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D'EXPERIENCES
I/ INTRODUCTION AUX PLANS D'EXPERIENCES
Il faut néanmoins comprendre que les plans d'expériences ne sont pas un outil
destiné a priori à la recherche fondamentale car ils ne permettront jamais une
explication du phénomène physico-chimique étudié.
Avertissements :
1
3/ Dans ce cours on se limitera à la présentation des plans factoriels
complets et fractionnaires à deux niveaux. Les plans de mélange, les plans de
surface de réponse et les plans de Taguchi ne seront pas traités.
facteurs contrôlables
Les facteurs étudiés dans un plan d'expériences sont bien entendu les
facteurs d'entrée. Un facteur est une grandeur le plus souvent mesurable mais il peut
s'agir d'une grandeur qualitative comme les différents lots d'une matière première.
Une notion importante est celle d'interaction entre deux facteurs d'entrée. On
parle d'interaction entre deux facteurs A et B quand l'effet du facteur A sur la réponse
va dépendre de la valeur du facteur B. On peut citer deux exemples :
2
• une étude sur l'usure des pneus (réponse) montre une interaction entre la
vitesse et la pression de gonflage (facteurs)
7
6
5
4
3
2
1
0
0 1 2 3 4 5 6
médicament absorbé (u.a.)
L'étude doit avant tout avoir un but précis: minimiser un coût de fabrication,
chercher les paramètres influents ...
3
La connaissance du sujet acquise auparavant dans l'entreprise peut rendre
de grands services à cette étape. Le résultat final peut avoir des conséquences
catastrophiques pour l'entreprise si un facteur oublié se trouve être un facteur
d'influence.
Ainsi le domaine ne doit pas être trop large … mais à l'inverse pas trop étroit si
on cherche à déterminer une influence possible. Dans ce dernier cas des limites trop
étroites risque de "noyer" une influence dans le "bruit" de l'erreur aléatoire due aux
incertitudes de mesure.
n n
y = a 0 + a1 ⋅ x 1 + a 2 ⋅ x 2 + ⋅ ⋅ ⋅ + a n ⋅ x n + ∑ aij ⋅ x i ⋅ x j + ∑ aijk ⋅ x i ⋅ x j ⋅ x k + ⋅ ⋅ ⋅
i, j =1 i ≠ j i, j,k =1 i ≠ j ≠ k
Pour étudier l'influence de deux facteurs sur une réponse, on peut adopter
deux stratégies expérimentales pour la conception des essais.
4
facteur B facteur B
M2 Y3 Y4
B2 B2
M3 M4
B1 B1
M1 Y1 Y2
A1 A2 A1 A2
facteur A facteur A
Remarque : l'effet de A peut être décrit autrement en écrivant l'expression sous la forme suivante :
Y2 + Y4 Y1 + Y3 Y − Y3 Y2 − Y1
Effet de A = − = 4 +
2 2 2 2
Y4 − Y3
Le terme est le demi effet de A quand B est au niveau haut (c'est-à-dire la demi
2
variation de la réponse quand A passe du niveau bas A1 au niveau haut A2). De même le terme
Y2 − Y1
est le demi effet de A quand B est au niveau bas.
2
Dans cette deuxième stratégie toutes les mesures sont utilisées pour le calcul
d'un effet. On comprend donc que la précision obtenue sera supérieure avec la
méthode de plans d'expériences. Un autre avantage de la méthode des plans réside
dans un nombre beaucoup plus faible d'expériences à réaliser que dans la méthode
traditionnelle quand le nombre de facteurs augmente.
5
3-d / Réalisation des essais
Un soin tout particulier doit être apporté à l'exécution des essais. Si on ne
réalise pas personnellement les essais, il faut notamment vérifier que les facteurs
contrôlables mais non étudiés soient bien fixés à des valeurs précises. De même si
un des facteurs étudiés est un composé chimique, il est bien sûr préférable de ne
pas avoir à changer de lot de matière première durant l'ensemble de
l'expérimentation.
Il est bon de signaler que le modèle obtenu ne peut être utilisé qu'à l'intérieur
du domaine d'étude (d'où l'utilité d'une étude préalable correcte …) : toute
extrapolation est très risquée car elle pourrait apporter des résultats bien différents
de ceux attendus. On ne signalera jamais assez que le modèle fourni n'a pas de
signification physique et ne saurait être assimilé à une loi physique.
