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NOTE D'INFORMATION TECHNIQUE 56

CENTRE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE DE LA CONSTRUCTION

LES REVETEMENTS DE FA.ÇA.DE


EN PLAQUES DE PIERRE NATURELLE
CONCEPTION E T MISE E N CE'IUVRE

SOMMAIRE
1. Introduction
2. Sollicitations influençant la tenue du revêtement
2.1 Poids propre
2.2 Dilatation thermique
2.3 Effet du vent
2.4 Humidité et pluie
2.5 Action du gel
2.6 Retrait de i'ossature
2.7 Déformation élastique de l'ossature
2.8 Fiuage de I'osssture
2.9 Conclusion
3. Les éléments constitutifs du revêtement
3.1 Le matériau
3.11 Généraiités
3.12 Etude du revêtement
3.13 Préparation des piaques pour l'accrochage
3.2 L'agrafe
3.21 Généralités
3.22 Métal constitutif
3.23 Forme
3.24 Emplacement et nombre
3.25 Dimensionnement
..
3.3 Le support
3.31 Nature 18
3.32 Les hors piomb 18
3.33 Danger des agrafes touchant l'armature du
béton armé 18
3.34 Locaiisation et réalisation des trous de
s..
re
..l.i.
e. .m
. .~ nt
.. . 1R
3.35 Méthodes de scellement - à sec =
3.4 Les joints
3.41 Généraiitéç
3.42 Joints courants
3.43 Joints spéciaux
3.5 Les mortiers
3.51 Les mortiers de pose
3.52 Les mortiers de jointoiement
3.53 Les mortiers de résine
3.54 Les mastics
4. Méthodes de mise en œuvre
4.1 Pose au cours de l'élévation du support ou après
son achèvement
4.11 Pose avec remplissage à l'arrière des pla-
ques de revêtement
4.12 Pose avec espace libre entre les piaques de
revëtement et le support
4.2 Pose en coffrage
5. Conclusion
Annexe : Détaiis de pose
Plan-type de revêtement
Bibliographie
Novembre 1965
CENTRE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE DE LA CONSTRUCTION
Etablissement reconnu par application de l'arrêté-loi du 30 janvier 1947
Siège social : 5, rue de l a Violette, Bruxelles-1
Station exoérimentaie : Limelette
1. INTRODUCTION

D e tous temps, l'homme désireux de s'abriter ou de tion actuelle de l a construction e t étant d'un prix
perpétuer son œuvre a fait usage de l a pierre natu- élevé, on a imaginé de débiter la pierre en plaques
relle dont les qualités esthétiques e t la durabilité minces. C'est sous cette forme que nous l a voyons
en font un matériau de choix. Certes, les techniques maintenant fréquemment employée dans I'édifica-
d'emploi de la pierre ont évolué au cours des âges tion des immeubles.
e t des civilisations.
Cette utilisation, pour économique qu'elle soit, pose
A notre époque, malgré l'intense prolifération des cependant de nombreux problèmes techniques, no-
matériaux modernes, la pierre naturelle garde toute tamment en ce qui concerne le choix de la pierre
sa valeur. La grande généralisation des ossatures e t son mode de fixation aux édifices.
dans l a construction actuelle a obligé les techni-
ciens à repenser le probibme de la mise en œuvre
La présente note concerne les revêtements de fa-
de la pierre. çade en plaques de pierre calcaire, bleue ou blan-
L'emploi de pierres massives pour la réalisation de che, qui sont l e plus généralement employées en
maçonneries portantes répondant mal à la concep- Belgique.

Fig. 1 - Lorsque le mouvement du support sollicite les Fig. 2 - Exemple de détérioration causée par un manque
piaques de revêtement, l'élasticité des joints prend toute d'élasticité des joints.
son importance.
2. SOLLlClTATlQNS INFLUENCANT LA TENUE
DU REVETEMENT

U n parement de façade en plaques de pierre peut la pierre, avec rupture de celle-ci ou ébréchure des
être soumis à toute une série de sollicitations que arêtes. Les désordres d'origine thermique sont no-
nous examinerons ci-après. On peut les résumer tamment à crciindre dans les pièces de revêtement
comme suit : entourant les baies de portes ou de fenêtres métal-
2.1 Poids propre liques. Dans ce cas, en effet, en plus de la dilata-
2.2 Dilatation thermique tion de la pierre, il faut tenir compte de l'allonge-
2.3 Effet du vent ment du métal. Il arrive de voir, dans les embra-
2.4 Humidité et pluie cures de fenêtre, des plaques de revêtement fen-
2.5 Action du gel dues ou des joints crevassés.
2.6 Retrait de I'ossature Lors de l'insolation des surfaces revêtues de pan-
2.7 Déformation élastique neaux de pierres, ces dernières agissent comme
2.8 Fluage de I'ossature des accumulateurs de chaleur. La température s'ac-
croît rapidement à l'intérieur de la plaque en pro-
2.1 POIDS PROPRE voquant sa dilatation. Un brusque refroidissement
Selon le mode de fixation des pierres. les maté- de la surface chauffée (pluie d'orage par exemple)
riaux utilisés pour l'ancrage doivent pouvoir suppor- soumettrait le joint à des tractions compromettant (
ter, partiellement ou totalement, le poids propre des non seulement l'étanchéité des revêtements mais
plaques de revêtement, qui varie selon l'espèce également la liaison plaque-support. Ces dangers
considérée. de décollement sont aussi à craindre dans le cas
où une partie du revêtement est ensoleillée tandis
A ce sujet, on se reportera utilement au paragraphe que l'autre reste à l'ombre ou dans le cas où les
3.11 (p. 8), consacré plus spécialement à cette revêtements sont réalisés avec des éléments de
question dans la description des matériaux em- tonalité diffbrente (schiste et pierre blanche par
ployés comme plaques de revêtement. exemple).

2.2 DILATATION THERMIQUE 2.3 EFFET DU VENT


Comme tous les matériaux, les pierres naturelles L'action du vent sur les panneaux de façade revêtus
sont sensibles aux variations thermiques. Une aug- de plaques n'est en général pas déterminante pour
mentation de la température provoquera donc un leur stabilité. On peut considérer qu'un élément
allongement qui est non seulement proportionnel à situé à 100 m au-dessus du niveau du sol, près
la variation thermique mais aussi fonction de la
nature même du matériau. C'est ainsi que dans une
construction, qui comporte nécessairement la mise
d'une arête du bâtiment, peut subir un effort de
dépression ou de surpression de l'ordre de
65 kg/m2. Les plaques situées près des arêtes du
,\
en œuvre de matières fort différentes, le phénomè- bâtiment sont les plus sollicitées. On veillera donc
ne de la dilatation joue un rôle souvent déterminant à colmater les joints avec d'autant plus de soin
dans la stabilité du revêtement.
Le tableau ci-après montre que pour une longueur
de 10 m et une différence de température de 50 OC,
la pierre calcaire subira un allongement de 2,4 mm
(pour le béton, l'allongement correspondant est de
5,5 mm).

