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C2190 Procedes de Demolition Des Ouvrages PDF
C2190 Procedes de Demolition Des Ouvrages PDF
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Figure 1 – Boulet
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et
« Les brise-béton et les marteaux-piqueurs devront être conçus Selon les marques et les modèles, la force d’éclatement des
de telle sorte que leurs dispositifs d’insonorisation ne puissent être appareils s’échelonne de 70 à 350 t.
ôtés par l’utilisateur » (art. 6).
L’arrêté du 7 novembre 1977 et ses annexes fixent les conditions 1.1.5.2.2 Mise en œuvre
d’environnement pour l’exécution de mesures de niveau sonore
des bruits aériens émis par les engins de chantier. La mise en œuvre de ces appareils peut être effectuée par une
main-d’œuvre non spécialisée, sans nécessiter de formation
Sur le plan pratique, la plupart des fabricants de marteaux particulière. Les éclateurs sont employés par des entreprises de
pneumatiques ont soit modifié, soit équipé leurs appareils de façon démolition et par des entreprises qui font du découpage de béton
à répondre à la nouvelle réglementation. au diamant ou à la lance à oxygène et qui souhaitent débiter en plus
Dans la plupart des cas, ils ont agi sur l’échappement d’air. L’air petits morceaux de grands blocs de béton découpés. C’est une
est détendu dans des chambres à chicanes ; celles-ci présentent les méthode rapide et relativement peu coûteuse.
inconvénients d’être souvent très volumineuses et d’entraîner Lorsque l’on se trouve en présence de béton légèrement armé,
l’apparition de givre. En effet, les gaz détendus sont chargés en on peut (dans la mesure où la puissance des appareils le permet),
humidité et sont froids. Ce givre, lorsqu’il devient important, risque après rupture, élargir la fissure sur plusieurs centimètres, puis
de colmater l’échappement et d’entraîner l’arrêt de l’appareil. couper les aciers au chalumeau.
Certains fabricants ont modifié la forme de leur piston (piston à
queue par exemple) de façon que la frappe directe sur l’outil
entraîne l’échauffement du piston qui lui-même permet de 1.1.5.2.3 Utilisations
réchauffer le haut du cylindre et réduit les risques de givrage. Les Démolition d’ouvrages en maçonnerie, en béton non ou peu armé
échappements peuvent, d’autre part, se trouver améliorés sur ou de massifs rocheux. Achèvement de la démolition de gros blocs
certains appareils par la modification de leurs formes et de leurs de béton découpés à l’aide d’autres procédés afin de les fragmenter
tailles. D’autres fabrications, enfin, comportent des équipements en petits morceaux pour faciliter leur évacuation.
complémentaires permettant d’amortir les bruits (housses par
exemple).
Les marteaux-piqueurs ou perforateurs hydrauliques ou 1.1.6 Démolition par découpage
électriques font généralement peu de bruit et répondent à la
réglementation sans équipements complémentaires. 1.1.6.1 Outils diamantés
Le diamant est le matériau le plus dur que l’on connaisse. C’est
la raison pour laquelle on a pensé à l’utiliser pour réaliser de nom-
1.1.5 Démolition par éclatement breux outils de taille.
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1.1.6.2.3 Utilisations
Il est encore un peu tôt pour pouvoir dire avec certitude ce que
seront les applications de ces procédés.
Il est vraisemblable que l’on aboutira, dans un premier temps, à
la mise au point de machines fixes utilisables en usine pour le
découpage d’éléments en pierre (grès, calcaires, etc.), puis, les
techniques se perfectionnant, à la réalisation de matériels assez
légers et assez facilement manipulables sur chantiers pour des
travaux de découpage et de démolition d’ouvrages en béton non
ou peu armé.
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Figure 12 – Tableau synoptique des accessoires de tir courants avec les explosifs brisants
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2.2 Procédé Cardox où le tube ne peut être enfoncé complètement, on le bloque avec
des butons. Tous les tubes sont raccordés au moyen de fils
électriques et tirés par volée avec un exploseur classique. Chaque
Le procédé Cardox est un mode d’abattage de roches, de maçon-
tube peut libérer une poussée de plus de 12 t.
nerie et de béton non armé au moyen de la détente brusque, au fond
d’un trou, d’anhydride carbonique fortement comprimé. Ce n’est Le rendement de l’opération est variable suivant la dureté du
pas un système explosif. De ce fait, il n’en possède pas les béton (le volume des matériaux disloqués varie de 0,5 à 3 m3, la
propriétés brisantes qui se traduisent par le morcellement à masse des blocs variant de 0,5 à 2 t).
l’extrême des déblais et leur tendance à se briser au cours des Ce procédé ne convient pas pour le béton armé.
manipulations ultérieures. De plus, il ne présente pas les dangers
d’explosion dus aux chocs.
