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Généralité sur les matériaux

supraconducteurs

CHAPITRE IV (SUITE)
LES MATERIAUX SUPRACONDUCTEURS

1. Propriétés des matériaux supraconducteurs


1.1. Résistivité nulle

La propriété fondamental d’un matériau supraconducteur est sa résistivité nulle ( figure 1-1)
en dessous d’une température bien déterminée appelé température critique noté T c. La température
ainsi défini sépare le comportement de l’état normal du matériau de celui de son état supraconducteur.
Ceci indique que l’état supraconducteur est un nouvel état de la matière, autrement dit un état qui
correspond à un arrangement particulier du système des électrons. On peut donc dire que le
franchissement de la température critique correspond à une transition de phase.

Figure 1-1 Originale publiée par H.K. Onnes montrant que le Mercure perd sa
résistivité a une température juste inférieure à 4,2K.

1.2. Champ critique

Le champ critique pour lequel la supraconductivité est détruite même si la température est en dessous de
sa température critique Tc, pour peu que ce champ soit important. Ce comportement est lié à la pénétration
du champ dans ce supraconducteur (Effet Meissner). De plus cette valeur critique dépend du type du
supraconducteur, elle est singulière (Hc) pour les types I, tandis que les supraconducteurs de type II
possèdent deux champs critiques (Hc1 et Hc2).
1.3. Densité du courant critique Jc
C’est la limite supérieure au delà de laquelle le matériau oppose une résistance non nulle au passage
du courant. Autrement dit, un matériau supraconducteur ne peut pas supporter des densités de courant très
élevées. Cette limitation en courant va conditionner l’utilisation des matériaux supraconducteurs en tant
que conducteurs de courant.

1.4. Effet MEISSNER ou diamagnétisme parfait

Dans l’approche historique nous avons signalé que les matériaux supraconducteurs ont, en plus de la
résistivité nulle, la capacité d’expulser le flux magnétique de l’intérieure de son volume c’est que l’on
appel le diamagnétisme parfait (figure 1-2). En effet, si l’on refroidi le supraconducteur à une
température au dessous de Tc et que l’on applique un champ magnétique extérieur faible, les lignes de
champs ne pénètrent pas les matériaux supraconducteurs. Le champ magnétique à l’intérieur du matériau
𝐵 est donc nul. Cette caractéristique appelée «effet Meissner » n’est pas une propriété d’un conducteur
parfait qui est seulement caractérisé pas sa résistance nulle. Aussi, Meissner va expliquer cette propriété
du supraconducteur par l’apparition de supra-courants à la surface du matériau (la loi de Lenz) créant un
flux magnétique (𝐵#) qui s’oppose exactement au champ magnétique extérieur :

𝐵 = 0 = µ0 𝐻a + 𝐵S = µ0 (𝐻a + 𝐻aχ) d’où χ = -1

Figure 1-2 : Effet Meissner, lévitation


d’un supraconducteur.

T > Tc T < Tc

2. Surface critique
Le champ critique, la température, et la densité de courant critique constituent un domaine
supraconducteur au delà duquel le matériau retrouve son état normal, c'est-à-dire que ces trois grandeurs
physiques forment une surface critique délimitant un volume pour lequel le matériau cesse d’être
dissipatif (figure 1-3).

Figure 1-3 : Illustration de la


dépendance fonctionnelle de l'état
supraconducteur en ce qui concerne le
champ magnétique, la température et la
densité de courant.

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3. Classifications des matériaux supraconducteurs
3.1. Supraconducteur de type 1

Pour les supraconducteurs de types I, il n’existe qu’un seul champ magnétique critique H c1, et ainsi
que deux états : supraconducteur ou normal. Le champ magnétique pénètre partiellement dans le matériau
sur une longueur, appelé longueur de London, dans laquelle se développe des super courants. Les
supraconducteurs de ce type sont essentiellement des corps purs, comme le mercure (Hg), l’indium (In),
l’étain (Sn) et le plomb (Pb). Dans la figure 1-4, la caractéristique H(T) d’un supraconducteur de type I
est présentée. Le champ critique étant relativement faible puisqu’ils ne dépassent pas 0,2 Tesla,
cela explique que les supraconducteurs de type I sont sans intérêt pratique en électrotechnique.

La variation du champ magnétique critique Hc en fonction de la température T (figure 1-


4) (diagramme de phase) vérifie la relation suivante:
𝟎 𝟏− 𝑻 𝟐
HC(T) = 𝐇𝑪 𝑻𝑪

Avec 𝐇𝟎𝑪 le champ à la température nulle.