Allongement en m m par m et par "C

Granit 0,0085 mm
Marbre 0,0090 mm
Pierre calcaire 0,0048 mm
Schiste 0,0094 rom
Mortier 0,0110 mm
Béton et acier 0,0110 mm Fig. 3. - Exemple de joint fortement dégradé
Aluminium 0,0230 mm
que sur les faces des constructions exposées aux
intempéries, la combinaison des efforts dus au vent
Ceci explique qu'un appareillage à joints trop min- avec l'action dégradante de la pluie risque d'en-
ces ou trop peu élastiques peut être à l'origine de dommager rapidement tout jointoyage mal exé-
désordres par apparition de tensions internes dans cuté (fig. 3). 11 faut aussi souligner que, dans cer-
tains cas, ies efforts répétés du vent sont suscepti- Cette eau, parfois augmentée d'un apport provenant
bies d'engendrer des sollicitations alternées Capa- des pluies ayant battu la face extérieure du revête-
bies de desceiier les ancrages. ment ou d'une humidité ascensionneile, stagne dans
les pores ou les cavités du mortier. Au cours de sa
2.4 HUMIDITE ET PLUIE progression à travers les capillaires, i'eau se charge
de sels solubles se trouvant dans les éléments tra-
On pourrait, à tort, considérer ia plus ou moins versés
grande porosité de la pierre comme un grave dé- A partir des poches où elie est enfermée, i'eau
faut de celie-ci. La porosité, au contraire, doit plutôt s'éliminera lentement à travers la pierre lors d'une
être considérée comme une propriété d:e ia pierre, élévation extérieure de la température. S'il y a
tantôt plus tantôt moins favorabie. La rapidité ac- équilibre entre l'évaporation et l'afflux capillaire
tuelle d'édification des constructions laisse à i'inté- à la surface du revêtement, I'eau s'élimine, dépo-
rieur de celles-ci de fortes quantités d'humidité qui sant sur la paroi extérieure les sels qu'elle a dis-
s'évacuent normalement petit à petit vers I'exté- sous pendant sa progression à travers le m u r
rieur, à travers les murs. De pius, l'occupation et (fig. 4).
i e chauffage des iocaux constituent une source
abondante de production de vapeur qui s'évacue Ces sels (pour autant qu'ils ne renferment pas de
partiellement, elie aussi, par la même voie. Géné- molécules de fer) altèrent généralement peu la sur-
ralement, comme nous l e verrons plus loin, on face du revêtement et disparaissent aisément par
laisse entre le support et le revêtement une lame brossage. La chose est plus grave si, pour des
d'air suffisamment ventilée pour permettre I'éva- raisons physiques étrangères au matériau (notam-
cuation de l'humidité. ment m u r de local très sec et très chaud), I'équi-
libre * afflux capillaire-évaporation 7, se réaiise Ié-
Dans le cas où ia pose du revètement a été faite
gèrement en retrait de la surface extérieure. II y a,
à piein bain de mortier e t où ii n'existe aucune cir-
dans ce cas, danger de recristailisation interne des
culation d'air à l'arrière des plaques, il se produit
sels précédemment dissous par I'eau. Ce phéno-
une condensation de ia vapeur d'eau sur cette face,
mène provoque sous l a pellicule de surface de l a
généralement plus froide que le support.
oierre des tensions très élevées aui se traduisent
par un écaillage des plaques. Pour pallier les ennuis
dus à la porosité de ia pierre, on enduit parfois la
face arrière du revêtement d'un vernis, bitumeux
ou non, choisi pour ne pas altérer le matériau mais
l e protégeant des efflorescences e t des taches.
Cette pratique est à l'heure actuelle au stade expé-
rimental et fait l'objet d'observations. En effet, il
n'est pas aisé de rendre étanche efficacement et
sans risques de faille une grande superficie de
revêtement. D'autre part, !orsqu'on considère que
pendant la majeure partie de l'année, l e bâtiment
libère cFe l'humidité vers I1extérieur,on se prive, en
imperméabilisant le revêtement, d'une importante
surface d'évacuation d'humidité qu'il n'est pas pos-
sible de compenser. L'humidité incluse entre le
revêtement et son support peut, sous l'effet de
l'insolation ou du gel, se vaporiser ou se congeler
soudainement, provoquant ainsi des tensions in-
compatibies avec la bonne tenue du revêtement.

2.5 ACTION DU GEL

Par temps froid, l e gel peut produire ses effets,


non seulement dans le revètement mais égaiement
dans l e mortier des joints ainsi que dans ie support
avec, comme conséquence, la naissance de ten-
sions capables de briser e t de desceller les plaques.
En ce qui concerne ces dernières, et en attendant
i'adoption de nouveaux critères concernant la géli-
vité des matériaux de construction (*), on veillera
à ne mettre en œuvre aue des espèces non gélives
Fig. 4. - Efflorescences à la surface d'un revêtement. ou réputées telies

(*) Voir l a Note d'infoi.mation lechnique 50 : Nouveaux critères de gélivité pour la réception des matériaux de construction,
C.S.T.C., décembre 1964.

5
Fig. 5 et 6. - Deux exemples de décollement de plaques de Fig. 7, 8 et 9. - Exemples typiques de dégâts dus aux
revêtement du A l'action du gel. mouvements du support.

6
Il semble utile d'évoquer i c i l e processus de pro- 2.7 DEFORMATION ELASTIQUE DE L'OSSATURE
gression du gel dans l a pierre. Dès que la glace
prend naissance à l a surface des plaques, empri- Tout élément porteur subit, lors de sa mise en
sonnant ainsi I'eau à l'intérieur, la pression de I'eau charge, une déformation élastique instantanée et
contenue dans les pores de l a dalle augmente. Cette réversible. II en résulte que lorsque les revêtements
augmentation de pression provoque un état de sur- pierreux sont fixés de façon rigide à certains élé-
fusion de la glace superficielle e t permet ainsi ments d'ossature suscoptibles d'être ultérieurement
l'évacuation de I'eau intérieure. chargés, i l s seront astreints à suivre les déforma-
S i le froid progresse lentement, l'extrusion de la tions de i'ossature. I c i encore peuvent apparaître
glace se poursuit petit à petit, la pression empê- des sollicitations excessives capables de détériorer
chant I'eau de se congeler. La pression intérieure les plaques de revêtement.
provoquant l'état de surfusion n'est pas très élevée
e t est en tout cas insuffisante pour produire la 2.8 FLUAGE DE L'OSSATURE
rupture des pierres réputées non gélives. Parfois
cependant, les effets du gel se marquent dans l e En plus des sollicitations décrites ci-avant, il est
mortier de pose des plaques ou dans l e support nécessaire également de tenir compte d:es déforma-
lui-même. De nombreux dégâts de descellement de tions différées que subissent les éléments porteurs.
revêtements peuvent être attribués au gel (fig. 5
e t 6). Dans l e cas des constructions en béton armé, celles-
c i peuvent atteindre 2 à 4 fois l a déformation ins-
2.6 RETRAIT DE L'OSSATURE (fig. 7, 8 e t 9) tantanée provoquée par la même charge. Ce phéno-
mène évolue dans le temps; plusieurs années sont
Tous les désordres, tant s'en faut, ne sont pas im- cependant nécessaires avant que les déformations
putables à la nature du matériau utilisé. Ils ont sou- dues au fluage soient complètement stabilisées.
vent même l e support comme origine Sous l'effet
de l'évaporation de l'eau excédentaire introduite
lors de leur exécution, l e béton et la maçonnerie
subissent un retrait surtout néfaste pour les revête-
ments posés en coffrage. Le retrait du support est Les sollicitations auxquelles sont soumises les pla-
variable suivant le matériau utilisé; il est pour l e ques de revêtement de façade donnent toute leur
1 béton de l'ordre de 0,3 m m l m . Le phénomène se valeur à la qualité de l'étude des éléments consti-
répartit dans le temps de la façon suivante : 113 tutifs du revêtement : choix des matériaux, agra-
du retrait total a lieu au cours des 2 à 3 premières fage, support, joints e t mortiers.
semaines d'âge du support, 113 dans la période
comprise entre l a 3e et la 7" semaine, 113 dans la Ces questions ne peuvent être abandionnées à I'in-
suite. On voit donc qu'après deux mois, la plus tuition mais doivent au contraire faire l'objet d'un
importante partie du retrait est terminée. On en examen attentif.
tiendra compte pour le placement des revêtements
en pierres naturelles. Ce matériau, en effet, stabi- Nous nous attacherons, dans les pages qui suivent,
lisé depuis des milliers d'années, ne possède plus à présenter la bonne pratique de l'exécution des
une capacité de déformation suffisante pour suivre revêtements de pierre naturelle; on trouvera in fine
le béton ou l a maçonnerie dans leur raccourcisse- une série de planches dessinées e t de photogra-
ment. phies se rapportant au même sujet.
3. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU REVETEMENT

3.11 Généralités

a. II existe une grande variété de pierres natu-


relles susceptibles d'être employées en revêtement
de façades, chacune ayant ses caractéristiques pro-
pres qui font précisément l'attrait du matériau na-
turel. II n'entre pas dans nos vues de décrire
longuement les propriétés des pierres mises en
œuvre; nous nous bornerons à donner succincte-
ment les principales caractéristiques des pierres
qui, dans nos régions, sont le plus souvent em-
ployées pour le revêtement en plaques minces.
b. Parmi ces matériaux, pierres calcaires d'ori-
gine sédimentaire, le petit granit offre, suivant la
taille, une variété de coloration allant du bleu au
gris clair; la pierre blanche, elle, possède des tona- Fig. 10 - Exemple d'une pierre présentant un mauvais limé (,
lités allant du gris blanchâtre au jaune clair et au qui aurait dû être décelé avant la mise en muvie.
beige rosé.
A l'exception des pierres très tendres (dureté-type
Leur stratification en bancs épais permet I'extrac- no l), toutes les pierres peuvent, en principe, être
tion de pierres de bonne homogénéité et de grand utilisées en revêtement.
appareil. Le plus souvent, leur débitage est effectué Les pierres tendres et demi-fermes seront em-
en fonction de la pose sur l i t de carrière. ployées en épaisseurs plus fortes et moyennant des
c. La plus ou moins grande facilité de travailler précautions pius grandes que les pierres fermes,
des pierres calcaires est fonction de leur dureté. dures et froides.
Sur cette base, les pierres ont été classées par d. La pierre calcaire est légèrement attaquée par
catégories et affectées d'un coefficient de dureté les eaux météoriques. Ce fait présente plus d'avan-
qui exprime la difficulté de taille (*), les duretés- tages que d'inconvénients : en effet, le carbonate
types s'échelonnent de 1 à 14. On constate, à la de calcium (CaCOs) mis en solution par les eaux
lecture du tableau ci-après, qu'une pierre tendre a de pluie, filtre à travers la roche. II se recristallise
un pourcentage de porosité vraie (**) élevé et une dans les fractures ou les vides rencontrés, provo-
faible densité apparente tandis qu'une pierre froide quant une parfaite cicatrisation à partir des éI6-
présente les caractéristiques inverses. ments de la roche.