2.2.3 Utilisations
2.2.1 Principe de fonctionnement — Dislocation de bancs rocheux en fond de fouille à proximité
d’ouvrages existants à ne pas ébranler.
Le procédé consiste à introduire, dans un trou préalablement foré
au moyen d’un marteau-perforateur, un tube spécial dont le rôle est
d’assurer la détente des gaz. On prendra soin de bloquer efficace-
ment le tube dans son trou pour éviter son éjection au moment de
la mise à feu.
Le tube Cardox est constitué principalement par une enveloppe
métallique composée de trois parties (figure 15) :
— la tête de décharge ;
— le corps de tube ;
— la tête de tir.
Les deux têtes sont raccordées par vissage aux extrémités du
corps du tube.
Avant de visser la tête de décharge, on place une membrane
d’acier (le disque de rupture) destinée à obturer le corps du tube à
l’une de ses extrémités. Cette membrane est de bien moindre
résistance que les parois du tube.
À l’autre extrémité du tube, côté tête de tir, est placée une
composition chauffante dont la combustion est provoquée par la
mise à feu d’une amorce électrique noyée dans cette composition
chauffante au moyen d’un courant électrique basse tension fourni
par un exploseur raccordé à la tête de tir par une ligne de tir.
En dehors de cette composition chauffante, le corps du tube est
rempli de gaz carbonique liquéfié.
La mise à feu déclenche la combustion de la composition
chauffante, ce qui a pour effet de porter le gaz carbonique à une
pression suffisante pour provoquer la rupture du disque. Cette
rupture permet au gaz à très haute pression (2 700 bar) de
s’échapper par les évents de la tête de décharge, de se répandre
dans le trou de mine et d’agir sur le massif à abattre (temps
d’action 20 à 40 ms).
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(0)
Tableau 2 – Consommations temps-matière
pour un forage à la lance à oxygène
Profondeur Consommation/trou
des trous
horizontaux oxygène lance ∅ 17 mm Temps/trou
(cm) (m3) (m) (min)
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3.1.2 Chalumeau à poudre Les consommations pour des épaisseurs de béton de 250 à
400 mm sont données dans le tableau 3. (0)
Procédé assez récent, le chalumeau à poudre s’emploie pour
découper des parois en béton, en même temps que ses armatures
éventuelles. Tableau 3 – Consommations pour découper
des épaisseurs de béton de 250 à 400 mm
3.1.2.1 Principe de fonctionnement au chalumeau à poudre
Son principe se rapproche de celui du découpage classique des Matières Consommations
métaux par oxycoupage et de celui du découpage du béton à la
lance thermique. Il est fondé sur la combustion du mélange de Poudre ........................................ 25 à 35 kg/m
poudre de fer et d’aluminium dans une flamme chaude oxyacéty- Gaz combustible ....................... 2 à 3 m3/m (1)
lénique (figure 19). Oxygène de chauffe .................. 20 à 30 m3/m (1)
Il y a, d’une part, dégagement d’une grande quantité de chaleur Oxygène de coupe .................... 20 à 30 m3/m (1)
et, d’autre part, production d’oxydes de fer et d’aluminium liqui- Air comprimé ............................ 2,5 à 3 m3/m (1)
des. Ceux-ci, au contact du béton, jouent le rôle de fondant en
abaissant sa température de fusion à 1 700 oC. Il y a alors forma- (1) Dans les conditions normales : 1,013 bar et 15 oC.
tion de laitiers liquides.
