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Cours Matériaux et Introduction à la Haute Tension (2018/2019)

Semestre : 6
Unité d’enseignement : UEF 3.2.2
Matière : Matériaux et Introduction à La Haute Tension
VHS : 45h00 (cours : 1h30, TD : 1h30)
Crédits : 4
Coefficient : 2
Objectifs de l’enseignement :
Choisir le matériau approprié par rapport aux conditions de son fonctionnement et de
son environnement.

Connaissances préalables recommandées :


Constitution de la matière, la théorie du champ électrique et la décharge électrique
disruptive.

Contenu de la matière :

Partie I - Matériaux électrotechniques


Chapitre 1. Matériaux conducteurs :
Notions de base, Classification des conducteurs et propriétés selon leur utilisation.
Chapitre 2. Matériaux magnétiques :
Magnétisme à l’échelle microscopique et à l’échelle macroscopique, Classification des
matériaux magnétiques, Mécanismes d’aimantation et caractéristiques techniques
d’aimantation, Matériaux ferromagnétiques doux, Domaines d’utilisation, Matériaux
ferromagnétiques durs, Caractéristiques et domaines d’applications des aimants
permanents, Notions d’énergie dans les matériaux magnétiques, Pertes magnétiques,
mesure des pertes en champ fixe et en champ tournant.
Chapitre 3. Matériaux diélectriques
Phénomènes de polarisation, Résistivité, Rigidité diélectrique et Pertes diélectriques,
Propriétés physico-mécaniques, Matériaux électro-isolants.
Chapitre 4. Semi-conducteurs:
Généralités sur les Semi-conducteurs et leurs applications.
Chapitre 5. Supraconducteurs :
Généralités sur les Supraconducteurs et leurs applications.

Partie II - Introduction à la Haute Tension

Chapitre 1. Généralités sur la haute tension :


Utilité de la haute tension, Rappels sur le champ électrique, Pouvoir de pointe.
Chapitre 2. Généralités sur les contraintes dues à la HT :
Buts et méthodologie de la HT, Contraintes liées à la tension, Contraintes liées au
courant, Protection contre les surtensions et les surintensités.
Chapitre 3. Surtensions et coordination de l’isolement :
Equations d’ondes, Réfraction, réflexion et oscillation des ondes mobiles, cas des lignes
à plusieurs conducteurs, Propagation des ondes dans les enroulements des machines
électriques, notions de compatibilité électromagnétique.
Chapitre 4. Rigidité diélectrique :
Définition et concept, Les isolants en haute tension : solides, liquides et gazeux, Isolation
des systèmes pratiques.
Chapitre 5. Mesure en Haute Tension :
Les sources des hautes tensions, Mesure des hautes tensions.
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Mode d’évaluation :
Contrôle continu : 40% ; Examen : 60%.

Références bibliographiques :
1. P. Robert, Matériaux de l’électrotechnique, Dunod.
2. F. Piriou, Matériaux du génie électrique, MGE 2000, Germes.
3. Gérald Roosen, Matériaux semi-conducteurs et nitrures pour l'optoélectronique,
Hermès.
4. P. Tixador, Matériaux supraconducteurs, Hermès.
5. M. Aguet, M. Ianovici, Haute Tension, vol XXII, Edition Georgi 1982.
6. G. LeRoy, C. Gary, B. Hutzler, J. Hamelin, J. Fontaine, Les propriétés diélectriques de
l’air et les très hautes tensions, Editions Eyrolles 1984.
7. D. Kind, H. Kärner. High voltage insulation technology: Textbook for Electrical
Engineers, Friedr Vieweg & Sohn 1985.
8. J. P. Holtzhausen, W. L. Vosloo, High Voltage Engineering, Practice and Theory.
9. André Faussurier, Robert Servan, Matériaux en électrotechnique, Dunod Paris 1971.
10. A. Chabloz, Technologie des matériaux, Suisse 1980.

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Chapitre 1

Les Conducteurs électriques


Les Supraconducteurs et les Semi-conducteurs

A) Le conducteurs
1. Définition
Contrairement aux isolants, les conducteurs électriques sont des matériaux qui
possèdent des porteurs de charges libres. Sous l’effet d’un champ électrique aussi faible soit-
il, ces porteurs se déplacent créant ainsi un courant électrique.

Lorsque ce conducteur n'est soumis à aucun champ électrique, les porteurs de charge
sont animés d'un mouvement aléatoire, on n'observe, dans ce cas, aucun courant électrique ; le
conducteur est en équilibre électrostatique.

L’application d’un champ organise le mouvement des porteurs de charges donnant


naissance à un courant électrique dit de conduction.

Par extension, un conducteur est un composant électrique ou électronique de faible


résistance servant à véhiculer le courant d'un point à un autre.

Cette caractéristique est définie par la conductivité γ ou sa résistivité ρ.

A titre illustratif et comparatif, il est présenté sur le tableau 1-1, les valeurs de la
résistivité pour les conducteurs, isolants et semi-conducteurs:

Tableau 1-1: Tableau comparatif entre différents matériaux


Les conducteurs ρ>10-5 Ω-1.m-1
Les Isolants ρ<105 Ω-1.m-1
Les semi-conducteurs ρ≈1 Ω-1.m-1

Calcul de la résistance
Pour calculer la résistance d'un système de dimensions connues, forme et nature (γ
conductivité), nous appliquons une tension U et calculons le courant de conduction qui en
découle. La résistance, en vertu du théorème d'Ampère est le rapport de la tension sur le
courant.

La densité de courant qui traverse un matériau de conductivité γ est proportionnelle à


l'intensité du champ
𝐽𝐽⃗ = 𝛾𝛾𝐸𝐸�⃗
����⃗
Le courant est ainsi déduit de la relation:𝐼𝐼 = ∬ 𝐽𝐽⃗. 𝑑𝑑𝑑𝑑
𝑠𝑠
La loi d'Ohm (U=RI) permettrait de lier ce courant à la résistance pourra être écrite
sous la forme:𝑈𝑈 = 𝑅𝑅. ∬ 𝛾𝛾𝐸𝐸�⃗ . ����⃗
𝑠𝑠
𝑑𝑑𝑑𝑑

L'organigramme est une illustration des étapes à suivre pour calculer une résistance.

