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02 Executive Summary
EXECUTIVE SUMMARY
COVID-19 s'est propagé à ce jour dans plus de 215 pays et infecté environ 2 millions de personnes, et Meryeme HADI
beaucoup voient une forte augmentation des nouvelles infections. Alors que les vaccins sont en cours Associate
de conception et que l’efficacité des traitements actuels nécessite du temps à être prouvée, l'impact +212 522 49 14 82
m.hadi@attijari.ma
humain potentiel de la maladie est immense et cause une préoccupation mondiale. Outre cet impact
humain, le coronavirus a également le potentiel de déclencher une crise économique majeure. Nous Abdelaziz LAHLOU
nous attendons actuellement à voir un impact négatif sur quasiment tous les secteurs de l'économie, Directeur Économie
+212 529 03 68 37
en lien avec les baisses des investissements des entreprises et des dépenses de consommation.
ab.lahlou@attijari.ma
Chez Attijari Global Research, nous évaluons continuellement les perturbations potentielles de l’éco-
nomie marocaine liées aux évolutions mondiales. Notre analyse ci-dessous se concentre sur la façon
dont la propagation du virus affectera l’économie marocaine. Pour ce faire, nous avons développé
trois scénarii d'évolution de la situation en 2020 et 2021, allant d'une récupération rapide à une pro-
fonde récession.
Au moment de la rédaction de ce document, les probabilités de chacun des scénarii sont toujours
incertaines, toutefois, le scénario le plus plausible est celui supposant un ralentissement écono-
mique avec une évolution des agrégats en U. Les résultats de ce scénario pour l’année 2020E sont un
ralentissement de la croissance à 0,9% ainsi qu’un creusement des déficits budgétaire et du compte
courant à 5,1% et 4,3% du PIB respectivement. Nous nous focaliserons également sur les industries
les plus exposées, étant donné que l’ampleur de l’impact n’est pas la même pour tous les secteurs.
L'objectif n'est pas d'être définitif sur l’impact économique de ce virus, mais plutôt de fournir des
informations sur une gamme de coûts économiques possibles de la pandémie. Dans le cas où COVID-
19 provoque une récession prolongée, qui affecteraient les sphères réelles et financières, une
gamme de réponses de mesures structurelles devraient accompagner les mesures conjoncturelles
déjà entreprises sur les plans monétaire, budgétaire et sanitaire.
RÉCAPITULATIF DE L’IMPACT DU COVID-19 SUR LES PRINCIPAUX AGRÉGATS MACROÉCONOMIQUES PAR SCÉNARIO
PIB
(Croissance en %) 3,8 1,2 -1,6 pts 0,9 -2,9 pts [-1,6;0,1] [-5,4;-3,7] pts
Déficit budgétaire
(en % du PIB) 3,8 4,7 0,9 pt 5,1 1,3 pts [6,1;6,8] [2,3;3,0] pts
Déficit du compte
courant 3,5 4,1 0,6 pt 4,3 0,8 pt [4,1;4,6] [0,5;1,1] pts
(en % du PIB)
Prévision 2020 par scénario Impact en points de PIB (comparé à la prévision pré-COVID-19) Niveau d’impact
La revue des répercussions économiques des différentes crises pandémiques nous mène à la conclusion suivante: chaque pan-
démie est unique. La prévision de ces répercussions repose ainsi sur des hypothèses approximatives plutôt que sur des mo-
dèles aux résultats avérés. Ces hypothèses dépendent de la vitesse à laquelle cette pandémie est contrôlée, de l'étendue de sa
propagation, de la contribution des secteurs affectés au PIB ainsi que de leurs vulnérabilités intrinsèques.
Grippe espagnole [1918-1919]
La comparaison la plus proche au COVID-19 s'est produite il y a plus d'un siècle, lorsque une maladie appelée «grippe espa-
gnole», a ravagé le globe de 1918 à 19191. Les données économiques du début du XXe siècle sont rares, cependant, une analyse
de la Federal Reserve Bank of St. Louis basée sur la presse écrite de l’époque a estimé que de nombreuses entreprises, en
particulier celles axées sur les services et les divertissements, "ont subi des pertes de revenus à deux chiffres".