Nota : la combustion d’un kilogramme de poudre de fer dans l’oxygène produit
jusqu’à 7,2 MJ. L’oxydation d’un kilogramme d’aluminium produit 30 MJ. 3.1.3 Chauffage des armatures par effet Joule
Le chalumeau à poudre permet de réaliser des saignées dans du 3.2.1.1 Principe de fonctionnement
béton armé, mais ne permet pas de forer un trou. L’outil ne pénètre
Un plasma est une atmosphère gazeuse composée d’ions et
pas dans la paroi contrairement à la lance à oxygène. Pour
d’électrons formant la colonne d’un arc électrique. L’arc électrique
commencer la coupe, il faut donc disposer d’un bord libre ou percer
évolue donc dans un plasma.
un trou au moyen d’un marteau-perforateur. De plus, il faut qu’il y
ait, en arrière de la surface de coupe, un espace libre qui permette En soudure, on distingue deux types fondamentaux de plasma
à la flamme du chalumeau de sortir et au laitier de s’écouler. Cela d’arc : l’arc transféré et l’arc non transféré (ou soufflé).
rend impossible, par exemple, la découpe de fondations encastrées Par arc transféré, il faut comprendre que le courant est transféré
dans le sol. Suivant la longueur du dard et de la flamme dont on à la pièce. Cet arc est établi entre l’électrode et la pièce
dispose, on peut découper jusqu’à 50 cm d’épaisseur. (figure 20a ).
L’arc non transféré (ou soufflé) est établi entre une électrode de
tungstène et la buse (ou tuyère) en cuivre, et soufflé auprès de la
pièce (figure 20b ).
Quel que soit le type, l’arc ionise un gaz plasmagène (conducteur
de l’électricité) propulsé à travers la buse autour de l’électrode. Ce
gaz peut être, par exemple, l’argon, l’hélium, l’azote, l’hydrogène,
ou un mélange de ces gaz. On relève au centre de la colonne de
plasma d’arc, dans des conditions normales, des températures
allant de 8 000 à 25 000 oC.
Les chalumeaux à plasma à arc transféré sont utilisés pour
découper des pièces métalliques ou conductrices.
Les chalumeaux à plasma à arc non transféré sont utilisés lorsque
les pièces à découper ne sont pas conductrices. Le principe consiste
à souffler le plasma sur le béton à l’aide d’un jet de gaz sous forte
pression.
Les résultats obtenus sont acceptables, mais les pertes d’énergie
Figure 19 – Extrémité d’un chalumeau à poudre (d'après Doc. Airgaz) sont énormes, bien que le béton soit moins conducteur de la
chaleur que le métal. De plus, l’argon utilisé est un gaz coûteux ; il
faudrait pouvoir le remplacer par de l’air, par exemple Mais, dans
ce cas, il faut protéger la buse de l’oxydation.
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C’est en travaillant dans cette direction que des chercheurs sont 3.2.2 Générateurs de micro-ondes
arrivés à la torche à plasma avec électrodes consumables
(figure 21). La température du plasma se situe aux alentours Les micro-ondes sont des ondes électromagnétiques dont les
de 10 000 oC. L’appareil est un chalumeau muni de deux électrodes fréquences sont comprises entre un et quelques dizaines de
concentriques : gigahertz. Elles correspondent à la gamme des ondes décimé-
— l’électrode interne (cathode) est une lance à oxygène triques (30 cm de longueur d’onde pour 1 GHz) et centimétriques
modifiée ; (0,5 cm pour une fréquence de 60 GHz). Il s’agit donc d’ondes
— l’électrode externe (anode) est un tube creux en acier. électromagnétiques de fréquence très élevées qui sont d’ailleurs
L’espace entre ces deux électrodes est parcouru par un flux également appelées hyperfréquences.
approprié qui stabilise le plasma. Les deux électrodes brûlent Les grandes applications, autres que les radars et les
régulièrement, ce qui facilite la fusion du béton en abaissant le télécommunications, sont apparues il y a une vingtaine d’années
point de fusion et la viscosité du laitier. dans différents domaines : médical, cuisson d’aliments, séchage de
produits, décongélation. Actuellement, on envisage la réalisation
3.2.1.2 Mise en œuvre d’appareils permettant le découpage et la démolition partielle
d’ouvrages en béton.
Il n’existe pas actuellement de chalumeau à plasma
commercialisé pour le découpage du béton. Il est donc probable que certains d’entre eux seront
commercialisés dans les années à venir.