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Dimensions, forme et matériau (γ)

Appliquer une tension U

Calcul du Champ électrique 𝐸𝐸�⃗ (𝑈𝑈)

Calcul de la Densité de courant Champ 𝐽𝐽⃗(𝑈𝑈) = 𝛾𝛾𝐸𝐸�⃗

Calcul du courant 𝐼𝐼(𝑈𝑈) = ∬𝑆𝑆 𝐽𝐽⃗ ����⃗


𝑑𝑑𝑑𝑑 = ∬𝑆𝑆 𝛾𝛾𝐸𝐸�⃗ . ����⃗
𝑑𝑑𝑑𝑑

2. Nature des porteurs


La nature des porteurs dépend du matériau utilisé:

- Les conducteurs: Electrons libres, Ils proviennent des électrons des couches
périphériques, très faiblement liés aux noyaux, donc faciles à mouvoir.
- Electrolytes: Ions positifs ou négatifs.
- Semi-conducteurs purs: Electrons libres et trous.
- Semi-conducteurs dopés: La nature des porteurs de charge est intimement liée à la
nature du dopage.

Le phénomène de résistance électrique est dû au freinage des électrons par les


phonons. Le phénomène de conduction thermique consiste en la création de phonons et en
leur déplacement puisque la température d'un solide représente son énergie de vibration.

3. Les conducteurs utilisés


En électricité, on utilise des matériaux ferreux (fer, fentes, aciers, ... et leurs alliages)
et non ferreux (aluminium, cuivre, magnésium, mercure, molybdène, nickel, zinc et leurs
alliages).
Les matériaux les plus utilisés sont: Le cuivre, L'Aluminium et leurs alliages

• Le cuivre et ses alliages


Le cuivre se trouve, à l'origine, sous forme de minerais sulfurés ou oxydés contenant
moins de 2% de cuivre.

Pour obtenir du cuivre, on utilise les procédés suivants:


- S'il s'agit d'un minerai sulfaté, on affine thermiquement: le minerai est chauffé, grillé,
fondu et désulfuré pour obtenir du cuivre à 99,5% de pureté.
- S'il s'agit d'un minerai oxydé, on affine thermiquement par réaction électrolytique: le
minerai est dissous dans de l'acide sulfurique et le cuivre est extrait par électrolyse
pour obtenir du cuivre à 99,9% de pureté.

Les propriétés du cuivre sont résumées dans le tableau 1-2.

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Tableau 1-2: Caractéristiques du cuivre


Masse volumique 8,96.103 kg/m3
Conductivité thermique 393 W/m.K
Température de fusion 1083 °C
Résistivité 1,72.10-8 Ω.m à 20°C
Coefficient de température 3,9.10-3 °C-1

En plus des propriétés définies dans le tableau 1-2, le cuivre ne s'oxyde pas lorsqu'il se
trouve dans un environnement sec et froid. Par contre, dans un environnement humide chargé
de CO2, il se recouvre d'une couche imperméable: le vert-de-gris (carbone de cuivre). C"est
pour cette raison qu'on procède à l'étamage du cuivre.

Le cuivre est diamagnétique. Il est aussi ductile et malléable, ce qui offre la possibilité
de la laminer en tôles et de l'étirer et de le filer (fil, tubes et barres).

Les alliages de cuivre utilisés sont:


(a) Le Laiton: Alliages de Cuivre et Zinc ou Cuivre, Zinc et Plomb.
(b) Le Bronze: Alliage de Cuivre, d'Etain et de Zinc (avec Plomb ou Aluminium)

• L'Aluminium et ses alliages


L'Aluminium est un élément chimique, de symbole AL et de numéro atomique 13.
C'est un élément important sur terre avec 1,5% de la masse totale.

C'est un métal argenté et malléable. Il est remarquable pour sa résistance à l'oxydation


et sa faible densité.

En fait, il est très oxydable à l'air, il se forme une couche de quelques micromètres
d'alumine, un oxyde imperméable de forme Al2O3 qui protège le reste du métal et se reforme
très rapidement. On parle alors d'une protection cinétique contrairement à la protection
thermodynamique car l'aluminium reste très oxydable.

Il est principalement extrait de la bauxite, minerai où il est présent sous forme d’oxyde
hydraté dont on extrait l’alumine. Il peut aussi être extrait de la néphéline, de la leucite, de la
sillimanite, de l'andalousite et de la muscovite.

L’aluminium est utilisé dans de nombreuses industries pour faire de nombreux


produits différents et il est très important pour l’économie mondiale.

Les composants structuraux faits à partir de l’aluminium sont essentiels à l’industrie


aérospatiale et très importants dans d’autres secteurs du transport et de la construction où sa
faible densité, sa longévité et sa résistance sont nécessaires.

Acier Moyenne conductivité, grande résistance à l'étirement, lourd et peu malléable.


L'acier est utilisé, en général, comme support des câbles en aluminium ou en cuivre
dans les câbles décrivant de grandes portées, afin d'assurer une résistance à la traction que
l’aluminium ou le cuivre seraient incapables de supporter sans allongement excessif et
rupture.

De façon plus spécifique, l'acier est également utilisé pour le transport de l'énergie
dans le milieu ferroviaire. Une polarité est acheminée par la caténaire, l’autre polarité utilise

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comme support les rails de roulements en acier. Dans le cas particulier du métro, la polarité
positive est distribuée via un « rail de traction » également en acier.

Argent Excellente conductivité, métal précieux.


L'argent est utilisé pour diminuer la résistance de contact, dans les systèmes de
connexions et, les systèmes de commutations comme les contacts des relais. Il nécessite
toutefois un système de nettoyage, généralement automatique, pour éviter que l'oxydation de
surface compromette sa bonne conductivité électrique.

Il est utilisé dans certains fils, en alliage avec le cuivre pour assurer une bonne
souplesse au fil.

Il peut aussi être mélangé à l'or qui lui assure une meilleure souplesse et une meilleure
conductivité tout en baissant le prix du fil d'or. Ceci utilisé en robotique par exemple pour
effectuer des connexions de très grande précision.

Or Excellente conductivité, inoxydable, métal précieux.


