ? De tel porcclet mon olTrande ?
A belles dents tLl 1'ls pl:rt net,
llE it l\,1ES Ne tiens pas pour si peù mon présent de ce jour I

(l'est de nrort, sais ru bien. que Zeus entend punir


JÂ(.QUES BONHOMME, dit TII.YG EI]
Qrri.'orr.lue r lc\ll.lrr' \er..ir 'url'rlr.
N'entencls'tu pas ) Hein, sont ils fervents, di!iI1 NIaître !

TITYGEE
Pour lors. LE CHGU 11

ll tar.rt vraintent, vrâirlletl. mcûrir'l Ne montre nul resse[timent


A tes supplirints que nous sommes:
I-IF,RÀ,{ES Entre EIle et nous ne te mets pas,
Vraiment nloLlrir. Mais sois gentil, ô ioi des dieux
I-c meillcur ami des humains.
TRYGEÈ Lc plus 1nrgo, si dc Pisandre
f.n lrorrerrr tr 1rcn. le plLrmail... er les rourcil< ' 1lr
Pour i'achat d'un gortl Prête-nloi donc trois drachmes !
Poilr nous. perl"de,'acrihces,
Oû ne pÊut pas mourir sans s'êlre préparé (1). trt ptf(le grrnLl\' processions.
\ôLr\ -,rlrc\ tc r. rdrOn.. s:tn,-tré\u,
HERIVIÊ]S icoÙme pour alerlcr) Lloûneur, i\4àît.e, éternellement I

Zeus, ô dieu du tonnelre..


TRYGEE
I RYGEE {vivenlent) Va, va, je l'en conjLrre, I{errnès. pitié pour eux.
Au nonr des Immorlels. Pui,.,t.e Joren.rtrnt il\ \orrl le n_relr\ servir.
Ne nous dénonce pas, maitre. je t'en supplie.

HERMÊS idéte.minatiot tle façade) (7) Pû-listln tlt la guerre, austi sour(:illcux tlue LuLlentlctrl étiil noustuchu.
le ne peux pas me iirire lll ('t-çt ttn honu;te pcu lavorable aux DémagLtgues, ct qui ÿtai plutôt des sen
liru:ntr- Ll'Atistophdne, re qLti prouÿe que &'lui-ci Ll[lattc ld gueüe partoltt ()il
lI) Ln .\e îai!Lnt ittititt- 4ux My.;làtct tl Elcu';i,s
20 2t

En phLs subtils voleurs c1u'ils ne l'étaient déjà ! Tiens, prends, pour comfilencer,
Et puis je te dirai, chose grave et terrible, La coupe que voici pour tes lillations I

Un complot sur les dieux" sur tous les dieux pendant.


HERMES
}IERMES
Ah I toujours droit âu c{eur me vont les coupes d'or !
Soil ! raconre loujours. Peut-être te croirxi-je...
TRYGEE
TRYGEE
La Lune, et ce brigand, ce vaurien de Soleil, A votre affairemaintenant, les gars. Allons, pelles premières,
Contre vous dès longtemps tous deux d'intelligence,
En avant tout, el dégrgez le plus possible Ia voie !
Aux Barbares encor velllent trahir I'Hellade ?
LE CO]TYPHEE
HERMES Nous ne demandoos que cela. Mais, ô le plus sage des dieux !
Pourquoi font-ils cela ? Prends notre tête, et dis nous bien comment faire, en gars de métier:
Puis à tes ordres tu verras si c'est nous qui nous endormons !
TRYGEE
TRYGEE (à Hermès)
C'est j'en atteste Zeus !
Que uest sur vos aLrlels que no.rs sacrifions. Allons, toi, sans tarder lève ta coupe, afin
L[ qlle c esl sur IeS leurs que le fonr Le§ Barbare. (l) Que les dieux nous octroient un labeur sans coup',.,ure,
Alors- c'esl ûaturel. ils voudraient tous nous...
Afin d'être les seuls à toucher de§ offrandes. HERMES
HERMES Et voici le vin-de-Dieu-eu
Recueiilez-vous ! recueillez-vous !
C est Dourquoi dès longtemps ils fraudaient sur les jours (2),
Par ce vin de Dieu eu nous prions que ce jour
Ft rognaienr <ur l orbite. Ah I cotlplc de vâuriens I
Ouvre à toute l'Hellade une ère de bonheur,
Et quiconque à deux mains empoignera uos câbles.
TRYGEE Que celui-là jamais ne porte un bouclier.
N est-ce oas l Ainsr donc. cher Hermès, sois de cceur
Sols de poigne avec nous. a.de nous à haler I 1 RYCLI
Nous ne t'oublierons pâs aux grands Panathénées,
Et toute fête'dieu deviendra fête'Hermès: Non, pâI Zeus ! mais qu'en PAIX tout le temps de sa vie
Tu seras Messidor, Zeus-le-Père' Aphrodite ! Aux côtés de sa belte il tisonne 1a... flamme !

Fl routes no' Cilés. de leur enfer tirées.


Du nom de Bon.Hern-rès t'hoûoreront partout, FIERMES
Sans parler de tant d'aut,. Puisse qui pour la guerre a de plus forts penchants...

tl\Lès Grecs n'adoraicnt pas cncora un Dieu lait Hommq mai§, seuls alors
TRYGEE
de I'Antituiré. ils adoraicnt tles dieux taits comrne nous. l,es peuples ...jamais n'avoir nri, sire Dionysos,
acloraient les lorces tk la Noturc, des animaux divinîsés ou les^utres
corps célestes De s'arracher du coude un bon piquant de flèche !
(11érodote, I, l3l ).
t]\ Ctrmr e si c'ètait un t'oup nlonlô cantre eLQi par les Dieut que les ré'Jormes HERMES
rlu calcndrier qui, au@ur (lc 415, cherchaient à laire coincider L'année lunaire
(s',/stème athénien) avcc I'ahnée solairc ! On sait que le succe§seur de Cléon, Puisse gui, pour se voir chef d'une compagnie.
HÿD.'h.la,, lc tnur,honl Jt lautpcs, Jaÿo tait.c\ réJormc\. Te refuse le jour. Reine...
22

TRYGEF, HETTMES
Dans les combats Non :ll
Subir exactement le sort d"un Cléonyme (l). (signe de « Trygée » : pelles, câbles, leviers, treuils entrent er jeu Grand
HERMES speotacle : tout est déblâyé comme par enchantement. Musique : BLANCHE-
NEIGE «( rimer en travaillant »). Soudain un imprévu: une énorme dalle
Pllisse qui, dans la lance ou dans le bouclier, scelle la bouche du puits. Un temps. Organisation des haleurs).
Pour vendre davantage appelle les batailles...
TRYGEE TRYGEE
... aux pattes d'un pillard ne vivre qu€ de raves ! (2) Bon ! tête en avant, toute ! échine en avant, toute I

IIERMES LE CHGUR
Puisse tout aspirant-stratège qui nous boude, Ho-ho-ho hisse I

Et tout esclave à nous trahir déjà f,n prêt...


HERMES
TRYGEE Ferme, alloos, ferme !

... être mis sur la roue, et que je te flagelle I


LE CHGUR
I'IERMES Ho-ho-ho hisse !!
Et bonne chance à nous. Allons, enfants, de 1a... (3)
HERMES
TRYGEE Encore un coup !!
Hé là ! hé là ! hé là | Allons suml.
Allons... LE CH(EUR
Ho-ho-ho hisse !ll
HER}"{ES
Allons, allons, tout aotlrt ! Allons I Allons, allons, -ons, -ons... TRYOEE (lucide)
Hermès, Grâces, Saisons. Mais de nos gens l'effort n'est pas égal.
Aphro -dite, Désir I Ensemble, s'il vous plâît I
Quel embarras !
TRYGEE
Mais pas Arès (aux Béotiens) (1)
!
'fant pis pour vous, les BéotieDS I
I]ERMES
Ah ! noû !... HERMES
Ho, ho, ho, hisse !
TRYGEE
Pâs Enyale I (4) TRYGEE
Hisse, hisse, hisse I

LE CHCEUR
l.l) Lâche Athénien., lt risle de son Peuple.
(2) Let pillarcls sont d!ÿ banclcs de Spartiatcs tlui ruÿageaient I'Attique, On Si vous tiriez, vous aussi, tous les deux ?

ÿoit ce qui, dans Irtrtliraire dc leurs pritonniers, rcmplaçait le rutabaga :


l' < orge », clit le n1()t-it-t11ol.
(l) A part Les Laconiens, aussi allachés à la pait que les Athénienr, et les
13) 14. à-n. : « lè, Ptan, iù ! ». Le Péan est lq Mlrseilloise gracque. Àryiens, qui jouent le double jeu en Athènes et Sparte, toLts les peuples nont
14) Diÿinité \ccotlduit'L' aux ortlrcs I'Arès, tnai-ç non tnoins sini,tlre. n1és sont, pour des mohiles diven, ctpp<tsé.s à Ia paix.
25

TRYGEE LE CHGUR (la dalle bouge)


Que fais-je donc? Je me pends à la corde ! Cette fois or diràit...
Oui, corps et âme, et toul feu toute flamme !

TRYGEE
LE CORYPHEE
Ah ! non et non ! Cest quand même trop fort !
Tout ça poLlr n'avancer à rien ? A hue ! A Dia ! I'on n'a iamais vu ça I
(Trygée â redoublé d'arderr un peu brouillonne. Les rieurs ne se cachent Il vous en cuira, les ARCIENS
plus. Trygée heurte un choreute, et tombe rudement,)

TRYGEE HERMES
Batailloux. vilain traitre, avec les crocs-en-jambes I Hisse donc !

Nous n'avons pas sonné ta face de sorcière I

LE CHG,UR
HERMES (scandalisé)
Certains de nous font du mauvais esprit I
Ces Argiens ! dès longtemps, s'ils tirent, c'est au flanÇ !

Oui, de ceux qui trimaient ils ne fajsaient que rire I


TRYGEE
Encore touÇhaient ils cles deux côtés de§ vivre§.
Mais vous du moins, qui n'avez qu'une envie,
TRYGEE Revoir la Paix, tires, virilement !
Lgs Laconiens, mon bon, tirent : ce sont de§ homme§ I

LE CHCEUR
HERMES Oui, màis certains nous en empêchent...
L'as-tu bien remarclué'l Ceux qui sont dans le bois,
Seuls. montront de l'ardeur, et tout le fer est contre HERMES
TRYGEE Messieurs les Mégariens, aux corbeaux, s'il vous plaît !