Ebola [2013-2015]
Un rapport de la Banque Mondiale estime que la récente épidémie d'Ebola en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone a annulé
bon nombre des gains économiques des années précédentes pour ces pays qui, jusque-là, figuraient parmi les économies à la
croissance la plus rapide de l’Afrique Sub-saharienne. Un autre rapport de l'OMS explique que l'épidémie a provoqué une perte
de croissance substantielle dans le secteur privé, a menacé la sécurité alimentaire en raison d'une baisse de la production
agricole et a entravé le commerce transfrontalier suite aux restrictions mises en place.
En effet, de 2013 à 2014, « la croissance du produit intérieur brut (PIB) au Libéria a diminué de 8,7% à 0,7%, en raison de l'Ebola
et de la baisse des prix des produits de base, et celle de Sierra Leone (à l'exclusion du minerai de fer) a diminué de 5,3% à
0,8%. La croissance du PIB en Guinée en 2015, prévue à 4%, est tombée à 0,1% ». En outre, les recettes publiques provenant
des impôts directs sur les sociétés, de la TVA et des impôts indirects ont diminué dans les trois pays.
IMPACT DE LA GRIPPE ESPAGNOLE SUR LE PIB DES USA CROISSANCE DU PIB DES TROIS PAYS TOUCHÉS PAR EBOLA 2013
PIB Réél (en Croissance du
miliiards de Impact de la PIB(en %)
dollars de 1996)
Impact
grippe espagnole 15,0 Ebola
590,0
570,0 10,0
550,0
5,0
530,0
Guinée
510,0 0,0
Libéria
490,0 Sierra Leone
-5,0
470,0 PIB Réel
Croissance du PIB réel
450,0 -10,0
1915 1916 1917 1918 1919 1920 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
COVID-19 [2020]
Tant que la pandémie enregistre de nouveaux foyers de propagation, il est encore tôt de réaliser des études d’impact. Ceci-dit,
nous partageons les estimations préliminaires de trois institutions:
Banque Mondiale (publiée en 2010) : L’étude analyse les impacts économiques possibles d’une grippe en temps mo-
dernes basée sur des scénarii de grippes épidémiques. Ceux-ci sont calqués sur trois épidémies historiques d’intensité
différentes. Les résultats montrent que les régions les plus impactées en termes de croissance sont l’Europe et l’Asie
Centrale [2,1% ; 9,9%]2, suivie par l’Asie de l’Est [0,8% ; 8,7%] et enfin le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord [0,7% ; 7,0%].
OCDE3 (publiée le 02/03/2020): Cette publication a estimé qu'une pandémie de coronavirus grave et de longue durée qui
se propagerait en Asie, en Europe et en Amérique du Nord pourrait réduire le taux de croissance mondial à 1,5% en
2020, qui est à peu près la moitié de la prévision de la croissance de l'économie mondiale avant pandémie.
Cabinet McKinsey & Company (publiée le 25/03/2020): Cette recherche offre une perspective similaire et suggère qu'une
pandémie de COVID-19 plus sévère, dans laquelle les habitants devraient changer considérablement leurs habitudes de
travail et se distancier socialement pendant six à huit semaines, pourrait réduire de moitié le PIB mondial.
1
Selon les estimations du CDC, cette maladie a touché environ 500 millions de personnes et a coûté la vie à environ 50 millions de personnes dans le Monde
2
La borne inférieure (supérieure) de l’intervalle indique la perte en % du PIB relative au scénario le moins (plus) sévère
3
Organisation de Coopération et de Développement Économiques (36 pays membres)
ÉVOLUTION DE LA DEMANDE MONDIALE ADRESSÉE AU MAROC RECETTES VOYAGE: ÉVOLUTION & RÉPARTITION PAR PAYS EN 2018
En % En MMDH
Demande globale adressée au Maroc
75,0
20,0% UE
Hors UE
15,0% 70,0
10,0%
65,0
5,0%
0,0% 60,0
-5,0%
55,0
-10,0%
-15,0% 50,0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
En 2009, le commerce international a régressé de 11,9% Bien que les arrivées de touristes aient enregistré, en
en volume et la Demande mondiale adressée au Maroc 2009, une légère augmentation (2%), les nuitées dans
de plus de 12%. Cette évolution a engendré un recul des les établissements d’hébergement classés ont régressé
exportations marocaines de biens et services de 13,1% de 1,4% et les recettes touristiques ont diminué de 5%.
en volume.
