Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
(Algérie Focus)
Il y a quelques mois, j’avais répondu à l’appel de votre avocat suite aux déboires que
vous aviez eu avec le régime népotique qui vous avait pourtant grassement enrichi.
Celui-ci nous disait « A qui le tour ? » puisque vous nous mettiez en garde contre le
totalitarisme liberticide après la péripétie El Khabar. Je vous avais répondu dans un
article au titre suivant « A qui le tour ? A vous, monsieur Rebrab ! », signifiant que ce
sera, un jour ou l’autre, à vous de vous expliquer devant le peuple algérien. Un jour
ou l’autre…
Je ne vous connais pas, juste le temps de me retourner dans un exil lointain et voilà
que j’apprends la fortune colossale d’un citoyen algérien. Ce sont des activités
légales me dit-on, l’homme est entreprenant et perspicace, sa fortune a été faite
dans les règles de l’art dont il a magnifiquement joué. Tout est légal, circulez, il n’y a
rien à voir, le méchant est la dictature militaire.
Le montant supposé en milliards possédés me pose un gros souci de
compréhension et je vous demande votre aide pour y parvenir. Je n’ai peut-être pas
les compétences d’un entrepreneur milliardaire mais j’ai tout de même une capacité
de raisonnement intacte et, surtout, libre.
La seconde question que je souhaite donc vous poser est tout simplement :
Expliquez-nous, monsieur Rebrab, avec détail et passion, l’histoire de vos premières
grosses transactions et de la constitution de vos réseaux ? Honnêtes et
républicains, bien entendu.
Vous avez déjà été épinglé par l’affaire Panama Papers pour des fonds transférés
en comptes offshore. Or, à cette époque, vous n’en aviez aucun droit me semble-t-il
si je consulte la législation algérienne. C’est dire combien j’ai de gros doutes sur la
régularité de la provenance de ces fonds. Si on a le courage de transférer
illégalement de telles fortunes, l’esprit normal fait immédiatement le lien avec
l’origine tout autant illégale. Mais restons sur mon sentiment précédent, peut-être
avez-vous des raisons légitimes, j’attends vos explications.
Où se situent les sièges sociaux de vos affaires, quelle est votre résidence
personnelle officielle, dans quels pays sont vos comptes bancaires ? J’ai beau me
gratter la tête et réfléchir, je ne comprends pas cette extraordinaire montage
financier qui vous permet d’investir dans le monde. Les parties principales du Code
des marchés publics et celui de l’investissement ainsi que les textes donnant
monopole du change de devises à la Banque centrale, tout ou presque tout interdit
votre empire, sauf conditions draconiennes qui nous échappent. Nos petites études
financières, nos petites intelligences et nos petits esprits mesquins n’ont
certainement pas compris les dispositifs qui sont les vôtres.
Monsieur Rebrab, jamais je n’avais été autant insulté que lors de la publication de
ma lettre à votre adresse. En première ligne ont été des berbérophones qui me
conseillaient d’aller chercher des poux sur la tête des autres milliardaires
corrompus et de laisser tranquille l’un des leurs qui aurait apporté bienfait, richesse
et emplois au pays.
Si je dis cela, c’est que vous avez utilisé l’argument de la victimisation régionale.
Laissez-moi vous dire que sur cette question, il va falloir me convaincre avec des
arguments autrement plus puissants que ceux utilisés par les personnes qui
m’insultent, courageusement couverts par l’anonymat d’un pseudo.
Lorsque cet avion nous avait ramenés vers Alger, en compagnie d’Ait-Ahmed, je
n’aurais jamais cru que j’en arriverai à constater un tel aveuglement de mes
compatriotes. Non berbérophone, j’ai milité toute ma vie pour la liberté et
l’épanouissement de cette magnifique région qui est la MIENNE puisque je suis né
dans cette terre algérienne. La Kabylie, vous l’avez trahie, autant que les autres et
cela ne donne certainement pas le droit à ceux qui se sont enrichis sur son dos à
me donner des leçons.
Les insultes qui vont suivre cet article couleront sur moi comme la pluie sur les
plumes d’un canard. Il en a toujours été ainsi avant mon engagement puis au sein
de l’exécutif national de ce parti en question. Il en sera toujours ainsi car mon
attachement est profond quant à la reconnaissance de toutes les libertés
culturelles et linguistiques comme à celles de tous les droits humains.
Votre argent, monsieur Rebrab, c’est celui d’une population algérienne meurtrie,
celui des retraités miséreux, des malades sans accès aux soins performants, des
femmes isolées avec enfant qui trouvent à peine de quoi survivre et des écoliers
dans un système éducatif délabré, dans ses murs comme dans ses messages
dramatiques de l’inculture et de l’obscurantisme.
Cet argent que vous croyez réinvestir avec générosité, c’est le leur. Pour ma part, je
vous regarderai toujours droit dans les yeux avec un mépris profond. Et si les
dollars amassés pouvaient se confier à nous, nous entendrions la complainte des
torturés, le cri de révolte des berbérophones, des femmes et de tous les démocrates
de ce pays.
Ma dernière question, monsieur Rebrab : Selon vous, qui, de vous ou de moi, citoyen
inconnu, peut regarder l’Algérie (et donc également la Kabylie), en face des yeux et
ne pas rougir de sa honte condamnable ?
Vous pouvez acheter tous les journaux d’Algérie en vous prenant pour Citizen Kane
ou vous présenter à la présidence de la République, il n’y a qu’une chose qui soit
interdit à votre argent, l’achat d’une conscience !
…………………………………………………….SID LAKHDAR Boumédiene
LAISSER UN COMMENTAIRE
NOM * Email * Website
POSTER UN COMMENTAIRE