Les Méeariens encor piétinent, ct pol]rtârlt, Car la Déesse et vous.., EIle a de la mémoire :
(Les Mégariens s'en vont penauds)
Toutes les dents dehors comme d'âpres roquets..
Les premiers de votre ail vous l'ayiez enivrée !
HERMES J'ordonne âux Athéniens de ne plus s'attacher
La famine, parbleu ! Pas un qui n'en soit mort. Au çôté vers lequel
tend leur présent ellort !
LE CIiCEUR (peinant visiblement) Car vous ne faites rien que plaider et juger.
Si vraiment vous voulez la tirer pour de borl,
Nous n'avançons à rien les gÀrs. Allons, ensemble Du côté de la mer reculez-vous un peu (l).
Une seconde fois, mettons la mai[ aux câbles ! (les Athéûiens obtempèrent. Nouveaux efforts)
HERMES
I,E CORYPHEE
Ho, ho, ho, hisse !
Les gars, à nous, rien qu'à nous, de tirer, entre laboureurs !

TRYGEE (seuls restent les laboureurs. Nouveaux efforts)


Felme, allons, Ferme.
HERMES (à t'entrée du puits)
HERMES Cela est vraiment mieux, messieurs I c'est bien au"üe Çhose ayec vous.
F{o, ho. ho, hisse !

TRYGEE
Hisse, 'cré Nom !
(l) Qu'ils regardent du côté de l'eau, où est leur avenir !
26 2',1

LE CORYPHEE HERMES
Cela va bien (c'est lui qui parle. Allons-y tous, et de tout ccÊur I
Il t'en cuira, pour sûr,
De la calomnier : elle ne se plaît point,
Elle, au grêle phraseur qui ne sait qu'ergoter (1).
TRYGEE
Les laboureurs, s'il faut tirer, n'ont pas leurs pareils à I'ouvrage ! TRYCEE (rectifiart)
... le lierre. le pressoir, le jeune agneau qui bêle
Les seins, quand par les champs s'en va la farandole,
LE CHGUR La servante pompette, et le glou-glou des pintes.
hârdi donc hardi tous Et tant et tant de bonnes choses !
Encore un coup, et nous Y sommes I

Ah ! ce n'est Pas de dételer, HERMES


Mais d'Y mettre totltç§ nos forces !
Tiens, regarde :
Entre elles, quel babil ! bavardent nos cités.
HERMES (la datle cède visiblement) Elles ont fait la PAIX. Quel rire étiDcelant...
Cette fois-ci, vous la teDez I
TIIYCEE
LE CH(EUR (derniers efforls) ... Irralgré leurs yeux encor diablement pochés,
Toutes tant qu'elles sont, et lgurs bleus de ventouses !

Oh hisse donc ! oh hisse tous I


Oh hisse, hisse, hisse donc ! [IERMES
Oh hisse hisse, hi§se tous !
Bon, et les spectateùrs ? Avise bien leurs mines,
(émergeant lentement.,.,.,,..... . ) Et de chacun perce À jour le métier !
Saison.des'Fruits et L,a Paix, Fête-des"Jour§.
TII.YGEE (effràyé de lâ tâche)
TRYGEE Grands Dieux !

O dame dss raisin§, sous quel nom t'accueillir ?


où trouverais-je un nom de dix-mille tonneaux HERMES
Sous lequel f invoquer 'l
ie n'en ai Point chez moi,.. Là-bas, c'est un marchand de panaches, vois-tu,
Salut. Saison-des-Fruit§, et toi, Fête'de§'Jours. S'arrachânt les cheveux,
Ouel vrsage charmant que le tien. Paix chérie !
Èt a" r"r[i, I quel baume ! O sens cela, mon c{eur I
TRYGEE (approuvant. Un bruit sec en fanfare)
Si doux sentir la myrrhe et le ... désarmemeot !
Ça c'est le taillâûdier !
ll pète d'allégresse au nez de I'armurier.
HERMES
Cela ne fleure pas le sac du militaire'l HERMES
Un fâbricant de faux I regârde s'il jubile !

TRYCEE
Foin du ... sac odieux d'un odieux soldat !

Il a le même rot qu'un amateur d'oignon' (l) Entendez : la clécadence de l'art tagique suit de Jott ptès la décadence
Celle-ci sent tes blés' Ies bras ouvert§, le§ vins, monle. L'asprit de c:hi<ane a été inotulé aux Athénieru par les personnages
Les tragiques pipeaux, les chants sophoçléens,
cl'Euripide !
Les grives, EuriPide..,
23 29

TRYCEÊ Les figues fraîches et les myrtes,


Ah I le beau pied (le nez clu'il fait au bois de laûce ! Et le vifl doux de lâ vendange,
Les violettes près du puits,
IIER (désignant ies chol eutes.laboureurs, qui rejoignent les aurres cho. Etlolives, ea les olives
I\,1ES k D6nt je rève,
reLltes)
Ah ! poLrr ces trésors, sans attendre l,
Tu peux aux laboureurs dire cle s'en aller. A notre Déesse louange !

TRYCEE LE CHCEUR (même air, triomphal)


Oyez donc, boûnes gens r laboureurs, au plus tôt, Salut, ô gué, salut, ma bien-aimée !
Vos outils de labour avec vous! regagnez Ton seul désir n,e possédait !
Vos sillons, mais sans espontons, sans épée et sans javeline. lJn surnaturel mouvement
C'est comme si la PAIX ici n'avait donc cessé de régner I A rentrçr aux champs me poussâit !
Mais aÿaût de revoir nos r:los, un hymne d'action de grâces ! Tu faisais notre gain Ie plus clair. ô mon c{eur.
A nous tous, qui, tous laboureurs,
LE CORYPHEE Goûtions la rurale existence !
Toi seule nous venais en aide !
Jour désiré des bonnes gens, des laboureurs jour désiré, Quel n'était pas sur nous torl bras
Dans I'allégresse de te voir re veux mes vignes saluer, Aux temps jadis ! Doux et propice,
Et les figuiers que .i'ai plartes quand j'étais dans nron jeune temps (l), Cracieux, et plein de délices !
Si mon cceur nollrrit un désir, c'est de les embrasser. enfin I N'étais-tu pas pour ceux des champs le pain d'épice,
Et le salut ? Cultivatrice,
TRYGEE Vignes. f,guiers jeunes et lisses,
Oui, mais commençons dolrc, les gars. par un hymne à notre déesse,
Et tolLs nos plants, tant qu'ils verdissent,
Riânt te recevront, ô gu...ice !
Qui seule nous a délivrés des panaches et des Gorgones (2)
E[ sur ce, que je te cavale au clos de ma pauvre maison,
Après avojr fait n1on marché : un bon petit poisson salé I LE CORYPHEE
Mais, Elle, où diable loin de nous la trouvait tant et tant de temps (1) ?
I.I ER MES Daigne, daigne nous en instruire, ô le plus bienveillant des dieux I
O Poseidôû, quel beâLr coup d'æil que cette troupe sans lézarde:
Elie est dense, elle est animée. elle est la galette et la noce I (l) Yoici, en gros, ÿue por A ûstophane-T rygée l'Ani du Peuple, cotflû1eht se
résu xe la mohtée des périls et des hostilités. Phidîas détoume (?) une partie
TRYCEE (redonDant progressivement le ton) de l'or avec latluelle il deyai, laire lq stqtue d'Athéna, et prewl elJectivemeru,
Par Zeus ! car chose radieuse est ulie houe à poi[t fourbie, en 438, le chemin de l'exil. Son ami, le chel démocrate Périclès, qui detenait
plLt,ÿ ou moins ,uspect à son llur, aurait peu à peu engagé les Athénîeng
Et les tridents de tous leurs feux étincellent vers le Soleil...
Aussi vrai que je vous le djs, r-rn échant s'e. trouverait bien. dans la guerre : car il fallait bien cela, selon une patole qui eut son heurc
Ne voilà-t-il pas qdà mon tour de retourner aux champs je brûle, de célébrité, pour lairc oubliet las soupçolls. Er1 432, il fit interdite par décret
Et de travailler au hoyau, depuis si longtemps I mon lopin. tout comfierce aÿec Mégarc. En 43]l, c'état la guerre oÿec Sparte. Les exac-
Allons, rappelez-vous, les gars. tiotLt d'Athèûes lui aliénèrent ses colonies, qui inclinèrent vers Sparte- Mais
L'existence dont autrefois Spane aÿait la guete dans Ie sang : elle fit durer le confrit. Ce Jut I'esco-
Nous faisait présent la Déesse, ladc, toÿours, des ùeux côtés, au détriment du menu peuple des cam-
Ces fameux pains de flgues sèches, pognes. iur lc plan intérieur, Athènes, surpeuplée de rélugiés, deÿient une
proie laciLe pour les péroreuts-dëntagogues, qui rejettcnt la colère populaite
sut les plus riches AlLiés, tout en $'entichissant des libéralités dont ceux<:i
achètent, jamais pour longtemps, le silence d-es meneurs de meuîe. On com-
{l\ ll est rélugiô datrs AthènL't dcpuis tteize ans telon le plan de guerre de prend. dès lors que ces tnessieurs aient eu lout intéftt à laie durer unc
Pôriclès.
guerte dont ils étaient Les profitcurs. L'înspirateur de ces Ultras, si lunestes
(» Emblèfies épouvantables ftgurunt sur les boucliers.
à I'Hellocle, était le démagogue Cléon.
30

I.IERMES HERMES
".
O le: pl'sl le. llu) d \i-5cqr Laboureurs. solcz rout oreilles,
Oui. si 'rous voulez entendie un jour comme elle fut perdue. Et puis, quand eut, de la campagne, affiué le peuple ouvrier,
Son astre déclirâ d'abord quand Phidias eut ses entruis, Ce fut son tour : on le vendit, lui tout de même, à son insu :
Et derechef quand Périclès eut peur de la même infortune : Privé de son marc de raisjn, toujours friand de flgues sèches,
Il craignait votre naturel et votre habitude de mordre, Il bayait à ses péroreuru, Ceux-ci, qui remarquaie.t fort bien
Et pour lte point prenrier pâlir, à votre ville jl mit le feu, Que les pauvres étaient à bout de forces autant que de pai[,
Un soume, une étincelle, un rieû, un mot de décret sur Mégare Donnaient de la fourche à deux dents de tout ce qu'ils avaient de voix.
Ah I la la la ! Quel vent de guerre, et le tourbillon de fuméç Et toujours sur les Alliés, enfin, sur les gros, sur les riches,
Tira des pleurs à tout Hellène, en bas, sur Terre, et dâns ces lieux, Et toujours à les accuser d'être au fond avec BÀlidas, - f-aL -
Dès qu'une fois, Et vous, là-dessus, les roquets, de vous ruer à la curee,
à contre-cæur, eut pétillé quelque serment, A tout haro sur la viÇtime avec délices vous jetant !
Et Ia jarre, / Au seul aspect de ces llagellateurs, eux, de là-bas, bourraiellt,
au choc regimbant, de Çolère choque la jarre, Bourraient, bourraient de besants d'or la bouche des me[eurs de meute.
Adieux, messieurs, adieu, tout Bon-Office, et la Paix disparut. Ah i ces mesrieurs s enrichissaierrr. alors que. cependantIl Hellade
Qui se vidait, et vous n'en voyiez rien I Et tout cela par un...
TRYGEE Marchaûd de cuir,..
Ainsi, ma foi, par Apollon, c'est bien la première nouvelle,
Et je ne savais pas qu'entre elle et Phidias fût quelque chose. TRYGEE

LE CORYPHEE De grâce, Maître, Hermès, de grâce pas de nom !

