Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
INFORMATIONS 6 466
INFORMATIONS
OUVRIÈRES
nouvelle série
abonnés reçoivent
130
OUVRIÈRES
N0 (2524) ce numéro.
Semaine du 6
au 12 janvier 2011
Et vous ?
1,5 euro (soutien 2 euros) (page 16)
ISSN 0813 9500
2011
INFORMATIONS
OUVRIÈRES
A nos lecteurs
La rédaction
d’Informations
ouvrières
présente ses
meilleurs vœux
à ses lecteurs
DU GOUVERNEMENT
Alors qu’à droite et à “gauche”, on ne parle que de 2012, le gouvernement annonce
la couleur pour 2011. Fonction publique, soins aux personnes âgées, Sécurité
A cette occasion,
nous appelons
tous les abonnés
à renouveler
leur abonnement.
sociale sont dans le collimateur, et la suite de la contre-réforme des retraites est à Du fait
l’ordre du jour. (Pages 2, 3, 4 et 5)
de la période
des congés
et des fêtes, nous
Photo AFP
z-vous !
Abonne
(bon d’abonnement
Informations ouvrières a interviewé un militant ouvrier africain. (Pages 10 et 11) en page 16)
2 > A la Une >>>
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 130 SEMAINE DU 6 AU 12 JANVIER 2011
Pour tous, à “gauche” comme à droite, une seule échéance compte : 2012.
Photos AFP
Le jour même où Sarkozy parlait à la télévision, RTL publiait un sondage
2012 révélant que pour l’écrasante majorité des Français, la priorité, c’est l’emploi
et la Sécurité sociale...
En ce début d’année 2011,
l’ensemble des responsables
politiques, de droite comme
de « gauche », n’ont qu’un
seul mot à la bouche : 2012.
“Nous sommes en 2011,
A droite, le remaniement
gouvernemental et
la réorganisation de l’UMP
nous ne pouvons nous
visent à se « mettre en ordre
de bataille pour 2012 »
(Jean-François Copé).
payer le luxe d’une année
Au Parti socialiste,
les petites phrases des
candidats, déclarés ou pas,
se multiplient. On piaffe
d’immobilisme” (Nicolas Sarkozy)
11 DÉCEMBRE
CONFÉRENCE NATIONALE
POUR L’UNITÉ
OUVRIÈRE
Marguerite Leuwen priorité, pour 73 % le système social et 68 %
d’impatience dans la pers- le pouvoir d’achat.
Appel de la conférence
P
our Sarkozy, l’année Ce mouvement de millions qui se sont
pective des primaires pour 2011 n’est pas une an- exprimés contre la réforme des retraites pour l’unité ouvrière (extraits)
désigner le candidat du PS. née neutre. Il s’est féli- est là, résumé par ce sondage. C’est pour- « Nous savons que la contre-réforme des
cité de la réforme des quoi ce gouvernement, fragilisé, n’a pas retraites constitue le premier acte d’un
Chez les Verts, retraites adoptée en d’autre voie que de rechercher le consen- plan de rigueur et de contre-réformes
on a déjà désigné Eva Joly, 2010 et a annoncé sur sus pour imposer les contre-réformes. sans précédent que le gouvernement Sar-
cette base pour 2011 : C’est le sens de l’ouverture à un pseudo- kozy veut imposer au peuple au nom des
mais on s’interroge. « Nous allons donc « dialogue social » sur la fonction publique déficits publics.
Mélenchon, du Parti continuer à réformer. » Puis, de prendre en en ce début janvier (lire page 3). Nous refusons de nous plier à la “néces-
de gauche, multiplie les exemple la question de la « dépendance » Mais précisément, le résultat de la mobili- saire réduction des déficits publics”, prô-
(on lira page 5 ce qu’il en est). Il a, à cette sation de millions a fragilisé ce gouverne- née par le communiqué de l’intersyndicale
déclarations et fait pression occasion, réaffirmé la nécessité de l’Union ment en crise et a ouvert une situation au du 29 novembre correspondant aux sou-
sur le PCF pour l’adouber européenne et de l’euro. Les réactions, à sein de la population, des travailleurs et du “La rigueur haits du Premier ministre Fillon, qui repré-
« gauche », ne se sont pas fait attendre. mouvement ouvrier, où toutes les questions sente le franchissement d’un pas dans la
comme le candidat commun budgétaire voie du “consensus” pour accompagner
Après avoir dénoncé comme il se doit le posées par la mobilisation sur les retraites
prive les contre-réformes et les plans de rigueur.
du Front de gauche. Il vient bilan et la politique de Sarkozy, Ségolène demeurent.
l’exécutif Nous affirmons : mettre le doigt dans l’en-
Royal a affirmé : « 2011 doit être une année On lira d’ailleurs en page 3 l’inquiétude de
de s’adresser au NPA pour d’espoir, la construction d’un autre modèle la presse sur la capacité à réaliser ce consen- de marge de grenage d’un consensus sur la base de
une réunion afin que celui- la « nécessaire réduction des déficits
de société et d’un élan populaire qui nous sus. Les travailleurs ne veulent pas voir la manœuvre. publics » qui commande le démantèle-
ci s’intègre à cette candida- conduira vers la victoire en 2012. » poursuite des contre-réformes se dévelop- Et sur le G 20, ment immédiat de la Sécurité sociale, des
Pour Martine Aubry : « Je souhaite que 2011 per. Au sein des organisations, par milliers,
ture commune. Le NPA soit une année d’espoir et de progrès, la res- des militants refusent que leurs organisa-
il lui sera hôpitaux, de tout le système scolaire, des
difficile services de l’Equipement… est un piège
discute de la candidature ponsabilité des socialistes est de proposer tions soient impliquées dans la mise en mortel pour la classe ouvrière et ses orga-
un autre avenir au pays. » œuvre de cette politique. d’obtenir nisations. Nous prenons l’engagement —
de Besancenot, tandis L’« opposition » critique et se prépare… à Il ne suffit pas de dire, comme certains à des résultats partout, dans les villes, les départements,
que Lutte ouvrière a déjà 2012. Attitude responsable et respectueuse « gauche » ou à l’« extrême gauche », « la tangibles” dans les secteurs professionnels — d’or-
du calendrier électoral et républicain. Dans question des retraites n’est pas finie ». L’exi- ganiser la liaison politique permanente
désigné Nathalie Arthaud. son discours, le 31 décembre, Sarkozy a gence de l’annulation-abrogation de la loi entre militants de toutes affiliations syn-
Et 2011 ? réaffirmé : « La France a pu affronter une sur les retraites est la base de tout combat (Les Echos, dicales et politiques pour faire triompher
Nicolas Sarkozy, réforme capitale sans violence et sans blo- contre toutes les autres contre-réformes, 3 janvier 2011) l’unité pour dire : “Non au chantage de
cage grâce au service minimum qui a bien parce qu’elle s’inscrit en opposition à tout la dette, non au consensus pour la “néces-
à l’occasion de ses vœux fonctionné, ainsi qu’à l’esprit de responsa- consensus. Et que le consensus est indis- saire réduction des déficits publics”, unité
bilité des Français, qui savaient que pour pensable pour faire passer les contre- pour le rejet des contre-réformes et des
le 31 décembre, a rappelé : plans de rigueur.”
douloureux qu’il fût, c’était inévitable. » réformes.
« Je sais que 2012 sera On comprend bien que Sarkozy ne parle C’est précisément le sens du groupement A l’issue de notre discussion et de la lec-
ture des mandats qui ont été portés à
un rendez-vous électoral pas des millions qui étaient dans la rue de centaines de délégués de toutes origines
notre connaissance, nous décidons de
pour exiger le retrait du projet de loi et se politiques et syndicales avec les militants
de grande importance, prononçaient pour que les dirigeants appel- du POI dans la conférence qui s’est tenue à constituer, à partir de la tribune de cette
conférence, un “comité de liaison” chargé
mais nous sommes en 2011, lent à la grève interprofessionnelle pour Paris le 11 décembre et qui prépare dans
de poursuivre, de manière organisée,
nous ne pouvons nous faire reculer le gouvernement. Et d’ailleurs, tous les départements et les localités cou-
l’échange que nous avons commencé et
le même jour, un sondage pour RTL sur rant janvier, sur la base de l’appel issu de de resserrer les liens entre nous. »
payer le luxe d’une année l’année 2011 indiquait que pour 87 % des cette conférence, des réunions d’organisa- 11 décembre 2010, Issy-les-Moulineaux
d’immobilisme préélectoral. » Français, la question du chômage est la tion et de combat pour l’année 2011. ■
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 130 SEMAINE DU 6 AU 12 JANVIER 2011
3
Rupture, défense
et reconquête
Daniel Gluckstein é
Secrétaire national du POI
Photo AFP
Daniel Shapira
C
Le 29 décembre, le gouvernement a remis aux ’est l’une des plus grandes
organisations syndicales de la fonction pu- conquêtes ouvrières, arrachée
blique un document intitulé « Orientations par la lutte de classe en 1945 :
pour la modernisation des conditions d’em- notre Sécurité sociale a fait
ploi des agents contractuels dans la fonction progresser l’espérance de vie
publique ». Le gouvernement prétend par là dans des proportions considérables.
régler le problème de la précarité qui touche Depuis un demi-siècle, tous les gou-
872 000 agents non titulaires de la fonction vernements, de toutes couleurs politiques,
publique. Il prépare pour le printemps un ont attaqué ce système fondé sur la soli-
projet de loi et voudrait associer les organi- darité ouvrière. Aujourd’hui, le Medef
sations syndicales à son élaboration avec une relance l’offensive avec sa « note sur la
première séance de « négociation » le 11 jan- santé » qui revendique le démantèlement
vier. Quel est l’enjeu ? de tout l’édifice. Avec, toujours, le même
« argument » : « La croissance du déficit de
ans une interview aux Echos (30 dé-
D
l’assurance maladie (…). Il n’est pas cer-
cembre), le secrétaire d’Etat chargé de tain que l’on puisse attendre l’échéance de
la fonction publique, Georges Tron, 2012 pour engager tout ou partie de la
indique : « Nous ne sommes pas dans une logi- réforme, car les marchés financiers sont très
que quantitative. » Il exclut par là même toute attentifs à l’évolution de la dette française. »
titularisation en masse des personnels contrac- Le déficit, la dette, les agences de nota-
tuels et précaires. tion… Incontournables, nous dit-on. Allons
En revanche, trois mesures principales sont donc... Ces marchés financiers et agences
contenues dans ce projet du gouvernement. de notation qui semblent surgis de nulle
Paris, le 12 avril 2010 : François Chérèque salue le secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, part n’ont pas toujours été en situation de
• La généralisation du CDI Georges Tron, avant de quitter le ministère du Travail. dicter leur loi. Ils le font aujourd’hui parce
contre le statut que deux gouvernements leur ont ouvert
• Des concours d’un nouveau type carité », d’une offensive frontale contre le sta- la voie : le gouvernement (de droite) qui,
Georges Tron précise, dans la même interview : tut de fonctionnaire. en 1973, modifie les statuts de la Banque
« D’abord, et c’est un point essentiel, nous vou- Pour quelques agents en CDI, le gou- En conclusion de son interview, de France (qui finançait, jusque-là, et sans
lons faciliter la transformation des CDD en CDI vernement prévoit la possibilité du “J’espère que Georges Tron affirme : « J’espère que intérêts, les investissements de l’Etat) pour
(contrats à durée indéterminée) quand les passage de CDI à fonctionnaire titu- nous pourrons nous pourrons trouver un accord pousser à emprunter sur les marchés finan-
agents non titulaires occupent des emplois per- laire, mais avec une modification global avec les syndicats, afin d’am- ciers ; et le gouvernement PS qui, en 1992,
manents. » Ces CDI ont été introduits dans la majeure du contenu des concours,
trouver plifier la dynamique engendrée par fait ratifier le traité de Maastricht, qui ins-
fonction publique (où cette notion n’existait puisque « la condition de diplôme un accord avec les accords sur le dialogue social, la taure « l’indépendance de la Banque de
pas) par une loi du 26 juillet 2005 transposant ne sera pas exigée ». Ce sera donc à les syndicats” santé au travail, etc. » France », supprimant toute possibilité de
une directive européenne rédigée en 1999 par la tête du client. Une « négociation » va donc s’ou- faire financer par elle les dépenses publi-
la Confédération européenne des syndicats vrir sur cette base le 11 janvier. Il y ques. Deux mesures gouvernementales
(CES). La différence majeure ? Un fonction- • Un nouveau type de contrat Georges Tron a là une grave menace pour l’exis- prises dans un seul but : créer la dette, per-
naire titulaire bénéficie de la garantie d’em- tence même du statut. mettre aux spéculateurs de s’en servir pour
ploi, contrairement à l’agent en CDI. Généraliser Un « contrat de projet », à l’image des contrats Tous les personnels précaires et contractuels obtenir des gouvernements le paiement
les CDI pour des personnels occupant des de mission dans le privé, verrait le jour. Il serait aspirent à une titularisation dans le cadre du d’intérêts de plus en plus monstrueux
emplois permanents, en lieu et place du statut, « articulé autour d’un objet déterminé et non statut. Mais affirmer cette revendication sup- (aujourd’hui, deuxième budget de l’Etat).
c’est une brèche majeure contre ce même sta- d’une durée » (Les Echos). Comme on le voit, pose au préalable d’affirmer l’exigence d’aban- Les travailleurs en concluront : si des
tut. il s’agit, sous couvert de « lutte contre la pré- don des propositions gouvernementales. ■ gouvernements ont pu, hier, remplacer les
mécanismes existants par d’autres dans le
Revue de presse seul but de créer une dette qui sert à dé-
truire les conquêtes ouvrières, alors un
gouvernement qui prendrait en charge les
“Le dialogue social suspendu jusqu’à la présidentielle” intérêts ouvriers pourrait faire l’inverse !