TRANSFERTS MRE: ÉVOLUTION & RÉPARTITION PAR PAYS EN 2018 FLUX IDE: ÉVOLUTION & RÉPARTITION PAR PAYS EN 2018
En MMDH En MMDH
40,0
65,0 35,0
30,0
60,0
25,0
20,0
55,0
15,0
50,0 10,0
5,0
45,0 0,0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
La récession qui a frappé les principaux pays d’accueil, La crise financière mondiale n’a pas manqué d’inverser
particulièrement l’Espagne, la France et l’Italie, a com- la tendance haussière des IDE, entraînant de fortes ré-
mencé à se faire sentir sur les transferts des MRE à gressions des IDE de 26,3% en 2008 et 29,2% à fin sep-
partir du T4-2008. Globalement, ils ont régressé de 3,5% tembre 2009. Ce repli a concerné les principaux pays
en 2008 et de 5,4% en 2009 contre une hausse de 15% en émetteurs en l’occurrence la France (-26,1%), l’Espagne
2007. (-57,2%) et le Royaume-Uni (-47,1%).
1
Le nombre de cas confirmés au Maroc a atteint 2890 cas avec 64 décès déclarés au 10 mars 2010.
Face aux enjeux économiques et sociaux de la pandémie Covid-19, le Maroc a fait preuve d’une grande réactivité, et a tenté, tant que
possible, d’être proactif en adoptant une série de mesures. Nous en citons les principales relatives au volet économique.
La première initiative et sans doute la clé d’autres qui vont suivre, la création d’un fonds de soutien qui est alloué au fin ancement des
besoins sanitaires, et au soutien économique des entreprises et des individus. Cette décision a été accompagnée par une mesur e
fiscale incitative qui consiste à déduire tout don effectué au fonds Covid-19 de la base assujettie à l’IR ou à l’IS. Au 25 Mars, les mon-
tants et promesses effectués se chiffrent à 33 MMDH dépassant 3% du PIB du Maroc.
sure pourrait être applicable aux entreprises de plus grande taille, justifiant des difficultés liées au confinement.
Report des échéances de crédit à fin juin 2020, aux professions libérales et entreprises.
Versement d’une indemnité forfaitaire mensuelle nette de 2000 DH aux affiliés de la CNSS ;
Versement d’indemnité aux travailleurs du secteur informel ;
Suspension des indemnités CNSS versées par l’employeur pour la période Mars-Juin 2020.
Notre lecture
Le relâchement de la pression fiscale, le report des échéances de crédit, ou l’injection de liquidités dans le système à moin dre coût
sont des mesures qui vont dans le sens de la préservation du moral des opérateurs économiques et ménages. Il est reconnu qu’u ne
perte de confiance incite les opérateurs économiques à garder les actifs en monnaie ce qui constitue une trappe à liquidité. Ceci re-
présente une préoccupation majeure des autorités, particulièrement où les indicateurs de confiance en Europe et aux Etats -Unis affi-
chent des niveaux très bas et qui pourrait traîner la morosité économique au-delà de la période de confinement.
Il faudrait avouer que les mesures entreprises s’accordent avec le profil économique du pays. Tout d’abord l’essentiel du tissu écono-
mique (en nombre d’entreprises) est constitué de petites et moyennes entreprises avec une assise fébrile qui requièrent un tr aite-
ment de faveur. Ensuite, la consommation au Maroc tient aussi ses revenus du secteur informel qu’il est primordial de considé rer.
