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Techniques de Mise en Œuvre PDF
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 2 372 − 1
BÉTON PRÉCONTRAINT _________________________________________________________________________________________________________________
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La précontrainte par post tension est le domaine d’élection de L’acier de précontrainte, tout comme le béton est très bon marché.
l’ingénieur constructeur, car la souplesse des câbles permet de Rien d’étonnant donc que leur association ait contribué au
s’adapter aux formes de structures les plus variées. Elle permet en formidable développement du béton précontraint dans tous les pays
particulier de donner une réalité physique stable et sûre aux struc- du monde depuis un demi-siècle. Ajoutons cependant que le béton
tures les plus audacieuses et parfois immatérielles, qui peuvent précontraint ne supporte pas la médiocrité, car les forces de pré-
naître sous le crayon de l’architecte. contrainte exercent des contraintes dès la construction qui peuvent
être très importantes. Si le béton est mal mis en place ou si les forces
de précontraintes ne sont pas appliquées par des professionnels
qualifiés, dans le strict respect d’une note de calculs, la structure peut
1.2 Béton être dégradée, voire détruite lors de l’application de la précontrainte.
A contrario, cette épreuve de la mise en précontrainte est une
Parler de l’œuvre de Freyssinet et de la précontrainte en particulier, excellente garantie de bonne construction.
sans parler du béton, serait une erreur car il est au centre de la
carrière du grand constructeur. Mais, le béton n’étant pas traité dans
cet article, nous renvoyons le lecteur à la rubrique Béton hydraulique
du présent traité Construction [3]. Il y trouvera une information 1.3 Acier pour précontrainte
détaillée sur ce matériau, aux propriétés complexes et dont l’emploi
est devenu courant et quasi incontournable, pour réaliser les infra- 1.3.1 Produit à haute performance et bon marché
structures qui sont les nécessités majeures du développement d’un
pays. Alors que l’idée de précontrainte était latente au début du siècle,
Cette importance économique, Freyssinet en a eu tout de suite et que plusieurs tentatives de tension des armatures de béton armé
l’intuition et la révélation. Par contre ce matériau a beaucoup de s’étaient soldées par un échec, le génie de Freyssinet l’a conduit à
défauts et paradoxalement, ce sont leur lente découverte, leur mise utiliser de l’acier à très haute limite d’élasticité, tendu à sa limite
en évidence et leur mesure, qui ont conduit Freyssinet sur la voie d’élasticité. Ainsi, toutes pertes liées au raccourcissement instantané
du remède qui permettait, non pas de les faire disparaître, mais d’en et différé du béton étant déduites, il reste encore assez de tension
corriger les effets. Dix ans après son début de carrière il avait déjà à l’acier pour exercer sur le béton les compressions nécessaires à
une approche suffisamment fine de la rhéologie de ce matériau la stabilité de la structure.
pour : Exemple : quelques ordres de grandeur précisent le phénomène :
■ savoir que sa résistance en compression dépend beaucoup de la — l’acier perd 100 MPa de tension pour 5 × 10–4 de raccourcisse-
qualité des matériaux constituants (granulats et finesse de mouture ment relatif ;
du ciment ; il a utilisé des broyeurs spéciaux pour affiner la — les pertes par déformation des bétons peuvent être estimées
mouture) ; de 150 à 200 MPa correspondant à une déformation relative de 7,5
à 10 × 10–4.
■ savoir que sa résistance et son module dépendent beaucoup de
la qualité de la mise en œuvre ; il a inventé la vibration pour avoir une Il faut opposer à ces valeurs, les taux de tension envisageables
bonne compacité et l’étuvage pour atteindre rapidement des résis- pour des aciers doux de l’époque ; leur limite d’élasticité étant de
tances élevées ; l’ordre de 300 MPa, compte tenu d’un coefficient de sécurité
couramment admis de 2, on ne pouvait espérer tendre à plus
■ avoir une bonne idée des valeurs du retrait et du fluage à prendre de 150 MPa, valeurs inférieures à la somme des deux pertes
en compte, pour que leur manifestation sur la structure ne la mette précédentes. Toute mise en tension d’acier doux devenait inefficace
pas en péril ; c’est pour les mettre en évidence qu’il construisit dès pour maintenir comprimé le béton.
1907 l’arche d’essai du pont de Veurdre et qu’il fit des mesures de
1908 à 1914 (dont les résultats disparurent pendant la guerre) ; Ce sont ces considérations qui ont conduit Freyssinet, pour mettre
en précontrainte le tirant de l’arche d’essai du pont du Veurdre, à
■ avoir compris que l’armature d’acier passif, dans les parties tréfiler son acier doux pour faire passer la résistance à rupture de
tendues et donc fissurées du béton (qui ne supporte pas les 400 à 600 MPa. Il l’a tendu probablement entre 300 et 400 MPa et
tractions), n’était qu’un pis-aller à l’origine du mauvais vieillissement 85 ans après, nous avons trouvé que cet acier est encore tendu
des structures en béton armé. à 150 MPa. En 1930, dans son atelier de Bezons, il remonte la limite
Dans un premier temps Freyssinet a résolu les questions de retrait, d’élasticité des aciers par étirage, la faisant passer de 400 à 900 MPa.
fluage et faible résistance en traction en construisant des arcs et des De nos jours la plupart des aciers de précontrainte ont une limite
voûtes dans lesquels le béton est entièrement comprimé. Il a intégré d’élasticité de 1 500 à 1 600 MPa.
alors dans ses calculs ou dans ses arcs (possibilité d’installer des Un autre trait du génie de Freyssinet, c’est de s’être dégagé
vérins) les moyens d’empêcher les déformations différées, de les complètement des errements de l’époque en matière de coefficient
rendre instables. Ces solutions ont fait merveille jusqu’en 1928 (pont de sécurité, quelles qu’aient pu être les exigences réglementaires.
Albert-Louppe à Brest inauguré en 1930). Cette prise de position mérite encore aujourd’hui quelques expli-
On peut aujourd’hui encore constater sur les ouvrages de cette cations, car beaucoup d’ingénieurs, non formés à l’école génie civil,
époque qui restent en service (beaucoup ont été détruits par les non seulement ne comprennent pas que l’on puisse tendre de l’acier
guerres ou par démolitions liées aux transformations du paysage avec un coefficient de sécurité égal à 1 par rapport à la limite d’élas-
urbain ou industriel), leur parfait état de conservation. La faible ticité, mais aussi qualifient le béton précontraint de technique
quantité d’acier dans le béton, toujours inférieure à 20 kg/m3, ne les dangereuse !
a pas affaiblis. Quels ont été les éléments du raisonnement du pragmatique
Puis, il inventa la précontrainte, ce qui dans sa philosophie de la Freyssinet, loin des poncifs des écoles :
construction signifiait que ce n’était plus le système des forces — l’acier de précontrainte fonctionne avec une sollicitation
appliquées à la structure qui définissait le champ des contraintes. simple, la traction pure sans flexion, ni torsion ni cisaillement ;
C’était l’ingénieur lui-même qui, en composant les forces de pré- — l’effort de tension initial ne fait que décroître dans le temps à
contrainte avec les forces naturelles (poids et surcharges), choisissait cause des déformations différées du béton et de l’acier (voir
ce champ de contraintes en fonction des caractéristiques du maté- ci-après) ;
riau. C’est là la révolution dans l’Art de construire. Cette démarche — les surcharges de service n’affectent pratiquement pas la ten-
peut se traduire par l’équation simplificatrice suivante : sion des câbles (1 à 2 % de l’effort initial dans les cas les plus défa-
vorables, ce qui a fait dire à Freyssinet que « les câbles de
béton de toutes qualités et performances + précontrainte précontrainte ne voient pas les surcharges ! »).
= matériau nouveau pour structure de haute qualité
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Donc contrairement à ce qui se passe dans la plupart des Ces considérations n’enlèvent rien au fait que les aciers de pré-
constructions, le coefficient de sécurité des câbles de précontrainte contrainte doivent être parfaitement protégés en respectant les
croît dans le temps. techniques de protection maintenant bien définies § 2.2.2.5. Deux
L’acier de précontrainte est un produit bon marché, pour deux règles fondamentales de bonne construction doivent être présentes
raisons au moins [4] : à l’esprit :
— la sollicitation simple de traction, sans variation de contrainte, — assurer le mieux possible le remplissage du conduit de pré-
sans chocs n’exige pas un processus complexe d’élaboration contrainte qui contient le câble ;
industrielle ; — lorsque la structure est dans une ambiance très agressive (chi-
— le haut niveau des contraintes en service fait de l’acier de mie, bord de mer, sels de déverglaçage) veiller à l’étanchéité du
précontrainte celui qui est le plus économique pour transporter un béton (compression résiduelle, addition de fumée de silice au béton,
effort donné, comme le montre le tableau 1. (0) peinture, chape d’étanchéité).
Ceci étant, lorsqu’une corrosion accidentelle se produit dans
moins de 1 % des ouvrages réalisés, dans 99,9 % de ces cas il s’agit
Tableau 1 – Performances économiques comparées d’une oxydation par l’oxygène de l’air.
de quelques aciers courants utilisés dans le BTP
Contrainte Prix 1.3.3 Origines de l’acier de précontrainte
en service MPa par
Nature de l’acier
(MPa) (F/kg) franc d’acier Déjà évoquées ci-dessus, elles peuvent être rappelées avec une
approche métallurgique mettant en évidence la simplicité et l’effi-
Acier de précontrainte 1 300 5 260 cacité des solutions retenues.
Acier de construction
au carbone : E 420 280 5 56 1.3.3.1 Premier acier de précontrainte : 1908
Acier de construction Pour la mise en précontrainte du tirant de l’arche d’essai du pont
allié et traité : 42 CD 4 640 10 64 du Veurdre en 1908, Freyssinet a tendu 1 200 fils de diamètre 10 mm,
ancrés deux par deux par des ancrages métalliques à clavette plate.
Il a ainsi exercé une précontrainte initiale de 25 000 à 30 000 kN sur
Le béton précontraint, tel que l’a voulut Freyssinet, est donc bien un prisme de béton de 1,5 m2, soit une compression centrée sur le
l’association de deux produits de base bon marché : le béton et l’acier tirant de l’ordre de 20 MPa, la force de précontrainte reprenant les
de précontrainte. poussées de l’arc d’essai très plat (50 m d’ouverture, 2 m de flèche).
À ces considérations économiques, il faut ajouter un avantage cer- L’acier utilisé est un acier doux au carbone, effervescent, laminé
tain pour le béton précontraint : être comprimé en tout point, alors à un diamètre de 11 à 12 mm, puis tréfilé à un diamètre de 10 mm.
que le béton armé est obligatoirement fissuré. La pérennité d’une L’effervescence provoque à la périphérie du lingot une couche d’acier
structure en béton précontraint a donc tout lieu d’être supérieure. décarburé (fer presque pur) assez résistant à l’oxydation (figure 1).