Il pourrait annuler la dette, renationaliser
les banques et rétablir le financement sans
Lu dans Le Monde (30 décembre 2010). intérêts de la dépense publique. Pour cela,
il lui faudrait dénoncer les traités de Maas-
“L
es échéances politiques L’intersyndicale, réduite à cinq Solidaires, UNSA — se sont enga- Solidaires et la FSU refusent clai- tricht, d’Amsterdam, de Lisbonne, et rom-
et syndicales de 2012- (CGT, CFDT, FSU, Solidaires, gées à “réactualiser la plate-forme rement la voie réformiste. Jean- pre avec l’Union européenne. La défense
2013 compliquent la UNSA), ne désespère pas d’adop- intersyndicale du 5 janvier”. Elles Claude Mailly, le secrétaire général de la Sécurité sociale, c’est-à-dire les condi-
tâche de l’exécutif et des partenaires ter fin janvier un nouveau texte devraient se rencontrer en début de FO, se dit réformiste, mais se tions vitales d’existence pour l’immense
sociaux. Le temps de l’exécutif est élaboré à partir d’une analyse de d’année (…). méfie comme de la peste d’une in- majorité, ne mérite-t-elle pas qu’un pas
compté et la rigueur limite ses la situation économique et des Mais si l’intersyndicale veut passer tersyndicale permanente qui se sub- soit fait sur cette voie ?
marges de manœuvre (…). » politiques de rigueur (…). de l’unité d’action au cartel de pro- stituerait aux organisations (…). Si Ici se trouve posée la question de la res-
La CGT et la CFDT, si unies sur les positions, il lui faut accomplir un Bernard Thibault refuse d’être ren- ponsabilité des organisations qui, au plan
LE MEDEF retraites, le seront moins à l’ave- sacré saut qualitatif. La déclaration voyé dans le camp contestataire et politique comme au plan syndical, se récla-
ET SON AGENDA SOCIAL nir. La centrale de Bernard Thi- commune du 5 janvier 2009 était si sa pratique est de fait de plus en ment des intérêts ouvriers. La « Sécu » est
« Laurence Parisot a écrit à la mi- bault est en pleine tourmente (…). plus un catalogue très général de plus réformiste, il n’est pas encore le bien commun de toute la classe ouvrière.
décembre aux dirigeants des confé- Certains congrès d’unions dépar- revendications qu’un précis de pro- en mesure d’assumer jusqu’au bout Sa défense appelle un front uni, sans faille,
dérations syndicales pour leur pro- tementales ont même été repous- positions. Or là où le bât blesse, c’est pareille mutation. » ■ contre toute atteinte, et, plus encore, pour
poser d’ouvrir un nouveau cycle de sés de peur que les tenants de la ra- qu’un syndicalisme de propositions (Michel Noblecourt) le retour à la Sécurité sociale de 1945. Ce
délibérations et de négociations. Il dicalisation ne l’emportent. est d’abord un syndicalisme réfor- qui veut dire : abrogation de toutes les
aurait pour objectif “de renforcer La CGT n’est pas prête, dans ces miste. contre-réformes, rétablissement des lits
les fondements sociaux de notre conditions, à signer quelque accord supprimés dans les hôpitaux, annulation
économie tout en améliorant sa que ce soit. » ■
des mesures de déremboursement, dehors
compétitivité”. Quatre thèmes sont (Claire Guélaud) les assurances privées, etc. Un tel front uni
retenus : emploi, protection sociale, implique de ne pas se prêter aux « consul-
vie au travail, dialogue social. La tations » et autre « dialogue social » aux-
présidente du Medef a suggéré que quels le gouvernement invite les organisa-
les modalités et le calendrier de cet tions pour les associer à la mise en place
agenda soient fixés le 10 janvier Syndicats : d’une branche « dépendance », véritable
2011 par les patrons et les syndi-
cats.
de l’unité d’action torpille brisant l’unité de la Sécurité sociale.
Au plan politique, il implique de cesser de
Mme Parisot n’écarte pas la possi- au “cartel se prosterner devant « la nécessaire réduc-
bilité d’une réflexion globale sur
l’emploi et la sécurisation des par-
de propositions” ? tion des déficits publics », socle de tous les
consensus.
cours professionnels, chers à la « Le 21 octobre, François Chérèque
Ces questions sont posées à tout le
CFDT et à la CGT (…). » avait fait adopter une déclaration
mouvement ouvrier. Pour le Parti ouvrier
souhaitant que l’intersyndicale “soit
indépendant, la réponse est nette : rupture
DES SYNDICATS aussi un espace de propositions
avec l’Union européenne, non au consen-
OBSÉDÉS PAR 2013 qui permette aux salariés de re-
sus, défense et reconquête de la Sécurité
« La dynamique unitaire qui pré- prendre confiance en l’avenir”.
sociale de 1945 !
vaut depuis deux ans reste d’ac- Mais, le 29 novembre, seules cinq
tualité. organisations — CFDT, CGT, FSU,
4 > L’actualité politique et sociale >>>
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 130 SEMAINE DU 6 AU 12 JANVIER 2011
Chronique
POLITIQUE
Assurance maladie :
le Medef annonce la
Sécurité sociale, retraites :
couleur
Yan Legoff
le programme du gouvernement
“Dépendance des personnes âgées” :
la “concertation” commence
Le ministre Bachelot reçoit Chérèque, les assurances privées et la Mutualité française.
Docteur Martine Debat l’étiquette « régimes complémentaires » se pro- dance », qui est un « sujet majeur, un sujet incon- sociétés d’assurances) et Etienne Caniard (Mutua-
filent, entre autres, les assurances privées. tournable ». Dès la mi-janvier, selon le quotidien lité française) ». Les propositions que le gouver-
Le Premier ministre, François Fillon, a annoncé, L’objectif est ainsi clairement fixé : après la patronal Les Echos (3 janvier 2011), quatre « grou- nement soumet à la « concertation » sont conte-
en novembre dernier, « une concertation natio- contre-réforme des retraites, il est demandé aux pes de travail thématiques » seront mis en place, nues dans le rapport déposé le 23 juin 2010 par
nale sur la protection sociale » réunissant tous organisations syndicales, elles qui ont bâti la suivis d’une « concertation » en région en avril, la députée Valérie Rosso-Debord au nom de la
les « partenaires » : « syndicats, mutuelles, pro- Sécurité sociale au travers de décennies d’âpre qui se conclueront par quatre « colloques inter- mission parlementaire composée d’élus UMP,
fessionnels de santé, conseils généraux », lesquels lutte de classe, de s’en faire les cofossoyeurs au régionaux » en mai ou juin. Le journal ajoute que Nouveau centre et PS (1). En voici les principales.
auraient à étudier « les voies et les moyens de profit des assurances privées. « la ministre Roselyne Bachelot rencontre dès cette
diversifier les modes de financement » de la pro- Et le Premier ministre de préciser que « cette semaine plusieurs personnalités impliquées dans (1) Les députés PS, après avoir indiqué qu’ils « parta-
tection sociale en fixant ce qui doit relever « des concertation nationale aura évidemment pour le dossier dépendance, dont François Chérèque geaient le constat », n’ont pas voté les propositions du rap-
régimes obligatoires et complémentaires ». Sous but immédiat de traiter la question de la dépen- (CFDT), Bernard Spitz (Fédération française des porteur.
Commentaire
10
● D’abord, et il faut y insister, toute personne âgée n’est pas son de dire que la « concertation » sur
ou ne devient pas « dépendante ». Tout dépend des maladies la « dépendance » est le cheval de Troie
● 1979 : Création dans les hôpitaux publics des lits
dont elle souffre. A l’origine des incapacités physiques ou introduit pour détruire la Sécurité so-
dits de « long séjour », destinés aux malades âgés.
mentales de la personne âgée, il y a une ou plusieurs mala- ciale de fond en comble ? Qu’en pen-
La Sécurité sociale ne prend dès lors plus en charge
qu’un « forfait soins » dérisoire. Reste à la charge dies : maladies artérielles, cardiaques, neurologiques, rhuma- sez-vous, lecteurs ? N’est-il pas honteux
des patients âgés un forfait hébergement. C’est le chiffre tologiques, diabète, maladie d’Alzheimer, etc. Toutes de traiter ainsi nos anciens ? Ces pro-
par lequel ces maladies graves et invalidantes font partie des affections jets sont-ils négociables, sont-ils amen-
● 1999 : Les établissements pour personnes âgées de longue durée (ALD), que la Sécurité sociale prend tou- dables ? Les personne âgées ont besoin
la mortalité infantile jours en charge à 100 %. Malgré la régression de la prise qu’on forme des gériatres ; il leur faut
« dépendantes », publics ou privés, avec ou sans conven-
tion avec la Sécurité sociale, sont appelés Etablissements a été divisée depuis en charge des personnes âgées par l’assurance maladie, des lits spécialisés dans les hôpitaux
c’est toujours la Sécurité sociale qui paie en grande partie pour leurs pathologies aiguës, des infir-
d’hébergement pour personnes âgées dépendantes que la Sécurité sociale mières, des kinés, des personnels qua-
(EHPAD). Leur nom définit leur rôle : il ne s’agit plus pour elles. Le rapport de la mission parlementaire Rosso-
a été créée en 1945, Debord donne les chiffres : « 21 milliards d’euros ont été ver- lifiés en nombre suffisant, tant dans
de soigner, mais d’héberger ; les personnes âgées
pendant qu’elle sés en 2009 » pour financer la « dépendance ». Sur ces les établissements qu’à leur domicile.
ne sont plus malades, mais « dépendantes »…
21 milliards, la Sécurité sociale (Caisse d’assurance maladie, Il faut que soit supprimé le honteux
Et elles doivent payer toujours plus ! permettait forfait hébergement et rétablie la prise
Est toujours à la charge des patients un tarif héberge- Caisse vieillesse et Caisse d’allocations familiales) a versé
dans le même temps 13,45 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter la partie en charge à 100 %, sans limitation par
ment (en cas de revenus insuffisants, il est versé
l’augmentation de la CSG qui lui revient. Le reste vient des départements via des « forfaits », de tous les soins néces-
par l’aide sociale du département) qui s’élève, dans les saires. Leur prise en charge relève de
EHPAD de l’Assistance publique de Paris, à 72,27 euros de l’espérance de vie les impôts locaux, soit 4,9 milliards d’euros. Malgré tous les
la Sécurité sociale, comme celle de
par jour en chambre double et 77,21 euros en chambre coups portés à la protection sociale des personnes âgées,
simple. Soit de 2 240 euros et 2 393 euros par mois.
de 63,4 à 83 ans la Sécurité sociale prend toujours en charge les hospitalisations
tous les malades.
Nous reviendrons, dans les semaines
En moyenne, il est à Paris de 2 745 à 4 575 euros, pour les hommes des personnes âgées dans les services aigus de gériatrie,
qui viennent, sur les positions des uns
en banlieue de 1 830 à 2 740 euros et, en province, et de 69,2 à 87 ans de médecine et de chirurgie. Elle prend en charge à 100 % et des autres. A commencer par la posi-
de 1 525 à 1 830 euros par mois. Est institué, en plus, les soins (médecins, auxiliaires médicaux, médicaments, tion du nouveau président de la Mu-
un tarif « dépendance », à la charge des patients, sur
pour les femmes. appareillages, etc.) effectués au domicile de celles qui sont tualité française, qui, faut-il s’en éton-
lequel est notamment transférée une partie des salaires On ne le répétera en affections de longue durée (ALD), ainsi que le « forfait ner vraiment, est pour ces proposi-
des aides-soignants, qui relevaient, jusqu’alors encore, jamais assez ! soins » de celles qui sont en EHPAD. Ce que veut le gouver- tions. M. D. ■
intégralement du financement de la Sécurité sociale. nement, c’est diminuer encore cette prise en charge.
