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SOMMAIRE
1. Introduction
2. Sollicitations influençant la tenue du revêtement
2.1 Poids propre
2.2 Dilatation thermique
2.3 Effet du vent
2.4 Humidité et pluie
2.5 Action du gel
2.6 Retrait de i'ossature
2.7 Déformation élastique de l'ossature
2.8 Fiuage de I'osssture
2.9 Conclusion
3. Les éléments constitutifs du revêtement
3.1 Le matériau
3.11 Généraiités
3.12 Etude du revêtement
3.13 Préparation des piaques pour l'accrochage
3.2 L'agrafe
3.21 Généralités
3.22 Métal constitutif
3.23 Forme
3.24 Emplacement et nombre
3.25 Dimensionnement
..
3.3 Le support
3.31 Nature 18
3.32 Les hors piomb 18
3.33 Danger des agrafes touchant l'armature du
béton armé 18
3.34 Locaiisation et réalisation des trous de
s..
re
..l.i.
e. .m
. .~ nt
.. . 1R
3.35 Méthodes de scellement - à sec =
3.4 Les joints
3.41 Généraiitéç
3.42 Joints courants
3.43 Joints spéciaux
3.5 Les mortiers
3.51 Les mortiers de pose
3.52 Les mortiers de jointoiement
3.53 Les mortiers de résine
3.54 Les mastics
4. Méthodes de mise en œuvre
4.1 Pose au cours de l'élévation du support ou après
son achèvement
4.11 Pose avec remplissage à l'arrière des pla-
ques de revêtement
4.12 Pose avec espace libre entre les piaques de
revëtement et le support
4.2 Pose en coffrage
5. Conclusion
Annexe : Détaiis de pose
Plan-type de revêtement
Bibliographie
Novembre 1965
CENTRE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE DE LA CONSTRUCTION
Etablissement reconnu par application de l'arrêté-loi du 30 janvier 1947
Siège social : 5, rue de l a Violette, Bruxelles-1
Station exoérimentaie : Limelette
1. INTRODUCTION
D e tous temps, l'homme désireux de s'abriter ou de tion actuelle de l a construction e t étant d'un prix
perpétuer son œuvre a fait usage de l a pierre natu- élevé, on a imaginé de débiter la pierre en plaques
relle dont les qualités esthétiques e t la durabilité minces. C'est sous cette forme que nous l a voyons
en font un matériau de choix. Certes, les techniques maintenant fréquemment employée dans I'édifica-
d'emploi de la pierre ont évolué au cours des âges tion des immeubles.
e t des civilisations.
Cette utilisation, pour économique qu'elle soit, pose
A notre époque, malgré l'intense prolifération des cependant de nombreux problèmes techniques, no-
matériaux modernes, la pierre naturelle garde toute tamment en ce qui concerne le choix de la pierre
sa valeur. La grande généralisation des ossatures e t son mode de fixation aux édifices.
dans l a construction actuelle a obligé les techni-
ciens à repenser le probibme de la mise en œuvre
La présente note concerne les revêtements de fa-
de la pierre. çade en plaques de pierre calcaire, bleue ou blan-
L'emploi de pierres massives pour la réalisation de che, qui sont l e plus généralement employées en
maçonneries portantes répondant mal à la concep- Belgique.
Fig. 1 - Lorsque le mouvement du support sollicite les Fig. 2 - Exemple de détérioration causée par un manque
piaques de revêtement, l'élasticité des joints prend toute d'élasticité des joints.
son importance.
2. SOLLlClTATlQNS INFLUENCANT LA TENUE
DU REVETEMENT
U n parement de façade en plaques de pierre peut la pierre, avec rupture de celle-ci ou ébréchure des
être soumis à toute une série de sollicitations que arêtes. Les désordres d'origine thermique sont no-
nous examinerons ci-après. On peut les résumer tamment à crciindre dans les pièces de revêtement