Cependant le béton précontraint, que l’on aurait pu qualifier Il faut noter que cet acier n’a eu comme protection qu’un enrobage
aujourd’hui de produit « high tech » de la construction, a son talon de sable complété par la fermeture des rainures contenant les fils
d’Achille : c’est la protection de l’acier de précontrainte contre la avec une couche de mortier de 3 cm d’épaisseur. Enterré sous 1,5 m
corrosion [5]. de terre, mais soumis à l’immersion périodique dans la nappe phréa-
tique, l’acier est encore remarquablement bien conservé 85 ans après
sa mise en place (figure 2) ; voilà de quoi rassurer bien des esprits
1.3.2 Impératif : protection de qualité chagrins !
Une analyse chimique récente de l’acier a permis de déterminer
Trop sûr de la qualité des ouvrages dont il supervisait personnel- qu’il a été fabriqué à partir de minerai Lorrain (la minette phos-
lement la construction, Freyssinet a sans doute sous-estimé l’impor- phoreuse). Le ciment provient de la cimenterie voisine de Beffes
tance de la protection de l’acier de précontrainte contre la corrosion, (présence de MgO).
en particulier pour les applications de post tension. Pour lui, la
compression résiduelle du béton précontraint, dans tous les cas de 1.3.3.2 Premier acier de précontrainte industriel : 1930
charge, garantissait une excellente protection de l’acier de précon-
trainte. L’enrobage de béton comprimé étanche et donc supposé Cet acier utilisé pour la fabrication des poteaux est un acier mi-dur,
perpétuellement basique, peut néanmoins être parfois moins de limite d’élasticité 400 MPa sur lequel par des étirages successifs
efficace que prévu pour la protection des câbles de post tension. à 90 % de la rupture et 6 % d’allongement, Freyssinet faisait remonter
la limite d’élasticité jusqu’à 900 MPa.
Avant d’aborder ce problème important de la corrosion, il est
nécessaire cependant d’évacuer immédiatement toutes les
hypothèses alarmistes bâties en laboratoire, vis-à-vis de la sensibilité
des aciers de précontrainte à la corrosion sous tension, à la présence
d’hydrogène naissant provenant soit des coulis d’injection, soit des
produits métalliques de protection des gaines et des câbles (zinc).
Ces constructions de l’esprit très pessimistes n’ont pas de raison
d’être ; la preuve en est qu’elles disparaissent lorsque l’on franchit
les frontières d’application de certains règlements !
Les phénomènes existent, on ne peut le nier. Mais lorsqu’ils se
sont manifestés en cinquante années d’application, ils étaient la
conséquence de la conjonction d’événements tout à fait
exceptionnels.
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Cette protection est compatible avec le béton et les coulis d’injec- 1.3.4.7 Barre de précontrainte
tion sous réserve d’additionner au ciment, du bichromate de potas-
C’est un produit complètement différent de ceux décrits précé-
sium à raison de 1 % de son poids. Actuellement elle est surtout
demment. Il est très apprécié des ingénieurs, parce qu’il est simple
utilisée pour une application particulière des torons de
et représente pour le génie civil l’extrapolation du boulon des méca-
précontrainte : les haubans de ponts. Freyssinet International – en
niciens. Cependant ils n’en connaissent pas toujours très bien les
particulier – l’a préconisée pour de nombreux ouvrages ;
limites qui sont pour ainsi dire congénitales.
● protection par résine époxy : venue des États-Unis dans le droit
fil de la protection des armatures d’acier pour béton armé, cette En effet les barres sont fabriquées en acier au carbone ou faible-
méthode n’est citée qu’à titre indicatif. Il n’y a pratiquement pas eu ment allié, laminé étiré et parfois trempé et revenu. Cet acier ne béné-
d’application en Europe et après l’engouement du début, les utilisa- ficie pas toujours des progrès de la métallurgie évoqués aux
teurs font machine arrière. Il semble en effet qu’une application non paragraphes 1.3.4.1 et 1.3.4.2, car il est réalisé sur des installations
uniformément adhérente, en particulier sur les torons, génère des anciennes.
phénomènes secondaires qui altèrent la pérennité du produit. La protection contre la corrosion doit être examinée avec une
grande attention, particulièrement lorsqu’il s’agit d’une pré-
■ Protections industrielles particulières contrainte définitive.
Pour simplifier les opérations de précontrainte par post tension Les barres se présentent sous deux formes :
avec des unités de faible puissance pour lesquelles les opérations
de protection par l’injection sont à la fois coûteuses et aléatoires, — les barres lisses aux extrémités desquelles on réalise un filetage
plusieurs solutions sont adoptées : par roulage à froid pour recevoir les écrous et permettre la mise sous
tension ;
● toron gainé protégé pour précontrainte par post tension : il s’agit — les barres crénelées possédant une forme extérieure brute de
d’un produit industriel revêtu d’une gaine en matière plastique (poly- laminage qui permet le vissage d’un écrou en n’importe quel point
éthylène haute densité – PEhd, Polypropylène – PP) extrudée sur un de la barre qui peut être coupée à la longueur désirée.
toron préalablement mis au rond par un produit anticorrosion
(graisse ou cire pétrolière). Ce produit a été mis au point il y a près Les caractéristiques des barres sont définies dans le tableau 3 de
de 30 ans. Mis en place dans le béton, il permet la mise en pré- la norme prEN 10 138-4.
contrainte après durcissement de ce dernier. La graisse ou la cire ne
fait pas obstacle à l’allongement de l’acier, au contraire puisque le
coefficient de frottement est de f = 0,05 alors qu’il est de 0,18 pour le
frottement câble sur gaine en acier. L’effort de précontrainte tout le 2. Mise en œuvre du béton
long du câble est plus élevé et plus régulier. Ce produit, par contre,
n’assure pas l’adhérence du câble à la structure ; cela est un peu précontraint
pénalisant pour le dimensionnement à la rupture mais ce n’est pas
un inconvénient majeur. Le comportement au feu de ce produit est
moins favorable que celui d’un toron nu, en particulier dans un bâti- Dans l’esprit même d’E. Freyssinet, pour une structure en béton
ment multitravées précontraint par un câble continu. En effet précontraint, conception et mise en œuvre ne peuvent être
l’incendie dans une travée, peut provoquer un échauffement local de dissociées. Le béton précontraint n’est ni un mode de construction,
l’acier et lui faire perdre ponctuellement ses caractéristiques avec ni un mode de calcul, ni des câbles de précontrainte, ni des systèmes
pour conséquence la perte de la précontrainte dans toutes les travées d’ancrages ; c’est un mode de préchargement d’une structure
adjacentes. Le problème est soluble par augmentation de l’enrobage. donnée qui lui permet de supporter les sollicitations de service, pour
Cependant, ce que le projeteur doit retenir, c’est que le toron gainé la durée prévue, avec le minimum de servitudes d’entretien. La réa-
protégé est un outil très intéressant. Très souple (on peut lui donner lisation de ce préchargement, en particulier en post tension, est un
des courbures inférieures au mètre) il permet d’exercer à peu près en véritable métier pratiqué par des entrepreneurs spécialistes qui doi-
n’importe quel point d’une structure, un effort de précontrainte de vent être reconnus et homologués. Cette homologation est garante
200 kN avec un seul toron de 15,7 mm. Il est très adapté à la répara- d’un niveau de compétence dans le respect des règles (pour le
tion des ouvrages et pour faciliter la diffusion des efforts de pré- moment elles n’existent qu’en France), et d’une large capacité
contrainte des grosses unités ; d’intervention dans le cadre d’une organisation générale soucieuse
● toron gainé protégé à adhérence différée : il a été mis au point d’assurer la qualité.
pour supprimer l’inconvénient des manques d’adhérence en service. Nous aborderons successivement les deux modes de réalisation
Recherché en Europe depuis plus de vingt ans, il vient semble-t-il du béton précontraint :
d’être mis au point au Japon. Il ressemble beaucoup à celui que nous — la prétension ;
venons de décrire ; sa gaine extérieure lisse est remplacée par une — la post tension.
gaine cannelée, la graisse ou la cire sont remplacées par un produit
capable de polymériser en quelques semaines qui, assure ainsi la
liaison entre le câble et la structure, tout le long de son tracé. Il est
probable que ce produit apparaîtra en Europe dans les années à 2.1 Mise en œuvre du béton précontraint
venir ; par prétension
● toron individuellement protégé pour haubans : créé à l’instiga-
tion de Freyssinet International, ce toron ressemble beaucoup au
toron gainé protégé, avec cependant une différence capitale : il ne Ce mode de réalisation concerne des produits qui se répètent de
permet pas le coulissement entre acier et gaine. Ainsi, lorsque les façon identique dans une structure, ou qui sont difficilement réali-
haubans sont soumis à des variations thermiques, les déformations sables par bétonnage en place, ou qui correspondent à un standard
de la gaine et de l’acier sont les mêmes, bien que leur coefficient de en catalogue ; dans ce dernier cas, il s’agit de préfabrication indus-
dilatation soit très différents. Il y a une certaine adhérence trielle en usine bénéficiant de toutes les méthodes d’organisation
gaine-acier. Elle est obtenue par la diminution de la quantité de cire des productions de grandes séries. Dans les premiers cas, il s’agit
ce qui permet au PEhd d’épouser la forme hélicoïdale du toron, plutôt d’une fabrication sur le chantier même ou sur une installation
générant ainsi une adhérence de forme. La protection du produit est foraine.
améliorée par la galvanisation du toron.
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La fabrication de ces produits doit respecter un certain nombre 2.1.2 Systèmes de mise en tension
de règles ; en France, le fascicule 65 A chap. VIII et l’additif au
fascicule 65 A chap. 5 [11]. Lorsqu’il s’agit de produits standards ils La connaissance précise de l’effort de précontrainte à appliquer
doivent faire l’objet d’une procédure d’homologation tel qu’un Avis est un élément capital de la qualité du produit fini.
technique du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB)
par exemple. Dans la majorité des cas, les produits préfabriqués sont On a parfois utilisé des systèmes permettant de tendre plusieurs
précontraints par adhérence. Parfois, la précontrainte par prétension fils simultanément. Ils sont délicats de mise en œuvre. Ils impliquent
est complétée par une précontrainte par post tension après transport une parfaite égalité de longueur sous tension nulle, ce qui n’est pas
des pièces sur le site d’utilisation. simple à réaliser dans la pratique ; pour les gros produits on utilise
des systèmes de tension par vérin unitaire, monofil ou monotoron,
avec des courses variables de 0,2 à 1 m, commandés par des
2.1.1 Installations pour préfabrication industrielle centrales hydrauliques automatiques préréglés pour stopper la
tension à un effort précis. Pour les petits produits, on utilise
2.1.1.1 Méthode dite du banc long fréquemment un système mixte assurant une prétension globale par
l’équipement de détension, utilisé en phase active de tension puis,
D’une longueur de 60 à 120 m, d’une largeur de 1,5 à 3 m, ces une tension fil par fil (prédalle) ; cette disposition permet de réduire
installations dites bancs de préfabrication permettent de fabriquer, le temps de mise en tension et donc de rentrer plus facilement dans
dans un même cycle, une série de produits de sections identiques une durée de cycle courte.
et de longueur variables. La disposition des fils ou torons de pré-
contrainte dans les produits est définie par les grilles supports
d’ancrages aux deux extrémités du banc long. La longueur des pro- 2.1.3 Système de détension
duits fabriqués sur un même banc dans un même cycle peut varier
dans le cadre bien entendu, des tolérances admises par les C’est un système qui permet de détendre progressivement les fils
contraintes du béton. Pour éviter des surcompressions en extrémité ou torons et d’assurer la mise en précontrainte des produits. C’est
d’élément, l’adhérence peut être localement supprimée. maintenant en France une disposition obligatoire (§ 53-3 de l’additif
Un cycle de fabrication comporte normalement : au fascicule 65-A) [11]. Toute autre méthode est à la fois dangereuse
— la mise en place des armatures passives lorsqu’elles existent ; pour le personnel et préjudiciable à la qualité des produits (fissura-
— la mise en place des fils ou torons de précontrainte ; tion longitudinale lors de la mobilisation des forces d’adhérence).