L'or est utilisé avec parcimonie, en couche très mince déposée par électrolyse (un
flash), dans les systèmes électriques et, nettement plus en électronique.

Comme l'argent, il est utilisé pour réaliser la liaison la plus parfaite possible entre deux
conducteurs indépendants : les contacts des cartes électroniques enfichables et les lamelles de
contacts des connecteurs associés, les pastilles de contacts et les fils de liaisons internes des
circuits intégrés.

Les Alliages
• Almelec
Alliage d'aluminium, de magnésium et de silicium. Il est principalement utilisé pour la
réalisation des lignes aériennes. Sa résistivité (32,5.10-9 Ω.m) est environ le double de celle du
cuivre, mais ses caractéristiques mécaniques lui permettent de résister aux contraintes liées à
l'environnement (vent, gel, neige, variations de température).

• Constantan
Alliage de cuivre et de nickel dont la résistivité est quasiment indépendante de la
température. Il est utilisé pour la réalisation de certains capteurs de température et capteurs de
courant appelés shunts électriques.

B) Supraconductivité
La supraconductivité (ou supraconduction) est un phénomène caractérisé par l'absence
de résistance électrique et l'annulation du champ magnétique — l'effet Meissner — à
l'intérieur de certains matériaux dits supraconducteurs. La supraconductivité découverte
historiquement en premier, et que l'on nomme communément supraconductivité
conventionnelle, se manifeste à des températures très basses, proches du zéro absolu (-273,15
°C).

Dans les supraconducteurs conventionnels, des interactions complexes se produisent


entre les atomes et les électrons libres et conduisent à l'apparition de paires liées d'électrons
ou de paires électrons/trous, appelées paires de Cooper, du nom du physicien (Leon Neil
Cooper) qui en a expliqué l'origine en 1956. L'explication de la supraconductivité est donc
intimement liée aux caractéristiques quantiques de la matière. Alors que les électrons sont des
fermions, ces paires d'électrons se comportent comme des bosons, de spin égal à 0, et sont
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« condensées » dans un seul état quantique, sous la forme d'une condensation de Bose-
Einstein.

Un effet similaire de la supraconductivité est la superfluidité ou suprafluidité,


caractérisant un écoulement sans aucune résistance, c'est-à-dire qu'une petite perturbation que
l'on soumet à ce type de liquide ne s'arrête jamais, de la même façon que les paires de Cooper
se déplacent sans aucune résistance dans un supraconducteur.

• L'alliage Cuprate-Bismuth
Les alliages à base de cuprate ont la caractéristique de devenir supraconducteurs à des
températures relativement basses (-170 à -200 °C), ce qui les rend intéressant pour les
transmissions d'énergie électrique en étant refroidi à l'hélium ou à l'azote liquides.

C) Les Semi-conducteurs
Un semi-conducteur est un matériau qui a les caractéristiques électriques d'un isolant,
mais pour lequel la probabilité qu'un électron puisse contribuer à un courant électrique,
quoique faible, est suffisamment importante. En d'autres termes, la conductivité électrique
d'un semi-conducteur est intermédiaire entre celle des métaux et des isolants à proprement
parler.

Le comportement électrique des semi-conducteurs est généralement modélisé à l'aide


de la théorie des bandes d'énergie. Selon celle-ci, un matériau semi-conducteur possède une
bande interdite suffisamment petite pour que des électrons de la bande de valence puissent
facilement rejoindre la bande de conduction. Si un potentiel électrique est appliqué à ses
bornes, un faible courant électrique apparait, provoqué à la fois par le déplacement de tels
électrons et celui des « trous » qu'ils laissent dans la bande de valence.

La conductivité électrique des semi-conducteurs peut être contrôlée par dopage, en


introduisant une petite quantité d'impuretés dans le matériau afin de produire un excès
d'électrons ou un déficit. Des semi-conducteurs dopés différemment peuvent être mis en
contact afin de créer des jonctions, permettant de contrôler la direction et la quantité de
courant qui traverse l'ensemble. Cette propriété est à la base du fonctionnement des
composants de l'électronique moderne : diodes, transistors, etc.

Le silicium est le matériau semi-conducteur le plus utilisé commercialement, du fait de


ses bonnes propriétés, et de son abondance naturelle ; il existe également des dizaines d'autres
semi-conducteurs utilisés, comme le germanium, l'arséniure de gallium ou le carbure de
silicium.

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Chapitre 2
Les isolants électriques

Définition
D’une manière simple on considère un isolant ou un diélectrique, tout matériau dont
la résistivité électrique est très élevée (comprise entre 108 et 1016 Ω.m) s’opposant ainsi au
passage de courant faute d’électrons libres.

Physiquement, une matière est classée isolante lorsque la bande de valence et la bande
de conduction sont séparées par une énergie supérieure à 5 eV.

Selon leur état physique, les isolants sont classés en trois catégories :
1) les isolants gazeux (l’air, l’hexafluorure de soufre « SF6 », etc. …)
2) les isolants liquides (les huiles minérales, les huiles organiques, les pyralènes, les
askarels etc. …)
3) Les isolants solides (papier press pahn, bakélite, le verre, la porcelaine, le
polyéthylène, etc. …)

Important : les askarels et pyralènes sont des produits à base d’halogènes. A cause de
leur toxicité à température élevée (dégagement de dioxine) et de leur non
biodégradable, ils sont interdits d’usage et cela malgré leur bonne tenue diélectrique.

En plus de leur rôle d’isolation électrique qui consiste à séparer électriquement deux
niveaux de tensions différents, les isolants pourraient jouer d’autres :

1) Mécaniquement (système de fixation des lignes au pylône)


2) Thermique (refroidissement des transformateurs haute tension, forte puissance)
3) Chimique (éviter les corrosions entre les éléments d’un transformateur)

1 Caractéristiques diélectriques d’un isolant :


1.1 La permittivité :
La permittivité est une caractéristique intrinsèque d’un matériau.

Soit un condensateur plan avec de surface S et d’épaisseur d (fig. 1). La capacité de ce


𝑆𝑆
système est 𝐶𝐶0 = 𝜀𝜀0 𝑑𝑑 .