1 Duretés-types 1 Densité en kg/m3 1 Porosité en % 1


Très tendre no 1 jusqu'à 1.470 supérieure à 46
Tendre no 2 1.471 à 1.650 de 46 à 40
no 3 1.651 à 1.840 de 40 à 32
Demi-ferme no 4 1.841 à 2.000 de 32 A 27
no 5 2.001 à 2.150 de 27 à 21
Ferme no 6 2.151 à 2.270 de21 à 1 7
no 7 2.271 à 2.355 de 17 à 13
Dure no 8 2.356 à 2.440 de 13 à 1 1
no 9 2.441 à 2.505 de11 à 8
no 10 2.506 à 2.580 d e 8 à 5
Froide no 1 1 2.581 à 2.640 d e 5 à 3
' no 12 2.641 à 2.690 de 3 à 1,5
no 13 2.691 à 2.730 de 1 , 5 à O
no 14 2.731 pratiquement
et au-dessus nulle

(*) Voir la classification AFNOR des pierres calcaires (norme française NF B 10-001 - Matériaux. Pierres calcaires, septem-
bre 1945).
(**) Porosité vraie : rapport du volume des vides au volume tota! de l'éprouvette (voir méthode d'essai NF B 10-001).
Ce môme phénomène se produit sur les matériaux
mis en service, où se forme une pellicule extérieure
dure appelée = calcin .
C'est une autoprotection de
la pierre grâce à laquelle même les calcaires ten-
dres résistent dans une certaine mesure aux intern-
péries.
e. On veillera à ne mettre en œuvre que des
pierres de bonne qualité marchande (fig. 10). Les
défauts inhérents à la nature du matériau, tels
que géodes, fils, moies seront absolument évités.
On aura donc soin de bien nettoyer les tranches
à I'eau, de les regarder sécher afin de déceler les
fêlures e t de les faire sonner avec un marteau
lourd.
Lors de la réception d'un lot, les pierres qui rendent
un son sourd sous le choc du niarteau seront exami-
nées plus attentivement. Celles qui s'écrasent en
grains sablonneux seront écartées.
f. Le processus de progression du gel dans la
pierre a été évoqué au chapitre précédent.
Les pierres de faible épaisseur, ventilées par I'arriè-
re, ont une meilleure tenue au gel. En effet, étant
donné l e faible parcours que I'eau contenue dans
la pierre doit suivre pour en atteindre la surface
extérieure, l'extrusion de la glace est facilitée lors
d'un abaissement rapide de la température.
demi-ferme Es33 du?.
g. Toutes les pierres calcaires sont poreuses; ce
n'est pas un défaut. Il serait cependant f o r t peu
constructif d'employer des pierres à grande porosité
Fig. 12. - Conditions d'utilisation de diverses duretés de
pierre. A gauche, circulation à sens unique amenant des dé-
pour les soubassements, saillies prononcées ou tériorations. A droite, circuiation en circuit fermé assurent
couronnements de façade. Les pierres trop poreuses la bonne conservation.
ou réputées gélives ne peuvent, ainsi que nous Les pierres correspondant aux duretés renseignées ci-dessus
pourront toujours être remplacées par d'autres d'une dureté
l'avons dit, être exposées sans danger à la Dluie et supérieure.
au gel.

Par contre, une certaine porosité assure une isola- conseils de C. Camerman sur l'emploi rationnel des
tion thermique et une bonne habitabilité des cons- pierres dans l e bâtiment (").
tructions. On lira à ce sujet avec grand profit les
La figure 12, tirée de son étude e t attribuée à I'ar-
c h i t e i t e ~ r a ' n ~ o iVitale,
s de Paris, illustre d'une
part un emploi irrationnel, d'autre part un emploi
rationnel de la pierre.

Quelle que soit la pierre choisie, I'architecte aura le


souci de se renseigner au maximum sur ses moda-
lités de mise en œuvre et sur son comportement
face aux agents atmosphériques.

3.12 Etude du revêtement

a. Appareillage
En dehors des considérations esthétiques qui gui-
dent l e choix de I'architecte et du maître d'ouvrage
vors telle ou telle espèce de revêtement, I'adapta-
tion du matériau au milieu dans lequel il doit vivre
fera I'obiet d'un examen attentif. II est souhaitable,
à cet égard, que I'architecte étudie l'appareillage
Fig. 11. - Sur s i s chantiers, l'entrepreneur doit veilier à
18entzeposage correct des matériaux de façon à B~~~~~ de des pierres en collaboration étroite avec l e maître
sembiabies dégâts. tailleur de pierre. La pratique e t l'expérience de ce

(*) Les pierres naturelles de construction ,,, C. Camerman, 1961. Nouvelle Imprimerie Commerciale et industrielie (N.I.C.I.),
19, Lousbergkeai, Gand.

9
3.13 Préparation des plaques pour I'accro-
chage

Les trous de logement destinés aux ancrages sont


réalisés mécaniquement à la foreuse (fig. 13), par-
fois aussi à la scie au carborandum. L'emploi de
cette dernière requiert toutefois certaines précau-
tions : le diamètre du disque devra être choisi de
manière à ne pas créer de logements trop grands
pour les agrafes, ce qui déforce la pierre. II faut
éviter, dans les faibles épaisseurs, l'emploi d'outils
qui peuvent provoquer I'étoilage du matériau
(fig. 14).

Les trous d'ancrage dans les chants des plaques


seront forés à un diamètre supérieur à celui du
goujon de fixation de l'agrafe (0 8 à 12 m m pour
des goujons de 0 4 à 6 mm). Le goujon ne peut
poser sur le fond du trou (forer 5 m m en plus que
la longueur du goujon) et la distarce entre le pare-
ment de la pierre e t le forage ne doit jamais être
inférieure à 10 mm.

Dans le cas de joints minces, il sera souvent néces-


saire de prévoir sur le chant des pierres une rainure
destinée au logement de l'âme de I'agrafe (fig. 15).

Quand une agrafe est destinée à l'ancrage de deux


Fig. 13. - Forage des trous destinés aux agrafes. pierres contiguës, il est important que ~ e l ~ o ~ e m e n t s
des goujons correspondent parfaitement.
dernier doivent seconder utilement l'architecte dans
~ z é l ~ b ~ ~ du ~ pian
~ i de
~ pose
~ des revête- Dans certains cas, il peut être nécessaire de fixer
ments extérieurs. des crampons dans le dos des dalles de revête-
ment. La découae ou la rainure de scellement est
b. Dimensionnement des plaques alors souvent réalisée en queue d'aronde, de pré-
férence mécaniquement (fig. 16).
Bien qu'il existe en carrière des possibilités de
produire de grandes plaques de pierre tout en ga-
rantissant une homogénéité suffisante du matériau,
ce serait se montrer inutilement exigeant et accroi-
tre considérablement le coût de la construction et
les risques de désordres que de préconiser des
pierres de grand appareil. II ne faut pas perdre de
vue que les plaques de revêtement subissent, depuis
leur façonnage jusqu'à leur pose, de nombreuses
manutentions délicates. On doit aussi penser au
poids que représente l'élément à poser. La densité
de la pierre variant entre 2 e t 3 t/m3, on peut avec
une bonne approximation estimer qu'en 5 cm
d'épaisseur, 1 m2 de pierre pèse entre 100 et
150 kg et en 8 cm entre 160 et 240 kg.
1 Compte tenu de ces consid'érations et se basant sur
l'expérience, on conseille de ne pas mettre en
œuvre des plaques dont la surface dépasse sensible-
ment 40 dm2. Les dimensions les plus courantes
sont 30 cm x 50 cm, 40 cm x 60 cm, 50 cm x 80 cm,
/ 60 cm x 60 cm, les préférences allant aux formats
' rectangulaires. D'une façon générale, la longueur
ne dépassera pas 2 à 2,5 fois la largeur.
L'épaisseur des pierres dépend essentiellement de
la nature physique et de la résistance mécanique
; du matériau, de la grandeur des plaques et de leur
emplacement dans l'ouvrage; il est en tout cas
conseillé de ne pas mettre en ceuvre des éléments Fig. 14- Etoilage des plaques de revétement dû au scelle-
, d'une épaisseur inférieure à 5 cm. ment mal réalisé d'attaches pour enseigne publicitaire,
b. une autre qualité non moins importante à exiger
des agrafes est leur élasticité. Servant de liaison
entre l e revêtement e t son support, elles doivent
pouvoir suivre sans danger les déformations
relatives des éléments en présence
c. les agrafes doivent, en plus des qualités pré-
citées, posséder une capacité de résistance à la
flexion et à l a traction appropriée à leur fonction.