— la mise en tension (en général fil par fil, sauf pour de petits La plupart du temps, il s’agit d’un équipement hydraulique,
produits) ; correctement régulé en déplacement pour éviter, une mise en travers
— la mise en place des extrémités de coffrages et éventuellement du chevêtre de détension.
des armatures de diffusion ;
— le bétonnage à la benne, par fileuse ou pondeuse avec vibration
ou pervibration selon les produits ; 2.1.4 Contrôle
— la mise en place des tunnels d’étuvage ;
— la détension ; Les produits font l’objet d’un contrôle en fabrication et d’un
— le démoulage et mise en stock des produits. contrôle sur produit fini vérifié périodiquement, par des organismes
Selon les installations et les produits, un banc de préfabrication extérieurs. Le contrôle se fait dans le cadre d’une homologation ou
peut permettre jusqu’à 3 cycles complets par 24 h. Sur les installa- d’une conformité à une norme.
tions foraines, les investissements sont beaucoup moins importants
et le cycle est souvent de la journée, voire de quelques jours 2.1.4.1 Contrôle en fabrication
(figure 3).
Le contrôle en fabrication comporte un contrôle sur matériaux
(béton et acier) en référence aux normes. Un contrôle visuel permet
2.1.1.2 Autres méthodes de s’assurer que l’acier n’est pas corrodé et qu’il n’est pas gras
Elles sont très variées et dépendent beaucoup du type de produits (suppression de l’adhérence et donc de la précontrainte !).
et des quantités à fabriquer. Les pièces concernées sont fabriquées Un contrôle complémentaire à la mise en œuvre permet de :
dans un moule résistant, capable de supporter la force de pré- — contrôler la force de précontrainte à la mise en tension ;
contrainte qui lui est appliquée avant le bétonnage et pendant le — contrôler la pénétration de fil au moment du transfert d’effort
durcissement du béton. Dans certains cas les efforts de précontrainte de précontrainte au produit. Il s’agit d’une mesure statistique
sont repris en phase provisoire par une structure résistante qui effectuée à l’aide d’un rétractomètre (comparateur au 1/10 mm fixé
enserre le moule, facilitant ainsi la réalisation de la seule fonction sur le fil, la tige de palpeur étant en appui sur le béton du produit).
coffrage du moule.
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— assurer le remplissage des vides par le produit de protection mise en tension. Le maintien en position de la tête d’ancrage sur
injecté après mise en tension du câble [coulis de ciment, produit le câble tendu se fait soit par un calage qui crée une excroissance
souple (graisse, cire pétrolière), etc.]. Il s’agit d’un ensemble qu’il faut inclure dans la structure, soit par un système plus complexe
comportant un (ou des) ajutage(s), un (ou des) robinet(s) et un capot vis-écrou. L’inconvénient majeur de ce dernier système est, qu’étant
étanche. de longueur prédéterminée, il doit intégrer à la fois les tolérances
de réalisation de l’ouvrage et celles de l’allongement du câble.
■ Câble de précontrainte
Il s’agit d’un faisceau de torons (ou de fils), non câblés, constituant
l’élément qui transmet l’effort de précontrainte à l’intérieur de la
structure, tout le long de son trajet. Il est le plus souvent constitué
de torons de 15 ou 13 mm, généralement enfilés individuellement
par poussage, dans le conduit réservé à cet effet dans la structure.
Dans la pratique les câbles sont composés de 1 à 55 torons ; les plus
fréquemment utilisés comportent 7, 12 ou 19 torons.
■ Conduit
C’est le terme générique qui regroupe tous les dispositifs qui
permettent de réserver le passage du câble de précontrainte au
travers de la structure à précontraindre et qui assurent le libre
allongement du câble lors de la mise en tension. Ce terme recouvre
donc ceux plus fréquemment utilisés, gaine flexible ou rigide
cintrable à la main en feuillard enroulé et agrafé, tube acier rigide,
gaine ou tube en matière plastique ou très rarement trou dans le
béton.
■ Vérin de tension
Les forces de précontrainte par post tension sont d’une importance
telle (150 kN au minimum), que dès les premières applications elles
ont été exercées par des vérins hydrauliques. Le terme vérin de
tension est donc devenu synonyme d’équipement de mise en tension
Figure 4 – Ancrage Freyssinet : coupe et schéma des efforts
dont nous détaillerons l’ensemble des fonctions (§ 2.2.2.3).
■ Protection
Ce terme regroupe tous les modes de protection de l’acier de pré-
contrainte, qu’elle soit appliquée en usine ou sur chantier, qu’elle
soit provisoire ou définitive, qu’elle soit rigide ou souple, basique
ou neutre.
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(0)
Figure 7 – Ancrage à plaque VSL
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■ Description des ancrages pour torons prisme de section carrée ou rectangulaire contenant un seul ancrage.
● Ancrage actif Le ferraillage qui résulte de ce processus d’essai figure dans tous
les documents à usage des bureaux d’études. L’habitude, particu-
C’est l’ancrage le plus fréquemment utilisé parmi ceux qui figurent
lièrement hors de France, veut que ce ferraillage soit disposé sous
dans le tableau de la classification ci-dessus. La notion « d’activité »
chacun des ancrages à l’extrémité d’un ouvrage ; il s’ajoute au
s’applique aux ancrages sur lesquels on peut appliquer le vérin de
ferraillage qui résulte de l’équilibre général. Cela conduit le plus sou-
mise en tension du câble. Au plan mécanique, l’ancrage actif
vent à des ferraillages difficiles à mettre en place et à bétonner. Nous
comprend essentiellement trois parties :
ne saurions trop recommander au projeteur d’aborder la question
— la tête d’ancrage est une pièce cylindrique pourvue de trous du ferraillage pour la diffusion de la précontrainte, de façon globale
cylindro-coniques parallèles ou convergents qui assurent le passage à partir des règles générales définies dans le BPEL 91 [12]. Il préconi-
des torons et réservent le logement des clavettes. C’est une pièce sera alors un ferraillage général logique, compte non tenu de ce qui
généralement en acier normalisé ou traité thermiquement de résis- se passe sous un ancrage individuel.
tance comprise entre 500 et 1 000 MPa ; pour de petites unités, elle
est parfois en fonte ductile. C’est l’une des deux pièces clés pour Le système d’ancrage comporte toujours une canalisation
permettant d’introduire le produit de protection (injection de coulis
la sécurité de l’ancrage. Elle exige, outre la conformité aux essais
de convenance, une fabrication selon des règles industrielles de ciment ou produit souple) dans le conduit contenant le câble ;
le diamètre de cette canalisation est défini dans le Fascicule
précises en accord avec les règles de l’assurance de la qualité, seule
garantie d’un niveau de performances suivi ; no 65-A [11] en fonction de la taille du câble. De plus en plus souvent,
l’étanchéité à l’extérieur de l’ancrage est assurée par un capot qui
— la clavette (ou mors d’ancrage) est une pièce tronconique en
peut être récupérable ou laissé à demeure (par exemple en cas de
2 ou 3 morceaux, qui fonctionne sur le principe du coin et bloque
précontrainte extérieure) (figure 9).
le toron à l’intérieur de la tête d’ancrage. Elle est en acier, très
élaborée, avec des tolérances de fabrication très réduites et des ● Ancrage passif non totalement inclus lors du bétonnage
gammes de traitements complexes. C’est la deuxième pièce capitale Le plus souvent il s’agit du même ancrage que celui décrit
pour la sécurité de l’ancrage. Contrairement à la précédente, elle précédemment. Comme on ne prévoit pas d’y installer le vérin de
n’est fabriquée que par un petit nombre d’installations industrielles mise en tension, il peut être logé dans des zones où il n’y a qu’une
(5 ou 6 en Europe) ce qui est une garantie de qualité. Toutefois il faible distance de dégagement derrière la tête d’ancrage ; le déga-
y a de très nombreux modèles et il est très dangereux d’associer, gement minimal nécessaire doit permettre de contrôler le bon fonc-
sans discernement, une clavette et une tête d’ancrage. Le marché tionnement de l’ancrage, lors de la tension par l’autre extrémité.
américain en a fait la triste expérience, ce qui a conduit la FIP (Fédé- ● Ancrage fixe, noyé dans le béton
ration internationale de la précontrainte) à émettre une mise en garde
en 1985 ; depuis les américains ont décidé de mettre en place une Il s’agit d’un ancrage d’un type particulier qui permet d’arrêter
réglementation. La nouvelle Europe doit veiller à ne pas tomber dans l’effet de la force de précontrainte en un point quelconque de la struc-
le même travers ; ture. Il est généralement non accessible de l’extérieur. L’ancrage
— la pièce de transfert est destinée à faire diffuser l’effort de pré- lui-même est le plus souvent obtenu par formage à froid d’une tête
contrainte de la tête d’ancrage à la structure. Les dispositions les d’acier sur le toron. Cette tête reporte l’effort de précontrainte sur
plus fréquentes concernent les structures en béton ; la diffusion dans un système de plaque à trou individuel ou multiples selon les cas.
des structures en d’autres matériaux requiert toujours des disposi- Un tube évent d’injection relie toujours cet ancrage à l’extérieur ; il
tions particulières que nous n’évoquerons pas ici. permet d’évacuer l’air et d’assurer le bon remplissage du câble avec
le produit de protection. Bien évidemment lorsque l’on utilise un tel
Sur la structure en béton, la pièce de transfert assure deux ancrage, il est toujours installé dans la structure en même temps
fonctions : la diffusion de l’effort de précontrainte et la déviation du que le câble et avant bétonnage.
faisceau de torons, entre la partie courante du câble et la zone de
passage au travers de la tête d’ancrage, dans laquelle il s’épanouit. Dans certains cas, lorsque l’on ne souhaite pas une application
de l’effort de précontrainte en un point précis, on peut ancrer les
Ces deux fonctions peuvent être assurées de deux façons. torons dans le béton par simple adhérence ; la longueur d’ancrage
1 ) La plus courante comporte les deux fonctions dans une même est variable et dépend essentiellement du soin appliqué à la mise
pièce (figure 8) ; elle est généralement en fonte ; son nom est en œuvre. Ce type d’ancrage doit toujours être réalisé par un
variable selon les procédés (tromplaque, guide, guide déviateur et professionnel compétent. Une version un peu plus élaborée consiste
même casting rappelant son mode de fabrication). Cette pièce à améliorer localement l’adhérence sur le toron par flambement de
d’allure générale tronconique, a une forme plus ou moins élaborée, ses 7 fils au moyen d’un équipement spécial (ancrage du type G).
dans le but d’optimiser les conditions de diffusion. La forme
conditionne l’espacement des ancrages à l’extrémité de la structure
où aboutissent les câbles et donc la densité de précontrainte qu’il
est possible d’appliquer. L’intensité de la force de précontrainte lors
de la mise en tension est fonction de la résistance du béton à ce
moment-là, indépendamment de sa résistance caractéristique à 28
jours. Le fonctionnement complexe de cette diffusion, dans un
système élastoplastique, conduit à un dimensionnement confirmé
par des essais poursuivis jusqu’à rupture ; d’une façon générale, seul
le résultat de l’essai est pris en compte, sans justification analytique.
