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Résumé

Les décompositions en vagues sont une stratégie très populaire, mais que peu savent utiliser

correctement. Elle tient en effet compte de différents éléments très importants à comprendre

pour l’utiliser de la manière la plus efficace. En ce sens, elle prend non seulement en compte

plusieurs principes fondamentaux de l’analyse technique, mais aussi la psychologie des

investisseurs. Ces décompositions en vagues, appelées plus communément les vagues

d’Elliott, sont inspirées de piliers dans le monde l’analyse technique, tels que Charles DOW et

ses principes fondamentaux, ou encore Leonardo FIBONACCI et ses ratios d’or. Stratégie

très utilisée par certains, elle l’est beaucoup moins par d’autres. Il paraît donc judicieux d’en

étudier les rendements qu’elle génère par les analystes qui utilisent cette méthode. Comment

utiliser cette méthode de manière optimale et quels rendements génère-t-elle ? C’est ce que se

propose d’analyser cet Ebook.

Abstract
Decomposing waves are a very popular strategy, but many people don't really know how to

use them properly. This strategy takes into account numerous important elements that have to

be understood so as to use it as efficiently as possible. Thereby, it consists of many

fundamental tenets of technical analysis as well as investors' psychology. These decomposing

waves, also commonly called Elliott Waves, are inspired by influential pioneers of technical

analysis, such as Charles DOW with its fundamentals principles, or even Leonardo

FIBONACCI with its golden ratio. Often used by some, it is not the case for others. It might

be judicious to study generated yields by some who use this method. How to use it optimally

and what are the generated yields? This is what this Master’s Thesis Research is proposing to

analyze.
Sommaire

Résumé .................................................................................................................................................... 1
Abstract ................................................................................................................................................... 1
Introduction ............................................................................................................................................. 3
1. L’analyse technique : art ou science ? ............................................................................................. 5
1.1. Qu’est-ce que l’analyse technique ? ........................................................................................ 5
1.1.1. Définition......................................................................................................................... 5
1.1.2. Grands principes .............................................................................................................. 9
1.2. Finance comportementale et analyse technique .................................................................... 12
1.2.1. Psychologie des investisseurs et mouvements de foules ............................................... 12
1.2.2. Biais cognitifs et émotionnels ....................................................................................... 18
2. Les décompositions en vagues : peut-on vraiment prévoir les cours ?.......................................... 23
2.1. Les grands acteurs et leurs travaux ........................................................................................ 23
2.1.1. R. N. ELLIOT et ses influences .................................................................................... 23
2.1.2. Les découvertes de Charles DOW ................................................................................. 25
2.1.3. Les découvertes de Leonardo FIBONACCI .................................................................. 33
2.1.4. Popularisation de la stratégie des vagues d’Elliott ........................................................ 36
2.2. Principes de fonctionnement et utilisation............................................................................. 38
2.2.1. Principes de base de la théorie d’Elliott ........................................................................ 38
2.2.2. Dynamique des vagues d’Elliott .................................................................................... 46
2.2.3. Règles elliottistes ........................................................................................................... 59
2.2.4. Utilisation pratique ........................................................................................................ 62
3. Les décompositions en vagues : de bonnes performances ? .......................................................... 72
3.1. Performances des décompositions en vagues ........................................................................ 72
3.2. Versus stratégie Buy & Hold ................................................................................................. 77
Conclusion ............................................................................................................................................. 79
Annexes ................................................................................................................................................. 81
Bibliographie ......................................................................................................................................... 86
Introduction

Ce travail de recherche portera sur une stratégie particulière de l’analyse technique : les

décompositions en vagues des cours de bourse. Cette stratégie, décriée parfois, sollicitée

d’autres fois, fait l’objet d’interprétations qui peuvent être bien divergentes entre les analystes

qui l’utilisent. Certains vont observer une vague d’impulsion alors que d’autres analyseront ce

mouvement comme étant une vague de correction.

Cette stratégie, relativement difficile à mettre en œuvre, de par la géométrie fractale qui

caractérise les cours notamment, demande une réelle expérience sur les marchés. En effet,

dans une même phase d’impulsion, on trouve des vagues de correction à une échelle de temps

plus courte, dans laquelle on trouve d’autres vagues d’impulsion et de correction sur une

échelle de temps encore plus courte. Il est possible de subdiviser toutes les vagues.

Il semble très intéressant d’étudier cette stratégie d’investissement, notamment parce qu’elle

est l’aboutissement deux fondements : le premier relève de ce que certains appellent « l’art

divinatoire » avec la théorie de Charles DOW, le second est basé sur un fondement plus

scientifique avec les ratios de Leonardo FIBONACCI et ses nombres premiers. Les travaux de

recherche de cet Ebook seront issus d’ouvrages ou papiers de recherche d’auteurs qui font

référence dans le monde de la Finance, mais aussi de la psychologie (John J. MURPHY,

Thierry BECHU, Robert PRECHTER, Daniel KAHNEMAN, Amos TVERSKY, Gustave

LEBON, etc.), ainsi que des recherches sur des sites Internet jugés fiables (confrontation avec

différents sites...).

Cette stratégie fonctionne-t-elle vraiment ? Pourquoi s’est-elle fortement popularisée ?

Pourquoi certains analystes en font leur spécialité ? Plus concrètement, les décompositions en

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vagues génèrent-elles des rendements récurrents pour ceux qui les utilisent ? En effet, la

question des rendements n’a jamais été abordée. C’est véritablement pour avoir la réponse à

ces questions que ce travail de recherche a été entrepris. L’objectif de cet Ebook est de fournir

au lecteur une vue théorique, qui lui permettra de connaître les fondements de cette méthode

et de développer sa culture financière, mais aussi une vue pratique par l’établissement de

règles d’utilisation et d’interprétation qui lui permettra une mise en œuvre directe de cette

stratégie.

C’est pourquoi des rappels fondamentaux seront effectués au début de cet Ebook sur l’analyse

technique, ainsi que les principes y afférents. Il semble en effet judicieux d’effectuer ces

rappels, notamment parce que nombreuses sont les personnes qui utilisent l’analyse technique

sans réellement connaître son origine et ses principes de base, alors qu’ils ne peuvent qu’être

utiles à la bonne compréhension du fonctionnement des marchés reflété sur les graphiques et à

la mise en place de stratégies. La finance comportementale est une notion fondamentale en

analyse technique puisqu’elle reflète la psychologie des investisseurs dans les cours. Tout

investisseur averti sait bien que certains phénomènes inexpliqués ne peuvent que provenir de

biais psychologiques ou cognitifs : bulles spéculatives, comportements moutonniers,

euphorie, etc. Le développement de ces parties permettra de faire le lien avec les

décompositions en vagues, appelées plus couramment : vagues d’Elliott. Connaître l’origine

de cette méthode ainsi que les précurseurs qui ont permis de constituer les fondements de

décompositions en vagues est un prérequis. Nous exposerons enfin les performances générées

par des analystes confirmés et les analyserons.

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1. L’analyse technique : art ou science ?

1.1. Qu’est-ce que l’analyse technique ?

1.1.1. Définition

Avant d’aller dans les détails, d’établir telle ou telle stratégie, il est nécessaire de revenir sur

les tenants et les aboutissants de l’analyse technique, de son origine, des critiques émises à

son égard et de sa place dans le monde financier actuel. En effet, pour une application précise

et efficiente de l’analyse technique, il est important de comprendre sa philosophie.

L’analyse technique a commencé à être utilisée au XVIIe siècle par les japonais pour prévoir

l’évolution des cours du riz. Munehisa HOMMA, considéré comme étant le « dieu des

marchés », s’est rendu compte que la psychologie et les émotions avaient un certain impact

sur les marchés. Les prix des récoltes pouvaient avoir des valeurs bien différentes en fonction

de la perception de ces récoltes par les intervenants. Cet homme aurait été l’auteur des

représentations graphiques en chandeliers japonais, technique qui sera popularisée par Steve

NISON suite à un voyage professionnel au Japon à la fin des années 1990, dans son livre

intitulé Japanese Candlesticks Charting Techniques.

A la fin du XIXe siècle, de grandes théories font leur apparition, notamment la théorie de

Charles DOW, considéré comme étant le « père » de l’analyse technique. Il a véritablement

posé les bases de cette discipline, notamment au travers de ses nombreux articles publiés dans

le Wall Street Journal. Robert RHEA révèlera au grand public une formalisation claire de la

théorie de DOW en 1932.

L’analyse technique a pour objectif de prévoir et d’anticiper l’évolution d’un marché sur la

base de l’analyse d’un graphique. Il permet plus précisément d’anticiper les tendances futures

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des cours boursiers. L’analyste dispose pour cela essentiellement des prix et des volumes,

mais aussi des plus hauts et les plus bas des séances avec les cours d’ouverture et de clôture

en fonction du type de graphique utilisé (ligne continue, bar chart ou chandelier japonais).

D’abord, l’analyse de l’évolution du marché peut porter sur toute classe d’actifs : actions,

indices, matières premières, devises, taux, mais également aux contrats à terme, options, etc.

Ensuite, l’analyse du marché sur la base d’un graphique comporte deux aspects : l’analyse

technique chartiste et l’analyse technique statistique. Si le premier concerne la représentation

de différentes configurations graphiques (figures en épaules-tête-épaule, triangles, drapeau,

biseau, double-top, etc.), le second s’attache davantage à utiliser les indicateurs techniques qui

bénéficient d’un certain aspect scientifique, et ce, notamment grâce à l’avènement des

nouvelles technologies (systèmes de trading, méthodes de filtrage, oscillateurs, etc.). Enfin,

prévoir les cours constitue la vocation même de l’analyse technique. C’est une méthode qui

s’attache davantage à ce qui va se passer qu’à ce qui s’est produit dans le passé, même si

l’historique conserve toute son importance. En effet, c’est à partir de ce qui s’est produit que

l’analyste technique peut en prédire le futur.

Les capacités prédictives offertes par l’analyse technique peuvent avoir un impact beaucoup

plus important que l’on ne peut imaginer. Il est par exemple possible d’effectuer des

prévisions sur l’économie. Par exemple, prévoir l’évolution du prix des matières premières

permet de s’attendre à une inflation plus ou moins forte. Une anticipation de baisse de prix

des matières premières annonce un ralentissement de l’économie, ainsi qu’une diminution de

l’inflation.

Le suivi des devises ou autres actifs sur les marchés à terme (futures) donne parfois des

indications étonnantes, de par sa similarité avec les marchés au comptant. Il peut donc être

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très utile de suivre de près ces marchés à terme qui donnent assez souvent des indications

assez précises de ce qui va se passer dans la réalité.

La grande force de l’analyse technique est qu’elle permet d’étudier toute classe d’actifs. A

l’inverse de l’analyste fondamentale qui doit se spécialiser sur un secteur en particulier avec

un certain nombre de titres (pour bien connaitre les fondamentaux des sociétés qu’il analyse,

il doit faire la part des choses), l’analyste technique peut effectuer des analyses sur les actions,

les taux, les matières premières, les devises, dès lors qu’il a à sa disposition l’historique des

cours (avec les volumes, etc.).

Il ne serait pas injuste de dire que l’analyse technique relève de l’art, étant donné la part

importante de subjectivité qui biaise l’interprétation d’un même graphique d’un analyste à un

autre. En effet, tous les analystes agissent et pensent de manière différente. Et même si, la

plupart des analystes se rejoignent sur telle ou telle prévision, ils n’interviendront pas sur le

marché de la même manière et au même moment. Par exemple, certains intervenants

achèteront à la cassure d’une résistance alors que d’autres attendront un pull-back avant

d’entrer sur le marché. Le profil des intervenants est différent : certains interviennent à court

terme, d’autres à plus long terme, certains sont opportunistes, d’autres plus agressifs. Mais

par-dessus tout, il est important de garder à l’esprit que l’évolution des cours est régie par la

loi de l’offre et de la demande. Il est quasiment impossible par l’analyse technique de

provoquer des mouvements de masse (manipulation de cours). Pour cause, si les analystes

techniques avaient la possibilité de le faire, ils auraient déjà été très riches. Pour le moment, il

apparaît plus juste de dire que l’analyse technique relève de l’art plutôt que de la science.

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Cependant, certaines critiques sont émises à l’égard de cette méthode d’analyse, parmi

lesquelles la prophétie auto-réalisatrice et la théorie de la marche aléatoire appelée The

Random Walk Theory.

La théorie de la marche aléatoire repose sur l’Hypothèse d’Efficience des Marchés (Eugene

FAMA) selon lequel le marché prend tout en compte. Dès lors, les mouvements des cours

sont totalement erratiques et il est impossible de prévoir ce qui va se passer. La meilleure

solution consisterait à acheter et conserver (Buy and hold) car il est impossible de battre le

marché. Cette part aléatoire des fluctuations des cours n’est pas négligée par l’analyse

technique, mais souligne qu’il n’est pas réaliste que les cours suivent un processus totalement

aléatoire. En effet, comment peut-on expliquer les bonnes performances réalisées par les

intervenants utilisant des stratégies trend-following ? Comment peut-on identifier d’un coup

d’œil, si un marché est haussier ou baissier. Il serait difficile pour les partisans de la marche

aléatoire de démontrer que le graphique ci-dessous (voir Graphique 1) n’a pas de réelles

tendances identifiées.

Graphique 1 : Graphique hebdomadaire de l’indice Dow Jones.

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Si les marchés étaient réellement totalement aléatoires, il ne serait pas possible d’établir des

stratégies de prévision. Les fluctuations peuvent paraître totalement aléatoires pour des

personnes non averties. Ce hasard semblera prendre de moins en moins de place au fur et à

mesure que cette personne acquerra des connaissances d’analyse technique et graphique.

Le lecteur de cet Ebook est par conséquent sur la bonne voie pour améliorer sa

compréhension ainsi que sa lecture graphique et plus particulièrement dans le domaine des

décompositions en vagues.