comme suit : entourant les baies de portes ou de fenêtres métal-
2.1 Poids propre liques. Dans ce cas, en effet, en plus de la dilata-
2.2 Dilatation thermique tion de la pierre, il faut tenir compte de l'allonge-
2.3 Effet du vent ment du métal. Il arrive de voir, dans les embra-
2.4 Humidité et pluie cures de fenêtre, des plaques de revêtement fen-
2.5 Action du gel dues ou des joints crevassés.
2.6 Retrait de I'ossature Lors de l'insolation des surfaces revêtues de pan-
2.7 Déformation élastique neaux de pierres, ces dernières agissent comme
2.8 Fluage de I'ossature des accumulateurs de chaleur. La température s'ac-
croît rapidement à l'intérieur de la plaque en pro-
2.1 POIDS PROPRE voquant sa dilatation. Un brusque refroidissement
Selon le mode de fixation des pierres. les maté- de la surface chauffée (pluie d'orage par exemple)
riaux utilisés pour l'ancrage doivent pouvoir suppor- soumettrait le joint à des tractions compromettant (
ter, partiellement ou totalement, le poids propre des non seulement l'étanchéité des revêtements mais
plaques de revêtement, qui varie selon l'espèce également la liaison plaque-support. Ces dangers
considérée. de décollement sont aussi à craindre dans le cas
où une partie du revêtement est ensoleillée tandis
A ce sujet, on se reportera utilement au paragraphe que l'autre reste à l'ombre ou dans le cas où les
3.11 (p. 8), consacré plus spécialement à cette revêtements sont réalisés avec des éléments de
question dans la description des matériaux em- tonalité diffbrente (schiste et pierre blanche par
ployés comme plaques de revêtement. exemple).
Granit 0,0085 mm
Marbre 0,0090 mm
Pierre calcaire 0,0048 mm
Schiste 0,0094 rom
Mortier 0,0110 mm
Béton et acier 0,0110 mm Fig. 3. - Exemple de joint fortement dégradé
Aluminium 0,0230 mm
que sur les faces des constructions exposées aux
intempéries, la combinaison des efforts dus au vent
Ceci explique qu'un appareillage à joints trop min- avec l'action dégradante de la pluie risque d'en-
ces ou trop peu élastiques peut être à l'origine de dommager rapidement tout jointoyage mal exé-
désordres par apparition de tensions internes dans cuté (fig. 3). 11 faut aussi souligner que, dans cer-
tains cas, ies efforts répétés du vent sont suscepti- Cette eau, parfois augmentée d'un apport provenant
bies d'engendrer des sollicitations alternées Capa- des pluies ayant battu la face extérieure du revête-
bies de desceiier les ancrages. ment ou d'une humidité ascensionneile, stagne dans
les pores ou les cavités du mortier. Au cours de sa
2.4 HUMIDITE ET PLUIE progression à travers les capillaires, i'eau se charge
de sels solubles se trouvant dans les éléments tra-
On pourrait, à tort, considérer ia plus ou moins versés
grande porosité de la pierre comme un grave dé- A partir des poches où elie est enfermée, i'eau
faut de celie-ci. La porosité, au contraire, doit plutôt s'éliminera lentement à travers la pierre lors d'une
être considérée comme une propriété d:e ia pierre, élévation extérieure de la température. S'il y a
tantôt plus tantôt moins favorabie. La rapidité ac- équilibre entre l'évaporation et l'afflux capillaire
tuelle d'édification des constructions laisse à i'inté- à la surface du revêtement, I'eau s'élimine, dépo-
rieur de celles-ci de fortes quantités d'humidité qui sant sur la paroi extérieure les sels qu'elle a dis-
s'évacuent normalement petit à petit vers I'exté- sous pendant sa progression à travers le m u r
rieur, à travers les murs. De pius, l'occupation et (fig. 4).
i e chauffage des iocaux constituent une source
abondante de production de vapeur qui s'évacue Ces sels (pour autant qu'ils ne renferment pas de
partiellement, elie aussi, par la même voie. Géné- molécules de fer) altèrent généralement peu la sur-
ralement, comme nous l e verrons plus loin, on face du revêtement et disparaissent aisément par
laisse entre le support et le revêtement une lame brossage. La chose est plus grave si, pour des
d'air suffisamment ventilée pour permettre I'éva- raisons physiques étrangères au matériau (notam-
cuation de l'humidité. ment m u r de local très sec et très chaud), I'équi-
libre * afflux capillaire-évaporation 7, se réaiise Ié-
Dans le cas où ia pose du revètement a été faite
gèrement en retrait de la surface extérieure. II y a,
à piein bain de mortier e t où ii n'existe aucune cir-
dans ce cas, danger de recristailisation interne des
culation d'air à l'arrière des plaques, il se produit
sels précédemment dissous par I'eau. Ce phéno-
une condensation de ia vapeur d'eau sur cette face,
mène provoque sous l a pellicule de surface de l a
généralement plus froide que le support.
oierre des tensions très élevées aui se traduisent
par un écaillage des plaques. Pour pallier les ennuis
dus à la porosité de ia pierre, on enduit parfois la
face arrière du revêtement d'un vernis, bitumeux
ou non, choisi pour ne pas altérer le matériau mais
l e protégeant des efflorescences e t des taches.