6
II/ CHOIX DES EXPERIENCES
Dans un premier temps, une étude mathématique très simplifiée montrera
quels sont les critères à retenir pour le choix des essais à effectuer.
1/ Régression multilinéaire
Dans une étude expérimentale quand on cherche à relier une grandeur
physique y et une grandeur physique x, on utilise souvent une technique de
régression linéaire de y par rapport à x qui consiste à définir une relation du type :
y = a. x + b
ri = y i − ŷ i
Le niveau bas est ainsi codé - 1 alors que le niveau haut est codé + 1.
7
On affecte la valeur -1 à 10°C et la valeur +1 à 40°C. On note ici t la variable
codée et T la variable naturelle. On peut les lier par la relation suivante où T0 est le
milieu de l'intervalle du domaine d'étude et ΔT la moitié de la largeur du domaine
d'étude, T0 et ΔT étant exprimé en variable naturelle. Ici T0 = 25°C et ΔT = 15°C.
T − T0
t=
ΔT
y = a 0 + a1 ⋅ x 1 + a 2 ⋅ x 2 + a12 ⋅ x 1 ⋅ x 2
1 -1 -1 60
2 1 -1 78
3 -1 1 63
4 1 1 89
niveau – 1 2 bars 50 °C
niveau + 1 4 bars 70 °C
8
A partir du modèle, on peut écrire les 4 relations suivantes en remplaçant les
variables x1 et x2 par leurs valeurs dans chaque expérience.
⎧a 0 − a1 − a 2 + a12 = 60
⎪
⎪a 0 + a1 − a 2 − a12 = 78
⎨
⎪a 0 − a1 + a 2 − a12 = 63
⎪a 0 + a1 + a 2 + a12 = 89
⎩
9
y = a 0 + a1 ⋅ x 1 + a 2 ⋅ x 2 + a 3 ⋅ x 3
plan 1
1 1 1 1 Y1
2 -1 1 1 Y2
3 1 -1 1 Y3
4 1 1 -1 Y4
niveau –1 2 bars 50 °C 1 kg
niveau +1 4 bars 70 °C 2 kg
niveau 0 3 bars 60 °C 1,5 kg
plan 2
1 -1 -1 1 Y5
2 1 -1 -1 Y6
3 -1 1 -1 Y7
4 1 1 1 Y8
niveau –1 2 bars 50 °C 1 kg
niveau +1 4 bars 70 °C 2 kg
niveau 0 3 bars 60 °C 1,5 kg
plan 3
1 0 0 0 Y9
2 1 1 0 Y10
3 1 0 1 Y11
4 0 1 1 Y12
niveau –1 2 bars 50 °C 1 kg
niveau +1 4 bars 70 °C 2 kg
niveau 0 3 bars 60 °C 1,5 kg
10
⎧ − Y1 + Y2 + Y3 + Y4 ⎧ + Y5 + Y6 + Y7 + Y8
⎪a 0 =
2 ⎪a 0 = 4
⎪ ⎪
⎪a = Y1 − Y2 ⎪a = − Y5 + Y6 − Y7 + Y8
⎪ 1 2 ⎪⎪ 1 4
Plan 1 : ⎨ Plan 2 : ⎨
⎪a = Y1 − Y3 ⎪a = − Y5 − Y6 + Y7 + Y8
⎪ 2 2 ⎪ 2 4
⎪ ⎪
⎪a 3 = Y1 − Y4 ⎪a 3 = + Y5 − Y6 − Y7 + Y8
⎩ 2 ⎪⎩ 4
⎧a 0 = Y9
⎪
⎪a1 = − Y9 + Y10 + Y11 − Y12
⎪ 2
⎪
Plan 3 : ⎨ − Y9 + Y10 − Y11 + Y12
⎪a 2 =
⎪ 2
⎪ − Y − Y10 + Y11 + Y12
⎪⎩a 3 = 9
2
Selon les plans on obtient des variances var(ai) différentes pour les
coefficients ai du modèle.
