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Vulgarisation
Agricole en
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Afrique
Aruna Bagchee
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Documents de synthèse de la Banque mondiale
Série du département technique Afrique
Vulgarisation
Agricole en
Afrique
Aruna Bagchee
Banque mondiale
Washington, D.C.
Condensé
Des projets de vulgarisation agricole sont en cours dans quelque 30 pays d'Afrique
subsaharienne avec le soutien de la Banque mondiale. Des responsables des systèmes de
vulgarisation et de recherche dans ces pays ont été réunis, en janvier 1993, dans deux ateliers
d'une semaine chacun, en Accra pour les pays anglophones et en Abidjan pour les pays
francophones. Ce rapport fait une synthèses de délibérations de ces ateliers. Les principaux
thèmes discutés sont passés en revue, avec leurs implications sur les politiques.
ix
Abréviations et sigles
xi
Résumé analytique
Les pays étaient représentés par de hauts fonctionnaires de leurs services nationaux de
recherche et de vulgarisation, tandis que la délégation de la Banque mondiale, composée de divers
agents du siège et des bureaux extérieurs, était conduite par MM. Edward V. K. Jaycox, vice-
président pour l'Afrique, et Daniel Benor, son conseiller pour les questions agricoles. En outre,
des orateurs distingués, de nombreux experts et quelques représentants d'oNG avaient également
été invités.
Les délibérations, qui ont duré deux semaines, ont mis en lumière quelques aspects
intéressants des systèmes de vulgarisation en Afrique. Les participants aux rencontres d'Abidjan
et d'Accra ont soulevé essentiellement les mêmes questions. La principale différence entre les
deux ateliers réside dans le fait que l'importance de la gestion des ressources naturelles a été plus
marquée à l'atelier d'Abidjan qu'à celui d'Accra. Par ailleurs, la question de l'accès des
paysannes aux bénéfices de la vulgarisation a été discutée plus intensément à l'atelier d'Accra,
tandis qu'à celui d'Abidjan, c'est la manière d'instaurer d'une collaboration plus étroite entre les
agents de vulgarisation et les divers types d'organisations agricoles qui a obtenu le plus
d'attention.
Les principaux problèmes et préoccupations exprimés dans les deux ateliers s'articulent
autour de quatre thèmes principaux: Gestion de la vulgarisation, Technologie, Formation et
Vulgarisationpour certainescatégoriesd'agriculteurs.
1
Pour ce qui est de la technologie, les participants se sont montrés préoccupés par la
lenteur avec laquelle les technologies appropriées au contexte africain étaient mise en oeuvre.
Sans un renforcement de l'infrastructure de recherche actuelle et une amélioration de la liaison
recherche-vulgarisation, les services de vulgarisation ne pourront pas avoir une grande efficacité
sur le terrain. Les participants, particulièrement ceux de l'atelier d'Abidjan, ont également
souligné la nécessité de coordonner les efforts du personnel des services de vulgarisation et de
celui des projets de gestion des ressources naturelles.
Plusieurs recommandations de grande portée ont été faites à ces ateliers. (Il est à noter
que, dans ce rapport, le terme "atelier" fait référence indifféremment à l'une ou l'autre des
sessions et que lorsqu'il s'agit spécifiquement de l'atelier d'Abidjan ou de celui d'Accra cela est
précisé dans le texte.) Voici quelques unes des suggestions les plus importantes qui ont été
proposées à l'attention de la Banque mondiale et des gouvernements concernés:
ii) Porter une plus grande attention à la recherche dans des domaines négligés
jusqu'à ce jour: les cultures dites "orphelines", telles que les patates douces, les
ignames et le manioc, ainsi que les cultures intercalaires et, encore, la gestion des
ressources naturelles.
iii) Aligner les efforts de recherche sur les systèmes intégrés de production à petite
échelle, grâce à l'introduction de recherches en milieu paysan, similaire à
l'approche pluridisciplinaire, centrées sur le paysan, et de recherches sur les
systèmes de production.
iv) Améliorer les liaisons entre les services de vulgarisation et d'autres agences, en
mettant davantage l'accent sur le changement d'attitude, ou le "réalignement
émotionnel", des différentes hiérarchies plutôt que sur la création de nouvelles
structures institutionnelles.
2
v) Favoriser l'établissement de services nationaux unifiés de vulgarisation: a) en
évitant, du moins à l'avenir, d'approuver des projets séparés de vulgarisation
(projets concernant des denrées spécifiques ou projets "enclaves") en dehors des
programmes nationaux de vulgarisation et b) en veillant à ne pas encourager des
projets de vulgarisation qui présentent un risque de conflits (par exemple, ceux
qui impliquent des subventions, la livraison à domicile d'intrants ou encore des
crédits liés).
vii) Inclure dans les messages de vulgarisation des conseils sur la gestion des sols et
la conservation des ressources hydrauliques au niveau de l'exploitation agricole.
Parallèlement, les directeurs des programmes de gestion des ressources naturelles
et de F&V doivent explorer les possibilités de collaborer ou d'harmoniser leurs
perspectives.
viii) Faciliter la création, sous l'égide de la Banque mondiale, d'un centre africain,
régional ou international, pour échanger régulièrement les expériences et les idées
nouvelles en matière de vulgarisation et servir de centre d'excellence pour le
perfectionnement et la documentation de la vulgarisation, ainsi que pour
l'évaluation de ses méthodes. Entre temps, un bulletin périodique pourrait être
lancé pour permettre des échanges d'idées et d'expériences.
ix) Envisager l'organisation, dans deux ou trois ans, d'une conférence panafricaine
sur les problèmes de vulgarisation, qui faciliterait les échanges d'expérience à
l'échelle du continent.
3
1. Préambule
La Banque mondiale a soutenu les initiatives de vulgarisation à petite échelle depuis 1970
environ, quand elle a commencé à financer les projets de développement rural intégré. Depuis
que l'accent est passé des projets de développement rural intégré à des projets de développement
d'institutions nationales, au début des années 1980, la Banque a encouragé la réorganisation des
systèmes nationaux de vulgarisation agricole en Afrique, sous les conseils de M. Daniel Benor.
Ces réformes ont été lancées, en 1981 au Kenya', par un projet pilote fondé sur le système de
vulgarisation par formation et visites (F&V)Y,qui a été suivi d'un projet régulier en 1983. Depuis
lors, des projets de vulgarisation financés par la Banque ont été démarrés dans quelque 30 pays
(voir la carte à la fin de l'ouvrage).
Reconnaissant la nécessité de fournir une assistance aux pays qui souhaitent réorganiser
leurs services de vulgarisation grâce à des projets financés par la Banque, cette dernière a
détachés des spécialistes de la vulgarisation dans les missions régionales d'Abidjan et de Nairobi,
ainsi que des agents des services agricoles et de vulgarisation dans les missions résidentes de 18
pays: le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la République Centrafricaine (RCA), la Côte
d'Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Kenya, Madagascar, le Malawi, le Mali, le Niger, le Nigéria,
le Sénégal, la Tanzanie, le Tchad, la Zambie et le Zimbabwe.
Des ateliers de vulgarisation, organisés par la Banque pour les responsables de l'exécution
des réformes de la vulgarisation dans les pays de l'Afrique subsaharienne, ont déjà eu lieu à
Ibadan (Nigéria) en janvier 1989, à Bouaké (Côte d'Ivoire) en octobre 1990 et à Kisumu (Kenya)
en décembre 1990. Ces ateliers, surtout les deux derniers, ont été articulés autour de thèmes
spécifiques, comme la formation et les liaisons recherche-vulgarisation. Ils ont servis de forums
très utiles aux participants qui ont ainsi pu échanger leurs expériences de la mise en oeuvre des
réformes de la vulgarisation.
Ces premiers ateliers ont été suivis par un séminaire organisé, exclusivement pour les
agents de la Banque, à Lilongwe (Malawi) en février 1991. Celui-ci a eu pour objectif de
préparer des ateliers, qui devaient avoir lieu deux ou trois ans plus tard. Il a rassemblé des
représentants des pays qui avaient des programmes de vulgarisation en cours de réalisation. Le
compte rendu de Lilongwe a été publié par le Département technique pour l'Afrique3 .
5
la vulgarisation a eu un excellent effet sur la production et ils offrent de précieux enseignements
opérationnels. Enfin, au fur et à mesure que les pays entrent dans la deuxième phase de leurs
programmes nationaux de vulgarisation, ils sont confrontés à de nouveaux défis. Il faut
désormais accorder plus d'attention à la gestion de l'environnement et aux services destinés aux
paysannes. Ceci va augmenter la responsabilité et les complexités de la vulgarisation, qui devient
de plus en plus pluridisciplinaire.
Il a donc semblé opportun de réunir les principaux dirigeants des services de vulgarisation
et de recherche des pays africains 4 pour discuter des problèmes clés, présents et futurs, de la
vulgarisation. C'est pourquoi, l'Institut de développement économique (IDE) de la Banque
5
mondiale et la division Agriculture du Département technique pour l'Afrique (AFTAG) ont
organisé conjointement les ateliers sur la Vulgarisation agricole en Afrique de janvier 1993, qui
ont eu lieu en Accra (Ghana) du 18 au 23 janvier 1993 et en Abidjan (Côte d'Ivoire) du 25 au
29 janvier 1993.
Objectifs
Le sujet principaldes ateliersétait: Améliorerl'efficacitéde la vulgarisationagricoleen
Afrique subsaharienne. Leurs objectifs étaient de:
i) identifier et classer par ordre de priorité les problèmes opérationnels relatifs aux
programmes de vulgarisation et de recherche en vue d'améliorer l'efficacité des
opérations de vulgarisation sur le terrain,
Participants
Les participants aux ateliers étaient des cadres supérieurs des services de vulgarisation
et de recherche des pays africains. Vingt-sept représentants de 10 pays anglophones ont participé
à l'atelier d'Accra et 41 représentants de 16 pays francophones ont participé à celui d'Abidjan.
Un certain nombre de fonctionnaires de la Banque, tant du siège que des missions résidentes, ont
également participé à ces ateliers. Des organisations internationales, comme le Service
international de la recherche agricole nationale (SIRAN) et le Programme spécial pour la recherche
agricole en Afrique (PSRAA) y ont également envoyé des représentants. Les ateliers ont aussi
bénéficié de la présence de quelques experts qui ont participé aux discussions des séances
plénières, ont animé les débats des groupes de travail et apporté une perspective plus globale aux
travaux. La liste de tous ces participants est donnée à l'annexe 4.
6
Organisation des ateliers
Après ces présentations nationales, les participants étaient répartis en quatre groupes de
travail pour des discussions plus approfondies de problèmes spécifiques. Les rapporteurs de
chaque groupe présentaient ensuite leurs conclusions et recommandations en séance plénière, où
elles étaient acceptées ou amendées après une discussion générale.
Des présentations sur des thèmes spécifiques ont également été faites par des conféren-
ciers invités. M. Edward V. K. Jaycox, vice-président pour l'Afrique de la Banque mondiale,
a pris la parole devant les deux assemblées et M. Robert Evenson, professeur à l'Université de
Yale, a présenté les conclusions de l'évaluation de l'impact de la vulgarisation par F&V au
Burkina Faso et au Kenya. M. Bertus Haverkort, du "Information Centre for Low External Input
and Sustainable Agriculture" (ILEIA), a parlé, à l'atelier d'Accra, du rôle des paysans dans la
recherche et la vulgarisation, tandis que M. Kevin M. Cleaver, directeur du département
technique pour l'Afrique de la Banque mondiale, a exposé, à l'atelier d'Abidjan, la stratégie de
la Banque pour le développement agricole en Afrique.
Les discussions d'Accra et d'Abidjan ont mis en lumière une profusion d'idées et
d'expériences. Certes, il est difficile de capturer dans un rapport toute la richesse des
expériences, ainsi que l'ouverture et l'enthousiasme qui ont caractérisés les débats, mais il est
cependant nécessaire de consigner les résultats des discussions de manière à orienter les politiques
et les actions futures. Par conséquent, le présent rapport ne résume que les points les plus
marquants des débats. En outre, deux autres remarques sont à faire à propos de ce rapport.
Tout d'abord, il convient de préciser que le rapport ne concerne que les discussions qui
ont eu lieu dans les ateliers d'Accra et d'Abidjan. Plusieurs autres documents et comptes rendus
de séminaires qui traitent de la vulgarisation sous différents angles ont été publiés, notamment
par la Banque mondiale, et des comparaisons entre divers systèmes de vulgarisation, y compris
celui par F&V, ont été faites, qui mettent en relief leurs points forts et leurs faiblesses6 .
Néanmoins, le présent rapport se cantonne essentiellement dans le thème des ateliers, c'est-à-dire
la vulgarisation agricole par le système de F&V. La question de savoir si les réponses aux
nombreux points soulevés au cours des ateliers restent dans le cadre du système, éventuellement
sous réserve de modifications appropriées, ou se situent en dehors de celui-ci n'est pas abordée
dans ce rapport, car elle n'a pas fait l'objet de débats dans les ateliers.
Ensuite, la structure de ce rapport combiné sur les deux ateliers mérite d'être expliquée.
Comme cela a déjà été mentionné, des pays anglophones ont participé à l'atelier d'Accra et des
7
pays francophones à celui d'Abidjan. Les expériences des deux groupes présentent de nombreux
points communs, mais quelques unes sont cependant spécifiques à un pays particulier ou à un
groupe de pays. Une comparaison des deux ateliers fait ressortir des éléments de similarité et
de contraste dans les questions soulevées, ou dans l'accent mis sur certains problèmes. Il a donc
été décidé d'établir un rapport combiné sur les deux ateliers, sans perdre de vue les contextes
particuliers des régions anglophone et francophone d'Afrique. Afin de refléter les résultats
conjugués des deux ateliers, tout en tenant compte du contexte particulier des discussions dans
chacun d'eux et en vue d'éviter, dans la mesure du possible, toute répétition, ce rapport a été
élaboré de la manière suivante.
Après un préambule, le chapitre 2 examine le rôle que pourrait avoir la vulgarisation dans
le développement économique et agricole de l'Afrique. Ceci se fonde sur les exposés faits aux
deux ateliers par MM. Jaycox et Cleaver, ainsi que par le Professeur Evenson.
Le chapitre 3 analyse et résume les principales préoccupations exprimées dans les ateliers.
Il se fonde largement sur les rapports nationaux et leurs discussions en assemblée plénière et dans
les groupes de travail. Seules les questions qui ont été fréquemment soulevées au cours des
délibérations sont reprises dans le présent rapport.
Ensuite, les principales implications pour la formulation des politiques qui se dégagent
des recommandations des ateliers sont esquissées dans le chapitre 4.
Enfin, le chapitre 5 met en relief les points de convergence et de divergence entre les
discussions d'Accra et celles d'Abidjan. Ce chapitre attire aussi l'attention sur les différences
entre les problèmes soulevés dans ces ateliers et ceux qui avaient été anticipés en février 1991
au séminaire de Lilongwe. Ce chapitre se termine par des suggestions quant à l'orientation future
du débat.
8
2. Rôle de la vulgarisationdans l'agriculture africaine
Les trois conférenciers invités aux ateliers ont souligné le rôle important de la
vulgarisation dans l'agriculture africaine. M. Edward V. K. Jaycox, vice-président pour
l'Afrique (Banque mondiale) s'est adressé aux participants des deux ateliers. Il a insisté sur la
priorité qu'accorde la Banque au développement de l'Afrique et sur l'importance de l'agriculture
dans le redressement des économies de ce continent. M. Kevin M. Cleaver, directeur du
Département technique pour l'Afrique, a présenté à l'atelier d'Abidjan une stratégie de
développement de l'agriculture en Afrique subsaharienne. Le professeur Evenson, appuyé par
MM. Vishva Bindlish et Mathurin Gbetibouo, a expliqué les résultats de deux études
d'évaluation, réalisées au Burkina Faso et au Kenya, et a montré l'impact de la vulgarisation par
F&V dans ces pays. Ces exposés ont contribué à mettre en évidence l'importance de l'agriculture
dans toute stratégie de redressement économique en Afrique et le rôle significatif que la
vulgarisation agricole peut avoir dans une telle stratégie.
M. Jaycox a souligné que l'Afrique demeure une priorité absolue pour la Banque
mondiale en dépit de ses nouveaux engagements dans d'autres parties du monde. Cette priorité
se traduit par le niveau régulièrement élevé de son assistance à l'Afrique et par la présence de
Missions résidentes dans un grand nombre de pays du continent. Dans le cadre de cette priorité
générale à l'Afrique, l'agriculture vient en tête pour des raisons sociales et économiques, telles
que l'important pourcentage du PIBqui résulte de l'agriculture, sa contribution aux exportations
et à l'emploi, son rôle et celui des paysans dans la gestion des ressources naturelles, etc. Il a fait
remarquer que, sans ignorer l'importance des autres secteurs de l'économie, il est impératif de
doubler, de 2 % à 4 %, le taux de croissance annuel de l'agriculture pour éviter la famine et
offrir à la population croissante des emplois productifs et des revenus accrus. "C'est un défi que
nous devons relever, car nous savons que c'est indispensable."