6 > L’actualité politique et sociale >>>
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 130 SEMAINE DU 6 AU 12 JANVIER 2011
D. R.
(Union européenne), depuis n’ont que six heures de cours magis- nationale de mécanique. L’université a créé
1999, et la réforme des lycées traux par semaine (contre douze avant un « CFA sup’ » développant « l’alternance dans
orchestrent la pénétration de l’école 2006). Les quatorze heures restantes sont par- le supérieur », c’est-à-dire offrant aux entre-
par l’entreprise, du primaire au docto- tagées entre travaux dirigés, option « pluri- prises une main-d’œuvre d’ingénieurs sta-
rat. L’éternel argument : l’inadaptabilité disciplinaire » ou préparation de CV, certifi- giaires rémunérés au salaire d’un apprenti de
du système scolaire, responsable cations en langue à 50 % en « auto-appren- CAP.
du chômage des jeunes. tissage ». Stage obligatoire en troisième année Au plan national, une nouvelle convention-
de licence pour toutes les filières, aidé d’un cadre CPU (1)-MEDEF s’engage à généraliser
Il faut « professionnaliser » : détruire bureau d’aide à l’insertion professionnelle le dispositif des « fondations » (partenariats
les qualifications, les disciplines, (BAIP) dont les salariés sont des étudiants public-privé) pour ouvrir des filières vouées
fermer les établissements et faire « placés au cœur du dispositif ». Certains étu- aux besoins des entreprises et généraliser
de la jeunesse la première pourvoyeuse diants finissent la semaine le mercredi midi les stages obligatoires à tous les niveaux
de travail gratuit. Comment expliquer pour élaborer leur « projet professionnel per- sonner en termes de compétences et de contenu de la licence (2,5 euros l’heure). Avec cette
autrement la fermeture de la moitié sonnalisé » (PPP). plutôt qu’en termes de diplômes ou de disci- convention, le gouvernement et les patrons
des lycées et des filières profession- pline. » Le BAIP, c’est Pôle emploi à la fac : mise entendent rediscuter des « branches profes-
nels ? En 2008, le gouvernement a mis “Chacun doit raisonner en ligne de banques de CV et de livrets de com- sionnelles ».
en place un « véritable service public en termes de compétences pétences, que les entreprises sont invitées à Si les diplômes ne sont plus nationaux et si
plutôt que de diplômes” « consommer sans modération » (on peut l’Etat n’en a plus le monopole, que deviennent
de l’orientation » pour faire « coïncider (le président de l’université) consulter sur http : //www.platine.univ- les conventions collectives ?
les dispositifs d’orientation lorraine.fr/index.php?id=2). Ce qui se cache derrière « l’insertion profes-
avec les besoins du marché du travail »… Le président de l’UFC, Claude Condé, explique Dernièrement, l’article 3 d’une loi sur « l’im- sionnelle des jeunes », c’est la plus violente
et les critères de Maastricht : fermeture le changement de nature de l’université : l’in- mobilier universitaire », votée en urgence le attaque contre la classe ouvrière organisée
de nombreux centres d’information sertion professionnelle est devenue une « mis- 13 décembre, permet aux regroupements régio- à travers les conventions collectives et les
et d’orientation au profit d’un réseau sion transversale de l’Université précisée et or- naux du supérieur (les PRES, qui intègrent des statuts.
« dématérialisé d’orientation ». donnée par la loi LRU (…). On n’a pas le choix, établissements privés) de délivrer des diplômes. C’est une grande entreprise d’individualisa-
Un « mémorandum pour l’orienta- puisque les dotations budgétaires vont être cal- tion des diplômes au profit de « certifications »
tion » de l’UNEF (2006) appelait culées sur notre capacité à insérer » (Tout l’U, Des ingénieurs rémunérés privées, autrement appelées « livrets de com-
octobre 2009). D’où le BAIP : « Nous travaillons au salaire d’un apprenti de CAP pétences », délivrés par les patrons.
à cette mesure : le lycée doit « préparer avec les fédérations des groupements patro- A. J. ■
au supérieur et pas seulement naux (…). Nous mettons en place des journées Tous les établissements professionnels de
au baccalauréat ». “job dating” (…), chacun doit apprendre à rai- Franche-Comté, par exemple, sont intégrés (1) Conférence des présidents d’université.
Tout le dossier préconise les mesures
mises en place par la réforme du lycée Enquête
Darcos-Chatel. Pour le supérieur,
la direction de l’UNEF indique la
marche à suivre : « Refondre les cursus
et diversifier les filières », systématiser Déqualification et destruction des corps
« les passerelles entre filières pro
et générales », car « les filières sont trop
structurées en fonction des disciplines
de la fonction publique : le cas des Eaux et forêts
académiques » ! En revanche :
« Toute formation générale doit débou- Par Nicolas Pergaud, y avait dix normaliens de notre école qui en un seul parcours généraliste et tous les
cher sur un niveau qualifiant (sic), élève en biologie à l’ENS de Lyon entraient chaque année dans un corps ; en 2007, postes de fonctionnaires du cursus forestier
permettant éventuellement une sortie ils n’étaient plus que sept, puis six en 2008, cinq ont été supprimés.
’Ecole nationale du génie rural, des eaux en 2009, et finalement deux en 2010. J’ai signalé Cette économie de postes de fonctionnaires
sur le marché du travail (…).
L’enseignement des prérequis indispen-
sables à l’insertion professionnelle —
maîtrise des logiciels informatiques
L et des forêts assurait deux missions prin-
cipales : l’instruction d’un corps d’Etat
(les ingénieurs-fonctionnaires du GREF) et la
à l’administration que l’ENS ne défendait pas
ses postes, et un responsable m’a répondu : “Il
y a dix ans, on cherchait des normaliens pour
va contraindre l’Office national des forêts à
recruter des vacataires non qualifiés au lieu
de fonctionnaires formés par une école répu-
formation des ingénieurs forestiers à Nancy les envoyer dans les corps ; maintenant, on blicaine. Dans le n° 35 (2429) d’Informations
de base, les langues vivantes, la rédac- (FIF de Nancy). Le GREF a disparu, fusionné les dissuade d’emprunter cette voie : d’où l’ab- ouvrières (février 2009), Pascal Leclerc, secré-
tion de CV ou la réalisation avec le corps des ponts et chaussées dans celui sence de lutte pour sauver les postes”. » taire général de l’union syndicale CGT de l’ONF,
d’entretiens d’embauche — des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts Un regroupement de tous les corps en un corps signalait déjà que l’Etat avait réduit drasti-
doit être renforcé et généralisé. (IPEF), décision du Conseil de modernisation unique s’opère donc, avec une diminution quement le financement de l’ONF, avec de
Enfin, nous proposons qu’un stage des politiques publiques (RGPP). Des norma- drastique du nombre de postes et des fonc- graves répercussions sur la diminution des
obligatoire d’un mois soit intégré liens candidats au concours s’interrogent : tions (...). effectifs ainsi que sur les objectifs et méthodes
« Pourquoi cette fusion ? » Un responsable de l’ONF.
dans toutes les 3e années de licence ».
rétorque que les deux corps fusionnés prove- En définitive, l’ENGREF, élément majeur de la
En fait, « c’est à l’Université que doit
se faire la formation professionnelle ».
naient déjà de fusions antérieures… En effet, “Des vacataires non qualifiés politique étatique de l’environnement, n’existe
le GREF provient de la fusion de trois corps plus que sous forme d’une école interne
Nous qui pensions qu’il s’agissait (eaux et forêts, génie rural, agronomie), et celui au lieu de fonctionnaires formés d’AgroParisTech, avec pour seule responsabi-
d’y développer et de transmettre des ponts et chaussées provient de la fusion lité... un master. A l’heure où l’urgence « envi-
les connaissances disciplinaires ! de quatre corps (aviation civile, météorologie, par une école républicaine” ronnementale » est clamée de toute part, on
Ces « revendications » ont été reprises géographie, ponts et chaussées). voit bien qu’on nage en pleine hypocrisie ! Si
dans le rapport préparatoire Au nom de la pluridisciplinarité des « problé- l’on passe en revue les écoles accessibles depuis
à l’application de la loi d’autonomie matiques environnementales », cette fusion La FIF-Nancy était accessible sur concours les prépas BCPST en bac + 2 proposant des
signifie la destruction des formations spéci- aux étudiants des classes prépas BCPST (bio- postes de fonctionnaires-stagiaires du même
des universités (rapport Hetzel
fiques, la réduction des connaissances disci- logie), avec une douzaine de postes de fonc- type que la FIF-Nancy, dans des domaines clés
de 2006, qui définit les diplômes plinaires qu’il faudrait, justement, mettre en tionnaires par an. Les reçus étaient stagiaires pour l’environnement, on constate un recul
comme « des obstacles obsolètes commun ! de la fonction publique dès bac + 2, avec un généralisé : en tout, vingt-trois postes ouverts
à l’économie de la connaissance »). Un élève de l’Ecole normale supérieure (ENS) salaire (environ 1 300 euros mensuels pen- en 2010, contre quarante-quatre habituelle-
Le ministre Valérie Pécresse les a satis- de Lyon témoigne : « J’ai fait savoir en 2008 dant les trois premières années) et un poste ment.
faites en 2008 avec le « plan réussite en que j’étais intéressé par le corps du GREF, et le garanti à vie par l’Etat. Mais l’ENGREF a Cette déqualification est orchestrée par les
licence (PRL) ». Désormais, l’ancienne directeur des études m’a dit que je ne devais fusionné avec l’INA-PG et l’ENSIA, pour plus conséquences du processus de Bologne, à par-
licence « trop basée sur les connais- pas me faire d’illusions : les fusions successives de « lisibilité », dans AgroParisTech (Institut tir duquel se déploie l’Union européenne pour
sances » cède la place à une « licence s’accompagnent d’une orientation de plus en des sciences et industries du vivant et de l’en- détruire les diplômes, les statuts et les connais-
plus forte vers les ministères, avec disparition vironnement) ; et avec l’intégration de la FIF- sances disciplinaires : les règles du LMD et les
rénovée basée sur les connaissances
des missions de recherche et d’expertise. Il m’a Nancy dans le complexe AgroParisTech, exigences de rentabilité de la LRU imposent
et les compétences » (plan pluriannuel averti : “La fusion du GREF avec les ponts est l’objectif affiché était de fusionner les cursus, d’intégrer les écoles aux structures universi-
pour la réussite en licence, ministère tout sauf additive, elle va réduire par deux le pour réduire les coûts. A la rentrée de sep- taires, de supprimer les corps, les postes de
de l’Enseignement supérieur nombre de postes ouverts”. » Un élève de l’ENS- tembre 2010, les trois cursus (agronome, agro- fonctionnaires, le cadre national de toute qua-
et de la Recherche). ■ Paris témoigne : « En moyenne, depuis 1999, il alimentaire et forestier) ont ainsi été fusionnés lification, et de fermer les classes prépas. ■
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 130 SEMAINE DU 6 AU 12 JANVIER 2011
7
En bref
D s’est retrouvé à Nantes. Erreur d’aiguillage, paraît-il. Quelques jours
plus tôt, 600 voyageurs venant de Strasbourg avaient mis vingt-quatre
heures pour rejoindre Nice, le 27 décembre, bloqués dans un train sans conduc-
teur. Et ce ne sont que les faits les plus médiatisés.
des personnels ATOS de l’Education
Prime à la casse “L’autonomie” des Par exemple, nos correspondants de la Somme nous informent que les liai-
nationale (vers les départements
établissements scolaires, sons ferroviaires entre Amiens et Rouen (Seine-Maritime) et Amiens et Com-
pour les collèges et la région
Les traders ont leur bonus, objet du consensus piègne (Oise) ont purement et simplement été annulées durant une semaine
les recteurs vont avoir leur « prime pour les lycées) ont ouvert la voie
avec “l’opposition” pendant les congés de fin d’année, le matériel pour déneiger les voies étant
au mérite ». Pour la première fois au désengagement complet de l’Etat.
trop vétuste. Sur les routes, ce n’est guère mieux. Le réseau départemental a
cette année, les trente recteurs N’est-ce pas l’enjeu du débat sur les
Depuis 2007, 62 000 postes ont été rythmes scolaires, dont Mme Tabarot
été impraticable bien après les chutes de neige, empêchant l’acheminement,
d’académie vont recevoir détruits dans l’Education nationale. vital dans ce département, de la récolte de betteraves dans les usines. Rien à
une gratification en fonction va présenter des conclusions afin de
Tout a été gratté presque jusqu’à l’os. renforcer « l’autonomie des établisse- voir avec le démantèlement des services de l’Equipement à la suite de la décen-
de la « réalisation des objectifs tralisation ?