3.22 Métal constitutif des agrafes


a. I'acier inoxydable. Pour autant que l'alliage ait
une teneur minimum en chrome-nickel de 1818,
les agrafes en acier inoxydable sont certaine-
ment celles qui répondent le mieux aux exigen-
ces formulées au (j 3.21. Elles sont cependant
relativement peu répandues chez nous à cause
de leur prix élevé; leur emploi est fréquent dans
Fig. 15. - Trou d'ancrage avec rainure de logement pour les pays nordiques.
Pâme de I'agrafe.
b. I'acier à haute résistance recouvert par soudure
de cuivre électrolytique.
Ce produit allie les propriétés mécaniques do
I'acier à la stabilité du cuivre. II possède une
excellente tenue dans le temps.
c. l e bronze e t le bronze d'aluminium.
Ces matériaux, pratiquement incorrodables, ont
de bonnes propriétés mécaniques. II y a toute-
fois lieu de se montrer attentif lors de la ré-
ception d'agrafes de ce genre, en raison du fait
qu'elles peuvent parfois présenter des défauts
dus au coulage.
d. le cuivre et ses alliages.
Peu ou pas corrodables, ces matériaux n'ont ce-
pendant pas la résistance mécanique de I'acier.
l i s ne peuvent donc pas étre conseillés dans le
cas où l'agrafe est soumise à de fortes charges
ou déformations.
e. le f e r galvanisé ou parkérisé ou bondérisé.
Fig. 16. - Réalisation sur chantier de taille de rainures La protection d'un élément très accessible à la
dorsales pour l'accrochage des plaques. corrosion n'offre pas de certitude absolue d'iso-
lation du métal. On n'est jamais à l'abri d'un
Notons encore que l'on obtient un meiileur accro- coup malencontreux qui détruirait la pellicule
chage du mortier des joints en avivant le chant des de protection.
dalles de quelques coups de pointe (1 à 2 coups Les praticiens soucieux de la durabilité de leur
par dm suffisent). travail insisteront spécialement sur la richesse
de la couche de protection e t prendront toutes
3.2 L'AGRAFE précautions souhaitables pour en éviter la des-
truction.
3.21 Généralités
3.23 Forme des agrafes
On désigne du nom générique d'agrafe toute pièce
métallique qui sert à la fixation des plaques de Bien plus que le mortier, les agrafes constituent
revêtement. Sous cette dénomination, on trouve l'élément primordial de support e t de fixation des
tous les crochets, pattes d'ancrage, ancres de scel- dalles. Elles seront donc dimensionnées par calcul
lement, goujons, etc. dont l e marché offre une et conçues en raison de leur fonction dans l a cons-
gamme f o r t complète. truction.
On trouve des agrafages porteurs e t des agrafages
Les qualités essentielles des agrafes sont :
de fixation : ces derniers sont destinés à empêcher
a. l'inaltérabilité : elles doivent être absolument tout mouvement horizontal, soit des dalles entre
inoxydables et inattaquables par les agents chi- elles, soit des dalles vis-à-vis du support.
miques qui peuvent étre véhiculés par l'eau. Les
Les agrafes sont exécutées à partir de profils ronds,
exemples de désordres dus à la corrosion se
de plats, de profils en T, etc ...
trouvent en abondance dans les constructions
anciennes où les pierres ont été attachées au Les fig. 1 7 à 28 montrent certains dispositifs cou-
moyen d'ancres métalliques oxydables ramment employés.
( aveo Ou sans plaque de r6partltion
dea charsea )

Fig. 17. -
Agrafes de type courant. Réalisées en bronze, laiton, fer galvanisé, etc., elles
conviennent comme agrafes porteuses et comme agrafes de fixation. Permettent le scellement
dans les joints verticaux ou horizontaux.

Fig. 18. - Agrafes de scellement arrière des plaques. Cavalier de liaison. Dispositif de support
des plaques.
Fig. 19. -- Modèles courants d'agrafes. Fig. 20. - Autres modèles d'agrafes

Fig 21. - Agrafes plates avec goujon, scellées au mortier Fig 22 -Agrafes plates avec goulon boulonnées au support
dans une cheville auto-forante
de ciment.

Fig. 23. -- Agrafes dorsales scellées au plomb Fig. 24. - Agrafes de fixation s clouées 3. au support.

13
Fig. 25. - Dispositiis belges et étrangers d'agrafes réglables.

Fig. 26. - Agrafe régiable. Fig. 27. - Autre type d'agraie réglable.
Suivant le mode de construction adopté, les charges
seront reprises entièrement par les agrafes ou
supportées par des talons tous les 3 à 4 lits de
plaques. Dans ce dernier cas, I'agrafe est unique-
ment considérée comme moyen de fixation.
Si I'on doit fixer des pierres fort étroites (comme
dans le cas de colonnes par exemple) où I'on ne
peut raisonnablement pas forer plus d'un trou sur
les petits côtés de la pierre, il faut veiller à ce que
les plaques ne puissent tourner autour de leurs
points de fixation.
Dans le but de maintenir les dalles dans leur plan
respectif, les côtés ne comportant pas d'agrafes
seront éventuellement pourvus de goujons de
Fig. 28. - Cornière de support d'un élément lourd. mariage.
La bonne pratique enseigne que pour des diman-
sions moyennes de panneaux telles que préconisées
au chapitre précédent, on placera autant que possi-
ble les agrafes dans la zone du 1/4 au 1/5 de la
longueur des côtés, comptée à partir des angles
extérieurs.
II faut cependant tenir compte de la qualité du
matériau et ne pratiquer les entailles de logement
des agrafes que dans des zones parfaitement
saines.
Lors de la pose, on s'assurera que les pierres ne
reposent pas sur les goujons de fixation.
On veillera à placer les agrafes perpendiculaire-
ment au support de façon à ce qu'aucune charge

-
anormale ne sollicite les arêtes.
On trouvera i n fine , quelques planches qui aide-
ront le lecteur praticien dans son étude.
Chaaue ensemble de revêtement constitue ceoen-
Fig. 29. - Réalisation sur chantier de pose d'une entaille dant un cas particulier : aussi l'architecte appli-
de logement pour l'agrafe. quera-t-il avec discernement les quelques principes
énoncés ici.
3.24 Emplacement et nombre d'agrafes
3.25 Dimensionnement des agrafes
En règle générale, les plaques seront fixées au
support en quatre points : deux agrafes de fixation Les fabricants fournissent rarement les indications
et deux agrafes porteuses. Ces dernières pourront permettant à l'utilisateur de déterminer la force
éventueliement être supprimées si les pierres re- portante des agrafes. C'est certainement une lacune
posent sur un support satisfaisant. et une des raisons pour lesquelles ces dernières
sont fréquemment mal employées.
Dans la plupart des cas, les agrafes porteuses
d'une plaque serviront d'agrafes de fixation pour A titre d'exemple, nous publions ici des tables de
la plaque inférieure. dimensionnement théoriques correspondant à des
agrafes en acier inoxydable posées à plat ou sur
Le système d'ancrage sera calculé sans tenir chant (joints horizontaux ou verticaux) et à des
compte de l'adhérence due au mortier. agrafes en bronze posées sur chant (fig. 30 à 34).
Fig. 30. - Agrafe en acier inoxydable.
A. couche d'isolation
B. mur porteur
L i bras de levier
L. longueur d'ancrage

eection de* agrafes


15x5 20x3, 15x6 , 20x4 , -
20x 5 25x I

5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 iû i7 18 i9 20
bras de levier on im

Fig. 31. - Agrafe en acier inoxydable. Table de dimensionnement théorique.


Le diagramme a été établi pour des ancrages plats avec goujon, posés sur chant. Cette position permet à l'ancrage de
reprendre des moments de flexion beaucoup plus importants que s'il était posé à plat.
L'acier des agrafes a une limite d'élasticité de 4.200 kg/cmz c t un coefficient de sécurité de 1.5 a été pris sur cette limite.
On considere ici le cas général d'un ancrage scellé dans un mur porteur en béton ou en briques avec présence d'une lame
d'air entre le revêtement et le support. La couche isolante recouvrant le mur porteur ne peut en aucun cas être considérée
comme porteuse. Le constructeur préconise de ne pas charger les murs de briques au-delà de 50 kg par agrafe, cette limite
supérieure étant de 80 kg par agrafe pour les murs de béton. Les valeurs lues hors de la zone grisée se rapportent donc à
des scellements effectués dans un support en béton.
Fiy. 32. - Agrafe en bronze coulé. Fiy. 33. - Autre type d'agrafe en bronze coulé.