Epaisseur d
Surface S

Vide
(ou air)

Fig. 1 : le condensateur plan.


𝑆𝑆
Si l’on remplace l’air par un autre matériau, cette capacité vaudra : 𝐶𝐶1 = 𝜀𝜀1 𝑑𝑑 .
Le rapport C1/C0=εr est dit permittivité relative. Pour l’air εr=1 et pour tous les εr>1
La permittivité absolue est donnée par ε=ε0εr avec ε0=8,85.10-12 F/m.

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Il est aussi connu que le champ électrique à l’intérieur d’un matériau est inversement
proportionnel à la permittivité de ce matériau.

Important : A noter que la permittivité est en réalité un nombre complexe lorsque l’on
tient compte des pertes diélectriques qu’on abordera par la suite.

1.2 La rigidité diélectrique :


Lorsqu’on augmente la tension (i.e. le champ électrique) appliquée à un isolant électrique,
d’épaisseur d, au delà d’un certain seuil dite tension de décharge Ud, ce dernier perd sa
caractéristique isolante et il se forme un arc électrique joignant les deux électrodes. On dit,
dans le cas général, qu’il y a décharge disruptive.

Si l’isolant est gazeux on parlera d’amorçage. Dans le cas d’un liquide on emploie le
terme claquage et perforation dans les solides.
𝑈𝑈𝑑𝑑
La rigidité est définie par le rapport 𝑅𝑅 = . Son unité est V/m (kV/cm est plus utilisée) et
𝑑𝑑
est la même unité que le champ électrique.

La définition, générale, peut être énoncée comme suit : La rigidité diélectrique est le
champ électrique critique minimal en champ uniforme susceptible de générer une décharge
électrique.

La rigidité diélectrique dépend de plusieurs facteurs :


- La forme des électrodes : plus le champ électrique dans un système est uniforme plus
le système est rigide.
- De la distance inter-électrodes : plus la distance inter-électrodes augmente plus la
rigidité diminue
- De la forme de la tension appliquée.
- De l’environnement (pression, température et humidité de l’environnement).

1.3 Facteur de pertes diélectriques ou facteur de dissipation diélectrique


Le courant dans un condensateur parfait (i.e. isolant idéal) est déphasé de π/2 en avance
par rapport à la tension (fig. 2). Or un isolant n’est jamais parfait ou peut devenir non parfait
sous l’action du champ électrique appliqué.

Ic

C
Ic
I = jωCU
Uc
90°
Uc

Fig. 2 : Schéma d’un isolant parfait.

En effet, lorsqu’on applique un champ électrique à un isolant des pertes diélectriques, par
polarisation ou autres mécanismes, peuvent se développer. Dans ce cas le courant dans le
condensateur est déphasé d’un angle α par rapport à la tension (fig. 4). L’angle δ
complémentaire à ce dernier est dit angle des pertes diélectriques et sa tangente est appelée
facteur des pertes diélectriques.

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Ic
δ Courant réel I
tgδ = = R
Courant imaginaire Ii
α
tgδ : Facteur de pertes diélectriques
Uc

IR
Fig. 3 : Schéma d’un isolant réel.

En examinant l’expression donnant le courant en fonction de la tension I = jωCU


Sachant que C=C0εr, ce courant s’écrira I = jωC0ε r U

Lorsque le condensateur (isolant) est parfait, le déphasage entre la tension et le courant


est de 90° donc la permittivité relative est une valeur réelle, par contre lorsque l’isolant n’est
pas parfait la permittivité est complexe. Elle s’écrit
ε r = ε 'r − jε 'r'

Le signe (–) est conventionnel.

Le courant sera donné par ( ) (


I = jωC0ε r U = jC 0ωU ε 'r − ε 'r' = C0ωU ε 'r' + ε 'r )
ε 'r'
tgδ =
et ε 'r

Le schéma équivalent peut être série ou parallèle. Le coefficient de pertes diélectriques


obtenu pour chacun des cas est différent.

Les schémas équivalents  j 


u  R s + 
*) Série u u  CSω 
I= = =
Z R −j 1 R S2 +
1

CS RS
S
CS ω (CSω)2
Ic I réel
tgδ = = R S CS ω
Iimag
Uc

*) Parallèle
II CP
I réel u / R p 1
IR RP tgδ = = =
Iimag C P ωu R P C P ω

Uc

Expérimentalement, la mesure de tgδ en fonction de la pulsation ω donne le résultat de la


fig. 4:

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tgδ

Parallèle Série

Fig. 4: Variation de pertes diélectriques en fonction de la fréquence.

Nous constatons ainsi que pour les faibles fréquences le schéma équivalent est parallèle
et que pour les hautes fréquences, le schéma équivalent série est le plus adéquat.

Mesure des pertes diélectriques


Pont de Schering
Pour mesurer le coefficient de pertes diélectriques, on utilise le pont de Schering (fig.
5) dont le principe est identique à celui de Wheatstone.

 1
 Z = R +
jC x ω
x x

 Z = 1
 N
jC N ω

 Z3 = R 3
 1
 R4
jC 4 ω
Z 4 =
 R +
1
 4
jC 4 ω

Fig. 5: Pont de Schering.

On a :

A l’équilibre, on a Zx.Z4=ZN.Z3

Après manipulations mathématiques, on aura


R4 ωC x C 4 R 3
CX = CN tgδ = ⇒ tgδ = R 4 C 4 ω
R3 et CN
Il faut savoir que la branche
dans laquelle on place le matériau à étudier est constituée d’une cellule de géométrie fixe.

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La capacité de cette cellule à vide C0 est fournie par le constructeur. Cette dernière
information nous permet donc de déterminer la permittivité relative du matériau
considéré.
Cx
εr =
C0

Les décharges partielles


Les matériaux isolants de qualité technique comportent des inclusions de particules
étrangères et de vacuoles gazeuses. L’application d’une certaine tension à ces isolants
engendre des champs électriques très élevés dans les vacuoles que dans l’isolant. Ce qui aura
pour conséquence de générer des décharges à l’intérieur de ces cavités.

