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AIDE-MÉMOIRE
Macroéconomie
3 • La comptabilité nationale 56
1 Introduction 56
2 Le circuit économique 58
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
4 • La consommation 101
1 Introduction 101
2 L’approche keynésienne de la consommation 105
3 Les résultats empiriques
et les premières reformulations 118
4 Les fondements microéconomiques
de la consommation 125
5 • L’investissement 135
1 Introduction 135
2 Concepts fondamentaux 139
3
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8 • La monnaie 222
1 Introduction 222
2 Fonctions et formes de la monnaie 223
3 La demande de monnaie 231
4 L’équilibre sur le marché de la monnaie 246
9 • Le modèle IS-LM :
l’équilibre global en économie fermée 252
1 Introduction 252
2 L’équilibre sur le marché des biens et services :
la courbe IS 254
3 L’équilibre sur le marché de la monnaie : la courbe LM 264
4 L’équilibre macroéconomique global :
le diagamme IS-LM 274
5 L’analyse des politiques économiques 280
6 Critiques théoriques et validation empirique 298
Bibliographie 300
Index 303
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Préface
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Préface
que le modélisateur, et qu’on ne peut donc les flouer par exemple en lais-
sant systématiquement filer l’inflation au-delà du rythme sur lequel se
fondent les négociations salariales. Enfin, les modèles macroécono-
miques ont bénéficié des progrès de l’économétrie, comme par exemple
la prise en compte de la non-stationnarité de la plupart des séries écono-
miques.
Malgré ces progrès indéniables, la profession a été attaquée (dans
l’ensemble, à juste titre) pour ne pas avoir prévu la crise financière mon-
diale. On touche ici à un problème spécifique de la discipline dont l’objet
est mouvant : contrairement aux physiciens, les macroéconomistes sont
en permanence à la poursuite de leur objet de recherche qui, souvent,
court plus vite qu’eux. Cela ne signifie pas qu’il faille baisser les bras
devant la difficulté. Mais plutôt qu’il convient d’adopter une attitude
modeste. « Si les économistes pouvaient s’arranger pour être perçus
comme aussi humbles et compétents que les dentistes, ce serait
magnifique ». Cette phrase de Keynes tirée de ses Essais de Persuasion
(1931) n’a pas perdu sa pertinence au XXIe siècle, bien au contraire. L’éco-
nomiste doit s’attacher à avertir des risques et à soigner les crises plutôt
qu’à laisser croire qu’il peut prévoir la conjoncture. Jamais votre dentis-
te ne vous prédit une carie avec un risque d’erreur inférieur à 1 %. Alors
pourquoi demander aux macroéconomistes une telle performance ?
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Préface
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Présentation
« Il est dur d’échouer mais il est pire de n’avoir jamais tenté de réussir. »
Franklin D. Roosevelt
1 Se reporter, par exemple, à Mignon (2010), pour une étude de cette évolution.
2 Pour paraphraser Samuelson, l’économie n’est pas une discipline achevée mais une
science toujours en voie de développement (Samuelson, 1972).
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Présentation
1 Présentation de l’ouvrage
1.1 Quelle approche adopter ?
Il n’y a pas une méthode universelle pour enseigner la macroéconomie.
Chaque enseignant-chercheur a sa méthode et son approche de la
macroéconomie.
Certains professeurs vont privilégier une approche très modélisée,
d’autres une approche plus littéraire. Certains professeurs vont s’orien-
ter, de par leur influence idéologique, sur des courants de pensée de
l’économie plutôt que de présenter l’ensemble des courants.
Dans ce livre, l’objectif n’est pas de privilégier un courant de pensée par
rapport à un autre. Si c’est davantage une pensée influencée par Keynes
qui sera présentée, ce n’est pas le résultat d’un choix personnel mais la
volonté de suivre les enseignements donnés aux étudiants.
L’objectif n’est pas non plus d’avoir une approche uniquement modéli-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
3 Si nous devions résumer de manière très simple, pour ne pas dire vulgaire, les choses :
mettre des chiffres à la place des lettres est toujours « plus concret et parlant » pour pré-
senter et faire comprendre un concept macroéconomique.
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Présentation
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Remerciements
Mon premier remerciement est destiné à Judith Chouraqui, des éditions
Dunod, pour m’avoir proposé ce projet mais aussi pour son soutien, ses
encouragements ainsi que ses nombreuses relectures tout au long de
l’écriture de l’ouvrage.
Je remercie également l’ensemble des personnes qui m’ont aidé par leurs
relectures, leurs remarques, leurs encouragements, aide et conseils (pré-
cieux) tout au long de l’écriture parmi lesquels Virginie Coudert, Jézabel
Couppey-Soubeyran, Manon Domingues Dos Santos, Jean-Baptiste
Gossé, Laëtitia Guilhot, Pierre Joly, Jean-Marie Le Page, Fiona Ottaviani,
Hélène Raymond et Guillaume Vallet.
Ce livre doit également beaucoup aux professeurs que j’ai eus durant mes
années d’étudiant aux universités de Paris VIII-Saint-Denis, Paris IX-
Dauphine et Paris I-Panthéon Sorbonne. Ils ont contribué à ma forma-
tion mais aussi à ce souci de pédagogie, de rigueur et, surtout, de ne
jamais dissocier la théorie économique de l’évidence empirique, que je
souhaite apporter à chacun de mes cours.
Enfin, je remercie mes étudiants dont les questions ont contribué à la
clarté de cet ouvrage.
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1 Qu’est-ce que la
macroéconomie ?
Mots-clés
Macroéconomie, modèle, analyse positive, analyse normative.
1 Introduction
Déficit public, croissance, balance courante, chômage, taux d’intérêt,
spread, taux de change, marchés financiers, etc., tous les jours, à la télé-
vision, à la radio, dans les journaux, nous entendons parler de ces
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1 D’un point de vue étymologique, le terme macro vient du grec makros qui signifie grand.
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1 Nous pouvons également évoquer le Tableau économique de François Quesnay qui définit
le circuit économique dès 1758.
2 Le terme Classique est utilisé au sens large. Il englobe les auteurs classiques (Smith,
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La crise de 1929 et ses conséquences dans les années 1930 vont faire voler
en éclat cette conception générale de l’économie. C’est avec cette crise et
1
la parution, en 1936, de l’ouvrage phare de John Maynard Keynes,
Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie, que va vérita-
blement émerger la macroéconomie et se forger un discours distinct au
sein de l’économie. Le terme de « macroéconomie « est d’ailleurs intro-
duit dès 1933 par Ragnar Frish1 et, depuis son émergence dans les années
1930, la macroéconomie a fait l’objet de nombreux développements à
travers différents courants de pensée.
Aujourd’hui encore, avec la crise qui secoue l’économie mondiale depuis
2008, la macroéconomie fait toujours l’objet d’approfondissement voire
de nouvelles investigations puisque la macroéconomie, dans sa forme
actuelle, est remise en cause pour ne pas avoir su prévoir et analyser cor-
rectement la crise initiée sur le marché des subprimes2.
Un des aspects de la macroéconomie est sa relation, parfois ambiguë,
avec la politique économique mise en place par un gouvernement.
Depuis Keynes, de nombreux économistes sont convaincus qu’un gou-
vernement a non seulement le droit mais aussi le devoir d’intervenir dans
l’économie afin de corriger les défaillances du marché. Cependant,
l’expérience des années passées, mise à jour dans les années 1970, a mon-
tré que les gouvernements sont faillibles. Aujourd’hui, deux grandes
catégories d’économistes s’affrontent : ceux pour lesquels le gouverne-
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ment doit intervenir et ceux pour lesquels son intervention est nuisible.
L’objet n’est pas ici de savoir laquelle des deux catégories a raison ou tort,
mais de comprendre les raisons qui expliquent l’adoption de l’une ou l’autre
de ces deux postures. De fait, le lien entre la macroéconomie et les politiques
publiques ne peut être ignoré. En effet, il faut bien reconnaître qu’un gou-
vernement, à l’approche des élections, peut être jugé et donc sanctionné –
ou reconduit à nouveau – par la situation économique dans laquelle se
trouve le pays. Cette imprégnation de la pensée macroéconomique dans le
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2 Objet et méthodologie
de la macroéconomie
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reposant sur l’idée que le tout est différent de la somme des parties.
Si la microéconomie constitue le fondement du comportement indivi-
duel, le comportement collectif résulte de décisions individuelles prises
sans connaissance complète des agissements des autres. C’est ce que
Keynes va développer en parlant d’un défaut de coordination. Dès lors,
Keynes oppose à cette approche microéconomique un discours a priori
strictement alternatif à l’approche classique qui va légitimer l’interven-
tion de l’État dans la régulation de nos économies. Keynes montre que le
défaut de coordination peut conduire à des déséquilibres au sein de l’éco-
nomie. La démarche de Keynes considère « qu’on a commis des erreurs
graves en étendant au système pris dans son ensemble des conclusions
qui avaient été correctement établies en considération d’une seule partie
du système prise isolément » (Keynes, 1936).
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Les variables endogènes sont les variables que l’on cherche à expliquer en
termes économiques. Il s’agit de la variable expliquée (ou à expliquer). Les
variables exogènes sont les autres variables, celles que l’on ne cherche pas à
expliquer, mais que l’on prend comme acquises, « données », afin d’expli-
quer les variables endogènes. Ainsi, la variable exogène est la variable expli-
cative de la variable endogène. Autrement dit, la variable exogène est la
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■ La modélisation
Pour expliquer un phénomène, l’économiste peut avoir recours à la
modélisation, c’est-à-dire à l’élaboration d’un modèle économique. En
effet, il est impossible et même inutile, pour un économiste, de représen-
ter la réalité économique dans ses moindres détails. L’économiste va alors
chercher à adopter une représentation simplifiée [et non simpliste] de la
réalité au travers d’un modèle économique permettant de mettre en évi-
dence et d’expliquer les liens entre les différentes variables étudiées.
Un modèle est avant tout une série d’hypothèses relatives aux princi-
paux déterminants du comportement d’une variable et permettant
d’expliquer et de prévoir celle-ci.
Un modèle peut prendre une forme littéraire ou, ce qui est le plus sou-
vent le cas, peut être traduit en une formalisation mathématique. Le
modèle est ainsi constitué d’une variable endogène – également qualifiée
de variable expliquée ou même encore de variable dépendante – et d’une
ou plusieurs variables exogènes – également qualifiée de variables expli-
catives ou bien encore de variables indépendantes. Le modèle va alors
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Variable(s) exogène(s)
Variable endogène
Figure 1 – Le modèle
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2 Les concepts
fondamentaux de
la macroéconomie
Mots-clés
PIB réel, PIB nominal, taux de croissance, inflation, chômage.