Il a signalé, en outre, que pour atteindre cet objectif, la Banque compte sur la recherche
et la vulgarisation agricoles qui ont un rôle clé à jouer. L'agriculture africaine a constamment
besoin de nouvelles technologies. La priorité que donne la Banque à la recherche agricole est
reflétée par le PSRAAet M. Jaycox a confirmé que l'implication de la Banque mondiale dans la
vulgarisation agricole constitue un engagement à long terme. Il a encore ajouté qu'il espère que
les administrations nationales des pays concernés feront preuve d'un engagement similaire envers
la recherche et la vulgarisation agricoles en augmentant les ressources financières qui leur sont
allouées.
9
pays devait aussi ètre de 4 % par an. A défaut d'une telle expansion, le secteur industriel ne
pourrait être suffisamment approvisionné en matières premières pour lui permettre d'atteindre son
objectif de croissance de 5 à 7 % par an. En effet, l'agriculture est la principale source de
matières premières pour l'industrie et représente un marché important pour les produits
manufacturés et les services, puisque les fermiers constituent la majorité de la population et des
emplois dans ces pays. Une analyse des liens entre les activités agricoles et non agricoles en
Afrique subsaharienne9 indique qu'une croissance de 1 % dans l'agriculture entraînerait une
croissance économique de 1,5 %, résultant de l'impact stimulant de l'agriculture sur l'industrie,
les transports et les services.
C'est pourquoi, les objectifs du développement agricole en Afrique ont été définis comme
suit
* création d'emplois,
* le faible niveau des prix mondiaux de la plupart des produits agricoles et agro-
industriels en provenance d'Afrique,
Néanmoins, il y a aussi des facteurs favorables qui peuvent être exploités au profit de
l'Afrique. Actuellement, l'Afrique a une agriculture à faible taux d'intrants et essentiellement
non subventionnée. Elle est en retard sur les autres continents en termes de rendement des
cultures, car elle n'utilise que très peu d'engrais et son irrigation est fort peu développée. Par
conséquent, il existe un vaste potentiel d'intensification de sa production. En outre, les déclins
10
prévus des salaires réels dans la plupart des pays africains contribueront à améliorer la
compétitivité de l'agriculture africaine.
La stratégie esquissée par M. Cleaver pour atteindre ces objectifs de croissance, comporte
cinq éléments principaux:
Des services de vulgarisation, réorganisés selon les principes du système de F&V' 0 , sont
déjà en place dans une trentaine de pays africains. Un volet important de la stratégie multiple
évoquée ci-avant est donc déjà installé et doit, à son tour, faire pression sur les autres services
(particulièrement la recherche et la distribution d'intrants) pour qu'ils améliorent leur efficacité.
L'évaluation des systèmes de vulgarisation au Burkina Faso et au Kenya permettra de conclure
s'il est réaliste d'en espérer autant du système de F&V. A première vue, les résultats de ces
études, présentés aux deux ateliers par le professeur Evenson avec l'assistance de MM. Bindlish
et Gbetibouo, suggèrent que cette espoir se justifie.
Les résultats des évaluations indiquent que le système de F&V a bien fonctionné au
Burkina Faso et au Kenya, où il a nettement amélioré la rentabilité des investissements et a été
profitable à un grand nombre de paysans. Dans ces deux pays, les évaluations ont été faites sur
base des données obtenues grâce à des enquêtes auprès d'échantillons aléatoires de fermiers
représentatifs de l'ensemble de la population paysanne. Au Kenya, l'échantillon comptait 676
agriculteurs, tandis qu'au Burkina Faso il était beaucoup plus important, avec 3.600 participants.
11
Le fait que les données, tant pour le Burkina Faso que pour le Kenya, répondaient aux
deux exigences essentielles d'échantillonnage au hasard et de représentativité mérite d'être
souligné. Ceci permet, en effet, d'extrapoler les résultats qui découlent de ces données. Au
Kenya, l'exécution des enquêtes avait été confiée au "Central Bureau of Statistics" et, au Burkina
Faso, à la Direction nationale des études et du Plan. Ni le service de vulgarisation, ni le
ministère de l'Agriculture, n'ont été impliqués dans le processus de collecte des données dans l'un
et l'autre de ces pays. Il est important de le souligner, car cela écarte toute possibilité de biais
dans les dénombrements.
Dans le cas du Kenya, les analyses révèlent que 66 % des fermiers de l'échantillon, dont
l'agriculture est la principale source de revenu, avaient reçu des conseils des services de
vulgarisation depuis l'introduction du système de F&V. Quatre-vingt huit pour-cent des
12
bénéficiaires de ces conseils ont signalé que c'était la première fois qu'ils recevaient de tels
conseils depuis l'introduction du système de F&V.
Sous ce titre, une étude examine l'impact de la vulgarisation par F&V sur la base de données en provenance
d'un
échantillon aléatoire de paysans du Kenya dont l'agriculture est la principale source de revenu. Elle
montre que
cet impact a été positif. En effet, 66 % des fermiers ont signalé avoir reçu des conseils de vulgarisation
depuis
l'introduction du système de F&V. La plupart d'entre eux ont jugé que ces conseils étaient pratiques
et ont
également indiqué qu'ils n'avaient jamais reçu de tels avis de vulgarisation avant l'instauration du système
de
F&V. Les proportions de petits, moyens et gros exploitants et celles des fermes dirigées par des femmes
qui ont
reçu les conseils de vulgarisation étaient également du même ordre de grandeur. La fourchette des estimations
des taux de rentabilité des investissements additionnels réalisés pour étendre le système de F&V a une
moyenne
de 350 %, et une limite inférieure qui a une forte probabilité d'être de 160 % au moins.
Même si les taux d'adoption ont été relativement faibles pour les pratiques nécessitant
l'achat d'intrants, plus de 70 % des agriculteurs de l'échantillon kenyan ont adopté les messages
de vulgarisation relatifs à l'espacement, au dates de la plantation et aux variétés améliorées, c'est-
à-dire les pratiques agronomiques élémentaires améliorées. Il convient de noter que, dans la zone
sahélienne du Burkina Faso où l'environnement est très susceptible de dégradation, plus de 80 %
des fermiers interrogés ont déclaré qu'ils utilisaient des engrais organiques et plus de la moitié
ont signalé avoir adopté des méthodes complexes de lutte contre l'érosion.
Fondée sur un échantillon aléatoire d'environ 3.600 agriculteurs sélectionné dans les 12 régions du
Burkina
Faso, une étude d'évaluation montre que l'introduction du système de F&V a augmenté les adoptions
de
pratiques améliorées. Elle indique aussi que si tous ces fermiers ont bénéficié du système, ceux qui
apparte-
naient aux groupes de contact de F&v en ont mieux profité et ont obtenu des rendements de
25 à 30 %
supérieurs. Ainsi donc, dans la mesure où 21 % seulement des agriculteurs de l'échantillon ont déclaré
être
membres de groupes de contact de F&V, l'évaluation suggère que l'élargissement de ces groupes pourrait
avoir
un effet positif. Les taux estimés de rentabilité des investissements supplémentaires pour l'expansion du système
de vulgarisation par F&V se situent entre 86 et 187 %. Cette évaluation montre aussi que la moyenne
annuelle
des dépenses de vulgarisation par famille d'exploitants a baissé de près de 30 % par rapport à
la période
antérieure à l'introduction au Burkina Faso de la vulgarisation par F&V en tant que système national.
Ces taux élevés de rentabilité s'expliquent, en partie, par le coût relativement faible de
la vulgarisation par le système de F&V et par les avantages substantiels qui sont censés en
découler. Dans le cas de l'échantillon kenyan, les dépenses totales de vulgarisation par famille
de fermiers-sur base des prix de 1991-ont été, en moyenne, inférieures à 5 dollars" par an
13
à la période
pendant la période 1983-91, ce qui ne représente qu'une hausse de 20 % par rapport
ces dépenses ont
antérieure à l'introduction du système de F&V. Au Burkina Faso, par contre,
et par an après l'adoption du système
effectivement diminué de 30 %, avec 7 dollars par famille
de F&V pour la vulgarisation nationale.
par
La conclusion très positive du professeur Evenson sur le système de vulgarisation
F&V est significative, car elle repose sur une analyse statistique prudente:
"Il semble que, dans le contexte africain, il soit très possible que la vulgarisation
ait un impact sensible, même s'il n'y a que peu de technologies véritablement
les
nouvelles à vulgariser. Ceci s'explique par trois raisons. Tout d'abord,
leur expérience en matière
niveaux de scolarisation des agriculteurs et de
les
d'expérimentation et d'adoption des technologies sont faibles. Ensuite,
programmes de vulgarisation du passé n'ont pas exploité efficacement le potentiel
le
technique existant, souvent à cause de la médiocrité de la gestion. Enfin,
une nouvelle discipline à la gestion des
système de F&V a probablement imposé
de se
programmes de vulgarisation en Afrique, qui a permis à ce potentiel
réaliser."
de
Sous l'éclairage de ces deux études d'évaluation, il semble donc que le système
manière très significative à la réalisation
vulgarisation par F&V est capable de contribuer d'une
long terme (EPLT)
de l'objectif de croissance agricole visé dans l'Etude de perspective à
être gérés de
mentionnée plus haut. Mais pour y parvenir, les services de vulgarisation doivent
manière professionnelle.
des
Les discussions d'Accra et d'Abidjan ont été centrées sur la manière dont l'efficacité
et ceci sera l'objet
projets de vulgarisation par F&V dans les pays africains peut être améliorée
telles qu'elles ont
du chapitre suivant où seront discutées les préoccupations majeures à ce sujet,
des projets de
été exprimées, dans les ateliers, par les principaux responsables de l'exécution
vulgarisation par F&V dans ces pays.
14
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vulgarisation sont accessibles
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3. Problèmes et soucis majeurs
i) problèmes de gestion,
Problèmes de gestion
17
moins
de fonds et d'appui logistique suffisant (spécialement les transports), il y a été organisé
d'ateliers mensuels que prévu et la supervision des activités sur le terrain y a été insuffisante.
l'état
Par ailleurs, en Gambie, de nombreux agents de vulgarisation auraient quitté le service de
pour être recrutés par des ONG qui offrent de meilleures conditions de travail.
Ces contraintes financières ont des origines diverses. Certains pays traversent une
véritable crise financière et d'autres n'ont apparemment pas suffisamment de volonté politique
pour maintenir l'enthousiasme initial, ce qui fait que les fonds appropriés pour la vulgarisation
ne sont jamais libérés.
Les participants ont fait remarquer que, lorsque les budgets agricoles doivent être réduits,
subventions
ce sont les dépenses de vulgarisation sont le plus souvent affectées, même si d'autres
vis-à-vis de la vulgarisation
sont maintenues. Il est évident qu'un engagement politique ferme
convaincus
est de la plus haute importance car, si les responsables des politiques agricoles sont
de dépenses
des avantages de la vulgarisation, l'administration peut toujours établir les priorités
Très souvent, il suffit que la direction de
de manière à affecter des fonds suffisants à cet effet.
par le système de F&V-qu'il
la vulgarisation communique les résultats obtenus sur le terrain
de visites
s'agisse de rapports de suivi et d'évaluation ou de données recueillies directement lors
budgets
sur le terrain-aux dirigeants politiques pour les convaincre de la nécessité d'allouer des
suffisants à la vulgarisation.
Du côté de la Banque, des assurances de soutien à long terme ont été données.
Néanmoins, une suggestion des participants nationaux, qui consistait à augmenter la participation
par les
de la Banque mondiale dans le financement des charges récurrentes, a été critiquée
que les pays concernés devaient garder un intérêt
représentants de cette dernière qui ont fait valoir
substantiel dans le programme. Une telle modification de la structure de financement-c'est-à-
à
dire, mettre une plus grande proportion des coûts à la charge de la Banque-irait également
un produit
l'encontre du souhait, universellement exprimé, de faire de la vulgarisation
essentiellement local.
Les délégués de plusieurs pays, surtout des pays francophones, ont fait remarquer que
la vulgarisation souffrait souvent des contraintes pesant sur l'économie nationale. Ceci résultait
18
souvent de facteurs qui échappaient au contrôle de l'administration,
comme la chute des cours
des produits de base sur les marchés internationaux et les fluctuations
des taux de change. Ils
ont donc proposé que ces éléments soient pris en considération au
moment de la négociation des
projets de vulgarisation et ont à nouveau suggéré que, pour ce
qui est des projets de vulgarisation
agricole, la Banque envisage de financer une plus grande proportion
de leurs coûts récurrents.
Ils ont aussi demandé que le taux de change en vigueur au début
du programme soit maintenu
pour toute la durée du projet, de manière à ce que les variations
de ce taux ne viennent pas
aggraver les charges financières des pays concernés, et qu'une plus
grande souplesse soit
introduite dans les conditionalités afin d'éviter la suspension
ou l'arrêt des décaissements en cours
d'exécution.
19
de
appellations diverses, comme "modification" et "indigénisation", ou encore "harmonisation"
la vulgarisation par F&V avec la culture et l'organisation du pays.
Il a été signalé que, dans plusieurs pays, en raison des modalités des programmes
été adapté
existants et de l'évolution historique de leurs administrations, le système de F&V avait
Ainsi, par exemple, au Nigéria,
pour s'insérer dans les structures organisationnelles nationales.
en cours. De
le système avait été intégré dans les Projets de développement agricole (PDA)
plus souvent
nombreux pays ont ainsi indiqué que, pour une raison ou pour une autre, mais le
contraints d'avoir recours à un AVV pour 1.200
pour des considérations financières, ils ont été
800 familles paysannes. D'autres
familles au moins, au lieu de la norme de un AVV pour
il a été fait
modifications de la structure organisationnelle ont également eu lieu, notamment
du travail de
exception à la règle qui veut que les agents de terrain fassent exclusivement
vulgarisation.
qui
En ce qui concerne les principes de gestion de la vulgarisation par F&V, une norme
pays
a souvent été altérée est celle relative à la fréquence des sessions de formation. Plusieurs
diverses
ont, en effet, rapporté que leurs calendriers de formation avaient été modifiés. Pour
de problèmes logistiques en Tanzanie,
raisons, comme le manque de fonds ou l'existence
compétences
l'absence de nouvelles technologies au Kenya, ou la taille du pays et la pénurie de
mensuelles
au Zaïre, les services de vulgarisation n'ont pas pu maintenir le rythme des séances
ni des sessions bimensuelles pour les
de formation au niveau des techniciens spécialisés (TS),
à une session tous les deux ou
AVV. La fréquence de ces séances a généralement été ramenée
trois mois pour les TS et à une session par mois pour les AVV. Dans le cas du Zaïre, ces séances
étaient tout simplement organisées "en fonction des besoins".
de
Un deuxième aspect des modifications a trait à l'adoption de différentes stratégies
est essentiellement fondée sur
vulgarisation parallèlement à celle de F&V. Cette dernière
le fermier
l'échange de renseignements techniques entre l'agent de vulgarisation sur le terrain et
et le
de contact. Cependant, dans certains pays, dornt la Côte d'Ivoire, le Kenya, le Nigéria
de
Sénégal, tout en respectant ce processus, il est fait de plus en plus usage de moyens
des pays africains se sont appuyés sur des
communication de masse. De même, la quasi totalité
messages
groupes de fermiers, au lieu d'agriculteurs individuels de contact, pour disséminer les
ou exploitations
de vulgarisation. D'autres, comme la Gambie, ont eu recours aux "kafoo",
communales, plutôt qu'à des parcelles individuelles, pour démontrer les nouvelles technologies.
pour
Il a encore été mentionné qu'au lieu de s'en remettre uniquement aux fermiers de contact
20
répandre les messages, il a également été fait appel à des animateurs de village pour obtenir un
meilleur effet multiplicateur. Tout ceci peut être considéré comme des tentatives visant à
harmoniser la vulgarisation par F&V avec des méthodes alternatives de diffusion de messages
fondées sur la culture locale.
3.2: La Gambie utilise diverses méthodes pour diffuser les messages de vulgarisation
Les démonstrations sur le terrain constituent la principale stratégie de vulgarisation. Celles-ci sont généralement
effectuées sur des champs appartenant à des fermiers sélectionnés par la communauté. Mais les "kafoo", ou
fermes communales, servent également à ces démonstrations qui y attirent plus d'agriculteurs que celles qui sont
faites sur des exploitations privées. En outre, les services de vulgarisation conduisent également des tests sur le
terrain grâce à des lopins d'essai et de démonstration situés chez certains fermiers. Ces derniers sont également
choisis par la communauté, mais ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux qui viennent d'être mentionnés.
Les essais sur ces parcelles résultent d'un effort de collaboration sur le terrain avec le Département des
recherches et leur objectif est de vérifier, sur les champs des fermiers et sous la direction de ces derniers, le
comportement de certaines variables appelées points d'impact ou pratiques de production dans la terminologie de
la vulgarisation.