L’Etat, à travers l’investissement public, a un important rôle à remplir dans une future reprise de l’activité. Principal ord onnateur, un
rattrapage du retard en matière d’investissement pourrait constituer un catalyseur pour les chantiers, autant qu’un gage de c onfiance
pour l’investissement privé. L’arbitrage entre respect des engagements budgétaire et volonté de relance économique s’annonce très
incertain.
Dans une configuration de sortie définitive de confinement au 20 avril et de nette amélioration de la situation sanitaire, le s mesures
entreprises ci-dessous devraient démontrer leur efficacité à contenir la crise et à reprendre sur activité ordinaire vers le T3-2020.
Une persistance de la propagation appellerait à de nouvelles mesures qui risqueraient d’être douloureuses.
Dans ce qui suit, nous examinons l’impact de la pandémie COVID-19 sur l’économie marocaine en général et sur les secteurs
les plus exposés en particulier. Que notre économie puisse ou non éviter la récession 1, le chemin de retour à la croissance
dans le contexte du COVID-19 dépendra d'une série d’hypothèses, tels que la saisonnalité 3 du virus, du fait que le choc se pré-
sente sous forme d’un pic ou qu'il dure dans le temps, impliquant des dommages structurels, ou encore de l’amplitude de
retard de reprise de la Demande2.
Nous avons défini trois grands scénarii, qui prennent forme des lettre V, U et L. Les hypothèses qui distinguent ces scénarii
l’un de l’autre trouvent leur source dans les expériences des pays qui ont été les premiers touchés par la pandémie (Chine,
Italie, Espagne, France…) ou encore dans les enseignements des pandémies historiques les plus récentes (Voir page 3). Nous
citons:
CROISSANCE PAR SCÉNARIO
Dans un premier temps, nous exposerons les 3 premiers scénarii et nous nous attarderons sur le quatrième une fois les
études scientifiques sur la saisonnalité du virus COVID-19 avanceront.
1
Selon l'INSEE, un pays entre en récession quand son PIB se replie pendant au moins deux trimestres consécutifs.
2
Il s’agit de la somme de la consommation des ménages, celle des administrations publiques et de l’investissement global.
3
Un virus est dit saisonnier lorsqu’il n’est contagieux que pendant la saison hivernale. Dans ce cas, la prévention repose sur la vaccination, dont le processus de
fabrication prend en moyenne 18 mois.
HYPOTHÈSES
Virus Saisonnier
Moyennement restrictives
Mesures de contrôle
Activité restreinte aux métiers indispensables au fonctionnement de l’Économie
Un recul de la facture énergétique sur T1 et T2-2020, qui représente entre 13% et 18% du
Importations
total importé.
Une baisse des exportations des voitures vers les principaux partenaires fortement touchés
Exportations
par la crise.
Balance des services Une interruption des recettes de voyage pendant un mois.
Balance des
paiement et Revenu secondaire Un maintien du même niveau des transferts des MRE que celui réalisé en 2019.
réserves de
change Une rétention de cash chez 23% des sociétés qui se sont exprimés sur la distribution des
Compte financier
bénéfices.
Le scénario en V suppose une reprise rapide de l’ensemble des agrégats, qui dépasserait
Prévision 2021
celle prévue avant COVID.
Sources : HCP, MEF, BAM, Office des Changes, Calculs et estimations AGR
2,0% -4,0%
1,5% -4,2%
-4,4%
1,0% Scénario pré-Covid
-4,6% Scénario pré-Covid
0,5% Scénario V
-4,8% Scénario V
0,0%
-5,0%
2016 2017 2018 2019 2020 2021
L’impact du choc sur la Demande ferait baisser significati- L’impact des hypothèses ci-dessus sur le déficit budgétaire
vement le PIB du T2-2020. Malgré l’effet potentiel de la est non négligeable. Cet impact, combiné au ralentissement
mauvaise année agricole, cette baisse sera partiellement du PIB, creuserait le déficit budgétaire à 4,7% du PIB en
absorbée par la croissance annuelle qui devrait ralentir à 2020E, contre une prévision pré-COVID de 3,8% du PIB.