Or il faudrait supprimer 400 000 ments scolaires » en les plaçant
qui leur seront assignés », Dans les aéroports parisiens, le manque de liquide antigel (finalement affrété
postes de fonctionnaires d’ici à 2012. sous la tutelle des collectivités locales
précise le texte publié
Le gouvernement est donc mainte- et des groupes de pression les plus d’Allemagne) a cloué au sol des centaines d’avions... Rien à voir avec la trans-
au Journal officiel.
nant très pressé de mettre en place divers ? N’est-ce pas l’enjeu du débat formation en société anonyme d’Aéroports de Paris ?
La prime, jusqu’à présent, était fixe :
« une autonomie complète provoqué par le programme du Parti Et l’on n’a rien vu encore. Le 20 décembre, la presse a révélé que la SNCF pro-
19 000 euros. Aujourd’hui,
elle est devenue modulable, des établissements scolaires », socialiste, qui, au nom de « l’égalité grammait quatre milliards d’euros d’économies d’ici quatre ans, incluant des
la part variable étant liée au résultat. notamment les EPEP dans le primaire, réelle », propose, avec une plus coupes de deux milliards dans ses investissements et près de 2 000 suppres-
Au total, un recteur pourra toucher pour permettre un recrutement local grande décentralisation, de remettre sions de postes l’an prochain. Il faut bien préparer la privatisation de la SNCF
jusqu’à 22 000 euros de gratification. de contractuels. La loi Jospin de 1989 en cause l’égalité des droits que seule et établir les conditions du profit capitaliste dans ce qui fut, avant l’ouverture
Donner du cœur à l’ouvrage pour faire a installé les bases de cette peut garantir une institution scolaire à la concurrence décidée à Bruxelles et appliquée par les gouvernement suc-
le sale boulot : on va récompenser autonomie avec le « projet d’établis- républicaine avec ses programmes cessifs, un service public !
les recteurs qui vont faire beaucoup sement » et la suppression scolaires par année et par matière, Et tant pis si les trains se trompent de destination, ou s’ils restent à quai, faute
de zèle pour supprimer des postes des écoles normales. Les lois et un corps d’enseignants de moyens humains et matériels ! Y. L. ■
là où il est difficile de le faire... de décentralisation et le transfert fonctionnaires d’Etat ?
8 > La vie du parti >>>
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 130 SEMAINE DU 6 AU 12 JANVIER 2011
c’est aux côtés de la population !” chure pour vanter les mérites de la réforme territoriale. On y lit que
« la réforme des collectivités territoriales conforte ainsi l’échelon com-
munal ». La place et le rôle des communes seraient donc accrus. Le
Journal officiel a publié la loi dans sa totalité. L’article 5 concerne la
L’intervention d’André Yon, adjoint au maire de Boissy-Saint-Léger, création des métropoles. On y apprend que la métropole regroupe plu-
sieurs communes qui forment un ensemble de plus de 500 000 habi-
à la conférence pour l’unité ouvrière du 11 décembre 2010. tants. Un certain nombre de compétences sont attribuées à la métropole.
Pour éviter toute erreur, nous reproduisons ci-dessous dans sa totalité
L’existence des 36 000 communes vembre à Mexico, il s’est appuyé sur (…) Au fond du trou de leurs défi- le texte de loi. Vous constaterez qu’au lieu de « conforter l’échelon com-
avec leurs 500 000 élus, cela ne les « recommandations » adoptées cits, il faudrait jeter nos mandats munal », c’est non seulement la disparition des communes, faisant par-
représente pas seulement la Répu- en conclusion et qui disent exacte- et tous les droits acquis par la lutte tie d’une métropole, mais aussi des départements, qui est prévue, car
blique une, indivisible et laïque, ment que les élus « ne peuvent pas pour la démocratie et contre l’ex- il ne leur restera quasiment plus de prérogatives.
mais c’est aussi un point d’appui toujours éviter des réductions bud- ploitation (…).
pour la classe ouvrière, à condition gétaires ». Quelle majorité de Pari- Nous, élus, nous sommes placés « La métropole exerce de plein droit, en lieu et place des communes
que les élus restent indépendants. siens lui a donné ce mandat ? devant un choix décisif. Ou bien membres, les compétences suivantes :
La place d’un élu, c’est d’être aux « Je pourrais signer le discours de nous nous faisons les relais d’une 1. En matière de développement et d’aménagement économique,
côtés de la population pour la dé- Bertrand Delanoë », a dit aussitôt politique destinée à dépouiller la social et culturel :
fense des revendications. L’inter- Sarkozy : « Ce n’est pas une ques- classe ouvrière, un à un, de tous les a) création, aménagement et gestion des zones d’activité industrielle,
vention d’André Yon, adjoint au tion de gauche ou de droite, d’op- acquis de la civilisation sous pré- commerciale, tertiaire, artisanale, touristique, portuaire ou aéropor-
maire de Boissy-Saint-Léger (Val- position ou de majorité, c’est une texte d’équilibre budgétaire. Ou tuaire ;
de-Marne), à la conférence pour question de lucidité… La première bien nous refusons et nous en ap- b) développement économique ;
l’unité ouvrière du 11 décembre définition du responsable, c’est que pelons à cette même population. c) construction et fonctionnement d’équipements culturels, socio-
2010 exprime cette volonté, qui c’est à lui qu’il revient de dire non. Il n’est pas possible d’accepter que culturels, socio-éducatifs et sportifs d’intérêt métropolitain.
2. En matière d’aménagement de l’espace métropolitain :
s’est clairement manifestée au La première définition de l’irres- le conseil général du Val-de-Marne
a) schéma de cohérence territoriale et de secteur ; plan local d’ur-
congrès des maires de France. ponsable, c’est qu’il lui revient d’ali- (PCF) décide de supprimer les sub-
banisme et documents d’urbanisme ; création et réalisation de zones
gner les oui ! » ventions aux crèches municipales d’aménagement concerté ; constitution de réserves foncières ;
icolas Sarkozy, le 21 octo- C’est ce qu’on appelle un consen- ou bien demande aux communes,
D du XX e arrondissement de
Paris, en moins d’un mois, ont
signé l’appel lancé pour le maintien
de l’AP-HP, de rendre l’accès aux spé-
cialités plus difficile, comme c’est le cas
aux Etats-Unis, où l’accueil se fait en
PCF, PS, FASE, POI, Parti de gauche, NPA, GU, Rassem-
blement de la gauche citoyenne, appelant à un rassem-
blement le 11 décembre devant le centre de santé Voltaire
aucun groupe n’a jugé opportun de présenter au vote un
vœu pour la réouverture du centre municipal de santé
Voltaire, proposition formulée par les comités du POI à
des urgences de l’hôpital Tenon ; cet médecine générale et où les médecins et exigeant : « Le centre Voltaire et toutes ses activités doi- l’ensemble des partis constituant la minorité munici-
appel a été lancé, avec le comité du spécialistes sont éventuellement convo- vent être maintenus ! Nous disons non à la fermeture de pale. Pour leur part, les comités de Montreuil du POI ont
POI et l’ancien maire (ex-PS) Michel qués. Heureusement, la mise en œuvre ce centre ! » —, Dominique Voynet et sa majorité muni- pris une part active dans cette bataille, n’ayant de cesse
Charzat, par des responsables et mili- de ce plan est contrariée et retardée par cipale ont décidé de passer outre l’opposition unanime de réaffirmer l’exigence du maintien du centre de santé
tants syndicaux et associatifs, à titre la résistance des personnels médicaux des personnels, des usagers, des sections locales des par- Voltaire.
personnel, des habitants de l’arron- et hospitaliers de Saint-Antoine, Trous-
dissement. Il a rencontré un très grand seau et particulièrement Tenon, et par Pouvez-nous présenter le centre Ce n’est pas vrai : les centres de santé patients ne parviennent pas à prendre
écho : des dizaines de signatures sont l’opposition de la population dont té- municipal de santé Voltaire ? privés ne sont pas un service public. rendez-vous au centre Bobillot, où ils
arrivées d’un même immeuble, d’un moigne votre initiative. » Initialement, il y avait, au centre muni- Ils ne prennent pas en charge les pa- sont censés aller si le centre Voltaire
même service, d’une école... Il a été Les signataires réunis le 7 décembre cipal de santé Voltaire, des activités tients atteints d’une pathologie lourde ferme. La véritable raison de la fer-
contresigné par des militants du Parti ont donc décidé de se constituer en d’ORL, de pédiatrie, de gynécologie et, plus généralement, toutes les patho- meture des centres est que, pour Mme
de gauche, du PCF, du PS, du NPA... comité d’organisation pour un ras- (en consultation gratuite), de cardio- logies qui prennent du temps à soi- Voynet, comme elle l’a dit au début de
Dans le même temps, les personnels semblement devant le ministère de la logie, d’angiologie, de rhumatologie, gner. De même, ils ne peuvent prendre son mandat, la médecine n’est pas du
des urgences ont fait grève plusieurs Santé et le siège de l’AP-HP : « Les de- de dermatologie, d’ophtalmologie et le temps d’écouter les patients qui maî- ressort de la municipalité. Le centre
semaines et obtenu des créations de mandes de la population sont claires : de médecine générale. En outre, le trisent mal le français. Le centre de Voltaire n’est pas le seul concerné par
postes. obtenir du ministère et de l’AP-HP la centre disposait d’une conseillère santé Média fait surtout des consul- ces attaques. Ainsi, la radiologie du
La pétition, elle, a débouché sur une garantie du maintien à Tenon du ser- conjugale, d’une diététicienne et de tations rapides rentables et essaie, pour centre Bobillot — la radiologie est habi-
question orale au conseil d’arrondis- vice des urgences, accueillant et trai- 52 heures de présence d’une infirmière. les cas trop difficiles, de se décharger tuellement le poumon des centres de
sement du mois de novembre. Le tant sur place, vingt-quatre heures sur La pédiatrie a été supprimée avant sur les urgences des hôpitaux, qui les santé — a fermé en 2008. Les person-
maire (PS) de l’arrondissement, après vingt-quatre, toutes les pathologies 1997, l’otorhinolaryngologiste a cessé renvoient au centre Voltaire. Certains nels ont commencé à prendre
avoir nié pendant des mois qu’il y ait quelles que soient leur nature et leur ses activités en 1998 et n’a pas été rem- patients savent bien que, en général, conscience que tous les centres de
la moindre menace sur les urgences, gravité. C’est en obtenant le maintien placé, la rhumatologie a été arrêtée en le centre Voltaire ne refuse jamais les santé étaient menacés. Ils ont formé
a répondu alors que, devant la gravité des urgences qu’on pourra obtenir le 2004 et l’angiologue a rassemblé ses cas difficiles — grâce au travail en un collectif et, le 5 octobre dernier,
de la situation, elle demandait au - maintien de tous les laboratoires, des consultations au centre Bobillot en équipe de ses médecins, il peut plus l’ensemble des personnels, à l’excep-
dience au ministre de la Santé et à la médecins de garde, le maintien des ser- 2009. L’activité dentaire a cessé en juin facilement approfondir. Je ne suis pas tion de quelques agents qui n’ont pu
direction de l’Assistance publique- vices de spécialités pour un accueil cor- 2009. Le maire précédent, M. Brard, a certaine que certains de mes patients être avertis à temps, était en grève. ■
Hôpitaux de Paris (AP-HP). Ce qu’elle rect des patients, le maintien et la créa- laissé s’implanter le centre de santé continueront de se soi-
Photo Informations ouvrières
a confirmé par une lettre adressée aux tion des effectifs correspondants. » Média et avait le projet de fermer le gner si le centre ferme
signataires de la pétition, où elle réaf- Ce comité d’organisation a déjà re- centre Voltaire, mais il a reculé. Le (j’ai en tête l’exemple
firme son refus de voir les urgences de cueilli 150 inscriptions. Tous les signa- centre est utile : 500 patients ont leur d’un patient diabétique
Tenon ne plus accueillir que les « pié- taires de la pétition vont être saisis de médecin traitant au centre, et celui-ci atteint d’un léger déficit
tons », alors que les patients amenés cette initiative, la discussion se pour- a ouvert 7 000 dossiers de consulta- mental). Je devrais, si le
par le SAMU, les pompiers... seraient suit avec les élus du PS, du PCF, du tion ces deux dernières années. centre Voltaire ferme,
renvoyés à l’hôpital Saint-Antoine. Parti de gauche de l’arrondissement, travailler trois mois au
« Nous continuerons à nous mobiliser avec les militants syndicalistes. Quelles seraient les conséquences centre Savattero et mes
pour le maintien d’un service urgences Pour le comité du POI, dont les mili- de sa fermeture ? patients auront du mal
“camions” à l’hôpital Tenon. » tants s’organisent pour distribuer ce Mme Voynet a annoncé que le centre à consulter, car il n’y a
Une réunion de signataires, organisée document dans les boîtes aux lettres, fermerait fin 2009, parce qu’il faisait pas de bus et le métro
par les initiateurs de la pétition, a eu sur les marchés, dans les entreprises..., doublon avec un centre privé installé est trop périlleux pour
lieu le 7 décembre pour organiser la une chose est claire : ces revendica- à proximité, le centre Média, et parce les gens qui ont des
poursuite de cette bataille. Un méde- tions font l’unité de la population. que l’offre de soins est déséquilibrée poussettes et pour les
cin de l’hôpital Saint-Antoine a expli- CORRESPONDANT ■ entre le Bas et le Haut Montreuil. personnes âgées. Mes
L’événement
Chronique
INTERNATIONALE
Bolivie : recul
du gouvernement
Morales
Photo AFP
la Fédération des travailleurs
des mines de Bolivie a exigé
l’annulation immédiate du décret,
suivie par la Confédération La crise politique ouverte en Côte d’Ivoire depuis le deuxième tour de l’élection présidentielle du
des travailleurs de l’industrie.