Ceci montre donc que la matrice d'expérience n'est pas quelconque: elle doit
être choisie suivant des critères précis.
11
5/ Matrice des effets
5-a/ Constitution
La matrice des essais à réaliser pour obtenir le plan d'expériences optimal se
déduit en fait des critères permettant d'obtenir les coefficients avec le maximum de
précision.
⎛1 − 1 − 1 1 ⎞
⎜ ⎟
⎜1 1 − 1 − 1⎟
⎜1 − 1 1 − 1⎟
⎜ ⎟
⎜1 1 1 1 ⎟
⎝ ⎠
Remarque : pour cette matrice les vecteurs colonne sont orthogonaux deux à deux. Cette
propriété n'est pas suffisante pour obtenir la variance minimale pour l'estimation des coefficients.
t
X ⋅ X = N⋅I
t
où X est la matrice transposée de X, I la matrice identité et N le nombre d'expériences
réalisées. N doit être un multiple de 4.
Par exemple on verra que pour un plan complet à n facteurs, le nombre d'expériences N sera
égal à :
N = 2n
Pour un plan à 8 expériences la matrice des effets devra s'écrire comme ci-
dessous en transformant conventionnellement +1 en + et -1 en - :
12
⎛+ − − − + + + −⎞
⎜ ⎟
⎜+ + − − − − + +⎟
⎜+ − + − − + − +⎟
⎜ ⎟
⎜+ + + − + − − −⎟
⎜ ⎟
⎜+ − − + + − − +⎟
⎜+ + − + − + − −⎟
⎜ ⎟
⎜+ − + + − − + −⎟
⎜+ + + + + + + + ⎟⎠
⎝
Il existe des règles pour déterminer les matrices des effets mais on verra
qu'elles ne sont pas utiles à connaître dans la pratique des plans factoriels.
Dans le chapitre III/, après avoir défini le plan factoriel complet, on montrera
que la matrice d'expériences d'un tel plan conduit pour le calcul des coefficients à
une matrice des effets qui est une matrice de Hadamard.
1 1 -1 -1 1 Y5
2 1 1 -1 -1 Y6
3 1 -1 1 -1 Y7
4 1 1 1 1 Y8
a0 a1 a2 a3
= = = =
coefficient + Y5 + Y6 + Y7 + Y8 − Y5 + Y6 − Y7 + Y8 − Y5 − Y6 + Y7 + Y8 + Y5 − Y6 − Y7 + Y8
4 4 4 4
13
On note aussi que le coefficient a0 du modèle est égal à la moyenne des
réponses.
Cette méthode de calcul est générale dans les plans d'expériences factoriels.
⎛N ⎞ ⎛N ⎞
a i = ⎜ ∑ ± Yj ⎟ / N donc var( a i ) = ⎜ ∑ var( Yj ) ⎟ / N2
⎜ j =1 ⎟ ⎜ j =1 ⎟
⎝ ⎠ ⎝ ⎠
Dans le calcul suivant on suppose que l'écart-type est inconnu a priori ; pour
déterminer s on utilisera souvent l'une des méthodes suivantes : réalisation de
plusieurs points au centre du domaine d'étude ou réalisation de plusieurs fois la
totalité du plan d'expériences.
Avec un risque de 5%, si la variance estimée des mesures s2 est connue, une
estimation ponctuelle de l'écart-type de la variable aléatoire ai est s(ai) :
s(a i ) = s / N
s
L'intervalle de confiance de tout coefficient est alors : a i ± t 0,975 ⋅
N
14
La détermination de l'intervalle sera complète quand on disposera des essais
permettant d'obtenir l'écart-type s de la mesure.
Remarque 2 : la signification des coefficients s'étudie aussi par la technique d'analyse de variance qui
n'est pas abordée ici car elle nécessiterait des développements trop importants.
Pour alléger les notations dans la suite de l'exposé, on utilisera les notations suivantes :
facteur et sa variable : A, B, C …
15
Plan 24 : facteurs A, B, C et D 16 expériences
N° essai A B N° essai A B C
1 - 1 -1 1 - 1 -1 -1
2 1 -1 2 1 -1 -1
3 -1 1 3 -1 1 -1
4 1 1 4 1 1 -1
5 - 1 -1 1
6 1 -1 1
7 -1 1 1
8 1 1 1
En adoptant ces règles empiriques, la matrice des effets est une matrice de
Hadamard.