Et laisse-nous le personnage à sa.iuste place, sous terre !


Ni moi non ptus jusqu'rci... Nôtre il n'est plus, ni des vivants, cet homme, à présett Ie seul tien.
C'est donc pour ça qfelle est si belle: Ce que de lui tu pourrais dire,
Elle est de parents avec Lui I Mais tant de Çhoses nous échappent !,., Et qu'il re fut, vivant, qu'un drôle
Un babiUârd, un sycophante,
FIEITMES Un brouillon. un semeur de trouble.
Lor§ survient I'heure où les cités de votre Empire, vous yoyant En tout et pour tout aujoùrd'hui
SLlr tous les molts, les tiens, retombe (l).
Fauves entre vous devenus et de faim tous les crocs dehors,
Contre vous mirent tout en æuvre à force d'être pressurées,
Et des Laconiens, des plus grands, elles oignirent d'or les griffes. (à la Paix)
Eux, les infâmes rapiats, traîtres aux démârÇheurs, des hôtes I Dis-moi : que gardes-tu, maltresse, le silence ?
Lui claquèrent Ia porte au nez, et dame ? d'agripper la Guerre,
Toujours victorieux, oll mieux, aux laboureurs toujours funestes,
Tant nos trières à leur tour allaient d'ici, par représailles, HERMES
De gens qui de rieû n'étaient cause un ! deux I trois ! croquer les figuiers.
Elle ne saurait rien dire à nos spectateurs,
Tânt elle a sur le cceur vos mauvais traitements !
:TRYGEE
Dis plutôt par juste retour : de mon figuier de Phibalis (1)
Ils n'avaient laissé que la souche. Un que j'avais planté..., nourri... !
TRYGEE
Mais qu'à toi seul du moins elle s'ouvre à voix basse !

LE CORYPHEE
Par juste retollr, oui, parbleu I car ils m'avaient, à moi de même,
En miettes mis, d'un coup de pierre. un vase à blé de trois cents litres I

(l) Entendez : « Tais-toi, pour ne pas me réduire à oufiager en feu Cléon


taus les suiets de ton Empire, » C'est qu'Hermès, d.ieu d.es routes et des 4u'
(l) Figuicr noir. bairæs, étqit chargé de condltirc les âmes des tnorts auî Enlers.
l2 -11

IlEII M gS HEI1 M ES
Dis moi : que ressens-tu polrr ces gens ci, ina mie ? C'esl pour sc.létourncr du peuple. cle colère
{) toi. sur toute fen'lme ânti-plastron-fâroucltc. Qu il se soi'r porr proslâte (l) un tel fripon choisi.
Bien. J'entends. ('e sont là tes reproches. 1 Compris.
Voüs autres. écortez ce clui fait son dépit ; -f R YGF,F,
lllle virt d'elle-mên1e. apràs P)los. dit elle. Oh I point n'(]û ureron!, mai5 clu tout ! Sculement,
Dc trrr<r irnf\orlEr r\r t,',rt .tr ,rattier. Nous trolrvairt orpheiiû d'honrne fort, e1 tout nll.
Et ûrain haute trois iois 1â renvoya lc Peuple
Nous avons ptis rnoLlsieLLr : çal fait toujours u,r slip I

I'RYGEE IJEI.I}ÿ1ES
je le sais bien. N{ais un peu rL'inc1ulgence,
J'eLls tCrl1, L)lr slip pour le pays J demânLie lâ déesse.
Car ûous avions alor:i lir lête dans les cuirs I

TRYCEE
rIII{MI]S Potrr nous porter conseil.
liun I I rr.en.'. .r f,!\(nl !r rlu rllL rerr' (r\L,rr :

Qui lui vouait céiiDs la plus robustc hâine ? 1.IERI,I[S


iit qùi Iaisàit, llolrr cl1e. i la guerre la gùcrre l lc ne vois pxs. (lomlileût ?

TITYGEË
TRYGEE
Son plus iervcnt ami I Cléon!,ûre. de loin I
Il se trouve clu'il tait des lampes. Avant lui,
Nous menions à tâtons les afFaires. Jorlrs sombres i
I{ER [,1ES Or tout se délibère à la clarté des lamDes I
Et qLrei apparaît-il f:lcÊ ârLlx hoslilités.
l^on Cléonynle l IIERMES
Ohlohl
TRYGE.I] QLrel tâs dc .lucstions elle m'impose I

Une ânte conrme çÀ. Rjen. rielr,


Pa! une once de lils clu père clu'il se donne, 1'I{YGEE
; rr " pein< (n i.,c l:rg.(. rl 1\ ''L \ile i'r'l llé bien ?
D'être... le rejetoù .iui rejette les amres !
I'IERTJI]S
IlF]RMES Un amas. qui rernonle au temps de son départ...
Autre chosc à pr-ésent.luelle voudrait savoir: Primo : « Quel esl le sor-t cle Sophocle ] dit-elle.
QLri fait, clui irit 1a loi sur le roc de la Pnya:') (l)
TRYGEE
'IItYGF]E ll r.r bien. \1.i. il fcrnc: un rr.ri .r..
t{YPEI{EOLOS. pour l'hcure. occupe cette place.
Flé loi, qlre fais-tu 1à I 'l'olirner ailleLlrs Ia face l {{ERN{ES
\'1ais encore l

(.1) Coltinc d'.4thènt.y, i) I'outsr LIL l',4cropola, oti se ta oi(nt Ieç assenblées
(1) Ettlenclta : « pottr chtl. pour p sidetll, alc. ». l(i, le Lnot cst tnxîuli/L
34 35

I-RYC ÊE Et s:1r1,j lerrlre un instant voici Fôte-cles-JoLll-s.


f). gioIi.ux Sophocle il se Îaii... Sin.ronide 0). Reids la vite au Conseil. donr jadis elle étâit (l).
TR YGEI:]
[{ER l\'l ES
Sinronicle I Et coflllr.Di l O trop heureux Clonseil, d'avoir Fôte-des-Jours I
Que de boirjllons tu vas trois jours duraDt lainper I

TRYGEE Que de tripes en daube engloutir, de viandes I


Ah I vieux et vermoûiLl. Ça, oher IJennès, adieu I Bieû du plaisjr I
lL irait, pour dc l'or-. à la mer Pout lâ boire (2). I IER I\,I T]S

Autant.
IJ EI{M ES Polrr toi, rnortcl. Adieu I I)e lltoi qu'il te souvienne.
Et Clrulillos le Sage I Encor vivant ? (3)
TRYGEE
TI{YGEI 0 hoirsier. all logis I Revolons au logis I

Llon, morl LlLland noui e[vahiL Spatte. HERMES


Pius de bousier. Parti, mon cher !
II EII MËS
Ah I cle quoi donc I TT.TYCEE
.I- Oir'l rnais oir donc l
R Y(lF,F,
De (luoi .)
IIERMËS
l{ais <1'une pâmojson. I]'àyarr pL! supporter " Ze[s la mis à son char I il po]"te les êclairs I

lle voir me'.tie er1 nlorceàu,\ L1û brlril pleii'l de vin I .I-RYCEE
D'ailleLlrs. .iue n'a scLrflert nolrc chère ciié |

Nolls ne te lâcherors iantats pius. ô Maîtresse !


Mais oir, Ie rnalheureux I trouvera t,il sâ vie l
H ËI( MES
HERNlIES
u. , . -.r Jir t'nrrr (I'.r-\e rLçoi\
ll arrra Canyntècle, avec son emnl'broisie !
,le b rn Jor
l-a Belle .iardinière. eL puis aux champs, lait 1ui, TRYGITI-I
[-a prenant sous ron ioit, quantité de... raisiùs. N{lis nroi. commgnt descendre ?

TIIYC ÉE r'IE]{M ES
Vicns par ici. la Belle, et me donne un baiser I Assez biÈû. Iieprends cæur I
Pllis'je à tes yeux, depuis 1e temps I louler sans ris.[ûe, Pai devallt là Déesse ! (jeu)
{) souÿerait Hermès, le clos e! le verger ?
TRYGEE
H-ER N4 ES lci. les dernoiselles I

OLri, mais il faut aPrès boire un bon vin saugé I (.1) Derrière mol, ntais vite I 1l est beaucoup de geûs
QLri l'æit braqué sur vous. attendent, verglre haute.
-ri.- ile trio s'en va)
tl) Sitiûnidc dr CAs rtrtl Jt Pirt\:arc. a lr.it.\t. u t salrda rlpLt
t,556 167'!1, lL
tutiofi Idtdti((- E,tt (t: << pout ic ['or >> qu'à l'âge tle 82 ans iL entrcprit, (l-lermès sc fonC dans l'air. Le Chceur se groupe cn quittanl le manteall. et
I'Athàrtc.ç, Ie voyugt dt, lu Sicile L:t tl? l'ltalic miridiotrule ? aPper'âît dâns Lln costLrmc loft pittoresque, ntais fort voisin du ûôtre)
')t V--t,,t rnt:ut'tti \u'l ttttf ttatt
\)) lÿrogttc tt)lt)itc (51ç.122). Vitt à la ct:tnûlia ÿert 150, ct (:téa ltL Co 1édi?
&'r. Ancitnne. tsattillÀt isrophanc en,tr25 et tn 121, pri td reyanche en 423 ayec... (l\ l'îte,rlts.Jours ltait pat lui entoyée en L|éput.1tiL,n rcligieuse tL:.tx Jêret dt
<< Ia BouteiLle )>- l,ui autsi. c ért1it un ('a.\. [)elplrts et dc Dilos, otr tnô»te cncort, ûlais en tn.)ins soleincl, au << paulon
tl) Co lIt let coliquts ltnttorlulc: pat
>>

I'dbue tlLts Jruits. (tttikqtlrnfial tle Brauron (voir plu: loinl.