1 Introduction
Pour répondre aux grandes questions macroéconomiques (cf. chapitre
1), le macroéconomiste utilise la théorie et l’observation. L’observation
consiste en la collecte de statistiques qui vont lui permettre de valider ou
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non une théorie, dans le champ de spécialité qu’il étudie (marché du tra-
vail, marchés financiers, etc.).
Ce chapitre présente les trois principales variables macroéconomiques :
le produit intérieur brut (PIB), les indices de prix (à la consommation et
le déflateur du PIB) et le taux de chômage. Lorsque nous lisons un rap-
port économique (de l’OCDE, du FMI ou de la Direction générale du
Trésor), ce sont ces trois premiers indicateurs qui font l’objet d’études et
d’analyses statistiques.
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2 La principale variable de la
macroéconomie : le produit
intérieur brut
2.1 Définition
Le produit intérieur brut (PIB) mesure la production globale d’une éco-
nomie, c’est-à-dire l’ensemble des richesses créées. Le PIB est calculé
pour une zone géographique donnée (le plus souvent un pays, mais aussi
une région, ou un groupe de pays) et pour une période de temps précise
(généralement l’année ou le trimestre). Cette définition du PIB s’appuie
sur les principes élaborés par la comptabilité nationale que nous étudie-
rons dans le chapitre 3. Le PIB ne doit pas être confondu avec le PNB qui
correspond au produit national brut.
■ PIB et PNB
Le PIB mesure la richesse créée au cours d’une période de temps (géné-
ralement l’année) par l’ensemble des producteurs résidents dans le pays
étudié, quelle que soit la nationalité des producteurs. Le PNB mesure,
quant à lui, la richesse créée au cours d’une période de temps par les pro-
ducteurs nationaux, quel que soit l’endroit où ils résident.
Ainsi, la production d’un producteur français qui réside en Italie est
comptabilisée dans le PIB de l’Italie et non dans celui de la France. En
revanche, sa production est intégrée dans le PNB de la France et non dans
celui de l’Italie.
■ Mesure du PIB
Il existe trois façons pour définir le PIB d’une économie.
1. Le PIB est la valeur (en euros, en dollars, etc.) des biens et services
« finaux » produits dans l’économie pour une période donnée.
2. Le PIB correspond à la somme des valeurs ajoutées générées dans
l’économie pour une période donnée.
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2000
1500
1000
500
0
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
PIB réel PIB nominal
Source : Insee (base 2005).
Note : pour l’année de base, 2005, le PIB nominal et le PIB réel sont égaux.
Figure 1 – Évolution des PIB réel et nominal de la France depuis 1960 (en Mds€)
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Par construction, les deux PIB sont égaux en 2005 puisqu’il s’agit actuel-
lement de l’année de référence pour l’Insee.
Les périodes où le taux de croissance est positif sont appelées des périodes
d’expansion tandis que les périodes où le taux de croissance est négatif
sont appelées des périodes de récession1.
Le déflateur du PIB
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Comme nous l’avons montré, il existe une différence entre PIB nominal
et PIB réel. Cette différence entre PIB nominal et PIB réel mesure l’évo-
lution des prix.
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De cette relation, nous pouvons dire que le PIB nominal est égal au PIB
réel multiplié par le déflateur du PIB.
Le tableau 1 présente, depuis 1995, les données de PIB nominal et réel
ainsi que l’indice du prix du PIB (le déflateur du PIB). Nous constatons
que la formule (4) est vérifiée.
Tableau 1 – PIB nominal, PIB réel et déflateur du PIB pour la France (en Mds€)
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Construisons à présent les PIB nominal et réel. Pour cela, il faut multi-
plier les quantités d’ordinateurs (que nous noterons Q 0 ) par le prix des
ordinateurs (que nous noterons P0 ). Nous adopterons les notations sui-
vantes : Q 0,t et P0,t désigneront, respectivement, la quantité d’ordinateurs
et le prix des ordinateurs pour l’année t . L’année t correspondra, tour à
tour, à l’année 1 puis l’année 2 et enfin l’année 3.
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Année 1 Année 2
Quantité Prix Quantité Prix
Ordinateurs 50 000 100 55 000 120
Pommes 10 000 5 20 000 9
pour l’année 2 :
PIB nominal = Pp,2 × Q p,2 + P0,2 × Q 0,2 = (55 000 × 120)
+ (20 000 × 9) = 6 780 000 ;
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pour l’année 2 :
PIB réel = Pp,1 × Q p,2 + P0,1 × Q 0,2 = (55 000 × 100)
+ (20 000 × 5) = 5 600 000 .
pour l’année 2 :
PIB réel = Pp,2 × Q p,2 + P0,2 × Q 0,2 = (55 000 × 120)
+ (20 000 × 9) = 6 780 000 .
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■ Le cas de la France
En France, l’Insee détermine une année de base pour mettre en place la
comptabilité nationale. Les comptes nationaux changent régulièrement de
base : 1956, 1959, 1962, 1971, 1980, 1995, 2000 et 2005. Nous l’avons vu
dans l’exemple ci-dessus, changer de base implique un nouveau calcul des
2
niveaux et des taux de croissance des variables et notamment le PIB. Par
conséquent, l’histoire du PIB français était réécrite à chaque changement
de base. Pour pallier cette difficulté, l’Insee a mis en place la technique des
prix chaînés. Dans ce cas, l’année de base correspond à l’année précédente
(et non une année fixe). Avec ce mode de calcul, la pondération de chaque
composante du PIB est réestimée chaque année. Le chaînage permet donc
de prendre en compte la déformation de structure de l’économie (les prix
relatifs, le poids des différents produits, etc.) ce qui permet de ne pas réécri-
re l’histoire économique du pays à chaque changement de base.
2,0 % 2,0 %
1,6 %
1,5 %
1,0 % 0,9 %
0,5 % 0,5 %
0,0 %
1995-2012 1995-2000 2000-2005 2005-2012 2007-2012
Source : Insee (base 2005).
Figure 2 – Taux de croissance moyen du PIB réel de la France (en %)
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En Mds€ En % du PIB
PIB (Y)
1. Consommation (C)
2. Investissement (I)
2 032,3
1 172,3
401,8
57,7
19,8
2
3. Dépenses publiques (G) 502,7 24,7
4. Exportations nettes (NX) – 45,0 – 2,3
Exportations (X) 557,627,4
Importations (M) 602,6 27,7
5. Investissements – 0,1 0,0
en stocks (Is)
(cf. chapitre 3). Toutefois, l’investissement des entrepreneurs individuels est différent de
celui des ménages puisqu’il correspond à la variation des stocks.
2 Ainsi, lorsqu’un ménage achète des actions d’une entreprise, il n’investit pas ! Il se consti-
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1 Le solde extérieur des biens et services de la Nation ne doit pas être confondu avec le solde
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exceptions existent, notamment lors des années de récession. À titre
d’exemple, en France, en 2009, les variations de stocks étaient de
– 10,7 Mds€ soit 0,6 % du PIB.
Avec les éléments développés précédemment, nous pouvons donc dire
que le PIB est la somme de la consommation, de l’investissement, des
dépenses publiques et des exportations nettes. Si nous notons Y le PIB,
nous pouvons écrire l’équation suivante :
Y = C + I +G + NX (9)
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1 050,6 1 047
× − 1 × 100 = −0,2 % (13)
1 808,6 1 050,6
Au titre de l’année 2012, la croissance du PIB réel a été de + 0,0 % et la
contribution de la consommation à la croissance du PIB a été de – 0,2 %.
Il s’agit donc d’une contribution négative.
2
D’une manière générale, la contribution de la consommation à la crois-
sance du PIB entre les dates t – 1 et t se calcule comme :
Ct−1 Ct
× −1 (14)
P I Bt−1 Ct−1
4% 3,7%
-1 %
-2 %
-3 % -3,1%
-4 %
-5 %
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Consommation FBCF Variation de stocks
Dépenses publiques Solde extérieur Produit intérieur brut
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16 %
2
14 %
12 %
10 %
8%
6%
4%
2%
0%
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Source : OCDE.
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Nous voyons que pour l’année de base, le PIB nominal et le PIB réel sont
égaux, le déflateur est donc égal à 1 pour cette année-là. Ce n’est pas le
niveau du déflateur qui intéresse les macroéconomistes, mais sa variation
entre deux dates. C’est donc le taux d’accroissement du déflateur qui va
définir le taux d’inflation [mesuré à partir du déflateur du PIB]. Dès lors,
le taux d’inflation, noté πt , qui mesure le taux de croissance des prix au
cours du temps se définit comme :
Pt
πt = − 1 × 100 (16)
Pt−1
L’autre définition possible des prix repose sur l’indice des prix à la
consommation. En utilisant le déflateur du PIB comme définition des
prix, nous tenons compte des prix de l’ensemble des biens de l’économie
puisqu’il permet de convertir le PIB nominal en PIB réel. Mais les
consommateurs ne sont concernés que par les prix des biens qu’ils
consomment. Or, certains des biens produits ne sont pas vendus aux
consommateurs1. De plus, les consommateurs achètent également des
46
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2
La construction d’un tel indice va permettre de mesurer le pouvoir
d’achat des ménages.
L’indice des prix à la consommation (IPC par la suite) mesure l’évo-
lution du niveau moyen des prix des biens et services consommés, y
compris ceux qui sont importés, par les ménages au cours d’une
période de temps donnée (le mois, le trimestre, l’année).
1 Cette représentation repose sur l’analyse détaillée des dépenses de consommation des
ménages.
47
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M acroéconomie
16 %
14 %
12 %
10 %
8%
6%
4%
2%
0%
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation
L’inflation ne doit pas être confondue avec trois autres notions relatives
à l’évolution des prix : la désinflation, la déflation et l’hyperinflation.
Le meilleur exemple est celui des pays européens qui, dans les années
1980 et surtout 1990, ont vu leur taux d’inflation diminuer afin de res-
pecter les critères du Traité de Maastricht pour pouvoir adopter l’euro
dès 1999.
Nous observons un mouvement de désinflation dans les principaux pays
de la zone euro dans les années 1980. Nous pouvons même parler de
convergence des différents taux d’inflation autour de 2 % qui devient,
par la suite, l’objectif de la Banque centrale européenne.
48
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25 %
20 %
15 %
2
10 %
5%
0%
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
–5%
France Allemagne Italie Espagne Pays-Bas Belgique
Source : OCDE.