5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
oras d e levier en cm

Fig. 34. - Agrafes en bronze coulé. Le diagramme résulte d'un calcul théorique pour des ancrages en bronze coulé. On a
considéré une charge de rupture de 19,6 kglmm' (indication donnée par le fournisseur); un coefficient de sécurité de 2.65
a été appliqué sur cette valeur.
3.3 LE SUPPORT Lorsqu'une rectification a dû être apportée au
béton et quel que soit l'enduit dont on a pu recou-
3.31 Nature vrir la partie retravaillée, l'acier des armatures ne
tarde pas à rouiller, ce qui salit, bien souvent
Les supports des revêtements en pierre naturelle irrémédiablement, les revêtements.
les plus fréquemment rencontrés sont la brique et
le béton. Ceci n'est évidemment pas limitatif car 3.33 Danger des agrafes touchant I'armature
tous les autres systèmes de murs porteurs, de ga- du béton armé
landage d'ossatures ou d'ossatures elles-mêmes
peuvent recevoir des revêtements en plaques de Dans les murs en béton, il n'est pas rare que les
pierre naturelle, pour autant qu'ils aient les qua- trous de scellement rencontrent les armatures de
lités de stabilité et de résistance nécessaires. Ce- l'ossature.
pendant, les éléments constitutifs du support seront
choisis judicieusement : les blocs alvéolés en béton, Le chevauchement de deux métaux de nature diffé-
en terre cuite ou les éléments de fibres isolantes rente peut amener la formation d'un couple électri-
ne pourront pas, en raison de leur structure, être que capable non seulement de détruire les éléments
revêtus de plaques suivant la technique préconisée métalliques en présence, mais également de préci-
ici. piter les sels chimiques dissous par l'eau dans le
support ou le mortier.
Le scellement des agrafes doit se faire dans un Ces sels cheminent à travers les plaques e t vien-
matériau porteur sain et de bonne résistance. Dans nent s'effleurir sur le parement extérieur en pro-
le cas où le mur-support est revêtu d'un matériau voquant des taches.
isolant (béton léger, plaques), il n'est jamais permis
de sceller les ancrages dans la couche d'isolation. On évitera donc soigneusement tout contact entre
les agrafes et I'armature du béton armé.
3.32 Les hors-plomb
3.34 Localisation e t réalisation des trous de
Dans le cas des murs porteurs en béton armé, on scellement
soignera spécialement le coffrage des faces à re-
vêtir, de façon à ne pas avoir à en rectifier les Les emplacements des trous destinés aux ancrages
hors-plomb par des retailles qui laisseraient appa- sont marqués sur le mur support à l'aide du plan
raître les armatures (fig. 35). de pose élaboré par l'architecte. Ce marquage, fait
avec précision, est suivi du forage des trous. Ces
derniers sont forés perpendiculairement à la paroi
ou, dans les murs dre briques, avec une légère
inclinaison vers le bas. On utilisera la foreuse avec
mèches au carborandum ou la foreuse tamponneu-
se, le percement manuel des trous de logement
étant aujourd'hui presque totalement abandonné. Le
trou de logement permettra le scellement d'une
portion de l'agrafe d'au moins 7 à 8 cm. Le diamètre
de forage sera tel que l'on puisse admettre un
faible jeu tant latéral que vertical de manière à
compenser de minimes erreurs de localisation. Lors
du scellement des agrafes et avant introduction de
la pâte de mortier, les trous doivent être nettoyés
de la poussière du forage et abondamment mouillés.
... '...
. ...
3.35 Methode d e scellement à sec
Parallèlement à la façon de sceller décrite ci-dessus
dans ses grandes lignes, se développe actuelle-
ment, dans le cas d'un support en béton, un système
de scellement * à sec ,, qui semble être à la fois
rapide et pratique. II s'agit d'un dispositif à cheville
expansible autoforeuse qui peut supporter sa char-
ge de service immédiatement après sa mise en
place. Cette cheville demande cependant l'emploi
d'agrafes spéciales réglables et à visser (fig. 19,
p. 13; fig. 25, 26 et 27, p. 14).
Pour des supports en beton, la fixation des agrafes
plates se fait aussi parfois par clouage au revolver
(fig. 24, p. 13). L'utilisateur se montrera cependant
Fig. 35. - Ici, vraisembiablement le coffrage du béton srmé très prudent car cette technique, uniquement em-
a cédé. On a dû entaiiler le béton pour permettre ia pose des ployée pour les agrafes de fixation, ne peut offrir
pierres, jusqu'à mettre les armatures à nu. toutes les garanties de sécurité.

18
3.4 LES JOINTS

3.41 Généralités

Les joints constituent un élément décoratif incon-


testable des revêtements de façade. Ils contribuent
à rehausser l'aspect esthétique de la construction
en soulignant les ensembles architecturaux ou en
marquant les lignes horizontales ou verticales de
la façade. Nombre d'architectes s'en sont heureuse-
ment servis, n'hésitant pas, même, à ajouter des
pigments aux mortiers de jointoiement.
L'esthétique du joint doit cependant céder le pas
aux considérations techniques du problème.

3.42 Joints courants

a. L'épaisseur
L'épaisseur des joints courants (joints entre pier-
res) normalement pratiquée varie entre 5 et 10 mm.
Cette dimension minimum tient compte de la diffi-
culté d'exécution d'un bourrage efficace en profon-
deur; toutefois, la dimension effectivement réalisée
sera fonction de la tolérance autorisée sur les
dimensions d'es pierres elles-mêmes (*).
U n joint large permet le remplissage à l'aide d'un
mélange plus sec, ce qui confère au joint fini de
meilleures caractéristiques mécaniques.
Lors de la mise en place des plaques on dépose le
mortier autant que possible, sur le chant des pierres
déjà en place; ies efforts de compression dus à la
pose assurent l'étalement du mortier et un rem-
plissage homogène de tout l'espace du joint.

b. Emploi de cales (fig. 36 et 37)


La régularité du joint entre les dalles est générale-
ment obtenue par l'interposition entre les pierres
de petites cales plates calibrées en épaisseur. Ces
cales, perdues, sont situées en retrait d'au moins
2 cm de l'arête extérieure de la plaque. On utilise
2 a 4 cales suivant l'importance de la base de la
. . Pour les ioints verticaux, le calibre est
ulaaue.
constitué par une.réglette en bois préalablement
gorgée d'eau. Fig. 36 et 37. - Emploi de cales pour l'ajustage dimensionnel
des lits des plaques.
De lit en lit, les cales doivent se superposer parfai-
tement de façon à ce que les points d'application du surplus de mortier, de façon à permettre le
des charges des plaques soient situés sur une jointoiement final suivant la technique désirée:
même verticale. Les cales sont constituées par des mortier naturel ou pigmenté, joint en retrait, joint
matériaux possédant une résistance suffisante à bombé, etc ... Notons que tout le travail de jointoie-
l'écrasement mais inférieure toutefois à celle de ment doit être précédé d'une humidification géné-
mortier durci. En pratique sont utilisés les bois reuse de l'espace à remplir et être réalisé aussi
tendres non colorés (peuplier, par exemple), le tard que possible pour éviter au maximum l'in-
plomb et aussi, depuis peu, les matières plastiques. fluence des efforts dus au retrait et au fluage de
l'ouvrage.
c. Finition des joints
Généralement, une première toilette du travail se
Si le mortier de pose a reflué jusqu'au parement, fait immédiatement après la pose. On emploie pour
on procède, une fois la pose terminée, au grattage ce faire une éponge ou une brosse douce et de

(*) Cahier des charges-type no 104 du Ministère des Travaux publics. fascicule I l l : - P i e r r e s de construction^^.
l'eau bien propre. Après le jointoiement, on pro- cateurs d'apprécier leur influence et de déterminer
cèdera au nettoyage final en apportant un soin tout l'entre-distance des joints verticaux et horizontaux
particulier aux pierres taillées de façon spéciale souples qu'il sera nécessaire de prévoir dans le
(bouchardées, gradinées, piquées, etc...). revêtement. II est cependant conseillé de ne pas
dépasser les mesures ci-après qui doivent être
En remplacement des mortiers de jointoiement, on considérées comme des minima : on prévoira u n
utilise aussi des mastics : les qualités requises de joint horizontal tous les 2 à 3 niveaux (6 à 9 m).
ces matériaux sont décrites dans le 5 3.53 ci-après. Dans le sens vertical, il sera convenable d'en réa-
Les mastics sont d'une mise on a u v r e aisée. Ils liser tous les 15 à 20 m.
sont livrés en cartouches que l'on introduit dans
une seringue mécanique ou à air comprimé, munie Suivant la facture architecturale de la façade, il sera
de difforents embouts appropriés à la section du indiqué de prévoir des joints souples formant obtu-
vide à remplir. ration entre les revêtements et les châssis, cham-
branles et autres éléments de construction.
Dans le cas d'emploi de mastic, la profond'eur du
grattage du joint de pose peut être réduite à environ Lorsque la pose des revêtements a été prévue avec
1 cm. reprise des charges à certains niveaux de la cons-
truction (fig. 38, 39 et 40), on tiendra compte du
3.43 Joints spéciaux (joints souples de façade) fait que la déformation verticale des panneaux ne
peut se prod'uire que vers le haut et on prévoira
Les sollicitations influençant la tenue des revête- des joints horizontaux en conséquence. Les joints
ments ont été détaillées au chapitre 2. Rappelons souples délimitent des aires totalement indépen-
cependant parmi celles-ci : dantes les unes des autres (fig. 41 et 42). La
déformation relative d'une plaque ou d'un panneau (
- la différence de température qui peut exister ainsi isolé, ne peut, en aucun cas, solliciter I'élé-
entre la plaque et son support, ou entre les pla- ment voisin.
ques elles-mêmes (soit à cause d'une tonalité
différente des plaques, soit à cause d'une orien- Lorsque l'utilisation d'agrafes communes à deux
tation différente) pierres situées de part et d'autre d'un joint souple
- les déformations élastiques de I'ossature est envisagée, il y a lieu de s'assurer que le mouve-
- le retrait et le fluage de l'ossature, phénomènes ment relatif des plaques entre elles ne soit pas
irréversibles, qui se manifestent au cours du entravé.
temps.
Le chant des pierres sera soigneusement débarras-
Afin d'éviter la mise en tension des plaques par les sé d~ tout déchet de mortier ou de matériau dur
facteurs rappelés ci-dessus, il appartient aux édifi- (débris de brique, béton, etc...). L'épaisseur du