3.2.1.3 Utilisations
3.2.2.1 Principe de fonctionnement
Les températures atteintes (en moyenne 10 000 oC) permettent de
fondre très rapidement tous les matériaux de construction connus. Le rayonnement micro-ondes, au même titre que le rayonne-
Le problème reste que la quantité de chaleur dissipée par le gaz de ment infrarouge ou le laser par exemple, est un moyen de
soufflage est très importante et qu’il n’y en a qu’une faible partie chauffage et de transmission de l’énergie.
communiquée à la pièce à découper. Les rendements énergétiques Ce principe de chauffage est le même que celui du chauffage par
sont très faibles dans les conditions actuelles. Pour une machine pertes diélectriques, c’est-à-dire du chauffage des matériaux non
utilisable sur chantier, il faudrait mobiliser une puissance de 50 conducteurs. Les ondes électromagnétiques pénètrent en
à 100 kW environ, ce qui est difficile à obtenir sur un chantier. profondeur dans le corps. Il en résulte une agitation moléculaire qui
Cas particulier de découpage : le striage des chaussées ou pistes provoque un échauffement important.
en béton est en cours de développement. D’une façon générale, la quantité de chaleur créée dans le
matériau est proportionnelle au carré du champ électrique
(c’est-à-dire à la puissance transportée par l’onde), à la fréquence
et aux caractéristiques du milieu. En pénétrant en profondeur dans
la matière, l’énergie électromagnétique s’atténue. Cette profondeur
de pénétration est inversement proportionnelle à la fréquence. On
s’aperçoit que plus le corps traité absorbe l’énergie, moins cette
énergie pénètre, On remarque donc que, en fonction du matériau
à traiter, on devra choisir la fréquence réalisant le meilleur
compromis entre la puissance fournie et la profondeur de
pénétration de l’énergie. La fréquence industrielle généralement
adoptée est de 2 450 MHz. Dans les matériaux à faibles pertes
diélectriques, on arrive à échauffer sélectivement l’eau qu’ils
contiennent, car elle absorbe très bien les micro-ondes. L’eau
migrera alors de l’intérieur vers l’extérieur, puis s’évaporera.
À partir d’un certain niveau de température, les pertes
diélectriques des minéraux s’intensifient. Tout échauffement brutal
provoquera alors une série de contraintes internes.
3.2.2.3 Utilisations
Les puissances optimales actuelles des appareils semblent être
situées autour de 10 kW. Au-delà, on risque d’obtenir de
Figure 21 – Torche à plasma avec électrodes consumables nombreuses explosions à la surface du béton, dues à la libération
(d'après Doc. Batelle) de vapeur d’eau surchauffée.
Avec une puissance de 10 kW, on peut fragiliser une surface
de 1 m2 sur une épaisseur de 20 cm en 5 min environ.
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3.2.3 Électrofracture humidification) de 300 g et à les compacter avec un pilon afin que
le serrage des cartouches les unes contre les autres et le blocage
On soumet le béton à un courant haute fréquence. Il devient du produit contre les parois du trou soient bien assurés ;
alors conducteur, s’échauffe à la suite des pertes diélectriques dans — à attendre plusieurs heures que le gonflement s’effectue afin
sa masse, puis se fragilise par dilatation. Lorsque cette instabilité que la pression devienne maximale ; des fissures apparaissent
est complétée par une attaque avec des moyens mécaniques, il est alors, par rupture en traction du matériau.
possible de démolir le béton. Les résistances à la traction pour les bétons et les roches les plus
Aucun procédé n’est actuellement commercialisé, malgré les dures ne dépassent généralement pas 20 MPa. La pression
nombreuses recherches effectuées dans le monde sur ce thème. tridimensionnelle exercée sur les parois des trous peut
dépasser 30 MPa (300 bar) et même atteindre 40 MPa.
La nécessité de disposer de sources d’énergie importantes et d’un
matériel très sophistiqué et coûteux manipulé par des spécialistes Après fissuration, le matériau se disloque à condition, bien sûr,
freine sans aucun doute les ardeurs des investisseurs dans ce que le nombre de trous ait été judicieusement calculé en fonction
domaine. des sections considérées. De plus, étant donné que la dilatation
continue après le début de la fissuration, la distance d’ouverture
des fissures augmente de plus en plus au fur et à mesure que le
3.2.4 Laser temps s’écoule. Pour séparer les éléments, on peut utiliser, suivant
leurs tailles, soit une barre à mine soit un marteau-piqueur ou
encore un godet d’engin mécanique.