36 17

LE CORYPHEE (à Tr]'gée qui s'éloigne) Àvant tout je m'en prends à la Bête elle-même, en requin endentée,
Qui <1ue lissent trembler ses regards d'Isâbeau (l) tout fulgurârts d'éclairs.
Va donc. et bonne chance ! En attendant, pour nou§, de cet attirail'ci Un cent de peloteurs, vrai gibier des Enfers, allaient vous la léchant
Corlnoils alrx valets Tout autoul de la tête. Elle était, pour la voix, torrent semeur de mort,
La surveillance, car (c est assez l'habitude) Phoque pour ler odeurs. pour les... crasreux. ticux porc.
Aux abords dc la scène Et pour le cul, Chameau.
En foule. le voleur se fauûle, Tel je vis donc ce morstre. 1l ne me f,t point peur : je combattais pour vous.
Et se sert... Bien plus, pour l'Archipel, et toujours je tins bon. Ce barrage auiourd'hui,
Allons. sur ces outils (les valets emportent pelles, câbles, leviers, etc) Vaut bien de votre part un gracieux retour, et quelque souvenir,
Veillez en braves gens ! Nous, disons au public Car loin. quand le succès hier comblait mes væux, de courir les palestres
< Le but de not discou ' toate nolr"e pevsée ». Et les enfarts gironds, j'ai plié morl bagage, et je m'en suis allé,
Pas raseur pour un sol, mais grand marchand de rjre et tout devoir-dgvoir !
Il mériterait fort quelque couP sur les doigts, le poiète comique Aussi dois-je trouver pout rroi
(1)'
Qui vienclmit pèrader slLr le bord de l'orchestre âu cours des anapeste§ Les hommes faits, les jeunes gens,
S'il laut pourtant louer, Fille de Zeus, quelqu'un qui remporte et le prix
Et les chauves, mais oui, les chauves,
Du poième comique autant qu'homme du molde, et la plus haute gloire' A ma victoire intéressés
Notre poiète a droit, dit-il' à quelque part de singulier éloge. Car, si je gagne, chantera
D'abord, n'a-t-il pas fâit, à lui seul, ses rivaux cesser de s'égayer 'foute la table et le banquet:
Sur d'éiernels haillons. et laisser de côté la chasse à la vermine ? << Au çhauve porte, au chauve donne (2)

Ces fameux Héraklès' toujours à leur pétrin, toujours la faim au ventre (2), Au chauve les amuse-gueule !
En décri les prenriers les flt-il pas tomber'l Plus d'esclave, avec lui, Il a du plus grand des poiètes,
Que sans cesse on fâisait de la maison sortir, tout
gémissa[t, afin
ll a le front et le caillou I ))
Que le Second Es',jlave, ayânl raillé les coups, ensuite demandât :
ùÉ o Mon pauvre, sur la peau qrfas-tÿécopé'l N'est-ce pas un neuf-queues, PREMIER DEMI.CFICEUR
)u; Sur tes flancs en masse a fair une âescente, et ravage ton dos? » (( Muse, dis aux Guerres
^ Foin de ces pauvrelÉs. de ce qui sent la halle' et de ces plats boufions :
De plier bagage !
Ouvrier d'un grand art, àyant fait l'édifice, il I'a flanqué de tours, Et dansons tous deux
Deaux discours, nobles traits, et de ces mot§ pour rire à la rue étrangers, Les noÇes des dieux,
ni féminine gent'
Sans mettre sur la scène obcurs particuliers, Les festins des hommes-
r
6nn n6svel Héraklès, àux plus grands, tout ardeur, il liwait son assaut' Et les lleuLrs des saints )>,
A grands pas enjambant d'afïreux relents de cuir et de sales menace§' Qui ront tiens ballets de toujours...

(11 iti clu mètte dans lequel était écrite' de la Conlérence de (l» M.-à-n. < Kynno » (la Chienne). On désigne sous cè hom, au moins depuis
Nom tcchniquc,
'ir"tti'irir, ,ou l,' u,rl de Parabase' lout auleur comique plaçai| au milieu Homère (V1,344, etc-) les femmes un peu Jolles de leur corps.
(2) Le contfltà indique que les chauves sont les vieillards. La suite signilie
t)t CouDt rlc patte ir Euripiclc : dans ALCESTE' Ie demi dieu se conduisait tout aussi bien qu'Aristophane était lort cheÿelu, car aÿec les Poètes Comiques
,iu,,io'rn goinJrL .. ,lans SYt ELtS, il pétrissait d énormet pê,tér' an nc tait iandis.
38 39

L{aii si Bernard'l"Ermiie (l) \'ienl Vous éiiez bien petits de là-haut. Vrai de vrâi,
'fe supplier pourses pelits. VLrs du ciel, vous étiez de bien mauvais sujets,
Ne te[ds pas. ne te[ds pas l'oreille, Nlais cl'ici, je vous vois de bien flancs scélérats !
Et surtoul nc suis pas leurs Pas I
Dis-toi bicn tout ce qLl'ils sollt tous: II
(ailles de lârdin, collcts de giberne
-/\h I mâitrc, est-ce bieD toi ?
\ains. croltes de bique, et trente_deLlx trucs I

Lcur père djt qlle de ses æuvres TRYGEE


l,rne, ô merveille I qr-r'on joua
FL:t le soir par le ci1ùt mangée. C'est ce que I'on m'a dit.
II
SIICOND DEMI-CHC]Ul{ 1mème jeu) 'lu soullres l

Ainsi chanre peupie. TRYCËE


O chcveux des grâces.
Oui : les jambes... C'est uD long cheniin...
L,n gentil poiète, Que j'ai parcouru.
Sitôt que 1'àronde
Se pose, et bâbille I]
5où chant printan;er I )) Voyons. raconte'moi...
Quand Ma Morl n'obtient pas de ChæLlr (2).
Ni Mon-Der-ril. dont j'ouis la voix TRYGEE
Si criarde vocaliscr Quoi I
l.nr..ltre f,"rrrr uI corr!oLrr. lrrgiqlte
lls se ÿirenl gratiliés 1I
I)'un ah.eur. son lrère et lui. ces deux As'tu vu pxr les airs allant à l'aventure
Gorgones, gloutons, gllette raie, Flarpyes, Un auire hon-rme que toi l
-lroLrsse
vieille impurs, troucs puâtts. brochets,
SrLr eux crache Long. crache 1arge. TRYGEE
O i\4u\e ô I)éesse. et viens t-en Non, !i ce nesi peut-être
Célébrer avec rnoi ix Fôte ! Des âû1es. deux ou trois. D'auteurs-de'dithyl ambes... (l)

II
TRYCEE ittéra iclrrerlt ranné, toujours suivi de Saison des-Fruits, Fête'des-
(l
Et clui faisaient l
Jours se ragaillarciira p:-ogressjvemeDt)
1'I{YGEE
QLr'il esl tlur d. montel eû 1lèche près des dieux I
Pour n'toi. volrs nien royez sLlr les dents des deux jambes... ... au vol ettranant des préludes,
Des blancs'deirmament à la neige battu.

lt
(l) Err grrr, Karkinos. St.t tilt ÿ)rû lout à t'ait clans l( ÿcnl, ct tù11t11(' lout st'
l/ll n/ r/.\ s ,/rr, n, r/// I /l (.., d aÿdnt-gardc sitnultanée de tLtutcç las déca-
L' Mais âlors ce n'est pas ce clu'on djt, que dans I'air
J, rr r i . r/' ,)fit inÿ, nlL lr tttusi4ut nutcbrnc tl dts danvcv à I'atL,nant, qui Jol A\tres lroLrs devenons une fois qu'on est mort J
tL'ttt:t tlts < h)tot1\ >. L't la tnrrvtlle.ç « positio s », clui lcut ottl talu Ic surnotn
rt atl /l)t >t 1. « R.rI.! ;>. si biLn qut la tlt'lelle, tlui dans les tn(lisotlt gtL'(que.t TRYGEE
tafiai lieu ck ('hat, ltç lir passt:r ';otts sa dent truclle. si!
12) llalpattiÿrmenl MoLtintos, nlauÿait poètc lrdgiqu(, ct Môlonthior (: lc
Noirl, ton (ollabordtrtr at parlois son prentier rôle, lt)u.t deux fi!s de Phi
loLlàs rt p.tit tils cl E.tclryle- Àristophanc na pcrd pa; unc otcasion dc brct
Larrlcr ctr lau x rttrLlhaurtux, (l ) §orre.r de cantatcs.
40 11

II II
haul' cn lait d'etoile'
A sucer donc encore il lui faut apprêter.
Quesl ce qu'il esl donc la (il entre avec Saison-des-Fruits)
Ton de Chios ? (l)
LE CH(EUR (arrêtaût et ramenant Trygée)
TRYGEE C'est avec un tare bonheur
t-ui ? Celle qu'ici, iadis' Qu'À Grand-Père, si j'ai des yeux,
(l'imitant) Fait de t'.eil la Fortune.
..Ëioir. *.rin^r"... » A peine^eLrl-il paru. TRYGEE (modeste mais sûr de lui)
r.* lat .iau* le nommaieltt Etoile matinrle' Mais vous n'avez rien vu du tout. Quand vous verrez le Marié !
It LE CH(EUR
par l'e'pace
Er quels son: les signaux ql'i fllenl O quel enviable Grand'Père
En long sillons de feu' Jeune il sera redevenu
Tout de myrrhe luisant !
TRYGEE
Des dineurs qLli s'ell vont ,
TRYGEE (âvantageux)
ii o..,*
-".ii"ur,. ceux-là. dans Ie pays des a$res Je le crois.
i-; i;*:;;; i;';^in. t" t'u dans ladans lanterne
la maison
I
Oui. mais dans le lit, aux nichons quand je la prendrai !
iâii'i,ti^àt-,,1-i. .ï lu foit "nt'"t le
i;'à';;ii;i;;;tcnài'" "' 'u un vrai litbain'
chaufles
de noces !
LE CORYPHEE
Èi;à;;l';ü"-"iË;r moi dresse rendre l'autre Ah ! pour cousins tu n'auras pas les totons d'un Bernard-L'Ermite ! (l)
i'i"'; ;;; ; ôonte't
""pendunr
ll TRYGEE (feignart quand même d'âvoir compris)
N'est-çe pas justiÇe, moi qui,
D'où tiens'tu ces deux'là ?
A dos de bousier pour monture,
Ai sâuvé l'Hellade, si bien
TRYGEÊ
Qu'en sa ferme
D'oir ? mais du Firmament' Un chacun, sur les deux oreilles,
II Peut rester, aimer et dormir !
des dieux' II
Plus ie ne donnerais trols oboles
ij;'niil:i;il; nous iils riennent des coml'nerces'
La petite est baignée, et la fesse est propice !
Le quatre-quart est cuit, I'on fait le pain d'épice,
TRYGEE Et tout, et tout et tout..., mais l'on atteûd la Vergue I
de çes pratiques
è"rtnior, ti"n que du Ciel vivent
tà Fête'des'Jours) TRYGEE
Allons, marchoûs Allons, finissons-en. Dépêchons-nous, tous deux,
II De ren'lettre au Conseil la Fête.
Dis-donc. lui dois'je sous la dent
Presenter de quoi J (l) Porce qu'il n'uura pos besoin el'ovoir recours aux « tretle deux trucs »
Rieû. Elle ne Frendratt rlen' d'inpuissonts. Mais Ttygée ne cotnprencl pat canltne nous cette plaisanterie
il,l'ii'.''i.ni üi,o"t't hrbtrucc rtr Ciel' qu'il entend, lui, pour la première lois. Pour lui, le benwrd-l'ennite est essen
tti'"àtr-o.,"n. le regal Je lr-haut' tiellement I'hôte des cocluillages dans lesquels il se ftlugie loute de mieux.
^u C'est un peu ce qu'a é1é, treize ans durant, le Rélugié Trygée. En renîrant à
son propre loyer et en ramenant qLt leur tous les autres bctnard-l'ermite, Le
(\ Il ÿenait cle nuturir' Son .çurnom iteil ld tançon d'un air qui aÿai| lait nouyeau marit n'aura plus aucune paranté avec let mal logés,
42 4.3