Figure 6 – Les taux d’inflation dans les principaux pays de la zone euro
(en %)
49
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M acroéconomie
Si l’inflation constitue une des variables les plus étudiées par les écono-
mistes c’est pour différentes raisons. Tout d’abord, sa maîtrise est l’objec-
tif, ou l’un des objectifs, de la plupart des banques centrales des pays
développés. Ensuite l’inflation engendre des déséquilibres au niveau des
revenus des agents :
la répartition des revenus est affectée par l’inflation : les personnes
dont les revenus ne sont pas indexés sur l’inflation (par exemple les
personnes retraitées dans certains pays), perdent du pouvoir d’achat
par rapport à d’autres catégories ;
la distribution des revenus est également affectée : si les tranches d’impo-
sition fiscale ne sont pas indexées sur l’inflation, les ménages vont payer
de plus en plus d’impôts au fur et à mesure que leur revenu nominal
augmente alors que leur revenu réel aura, quant à lui, diminué ;
la charge (les intérêts) réelle d’une dette (c’est-à-dire les intérêts nomi-
naux diminués de l’inflation) a tendance à diminuer. Dès lors, l’infla-
tion est bénéfique aux emprunteurs et néfaste pour les créditeurs. Le
phénomène inverse se produit en cas de déflation.
Malgré les déséquilibres que peut engendrer l’inflation, il faut toutefois
souligner que celle-ci est généralement « préférée » à la déflation qui
semble plus difficile à endiguer.
50
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La relation inflation-chômage
2
En 1958, Alban W. Phillips a été le premier à démontrer une relation inver-
se entre l’inflation et le chômage1. Le graphique ci-dessous présente la
relation inflation-chômage pour les États-Unis entre 1950 et 2012.
8,0
Différentiel d'inflation (en points)
6,0
4,0
2,0
0,0
0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 8,0 9,0 10,0
– 2,0
-4,0
-6,0
-8,0
Taux de chômage (en %)
Ce graphique montre une relation négative entre ces deux variables la plu-
part du temps même si on peut constater des exceptions notamment à
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
En pratique
Selon l’Insee, « un chômeur est une personne qui n’a pas d’emploi et qui
en recherche un ». La définition des chômeurs est extrêmement sensible
51
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M acroéconomie
aux critères retenus. La définition – sur laquelle repose le plus souvent les
études statistiques – est celle au sens du Bureau international du travail
(BIT)1. Dès lors, un chômeur est une personne en âge de travailler, c’est-
à-dire qui a 15 ans ou plus et qui doit remplir simultanément trois condi-
tions :
être sans emploi, c’est-à-dire ne pas avoir travaillé, même pas une
heure, durant une semaine de référence ;
être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en
avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.
Les personnes ayant un emploi et celles sans emploi mais en recherchant
un font par conséquent partie de la population active. Les personnes sans
travail qui n’effectuent aucune démarche de recherche d’un emploi, ainsi
que les retraités, sont « exclues » de la population active.
Le tableau 9 présente l’évolution du taux de chômage de quelques pays2.
52
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2
2008. La fin des années 1990 et le début des années 2000 coïncident avec
des taux de chômage plus faibles.
Un niveau élevé de chômage est un problème à la fois économique mais
aussi social.
D’un point de vue économique, le chômage signifie le « gaspillage » d’une
ressource [humaine]. Lorsque le chômage augmente, cela signifie qu’une
quantité importante de biens et services ne sont pas produits. Il s’agit par
conséquent d’une perte puisque l’économie aurait pu être plus riche avec
cette production.
D’un point de vue social, le chômage entraîne de nombreuses souffrances,
y compris morales et émotionnelles, puisque les personnes concernées ont
un revenu faible. Des revenus plus faibles entraînent des privations (réduc-
tion des sorties en famille par exemple) et des séquelles physiques et psy-
chologiques. Un individu trop longtemps au chômage peut se sentir rejeté
par la société et, à terme, remettre en cause sa « valeur » personnelle.
Les figures 7 à 10 présentent la relation entre la croissance du PIB et le
taux de chômage pour certains pays de l’OCDE entre 1981 et 2012 (r
indique le coefficient de corrélation entre ces deux variables).
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
2,0
Variation du taux de chômage
1,5 r = – 0,65
1,0
0,5
0,0
– 4,0 – 3,0 – 2,0 – 1,0 0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0
– 0,5
– 1,0
– 1,5
– 2,0
Taux de croissance du PIB réel (en %)
Figure 7 – France
53
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M acroéconomie
r = – 0,81
1,5
1,0
0,5
0,0
– 1,0 0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0
– 0,5
– 1,0
Taux de croissance du PIB réel (en %)
Figure 8 – Zone euro
2,5
Variation du taux de chômage
2,0
r = – 0,87
1,5
1,0
0,5
0,0
– 2,0 – 1,0 0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 8,0
– 0,5
– 1,0
– 1,5
– 2,0
– 2,5
Taux de croissance du PIB réel (en %)
Figure 9 – États-Unis
2,5
Variation du taux de chômage
2,0 r = – 0,87
1,5
1,0
0,5
0,0
– 5,0 – 4,0 – 3,0 – 2,0 – 1,0 0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0
– 0,5
– 1,0
Taux de croissance du PIB réel (en %)
Figure 10 – OCDE
Source : OCDE.
54
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2
une période de faible croissance correspond à une augmentation du taux
de chômage. Cette relation s’explique de manière assez simple : une forte
croissance conduit à une augmentation des embauches par les entreprises
pour produire davantage afin de répondre à la demande, d’où une aug-
mentation de l’emploi et une diminution du chômage.
Cette relation négative entre la croissance du PIB et l’évolution du taux
de chômage est connue sous le terme de loi d’Okun. La loi d’Okun fut
établie par Arthur Okun en 1960 et permet de déterminer le taux de
croissance nécessaire pour que le taux de chômage se stabilise1. En effet,
si le taux de chômage est jugé trop élevé, une période de croissance rela-
tivement « soutenue » et « longue » sera nécessaire pour le faire baisser.
À l’inverse, si le taux de chômage est jugé « acceptable », c’est-à-dire
proche de son niveau naturel2, le taux de croissance du PIB doit être
compatible avec ce taux de chômage. Dès lors, le taux de chômage est un
indicateur de l’état de l’économie et du taux de croissance « souhai-
table ».
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 À l’aide des graphiques 7 à 10, le taux de croissance nécessaire à stabiliser le taux de chô-
mage est de 2,2 % en France, 2,3 % en zone euro, 2,8 % aux États-Unis et 2,8 % dans les
pays de l’OCDE.
2 Le taux de chômage naturel résulte de l’existence d’un chômage frictionnel incompres-
sible lié au temps de prospection sur le marché du travail. Il correspond au taux de chômage
d’équilibre vers lequel tend l’économie sur le long terme, c’est-à-dire en l’absence de dys-
fonctionnements sur le marché du travail. Le taux de chômage naturel est généralement
estimé aux alentours de 4-5 % dans la plupart des économies développées de l’OCDE.
55
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3 La comptabilité
nationale
Mots-clés
Équilibre ressources-emplois, compte des agents, secteurs institu-
tionnels, tableau économique d’ensemble, tableau d’entrées-sorties,
tableau des opérations financières.
1 Introduction
Si étudier la comptabilité nationale peut paraître éloigné de la macroéco-
nomie et des questions qu’elle soulève, elle est, bien au contraire, au cœur
de cette dernière. La comptabilité nationale permet de définir les diffé-
rents agents économiques, leurs ressources et les emplois qu’ils en font,
ainsi que les échanges qu’ils effectuent entre eux. L’ensemble de ces opé-
rations révèle les interdépendances et les relations entre les unités écono-
miques (ménages, entreprises, etc.) et de définir un certain nombre
d’agrégats (PIB, consommation, etc.). Une économie complète com-
prend plusieurs millions d’unités économiques distinctes : ménages,
entreprises, administrations publiques et privées, etc. Globalement, leurs
décisions déterminent la dépense totale d’une économie, son revenu total
et sa production de biens et services. L’étude de la comptabilité nationa-
le va également permettre d’effectuer la distinction fondamentale entre
un équilibre comptable et un équilibre macroéconomique.
56
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La comptabilité nationale
57
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M acroéconomie
2 Le circuit économique
La comptabilité nationale ne présente pas l’économie nationale comme
un ensemble de marchés, mais comme un circuit (Piriou, 2008).
Le circuit économique est une représentation simplifiée de l’activité
économique qui permet de décrire, au moyen de flux, les relations
entre les différents agents économiques.
1 Dans une économie de troc (absence de monnaie), seuls les flux réels sont enregistrés : on
échange une marchandise contre une autre marchandise. Dans une économie monétaire
(où il existe des moyens de paiement comme, par exemple, les pièces ou les chèques), les
flux réels ont une contrepartie monétaire : on échange un bien contre son équivalent moné-
taire.
2 Il faut noter que certains flux n’ont aucune contrepartie comme les dons... ou les vols !
58
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Dépôts
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Prêts et intérêts
Aides et subventions
Dépôts Dépôts
9:57
SF
Prêts et intérêts Prêts et intérêts
Page 59
Importations Exportations
Reste du Monde
SNF : sociétés non-financières ; SF : sociétés financières ; APU : administrations publiques ; PO : prélèvements obligatoires.
59
La comptabilité nationale
3
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M acroéconomie
3 L’élaboration de la comptabilité
nationale
L’élaboration de la comptabilité nationale répond à un besoin d’infor-
mation statistique macroéconomique. Elle permet de retracer l’histoire
[statistique] de l’économie nationale en définissant et quantifiant les
grandeurs économiques. Elle fournit un cadre conceptuel et comptable
permettant d’exprimer la réalité économique. Elle repose sur des conven-
tions et des nomenclatures.
En France, c’est, essentiellement, à l’Institut national de la statistique et
des études économiques (Insee) que revient la tâche d’élaborer et de
60
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La comptabilité nationale
3
mière estimation, du trimestre t s’effectue au milieu du trimestre t + 1 et
la publication dite détaillée a lieu à la fin du trimestre t + 1. Les comptes
nationaux annuels de l’année n sont publiés à la mi-mai de l’année n + 1 .
Il s’agit de comptes provisoires. En n + 2 , les comptes nationaux annuels
de l’année n deviennent semi-définitifs puis définitifs en n + 3 . Les révi-
sions qui interviennent sont dues à l’enrichissement des sources d’infor-
mations disponibles au fur et à mesure du temps. Dès lors, chaque poste
de la comptabilité nationale peut faire l’objet d’une estimation affinée
jusqu’à la publication du compte définitif.
Exemple : pour l’année 2010 le compte provisoire a été publié à la mi-mai
2011, le compte semi-définitif à la mi-mai 2012 et le compte définitif à la
mi-mai 2013.