Le laser (light amplification by stimulated emission of
radiation = amplification de lumière par émission stimulée de
radiation) est un appareil émetteur d’un faisceau de lumière
parallèle, monochromatique et en cohérence de phase. 4.2 Caractéristiques techniques
Compte tenu de la grande concentration angulaire du faisceau, du procédé
il est possible d’obtenir, par focalisation au moyen de dispositifs
optiques adaptés, une concentration superficielle, c’est-à-dire une
concentration de l’énergie émise sur une surface très petite. Il est ■ Composition du procédé : les poudres commercialisées sont à
ainsi envisageable d’obtenir des concentrations d’énergie base de chaux vive (80 %), de sable siliceux (10 %) et de composants
considérables. Un petit laser de 1 mW focalisé sur une zone de 1 µm organiques (10 %) jouant le rôle de retardateur (protéines).
de diamètre fournira une densité de puissance de 100 kW/cm2. Le
■ Pression d’expansion : la pression d’expansion atteint sa
soleil, à titre de comparaison, ne délivre que 0,1 W/cm2. C’est cette puissance maximale au bout de 24 h environ pour la majorité des
propriété qui est particulièrement intéressante pour les travaux de cas ; mais il est parfois nécessaire d’attendre 48 h (figure 22). Cette
découpage des matériaux. pression est pratiquement homogène sur l’ensemble de la hauteur
La propriété qui nous intéresse donc le plus est celle qui consiste du trou à l’exception de la partie proche de l’orifice, ce qui n’a pas
à transformer l’énergie lumineuse en énergie thermique. beaucoup d’importance si le trou est suffisamment profond.
Le faisceau rencontre la surface du matériau à découper. Une ■ Diamètre : le diamètre du trou intervient, bien sûr, sur le résultat
partie de l’énergie est absorbée, ce qui entraîne une augmentation final ; plus le diamètre est important, plus la pression est grande
rapide de la température dans la zone d’impact. Il peut y avoir (figure 23).
ensuite fusion et choc thermique, puis séparation du matériau en
deux parties. Les tailles les plus courantes varient de 35 à 50 mm. Si le diamètre
est trop faible, la pression n’est pas suffisante pour obtenir une
Le béton étant relativement mauvais conducteur de la chaleur, fïssuration ; s’il est trop grand, on risque des projections hors du
les pertes d’énergie sont donc réduites et le découpage peut trou.
s’effectuer plus facilement que pour des métaux par exemple.
4. Procédés chimiques :
éclateurs
Un nouveau procédé de démolition nous vient du Japon où
plusieurs cimentiers ont mis au point des poudres qui utilisent la
pression d’expansion d’un produit à base de chaux vive hydratée.
Ces produits ne sont donc pas des explosifs qui utilisent la
pression des gaz mais s’apparentent plus aux éclateurs
hydrauliques sur le plan du principe de fonctionnement. C’est la
raison pour laquelle on peut les baptiser éclateurs chimiques.
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La quantité moyenne de poudre à utiliser est, bien sûr, fonction À la suite de ces opérations, les premières fissures apparaissent
du diamètre du trou. À titre d’exemple, on peut préconiser les à 20 o C dans un délai variant de 10 à 20 h selon la dureté du
quantités suivantes : (0) matériau. Plus la température est basse, plus cette durée est longue.
La largeur des fissures continue de s’agrandir avec le temps et peut
Diamètre du trou ... (mm) 34 36 38 40 42 44 46 48 50 atteindre 10 à 30 mm après plusieurs jours.
Quantité
de poudre .......... (kg/m) 1,5 1,7 1,9 2,1 2,3 2,5 2,8 3 3,2
4.4 Remarques
■ Stockage : il est préférable de stocker ces produits dans des
— Cartouches : on immerge les cartouches dans une grande endroits secs et de les utiliser le plus tôt possible, un stockage long
bassine d’eau pendant 5 min environ, jusqu’au moment où aucune diminuant les capacités du procédé.
bulle n’atteint la surface, de façon à hydrater la poudre. Il faudra
prendre bien soin de laisser les cartouches immergées jusqu’au ■ Forages horizontaux : ils sont possibles ; dans ce cas les trous
moment du remplissage des trous. devront être colmatés après remplissage avec des chiffons ou des
éponges.
■ Remplir les trous.