La radiodiffusion et la présentation de films dans les villages sont également des instruments régulièrement
utilisés par les services de vulgarisation depuis 1976 et même, occasionnellement, avant cette date. Les
programmes radiophoniques sont compilés par des agents de vulgarisation agricole, qui ont reçu une formation
complémentaire sur la production des programmes de radio, et la narration est principalement assurée par le
personnel de Radio Gambie. Une grande partie du contenu de ces programmes consiste en des interviews
d'agriculteurs. Par ailleurs, les films sont produits localement par des agents de la vulgarisation agricole qui ont
reçu une formation spéciale pour la production de films et de films vidéos.
Les visites dans les stations de démonstration ou de recherche offrent aussi de bonnes possibilités de diffusion
des messages de vulgarisation, mais ne sont pas exploitées autant que le justifie leur potentiel.
Une évaluation de l'efficacité de toutes ces méthodes a néanmoins révélé que la première source la plus
significative d'informations agronomiques est l'agent de vulgarisation. La majorité des cultivateurs citent ensuite
les programmes de radio comme étant, par ordre d'importance, la deuxième source de renseignements. En fait,
les agriculteurs s'appuient également les uns sur les autres pour échanger des informations pratiques.
21
à négliger certains principes fondamentaux du système par F&V, tels que la dépendance à l'égard
des fermiers de contact et des champs de démonstration, et il s'est déclaré peu enclin à toute
modification des strictes organisation et gestion des programmes de vulgarisation F&V.
Par ailleurs, la plupart des participants estimaient que certaines modifications étaient
inévitables. Peut-être qu'une distinction était à faire, c'est-à-dire que certaines modifications
organisationnelles étaient acceptables dans la mesure où les principes de gestion étaient
strictement respectés. M. Benor a ainsi fait remarquer que, dans le cas exceptionnel du Zaïre,
une adaptation du calendrier de formation peut être valable, mais que ceci ne devrait pas être une
règle générale. "Ces sessions régulières de formation sont onéreuses, mais il est encore plus
coûteux de ne pas les tenir, car la vulgarisation a besoin de liens plus étroits avec la recherche
et le terrain. Par conséquent, plus il y a de formation, mieux c'est." En outre, M. Benor a aussi
dit que les autres modifications organisationnelles ne l'inquiétaient pas, car la vocation première
du système de vulgarisation par F&V est d'être, avant tout, un système de gestion de cette
vulgarisation. Certes, il y a certains principes fondamentaux à respecter par cette gestion-par
exemple, la formation et les visites régulières-mais pour le reste, il appartient au pays, ou même
à la région, d'établir des programmes et propositions spécifiques qui sont adaptés aux
circonstances particulières du pays ou de la région.
ii) Ces divergences, particulièrement celles qui s'écartent des normes de gestion,
doivent, toutefois, être strictement limitées, car elles peuvent conduire à une
dilution des efforts, c'est-à-dire à l'affaiblissement de l'impact de la formation
par suite de la diminution du nombre de sessions.
Une des principales raisons de la création d'un service national de vulgarisation fondé sur
le système de F&V était le besoin de mettre en place un système unifié de vulgarisation. Avant
cette réforme, il y a eu plusieurs initiatives distinctes de vulgarisation: agences parapubliques
centrées sur un produit spécifique, ONG ou départements de l'administration. Parmi ces
départements, il y avait également une tendance croissante à la spécialisation, ce qui signifiait que
chacun était en train de créer sur le terrain des services parallèles de vulgarisation de diverses
techniques: agriculture, élevage, pêche, conservation des sols, etc.
22
Un des aspects de la création d'un système unifié de vulgarisation est, par conséquent,
la combinaison ou l'intégration des services offerts par les offices de promotion de produits de
base, les bailleurs de fonds, les ONG et les administrations nationales. Dans certains pays, le
processus de coordination des donateurs n'est pas encore commencé, tandis que dans d'autres
ce processus en est à différents stades. En Côte d'Ivoire, par exemple, il est prévu dans le projet
de services agricoles, que la vulgarisation offerte par CIDT, SODEPRA, CIDV et SATMACI13 sera
intégrée dans une unique agence nationale de vulgarisation. De même, au Bénin et au Ghana,
toutes les agences d'aide soutiendront le système national de vulgarisation agricole, au lieu de
d'exploiter des systèmes séparés, supportés dans le cadre des projets. Par contre, au Malawi,
seuls les services de vulgarisation visant les petits exploitants (à l'exclusion des plantations de
tabac), font partie du programme national de vulgarisation. De la même façon, au Kenya, des
agences séparées, telles que la Kenya Tea Development Authority (KTDA), la British American
Tobacco (BAT) et les brasseries, continueront à fournir des services de vulgarisation pour leurs
cultures respectives.
Un autre aspect est l'unification des services de vulgarisation de différents ministères pour
la conservation des sols, les techniques de culture, les cultures arbustives, l'élevage, etc.
L'objectif est ici de créer un cadre unique de personnel de terrain capable de conseiller les
fermiers. Ces agents seront appuyés par des techniciens spécialistes des différents départements
techniques, comme la culture, l'élevage, la foresterie, etc. Dans certains pays, de grandes
difficultés ont été rencontrées pour réaliser une intégration harmonieuse et il y a de nombreuses
variantes dans la structure organisationnelle de cette intégration. L'Ouganda a mis sur pied un
système intégré de vulgarisation pour l'agriculture, l'élevage et les pêcheries (les cultures
arbustives ne sont pas encore intégrées au système). La Côte d'Ivoire a regroupé la culture
vivrière, la production animale et les principales cultures d'exportation (coton, cacao, café).
Dans certains cas, les départements concernés (par exemple, l'agriculture et l'élevage) ont été
fusionnés, mais dans la plupart des autres cas, seuls les services de vulgarisation sur le terrain
ont été intégrés alors que les départements sont restés séparés. Le Ghana recourt aux techniciens
spécialisés des différentes directions, bien que les départements soient aussi séparés. Toutefois,
en général, la plupart des pays africains ont aujourd'hui unifié leurs services de vulgarisation
visant l'agriculture et l'élevage; nombre d'entre eux essaient d'y inclure également la
conservation des sols, l'agro-foresterie et les pêcheries.
Les avantages de cette unification sont évidents. D'une part, les dépenses de personnel
peuvent être réduites du fait que les mêmes agents transmettent les messages relatifs aux
différentes disciplines. En outre, comme le petit exploitant typique d'Afrique fait généralement
de la culture mixte, s'il n'y a qu'un seul agent de vulgarisation, il (ou elle) peut comprendre
aisément les relations étroites entre les diverses activités se déroulant dans l'ensemble de
l'exploitation ainsi que les priorités et le potentiel de l'agriculteur. Il est donc plus pratique pour
les fermiers de traiter avec un seul agent de vulgarisation, plutôt qu'avec trois ou quatre
individus, qui peuvent leur faire des recommandations contradictoires et leur faire perdre du
temps.
Dans les discussions à ce sujet, toutefois, les participants ont voulu savoir combien de
disciplines peuvent être ainsi combinées sans surcharger le système. Cette question s'est posée
parce que plusieurs pays ont fait état des difficultés qu'ils éprouvent à former des agents de
vulgarisation d'une discipline-comme l'agronomie, par exemple-pour les mettre en mesure de
transmettre également les messages d'autres disciplines, comme l'élevage. En théorie, toute
l'agriculture, de la culture à l'élevage, à la pêche, à l'apiculture, à la sériculture, etc., pourrait
être unifiée. Mais cela est-il faisable, ou recommandable? Mme Bagchee, spécialiste du
23
développement rural, a précisé que ce problème pouvait être résolu en faisant l'inventaire des
divers éléments sous-jacents du système de production. Parmi ces derniers, Il faut unifier ceux
qui sont déjà reliés entre eux dans les systèmes existants ou, encore, les éléments supplémentaires
qui pourraient y être intégrés à l'avenir. Mais ce choix doit toujours s'opérer en fonction des
fermiers et de l'intégration effective de leurs activités sur le terrain et non pas en fonction d'idées
abstraites sur ce qu'est l'agriculture. C'est ainsi qu'il est concevable de combiner la pisciculture
avec la culture et l'élevage, si les mêmes fermiers sont engagés dans ces trois activités, comme
c'est le cas en Ouganda. Par contre, à l'Ile Maurice, par exemple, il ne sert à rien de combiner
la vulgarisation relative à la pêche démersale et celle concernant la culture de la canne à sucre,
car il s'agit d'activités économiques distinctes entreprises par des groupes différents. Donnant
un exemple tiré du contexte indien, elle a signalé que, puisque les petits exploitants d'Assam font
la culture arbustive dans les jardins de leur ferme, il devrait y avoir un service de vulgarisation
commun pour l'agriculture et l'horticulture. Par ailleurs, dans le Himachal Pradesh, où
l'horticulture est une activité distincte à grande échelle, des services de vulgarisation séparés pour
l'agriculture et l'horticulture seraient recommandables, si une telle solution se révèle plus
rentable.
Problèmes de technologie
Le deuxième thème important qui s'est dégagé des ateliers de vulgarisation concerne la
technologie:
Plusieurs des rapports nationaux contenaient des exemples illustrant la manière dont la
vulgarisation par F&V a réussi à disséminer des technologies améliorées, essentiellement à faible
apports d'intrants. Par exemple, l'Ouganda a rapporté avoir enregistré des augmentations de
rendement du maïs, de l'arachide et des haricots en concentrant les efforts sur la densité optimale
des plants, ainsi que sur le calendrier de plantation, de désherbage et de récolte. L'Ethiopie a
signalé qu'une technologie simple et relativement peu coûteuse, dite de "billons élargis" (en
anglais: broad beds) avait été mise au point par le Centre international pour l'élevage en Afrique
(CIPEA) et avait donné de bons résultats dans les zones d'argile noire.
24
3.3: La vulgarisation modifie les pratiques culturales traditionnelles au Nigéria
i) Bien que les fermiers aient traditionnellement planté l'igname et le manioc dans de grosses buttes
distribuées au hasard, à 2 m environ l'une de l'autre, les agents de vulgarisation les ont convaincus
d'essayer, sur des lots de démonstration, des plantations régulières espacées de I m x I m. Les
rendements globaux obtenus grâce à cette pratique ont été très supérieurs à ceux enregistrés par la
méthode traditionnelle et l'usage de cette pratique améliorée s'est très vite répandu.
ii) La recommandation d'attacher les sarments d'igname de quatre buttes à un seul tuteur, au lieu de la
pratique courante d'attacher chaque sarment à un tuteur séparé, a rapidement été adoptée lorsque les
fermiers se sont rendus compte de l'économie de tuteurs qui en résultait. Ceci est particulièrement
pertinent car le matériel de support devenait très rares. Les agriculteurs apprécient l'économie
d'énergie réalisée pour se procurer les tuteurs et exécuter le tuteurage. Se rendant compte de cela, un
fermier a déclaré que si son père avait pu bénéficier de cette recommandation il serait peut-être encore
vivant!
iii) Le système de culture consistant à alterner les rangées d'igname, de maïs et de manioc s'est vite
répandu lorsque les agents de vulgarisation ont démontré qu'il permet d'éviter la monopolisation du sol
par le manioc pendant sa période de croissance qui est plus longue, rendant ainsi une partie du terrain
disponible pour la production d'autres cultures. Cet arrangement est maintenant particulièrement
apprécié dans le sud-est du Nigéria, où les terres arables sont très limitées et fortement fragmentées.
* Elevage et pêche
i) Les efforts de vulgarisation, particulièrement dans le sud, ont été centrés sur le développement de
l'élevage des lapins, en raison de leur reproduction prolifique et de la nécessité d'accroître la
consommation de protéines de la population rurale.
ii) Dans la pêcherie, la vulgarisation a prodigué des conseils utiles sur la préservation des filets de pêche,
l'entretien des moteurs hors-bord et la pisciculture, ainsi que sur la manutention, la préservation, et le
conditionnement du poisson.
* Nutrition
t La cellule intitulée Les femmes dans l'agriculture a organisé des démonstrations de diverses recettes
culinaires à base de soja: lait de soja, "moimoiî de soja, "akara" de soja, soupe de soja, etc. Sans
une telle introduction par les services de vulgarisation, la culture du soja ne pourrait probablement pas
s'intégrer dans le système actuel de production agricole.
Cependant, les participants ont aussi voulu savoir comment devaient procéder les
dirigeants de la vulgarisation quand ils ne savaient pas très bien si le problème se situait dans la
vulgarisation ou la création de technologies pertinentes ou, encore, dans la fourniture d'autres
prestations de soutien. Par exemple:
i) Quand les fermiers disent que, faute de moyens financiers, ils ne peuvent pas
adopter les nouvelles technologies, faut-il conclure que le message de vulgarisa-
tion ne passe pas bien? ou qu'il est temps de prendre une initiative dans le
domaine du crédit?
ii) Lorsque les ateliers mensuels des techniciens spécialisés se tiennent irrégulière-
ment parce que le contenu a tendance à être répétitif, faut-il conclure que la
25
méthode de formation est inadéquate? ou que le rythme de la génération des
technologies est lent?
Dans de nombreux pays, les services de vulgarisation semblent se heurter à des problèmes
de disponibilité de technologies utiles à diffuser auprès des fermiers.
Certains pays ont rapporté que, bien que des technologies améliorées de culture soient
disponibles, il n'y a que peu d'informations nouvelles dans les autres domaines, ce qui entrave
la mise en place de systèmes unifiés de vulgarisation. En effet, pour que de tels systèmes
puissent bien fonctionner, il devrait y avoir une génération suffisante de technologies dans tous
les domaines concernés.
Plusieurs pays ont exprimé le sentiment que les ateliers mensuels étaient trop fréquents.
Non seulement, leur organisation est coûteuse, mais encore ils n'ont souvent rien de nouveau à
communiquer aux TS de la vulgarisation.
Sur ce point, M. Benor a fait une mise en garde. Il ne fallait pas non plus oublier ce
qu'il en coûte de ne pas assurer régulièrement cette formation. Les participants étaient au courant
de ce problème et ont, d'ailleurs, fait plusieurs suggestions utiles à ce sujet. Une de ces dernières
consistait à établir le coût de l'organisation de ces séminaires et d'y affecter des budgets
spécifiques (frais de déplacement des chercheurs, etc.). Toutefois, les participants n'ont pas pu
atteindre un consensus sur la source de ces fonds. Devaient-ils être prélevés sur le budget de la
vulgarisation (comme au Kenya et au Ghana) ou sur le budget de la recherche. Il a été signalé
que certains pays ont pu réduire les coûts de formation en sélectionnant les participants aux
ateliers en fonction des points de l'ordre du jour. La qualité des ateliers a également été
considérablement améliorée (au Nigéria et au Mali, par exemple) en faisant des processus à
double voie, ce qui permet aux chercheurs de recevoir des TS des explications des fortes
différences de pratiques culturales, de rendements, de revenus et de pertes entre certains
exploitants et aussi d'en apprendre plus sur les meilleures pratiques et les innovations des
fermiers. De tels ateliers favorisent un véritable dialogue entre les TS et les chercheurs et
contribuent ainsi à la génération et à la diffusion de technologies plus pertinentes.
Un autre problème technologique qui a été soulevé est celui de la mise au point de
technologies pertinentes, c'est-à-dire, de technologies que les fermiers considèrent pouvoir
adopter. Les participants ont fait remarquer que le fossé entre les chercheurs et les agriculteurs
était souvent très large. Mais, la connaissance du monde agricole, de ses contraintes, de ses
besoins et des technologies éprouvées qui y sont implantées depuis longtemps sont souvent d'un
moindre intérêt pour le chercheur que les propositions techniques qui émanent de la recherche.
Aussi, le fermier est-il rarement impliqué dans la conception, l'exécution et l'évaluation des
propositions de recherche et cette dernière est-elle ainsi privée du feed-back nécessaire soit pour
modifier les propositions, soit pour prendre en considération les systèmes de production des
agriculteurs. Dans ce contexte, les participants ont suggéré que la qualité de la recherche pourrait
être améliorée si les vulgarisateurs pouvaient faire cette contribution vitale ainsi que si les TS et
26
les chercheurs effectuaient ensemble plus d'enquêtes de diagnostic et échangeaient leurs
informations et idées au cours des ateliers mensuels.
Une approche susceptible d'améliorer les relations entre les chercheurs et les fermiers est
celle de la recherche sur les systèmes de production. Quelques pays comme le Bénin, le Burundi,
la Côte d'Ivoire, le Nigéria, la Tanzanie, la Zambie, etc. ont adopté une telle démarche dont ils
espèrent de meilleurs résultats, en raison de l'association plus étroite avec les fermiers qu'elle
entraîne et de l'approche systématique qui permet de mieux comprendre les petites entreprises
agricoles diversifiées. Cette manière inspirée de la recherche sur les systèmes de production est
un excellent outil d'analyse diagnostique et de développement de technologies pertinentes. Ceci
est évidemment très apprécié du point de vue de la vulgarisation et les enseignements qui en
découlent peuvent être disséminés par les services nationaux de vulgarisation.