Ces décharges sont principalement dues à deux facteurs :

- La permittivité diélectrique de l’isolant solide étant toujours plus élevée que celle de l’air
(2 à 6 fois), le champ dans l’air se retrouve autant de fois plus élevé (en vertu des
conditions de passages du champ électrique d’un milieu à l’autre) ;
- La rigidité diélectrique de l’air est plus faible que celle de l’isolant solide (environ 10
fois).

Schéma équivalent des décharges partielles


Le schéma équivalent d’un isolant contenant une vacuole d’air est représenté en figure
6 où les condensateurs CC, Cd et Ci sont respectivement capacité de la cavité, de l’isolant au
droit de la cavité et du reste de l’isolant.

uc Cc

u Ci
Cd

Figure 6 : Schéma équivalent d’un matériau présentant des décharges partielles

*) Définition :
Une décharge partielle est une décharge électrique dont le trajet se développe sur une
partie de l’intervalle isolant d’un système d’isolation.

La charge apparente d’une décharge partielle :


La charge apparente q d’une décharge électrique est la charge qui, si elle était injectée
entre les bornes de l’objet en essai engendrerait momentanément la tension entre ses de la
même quantité que la décharge partielle elle-même.

Mesure directe des décharges partielles


Cette méthode directe de mesure des décharges partielles utilise le montage indiqué en
figure 7.

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Etant donné que le calibrage de l’appareil de mesure est fonction des paramètres
diélectriques de l’objet, il est nécessaire de recalibrer à chaque changement en suivant les
étapes :
• Etalonnage de l’appareil de mesure d’amplitude au moyen du générateur auxiliaire
calibré ;
• Mesure de l’amplitude des décharges partielles.
Z

C0

u G Ca Ck

Vers mesure

Zm

Z : Filtre chargé d’atténuer les perturbations provenant de l’alimentation


Ca : Objet d’essai
Ck : Condensateur de liaison dépourvu de décharges partielles
G et C0 : Calibreur auxiliaire
Zm : Impédance de mesure

Figure 7 : Schéma de mesure directe des décharges partielles

Choix d'un matériau isolant: Exemple d'un liquide


Un matériau isolant est certainement destiné à assurer une fonction électrique,
toutefois son choix peut être dicté par d'autres caractéristiques mécaniques, physiques,
chimiques ou thermiques qui peuvent avoir une importance prépondérantes devant les
caractéristiques électriques.
Pour illustrer cette dernière information, nous examinons le cas d'un isolant liquide.

2. Rôle des huiles isolantes


- évacuer les pertes d'énergie;
- isoler au sens strict (c'est-à-dire ralentir l'oxydation de l'isolation solide),
- isoler au sens électrique.
A côté de ces trois fonctions fondamentales, il y a lieu d'ajouter la fonction de
résistance à l'incendie, dont le pouvoir d'extinction des arcs électriques, et le pouvoir
lubrifiant, pour les matériels renfermant des pièces en mouvement.

3. Comment choisir un liquide diélectrique


Avant de choisir un liquide diélectrique, il faut prendre en considération certains
facteurs, à savoir:
 La toxicité du produit (pollution froide): la toxicité du produit est à prendre en compte
dans tous les cas d’éclatement de transformateur sans incendie.
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 Le vieillissement: le liquide a-t-il tendance à vieillir et s’altérer très vite en fonction


du temps?
 L’embrasement du diélectrique dépend de son point d’ébullition et de la résistance
mécanique du transformateur. Les huiles minérales isolantes remplissent ces conditions;
pour cela elles sont très utilisées.
 L’opacité des fumées: de toute évidence, un diélectrique ne dégage de fumées qu’à
partir du moment où il a pris feu; l’opacité des fumées peut gêner gravement les secours.

Toutefois, la fabrication de l’huile isolante finie est orientée par les tendances des
huiles de base; le choix d’une ou plusieurs huiles de base est à déterminer en fonction :

 Des caractéristiques physiques et chimiques que l’on désir conférer à l’huile finie
comme la viscosité, la densité, la stabilité,
 De la nature chimique recherchée: paraffinique, naphtenique ou mixte [16].

4. Caractéristiques d’une huile minérale isolante


Le choix d’une huile isolante repose sur un nombre important de propriétés telle que :
 Les propriétés physiques;
 Les propriétés chimiques;
 Les propriétés électriques.

4.1 - Les propriétés physiques


4.1.1 La viscosité
4.1.2 Point de congélation
4.1.3- Le point d’écoulement
4.1.4 - Le point de feu
4.1.5 - Le point d’éclair
4.1.6- Capacité thermique
4.1.7- Conductivité thermique
4.1.8 - Masse volumique
4.1.9 - Aspect. Couleur. Caractéristiques optiques.
4.2- Les propriétés chimiques
4.2.1 - L’acidité totale
4.2.2 - Oxydation des huiles minérales isolantes
4.2.3 - La teneur en soufre
4.3 - les propriétés électriques
4.3.1 - La permittivité ou la constante diélectrique
4.3.2 - La rigidité électrique
4.3.3 - Le facteur de dissipation diélectrique (tg δ)

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Chapitre 3
Les matériaux magnétiques

Le magnétisme est une propriété fondamentale de la matière. Il se manifeste sous des


formes variées:

• Le diamagnétisme, caractérisé par l'apparition dans la matière d'une aimantation opposée


au champ qui lui donne naissance. On observe ce phénomène à un très faible niveau dans
plusieurs corps "normaux", et d'une manière beaucoup plus spectaculaire dans les
supraconducteurs. L'origine physique des manifestations diamagnétiques est très différentes
dans ces deux cas.

Description classique du diamagnétisme


Quand on applique un champ magnétique, le flux magnétique passant à travers la
surface décrite par la trajectoire fermée de l'électron est modifié. L'électron réagit selon le
phénomène classique d'induction, ce qui induit un moment magnétique opposé et
proportionnel au champ appliqué. C'est l'origine du diamagnétisme qui est un phénomène
présent dans tous les matériaux mais qui peut être masqué par les autres phénomènes (en
particulier paramagnétiques) dont l'effet est plus important.

