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Chapitre 5 : typologie des sociétés

Dans la classification des sociétés on distingue d’abord les sociétés civiles et les sociétés
commerciales. Cette distinction repose sur l’objet de la société : toute société qui exerce une activité
civile est une société civile et toute société qui exerce une activité commerciale est une société
commerciale. Toutefois la loi considère que les sociétés en nom collectif, les sociétés en
commandite, les sociétés à responsabilité limitée et les sociétés anonymes sont toujours des sociétés
commerciales quel que soit leur objet. En définitive il ne reste plus qu’un type de société auquel
s’applique le critère de la distinction : il s’agit de la société en participation qui peut être civile ou
commerciale selon son objet.

Les sociétés civiles se retrouvent essentiellement dans le domaine agricole, dans la propriété des
immeubles et dans certaines professions libérales. Les sociétés civiles ne sont soumises à aucune
formalité de dépôt ou de publicité. De même elles ne peuvent faire l’objet d’une procédure de
liquidation judiciaire.

Les associés d’une société civile sont indéfiniment responsables du passif social, c’est-à-dire des
dettes de la société [si la société n’est pas en mesure de payer ses dettes ce sont les associés qui
doivent se substituer à la société. Ils sont responsables indéfiniment, c’est à dire sans limites,
quelque soit les dettes de la société]. Mais il ne peut y avoir aucune solidarité entre les associés [l’un
ne peut jamais payer à la place de l’autre. En supposant que je sois associé pour une participation de
10 %, les créanciers ne peuvent jamais me poursuivre pour payer plus que ma participation. C’est
une règle d’ordre public].

A l’intérieur des sociétés commerciales on distingue trois catégorie de sociétés : les sociétés de
personnes ; les sociétés de capitaux ; les SARL.

1) Les sociétés de personnes

Ce sont des sociétés qui sont constituées sur la base de considérations personnelles. Les associés se
connaissent et se font mutuellement confiance. Autrement dit la personnalité des associés est le
motif déterminant dans la constitution des sociétés de personnes [dans la pratique ce sont souvent
des sociétés familiales ou amicales]. La part de chaque associé n’est pas librement cessible.

Les sociétés de personnes sont au nombre de trois : la société en nom collectif (SNC) ; la société en
commandite simple ; la société en participation.

2) Les sociétés de capitaux

Ce sont des sociétés dans lesquelles l’apport de capitaux est plus important que la personne des
associés. On les appelle également sociétés par actions parce que le capital est divisé en actions. Ils
sont en principe librement cessibles.

Les sociétés de capitaux sont au nombre de trois : la société anonyme ; la société anonyme
simplifiée, la société en commandite par actions.
3) La SARL

C’est un type de société qui est à mi-chemin entre les sociétés de personnes et les sociétés de
capitaux. Elle tient à la fois des sociétés de personnes en leur empruntant certains de leurs
caractères et des sociétés de capitaux en leur empruntant certains de leurs caractères.

Toutes les sociétés qu’elles soient civiles ou commerciales sont régies par le DOC. En outre les
sociétés commerciales sont régies par deux lois spécifiques : la loi 17-95 sur la SA et la SAS ; la loi 5-
96 pour les autres types de sociétés.

Il n’est pas possible de créer au Maroc une société qui ne corresponde pas à l’un des six types de
société réglementés par la loi. Si une société est née sans que les associés ne déterminent la forme
choisie ou si on transpose au Maroc un type de société non règlementé par le droit marocain, on
considère que cette société est une société en nom collectif dans la mesure où c’est la société de
droit commun qui protège le mieux les tiers.