Pour ce qui est de l'implication des fermiers eux-mêmes dans la mise au point des
technologies, M. Bertus Haverkort a indiqué, à l'atelier d'Accra, que, quoi que fassent les
chercheurs, les vulgarisateurs peuvent toujours suivre et assister les agriculteurs dans leurs
propres expérimentations. Ils peuvent ainsi mettre au point des améliorations fondées sur les
ressources disponibles localement, améliorations qui peuvent être étendues à d'autres agriculteurs.
Plusieurs participants ont demandé à M. Haverkort dans quelle mesure ces technologies
développées avec la participation des fermiers étaient différentes de celles résultant de la
recherche sur les systèmes de production. En fait, les deux approches sont presque identiques,
la seule différence étant peut-être que, dans la méthode préconisée par M. Haverkort, l'accent
est mis sur la faible consommation d'intrants. Dans les régions d'Afrique où, à cause de
l'extrême fragilité des écosystèmes ou de la pénurie d'intrants ou de ressources pour les acheter,
cette technologie à faible utilisation d'intrants pourrait se révéler particulièrement pertinente.
Les fermiers travaillent au sein d'un système de production qui est souvent inscrit dans
un environnement naturel en détérioration. Les systèmes de production eux-mêmes peuvent
accélérer l'épuisement des ressources naturelles. Il importe donc que les chercheurs et les
vulgarisateurs soient conscients de ce problème et intègrent la gestion des ressources naturelles
dans leurs activités.
27
3.4: Vulgarisation et gestion des ressources naturelles
Le Mali offre un bon exemple de coordination entre programmes de vulgarisation et programmes de gestion des
ressources naturelles. Le Projet national de vulgarisation agricole (PNVA) et le Projet de gestion des ressources
naturelles (PGRN) représentent une nouvelle génération de projets financés par IDA qui visent à réaliser un
développement durable. Comme la collaboration entre ces deux projets est cruciale, elle a été légitimée par un
protocole d'accord conclu entre les deux directions.
* Complémentarité des objectifs: Les objectifs de PNVA et de PGRN sont complémentaires. Alors que le
premier est centré sur la production de technologies au profit des exploitations agricoles et des troupeaux
d'élevage, le second est axé sur la gestion des ressources des communautés (pâturages, forêts, jachères, rivières,
etc.). Ensemble, ces programmes couvrent l'intégralité des ressources de base du village, dont un développe-
ment soutenable est l'objectif commun des deux projets. Ceci implique un accroissement durable de la
productivité et des revenus des villageois, grâce au développement de la capacité de production des ressources
humaines, naturelles et financières existantes.
* Complémentarité des méthodes: Le PNVA vise à assurer un développement durable des exploitations et
troupeaux individuels par le biais des groupes de fermiers de contact tandis que le PGRN tente de résoudre les
problèmes liés à la gestion des biens communautaires grâce à des comités de gestion des ressources naturelles et
à des groupes sous-sectoriels dans les villages (éleveurs, agriculteurs, pêcheurs, habitants des forêts, femmes,
etc.).
* Complémentarité des moyens d'intervention: Contrairement au PNVA qui n'a pas de ressources à investir
au niveau des villages, le PGRN a accès à des fonds, dont le PNVA peut tirer avantage pour encourager les
fermiers à participer à ses activités.
Les agents de vulgarisation de village sont les mêmes pour les deux projets; ils sont sélectionnés, recrutés,
formés et administrés en vue de la réalisation des objectifs de ces projets. En moyenne, dans le cadre du PNVA,
un agent de vulgarisation assiste environ 600 familles paysannes. Dans les cas où le vulgarisateur est également
chargé d'activités du PGRN, le nombre de fermiers qu'il, ou elle, encadre est réduit de manière à maintenir un
équilibre entre sa charge de travail et celle de ceux qui font uniquement du travail de vulgarisation.
En revanche, les participants à l'atelier d'Abidjan ont insisté sur les difficultés rencontrées
pour intégrer la gestion des ressources naturelles dans la vulgarisation. Tout d'abord, les agents
des projets de gestion des ressources naturelles et ceux de la vulgarisation sur le terrain ont, en
effet, des perspectives géographiques très différentes (bassins fluviaux entiers par opposition aux
terres des fermiers) et des calendriers qui ne coïncident guère (plusieurs années par opposition
à de simples saisons). Par ailleurs, la gestion des ressources naturelles aborde les problèmes du
point de vue global d'un village, ou même d'un groupe de villages, tandis que la vulgarisation
s'adresse à des groupes de fermiers de contact. En outre, l'impact des messages du programnme
de gestion des ressources naturelles, qui ont des implications à long terme, ne se prête guère à
28
une évaluation par les unités de suivi de la vulgarisation (qui s'intéressent généralement aux taux
d'adoption par les agriculteurs des messages de vulgarisation au cours de la dernière campagne).
Cette question n'a pu être résolue au cours des ateliers. Le groupe a simplement conclu
que la recherche et la vulgarisation devaient prendre en compte la gestion des ressources
naturelles afin d'élaborer des méthodes de vulgarisation qui motivent les fermiers envers les
actions communautaires et de mettre au point et diffuser des technologies appropriées de gestion
des fermes et des ressources communautaires. Comme la vulgarisation repose maintenant, en
Afrique, largement sur les groupes de paysans, elle devrait pouvoir les motiver pour entreprendre
des actions communautaires visant à préserver leur base commune de ressources naturelles. Des
discussions plus approfondies seront évidemment nécessaires pour définir avec précision comment
les projets de vulgarisation et ceux de gestion de ressources naturelles pourront être coordonnés
étant donné la complémentarité de leurs objectifs et méthodes.
Le système de vulgarisation par F&V prévoit un renforcement systématique des liens entre
la vulgarisation et la recherche. Des efforts dans ce sens ont donc été entrepris dans tous les pays
représentés aux ateliers. Dans presque tous, une telle liaison a été établie grâce à des ateliers pré-
saisonniers, des programmes mensuels de formation, des visites conjointes sur le terrain et, dans
certains cas, à des programmes pilotes en milieu paysan. Le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le
Nigéria et le Togo offraient de bons exemples de ce type de liens.
En fait, ce qui est peut-être encore plus important que ces institutions de liaison, est
évidemment d'avoir de bonnes communications et un redressement des attitudes. Mais,
quelquefois, les liens entre la recherche et la vulgarisation sont caractérisés par l'ignorance qu'ont
les uns du travail des autres, ce qui mène à des conflits de compétences et à des accusations
réciproques en cas d'échec. Cette situation est aggravée par le manque de contacts informels
causé par les barrières institutionnelles et les différences de formation et de méthode. Une
formation scientifique peut donner au chercheur un complexe de supériorité, qui fait que la
recherche est plus orientée vers des travaux susceptibles d'être publiés que vers la création de
technologies utiles aux fermiers. Les scientifiques n'ont pas toujours les aptitudes nécessaires
pour diffuser leurs connaissances et leurs découvertes en assurant la formation des spécialistes
de la vulgarisation. De leur côté, les vulgarisateurs manquent de confiance, se sentent frustrés
29
et ont tendance à conclure, trop facilement, que la recherche n'a pas de technologie valable à
offrir et qu'eux-mêmes, n'ont en effet rien à offrir qui puisse aider les chercheurs à mieux
comprendre les pratiques, les contraintes et le potentiel des agriculteurs.
Enfin, les participants ont suggéré que de meilleures relations et des attitudes plus saines
pourraient s'établir entre la recherche et la vulgarisation si ces deux services voulaient bien se
considérer comme étant au service des fermiers. Le représentant de la Zambie a illustré ceci par
une figure présentant la recherche et la vulgarisation suspendues aux deux bras d'un agriculteur.
CHERCHEi SAT
Tout d'abord, les discussions ont montré que l'organisation des systèmes de recherche
variait fortement d'un pays à l'autre. Par exemple, en Zambie, la recherche agricole relève du
département de la recherche du ministère de l'Agriculture. Au Kenya, le KARI (Kenya
Agricultural Research Institute) est une agence parapublique qui n'est même pas sous la tutelle
du ministère de l'Agriculture. Bien qu'il soit concevable de privatiser les services de recherche
pour certaines cultures commerciales (canne à sucre, café, thé, cacao), le consensus a été qu'il
ne fallait pas renoncer à un système généralisé de recherche et que celui-ci devait être financé
publiquement. Il a été noté, par ailleurs, que la Banque avait également fourni de l'assistance
aux projets visant à renforcer les SNRA.
30
décentralisation des activités de recherche. Dans certains cas, celle-ci a été réalisée par la
définition de zones agro-écologiques. Dans d'autres cas, comme en Ethiopie où une structure
fédérale a remplacé un système unitaire, cela s'est traduit par un renforcement des capacités à
l'échelon des provinces et des districts. En Zambie, l'institutionnalisation de l'équipe de
planification de la recherche appliquée visait également à donner aux provinces la liberté de faire
des recommandations qui répondaient mieux aux circonstances locales que celles résultant d'une
perspective nationale. La dispersion des démonstrations, grâce aux essais agricoles sur de petites
parcelles, est également une méthode de transfert rapide des technologies qui peuvent ainsi
atteindre un plus grand nombre d'agriculteurs.
Problèmes de formation
L'investissement majeur dans le système de F&V est dans la valorisation des ressources
humaines par la formation. Cela s'explique par l'importance qui y est donnée à la formation
continuelle de ses divers cadres. L'efficacité du système est, en effet, directement liée à la
fréquence et à la qualité de ses programmes de formation, qui font partie intégrante de son mode
de gestion. La pénurie d'agents de vulgarisation bien formés reste un problème pour la plupart
des systèmes nationaux. Ce problème était une des principales préoccupations exprii.-ées dans
les ateliers. Les discussions ont été articulées autour de plusieurs aspects de la formation, qui
peuvent être regroupés sous deux catégories:
31
* Valorisation des ressources humaines
* Formation
Plusieurs participants ont souligné que la plupart des ministères de l'Agriculture n'ont pas
de politique du personnel concernant la gestion et la valorisation à long terme des cadres de la
vulgarisation. Ces cadres sont des amalgames de personnes ayant des formations et des capacités
diverses, soumises à de fréquentes mutations et chargées fonctions inopportunes. Les techniciens
spécialisés ont différentes origines ad hoc et l'absence de statut ou de règlement intérieur est une
entrave à leur professionnalisation. Certains participants ont laissé entendre que la création d'un
cadre de TS, doté de règles séparées de recrutement, favoriserait le développement du
professionnalisme, car les qualifications requises seraient spécifiées et des possibilités de
promotion existeraient au sein de cette hiérarchie.
Le Kenya a un excellent réseau d'institutions de formation agricole, dont la plupart sont en voie d'expansion.
Au total, quelque 300 agronomes diplômés sortent chaque année des universités et une majorité de ceux-ci
trouvent un emploi dans le système de recherche ou deviennent agronomes de district.
Les agents divisionnaires de vulgarisation sont généralement titulaires d'un diplôme délivré par le collège
Egerton après trois ans d'études. Chaque année, environ 200 agents sont ainsi mis à la disposition du ministère
du Développement de l'agriculture et de l'élevage.
Le personnel sur le terrain est généralement détenteur d'un certificat délivré par l'un des instituts d'Embu et de
Bukura après deux années de formation. De sorte qu'un autre contingent d'environ 200 diplômés peuvent être
recrutés chaque année par le ministère. Mais il est toutefois à noter que l'embauche de ce type de personnel est
suspendue depuis deux ou trois ans.
Récemment, les rôles des différentes institutions ont été quelque peu modifiés. Une enseignement agricole,
sanctionné par un certificat, est maintenant dispensé par l'institut d'agriculture de Kilifi, qui forme 200 assistants
techniques par an. Les instituts d'Embu et de Bukura ont récemment changé de fonction. Celui d'Embu est
devenu un centre de perfectionnement du personnel qui assure le recyclage des agents agricoles, tandis que celui
de Bukura est maintenant un collège agronomique qui délivre des diplômes officiels.
Il faut encore signaler qu'environ 1.000 agents de terrain, n'ont eu aucun écolage spécial en agriculture, en
dehors d'une formation sur le tas de trois mois lors de leur embauche au ministère. Mais ces agents agricoles
ont une excellente connaissance de leur zone d'activité et ont amplement démontré, dans les projets pilotes de
Nandi et Keriko, que s'ils reçoivent une formation ad hoc intensive, ils sont capables d'absorber les recomman-
dations de la vulgarisation et de les transmettre efficacement aux fermiers. Néanmoins, cette catégorie d'agents
est actuellement en disparition progressive car, lorsqu'ils prennent leur retraite, ils sont maintenant remplacés
par des cadres de qualification supérieure.
32
d'attention au déploiement du personnel et aux perspectives de déroulement des carrières. Il
faudrait offrir des possibilités d'apprentissage sur le tas (par opposition à la formation classique),
encourager la spécialisation et assurer des promotions sur la base des résultats d'examens
professionnels. Chaque pays devrait organiser son barème des traitements et des incitations de
manière à ce que les agents de vulgarisation du même grade aient des rémunérations comparables
dans toutes les régions du pays. Un système de primes fondé sur l'efficacité et les résultats réels
sur le terrain devrait être envisagé afin de motiver ces agents.
Formation
Les participants aux ateliers ont identifié les principaux types de formation
i) Educationformelle.:
ii) Formationpréparatoire.:
a) Orientation professionnelle
b) Organisation, procédures et accès
a) Formation périodique (par exemple, tous les quinze jours, avec commu-
nication de points d'impact spécifiques)
b) Sessions techniques mensuelles
c) Ateliers ad hoc de perfectionnement des compétences
d) Ateliers de formation fonctionnelle
e) Cours de courte durée (nouvelles compétences et connaissances)
f) Séminaires
iv) Formationcontinue:
v) Perfectionnement professionnel:
a) Conférences
b) Voyages d'études
c) Etudes personnelles
L'essentiel des discussions a été articulé autour de la formation bimensuelle et des ateliers
mensuels. Dans de nombreux pays, ces sessions sont répétitives et deviennent des routines
banales, dénuées d'impact et de dynamisme. Ceci est dû au manque de centrage des efforts des
TS et des formateurs, qui résulte souvent en une simple communication à sens unique.
De ce fait, un grand nombre de pays ont choisi de réduire les coûts logistiques en
diminuant la fréquence de ces formations. Mais cette attitude a aussi un "coût" propre-encore
33
plus élevé-car les feed-back du terrain en sont affaiblis et les opportunités d'assouplissement et
d'ajustement des messages sont perdues. En fin de compte, ce sont le moral, la confiance et la
motivation qui sont menacés.
Les participants ont recommandé que les sessions de formation et les ateliers soient
organisés d'une manière propice à la résolution des problèmes, afin que les TS ne jouent pas
uniquement un rôle de pourvoyeurs de connaissances et de compétences. Le recours à de telles
méthodes présuppose la réunion de 15 à 25 participants, sous la direction d'un animateur, pour
assurer une bonne participation du personnel de terrain.
Un domaine qui requiert aussi plus d'attention est le perfectionnement des compétences.
Outre ses connaissances techniques, un bon agent de vulgarisation a besoin d'une bonne aptitude
à la communication, c'est-à-dire savoir écouter, observer et susciter une participation active. Ces
aspects particuliers de la formation, ainsi que l'augmentation du nombre des sessions périodiques
d'ateliers fonctionnels, de cours de courte durée et de séminaires, devraient faire l'objet d'une
meilleure attention.
Dans ce même contexte, les participants ont encore suggéré l'élaboration d'un guide
pratique de la formation des agents de vulgarisation agricole, fondé sur l'expérience acquise en
Afrique dans ce domaine.
Enfin, le besoin a été exprimé de disposer d'un réseau africain de vulgarisation agricole
afin que les pays puissent échanger leurs expériences, comme ils l'ont fait au cours de ces
ateliers. L'idée de la publication périodique d'un bulletin a été avancée; celui-ci actualiserait les
connaissances au sujet des services de vulgarisation, mettrait en relief des réussites et diffuserait
des innovations. Une autre idée a également été avancée, à savoir la création d'un centre
régional qui pourrait soutenir les nouvelles expériences en matière de méthodologie de la
vulgarisation et agirait comme un centre d'échange d'idées et d'expériences. Il a été rappelé
qu'actuellement, le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR) supporte
18 instituts internationaux actifs dans diverses disciplines de recherche agricole. Pourtant, il n'y
a pas un seul institut de ce genre consacré à la vulgarisation agricole. Rien qu'en Afrique, une
trentaine de pays ont des services professionnels de vulgarisation, aussi, le moment est-il peut-être
venu de créer un centre régional, ou de réhabiliter un des instituts nationaux de formation, à cet
effet. Les participants ont exprimé l'avis que la Banque mondiale devrait parrainer l'établisse-
ment d'une telle institution qui serait consacrée à la recherche, la documentation et la formation
sur la méthodologie de la vulgarisation.