1,2% en 2020E, contre une prévision pré-COVID de 3,8%.
-4,0% 235,0 10
Nous nous attendons à un impact relativisé sur le déficit du Les réserves de change devraient continuer d’assurer plus
compte courant de 0,6% en 2020E à 4,1% du PIB, suite à une que 5 mois d’importations de biens et services en 2020E et
supposée reprise rapide de l’activité, notamment chez les 2021E. Avec l’annonce du Gouvernement du retrait de la
partenaires commerciaux du Maroc, éliminant l’hypothèse Ligne de Précaution et de Liquidité auprès du FMI d’un
d’un choc sur l’offre. La balance des paiements bénéficiera montant de 3 MM$, ce niveau devrait s’améliorer pour dé-
principalement des économies réalisées sur les importa- passer 6 mois d’importations de biens et services.
tions grâce aux baisses des prix des matières premières,
principalement énergétiques.
Sources : HCP, MEF, BAM, Office des Changes, Calculs et estimations AGR
HYPOTHÈSES
Virus Saisonnier
Fortement restrictives
Mesures de contrôle
Quarantaine à grande échelle, restrictions de voyage et mesures de distanciation sociale
Un recul de la facture énergétique qui représente entre 13% et 18% du total importé.
Importations
Une baisse des importations des véhicules qui représentent 10% du total importé.
Une baisse des exportations des voitures, du textile et des appareils électriques qui repré-
Exportations
sentent environ 40% du total exporté.
Balance des
Une interruption des recettes de voyage pendant deux mois.
services
Balance des
paiement et Revenu secondaire Une baisse du niveau des transferts des MRE.
réserves de
change Une rétention de cash chez 23% des sociétés qui se sont exprimés sur la distribution des
Compte financier bénéfices.
Une baisse des IDE prévus pour le reste de l'année.
Le scénario en U suppose une reprise de l’ensemble des agrégats plus lente que celle du
Prévision 2021
scénario en V et en dessous de celle prévue avant COVID.
1
Les Biens de Grande Consommation sont les produits achetés fréquemment et à un prix relativement bas (épicerie, crémerie, frais, liquides, entretien, hygiène…).
Sources : HCP, MEF, BAM, Office des Changes, Calculs et estimations AGR
3,5%
-3,5%
3,0%
2,5% -4,0%
2,0%
1,5% -4,5%
1,0%
Scénario pré-Covid
-5,0% Scénario pré-Covid
0,5% Scénario U
Scénario U
0,0%
-5,5%
2016 2017 2018 2019 2020 2021
Pâtissant de l’effet conjugué des conditions climatiques Cette crise ralentirait le rythme du processus de consolida-
défavorables et des effets de la propagation de la pandémie tion budgétaire sur le moyen terme. Ainsi, le déficit budgé-
Covid-19 sur les composantes de la Demande, la croissance taire devrait, compte-tenu de la volonté du Gouvernement
nationale devrait ralentir à 0,9% en 2020E, contre une prévi- de relever le plafond de sa dette extérieure plutôt que de
sion pré-COVID de 3,8%. geler ses dépenses, connaitre un creusement à 5,1% du PIB
en 2020E, puis à 4,5% du PIB en 2021E.
2016 2017 2018 2019 2020 2021 Scénario pré-Covid (En mois d'importation, Hors LPL)
-2,0% 250,0 Scénario U (En mois d'importations, Hors LPL)
Scénario U (En mois d'importations, Incl. LPL) 20
Le déficit du compte courant devrait se creuser légèrement Les réserves internationales nettes devraient assurer en
sur notre horizon de prévision pour atteindre 4,3% du PIB en 2020E une couverture légèrement en dessous de 6 mois
2020E et 3,3% du PIB en 2021E. d’importations de biens et services. Cette couverture devrait
légèrement s'améliorer en 2021E.