II II
Flein ? quelle fête ?
Ah ! peste, qu'elle est belle !

TRYOEE Mais ce noir de fumée.,, ? Ah ! i'y suis ! Oui, c'est 1à

Notre Fête-des"Jours, qu'au pardon de Braurôn, Que la Chambre, avant guerre, avait ses casseroles !

Jadis, musique en tête, ur peu bus, nous menions !

Etle, te dis-je. On l'a, mais ce fut dur.


II TRYGEE
Ah ! Maître I

Cette croupe I une fête. et non du tous les jours I D'une joute après cFroi libre à vous d'engager,
Puisque vous la tenez, dès demain, les ébats,
TRYCEE Sür ie flanc ia verser, À genoux la courber,
Bon I qui trouver ici de juste l mais qui donc ? Où bien, con.rme au parcrace (1), huilés de frais, gaillards,
Telle quelle, qui prend, pour la re[dre au Conseil ? Cogner, et travailler à fond d'arrache-...pine !
Hé, qu'astiques-tu 1à l Deux jours plus tards viendra la course de chevaux : (2)
II Cavaliers, cavalières, ah ! I'on cavalera !
C'est 1e.,. heu ! Je retiens, L'un sLrr lJulre les chars versés eL renversés.
Pour les Fêtes de Nuit à moû chose une chambre (1). Soulffant et haletant marieront leurs efforts,
Tanclis qu'ailleurs giront les décavalcadés,
TRYOEE (lève les bras au ciel, puis..) Les auriges de char en pleiu tournant tombés I...
J'attenJs toujours mon \olonlâire... Prytanes, allez-y ! Prenez Fête'des-Jours I
Par ici !
Je vais au milieu d eux te conduire moi-même. (un Prytane se décide. timidement d'abord, puis se sauve avec Fêie,des-Jours)
II
On fait signe là-bas. Dieux ! quel empressement I Quaûd un prytane prend I (3)
Mais quant à mettre en train quelque affaire 8iatis...
TRYCEE Oui, oui, je t'aurais vlr prétexter les vacances !
Qui ?
tI
QUt I Ducongigoute (2).
LE CHGUR (même jeu que précédemment)
li la veut pres de lui... Ce qu'il prie:
TRYGEE Ah I c'est assurément pour tous
Hé. l,I'lol,I cher, Un précieux concitoyen
Pour se ieter sur elle, et la laper cul sec ?
t Qufn homme comme toi !
ail n'en Rnira pas...)
Atlons, pour commenÇer, nrets les nippes par terre.
(Fête-des-Jours paraît en Anadyomène)
TRYGEE
TRYCEE (la cotduisant aux premiers gradins)
Prvranes. ô Consetl, vovez Fète-des Jours: La vendange vous nlontrera mille fois mieux ce que je vaux !
voyez-li I que de biens je vou' livre avec elle I
Sur l'heure vous pouvez lui lever les deux jambes,
fn I'air. puts proceder à ros inlusions.
Voyez cette cuisine !
(l) Lutte gymnique cohprenont lutte et pugilat-
t|\ M..à.-ù1. : <, Pour lct Fôtes .le l'lsthrne » (de Corinthe). Il§ altiraient une (2) Sur ce genre de cheÿauchée, ÿoit Atistophane, passim.
gianLl,: foule, o il craù ht,n d? t?Rkir à l'avan,c ta cabinc < Itthm? .'a aussi
un eLttre ,ÿettÿ, que lcs Grec's deÿinaient ai|ément. (3) Quelque chote comme un sénateur. Double allusion : à Leur dÿidité (t ),
(2) M..à.m, : < Ariphradèr » (: Génie Sans'Pareill. et à leu lainéqntise (??).
14 45

LE CHGUR ll
De pot-au feu I comme uD petit coquin d'Hermès ? (l)
Dès maintenant ça se voit bien !

Le Sauveur de t'I{umanité, TRYGEE


Pas de doute, c'est toi ! Mais clue vous semble donc ? Vous faulil un bceuf gras

II
TRYGEE Un bceuf ? Point ! j'ai trop peùr du bceuf... glement d,alarme.
Attends donc, pour parler aiûsi, d'avoir tâté du vin nouveau !

TRYGEE
Un fort cochon bicn gras ?

LE CHGUR II
Nenri I (2)
Et dieux à part, en toi toujours, en toi nou§ verrons le premier'
TRYGEE
Nenni I Pourquoi ?
TRYGEE
II
Tant.i'ai bien mérité de vous, De peur de voir surgir Théogène, ce porc...
Moi, I'Athmonéen, moi. Trygée !

Des grilles du Mal j'ai tiré TRYGEE


Le peuple, le Petit,
Mais pour victime enlir que reste-t-il
Le peuple entiet de nos campagnes ?

Et Hyperbolos, c'est fini I

II
L'ouaille !

II
TRYGEE
Et nous deux, quel devoir à Présent nous âppelle ? Une ouaille ?

II
Parbleu I

TRYGEE
TRYGEE
Quel I mais d'asseoir la Paix sur fond de pot-au'feu !
Mais il est d'lonie,
Ce mot-là |

(l) Hetmès est le type du dieu précoce : le jour même de sa naissance il


inventait la lyre et le leu, et déroba les vachet d'Apollon. ll en tua deux, dont
ll) Trygée anlicipe ctuand h7ême un peu llypeftolos ne sera condamné à il ofJrit un sacrifice aux dieux pour commémorer'son larcin. Incidemment, iL
i:"ri,'"1'", toüte sa l.ttnille il est vraî, ct ce lut le dernier exetuple d'ostro' lut fort lenté, mah il s'abstint, de goûter aux yiandes cot*ccrées, Voir
,irri ot au sentence collcctiÿe, qu'en 417, Il aÿait attaqué Alcibiade et Niciat' Honùrc, HYMNE D'IIERMES (ÿ. 130-134). La pièce contient du reste une
,irii-r'rn,""airr", pour obtenir sd con(lamnqlion' ll portit pout Samos' où au|rc allusion à ses tqlents culinaires.
tic, Oligarques le l"'"N à mort en 4l I (2) Imbécile du tempr, assez hâbleur.
'lterrrc
46 47

]I TRYGEE
Cl'est exprès. Tiens, voilà la corbeille, et le baquet lustral I
Fais Ie tour de l'autel I Fais vite I
"TRYOEE fll prend à gauche. tanr il esr pressé.
r)r) PrendsàDroite!!!
1r

Pour oue- dans l'Assemblee.


II
un les galerie'' Voilà : mon tour est fait. passe à l,ordre suivant
i'ii ]uü, ,n. suerre a quelqu !

É;;.;;î"-;;r;. séc,,eni à l'onienne: « ouhlaie:" TRYGEE


Passe-lrol ce tison. que dans l.eau je Ie
TRYCEE llonge:
{Asnergeant les oreilles de la victime, au mouton.)
Pas mal... Vaÿtu te secouer | (jeu énergique de lâ victime. A lI)
Il I ot. (ends-moi la paumelle
(I[ tend I'OrBe Sainte. Jndiquant Ie baquet luslral)
et oour te reste aient une humeur fort douce' Donne le lavabo. {On lui tend le baquèt. Ablutions.l
Nous irions enrre nous ainsi que des agneaux' Rince-toi maintenant
Ët- p.ri alliès serions bien plus traitables' Et jette aux spectateurs des grains d'orge
""t (1).
TRYGEE
Ir
Fais donc I depéche-toi d'amener le mou[on C'est fait !
i'àr, ,""i, ie vâis querir lcutel du sacrifice
TRYGEE
LE CH(EUR (ils sortent) Déjà ?
Chance e§t pour' réussit
Comme tout, quand un dieu le veut' quand la
!

Tout va. tOUt naIche. tout concourt' II


iout A poiot nommé se renaontre ! Déjà, cré nom d'Hermès ! et si bien, oui,
Que de tout ce qui siège ici de regardants
'IRYGEE (revenant avec un autel portatif) ll n en esr pas un seul qui ne soit-bien mon... dé.
Cest évident, car voici, iuste ! un autel à la
porte'
TRYGEE
LE CIHG'UR (Trygée Pose l'autel et repart bien vite) Pas les femmes, toujours !

Hâtez-vous donc, tandis qu'impétueux, II


itin,i" ri"nt du Ciel, pour écarter la Guerre' ce sera pour ce soir.
t,;n'Àaiire vent : il eit clair qu'en ce iour Monsieur y pourvoira.
Un di"u Pou nous se met au beau !
TRYOEE
TRYGEE Bon ! Maintenant, prions.
I I côrheillc. Lorge sÀinle Une guirlande' UD couteau Qui se trouve €éens? Foule de braves gens l
E; ,r.q;:;; feu q"ue voici ! seul manque encore le mouton'
II
LE CHGUR Ça pour ça,..attends un peu |« foule de braves gens. »
(aspersion diluvienne)
Mais rivalisez donc de zèle'
Car si Soumot vieni à nous volr' TRYGEE
De lur-mèfle iI viendra soumer' Ceux"là des braves gets
Et tant vous Ie verrez . soumer, ?