A l'atelier d'Abidjan, le débat a été centré sur la manière d'impliquer les associations de
fermiers dans les activités de vulgarisation. Les groupes de fermiers de contact, les coopératives,
les groupes de production et de service, les groupes sociaux, les groupes de femmes et les
34
syndicats ont été analysés au cours des discussions et des suggestions très utiles ont été faites
quant à la manière de renforcer les liens de la vulgarisation avec ces groupes.
Dans les deux ateliers, une bonne partie du débat a porté sur les paysannes. Différentes
nuances d'opinions ont été exprimées: a) les préjugés contre les femmes sont le reflet d'un
phénomène sociologique et les professionnels de la vulgarisation ne doivent pas être impliqués
dans les mouvements sociaux; b) le mouvement féministe a été importé en Afrique et, bien que
très à la mode dans les milieux internationaux, il ne concerne pas l'Afrique (un représentant
éthiopien a dit que, dans son pays, la pauvreté est un problème bien plus grave que les partis pris
envers les femmes); c) il n'y a pas vraiment de problème féminin, car les bonnes techniques de
culture ne font pas de différence entre les genres; d) la vulgarisation ne peut guère aider les
paysannes en raison de barrières sociales et religieuses qui interdisent aux femmes d'avoir des
contacts en dehors de la communauté, spécialement avec les hommes; e) il est urgent d'accroître
le nombre de femmes professionnelles dans les services agricoles et de se pencher sur les besoins
particuliers des paysannes.
En dépit de ces diverses opinions, la description de la situation sur le terrain, faite par
de nombreux participants, quant à la présence des femmes et à leur implication dans l'agriculture,
était irréfutable. La récente étude de la Banque, par Katrine Saito' 4 , a été citée et quelques unes
de ses constatations ont été soulignées:
ii) Les paysannes sont de plus en plus nombreuses. Actuellement la contribution des
femmes à la production alimentaire atteint 70 %.
iii) Les femmes travaillent une fois et demi autant que les hommes.
iv) Les femmes ont un accès limité aux intrants et aux services agricoles, y compris
la vulgarisation. Rien qu'au Kenya, ceci provoque une perte de 20 % de la
productivité féminine.
Ces faits, ont révélé à la plupart des participants que la vulgarisation devrait couvrir aussi
les problèmes particuliers des paysannes. Comme l'a dit M. Benor, une bonne vulgarisation doit
répondre aux besoins de tous les fermiers et certainement à ceux de la majorité des agriculteurs;
s'il se trouve que ceux-ci sont des paysannes, la vulgarisation doit satisfaire leurs besoins en tant
qu'agriculteurs et non pas parce que ce sont des femmes.
Le débat sur ce problème s'est embrouillé quand la discussion a porté sur deux aspects
particuliers de la situation des femmes dans l'agriculture. Le premier avait trait à la manière
d'atteindre les paysannes sur le terrain. L'autre concernait le recrutement et l'assistance aux
35
femmes professionnelles dans les services agricoles. Ces deux aspects peuvent, dans certains
contextes, être liés mais, néanmoins, ce ne sont pas des problèmes identiques.
Les femmes sont sans doute les membres les plus importants et les plus négligés de la population rurale. Elles
contribuent pour 70 % environ à la production des denrées alimentaires de base. Dans la plupart des sociétés
africaines, leurs droits et obligations sont complexes. Il arrive que des champs soient alloués aux femmes
(habituellement en provenance des terres de leur père ou de leur mari), qu'elles soient chargées de cultures ou
de productions spécifiques et qu'elles aient un revenu indépendant découlant de certains produits ou, comme
c'est le cas en Afrique de l'Ouest, de leur vente. Souvent, les avantages de certaines initiatives-promotion de
cultures de rapport, mécanisation, vulgarisation et réinstallation-vont aux hommes, car ce sont eux qui
s'occupent de ces questions. Enfin, à mesure que la superficie des exploitations diminue à chaque succession et
sous la pression démographique, que les hommes recherchent du travail à l'extérieur et qu'ils deviennent des
cultivateurs à temps partiel, ce sont de plus en plus les femmes qui gèrent la production familiale. Dans de
nombreuses régions, la moitié des fermes sont gérées par des femmes; parfois, comme au Congo, cette
proportion atteint 70 %. Les tâches agricoles des femmes augmentent, tandis que fardeau de leur travail
traditionnel-élever les enfants, ramasser le bois, aller chercher l'eau et piler la nourriture-reste le même, ou
s'accroît encore. De ce fait, il arrive souvent que la préparation, les semailles et les sarclages de leurs terres
soient retardés, ce qui fait baisser les rendements.
Il y a plusieurs moyens d'aider les paysannes africaines..... Les tâches incombant aux femmes pourrait être
allégées, en faisant en sorte, par exemple, qu'il y ait de l'eau et du bois plus près des habitations. Des
fourneaux à bon rendement énergétique peuvent permettre de réduire le temps consacré au ramassage du bois.
Les systèmes de recherche et de vulgarisation agricoles doivent, par ailleurs, être sensibles aux besoins des
femmes. Les paysannes devraient participer aux expériences sur le terrain afin de veiller à ce que les nouvelles
variétés et technologies recommandées correspondent en grande partie à leurs besoins et tiennent compte de leurs
limitations. Actuellement, en Afrique, les femmes ne représentent que 20 % environ des bénéficiaires d'une
formation agricole, mais ce chiffre devrait être bien plus proche de 50 %, comme c'est le cas en Asie. Il
faudrait aussi veiller à ce que les vulgarisateurs soient conscients du rôle, des besoins et des problèmes des
femmes et à ce que le nombre de femmes sélectionnées comme agriculteurs de contact soit proportionnel au
nombre des chefs d'exploitation féminins. Dans de nombreuses régions du Kenya, les femmes constituent déjà
la moitié de tous les contacts des vulgarisateurs, dont beaucoup disent qu'elles sont plus intéressées et plus
engagées que les hommes. Il faudrait aussi encourager la constitution de groupes féminins. Ceux-ci pourraient
alors être utilisés, par exemple, non seulement comme contacts pour les services de vulgarisation, mais aussi
comme intermédiaires pour l'octroi du crédit nécessaire à l'achat d'intrants. Enfin, il conviendrait d'intensifier
l'enseignement dispensé aux femmes, car il a été démontré que les cultivateurs les mieux instruits obtenaient de
meilleurs rendements grâce à l'application des techniques nouvelles.
Certains pays ont déjà pris des départs impressionnants à cet égard. La Zambie, par
exemple, a organisé un cours itinérant sur les cultures vivrières qui est donné aux paysannes dans
l'après-midi, tandis qu'au Malawi la vulgarisation arrive jusqu'aux fermnes à travers les clubs de
fermiers.
Un point, qui a été répété à maintes reprises, est que l'efficacité de la vulgarisation n'est
possible que si elle propage des technologies pertinentes. Deux conditions nécessaires et
préalables doivent, en effet, être remplies afin de pouvoir offrir un service effectif aux
paysannes: procéder à une analyse diagnostique approfondie des contraintes qui entravent leur
productivité agricole et disposer de technologies appropriées et pertinentes.
36
Des suggestions ont aussi été faites quant aux méthodes qui seraient les mieux appropriées
pour faire parvenir les messages de vulgarisation aux paysannes. Par exemple, la participation
des femmes pourrait être accrue si celles-ci étaient regroupées à des heures qui leur conviennent
(et non à la convenance de l'agent), si des agents féminins étaient délégués sur le terrain et si une
plus grande assistance était offerte pour obtenir (où et comment) des crédits, des intrants et une
aide à la commercialisation. Il a également été souligné que les paysannes devaient avoir accès
aux programmes d'alphabétisation fonctionnelle.
Plusieurs remarques ont été exprimées à ce sujet. Tout d'abord, la majorité des agents
féminins de ces cellules n'ont qu'une formation en économie ménagère, nutrition et disciplines
connexes. Pour les redéployer dans le domaine de la vulgarisation, elles devraient être recyclées
en agriculture, particulièrement dans les sciences culturales, l'élevage, etc. Or, il semblerait que
la logistique d'une telle formation n'a pas été sérieusement organisée, ou même étudiée, dans
aucun pays. En outre, se pose le problème de leur affectation sur le terrain. Il ne semblerait
guère pratique d'envoyer des femmes dans les zones reculées, ni d'accéder à leur désir de suivre
leur mari là où il travaille. Ces demandes de transfert, ainsi qu'un nombre accru de congés pour
s'occuper des affaires familiales, exerceraient une forte pression sur les services de vulgarisation
qui mettrait en péril l'efficacité du système. Enfin, il a été mentionné qu'avant de recruter plus
de femmes dans les services de vulgarisation ou de recherche, il faudrait qu'un plus grand
nombre de femmes fréquentent les instituts d'enseignement agricole et, afin de les encourager à
poursuivre de telles études, il faudrait également faire l'effort de construire des foyers adéquats
pour y accueillir les femmes, etc.
Malgré le rôle significatif joué depuis des siècles par les femmes dans l'agriculture, ce
n'est qu'à la fin des années 1970 que les services agricoles publics ont commencé à prêter
attention à la question. Par la suite, prenant conscience de cette négligence, les gouvernements
et les ONG ont lancé des projets spéciaux pour les femmes rurales. Dans la plupart des cas, il
s'agissait de petites initiatives avec financements modestes qui n'employaient que du personnel
féminin. Une décennie plus tard, il semble que la mise en oeuvre de projets distincts pour les
femmes n'est pas une proposition soutenable. Ceci pour deux raisons. D'une part, il est
administrativement fort coûteux d'avoir deux projets ou deux services de vulgarisation parallèles:
un pour les paysans, composé de personnel masculin, et un autre pour les paysannes, composé
de personnel féminin. D'autre part, les paysannes faisant partie intégrante du système de
production de la plupart des communautés, il est difficile d'isoler leurs rôle et contribution au
37
système de celui des hommes et, quelquefois même, de celui des enfants. Par conséquent, à long
terme, les problèmes des femmes doivent être complètement intégrés dans les politiques et
stratégies globales formulées en vue du développement agricole dans son ensemble.
ii) Insérer les projets spéciaux (pour les femmes) dans les activités générales de
vulgarisation?
iii) Maintenir les projets spéciaux, mais recruter plus de femmes dans les services
généraux de vulgarisation (et éventuellement affecter des hommes à ces projets
spéciaux)?
La première n'est sûrement pas la bonne définition, car les paysannes font partie des
systèmes agricoles. Mais il y a une certaine ambiguïté quant aux deux autres définitions. Tout
en recommandant l'intégration totale des femmes dans l'agriculture, les participants n'ont pas
cherché à mieux définir cette intégration (en anglais, mainstreaming), ni ses implications en
termes d'augmentation du nombre de femmes inscrites dans les instituts d'enseignement agricole
et d'autres conséquences connexes.
Cette question a été plus âprement débattue à l'atelier d'Accra qu'à celui d'Abidjan. La
recommandation d'intégrer les problèmes féminins consterne, voire menace, ceux qui ont jusqu'à
présent réussi à attirer l'attention sur ce sujet. Ils craignent que, juste au moment où la
contribution des femmes dans l'agriculture commence à être reconnue, un appel en faveur de leur
intégration risque de détourner l'attention des problèmes des paysannes et même de gêner les
efforts déployés pour comprendre leurs contraintes et y répondre. Ils font notamment valoir que
même si, à la longue, l'agriculture doit être considérée comme un système global de production
fondé sur les contributions des hommes, des femmes et des enfants, il faut maintenir pendant
quelque temps encore une emphase particulière sur les besoins des femmes, étant donné que leur
rôle a été négligé d'une manière flagrante pendant tant d'années.
Un consensus s'est finalement dégagé sur le fait qu'il y aurait trop à perdre en diluant
les préoccupations à ce stade. Cela reviendrait à abandonner l'objectif d'assister les paysannes,
avant même qu'un bon diagnostic de leurs problèmes soit établi.
Les conclusions des débats sur ce sujet, dans les deux ateliers, ont été les suivantes
i) Il faut continuer à mettre un accent spécial sur le rôle des femmes dans
l'agriculture et, plus spécialement, réaliser de bonnes analyses diagnostiques des
contraintes qui affectent leur production agricole.
ii) Tout comme la vulgarisation prête, dans le cadre de ses activités générales, un
intérêt particulier aux petits exploitants, celle-ci doit aussi porter une attention
spéciale aux femmes impliquées dans l'agriculture.
iii) Pour maintenir l'accent sur les problèmes des paysannes, il est souhaitable
d'établir des cellules spéciales et d'avoir des TS qui s'occupent exclusivement des
problèmes des femmes dans l'agriculture.
38
iv) Afin de déterminer si une hiérarchie parallèle des services de vulgarisation,
descendant jusqu'au terrain, est nécessaire, ou non, et si cette hiérarchie doit être
exclusivement constituée d'agents féminins, il faut analyser les circonstances
particulières de chaque pays. S'il s'avère que ceci n'est pas indispensable, parce
qu'il n'est pas interdit, culturellement, aux paysannes d'avoir des contacts avec
les vulgarisateurs masculins, les coûts pourront alors être réduits en sensibilisant
le personnel de vulgarisation existant aux problèmes féminins, au lieu de recruter
un personnel parallèle. Toutefois, là où règne une ségrégation religieuse ou
socio-culturelle des sexes, des services distincts de vulgarisation, constitués
d'agents féminins, devront être établis.
v) Il est, cependant, acceptable de pourvoir les cellules spéciales et les postes de TS,
ayant affaire avec les paysannes, de cadres masculins. Il a même été dit que,
dans certains cas, ceci pourrait même accroître leur crédibilité et leur efficacité;
mais une telle politique aurait également un impact négatif sur l'emploi des
femmes. Par conséquent, ici encore, chaque pays doit déterminer ce qui convient
le mieux à son contexte particulier.
39
4. Répercussions sur les politiques
Les résultats de ces deux semaines de délibérations, en Accra et en Abidjan, sont d'un
intérêt particulier pour certains groupes:
ii) Les administrations africaines, c'est-à-dire les responsables non seulement des
politiques de vulgarisation, mais aussi des politiques de croissance agricole et
économique. Ce sont, en effet, les échelons administratifs et politiques qui, outre
la formulation des politiques de l'agriculture, de l'horticulture, de l'élevage et de
la recherche, assurent la planification de ces différents secteurs et décident de
leurs allocations financières.
iii) Les chefs des projets de développement agricole, les agronomes et autres cadres
spécialisés de la Banque mondiale qui sont affectés à la Région Afrique.
v) Les autres agences d'aide au développement (BAfD, FIDA), les bailleurs de fonds
et les ONG impliqués dans des projets de développement agricole en Afrique.
41
ii) Etant donné l'impact potentiel de la vulgarisation par F&V-impact qui a été mis
en lumière dans l'étude de MM. Evenson et Bindlish-il est logique de renforcer
les actions visant à la rendre encore plus efficaces. Dans ce but, il faudra
susciter:
iii) Pour éviter la confusion et la dilution des ressources, l'unification des efforts de
vulgarisation est préconisée depuis longtemps. La plupart des participants aux
ateliers ont reconnu, cependant, qu'il n'a pas été possible de réaliser une
unification complète. En outre, de nombreuses autres agences privées de
vulgarisation relative à des produits spécifiques, comme la KTDA, la BAT, etc.,
continuent à fonctionner parallèlement aux systèmes de vulgarisation organisés
selon le système de F&V. A l'avenir, même s'il est difficile d'abandonner les
anciennes structures, les politiques dans ce domaine devraient éviter:
iv) Une riche variété de modifications du système de F&V, adaptées aux réalités
socio-administratives des pays ont été décrites au cours des ateliers. Ceci est non
seulement acceptable, mais encore presqu'inévitable. Néanmoins, bien qu'il n'y
ait pas eu beaucoup de recommandations uniformes sur l'organisation des
services nationaux de vulgarisation, il y a cependant eu unanimité sur trois
points:
42
c) Bien qu'il soit souhaitable d'octroyer aux agents de vulgarisation des
primes et autres incitations, il faut cependant éviter de gonfler les coûts
et surtout de trop privilégier ces agents par rapport à leurs pairs.
vii) Les programmes de vulgarisation doivent porter plus d'attention aux paysannes.