Partie 2 : les règles particulières aux différents types de sociétés

Titre 1 : les sociétés de personnes

Chapitre 1 : les sociétés en nom collectif (SNC)

C’est une société constituée entre commerçants qui acceptent de prendre des risques illimités et qui
s’investissent personnellement dans la gestion de la société. C’est pourquoi elle comprend
généralement peu d’associés (deux ou trois) et qu’elle ne convient qu’aux petites entreprises. La SNC
est régie par les articles 3 à 18 de la loi 5-96. Sur le plan fiscal la SNC est considérée comme une
société transparente dans la mesure où ce n’est pas la société qui est imposée à l’impôt sur les
sociétés mais ce sont les associés qui sont imposés au titre de l’impôt sur le revenu. Toutefois lors de
sa constitution la société peut par déclaration spéciale opter pour l’impôt sur les sociétés [son régime
fiscal est celui des personnes physiques sauf si une déclaration est faite].

La SNC se distingue par trois caractéristiques principales : premièrement la qualité de commerçant.


Tout associé dans une SNC a la qualité de commerçant. Ils doivent donc remplir toutes les conditions
requises pour être commerçant ; deuxièmement il y a une obligation indéfinie et solidaire au passif
social. Les associés sont tenus personnellement des dettes de la société. Lorsque la société ne peut
pas faire face à ses engagements les créanciers sociaux peuvent se retourner contre les associés.
Cette obligation au passif est illimitée, c’est-à-dire que quel que soit le montant des dettes les
associés doivent s’acquitter de cette dette sur leurs biens personnels. En outre cette obligation
indéfinie est solidaire puisque chaque associé peut être poursuivi pour le paiement de la totalité de
la dette. C’est une garantie pour les créanciers qui ne sont pas obligés de diviser leurs poursuites. Ils
peuvent réclamer la totalité de leur créance à l’un quelconque des associés ; troisièmement,
l’incessibilité des parts sociales. Elles ne peuvent être cédées entre associés ou au profit de tiers
qu’avec l’accord de tous les associés. Cette règle est d’ordre public. Toute clause contraire est nulle. Il
en résulte que lorsqu’un associé veut céder ses parts et quitter la société, il peut se retrouver
prisonnier de la société s’il n’obtient pas l’accord de ses coassociés [aujourd’hui je m’associe avec X
que je connais. Je ne veux pas que demain je me retrouve avec un inconnu]. Lorsque la cession est
autorisée elle doit être constatée par un acte écrit à peine de nullité. Pour être opposable à la société
la cession doit lui être notifiée. Pour l’opposabilité aux tiers il faut en outre que la cession soit inscrite
au registre du commerce.

La SNC obéit pour sa constitution, son fonctionnement et sa dissolution à des règles particulières.

Paragraphe 1 : constitution

Pour la constitution d’une SNC il faut des conditions de fond, de forme et de publicité.

A) Les conditions de fond

Ils concernent essentiellement les associés et le capital.

1) Les associés

Les associés doivent être au minimum deux et doivent avoir la qualité de commerçants.

2) Le capital

La notion de capital est secondaire dans la SNC puisque les associés sont responsables du passif
social, c’est pourquoi la loi n’impose pas un capital minimum. Les associés ont toute liberté pour
déterminer le montant du capital. Le capital peut être purement symbolique [juridiquement une SNC
peut être valablement formé avec deux associés et deux dirhams].

B) Les conditions de forme

Il existe deux conditions.

1) Les statuts (le contrat de société)

Ils doivent être rédigés par écrit soit sous la forme notariée soit sous la forme sous seing privé. Les
statuts doivent contenir 13 mentions obligatoires, dont en particulier l’état civil des associés, la
forme de la société, l’objet, le siège social, le capital, les apports de chaque associé, la durée de la
société et l’état civil du gérant.

Les deux conditions sont prescrites à peine de nullité de la société.

C) Conditions de publicité

Un exemplaire des statuts doit être déposé au greffe du tribunal du siège social dans les 30 jours de
la date de la signature des statuts. Dans le même délai un extrait des statuts doit être publié dans un
journal d’annonce légale et au bulletin officiel. Tout changement qui peut être apporté au statut doit
faire l’objet des mêmes formalités de dépôts et de publications.