Figure 1-4 Variation du champ critique en fonction de la température pour un supraconducteur de
type I.

3.2. Supraconducteurs de types II


Ces supraconducteurs possèdent deux champs critiques, Hc1 et Hc2 nettement plus élevé
que le premier (jusqu’à plusieurs centaines de Teslas dans les oxydes). Ceux-ci présentent en outre des
valeurs plus élevées de température, ou de champ et de courant critiques (figure 1-5).
La présence de deux champs critiques rend les choses plus compliquées. Trois zones à considérer :
- Zone 1 (H < Hc1) : Le comportement est analogue à celui des supraconducteurs de type I.
- Zone 2 (Hc1 < H < Hc2) : L’état mixte se caractérise par une pénétration partielle du
champ magnétique sous forme de vortex, et donc un diamagnétisme partiel.
- Zone 3 (H > H c2) : Le matériau redevient normal.

Figure 1-5 Variation du champ critique en fonction de la température pour un supraconducteur de type II.

5. Théorie BCS de la supraconductivité


5.1. Paires de Cooper
Nous avons beaucoup introduit la notion de paire de Cooper dans notre analyse sur
la supraconductivité, dans cette partie on va bien l’illustrer en détail.
Considérons un électron voyageant dans le réseau cristallin. Les noyaux positifs à proximité
desquels sont attirés par sa charge négative. Beaucoup plus lourds que les électrons, ils se
déplacent cependant légèrement au passage de l’électron (figure 2-6).
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Un autre électron arrivant en sens opposé va subir l’influence de ce déplacement de charges
positives
(figure 2-7).

Cela conduit à un couplage entre les deux électrons, couplage qui subsiste sur une très
longue distance (plus de 1000 fois la maille cristalline). Cela peut sembler très étrange, mais ça a
été vérifié expérimentalement. Le couplage est appelé une interaction phonon. Le nouvel objet quantique
formé de ces deux électrons est appelé une paire de Cooper.

Figure 2-6 : Le premier électron déforme le cristallin. Figure 2-7 Attractions de second électron par la
charge positive de déformation.
5.2. Théorie BCS

À la température ambiante les électrons d’un métal (Fermions) se comportent comme des
ondes indépendantes les unes des autres. Dès qu’elles rencontrent un défaut ou un phonon ces
ondes sont facilement perturbées et déviées. Certains électrons cèdent alors une partie de leur énergie au
métal et sont ralentis. Le métal s’échauffe par effet joule : c’est la résistance électrique.

Le modèle BCS découvert en 1957 par Bardeen, Cooper et Schrieffer, qui leur valut le prix Nobel,
permet d’expliquer la supraconductivité dans les métaux. Ce modèle est basé sur l’hypothèse
d'une interaction attractive, à très basse température, entre les électrons de conduction, conduisant
à la
formation des paires de Cooper. Ces paires se comportent comme des particules de spin entier, et donc

comme des bosons. Les paires de Cooper se superposent pour former une grande onde collective
le condensat (voir la figure 2-8). Celui-ci occupe tout le matériau et est insensible aux défauts. Les paires
se déplacent alors sans rencontrer la moindre résistance, d'où la supraconductivité.

Figure 2-8 : Formation des paires de


Cooper à très basse température.

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Le modèle BCS permet de rendre compte d'un certain nombre de propriétés de la supraconductivité,
dont la température critique. En effet, la formation de paires provoque l'apparition d'une bande interdite au
voisinage du niveau électronique le plus haut occupé appelé niveau de Fermi :

L'énergie de chaque électron est abaissée d'une quantité ∆ et donc l'énergie nécessaire pour rompre
une paire vaut 𝑬𝒈 = 𝟐∆, C’est l’énergie de gap du supraconducteur. Cette énergie peut être fournie par
agitation thermique, et donc pour que le matériau reste (et donc soit) supraconducteur il faut que:
𝒌𝑩𝑻 < 𝑬𝒈 Ce qui explique l'existence d'une température critique TC définie par :
𝐄𝐠 𝟐∆
𝑻𝑪 = =𝐤
𝐤𝐁 𝐁

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6.Les application de la supraconductivité:

1. Les câbles supraconducteurs :


Un câble supraconducteur est une application naturelle car on a une conduction de courant
sans perte d’énergie, mais elle n’est pas très favorable d’un point cryogénique à cause du coût élevé.

Le câble supraconducteur offre une capacité de transport d’électricité cinq fois supérieur à
celle d’un câble en cuivre de même diamètre total, avec des pertes électriques bien moindres.