Soumer oue c'en est Lln martyre'


Vous lui ionnerez rout de méme' (.1) lsllt,r.tion rituaLlc.
fp"i^iiErr"" un mouton et Lrr baquet l)
48
49

IT
Crenadcs..- coings, et. concombres
Hé, ne le sont.ce pas, précoces,
Qui sous l'eau qu'à foiso[ sur eux nous déversons iï,,ff"'l.,ii',"Tii"1,"",,;';';;,;',"i"t;;-"
(aspergeant de plus belle)
Ne bougent pas d'un pas de la « place » qu'ils tjennent. I i i:,,ii illlii;"Î,i iÊI:;;,1;,,,,,,.,,,
TRYCEE S:ii,!:!li{ *,1'i"T i..ii,ii üï;:il:ï
Allons. prjons, prions, prions,
p.ur nn r
*i11p#nT*iï;: #:THT*
rrouve plus. jefte un long
II l\-en cri {unèbre,
rrolrs en pou\se une O""ifAgOgË;
Prions. prions. .Errpurs, il
l..r_.-rr,r:.1. lfi: le gars fni. le VeLrl ,
,lur lon lrt d eploards
TRYGEE un m'a pris tnon éDouGe I j
Déesse auguste, auguste souveraine,
ht.lù. monde de rigôler I
Pilix vénérée, I res bren-heureu\e dame.
exauce nos prières ,

Reine des cæurs, et reine encore des noces,


-Daigne (à rr)
accueillir de nos mains ces offrandes !

Ë",1i: t;iîT;:ï, .' mais en nn cuisinier,


II
Accueille donc, ô toi d'ho[nellrs comblée I II
Oui, ,Je par Zeu< : ne I'a,. pai celles qui.
Mais,.. ce n,est pas pelais
Quand vous passez. Iont la coquetterie: TRYGEE
De l'huis à peine entrebaillant la porte, rttt
Cles femmes'là passent le nez dehors;
De leur côté si lorgnc Ie quidam,
Elles, s'effacent. La PAIX, tssurement. n'aime
II
Et, s'il passe outre, encore montre[t ia tête L\r son xlltel.
pas la tuerie.
Ah ! de pareil ne fais rien avec nous I le sang.
TRYGEE
TI.{YCEE I-Ie bien. pour immoler-
Ah ! non, par Zeus ! Montre-toi tout entière, ÿictinre..et rapporte
En brave femme. aux amants que nous sommes, ,^"" .,j...j:::-,:
nlouton revient au
tes cujsses" !
régisseur : :--
Et qui pour toi se consunlent voilà (lt s exécute)
Douze ans déjà !
Fais cesser net combats et tremblement LE CHGUR (à Trygée)
Que nous puissions te nommer Fin-des-Guerres !
Fais taire en nous ce soupÇonneux génie
Si raffiné, .Ïffi ";î: l,î,'âî1ilï ;:^,:'
rester ic i. devan r ra po n e.

Quancl nous parlons fort mai les uns des autres !


lt tout ce qu,il Iâut avec
ça !
Unis, unis à l'Hellène l'Hellène !
D'un o@ur toul neuf. TRYCEE
D'amour (ça désaltère), et d'jrdulgenÇe, En vrai devin n'est-ce pas
Un peu plus doux, t€mpère nos esprits. disposer le menu bois ?
Sur le marché, bondé de bonnes choses,
Entasse"nous, de Mégare, de l'ail,
(l) Sa pièce, où iustemeht |on
lrèrc chqntq si rnal.
50 51

LE CHGUR II (à ses gritlades)


Et pourquoi pas l Car t'échàppe-t-il rien Qui pourrait-ce bren êrre ?

De ce que doit sâvoir tout homme sage ?


N'as-tu pas tout ce qui marqle lrn esprit TRYGEE
Irûté, sagace, entreprgnart'l I Noû, par Zeus ?
Fliéroclès
TRYCEE Majs si, c'est le marÇhand d'oracles d'Oréos ! (l)
Quelle fumée, en toltt cas I Stilbidès n'y tiendrait pas ! (1)
.[e vais apporler la tabie. II (même ieu)
Inutile, mon garçon ! Et que vient-il conter ?

(Exit Trygée)
TRYGEE
I-E CHGUR Lui ? ce n'est que trop clair :
Qui donc 11e porterait aux nues
Il vieot rlettre un bâton dans tous nos beaux quadriltes !

Un homme de pareille trernpe ? II (Rectifiant. Trà doc-te)


ljn qui, travaux après travaux,
À sauvé la sainte cité ? Il passait jusqu'aux lieux oir l'on grille ces viandes..,
(A Trygée qui revient avec une tÀble
à quatre pieds. et dcux peaux de mouton) TRYGEE
'1'u ne risques pas de iinir, Ëaisons mine rlors de ne pas le voir.
Tu feras touioLrrs notre envie.
II
TLI parles
TRYCEE (met 1a table en piace etc. dispose avec art et soifl des peaux de I

moutons sur 1es bancs) terminé


HIEROCLES
(à Ii, qui réapparaît)
Quel est ce sacriflÇe ? A quel dieu I'offre-t,on ?
Ça vient, ces cuisses l Bon, sur le {eu !
Je m'en vais, moi, chercher viscères et gâteaux.. TRYGEE (à iD
(grand geste zé1é de II, qui veut y a1ler luimême, mais en fait retârde le Toi, tais-toi, rôtis ça, ne touche pas au rein ! (2)
mouvement)
Mais tLl dcvrais déjà te trouver cle retour ! I-IIEROCLES (après un temps)
Mais à qui l'offre-t-on ? Dites !
Il (disparait et repâJaît)
TRYGEE
Tu vois, c'est moi. Peut-être aurais-tu fait plus vite?
Que cette queue...
Fait bien !
TR YGEE
Grille-moi biell tout ça. Hein? déjà devers nou§
II
Se dirige un quidam que le laurier chapeaute. A ravir, certe, auguste, ô chère PAIX !

HIEROCLES
tlt Deÿin. Entendrc : « tl sutloquerait moirs de lumée que ne n'être pan du Hé bien, qu'attends-tu donc ? Offre-moi les prémices !

lestin. Trypée, Drirce (M


'menu cl"ilé
il
csi irolondément religieux, est plutôt ho§lile aa
?LUTA'RQUE, u Niciu. », 23) 6*a$e$lê--at-na$*e?ê (l) Sur la côte nord de I'Eubée.
lamélique,'qui vit, notamnent en tenxps de guerre, de « prophéties »' Il Sinon, nute clivination serait impotsible.
n'atait pu prévu trIiéroclès. 12)
52 53

"I-RYGEE TRYGEE
Mieut ÿaLrt rôtir d'abord I
Hi !hi!hi!hi!
TIIEROCLES HIEROCLES
Certes, mais ces mqaceallx Tu ris ?
Le sont déjà' rôtis.
TRYGEE
-|RYGEE (à son boûnet)
Avec tes oeils-de-singes !
Ah I la Moucl]e du Coche 1.

(à II) HIEROCLES (s'imposerait ailleurs)


'lranohe I
... et crédules pigeons, avec les renardeaux,
Faux dc c.ceur. faux d'espril...
FIIEITOCI-ES
Et la table ? TRYGEE
Ah ! toi ! si tes poumons
TRYGEE (à II) Pouvaient, ô Charlatan, brtler comme ceci I

Apporte ies libations I

(exit II) HIEROCLES


Si la nymphe divine à Nostra disait vrai,
HIER0CLES (prévenant un geste de Trygée) Aùx moftels sj Nostra, aux Nymphes si Nostrad... (1)
La langue à Part se coupe ll
1'RYGEE
TRYGEE La male Mort t'emporte. Avec tout ton Nostra...
I! nous en scuvient fort.
Mais sais-tti bien ton rôle ?
HIEROCLES
Ce n'était pas LE temps de déiier la Paix,
HIÊI{OCLÉS Mais il fallait premier...
-,\ppreirds-le moi I

TRYGEÊ
.TRYGEE
... de sel saupoudrer ça
'l-e taire ! (jeu de II)
Ilien! Pas un ülot: c'est Lln sacrifice à.., la PAIXIII
HIEROCI-ES
HIEROCI-ES ... car les dieux bienheureux, pour clore les combats,
Malheur sur vou§, mortels naifs-.. Veulent d'abord qu'un loup épouse une brebis I

TRYGEE TRYGEÊ
Et sur ta têtQ I
Un loup. maudit damné, peut-il prendre... brebis ?

HIEROCLES
.,, aveugles, qui, du Ciel loin d'entendre la voix,
Hommes, pâcte avez fait des ceils'de-§inges.,. 11) I'our lÿostradamus. Dans le tu.te, I]okis, ancien deÿih de Béotic,
54 55

I.i IF,ItOCLË,S I{1EI{OCLES


ldD( qurn iular,t la n{ette elnpeste a\ec ses pet§. Ce n'est pas là pour moi parole de Sibylle I (1)
Que le [aIin, criard e( iif. éclot aveugle.
ll â'est pas encore temps de conclure la Paix ! TRYGEE
LeSage, Homère, a dit (bon dieu, c'est envoyé !) :
1-RYGEE Saos pareûté, sans loi, sans foyer est celui
<(

Er quc falhit-il faire I à iamais guerroler l Qui sç plaît aux horreurs de la guerre irtestine ! »
Tircr rLr sorl (tucl pelrple en pleurs passerair l'autre. ,] I{IEROCLES
Quand 1â I'âix, en Çommun, nous fait rois de l'llellade
Prends garde que, par ruse abusant tes esprit§,
HIEROCI-ES Un milan ne ravisse...
Jâmais tu ne teras qu un crabe nlarche droit. TRYGEE (à II désignant les viandes)
llélà, du coup, prends garde I
TRYGEE Car cet oracle-ci menace nos viscères !
Jamais plus tu lf iras dîner à ]'Elysée (1), A boire I et donne-moi de la viande à tâter
Plus nous polldre âprès coup de prophétailleries I
}IIEROCLES
HIEROC:LES Permettez, le 'remps selrl de me laver les mains.,.

Jamais nul n'a poii de rugueux hérisson ! TRYCEE (à part)


TRYGEE
A boire !A boiie !

Jamais cesseras-tu d'ensorceler Athènes J HIEROCLES (essayant de sÊ fauliler à table)


Vetse aussi dans mon verle, et me sers ull n'lorceau !