16
La matrice d'expériences suivante est fournie avec les résultats
expérimentaux obtenus :
En fait dans la suite on nommera effet d'un facteur la valeur l'effet global
divisé par 2 ce qui est aussi nommé dans la littérature l'effet moyen du facteur.
Remarque : les logiciels, MINITAB notamment, utilisent parfois dans leur exploitation le nom
d'effet pour l'effet global et de coefficient pour l'effet moyen.
17
On calcule donc :
couleur
30
28
26
24
22
20
18
16
1 cran 3 crans
couleur
30
28
26
24
22
20
18
16
1 bar 2 bar
18
Une représentation simple consiste à tracer le graphique des interactions en
prenant la moyenne des données pour une condition expérimentale. Les droites du
graphique n'étant pas parallèles, on en déduit aussi qu'il y a interaction entre la
pression et l'ouverture. Une ouverture plus importante augmente l'effet de la
pression.
couleur
45
40
35
1 cran
30
3 crans
25
20
15
10
1 bar 2 bars
19
On obtient donc : a0 = I = 25
a1 = A = 5
a2 = B = 7,5
a12 = AB = 2,5
A = +0,5 et B = -0,5
Remarque : dans cette étude les conclusions sont établies avec l'hypothèse que les valeurs trouvées
pour les effets et l'interaction sont significativement différentes de 0. Cette hypothèse est implicitement
admise ici en admettant par exemple que pour le responsable de cette étude ces valeurs entraînent
des variations de la couleur importantes pour le procédé de peinture. On verra dans les deux
applications suivantes comment estimer cette significativité statistique lorsqu'on n'a pas d'autre
information.
Remarque : pour tracer une des courbes du graphe, il faut d'abord transformer l'expression du
modèle ci-dessus en passant pour A et B aux variables naturelles. Ensuite on fixe une valeur de
réponse à 30 par exemple et on exprime alors B en fonction de A. Il ne reste alors plus qu'à tracer la
courbe et à recommencer pour une autre valeur de réponse.
20
graphique de contour : couleur
2,0
1,9 38
34
1,8
1,7 30
1,6 26
pression
1,5
22
1,4
1,3
1,2
18
1,1
1,0
1 2 3
ouverture
21
Un plan factoriel complet 23 est réalisé pour déterminer quels sont les facteurs
et interactions importants.
Numéro d'essai
A B C asymétrie
au centre
1 0 0 0 1,38
2 0 0 0 1,56
3 0 0 0 1,34
4 0 0 0 1,51
5 0 0 0 1,48
6 0 0 0 1,47
Le schéma suivant regroupe les différents essais qui ont bien été choisis aux
extrémités du domaine d'étude.
22
3-b/ Calculs des effets et interactions
On représente la matrice des effets à partir du modèle polynomial choisi pour
le plan 23 ( y = a0 + a1 ⋅ A + a 2 ⋅ B + a3 ⋅ C + a12 ⋅ A ⋅ B + a13 ⋅ A ⋅ C + a 23 ⋅ B ⋅ C + a123 ⋅ A ⋅ B ⋅ C ).
Les coefficients ont été calculés selon la méthode décrite au II-5-b/. Par
exemple pour le coefficient a23, on a :
23
Si les mesures xi au centre du domaine sont répétées n fois, on en déduit une
estimation de la variance en ce point, estimation qu'on estime identique pour tout le
domaine d'étude. x est la moyenne de ces mesures.
s2 =
∑ (xi − x )2
n −1
L'écart-type estimé s est ainsi calculé avec n – 1 degrés de liberté. Dans notre
exemple n = 6.
24
réponse. Trois facteurs sont étudiés. La nature de l'hydroxyde (facteur A) est un
facteur qualitatif. L'excès stœchiométrique en hydroxyde (facteur B) et le
pourcentage en volume de floculant (facteur C) sont deux facteurs quantitatifs.