2 ) L’autre système est constitué par une plaque d’acier d’épais-
seur constante qui assure la diffusion, associée à un organe de dévia-
tion (figure 7). Cette dernière est en acier ou en matière plastique
et a la forme d’une trompette d’où son nom. Cette disposition, plus
onéreuse, est en général réservée aux fabrications en petite série
ou aux pays à faible coût de main-d’œuvre.
Les deux systèmes de diffusion de l’effort de précontrainte sont
complétés par un ferraillage capable d’équilibrer les forces de
traction qui naissent de la déviation des isostatiques de compression
dans le béton, sous la pièce de diffusion de la force de précontrainte.
Ce ferraillage est déterminé par un essai de compression sur un Figure 9 – Capot d’ancrage
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informatisé des données, saisies en continu, permet aussi de permet de découpler le gainage de la pose du câble, ce qui est un
détecter très facilement des anomalies de comportement et de les élément important de qualité dans la distribution des efforts de pré-
gérer en fonction de procédures précises qui définissent les tolé- contrainte le long du câble. En effet ces gaines sont posées vides
rances admissibles. C’est probablement un progrès majeur dans la dans le ferraillage et sont capables de résister à toutes les
gestion de la qualité de la mise en œuvre, dont les retombées inter- sollicitations de pose du ferraillage (chocs des barres lors des manu-
viendront au début du prochain siècle. tentions, circulation des opérateurs) et du bétonnage (aiguilles de
pervibration). C’est également un avantage considérable pour la
2.2.2.4 Conduits protection du câble contre l’oxydation, car le temps de séjour du
câble sur site avant application de la protection définitive est réduit
Les conduits permettent la libre circulation du câble dans la struc- le plus possible (le plus souvent quelques jours).
ture, afin qu’il puisse s’allonger librement pendant la mise en ten-
sion. Depuis l’origine de la précontrainte, ils ont pris des formes très
variées ; après le papier kraft bitumineux des premières applications
faites par E. Freyssinet, maintenant abandonné, on utilise le tube
en acier ou matière plastique, le moulage direct dans le béton, et
plus couramment la gaine en feuillard enroulé et agrafé en hélice ;
ce dernier produit représente au moins 90 % de l’utilisation, c’est
donc lui que nous décrirons en détail.
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règles élémentaires rappelées par les notices des fabricants et le 2.2.2.4.3 Tubes rigides en acier
Fascicule 65-A du CCTG [11]. Ces tubes sont conformes à la norme NF A 49-150. Ils ne sont uti-
lisés que sur des très grands ouvrages (enceintes de confinement
2.2.2.4.2 Gaines en matière plastique de centrales nucléaires, plates-formes en mer), pour des gros câbles
Elles existent sous deux formes : et pour des tracés particuliers (très fortes courbures, câbles verti-
caux). L’environnement des moyens lourds de construction de ces
— la première n’est autre que du tube PEhd (polyéthylène haute
grandes structures justifie essentiellement la grande résistance des
densité) utilisé depuis une vingtaine d’années pour installer de la
tubes. Le conduit conserve après bétonnage intense et parfois brutal
précontrainte additionnelle dans des structures à renforcer (voir
les caractéristiques que l’on en attend (conservation du diamètre et
§ 3.1), puis depuis une dizaine d’années pour installer la pré-
du tracé).
contrainte extérieure ;
— la seconde, également en PEhd, est une gaine au profil annelé Le raccordement de ces tubes est fait par emboîtement (avec dila-
obtenu soit par extrusion (VSL-PT-Plus ), soit à partir de bandes tation à froid d’une extrémité). L’étanchéité est renforcée par
thermosoudées (Freyssinet-Plyduct). Elle a été développée récem- manchon thermorétractable. Ces tubes sont toujours cintrés sur
ment sous l’impulsion des Chemins de fer suisses pour la machine s’ils sont utilisés dans les parties courbes du tracé d’un
précontrainte intérieure, dans le but d’isoler électriquement le câble câble. En principe les rayons de courbure admis sont
de la structure et éviter que les courants vagabonds des ouvrages 100 ∅i < R 20 ∅i , ∅i étant le diamètre intérieur du tube.
ferroviaires provoquent des corrosions. Pour améliorer l’adhérence
du câble à la structure, ces gaines ont un profil annelé assez voisin 2.2.2.5 Protection des unités de précontrainte
de celui des gaines en feuillard.
Les différents paragraphes traitant de l’élaboration des aciers de
■ Tubes PEhd précontrainte ont mis en évidence le souci permanent de produire
Il s’agit de tubes conformes à la marque NF – PF, applicable aux des fils ou torons les moins sensibles possible à la corrosion. Une
tubes polyéthylène réf. AFNOR NF 114 de janvier 1990 [13], annexe fois en place, les aciers doivent conserver leur intégrité : pour y
0, groupe 4, applications industrielles. La qualité utilisée normale- parvenir, un soin tout particulier doit être pris tout au long des
ment correspond à une pression nominale de 0,63 MPa (PN 6,3) ; opérations de mise en œuvre. La protection des aciers contre la
dans certains cas on utilise aussi la qualité PN 4 (voir § 2.2.3.2.2). corrosion doit garantir la pérennité des sections d’acier résistantes
Le raccordement de ces tubes se fait par thermosoudure, soit par et, par là même, celle des efforts de précontrainte.
la méthode dite du miroir (réchauffement des deux lèvres à souder La méthode la plus ancienne, et encore la plus courante pour
par un disque d’acier inoxydable – miroir – chauffé puis rapproche- obtenir cette protection, consiste à remplir le vide entre torons (ou
ment des deux lèvres), soit par manchon thermosoudable (la fusion fils) et gaine par injection d’un matériau durcissable, stable dans le
est obtenue par une résistance électrique incorporée au manchon). temps et franchement basique (pH 12). Le matériau de remplissage
qui s’est naturellement imposé est un coulis à base de ciment dont
■ Gaines PEhd la capacité protectrice vis-à-vis de la corrosion est incontestable. Un
Il en existe deux modèles actuellement développés par VSL tel coulis présente aussi l’avantage d’assurer l’adhérence
(figure 16) et Freyssinet. Il s’agit d’un système complet de gainage câbles-structure. Ce dernier point ne sera pas développé ici, car il
avec les raccords entre éléments, les raccords d’évents. Indépen- concerne essentiellement des notions de dimensionnement des
damment des ouvrages ferroviaires suisses, cette gaine est bien ouvrages, l’adhérence intervenant dans les calculs à la rupture.
adaptée pour des structures soumises à des ambiances très agres- Des produits autres que le ciment sont parfois utilisés pour l’injec-
sives, surtout si le dimensionnement est fait en précontrainte tion des conduits. Il s’agit de graisses ou de cires :
partielle.
— les graisses sont de même nature que celles qui servent de revê-
tement aux torons préprotégés en usine. Elles sont injectées à chaud.
Leurs qualités protectrices sont intéressantes, mais la mise en place
d’un tel matériau est délicate et elles restent visqueuses dans le
temps ;
— les cires sont d’origine pétrolières, comme les graisses, elles
sont aussi injectées à chaud. Une fois refroidies, elles durcissent et
restent stables. Non polluantes, elles sont préférables aux graisses ;
— enfin des coulis de ciment, avec addition de résines (polyester),
ont également fait l’objet d’applications expérimentales dans
certains pays.
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des représentants des principales administrations, des organismes La profession de la précontrainte, dans le cadre du SNBATI (Syn-
de contrôle, des bureaux d’études et des entreprises. Cette commis- dicat national du béton armé, des techniques industrialisées et de
sion existe toujours sous le nom de Commission interministérielle l’entreprise générale), a maintenant formalisé le contenu de la forma-
de la précontrainte (CIP) et son secrétariat est assuré par le Labo- tion d’un CMP, le diplôme correspondant ainsi que les modalités de
ratoire central des ponts et chaussée (LCPC). recyclage. Cette procédure garantit la compétence du personnel de
Sous l’effet conjugué de la réglementation de l’Agrément, de l’évo- ses adhérents et l’homogénéité de ses compétences en respectant
lution vers les grosses unités de précontrainte à torons, de la les spécificités propres à chaque système de précontrainte.
concentration des entreprises de travaux publics et de leur mode
de gestion des chantiers (utilisation généralisée de la sous-traitance, 2.2.3.1.2 Assurance de la Qualité
des sociétés de service – intérim –), la mise en œuvre de la pré- De plus en plus fréquemment les entreprises distributrices spé-
contrainte est devenue un métier de spécialistes, intervenant dans cialisées vont se doter d’une organisation conforme aux normes
le cadre d’une entreprise distributrice spécialisée. ISO 9001 ou 9002, garantissant de fait, leur fonctionnement selon
Actuellement la physionomie de la profession de la précontrainte les principes de l’Assurance de la qualité.
en France est donc la suivante : les sociétés françaises ou étrangères D’ores et déjà, toutes celles qui ont obtenu l’Agrément ont mis
impliquées dans les techniques de la précontrainte depuis plus de en place un Plan d’assurance de la qualité (PAQ) conforme aux
trente ans continuent à développer les techniques et les systèmes prescriptions de l’annexe III au règlement de l’Agrément, pour la
d’ancrages [Freyssinet, VSL, DSI, CCL (Cable Covers Ltd), BBR, etc.]. fabrication des ancrages et de celles du Fascicule 65-A (articles 21,
Ces sociétés se sont organisées en entreprises spécialisées dans la 22, 23) [11] du CCTG, pour la mise en œuvre sur chantier.
mise en œuvre de la précontrainte ou ont concédé des licences à
des entreprises distributrices spécialisées également organisées Ces dispositions constituent une garantie de qualité des opéra-
pour mettre en œuvre la précontrainte. tions de précontrainte pour la maîtrise d’œuvre et le maître
d’ouvrage. Pour certaines entreprises, cette organisation a été mise
La CIP ne délivre son agrément, selon le règlement défini par en place depuis 20 ans pour la construction des centrales nucléaires
l’arrêté ministériel du 14 avril 1989, qu’à des entreprises distri- françaises, à la satisfaction d’EDF (Électricité de France) et des
butrices spécialisées qui donc détiennent à la fois la connaissance entreprises.
d’un système de précontrainte mais aussi, l’organisation, la compé-
tence et l’expérience pour la mise en œuvre selon les règles du CCTG
2.2.3.1.3 Sécurité
Fascicule 65 A et additif [11].