En pratique, ceci signifie qu'il faut:
43
g) impliquer délibérément les femmes comme les hommes dans la fixation
du calendrier de recherche ainsi que dans le suivi et l'évaluation des
efforts de vulgarisation;
ix) En vue d'améliorer les relations entre la vulgarisation et les autres services, il est
indiqué de ne pas insister sur la création de nouvelles structures institutionnelles,
mais plutôt de mettre l'accent sur la modification des comportements (ce qui a
été qualifié de "réalignement émotionnel" dans un des rapports nationaux).
x) Les participants aux deux ateliers ont fortement insisté sur le besoin de créer un
centre régional ou international pour l'échange régulier d'expériences et d'idées
nouvelles dans le domaine de la vulgarisation, qui serait aussi un centre
d'excellence pour la formation, la documentation et l'évaluation des méthodes de
vulgarisation. Ceci réclame, évidemment, l'élaboration d'une proposition bien
définie, afin d'obtenir les engagements nécessaires. Entre temps, un bulletin
périodique pourrait être lancé pour amorcer les échanges d'idées et d'expérien-
ces.
xi) Dans chacun des ateliers, les participants ont exprimé un intérêt pour les résultats
des délibérations de l'autre. Lors de la dernière séance de l'atelier d'Abidjan,
il a été spontanément demandé que soit brièvement esquissé ce qui s'était passé
en Accra la semaine précédente. Comme le montrent les observations du
chapitre 5, il y a eu de nombreux domaines de convergence-et quelques points
de divergence-dans les perspectives dégagées par les discussions d'Accra et
d'Abidjan. Il semble donc qu'un dialogue panafricain sur ces points se justifie.
En pratique, ceci implique qu'il faut bientôt commencer les travaux de
préparation d'une conférence des responsables africains des politiques de
vulgarisation.
44
C -
'I
_~Mr - - p
45
5. Comparaisondes sessions d'Accra et d'Abidjan
Préoccupations communes
47
L'accès des services de vulgarisation jusqu'aux paysannes a été soulevé dans les deux
ateliers. Mais ce point a peut-être été discuté plus en profondeur en Accra qu'en Abidjan. Une
plus grande clarté conceptuelle et analytique semble, cependant, être nécessaire pour que la
vulgarisation réponde plus franchement à ce problème. Néanmoins, quelques statistiques
importantes et des réactions très intéressantes ont été exprimées dans les deux ateliers sur le rôle
des femmes dans les systèmes de production agricole des pays africains.
En ce qui concerne la gestion, les suggestions communes qui se sont dégagées concernent
la nécessité d'avoir une politique agricole nationale qui reconnaît l'importance de la vulgarisation,
le besoin d'allocations budgétaires accrues et disponibles en temps utile sur le terrain, ainsi que
l'importance d'un engagement à long terme de la Banque mondiale pour le soutien de ces
systèmes de vulgarisation. La priorité à la formation, à tous les échelons, a également été
recommandée.
Le groupe de travail d'Accra sur la formation a voulu élargir son titre pour couvrir
également la valorisation des ressources humaines. Mais leurs recommandations finales,
présentées en séance plénière, portaient principalement sur deux aspects de la formation: le
besoin d'une formation plus participative, qui répond bien aux compétences requises aux divers
niveaux, et la nécessité de réviser les programmes. En revanche, le groupe de travail d'Abidjan
s'est révélé beaucoup plus préoccupé par la gestion des ressources humaines, mettant l'accent sur
le déroulement des carrières, les incitations, le déploiement rationnel du personnel en fonction
de ses aptitudes et de sa formation, etc.
Dans les deux ateliers, les discussions ont mis en évidence l'importance cruciale de la
formation, qui est vraiment à la base du système de vulgarisation par F&V. Il y a aussi été
profondément ressenti un besoin d'échanger continuellement les idées et de partager les
expériences, besoin qui pourrait être facilité par l'établissement d'un centre régional pour la
documentation et la formation. A ce sujet, il a été remarqué qu'il existe un certain nombre
d'instituts du CGIAR pour le développement des technologies agricoles, mais qu'il n'y a,
aujourd'hui, aucune institution jouant le rôle de centre d'information sur les réussites, les
problèmes et les échecs de gestion des services de vulgarisation. Un tel centre pourrait servir
effectivement de forum pour la conceptualisation de stratégies efficaces et la formation du
personnel en vue de mieux servir les fermiers.
48
d'Accra a indiqué plus spécifiquement que les pouvoirs publics et les bailleurs
de fonds doivent
soutenir un plan national de recherche et de vulgarisation. Ce groupe a également
insisté sur le
besoin d'accentuer la recherche en milieu paysan qui implique la participation
des chercheurs,
des vulgarisateurs et des fermiers. Il a aussi fait mention des approches pluridisciplinaires
telles
que la recherche sur les systèmes de production.
Enfin, les séances plénières d'Accra et d'Abidjan, ont divergé dans leur
choix du
quatrième thème de discussion. Le thème du groupe de travail d'Accra
était Mettre la
vulgarisation à la portée des groupes spéciaux, tandis que celui du groupe
de travail d'Abidjan
était Impliquerles associationsdefermiers dansla vulgarisation.Par conséquent,
les participants
d'Accra ont discuté de la manière d'atteindre certaines catégories spéciales d'agriculteurs,
comme
les paysannes, les jeunes, les nomades, les éleveurs, etc., alors qu'à l'atelier
d'Abidjan, l'accent
a été mis sur les associations d'agriculteurs, comme les syndicats, les coopératives, etc.
En somme, la qualité des analyses et des délibérations a été très élevée dans
les deux
ateliers. Le grand nombre de préoccupations communes et les différences identifiables,
dans les
approches et les solutions, permettent de penser qu'un Dialogue panafricain
sur ce sujet
justifierait largement les investissements en temps et organisation. Les interventions
des délégués
nationaux dans les ateliers d'Accra et d'Abidjan ont montré qu'il est nécessaire
de discuter
périodiquement de l'évolution des systèmes de vulgarisation par F&V dans le contexte
africain
et de partager les expériences dans l'amélioration de l'efficacité de ces systèmes. L'organisation
d'une conférence panafricaine, mettant en lumière les principales préoccupations
exprimées en
Accra et en Abidjan, serait donc la prochaine étape logique de la Banque pour
maintenir son
appui au développement agricole et institutionnel du continent africain.
49
Lilongwe en perspective
la
Deux ans plus tôt, la Banque avait organisé un atelier sur les problèmes de
en 1991, à Lilongwe
vulgarisation en Afrique pour ses propres cadres. Cet atelier, qui eut lieu
but de
(Malawi), avait été conçu comme prélude à ceux d'Accra et d'Abidjan. Il avait pour
d'identifier les questions qui devaient être discutées par les responsables nationaux de l'exécution
sont
des projets de vulgarisation dans ces deux ateliers. Maintenant que ces délibérations
terminées, il est possible de déterminer si les discussions ont répondu aux attentes.
Les points soulevés à Lilongwe ont été traités bien plus en profondeur dans les ateliers
problèmes
de 1993. Les participants avaient manifestement une très bonne compréhension des
le système de F&V.
complexes associés à la réorganisation des services de vulgarisation selon
La plupart des délégués ont, d'ailleurs, manifesté leur vive appréciation de cette opportunité
remarquable qui leur a été offerte par cet échange d'expériences.
Mais cette hypothèse, même si elle n'a pas vraiment été démentie par les évènements
et
ultérieurs, restait encore un sujet à débattre (mais non débattu) lors des ateliers d'Accra
de a
d'Abidjan. Des exemples ont été donnés, dont celui de l'année 1991, où le système
F&V
et
été introduit en Zambie, qui a été une année de sécheresse, avec 75 % des recoltes perdues,
campagne de démonstrations organisée
comment ce phénomène a eu un impact très négatif sur la
guerre
par la vulgarisation cette année-là. A peu près à la même époque, l'éclatement d'une
a
civile en Ethiopie, qui a entraîné plus tard une restructuration majeure du cadre administratif,
également provoqué une rupture dans l'exécution harmonieuse du programme de vulgarisation
l'absence
dans ce pays. Plusieurs autres pays ont rapporté que la vulgarisation était entravée par
Il est
de systèmes effectifs pour la fourniture des intrants ou la mise au point de technologies.
à de tels
donc clair que le processus de réforme de la vulgarisation en Afrique est vulnérable
une plus large mesure que ne l'avait anticipé les
contextes physiques et politiques dans
politique peut avoir un effet sensible sur
participants à Lilongwe. Il est certain que la stabilité
et
l'impact de la vulgarisation. Par conséquent, les grands problèmes de stabilité politique
économique du continent devront donc être abordés, au niveau des politiques, par les gouverne-
de
ments africains et la Banque mondiale, avant que puisse être largement démontré le potentiel
la vulgarisation dans l'amélioration de l'agriculture.
Les études de cas au Burkina Faso et au Kenya ont prouvé l'efficacité de la vulgarisation
peut
par F&V. Ce système est maintenant adopté dans quelque 30 pays africains. S'il
fonctionner comme prévu, il pourra améliorer substantiellement les performances de l'agriculture
des
et les niveaux de vie dans les zones rurales. Néanmoins, les niveaux démontrés de rentabilité
seront pas réalisables en l'absence de
investissements dans la recherche et la vulgarisation ne
stabilité politique et économique dans ces pays.
50
Prochaine étape
Il s'avère donc que c'est l'engagement politique qui est la plus cruciale
des variables au
stade actuel. Ce sont les responsables des politiques des pays africains
qui devront établir et
offrir un environnement propice à la vulgarisation. Déjà, en Accra et en Abidjan, les participants
francophones et anglophones ont manifesté un intérêt réciproque
pour les délibérations de l'autre
atelier. Ils ont montré leur compréhension des problèmes et
leur crainte des entraves qu'ils
rencontrent pour établir une vulgarisation plus efficace. Un dialogue
panafricain sur les questions
de politique générale semble donc être la prochaine étape logique.
51
- - -
Annexe 1 : Délibérationsde l'atelier d'Accra
Bien que le thème dominant des deux ateliers sur la vulgarisation en Afrique aient été le
même, à savoir l'amélioration de l'efficacité de la vulgarisation agricole en Afrique subsaharien-
ne, il a été estimé nécessaire, pour des raisons de logistique et de langue, de tenir consécutive-
ment les deux sessions, respectivement en Accra et en Abidjan.
Dix pays anglophones ont participé à l'atelier d'Accra : l'Ethiopie, la Gambie, le Ghana,
l'Ile Maurice, le Kenya, le Malawi, le Nigéria, l'Ouganda, la Tanzanie et la Zambie. Tous ces
pays se trouvaient à divers stades de la mise en oeuvre de programmes nationaux de vulgarisation
selon le système de F&V avec le soutien de la Banque.
Ces pays étaient représentés par de hauts fonctionnaires impliqués dans la gestion des
services nationaux de vulgarisation: dirigeants de la vulgarisation, chefs de divisions des
ministères de l'Agriculture et de l'Elevage, directeurs d'établissements de formation,
administrateurs des instituts nationaux de recherche, etc. Des cadres de la Banque mondiale et
des représentants d'autres agences d'aide, y compris quelques ONG, étaient également présents,
ainsi quelques délégués d'entreprises parapubliques. Une liste complète des participants et des
experts invités est donnée à l'annexe 4.
I. Orateurs invités
Il. Rapport sur l'évaluation de la vulgarisation par le système de F&V
III. Résumé des débats sur les monographies nationales
IV. Conclusions et recommandations des groupes de travail
V. Remarques de clôture
I. Orateurs invités
Dans son allocution d'ouverture, M. Ravi Kanbur a déclaré que le point central du débat
sur les politiques de développement était le rôle des pouvoirs publics : quels étaient les domaines
et activités de développement qui incombaient directement à l'administration et quelles étaient les
aspects qui devaient être laissés au secteur privé. Néanmoins, la vulgarisation agricole elle-même
est restée au dessus de ce débat, car elle s'occupe de connaissance et de savoir. Or, le savoir est
dans le domaine public, ce qui explique pourquoi la vulgarisation est devenue un service public
dans de nombreux pays. Cependant, d'après M. Kanbur, la façon dont il faut exploiter le
système de vulgarisation n'a pas été suffisamment débattue, aussi a-t-il indiqué qu'il espérait que
les délibérations de l'atelier allaient offrir de nouvelles perspectives et concentrer l'attention sur
une meilleure exécution des projets de vulgarisation agricole dans les pays participants.
Ensuite, S.E. Ibrahim Adam, Ministre de l'Agriculture du Ghana, a fait remarquer que
la vulgarisation se révèle être un des éléments clés à renforcer pour renverser la tendance au
53
déclin de la production alimentaire par habitant en Afrique. Il y a eu déjà de nombreux
séminaires consacrés à ce sujet et la documentation qui s'y rapporte est abondante. Pourtant, les
problèmes perdurent, en particulier celui du faible niveau des allocations budgétaires. Il a
souligné la nécessité d'examiner les aspects suivants de la vulgarisation:
ii) Donner l'importance qui convient aux problèmes spécifiques des femmes dans
le cadre des services aux agriculteurs.
iv) Réaliser une collaboration adéquate entre les experts locaux et étrangers.
v) Modérer, dans une certaine mesure, l'accent mis sur les aspects technique et
scientifique de la technologie et concentrer l'attention sur l'environnement
sociologique pour s'assurer que le vulgarisateur est totalement intégré dans la
communauté rurale qu'il, ou elle, cherche à servir.
M. Daniel Benor, de la Banque mondiale, s'est fait l'écho des sentiments exprimés par
le Ministre et a rappelé qu'il a toujours souligné que le rôle de la vulgarisation n'était pas
simplement d'augmenter la production des fermiers, mais encore d'accroître leurs revenus et leur
qualité de vie. C'est là un objectif important que tous les vulgarisateurs devaient poursuivre avec
persévérance.
M. Bertus Haverkort, d'ILEIA, a présenté, en séance plénière, un exposé sur le rôle des
fermiers dans le développement des technologies. L'absence de technologies appropriées et à
faible coût pour les agriculteurs privés de ressources avait déjà été mentionnée à plusieurs reprises
durant les présentations nationales. Ce fait était aussi apparu lors de l'atelier de Lilongwe, en
1991, où il a également été remarqué que la formation du personnel de vulgarisation avait
tendance à se faire du sommet vers la base et était souvent centrée sur la consommation d'intrants
onéreux, plutôt que de s'appuyer sur des technologies peu coûteuses, pour améliorer les
rendements et la fertilité des sols, protéger l'environnement et réduire les pertes.
Dans les zones accidentées et de caractéristiques diverses, exposées aux risques naturels,
les fermiers ont, au fil du temps, mis au point une grande variété de systèmes de production
adaptés aux circonstances agro-écologiques particulières à leur région. Généralement, ces
agriculteurs visent spécialement à obtenir sûrement des récoltes régulières, plutôt que des
54
rendements maximum. Ils ont ainsi adopté des pratiques intégrées de culture qui reposent
essentiellement sur les ressources disponibles localement. Certains de ces processus ont
surexploité la base de ressources naturelles et d'autres ont réussi à maintenir un bon équilibre de
ces ressources, mais, dans tous les cas, ces pratiques font partie intégrante d'une solide tradition.
Il a aussi été démontré qu'au sein de ces systèmes traditionnels, les changements résultent
d'innovations indigènes. Les fermiers ont tendance à expérimenter: ils comparent les résultats
obtenus au fil du temps et sur différents champs afin d'ajuster leurs pratiques agricoles. Ces
expériences des agriculteurs ne sont peut-être pas systématiques, mais se sont souvent révélées
cruciales pour la recherche et le développement.
L'étude au Kenya a montré que le taux d'adoption des messages entraînant des achats
d'intrants était faible, tandis celui des messages donnant lieu un travail plus important était
relativement élevé. Des discussions sur ce point ont mené à la conclusion que le choix des
technologies à tester ou à vulgariser devaient faire l'objet d'un diagnostic initial minutieux du
groupe ciblé, car il avait été démontré, dans certains pays, que l'adoption de nouvelles
technologies avait été entravée, soit parce que ces dernières exigeaient plus de travail, soit parce
que la quantité recommandée d'intrants à acheter était incorrecte.
Se fondant sur les résultats de ces études, le professeur Evenson a suggéré que la
vulgarisation pouvait à elle seule contribuer jusqu'à 2 % supplémentaires à la croissance annuelle
de l'agriculture, ce qui peut être considéré comme un rendement très élevé de l'investissement
consacré à la réforme d'un système de vulgarisation selon les principes de F&V.
Bien que la vulgarisation donne généralement d'excellents résultats, les études ont
identifié des améliorations spécifiques qui peuvent lui être apportées
55
i) La gestion de la vulgarisation ne doit pas négliger les régions à faible potentiel.
En effet, ces régions réagissent souvent mieux à la vulgarisation et obtiennent des
accroissements relativement plus importants de productivité.
iii) Les agents de vulgarisation de terrain les plus instruits n'ont pas nécessairement
de meilleures performances que leurs collègues moins bien formés.
iv) La valeur ajoutée par le personnel de supervision tend à décroître avec le nombre
des niveaux de cette supervision. Les frais généraux des services de vulgarisa-
tion doivent rester aussi limités que possible, car ce sont les contribuables qui,
en fin de compte, supportent les coûts de leur fonctionnement.