Le plan choisi est un plan factoriel complet 23. Pour une évaluation statistique
de la signification des effets et interactions, le plan sera répliqué une fois.
durée1 durée2
Numéro d'essai A B C
(s) (s)
1 - - - 29 25
2 + - - 17 22
3 - + - 40 47
4 + + - 20 23
5 - - + 19 22
6 + - + 18 15
7 - + + 29 31
8 + + + 13 12
niveau - chaux x2 2%
niveau + soude x4 10 %
niveau 0 6%
25
N° durée
moyenne A B C AB AC BC ABC
essai (s)
1 + - - - + + + - 27
2 + + - - - - + + 19,5
3 + - + - - + - + 43,5
4 + + + - + - - - 21,5
5 + - - + + - - + 20,5
6 + + - + - + - - 16,5
7 + - + + - - + - 30
8 + + + + + + + + 12,5
moyenne
ou effet ou 23,9 - 6,4 3 -4 - 3,5 1 - 1,6 0,13
interaction
x x
ux de 10
c ha so
u 2 4 2
30
durée décantation (s)
27
24
21
18
hydroxyde excès %
26
x x
2 4 2 10
hydroxyde 35
soude 25
chaux
15
excès 35
x4
25
x2
15
A l'examen visuel des graphes on note que les trois facteurs doivent avoir un
effet mais que l'interaction AC (nature de l'hydroxyde et % en volume) semble
négligeable car les droites sont presque parallèles. Il faut vérifier maintenant cet
aspect avec un examen statistique des résultats.
Remarque : un autre intérêt d'effectuer des points au centre est de permettre de vérifier le modèle en
un point où une "courbure" a de grandes chances d'être visible.
s2 =
∑ si 2 où si2 est la variance estimée d'un échantillon i.
k
27
s2 est calculée avec N – k degrés de liberté
A = -6,4 B=3 C = -4
ABC = 0,13 AB = -3,5 AC = 1 BC = -1,6
28
Le nombre d'essais nécessaire est au moins égal au nombre total de coefficients à
déterminer.
Les essais sont réalisés de telle sorte que les coefficients sont estimés avec
une variance minimale. Leur simplicité d'exploitation assure un bon "rendement" par
rapport aux résultats obtenus.
1/ Mise en œuvre
29
1-b/ Expériences "inutiles" d'un plan complet
Un plan complet 24 (modèle ci-dessous) permet d'estimer les 4 effets des
facteurs, la moyenne, les 6 interactions d'ordre 2, les 4 interactions d'ordre 3 et
l'interaction d'ordre 4.
On a vu dans les applications sur les plans complets que les interactions
d'ordre 3 pouvaient être négligées. C'est un résultat très général : dans la pratique
les interactions d'ordre supérieur ou égal à 3 sont négligeables sauf de très rares
exceptions.
y = a0 + a1 ⋅ A + a 2 ⋅ B + a3 ⋅ C
Pour conclure, les plans fractionnaires sont souvent utilisés en temps que
plans de criblage destinés à déterminer quels sont les facteurs les plus influents sans
forcément étudier les interactions d'ordre 2. C'est souvent le cas si le nombre de
facteurs est très élevé.
Les matrices des effets des plans factoriels doivent comporter autant de lignes
que de colonnes. Chaque colonne correspond à un coefficient du modèle donc il
faudrait 16 colonnes : pour utiliser une matrice à 24-1 colonnes, il faut donc faire en
sorte que les termes de (16 – 8) colonnes se retrouvent dans les 8 autres colonnes.
30
Les termes étant tous égaux à – 1 ou + 1, une solution consiste à écrire que la
variable D aura la même valeur dans chacune des 8 expériences que la valeur du
produit de variables A.B.C. Le choix des valeurs de D dans la matrice d'expérience
sera donc fixé.
On peut donc écrire pour les 8 expériences : D = A.B.C. Comme cette égalité
est vraie pour les 8 expériences, on peut écrire l'égalité de colonne suivante :
D = ABC
Le choix de D = A.B.C permet alors d'écrire les égalités suivantes sur les
variables en utilisant le fait que le produit d'une variable quelconque par elle-même
est toujours égal à + 1.
D est aliasé avec A.B.C, B est aliasé avec A.C.D, A.D est aliasé avec B.C …
Remarque : un contraste apparaît ici comme une somme mais dans le cas général des signes
négatifs peuvent apparaître. Il suffisait par exemple de choisir comme aliase initiale D = - A.B.C.