L’analyse technique est une discipline qui repose sur plusieurs principes sans équivoques et

qu’il convient de respecter, ou du moins, de prendre en compte lorsque l’on souhaite

développer ses stratégies.

1.1.2. Grands principes

En bourse, le timing est primordial. C’est pourquoi l’analyse fondamentale permet de savoir

« Si » il faut acheter un titre, alors que l’analyse technique permet de savoir « quand » il faut

acheter ce titre. En effet, les analystes fondamentaux se basent sur les résultats financiers

(états financiers, rapports financiers, estimations, etc.) des entreprises du secteur qu’ils

couvrent. Ils prennent en compte la notion de valeur théorique et s’attachent à estimer les

résultats futurs d’une société (taux d’actualisation…), pour les comparer au cours du titre

effectivement coté sur le marché. Ils fondent ainsi leurs recommandations à l’achat ou à la

vente en fonction des résultats obtenus.

L’analyse technique, elle, repose trois grands principes dont il est difficile de se défaire

lorsqu’une personne souhaite se former à cette discipline : Les marchés sont efficients, les

cours évoluent en tendance et l’histoire se répète.

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Les marchés sont efficients

Avant tout, les marchés sont considérés comme étant efficients. En d’autres termes, les

marchés escomptent toute l’information disponible. Il s’agit ici d’un point fondamental.

Partant de ce principe, il n’est plus utile de se référer à la macroéconomie puisque tout est

inclus dans les cours. La seule étude du prix du titre est nécessaire. Ce principe fait également

l’un de ses défauts puisqu’un mouvement brusque sur les cours ne nous dit rien sur ce qui

s’est réellement passé (peut-être y a-t-il eu un profit warning ? un changement de politique

monétaire ? une catastrophe naturelle ? une règlementation contraignante ?). En utilisant

seulement l’analyse technique, on voit bien qu’il est difficile d’interpréter de telles situations,

même l’on pourra voir que les cours franchissent tel ou tel support (ou figure chartiste).

De manière générale, le fonctionnement des marchés est interprété de la manière suivante : si

les prix augmentent, cela signifie que l’offre est inférieure à la demande et les intervenants

sont bullish. A l’inverse, si les prix diminuent, l’offre est supérieure à la demande et les

intervenants sont bearish. Mais les analystes n’étudient ces fondamentaux qu’indirectement.

Les graphiques boursiers ne sont en rien à l’origine des mouvements des prix, mais sont

simplement le reflet de la psychologie des investisseurs. L’analyste n’a pas besoin de savoir

pourquoi tel titre est en hausse ou en baisse ni pourquoi il évolue de telle ou telle manière, car

cela ne lui est pas nécessaire dans le processus de prévision des cours.

Les cours évoluent en tendance

Le deuxième principe non négligeable nous indique que les cours évoluent inéluctablement

dans des tendances. La difficulté réside dans le fait de déterminer l’horizon temporel dans

lequel l’investisseur intervient sur les marchés. Sur un horizon annuel, les cours peuvent

évoluer en tendance haussière, mais seront ponctués de plusieurs tendances baissières sur un

horizon plus court terme. Cela est même quasi-systématique étant donné l’existence de phases

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de consolidations : les cours ne peuvent pas évoluer infiniment à la hausse ou à la baisse. Le

mouvement subit obligatoirement des corrections. Comme le dit le célèbre proverbe : « les

arbres ne montent jamais jusqu’au ciel ». Identifier la tendance est donc primordial et

intervenir sur les marchés contre la tendance est un risque à ne pas négliger. George LANE

disait d’ailleurs « La tendance est votre meilleure amie ». D’ailleurs, la plupart de techniques

utilisées par les intervenants utilisent l’approche trend-following qui signifie littéralement

« suivre les tendances existantes ». Par définition, une tendance a vocation à poursuivre son

évolution sur cette tendance jusqu’à preuve du contraire, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il y ait des

signaux de retournements. On peut faire référence par exemple à la première loi de Newton

dans laquelle il énonce que le mouvement d’un corps reste inchangé, à moins qu’une force ne

lui contraigne à changer d’état. Suivre la tendance jusqu’à ce que l’on identifie des signes de

retournements constitue la base de ce principe (voir graphique 2).

Graphique 2 : Graphique journalier du S&P 500. La tendance haussière est bien identifiée

depuis fin 2012.

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L’histoire se répète

Le dernier principe, qui n’est pas des moindres, sous-tend que l’histoire se répète. Les cours

reflètent les sentiments et la psychologie des investisseurs. Les graphiques sont le reflet de ce

que pensent les investisseurs, de leur interprétation du marché, de leur crainte, de leur

enthousiasme. Cette psychologie humaine a été étudiée durant de très nombreuses années et il

en ressort que celle-ci est relativement stable dans le temps. Le postulat selon lequel l’étude

des évènements du passé permet d’anticiper l’avenir s’est alors construit.

Nous pouvons prendre pour exemple les configurations graphiques (figures) appelées

également chart patterns, qui reflètent la psychologie haussière ou baissière des intervenants.

La récurrence des résultats obtenus par l’utilisation de ces chart patterns nous indique que des

évènements du passé peuvent se reproduire dans le futur.

La psychologie occupe donc une place essentielle dans l’étude d’un graphique. Mais cet

aspect est trop souvent négligé par les intervenants, ce qui peut causer la ruine d’investisseurs

non avertis.

1.2. Finance comportementale et analyse technique

1.2.1. Psychologie des investisseurs et mouvements de foules

Les cours sont le véritablement reflet de la psychologie des investisseurs. En effet, derrière les

ordinateurs, bien qu’ils soient en partie automatisés, se cachent des individus qui prennent des

décisions en fonction de leurs savoirs et de leurs convictions, mais également de leur humeur

lors de la prise de décision.

12
L’Hypothèse d’Efficience des Marchés, concept élaboré par Eugene FAMA lors de ses

travaux sur le MEDAF (Modèle d’Evaluation Des Actifs Financiers), sous-tend que les coûts

de transactions sont nuls, que toute l’information disponible est gratuite et que tous les agents

agissent de manière rationnelle, qu’ils analysent les données froidement sans aucune émotion,

ce qui leur permet de maximiser leur espérance de gain. Mais s’il est vrai que les marchés ne

peuvent être totalement efficients du fait de la psychologie et des différents biais qui

interviennent lors de la prise de décision, cette efficience est bien présente lors de certaines

phases de marchés. Ces phases correspondent au Cycle d’Accumulation-Distribution

développé par Charles DOW et que nous développerons plus tard dans cet Ebook (voir partie

2.1.1.).

La finance comportementale joue un rôle très important dans la compréhension de l’analyse

technique, car elle permet une meilleure interprétation de tel ou tel évènement, comme le

franchissement d’un support ou d’une résistance majeure, ou encore telle ou telle

configuration graphique.

Les biais les plus courants en finance comportementale sont les mouvements de foules. C’est

un concept primordial qu’il convient de bien définir au sens psychologique. Une foule n’est

pas qu’un simple rassemblement d’individus. La foule élimine toute personnalité des

individus la composant et constitue le reflet même de l’inconscient. Les convictions

individuelles sont remises en cause et une idée directrice guide l’âme collective de la foule.

C’est ce que Gustave LE BON appelle « la loi de l’unité mentale des foules »1. En ce sens,

une dizaine de personnes réunies dans un but précis avec une même idée directrice et donc

sans personnalité consciente individuelle, pourra constituer une foule au point de vue

1
LE BON G. (1905), Psychologie des foules, Félix Alcan, 9ème édition, Paris

13
psychologique. En revanche, un millier de personnes réunies par pur hasard ne le sera pas,

étant donné la personnalité propre à chacune des personnes. Pour résumer ce point, une foule

est constituée d’individus qui ont des pensées, des occupations, des styles de vie, des

caractères et des convictions divergentes, mais qui suivent une seule et même idée directrice

en agissant différemment de la manière dont ils auraient agi s’ils étaient seuls.

Ce que l’on peut ajouter, c’est que bien que deux personnes puissent avoir un niveau

intellectuel très différent l’une de l’autre, leur différence de caractère (passion, sentiments…)

peut être quasi-nulle. C’est ce qui peut expliquer les mouvements de foules, dans lesquels

s’évanouissent les aptitudes intellectuelles de chacun.

Du comportement des foules découle les comportements moutonniers. Un intervenant a

toujours tendance à suivre une autre personne qu’il pense plus qualifiée. Soit cette personne

dispose réellement d’une information valable et donc l’intervenant a bien fait de la suivre, soit

la personne suivie a pris une mauvaise décision et alors l’intervenant se trouvera dans la

même situation. L’analyse technique a pour principe l’efficience des marchés (comme décrit

plus haut). Mais si les cours escomptent toute l’information disponible, toute information

nouvelle est imprévisible. Il est donc injuste de penser que qu’une autre personne a la capacité

de prévoir quelque évènement que ce soit. Le mimétisme est particulièrement présent avec le

concept de « consensus de marché ».

La plupart des intervenants agissent de la même manière aux consensus et aux nouvelles

d’ordres macroéconomiques ou microéconomiques. Si les résultats d’une société sont

supérieurs au consensus de marché, alors tout le monde adopte la même posture et sont par

exemple, long sur le titre en question. Inversement, en cas de résultats inférieurs au

consensus, ils seront davantage short. Le fait de recevoir des informations corrélées incite à

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agir de la même manière. Le problème qui se pose alors est le timing, car ces évènements sont

intégrés très rapidement aux cours (principe d’efficience) et il est alors difficile de profiter de

toute l’ampleur du mouvement.

Les analyses graphiques effectuées par les analystes ont aussi un grand impact sur le

comportement moutonnier des individus. Par exemple, si plusieurs analystes définissent un

seuil majeur, par exemple une résistance majeur à 110.91 pour la paire EUR/YEN, tous les

intervenants qui suivent ces analyses auront tendance à réagir à l’approche de ce seuil : prise

de bénéfices à l’approche de la résistance, ou prise de position à l’achat en cas de

franchissement de ce seuil (voir graphique 3).

Graphique 3 : Graphique journalier de l’EUR/YEN. Quelle ferait l’investisseur à ce moment-

là précis ? On s’attend à ce que les cours viennent au contact de la résistance majeur et

repartent à la baisse. La majorité des intervenants profiteront de ce moment pour prendre

leurs bénéfices ou pour vendre à découvert.

Voici comment les cours ont évolués par la suite (voir graphique 4). Seuls les astucieux ont su

attendre le bon moment avant d’entrer en position (franchissement de la résistance).

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Graphique 4 : Suite du graphique journalier de l’EUR/YEN. Les cours ont traversés la

résistance majeure avant de poursuivre son mouvement à la hausse.

Ces deux graphiques montrent bien que la fixation de cette résistance dans cette zone-là a

constitué une zone de prise de décision, aussi bien pour les intervenants bullish que bearish.

D’autres analystes auront vu une autre résistance majeure (par exemple le support juste en-

dessous), pas obligatoirement placée à ce même niveau précis. Les intervenants qui suivent

ces autres analystes auraient établi des stratégies différentes. Les recommandations émises par

les analystes vont bien évidemment dans ce sens. Et plus ces recommandations proviennent

d’analystes reconnus (de grandes banques internationales par exemple), plus elles auront de

chances d’être suivies.

En outre, un intervenant sur le marché préfère toujours avoir tort collectivement que raison.

En effet, le risque qu’il ressent, s’il adopte un comportement éloigné de celui des autres

intervenants du marché, est beaucoup plus élevé que s’il suivait les autres, même en ayant ses

propres convictions. En cas d’erreur, il imputera volontiers cette perte à un mauvais signal

16
reçu par l’ensemble des intervenants et ne remettra pas en cause sa compétence. Ce biais peut

être dévastateur.

LAKONISHOK, SHLEIFER et VISHNY ont défini une mesure statistique, appelée LSV,

représentant la tendance moyenne d’un groupe à adopter un comportement mimétique. En

d’autres termes, leur tendance à acheter simultanément des actions alors qu’ils n’auraient pas

agi de cette manière isolément.

On peut donc mesurer ce comportement de la manière suivante :

𝐻(𝑖, 𝑡) = |𝑝(𝑖, 𝑡) − 𝑝(𝑡)| − 𝐴𝐹(𝑖, 𝑡)

𝑝(𝑖, 𝑡) = 𝐵(𝑖, 𝑡)/(𝐵(𝑖, 𝑡) + (𝑆(𝑖, 𝑡))

Avec B(i,t) et S(i,t) le nombre d’investisseurs qui achètent (ou vendent) i représentant les

actions achetées (ou vendues), t le trimestre, H(i,t) la mesure du comportement mimétique par

rapport à l’action i pour le trimestre t. p(i,t) représente la proportion des investisseurs achetant

des actions i et p(t)correspond à la moyenne de p(i,t) sur l’ensemble des actions i qu’un au

moins des intervenants a négocié. Pour terminer, AF(i,t) représente le facteur d’ajustement

pouvant être défini de la manière suivante :

𝐴𝐹(𝑖, 𝑡) = 𝐸[|𝑝(𝑖, 𝑡) − 𝑝(𝑡)|]

On considère que l’espérance est calculée sans absence de mimétisme. En conséquence, B(i,t)

suit une loi Binomiale de paramètre p(t).

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Le facteur d’ajustement AF(i,t) est nul si 𝑁(𝑖, 𝑡) = 𝐵(𝑖, 𝑡) + 𝑆(𝑖, 𝑡) est élevé, car p(i,t) tend

vers p(t) quand le nombre d’intervenants s’accroît sur le marché. En revanche, lorsque 𝑁(𝑖, 𝑡)

est faible, le facteur d’ajustement est positif. Il est possible d’interpréter des comportements

mimétiques lorsque H(i,t) donne des valeurs très différentes de zéro.