Le 28 décembre, la Confédération
28 novembre dernier, où Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo ont été déclarés successivement
ouvrière bolivienne (COB), vainqueurs, entre dans une phase où le pire est à craindre. L’ONU est déjà sur place militairement,
dans une assemblée plénière ainsi que des troupes françaises. La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) menace
de délégués de tout le pays, a exigé d’intervenir par les armes en Côte d’Ivoire si Laurent Gbagbo ne se décide pas à laisser la place à
le retrait du décret et a condamné
la mesure discriminatoire décidée Alassane Ouattara, considéré par la « communauté internationale » comme le vainqueur de l’élection
par le gouvernement Morales présidentielle. Le militant ouvrier africain S. K. Koza a bien voulu répondre à nos questions.
le 27 décembre, qui consistait
à augmenter de 20 % les salaires
des policiers, des membres
des forces armées, des travailleurs
de la santé et de l’enseignement
pour compenser la hausse des prix
Côte d’Ivoire : qui
des carburants, la COB exigeant
la même augmentation
pour toutes les catégories
de travailleurs. Elle a appelé
à une marche nationale
cherche à déclencher
pour le 3 janvier
pour l’annulation du décret.
Le gouvernement Morales
a été obligé, le 30 décembre,
de rencontrer les organisations
un bain de sang ?
syndicales. En même temps,
il convoquait des manifestations
Questions à un militant ouvrier africain
pour soutenir son action.
Mais ces manifestations,
à Cochabamba, El Alto et La Paz, D’où viennent Laurent Gbagbo et Alas- le Parti socialiste de Mitterrand, va aussi toutes origines confondues. Même les orga-
fiefs du parti de Morales, se sont sane Ouattara ? prendre part à cette lutte pour le pouvoir. nisations syndicales ont explosé, les frac-
transformées en manifestations Depuis son indépendance en 1960 jusqu’à C’est d’abord Bédié qui l’emporte et qui tions prenant partie d’un côté ou de l’autre.
la mort de son premier président, Félix Hou- devient président de la République pour A partir de là s’ouvre une période où les
de rejet des mesures phouët-Boigny, en 1993, la Côte d’Ivoire a terminer le mandat. Les partisans de Ouat- travailleurs et le peuple de l’ensemble de
gouvernementales. connu une relative stabilité. Houphouët- tara quittent alors le PDCI et fondent le Ras- la Côte d’Ivoire, qui n’avaient pas eu la pos-
Le 31 décembre avant minuit, Boigny, homme lige de l’impérialisme fran- semblement des républicains (RDR). sibilité de se prononcer démocratiquement
le président Morales a annoncé çais, tenait le pays d’une main de fer gantée “C’est sur leur sort, seront victimes d’affronte-
l’annulation du décret, informant de velours. D’où viennent les prétendues rivalités le peuple ments armés, d’exactions et de meurtres,
que sa décision avait été prise En Côte d’Ivoire, Houphouët a contrôlé l’Etat « ethniques » qui opposeraient les popu- ivoirien dans un contexte où les problèmes sont
à travers le parti unique, le Parti démocra- lations du nord (d’où Ouattara est ori- qui est exacerbés par l’intervention de différents
après une longue réunion tique de Côte d’Ivoire (PDCI). Le régime ginaire) à celles du sud (avec Gbagbo) ? impérialismes pour s’assurer une position
du Conseil des ministres reposait alors sur le fait que la Côte d’Ivoire A l’élection de 1995, pour éliminer Alassane la victime avantageuse dans un pays riche en matières
avec les responsables syndicaux. était respectivement premier et septième Ouattara, Bédié accuse l’ancien Premier de cette premières.
La classe ouvrière bolivienne, producteur mondial de cacao et de café. ministre d’être Burkinabé et fait modifier guerre
ses organisations syndicales A la mort du président Houphouët-Boigny, le Code électoral en y introduisant la notion et de cette Dans quelles circonstances des troupes
et les organisations populaires les conditions vont radicalement se modi- d’« ivoirité ». Sur un continent où, le décou- division étrangères (françaises, de l’ONU) sont-
ont démontré une nouvelle fois fier. L’application des plans d’ajustement page colonial des territoires aidant, on se elles présentes en Côte d’Ivoire ?
structurel du FMI à partir des années 1980, retrouve avec des situations comme celle entretenues Après que Bédié s’est retrouvé président,
leur force et leur détermination. tout en détruisant ce qui constituait le lien où deux frères ont été ministres en même par à la suite du boycott organisé en commun
Morales, après coup, a déclaré national entre les différentes composantes temps, l’un au Sénégal et l’autre en Mauri- des forces par Ouattara et Gbagbo, un coup d’Etat
qu’à terme, il faudrait en finir de la population, va assécher les ressources tanie, ou celle où nombre de familles ont étrangères militaire est organisé par le général Gueï
avec les subventions, mais sur de l’Etat ivoirien. L’entente « cordiale » au un tiers de leurs membres au Bénin, un tiers à la Côte en 1999. C’est alors que Gbagbo opère un
la base d’un « dialogue social » sein d’un même parti pour le contrôle de au Togo et le dernier tiers au Ghana ou au revirement et se met d’accord avec Gueï
l’appareil d’Etat n’était plus possible. Une Burkina Faso, poser le problème de la natio- d’Ivoire” au sein d’un gouvernement pour mettre
avec les syndicats et, notamment,
lutte à mort va s’engager entre les héritiers nalité en termes d’« ivoirité », de « togolité » en avant non seulement « l’ivoirité », mais
la COB. La nationalisation totale
politiques d’Houphouët-Boigny, particu- ou de « sénégalité », c’est délibérément cher- aussi de nouveaux critères permettant d’ex-
des hydrocarbures et l’installation lièrement entre Alassane Ouattara (Premier cher à créer l’affrontement entre les diffé- clure Ouattara et Bédié de l’élection pré-
d’usines de raffinage dans le pays ministre) et Konan Bédié (président de l’As- rentes composantes. En favorisant le repli sidentielle qui aura lieu en 2000.
constituent toujours une exigence semblée nationale). Laurent Gbagbo, pré- communautaire, cette notion a fait explo- Suite à une tentative du général Gueï
centrale des syndicats. sident du Front populaire ivoirien, membre ser toutes les structures qui organisaient la de se proclamer vainqueur de cette élec-
de l’Internationale socialiste et soutenu par population dans des cadres communs, tion massivement boycottée (62 % >>>
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 130 SEMAINE DU 6 AU 12 JANVIER 2011
11
Espagne
>>> d’abstentions), Gbagbo lance un appel Arrivé au pouvoir en 2000, Gbagbo a pour-
demandant que « les patriotes ivoiriens pren- suivi cette politique. Les positions des capi-
nent la rue pour mettre fin à l’imposture ».
Gueï sera obligé de quitter le pouvoir. Mal-
gré les protestations, violemment répri-
talistes français comme Bouygues, Bolloré
ou Total ont été renforcées.
Cinq années de sacrifices
mées, des partisans de Ouattara et de Bédié
réclamant une nouvelle élection où tous les
candidats pourront se présenter, Gbagbo
sera imposé comme le nouveau président
Justement, ce conflit exprime-t-il les inté-
rêts concurrents de grandes puissances
impérialistes ?
Cette concurrence entre impérialismes s’ex-
et la résistance des travailleurs
de la Côte d’Ivoire. prime dans la crise actuelle : le soutien
Le mercredi 22 décembre, le président Zapatero a annoncé cinq années de réformes pour sortir
En septembre 2002, une tentative de coup bruyant des Etats-Unis à Ouattara est une
l’Espagne de la crise. Il a précisé qu’il y aurait cinq années de sacrifices. Il a souligné : « Il s’agit
d’Etat contre Gbagbo s’est transformée en tentative de s’assurer une position domi-
d’une tâche collective et pas d’un seul gouvernement, quelle que soit sa couleur politique. »
rébellion armée. nante dans ce pays. C’est pourquoi une
Immédiatement, Mariano Rajoy, président du Parti populaire (néo-franquiste), a répondu que
A l’appel de Gbagbo, en application des importante fraction de la bourgeoisie fran-
le consensus avec le gouvernement est possible à partir du soutien commun aux directives de
accords de coopération militaire qui lient çaise dénonce « le suivisme de Sarkozy »
l’Union européenne et à la réforme annoncée du traité de Lisbonne.
la Côte d’Ivoire à la France, celle-ci inter- dans ce soutien et s’engage aux côtés de
vient militairement, divisant de fait le pays Laurent Gbagbo. Dans une interview (Ker-
en deux. Puis, les forces de l’ONU partici- news), le député UMP Didier Julia, membre Andreu Camps d’une part, et Zapatero, le ministre du Travail et
peront à cette opération. de la commission des affaires étrangères de d’autres conseillers, d’autre part.
C’est le peuple ivoirien qui est la victime de l’Assemblée nationale française, déclare : Ces réunions vont se poursuivre jusqu’au 10 jan-
cette guerre et de cette division entretenues « Le fait, pour la France, de s’identifier à la Consensus contre les droits vier. Ensuite, les comités confédéraux des deux
par des forces étrangères à la Côte d’Ivoire. position américaine, qui est anti-Gbagbo, des travailleurs et la démocratie syndicats vont se réunir.
parce qu’ils n’ont jamais pu conquérir les Parmi les contre-réformes annoncées et mises Pour quoi faire ? Dans une circulaire adressée
Que s’est-il passé lors de l’élection pré- marchés de Côte d’Ivoire, ce n’est pas une en place par Zapatero, nous devons nous rap- aux instances de direction, la commission exé-
sidentielle du 28 novembre 2010 ? position gaulliste. » peler le plan d’ajustement annoncé le 12 mai, cutive confédérale des CCOO du 21 décembre
Plusieurs fois reportée depuis la fin du pre- Les avocats français Roland Dumas, ancien impliquant réduction des salaires des fonction- explique : « Le sommet européen des 16 et 17 dé-
mier mandat de Gbagbo, en 2005, l’élection ministre, ancien président du Conseil consti- naires et gel des retraites. Puis, tout de suite après, cembre a marché dans la bonne direction, mais
présidentielle de 2010 devait mettre un tutionnel français, et Jacques Vergès se sont une réforme du Code du travail facilitant les li- d’une manière notamment insuffisante... »
terme à la crise. Cette fois-ci, les conditions rendus auprès de Gbagbo. Dans cette crise cenciements. Cette semaine, le gouvernement Elle réaffirme sa condamnation de la grève des
étaient réunies pour que tous les candidats s’exprime donc la volonté de l’impérialisme annonce à toute vitesse la réforme des retraites contrôleurs aériens, donc son soutien à l’état
puissent se présenter. Mais la proclamation américain de renforcer son contrôle sur la et son adoption pour le 28 janvier prochain. d’alerte (mis en œuvre par Zapatero), et explique :
de deux résultats contradictoires par la « Com- Côte d’Ivoire et la région, notamment depuis Il n’y a pas eu de trêve de Noël. Le 28 décembre, « Les contacts ont été maintenus avec le gouver-
mission électorale indépendante » et par le la découverte d’importants gisements de la commission parlementaire du pacte de Tolède nement en constituant un cadre de dialogue qui
« Conseil constitutionnel » a approfondi la pétrole off-shore. (dispositif mis en place depuis 1995 pour « ré- permet la révision des politiques actives : la réforme
crise. La « commu- former » les retraites, dont les syndicats sont cen- du Code du travail avec les développements d’ap-
nauté internatio- Les « rassemble- sés suivre ses recommandations) a proposé une plication, la réforme de la négociation collective
nale », conduite par ments populaires », « réforme » des retraites impliquant entre autres et la réforme du système public des retraites. »
les Etats-Unis suivis tant pro-Gbagbo l’augmentation des annuités de 35 à 37. On peut comprendre que, dans ces conditions,
par la France et que pro-Ouattara, La commission laisse ouverte la possibilité de un appel à une journée de grève générale ne ser-
l’Union africaine, a semblent être dé - passer de 65 à 67 ans l’âge légal du départ à la virait qu’à contenir la colère des travailleurs.