C’est un domaine très important de la mise en œuvre de la
Dans la suite du texte, nous nous placerons donc dans ce nouveau
précontrainte ; en effet la mise en précontrainte transfère aux struc-
contexte français, voisin de celui qui se pratique en Allemagne et
tures une énergie élastique considérable (1,4 MJ pour un câble
qui, sur la base de l’action conjuguée de ces deux pays, du Benelux
19 T 15 de 100 m de longueur), qu’on imagine d’autant moins que
et des pays nordiques, devrait constituer la base de la future
les équipements hydrauliques sont plus puissants. C’est bien là que
organisation européenne.
l’on mesure tout l’intérêt des dispositions évoquées ci-dessus
concernant les tests préalables, l’exécution par du personnel
2.2.3.1 Homologation, Assurance de la qualité et sécurité compétent avec des procédures de qualité rigoureuses ; ces
pour la mise en œuvre de la précontrainte éléments sont le fondement même de la sécurité.
Ces trois notions sont regroupées dans un même sous-chapitre Pour être plus concret, rappelons que le CMP doit, avant de
car elles sont très interdépendantes et découlent souvent l’une de procéder à une mise en tension, s’assurer :
l’autre, quel que soit l’ordre dans lequel on les aborde ; la séparation — du bon état de son matériel (vérins, flexibles hydrauliques,
apparente, est donc tout à fait artificielle et n’a pour but que de cla- matériel d’injection...) ;
rifier la présentation. — de l’étalonnage de ces équipements de mesure ;
— de la qualité du toron qu’il va utiliser ;
2.2.3.1.1 Homologation des entreprises distributrices — de la résistance du béton dans les zones d’ancrage au moment
spécialisées de l’application de la précontrainte ;
Le tableau synoptique (tableau 4) résume la procédure selon — de l’équipement de sécurité de son personnel (casque, lunettes,
laquelle la CIP prononce à la fois l’Agrément d’une entreprise dis- gants, chaussures au minimum).
tributrice spécialisée pour un procédé de précontrainte et l’homo- Enfin, il faut se rappeler que c’est au moment de la mise en tension
logation d’une armature. (0) que les efforts de précontrainte sont les plus grands. La sécurité
Il faut en retenir les trois éléments essentiels suivants, qui entrent immédiate pour les opérateurs et pour le reste du personnel du
dans les critères de jugement : chantier, c’est de ne pas se trouver dans l’axe du câble ni dans le
— le dossier technique du système d’ancrage, conformément aux voisinage immédiat du vérin, pendant l’opération de mise en tension
annexes 1 et 2 du règlement de l’Agrément, comportant notamment du câble.
les résultats obtenus au cours des essais conventionnels ;
— l’organisation et les moyens matériels de l’entreprise ; 2.2.3.2 Mise en place des conduits
— les références, la capacité du personnel et la mise à jour de D’une façon générale, en France, les conduits sont posés vides
ses connaissances en particulier pour le personnel chargé de mise et sont réalisés à partir de gaines rigides cintrables à la main, de
en précontrainte (CMP). tubes ou gaines en matière plastique, ou de tubes en acier. Lorsque
La décision de la CIP comporte une mise à l’épreuve, en général le conduit est posé avec le câble préfabriqué, les prescriptions
de 3 ans, et une remise en question permanente au travers des visites concernant la rigueur du tracé sont à peu près les mêmes. Nous
de contrôle effectuées par le LCPC, dans le cadre de la mission de devons distinguer deux cas :
contrôle qui lui est confiée aussi bien sur la fabrication des organes — la pose des conduits de précontrainte intérieure ;
de précontrainte (câbles-ancrages) que sur la mise en œuvre sur — la pose des conduits de précontrainte extérieure.
chantier (mission VCU – vérification du contrôle en usine).
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2.2.3.2.1 Pose des conduits de précontrainte intérieure 2.2.3.3 Enfilage du câble dans les conduits
La géométrie du tracé d’un câble est définie par le dessin d’exé- Il existe deux méthodes d’enfilage du câble dans le conduit :
cution de la structure. Dans la pratique des supports de câbles, indé- — la plus utilisée consiste à pousser le toron à très grande vitesse
pendants ou intégrés au ferraillage, sont disposés à des distances (1 à 6 m/s) directement dans le conduit ;
de 1 à 2 m (variable avec le type de gaine et la taille des câbles). — la moins fréquente consiste à enfiler, par traction au treuil, un
Sur ces supports on fixe solidement le conduit en tenant compte à câble préalablement fabriqué et enroulé en atelier.
la fois des efforts verticaux dirigés de haut en bas (masse du câble
quand il est enfilé dans le conduit avant bétonnage, circulation du
personnel sur le ferraillage) et de bas en haut (poussée d’Archimède 2.2.3.3.1 Enfilage par poussage de toron
sur la gaine vide) lorsque le câble est enfilé après bétonnage et que Cette méthode est utilisée chaque fois que l’enfilage n’est pas sur
l’on utilise des bétons fluidifiés. La disposition adéquate des le chemin critique et qu’elle est physiquement possible. Elle consiste
supports permet de limiter le festonnage des conduits entre à pousser un ou plusieurs torons (2, 3 ou 4) simultanément dans
supports, générateur de pertes par frottement dans les déviations le même conduit ou dans plusieurs conduits voisins, de longueurs
parasites ; ces pertes sont prises en compte forfaitairement dans les identiques, à très grande vitesse. Le bout des torons est revêtu d’un
calculs (0,002 rad · m–1 pour des câbles ne traversant pas de joints embout démontable particulier. La méthode est adaptée à tous les
ou surfaces de reprise, 0,003 rad · m–1 dans le cas contraire). La tracés de câble, sauf les câbles verticaux en U, dont la longueur est
maîtrise de ce festonnage est particulièrement délicate avec les comprise entre 150 et 200 m. Pour les câbles de longueur supérieure,
câbles gainés en usine et les gaines plastiques ; elle est beaucoup lorsqu’ils ne sont pas intérieurs à la structure ou lorsqu’on peut
plus simple avec les gaines rigides cintrables à la main (d’où leur disposer d’une fenêtre suffisante sur le tracé du câble, on utilise une
généralisation en France) et a fortiori avec des tubes rigides machine relais qui s’enclenche latéralement sur le toron.
(figure 17). Le festonnage doit également être impérativement La machine à enfiler dévide le toron par le centre d’une couronne
supprimé lorsque les câbles sont très près des parois, car il peut de toron introduite dans un dévidoir statique ; ce dévidoir peut être
générer des poussées au vide, avec éclatement du béton au moment à une distance de la machine à enfiler de zéro à une cinquantaine
de la mise en tension. de mètres et la machine à enfiler peut être à une distance de l’entrée
Les règles de pose des conduits sont définies dans le Fascicule du conduit de zéro à une dizaine de mètres. Dans ce cas, le toron
65 A, article 93-2 et dans l’additif, article 71.3.2 [11] lorsque le câble est guidé jusqu’à son entrée dans le câble, dans un tube flexible
comporte des coupleurs. Les méthodes sont définies dans les spécial. Il faut savoir que ces facilités de positionnement des équipe-
procédures de pose de l’entreprise distributrice spécialisée. ments d’enfilage par rapport à la structure affectent la longueur
La plupart du temps, il est prudent de réceptionner l’état des enfilable, mais elles résolvent bien des problèmes d’accès sur
conduits après bétonnage, par passage d’un gabarit circulaire de certains chantiers.
diamètre égal au minimum défini par les spécifications (ou la norme). Cette méthode fait l’objet de procédures particulières adaptées au
matériel de l’entreprise. On a beaucoup reproché à cette méthode
2.2.3.2.2 Pose des conduits de précontrainte extérieure de ne pas garantir la formation d’un faisceau de brins parallèles,
lorsque l’on a commencé à la mettre en œuvre il y a une vingtaine
Elle est définie en détail dans l’additif du Fascicule 65-A, chapitre d’années ; depuis, on a un peu amélioré les procédures et surtout
8, articles 81-82-83. Le point le plus important de la pose des conduits on lui a découvert de nombreux avantages qui ont fait oublier l’incon-
de précontrainte extérieure est la mise en place des déviateurs qui vénient. Le principal intérêt est le temps très court qui sépare la sortie
sont les seules zones de contact entre le câble et la structure ; le du stock de la bobine de toron de la mise en tension du câble et
respect de la position du déviateur selon ses trois coordonnées et de sa protection définitive. Un autre est l’absence totale de souillures
ses trois angles directeurs est un élément capital du tracé du câble. aux cours des manutentions et transport. Le troisième enfin, est le
S’il n’en est pas ainsi, les cassures angulaires peuvent provoquer faible coût.
le percement du conduit PEhd utilisé dans la presque totalité des
cas, voire l’éclatement du béton au droit du déviateur. C’est une ques-
tion délicate, à la frontière des prestations de l’entreprise générale 2.2.3.3.2 Enfilage par traction du câble préfabriqué
et de son sous-traitant pour la précontrainte ; elle doit toujours faire Cette méthode comporte d’abord la préfabrication du câble, puis
l’objet d’un contrat précis, d’une méthode élaborée et d’un mode le soudage d’un anneau de traction et l’enroulage en couronnes au
de réception contradictoire, avant la pose du conduit. La ficelle gabarit routier. Cette préfabrication comporte en général un stockage
tendue et tangente entre deux déviateurs successifs est une méthode de longue durée (quelques semaines à quelques mois) pendant
simple et efficace de contrôle (final et à la pose). lequel il faut renouveler les dispositions de protection provisoire
Pour l’utilisation courante de précontrainte extérieure avec câble (pulvérisation d’huile soluble pure). Dans certains cas, pour des
en torons clairs, la gaine normalement utilisée est de classe câbles de taille moyenne (12 T 15) avec un tracé peu perturbé, on
PN 6,3 (§ 2.2.2.4.2). Toutefois lorsque le câble est constitué de torons peut éviter la soudure et utiliser un tire-câble en tresse d’acier
gainés-protégés, injectés avant mise en tension, la qualité PN 4 est (chaussette japonaise ).
suffisante (figure 18).