Ces comportements sont le reflet d’une bonne partie des intervenants sur les marchés, alors

qualifiés de « suiveurs ». Mais il apparaît important de préciser que bon nombre d’autres

facteurs entrent en compte lors de la prise de décision d’un individu, en particulier les biais

liés à l’état même de la personne.

1.2.2. Biais cognitifs et émotionnels

Il existe deux catégories de biais psychologiques : les biais cognitifs et les biais émotionnels.

Les premiers portent sur les connaissances et les croyances de l’individu qui influeront sur sa

prise de décision et les seconds concernent l’influence d’états émotionnels universels.

Biais cognitifs

Les biais cognitifs portent sur les croyances et les connaissances de l’intervenant qui le

conduiront à prendre des décisions irrationnelles. L’éducation de l’intervenant, les

connaissances qu’il a acquises, son niveau de formation et ses différentes expériences

professionnelles auront un impact important sur ses prises de décision. Tous ces éléments

auront pour conséquence d’amener l’intervenant à ne voir que ce qu’il a appris à voir. Ainsi,

pour une même situation, deux individus l’interprèteront différemment. Daniel

KAHNEMAN, expert en psychologie cognitive et Amos TVERSKY, expert en psychologie

mathématique, ont démontré que les intervenants étaient soumis à des cheminements

intellectuels qui viennent biaiser leur prise de décision.

18
La majorité des intervenants sont par exemple soumis à une forme d’heuristique de

disponibilité dans laquelle ils font appel à des raccourcis mentaux, notamment pour éliminer

la douleur procurée par le processus complexe de traitement de l’information. Ils préfèrent

adopter directement le même comportement que ce qu’ils ont déjà vécu pour une situation

similaire, souvent par manque d’information. Par exemple, ils entrent en position à l’achat sur

un titre après la hausse d’un titre comparable. Ils font appel à une information facilement

accessible, récente, personnelle au lieu d’essayer d’analyser la situation froidement de

manière objective. Toutes les configurations graphiques doivent être analysées objectivement,

ainsi que le tracé des lignes de supports et résistances. Tracer une ligne de support parce que

l’on se convainc que les cours vont s’arrêter à ce niveau-là n’est pas tout à fait objectif.

Le biais de conservatisme et le biais de confirmation sont aussi très présents sur les marchés.

Les individus victimes du biais de conservatisme vont surpondérer les éléments qui viennent

confirmer leurs opinions. Par exemple, si un intervenant pense qu’un titre va augmenter

fortement, il entrera en position long dès que le titre aura commencé une petite hausse, et ce,

sans même avoir pris en compte les configurations graphiques objectives (double top, triple

top, épaule-tête-épaule, volumes en baisse dans un mouvement haussier, triangle descendant,

résistance, etc.).

Plus grave encore, les individus victimes du biais de confirmation ne vont rechercher que les

informations venant valider leurs opinions et cherchent à éviter toute information qui pourrait

être contraire à leurs convictions. Il s’agit d’un biais que l’on peut qualifier de « dissonance

cognitive », où l’individu ne cherche qu’à avoir raison. Cette analyse totalement subjective

des marchés peut conduire à la ruine sans délai. Par exemple, lors d’un mouvement baissier,

un intervenant qui a la conviction que le marché va repartir à la hausse va entrer directement

en position à l’achat à l’approche d’un support, sans attendre le rebond. Le marché continuera

19
à la baisse, franchissant le support et continuant son chemin. L’intervenant, ayant toujours la

conviction que le marché va se redresser et pour éviter la douleur procuré par l’encaissement

de la perte (partant du principe « pas vendu pas perdu » (nous étudierons ce comportement

dans la prochaine sous-partie)), commence à moyenner à la baisse. C’est cette attitude

dévastatrice qui le mènera à la banqueroute. Il faut toujours garder à l’esprit que « le marché

peut avoir tort plus longtemps que vous ne pouvez vous permettre de rester solvable ».

Biais émotionnels

Les biais émotionnels portent sur l’influence des émotions agissant sur les individus lors de

leur prise de décision. Daniel KAHNEMAN et Amos TVERSKY ont démontré qu’une perte

réalisée par un individu était perçue comme étant beaucoup plus douloureuse que la

satisfaction procurée par un gain du même ordre. C’est ce qui explique qu’en étant dans une

phase de gain, l’intervenant aura tendance à vouloir prendre ses bénéfices, alors que dans une

phase de perte, l’intervenant ne souhaite pas couper sa position et la laisse courir dans l’espoir

de la voir rebondir et revenir à l’équilibre. Ce phénomène a été mis en évidence dans la

« Théorie des Perspectives » de Daniel KAHNEMAN et Amos TVERSKY en 1979.

20
Ce graphique indique clairement la façon dont se comporte un individu lors des phases de

gains et de pertes. Dans la phase de gain, l’individu est riscophobe et prend rapidement ses

bénéfices alors qu’en phase de pertes, il est riscophile et espère un retour à l’équilibre.

A la recherche du système de trading idéal

Pour illustrer ce type de comportement, voici un exemple. On propose à un individu un

système de trading qui perd 8 fois sur 10. Ce système sera-t-il accepté ? Il est quasiment

certain que la majorité des individus soumis à ce type de question réponde non. Or, ce

système n’est pas plus à rejeter qu’un autre et peut même s’avérer très rentable, bien sûr à

condition qu’il permette de gagner en moyenne au moins quatre fois plus qu’il ne fait perdre.

Ainsi, un système de trading qui fait perdre 1 000 $ par trade 8 fois et qui génère 4 000 $ de

gain par trade 2 fois, équivaut au point mort (aucune perte, aucun gain). Dès lors que le

système permet de gagner plus que 4 fois le montant des pertes, il peut être judicieux de le

prendre en compte.

Dans la même idée, un système de trading qui permet à un individu de générer 1 000 $ de

gain par trade et qui fait perdre 1 500 $ par trade est-il un bon système ? Encore ici, la

majorité des individus rejetteront le système sans délai. Or, il suffit simplement de se poser la

question de savoir si le système permet de gagner en moyenne plus de 3 fois sur 5.

Il est donc clair par ces exemples que l’individu a une propension naturelle à rejeter tout

système qui lui ferait penser qu’il perdra de l’argent, sans même prendre le temps de se poser

les bonnes questions. Il faut garder à l’esprit qu’il n’existe pas de système de trading parfait,

qui permet 100 % de réussite sans aucune perte. Cela se saurait.

21
Alors, face à tous ces biais, quel est le bon comportement à adopter ? L’intervenant sur le

marché doit avant tout savoir que les pertes font partie intégrante de l’activité boursière. Le

placement des stops ne doit en aucun cas être remis en cause, même si la perte peut paraître

douloureuse. Il doit aussi savoir que très souvent, les opérateurs perdent plus qu’ils ne

gagnent. Simplement, lorsqu’ils gagnent, le montant est plus important et permet donc de

compenser les pertes et même d’engranger des bénéfices. Il doit toujours veiller à agir

froidement les marchés, de manière totalement objective.

Idéalement, une perte ne doit avoir aucun effet de traumatisme pour l’intervenant et un gain

ne doit lui procurer aucune euphorie. C’est en pratique impossible, mais pour durer sur les

marchés, il faut essayer de se rapprocher le plus possible de ce comportement. Le risque doit

également être son quotidien. Il doit apprendre à le gérer et non à le fuir. Il faut également

qu’il sache rester humble et éliminer tout ego. Ne pas chercher à avoir raison à tout prix et

essayer d’identifier les opportunités qui se présentent (ne pas chercher à la créer) doit guider

l’individu dans le processus de prise de position.

Tous ces éléments, pris en compte, permettent de mieux appréhender les marchés et d’établir

des stratégies en toute sérénité. Analyser les cours, essayer de repérer des configurations

graphiques, de décomposer la formation des cours, tout cela amène l’individu à essayer de

trouver la meilleure stratégie. L’une des plus connues, mais pas la plus utilisée, concerne les

décompositions en vagues des cours boursiers, plus connue sous le nom des « vagues

d’Elliott ». En prenant en considération tout ce qui a été étudié précédemment, à savoir les

fondements de l’analyse technique, la psychologie des intervenants qui s’y applique,

notamment au travers de la finance comportementale, il est possible d’étudier de manière

optimale les décompositions en vagues et de déterminer quelle est la meilleure manière

d’utiliser cette stratégie, depuis les prémices à son apogée.

22
2. Les décompositions en vagues : peut-on vraiment
prévoir les cours ?

2.1. Les grands acteurs et leurs travaux

2.1.1. R. N. ELLIOT et ses influences

2.1.1.1. Ralph Nelson ELLIOTT

La stratégie des vagues d’Elliott est surement l’une des plus connues à ce jour, mais c’est

aussi l’une des plus complexes par sa mise en œuvre. A l’origine de cette stratégie, Ralph

Nelson ELLIOTT, un modeste comptable dans plusieurs compagnies de chemin de fer né en

1871 aux Etats-Unis, publie avec Charles J. COLLINS The Wave Principle qui constitue le

point de départ de l’existence de cette stratégie. Mais cela n’est pas été aussi simple pour lui.

Dans les années 1929, R. N. ELLIOTT souffre d’une anémie pernicieuse qui le laisse cloué au

lit. Il est donc contraint à une retraite anticipée, alors âgé de 58 ans. Très souffrant de cette

maladie, il cherchait à occuper son esprit. Il décidait alors de se consacrer pleinement à

l’analyse du comportement des marchés financiers. Il analysait des graphiques sur toutes les

échelles de temps (annuelle, mensuelle, hebdomadaire, journalière, etc.) de différents indices

sur une période de 75 ans. Il découvre alors, en procédant de la sorte, que des mouvements

majeurs en incluaient d’autres sur une échelle temporelle plus réduite. Cette observation

faisait bien référence à la géométrie fractale des cours.

Après quelques années à essayer de comprendre le fonctionnement des marchés, il décide en

1934 de présenter ses travaux à au moins un membre de la communauté financière : Charles J.

COLLINS. Celui-ci, qui a pour habitude de repousser les stratégies qui lui sont proposées au

motif qu’il n’y a pas assez de preuve pour en démontrer la véracité, demande alors à en être

23
convaincu. Durant cette période, l’indice DOW JONES n’a cessé de se dégrader jusqu’en

1935. En mars 1935, alors que le DOW JONES risque de clôturer encore au plus bas du jour,

R. N. ELLIOTT décide d’envoyer un télégramme à Charles J. COLLINS pour lui dire que

l’indice est au plus bas et qu’il n’ira pas plus loin. Dans les deux mois qui suivent cet envoi, le

DOW JONES a clairement pris la direction haussière. Très impressionné par la justesse des

prévisions et par son audace, Charles J. COLLINS accepte finalement de collaborer avec R.

N. ELLIOTT pour la publication du célèbre The Wave Principle en 1938.

Tous ces recherches et analyses de comportement des marchés dans le but d’affiner sa

stratégie de décompositions en vagues, ont abouti sous l’influence de deux références

mondiales dans le monde de l’analyse technique : Charles DOW et Leonardo FIBONACCI.

2.1.1.2. Charles DOW

Charles DOW est considéré comme étant le « père de l’analyse technique ». Le 3 juillet 1884,

C. DOW publie le premier indice composé de prix de clôture de onze actions, dont neuf

représentaient des sociétés ferroviaires et deux des sociétés manufacturières. Il pensait en effet

que ces deux secteurs étaient représentatifs de la santé de l’économie. Au fil des années, C.

DOW inclut des sociétés en faisant toujours en sorte que l’indice représente au mieux l’état de

l’économie. En 1928, l’indice comprend 30 actions et qui représente le même nombre

qu’actuellement. Aujourd’hui, plus d’un siècle après sa mort, le DOW JONES INDUSTRIAL

AVERAGE reste un baromètre de l’activité des marchés suivi par les analystes du monde

entier. A sa disparition, C. DOW ne laisse aucun ouvrage derrière lui, mais heureusement,

subsistent des écrits publiés dans le Wall Street Journal. Il définit plusieurs principes

fondamentaux qui constituent la théorie de DOW.

24
2.1.1.3. Leonardo FIBONACCI

Leonardo FIBONACCI est un mathématicien italien né à Pise en 1175. C’est sans doute le

plus grand mathématicien du XIIIe siècle. Très jeune, il acquiert une véritable passion pour

les mathématiques qu’il découvre lors d’un voyage en Algérie avec son père G. BONACCI.

C’est dans ce pays qu’il forge son éducation. Il exportera quelques années plus tard, vers

1200, les chiffres arabes et la notation algébrique dans sa ville natale. Il attache une réelle

importance au développement des mathématiques et en particulier, aux progrès de l’algèbre.

Au cours d’une nombreuse séries de problèmes qu’il se pose afin d’essayer de les résoudre

(notamment le problème de reproduction des lapins), il fait une découverte qui marquera les

mathématiques à jamais : la suite de FIBONACCI, ou plus communément, les nombres d’or.

2.1.2. Les découvertes de Charles DOW

2.1.2.1. Le marché escompte tout

L’un des premiers principes, qui constitue également l’un des trois principes de base de

l’analyse technique, énonce que le marché escompte toute l’information disponible. Il prend

donc pour hypothèse l’efficience des marchés car les cours reflètent les nouvelles, les

émotions mais également les anticipations de tous les intervenants du marché. Même s’il ne

peut prévoir des évènements comme les tremblements de terre et autres catastrophes

naturelles, le marché intègre très rapidement les informations qui viennent impactent le prix

des actions. Le marché a en conséquence toujours raison.

2.1.2.2. Le marché connaît trois types de tendances

Charles DOW défini également trois types de tendances. Avant de développer ces tendances,

il convient de savoir ce qu’est une tendance au sens de C. DOW. Une tendance haussière est

25
formée par des sommets et des creux de plus en plus haut. A l’inverse, une tendance baissière

sera constituée de sommets et de creux de plus en plus bas.