pris fait et cause sertés. Quel est le retraite. A cela s’ajoutent toute une série de
pour Alassane Ouat- sentiment qui do - mesures qui impliqueraient une réduction
tara, qu’elle consi- mine dans la popu- moyenne de plus de 20 % du montant des pen- Mais la classe ouvrière n’est pas vaincue
dère comme le lation ? sions. Tout le monde, y compris les dirigeants syndi-
« véritable vainqueur C’est le peuple ivoi- Parallèlement, Zapatero annonce aussi une caux qui « négocient » avec Zapatero, a pris peur
de l’élection », bien rien, toutes compo- réforme de la négociation collective, dont l’ob- à la suite de la mobilisation unie des travailleurs
qu’elle n’ait pas plus santes confondues, jectif est de démanteler les conventions collec- du 29 septembre 2010.
de légitimité sur que les va-t-en-guerre tives de branches et « rapprocher la convention La grève des contrôleurs aériens du 3 décembre,
cette question que s’apprêtent à massa- collective de l’entreprise ». immédiatement après le décret du gouverne-
les institutions ivoi- crer dans ce conflit L’addition de toutes les contre-réformes repré- ment visant à casser leur convention collective,
riennes qui ont pro- annoncé au mépris senterait une modification qualitative des rap- a montré que, dans n’importe quel secteur, une
clamé des résultats de ses intérêts, de ports entre les classes sociales, et, notamment, explosion est possible. Parmi les travailleurs, la
contradictoires. l’unité et de la souve- la remise en cause de tout ce que les travailleurs méfiance s’instaure devant le double langage
raineté nationales. Le espagnols ont conquis depuis la mort de Franco. utilisé par Toxo et Mendez (secrétaires généraux
Quelle politique peuple ivoirien, des CCOO et de l’UGT), et les journées saute-
a été mise en toutes composantes mouton des 15 et 18 décembre n’ont reçu aucun
œuvre par Ouattara de 1990 à 1993, confondues, veut la paix. Cela se manifeste Un consensus qui concerne écho.
et par Gbagbo depuis 2000 ? d’ailleurs clairement dans le fait que ni l’un les sommets des centrales syndicales De premières voix s’élèvent, y compris dans les
La manipulation de la question de « l’ivoi- ni l’autre des prétendants ne peuvent Selon le journal El Pais, la seule question qui ren- plus hautes instances syndicales, contre cette
rité » a eu l’immense avantage pour les pro- aujourd’hui susciter une mobilisation popu- contre l’opposition des dirigeants syndicaux par politique d’accompagnement.
tagonistes de faire que le bilan de leur po- laire en leur faveur. rapport à la réforme des pensions, c’est la hausse Par exemple, la fédération du service public de
litique ne soit jamais discuté et que soit « Nous voulons la paix. Que les responsables de l’âge légal du départ à la retraite. Valence a sorti une déclaration le 14 décembre
dénié par la violence au peuple ivoirien le s’entendent ! » : c’est ce sentiment qui do- La presse informe que se sont tenues plusieurs exigeant la démission de Zapatero et le retrait
droit de décider lui-même de son avenir. mine. Chacun comprend qu’avec une nou- réunions discrètes entre les secrétaires généraux de toutes les contre-réformes.
Ouattara, en tant que Premier ministre de velle guerre, il n’y aura ni démocratie ni des Commissions ouvrières (CCOO) et de l’UGT, ■
1990 à 1993, a appliqué les plans du FMI et solution des problèmes de la Côte d’Ivoire.
de la Banque mondiale, avec la privatisa- Ce n’est pas l’intervention étrangère qui
tion des entreprises d’Etat et le démantè- peut aider à l’établissement d’une solution
Meetings et réunions de compte rendu de la conférence mondiale
lement des structures de gestion des filières pacifique et démocratique.
du cacao et du café, notamment la Caisse Une exigence qui était au cœur des inter-
de stabilisation, livrant ainsi les paysans ventions des militants ouvriers de Côte
aux spéculateurs. C’est aussi à cette période d’Ivoire présents à la Conférence mondiale
qu’il est procédé à la dévaluation du franc contre la guerre et l’exploitation d’Alger, qui
CFA. Il fut ensuite directeur adjoint du FMI. s’est tenue du 27 au 29 novembre 2010. ■
U N E S E M A I N E D A N S L E M O N D E
Photo AFP
ESTONIE ÉTATS-UNIS
à prendre des sanctions à Turin. L’an dernier, les patrons de Fiat, avec leur « référendum », plaçaient objectifs politiques éloignés du cadre républicain.”
Ainsi, lutter contre les discriminations et le racisme à l’embauche
chaque ouvrier de Pomigliano d’Arco devant le chantage suivant :
contre la Hongrie soit accepter la remise en cause de la convention collective, soit subir un plan
à l’encontre des Guadeloupéens d’origines africaine et indienne,
dénoncer les injustices, revendiquer un meilleur accès aux soins,
à l’éducation, défendre les terres agricoles et la production locale,
Treize grands groupes industriels de licenciements (avec délocalisation de la production vers l’est de l’Europe). exiger un vrai plan pour la formation et l’insertion de la jeunesse
européens (dont Axa) Cette fois-ci, il s’agit d’imposer un nouveau contrat de travail remettant (60 % des moins de 25 ans sont au chômage), etc., relèverait de
ont appelé la Commission euro- en cause toutes les garanties : temps de repos rognés de dix minutes par jour la subversion. »
péenne à prendre des sanctions Dénonçant la répression dont sont victimes les militants et res-
contre la Hongrie, accusée
et possibilité de remplacer les équipes de 3 x 8 par des équipes de dix heures, ponsables du LKP, de l’UGTG et leurs avocats, l’appel poursuit :
« Au nom de la démocratie, au nom de la liberté, au nom du res-
de mesures « anticompétitives ». remise en cause des congés de maladie, etc. Bien qu’ils avaient, à juste titre, pect des engagements, au nom de la vie, au nom du respect et
Les patrons de ces entreprises appelé les travailleurs à voter non à Pomigliano d’Arco, les dirigeants de la FIOM de la dignité des travailleurs et du peuple de Guadeloupe, le LKP
accusent la Hongrie de leur (principale fédération de la métallurgie) avaient toutefois refusé appelle la communauté internationale, les travailleurs, les orga-
imposer des taxes contradic- nisations ouvrières, les peuples du monde entier à soutenir les tra-
toires avec la « concurrence
d’en faire le combat de tous les travailleurs de la Fiat. vailleurs, le peuple de Guadeloupe, les organisations qui luttent
au sein du LKP contre la répression, le mépris, et pour le respect
libre et non faussée ». Un problème posé à nouveau à l’ordre du jour aujourd’hui. et l’application des accords. »
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 130
> Les nôtres < 13
SEMAINE DU 6 AU 12 JANVIER 2011
Marie-Claude Schidlower
Notre camarade Marie-Claude Schidlower, membre de la direction nationale de la section française de la IVe Internationale,
du conseil général de la IVe Internationale et militante du Parti ouvrier indépendant, nous a quittés le 18 décembre dernier.
Parents, amis et militants ont salué sa mémoire lors de la cérémonie organisée le 22 décembre au crématorium du Père-
Lachaise.
A l’hommage rendu par son frère, Denis, au nom de sa famille, ont succédé les témoignages de Lorenzo Varaldo, François
de Massot, Daniel Gluckstein et Olivier Doriane.
“P de ma génération,
Marie-Claude,
c’est d’abord l’une des repré-
nier souffle qu’il était por-
teur des plus grandes possi-
bilités de développement.
Alors, quand nous nous sommes retrouvés au début des
années 1990 et qu’il a fallu faire se rencontrer des his-
toires, des caractères, des modes de vie et des volumes
sentantes de cette vague de Et ce n’est pas un hasard si, sonores différents, elle fut le lien. Doucement, en res-
jeunes militantes et militants dans les ultimes tâches pectant le temps et la place de chacun, elle nous a aidés
qui rejoignent la IVe Interna- qu’elle a assumées, il y avait, à construire notre tribu. » ■
tionale au moment de l’im- entre autres, la rédaction des
mense mouvement de la jeunesse et de la grande grève pages d’Informations ouvrières sur la vie du parti.
générale de mai-juin 1968, qui arrivent, avides d’action, Mais c’est comme trotskyste que Marie-Claude s’est
mais aussi de comprendre, qui, avec nous, ont com- investie dans le combat pour un Parti ouvrier indé-
mencé à bâtir l’organisation qui existe aujourd’hui. pendant. Parallèlement à ses responsabilités, elle était
J’ai eu le privilège de connaître Marie-Claude au mo- membre de la direction nationale du CCI, la section
ment où elle est entrée dans cette organisation, c’est- française de la IVe Internationale, et cela sans discon-
à-dire juste avant et pendant la grève générale de 1968. tinuer depuis le début des années 1990 jusqu’à aujour-
Le “juste avant” est important, parce que cela veut dire d’hui, s’investissant rapidement notamment dans les
que, au sens le plus strict du terme, elle était à l’avant- tâches internationalistes, celles de la construction de
garde de ce mouvement. la IVe Internationale.
C’est en 1967 qu’elle a adhéré à la section française Elle fut, jusqu’à sa disparition, pendant près de dix ans,
Des centaines de messages, venus de tous les
de la IVe Internationale, et, pendant une période, nous membre du conseil général de la IVe Internationale, tra-
départements de France, ont été adressés par
étions dans la même unité de l’organisation. J’ai pu, vaillant notamment avec nos camarades d’Italie, de
les militants de la IVe Internationale et du Parti
donc, apprécier à ce moment, je dirais, le profond sé- Suisse, d’autres pays (...).
ouvrier indépendant, mais aussi des messages
rieux de Marie-Claude, un sérieux qui n’excluait ni la Nous avons travaillé ensemble, Marie-Claude et moi,
des quatre coins du monde : de Suisse, d’Al-
spontanéité ni la passion, mais qui voulait dire qu’elle durant plusieurs années (...).
gérie, de Chine, du Pakistan, des Etats-Unis,
était parmi celles et ceux qui étaient attachés, au milieu Nous avons, dès cette époque, et sans discontinuer jus-
du Mexique, du Brésil, du Liban, du Portugal,
des efforts que nous faisions pour aider à la centrali- qu’à présent, noué, entre toutes, des relations amicales,
de Hongrie, du Pérou, de Roumanie, d’Alle-
sation de la grève générale, des efforts que nous fai- sans être toujours d’accord. Marie-Claude, en militante
magne, de Belgique, de Hong-Kong, d’Espagne,
sions pour que le mouvement de la jeunesse rejoigne qu’elle était, libre de toute attache, ne s’est jamais pri-
du Burundi, du Cameroun.
pleinement celui des travailleurs, elle était parmi celles vée de dire ce qu’elle pensait, de formuler ses critiques
A tous, merci.
et ceux qui comprenaient le mieux, sans doute, que et ses désaccords, sans excès, sans tensions inutiles,
tout cela ne prenait sa véritable dimension que si, au mais avec fermeté. »
14
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 130
> Tribunes libres < SEMAINE DU 6 AU 12 JANVIER 2011
Nous écrire : INFORMATIONS OUVRIÈRES 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, CS 30016 75479 Paris cedex E-mail : informations-ouvrieres@fr.oleane.com
«
L’Etat a la possibilité de vendre à des sociétés privées d’incertitudes
des données personnelles de ses concitoyens Jean Cambredaze
L
Et nous, les derniers à l’apprendre ! Ce même Ainsi, graduellement mais sûrement, dans le
mera-t-elle aux cent fois où, sur le
directeur du courrier à La Poste se fait fort de dos des citoyens, de vastes opérations sont mon-
métier, l’ouvrage corporatiste fut
fournir un « ciblage géographique » et « sociolo- tées au nom de la « lutte contre le terrorisme »,
remis ?