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L’enfilage proprement dit, se fait par traction au treuil au travers ■ Mise en place du vérin sur le câble
du conduit ; l’enfilage du câble de treuil est réalisé soit par traction Elle doit assurer la bonne coaxialité du vérin et du câble, le bon
sur un fil pilote (fil de précontrainte de 7 à 8 mm de diamètre enfilé centrage du vérin sur la tête d’ancrage. Notons que l’utilisation de
préalablement par poussage), soit par traction sur une câblette manipulateurs et de vérins à prise automatique du câble facilitent
enfilée préalablement dans le conduit à l’aide d’air comprimé. La la bonne mise en place (figure 20).
capacité du treuil doit toujours être largement dimensionnée (de 1
à 3 fois le poids du câble). Le dévidage du câble préfabriqué néces- ■ Mise en tension
site un dévidoir rotatif, avec freinage lorsqu’il s’agit d’enfiler des L’usage de la prise d’information (pression et allongement) par
câbles dans des conduits en U vertical (figure 19). lecture d’un manomètre et d’une position d’index sur une règle gra-
Cette méthode nécessite donc des matériels bien adaptés ainsi duée a consacré une mise en tension par paliers. Partant du principe
que des procédures spécifiques définies par l’entreprise. que l’allongement est proportionnel à la force appliquée, la mesure
des allongements se fait par mesure de la variation entre trois forces
2.2.3.4 Mise en tension des câbles de précontrainte partielles connues et l’extrapolation, à effort nul, pour déterminer
l’origine des allongements (figure 21). Un palier dit d’alerte est
Cette phase de la mise en œuvre de la précontrainte, ainsi que effectué à 0,95 de l’effort nominal de précontrainte F0 , pour faire
la suivante (§ 2.2.3.5) sont les deux plus importantes : la première une vérification anticipée du couple effort-allongement qui sera
crée la précontrainte de la structure et garantit sa stabilité en service, obtenu en fin de mise en tension. La mise en tension est jugée
la seconde assure sa pérennité. Bien évidemment, ces deux opéra- satisfaisante si pour l’effort F0 on obtient un allongement compris
tions ne peuvent être pleinement efficaces, que si tout ce qui précède entre 0,95 a 0 et 1,10 a 0 , a 0 étant l’allongement calculé à partir des
depuis les matériaux, la fabrication des ancrages et le début de la données théoriques ou à partir des résultats de mesure du coefficient
mise en œuvre, a été réalisé conformément aux spécifications (et de transmission. S’il n’en est pas ainsi, il y a anomalie déclarée et
aux règles de l’art). Rappelons ici, une fois de plus, que la mise en le CMP après avoir informé la maîtrise d’œuvre, met en place la
précontrainte est une épreuve souvent difficile pour la structure, procédure du traitement de l’anomalie. Celle-ci comporte :
mais que c’est là que se situe le plus qualificatif de cette technique, — l’analyse de la situation en relation avec le bureau d’études ;
par rapport à la plupart des autres. Nous nous attacherons à déve- — le traitement de l’anomalie si elle n’est pas compatible avec
lopper ici, tout ce qui permet à l’entreprise distributrice spécialisée le projet.
de garantir qu’elle a bien établi un système de forces de précontrainte
conforme aux prévisions de l’étude. Deux cas se présentent alors :
— soit l’allongement est trop faible ;
2.2.3.4.1 Contexte réglementaire de la mise en tension — soit il est trop fort.
Les règles d’exécution de la mise en tension sont définies, pour Dans les deux cas, la première hypothèse d’anomalie concerne
la France, aux articles 93-3 et 95 du Fascicule 65-A du CCTG et 54-2 la valeur du coefficient de frottement prise en compte, trop faible
de l’additif, à l’annexe 1 de ce dernier [11]. Certaines procédures de dans le premier cas, trop forte dans le second. De nouvelles
réalisation des contrôles sont codifiées par la profession (documents mesures de coefficient de transmission (voir ci-dessous) doivent
SNBATI – Groupe précontrainte – concernant le tarage des vérins, être faites sur des câbles analogues – s’il y en a – ou sur le câble
la mesure du coefficient de transmission de la force de précontrainte concerné, après qu’il ait été détendu s’il s’avère que le phénomène
d’un câble d’une extrémité à l’autre de son conduit). Les procédures est isolé.
spécifiques d’un système sont définies par chacune des entreprises
distributrices spécialisées.
La responsabilité de la bonne exécution de la mise en pré-
contrainte dépend très largement du chargé de mise en précontrainte
(CMP) ; il doit en effet s’assurer :
— de la qualité de ses moyens (matériels et personnel) ;
— de la capacité de la structure à recevoir la précontrainte
(résistance du béton, conformité du câblage) ;
— de la qualité de la mise en tension (effort, allongement, coef-
ficient de transmission, rentrée de la clavette).
Il serait long et fastidieux de reprendre ici le détail des prescriptions
citées ci-dessus. Nous ne reprendrons que les principes concernant
les éléments fonctionnels de la mise en tension. Il est important de
remarquer que, si les prescriptions réglementaires peuvent paraître
Figure 19 – Câbles en U
lourdes :
— elles tiennent compte d’une longue expérience dans la pratique
de la mise en œuvre de la précontrainte, en associant les points de
vue maîtrise d’œuvre et entreprise ;
— elles encadrent l’ensemble des spécificités des systèmes de
précontrainte agréés.
En pratique, pour un système donné, les choses sont quand même
plus simples d’autant que les progrès réalisés en permanence sur
les matériels intègrent systématiquement certaines exigences et
parfois vont plus loin.
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Fp
Figure 21 – Diagramme effort-allongement ------- = exp [ – ( f α + ϕ d ) ]
Fa
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Le sable, à raison du tiers à la moitié du poids de ciment, était ■ Perfectionnement du matériel d’injection
introduit dans le mélange dans le but très louable de donner un sque- C’est peut être dans ce domaine que les progrès ont été les plus
lette au coulis. On pensait, ainsi, le rendre moins sensible au retrait remarquables. Ils ont porté sur deux points essentiels, les moyens
et améliorer ses qualités d’adhérence. Aucune considération éco- de malaxage et les matériels d’injection.
nomique n’entrait dans cette pratique, le prix du sable en petite quan-
● Moyens de malaxage
tité n’étant pas très éloigné de celui du ciment ! Le sable était du
type dit de Fontainebleau ; de formation éolienne, il présentait une Pour qu’un coulis s’injecte correctement, il faut qu’il soit stable
granulométrie serrée, sans limon, ni argile et sans élément supérieur et parfaitement homogénéisé. Il faut aussi qu’il présente le moins
au millimètre. de décantation possible. Seul un malaxage puissant et contrôlé
permet d’y parvenir. Le malaxeur à main a dû être abandonné au
À partir des années 55, l’ajout d’un adjuvant a été systématique-
profit de malaxeurs électriques à hélices plus puissants, tournant à
ment préconisé. Deux objectifs étaient visés :
1 500 tr/min. (figure 22). Après un malaxage de trois minutes, un tel
— plastifier le coulis ; matériel permet d’obtenir un coulis stable et homogène. Toutefois,
— le rendre expansif. des essais préalables de convenance sont indispensables pour
L’expansion est censée compenser le retrait et les vides laissés affiner la durée de malaxage. Cette dernière peut varier en fonction
en partie haute des conduits, une fois l’eau d’exsudation réabsorbée. du ciment réellement utilisé sur le site. L’amélioration des conditions
La fonction expansion est obtenue par addition au plastifiant d’une de malaxage a permis de préparer des coulis beaucoup moins riches
poudre d’aluminium qui, au contact du ciment, génère des bulles en eau et de limiter la décantation. Mesurée dans des éprouvettes
gazeuses. Néanmoins, dès les années 75, cette fonction expansion graduées transparentes, la valeur de la décantation doit être
a été abandonnée en France, pour deux raisons : la première parce inférieure à 1 % de la hauteur. Pour arriver au même résultat, certains
que son efficacité a été jugée peu concluante, les effets du retrait pays ont utilisé des malaxeurs à double tambour qui, moins courants
et de la décantation étant postérieurs à l’expansion, la deuxième et plus onéreux, ont été finalement abandonnés.
beaucoup plus contestable parce que certains y ont vu un risque de ● Matériel d’injection
corrosion fissurante des aciers qui serait due à l’effet de l’hydrogène
naissant contenu dans des bulles en début de réaction. En réalité, Le matériel d’injection à main a été proscrit et remplacé par des
ce risque n’a jamais été mis en évidence dans les ouvrages existants. pompes électriques jusque-là utilisées pour le pompage des boues.
Dans le cas de ces pompes, un rotor hélicoïdal tournant dans un
Dès les années 60, plusieurs voies de recherche ont été déve- stator en néoprène assurait la progression du coulis sous un débit
loppées pour améliorer la qualité des injections. Les points faibles de 1 m3/h ; la pression dans les conduits restait acceptable, mais
de l’injection étaient essentiellement, le risque de formation de l’ensemble stator-rotor résistait mal à l’abrasion du ciment. Des
bouchons, les défauts de remplissage avec présence de vides le long ensembles plus robustes ont alors vu le jour : ce sont des pompes
du tracé des câbles et la décantation du coulis dans les points hauts à piston capables de débiter plus de 3 000 L/h, sous des pressions
du tracé. pouvant atteindre 0,5 MPa sans usure prématurée (figure 23). De tels
Pour résoudre ces problèmes, les sociétés de précontrainte se sont ensembles, perfectionnés et plus puissants sont encore d’emploi
orientées vers deux pôles : courant comme nous le verrons dans les paragraphes suivants. Leur
— l’amélioration du coulis ; principe reste tout à fait adapté aux câbles actuels de forte puissance
— le développement des moyens de malaxage et d’injection. et de grande longueur.
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Les types de structures évoluent, les armatures de précontrainte Les entreprises distributrices spécialisées disposent pour ce type
aussi : de chantier, de petit matériel mobile permettant d’injecter 3 m3/h
— la capacité des unités de précontrainte atteint 1 400 t, les environ. Les malaxeurs sont des ensembles légers regroupant une
conduits qui les concernent ont un diamètre de 160 mm, de gros pompe doseuse pour l’eau et les adjuvants, une cuve de malaxage
volume de coulis deviennent nécessaires ; équipée d’un malaxeur à turbine et un bac dit d’entretien pour main-
— les techniques actuelles de mise en œuvre des câbles tenir le coulis bien homogène avant son envoi dans les conduits.
permettent l’utilisation de câbles de grande longueur sans difficulté Les pompes à injection puisent le coulis dans le bac d’entretien. Du
particulière ; type pompe à piston, elles permettent de réguler le débit, de régler
— les grandes structures industrielles, les centrales nucléaires, les les pressions maximales d’injection. Il faut rappeler que le matériel
plates-formes offshore, les bâtiments de prestige exigent des câbles d’injection doit être maintenu très propre car les résidus de coulis
de grande hauteur. qui peuvent faire prise dans le matériel en fin d’injection sont à
■ Différents types de coulis aujourd’hui l’origine de certaines pannes, voire de difficultés d’injection par
● Les coulis dits standards
formation de bouchon. Les opérations d’injection sont toujours déli-
cates et il ne saurait être question de les confier à un personnel non
Il s’agit des coulis utilisés sur les ouvrages dont les câbles averti.
présentent un tracé peu ondulé et dont la longueur ne dépasse pas
● Matériels fixes pour les chantiers de grande importance
une soixantaine de mètres. Ces coulis ont fait, en général, l’objet
d’une formulation précise en fonction des ciments régionaux Ces chantiers sont devenus assez fréquents puisqu’ils concernent
disponibles. Ils sont composés de ciment, d’eau suivant un dosage tous ceux qui exigent la mise en œuvre rapide de gros volume de
précis et d’un adjuvant fluidifiant. Ils sont conformes aux exigences coulis dans un temps limité : par exemple, les ouvrages à voussoirs
du Fascicule 65-A [11] et des projets de normes européennes préfabriqués conjugués ou non, les structures pétrolières ou
CEN/TC 104 / WG 6. Une vérification de convenance du matériel nucléaires ou, d’une façon plus générale, tous les ouvrages dont la
disponible sur place reste nécessaire. masse de précontrainte mise en œuvre dépasse une centaine de ton-
● Les coulis retardés ou à durée d’injectabilité maîtrisée nes.