Des mesures ont été prises afin de réduire la pression sur les RIN suite aux évolutions des principales sources de devises au
Maroc. Il s’agit de la décision du tirage complet de la Ligne de Précaution et de Liquidité du FMI d’un montant de 3 MM$, ainsi
que des entrées de dons du CCG de 2,2 MMDH et de la sortie à l’international du Trésor pour un montant de 10,7 MMDH pré-
vus en 2020. De plus, il a été décidé de limiter les importations au strict minimum et prioriser le refinancement en devises
destinées aux importations de produits de première nécessité. Aussi, au niveau du marché boursier, 23% des sociétés qui se
sont exprimés sur la distribution des bénéfices ont opté pour une rétention de cash dans leurs sociétés.
Sources : HCP, MEF, BAM, Office des Changes, Calculs et estimations AGR
PRODUITS CHIMIQUES ET PRODUITS CONNEXES, N.D.A. 16% COMBUSTIBLES ET MINÉRAUX, LUBRIFIANTS ET PRODUITS
CONNEXES
16%
ARTICLES MANUFACTURÉS DIVERS 15% PRODUITS CHIMIQUES ET PRODUITS CONNEXES, N.D.A. 10%
Autres 3% Autres 5%
Le ralentissement de l'activité économique mondiale se La baisse des prix de l’énergie soutiendra le solde de la
traduira par une baisse de la Demande, tandis que la baisse balance commerciale et aura un impact favorable sur
des prix des matières premières, principalement celles du l’inflation des prix à la consommation. Cette évolution de la
phosphate brut et ses dérivés, aggravera cet effet négatif balance commerciale compensera à son tour celle négative
sur les exportations. Toutefois, dépassant 11% du total des de la balance des services et celle du compte financier,
exportations marocaines, la hausse prévue de la production suite à la dégradation prévue des principales sources de
dans le secteur de construction automobile1 devrait com- devises au Maroc.
penser cet effet, encore faut-il que la demande soit toujours
au rendez-vous.
ÉVOLUTION DES RECETTES DE VOYAGE (EN %) ÉVOLUTION DES TRANFERTS MRE (EN %)
20,0% 8,0%
15,0% 6,0%
10,0% 4,0%
5,0% 2,0%
0,0% 0,0%
-5,0% -2,0%
-20,0% -8,0%
2016 2017 2018 2019 2020 2021 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Les recettes de voyage sont prévues en baisse de 16,7% en Les transferts des MRE devraient baisser de 7,0% en 2020
2020E en lien avec la propagation de la pandémie au Maroc suite à la récession qui frapperait les principaux pays d’ac-
et chez les principaux pays origines des touristes qui repré- cueil pendant les trois prochains trimestres, dont la part
sentent 60% du total des arrivées en 2018. L’activité touris- représente 53% en 2018. Toutefois, leur progression en
tique devrait reprendre et les recettes de voyage augmente- 2021E dépasseraient celle prévue avant pandémie, et se
raient de 16,0% en 2021E, profitant notamment d’un effet de situerait à 2,4%.
base.
1
Selon les chiffres annoncés par l’usine PSA
kenya
Tourisme
8,6%
Afrique du Sud
Impact sur la rentabilité en 2020
9,1%
Egypte
Services
9,7%
Commerce de Rwanda 10,4%
financiers détail (hors BGC) Côte d'Ivoire 10,4%
Tunisie 10,8%
Lesotho 12,6%
Pharmaceutiques Habillement
Namibie 15,5%
Bas Impact sur la liquidité de court-terme Élevé Gambie 18,2%
Dans ce scénario, un ralentissement mondial n’aura pas le Le tourisme et les voyages ont déjà connu des annulations à
même impact sur tous secteurs et affecterait plus forte- court terme alors que les nouvelles réservations de juin à
ment les petites et moyennes entreprises. Le commerce de août s'évaporent. L'industrie a peu d'options pour rattraper
détail (hors BCG) et les secteurs des services, y compris le son retard après la fin de la crise, mettant les résultats de
tourisme, les voyages et le transport aérien seront forte- 2020 sous une immense pression. De plus, représentant
ment touchés sur les deux fronts, à la fois la rentabilité 12% du PIB marocain, le secteur du tourisme est devenu un
annuelle et la liquidité à court terme, les plaçant dans le créateur d'emplois saillant au Maroc, et son effondrement
quadrant supérieur droit de notre matrice d'impact. pourrait entraîner des pertes d'emplois rapides compte
tenu de la prévalence des micro et petites entreprises opé-
rant dans le secteur.