I-IIEROCL,ES
TRYGËE
Quel oracle permet d'o{Trir aux dieux ces cuisses ?
Mais les dieux bienheureux, pour trancher ce partage:
Veulent d'abord que nous buvions, et que tu liles !
TRYCEE (il
se verse à boire)
IJn merveilleux. ma toi, du dénommé Homère: Demeure, auguste Paix, parmi nous pour la vie.
« Repoussaut I'odieux nuage de la Guelre,
lls cloisirent la Pai\, on l,ri sacrifia. I.{IEROCLES
Les cuisseaux consumés, l'on mangea les viscères. Apporte-moi la langue !
Quand vint le vin-de-dieu, je leur donnâi l'exemple,
Sans qu'un seul àu propheté offrlt un pot limpide !
TRYGEE
(il boit) Emporte, toi, lê tienne !

II
A boire I

(l) M.-à- t. :<< au Prytanéc », ou. I!ôtel cles Prytancs, Ony enffetehait le le
sacré, I'on 1 tet:ctait le'; hôtes publi<-s. C'ôtqit Ltrtssi une maison où Ia Patric
recannaitsanle logeait et nourrissait de grancls hommes à tilre de pu$ion- (l) On comptait sous ce notn beaucoup de prophétesses. Iliéroclès vcut sans
.ti;tes. Socrdt? av.til iraniquetienl demandé d'en ôtc lc jour où il passa en doute parler de la prenière de toutes : Hétophile, liée de lort près à ApolLon.
jugetnent. C'est celle du DfES IRÀË,.
56 51

'IRYGEE (le servant) TRYGEE


Tiens ! Et ça, par-dessùs le n-rarché I
Vas'tu bien jeter bas ces peâux-lÀ, victimaire I

!{IEROCLES (commeÊçe à implorer) Ëntends'tu ?


(Hiéroclès fuit presque nu)
Ainsi donc rien Poùr moi de cette viânde?
Quel Çorbeau nous venait d'Oréos !
Vas'tu mettrc au plus tôt le cap sur le Grand Nord !
TRYGEE
Non,
Je veux d'abord qu'uu loup épouse une brebis I

LE CHGUR
FIIEROCLES (§uPPIiart)
Par tes genoux !
Allégresse sur âIlégresse I

A la fois délivré du câsque


TRYGEE Et du fromage et des oignons !
Car j'aime non point les combats
Eu vain. l'ami, tu ttre sttPPlies'
Non, mais boire, au coin du Êeu,
Jamais nul Da poli le lugueux hértsson I
A qui mieux mieux entre amis ;
(i des cuieux qui sont venus) Après avoir allumé
Par ici, spectateurs ! Venez goûter ccci.
Ce que j'ai de bois le plus
Avec nous dèux. Sec, les souçhes arrachées
Penclant le Fort de 1'été,
HIEROCLES Griller, griller les petits pois,
Et moi ? Oui, rôtir Ie glaûd d'égilops,
Et fouler la bonne russe,
TR.YGEE QLIand ma lemme en est au bain,
'l'oi ? mange la SYbille I

HIEROCLES
LE CORYPHEE
Non et non, par la Terre I à d€ux, rien que tout çâ ?

Je vais voui ie râfler. car c'est pour tout 1e monde !


Non, non, rien de plus agréable, une fois les semailles faites,
TRYGEE (à II, Se levatt) Que de voir le dieu fln pleLrvoir et d'ouir le voisin hucher :
« Ho, ho, qué pourrions-je ben faire à cette heure, Jean[ot Colin ?
Frappe, frappe [otre Nostra ! (11 se lève)
J'aimerais ben béf'un p'tit coup quand l'bon Dieu travaille pour nous.
<< Allons, femme, fais-nous griller tlois mesures de haricots !
HIEROCLES Mêles-y des grains de froments, va quérir âu cellier des figues,
Je porte plainte ! Et que Lucas Çrie au Roumâin de quitter le champ tout de suite :
Il est tout à fait impossible aujourd'hui de tâiller la vigne,
TRYCEE Et de trâvailler, dans la boue, un sol à ce point détrempé. »
Moi de même : tu n'e§ qu'un goiofre d'impo§teur ! <( Ho, dé tsez ma ! Qrrérez ma don' la grive et puis les deux pinsons
Ià II} Même it restait du petit"lait, et de lièvre quatre morceaux,
Donne-lui grêle de gotrrdin : Le " l'Impostetlr: Si du moins n'en a rien volé hier soir not' maît' Mistigri (1)
II (à Trysée) Car il s'y faisait un potin qu'on aurait dit torLt ur sabbat
I

Grêle toimème I Apporte'nous en trois, gamin, tu donneras l'autre à mon père.


;;-;.';;;; J" main, Hiéroctès, faute de mieux' râfle deux peaux de mouton'
., .'"n r^,rr". à la diable, ridiculement emmitoumé
Môi... Nos toisons ! le Fdpon !l
Moi...
Je t'en vais éptucher, hâbleur. comme un oignon ! (l) Soit encore noffe Beletre.
I

I
I
58 59

Denlande au bonhommc Duchêrte (1), avec-que lous les fruits, des myrtes, TRYGEE (reveûant avec son valet)
Et que d'uD appel en passant, l'or iavite Colas Breugnon (1) Oh!oh!
À boire chopine do nous, Que de monde est venu pour le repas de noces !
Puisc;ue nous âime et favorise (tendant au vâlet une casaque militaire)
l-e dieu. lc bon Dierr des Labours !
Tiens I tu vas avec ça m'essuyer ces rallonges,
Car cela désormais û'est plus bon... qu'à cela.
I-E CFIGUR I-à-dessus tu mettras les quatre-quârts, les gtives,
Et lorsqLre fait la Çigâle Morceaux de lièvre en masse, et les pâtisseries.
Entendle sa dorice voix, (Les invités prennent place. En reculde ce qui serasa place, Trygée tourne
J'aime à passer par mes vignes, consciencieusement une invisible broche, Entre un fabricent de faux suivie
Par mes vignes de Lemnos. d'un porteur de faux et d'un porteur de jarres)
Pour voir si le fruit mûrit :

Cest uo si précoce plal !


J'aime à suivre les rondeurs LE TAILLANDIER
Du fruit du figuier tardif Où donc trouver Trygée ?
Puis une fois qu'i1 est mfu.
A belles dents si je croque !
En cantant : (< O ioli MÀi ! » TRYGEE
Je me tais un bol de thym, Hé, je cuisais des grives.
Et j'engraisse, je prends du ventre
A cette époque de 1'été... LE TAILLANDIER
LE CORYPHEE Trygée, ô moD très cher, que de bjens tu nous vaux
D'avoir conclu la paix ! Nul, avant ce traité,
Ça vaut nrieux qrfune hofl:eur des cieux de capitaine devant soi, Fût-ce pour ur liard, n'eût acheté de faux.
D'ur triple panâche porteur et d'un dolmaû rouge écarlate, Aujourd'hui, je les vencls un bon louis la pièce,
Dont le personnege solrtienl qLre la teintui'e vient cle Sardes (2).
Mais s'il iui (aut jamâis se battle aÿec ce mauteau sur le corps, (indiquant le porteur de jarres)
Le voiià par lui-même teint à l'enseigne des Merdicoles, Et dix livres qu'il vend, lui, ses jarres fermières I

Et de déguerpir le prernier, vol de coq, gaiop de Pégase, (donnant les taux et les jarres)
En agitant sa triple huppe. eD me lâissart enfant perdu !
Une fois rentrés au logis, ils nors en font d'intolérables, Hé, 'frygée, allons, prends.
Inscrivant Pierre. effaÇant Paul sans dessus-dessous cr butant Tiens Çes faux, tiens c€s jarres !

Les listes par deux, par troir fois, et tout à coup : << Demain, maflceuvres ! >>
Pour rien ! Allons, sers-toi !
Tel qui n'a pas un pain d'iivance, il ignorait qu'il dût partir, (lui mettant dans Ia main une bourse)
S'arrête, se plâote devaat )es placards de i'IIôtel de Ville, Par dessus le marché.
Et nez"à-llez a\rec son üom, s'eûcourt, pleiù d'émoi, I'æil humide.,. Oui, c'est un surplus de ,.. Lros bénéIices.
Tels ils nous traitent, nous, la Terre I Aveo la ville, ils sont moins durs, Enf,n. tu m'entends bien : c'est un cadeau
Ces grands lâcheurs de boucliers devant les dieux et devant I'homrne, De noces !
Car ils n1'en rendront compte un jour, si c'est la volonté du Ciel,
Car ils ne m'en ont que trop fâit,
Lions de temps de paix cltlils sont, TRYCEE
Certes. mais au combat renards ! Bon, c'est bon, mettez ça Çhez moi, Mais revenez
(le choeur se transforme en invités, avec trojs oLr quatre enfants en plus, O! Au dîner prendre place, et bielltôt. C'est que voici,
apporte des rallonges) L'air morne et pas commode, url mandatai.e aux armes.

(l) M."à-n. : tespecliÿencnt Eschinadès et Chat'inadès. LE MANDATAIRE


(2:) C'ert h tille capitaLe de Cftesus, ek Lydic. Ah ! donc à blanc-estoc tu m'abolis, Trygée...
60
6t

TRYGEE
TRYGEE (s'asseyant dessus)
Ah ! mo,1 pauvre garçol1 l-.. Tu souflres du plumet ? Là..- trois pierres ici... Mais c'est t'idéat !
LE MANDATAIIiE
LE À,IANDATAIRE
... nr'abolis, m'abolis métiff et gagne,pain I
Oui, mais poùr te torcher, triple engeance d'ignare ?

TRYGEE (apparemmeDt touché) TRYGEE


Que denranderais tu des deux aigrettes-ci ? Par ici, tu me suis ? Par ce trou d'avirôn-
Et par ici.
LE MAND,ATAIRE
Fais-toi nlême ton prix. LE MANDATAIRE
Des deux mains à la fois ?
TRYGEE
&lon prix, je meurs de honte. TRYGEE
Mais vu que le cirnier demande un beau travail Oui, bon Dieu !
J'irais bien jusqu'à trois mesures de pruneaux. Je ne resquille pas sur l'écluipage, moi !
(prencl deux aigrettes. Coup d'ceil rapide)
C'est juste ce qfil faut pour essuyer ma table. LE MANDATAIRE
Aiûsi, tes cent écus, c'est pour chier assis ?
LE MANDATAIRË
Hé bien, marché conclu ! Va chercher tes pruneaux TRYGEE
(A son foumisseur) Oui, par Zeus, ô gredin I Quoi I tu t,imagimis
Mon vieùx, c'est toujours ça. N'est-ce pas mieux que rien ? Que c'était mon céans qu'à ce prix je cédais ?