Fig. 38. - Supports horizontaux continus de reprise des charges.


Fig. 39 et 40. - Supports de reprise des charges. f-ig. 41 et 42. - Réalisation de joints souples de façades.
- faire prise en un temps relativement court ou
du moins permettre après peu de temps une
mise en charge partielle sans dérangement du
scellement, ceci en vue d'augmenter la rapidité
d'exécution du travail
- posséder certaines qualités permanentes d'élas-
ticité en raison des chocs thermiques et méca-
niques auxquels ils sont soumis
- être chimiquement stables
- ne pas provoquer de taches sur le revêtement
- être peu perméables
- être ingélifs.
La résistance à l'écrasement du mortier des joints
doit, quel que soit le mélange, être inférieure à
celle de la pierre.
Dans la pratique, l'entrepreneur dispose d'une
Fig. 43. - Exemple de fluage d'un joint souple. gamme de mortiers d'e dureté variable. Ces derniers
sont décrits dans la norme NBN 578 f*). Leur
joint variera de 5 à 10 m m ; elle sera obtenue par composition est reprise au 5 3.513 ci-après.
interposition entre les lits de pierres, de cales de
bois blanc préalablement gorgées d'eau, que l'on 3.512 Précautions i
enlèvera soigneusement après durcissement du
mortier de scellement des agrafes dans les sup- a. En aucun cas, on ne permettra le scellement
ports. L'obturation des joints s'opère par l'intro- soit des pierres, soit des agrafes au plâtre. En effet,
duction à froid jusqu'à environ 1,5 cm de la face sa faible résistance à l'eau et l'action destructrice
vue, d'un cordon bitumé ou d'un produit d'étan- qu'il peut avoir sur le métal des ancrages en inter-
chéité expansé. Le vide restant est protégé par un disent l'emploi.
couvre-joint métallique inaltérable ou plastique; il
b. On évitera aussi avec soin la mise en œuvre
peut aussi être rempli par un mastic approprié mis
de matériaux tachants (fig. 44). A cette fin, on
en place au pistolet à main ou à air comprimé. Le
s'assurera que les ciments employés ne peuvent
mastic sera compatible avec le produit d'obturation,
n i provoquer d'efflorescences n i salir la pierre de
il résistera sans couler ni se crevasser aux varia- façon permanente lors du placement des revête-
tions de température extérieure e t possèdera une
ments. f i ressort des conclusions d'une enquête
résistance convenable au vieillissement.
récente sur ce sujet, que les taches que peuvent
Dans le cas où les joints souples coïncident avec provoquer les ciments sont dues à la présence
des coupes de dilatation ou de tassement dans d'alcalis. Ces alcalis proviennent de la matière pre-
l'ossature, il y a lieu de proscrire l'emploi d'agrafes mière utilisée (argile) ainsi que des cendres de
communes aux plaques situées de part et d'autre. charbon. II convient donc de choisir des ciments à
La largeur des joints du revêtement ne sera pas faible teneur en alcalis (s'informer auprès du
inférieure à celle dfu joint correspondant de I'ossa- fabricant). Les ciments blancs de même que le
ture. ciment alumineux ne renferment pratiquement pas
d'alcalis. (
3.5 LES MORTIERS
3.51 Les mortiers de pose
3.511 Généralités
Si les agrafes doivent en principe reprendre à elles
seules toutes les sollicitations, il n'en est pas moins
vrai que la contribution du mortier à la stabilité de
l'ensemble est primordiale (scellement des ancra-
ges et jointoiement des plaques de revêtement).
Bien des dommages ont comme origine l'emploi
d'un mortier inadéquat.
Les mortiers employés doivent répondre aux exi-
gences suivantes :
- permettre une mise en œuvre aisée, c'est-à-dire
avoir une fluidité telle qu'ils remplissent com-
plètement les vides et s'écrasent uniformément Fig. 44. - Taches et auréoles à l'emploi d'un mortier de
d:ans les joints sous le poids des pierres jointoiement tachant.

(*) NBN 578, Mortiers pour maçonnerie et enduits, 1963.


Les salissures se marquent davantage sur les En général, on fait usage de l'une des deux pre-
pierres tendres; ceci est dû au fait que ces der- mières compositions citées ci-dessus, étant donné
nières possèdent un pouvoir d'absorption capillaire la résistance relativement élevée qu'on exige, dans
plus important que les pierres dures. ce cas, du mortier.
Dans le but de limiter ou d'éviter l'absorption ca- b. Les documents étrangers traitant de cette ques-
pillaire, on emploiera un mortier de bonne compa- tion offrent une certaine similitude avec ce qui est
cité auquel on ajoutera éventuellement un hydlrofuge préconisé ci-dessus; c'est ainsi que le cahier des
(à base de stéarate par exemple). charges français pour les revêtements muraux
scellés (*") préconise x un couils dosé à raison de
c. II faut égaiementveiller à la propreté des sables 300 kg de ciment pour 1 m3 de sable 0/1,25 (**")
qui ne contiendront pas de matières organiques n i ou un mortier bâtard à raison de 200 kg de chaux
d'alcalis libérables ( * L'eau de gâchage sera XEH ou XH (****) e t 100 k g de ciment ne tachant
exempte de vase, matières organiques, acides, al- pas pour 1 m3 de sable 0/1,25 ,>.
calis, sels et autres substances nuisibles.
Le scellement des agrafes dans les plaques de
d. L'emploi d'adjuvants pour le mortier est devenu revêtement est parfois réalisé par coulage de plomb
maintenant pratique courante. Ceux-ci permettent, suivi de matage. C'est souvent le cas pour la fixa-
suivant le cas, d'en augmenter la maniabilité, de tion des agrafes de soutien au dos des plaques
réduire son retrait ou encore d'accélérer ou de (fig. 23, p. 13).
retarder le processus de prise et de durcissement.
c. Certaines techniques de pose prévoient, pour
On ne les mettra en œuvre qu'avec discernement les joints horizontaux, l'emploi de bandes continues
et pleine assurance de leur stabilité et de leur de plomb de l'épaisseur du joint (rt 5 mm) e t dfune
inertie vis-à-vis de la pierre, des agrafes et, en largeur inférieure de 1 à 2 cm à I'épaisseur de la
général, de tous matériaux avec lesquels ils seront plaque de revêtement, permettant le jointoiement
en contact. final en parement. Dans ce cas, les agrafes sont
nécessairement localisées au dos ou dans les joints
verticaux des pierres.
3.513 Mortier de pose des plaques et de
scellement des agrafes Cette technique pose toutefois certains problèmes
de mise en œuvre dont le plus important est celui
a. La norme NBN 578 propose au choix de l'entre- du parfait ajustage dimensionnel des plaques.
preneur différentes compositions de mortiers pour
les maçonneries en pierre; elles sont reproduites 3.52 Les mortiers de jointoiement (finition des
ci-après par ordre de résistance décroissante. Ces joints)
prescriptions sont d'ailleurs reprises dans le cahier
des charges-type no 104 du Ministère des Travaux
a. La norme NBN 578 indique aux utilisateurs
publics :
différentes compositions de mortier de jointoiement
1) mortier de ciment composé de : que nous reproduisons ci-dessous :
300 kg de ciment pour 1 m3 de sable de maçon-
1) mortiers bâtards composés de :
nerie
150 kg de ciment et
2) mortier bâtard de chaux grasse-ciment composé 150 kg de chaux grasse en poudre pour 1 m3
de : de sable de maçonnerie
200 kg (NBN 578) ou 250 kg (T.P. 104) de ciment ou
et 50 kg de chaux grasse éteinte pour 1 m3 de 100 kg de ciment et
sable de maçonnerie 200 kg de chaux hydraulique normale pour
1 m3 de sable de maçonnerie
3) mortier bâtard de chaux hydraulique-ciment
composé de : 2) mortier de chaux hydraulique composé de :
175 kg de chaux hydraulique normale et 350 kg de chaux hydraulique normale ou de
175 kg de ciment pour 1 m3 de sable de maçon- chaux éminemment hydraulique pour 1 m q e
nerie sable de maçonnerie.
4) mortier de chaux hydraulique composé de : b. Certains entrepreneurs ou carriers recomman-
350 kg de chaux hydraulique ou éminemment hy- dent i'emploi, pour le jointoiement, des composi-
draulique pour 1 m q ' e sable de maçonnerie. tions volumiques suivantes :

(*) Voir projet N B N 589.2, Sabies de construction, Méthodes de réception.