(Insee) a été créé en 1946. Son rôle est de collecter, traiter, analyser et
publier de nombreuses informations et données économiques. Parmi
ces attributions, l’Insee se charge de l’élaboration des comptes de la
Nation (trimestriel et annuel) pour le passé. La réalisation des comptes
« futurs » (c’est-à-dire la prévision) revenant essentiellement à la
Direction générale du Trésor. L’Insee réalise également des études et
des synthèses sur un grand nombre de sujets économiques et sociaux.
Les études économiques peuvent aussi bien être macroéconomiques
que microéconomiques puisque l’Insee étudie de manière détaillée le
système productif et les entreprises.
Il faut noter que si l’Insee est une direction du ministère de l’Économie,
elle n’en reste pas moins une institution indépendante à l’égard des ser-
vices administratifs et gouvernementaux afin d’assurer la crédibilité des
statistiques établies et publiées.
61
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M acroéconomie
1 Il est possible que le terme secteur institutionnel soit, parfois au cours de cet ouvrage, rem-
placé par le terme agent économique. Bien entendu, ces deux termes sont identiques.
62
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La comptabilité nationale
Ces cinq secteurs institutionnels sont qualifiés de résidents car ils sont
composés d’agents économiques installés sur le territoire national depuis
au moins une année1. L’ensemble des secteurs institutionnels peut être
regroupé au sein d’un même secteur institutionnel : l’économie nationale
ou S1.
Les agents non-résidents, c’est-à-dire installés en dehors du territoire
national, qui entretiennent des relations avec les agents résidents sont
regroupés dans le secteur institutionnel du reste du monde : RdM ou S2.
3
■ Les sociétés non-financières – SNF ou S11
La principale fonction des SNF est la production de biens et services non
financiers marchands. Elles ont une entité juridique propre qui se dis-
tingue de celle de leurs propriétaires. Le S11 n’intègre donc pas les entre-
prises individuelles dont la personnalité juridique n’est pas distincte de
l’entrepreneur. Ces dernières font partie du secteur institutionnel des
ménages. Nous le verrons en étudiant la séquence des comptes, les res-
sources des SNF sont nombreuses.
financement (ces secteurs vont alors émettre des titres pour se refinan-
cer ; ces secteurs émettent des dettes) avec les secteurs institutionnels qui
dégagent une capacité de financement (ces secteurs « cherchent » à effec-
tuer des placements financiers ; ils acquièrent des créances). Ces inter-
médiaires sont principalement des banques et des sociétés d’assurances.
Les ressources principales des SF proviennent de leurs activités d’inter-
médiations, c’est-à-dire, essentiellement, des marges qu’elles perçoivent
en rémunération de ce service d’intermédiation financière.
depuis au moins une année est comptabilisé dans le secteur des ménages (S14).
2 Les quasi-sociétés sont des sociétés non constituées en personne morale mais qui sont
gérées comme une société (établissement d’un bilan, etc.).
63
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M acroéconomie
secteur institutionnel des ménages, leur fonction principale est la production de biens et
services marchands.
3 Nous pouvons regrouper l’ensemble de ces rémunérations sous le terme de rémunération
64
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La comptabilité nationale
qui fournissent des services non marchands aux ménages lorsque ces der-
niers fournissent une cotisation : syndicats, partis politiques, associations
(sportives ou autres), etc. Leurs ressources principales sont donc consti-
tuées par les cotisations versées par les adhérents ou les dons.
3
■ Le reste du monde – RdM ou S2
Le compte S2 retrace l’ensemble des opérations économiques effectuées
par les secteurs institutionnels résidents avec le reste du monde (les
agents économiques non-résidents). L’étude de ce secteur institutionnel
va, par exemple, permettre d’étudier trois soldes comptables qui ont leur
importance :
le solde extérieur des biens et services de la nation ;
le solde extérieur courant de la nation ;
la capacité (+) ou le besoin de financement (–) de la nation.
65
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M acroéconomie
■ Opérations de répartition
Les opérations de répartition analysent la formation du revenu des
agents. Ces revenus se forment au niveau de :
la répartition primaire. Il s’agit des revenus directement issus du pro-
cessus de production : salaires, excédent brut d’exploitation, revenus
de la propriété, etc. ;
la répartition secondaire. Il s’agit des revenus qui ne sont pas directe-
ment liés au processus de production. Ces revenus intègrent, notam-
ment, les impôts courants sur le revenu, les cotisations sociales, les
autres transferts courants, etc. Cette seconde étape dans la formation
des revenus permet d’aboutir au revenu disponible des agents ;
1 Par exemple, sur le marché des biens, un déséquilibre se manifeste lorsque l’offre de biens
66
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La comptabilité nationale
3
■ Opérations financières
Les opérations financières désignent l’ensemble des opérations sur les
instruments financiers, c’est-à-dire les créances (acquises ou cédées) et
les dettes (contractées ou remboursées) au cours d’une année entre les
agents résidents entre eux d’une part, et les agents résidents et le reste du
monde (les agents non-résidents) d’autre part.
■ Opérations de patrimoine
Les opérations de patrimoine sont un « prolongement » des opérations
financières. Ces dernières reposaient sur l’analyse des flux financiers alors
que les opérations de patrimoine reposent sur l’analyse des stocks finan-
ciers et non financiers. Elles vont mesurer l’évolution des stocks, via les
flux, et leurs valorisations en termes de prix.
L’ensemble des opérations économiques d’un secteur institutionnel peut
être regroupé en quatre grandes catégories de compte :
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
67
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La comptabilité nationale
3
teurs institutionnels, mais uniquement par une partie d’entre eux. Par
exemple, seuls les ménages reçoivent (il s’agit donc d’une ressource)
des prestations sociales en espèces (D62)2. Nous indiquerons le cas
échéant quels sont les secteurs concernés par l’opération ;
de même, certaines opérations sont enregistrées dans un compte pour
certains secteurs institutionnels et dans un autre compte pour les
autres secteurs institutionnels. Par exemple, les rémunérations des
salariés sont versées (il s’agit d’un emploi) par, essentiellement, les
SNF3 ; cette opération est enregistrée dans leur compte d’exploitation
alors que l’enregistrement de cette ressource pour les ménages s’effec-
tue dans le compte d’affectation des revenus primaires.
Compte de production
Emplois Ressources
P2 Consommations intermédiaires P1 Production
* La valeur ajoutée est dite brute car la consommation de capital fixe n’est pas déduite.
Autrement dit, la VAB ne tient pas compte de la dépréciation du capital due à l’usure ou à
l’obsolescence de ce capital au cours du processus de production.
1 À titre d’exemple, il n’est pas rare que dans les couloirs de la Direction générale du Trésor,
les opérations économiques des différents comptes soient appelées par leur numéro plutôt
que par leur dénomination. L’intégralité de la nomenclature des opérations est disponible
à l’adresse suivante : http://www.insee.fr/fr/themes/comptes-nationaux/default.asp?page=
base_2005/methodologie/nomen_operations.htm.
2 Il s’agit, par exemple, de l’aide personnalisée au logement ou des médicaments achetés
69
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M acroéconomie
Compte d’exploitation
Emplois Ressources
D1 Rémunération des salariés B1 Valeur ajoutée brute
D29 Autres impôts sur la production
D39 Subventions d’exploitation*
* Les subventions d’exploitation sont une ressource (on parle de subventions d’exploita-
tions reçues). Nous devrions alors les inscrire dans les ressources du compte d’exploitation
mais la comptabilité nationale a défini une norme préférant les considérer comme une
diminution de charge, c’est-à-dire un emploi négatif, ceci afin que la valeur ajoutée brute
soit l’unique ressource du compte d’exploitation. Dès lors, les subventions d’exploitation
doivent être enregistrées dans les emplois du compte d’exploitation avec un signe moins.
70
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La comptabilité nationale
3
et le patrimoine (APU)
D62 Prestations sociales (APU, SF, SNF) D61 Cotisations sociales
(APU, SF, SNF)
D7 Autres transferts courants versés D62 Prestations sociales en espèces
(Ménages)
D7 Autres transferts courants reçus
B6 Revenu disponible brut (RDB)
Compte de capital
Variation des actifs Variations des passifs
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
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M acroéconomie
Compte financier
Variation des actifs Variations des passifs
F1 Or F3 Titres hors actions
F2 Numéraire et dépôts F4 Crédits
F3 Titres hors actions F5 Actions
F4 Crédits F6 Provisions techniques d’assurance
F5 Actions F7 Autres comptes à recevoir
F6 Provisions techniques d’assurance
F7 Autres comptes à recevoir
Solde financier*
* Le solde financier s’inscrit à droite dans le compte financier. Nous verrons la raison d’une
telle convention lors de l’étude du tableau des opérations financières (TOF).
■ Compte de production
La production est la première des ressources. Pour produire, le secteur
institutionnel a utilisé des consommations intermédiaires. La différence
entre production et consommations intermédiaires est donc la richesse
créée au cours du processus de production. Cette richesse créée est la
valeur ajoutée brute (VAB) et constitue le premier solde de la séquence.
■ Compte d’exploitation
La VAB est ensuite utilisée pour rémunérer les salariés et payer les impôts
sur la production nets des subventions (puisque les subventions sont ins-
crites avec un signe –). En fait, ces emplois sont tout simplement les
charges liées à l’obtention de la VAB. Le solde du compte d’exploitation
est l’excédent brut d’exploitation (EBE).
72
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La comptabilité nationale
revenu est primaire car il n’a, pour le moment, fait l’objet d’aucuns pré-
lèvements fiscal et social, ni d’aucuns versements de prestations sociales.
3
tion pour entrer dans celle de la répartition. Le compte de distribution
secondaire du revenu montre comment le revenu primaire est affecté par
les impôts courants (sur le revenu, sur le patrimoine) et par l’ensemble
des cotisations et prestations sociales. Le solde de ce compte est le revenu
disponible brut (RDB).
■ Compte de capital
Le compte de capital est le premier compte d’accumulation. Il décrit
comment l’épargne est affectée entre la formation brute de capital fixe,
les variations de stocks et les acquisitions nettes. Le solde du compte de
capital est la capacité (en cas de solde positif) ou le besoin (solde négatif)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
de financement.
■ Compte financier
Le compte financier décrit les variations d’actifs (créances) et de passifs
(dettes) de chaque secteur institutionnel.
Ainsi, chaque secteur institutionnel disposera de sa propre séquence de
compte. Il y aura en tout 6 séquences de compte correspondant aux 6
secteurs institutionnels : 5 secteurs institutionnels nationaux (SNF, SF,
APU, Ménages et ISBLSM) et un secteur institutionnel étranger (le Reste
du Monde). Pour illustrer ceci, le fichier Excel Chap3 (www.dunod.com)
présente, dans les onglets S11, S13 et S14, les comptes PERRUC des SNF,
des APU et des ménages pour les années 1949 à 2012.