Limite de la description classique


Cette description a ses limites. En effet, on a dû supposer que le rayon de l'orbite de
l'électron était constant ; autrement le calcul donnerait une réponse magnétique nulle. Ainsi, il
n'est pas possible d'ignorer l'aspect quantique de ce phénomène : en 1919, dans sa thèse de
doctorat, J.H. van Leeuwen prouva qu'il était impossible d'expliquer le magnétisme
uniquement à l'aide de l'électrodynamique de Maxwell et de la mécanique statistique
classique. C'est l'essence du théorème de Bohrvan Leeuwen.

Description quantique du diamagnétisme


Dans les isolants : si la vision classique du diamagnétisme avec la loi de Lenz est
erronée, l'approche quantique à partir de l'écriture de l'hamiltonien en présence d'un champ
magnétique justifie cette interprétation de la modification des orbites électroniques. Dans les
métaux : en plus du diamagnétisme atomique précédent des électrons de cœur, on peut
observer une autre contribution des électrons de conduction. Celle-ci est due à la présence de
niveaux de Landau discrets (à la place de la structure de bandes continue) dès que le champ
appliqué est non nul. C'est le diamagnétisme de Landau.

Remarque : on emploie le terme de diamagnétisme parfait pour désigner le


comportement des supraconducteurs qui créent en leur sein des courants induits surfaciques
qui s'opposent à toute variation de champ magnétique et maintiennent un champ magnétique
interne nul pour les supraconducteurs de type I. Cette propriété est utilisée pour produire la
lévitation magnétique avec des supraconducteurs (de type II).

• Le paramagnétisme, ou l'aimantation, dans le sens du champ, est généralement de


module très inférieur au champ.

Le paramagnétisme ne désigne pas une propriété intrinsèque d'un matériau mais un


comportement en réponse à un champ magnétique, comportement qui peut changer selon les
conditions considérées. Ainsi, un matériau ferromagnétique devient paramagnétique quand sa
température dépasse sa température de Curie.

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Cours Matériaux et Introduction à la Haute Tension (2018/2019)

À l'échelle microscopique, on peut décrire un matériau paramagnétique comme un


ensemble de dipôles magnétiques indépendants. La réponse du système à un champ
magnétique appliqué est alors déterminée par le rapport de forces entre l'énergie magnétique
d'une part qui tend à ordonner les dipôles en les alignant selon le champ appliqué, et l'énergie
d'agitation thermique d'autre part qui favorise le désordre. Le traitement de ce problème par la
physique statistique permet de démontrer la loi de Curie qui affirme que la susceptibilité
magnétique d'un matériau paramagnétique est inversement proportionnelle à la température.

Description classique du paramagnétisme


Lorsque les atomes possèdent leur propre moment magnétique permanent, le
diamagnétisme (toujours présent) est masqué par le paramagnétisme. Sous l'effet d'un champ
magnétique extérieur, ces atomes, petits aimants permanents, s'orientent selon le champ
appliqué et l'amplifient. Ce phénomène est limité par l'agitation thermique et dépend
fortement de la température : (loi de Curie : )

Limite de la description classique


On a supposé que les moments magnétiques avaient une norme constante alors que la
mécanique classique autorise tous les moments, car encore une fois on aurait trouvé une
réponse magnétique inexistante. Le raisonnement précédent est donc semi-classique, et doit
être complété par un raisonnement quantique.

Description quantique du paramagnétisme


Dans les isolants : il faut modifier l'approche classique en se rappelant que les valeurs
possibles de la projection du moment cinétique sont discrètes. Au lieu de calculer une
intégrale donnant le paramagnétisme de Langevin, on doit calculer une somme discrète
donnant le paramagnétisme de Brillouin. Ces deux approches tendent vers le même résultat
dans la limite classique où le moment cinétique tend vers .

Dans les métaux : il existe une contribution supplémentaire due aux électrons de
conduction, mais nettement plus faible que le paramagnétisme des isolants car elle ne
concerne que les électrons près du niveau de Fermi. L'application d'un champ magnétique va
énergétiquement favoriser les électrons de spin parallèle (énergie Zeeman), et le système aura
alors plus d'électrons de conduction de spin parallèle qu'antiparallèle. Ainsi, on observe une
réponse paramagnétique, c'est le paramagnétisme de Pauli. Pour des électrons presque libres,
on montre que la réponse paramagnétique de Pauli est en valeur absolue trois fois plus grande
que la contribution de Landau. Donc le diamagnétisme est cachée par l'effet paramagnétique.

• Le ferromagnétisme, l'antiferromagnétisme, le ferrimagnétisme, l'hélimagnétisme, qui


résultent tous d'effets coopératifs entre atomes.

Les matériaux ferromagnétiques sont des corps qui ont la capacité de s'aimanter sous
l'effet d'un champ magnétique extérieur et de garder cette aimantation. Ils se distinguent des
paramagnétiques qui ne conservent pas leur aimantation à champ nul. Il en existe deux sous
catégories, à savoir les ferromagnétiques durs (qui sont utilisés pour fabriquer des aimants
permanents) et les ferromagnétiques doux. Ces matériaux sont communément utilisés dans le
monde de l'industrie, ainsi que dans la vie quotidienne. L'usage le plus commun est le
«magnet » qui est un aimant permanent (un ferromagnétique dur) que l'on collectionne sur son
réfrigérateur. L'aimantation rémanente est due à un ordre à l'échelle microscopique (défini par
l'interaction d'échange d'Heisenberg) et par un ordre à l'échelle du matériau (paroi de Bloch,
domaine de Weiss).

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En effet, lorsqu'un matériau est ferromagnétique ou ferrimagnétique, il est divisé en


domaines, appelés domaines de Weiss, à l'intérieur desquels l'orientation magnétique est
identique. Chaque domaine se comporte alors comme un aimant. Ces domaines sont séparés
par des parois dites parois de Bloch.

Ces domaines n'existent pas lorsque les dimensions du matériau sont très faibles
(quelques nm). Ces matériaux sont dits nanocristallins. Le déplacement de ces parois est
responsable des phénomènes d'hystérésis. Les anisotropies magnétiques expliquent les axes
de facile d'aimantation.