Voici ci-dessous une tendance haussière :

A l’inverse, une tendance baissière ressemblera plutôt à :

Si une tendance ne respecte pas ce principe, la trajectoire des cours est supposée remise en

cause (essoufflement de la tendance). Il est possible d’illustrer cela avec les failure swing top

(sommet inférieur au précédent dans une tendance haussière) et failure swing bottom (creux

supérieur au précédent dans une tendance baissière).

A partir de cette définition selon laquelle les variations de cours déterminent la tendance, il est

possible d’identifier les trois tendances majeures. La première tendance est appelée

« tendance primaire » car elle constitue le mouvement majeur des cours. Ce mouvement est

entrecoupé d’autres mouvements appelés « tendance secondaire » car il s’agit de mouvements

intermédiaires. Enfin, de la même façon, ces mouvements intermédiaires sont ponctués des

26
mouvements mineurs que l’on appelle « tendance tertiaire ». Ces trois tendances sont

représentées sur le schéma ci-dessous.

Ce schéma montre bien une tendance haussière majeure. Cette tendance se dessine

généralement lors d’une reprise de confiance des intervenants sur les marchés. Il reflète

généralement une bonne santé de l’économie, avec de bons résultats de la part des entreprises

et une bonne activité économique en général. Cette tendance générale est ponctuée de phases

de correction qui résultent de comportements euphoriques, avec une forme de spéculation et

de prises de décision hasardeuses.

A l’inverse, un marché baissier naîtra d’anticipations négatives sur l’économie. L’état de

l’économie est ponctué de résultats décevants de certaines entreprises. S’ensuit alors une

période de sell off, autrement dit de vente massive d’actions d’entreprises dont les

intervenants anticipent une poursuite du déclin. Ce mouvement baissier majeur sera

également ponctué de nouvelles économiques positives et de certaines entreprises qui publient

de bons résultats.
27
C. DOW compare ces trois mouvements à des marées, des vagues et des ondulations de la

mer. La tendance primaire correspondant à la marée, la tendance secondaire représente les

vagues qui constituent la marée et enfin la tendance tertiaire agit comme des ondulations sur

les vagues. Il est possible de déterminer la direction de la marée, à savoir si elle est en train de

monter ou si elle est en train de descendre. Pour cela il faut observer le plus haut point atteint

par les vagues successives sur le sable. Si la prochaine vague atteint un point supérieur à celui

effectué par la précédente vague, la marée est montante. A contrario, si la prochaine vague

atteint un point inférieur à celui de la précédente vague, la marée est descendante.

Cependant, C. DOW admet une différence avec la mer. Si la marée ne dure que quelques

heures, le mouvement des marchés qui correspondent à la marée peut durer jusqu’à une

année, voire plus. La tendance secondaire dure en général entre trois semaines et trois mois.

Ce mouvement retrace bien souvent entre un-tiers et deux-tiers du mouvement précédent.

Enfin, la tendance mineure ne dure que quelques jours et dure bien souvent moins de trois

semaines.

2.1.2.3. Chaque tendance est constituée de trois phases

Autre principe important développé par C. DOW : le cycle d’Accumulation et de Distribution,

entrecoupé d’une phase de participation du public. Lorsque le marché évolue dans un trading

range, il peut être soit dans une phase d’accumulation, soit dans une phase de distribution.

Pour savoir s’il s’agit d’une phase d’accumulation ou d’ une phase de distribution, il faut

surveiller la sortie du range.

Si elle se fait par le haut, c’est qu’il s’agissait d’une phase d’accumulation où les acheteurs

sont nombreux et prennent la main sur les vendeurs. Ces acheteurs sont qualifiés d’

« astucieux ». Ils « accumulent » leurs positions. C’est une phase où la diffusion de

l’information est très faible et quasiment indisponible au grand public.

28
Au contraire, si la sortie s’effectue par le bas, il s’agit d’une phase de distribution où la

pression des vendeurs est assez forte pour contrer le mouvement des acheteurs. La phase de

distribution arrive lorsque pratiquement toutes les nouvelles positives sont largement

diffusées, dans les médias et les journaux, de sorte que le public intervient en masse (avec des

volumes forts). Les « astucieux » comprennent que le marché devient hautement spéculatif et

en profitent pour liquider leurs positions. Ils « distribuent » leurs positions.

Entre ces phases, il y a la phase de participation des professionnels et du public averti. Cette

phase correspond à une période où les trend-followers entrent en position, où l’économie

s’améliore et où les anticipations sur les prix sont positives. C’est une phase où l’information

devient un peu plus consistante, de sorte à pouvoir être analysée par des professionnels et des

investisseurs initiés. Ce cycle d’accumulation et distribution peut être représenté de la manière

suivante.

La théorie des vagues d’Elliott considère bien l’existence de trois phases distinctes dans une

tendance haussière. La première phase (accumulation) correspond à la phase d’impulsion dans

une tendance haussière (vague 1), l’entrée des professionnels correspond à la vague 3 (vague

très dynamique) et la phase de distribution correspond à la vague 5. Cette théorie sera

développée un peu plus loin dans cet Ebook.

29
2.1.2.4. Le volume doit confirmer la tendance

Le volume n’est pas aussi important que les prix, mais constitue un facteur majeur à prendre

en compte pour mieux comprendre la psychologie des marchés et agir en conséquence. En

règle générale, les volumes doivent évoluer dans le même sens que la tendance. Ainsi, une

tendance haussière doit s’accompagner de volumes croissants et une tendance baissière doit

voir ses volumes diminuer. En effet, s’il y a des acheteurs qui soutiennent le marché, les cours

évoluent à la hausse et s’il n’y a pas d’intervenants ou peu, les cours ne peuvent plus grimper.

Cependant, force est de constater qu’il arrive qu’une tendance baissière soit accompagnée de

forts volumes. Ceci s’explique par une vente massive des actifs en question (beaucoup de

vendeurs). Il convient alors d’être très attentif.

Il est possible de tracer des lignes de tendances sur les volumes afin de les comparer

directement aux cours. Une divergence baissière sera constituée lorsque l’on observe une

hausse des cours et dans le même temps une baisse des volumes. Il faut dans ce cas rester très

vigilant car ces volumes annoncent un retournement probable. Dans le cas contraire, où l’on

observe une divergence haussière sur les volumes, il faudra redoubler de vigilance. En effet,

comme explique plus haut, les forts volumes peuvent refléter une forte présence de vendeurs.

Quoiqu’il en soit, l’analyse du marché dans son ensemble doit toujours être privilégiée.

Le volume doit réellement être considéré comme un indicateur de confirmation (voir

graphique 5).

30
Graphique 5 : Graphique hebdomadaire du CAC 40. Fin 1998, on constate des pics de

volumes lors de la baisse brutale des cours. Ensuite, la tendance haussière s’est reprise et

s’est confirmée par un très fort pic de volumes début 1999.

Dès lors, si l’on assiste à une hausse du cours d’un titre accompagnée de faibles volumes et à

plus forte raison des volumes en baisses (divergence), on peut s’attendre à un essoufflement

du mouvement à la hausse. Les volumes sont par conséquent aussi très utilisés pour confirmer

les configurations graphiques. Par exemple, les intervenants qui aperçoivent la formation

d’une figure en double-top attendront la confirmation par une cassure de la ligne de cou en

surveillant les volumes. A la cassure, les volumes doivent être élevés : plus ils sont forts, plus

ils sont significatifs et donc à prendre en compte puisqu’il confirme bien la force

psychologique présente dans la formation de la figure (voir graphique 6).

31
Graphique 6 : Graphique journalier du titre BMC SOFTWARE INC. De mai à fin juillet, on

aperçoit bien une configuration graphique en double-top. L’importance du volume, qui a

pratiquement triplé par rapport aux volumes des sept premiers mois de l’année 2011 lors de

la cassure de la ligne de cou début août, confirme bien l’existence de la figure et constitue un

réel signal pour entrer en position.

Cette ligne de cou a constitué un réel seuil psychologique. Dès lors que les cours parviennent

à la franchir, le titre subit un sell off et l’objectif de cours fixé sur cette figure a été largement

atteint.

Ces principes de bases établis par C. DOW doivent être pris en compte par tous les

intervenants qui se destinent à être de véritables techniciens sur les marchés, ou du moins, à

durer sur les marchés. D’autres découvertes ont été réalisées, notamment sur un plan plus

scientifique, avec les travaux de L. FIBONACCI.

32
2.1.3. Les découvertes de Leonardo FIBONACCI

Leonardo FIBONACCI a fait de nombreuses découvertes scientifiques, sur le plan

mathématique notamment.

Sa découverte la plus importante concerne les nombres d’or, qu’il a découvert en essayant de

résoudre un problème portant sur la croissance d’une population de lapins : en supposant une

couple de lapins isolé dans un lieu désert, combien de couples verront-il le jour, sachant que

tous les mois, chaque couple de lapins donne naissance à un nouveau couple à partir du

troisième mois de son existence ?

La réponse à ce problème est la constitution des nombres d’or. Chaque nombre correspondant

à la somme des deux nombres qui le précèdent : 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144,

233…

Le « nombre d’or », noté φ (phi), correspond au rapport entre un nombre et son précédent. Ce

rapport est toujours égal à 1.618. Ce qui reste approximatifs pour des petits nombres, mais

plus l’on avance dans la série, plus cette hypothèse se vérifie.

Le rapport inverse est appelé « ratio d’or », qui correspond au rapport entre un nombre et son

prochain, doit toujours être égal à 0.618. Dans le même raisonnement, plus les nombres sont

élevés, plus le ratio est précis. Ces chiffres représentent la « divine proportion », comme le

qualifiait si bien l’italien Fra Luca PACIOLI à la fin du XVe siècle.

Le rapport des nombres de la série de FIBONACCI peut également s’effectuer avec des écarts

de nombres. Par exemple, il est possible de diviser 144 par 55 et inversement. On obtient alors

2.618 et 38.2 pour l’inverse. Si l’on va encore plus loin en divisant 34 par 144, on obtient

23.6. Ces autres chiffres représentent des niveaux très importants et constituent un outil très

utilisé par les analystes techniques : les retracements de FIBONACCI.

33
Les retracements de FIBONACCI permettent de déterminer des zones de supports et de

résistances sur la bases de ratios de FIBONACCI et dont les cinq principaux sont : 23.6 %,

38.2 %, 50 %, 61.8 % et 78.6 %.

Dans une tendance haussière, ces retracements permettent d’identifier l’amplitude des phases

de consolidation et de fixer des objectifs de repli. A l’inverse, dans une tendance baissière, ils

permettent d’identifier l’amplitude les phases de rebond. D’un point de vue pratique, les

retracements de FIBONACCI doivent être tracés d’un plus bas à un plus haut pour une

tendance haussière (les pourcentages descendront de 0 % à 100 %) et d’un plus haut à un plus

bas pour une tendance baissière (les pourcentages augmenteront de 0 % à 100 %). Etant très

utilisés, les seuils de supports et résistances de ces retracements seront très surveillés par les

intervenants, ce qui renforce davantage l’idée que les cours reflètent la psychologie des

investisseurs (voir graphique 7).

Graphique 7 : Graphique hebdomadaire de l’indice DAX. Les retracements de FIBONACCI

jouent bien un rôle de supports et résistances. Il est possible de fixer à chaque fois un objectif

de cours.
34
Il est évident que pour une utilisation optimale de cet outil, il faut le coupler à d’autres

indicateurs et par-dessus tout, à l’analyse du marché dans son ensemble (volumes,

configurations graphiques, chandeliers, tendances, etc.). En effet, sur le graphique 7, il est

possible d’observer quelques configurations graphiques : d’abord un triple-top formé durant

le premier semestre 2011, ce qui a causé une forte baisse du marché. Dans le dernier trimestre

2011, les cours forment un double-bottom, le deuxième creux étant un peu plus haut que le

précédent. Ce qui confirme le fait que le mouvement baissier a du mal à s’enfoncer davantage.

Un retournement à la hausse était alors envisagé.

Il est également possible d’utiliser les ratios de FIBONACCI pour déterminer des objectifs

temporels, par exemple, quand aura lieu le prochain top sur un graphique. Pour déterminer

quand aura lieu un prochain top (donc plus élevé que le précédent, ou au moins égal), il faut

calculer l’écart entre les deux derniers tops et multiplie cet écart par 1.618 et/ou 2.618. Ce qui

donnera un nombre de jour que l’on ajoutera au jour du dernier top. Cette méthode est très

utile pour anticiper les retournements et se fixer des objectifs (voir graphique 8).

Graphique 8 : Graphique journalier du CAC 40 (objectif temporel de FIBONACCI).

35
Ce graphique illustre parfaitement l’efficacité des prévisions grâce aux ratios de

FIBONACCI. En multipliant l’écart de jours qu’il y a entre le 30 janvier et le 14 mars (43

jours) par 1.618 (nombre d’or), on obtient 70 jours. Ce nombre de jours, qui sera ajouté à la

date du dernier plus haut (le 14 mars), donnera la date du prochain plus haut. Cette méthode

permet véritablement de savoir quand environ le nouveau plus haut sera atteint.

La perfection des nombres trouvés peut paraître comme étant une merveille de la nature dont

les fondements scientifiques ont inspiré R. N. ELLIOTT. En effet, ces retracements sont très

utilisés dans la méthode des décompositions en vagues des cours de bourse. Les travaux de R.

N. ELLIOTT ont beau être fondés sur des principes fondamentaux du « père de l’analyse

technique » et du raisonnement scientifique du prodige mathématicien, ils connaissent toutes

les difficultés pour être reconnus. Cependant, ils constituent aujourd’hui une référence pour

les pro-elliottistes, grâce notamment à Robert PRECHTER.