Paragraphe 2 : fonctionnement

Le fonctionnement est assuré par trois organes : le gérant ; les associés non gérants ; le commissaire
aux comptes, s’il y a lieu.
A) Le gérant

La SNC est administrée et gérée par un ou plusieurs gérants. Dans la pratique tous les associés sont
gérants.

1) Nomination

Les gérants sont normalement désignés dans les statuts. Au cours de la vie sociale ils peuvent être
nommés dans un acte séparé. Le gérant est désigné parmi les associés ou en dehors des associés. La
gérance peut être assurée par une personne physique ou une personne morale. La nomination des
gérants se fait à l’unanimité des associés sauf disposition contraire des associés.

2) Révocation

La loi prévoit trois modalités de révocation selon le statut du gérant. En premier lieu lorsqu’il s’agit
d’un gérant associé statutaire la révocation doit être faite à l’unanimité des autres associés. Cette
révocation entraîne la dissolution de la société, sauf si la continuation de la société est prévue dans
les statuts ou décidée à l’unanimité des autres associés ; dans le deuxième cas, lorsqu’il s’agit d’un
gérant associé non statutaire, sa révocation peut être décidée dans les conditions prévues par les
statuts ; troisièmement s’il s’agit d’un gérant non associé il peut être révoqué à la majorité des
associés.

Dans tous les cas si la révocation est décidée sans justes motifs elle peut donner lieu à des
dommages-intérêts au profit du gérant révoqué.

3) Pouvoir du gérant

Dans les rapports entre associés les pouvoirs du gérant sont déterminés dans les statuts. En cas de
pluralité de gérants chaque gérant peut agir séparément, sauf la possibilité pour le cogérant de
s’opposer aux opérations de l’autre gérant. Dans les rapports avec les tiers le gérant a tous les
pouvoirs pour engager la société dans le cadre de l’objet social. Toute limitation des pouvoirs légaux
du gérant est inopposable aux tiers [les tiers qui traitent avec la société doit juste vérifier que le vis-à-
vis est le gérant de la société, alors il peut tout signer sans inquiétude. C’est le registre du commerce
qui nous permet de nous en assurer : on va y trouver l’identité du gérant]

En cas de pluralité de gérants chaque gérant peut engager la société à l’égard des tiers. L’opposition
qui peut être formée par le cogérant est inopposable aux tiers.

4) Responsabilité des gérants

Les gérants sont responsables à l’égard des associés et à l’égard des tiers de la violation de la loi, de
la violation des statuts et des fautes commises dans la gestion de la société. La responsabilité est
individuelle lorsque l’acte fautif a été accompli par un seul gérant. La responsabilité est solidaire
lorsqu’on n’arrive pas à déterminer la responsabilité de l’un ou de l’autre des cogérants.
B) Les associés non gérants

Ces associés ont des pouvoirs qui tiennent de la loi ou des statuts.

1) Pouvoirs légaux

En premier lieu la modification des statuts ne peut intervenir qu’à l’unanimité des associés ; en
second lieu les associés doivent être réunis une fois par an dans les six mois de la clôture de
l’exercice pour statuer sur les comptes annuels. Pour les besoins de cette réunion les associés
doivent recevoir une communication dans les quinze jours qui précèdent la réunion le rapport de
gestion établi par les gérants, les états de synthèse et le texte des résolutions proposés ; en troisième
lieu les associés ont un pouvoir de contrôle individuel et qui leur donne le droit, deux fois par an, de
de prendre connaissance au siège social de tous les livres et documents de la société et de poser des
questions au gérant. Ils ont le droit également de prendre copie de tous ces documents [on n’est pas
obligé d’attendre la fin de l’exercice pour savoir ce qui se passe dans la société].