31
La détermination des effets et des interactions est néanmoins possible
moyennant certaines hypothèses couramment admises. Bien entendu il faut valider
ces hypothèses avant de conclure une étude, par exemple avec la vérification de
points expérimentaux particuliers comme au centre du domaine d'étude. Les
hypothèses sont les suivantes :
Il faut néanmoins être attentif à toute anomalie dans les résultats même si on
estime que ces hypothèses sont vérifiées dans 95 % des cas.
h2 = a1 = A h3 = a2 = B h4 = a3 = C h8 = a4 = D
32
plan de résolution III : effet d'un facteur aliasé avec interaction dont l'ordre le
moins élevé est 2
plan de résolution IV : effet d'un facteur aliasé avec interaction dont l'ordre le
moins élevé est 3
plan de résolution V : effet d'un facteur aliasé avec interaction dont l'ordre le
moins élevé est 4
Il apparaît que les plans d'ordre III sont risqués car si une interaction n'est pas
supposée négligeable, elle s'ajoute à l'effet d'un facteur. Ce type de plan est à
entreprendre pour réduire énormément le nombre d'expériences dans le cas d'un
grand nombre de facteurs. Dans ce cas il est parfois nécessaire de réaliser un plan
complémentaire pour accéder à toutes les interactions (voir 3/).
Les plans d'ordre V permettent de lever tous les doutes sur la détermination
des effets des facteurs et des interactions. Néanmoins ils sont peu fractionnaires et
sont ainsi coûteux en nombre d'essais.
Les plans d'ordre IV présentent un bon compromis: les effets des facteurs sont
faciles à déterminer, il reste par contre des doutes sur les interactions d'ordre 2. Le
plan du 1-c/ est un plan d'ordre IV.
• AB = BA
• AI = IA = A et - IA = - A
• AA = I
Une égalité entre deux colonnes A et B signifie que les termes des deux
colonnes sont identiques.
33
N° essai I A B AB
1 + - - +
2 + + - -
3 + - + -
4 + + + +
Une telle matrice ne comprend que 4 colonnes. Quatre autres termes sont à
introduire : C, AC, BC et ABC. Pour cela on choisit comme aliase initial C = AB.
I = ABC A = BC B = AC AB = C
I A B AB
Numéro
d'essai = = = = Y
ABC BC AC C
1 + - - + Y1
2 + + - - Y2
3 + - + - Y3
4 + + + + Y4
contraste h1 h2 h3 h4
Puis on écrit la matrice d'expériences qui indique quels sont les niveaux à
appliquer pour les facteurs A, B et C. Les colonnes C et AB doivent être identiques.
34
Numéro
d'essai A B C
1 - - +
2 + - -
3 - + -
4 + + +
Pour cela on écrit la matrice des effets du plan factoriel complet 23 dont est
issu le plan fractionnaire 23-1 précédent. On retrouve à l'intérieur la matrice
d'expériences de ce plan complet avec en grisé la matrice d'expériences et les
réponses du plan fractionnaire. Les 4 autres essais sont ceux du plan
complémentaire.
essai I A B C AB AC BC ABC Y
1 + - - - + + + - Y5
2 + + - - - - + + Y2
3 + - + - - + - + Y3
4 + + + - + - - - Y6
5 + - - + + - - + Y1
6 + + - + - + - - Y7
7 + - + + - - + - Y8
8 + + + + + + + + Y4
35
Si on cherche à calculer les effets du facteur B et de l'interaction AC, on
obtient par la méthode habituelle de calcul des coefficients.