Quoi qu'il en soit, les études du professeur Evenson font ressortir que le financement de
la vulgarisation constitue un des meilleurs investissements dans le secteur agricole.
Pendant les trois premières séances de l'atelier, les participants ont décrit l'expérience
de leurs pays respectifs dans l'organisation et la mise en oeuvre de systèmes de vulgarisation
professionnelle et ont ainsi mis en relief les problèmes clés qui ont été rencontrés.
Après la présentation de ces monographies nationales, les participants, ainsi que les
animateurs, le Dr. Burton Swanson et le Dr. Aruna Bagchee, ont donné leurs commentaires et
ont attiré l'attention sur certains problèmes communs, ou particulièrement significatifs, ou sur des
points qui semblaient devoir être discutés de manière plus approfondie.
Les principaux problèmes qui ont été soulevés pendant ces discussions sont résumés ici
par le Dr. Swanson.
i) ASPECTS ORGANISATIONNELS
b) Les relations entre les projets financés par des bailleurs de fonds et les
systèmes de vulgarisation spécifique concernant un seul produit
56
b) Les mécanismes d'amélioration des liens entre la recherche et la
vulgarisation
c) L'utilisation accrue des approches de groupes qui sont bien plus rentables
pour diffuser les messages
b) Une rémunération trop faible des agents peut provoquer une rotation
élevée du personnel
57
vi) SERVICES AGRICOLES DIVERS
b) La mise à profit des connaissances des fermiers pour créer des technolo-
gies durables
58
Le Dr. Bagchee a souligné qu'il y avait manifestement de nombreux aspects encoura-
geants dans la performance des services réformés de vulgarisation. Cependant, offrir des services
intégrés de vulgarisation (utilisant le même personnel de terrain pour disséminer indifféremment
les informations sur les cultures, l'élevage, l'horticulture, la pêche, etc.) exige un degré
de
coordination et de coopération entre plusieurs départements de l'administration qui semble
difficile à réaliser. Il n'est pas facile, en effet, d'obtenir des changements d'attitude de la
part
de la bureaucratie. Il faut donc que les groupes de travail discutent plus en détail des méthodes
propres à briser cette résistance.
D'autres points saillants du débat ayant des implications opérationnelles pour les
programmes de vulgarisation sont résumés ci-après:
i) Certains pays ont constaté qu'il était problématique de conduire les programmes
bimensuels et mensuels de formation pour deux raisons: le manque de fonds et
l'absence de nouveaux messages à communiquer. Pour résoudre le premier de
ces problèmes, de sérieux efforts devraient être fait pour rendre disponible en
temps utile les budgets de fonctionnement. Par ailleurs, pour éviter les séances
répétitives, une plus grande attention devrait être portée à la fois au contenu de
ces séances et à leur méthodologie.
ii) Plusieurs pays avaient des expériences en cours sur la manière d'approcher les
fermiers en groupes et sur d'autres méthodes indigènes visant à obtenir un effet
multiplicateur; de telles innovations ont été très bien accueillies.
iii) Quelques pays, tels que le Nigéria, la Tanzanie et la Zambie, avaient adopté, en
vue de renforcer leur action pluridisciplinaire, des méthodes de recherche
agricole appliquée similaires à celles de la recherche sur les systèmes de produc-
tion. Il pourrait être intéressant de suivre la manière dont les liens opérationnels
entre la vulgarisation et la recherche sur les systèmes de production ont été
établis.
Parlant en termes généraux, le Dr. Bagchee a fait remarquer que les bons systèmes de
vulgarisation semblaient être ceux qui ont porté suffisamment d'attention au milieu
socio-
économique dans lequel ils évoluaient, qui ont clarifié les rôles et qui ont établi une coordination
harmonieuse entre les agences concernées et les fermniers. Il est également vrai
que, malgré le
taux élevé d'alphabétisation des agriculteurs de l'Ile Maurice ou les efforts déployés pour
publier
59
des brochures sur la vulgarisation en Tanzanie, il y a toujours un grand besoin d'interactions
personnelles entre le vulgarisateur et le fermier.
Après la discussion des monographies nationales, les participants ont été répartis en quatre
groupes de travail en vue d'une analyse plus approfondie des thèmes choisis. Leurs conclusions
ont été présentées et discutées en séance plénière et ont conduit à l'adoption d'une série de
recommandations.
GROUPE A: GESTION
ii) Des efforts doivent être fait pour renforcer les liaisons et définir les rôles
respectifs des différentes entités, tant au sein du ministère de l'Agriculture qu'à
l'extérieur de ce dernier, qui ont une action complémentaire à celle des services
de vulgarisation.
v) Le rôle de la gestion au niveau du terrain doit être reconnu et appuyé par une
formation pertinente et des conseils pratiques.
vi) Les cadres de supervision doivent avoir une formation adéquate, non seulement
dans le domaine de la supervision mais aussi dans le domaine technique, et être
dotés des instruments nécessaires pour exécuter leur mission.
vii) Les cadres chargés du suivi et de l'évaluation doivent avoir les compétences
indispensables pour assurer ces fonctions et disposer de l'appui logistique ainsi
que du matériel nécessaire.
GROUPE B: FORMATION
ii) Il faut une plus grande interaction entre les instituts d'enseignement ou de
recherche agronomiques et les agents de vulgarisation dans l'établissement de
programmes appropriés d'études agricoles.
iii) Des programmes de formation doivent être organisés conjointement par les
services de vulgarisation, les services de recherche et les instituts supérieurs
d'enseignement agricole.
60
iv) Il est nécessaire de revoir et restructurer les programmes d'études des établisse-
ments supérieurs d'enseignement agricole afin de refléter l'évolution des besoins
dans le domaine.
vii) Il faut instaurer une politique délibérée qui vise à accroître le recrutement et la
formation d'agents féminins de vulgarisation.
ii) Les bailleurs de fonds doivent coordonner leurs efforts de soutien aux program-
mes et plans nationaux de recherche et de vulgarisation agricoles.
iii) Une partie intégrante du processus de génération des technologies nouvelles est
la recherche appliquée sur le terrain qui implique la collaboration des chercheurs,
des vulgarisateurs et des fermiers.
iv) Chaque pays doit faire un examen critique des liaisons entre ses services de
recherche ou de vulgarisation et les agriculteurs afin de s'assurer que les
technologies pertinentes et utiles sont mises à la disposition des fermiers et autres
utilisateurs.
vi) La technologie existante (engendrée soit par les fermiers eux-mêmes, soit par les
chercheurs) doit toujours être prise en compte dans le processus de création et
de mise au point de nouvelles technologies.
61
il) La recherche doit mettre au point des technologies appropriées qui répondent aux
besoins spécifiques de ces catégories spéciales.
iii) Une politique délibérée de formation d'un plus grand nombre de femmes aux
disciplines agronomiques et de recrutement de celles-ci dans les services agricoles
doit être adoptée dans tous les pays concernés.
iv) Il faut sensibiliser les services de vulgarisation, les autorités locales, les ménages
ruraux et les médias aux rôles et besoins multiples des groupes spéciaux afin de
mieux répondre aux besoins spécifiques de ces catégories.
vi) Des activités visant à mieux répondre aux besoins des paysannes doivent faire
partie des programmes courants de vulgarisation et de recherche, afin d'utiliser
au mieux les ressources et d'éviter la marginalisation des problèmes des paysan-
nes.
vii) Il faut définir des indicateurs en vue de suivre et évaluer la mesure dans laquelle
les catégories spéciales sont servies.
V. Séance de clôture
Lors de la séance de clôture de l'atelier, les organisateurs ont demandé aux experts de
faire part de leurs observations sur les discussions de la semaine. Le Dr. Bagchee a déclaré que
l'atelier avait clairement montré que les pays qui ont réorganisé leurs services de vulgarisation
sur le modèle de F&V avaient le souci d'améliorer la qualité des services. Parmi les améliora-
tions proposées, il est envisagé notamment de cibler avec plus de précision les bénéficiaires de
ces services et de veiller à ce que les ressources et les fonds nécessaires soient disponibles pour
assurer les activités sur le terrain. Elle a également insisté sur le niveau élevé des débats et le
partage fructueux des idées.
Le Dr. Swanson a récapitulé les principales questions soulevées au cours des discussions.
Il a émis le souhait de voir bientôt naître un réseau permanent d'information et un centre de
formation afin que de tels échanges ne restent pas intermittents.
M. Moyo, de Tanzanie, et le Dr. Oyebanji, du Nigéria, avaient été désignés par les
participants pour parler en leurs noms. Ils ont donné leurs impressions sur les délibérations de
l'atelier. M. Moyo a mis l'accent sur les excellentes dispositions organisationnelles et sur
l'atmosphère agréable qui ont été propices à un réel échange d'idées et d'expériences. Le
Dr. Oyebanji a fait un rappel des principaux problèmes soulevés et des recommandations y
relatives émanant de l'atelier:
i) L'insuffisance des financements: Bien sûr, les pouvoirs publics devraient faire
les allocations financières requises, mais la Banque devrait accepter, pour sa part,
de financer les frais de fonctionnement des programmes de vulgarisation.
62
ii) Le renforcement de la formation: Celle-ci a aussi été identifiée dans les études
du Pr. Evenson comme étant un élément crucial de l'amélioration de l'efficacité
de la vulgarisation. Il est donc nécessaire d'intensifier la participation des
vulgarisateurs aux activités de formation, dans le pays et à l'étranger, y compris
les cours de longue durée. Les administrations nationales et la Banque mondiale
devraient soutenir ces efforts.
iv) L'ouverture vers les groupes spéciaux: Il est nécessaire de multiplier les actions
particulièrement destinées aux paysannes, aux jeunes agriculteurs et aux
nomades. Les services de vulgarisation nationaux doivent élaborer des pro-
grammes visant à accroître la productivité de ces groupes.
En réponse à certaines des discussions de l'atelier, M. Jaycox a encore déclaré que le rôle
central des femmes dans l'agriculture africaine et la nécessité d'en tenir compte pour favoriser
un rapide développement agricole était bien compris par la Banque. Il a mentionné, en outre,
qu'une initiative majeure concernant les femmes dans l'agriculture africaine était en préparation.
Il s'est réjoui des conclusions très positives sur la vulgarisation par F&V résultant des études du
Pr. Evenson et a recommandé que cette évaluation sophistiquée soit largement disséminée.
63
M. Jaycox a partagé l'avis des participants sur les échanges d'idées et d'expérience entre
responsables de la vulgarisation qui devraient être plus fréquents. "Vos succès devraient être
racontés dans un bulletin mensuel, disponible en français et en anglais. " Quant à l'établissement
d'un centre de formation plus ou moins permanent, il a suggéré d'utiliser un des instituts de
formation existants comme base régionale et a indiqué que la Banque pourrait appuyer une telle
décision. Par ailleurs, en ce qui concerne un centre régional ou international sous l'égide du
CGIAR, il a fait remarquer que la proposition détaillée devait d'abord être préparée.
64
Annexe 2 : Délibérationsde l'atelier d'Abidjan
Ces 16 pays francophones y étaient représentés par des dirigeants de leurs services de
vulgarisation et de recherche. L'invité d'honneur, S.E. Kouassi Konan Lambert, Ministre de
l'Agriculture de la Côte d'Ivoire, a prononcé le discours d'ouverture. Trois orateurs invités ont
également pris la parole: M. Edward V. K. Jaycox, vice-président de la Banque mondiale pour
la Région Afrique; M. Kevin M. Cleaver, directeur du département technique pour l'Afrique de
la Banque, qui a proposé une Stratégie pour le développement de l'Afrique subsaharienne et le
professeur Robert Evenson, qui a présenté son étude Evaluation économique de la rentabilité de
la vulgarisation.
I. Orateurs invités
M. Jaycox a confirmé que l'Afrique restait une des grandes priorités de la Banque. Il
a mis l'accent sur le rôle important de l'agriculture dans le développement économique de
l'Afrique et a signalé que la croissance annuelle de l'agriculture devait être doublée, de 2 % à
4 %. Pour atteindre cet objectif difficile, mais réalisable, la Banque comptait sur une
contribution majeure de la recherche et de la vulgarisation. En effet, l'agriculture africaine avait
constamment besoin d'améliorer ses technologies. Il a également indiqué que l'appui de la
Banque à la vulgarisation était un engagement à long terme et il a suggéré que les responsables
de ces services rappellent à leurs administrations que si elles considéraient que la vulgarisation
agricole était absolument prioritaire, elles devaient aussi en assurer le financement. M. Jaycox
a également reconnu que les programmes d'ajustement structurel, tout en étant utiles et efficaces,
étaient causes de tensions pendant la période de transition et qu'il était donc nécessaire d'accroître
les services sociaux afin d'amortir leur impact négatif sur les pauvres. Il a encore mentionné que
la Banque allait publier bientôt une étude sur les programmes d'ajustement structurel en Afrique.
Enfin, il a signalé que, d'après les premières indications disponibles, 12 pays africains avaient
enregistré au cours de ces dernières années une croissance du PIB supérieure à celle de la
population.
65
De son côté, M. Cleaver a présenté la stratégie de la Banque mondiale pour le
développement de l'Afrique subsaharienne dont l'objectif est un taux de croissance agricole à long
terme de 4 % par an. Cet objectif est ambitieux mais réalisable dans le cadre d'une nouvelle
stratégie fondée sur cinq éléments principaux: création d'un environnement économique et
politique propice au développement agricole, génération de nouvelles technologies agricoles,
promotion des organisations de fermiers et de leur participation, développement des infrastructu-
res tant matérielles que sociales et meilleure gestion des ressources naturelles. Trois défis doivent
être relevés par la recherche et la vulgarisation: accroître la participation des agriculteurs dans
la gestion de la vulgarisation et de la recherche, améliorer les niveaux technologiques en
encourageant les innovations d'où qu'elles viennent et intégrer la gestion des ressources naturelles
(ce qui demande souvent des actions collectives).
Le professeur Evenson et son équipe ont présenté les résultats de leurs études d'évaluation
des services de vulgarisation par F&v du Burkina Faso et du Kenya. Leurs constatations
indiquent que les rendements marginaux des investissements de vulgarisation sont extrêmement
élevés : 350 % au Kenya et 190 % au Burkina Faso. M. Evenson a expliqué les méthodes
statistiques utilisées et a conclu que, sur la base des résultats obtenus, il semblerait que la
vulgarisation puisse, à elle seule, accroître le taux annuel de croissance de l'agriculture de 2 %
environ. Il a néanmoins signalé que son évaluation économique était purement quantitative et que
des recherches additionnelles devaient permettre de tenir compte de variables qualitatives.
Les pays participants ont fait part de leur expérience en matière de vulgarisation agricole
historique du processus de réorganisation de leurs services nationaux selon le système de gestion
par F&V, succès obtenus grâce à ce système et contraintes auxquelles il a été confronté.
Au cours des discussions, en séances plénières, sur chacune de ces monographies les
participants ont soulevé de nombreuses questions intéressantes et échangé leurs expériences
nationales. A la fin de chaque séance, les experts-Mme A. Bagchee, MM. M. Bagouro et
J. Brossier-ont donné leurs commentaires et mis en lumière les principaux aspects, convergents
et divergents, révélés par ces monographies.
M. Brossier a fait remarquer que ces présentations semblaient indiquer que les services
de vulgarisation des pays francophones africains subissaient des contraintes communes, à savoir:
66
iii) Au plan de la technique agricole, notamment par le choix inopportun de
technologies qui n'ont aucun rapport avec les besoins des fermiers.
ii) Ce fait a incité ces pays à réorganiser leurs services agricoles, particulièrement
la vulgarisation, afin de mieux répondre aux besoins de l'environnement socio-
économique de l'Afrique post-coloniale.
iii) Les initiatives pilotes introduites avant le lancement des programmes nationaux
de vulgarisation ont beaucoup contribué à la définition des principaux éléments
du système de vulgarisation et des moyens appropriés de collaboration entre
les
agences impliquées. (Cette phase ne doit être ni éliminée ni réduite.)
A son tour, Mme Bagchee a noté que les monographies nationales et les débats
ont
beaucoup plus insisté sur les problèmes de protection de l'environnement qu'à l'atelier
d'Accra.
Les questions relatives à la gestion des ressources naturelles ont été évoquées
à plusieurs reprises
au cours des discussions d'Abidjan et il a même été suggéré que ce problème
délicat soit traité
en profondeur par un groupe de travail distinct. Néanmoins, les participants
ont finalement
décidé d'aborder ce thème en même temps que ceux de la génération des technologies et
des
liaisons entre les fermiers, la vulgarisation et la recherche. Le groupe de travail
concerné a donc
dû discuter longuement du type de coordination ou de collaboration qu'il était
nécessaire d'établir
entre les programmes de vulgarisation et ceux de gestion des ressources naturelles.