(**) Cahier des charges applicables aux travaux de revêtements muraux scellés, destinés aux locaux d'habitation, bureaux et
-
établissements d'enseignement. D.T.U. no 35, avrii 1961. Centre scientifique et technique du Bâtiment, Paris 16e.
(*";*) Sable de granulerité continue, passant au tamis à mailles de 1,25 m m ou à la passoire à trous de 1.60 m m de diamètre.
(**a*) XH : chaux hydraulique iourde : de résistance minimale à la compression à 7 et à 28 jours égale à 10 et 30 bars (1
bar % 1,02 kgf/cm2).
XEH : chaux éminemment hydraulique : de résistance minimale à la compression à 7 et 28 jours égale à 50 et 100 bers.
admettre certaines sollicitations (continuation du
travail).
Dans la pratique, par suite de la consistance diffé-
rente des mortiers traditionnels et des mortiers d'e
résine, ces derniers exigent une méthode d'appli-
cation quelque peu différente qu'il ne nous est pas
possible de commenter longuement ici.
Nous noterons cependant que la composition gra-
nulométrique des mélanges doit être spécialement
étudiée et qu'il n'est pas possible de préparer de
grandes quantités de mortier à la fois : le << pot-
life , (temps de maniabilité) du système résine-
durcisseur est, en effet, relativement limité.

Fig. 45.- 1. Mortier de ciment. Décollement entre le mortier En ce qui concerne la composition et la mise en
et la pierre. - 2. Mortier de résine (116). Décollement entre œuvre dse ces mortiers, il y a lieu de se référer aux
le mortier et le béton. - 3. Mortier de résine polyester indications des producteurs des résines utilisées.
(1/4,5). Décollemeot entre ie mortier et le béton. Légère déç-
agrégation du béton au contact du mortier. - 4. Mortier de
résine époxy (114.5). Arrachement du béton. Accidentellement, il a été constaté que les résines
peuvent donner naissance à des taches noires sur
la pierre. II est par conséquent nécessaire d'enlever
1) 1,5 partie de ciment blanc mélangé à avant durcissement toute trace de résine par un
10 parties de chaux hydraulique et à (
lavage au chlorure de méthylène.
20 parties de sable blanc ou de poussière de la
pierre de même provenance que celle mise en Ajoutons aussi que ces produits sont encore relati-
œuvre, soit en poids 90 kg de ciment et 400 kg vement coûteux et qu'ils présentent le danger d'une
de chaux par m3 de sable certaine toxicité pour l'utilisateur.
2) 1 partie de ciment Portland mélangé à
2 parties die poussière de la pierre mise en œu- 3.54 Les mastics
vre, soit en poids 650 kg de ciment par m3 de
poussière de la pierre.
Le développement de l'industrie de la construction
3.53 Les mortiers de résine a multiplié les emplois du mastic dans le bâtiment
tout en accroissant les exigences des utilisateurs
L'apparition relativement récente des mortiers de quant aux qualités du produit. Les fabricants s'atta-
résine ouvre de nouvelles et intéressantes pers- chent d'ailleurs à améliorer constamment les per-
pectives en matière de scellements. formances de leurs produits.
Lors d'une étude comparative, en laboratoire, de
différents mélanges destinés au scellement des Le mastic s'emploie, nous l'avons dit, comme ma-
pierres, il est apparu que les mortiers additionnés tière de remplissage des joints (fig. 46 et 47).
de résine (époxy ou polyester) possédaient des
caractéristiques tant physiques que mécaniques
bien supérieures au mortier ordlinaire à base de
liant hydraulique (fig. 45).
Les essais pratiqués sur des éprouvettes de pierre
bleue collées sur un support de béton, respective-
ment par mortier de ciment et par mortier de résine
époxy, se rompent dans le premier cas par décolle-
ment de l'éprouvette au niveau du béton, dans le
second cas par rupture du support. Bien que l'on
ne dispose encore que de peu de recul pour juger
de la tenue de ces mortiers, il est intéressant de
constater que les résines employées comme liant
leur confèrent dqe bonnes propriétés de résistance
aux vibrations, aux chocs et à l'impact et que les
variations thermiques atmosphériques ne semblent
pas les dégrader. Signalons encore que ces mor-
tiers offrent une bonne résistance à l'eau ainsi qu'à
un grand nombre de produits chimiques (benzine,
acides minéraux, acides organiques dilués, alcalis).
Le durcissement du mélange est achevé après 24 à
48 heures à température ambiante mais, après Fig. 46. -- Empiacement des joints de mastic sur le pourtour
12 heures, le durcissement est tel qu'il peut déjà d'une baie.
fournisseur e t même de procéder à des essais,
certains matériaux pierreux étant plus sensibles
que d'autres aux souillures dues au mastic

après l'application du mastic, une pellicule su-


perficielle doit s'y former, qui n'accroche pas
les poussières; l e mastic ne peut se fissurer ni
superficiellement, ni dans la masse

l e mastic doit être insensible aux agents chimi-


miques qu'on rencontre normalement dans la
construction (alcalinité des mortiers et bétons,
produits d'entretien, etc.)

- si on fait usage de plusieurs mastics dans un


même joint, il est nécessaire qu'iis soient com-
patibles entre eux.

a. Les mastics appelés mastics plastiques sont


les plus employés pour l a réalisation des joints.
Un mastic est d i t w plastique ,, lorsque dans les
Fig. 47. - Exemple de joints souples de façades cond~itionspratiques d'utilisation il peut être facile-
ment déformé sous l'effet d'une contrainte et qu'il
conserve presque toute sa déformation après sup-
Dans l e choix d'un produit, il est important de noter pression de cette contrainte, c'est-à-dire qu'il ne
que les performances du mastic frais doivent se reprend pas sa forme initiale.
maintenir quand le mastic a vieilli et qu'il a dû
subir 300 à 400 fois par an (*) les mouvements
On distingue :
provoqués par l a variation des conditions atmo-
sphériques. - les oléo-pellicuiabies qui ont l a propriété de se
couvrir d'une pellicule au contact de I'air dans
les 8 jours. l i s conservent leur plasticité dans
l e temps pour autant que les conditions d'utili-
sation ne provoquent pas de ruptures fréquentes
Les différentes qualités auxquelles doivent répondre de leur pellicule
les mastics peuvent être résumées comme suit :
- les mastics spéciaux pour finition, qui sont à
base d'élastomères, avec ou sans adjonction
- le mastic doit pouvoir résister aux agents atmo- d'huile e t spécialement destinés à la finition
sphériques sans altération sensible de ses qua- des joints d'étanchéité. Leurs caractéristiques
lités physiques e t chimiques dans l e temps. En spécifiques sont :
particulier, la consistance du mastic ne peut
varier sensiblement au cours de son vieiilisse- - la surface en contact avec I'air devient non
ment; si elle augmente trop, l e mastic n'est plus collante au bout d'un certain délai
apte à suivre les déformations, s i elle diminue
trop, l e mastic aura tendance à couler - ils admettent, en service, des allongements
plus élevés que les mastics oléo-pellicu-
lables
- ie mastic doit rester adhérent aux matériaux
entre lesquels il est appliqué. L'adhérence au
support est obtenue soit par ie pouvoir adhésif Dans cette catégorie, on peut citer notam-
du mastic, soit par l'application d'enduits pri- ment les butyles spéciaux.
maires d'accrochage (primer), qui préparent les
b. Pour des travaux prévoyant de forts mouve-
surfaces
ments (dilatations, tassements, vibrations, ...) ou
demandant un grand degré de finition e t de pré-
- le mastic doit être étanche à l'eau, à I'air e t à cision, on emploie de préférence les mastics élas-
la poussière tiques à un ou deux composants.

- le mastic ne peut pas tacher les matériaux entre Ces produits requièrent toutefois des précautions
lesquels il est appliqué, n i les corroder. A cet spéciales de mise en œuvre qui doivent être prises
égard, il est recommand~é de questionner l e après consultation des fournisseurs.