Corps ferromagnétiques
Pour l'usage industriel, le fer, le cobalt et le nickel sont les matériaux ferromagnétiques
les plus utilisés. De plus, certaines terres rares (les Lanthanides dans la classification
périodique) sont également ferromagnétiques à basse température et utilisées dans l'industrie.
En ce qui concerne les alliages, la situation est très complexe : certains alliages de fer et de
nickel ne sont pas ferromagnétiques (ex: acier inoxydable austénitique), alors que l'alliage
d'Heusler, constitué uniquement de métaux non ferromagnétiques (61 % Cu, 24 % Mn, 15 %
Al), est ferromagnétique.

Enfin, il faut ajouter les ferrites, dont la composition est de la forme (MO; Fe2O3) où
M est un métal divalent et dont le représentant le plus ancien est la magnétite Fe3O4 (FeO ;
Fe2O3).

Courbe de première aimantation


Partons d’une aimantation nulle à champ nul. En augmentant faiblement le champ
extérieur, des moments magnétiques dans certains domaines vont se retourner. Si un domaine
est déjà aligné dans le sens du champ appliqué, les domaines voisins vont petit à petit
s’aligner. Cela revient à dire que l’on a déplacé la paroi de Bloch. Ce mécanisme est
réversible pour de faible champ. Il devient irréversible pour des champs extérieurs moyens.
Enfin, pour de fortes excitations magnétiques, se produit une rotation des aimantations des
domaines dans la direction du champ extérieur. Macroscopiquement, Ms est atteinte.

Conséquences de l'hystérésis pour des matériaux ferromagnétiques


L'aimantation de la matière absorbe de l'énergie qui n'est que partiellement restituée au
cours de la désaimantation. Cette énergie est dissipée sous forme calorifique : le matériau
s'échauffe. On démontre que les pertes par hystérésis sont proportionnelles à l'aire du cycle
d'hystérésis.

Dans le cas où une substance ferromagnétique doit décrire un grand nombre de cycles
d'hystérésis (machines tournantes, transformateurs…), il faut choisir des matériaux tels que
l'aire du cycle soit aussi petite que possible. Ces matériaux sont dits magnétiquement « doux».
À l'opposé, c'est grâce à une hystérésis importante que l'on peut réaliser des aimants
permanents. On utilise pour leur fabrication des matériaux magnétiquement durs : certains
aciers à l'aluminium, au nickel ou au cobalt conviennent parfaitement. On réalise aussi des
aimants avec de la poudre de fer agglomérée dans un isolant.

Matériaux magnétiques doux


Les matériaux ferromagnétiques doux forment un sous groupe des matériaux
ferromagnétiques, ce qui signifie qu’ils sont capables de s'aimanter lorsqu'ils sont soumis à un
champ magnétique extérieur. La particularité des matériaux ferromagnétiques doux est que

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l'action de créer ou d’annuler l’aimantation dans le matériau nécessite moins d'énergie que
pour les matériaux ferromagnétiques durs. Les ferromagnétiques doux sont utilisés dans les
transformateurs, les électroaimants ou dans toute application dans laquelle le matériau
travaille à haute fréquence. Ils possèdent un champ coercitif très faible avec une très forte
susceptibilité. C'est cette forte susceptibilité qui permet d'obtenir une forte induction à partir
d'un faible champ extérieur et ainsi être utile dans les électroaimants ou à la canalisation des
lignes de champs. Un faible champ coercitif et une forte susceptibilité entrainent l'étroitesse
du cycle d'hystérésis. L'aire de ce cycle représente l'énergie dissipée sous forme de chaleur
lors d'un parcours complet du cycle, appelée « pertes magnétiques ».

Les matériaux magnétiques doux sont utilisés pour réaliser des électroaimants (leur
aimantation doit pouvoir facilement être annulée) ou des circuits magnétiques fonctionnant en
régime alternatif (machines électriques, transformateurs).

Matériaux magnétiques durs


Les matériaux ferromagnétiques durs forment un sous groupe des matériaux
ferromagnétiques. Ils possèdent une aimantation naturelle présente en absence de champ
magnétique extérieur, ainsi qu'un champ coercitif et une rémanence élevés. Comme pour les
autres matériaux ferromagnétiques, les ferromagnétiques durs ont la particularité de
s’aimanter fortement en présence d’un champ magnétique extérieur. On distingue les
ferromagnétiques durs des ferromagnétiques doux par leurs propriétés magnétiques, telles que
la forme de leur cycle d’hystérésis. Le cycle d'hystérésis des ferromagnétiques doux est fin et
allongé vers le haut, alors que celui des ferromagnétiques durs est aplati et allongé sur l'axe
des abscisses. Les matériaux ferromagnétiques durs sont à la base des aimants permanents, et
notamment des aimants à forte puissance.

Contrairement aux précédents, les cycles sont extrêmement larges : plusieurs centaines
de kA.m. Il est impossible de les dessiner dans un même repère que les précédents. Certains
de ces matériaux à base de terres rares (alliages samariumcobalt ou néodymeferbore) ne se
désaimantent pas, même lorsqu'on annule le champ magnétique interne (l'excitation vaut alors
HcB). Pour annuler (en fait inverser) l'aimantation, il est nécessaire de fournir une excitation
magnétique que l'on appelle HcM : excitation de désaimantation irréversible.

L'application de ces matériaux est la réalisation d'aimants permanents de très forte


puissance. Les ferrofluides sont des suspensions de particules aimantées de taille
nanométrique dans un liquide. Ces liquides réagissent à un champ magnétique extérieur (par
exemple, leur surface se hérisse de pointes).

Origine microscopique du ferromagnétisme


Pour obtenir un matériau avec un champ coercitif important, il faut limiter la
nucléation et/ou la propagation des parois, qui sont à l’origine du renversement de
l’aimantation. Plus l'aimantation se renverse facilement, plus le champ coercitif du matériau
est faible, et plus il y a de domaines magnétiques. Les défauts structuraux vont agir comme
sites de nucléation. Afin d’éviter ce phénomène, le matériau peut être divisé en plusieurs
parties isolées magnétiquement. De ce fait, le renversement de l’aimantation provoqué par un
défaut restera localisé, et ne provoquera pas un effet de cascade de renversement dans le
matériau. La technique la plus utilisée pour obtenir une telle microstructure est la métallurgie
des poudres.