2) Pouvoir statutaire

En plus des pouvoirs légaux les statuts peuvent conférer aux associés le pouvoir d’autoriser certaines
opérations qui relèvent de la compétence du gérant. Ces limitations des pouvoirs du gérant sont
inopposables aux tiers [un tiers ne doit pas rentrer dans la question de savoir si le pouvoirs du gérant
son ou non limités].

C) Le commissaire aux comptes

La nomination d’un commissaire de comptes n’est obligatoire que lorsque la société réalise un chiffre
d’affaire qui dépasse 50 000 000 Dhs. Toutefois les associés peuvent décider à la majorité de
nommer un commissaire aux comptes.

Paragraphe 3 : dissolution

La SNC est soumise aux causes de dissolution commune à toutes les sociétés mais aussi à des causes
particulières qui affectent la personne des associés [la société a un caractère personnel : il est normal
que ce qui touche un associé touche la société].

1) Décès d’un associé

La société prend fin par le décès de l’un des associés. C’est une dissolution de plein droit qui est liée
au caractère personnel de la SNC. Cette dissolution automatique se révèle gênante dans la pratique,
c’est pourquoi la loi prévoit la possibilité d’apporter des aménagements à cette règle. Ainsi les statuts
peuvent prévoir deux clauses de continuation : en premier lieu la continuation avec les associés
survivants. Cette continuation suppose que la société comprend au moins trois associés. Dans ce cas
on doit déterminer la valeur des parts de l’associé décédé dont le montant sera payé aux héritiers ; la
deuxième clause de continuation est celle de la continuation avec les héritiers. Il peut être prévu qu’à
la mort de l‘associé la société continuera avec les associés survivants et les héritiers de l’associé
décédé. Toutefois si un ou plusieurs héritiers sont mineurs ils ne sont pas responsables du passif
social que dans la limite de leur part dans la succession.
En outre la société doit être transformée, dans le délai d’un an à compter du décès, en société en
commandite dont les héritiers mineurs deviendront des commanditaires. A défaut de cette
transformation la société doit être dissoute.

En conclusion il convient de souligner que la SNC est une forme de société qui n’est pratiquement
plus utilisée dans la pratique en raison des dangers qu’elle représente pour les associés. En devenant
associés dans une SNC on risque de perdre la totalité de sa fortune en raison de l’obligation indéfinie
et solidaire au passif. Ce qui explique le succès de la SARL.

Chapitre 2 : La société en commandite simple

Cette société se distingue par le groupement de deux catégories d’associés : les commandités ; les
commanditaires. Ils sont soumis à des régimes juridiques distincts [dans toutes les autres sociétés on
a une seule catégorie de membres. Ce sont les associés]. Les commandités ont le statut d’associés en
nom collectif, c’est-à-dire qu’ils sont indéfiniment et solidairement responsables du passif social. Ils
assurent seuls la gestion de la société. Les commanditaires se contentent de faire des apports à la
société sans avoir la qualité de commerçants et en limitant leur responsabilité au montant de leurs
apports. En outre ils ne peuvent pas prendre part à la gestion de la société.

Cette spécificité de la société en commandite trouve son origine dans le droit musulman et dans les
pratiques commerciales du moyen âge. Premièrement le droit musulman a mis au point la technique
du Quirad. Cette technique permet de faire participer un prêteur de somme d’argent aux résultats
d’une entreprises sans être tenu des pertes. Elle permet ainsi de tourner l’interdiction du prêt à
intérêts. Deuxièmement au moyen âge on pratiquait dans le commerce maritime le contrat de
command. C’est un contrat par lequel un capitaliste (celui qui a de l’argent) met à la disposition d’un
navigateur un bateau, des marchandises ou une somme d’argent pour entreprendre une expédition
maritime. Les bénéfices générés par cette opération étaient partagés entre le capitaliste et le
commandité (ici le navigateur).

En définitif la raison d’être des sociétés en commandites est de permettre à des bailleurs de fonds
(détenteurs de capitaux) de recueillir les fruits d’une activité commerciale sans l’exercer
personnellement et en limitant leur responsabilité au montant de leurs apports.