— Coulis : la pâte (ou le coulis) doit être versée dans les trous
dans les 10 min suivant le mélange avec l’eau. Au-delà la viscosité 4.5 Utilisations
augmente, ce qui rend difficile la coulée. Le trou sera rempli au
maximum, jusqu’à l’orifice. En cas de présence d’eau dans le trou,
Ces procédés sont recommandés, au même titre que les éclateurs
on peut placer un sac en polyéthylène de diamètre égal à celui du
hydrauliques, pour toutes les dislocations de massifs rocheux ou de
trou. On introduit le sac avec une tige en bois et on remplit ensuite
béton de masse (fondations, murs de soutènement, etc.).
le sac avec le coulis (figure 26). De ce fait le coulis ne voit pas sa
composition modifiée par la présence d’eau extérieure. La même Ils sont peu efficaces dans le béton armé.
technique peut être utilisée en cas de fissures naturelles ou de vides Bien que lents et assez coûteux, ces procédés présentent toutefois
dans le matériau à briser. Quand les travaux seront à effectuer dans de nombreux avantages : ils sont très faciles d’emploi, ne
l’eau, on appliquera la même technique avec le sac, mais que l’on nécessitent ni une main-d’œuvre ni un matériel spécialisés ; ils ne
nouera toujours pour éviter la dilution. Certains fabricants créent pas de nuisances (bruits, vibrations, fumées, poussières,
proposent aussi la solution qui consiste à utiliser un tube plongeur projections, etc.), ne présentent pas de danger et peuvent s’utiliser
permettant d’alimenter le fond du coulis, puis de continuer la coulée pratiquement partout.
en remontant progressivement le tube.
Dans le cas classique aucun bourrage n’est nécessaire, ni aucune
fermeture quelconque de l’orifice (par un couvercle, un bouchon,
etc.). L’action du produit étant lente, on ne risque généralement 5. Comment choisir ?
aucune action brutale, il est cependant conseillé de ne pas regarder
directement au-dessus du trou pendant les six premières heures,
de petites projections étant toujours possibles, surtout pour des Comme nous l’avons remarqué dans tous les paragraphes
températures extérieures égales ou supérieures à celles prescrites précédents, de très nombreux critères interviennent dans le choix
pour le produit. C’est la raison pour laquelle le port de lunettes de d’un ou plusieurs procédés de démolition (tableau 4). On peut les
protection est conseillé pendant cette période. classer ou les regrouper en deux grandes catégories, ceux d’ordre
général relatifs au chantier lui-même, à sa nature, à son
— Cartouches : les cartouches sont introduites dans les trous, environnement, etc., et ceux d’ordre plus spécifique relatifs aux
puis on les bourre avec une tige de façon à s’assurer qu’elles sont matériaux à démolir et à la nature du travail à effectuer.
bien jointives les unes avec les autres et qu’elles sont bien
appliquées contre les parois du trou par suite du compactage.
5.1 Chantier
Dans un premier temps, le maître d’ouvrage et le responsable du
chantier devront faire une visite très approfondie des zones où
devront se réaliser les travaux afin de connaître avec précision :
— la nature des ouvrages à abattre ;
— les conditions d’environnement (zone urbaine, rase
campagne, recensement des précautions à prendre dans le cas de
stocks d’hydrocarbures, de passages de canalisations, etc.) ;
— le type de travail à effectuer (démolition totale ou partielle,
délais, qualité du travail recherchée, travail à l’air libre ou non,
etc.) ;
— les particularités du chantier (accessibilité, dégagements
possibles pour travailler, moyens de raccordements en énergie et
en eau, possibilités d’évacuation des déblais, etc.) ;
— les grands problèmes de sécurité que posera le chantier
compte tenu de la plus ou moins grande stabilité des ouvrages à
démolir.
Après avoir pris connaissance de tous ces éléments, il sera
possible d’entrer un peu plus dans les détails afin d’examiner les
Figure 26 – Remplissage des trous pour éclateur chimique
avantages et les inconvénients respectifs des différents procédés et
leurs aptitudes à répondre aux exigences précises du chantier
concerné.
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Économie
Ossatures en béton armé
Sécurité du personnel.
de faible épaisseur en
béton armé (< 25 cm)
Sujétions de chantier.
Ouvrages massifs en
du
Ouvrages de grande
hauteur. Cheminées
Ossatures en béton
ou faiblement armé
Approvisionnement
Risques d’incendie
Précision du travail
armé. Blockhaus
procédé
Dalles ou parois
nécessaire en :
Procédés
en béton non
précontraint
Projections
contrôlable
Poussières
Démolition
Vibrations
de démolition
Rapidité
Fumées
Risques
Partielle ❒
Bruit
Prix de revient
Main-d’œuvre
Totale ■
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P
O
U
Procédés de démolition R
des ouvrages
E
N
par Pierre CORMON
Ingénieur de l'École Spéciale des Travaux Publics
Directeur Technique du Centre d'Assistance Technique et de Documentation
S
du Bâtiment et des Travaux Publics (CATED)
A
Bibliographie V
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