2.1.4. Popularisation de la stratégie des vagues d’Elliott

Les décompositions en vagues constituent une méthode qui s’est vraiment popularisée au

travers de grandes crises ayant incité tous les intervenants à écouter les gourous de la finance,

parmi lesquelles se trouvait Robert PRECHTER, une référence mondiale spécialiste des

vagues d’Elliott. Il a en effet étudié cette théorie depuis des dizaines d’années et ses

recherches lui ont permis d’éviter de tomber dans l’oubli. En effet, la popularité de ces

stratégies s’est surtout accentuée avec quelques-unes de ses publications, notamment de

l’ouvrage Elliott Wave Principle en 1978, ainsi que ses analyses qui ont été publiées dans la

revue The Elliott Wave Theorist depuis 1979.

36
Après avoir été diplômé en psychologie à l’université Yale en 1971, il travaille en tant

qu’analyste au sein de Merrill Lynch. Il découvre alors après quelques années la théorie des

vagues d’Elliott. Après de nombreuses recherches, il découvre que les marchés ne sont rien

d’autre qu’une « affaire de psychologie de masse »2. Il part du postulat que le comportement

du marché est piloté par l’humeur sociale : il définit même le concept de « socionomie ».

Durant les années 1970, les marchés actions étaient fortement baissiers, mais R. PRECHTER

prédisait le contraire avec des marchés très haussiers, en utilisant les vagues d’Elliott. Le

début des années 1980 lui donne raison et cette stratégie commence à bâtir sa renommée. La

renommée de la stratégie des vagues d’Elliott a vraiment été très forte lorsqu’il a réalisé un

gain de 444 % lors d’un championnat de courtage en 1984. Il a reçu de nombreuses

récompenses, notamment du United States Trading Championship et en 1989, de la CNBC

qui l’a élu « gourou de la décennie ». Il a été également désigné comme étant l’un des

meilleurs prévisionnistes au monde par le Timer Digest et le Fortune magazine.

R. PRECHTER a véritablement été le garant de la popularisation de la théorie d’Elliott. Il a

fait des recherches sur tous les écrits d’Elliott, ses publications et les a tous rassemblé. Sa

légitimité s’est avérée lors de grandes crises financières, par exemple le krach d’octobre 1987.

Tous les financiers et les médias ont considéré R. PRECHTER comme étant le « gourou » des

marchés, le « maître » incontesté dont les analyses étaient indiscutables. Et ce, à tel point

qu’ils considéraient tous que ses analyses avaient le pouvoir à elles seules d’impacter les

mouvements du marché, à la hausse comme à la baisse. R. PRECHTER a vu le nombre de

souscriptions à ses lettres mensuelles littéralement exploser.

2
PRECHTER R. (2003), Prechter’s Perspective, New Classics Library, Gainesville, Georgia

37
Aujourd’hui, R. PRECHTER est président d’Elliott Wave International (EWI), qui est l’une

des plus grandes entreprises de prévisions des marchés. L’entreprise publie des analyses sur

les actions, obligations, matières premières (métaux et énergies) ainsi que sur les devises.

Il continue actuellement de promouvoir la théorie d’Elliott par le biais de conférences,

notamment au Massachusetts Institute of Technology (MIT) ou encore à la London School of

Economics (LSE).

Tous ces principes de fonctionnement des marchés, aussi bien au niveau de la psychologie

que des découvertes qui ont bouleversé le monde de l’analyse technique, étant connus et bien

assimilés, il est maintenant temps de décortiquer cette méthode de décomposition en vagues

de la manière la plus précise possible et de savoir si son application sur les marchés génère

des résultats positifs.

2.2. Principes de fonctionnement et utilisation

2.2.1. Principes de base de la théorie d’Elliott

L’ouvrage publié par Charles J. COLLINS intitulé The Wave Principle en 1938 basé sur les

travaux de R. N. ELLIOTT, constitue une référence pour elliottistes.

Les marchés évoluent selon trois aspects fondamentaux dans la théorie d’Elliott : l’évolution

des cours (configurations graphiques), les ratios et la cyclicité. Ces trois aspects sont à

prendre en compte dans cet ordre précis. L’évolution des cours concerne les tendances et les

mouvements de corrections. Les ratios portent sur les retracements et la fixation d’objectifs de

cours. Enfin, la cyclicité doit permettre de savoir quand ces mouvements de marchés et ses

retracements seront atteints.

38
Comme décrit précédemment, la théorie d’Elliott est véritablement fondée sur la théorie de

DOW, dont R. N. ELLIOTT retient l’importance de la psychologie et la référence à la mer et

sur les nombres d’or et ratios de FIBONACCI qui sont le reflet d’une loi universelle de la

nature.

2.2.1.1. Décomposition des mouvements

Les marchés évoluent selon un cycle qui se décompose en huit vagues : cinq vagues

correspondant à des vagues de tendance (1, 2, 3, 4, 5) et trois vagues correspondant à des

vagues de correction (a, b, c). Les cinq premières vagues de tendance sont elles-mêmes

composées de trois vagues d’impulsion (1, 3, 5) et de deux vagues de correction (2, 4).

Partant de ce principe, toute vague de tendance est composée de cinq vagues 1, 2, 3, 4 et 5

(dont trois d’impulsion (1, 3, 5) et deux de correction (2, 4)) et toute vague de correction est

composée de trois vagues a, b et c (dont deux vagues d’impulsion (a, c) et une vague de

correction (b)).

Pour être plus clair, voici ce que représente un cycle de huit vagues :

39
Une phase d’impulsion est toujours composée de cinq vagues et une vague de correction est

toujours composée de trois vagues. Par exemple, la vague 1 est une vague d’impulsion : elle

sera composée de cinq vagues (1), (2), (3), (4) et (5). La vague 2 est une vague de correction :

elle sera composée de trois vagues (a), (b) et (c).

Voici un exemple :

En d’autres termes, toute vague d’impulsion comprend des vagues d’impulsion et de

correction qui, elles-mêmes, comprendront également d’autres vagues d’impulsion et de

correction : c’est le principe de géométrie fractale énoncé précédemment. En observant

attentivement ce cycle de huit vagues, il est possible de remarquer qu’elles se subdivisent en

34 sous-vagues (5 vagues majeures d’impulsion multipliées par 5 vagues mineures

d’impulsion + trois vagues majeures de correction multipliées par 3 vagues mineures de

correction). Or 34 est un nombre de FIBONACCI. Pour aller plus loin, la subdivision des 34

vagues en sous-vagues donnera 144 sous-vagues (autre nombre de FIBONACCI). Ce cycle

complet représente parfaitement un nombre de la suite de FIBONACCI : 144 vagues, 34

40
vagues, 8 vagues, 5 vagues, 3 vagues, etc. Pour décomposer les vagues en cinq pour les

vagues d’impulsion et en trois pour celles de correction, il convient d’identifier la tendance.

Si les vagues de correction se forment dans une tendance haussière (voir théorie de DOW), il

s’agira de simples vagues de correction (formé par 3 vagues). Les vagues d’impulsion,

composées de cinq vagues de degré inférieur, constituera le premier le mouvement haussier

(I). Si en revanche, les vagues de correction se font dans une tendance baissière, elles seront

alors composées de cinq vagues d’impulsion baissières, une phase de rebond à trois vagues et

à nouveau cinq vagues d’impulsion baissières. Ces trois phases correspondront au mouvement

de correction de la phase de degré supérieur (II). Rappelons quand même qu’une correction

est un mouvement qui se produit dans le sens contraire de la tendance. Ci-dessous un

exemple.

II

Plus prosaïquement, toute phase de correction dans une tendance haussière sera composée de

trois vagues (correction) et toute phase de correction dans une tendance baissière sera dotée

41
de cinq vagues (impulsion). A l’inverse, toute phase de hausse dans une tendance haussière

sera composée de cinq vagues (impulsion) et toute phase de rebond dans une tendance

baissière sera dotée de trois vagues (correction). Ainsi, observer une phase de correction en

cinq vagues dans un bull market est impossible. Il s’agit sans doute de la première vague de

tendance baissière.

Cette décomposition en vagues peut s’appliquer sur des échelles de temps très larges : du

Grand supercycle qui peut aller jusqu’à deux-cents ans, au cycle mineur qui peut ne

représenter que quelques heures. Mais ce qu’il faut retenir par-dessus tout, est que le cycle de

huit vagues se produit indépendamment du cycle temporel. Autrement dit, il se produit tout le

temps, peu importe l’échelle de temps étudié.

Pour déterminer quel mouvement représente quelle vague, il faut savoir ce que chaque vague

représente, autrement dit leur personnalité.

2.2.1.2. Psychologie des vagues

Vagues 1

Il est généralement très difficile d’identifier une vague 1, notamment du fait qu’elle soit

souvent interprétée comme étant un simple rebond. Elle fait en principe suite à une très forte

tendance baissière. Elles sont courtes et rapides : il arrive parfois qu’elles se décomposent en

seulement trois vagues au lieu de cinq (cas rare), même si c’est une vague d’impulsion. D’où

la difficulté de l’interpréter. C’est à ce moment-là que les plus initiés, aussi appelés

« astucieux » accumulent leurs positions. La théorie de DOW affirmait qu’ils disposaient

d’informations privilégiées qui leur permettaient d’anticiper avant les autres.

42
Vagues 2

Les vagues 2 sont généralement assez violentes. Elles corrigent la vague 1 de manière assez

prononcée, ce qui tend à faire penser à une reprise de la tendance baissière (donc à une vague

C). Cette vague 2 peut parfois même corriger jusqu’à presque 100 % du mouvement de la

vague 1, sans toutefois pouvoir corriger davantage (cela invaliderait ce scénario selon lequel il

s’agissait d’une vague 2). Il est alors possible d’observer une configuration graphique en

double-bottom (dans le cas d’un mouvement bull), ou en double-top (dans le cas d’un

mouvement bear).

Vagues 3

Les vagues 3 constituent indubitablement le mouvement principal. Elles durent en général

plus longtemps et sont plus dynamiques que les autres vagues (extensions). Elles ne sont

jamais les plus courtes. C’est dans les vagues 3 qu’interviennent la majorité des intervenants

(professionnels et public initié), qui sont alors qualifiés de « suiveurs ». Cet engouement se

confirme alors par une reprise du volume qui vient confirmer la qualité du mouvement.

Vagues 4

Elles sont par principe moins significatives que les vagues 2 en termes de correction. Elles

viennent consolider le marché mais évoluent cependant de manière plus ou moins complexe,

avec notamment le principe d’alternance qui sera développé dans la prochaine sous-partie.

Cette correction des cours ne peut jamais retracer à 100 % la vague 3 et à plus forte raison, ne

doit jamais enfoncer le sommet de la vague 1 (dans une tendance haussière) ou le creux de la

vague 1 (dans une tendance baissière).

43
Vagues 5

La vague 5 est une vague de fin de tendance qui est en général peu dynamique (moins

dynamique que la vague 3), qui dure assez longtemps et qui permet au marché d’atteindre un

nouveau plus haut, même si cela n’est pas toujours vrai : c’est le phénomène de distribution

développé précédemment qui est en marche. Les petits porteurs entrent en position alors que

les « astucieux » distribuent leurs positions pour sortir du marché. On constate alors une

baisse du volume et le marché peine à atteindre un nouveau sommet (pour une tendance

haussière) ou un nouveau creux (pour une tendance baissière). Les vagues 5 connaissent

quelques fois un phénomène d’extension. Les extensions seront développées dans la

prochaine sous-partie.

Vagues A

Tout comme pour la vague 1, il est assez complexe d’interpréter les vagues A qui peuvent être

perçues comme une simple phase de correction technique. La vague A doit par conséquent

être composée de cinq sous-vagues, étant donné qu’il s’agit bien d’une vague d’impulsion.

Ces vagues arrivent évidemment au terme d’une tendance haussière.

Vagues B

Cette vague corrige la vague A dans de faibles volumes et il peut arriver parfois qu’elle

corrige le mouvement de la vague A jusqu’à 100 %. Ce qui permet d’observer une

configuration graphique en double-top (pour un mouvement baissier) ou double-bottom (pour

un mouvement haussier). Elles ont un comportement similaire à la vague 2.

44
Vagues C

Les vagues C ont un comportement assez similaire aux vagues 3. Il est en conséquence très

difficile de les interpréter. En effet, elles sont en général assez longues avec une reprise du

volume. Ce qui reflète véritablement les caractéristiques des vagues 3. Sommes-nous entrés

dans un réel marché baissier ou sommes-nous simplement dans une phase de correction

efficace dans un marché haussier (voir schéma n°1 et 2).

Schéma n°1

Forte baisse
dans un
marché
haussier

Schéma n°2

Forte hausse dans


un marché
baissier

45
La compréhension ainsi que l’assimilation de la personnalité et de la psychologie intervenant

dans chacune des vagues est primordiale pour mieux les interpréter. Il est cependant peu

judicieux de s’en tenir seulement à cet aspect des vagues, sans tenir compte de la dynamique

et des règles qui les composent. La prise en compte de l’ensemble de ces éléments habilitera

l’intervenant à adopter un comportement digne des plus grands elliottistes.

2.2.2. Dynamique des vagues d’Elliott

Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est que la dynamique des vagues d’impulsion est différente

de celles des vagues de correction. C’est pourquoi il est important de les séparer en deux

catégories, en commençant par les vagues d’impulsion, puis par les vagues de correction.

2.2.2.1. Vagues d’impulsion

Extensions

La plupart des vagues d’impulsion connaissant des extensions, c’est-à-dire qu’elles

connaissent plusieurs subdivisions qui, au final, ne représentent qu’une seule et même vague.