Cette pratique est à l'heure actuelle au stade expé-
rimental et fait l'objet d'observations. En effet, il
n'est pas aisé de rendre étanche efficacement et
sans risques de faille une grande superficie de
revêtement. D'autre part, !orsqu'on considère que
pendant la majeure partie de l'année, l e bâtiment
libère cFe l'humidité vers I1extérieur,on se prive, en
imperméabilisant le revêtement, d'une importante
surface d'évacuation d'humidité qu'il n'est pas pos-
sible de compenser. L'humidité incluse entre le
revêtement et son support peut, sous l'effet de
l'insolation ou du gel, se vaporiser ou se congeler
soudainement, provoquant ainsi des tensions in-
compatibies avec la bonne tenue du revêtement.
(*) Voir l a Note d'infoi.mation lechnique 50 : Nouveaux critères de gélivité pour la réception des matériaux de construction,
C.S.T.C., décembre 1964.
5
Fig. 5 et 6. - Deux exemples de décollement de plaques de Fig. 7, 8 et 9. - Exemples typiques de dégâts dus aux
revêtement du A l'action du gel. mouvements du support.
6
Il semble utile d'évoquer i c i l e processus de pro- 2.7 DEFORMATION ELASTIQUE DE L'OSSATURE
gression du gel dans l a pierre. Dès que la glace
prend naissance à l a surface des plaques, empri- Tout élément porteur subit, lors de sa mise en
sonnant ainsi I'eau à l'intérieur, la pression de I'eau charge, une déformation élastique instantanée et
contenue dans les pores de l a dalle augmente. Cette réversible. II en résulte que lorsque les revêtements
augmentation de pression provoque un état de sur- pierreux sont fixés de façon rigide à certains élé-
fusion de la glace superficielle e t permet ainsi ments d'ossature suscoptibles d'être ultérieurement
l'évacuation de I'eau intérieure. chargés, i l s seront astreints à suivre les déforma-
S i le froid progresse lentement, l'extrusion de la tions de i'ossature. I c i encore peuvent apparaître
glace se poursuit petit à petit, la pression empê- des sollicitations excessives capables de détériorer
chant I'eau de se congeler. La pression intérieure les plaques de revêtement.
provoquant l'état de surfusion n'est pas très élevée
e t est en tout cas insuffisante pour produire la 2.8 FLUAGE DE L'OSSATURE
rupture des pierres réputées non gélives. Parfois
cependant, les effets du gel se marquent dans l e En plus des sollicitations décrites ci-avant, il est
mortier de pose des plaques ou dans l e support nécessaire également de tenir compte d:es déforma-
lui-même. De nombreux dégâts de descellement de tions différées que subissent les éléments porteurs.
revêtements peuvent être attribués au gel (fig. 5
e t 6). Dans l e cas des constructions en béton armé, celles-
c i peuvent atteindre 2 à 4 fois l a déformation ins-
2.6 RETRAIT DE L'OSSATURE (fig. 7, 8 e t 9) tantanée provoquée par la même charge. Ce phéno-
mène évolue dans le temps; plusieurs années sont
Tous les désordres, tant s'en faut, ne sont pas im- cependant nécessaires avant que les déformations
putables à la nature du matériau utilisé. Ils ont sou- dues au fluage soient complètement stabilisées.
vent même l e support comme origine Sous l'effet
de l'évaporation de l'eau excédentaire introduite
lors de leur exécution, l e béton et la maçonnerie
subissent un retrait surtout néfaste pour les revête-
ments posés en coffrage. Le retrait du support est Les sollicitations auxquelles sont soumises les pla-
variable suivant le matériau utilisé; il est pour l e ques de revêtement de façade donnent toute leur
1 béton de l'ordre de 0,3 m m l m . Le phénomène se valeur à la qualité de l'étude des éléments consti-
répartit dans le temps de la façon suivante : 113 tutifs du revêtement : choix des matériaux, agra-
du retrait total a lieu au cours des 2 à 3 premières fage, support, joints e t mortiers.
semaines d'âge du support, 113 dans la période
comprise entre l a 3e et la 7" semaine, 113 dans la Ces questions ne peuvent être abandionnées à I'in-
suite. On voit donc qu'après deux mois, la plus tuition mais doivent au contraire faire l'objet d'un
importante partie du retrait est terminée. On en examen attentif.
tiendra compte pour le placement des revêtements
en pierres naturelles. Ce matériau, en effet, stabi- Nous nous attacherons, dans les pages qui suivent,
lisé depuis des milliers d'années, ne possède plus à présenter la bonne pratique de l'exécution des
une capacité de déformation suffisante pour suivre revêtements de pierre naturelle; on trouvera in fine
le béton ou l a maçonnerie dans leur raccourcisse- une série de planches dessinées e t de photogra-
ment. phies se rapportant au même sujet.
3. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU REVETEMENT
3.11 Généralités
(*) Voir la classification AFNOR des pierres calcaires (norme française NF B 10-001 - Matériaux. Pierres calcaires, septem-
bre 1945).
(**) Porosité vraie : rapport du volume des vides au volume tota! de l'éprouvette (voir méthode d'essai NF B 10-001).
Ce môme phénomène se produit sur les matériaux
mis en service, où se forme une pellicule extérieure
dure appelée = calcin .
C'est une autoprotection de
la pierre grâce à laquelle même les calcaires ten-
dres résistent dans une certaine mesure aux intern-
péries.
e. On veillera à ne mettre en œuvre que des
pierres de bonne qualité marchande (fig. 10). Les
défauts inhérents à la nature du matériau, tels
que géodes, fils, moies seront absolument évités.
On aura donc soin de bien nettoyer les tranches
à I'eau, de les regarder sécher afin de déceler les
fêlures e t de les faire sonner avec un marteau
lourd.
Lors de la réception d'un lot, les pierres qui rendent
un son sourd sous le choc du niarteau seront exami-
nées plus attentivement. Celles qui s'écrasent en
grains sablonneux seront écartées.
f. Le processus de progression du gel dans la
pierre a été évoqué au chapitre précédent.
Les pierres de faible épaisseur, ventilées par I'arriè-
re, ont une meilleure tenue au gel. En effet, étant
donné l e faible parcours que I'eau contenue dans
la pierre doit suivre pour en atteindre la surface
extérieure, l'extrusion de la glace est facilitée lors
d'un abaissement rapide de la température.
demi-ferme Es33 du?.
g. Toutes les pierres calcaires sont poreuses; ce
n'est pas un défaut. Il serait cependant f o r t peu
constructif d'employer des pierres à grande porosité
Fig. 12. - Conditions d'utilisation de diverses duretés de
pierre. A gauche, circulation à sens unique amenant des dé-
pour les soubassements, saillies prononcées ou tériorations. A droite, circuiation en circuit fermé assurent
couronnements de façade. Les pierres trop poreuses la bonne conservation.
ou réputées gélives ne peuvent, ainsi que nous Les pierres correspondant aux duretés renseignées ci-dessus
pourront toujours être remplacées par d'autres d'une dureté
l'avons dit, être exposées sans danger à la Dluie et supérieure.
au gel.
Par contre, une certaine porosité assure une isola- conseils de C. Camerman sur l'emploi rationnel des
tion thermique et une bonne habitabilité des cons- pierres dans l e bâtiment (").
tructions. On lira à ce sujet avec grand profit les
La figure 12, tirée de son étude e t attribuée à I'ar-
c h i t e i t e ~ r a ' n ~ o iVitale,
s de Paris, illustre d'une
part un emploi irrationnel, d'autre part un emploi
rationnel de la pierre.
a. Appareillage
En dehors des considérations esthétiques qui gui-
dent l e choix de I'architecte et du maître d'ouvrage
vors telle ou telle espèce de revêtement, I'adapta-
tion du matériau au milieu dans lequel il doit vivre
fera I'obiet d'un examen attentif. II est souhaitable,
à cet égard, que I'architecte étudie l'appareillage
Fig. 11. - Sur s i s chantiers, l'entrepreneur doit veilier à
18entzeposage correct des matériaux de façon à B~~~~~ de des pierres en collaboration étroite avec l e maître
sembiabies dégâts. tailleur de pierre. La pratique e t l'expérience de ce
(*) Les pierres naturelles de construction ,,, C. Camerman, 1961. Nouvelle Imprimerie Commerciale et industrielie (N.I.C.I.),
19, Lousbergkeai, Gand.
9
3.13 Préparation des plaques pour I'accro-
chage
Fig. 17. -
Agrafes de type courant. Réalisées en bronze, laiton, fer galvanisé, etc., elles
conviennent comme agrafes porteuses et comme agrafes de fixation. Permettent le scellement
dans les joints verticaux ou horizontaux.
Fig. 18. - Agrafes de scellement arrière des plaques. Cavalier de liaison. Dispositif de support
des plaques.