73
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6%
4%
2%
0%
–2%
–4%
–6%
–8%
– 10 %
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
S11 S12 S13 S14 S15 Nation
74
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La comptabilité nationale
Nous constatons que (i) les SNF et les APU présentent un besoin de
financement et (ii) que les SF et les ménages présentent des capacités de
financement. Ainsi, les ménages et les sociétés financières épargnent et
financent le besoin de financement des sociétés non financières et des
administrations publiques1.
Écrit ainsi, l’ERE est un équilibre dit en quantités physiques (en volume).
Si cet équilibre est vérifié en volume, il doit nécessairement l’être en
valeur, c’est-à-dire en quantités monétaires. Le passage d’un ERE en volu-
75
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M acroéconomie
1 L’ERE agrégé est celui correspondant à l’ensemble des biens et services de l’économie.
Avant d’aboutir à un tel ERE, on peut établir des ERE pour chaque bien selon les subdivi-
sions proposées par l’Insee. Ainsi, l’ERE peut s’écrire selon des nomenclatures en 38 ou 88
produits.
76
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La comptabilité nationale
Les importations, qui sont une ressource, sont évaluées CAF : coût assu-
rance fret. Il s’agit du prix des importations à la frontière du pays impor-
tateur (lorsqu’elles arrivent dans le pays). Les prix CAF ne comportent
pas d’éventuels droits de douane. Les exportations, qui sont un emploi,
sont évaluées FAB : franco à bord. Il s’agit du prix des exportations lors-
3
qu’elles sont à la frontière du pays qui les achète. Ce prix FAB inclut par
conséquent les coûts de transport. Pour harmoniser l’enregistrement des
importations et des exportations et, par exemple, déterminer le solde de
la balance commerciale, la comptabilité nationale utilise la correction
CAF/FAB (ou correction territoriale) afin d’obtenir une valorisation FAB
des importations.
Outre le problème des exportations et des importations, la valorisation
des ressources (la production) et des emplois (sauf les exportations)
s’effectue sur deux notions distinctes de prix. Cela signifie qu’il existe une
différence, un écart, entre l’évaluation du prix d’un bien et le prix de ses
différentes utilisations. Cette différence repose sur le réseau de distribu-
tion d’un bien. Dès lors, pour obtenir un ERE « harmonisé », il faut pro-
céder à certaines corrections du côté des ressources. Ainsi, il faut ajouter
les marges commerciales (MC) et les marges de transports (M T ) , les
impôts sur les produits (I P) et déduire les subventions sur les produits
(S P) . Ainsi, l’ERE valorisé aux prix d’acquisition, que l’on appelle égale-
ment prix de marché, s’écrit pour chaque bien i 1 :
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Pi + Mi + MCi + M Ti + I Pi − S Pi =
(2)
C Ii j + C Fi + F BC Fi + V Si + X i
j
P + M + I P − S P = C I + C F + F BC F + V S + X (3)
1 La question de la correction CAF/FAB est ici ignorée comme le fait Piriou (2008).
77
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M acroéconomie
Où, par exemple, C F = C Fi .
i
Nous remarquons que les marges commerciales ( MCi ) ainsi que les
marges de transports ( M Ti ) ont disparu. La production de la branche
commerce est mesurée par la somme des marges commerciales. Ce rai-
sonnement est identique pour la branche transport.
La variable production P mesure désormais la totalité de la production de
l’économie, c’est-à-dire les productions de tous les produits auxquelles
s’ajoute la production de la branche commerce, qui correspond à la somme
des marges commerciales des i produits MCi , et la production de
i
la branche transport, qui correspond à la somme des marges de transports
des i produits M Ti . Ainsi, P = Pi + MCi + M Ti .
i i i i
V A + M + I P − S P = C F + F BC F + V S + X (4)
La valeur ajoutée est ici exprimée au prix de base. Si l’on ajoute les impôts
sur la production (I P) et que l’on déduit les subventions sur produits
(S P) à la valeur ajoutée au prix de base, nous obtenons la valeur ajoutée
au prix d’acquisition, c’est-à-dire la valeur ajoutée brute. Or,
VA + IP − SP = VAB = PIB . Nous obtenons en définitif le PIB de
l’économie. Dès lors :
78
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La comptabilité nationale
3
4.2 Les principaux agrégats
Pour reprendre la définition donnée par Piriou (2008), les agrégats sont
des grandeurs synthétiques qui mesurent les performances d’une écono-
mie nationale. Leurs calculs peuvent être interprétés comme le résultat de
l’analyse de l’ensemble des opérations comptables qui visent à rendre
compte/à chiffrer l’ensemble des opérations des agents économiques.
Ces agrégats constituent des indicateurs qui permettent plusieurs com-
paraisons : temporelle et spatiale.
Parmi l’ensemble des agrégats que produit la comptabilité nationale, le
produit intérieur brut (PIB) est celui qui retient la plus grande attention ;
il constitue le principal agrégat d’une économie. Selon la comptabilité
nationale, le PIB est « le résultat final de l’activité de production des unités
productrices résidentes ». Il s’agit de la richesse créée au cours d’une année.
Comme nous l’avons vu (cf. chapitre 2), le PIB peut être envisagé sous
trois optiques possibles : l’optique du produit, l’optique de la demande et
l’optique du revenu.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
■ L’optique du produit
Selon cette optique, le PIB correspond à la somme des valeurs ajoutées
brutes : la valeur ajoutée au prix de base à laquelle (i) on ajoute les impôts
sur la production et (ii) on déduit les subventions sur les produits. Dès lors :
PIB = VAB = VA + IP − SP (6)
où VA = P − CI
1L’ensemble des calculs pour les années 1949 à 2012 est disponible dans le fichier excel
Chap3 (www.dunod.com).
79
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M acroéconomie
■ L’optique de la demande
Cette écriture du PIB est celle qui est la plus utilisée en macroéconomie. Il
s’agit de l’équilibre ressources-emplois [agrégé] de l’économie nationale.
Le PIB est ici égal à la somme des emplois finals, c’est-à-dire la somme
des ventes finales nettes effectuées par les agents économiques. En par-
tant de l’équation (3) :
P + M + IP − SP = CI + CF + FBCF + VS + X (7)
80
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La comptabilité nationale
Tableau 2
Formation brute de capital (en Mds€) = 402,3
Formation brute de capital fixe 401,8
+ Variations de stocks – 0,1
+ Acquisitions nettes de cessions 0,7
3
d’objets de valeurs
Source : Insee (base 2005).
■ L’optique du revenu
Le PIB est ici égal à la somme des revenus des facteurs gagnés par les
agents économiques.
Le calcul du PIB selon l’optique du revenu est égal à la rémunération des
salariés, (i) augmentée de l’excédent brut d’exploitation et du revenu
mixte1, ainsi que des impôts sur la production et (ii) diminuée des sub-
ventions sur les produits.
Le tableau 3 présente un récapitulatif des trois optiques et le tableau 4
présente le calcul du PIB selon les trois optiques pour les années 2000 à
2012 pour la France.
Tableau 3 – Le calcul du PIB selon les trois optiques
PIB (approche de la production) = Valeur ajoutée au prix de base
+ Impôts sur la production
– Subventions sur les produits
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 Le revenu mixte est le revenu des entreprises individuelles. Il s’agit de l’analogue des reve-
nus salariaux que perçoivent les salariés des entreprises non-individuelles. Le revenu mixte
correspond donc au solde du compte d’exploitation pour les entreprises individuelles. Il
contient deux éléments indissociables : la rémunération du travail effectué par le proprié-
taire et éventuellement les membres de sa famille, et son profit en tant qu’entrepreneur.
81
82
Tableau 4 – Le calcul du PIB de la France selon les trois approches du PIB à prix courants (en Mds€)
1 439,6
2001
1 495,6
2002
1 542,9
2003
1 587,9
2004 2005 2006
acroéconomie
– Subventions sur les produits – 17,4 – 16,9 – 19,2 – 18,8 – 18,6 – 18,2 – 12,1 – 12,5 – 12,5 – 16,3 – 15,1 – 15,1 – 15,7
Produit intérieur brut 1 439,6 1 495,6 1 542,9 1 587,9 1 655,6 1 718,0 1 798,1 1 886,8 1 933,2 1 885,8 1 936,7 2 001,4 2 032,3
(approche demande)
Dépense de consommation
finale 1 138,9 1 186,1 1 232,5 1 280,6 1 330,7 1 385,8 1 441,8 1 501,6 1 549,6 1 562,9 1 606,9 1 645,2 1 675,0
16/07/14
+ Formation brute de capital 286,4 292,5 286,9 293,1 318,1 343,1 375,1 414,4 424,3 357,3 373,6 415,5 402,3
+ Exportations de biens
et services 414,8 424,1 424,4 411,4 432,8 452,9 485,9 506,7 521,0 440,7 494,5 538,3 557,6
9:57
– Importations de biens
et services 400,5 407,1 400,8 397,2 426,1 463,8 504,7 535,9 561,7 475,1 538,3 597,6 602,6
La comptabilité nationale
D’autres agrégats, dont certains seront étudiés dans les prochains cha-
pitres, sont également « construits » par la comptabilité nationale : la
consommation, l’investissement, l’épargne, etc1.
Enfin, une comparaison internationale des agrégats est possible en
veillant à deux points fondamentaux :
une harmonisation de la définition et des méthodes de calculs des
agrégats. L’ONU fut la première institution à présenter un cadre
comptable harmonisé au niveau international dès 1955 permettant de
3
telles comparaisons. Elle fut suivie par le FMI et l’OCDE2 ;
établir une comparaison d’unités monétaires différentes. Pour cela, la
mesure basée sur la méthode de la parité des pouvoirs d’achat (PPA)
est utilisée. Une telle mesure permet de s’affranchir (i) de la volatilité
des devises sans rapport avec les fondamentaux de l’économie, (ii) des
problèmes de sur- ou sous-évaluation des devises et (iii) des taux de
change fixés de manière administrative. Cette méthode fut mise au
point par l’OCDE en 1954.
83
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M acroéconomie
Organisation du TEE
84
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La comptabilité nationale
3
sources et emplois se réalise pour les opérations de répartition. Toutefois,
pour les Impôts-subventions sur produits cette égalité ne se produit pas en
raison des difficultés de la mesure de la production aux prix de base.
D’où l’apparition d’une colonne Impôts-subventions sur produits pour les
emplois et pour les ressources.