Ces extensions ne peuvent se produire que sur une seule des trois vagues d’impulsion. La

vague qui fait l’objet d’une extension sera donc beaucoup plus longue que les autres. Si les

vagues 1 et 3 sont de tailles approximativement identiques, la vague 5 pourrait connaître une

extension. De même, si la vague 1 subit une extension, il est fort probable que les vagues 3 et

5 aient des tailles approximativement équivalentes. Il arrive parfois que les extensions

prennent la forme de subdivisions dont l’amplitude et la durée coïncident avec les quatre

autres vagues de la tendance. Ce qui complexifie l’interprétation des vagues. Cela peut en

46
effet donner une tendance à neuf vagues dont il est difficile de savoir quelle vague subit une

extension (voir schéma n°3)3.

Schéma n°3

Dans la pratique, c’est souvent la vague 3 qui fait l’objet d’une extension. Pour rappel, la

vague 3 ne doit jamais être la plus courte. C’est une des règles elliotistes à maîtriser et elle

sera développée dans la partie adaptée.

3
Elliottwave.com

47
Il arrive aussi assez souvent qu’une extension subisse elle-même une extension. Par exemple,

la vague 3 subit une extension. Dans cette même vague, il peut y avoir cinq autres vagues

(voir l’illustration de cet exemple ci-dessous).

Ce schéma montre bien l’extension d’une extension sur la vague 3.

Il est possible d’estimer la longueur des extensions grâce aux ratios de FIBONACCI. Les plus

utilisés seront 1.618 et 2. Ainsi, lorsque la vague 1 et la vague 3 sont à peu près équivalentes,

il est possible de multiplier la taille de l’une de ces vagues par 1.618 ou 2 pour fixer le

sommet qui sera atteint par la vague 5.

Failure

Il arrive parfois la vague 5 n’arrive pas à atteindre un nouveau sommet (dans un marché

haussier) ou un nouveau plus bas (dans un marché baissier) et donc n’arrive pas aller plus loin

que la vague 3. C’est ce qu’appelle R. N. ELLIOT une failure. Cela se produit généralement

lorsque la vague a été particulièrement significative. Pour anticiper la failure, il faut suivre

attentivement le décompte de la vague 5 (voir les schémas ci-dessous).

48
Failure dans un marché haussier

Failure dans un marché baissier

Après une vague 3 très efficace, il faudrait s’attendre à une vague 5 plus laborieuse.

Figures en Biseau ou diagonal

Cette figure s’effectue principalement sur la vague 5. C’est formation en biseau ou diagonal

traduit un essoufflement du marché. Ce biseau sera lui-même composé de cinq vagues et

chaque vague sera composée de trois vagues (formation en 3-3-3-3-3). Ces vagues seront de

plus en plus réduites. La figure sera confirmée lors de la cassure du biseau, qui normalement

doit se faire à la fin de la cinquième vague (cinq vagues composées de trois vagues chacune).

La cassure se fera par le bas pour un biseau haussier et par le haut pour un biseau baissier.

49
Voici ci-dessous les biseaux respectant ces principes.

Cette formation des vagues fonctionne aussi bien pour un biseau fermé (comme ci-dessus)

que pour un biseau élargi (voir graphique du DOW JONES ci-dessous)4.

4
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50
Le point important à retenir, est que dans ce cas de figure et seulement dans ce cas, le bottom

de la vague 4 peut enfoncer le top de la vague 1 (mais pas obligatoirement).

Voici donc les principales caractéristiques concernant la dynamique des vagues d’impulsion.

Les vagues de correction, qui en général, sont plus difficiles à identifier présentent des

caractéristiques différentes.

2.2.2.2. Vagues de correction

Comme dit précédemment, les vagues de correction sont des vagues se forment dans le sens

inverse de la tendance principale. De par la difficulté de les identifier clairement, elles

connaissent un plus grand nombre de configurations que les vagues d’impulsion. Il n’est donc

pas chose aisée d’être certain que telle vague est bien une vague de correction, sauf lorsque la

vague est déjà bien derrière nous. Le point important à retenir est que les vagues de correction

sont toujours au nombre de trois, jamais cinq. En conséquence, un mouvement constitué de

cinq vagues qui fait son apparition contre la tendance ne constituera jamais une vague de

correction, mais un début de vague d’impulsion de la tendance baissière.

Les vagues de correction connaissent deux types de variations : les corrections sharp qui sont

des corrections brutales contre la tendance et retracent généralement plus de 50 % du

mouvement précédent (souvent une vague 2) et les corrections sideways qui représentent

d’avantage une correction « latérale » et retracent bien souvent moins de 50 % du précédent

mouvement (souvent une vague 4). Le principe d’alternance qui s’applique à ces types de

correction sera développé dans la prochaine sous-partie.

51
Les figures de correction sont principalement au nombre de quatre : les zigzags, les flats, les

triangles ainsi que les double-trois et triple-trois.

Zigzags

Les zigzags ont une formation en 5-3-5, c’est-à-dire que les trois vagues de correction sont

subdivisées en cinq vagues, trois vagues puis cinq vagues (voir schémas ci-dessous).

Correction dans un marché haussier

Correction dans un marché baissier

52
A noter que dans ces mouvements de correction, la vague B retrace faiblement la vague A et

la vague C surpasse largement la vague A. Il arrive parfois, dans une moindre mesure, de

rencontrer deux zigzags à la suite, séparés par une correction de trois vagues : les doubles

zigzags (schéma ci-dessous).

Il est également possible d’observer de manière encore plus rare des triples zigzags (alors

séparés par deux phases de corrections de trois vagues. Voici ci-dessous ce qui s’est produit

sur le S&P 500 de janvier 1977 à mars 1978 (voir ci-dessous)5.

5
Elliottwave.com

53
Les cours ont suivi exactement le mouvement du double zigzags ABC deux fois, séparé par

un mouvement de correction de trois vagues (de (w) à (x)).

Flats

Les flats ont une formation en 3-3-5, à la différence des zigzags. La vague A manque de force

et n’arrive pas à se développer en cinq vagues, mais seulement trois. Cela témoigne de la

faiblesse du mouvement correctif. La vague B, comme à son habitude, formée de trois vagues,

parvient à retracer quasiment tout le mouvement de la vague A. Enfin la vague C se compose

bien de cinq vagues et termine sa course proche du niveau de la vague A (et peut même la

dépasser), contrairement aux zigzags dans les lesquelles la vague C surpasse largement la

vague A. Voici ci-dessous les schémas illustrant les flats.

Correction dans un marché haussier

Correction dans un marché baissier

54
Généralement, les corrections en flats font suite à un mouvement précédent très efficace. En

d’autres termes, plus le mouvement précédent est puissant, moins la correction en flat sera

significative. Cela témoigne de la force de la tendance sous-jacente. Les flats reflètent donc

davantage un mouvement de consolidation qu’un mouvement de correction.

Comme précisé dans le paragraphe précédent, il arrive, même plus fréquemment, que la vague

C dépasse la vague A : les expanded flats selon PRECHTER ou les irregular flats selon

ELLIOTT. Le début de la figure est identique, avec la vague A en trois vagues, sauf que la

vague B, aussi composée de trois vagues, va retracer plus que le mouvement effectué par la

vague A. De plus, la vague composée de cinq vagues va réussir à dépasser le point formé par

la vague A. Une illustration ci-dessous.

Correction dans un marché haussier

Correction dans un marché baissier

55
Plus que des schémas, visualiser cette situation sur un graphique réel sera plus parlant. Ci-

dessous, un graphique6 illustrant l’irregular flat sur le DOW JONES d’août à novembre 1973.

Pour s’assurer de la validité des mouvements, il faut toujours s’assurer du décompte de

nombre de vagues (ici 3-3-5, donc trois vagues majeures).

Triangles

Les triangles ont une formation en 3-3-3-3-3. Ces figures sont souvent synonymes de perte de

vitesse, diminution des volumes et de la volatilité. Elles font souvent leur apparition avant le

dernier mouvement de la tendance majeure (donc en vague 4 et en vague B dans une

formation A-B-C). Ces triangles, qui sont le reflet d’une consolidation très modérée, retracent

généralement moins de 50 % et assez souvent aux alentours de 38.2 % (ratios de

FIBONACCI). Il existe principalement trois types de formations en triangles : les triangles

symétriques (contracting), les triangles ascendants et descendants (barrier:

ascending/descending) et les triangles élargis (expanding). Ci-dessous, des illustrations

schématisant les différents types de triangles.

6
Elliottwave.com

56
Les vagues sont au nombre de cinq, mais toutes subdivisées en trois vagues, dont la taille

devient de moins en moins significative. La rupture d’une des droites d’un triangle dans le

respect du décompte du nombre de vagues permet la validation de la figure. Il existe

cependant des faux signaux qu’il convient de surveiller attentivement. Par exemple, il se peut

que la cinquième vague sorte du triangle prématurément pour poursuivre sa tendance avant

même de reprendre appui sur le triangle. Parfois même, les cours sortent du triangle pour

évoluer dans le sens contraire à la tendance majeure, et ce, avant de repartir brutalement dans

le sens de celle-ci. Il convient de redoubler de vigilance dans ce genre de situations.

Il est quand même judicieux de se rappeler de la validité des configurations graphiques en

triangle en général, notamment le fait que pour être valide, un triangle doit faire l’objet d’au

57
moins quatre points de contact : deux sur la droite de résistance et deux sur la droite de

support.

Double-trois et triple-trois

Les double-trois et triple-trois prennent généralement la forme d’une consolidation

horizontale. Le double-trois est composé de deux mouvements de correction A-B-C séparés

par une vague X (composant un total de sept vagues).Quant au triple-trois, trois mouvements

de correction A-B-C sont séparés par deux vagues X (voir ci-dessous).

Double-trois Triple-trois

Ces différents types de figures de correction prennent parfois la forme de combinaison entre

elles. Ce cas de figure est plus rare, mais a quand même le mérite d’exister. Voici ci-dessous

un exemple de combinaison.

Il peut également y avoir une combinaison en flat, zigzag suivi d’un autre zigzag.

58
Pour laisser le moins de place possible au hasard et essayer de repérer les vagues de la

manière la plus fiable possible, il convient de connaître certaines règles à maîtriser

parfaitement.

2.2.3. Règles elliottistes

2.2.3.1. L’alternance

Ce principe s’adresse principalement aux vagues de corrections et plus particulièrement les

vagues 2 et 4. Certes, ce principe ne dit pas précisément ce qui va se passer, mais il est très

utile pour donner des indications claires de ce qui ne devrait pas se passer. Ce principe est

simple : Si la vague 2 corrige de manière complexe (en sharp) la tendance principale, il y a de

fortes chances que la vague 4 corrige de manière plus simple (en sideways). L’inverse est tout

à fait valable. En d’autres termes, si la vague 2 corrige fortement le mouvement précédent

(plus de 50 %), la vague 4 retracera très probablement moins de 50 % du mouvement

précédent. Plus simplement, on pourrait les schématiser7 ainsi :

Les corrections complexes peuvent être identifiées par des formations en triangles ou en

irregular flats et les corrections simples seront davantage représentées par des formations en

7
Elliottwave.com

59
zigzags ou en flats. Il s’agit donc d’un principe simple à comprendre, mais qui peut être

précieux pour anticiper la manière dont les choses devraient évoluer ou pas.

2.2.3.2. Règles sur la psychologie et personnalités des vagues

Règle 1

La vague 3 ne peut en aucun cas être la plus courte, c’est même la plupart du temps la plus

longue. Elle doit être plus longue qu’au moins une des deux autres vagues d’impulsion de la

tendance principale. Il est cependant possible de voir une vague 3 d’une longueur

relativement proche d’une autre vague, mais jamais plus courte. En effet, comme décrit

précédemment, la vague 3 constitue le mouvement principal de la tendance (avec entrée des

professionnels et du public initié). S’il s’avère que la vague 3 se trouve plus courte que la

vague 5 par exemple, il faut recommencer le décompte. C’est une règle indiscutable et sans

équivoque.

Règle 2

La vague 2 ne doit pas enfoncer la vague 1 (elle ne peut pas faire de nouveau plus bas dans un

début de tendance haussière). Sinon, il ne s’agit pas d’une tendance haussière et il faudra

reprendre le décompte. La vague 2 retrace généralement 20 % de la vague 1, mais corrige

davantage assez souvent. Il existe cependant une exception à cette règle. La formation des

vagues en biseau constitue le seul cas où l’enfoncement du point extrême formé pour la vague

1 est autorisé.

Règle 3

La vague 4 ne peut jamais enfoncer le sommet formé par la vague 1. La vague 4 constitue en

effet une correction de la vague 3 qui est la plus longue. Elle vient donc corriger le

60
mouvement précédent avant de repartir à la hausse pour atteindre un nouveau sommet ou

creux (constitution de la vague 5). La correction doit en conséquence ne pas être trop brutale

au point d’enfoncer la vague 1, ce qui remettrait en cause la tendance. Ceci étant, un

chevauchement avec le top (pour un marché bull) ou le bottom (pour un marché bear) de la

vague 1 d’une ampleur de 10 % peut être toléré.

Règle 4

L’une des trois vagues d’impulsion à une grande probabilité de connaître une extension.

D’après R. N. ELLIOTT, une extension ne doit pas constituer une fin de mouvement. De ce

fait, si une vague 5 fait l’objet d’une extension, le mouvement de correction qui suivra

permettra très probablement aux cours d’atteindre un nouveau sommet (phénomène

d’irregular flat), par exemple une vague B qui corrige fortement la vague A au point de

surpasser le sommet (creux) formé par la vague 5 sur la tendance haussière (baissière).

Règle 5

Le calcul d’objectif de cours doit se faire par rapport à la taille des vagues et d’un ratio de

FIBONACCI. Par exemple, si la vague 1 fait l’objet d’une extension, la vague 3 et 5 seront

presque équivalentes (la vague 3 doit cependant être toujours plus longue). Si la vague 1 et 3

sont de tailles relativement proches, la vague 5 sera égale à 1.618 fois la taille de la vague 1

ou 3. Elle pourra également être un peu plus longue, auquel cas il faut essayer d’autres ratios,

comme 2 ou encore 2.618.