Par ailleurs la société en commandite peut résulter d’une transformation d’une SNC lorsqu’à la suite
du décès d’un associé la société continue avec les héritiers de l’associé décédé, parmi lesquels se
trouvent un ou plusieurs mineurs. Cette SNC doit dans le délai d’un an être transformée en société
en commandite dans laquelle les héritiers mineurs seront les commanditaires.

La société en commandite obéit pour sa constitution, son fonctionnement et sa dissolution aux


mêmes règles que la SNC, sous réserve des dispositions particulières qui sont prévues aux articles 20
à 30 de la loi 5-96.
Paragraphe 1 : les statuts des associés

A) Les commandités

La société en commandite simple comprend au moins deux associés : un commandité et un


commanditaire. Le décès d’un commandité entraîne la dissolution de la société.

B) Les commanditaires

L’apport d’un commanditaire ne peut être fait qu’en numéraire ou en nature. Il ne peut faire
d’apports en industrie. La société continue malgré le décès d’un commanditaire. Il est interdit à un
commanditaire de faire des actes de gestion qui engagent la société vis-à-vis des tiers même en vertu
d’une procuration. Si un commanditaire viole cette interdiction les actes de gestion qu’il a accompli
sont valables, mais il sera tenu solidairement avec les commandités des conséquences des
engagements qu’il aura pris à l’égard des tiers [supposons qu’un commanditaire conclu un contrat de
prêt avec une banque. Ce contrat ne peut pas être remis en cause par la société. Si la société ne paye
pas aux échéances, la banque va se retourner contre le commanditaire qui sera responsable
solidairement avec le commandité pour cette opération].

Paragraphe 2 : décisions collectives des associés

Toute modification des statuts doit être décidée avec le consentement de tous les commandités et
dans la majorité des commanditaires.

La complexité de ce type de société fait qu’elle n’est pratiquement jamais utilisée dans la pratique.

Chapitre 3 : la société en participation

La société en participation se distingue des autres types de sociétés à trois caractéristiques.


Premièrement c’est une société qui n’a pas de personnalité morale, c’est-à-dire qu’elle n’a ni
dénomination, ni siège, ni patrimoine, ni existence juridique propre ; deuxièmement c’est la seule
forme de société qui est commerciale ou civile selon son objet ; troisièmement elle n’est soumise à
aucune mesure de publicité, et elle n’est pas immatriculée au registre du commerce même si son
objet est commercial.

Il existe deux modalités de créations d’une société en participation : elle peut être soit une société
occulte, soit une société ostensible. Dans la société occulte les associés décident de ne pas révéler
l’existence de la société aux tiers [un associé qui ne veut pas apparaître]. C’est la forme traditionnelle
et qui présente le plus d’intérêts. Dans la société ostensible les associés agissent au grand jour en
qualité d’associés, au vue et au su des tiers.

La société en participation jouit d’une grande liberté contractuelle puisqu’elle n’est régie que par
quatre articles de la loi 5-96.

Paragraphe 1 : Constitution

La société en participation est constituée de deux associés au moins qu’on appelle les participants.
Les apports qui sont faits par les participants sont de simples apports de jouissance. Chaque
participant conserve la propriété de son apport [dans les autres sociétés lorsqu’un associé fait un
apport il y a un transfert de propriété de l’apporteur à la société]. Aucune condition de forme ni de
publicité n’est exigée. L’existence d’une société en participation peut être établie par tous les
moyens.

Paragraphe 2 : fonctionnement

A) Dans les rapports entres les associés

Les associés sont libres de fixer les modalités de fonctionnement de la société. Ils peuvent nommer
parmi eux un gérant. Lorsque la société a un objet civil on applique les règles sur la société civile. Si
l’objet est commercial on doit appliquer les règles de la SNC.