B = AC ⇒ hcolonne B=AC = B + AC
36
essai I A B C AB AC BC ABC
1 + - - - + + + -
2 + + - - - - + +
3 + - + - - + - +
4 + + + - + - - -
5 + - - + + - - +
6 + + - + - + - -
7 + - + + - - + -
8 + + + + + + + +
AB = CD AC = BD BC = AD ABC = D
numéro
A B C D Y
d'essai
1 - - - - Y1
2 + - - + Y2
3 - + - + Y3
4 + + - - Y4
5 - - + + Y5
6 + - + - Y6
7 - + + - Y7
8 + + + + Y8
niveau - 1 6% 1 20 %
niveau + 2 10 % 2 40 %
niveau 0 8% 30%
37
La matrice des effets s'écrit comme ci-dessous avec la matrice d'expériences
contenue :
I A B C AB AC BC ABC
numéro
= = = = = = = = Y
d'essai
ABCD BCD ACD ABD CD BD AD D
1 + - - - + + + - Y1
2 + + - - - - + + Y2
3 + - + - - + - + Y3
4 + + + - + - - - Y4
5 + - - + + - - + Y5
6 + + - + - + - - Y6
7 + - + + - - + - Y7
8 + + + + + + + + Y8
contraste h1 h2 h3 h4 h5 h6 h7 h8
D'après la relation entre les contrastes et les colonnes, on peut écrire les
relations suivantes :
h1 = moyenne + ABCD h5 = AB + CD
h2 = A + BCD h6 = AC + BD
h3 = B + ACD h7 = BC + AD
h4 = C + ABD h8 = D + ABC
I A B C AB AC BC ABC
numéro
= = = = = = = = Y
d'essai
ABCD BCD ACD ABD CD BD AD D
1 + - - - + + + - 275
2 + + - - - - + + 325
3 + - + - - + - + 210
4 + + + - + - - - 220
5 + - - + + - - + 290
6 + + - + - + - - 370
7 + - + + - - + - 260
8 + + + + + + + + 270
contraste 277,5 18,75 - 37,5 20 -13,75 3,75 5 - 3,75
38
La signification statistique des contrastes est à envisager comme celle des
coefficients. Une valeur de contraste peut être élevée sans être pour autant
significative et inversement. Dans le cas étudié, les ingénieurs avec leur expérience
du sujet ont décidé de considérer comme significatif tous les contrastes supérieurs à
8.
Hypothèse 2 : BC = 0 AD = 0
AC = 0 BD = 0
39
360
340
allongement (%)
320
300
élastomère 1
280
élastomère 2
260
240
220
200
6% 10%
taux d'additif (%)
Un produit synthétisé dans une usine est trop coloré pour être
commercialisable. L'indice mesuré de la couleur doit être inférieur à 20 : cet indice
constitue la réponse. Le responsable de fabrication note les facteurs qui pourraient
être à l'origine de cette coloration. Il pense aux 5 facteurs suivants :
40
Le but est de rechercher les facteurs influents sur la couleur. Ce plan doit être
abordé comme un plan de criblage (screening) : l'information recherchée porte
d'abord sur les facteurs influents plutôt que sur la modélisation de la réponse.
essai I A B C AB AC BC ABC
1 + - - - + + + -
2 + + - - - - + +
3 + - + - - + - +
4 + + + - + - - -
5 + - - + + - - +
6 + + - + - + - -
7 + - + + - - + -
8 + + + + + + + +
La théorie des aliases montre que pour retrouver ensuite les 32 termes du
modèle il faut utiliser des générateurs dépendants qui sont les produits des
générateurs indépendants 2 à 2, 3 à 3 … Dans notre cas, il n'existe qu'un seul
générateur dépendant qui se calcule ainsi :
I I= ABCDACE = BDE
Les autres aliases sont obtenues en multipliant chaque colonne par chacun
des 3 générateurs (les deux indépendants et le dépendant). On obtient alors :
41
I = ABCD = ACE = BDE
A = BCD = CE = ABDE
B = ACD = ABCE = DE
C = ABD = AE = BCDE
AB = CD = BCE = ADE
AC = BD = E = ABCDE
BC = AD = ABE = CDE
ABC = D = BE = ACDE
numéro
A B C D E Y
d'essai
1 - - - - + Y1
2 + - - + - Y2
3 - + - + + Y3
4 + + - - - Y4
5 - - + + - Y5
6 + - + - + Y6
7 - + + - - Y7
8 + + + + + Y8
niveau - basse usine 1 lente courte M1
niveau + élevée usine 2 rapide longue M2
D'après la relation entre les contrastes et les colonnes, on peut écrire les
relations suivantes :
42
h1 = moyenne h5 = AB + CD
h2 = A + CE h6 = AC + BD + E
h3 = B + DE h7 = BC + AD
h4 = C + AE h8 = D + BE
AC
A B C AB = BC D
numéro I
= = = = BD = = Y
d'essai
CE DE AE CD = AD BE
E
1 + - - - + + + - 26,1
2 + + - - - - + + 33,3
3 + - + - - + - + 27,9
4 + + + - + - - - 30,2
5 + - - + + - - + 31,4
6 + + - + - + - - 16,5
7 + - + + - - + - 27,5
8 + + + + + + + + 15,5
contraste 26,050 - 2,175 - 0,775 - 3,325 - 0,25 - 4,55 - 0,45 0,975
5
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
h6 h4 h2 h8 h3 h7 h5
valeur absolue contraste
43
On peut décider de retenir les contrastes h6, h4 et h2 pour déterminer les
facteurs et les interactions avec les hypothèses.