Mme Bagchee a encore souligné que, pour améliorer les services de vulgarisation,
il
importait d'atteindre tous les agriculteurs, y compris les paysannes. Il fallait,
par conséquent,
identifier les problèmes spécifiques de ces dernières afin d'améliorer leur
productivité. Les
agents de vulgarisation et les chercheurs devaient donc être spécialement formés
pour évaluer les
contraintes particulières subies par les femmes dans l'agriculture et définir une approche
qui leur
ouvre l'accès aux services de vulgarisation. Pour mieux expliquer cette nécessité,
Mme Bagchee
a rappelé certaines des conclusions de l'étude de Katrine Saito sur le
6
rôle des femmes dans
l'agriculture africaine" :
67
i) Les systèmes traditionnels de production (et la séparation des champs des
hommes de ceux des femmes, particulière à l'Afrique) commencent à disparaître.
ii) Les femmes actives dans l'agriculture sont de plus en plus nombreuses. (Elles
interviennent pour 70 % de la production vivrière.)
iii) Les femmes travaillent une fois et demi plus que les hommes.
iv) Les femmes ont un accès limité aux intrants et aux services agricoles, y compris
la vulgarisation. (Au Kenya, par exemple, il en résulte une perte de productivité
féminine de l'ordre de 20 %).
Compte tenu de tout cela, les recommandations destinées à la vulgarisation peuvent être
essentiellement formulées comme suit:
ii) Prodiguer des conseils adaptés aux besoins des différentes catégories d'agricul-
teurs.
iii) Faciliter les communications entre les vulgarisateurs masculins et les paysannes.
Après la discussion des monographies nationales, les participants ont été répartis en quatre
groupes de travail pour procéder à une analyse plus approfondie des thèmes choisis. Leurs
conclusions ont ensuite été discutées en séance plénière et ont donné lieu à l'adoption d'une série
de recommandations.
68
GROuPE A: ORGANISATION INSTITUTIONNELLE ET GESTION DU PROGRAMME DE VULGARISATION
Ce groupe de travail a conclu que, bien que des efforts considérables aient été faits pour
restructurer les services nationaux de vulgarisation suivant le système de F&V, qui s'est déjà
révélé efficace, un certain nombre de problèmes subsistaient. Il y avait notamment une dispersion
des efforts de vulgarisation entre différents départements, des difficultés de coordination, une trop
grande variété d'approches du système et une collaboration insuffisante entre les ONG et les
services nationaux. Il a également été souligné que la gestion administrative et financière des
projets souffrait d'un excès de centralisation, de la lourdeur des procédures internes et externes
de déblocage de fonds et de remboursements, de pertes résultant des fluctuations des cours des
monnaies et de la rigidité des conditions de financement.
iv) Etablir un cadre de collaboration permanente entre les ONG, les départements
ministériels et les services de vulgarisation.
v) Inciter les agents de vulgarisation à centrer leurs efforts sur les tâches dont ils
sont responsables.
vi) Admettre une certaine souplesse dans la mise en oeuvre de la vulgarisation par
F&V, dans la mesure où ses principes fondamentaux sont respectés: administra-
tion unique, fonnation régulière, renforcement des liaisons entre la recherche et
la vulgarisation et, surtout, respect du calendrier des interventions.
69
xii) Introduire des systèmes d'incitation financière afin de mieux motiver les agents
sur le terrain, qui travaillent souvent dans des conditions difficiles.
xiii) Inclure dans les accords de projet des clauses visant à minimiser les risques de
distorsion des coûts, et de leur partage, en raison des variations des parités des
monnaies.
xiv) Assurer dans les pays concernés une meilleure planification des dépenses
publiques et une allocation plus rationnelle des fonds, mettant en évidence la
priorité octroyée à l'agriculture.
En ce qui concerne la gestion des ressources humaines, ce groupe a constaté qu'il y avait
encore beaucoup à faire pour instaurer des politiques rationnelles favorisant la spécialisation, le
professionnalisme et la transparence dans les affectations, les promotions et les encouragements.
Au sujet de la formation, le groupe a remarqué que, souvent, il n'y avait pas assez de
spécialistes pour animer les ateliers de formation, qu'il y avait une pénurie de chercheurs qualifiés
dans certains domaines spécialisés et que, fréquemment, les chercheurs n'avaient pas les aptitudes
nécessaires pour jouer le rôle de formateur. Dans plusieurs pays, les sessions bimensuelles et
mensuelles de formation étaient difficiles à organiser selon le calendrier prévu par suite de
diverses contraintes, dont des problèmes logistiques. Par ailleurs, il n'y avait aucune garantie
que les cadres ayant reçu une formation continueraient à travailler dans les domaines pour
lesquels ils avaient été éduqués; il semblait, en effet, qu'ils étaient souvent affectés ailleurs
aussitôt après leur formation.
Sur la base de ces observations, le groupe a formulé les recommandations qui suivent
ii) Les règles et conditions de service des agents de vulgarisation doivent être
clairement énoncées et s'inscrire dans le cadre général de la réglementation de
la fonction publique.
iv) Les promotions dans le service doivent se faire uniquement sur la base d'examens
professionnels.
70
vi) Un système de primes récompensant les bonnes performances sur le terrain doit
être instauré afin de motiver les agents de vulgarisation. Afin d'établir leur
degré d'efficacité, il faut évidemment déterminer une méthode d'évaluation des
résultats sur le terrain.
ix) Une grande priorité doit être donnée à la formation des gestionnaires afin
d'améliorer leurs qualifications.
xii) Il est également urgent d'organiser la formation des formateurs et des gestionnai-
res des ressources humaines.
xiii) Les chercheurs et les techniciens qui contribuent aux divers ateliers doivent aussi
avoir une formation de formateur.
Pour ce groupe, des liens étroits entre la recherche et la vulgarisation sont nécessaires
pour mettre au point des technologies pertinentes et faciles à adopter, ainsi que pour créer la
synergie indispensable à une meilleure utilisation des ressources disponibles, l'objectif commun
étant de servir les fermiers. Ces liaisons peuvent être organisées sous la forme d'un triangle.
Fermier
Chercheur ~ Vulgarisateur
Le groupe de travail a identifié les faiblesses actuelles dans les rapports entre les trois
parties. Les chercheurs sont plus intéressés par les réussites de la recherche fondamentale que
par la solution des problèmes des agriculteurs, tandis que les agents de vulgarisation se
considèrent essentiellement comme porteurs, à sens unique, de nouvelles technologies et ignorent
leur rôle de feed-back des problèmes des fermiers vers les chercheurs.
71
Chercheurs et vulgarisateurs ont souvent difficile de communiquer entre eux. Ceci peut
s'expliquer par les différences dans leur formation et leur expérience et aussi par la pénurie de
fonds qui empêche de fréquentes rencontres. Ils ne peuvent donc pas effectuer de tournées
conjointes de reconnaissance sur le terrain aussi souvent qu'il le faudrait. En outre, les
chercheurs ne sont guère motivés du fait que leurs interventions pour résoudre les problèmes des
fermiers ne sont pas professionnellement reconnues et appréciées par leurs pairs.
ii) Les dirigeants, les chercheurs et les vulgarisateurs doivent essayer ensemble de
renforcer la collaboration entre les institutions de recherche et de vulgarisation
à tous les niveaux. Chaque fois que c'est possible, il est préférable que ces
rencontres aient lieu dans les champs des fermiers.
iv) Il est nécessaire d'accroître le nombre de chercheurs impliqués dans l'étude des
systèmes de production agricole et d'en former un aussi grand nombre que
possible dans ce domaine.
72
nationale donnant plus d'importance à la gestion des ressources naturelles afin
de
promouvoir une agriculture soutenable.
viii) Les règles et les conditions de service des chercheurs et des agents de vulgarisa-
tion doivent être codifiées pour assurer la stabilité et le développement de leur
carrière professionnelle et pour accroître leur motivation .
ix) Les chercheurs doivent être évalués et récompensés non seulement en fonction
du nombre de travaux publiés, mais aussi en fonction de leurs contributions à
la
mise au point et à la diffusion de technologies qui apportent des solutions sur
le
terrain aux problèmes des fermiers.
xii) Des mesures sont à prendre pour encourager les individus et les institutions
privées à s'intéresser aux activités de recherche et de vulgarisation.
xiii) La vulgarisation doit améliorer ses contacts et sa collaboration avec les services
auxiliaires agricoles, comme les institutions de crédit, les coopératives, les
agences de commercialisation et les fournisseurs d'intrants.
73
influence est croissante sur les agriculteurs et les responsables des politiques; les agents de
vulgarisation doivent donc en tenir compte.
ii) Les agents de vulgarisation doivent être formés dans certaines techniques
spécifiques afin qu'ils soient capables de faire des diagnostics effectifs, de
catégoriser les intérêts des fermiers, de fixer la taille optimum des groupes de
contact (8 à 10 mermbres)et de veiller à leur répartition spatiale adéquate en vue
de maximiser l'impact des démonstrations.
iii) Il est très important que les agents de vulgarisation gardent à l'esprit que leur
mission principale est de faciliter l'adoption de technologies et non pas de former
les groupes. La création des groupes n'est, en fait, qu'un moyen d'atteindre les
objectifs.
iv) La formation des agriculteurs doit s'adresser aussi aux femmes et aux jeunes qui
travaillent la terre et ne pas être réservée aux hommes. Il faut donc s'efforcer
d'inclure des femmes et des jeunes dans les groupes de contact.
vi) Outre l'intégration de paysannes dans les groupes de contact, les agents de
vulgarisation doivent disposer de technologies à disséminer qui visent spéciale-
ment à l'accroissement de leur productivité. (Il y a, par exemple, un grand
besoin de petits outils agricoles.)
vii) Il est nécessaire d'augmenter le nombre de femmes qui suivent les programmes
d'alphabétisation fonctionnelle.
viii) Il faut prendre des mesures pour accroître le recrutement de femmes dans les
services de vulgarisation et les former pour le travail sur le terrain. Des postes
de techniciennes spécialisées dans les problèmes spécifiquement féminins sont
nécessaires et doivent être maintenus.
ix) De même, il faut systématiser la formation des jeunes agriculteurs, analyser leurs
besoins, et confier à des techniciens spécialisés la tâche d'examiner leur potentiel
et leurs contraintes.
x) Lors de la mise sur pied des groupes de contact, il importe que les agents de
vulgarisation y incluent les groupes sociaux existants (groupes d'entraide, par
exemple).
74
xi) Les agents de vulgarisation doivent identifier les groupes sociaux et chercher
comment collaborer avec eux.
xiii) En ce qui concerne les syndicats, les directeurs des services de vulgarisation
doivent prendre contact avec eux afin de les tenir informés des activités en cours
et de les consulter à ce sujet.
xiv) Dans l'ensemble, il est vrai que les agriculteurs, dans la plupart des pays, ne sont
pas suffisamment impliqués dans les différentes activités de la vulgarisation: tests
des technologies à promouvoir et planification des travaux, ainsi que suivi et
évaluation des résultats. Par conséquent, pour faire participer les fermiers plus
activement à la vulgarisation, il faut:
xv) Tous les pays africains doivent étudier soigneusement comment impliquer toutes
les parties concernées dans la vulgarisation, car c'est la clé de son efficacité.
Il a également rappelé qu'à plusieurs reprises il avait souligné que les programmes
de
vulgarisation devaient être administrés par les autorités nationales et non par la
Banque, ni par
des bailleurs de fonds ou des ONG. A son avis, la vulgarisation par F&V
est un peu comme la
démocratie, elle n'est pas parfaite mais c'est le meilleur système dont nous disposons.
Il a encore
ajouté que les programmes de vulgarisation soutenus par la Banque couvraient
presque tous les
75
pays de l'Afrique subsaharienne et continueraient à bénéficier de l'appui financier de la Banque
pendant au moins 15 ans.
M. Michel Aklamavo, du Bénin, avait été choisi par ses collègues pour exprimer les
impressions des participants sur l'atelier et proposer un vote de remerciement au nom des
délégations nationales. M. Bernard Bohe-Gui, au nom du pays hôte, a fait part de sa satisfaction
sur la qualité de l'organisation.
A la fin de la séance de clôture, certains des participants ont exprimé le désir de savoir
ce qui s'était passé la semaine précédente à l'atelier d'Accra, auxquels participaient les pays
anglophones. Mme Bagchee a donc fait une esquisse de comparaison entre les délibérations
d'Accra et celles d'Abidjan, mettant en relief les points de convergence et les différences dans
les accents et les perspectives des deux sessions.
76
Annexe 3 : Situation des projets de vulgarisation en exécution
en Afrique
77
Projet Entrée cn Coit PrMt Prît
Pays
vigueur total BM/IDA vulgar.
Sahel
Services agricoles
3
89/05/26 44,9 42,0 12,9
Burkina Faso
Services agricoles
3
90/07/24 20,2 17,1 11,5
Sénégal
Services agricoles
3
91/08/29 27,1 18,3 12,9
Mali
Services agricoles
3
92/01/25 19,8 18,0 13,4
Niger 4
Gest. ress. natur. 93/02/11 32,1 20,4 2,1
Mali
Services agricoles
3
93/10/25 17,2 12,3 12,3
Gambie
Afrique australe
4
83/08/22 12,5 10,6 0,9
Malawi NRDP IV
Vulg. & rech. agr. nat.
2
83/11/29 177,2 13,1 11,9
Zimbabwe
Planif. vulgarisation
4
86/03/20 20,2 11,6 3,1
Malawi
Rech. & vulg. agricoles2
91/12/31 38,8 13,0 4,6
Zambie
Réhab. & dvpt. serv. agr.' 92/12/15 40,6 35,0 4,0
Mozambique
Services agricoles
3
94/01/039 64,8 45,8 17,2
Malawi
Légende
78
Notes
79
Annexe 4 : Liste des participants et des experts invités
Atelier d'Accra
Côte d'Ivoire M. S. Korang-Amoakoh
Director, DAES
M. Jacques Fremy Ministry of Agriculture
Mission résidente de la Banque mondiale P. O. M37
Abidjan, 01 BP 1850, Côte d'Ivoire Accra, Ghana
Atelier d'Abidjan
82
M. Jeffey Lewis Côte d'Ivoire
Mission résidente de la Banque mondiale
B. P. 622
M. Gui Bernard Bohé
Ouagadougou, Burkina Faso Sous-directeur de la Vulgarisation
Direction de la Production agricole
M. Ibrahim Nébié Abidjan, Côte d'Ivoire
Mission résidente de la Banque mondiale
B. P. 622 M. Mamadou Coulibaly
Ouagadougou, Burkina Faso Sous-directeur de la Zootechnie
Direction de la Production animale
M. Samidou Mathias Pale Abidjan, Côte d'Ivoire
Directeur, Agriculture et ressources humaines
Programme national de gestion des terroirs M. Jacques Fremy
B. P. 1487, Ouagadougou, Burkina Faso Mission résidente de la Banque mondiale
B. P. 1850
M. Sibri Parkouda Abidjan 01, Côte d'Ivoire
Directeur, Vulgarisation agricole
B. P. 7028 M. Bouraima Osseni
Ouagadougou, Burkina Faso Sous-directeur, Recherche et développement
Ministère de la Recherche scientifique
Burundi B. P. V151, Abidjan, Côte d'Ivoire
83
82 83 84 85 86 87 1 88 1 89 - 90 91 92 1 93
KENYA _0:
TOGO .w
SOMALIEE
NIGERIA _>
BURKINAFASO ___ __ ___Y
GUINÉE-
SU DAN
------- ....... '...
MALAWI Y
ETHIOPIE
.
TANZANIE
...............
SÉNÉGAL _____s
B3ÉNIN_ _ __ _
CAMEROUN =_ =_=-_:
CONGO__ _ _ _ _ __ _ _
BURUNDI T_t
RWANDA _ _ _
MADAGASCAR _
MALI __ _
NIGER _ _-
îLEMAURICE _ _ E
GHANA t
ZAMBIE
GUINÉE EQ. _t
TCHAD n- _-__.
.
GAMBIE _ __ _
ZAïRE _ _ __
RÉP. CENTRAF. v - . --. _
OUGANDA = =====
= _
MOZAMBIQUE _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
PILOTE PROJET
Notes
2. Pour une présentation complète de ces principes, voir Daniel Benor et Michael
Baxter
Vulgarisation agricole par le système de formation et de visites, Washington,
D.C., Banque
mondiale, 1984.
87
10. Voir note no. 2.
il. Sauf spécification contraire, tous les montants sont en dollars de Etats-Unis.
13. Il s'agit d'entreprises parapubliques dans les sous-secteurs du coton et du cacao qui
offrent des services de commercialisation, de fourniture d'intrants et de vulgarisation.
14. Katrine A. Saito, avec la collaboration de Hailu Mekonen et de Daphne Spurling, Raising
the Productivity of Women Farmers in Africa, Document de travail de la Banque mondiale,
Washington, D.C., en cours de publication.
88
Carte BIRD 25398
UJ~TO~k - - S j I,>
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AFRICA
AFRIQUE > a - s
COUNTRIES OPERATING
TRAINING AND VISIT _ _
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AFRIQUE
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89
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