TRYGEE (revenan[ avec ]es pruneaux. Au moment du troc, LE MANDATAIRE


une des aigrettes perd toutes ses plumes. Colère immédiate de Trÿcée. Ce n'est pas tout. L'argeot !
Le lournisseur fuit sous le tir. La seconde aigrette se déplume)
Au large I au large ! au large I aux corbeaux I Sors d'icj I TRYGEE
Deux aigrettes de rien qui perdent tout leur poil !
.,e n'en donnerai pas un pruneau, pas un seul.,. FIe 1... ho 1... mais. mais mon bravr,
Ça Lrlesse au croupion. Enlève ! pas preneur.
I-E MANDA"fAIRE
LE MANDATAIRF.
De ce corps de cuirasse à cent écus montant
Et si bier Àjusté. que faire ? lnfortuné ! Et de cette trompette, alors, clue vais-je faire ?
Elle m'avait coûté, jadis, soixante balles !
RYC}EE
TRYGEE
De ça'i Pas de danger que tu perdes dessus...
Entn, laisse-le moi pour le prix de revielt : De plomb, juste en ce creux, épaflche une cgulée,
Plante ensuite, au sommel, une tige un peu longue,
Oui, c'est tout juste bon pour aller à la selle... Et te voila rnuni d'un cottabe à coulisse: (l)
LE MANDATAIRE
Cesse de m'outrager dans mes propres articles !l! (l) Imaginer une cible qu'on peut ébÿer ou baisser à volonté sur une tige.
62 67

LE MANDATAIRE TRYCtrE
llo, toj qui ris et moi qui souffre l Sciés en deux, je pourrais bien.
Comme échalês, les prendre à cent pour une thune.
TllYGEE
Atte[ds, âltends : LE MANDATÀ-IRE
De plomb, où je l'âi dit, épanche une coulée, On nous blasphème. Allons, ani, vidons les lieux
Et puis de part et d'autre. à l'aide de flcelies, (epplaudilsene[ts du chteur)
Adapte des plafeaux. et du coup tu llossèdes (atmosphère des tûs de repas cle noce:j : les enfanis sorlel]t)
Aux champs de quoi peser la figue au personnel.
fRYGfF {cLr mânJ^rarra ct comlr:rgnt(r
LE MANDATAIT{E
l"4aii laile-s donc, bon I)ieu 1... Ces chers petits s'el1 vont,
lnrplacable Destin, suis-je assez ruiné I a e.i lortr ili\\:r. voi p, tit.. cher. .rnris.
Dire que je pàyai ces câsques deux pistoies i Qui voût vous répéter
Que faire maintenant ) Qui donc me les prendra I je crois, l'air de mes noces.
Voyons, qùe comptes'tù nolLs chanter, mon petit ?
TIlYGEE Viens près de moi. tsien ciroit. Coomerce...
Va doirc, de ville en ville, en Egypte les vendre: Oui ,oui. cornmence.
Car là-bzLs, ça fait ça, leur mesule à ricin,,,
Deleahef commençons par elrx :
LE M ÂNDATAIRE JeLrnes phalanlJes...
Ah ! tron pauvre ileaumierj quel dêsastle pour nous ?

TRYGEIi
I RYUEF trlalte-là.
. pou" lr.t§ ^ \lais it . 911 1;1q, 11,; « Les Jellnes l?halâûges | » Ah çà | liiole réprouvé clire tu fais i
1.4âis nous sommes en paix !
LE IÿIANDAT,{IRE Maleppris I maudit malâppris I

Tu dis I Tu dis ?
A ces casques quand même ùr sorl se fera donc... A (irassant à un autre air)
<< Une fois à Lroiûe portéÊ,

'rR.YGEE (moûtrant les oreilles du mandataire) L'u1] coùtre l'aütre ils ont lnarché I
Le pavois de cllir froDt pour frotlt,
D'anses comme ceci, s'il peut faire aussi grand. Heurta la bolLcie du pavois...
Vos prix îer:or1t un bond, mais un bond I mais un bond I!
.fRYGEE
I,F, MAND,ATAIR E (. Du pavois »'l <( Vas-lLt l:ien cesser tle nous célébrer le pùvois i ))
Allol.Is-nous en. hèâumier.
A (passanl à un âutre air)
TRYGEE Et gémissemeûts de guelriers,
Point du tout. car je vais, Et cris de victoire mêlés...
Lui, du moins, âLl comptant l'âlléger de ces dards.
TRYGEE
LE MANDATATRE (( Et gémissements cle guerriers... » 'fu vas voir. Dâr Dionysos !
Toû prix? ton prix? tor prix? Nous chanter des « génissements )) : et qui i'ont la (( houcle », avec ça I
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Qu'est-ce que je vais vous chanterl Dis moi ce qui te fait plaisir. Hé. mais de Batailloux !

'i'RYGEE (chaûtant) TRYGEE


< lls mangèrent lt chair oes bceuf\. Pouah !

Et des choses comme cecl I Ma foi, l'on m'ett surpris que tu ne fusses pas
« Vint le déjeuner : I'on §ervit Fils d'un Jean-la-Bataille ou d'un Jear{es-Combats.
l,es mets les plus ciélicieux. . » Décampe ! Va Çhanter pour les Jean Taillefer !
(le ganrin décampe)
Or:l peut bien se trouver le petit Cléonyme ?
« Ils mmmmangérent la chair des bceufs. (le petit Cléonyme s'encadre dans la porte)
Au col des destriers el,I nage, Non, attends de chanter pour rentrer : avec toi,
Ils rendirent la Liberté : Point de Chant de Départ, ayant pour père uo sage.
C'était ms"le-bol de 1à Ouerre..
B
TRYOEE <<Mon pavois sans pareil
Bien I bier I
Brille au bras d'un Bulgare I
<< Soûls de la Guerre. à mmmanger ils se mi.ent... Auprès d'un aubespin'
Vas"y, chante, va§'Y: Je m'en défis soudain :
« Sotls de la Guerre. à mmmangel ils se mirent... C'était plus fort que moi ! »

TRYCEE
< A1:ris manger. ils prtreni une cu... Dis'donc couillon, c'est pour ton père que tu chantes ?

TRYCEE B (même air)


,,.te l!! (1) tout joyeur(, je Pcnse ! « Mais j'en sortis vivant ! )>

TRYGEE (entraîré par l'air)


« A pleine tours déferlart dans la plaine. Honte à ceux qui t'ont fait I
Au ciel poussa[t des cris qu'on n'éteint pas... >) Ça va, tu peux rentrer. J'etr suis str à présent,
Le chant du bouclier que tu viens de chanter,
TRYGEE
Tu ne I'oublieras pas âvec un pâreil père,
Ce qui vous reste à faire, à vous, mes bons amis, mes bons voisins,
La male Mort, petit, t'enlporte avec tes guerres ! C'est de gruger, c'est de croquer, c'est de ne pas ramer à vide.,.
Ne chanter que combat§ I... Allons résolument. à l'{Euvre !
De qui donc es-tu fils ? Des deux mâchoires, s'il vous plalt ! A quoi bon, mes pauvres amis,
De blanches de[ts être pourvu, si I'on ne les fait point mâcher ?
Moi ?
LE CORYPI{EE
.TRYGEE Ce n'est pas nous qui I'oublierons, mais tu fais biert de le redire !
Allons, les Affamés d'hier, envoyez-vous ces lièÿres-là |
Toi, nom de Zeus, toi ! Non, non, ce n'est pas tous les jours
Que I'on rencontre des gâteaux la bride sur le col, sans maître.
Sus-donc, mordez, à belles dents, ou vous direz : « Si j'avais su !... »
(I) l"trgée ptévient Le l1tol << cùirasse » (la nuit tombe. Quelques torches. Un cortège se préfigure)
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-lr,Ygée)
-fRYG[:]}] f.È COIIYPHEË (montraut
(c'est ie dépert des mariés. iovial, mâis rituel. Line hiérogamie .tui doir tolrt Àllons, que srr ses épâules
gàrantir) Le cherge le premier rang,
Notre marié, les gars I
QtLe l'Dn se recueille, et qû';ci 1'on nous amène l'épouse. Hymen I Hyménée, oh I

lrlLil lcctLrc) Hymeh ! Evménéd, oh l

l.es tolcltes I Qne ie peupie entier jubile et I'acclâme avec nous I


l. momert de regagnel llos champs âvec tous nos outils,
tr-l'est TITYGEE (porté en triomphe)
.\n-r' ., oir dance. lr,nque. ntir " la norte HyDerbolo\. Vivez, vivez heureux I
\»res rroir .- ircr ,.lirrrx .lemande
Sans ennuis I Sans ennuis
T j frroctrrer lr lic.te'ire I l Hellade.
I

En fins cueilleurs-de'flgues
En qlrantité. mais à chaque foYer
I

Pareiilemeilt" orges. et vins, et flgues


Hymen I Hlménée, oh !

A croquer-: H-vmen I t-{yménée, oh !

Je r..r, Jurrner ù. lLlcolrJes moilis.:


De noûs rerlettre, après notre sinistre. LE CORYPHEE
A-ux l,iens 1'ÂI1 ]"treuf I tous les nôtres aroirs, l-a iieane est gra[de et glosse.
Et d'aboiir Ie fer qui b.ille I Et ia sienne si douce !
(on aûènû Saison-des-Fruits)
Viens par ici, viens, lemme, aux champs, TRYGEE (au Coryphée)
lli song.. belle à bellement, 'fu repiuleras à tâble,
À fl1es côiés. l'éteûdre I
UD grand pot devant toi...
iprélùdanl pour le PeùPle) I{ymeû | Hyménée, oh I

,'-tryrnÊn I i1),menée, oh I
Hymen I Flyrrénée, oh I

(aLlX Speolateufs)
}-E CÛÊYFI{EE Bonheul à ÿous I Bonheur à vous !
Bo'1neç 8ens. et... ri vous \ôve,/ e .Ji\ rc.
Triple ironheLtr que le tien I A volls la belle vie I

Quelle josts récom2ense l


llymcn. ir:/c1éûée. oh I

Flymell. hyménée I oh I

'iRilcEE (rl1oûtra0l Sâisôr-Ces"F.uits)


Qu'â11ôlr-'"rous 1L1i faire 'l

l.-E alL-i3 UR (même jeu) 'loùte représentation ou reproductio!, iôtégràle où partiejle, ilaiiç i:l-: c
Q,.iâiioqs-nous lLii lnire'l consentement écrit de l'auteur de 1â présente traduction, olt de ses ai'an,-5 drcit
ou aÿaots cause, est illicite (loi rlu 11 mars 195?, articie J.0, al. ,r). CeÏe
représentation ou reproduction. par quelque procédé que ce soit, tcinùerair,
TF,Y,clll-. à titre de coitref:rçon, sous le coup des articles 425 et süivants .-fu llode
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l'lali,i l1 \'endr.!ger I

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