B) Dans les rapports avec les tiers

Il faut distinguer entre les deux formules. Premièrement pour les sociétés occultes les tiers, qui par
définition ignorent l’existence de la société, n’ont de rapports qu’avec le gérant. Dans les rapports
avec les tiers le gérant agit en son nom personnel et pour son propre compte. Tout se passe comme
si la société n’existait pas. Autrement dit le gérant constitue un écran total entre les associés et les
tiers. Sur le plan fiscal les bénéfices réalisés par la société sont imposés au nom du gérant.
Deuxièmement, pour les sociétés ostensibles, lorsque les participants agissent publiquement en
qualité d’associés chacun est tenu indéfiniment des dettes sociales si la société est civile,
indéfiniment et solidairement si la société est commerciale.

Paragraphe 3 : dissolution

Lorsque la société est dissoute il n’y a pas de phase de liquidation. Il y a seulement un règlement de
comptes entre les associés. Chaque associé va reprendre l’apport qu’il a fait à la société dans la
mesure où il en a conservé la propriété.

En conclusion la société en participation présente l’avantage de la simplicité, de la souplesse et de la


discrétion. C’est une structure légère dont la constitution et le fonctionnement ne génère pas de
coûts. Ce type de société peut s’adapter à diverses opérations, en particulier aux opérations
ponctuelles ou de courtes durées. C’est le cas de l’achat en commun d’un billet de loterie. C’est le cas
également de la constitution d’un syndicat financier pour placer des titres dans le public [quand on
veut acheter des actions en bourse on ne le fait pas directement. La société qui va émettre des titres
va faire appel aux banques qui ont des agences pour placer les titres. Les banques vont créer entre
elles un syndicat pour placer les titres d’une société : c’est une société en participation]. De même
deux ou plusieurs entreprises constituent un groupement pour soumissionner et réaliser un marché
[on veut construire une infrastructure (ponts, autoroutes, etc.) ou une superstructure (école,
hôpital). L’Etat va confier la réalisation de ces travaux à des entreprises. S’il s’agit de marché simples
généralement c’est une entreprise qui va réaliser l’ouvrage. Quelque fois pour des ouvrages plus
importants, de deux ou plusieurs entreprises vont constituer un groupement qui prend la forme
d’une société en participation]. De même la société en participation est utilisée pour la coproduction
de films [pour un film il faut trois intervenants : un producteur ; un metteur en scène ; des acteurs.
Pour un film on peut avoir deux ou plusieurs producteurs. Ils vont se mettre sous la forme d’une
société en participation].

Ceci étant, la société en participation ne doit pas être confondue ni avec la société de fait ni avec la
société crée de fait.
1) La société de fait est une véritable société qui a été créé en tant que telle avec une forme bien
déterminée, sauf que cette société a été irrégulièrement constituée et par la suite sa nullité a été
prononcée. Normalement la nullité a un effet rétroactif. Autrement dit la société est censée n’avoir
jamais existé [la société a eu des clients, elle a rémunérée des personnes, elle a fonctionnée pendant
un temps. La nullité consiste à faire table rase. Annuler une telle société pose problèmes. C’est pour
cette raison que la notion de société de fait a été créée. Le concept de la société de fait a été
inventée pour éviter les effets néfastes de la rétroactivité. En droit des sociétés on ne peut pas
appliquer la rétroactivité. Il faut faire valider tout ce qui s’est passé]. Les conséquences de cette
rétroactivité peuvent être très graves, notamment sur le plan économique et social. C’est pourquoi la
jurisprudence a depuis longtemps considérée qu’entre la constitution de la société et le jour où la
nullité est prononcée il a existé une société de fait qui doit produire normalement des effets à l’égard
des associés et à l’égard des tiers. Par la suite le législateur est intervenu pour légaliser cette
jurisprudence et lui donner force de loi. En conséquence la nullité d’une société n’a pas d’effets
rétroactifs.