gique ». Et Le Parisien de conclure : « Un mar- « contre le grand banditisme », « l’immigration
Rappelons que le mythe clérical
ché lucratif, puisque permettant aux annonceurs illégale » ou tout simplement pour faire des
fonde l’ordre corporatiste sur le sacrifice,
de toucher 62 millions de Français par le biais affaires, réalisant un quadrillage de plus en plus
volontaire ou contraint, de l’intérêt particu-
de 26 millions de boîtes aux lettres. » serré de la population (1) contenant des infor-
lier, individuel ou collectif, sur l’autel d’un
Informations ouvrières a dénoncé à différentes mations touchant souvent à l’intimité des per-
prétendu bien commun. L’asservissement
reprises la confection et l’utilisation des fichiers sonnes (données en matière de santé, par
communautariste est ainsi résumé en 1931
par les gouvernements (concernant les mineurs, exemple).
par le pape fasciste Pie XI dans son encyclique
notamment, mais également les travailleurs im- « L’Etat, c’est nous », clamait le fondateur de la
Quadragesimo Anno : « Le corps social ne sera
migrés et leurs familles), cela en relation avec Ve République.
vraiment ordonné que si une véritable unité
les institutions de l’Union européenne. S’agis- Il est vrai qu’il était général et qu’il savait que le
relie solidement entre eux tous les membres
O
ui, vous avez bien lu. L’Etat sant de ces dernières, avec les accords de Schen- renseignement était une donnée incontour-
qui le constituent. Or ce principe d’union se
a la possibilité de vendre gen I et II, elles ont mis en place un système nable en cas de conflit.
trouve pour chaque profession dans la pro-
à des sociétés privées des permettant d’intégrer les données biométriques Ses successeurs, quelle que soit leur couleur
duction de biens ou la prestation de services
données personnelles de mises ensuite en « synergie » avec le VIS (sys- politique affichée et les officines qu’ils ont créées,
que vise l’activité combinée des patrons et des
ses concitoyens. C’est ce tème d’information des visas). ont retenu la leçon. ■
ouvriers qui la constituent, et pour l’ensemble
que révèle Le Parisien dans Le traité de Prüm de 2005, signé par sept Etats,
des professions dans le bien commun auquel
son édition du 14 décem- permet la consultation automatique du maté- (1) Dernier exemple en date, le fichier Pulsar, créé le
elles doivent toutes tendre par la coordination
bre. En vertu d’une loi du riel génétique ou de profils ADN. Tout cela a été 2 décembre 2010 par décret du ministre de l’Intérieur et
de leurs efforts. »
29 avril 2009 (article 29), l’Etat peut vendre les acté par les ministres européens de l’Intérieur dédié à la gestion des infractions et contraventions — il
fichiers personnels de carte grise, c’est-à-dire en 2007. Avec, il faut le dire, en règle générale, suffira d’être verbalisé pour y figurer. Il recensera les infrac-
Maintes fois relooké, le corporatisme est
céder des informations personnelles au privé. la bénédiction de la Commission informatique tions et amendes forfaitaires sur tout le territoire. Le gen- le fil conducteur qui relie la Chambre des cor-
En l’occurrence, le vendeur des fichiers de carte et liberté (CNIL). Commission informatique, darme, par ailleurs, n’aura pas l’obligation d’informer porations de Mussolini à l’autogestion cédé-
grise, qui n’est autre que le ministère de l’Inté- c’est incontestable. Pour ce qui est des libertés, explicitement le contrevenant que son identité fera l’ob- tiste, en passant par la Charte pétainiste du
rieur, dispose d’une gigantesque base de don- c’est une autre paire de manches. jet d’une saisie informatique. Quant à la nationalité du travail, la « participation » gaulliste, etc.
nées et peut les vendre aux constructeurs au- On se souvient que c’est la mobilisation popu- contrevenant, elle sera mentionnée de manière « facul- La feuille de route corporatiste de Nicolas
tomobiles : nom, adresse, date de naissance, laire qui avait fait capoter, il y a peu, la mise en tative ». Problème de taille également, les cas dans les- Sarkozy est aujourd’hui incomparablement
type de véhicule, etc. place du fichier Edwige, opération reprise par quels cette information pourra être demandée ne sont plus difficile à honorer que celle du général
Qui peut acheter ces données ? En réalité, ceux la suite après un « toilettage ». pas précisés.
de Gaulle en son temps (lire dans le précédent
qui en ont les moyens. « L’utilisation à des fins
numéro d’Informations ouvrières « De Gaulle
statistiques, scientifiques ou historiques », ou
encore « à des fins d’enquête ou de propositions et la Ve République »). Ce dernier se cassa fina-
commerciales », précise la loi. Bref, une utilisa- lement le bec parce que la CGT-FO, entraî-
tion illimitée… nant dans son sillage la CGT, avait appelé à
Est-ce que le citoyen, vous, moi, tous les autres,
Claude Jenet voter non au référendum du 27 avril 1969, qui
en sera averti ? Eh bien, non. Car aucune obliga- prétendait intégrer les syndicats dans un Sénat
tion n’est faite à l’administration de prévenir les
usagers de ces ventes. Ce qui indigne à juste titre
A propos d’un anniversaire corporatiste...
Nicolas Sarkozy préside une Ve République
les rares avocats moribonde, non seulement ravagée par l’im-
spécialistes de ces puissance à briser la classe ouvrière, minée
questions qui ont
L
e mois dernier, les dirigeants spéculateurs. L’UE est aujourd’hui minée par les par le châtiment d’un Sisyphe condamné à
eu connaissance de
du PCF ont célébré, avec le attaques des marchés financiers, de connivence hisser le rocher corporatiste sans jamais y
la manœuvre.
faste discret qui sied aux fi- avec le FMI et les institutions européennes… » parvenir, mais encore ravalée depuis le traité
On apprend aussi
gures imposées, le 90e anni- Nous ferons respectueusement observer que de Maastricht de 1992 au rôle subalterne d’ins-
que l’INSEE et La
versaire du Congrès de Tours, l’Europe aurait toujours dû être « l’affaire des trument subsidiaire des institutions euro-
Poste sont de grands
qui, en décembre 1920, consa- peuples européens ».
pourvoyeurs de ren- péennes, ce qui le prive de toute marge de
cra la scission de la SFIO qui Or la construction de l’Union européenne s’est
seignements. Une manœuvre.
devait donner lieu à la créa- faite d’abord et exclusivement pour répondre
mine d’or pour des Il s’appuie pourtant sur la loi liberticide
tion de la Section française de aux besoins du marché. Les insti-
dizaines de socié- du 20 août 2008, fourbie par la « position com-
l’Internationale communiste. tutions créées par les différents
tés, qui, une fois mune » CGT-CFDT-Medef, rampe de lance-
SFIC qui, par la suite, prendra traités, y compris l’euro, mis en place
croisées avec d’au-
le nom de Parti communiste en 1999 par Strauss-Kahn (alors ment d’un syndicalisme d’Etat.
tres fichiers, reven-
français. ministre des Finances), ont été bâties Il est sans nul doute assuré de la collabo-
“Le vendeur dent ces données
à leurs clients.
Jusque-là, rien de bien mar- pour satisfaire les intérêts écono- ration de l’« intersyndicale » officielle pour la
quant ! Sauf la lecture du car- miques (y compris la finance, et « nécessaire réduction des déficits publics » (1),
des fichiers Et ce n’est pas fini.
A La Poste, le direc-
ton d’invitation : « PCF, réseau donc la spéculation), mais aussi la dette étant devenue en quelque sorte le
social depuis 1920. » généraliser la concurrence libre et
de carte grise, teur du courrier,
Nicolas Routier, qui
Ramener le PCF au statut de non faussée qui sert à détruire les
« bien commun » à MM. Sarkozy, Thibault et
Chérèque...
« face-book », voilà qui a dû sur- « monopoles » de services publics
qui n’est autre a créé sa propre fi-
liale, Mediapost
prendre plus d’un militant (poste, télécoms, EDF, SNCF, etc.). Il est aussi conforté par la récente propo-
communiste et qui en dit long De Maastricht à celui de Lisbonne, sition de Laurence Parisot aux syndicats
que le ministère (vente de fichiers
aux entreprises), se
sur l’orientation résolument tous les traités européens vont dans de négocier de nouvelles institutions « pari-
« moderniste » qui envahit les le même sens et participent à la mise taires » (2).
de l’Intérieur, vante : « Comme,
parmi les 12 % de
sphères dirigeantes de ce parti.
“De Maastricht en cause des garanties collectives Mais cela suffira-t-il pour réussir à infli-
Mais en matière de surprise, il arrachées aux capitalistes par l’ac- ger au peuple l’appauvrissement sans pré-
dispose la population qui
déménagent cha -
y a mieux encore avec cette
à celui de Lisbonne, tion des travailleurs. cédent des plans d’austérité qu’exigent les
manchette qui ornait, jeudi L’Union européenne, par sa nature, banques ?
d’une gigantesque que année, 80 %
des foyers font sui-
9 décembre 2010, la « une » de
tous les traités sa conception, son organisation, est
En termes électoraux, Nicolas Sarkozy,
L’Humanité : « Il faut réinventer un instrument au service de l’éco-
base de données vre leur courrier,
nous sommes les
l’euro. »
européens vont nomie de marché. Personne ne affaibli, déstabilisé, contesté à droite, par-
viendra-t-il à maintenir sa candidature à la
Un titre troublant, suivi d’une l’ignore, personne ne peut le nier !
et peut les vendre premiers à le sa -
voir. »
vigoureuse et européaniste pro-
dans le même sens Les peuples auxquels se réfère L’Huma présidentielle de 2012 ?
fession de foi exhortant les lec- ne s’y trompent pas. Chaque fois que Le Figaro remarque à juste titre que la
aux constructeurs teurs de L’Huma à signer la
et participent la parole leur a été donnée, ils ont « gauche » comme la « droite » semblent en
»
pétition, mise en ligne sur le exprimé, comme en mai 2005, un ce début d’année submergées par une « vague
automobiles : site du journal, pour exiger « la
à la mise en cause non qui résonne encore dans la d’incertitudes »...
création d’un fonds de déve- conscience populaire… Et cela, les
nom, adresse, loppement humain, social et
des garanties dirigeants du PCF ne peuvent l’igno-
(1) « Interpellation » de l’intersyndicale CGT-CFDT-FSU-
environnemental à partir de la rer… surtout s’ils ont décidé de ser-
date de naissance, banque européenne ».
collectives vir de caution de gauche au dévelop-
UNSA-Solidaires à l’occasion de la journée d’action de la
Confédération européenne des syndicats du 15 décembre
On croit rêver ! La suite de l’ap- pement de l’Union européenne, de
type de véhicule, pel lève rapidement tout doute
arrachées sa pompe et de ses œuvres.
dernier.
(2) Rien à voir avec le paritarisme de gestion du salaire
quant à l’orientation choisie Quant aux militants communistes
etc.” par les dirigeants du PCF, désor-
aux capitalistes sincères et convaincus, ils ont tou-
différé liquidé à la Sécurité sociale, l’assurance chômage,
etc. Tout à voir avec la mise en place d’institutions cor-
mais dans les rangs de la co- jours le choix de poursuivre leur
poratistes d’association capital-travail...
horte des institutionnels de
l’Union européenne (UE). Ainsi
par l’action combat aux côtés de ceux qui lut-
tent pour la rupture avec l’Union
peut-on lire : « L’avenir de l’Eu-
rope doit devenir l’affaire des
des travailleurs” européenne et pour l’abrogation de
tous les traités européens.
peuples européens et non des ■
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 130
> La page quinze < SEMAINE DU 6 AU 12 JANVIER 2011
15
Indignez-vous !
“Révolution haïtienne De Stéphane Hessel.
Indigène éditions. 3 euros.
et Révolution française”
Le CERMTRI a pris l’initiative d’organiser une conférence-débat sur ce thème. En LA CONFÉRENCE
C
’est un formi-
dable succès
de librairie,
d’autant plus signi-
ficatif qu’il était tout
à fait inattendu.
Samedi 15 janvier Ce petit opuscule
Haïti, la première république noire vit le jour. Haïti s’honore d’une longue tradition plein de verve et de
14 h 15
de lutte contre l’injustice et la misère, contre le colonialisme et l’esclavagisme. Le Au Centre d’histoire sagesse avait été mis
sociale - 9, rue Mahler, en librairie en octo-
rappel de ces faits permettra de poser de nombreuses questions à Florence Gauthier, 75004 Paris bre dernier à 8 000
l’une des historiennes qui connaît le mieux ces combats de démocratie, en rapport (métro Saint-Paul), exemplaires. Il a été
amphithéâtre Dupuis réédité neuf fois de-
avec les situations politiques en France à l’époque où ils se déroulèrent. (1er sous-sol). puis et l’éditeur nous a indiqué juste avant
les congés qu’il pensait avoir atteint le seuil
des 500 000 exemplaires vendus. « Plus que
D. R.
Repères le Goncourt de Houellebecq, nous avait-il
dit fièrement. En fait, je crois que nous avons
● 1650 : arrivée des premiers
bénéficié d’un bouche-à-oreille complète-
colons français sur l’île caraïbe
ment exceptionnel. A chaque temps fort de
de Saint-Domingue.
la lutte sur les retraites, nous devions re-
tirer… »
● 1685 : promulgation du Code
De quoi s’indigne donc l’auteur ? Tout par-
noir esclavagiste par Louis XIV.
ticulièrement des violations de plus en plus
insupportables de la démocratie dans notre
● 1697 : division de l’île entre
pays, notamment « de tout le socle des
France et Espagne. Sa partie
conquêtes de la Résistance ». Car Stéphane
orientale deviendra la République
Hessel a 97 ans.
dominicaine.