La colonne Biens et services a été introduite car, à quelques exceptions
près (cf. ci-dessus), l’équilibre ressources-emplois pour les opérations de
répartition est respecté mais il ne l’est pas pour les opérations sur pro-
duits. Ainsi, l’intégration d’une colonne Biens et services dans les emplois
et dans les ressources permet de réaliser l’égalité ressources-emplois pour
chaque ligne du TEE. Cette colonne enregistre la contrepartie de chaque
opération sur produit.
85
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M acroéconomie
reste du monde. En effet, pour ce secteur, seuls trois soldes sont calculés :
le solde extérieur des biens et services, le solde extérieur courant et la
capacité (+) ou le besoin (–) de financement.
Lecture en lignes
86
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La comptabilité nationale
3
le taux d’investissement. Le taux d’investissement se calcule comme le
ratio entre la formation brute de capital fixe (FBCF) et la valeur ajou-
FBCF
tée (VA) : . Ce ratio calcule la part de la valeur ajoutée que le
VA
secteur institutionnel consacre à l’accumulation et au renouvellement
de leur capital physique. Pour les entreprises, ce ratio est un indicateur
du potentiel de croissance dont elles disposeront dans les années à
venir compte tenu de l’effort d’investissement qu’elles produisent1 ;
FBCF
met de déterminer la part de l’investissement qui est financée à partir
des ressources propres (dégagées par lui-même) du secteur institu-
tionnel2.
1 Pour les SNF, un taux d’investissement faible et/ou en baisse est considéré comme « un
signe » que les entreprises ne souhaitent pas renouveler/développer leurs capacités produc-
tives. Ceci montrerait alors que les anticipations de croissance économique sont mauvaises
(n’oublions pas qu’investir est « un pari » sur l’avenir). Si les entreprises anticipent un ave-
nir morose, c’est-à-dire peu ou pas de croissance, elles ne sont pas incitées à investir, c’est-
à-dire acquérir des biens aujourd’hui pour répondre, en produisant à partir des biens
acquis, à la demande de demain.
2 Plus ce ratio est élevé, moins les entreprises ont recours à l’emprunt bancaire ou à la levée
87
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M acroéconomie
34% 100%
90%
32%
80%
30% 70%
60%
28%
50%
26%
40%
24% 30%
20%
22%
10%
20% 0%
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Taux de marge Taux d'autofinancement (éch. de droite)
1 Le fichier excel Chap2 calcule ce ratio pour l’ensemble des secteurs institutionnels
(www.dunod.com).
88
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La comptabilité nationale
20% 30%
28%
16%
26%
3
12%
24%
8% 22%
20%
4%
18%
0% 16%
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Taux d'épargne Taux d'investissement (éch. de droite)
■ Présentation générale
La construction du TES repose sur l’analyse des branches de l’économie.
Dans la comptabilité nationale, une branche, à ne pas confondre avec un
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
89
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M acroéconomie
■ Organisation
L’architecture du TES repose sur l’articulation de cinq tableaux
(figure 5)1.
90
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La comptabilité nationale
CAF/FAB. Nous étudierons ces deux lignes dans le détail ;
deux tableaux complémentaires, qui n’appartiennent pas au TES mais 3
qui en découlent, permettent :
• le passage de la production des branches à la production des pro-
duits,
• le calcul du PIB selon les trois optiques possibles ;
l’assemblage de ces 5 tableaux forme un T.
Tableau 1
91
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M acroéconomie
92
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La comptabilité nationale
R= P+ M+ (IP − SUBV ) (10)
3
Les emplois totaux1, notés E , qui correspondent d’une part à l’inter-
section de la dernière ligne avec la dernière colonne du tableau 2 (il s’agit
ici des emplois intermédiaires) et d’autre part à l’intersection de la der-
nière ligne avec la dernière colonne du tableau 3 (il s’agit dans ce cas des
emplois finals) s’écrivent :
E= CI + CF + FBC + X (11)
Nous savons que la valeur ajoutée brute (VAB) est la différence entre la
production et les consommations intermédiaires
V AB = P− C I . Dès lors, l’équation (12) s’écrit :
93
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M acroéconomie
VAB + M+ (IP − SUBV ) = CF + FBC + X
(13)
Tableau 2
1Ici, l’optique de la production est appliquée aux branches et non aux secteurs institution-
nels.
94
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La comptabilité nationale
95
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M acroéconomie
1 Au sens de la comptabilité nationale, il s’agit des transferts en produits fatals et des ventes
résiduelles. Pour une définition de ces deux notions, se reporter à Piriou (2008), pp. 24-32.
96
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La comptabilité nationale
Or, T Ri = 0 , d’où PP R = Pj . Sachant que PB R = Pj , nous
i j j
obtenons au final :
PP R = PB R (19)
3
La somme des transferts est, par définition (la somme des productions
des branches doit être égale à la somme des productions des produits),
égale à zéro et la production des produits est désormais homogène.
Tableau 5
97
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M acroéconomie
finale (qui est alors une variable exogène) et la production (qui est une
variable endogène).
La troisième utilisation concerne la simulation économique. Reposant sur
une approche par les produits, le TES permet de simuler des chocs écono-
miques ou des effets de politiques économiques afin d’en évaluer l’impact
sur l’économie nationale. Le TES va ainsi permettre d’étudier de tels scéna-
rios branche par branche, produits par produits, sur les prix et les quantités.
98
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La comptabilité nationale
d’actifs (flux nets de créances) et, à droite, les variations de passifs (flux
nets de dettes).
Le dernier point concerne le solde du compte financier. Ce point est
extrêmement important car la convention comptable sur laquelle repose
l’écriture du solde du compte financier est quelque peu « novatrice » par
rapport à l’ensemble des écritures comptables que nous avons étudié
jusqu’à présent. Le solde du compte financier correspond à la capacité de
financement. Cette notion de capacité de financement ne doit pas être
3
confondue avec celle correspondant au solde du compte de capital si, et
seulement si, ce solde était positif1. Dans le cas du solde financier, il faut
faire très attention à cette notion de capacité de financement. Si le secteur
institutionnel a effectué des opérations qui, au final, rendent la variation
d’actif supérieure à la variation de passif, le secteur a donc une capacité
de financement et le solde du compte financier est indiqué à droite2 et est
positif. Si l’inverse se produit (si la variation d’actif est inférieure à la
variation de passif), nous devrions, normalement, parler de besoin de
financement et le solde du compte financier devrait s’écrire à gauche. Il
n’en est rien. Dans ce cas, le solde du compte financier, qui est négatif,
s’inscrit à droite avec un signe négatif et nous parlons toujours de capa-
cité de financement. Cette capacité de financement est ici négative !
Dès lors, la capacité de financement est à la fois :
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1Si le solde du compte de capital est négatif, on parle alors d’un besoin de financement.
2Dans la séquence des comptes PERRUC, le solde de chaque compte, qu’il soit positif ou
négatif, était indiqué à gauche !
99
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M acroéconomie
nets de dettes) qui apparaissent dans les comptes financiers des secteurs
institutionnels1.
Les comptes financiers sont basés sur les flux tandis que les comptes de
patrimoine comptabilisent les stocks. Le compte de patrimoine d’un sec-
teur institutionnel représente en quelque sorte le bilan de ce secteur
au 31 décembre de l’année étudiée. Il est la suite « logique » du compte
financier.
Le compte de patrimoine s’organise entre les actifs, situé dans la colonne
de gauche, et le passif, situé dans la colonne de droite. À l’actif se trou-
vent l’actif non financier (logement, terrain, équipements, etc.) et l’actif
financier (actions, crédits, etc.). Au passif, figure uniquement le passif
financier, c’est-à-dire les dettes. Le solde du compte de patrimoine, dif-
férence entre l’actif (financier et non financier) et le passif financier, d’un
secteur institutionnel est sa valeur nette, c’est-à-dire la valeur du patri-
moine.
Parmi ses nombreuses utilisations, le compte de patrimoine permet
notamment de calculer des ratios parmi lesquels celui du coefficient de
capital. Le coefficient de capital, très utilisé dans les modèles de croissan-
ce économique, est le rapport entre le [facteur de production] capital uti-
lisé et la valeur ajoutée produite au cours d’une année2.
1 Le TOF, ainsi que les comptes de patrimoine (cf. section 2), de l’économie française peu-
vent être consultés sur www.dunod.com.
2 Le coefficient de capital est donc l’inverse de la productivité du capital.
100
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4 La consommation
Mots-clés
Loi psychologique fondamentale, propensions marginale et moyenne
à consommer, revenu permanent, hypothèse du cycle de vie.
1 Introduction
En France, la consommation agrégée, c’est-à-dire l’ensemble de la
consommation des ménages, des administrations publiques (APU), des
ISBLSM1, au niveau macroéconomique, représente, en 2012, 82,9 % du
PIB. La consommation est donc l’agrégat qui pèse le plus lourd dans le
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
PIB. Cette part est relativement stable au cours du temps puisque, entre
1949 et 2012, le poids moyen de la consommation finale dans le PIB est
de 81,7 %.
Ceci ne signifie pas que la consommation a stagné au cours du temps. Au
contraire, si nous regardons l’évolution de la consommation agrégée (en
volume), elle est passée d’un montant de 205,5 Mds€ en 1949 à
1 499,2 Mds€ en 2012, soit un taux de croissance moyen annuel de
+3,2 %2.
de 139,6 Mds€ à 1009,4 Mds€ entre 1949 et 2012, soit un taux de croissance moyen annuel
de +3,1%.
101
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M acroéconomie
90%
88%
86%
84%
82%
80%
78%
76%
74%
72%
70%
1949
1952
1955
1958
1961
1964
1967
1970
1973
1976
1979
1982
1985
1988
1991
1994
1997
2000
2003
2006
2009
2012
Source : Insee (base 2005).
Figure 1 – Évolution de la part de la consommation finale
dans le PIB (en %)
1 600
1 400
1 200
1 000
800
600
400
200
0
1949
1952
1955
1958
1961
1964
1967
1970
1973
1976
1979
1982
1985
1988
1991
1994
1997
2000
2003
2006
2009
2012
Total Ménages
102
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La consommation
100%
90%
80%
70%
60%
50%
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
40%
30%
20%
10%
0%
1949
1952
1955
1958
1961
1964
1967
1970
1973
1976
1979
1982
1985
1988
1991
1994
1997
2000
2003
2006
2009
2012
103
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M acroéconomie
si la demande évolue.
104
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La consommation
2 L’approche keynésienne
de la consommation
2.1 La loi psychologique fondamentale
Keynes s’exprime dans ces termes au sujet de cette loi : « La loi psycholo-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
105
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M acroéconomie
1 200
1 000 2012
Consommation des ménages (en Mds€)
800
1990
600
400
1949
200
0
0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400
Revenu disponible brut (en Mds€)
106
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La consommation
4
nu. Ce revenu est partagé entre la consommation et l’épargne.