De tels coulis ont été mis au point par certaines sociétés détentrices Le matériel de préparation du coulis devient alors plus complexe
de procédés pour répondre au cas difficile d’injection de câbles et plus mécanisé. Le ciment est approvisionné en silo. Le système
traversant des joints de construction. Pour assurer un remplissage de malaxage est une véritable petite centrale à coulis avec tous les
complet de tels câbles, il faut les injecter simultanément en utilisant automatismes modernes pour contrôler les dosages de différents
des rampes d’injection et en suivant la progression du coulis. Les composants du coulis (figure 24). Le malaxeur proprement dit est
quantités à mettre en œuvre deviennent, alors, importantes ; le coulis une puissante turbine avec circulation interne du coulis. Les bacs
ne doit pas s’épaissir trop rapidement et il est indispensable de d’entretien deviennent en même temps des bacs de transport du
retarder sa prise par emploi d’adjuvants spécifiques. Les méthodo- coulis qui, contrairement au cas précédent, peut alors être fabriqué
logies de fabrication du coulis sont elles-mêmes particulières ; plu- assez loin de son lieu d’utilisation (à 1 000 m et plus).
sieurs brevets les concernent. Certaines d’entre-elles permettent Le matériel d’injection est très comparable à celui utilisé sur les
même d’être maître du temps de retard de façon à l’adapter aux petits chantiers. Pour répondre à la mise en place du coulis sous
conditions climatiques propres au chantier, aux caractéristiques des gros débit, on peut soit multiplier le nombre de pompes soit
câbles, longueur, puissance des unités, etc. Les coulis retardés ont utiliser des équipements à fort débit unitaire (figure 25).
été un élément moteur pour la préparation des coulis en centrale,
indispensable pour les chantiers importants. On peut dès maintenant
envisager des points de préparation industrielle du coulis à l’image
des centrales de béton prêt à l’emploi, avec transport sur longue dis-
tance. Bien conscientes de l’absolue nécessité d’injection de la
meilleure qualité possible, les sociétés de précontrainte continuent
leur recherche dans ce domaine et progressent.
● Les coulis thixotropés
Les coulis thixotropés, comme tout matériau thixotrope, se
liquéfient lorsqu’ils sont mis en mouvement. Au repos, ils se
comportent comme s’ils étaient figés. Ils présentent aussi un aspect
colloïdal très intéressant qui fait que lorsqu’ils cheminent dans un
conduit, ils progressent suivant un front perpendiculaire au tracé du
câble. Ainsi, même pour des diamètres importants et sur un tracé
très incliné, il n’y a pas emprisonnement de bulles d’air. Cette
propriété a été mise à profit pour l’injection des câbles des unités
les plus puissantes avec ondulations de grande hauteur. De plus les
coulis thixotropés sont particulièrement stables et présentent un très Figure 23 – Pompe 2001 (Freyssinet)
faible ressuage. Ces coulis font l’objet de différents brevets. De
préparation délicate, ils sont en général mis en œuvre par les
entreprises distributrices spécialisées.
■ Technologies disponibles
À l’heure actuelle, on utilise deux catégories de matériels selon
la taille du chantier.
● Matériels mobiles et légers pour les chantiers de faible et
moyenne importances
On peut classer dans cette catégorie les ponts de moins de 150 m
de longueur, les chantiers de bâtiment, la plupart des réservoirs
ruraux et d’une façon générale tous ceux qui n’exigent pas une
quantité de ciment pour les injections supérieure à une cinquantaine
de tonnes.
Figure 24 – Centrale à coulis sur site nucléaire
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2.2.3.5.3 Cas particuliers d’injection car l’eau en excès du coulis est filtrée au travers du toron et, du fait
de sa densité plus faible que celle du coulis, est entraînée au point
■ Injection par le vide haut où elle s’accumule. Il ne saurait être acceptable de maintenir
Les premières injections par la technique du vide datent de plus cette eau en place, il faut l’évacuer. Pour cela, plusieurs solutions
de 20 ans. Elles ont donné lieu à plusieurs brevets, la plupart main- ont été proposées. Certaines consistent à évacuer l’eau au fur et à
tenant dans le domaine public. Le principe général est le suivant : mesure qu’elle se présente en maintenant un remplissage gravitaire
pendant que l’on injecte le coulis par une extrémité du câble, le vide à partir de l’ancrage. Deux techniques récentes, viennent d’être
est maintenu dans le conduit à partir de l’extrémité opposée. Ainsi, mises au point (figure 28) :
il n’y a guère possibilité de formation de poches d’air enfermées dans — la première (figure 28a ) consiste à placer, en partie supérieure,
le coulis et le remplissage du conduit est très fortement amélioré. un conduit de section plus importante que la gaine, pour créer un
En fin d’injection, le coulis introduit est mis en pression par la pompe réservoir à eau exsudée. L’accès à ce réservoir est possible par un
d’injection, opération qui réduit les quelques vides éventuels, évent latéral qui permet l’enfilage d’un tuyau plastique, à la verticale,
toujours possibles, à des volumes très négligeables. Des variantes dans la zone de coulis pauvre. L’élimination de ce coulis pauvre
existent et permettent en particulier de réinjecter des zones mal rem- s’effectue par le tuyau en mettant le coulis sous pression par l’évent
plies par le coulis. Elles consistent, à partir d’une même extrémité du capot, 2 à 3 h après l’injection. On procède alors au remplacement
d’un câble, à mettre la poche à remplir en dépression et aussitôt de l’eau et du coulis pauvre par du coulis nouveau qu’on laisse
après à envoyer un volume complémentaire de coulis pour combler reposer jusqu’au lendemain ; le lendemain, après élimination de
les vides. On peut maintenant sans difficulté, obtenir des pressions l’eau exsudée, on réalise la dernière réinjection jusqu’au bloc
résiduelles de l’ordre d’une dizaine de millibars (figure 27). Les d’ancrage ;
années à venir devraient voir la généralisation de l’injection par le — la seconde (figure 28b ), associe les techniques du vide et de
vide. l’effet de cheminée. La gaine est injectée sous vide et par gravité,
■ Injection des câbles de grande hauteur par le haut ; le vide étant effectué par l’orifice d’injection de la trom-
plaque et au travers de l’extrémité supérieure des torons. Lorsque
Ce n’est pas un problème de pression qui se pose, mais un le coulis arrive en partie supérieure on combine la mise sous pression
problème de décantation au niveau des points hauts dans la zone de la colonne de coulis avec l’aspiration forcée, sous vide, de l’eau
des ancrages supérieurs. On connaît depuis longtemps le phéno- exsudée au travers des fils de torons. Cette technique a permis de
mène chimney effect (effet de cheminée), à l’origine de remontées faire chuter le rapport E /C à 0,22 et améliorer ainsi les caracté-
d’eau abondantes aux points hauts près des ancrages de tête. Ce ristiques du coulis déjà injecté.
phénomène est accentué dans le cas de câbles composés de torons,
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■ Injection des câbles de grande longueur ■ Traitement des parties de tracé à forte ondulation (figure 29)
Les câbles de grande longueur exigent un coulis du type thixo- Lorsque la dénivellation h est supérieure à 1,20 m, l’injection est
tropé. La vitesse d’écoulement dans le conduit est une notion à ne réalisée par un ajutage mis en place au point bas (➀ et ➁). Un évent
pas négliger. On a constaté que sa valeur optimale se situait dans supplémentaire, situé à 1 m environ du point le plus haut est mis
une plage de 10 à 18 m/min selon la taille des unités à injecter. Cette en place afin d’évacuer la poche d’air et l’eau d’exsudation (➂ et
vitesse permet, à la fois un bon enrobage de tous les aciers et évite ➃). L’opération s’effectue par réinjection des coulis à partir des points
la formation de bulles. La ségrégation et l’exsudation étant faibles, bas (ajutages de points bas ou d’extrémités d’ancrages) afin de
les risques de présence d’eau libre sont très réduits. chasser l’air et l’eau exsudée vers les points hauts. Il est souvent
nécessaire de réinjecter du coulis à 2 ou 3 reprises, toutes les
demi-heures ou toutes les heures suivant le type de mélange utilisé
afin d’éliminer complètement l’eau exsudée.
■ Injection de familles de câbles traversant
des joints de construction
C’est le cas des câbles longitudinaux d’ouvrages construits avec
des joints, par voussoirs conjugués ou non. Le coulis, en cheminant
au travers des joints, peut passer d’un câble à l’autre. Cela peut
conduire à une injection en pointillé, très néfaste pour la pérennité
de l’ouvrage. La solution consiste, alors, à injecter les câbles par
famille entière, en faisant progresser le coulis dans tous les câbles
simultanément et en contrôlant de façon précise cette progression.
Un jeu de vannes placées sur une rampe d’injection à l’entrée de
chaque câble permet à une équipe expérimentée d’assurer le
remplissage complet des conduits. Le coulis doit obligatoirement
être du type retardé de façon à rester maître des opérations en cas
d’incidents, même si les quantités de coulis à injecter sont très
importantes.
■ Injection à la graisse ou la cire
La graisse comme la cire doivent être injectées dans des conduits
très étanches. Dans le cas des graisses en particulier, l’huile occluse
peut, par défaut d’étanchéité, apparaître en surface dans le temps
et tacher le parement. Le matériel d’injection est spécifique puisque
le matériau est injecté sous forte température : 80 à 95 oC. Des
réchauffeurs doivent permettre d’amener les produits à la bonne
température. Les équipements, vannes, tubulures de raccordement,
évents, etc., doivent être prévus dès la conception de l’ouvrage.
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3. Techniques dérivées
La plupart d’entre elles résultent de la maîtrise des gros efforts
transmis par des câbles, ce qui est la pratique courante de la
précontrainte ; il est significatif, en effet, de constater que les
personnes rompues à la pratique de la précontrainte ne sont jamais
démunies devant des problèmes qui mettent en jeu des efforts de
plusieurs dizaines de milliers de tonnes. C’est unique dans le monde Figure 30 – Ancrage de cerce
des techniques.
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5. Vues d’avenir Nous n’évoquerons ici que des produits à structure unidirection-
nelle, formés d’un assemblage de fibres parallèles, de diamètre 5
à 20 µm, agglomérés avec une résine de synthèse, thermoplastique
La prospective est un art difficile et les espoirs que font naître les ou thermodurcissable. Ils se présentent sous forme de fils (joncs)
performances sont très souvent déçus par le niveau de prix. Le de diamètre 5 à 10 mm obtenus par la technique de la pultrusion.
débouché dans le domaine de la construction est parfois gêné par Les fibres sont du verre, du carbone ou de l’aramide plus connue
la modestie des quantités consommées. Il ne survient généralement sous les noms commerciaux de Kevlar ou Twaron ; les résines sont
que lorsqu’il y a conjonction entre les besoins dans plusieurs des époxy, des polyesters ou des polyamides (Nylon ).
domaines d’activités, entraînant la baisse des prix de production ou
Les propriétés mécaniques intéressantes de ces produits sont
conjonctions d’avantages multiples transformant les données du
essentiellement, la résistance en traction de l’ordre de 2 000 MPa sur
coût d’usage.
fibre, soit de l’ordre de 1 000 MPa sur le matériau composite ; leur
masse volumique est 4 à 5 fois plus faible que celle de l’acier.