Fig. 19. -- Modèles courants d'agrafes. Fig. 20. - Autres modèles d'agrafes
Fig 21. - Agrafes plates avec goujon, scellées au mortier Fig 22 -Agrafes plates avec goulon boulonnées au support
dans une cheville auto-forante
de ciment.
Fig. 23. -- Agrafes dorsales scellées au plomb Fig. 24. - Agrafes de fixation s clouées 3. au support.
13
Fig. 25. - Dispositiis belges et étrangers d'agrafes réglables.
Fig. 26. - Agrafe régiable. Fig. 27. - Autre type d'agraie réglable.
Suivant le mode de construction adopté, les charges
seront reprises entièrement par les agrafes ou
supportées par des talons tous les 3 à 4 lits de
plaques. Dans ce dernier cas, I'agrafe est unique-
ment considérée comme moyen de fixation.
Si I'on doit fixer des pierres fort étroites (comme
dans le cas de colonnes par exemple) où I'on ne
peut raisonnablement pas forer plus d'un trou sur
les petits côtés de la pierre, il faut veiller à ce que
les plaques ne puissent tourner autour de leurs
points de fixation.
Dans le but de maintenir les dalles dans leur plan
respectif, les côtés ne comportant pas d'agrafes
seront éventuellement pourvus de goujons de
Fig. 28. - Cornière de support d'un élément lourd. mariage.
La bonne pratique enseigne que pour des diman-
sions moyennes de panneaux telles que préconisées
au chapitre précédent, on placera autant que possi-
ble les agrafes dans la zone du 1/4 au 1/5 de la
longueur des côtés, comptée à partir des angles
extérieurs.
II faut cependant tenir compte de la qualité du
matériau et ne pratiquer les entailles de logement
des agrafes que dans des zones parfaitement
saines.
Lors de la pose, on s'assurera que les pierres ne
reposent pas sur les goujons de fixation.
On veillera à placer les agrafes perpendiculaire-
ment au support de façon à ce qu'aucune charge
-
anormale ne sollicite les arêtes.
On trouvera i n fine , quelques planches qui aide-
ront le lecteur praticien dans son étude.
Chaaue ensemble de revêtement constitue ceoen-
Fig. 29. - Réalisation sur chantier de pose d'une entaille dant un cas particulier : aussi l'architecte appli-
de logement pour l'agrafe. quera-t-il avec discernement les quelques principes
énoncés ici.
3.24 Emplacement et nombre d'agrafes
3.25 Dimensionnement des agrafes
En règle générale, les plaques seront fixées au
support en quatre points : deux agrafes de fixation Les fabricants fournissent rarement les indications
et deux agrafes porteuses. Ces dernières pourront permettant à l'utilisateur de déterminer la force
éventueliement être supprimées si les pierres re- portante des agrafes. C'est certainement une lacune
posent sur un support satisfaisant. et une des raisons pour lesquelles ces dernières
sont fréquemment mal employées.
Dans la plupart des cas, les agrafes porteuses
d'une plaque serviront d'agrafes de fixation pour A titre d'exemple, nous publions ici des tables de
la plaque inférieure. dimensionnement théoriques correspondant à des
agrafes en acier inoxydable posées à plat ou sur
Le système d'ancrage sera calculé sans tenir chant (joints horizontaux ou verticaux) et à des
compte de l'adhérence due au mortier. agrafes en bronze posées sur chant (fig. 30 à 34).
Fig. 30. - Agrafe en acier inoxydable.
A. couche d'isolation
B. mur porteur
L i bras de levier
L. longueur d'ancrage
5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 iû i7 18 i9 20
bras de levier on im
5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
oras d e levier en cm
Fig. 34. - Agrafes en bronze coulé. Le diagramme résulte d'un calcul théorique pour des ancrages en bronze coulé. On a
considéré une charge de rupture de 19,6 kglmm' (indication donnée par le fournisseur); un coefficient de sécurité de 2.65
a été appliqué sur cette valeur.