D'après l'hypothèse 3 : BD = 0
Par contre on ne dispose d'aucune information pour déterminer les effets des
facteurs A, C et E ainsi que des interactions CE, AE et AC.
Par permutation avec le signe "moins" sur les aliases, on en déduit les 4 plans
fractionnaires 25-2 du plan complet 25 à 5 facteurs. En grisé apparaît le plan
fractionnaire réalisé.
44
I = - ABCD et I = - ACE
numéro
A B C D E Y
d'essai
1 - - - + - Y1'
2 + - - - + Y2'
3 - + - - - Y3'
4 + + - + + Y4'
5 - - + - + Y5'
6 + - + + - Y6'
7 - + + + + Y7'
8 + + + - - Y8'
niveau - basse usine 1 lente courte M1
niveau + élevée usine 2 rapide longue M2
AC
A B C AB = BC -D
numéro I
= = = = - BD = = Y
d'essai
- CE - DE - AE - CD = - AD - BE
-E
1 + - - - + - + - 24,8
2 + + - - - + + + 18,3
3 + - + - - - - + 25,8
4 + + + - + + - - 17,8
5 + - - + + + - + 24,8
6 + + - + - - - - 34,6
7 + - + + - + + - 26
8 + + + + + - + + 26,7
h1' h2' h3' h4' h5' h6' h7' h8'
contraste = = = = = = = =
24,85 - 0,5 - 0,775 3,175 - 1,325 3,125 - 0,9 - 0,95
45
3-e/ Interprétation de l'ensemble des deux plans
On rassemble l'ensemble des relations de contrastes tirées des deux plans.
46
On entend par facteurs aliasés ceux qui sont placés dans des colonnes
correspondant aux interactions du plan factoriel complet 2k. Le tableau suivant
indique les possibilités d'études des plans fractionnaires.
Néanmoins comme un plan trop fractionnaire n'est jamais "inutile" puisque les
résultats sont utilisés ensuite avec les plans complémentaires, il est parfois bien plus
judicieux en termes de coût d'essayer de résoudre un problème avec un plan
fractionnaire de résolution III.
47
4-c/ Effet de blocs et aléarisation
On parle d'effet de blocs quand les essais sont divisés en deux parties ; cela
peut intervenir notamment dans le cas d'un plan complémentaire. Pour une
interprétation correcte des résultats obtenus en rassemblant l'ensemble des essais, il
faut s'assurer dans ce cas qu'un facteur supplémentaire ne soit pas intervenu à
cause de la réalisation éloignée dans le temps des deux séries d'essais.
Une méthode rapide pour tester si un effet de bloc est présent consiste à calculer
l'expression suivante :
Si cette valeur n'est pas significative par rapport aux contrastes, on en déduit qu'il
n' y a pas d'effet de blocs et que l'analyse des résultats n'a pas à être modifiée.
Dans l'application du 3/, les deux moyennes étant égales à 26,05 et 24,85, le
calcul de l'expression ci-dessus montre clairement qu'il n'y a pas d'effet de bloc car la
valeur de 0,6 ne peut être considérée comme significative par rapport aux autres
contrastes.
Les résultats d'un plan peuvent aussi être influencés par la présence d'un
facteur non contrôlé évoluant dans le temps comme l'usure d'une machine. Dans ce
cas on utilise des plans factoriels anti-dérive pour corriger l'effet de la dérive.
48
V/ BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
49