Par contre, ce matériau a un comportement fragile (pas de défor-
5.1 Matériaux mation plastique avant rupture), il n’a aucune résistance aux
contraintes orientées perpendiculairement à la fibre et, à l’exception
Nous n’évoquerons ici que le béton, l’acier de précontrainte et les de certaines qualités de carbone, il a un module d’Young compris
matériaux composites. entre 80 et 120 GPa (contre 200 GPa pour l’acier). Quand on ajoute
à cela, le fait que le verre est corrodable par le béton et que les fibres
aramides, absorbent l’humidité ambiante et se dégradent, on en
5.1.1 Béton déduit que seul le carbone peut se révéler intéressant, bien que le
plus cher actuellement des trois types de produits composites.
Il s’agit des BHP (béton à hautes performances). Il faut insister Au plan physico-chimique, le carbone est assez inerte, au moins
sur le mot performances : il ne s’agit pas seulement de la résistance dans l’environnement habituel ; il est également amagnétique. Si
à la compression. Certes, cette caractéristique est importante et donc, ce produit est susceptible de développement, c’est dans des
l’ingénieur est sensible à l’intérêt structurel des bétons dont la domaines où l’on pourra exploiter ses propriétés spécifiques, l’acier
résistance à la compression atteint 100, 200 MPa, voire près de étant alors hors compétition. On peut imaginer des structures hauba-
1 000 MPa pour BPR (béton à poudre réactive). Certes ce béton, dont nées de très grandes portées, totalement composites (couvertures,
la structure est plus voisine d’une fonte moulée à froid que d’un grands ponts) ou des structures pour installations médicales ou
béton hydraulique, ne constituera pas les structures traditionnelles industrielles totalement amagnétiques et cependant précontraintes
de notre environnement du début des années 2000, mais il faut pour assurer leur stabilité, ou enfin des structures ancrées en mer
connaître la tendance. sur des fonds supérieurs à 1 000 m ; dans ce dernier cas la masse
Il est plus important dans l’immédiat d’améliorer le matériau béton volumique de l’acier devient trop importante et le seul poids propre
dans le domaine où il est le moins performant à court et long termes : fait atteindre ses contraintes limites. Les progrès de ces matériaux
la résistance en traction, le retrait, le fluage, la perméabilité. C’est sont donc à suivre ; leur pénétration significative dans le monde de
ainsi que des travaux pour EDF (Électricité de France) ont permis la construction prendra beaucoup de temps.
de mettre au point du béton à faible chaleur d’hydratation, donc à
faible retrait, par réduction du dosage en ciment (300 kg/m3) tout
en obtenant une résistance caractéristique de 60 MPa, non
recherchée au départ. Ce béton permet de limiter la fissuration de 5.2 Méthodes de mise en œuvre
retrait des enceintes de confinement des centrales nucléaires ; il a
été mis au point pour l’enceinte no 2 du site de Civaux (Haute-Vienne) Leur évolution dépend de deux phénomènes :
et sera probablement retenu pour le réacteur européen EPR. — les progrès et les nouveaux développements qui interviendront
On peut aussi citer pour mémoire les progrès attendus par l’utili- sur les matériaux ;
sation des fumées de silice qui complètent la granulométrie des — les progrès de l’environnement technologique (mécanisation,
ciments vers le bas (quelques dizaines de nanomètres) et possèdent robotisation, informatisation).
des propriétés pouzzolaniques, des fibres (plastiques et aciers), des
résines, etc. [3].
5.2.1 Progrès et nouveaux développements
sur des matériaux
5.1.2 Acier de précontrainte
Parmi les thèmes de progrès et développement évoqués au para-
Il ne faut pas attendre de miracle dans les vingt années à venir, graphe 5.1, il n’y a rien qui modifiera de façon fondamentale les
avec des progressions analogues à celles que l’on peut attendre des méthodes de mise en œuvre. Tout au plus nous verrons apparaître
bétons. Par contre, dans le droit fil des méthodes que nous avons des adaptations liées aux spécificités des matériaux nouveaux
développées au paragraphe 1.3.4, on peut penser que les méthodes comme par exemple les composites ; par ailleurs les fabricants de
de plus en plus fines de maîtrise des processus sidérurgiques ces produits devront faire tout ce qui est possible pour rendre leur
conduiront à des progrès sur les fils de précontrainte. Des expéri- utilisation la plus voisine des habitudes et méthodes actuelles pour
mentations sont actuellement menées soit au stade du laboratoire, faciliter la pénétration de leur produit.
soit en usine sur la base des méthodes appliquées aux produits de Il faut insister sur la situation particulière du toron gainé protégé
très faibles diamètres (quelques dixièmes de millimètre) pour l’arma- à adhérence différée évoqué au paragraphe 1.3.4.6. En effet, ce pro-
ture des pneus (steel-cord ). Cela peut laisser espérer des résistances duit, s’il s’avère être efficace et compétitif, peut faire disparaître la
à la traction de 2 500 à 3 000 MPa à l’échéance 2010. notion de conduit, propre aux applications de précontrainte par post
tension, au profit d’une mise en place très voisine de celle des arma-
tures passives. Une telle situation supprimerait toutes les concen-
5.1.3 Matériaux composites trations d’efforts dans la structure, génératrices d’effets secondaires,
et conduirait à une précontrainte naturellement mieux diffusée dans
On se reportera à la rubrique Composites du traité Plastiques et la structure. Pour ce qui concerne la mise en tension, le fait d’utiliser
Composites. des unités monotoron de capacité modeste (150 à 300 kN), permet
d’envisager des vérins de mise en tension légers, manipulés par un
robot. Bien sûr, une telle évolution ne peut concerner que les pays
à fort coût de main-d’œuvre.
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6.1 E. Freyssinet maître sous la forme de produits industriels, maintenant devenu une réalité
internationale qui utilise chaque année dans le monde, de l’ordre
de la construction en béton de un million de tonnes d’acier de précontrainte, sous une contrainte
(1905-1928) de service de 1 000 à 1 200 MPa. C’est probablement l’utilisation
industrielle de l’acier la plus performante et la plus économique
Le 1er juillet 1905, il est nommé à Moulins, ingénieur des Ponts parmi toutes les utilisations actuelles !
et Chaussées, chargé du service vicinal et du service ordinaire de C’est ce mode de réalisation de produits en béton qui a fait l’objet
l’arrondissement Est, Vichy et Lapalisse. du brevet déposé le 2 octobre 1928 Procédé de fabrication de pièces
C’est une période très active de sa vie, qui n’a rien à voir avec en béton armé et des additions qui suivirent en 1928-1929 et 1930.
l’idée que l’on peut se faire aujourd’hui de l’activité d’un ingénieur Les premiers produits précontraints fabriqués industriellement
d’arrondissement. Chargé alors de la construction des ouvrages sont des poteaux électriques construits en association avec Forclum.
communaux dont la subvention de financement ne venait jamais, Alors que l’on n’était qu’en 1932 on réalisait quotidiennement dans
il comprit très vite que leur réalisation était impossible sans forte l’usine de Montargis des bétons remarquables de résistance 80 à
réduction de leur prix de revient. Il trouva la solution en les réalisant 100 MPa, atteignant 50 MPa entre 16 et 48 h, 30 MPa au démoulage
en béton, plus compétitif que les autres matériaux (aciers ou maçon- « quelques dizaines de minutes » après coulage grâce à l’action
nerie). simultanée de la compression, la vibration et le traitement thermique
Ce fut là le premier défi du futur grand constructeur : réaliser des inventés par Freyssinet (figure 39).
ouvrages pour un coût de 20 % des projets de l’administration, finan-
çable directement par la commune. Ainsi, il en réalisa de très nom-
breux. Il reste une trace remarquable de ces ouvrages « maquettes »,
c’est le pont en arc de Préréal-sur-Besbre (26 m de portée) décintré
en 1906 par l’action de vérins hydrauliques – une première en la
matière –.
Freyssinet rencontre alors François Mercier, entrepreneur à Vichy
qui l’engage et le pousse vers le second défi de sa carrière, technique
celui-là : la construction de 3 ponts sur l’Allier : le Veurdre, Boutiron
et Châtel-du-Neuvre. Mercier, quant à lui, propose au conseil général
de l’Allier un défi économique – dans la lignée de ceux des ouvrages
vicinaux précités – consistant à construire en béton, sur les plans
Freyssinet, les trois ponts sur l’Allier pour 630 000 F or, montant de
l’estimation de l’administration pour la solution en maçonnerie du
seul pont du Veurdre ! Il garantit la reconstruction selon les plans Figure 36 – Pont de Boutiron (état actuel)
originaux, en cas d’échec de la solution béton. Le pari est pris et
gagné ; il en reste un témoin, le pont de Boutiron (3 km en aval de
Vichy (figure 36)), les deux autres ayant été démolis à la Libération.
C’est ainsi que débute cette fabuleuse carrière de constructeur, qui
se poursuit pendant la guerre de 1914-1918, pour le compte du minis-
tère de la Guerre, par la construction d’un très grand nombre de
couvertures par voûtes en béton, « hectares et hectares de hangars
de chargement, dépôts, usines, grands hangars pour tous usages ».
La période de la guerre voit la rupture du partenariat Mercier-
Freyssinet au profit d’un nouveau, avec son camarade de promotion
Claude Limousin. C’est une période brillante, ponctuée d’ouvrages
phares dont il reste de nombreux exemples qui méritent le détour
lorsqu’ils existent encore : pont de Villeneuve-sur-Lot (figure 37),
pont de Tonneins sur la Garonne, marché couvert de Reims, hangars
pour ballons dirigeables à Orly, et le pont Albert Louppe plus connu
sous le nom de pont de Plougastel (sud de Brest) (figure 38).
Freyssinet a compris très tôt que la vocation constructive et
économique du béton était d’être comprimé. La solution naturelle Figure 37 – Pont de Villeneuve-sur-Lot (état actuel)
pour le comprimer c’est la voûte. Freyssinet en a épuisé toutes les
ressources alors que, dans ce même temps, il est en permanence
taraudé par l’idée de précontrainte, celle née dès 1903, lors de la
visite des consoles en béton de la rue de Rome.
C’est finalement en 1928, en pleine gloire, qu’il décide « de risquer
tout ce que j’avais de fortune, de réputation et de forces, pour faire
de l’idée de la précontrainte une réalité industrielle ». Il abandonne
Limousin, qui ne croyait pas à cette idée qui, à l’époque, n’avait
même pas de nom.
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_________________________________________________________________________________________________________________ BÉTON PRÉCONTRAINT
Figure 39 – Poteaux en béton précontraint Figure 40 – Enceinte nucléaire, câblage du dôme (Daya Bay, Chine)
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BÉTON PRÉCONTRAINT _________________________________________________________________________________________________________________
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