3.3 LE SUPPORT Lorsqu'une rectification a dû être apportée au
béton et quel que soit l'enduit dont on a pu recou-
3.31 Nature vrir la partie retravaillée, l'acier des armatures ne
tarde pas à rouiller, ce qui salit, bien souvent
Les supports des revêtements en pierre naturelle irrémédiablement, les revêtements.
les plus fréquemment rencontrés sont la brique et
le béton. Ceci n'est évidemment pas limitatif car 3.33 Danger des agrafes touchant I'armature
tous les autres systèmes de murs porteurs, de ga- du béton armé
landage d'ossatures ou d'ossatures elles-mêmes
peuvent recevoir des revêtements en plaques de Dans les murs en béton, il n'est pas rare que les
pierre naturelle, pour autant qu'ils aient les qua- trous de scellement rencontrent les armatures de
lités de stabilité et de résistance nécessaires. Ce- l'ossature.
pendant, les éléments constitutifs du support seront
choisis judicieusement : les blocs alvéolés en béton, Le chevauchement de deux métaux de nature diffé-
en terre cuite ou les éléments de fibres isolantes rente peut amener la formation d'un couple électri-
ne pourront pas, en raison de leur structure, être que capable non seulement de détruire les éléments
revêtus de plaques suivant la technique préconisée métalliques en présence, mais également de préci-
ici. piter les sels chimiques dissous par l'eau dans le
support ou le mortier.
Le scellement des agrafes doit se faire dans un Ces sels cheminent à travers les plaques e t vien-
matériau porteur sain et de bonne résistance. Dans nent s'effleurir sur le parement extérieur en pro-
le cas où le mur-support est revêtu d'un matériau voquant des taches.
isolant (béton léger, plaques), il n'est jamais permis
de sceller les ancrages dans la couche d'isolation. On évitera donc soigneusement tout contact entre
les agrafes et I'armature du béton armé.
3.32 Les hors-plomb
3.34 Localisation e t réalisation des trous de
Dans le cas des murs porteurs en béton armé, on scellement
soignera spécialement le coffrage des faces à re-
vêtir, de façon à ne pas avoir à en rectifier les Les emplacements des trous destinés aux ancrages
hors-plomb par des retailles qui laisseraient appa- sont marqués sur le mur support à l'aide du plan
raître les armatures (fig. 35). de pose élaboré par l'architecte. Ce marquage, fait
avec précision, est suivi du forage des trous. Ces
derniers sont forés perpendiculairement à la paroi
ou, dans les murs dre briques, avec une légère
inclinaison vers le bas. On utilisera la foreuse avec
mèches au carborandum ou la foreuse tamponneu-
se, le percement manuel des trous de logement
étant aujourd'hui presque totalement abandonné. Le
trou de logement permettra le scellement d'une
portion de l'agrafe d'au moins 7 à 8 cm. Le diamètre
de forage sera tel que l'on puisse admettre un
faible jeu tant latéral que vertical de manière à
compenser de minimes erreurs de localisation. Lors
du scellement des agrafes et avant introduction de
la pâte de mortier, les trous doivent être nettoyés
de la poussière du forage et abondamment mouillés.
... '...
. ...
3.35 Methode d e scellement à sec
Parallèlement à la façon de sceller décrite ci-dessus
dans ses grandes lignes, se développe actuelle-
ment, dans le cas d'un support en béton, un système
de scellement * à sec ,, qui semble être à la fois
rapide et pratique. II s'agit d'un dispositif à cheville
expansible autoforeuse qui peut supporter sa char-
ge de service immédiatement après sa mise en
place. Cette cheville demande cependant l'emploi
d'agrafes spéciales réglables et à visser (fig. 19,
p. 13; fig. 25, 26 et 27, p. 14).
Pour des supports en beton, la fixation des agrafes
plates se fait aussi parfois par clouage au revolver
(fig. 24, p. 13). L'utilisateur se montrera cependant
Fig. 35. - Ici, vraisembiablement le coffrage du béton srmé très prudent car cette technique, uniquement em-
a cédé. On a dû entaiiler le béton pour permettre ia pose des ployée pour les agrafes de fixation, ne peut offrir
pierres, jusqu'à mettre les armatures à nu. toutes les garanties de sécurité.
18
3.4 LES JOINTS
3.41 Généralités
a. L'épaisseur
L'épaisseur des joints courants (joints entre pier-
res) normalement pratiquée varie entre 5 et 10 mm.
Cette dimension minimum tient compte de la diffi-
culté d'exécution d'un bourrage efficace en profon-
deur; toutefois, la dimension effectivement réalisée
sera fonction de la tolérance autorisée sur les
dimensions d'es pierres elles-mêmes (*).
U n joint large permet le remplissage à l'aide d'un
mélange plus sec, ce qui confère au joint fini de
meilleures caractéristiques mécaniques.
Lors de la mise en place des plaques on dépose le
mortier autant que possible, sur le chant des pierres
déjà en place; ies efforts de compression dus à la
pose assurent l'étalement du mortier et un rem-
plissage homogène de tout l'espace du joint.