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Domaines de Weiss
Lorsqu'un matériau est ferromagnétique ou ferrimagnétique, il est divisé en domaines,
appelés domaines de Weiss, à l'intérieur duquel l'orientation magnétique est identique. Ce
domaine se comporte alors comme un aimant. Ces domaines sont séparés par des parois dites
parois de Bloch.

Ces domaines n'existent pas lorsque les dimensions du matériau sont très faibles
(quelques nm). Ces matériaux sont dits nanocristallins. Le déplacement de ces parois est
responsable des phénomènes d'hystérésis.

• Le superparamagnétisme, qui s'observe dans des matériaux hétérogènes dont certains


constituants sont ferromagnétiques.

Un même matériau peut présenter des transitions entre différentes phases, par exemple
entre le ferromagnétisme et le paramagnétisme quand la température augmente. Le
magnétisme des ferromagnétiques et des ferrimagnétiques, par l'ampleur des effets auxquels il
conduit, présente pour le Génie Electrique une importance fondamentale, et son étude s'étend
au magnétisme technique, qui comprend la description des manifestations macroscopiques, et
la relation entre les propriétés magnétiques et l'élaboration des matériaux.

Définition des grandeurs fondamentales du magnétisme


Le champ magnétique est une grandeur ayant le caractère d'un champ vectoriel, c'est-à-dire
caractérisée par la donnée d'une norme, d’une direction et d’un sens, définie en tout point de
l'espace, permettant de modéliser et quantifier les effets magnétiques du courant électrique ou
des matériaux magnétiques comme les aimants permanents.
Par exemple, il règne un champ magnétique lorsqu'une aiguille aimantée prend une direction
déterminée.
• Direction : celle de l'aiguille aimantée qui détecte le flux magnétique du champ.
• Sens : choisi selon le sens sud-nord de l'aiguille aimantée.
• Norme : unité SI, le tesla (T).

Il existe trois sources différentes de champ magnétique :


• les aimants permanents ;
• le courant électrique (c'est-à-dire le déplacement d'ensemble de charges électriques) ;
• la variation temporelle d'un champ électrique (induction magnétique).

�⃗ 𝑒𝑒𝑒𝑒 𝐵𝐵
On parle de champ et d'induction magnétiques (notés respectivement 𝐻𝐻 �⃗ ).
H est en A/m et B en Tesla
�⃗ = 𝜇𝜇𝐻𝐻
La relation entre ceux deux grandeurs vectorielles 𝐵𝐵 �⃗
avec µ dite perméabilité magnétique

µ
µ𝑟𝑟 = = (1 + 𝜒𝜒)
µ0
Calcul d'inductance:
L'induction L d'un circuit magnétique est déduite de la relation flux magnétique-courant:
𝜙𝜙 = 𝐿𝐿. 𝐼𝐼
Cela revient à estimer le flux magnétique lorsque on injecte un courant I et l'induction est
𝜙𝜙
obtenue par le rapport 𝐿𝐿 = 𝐼𝐼
�⃗ . ����⃗
Le flux est donné par: 𝜙𝜙 = ∬𝑆𝑆 𝐵𝐵 𝑑𝑑𝑑𝑑

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�⃗ = 𝜇𝜇𝐻𝐻
avec 𝐵𝐵 �⃗
La relation entre le courant et le champ magnétique est donnée par le théorème d'Ampère qui
dit que:" la circulation du champ magnétique sur un contour fermé est égale à la somme
algébrique des courants qui traversent la surface formé par ce contour":

�⃗ . ���⃗
� 𝐻𝐻 𝑑𝑑𝑑𝑑 = � 𝐼𝐼𝑖𝑖

Caractéristiques des différents matériaux

Type χ χ M Exemples
Argent, or, cuivre, mer
Extrêmement faible,
Diamagnétisme Négatif Aucun cure, plomb, ∼tous les
de l'ordre de 10- 5
composés organiques

Très faible, de l'ordre Orientés au Platine, manganèse,


Paramagnétisme Positif
de 10- 3 hasard aluminium
Fer, cobalt, nickel et
leurs alliages
Très grande, il peut Alignés et (les aciers), ainsi que
Ferromagnétisme Positif
atteindre 10 5 parallèles certaines combinaisons
d'éléments non
ferromagnétiques
Antiferromagnétis Alignés et Chrome, oxyde de
Très grande Positif
me antiparallèles manganèse, hématite
Alignés,
Très grande, il peut
Ferrimagnétisme Positif antiparallèles Ferrite de baryum
atteindre 10 5
et inégaux

Applications
On dénombre de nombreuses applications du magnétisme dans la vie de tous les jours
et dans le monde de l'industrie, deux d'entre elles sont présentées dans cette partie.

Stockage de l'information
L’intérêt d’utiliser le magnétisme comme support de l’information s’est posé lorsque
l’on cherchait à minimiser l’énergie nécessaire au stockage. En effet, le principe repose sur les
propriétés ferromagnétiques qui permettent de garder en mémoire l’orientation d’un champ
externe appliqué. Ce sont sur des petits objets magnétiques que sont inscrites les données
sauvegardées sur un disque dur par exemple. Ce type de stockage d'information ne
nécessite pas un courant électrique et permet donc de conserver l'information dans les disques
durs sans nécessiter de batterie ou de pile.

La technologie actuellement permet de stocker de plus en plus de données sur un


espace réduit grâce à la miniaturisation de ces objets et à la précision de plus en plus élevée
des moyens de lecture de ces informations.

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Capteur de courant à effet Hall


Comme nous l’avons vu précédemment, lorsqu’un courant passe dans un conducteur,
cela provoque la création d’un champ magnétique autour de ce conducteur. Cette propriété est
utilisée pour mesurer des courants, avec les capteurs à effet Hall.

Le principe de l’Effet Hall est simple, le courant que l’on veut mesurer va générer un
champ magnétique autour du fil, et c’est ce champ magnétique que l’on va pouvoir quantifier
avec le capteur, et remonter ensuite à la valeur du courant qui parcourt le fil.

Pour des composants électroniques, les capteurs à effet Hall sont relativement peu
coûteux. On peut les retrouver dans les smart phones ou les ordinateurs portables. Ce sont eux
qui permettent de mettre en veille votre appareil quand l'écran d'un ordinateur portable est
replié.

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