Règle 6

La vague parfaite n’existe pas. Cependant, si elle existait, elle serait formée de la manière

suivante : la vague 2 retrace environ 61.8 % du mouvement de la vague 1, la vague 3 qui est

61
la plus longue doit être équivalente à 1.618 fois la vague 1, la vague 4 qui en principe doit être

moins brutale que la vague 2 retracera environ 38.2 % de la vague 3 et donc respecte le

principe de l’alternance et enfin la vague 5 à une taille équivalente à la vague 1. Cette vague

constituerait l’idéal et permettrait une prédictibilité incontestable. Il faut donc, jusqu’à preuve

du contraire, chercher des configurations proches de celle-ci.

Règle 7

L’anticipation d’un nouveau point extrême peut se faire par l’utilisation des ratios de

FIBONACCI. Il s’agit d’évaluer l’écart entre les deux derniers points extrêmes (tops ou

bottom) et de le multiplier par le nombre d’or 1.618. Cette multiplication donnera un nombre

de jour, qui à ajouter au jour où a eu lieu le dernier point extrême pour obtenir la date du

prochain point extrême. Cette méthode est décrite plus haut et illustrée d’un graphique.

Tous ces principes et règles qui sont le fondement de la dynamique des vagues d’Elliott sont

le reflet des travaux R. N. ELLIOTT qui s’inspire de la théorie de DOW, insistant sur

l’importance de la psychologie des marchés, mais aussi des nombres de FIBONACCI.

Appliquer les vagues d’Elliott reviendrait à appliquer l’ensemble des principes qui ont, entre

autre, fondé l’analyse technique. Tous ces concepts théoriques d’importance fondamentale

compris et bien assimilés, il est temps de passer à la pratique.

2.2.4. Utilisation pratique

2.2.4.1.Echelle temporelle d’intervention

Avant toute chose, il convient de déterminer les bases de notre analyse en fonction du style

d’intervention sur le marché propre à chacun. Est-on un investisseur court terme (intra-day,

journalier), de moyen terme (hebdomadaire) ou de long terme (mensuel, annuel). Mais même

62
avec la détermination de l’échelle de temps, il convient de garder à l’esprit le phénomène qui

constitue la base même des vagues d’Elliott : la fractalisation des cours. Ainsi, des vagues

apparaissant sur un graphique hebdomadaire feront l’objet de subdivisions de vagues sur un

graphique journalier.

L’idéal donc, pour identifier les vagues, est de garder trois échelles de temps différentes : une

échelle de temps normale (adapté à notre profil), une deuxième échelle un peu plus longue et

une troisième échelle encore un peu plus longue. Le graphique ayant la plus grande échelle de

temps permet d’identifier la tendance générale, l’échelle intermédiaire permet de voir les

décompositions des vagues majeures et enfin l’échelle de temps principal (la plus petite)

permettra d’affiner les configurations graphiques et d’identifier les figures qui se forment. Il

faut toujours garder plusieurs échelles de temps pour ne pas être pris à contre-courant.

Par exemple, apercevoir une la formation de cinq vagues sur l’échelle de temps réduite peut

permettre à une échelle de temps un peu plus grande, d’observer que ces cinq vagues ne

forment que la première (vague 1) des cinq vagues d’impulsion. Ainsi, dans la première

échelle de temps, là où il faut s’attendre à une correction A-B-C correspondra sur la deuxième

échelle de temps à la vague 2. Or, il est clair qu’après une vague 2, une vague 3 est attendue,

ce qui n’est pas le cas de la correction en vagues A-B-C. D’où l’importance des échelles de

temps.

2.2.4.2. Identification de la première vague

Repérer la première vague (vague 1) n’est pas chose aisée, comme expliqué précédemment.

Donc une fois les échelles de temps choisies, il faut identifier les points extrêmes à l’aide du

graphique dont l’échelle de temps est la plus élevée. En effet, un décompte de vagues

commence à partir d’un plus bas pour une tendance qui s’annonce haussière, ou d’un plus

haut pour une tendance qui s’annonce baissière. Il faut veiller à faire attention de ne pas

63
confondre une vague 1 et vague de correction B. Respecter les points extrêmes doit pouvoir

éviter cet ambiguïté.

2.2.4.3. Décomposition en vagues de la tendance principale

Suite à la déterminer des échelles de temps et à l’identification du point de départ de la

première vague, il faut chercher à décomposer la tendance majeure en vagues selon le respect

de la dynamique, des principes et des règles elliottistes. Il faut avant tout essayer de repérer à

l’œil nu les différentes vagues globalement (phases d’impulsion ou de correction). Il est

important de bien garder à l’esprit les points extrêmes qui conditionnent, entre autre, le

passage d’une vague à une autre. La phase de décompositions en vagues débute alors et il faut

veiller à ce que ces décompositions respectent bien les fondamentaux des vagues d’Elliott

(voir graphique 9).

Graphique 9 : Graphique journalier du CAC 40. La formation des vagues est claire et sans

équivoque. Il s’agit d’un graphique représentant la période du premier semestre 2012.

64
La vague 3 majeure vient d’être formée et la vague 4 majeure doit être en cours de formation.

Les décompositions en vagues fournissent donc une information précise et les règles sont bien

respectées. En effet, en respect des règles elliottistes, la vague 2 majeure retrace la vague 1

majeure en trois mouvements (qui peut elle-même être presque subdivisée en double-trois)

sans toutefois l’enfoncer. La vague 4 majeure n’a pas enfoncé le top de la vague 1 et devrait

corriger de manière un peu plus brutale les cours (étant donné que la vague 2 majeure à

davantage consolider que véritablement corriger. La vague 3 est égale à 1.328 fois (nombre de

FIBONACCI) la vague 1. La vague 5 lorsqu’elle aura lieu, devrait avoir une taille similaire à

la vague 1 (la vague 3 ayant subi une extension). Si ce n’est pas le cas et que le bottom de la

vague 4 enfonce le top de la vague 1, c’est qu’il ne s’agissait pas d’une vague 4. Il faut alors

revoir la formation des vagues (peut-être que les vagues majeures 1, 2 et 3 ne constituent en

réalité que la vague 1). Toutes les vagues mineures qui ont été subdivisées respectent

égalements les règles elliottistes.

Il convient de bien cependant de bien garder à l’esprit qu’il existe d’autres types de

décomptes. L’intérêt de l’application de cette méthode est de permettre plusieurs d’établir

plusieurs scénarios possibles, le but ultime étant de trouver le scénario le plus probable.

Mais au-delà des ratios, l’allure des vagues apparaît comme très importante aux yeux de R. N.

ELLIOTT. Dans le cas où l’allure n’est pas identifiable, le respect des ratios devient

primordial.

2.2.4.4. Application des ratios et retracements de FIBONACCI dans les


décompositions en vagues

Pour rappel, toutes les décompositions en vagues respectent la suite de FIBONACCI : total de

huit vagues, décomposées en cinq vagues de tendance (composées elles-mêmes de trois

65
vagues d’impulsion et de deux vagues de correction) et trois vagues de correction de cette

tendance, formant à son tour une autre tendance.

Ratios de FIBONACCI

En règle générale, la vague 3 doit être multipliée par 1.618 qui constitue l’objectif minimum

(comme vu plus haut, elle a été multipliée par 2) à compter de la vague 2. Il est également

possible de fixer un objectif pour la vague 5. Celle-ci doit être multipliée par 3.236 (qui

correspond à 2 x 1.618). L’obtention de ce nombre constituera l’objectif minimum du point

extrême de la vague 5 à compter du point extrême de la vague 1. Lorsque la vague 1 et la

vague 3 sont de tailles assez proches, la vague 5 devrait connaître une extension. L’objectif

fixé pour le point extrême de la vague 5 en extension peut être obtenu en multipliant l’écart

existant entre le point extrême de la vague 1 et le point extrême de la vague 3 par 1.618. Cet

objectif sera fixé à compter de la vague 4. Dans un triangle symétrique, chaque rétrécissement

d’une vague correspond approximativement à 0.618 fois la vague qui la précède.

Retracements de FIBONACCI

Les pourcentages de retracements les plus utilisés sont 61.8 % (qui est souvent arrondi à 62

%), 38.2 % (arrondi à 38 %) et 50 %. Ces ratios permettent de fixer des objectifs. Il est

possible de remarquer une caractéristique très importante des retracements de FIBONACCI.

Dans une forte tendance, les cours ont tendance à retracer 38 % du mouvement précédent.

Dans le cas d’une faible tendance, les cours retracent généralement 62 % du mouvement

précédent.

De ce fait, il est possible de déterminer des objectifs pour les vagues d’Elliott. Dans une

tendance forte (vagues 1, 2, 3, 4, 5), les vagues de correction A aura très souvent tendance à

retracer 38 % à 50 % du mouvement précédent. La vague B reviendra sur les 24 % des

retracements et la vague C corrige plus de 62 % de la tendance sous-jacente. Ce qui est

66
important à retenir, c’est qu’il de configurations qui reviennent le plus souvent. Autrement dit,

il existera toujours d’autres configurations, qui respecteront par obligatoirement ces

retracements, mais qui seront quand même valides. De manière plus générale, ce qu’il est

important de retenir, c’est que les corrections se font sur les ratios (voir graphique10). Une

vague C peut très bien corriger moins de 62 % ou plus de 62 %.

Comme toujours, le respect des règles et principes des vagues d’Elliott conditionnera la

validité des vagues.

Graphique 10 : Graphique journalier du DAX, correspondant à la période du début juillet

2011 à mi-mars 2013. Les vagues ont également été décomposées en vagues majeures et en

vagues mineures subdivisées pour montrer que les décompositions ne sont pas le fruit du

hasard.

Les cours ont bien retracé 50 % de la tendance baissière (vague A). La vague B, qui a un

comportement similaire à la vague 2, redescend brutalement au niveau des 20-24 % et la

vague C a retracer plus de 62 % des retracements de FIBONACCI et même presque la totalité

67
de la tendance sous-jacente. Cette dernière vague respecte bien aussi son comportement qui

ressemble à la vague 3.

Il est possible de remarquer la formation d’un biseau descendant qui vient confirmer la fin de

la vague 5. Les cours ont bien effectué cinq points de contact avec le biseau avant sortir et de

corriger le mouvement baissier.

Comme toujours, il est bon de rappeler que les décompositions en vagues présentent sur ce

graphique respectent bien les règles elliottistes. La taille des vagues est bien respectée, la

vague 3 n’est jamais la plus courte, les vagues 2 n’ont jamais corrigé à 100 % les vague 1,

aucune des vagues 4 n’a enfoncé le point formé par la vague 1, etc.

Les retracements de FIBONACCI sont donc très efficaces pour prévoir l’ampleur des

mouvements de correction.

2.2.4.5. Utilisation des canaux et des volumes

Une autre technique très efficace consiste à tracer des canaux de tendance. D’après R. N.

ELLIOTT, les vagues ont tendance à entrer en contact avec les droites des canaux, chaque

point de contact correspondant au point formé par une vague. Dès l’identification de la

tendance, il convient de tracer le canal correspondant, qui sera un canal temporaire. Pour cela,

il faut attendra la formation de la troisième vague. Dès lors, il faudra tracer une droite reliant

le point extrême de la vague 1 et le point extrême de la vague 3. Une droite parallèle sera

ensuite tracée de sorte qu’elle ait un point de contact avec la vague 2. Cette droite permettra

de fixer un objectif pour la vague 4.

Si celle-ci ne trouve aucun point de contact avec la droite parallèle tracée, il faut réajuster le

canal. La droite inférieure du canal doit relier les points extrêmes formés par les vagues 2 et 4.

La droite supérieure du canal est alors réajustée pour qu’elle soit parallèle à la droite

68
inférieure, tout en étant en contact avec la vague 3 (si celle-ci a une taille normale (la droite

qui relie la vague 1 et 3 ne doit pas être presque à la verticale)). S’il s’avère que la vague 3

développe une taille anormale (très supérieure), il convient d’ignorer ce point et tracer la

droite parallèle à la droite inférieure, en faisant en sorte qu’elle soit au contact de la vague 1

(voir graphique ci-dessous)8

2.2.4.6. Identification de figures chartistes par la théorie d’Elliott

Epaule-tête-épaule

Dans la formation de cette figure, la vague 3 doit constituer la première épaule. La vague 4,

qui corrige la vague 3, doit permet de fixer le premier point de la ligne de cou. La formation

de la vague constitue ensuite la tête. Enfin vient le mouvement de correction avec la vague A

qui vient constituer le deuxième point de la ligne de cou, la vague B corrige la vague A et

revient au niveau de la vague 3 pour former la deuxième épaule. La vague C doit être

suffisamment forte pour dépasser la ligne de cou et corriger alors l’intégralité de la figure. Il

serait également judicieux de se rappeler que la figure en épaule-tête-épaule doit être

8
Elliottwave.com

69
confirmée par les volumes. Ils sont donc également utiles pour savoir dans quelle vague les

cours sont actuellement.

Drapeaux

Ils ont souvent lieu lors de phases de consolidation. Il faudra alors surveiller les vagues de

correction mineures pour savoir si la formation d’un drapeau est en cours. Par exemple, les

corrections en zigzag (5-3-5), les vagues formant le mouvement A-B-C de cette figure

peuvent constituer le drapeau (ou le fanion) et la première vague du zigzag correspondant au

mouvement 1-2-3-4-5 constitue alors le mât.

Double top

Comme pour la figure en épaule-tête-épaule, la vague 3 constitue le premier top et la vague 4

fixe le point de la ligne de cou. En revanche, la vague 5 n’arrive pas à atteindre un nouveau

sommet (failure) et arrive au même niveau que la vague 3, voire légèrement inférieur. Le

mouvement de correction A-B-C permet alors de finaliser la figure. La vague A retrace

totalement la vague 5 qui manquait de force, la vague B corrige légèrement la vague A pour

faire un pull-back et la vague C et termine la figure.