(*) Cahier des charges-type no 104 du Ministère des Travaux publics. fascicule I l l : - P i e r r e s de construction^^.
l'eau bien propre. Après le jointoiement, on pro- cateurs d'apprécier leur influence et de déterminer
cèdera au nettoyage final en apportant un soin tout l'entre-distance des joints verticaux et horizontaux
particulier aux pierres taillées de façon spéciale souples qu'il sera nécessaire de prévoir dans le
(bouchardées, gradinées, piquées, etc...). revêtement. II est cependant conseillé de ne pas
dépasser les mesures ci-après qui doivent être
En remplacement des mortiers de jointoiement, on considérées comme des minima : on prévoira u n
utilise aussi des mastics : les qualités requises de joint horizontal tous les 2 à 3 niveaux (6 à 9 m).
ces matériaux sont décrites dans le 5 3.53 ci-après. Dans le sens vertical, il sera convenable d'en réa-
Les mastics sont d'une mise on a u v r e aisée. Ils liser tous les 15 à 20 m.
sont livrés en cartouches que l'on introduit dans
une seringue mécanique ou à air comprimé, munie Suivant la facture architecturale de la façade, il sera
de difforents embouts appropriés à la section du indiqué de prévoir des joints souples formant obtu-
vide à remplir. ration entre les revêtements et les châssis, cham-
branles et autres éléments de construction.
Dans le cas d'emploi de mastic, la profond'eur du
grattage du joint de pose peut être réduite à environ Lorsque la pose des revêtements a été prévue avec
1 cm. reprise des charges à certains niveaux de la cons-
truction (fig. 38, 39 et 40), on tiendra compte du
3.43 Joints spéciaux (joints souples de façade) fait que la déformation verticale des panneaux ne
peut se prod'uire que vers le haut et on prévoira
Les sollicitations influençant la tenue des revête- des joints horizontaux en conséquence. Les joints
ments ont été détaillées au chapitre 2. Rappelons souples délimitent des aires totalement indépen-
cependant parmi celles-ci : dantes les unes des autres (fig. 41 et 42). La
déformation relative d'une plaque ou d'un panneau (
- la différence de température qui peut exister ainsi isolé, ne peut, en aucun cas, solliciter I'élé-
entre la plaque et son support, ou entre les pla- ment voisin.
ques elles-mêmes (soit à cause d'une tonalité
différente des plaques, soit à cause d'une orien- Lorsque l'utilisation d'agrafes communes à deux
tation différente) pierres situées de part et d'autre d'un joint souple
- les déformations élastiques de I'ossature est envisagée, il y a lieu de s'assurer que le mouve-
- le retrait et le fluage de l'ossature, phénomènes ment relatif des plaques entre elles ne soit pas
irréversibles, qui se manifestent au cours du entravé.
temps.
Le chant des pierres sera soigneusement débarras-
Afin d'éviter la mise en tension des plaques par les sé d~ tout déchet de mortier ou de matériau dur
facteurs rappelés ci-dessus, il appartient aux édifi- (débris de brique, béton, etc...). L'épaisseur du
Fig. 45.- 1. Mortier de ciment. Décollement entre le mortier En ce qui concerne la composition et la mise en
et la pierre. - 2. Mortier de résine (116). Décollement entre œuvre dse ces mortiers, il y a lieu de se référer aux
le mortier et le béton. - 3. Mortier de résine polyester indications des producteurs des résines utilisées.
(1/4,5). Décollemeot entre ie mortier et le béton. Légère déç-
agrégation du béton au contact du mortier. - 4. Mortier de
résine époxy (114.5). Arrachement du béton. Accidentellement, il a été constaté que les résines
peuvent donner naissance à des taches noires sur
la pierre. II est par conséquent nécessaire d'enlever
1) 1,5 partie de ciment blanc mélangé à avant durcissement toute trace de résine par un
10 parties de chaux hydraulique et à (
lavage au chlorure de méthylène.
20 parties de sable blanc ou de poussière de la
pierre de même provenance que celle mise en Ajoutons aussi que ces produits sont encore relati-
œuvre, soit en poids 90 kg de ciment et 400 kg vement coûteux et qu'ils présentent le danger d'une
de chaux par m3 de sable certaine toxicité pour l'utilisateur.
2) 1 partie de ciment Portland mélangé à
2 parties die poussière de la pierre mise en œu- 3.54 Les mastics
vre, soit en poids 650 kg de ciment par m3 de
poussière de la pierre.
Le développement de l'industrie de la construction
3.53 Les mortiers de résine a multiplié les emplois du mastic dans le bâtiment
tout en accroissant les exigences des utilisateurs
L'apparition relativement récente des mortiers de quant aux qualités du produit. Les fabricants s'atta-
résine ouvre de nouvelles et intéressantes pers- chent d'ailleurs à améliorer constamment les per-
pectives en matière de scellements. formances de leurs produits.