PERTES DE REVENUES DU TRANSPORT AÉRIEN (EN MM$) VALEURS AJOUTÉES SECTORIELLES (EN % DU PIB)
Ethiopie 0,30 Pêche 0,8%
Le secteur du transport aérien souffre d’une pénurie de L’impact de la pandémie sur le secteur du commerce n’est
liquidités suite aux annulations de dernière minute combi- pas négligeable, puisque la part de la valeur ajoutée de ce
nées à une tendance accrue aux réservations flexibles. Le secteur dans le PIB dépasse 8% en 2018. En effet, le com-
financement à long terme des avions limite les possibilités merce de détail, hors Biens de Grande Consommations,
d'ajustement des sorties de trésorerie en conséquence. La verrait sa demande considérablement réduite, ce qui en-
rentabilité sera également affectée par la corrélation traînerait une baisse importante de sa rentabilité annuelle.
étroite de l'industrie avec le tourisme et les voyages.
HYPOTHÈSES
Balance des
Une interruption des recettes de voyage pendant plus que deux mois.
services
Balance des
Revenu secondaire Une baisse importante du niveau des transferts des MRE.
paiement et
réserves de Une rétention de cash chez 23% des sociétés qui se sont exprimés sur la distribution des
change bénéfices. Sous ce scénario, il pourrait s’agir d’un vote par l’Assemblée Générale de la non
Compte financier
distribution de dividendes suggérée par le Conseil d Administration.
Une baisse importante des IDE prévus pour le reste de l'année.
Le scénario en L suppose une reprise de l’ensemble des agrégats plus lente que celle du
Prévision 2021
scénario en U.
Sources : HCP, MEF, BAM, Office des Changes, Calculs et estimations AGR
-3,5%
3,0%
-4,0%
2,0%
-4,5%
1,0% -5,0%
-5,5%
0,0%
-6,0%
-1,0%
-6,5%
-2,0% -7,0%
2016 2017 2018 2019 2020 2021
Selon la persistance de la crise sanitaire, nous nous atten- En ajustant ses dépenses, le Gouvernement essayerait de
dons à une croissance négative du PIB en 2020E se situant remédier aux impacts socioéconomiques de la crise, ce qui
entre 0,1% et –1,6%. creuserait significativement le déficit budgétaire à un niveau
se situant, selon nos estimations, entre 6,1% et 6,8% en
2020E.
DÉFICIT DU COMPTE COURANT (EN % DU PIB) PRÉVISIONS RIN AVEC LPL (EN MMDH)
-2,6%
300,0
-3,1%
290,0
-3,6%
280,0
-4,1%
270,0
-4,6%
260,0
-5,1%
250,0
-5,6% 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Les baisses simultanées des importations et des exporta- Les réserves de change devraient maintenir des niveaux
tions en lien avec la rupture des chaines d’approvisionne- confortables, grâce notamment à la Ligne de Précaution et
ment maintiendraient le déficit commercial entre 4,1% et de Liquidité. En mois d’importations de biens et services,
4,6% du PIB, avec une hypothèse d’amélioration de ces ni- elles devraient se situer aux alentours de 6 mois contre 5,4
veaux en 2021. mois hors LPL.
Dans ce scénario, nous estimons qu’un assouplissement supplémentaire de la politique monétaire s’avèrerait indispensable,
d’autant plus que Bank Al-Maghrib possède encore une marge de manœuvre supplémentaire. Des mesures macropruden-
tielles contracycliques devraient également être implémentées pour accompagner le secteur financier. Des réponses budgé-
taires plus profondes doivent être parallèlement mises en place afin de limiter la récession à la fin de l’année 2020.
Sources : HCP, MEF, BAM, Office des Changes, Calculs et estimations AGR
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