Cet ancien résistant de la France libre fut
aussi ambassadeur des Nations unies et
● 1791 : révolte des esclaves sous
participa à la rédaction de la Déclaration
l’impulsion de Toussaint Louverture
universelle des droits de l’homme de 1948.
et des Jacobins noirs.
« On ose nous dire que l’Etat ne peut plus
assurer le coût des mesures citoyennes !,
● 1794 : abolition de l’esclavage
écrit-il. N’est-ce pas parce que le pouvoir
par la Convention nationale
de l’argent n’a jamais été aussi grand, inso-
(notre encadré).
lent, égoïste, avec ses propres serviteurs
jusque dans les plus hautes sphères de
● 1802 : rétablissement
l’Etat. » F. P. ■
de l’esclavage dans les colonies
françaises par Napoléon Bonaparte.
Jean-Marc Schiappa
Le voyage du directeur
des ressources
F
lorence Gau-
thier est une
historienne re-
humaines
connue, une des
rares à main- Une gravure de 1804. Brandissant la déclaration d’indépendance, Haïti se Un film de Eran Riklis.
tenir l’étude de soulève contre le corps expéditionnaire français envoyé sur l’île par Napoléon ÉCLAIRAGE
pour y rétablir l’esclavage. Ce dernier n’y parviendra pas.
A
la Révolution Jérusalem, une travailleuse immi-
française au haut Décret grée vient de mourir lors d’un
niveau qui devrait rester le sien. Elle installés introduisirent la ségréga- dérable, qui s’inscrira en termes in- du 4 février 1794 : attentat suicide. Sur elle, on trouve
est aussi, mais pas seulement, une tion par la couleur (« l’aristocratie délébiles pour les temps futurs au la Convention une feuille de paie délivrée par une grande
grande spécialiste de la question de l’épiderme », pour reprendre le bénéfice de tous les peuples oppri- boulangerie industrielle. Alors qu’un jour-
coloniale pendant la Révolution. titre d’un ouvrage récent de Florence més du monde. nationale naliste dé nonce
Le CERMTRI a pris à juste titre l’ini- Gauthier) afin de pouvoir s’enrichir C’est l’un des moments les plus forts abolit l’esclavage l’inhumanité de
tiative de convier cette historienne rapidement aux dépens de colons de la Révolution française, témoi- Décret n° 2262 de la Convention l’entreprise, le di-
comme conférencière pour expli- noirs ou métissés, et que la ségré- gnant de sa grandeur et de son uni- nationale du 16 pluviôse, an se- recteur des res-
quer les ressorts et les rouages de ces gation raciale se mit en place. versalité. cond de la République française, sources humaines
questions. En effet, paraphrasant Sans revenir dans le dé tail sur le L’insurrection se développa, et c’est une et indivisible, qui abolit l’es- est chargé d’ac-
Friedrich Engels, on peut estimer déroulement de la Révolution en ici qu’il faut évoquer la figure du clavage des Nègres dans les co- compagner le
que le degré de liberté d’un régime Haïti, on rappellera que les « gens grand Toussaint Louverture et des lonies. corps de la dé -
se mesure à son attitude envers les de couleur » de Paris se réunirent « Jacobins noirs ». Puis, Bonaparte « La Convention nationale déclare funte en Rouma-
colonies et envers l’esclavagisme. en Société des citoyens de couleur vint… que l’esclavage des Nègres dans nie.
Ce n’est donc pas un pour résister tant aux Nous invitons tout particulièrement toutes les colonies est aboli ; en On imagine bien
hasard si la première “J’ai entrepris colons de Saint-Domin- nos lecteurs à participer à cette conséquence, elle décrète que les que le convoi va
abolition de l’esclavage le combat pour gue qu’à leurs alliés conférence-débat, pour deux rai- hommes, sans distinction de cou- rencontrer toutes
eut lieu en 1794, au la liberté de de l’Assemblée consti- sons. La première est qu’elle s’an- leur, domiciliés dans les colonies, sortes d’obtacles ;
temps de la Convention sont citoyens français et jouiront
robespierriste (ce que
ma race. Je veux C’est dans ce débat que nonce
tuante. comme passionnante d’un
point de vue historique. La seconde de tous les droits assurés par la
ce n’est toutefois pas cela qui fait le sel de
ce film. Ce sont ses personnages. La pa-
tous les ennemis de la qu’elle règne Robespierre lança la est qu’elle va fournir beaucoup de Constitution. Elle renvoie au Co- tronne, surnommée « La veuve », roublarde
mité de salut public pour lui faire
Révolution française avec l’égalité à phrase fa meuse, mais clés permettant de mieux com- et cynique, le journaliste sans-gêne, la
incessamment un rapport sur les
cherchent aujourd’hui Saint-Domingue. souvent mal rapportée : prendre la situation actuelle de ce consule d’Israël, son chauffeur, un autre
mesures à prendre pour assurer
à cacher), et qu’il fut Unissez-vous, « Périssent les colonies, pays. l’exécution du présent décret.
chauffeur, sont les loufoques. A côté d’eux,
rétabli en 1802 par
Napoléon Bonaparte. Il
frères, déracinez votre honneur, votre On
s’il doit vous en coûter sait qu’il est ravagé depuis un
an par une série de catastrophes :
Au nom de la République, le Conseil on trouve des personnages plus nuancés,
davantage susceptibles d’évoluer au fil d’un
exécutif provisoire mande et or-
fallut attendre 1848 et avec moi l’arbre gloire, votre liberté ! » le tremblement de terre de janvier donne à tous les corps adminis- voyage de plus de 900 kilomètres vers le
la IIe République pour de l’esclavage !” (mai 1791). Dans ce dé- 2010 et, plus récemment, une épi- tratifs et tribunaux que la présente village d’origine de la défunte, et princi-
que l’abolition soit réta- bat, Robespierre ruina démie de choléra et de terribles loi ils fassent consigner dans leurs palement le directeur des ressources
blie et devienne ainsi totalement la réputation inondations. registres, lire, publier et afficher, humaines, homme accablé de difficultés
définitive. (Toussaint des Barnave et Lameth, Ces drames successifs ne peuvent et exécuter dans leurs départe- familiales, qui n’aime pas son travail, ou
La question coloniale Louverture) esclavagistes mal dégui- être séparés des maux que l’impé- ments et ressorts respectifs ; en le fils en révolte de la défunte. De Jérusa-
se concentrait, en fait, sés. Il était sans réserve rialisme impose de plus à Haïti, foi de quoi nous y avons apposé lem, on ne voit que l’entreprise, la morgue,
sur l’île de Saint-Domingue et pré- du côté des opprimés, le porte- d’autant que ce pays subit actuel- notre signature et le sceau de la des appartements ; alors qu’en Roumanie,
figurait pour une partie non négli- parole de la démocratie révolu- lement l’occupation des troupes de République. » on ne voit guère que l’objet magique : une
geable la situation actuelle d’Haïti. tionnaire. l’ONU. ■ A Paris, le vingt-deuxième jour de liasse de dollars puisée dans la réserve que
La colonie représentait environ Nous publions dans notre encadré germinal, an second de la Répu- la patronne de la boulangerie a confiée à
soixante mille personnes libres et le décret de la Convention nationale CERMTRI blique française, une et indivisible. son employé, liasse qui résout bien des dif-
quatre à cinq cent mille esclaves. qui abolit l’esclavage, en date du 28, rue des Petites-Ecuries, Signé Buchot, président par inté- ficultés, mais pas toutes ! Le monde qu’offre
Ces « libres » n’étaient pas obliga- 16 pluviôse an II (4 février 1794), par 75010 Paris. rim. Contresigné Gohier. à voir le film n’est pas vraiment recom-
Et scellé du sceau de la Républi-
toirement Blancs, car ce n’est que l’Assemblée debout, sous de folles Tél-fax : 01 44 83 00 00. mandable ; il est formé d’une humanité
que.
dans la seconde moitié du XVIIIe acclamations. C’est un vote d’une E-mail : cermtri@wanadoo.fr comique et agaçante, parfois touchante,
siècle que des colons nouvellement portée humaine et politique consi- toujours vraie. A.-M. M. ■
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 130 SEMAINE DU 6 AU 12 JANVIER 2011
INFORMATIONS OUVRIÈRES sincèrement combattre pour l’émancipation • Rédacteur en chef : Lucien Gauthier. • Rédaction : Informations ouvrières, • Administration-abonnements :
Tribune libre de la lutte des classes des travailleurs. Cela sous leur propre • Siège : 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris. 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, Maïté Dayan.
Dans le cadre de sa tribune libre, Informations responsabilité. L’hebdomadaire est édité • Imprimerie : Rotinfed 2000, Paris. CS 30016 - 75479, Paris CEDEX 10. Tél. : 01 48 01 88 22 ;
ouvrières, fondé par Pierre Lambert, offre par l’association (loi 1901) • Tirage : 20 000 exemplaires. Tél. : 01 48 01 89 23. 01 48 01 88 41.
la possibilité de s’exprimer librement à tout Informations ouvrières. • Commission paritaire : 0909 C85 410. Fax : 01 48 01 89 29. E-mail : diffusion-io@fr.oleane.com
groupement ou formation politique qui entend Daniel Gluckstein, directeur de la publication. • ISSN : 0813 9500. E-mail : informations-ouvrieres@fr.oleane.com • Dépôt légal : à publication.
L’HUMEUR
de Michel Sérac Faites-le savoir Vu à la télévision
Echappées belles
Loups-cerviers
modification de celui-ci. Une société… ». Il existe un gouffre entre
hospitaliers imposés clause introduite il y a un peu
Le Smic a été automatiquement revalorisé le 1er janvier 2011. à prix raisonnable. Cela la classe ouvrière russe et les com-
Il passe à 1 073 euros (net), contre 1 056 en 2010.
aux assurés, etc. plus d’un mois le leur interdit. Officiellement, près de 3 millions de personnes touchent le Smic. vaut pour les individus manditaires de ce documentaire de
Nous reparlerons R. M. ■ comme pour les Etats.” France 5. D. H. ■
de la décoration,
comme grand’croix INFORMATIONS OUVRIÈRES
de la Légion d’honneur,
du capitaliste Servier
en 2009 par Sarkozy, CHOISISSEZ VOTRE FORMULE Autorisation de prélèvement
mais auparavant, Dans tous les cas, remplir lisiblement et en lettres majuscules vos nom, prénom et adresse
levons une ambiguïté. J ’autorise l’établissement teneur de
La réputation de Par prélèvement mensuel : 5,80 euros ( 9,50 euros pour les plis clos) mon compte à effectuer les prélève-
ments chaque fin de mois de 5,80 euros
férocité du loup-cervier (datez et signez l’autorisation de prélèvement ci-contre en joignant un relevé d’identité bancaire ou postal)
présentés par Informations ouvrières.
(le lynx, en fait) OU : Je pourrai suspendre à tout moment
conduisit les écrivains 5 numéros “découverte” : 7 euros • 12 numéros : 17 euros • 4 mois (17 numéros) : 24 euros ces prélèvements par simple lettre.
à donner le nom 6 mois (25 numéros) : 33 euros • 1 an (51 numéros) : 65 euros • 1 an, pli clos : 110 euros
de cette bête supposée Date : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
cruelle, « par Comité : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Département : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Signature (obligatoire) :
dénigrement, à ceux
qui, spéculant sur les Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
entreprises d’Etat et sur
les besoins publics, y N° : . . . . . . . . . . . Rue, bd, ave., etc. : . . . . . . . . . Nom de la voie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
font de gros gains, et en
général, à tout homme .......................................................................................................
d’argent rapace » IMPORTANT : n’oubliez pas
de joindre un relevé d’identité
(Littré). Ne pas Code postal : . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . bancaire ou postal,
confondre, bien sûr, de dater et signer votre
ET TOUJOURS... autorisation de prélèvement.
avec le capitaliste
12 numéros : 10 euros pour tout premier abonnement
Servier, simple Numéro national émetteur : 442543
homonyme.
Bulletin à renvoyer à : Informations ouvrières, 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, CS 30016, 75479 Paris Cedex 10. Chèque à l’ordre d’Informations ouvrières