Lors d'une étude comparative, en laboratoire, de
différents mélanges destinés au scellement des Le mastic s'emploie, nous l'avons dit, comme ma-
pierres, il est apparu que les mortiers additionnés tière de remplissage des joints (fig. 46 et 47).
de résine (époxy ou polyester) possédaient des
caractéristiques tant physiques que mécaniques
bien supérieures au mortier ordlinaire à base de
liant hydraulique (fig. 45).
Les essais pratiqués sur des éprouvettes de pierre
bleue collées sur un support de béton, respective-
ment par mortier de ciment et par mortier de résine
époxy, se rompent dans le premier cas par décolle-
ment de l'éprouvette au niveau du béton, dans le
second cas par rupture du support. Bien que l'on
ne dispose encore que de peu de recul pour juger
de la tenue de ces mortiers, il est intéressant de
constater que les résines employées comme liant
leur confèrent dqe bonnes propriétés de résistance
aux vibrations, aux chocs et à l'impact et que les
variations thermiques atmosphériques ne semblent
pas les dégrader. Signalons encore que ces mor-
tiers offrent une bonne résistance à l'eau ainsi qu'à
un grand nombre de produits chimiques (benzine,
acides minéraux, acides organiques dilués, alcalis).
Le durcissement du mélange est achevé après 24 à
48 heures à température ambiante mais, après Fig. 46. -- Empiacement des joints de mastic sur le pourtour
12 heures, le durcissement est tel qu'il peut déjà d'une baie.
fournisseur e t même de procéder à des essais,
certains matériaux pierreux étant plus sensibles
que d'autres aux souillures dues au mastic
- le mastic ne peut pas tacher les matériaux entre Ces produits requièrent toutefois des précautions
lesquels il est appliqué, n i les corroder. A cet spéciales de mise en œuvre qui doivent être prises
égard, il est recommand~é de questionner l e après consultation des fournisseurs.
(*) Voir cc Jointing with mastics and Gasketç-2, Building Rr!search Station Digest 37 (second series) ., août 1963
4. METHODES DE MISE EN CEUVRE
Fig. 50. - Le manque de ventilation à l'arrière des plaques Fig. 51, - Pose de revêtement avec espace libre entre
est la cause probable des aureoles qui deparent ce re- plaque e t support.
vêtement.
4.2 POSE EN COFFRAGE
Dans cette technique, les plaques de revêtement
sont utilisées comme coffrage, pour l e coulage du
support arrière en béton (fig. 52).
Afin d'éviter l e déplacement des pierres durant le
bétonnage, celles-ci sont elles-mêmes placées dans
un coffrage raidisseur en bois solidement étayé.
Avant la coulée du béton, les joints entre plaques
seront soigneusement colmatés au mortier maigre,
dans leur partie arrière, afin d'éviter que l a laitance
du béton n'apparaisse en parement. Ce procédé
permet l e jointoiement final du revêtement, la partie
avant des joints ayant été laissée libre.
Le colmatage des joints dans l e but visé ci-avant
peut également s'opérer au moyen de papier, de
corde ou d'un autre produit, qui s'oppose au passa-
ge de l a laitance en parement mais qui peut
s'enlever facilement après commencement de la
prise du béton.
Dans l e cas où l e procédé de pose en coffrage
s'applique sur toute la hauteur du parement, ce
ti.avail se réalisera par niveaux successifs de ma-
nière à limiter la pression du béton sur les pierres.
Cette technique, qui solidarise rigidement la pierre
à son support, présente l'inconvénient de créer d'es
tensions internes dues au fluage du béton, à son
retrait, à ses déformations élastiques, au gradient
thermiaue dans I'éaaisseur de I'ouvraae et à la
différence des coefficients de dilatation de la pierre Fig. 52. - Pose de revêtement en coffrage.
e t du béton.
Pour ces raisons, cette manière de procéder n'est pièces horizontales : elle est parfois utilisée égale-
à conseiller que dans des cas très particuliers tels ment pour des colonnes et des trumeaux de faible
que fixation de linteaux, de corniches e t autres hauteur.
Les recommandations qui précèdent sont inspirées ples typiques de mise en ceuvre correcte de pierres
.
de l'exoérience: elles sont., aensons-nous. de nature
à a s s i r e r aux'praticiens qui les respeCteront u n
.
en alaaues
, de revêtement.