Figure 3-1 : Coupe de câble supraconducteur. Source(Nexans)

Les câbles supraconducteurs occupent moins d’espace que des câbles similaires en cuivre
sans émettre ni champs électromagnétiques ni dégagement de chaleur alors que les lignes classiques à
haute tension émettent des champs électromagnétiques qui peuvent être néfaste à la santé. Cela permet de
placer plusieurs câbles près les uns des autres, ce qui se traduit par un gain de place dans les
conduites souterraines, une caractéristique particulièrement intéressante pour les centres villes.

L’image de la figure 3-2 illustre parfaitement le gain de place offert par les câbles supraconducteurs,
on peut constater que pour la même quantité d’électricité transportée, un seul câble supraconducteur suffit
contre une ligne haute tension et une multitude de câbles conventionnels. L’avantage est évident.
Figure 3-2 : Gain de place en utilisant Les câbles supraconducteurs

Sumitomo Electric Industries Ltd réalisa le premier câble supraconducteur en 2004 capable
de transporter 130 fois plus d’électricité qu’une ligne conventionnelle. En 2006 une ligne de 350
m fut réalisée à Albany (USA) de 34,5 kV et 800 ampères. Les câbles étaient réalisés avec un oxyde de
cuivre comportant du bismuth (Bi) et baignait dans l’azote liquide.

2. Sustentation électrodynamique (MAGLEV) :


Un train à sustentation magnétique est un monorail qui utilise les forces électromagnétique pour se
déplacer, on se base seulement sur le phénomène de sustentation électrodynamique (EDS) qui utilise la
supraconductivité.
Dans cette technologie on utilise des électro-aimants supraconducteurs placée le long du
train refroidit à l’Azote liquide pour manifester l’effet Meissner, et des électro-aimants normale cette fois-
ci le long du voie pour contrôler le train depuis la cabine de pilotage.
Le Maglev est donc un système dans lequel le train fonctionne en lévitation sur la voie de guidage
en utilisant les forces électromagnétiques entre les aimants super conducteur à bord du train et
des enroulements sur le rail.

Figure 3-3 : Lévitation du train sur la voie de guidage.

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Principe : On circule un courant électrique dans les électro-aimants supraconducteurs qui sont
placé à l’intérieur du train, puisque il n’y a pas de perte énergétique cette étape faite une seul fois, au
contraire si on considère les électro-aimants du voie qui sont contrôler depuis la cabine de pilotage par des
Passe/Arrêt successifs des courant électrique, cette alternance doit être synchronisé avec la vitesse et le
déplacement du train, le train avance donc par une succession d’attraction et répulsion.

Figure 3-4 : Schémas illustrant le principe de fonctionnement d’un MAGLEV.

Le freinage est réalisé par des freins aérodynamiques (ailettes), et aussi par la diminution de la
fréquence et l’intensité du courant destiné à la propulsion, le freinage par la résistance de l’aire est autant
plus important que la vitesse du train et élevée.
Le record de vitesse obtenu avec cette technologie est de 603 km/h obtenu en avril 2015.

3. Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) :


L’IRM est une technique médicale qui permet de réaliser des images du corps en utilisant
des propriétés magnétique ; les atomes d’hydrogène (qui représentent 63% des atomes du corps humain)
des tissus sont excités par des champs magnétiques produits par des électro-aimants supraconducteurs.

Figure 3-5 : Photo d’une machine IRM


Principe d’IRM : L’IRM consiste à détecter les mouvements de l’aimantation des noyaux
des
atomes qui constituent la matière, il faut tout d’abord aligner cette aimantation suivant une
direction particulière à l’aide d’un champ magnétique intense 𝐵é appelé champ principale de
l’imageur, il faut ensuite faire basculer l’aimantation à l’aide d’un second champ magnétique
𝐵è, alternatif et
perpendiculaire au champ principale que l’on applique pendant une courte durée à l’aide d’une antenne
d’émission. En fin on détecte le signal émis par l’aimantation lorsqu’elle retourne dans sa
position initiale, c'est-à-dire parallèle au champ principal 𝐵é , à l’aide d’une antenne de réception. Selon
la nature
du milieu où est le noyau l’aimantation ne remonte pas à la même vitesse cela permet alors de faire une
cartographie IRM du corps.

Figure 3-6 : Les étapes de la résonance magnétique de l’IRM

L’IRM a révolutionné la médecine moderne en permettant de voir dans le corps humain sans aucun
effet néfaste contrairement à la plupart des autres méthodes comme le scanner aux rayons X.

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