(*) Voir cc Jointing with mastics and Gasketç-2, Building Rr!search Station Digest 37 (second series) ., août 1963
4. METHODES DE MISE EN CEUVRE

Les plaques de pierre pour parements de façade


peuvent se poser de différentes manières :
a. les plaques de pierre sont posées au fur et à
mesure de l'élévation de la maçonnerie
b. la maçonnerie de support ou le complexe ma-
çonnerie-béton armé est monté sur toute la
hauteur du bâtiment et le parement en plaques
de pierres y est posé après achèvement de cette
ossature
c. les plaques de pierres sont posées en coffrage
et reçoivent après coup leur support-arrière en
béton.

4.1 POSE AU COURS DE L'ELEVATION DU SUP-


PORT OU APRES ACHEVEMENT
On pratique généralement la pose suivant deux
méthodes :
- pose avec remplissage arrière du revêtement
- pose avec vide d'air ventilé.

4.11 Pose avec remplissage à I'arrière des


plaques de revêtement
II s'agit bien i c i de remplissage et non d'une pose
à plein bain comme pratiquée pour le placement de

Fig. 49. - Schéma de principe du circuit de l'air à l'arrière


d'une plaque de revêtement.

carreaux de revêtement ou pour de petites plaques


de pierres. Dans ce cas, la plaque est fixée par
des agrafes tout en ménageant à I'arrière un es-
pace de l'ordre de 2 à 3 cm selon les tolérances
du travail. Cet espace est ensuite convenablement
rempli par un coulis de mortier, en se gardant
toutefois de pratiquer un serrage trop violent du
mélange par damage à la tige métallique ou autre,
de manière à ne pas déranger le scellement n i
déplacer les plaques de revêtement.
Ce matelas de mortier constitue un solide appui
dorsal pour les pierres en augmentant leur résis-
tance aux chocs et aux vibrations.
Cette technique de pose n'a toutefois pas que des
avantages. En effet, il est difficile d'obtenir un
remplissage complet du vide; en outre, I'introduc-
tion de mortier liquide dans la cavité comprise
entre la dalle et le support offre, après séchage,
un matelas de texture poreuse qui emmagasine les
eaux météoriques et l'humidité provenant des murs
(fig. 48). Les périodes de gel intense ou de forte
insolation peuvent provoquer le bris ou le descelle-
ment des revêtements ainsi uosés. De plus, I'évauo-
ration de l'eau contenue dans les mu& donne sou-
Fig. 48.- Technique de pose par coulage de mortier à
vent naissance à des taches Ou à des efflores-
l'arrière des plaques. Les alvéoles vides de mortier sont
visibles. cences en parement.
4.12 Pose avec espace libre entre les plaques On applique au droit des joints verticaux du revête-
de revêtement et le support ment, des bandes de mortier d'une largeur de plus
ou moins 10 c m avant la pose des plaques (fig.
On distingue plusieurs techniques de pose : 51). Ce mortier a une consistance telle qu'il ne
risque pas de tomber pendant la mise en place des
a. plaques fixées au moyen d'agrafes, sans apport
plaques. Ces dernières, de même que le support,
de mortier entre plaques et maçonnerie
doivent être mouillées avant la pose. L'aération de
b. plaques fixées au moyen d'agrafes avec inter- la lame d'air de 2 à 3 c m est assurée par des ouver-
position de mortier entre les plaques et leur tures ménagées en haut et en bas du parement en
support par plots ou bandes, verticales eVou des endroits protégés (sous les linteaux, les seuils
horizontales. de fenêtre, les corniches, etc...).
Le but recherché par ces méthodes est d'assurer Pour les grandes plaques, ces bandes sont rempla-
une ventilation du vide aménagé entre support et cées par des plots de mortier, localisés de préfé-
parement (fig. 49). Pour cette raison, on écartera rence à l'emplacement des agrafes, au droit des
le système conjugué des bandes horizontales et joints.
verticales de mortier au droit des joints, ce qui
créerait autant d'alvéoles fermées que le parement Les bandes ou plots de mortier peuvent être à I'ori-
comporte de plaques et empêcherait toute circu- gine d'auréoles sur le parement et être atteints par
lation de l'air contenu dans ces alvéoles (fig. 50). ie gel si une ventilation naturelle appropriée n'a pas
La pose sans apport de mortier entre plaques et été ménagée au dos du revêtement.
maçonnerie nécessite des précautions spéciales de
L'auteur du projet veillera donc à concevoir les
réglage des pierres au cours de la pose ainsi que
façades à la fois en fonction des impératifs archi-
l'emploi d'agrafes réglables.
tecturaux et des nécessités de ventilation du vide
L'emploi de mortier facilite la pose et garantit une arrière du parement, de l'évacuation de l'humidité
meilleure résistance au décollement des plaques qui pourrait s'y loger et de l'isolation thermique du
par suite de vibrations. bâtiment.

Fig. 50. - Le manque de ventilation à l'arrière des plaques Fig. 51, - Pose de revêtement avec espace libre entre
est la cause probable des aureoles qui deparent ce re- plaque e t support.
vêtement.
4.2 POSE EN COFFRAGE
Dans cette technique, les plaques de revêtement
sont utilisées comme coffrage, pour l e coulage du
support arrière en béton (fig. 52).
Afin d'éviter l e déplacement des pierres durant le
bétonnage, celles-ci sont elles-mêmes placées dans
un coffrage raidisseur en bois solidement étayé.
Avant la coulée du béton, les joints entre plaques
seront soigneusement colmatés au mortier maigre,
dans leur partie arrière, afin d'éviter que l a laitance
du béton n'apparaisse en parement. Ce procédé
permet l e jointoiement final du revêtement, la partie
avant des joints ayant été laissée libre.
Le colmatage des joints dans l e but visé ci-avant
peut également s'opérer au moyen de papier, de
corde ou d'un autre produit, qui s'oppose au passa-
ge de l a laitance en parement mais qui peut
s'enlever facilement après commencement de la
prise du béton.
Dans l e cas où l e procédé de pose en coffrage
s'applique sur toute la hauteur du parement, ce
ti.avail se réalisera par niveaux successifs de ma-
nière à limiter la pression du béton sur les pierres.
Cette technique, qui solidarise rigidement la pierre
à son support, présente l'inconvénient de créer d'es
tensions internes dues au fluage du béton, à son
retrait, à ses déformations élastiques, au gradient
thermiaue dans I'éaaisseur de I'ouvraae et à la
différence des coefficients de dilatation de la pierre Fig. 52. - Pose de revêtement en coffrage.
e t du béton.
Pour ces raisons, cette manière de procéder n'est pièces horizontales : elle est parfois utilisée égale-
à conseiller que dans des cas très particuliers tels ment pour des colonnes et des trumeaux de faible
que fixation de linteaux, de corniches e t autres hauteur.

Les recommandations qui précèdent sont inspirées ples typiques de mise en ceuvre correcte de pierres
.
de l'exoérience: elles sont., aensons-nous. de nature
à a s s i r e r aux'praticiens qui les respeCteront u n
.
en alaaues
, de revêtement.

travail de qualité. Dans une prochaine note, nous nous attacherons à


décrire la bonne pratique de la mise en œuvre en
Les planches qui suivent donnent quelques exem- façade des dalles de pierre reconstiiuBe, de mar-
b r e e t de granit
ANNEXES
Fig. 53. - Accrochage de revêtement de façade, avec linteau.
Fig. 54. - Accrochage de revêtement de façade, avec linteau. Autre procédé.
1. Linteau-support en béton armé. - 2. Plaque de revéte-
ment. - 3. Ancrages dorsaux de la plaque. - 4. Treillis de
liaison à l'armature principale. - 5. Béton de liaison avec le
support et de sceliement des plaques.

Fig. 55. 56, 57 et 58. - Revêtement d'un linteau.


u
PICPÎB posée e n coffrage

Fig. 59. - Couronnement d e façade. Linteaux.


Fig. 60, 61, 62 et 63. - Pose d'un élément de linteau, dont
le plan est donné à la fig. 64. On remarquera :
- le soin apporté A la manipulation des éléments (câble de
chanvre, cales et outillage approprié)
- le récipient servant à l'humidification des trous de forage
- l e talon de reprise des charges des éléments supérieurs.
BIBLIOGRAPHIE

C. Camerman : a Les pierres naturelles de construction s,


1961. Editeur : Imprimerie N.I.C.I., Gand.
Description et emploi en Belgique et aux
Pays-Bas des pierres blanches françaises =, 1957. Edi-
teur : Hayer, Bruxelles.
A. Duchene : <' Etudes sur l'adhérence des mortiers de ciment
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M. Venuat : - L e s taches des pierres calcaires au contact


des ciments*. Revue des matériaux de Construction,
no 579, décembre 1963.
.Art et technique des roches de qualité . Le Mausolée.
no spécial 317, janvier 1963.

Ministère dss Travaux publics. Cahiers des charges-type


n4 104.
Normes beiges et étrangères

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