À partir de la loi psychologique fondamentale, Keynes stipule que la
consommation (notée C ) est fonction du revenu courant (noté Y )1. Dès
lors, compte tenu des développements du chapitre 1, la fonction de
consommation peut s’écrire :
C = f (Y ) (1)
1 Afin de simplifier les choses, nous supposerons que le revenu courant intègre les impôts.
Nous pourrions faire apparaître explicitement les impôts en disant que le revenu courant
ou disponible est égal à la différence entre le revenu primaire et les impôts dont le ménage
doit s’acquitter.
2 Une fonction concave est une fonction dont la variable croît à taux décroissant. À l’inver-
se, une fonction convexe est une fonction dont la variable croît à taux croissant.
107
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M acroéconomie
108
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La consommation
4
La relation entre consommation et revenu s’exprime par les propensions
à consommer. Nous écrivons le terme « propension » au pluriel car il faut
distinguer, d’une part, la propension moyenne à consommer et, d’autre
part, la propension marginale à consommer.
La propension moyenne à consommer (PMC) correspond au rapport
C
entre la consommation totale (C) et le revenu (Y ) , soit : .
Y
La propension marginale à consommer (PmC) correspond au supplé-
ment de consommation (noté C) engendré par une augmentation infi-
nitésimale du revenu2 (Y).
Autrement dit, il s’agit du rapport entre la variation de consommation
C
obtenue suite à une variation du revenu, soit : . Mathématiquement,
Y
il s’agit en fait de la dérivée partielle de la consommation par rapport au
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
C
revenu. Dès lors : = f (Y ) .
Y
En appliquant ces deux définitions à l’expression (2), nous constatons
tout d’abord que la propension moyenne à consommer est égale à :
C cY + C0 C0
P MC = = =c+ (5)
Y Y Y
109
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M acroéconomie
110
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La consommation
C
Or, représente la propension marginale à consommer et C/Y repré-
Y
sente la propension moyenne à consommer. Ainsi :
C 1 1 PmC
εC,Y = × =c× = (8)
Y C/Y C/Y P MC
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
■ La représentation graphique
Afin d’illustrer les propriétés des fonctions de consommation, il est utile
de les représenter graphiquement. Cette représentation nous servira
lorsque nous aborderons le modèle keynésien simplifié (chapitre 7).
111
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M acroéconomie
La fonction affine
112
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La consommation
4
Dès lors : C(0) = 0 : lorsque
le revenu est nul, la consom-
mation est égale à zéro. Ceci
signifie que l’ordonnée à
l’origine est nulle. c
Dans le cas de la fonction
Y (Revenu)
linéaire, les propensions
moyenne et marginale sont Figure 6 – La fonction de consommation
égales car : linéaire
C
P MC = =c ;
Y
C
PmC = = c.
Y
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M acroéconomie
1 2 C
La dérivée seconde peut également se noter : compte tenu de nos notations.
Y 2
2 Il n’est pas rare de dire que, dans une telle situation, la fonction de consommation croît à
taux décroissant. Concrètement, cela signifie que la consommation va augmenter, par
exemple, de 5 % entre les dates 1 et 2, puis de 3 % entre les dates 2 et 3, puis de 2 % entre
les dates 3 et 4, etc.
114
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La consommation
et, plus précisément, plus faible lorsque nous sommes au point c2 plutôt
qu’au point c1 ).
Si nous divisons par Y les deux membres de cette équation, nous obte-
nons :
Y C S C S
= + ⇒ 1 = + (11)
Y Y Y Y Y
C S
Or, P MC = et P M S = , d’où :
Y Y
P MC + P M S = 1 (12)
115
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M acroéconomie
116
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La consommation
4
La propension moyenne à épargner est une fonction croissante du reve-
nu. Ceci semble logique puisque le revenu se partage entre consomma-
tion et revenu. Or nous savons qu’au fur à et à mesure que le revenu pro-
gresse, la part consacrée à la consommation diminue. Il est donc logique
que la part de l’épargne dans le revenu (le complément à la consomma-
tion) pour obtenir le revenu, augmente. Nous pouvons exprimer cette
idée d’une autre manière. Puisque P MC + P M S = 1 , cela signifie que
P M S = 1 − P MC . Or, au fur et à mesure que le revenu augmente, nous
savons que P MC diminue, donc P M S progresse.
La propension marginale à épargner s’écrit :
S
=s (20)
Y
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M acroéconomie
Si S = 0 , alors :
S = Y − cY − C0 = 0
Y (1 − c) = C0
C0
Y = (22)
1−c
118
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La consommation
4
les résultats de Kuznets confirment les hypothèses keynésiennes sur la
consommation : la propension marginale à consommer est comprise entre
0 et 1, la propension moyenne à consommer est supérieure à la propension
marginale à consommer, la propension moyenne à consommer décroît
avec le revenu et le terme de consommation incompressible est présent.
En revanche, sur le long terme, c’est-à-dire à partir de données annuelles
entre 1869 et 1939, les hypothèses keynésiennes sont totalement invali-
dées car la propension moyenne à consommer est constante, inférieure à
l’unité (elle est estimée à 0,86) et approximativement égale à la propen-
sion marginale à consommer.
119
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M acroéconomie
C (Consommation)
Longue période
Courte période et
données transversales
Y (Revenu)
Les données de courte période ainsi que les données en coupe instanta-
née montrent que la fonction de consommation est une fonction affine
alors que les travaux sur les données de longue période montrent qu’il
s’agit d’une fonction linéaire.
■ Le cas de la France
Intéressons-nous au cas de la France. Pour cela, nous étudions le lien qui
pourrait exister entre le revenu disponible des ménages (RDB) et leur
consommation (C) . Nous utilisons des données annuelles entre 1949 et
2012 (source : Insee, Comptes nationaux, base 2005 en Mds€). L’évolu-
tion de ces données est présentée dans la figure 4.
Regardons tout d’abord l’évolution de la propension moyenne et de la
propension marginale à consommer entre 1950 et 2012.
Nous voyons que la propension moyenne à consommer n’est pas stable
dans le temps et, point important, qu’elle n’a pas tendance à diminuer
mais à augmenter depuis le début des années 1980. Nous observons éga-
lement que la propension marginale à consommer est instable et que sa
volatilité a tendance à augmenter depuis la fin des années 1980. Enfin,
chose totalement en contradiction avec les hypothèses de Keynes, la pro-
pension marginale à consommer n’est pas toujours comprise entre 0 et 1.
120
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La consommation
0,90 1,50
1,00
0,87
0,50
0,84
0,00
0,81
– 0,50
0,78
– 1,00
4
0,75 – 1,50
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Propension moyenne à consommer Propension marginale à consommer (éch. de droite)
Elle peut être parfois négative (dans ce cas, la croissance du revenu n’a
pas entraîné une croissance de la consommation, au contraire !) parfois
supérieure à 1 (dans ce cas, la croissance de la consommation a été supé-
rieure à celle du revenu).
La représentation graphique (cf. figure 4 infra) de ces deux séries mon-
trait qu’une relation existait. Cette relation peut être ajustée par une
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
121
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M acroéconomie
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La consommation
4
vont au-delà de la satisfaction d’un besoin ; ils sont le reflet de l’apparte-
nance à une catégorie sociale. Ainsi, un effet d’imitation va se mettre en
place : un ménage appartenant à une classe sociale va toujours chercher
à consommer les mêmes biens que les ménages qui appartiennent à la
catégorie sociale supérieure. On appelle cela un effet d’imitation ou de
démonstration. Un ménage ne va donc plus considérer uniquement son
revenu (revenu absolu) mais aussi celui de la catégorie sociale dont il est
le plus proche (revenu relatif) pour consommer.
Selon Duesenberry, il n’y aurait pas de dilemme empirique sur la fonc-
tion de consommation. Les contradictions entre les études sur coupes
transversales et celles sur séries temporelles ne seraient qu’une « illusion
statistique ». Il faudrait alors regarder la consommation comme un phé-
nomène de rattrapage qui n’aboutit jamais. Lorsque le revenu national
augmente, les « pauvres » voient leur revenu augmenter, ils rattrapent
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 Duesenberry (1949).
2 Les « riches » souhaitent se différencier de la « masse » (Bailly et al., 1999).
123
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M acroéconomie
1Brown (1952).
2Nous pouvons constater, sur ce graphique 10, que la propension marginale à consommer
de long terme est supérieure à la propension marginale à consommer de court terme.
124
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La consommation
C (Consommation)
Longue période
Courte période 2
Courte période 1
Y (Revenu) 4
Figure 10 – Les fonctions de consommation selon l’approche de Brown
125
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La consommation
4
avoir un certain « lissage » de
la consommation.
Durée de vie des agents
Si le revenu courant peut être
dissocié entre un revenu per- Figure 11 – Revenu permanent et revenu
manent et un revenu transitoi- courant
re, il en est de même pour la
consommation courante. Désormais, la consommation courante, notée
C , est composée d’une consommation permanente, C P , et d’une
consommation transitoire, C T. Ainsi :
C = C P + CT (26)
127
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M acroéconomie
1 C’est le cas, par exemple, des modèles Opale et Mesange à la Direction générale du Trésor.
2 Brumberg et Modigliani (1954).
3 Ando et Modigliani (1963).
128
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La consommation
Pour ces auteurs, les revenus des individus sont répartis de manière inéga-
le au cours de leur existence : faibles voire nuls au début de leur vie (lors-
qu’ils sont âgés de moins de 16 ans ou lorsqu’ils sont étudiants), les revenus
augmentent à partir de l’entrée dans la vie active puis au fil des ans pour
décroître au moment de la retraite. Or, les individus souhaitent un niveau
de consommation relativement stable au cours de leur existence. Il y a donc
un décalage entre les revenus, fluctuants par définition, et les dépenses qui
sont relativement stables (sauf dépenses exceptionnelles... donc transitoires
4
pour faire la liaison avec la théorie du revenu permanent).
Pour subsister, notamment durant leurs premières années et à la fin de
leurs vies, les individus vont donc opérer des transferts de revenus tout
au long de leur existence : soit ils empruntent pour faire face à leurs
dépenses (emprunt qui sera remboursé avec les revenus futurs), soit ils
épargnent (épargne qui sera utilisée lorsqu’ils seront à la retraite). Dès
lors, le patrimoine global net1, la différence entre les placements (finan-
ciers et/ou non-financiers) et le capital emprunté, va fluctuer au cours de
l’existence de l’individu. Plus précisément, le patrimoine de l’individu
connaît trois phases d’évolution.