2.2.4.7. Indicateurs techniques

L’utilisation d’indicateurs techniques, en particulier, des oscillateurs bornés, sont très utiles

pour situer les vagues dans la tendance majeure. L’utilisation donc du RSI et/ou encore de

l’indicateur stochastique permet de confirmer tel ou tel scénario. Ainsi, la formation d’une

vague 3, très dynamique et qui correspond à l’entrée sur le marché des professionnels et du

public averti (faisant suite à la phase d’accumulation), doit se caractériser par un indicateur

RSI en surachat (au-dessus du niveau des 70 généralement, selon la période utilisée pour le

RSI) pour un marché haussier, ou de survente (en-dessous des 30) pour une marché baissier,

70
de même que pour le stochastique qui doit se trouver au-dessus du niveau des 80 (pour un

marché haussier) ou en-dessous des 20 (pour un marché baissier).

L’indicateur stochastique doit traduire une inertie haussière (baissière) en restant bloqué dans

sa zone supérieure (inférieure). Le fait de rester bloqué dans les zones extrêmes peut traduire

un mouvement en extension. Le momentum se trouve également généralement dans les

extrêmes pour ce genre de situation. La vague 5, qui correspond à l’entrée sur le marché du

grand public (information largement diffusée dans les médias), correspond également à la

sortie des « astucieux » qui « distribuent » leurs positions. Elle se caractérise bien par la fin

d’un mouvement, avec une dynamique moindre que la vague 3. C’est en général sur ce genre

de vague qu’apparaissent les divergences entre les cours et les indicateurs techniques. Ces

divergences indiquent bien l’approche d’un mouvement de correction.

Très utiles dont dans l’aide à la prise de décision, ces indicateurs permettront de confirmer le

scénario prévu au départ. De trop fortes incohérences doivent permettre à l’analyste de

s’assurer que les décompositions respectent bien les règles et les principes elliottistes.

Il va de soi que, pour adopter le bon comportement elliottiste, il faut passer du temps à étudier

les graphiques. C’est véritablement la clé de la réussite et qui fera la différence entre un

« bon » et un « mauvais » elliottiste. En d’autres termes, il faut être motivé, prendre un

graphique horaire par exemple et essayer d’observer chaque vague en prenant en compte les

règles d’Elliott. A force de passer du temps, il deviendra de plus en plus facile d’identifier les

vagues et l’efficacité de cette stratégie ne tardera pas à surprendre par sa capacité prédictive.

Il faut retenir cependant qu’il n’existe pas un seul et unique décompte de vague, mais que

plusieurs scénarios sont toujours possibles. Chercher à établir le meilleur scénario en gardant

cette idée à l’esprit représente ainsi le bon comportement à adopter.

71
Les vagues d’Elliott permettent véritablement d’anticiper les tendances et les retournements,

mais son utilisation permet-elle de générer des rendements récurrents ? Répondre à cette

question convaincrait définitivement les « réticents » à cette méthode d’analyse.

3. Les décompositions en vagues : de bonnes


performances ?

3.1. Performances des décompositions en vagues

A partir des principes fondamentaux de cette stratégie, j’ai effectué des backtests sur deux

indices (le CAC 40 et le FTSE 100), l’once d’or en euro et une action. Seuls ces actifs seront

traités et pour un souci de qualité et de compréhension, l’analyse sur le CAC 40 sera la plus

développée. La période considérée pour le backtest est de début 2011 à début 2013. C’est une

période assez récente et permet donc d’avoir une meilleure appréhension de l’évolution

récente du marché dans un contexte difficile.

Pour chaque backtest, seront communiqués les gains sur des prises de positions long et short,

les pertes subies ou encore le ratio gains/pertes. L’Equity Curve sera également tracée et le

Max Drawdown calculé. Le capital de départ sera de 10 000 euros.

CAC 40

Le premier backtest réalisé concerne le CAC 40 (voir graphique 11 ci-dessous). Les flèches

placées sous les cours correspondent à une position à l’achat, et à l’inverse les flèches placées

au-dessus correspondent à une position à la vente. La petite croix située sous ou sur la flèche

correspond à la sortie de position.

72
Graphique 11 : Graphique journalier du CAC 40 sur la période du 03 janvier 2011 et 01

janvier 2013.

Les prises de positions se font sur toutes les vagues perceptibles (subdivisions), ce qui permet

de prévoir un retournement (correction ou rebond) à la fin de chaque décompte. L’utilisation

de la stratégie de décomposition en vagues des cours sur le CAC 40 dans la période

considérée a permis de générer un rendement de +118.87 %. Les gains réalisés sont de

19 208.47 euros et les pertes de 7 321.94 euros, ce qui génère un gain de 11 887 euros. Le

risque est maîtrisé avec un ratio gains/pertes de 2.6 en moyenne. Le rapport du backtest figure

en annexes (Annexe 1).

Il est possible de remarquer que les positions short permettent de générer plus de gains que les

positions long. Pour une position à la vente, 39 prises de positions sur 58 sont gagnantes alors

que pour une position à l’achat, 33 sont gagnantes. En revanche, les positions à l’achat

permettent de générer des rendements plus importants avec un gain moyen de 318 euros par

trades pour l’achat au lieu de 224 euros pour la vente. De plus, les pertes subies sont moins

conséquentes et le Max Drawdown le confirme : 1 272 euros pour les trades long et 2038

73
euros pour les trades short. Ci-dessous l’Equity Curve du CAC 40 avec l’utilisation de cette

stratégie (graphique 12).

Graphique 12 : Equity Curve du CAC 40 sur la période du 03 janvier 2011 et 01 janvier

2013.

Au final, ce qu’il est possible de retenir dans ce backtest, c’est que les positions à l’achat

génèrent de plus gros rendements, certes moins souvent que les positions à la vente, mais qui

permettent d’effectuer la majeure partie de la performance globale (ici plus de 60 %). Ces

hypothèses sont-elles valables en tout temps ? Il peut être judicieux d’analyser un autre indice.

FTSE 100

Les décompositions en vagues sur les cours du FTSE 100 sur la période définie (la même que

celle du CAC 40 ci-dessus) ont permis de générer un gain de +129.62 %. Le capital de départ

de 10 000 £ a également été plus que doublé (22 962 £). Cependant, la différence de

rendements générés par les trades long et les trades short est nettement moindre. En effet, sur

53 trades à l’achat, 36 sont gagnants. Pour les 53 trades à la vente, 35 sont gagnants. En

74
outre, les rendements générés sont de même ordre, avec des gains moyens de 224 £ par trades

long et de 243 £ par trades short. Le principe selon lequel les positions à l’achat rapportent

plus que les positions à la vente est donc remis en cause pour cette stratégie. Ci-dessous

l’Equity Curve du FTSE 100 (graphique 13).

Graphique 13 : Equity Curve du FTSE 100 sur la période du 03 janvier 2011 et 01 janvier

2013.

Once d’or en EUR

Cette stratégie a permis de générer sur l’once d’or en euro une performance de +120.22 % sur

la période considérée. La majorité des gains se font sur les trades long mais les trades short

permettent de gagner davantage sur chaque trade. Le Max Drawdown global est de 425.10 €

pour un gain maximal de 674.70 €. Ci-dessous l’Equity Curve du Gold Ounce EUR

(graphique 14).

75
Graphique 14 : Equity Curve du Gold Ounce EUR sur la période du 03 janvier 2011 et 01

janvier 2013.

Microsoft

Le gain réalisé sur l’action Microsoft est de +59.2 %. Les gains réalisés entre les trades long

et les trades short sont à peu près équivalents. Il en est de même pour le Max Drawdown qui

tourne autour de 725 $. Ci-dessous l’Equity Curve de l’action Microsoft (graphique 15).

Graphique 15 : Equity Curve de l’action Microsoft sur la période du 03 janvier 2011 et 01

janvier 2013.

76
Il faut cependant préciser que toutes les vagues sont prises en compte pour le backtest. Ces

backtests partent donc du principe où le moindre mouvement correctif est pris en compte et

calculé pour le décompte des vagues. Il est cependant rare en pratique de pouvoir identifier

toutes ces vagues étant donné leur complexité. Les performances ne seront donc pas aussi

élevées.

3.2. Versus stratégie Buy & Hold

CAC 40

Le cours de clôture du CAC 40 au 3 janvier 2011 est à 3 900.86 points et celui du 1 janvier

2013 est à 3 733.93 points. Si l’on devenait long sur le CAC 40 pendant toute la durée de la

période considérée (du 3 janvier 2011 au 1 janvier 2013) et que l’on dénouait sa position au

terme de cette période, la performance réalisée serait de -4,28 %. Le contraste est saisissant. Il

convient cependant de garder à l’esprit que les performances mirobolantes énoncées dans la

partie précédente reflètent les décompositions « parfaites » des mouvements boursiers. Dans

la réalité, ces performances seront moindres (en fonction de l’efficacité de l’analyste).

FTSE 100

Au 4 janvier 2011, le FTSE 100 est à 6 013.87 points et au 2 janvier 2013 à 6 027.37 points.

En cas de stratégie long sur cette période, la performance serait de +0.22 %.

Once d’or en EUR

L’once d’or en EUR cote 1 059.88 au 3 janvier 2011 et 1 266.16 au 1 janvier 2013. La

performance d’une stratégie long serait de 19.46 %.

77
Microsoft

Au 3 janvier 2011, l’action Microsoft vaut 27.98 $ et au 2 janvier 20133, elle vaut 27.62 $. La

performance dégagée serait de -1.29 %.

Sur une même période de temps, les deux stratégies appliquées permettent de constater des

différences frappantes de performance. Bien entendu, les rendements générés par la méthode

des décompositions en vagues dépendent de l’efficacité de l’analyste qui les utilise. Plus

celui-ci dénombre de vagues, plus il sera en mesure de prendre position et d’anticiper les

prochaines vagues pour ainsi tirer profit de chaque mouvement de marché. Il est important

d’insister sur le fait que dans la pratique, les performances énoncées ci-dessus sont quasiment

irréalisables étant donné qu’il est impossible de prévoir les mouvements de chaque vague

(rebond au lieu de correction…). Elles cependant un bon ordre de grandeur pour les bons

analystes qui appliquent scrupuleusement les règles elliottistes.

78
Conclusion

Les travaux de R. N. ELLIOTT ont permis aujourd’hui d’établir l’une des stratégies les plus

populaires au monde et surtout l’une des plus grandes capacités de prédictibilité pour celui qui

sait s’en servir. En effet, elle s’inspire de théories et découvertes scientifiques qui lui donnent

une crédibilité certaine. Du reflet de la psychologie des intervenants dans les cours, la

formation de figures confirmées par des volumes importants, au référence à la mer à et la

façon dont évoluent la marée, les vagues et les ondulations, la théorie de DOW est réellement

présente. Avec les nombres de FIBONACCI, la nature n’a jamais été aussi bien faite. Les

nombres d’or sont applicables aussi bien au domaine de la peinture (peintres qui utilisent les

dimensions 0, 1, 1.618) qu’à la géométrie et au dessin (visage humain, main, spirale

logarithmique, etc.). Cette stratégie a réellement fait ses preuves d’évènements

macroéconomiques difficiles. Robert PRECHTER a donc largement contribué à la

popularisation de cette stratégie en tirant son épingle du jeu lors de grandes crises financières.

Cette stratégie, qui peut paraît comme étant hasardeuse pour les plus débutants, doit être le

fruit d’un travail appliqué et constant. En effet, si c’est l’une des stratégies les plus complètes

en termes d’analyse graphique, c’est aussi l’une des plus complexes à mettre en œuvre. Il est

par ailleurs souvent dit qu’il y aurait autant d’analystes que de décomptes de vagues. En

conséquence, pour exploiter cette stratégie de la manière la plus optimale, il faut passer du

temps à scruter les graphiques à la recherche de vagues. C’est la meilleure façon d’apprendre.

La dynamique, les règles et les principes des vagues d’elliott doivent permettre aux

utilisateurs de cette stratégie de se poser les bonnes questions et donc d’identifier les bonnes

79
vagues. Ils guident l’analyste en cas de doute et lui permet de rester totalement objectif,

qualité indispensable en analyse technique.

Les différentes parties de cet Ebook permettent véritablement au lecteur d’assimiler cette

stratégie, en ayant bien compris les fondements de l’analyse technique et de la psychologie y

afférente. Tout est en effet lié avec cette stratégie et négliger un aspect revient à diminuer ses

chances de réussite sur les marchés. Devez-vous utiliser ou non cette stratégie ? C’est le but

même de ces recherches.

Les résultats obtenus par la mise en place de backtests rendant compte des performances de la

stratégie de décompositions en vagues des mouvements sont sans équivoques.

Ils sont majoritairement positifs. Il faut cependant constater que la stratégie fonctionne de

manière moins efficace sur les marchés actions étant donné la présence d’évènements qui

peuvent faire bouger fortement le prix des titres (OPA, split…).

Il pourrait être intéressant de savoir si les vagues d’elliott constitue une stratégie

automatisable, algorithmiquement parlant. L’automatisation enlèverait toute psychologie dans

l’interprétation des cours et par conséquent, tous les analystes apercevront les mêmes vagues.

Ce qui donnera beaucoup plus de force aux mouvements, puisque tout le monde bénéficie des

mêmes décompositions. On pourrait cependant ajouter qu’il y aura toujours une part de

psychologie, car tous les intervenants, même en bénéficiant de graphiques identiques,

n’interviendront pas de la même manière.

En attendant, il est clair qu’utiliser cette stratégie de la même manière que le faisait R. N.

ELLIOT reste incontournable pour celui qui veut durer sur les marchés.

80
Annexes
Annexe 1
CAC 40
Annexe 2
FTSE 100
Annexe 3
ONCE D’OR (EUR)
Annexe 4
MICROSOFT CORP.
Bibliographie

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