2) La société crée de fait est une notion qui désigne la situation dans laquelle se trouvent deux ou
plusieurs personnes qui se sont comportés en fait comme de véritables associés, mais sans avoir à
aucun moment exprimé la volonté de constituer entre elles une société. Ce n’est que par une analyse
juridique à postériori que les liens existants entre ces personnes seront qualifiés de société. C’est
dans les relations de famille que cette situation se retrouve le plus souvent, en particulier dans les
relations entre époux, et entre parents et enfants [le cas le plus fréquent dans la pratique est l’enfant
qui rentre travailler dans l’entreprise de son père. On ne fait pas de papiers, on est entre famille.
Lorsque le père décède on va ouvrir l’héritage. L’enfant va se déclarer non seulement héritier mais
aussi associé. Si les autres héritiers ne l’approuvent pas il va falloir le démontrer par le biais de la
justice. SI le juge constate que toutes les conditions de formations d’une société ont été présentes, il
va déclarer qu’il existait une société entre le père et le fils. C’est une création d’une société sans les
formalités. Le tribunal va faire une analyse juridique à postériori].

Titre 2 : les sociétés de capitaux

Les sociétés de capitaux sont au nombre de trois : les sociétés anonymes ; les sociétés anonymes
simplifiées ; la société en commandite par actions.

La société en commandite par actions présente par rapport à la société en commandite simple les
différences suivantes : premièrement pour constituer une SCA il faut au minimum un commandité et
trois commanditaires ; les commanditaires détiennent des actions qui sont librement cessibles alors
que dans la commandite simple les commanditaires détiennent des parts qui ne sont pas librement
cessibles ; la SCA est régie à la fois par les dispositions combinées de la loi 5-96 sur les commandites
simples et par les dispositions 17-95 sur les SA. C’est une forme de société qui est très peu utilisée au
Maroc. En France elle est essentiellement utilisée dans des groupes familiaux.

La SA est une société par actions dans laquelle les associés, appelés actionnaires, reçoivent en
contrepartie de leurs apports des titres négociables appelés actions, et dont la responsabilité est
limitée au montant de leurs apports. La SA présente les caractéristiques suivantes : c’est une société
commerciale par la forme, peu importe la nature civile ou commerciale de son objet ; c’est une
société de capitaux dans laquelle la personne des associés a beaucoup moins d’importance que les
capitaux qu’elle amène ; c’est une société par actions. Le capital d’une SA est divisée en actions qui
peuvent être négociées sur le marché boursier. Autrement dit seules les sociétés anonymes sont
cotées en bourse ; c’est une société à risques limitées. Les associés ne sont engagés par rapport au
passif social qu’à concurrence de leurs apports ; c’est une société dont l’organisation est complexe ;
c’est une véritable institution dans laquelle la loi a laissée peu de places à la liberté contractuelle
puisque la plupart des dispositions de la loi 14-5 sont d’ordre public ; cette forme de société est dite
anonyme parce qu’elle ne peut être désignée par le nom de ses associés. Elle est souvent désignée
par l’objet de son activité ou par une dénomination de pure fantaisie. Dans la pratique elle est
désignée par un sigle ; la personnalité morale de la société est totalement distincte de celle de la
personne des associés. La société n’est jamais impactée par les événements qui affectent la situation
juridique des associés ; la SA a été imaginée comme une technique de gestion des grandes
entreprises. Elle permet de réunir un nombre important d’associés et de réunir des capitaux
importants. Elle offre la possibilité aux petits épargnants d’investir dans des affaires importantes sans
courir de risques.

La loi impose la forme de SA pour l’exercice de certaines activités, notamment pour les banques, les
assurances et les sociétés d’investissements.

La SA est régie par la loi 17-95 qui a été modifiée et complétée par la loi 20-05 et par la loi 78-12.
Cette loi est très fortement inspirée de la loi française sur les SA.

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