La jeunesse. Au cours de sa jeunesse et durant ses premières années de
jeune adulte (de 18 ans à 23 ans), l’individu n’a aucune ressource (sauf
l’aide éventuelle de ses parents) pour financer ses dépenses de consom-
mation ainsi que ses études. Il va donc s’endetter (auprès de ses parents
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 En termes de comptabilité nationale, le patrimoine global net se lit dans les comptes de
patrimoine et se calcule en effectuant la différence entre l’actif et le passif.
2 Au sens de la comptabilité nationale, il s’agit d’actifs non financiers et d’actifs financiers.
129
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M acroéconomie
Patrimoine net
62 ans Dé
sé
on
pa
ati
rg
ul
n
m
e
cu
85 ans
Ac
em
de
ett
tte
nd
me
se
Dé
nt
23 ans
1 À l’heure actuelle, en France, l’âge légal pour partir à la retraite est 60 ans mais avec la
réforme, l’âge légal sera 62 ans à partir de 2018. On peut même penser que cet âge soit à
nouveau repoussé.
2 Nous pouvons préciser que l’individu peut bénéficier de son patrimoine sous deux formes :
soit il vend une partie de son patrimoine, soit son patrimoine lui procure un revenu. Par
exemple, si l’individu a acheté un bien immobilier : il peut le revendre, dans ce cas il bénéfi-
cie du fruit de la vente ; soit il loue ce bien et bénéficie d’un revenu régulier (le loyer versé
par le locataire).
3 Ce cas est toutefois rare car, normalement, nous ignorons la date de notre mort.
130
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La consommation
400 000
350 000
300 000
250 000
200 000
4
150 000
100 000
50 000
0
Moins de 30 ans De 30 à 39 ans De 40 à 49 ans De 50 à 59 ans De 60 à 69 ans 70 ans et plus
131
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M acroéconomie
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La consommation
■ La contrainte de liquidité
Jusqu’à présent, les marchés financiers étaient supposés parfaits : l’agent
pouvait sans aucune contrainte emprunter le capital dont il avait besoin.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 Certains parents peuvent ne pas vouloir laisser d’héritage à leurs enfants. Par conséquent,
la nature de l’héritage peut être plus ou moins volontaire. Franco Modigliani estime que
seuls 20 % des héritages sont de nature volontaire.
2 En France, les effets conjugués du vieillissement de la population et de chômage, notam-
ment des jeunes, provoque un déficit croissant du régime des retraites. La multiplication
des réformes, notamment sur le nombre d’années à cotiser pour bénéficier d’une retraite à
taux plein, complique un tel calcul.
3 Il y a, normalement, une incertitude sur cette date.
4 Parmi les plus « célèbres », nous pouvons citer George Akerlof, Ben Bernanke, Olivier
133
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M acroéconomie
sition des prêteurs et des emprunteurs (le montant du prêt, sa durée, son
coût), il peut exister un déséquilibre entre l’offre et la demande. Dès lors,
les individus vont devoir faire face à ce que l’on appelle une contrainte de
liquidité : pour diverses raisons, les individus sont dans l’impossibilité
d’emprunter des fonds. Ils n’ont dès lors aucune possibilité d’endette-
ment. Autrement dit, ils ne peuvent effectuer qu’un seul type de trans-
ferts : celui des revenus présents vers le futur (épargne). En aucun cas, ils
ne peuvent faire l’inverse. Donc, même au début de la période, l’épargne
sera positive et elle sera l’unique moyen de se constituer un patrimoine
pour pouvoir le consommer dans le futur. Le lissage de la consommation
ne pourra alors s’effectuer que par l’épargne. Si le revenu augmente, il
s’agira d’une possibilité pour les agents de consommer davantage.
134
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5 L’investissement
Mots-clés
Formation brute de capital fixe, investissement brut, investissement
net, investissement de remplacement, stock de capital, coefficient de
capital, actualisation, accélérateur fixe, accélérateur flexible, théo-
rème de Modigliani-Miller, q de Tobin.
1 Introduction
Au sens de la comptabilité nationale, l’investissement correspond à la
formation brute de capital fixe (FBCF). La figure 1 montre l’évolution de
la FBCF de l’économie française ainsi que celle des différents secteurs ins-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 Pour rappel, le seul investissement que les ménages effectuent correspond à l’achat d’un
bien immobilier. Lorsqu’un ménage achète un actif financier, des actions par exemple, on
dit qu’il investit. C’est un abus de langage. En effet, lorsqu’un ménage achète un actif finan-
cier, il place son épargne (pour consommer dans le futur ; cf. chapitre 4). Dans ce cas, le
ménage se constitue ce que l’on appelle une épargne financière. C’est grâce à cette épargne
qui revient, directement ou indirectement, aux entreprises que ces dernières investissent.
135
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M acroéconomie
450
400
350
300
250
200
150
100
50
0
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
SNF SF APU Ménages ISBLSM FBCF
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
SNF SF APU Ménages ISBLSM
136
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L’investissement
1990-2000 et 2000-2012 mais avec une exception entre 1960 et 1970 (cor-
rélation de 0,04).
Nous constatons également, grâce à nos sous-périodes, que la contribu-
tion de l’investissement est faible lors des phases de ralentissement éco-
nomique (ou de récession). À l’inverse, la contribution est particulière-
ment élevée lors des phases de reprise ou de croissance économique.
L’investissement semble donc agir de façon pro-cyclique1. Pour en être
certains, nous pouvons regarder l’évolution du taux de croissance du PIB
et de l’investissement.
1 Une variable est pro-cyclique lorsqu’elle accentue les fluctuations de l’activité écono-
mique. A l’inverse, une variable est contra-cyclique lorsqu’elle atténue les phases de ralen-
tissement de l’activité économique.
137
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M acroéconomie
15 %
10 %
5%
0%
–5%
– 10 %
– 15 %
1960 1963 1966 1969 1972 1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011
PIB FBCF Demande intérieure hors stocks
chapitre 3).
138
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L’investissement
2 Concepts fondamentaux
2.1 Définition
5
Avant d’analyser les déterminants de la décision d’investir, il est très
important de définir un certain nombre de concepts.
L’investissement correspond à la formation brute de capital fixe (FBCF).
La FBCF « est constituée par les acquisitions moins les cessions d’actifs
fixes réalisées par les producteurs résidents. Les actifs fixes sont les actifs
corporels ou incorporels issus de processus de production et utilisés de
façon répétée ou continue dans d’autres processus de production pen-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 Le terme capital désigne ici un stock accumulé de biens que l’on utilise pour produire
d’autres biens.
2 Rappel : les consommations intermédiaires sont utilisées au sein d’une même période.
139
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M acroéconomie
privé (fait par les ménages, les SNF) ou public (effectué par les APU) ;
matériel (achat d’un équipement, d’une machine, d’un terrain, etc.)
ou immatériel (dépenses effectuées dans l’innovation, la recherche et
développement, etc.1).
Nous avons vu dans l’introduction que tous les secteurs institutionnels
peuvent investir (y compris les ménages sous la forme de l’achat d’un
bien immobilier !). Toutefois, ce sont essentiellement les entreprises qui
investissent (cf. figure 2). Par la suite, le chapitre se consacrera essentiel-
lement à la décision d’investissement des entreprises. Dans cette optique,
nous pouvons affiner la définition de l’investissement comme étant
l’acquisition ou la création de ressources utilisées dans le processus de
production.
1 Dans le cas immatériel, l’investissement concerne les services. Il correspond à une dépen-
se susceptible d’apporter des retombées dans le futur. Par exemple, investir dans les inno-
vations médicales permettra de mieux détecter et de soigner certaines maladies (cardiaque,
neurologique, etc.).
2 Prenons l’exemple des ordinateurs. Lorsqu’un modèle est proposé, il ne suffit que de
quelques mois pour qu’un modèle plus performant apparaisse provoquant, de fait, une
perte de valeur pour le modèle précédent.
3 Pour mieux vous en rendre compte, ayez en tête les ordinateurs ou même les téléphones
140
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L’investissement
ment a une durée de vie limitée, il faut donc le renouveler pour mainte-
nir stable ou accroître le stock de capital.
Pour comprendre la logique de l’investissement ou, dit d’une autre
manière, pour comprendre la dynamique d’accumulation du capital1,
précisons les éléments temporels et les notations pour appréhender ce
phénomène. Nous appellons t la période qui s’écoule entre la date t et la
date t + 1. L’investissement est noté I et le stock de capital est noté K.
Compte tenu des notations temporelles, nous voyons que l’investisse-
ment est une variable de flux (mesurée au cours d’une période, entre
deux dates) et le capital est une variable de stock (mesurée à la fin d’une
période ; résultant de l’accumulation des flux). Nous appelons It l’inves-
tissement effectué au cours de la période t . L’investissement étant une
variable de flux, la variable It correspond donc à l’investissement effectué
entre la date t et la date t + 1. L’investissement effectué à la période t ne
5
devient donc effectif, productif, qu’à la période t + 1. Entre ces deux
périodes, c’est le stock de capital K t qui va permettre d’assurer le proces-
sus de production. La figure 4 résume notre articulation entre investisse-
ment et capital2.
Le stock de capital de la
date t + 1 augmente par Kt Kt + 1
rapport au stock de capi- It
tal de la date t grâce à
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 Ce dernier terme peut paraître rédhibitoire mais ce n’est absolument pas le cas.
2 La figure 1 peut être rapprochée de l’encadré du chapitre 3 sur la distinction entre la
notion de flux et celle de stock.
3 Nous avons supposé ici une augmentation du stock de capital, c’est-à-dire un investisse-
ment positif (achat d’un équipement), mais nous aurions pu également supposer sa dimi-
nution, i.e. un investissement négatif (vente d’un équipement).
141
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Soit :
It = K t+1 − K t + δK t (3)
142
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L’investissement
5
tion nette de capital fixe).
La figure 5 présente l’évolution de ces trois grandeurs pour les SNF2.
250
200
150
100
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50
0
1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
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M acroéconomie
■ La technique de l’actualisation
L’actualisation est la technique qui consiste à exprimer aujourd’hui une
somme perçue dans le futur. Dans ce cas, nous disons que nous actuali-
sons la somme.
La question qui sous-tend cette définition est la suivante : si je dois rece-
voir (ou payer) 100 € dans un an, à combien ce montant correspond-il
aujourd’hui ? Pour comprendre la technique de l’actualisation, nous
allons étudier son opposé à savoir la capitalisation.
Si l’entreprise dispose de 100 € aujourd’hui et qu’elle décide de placer ce
montant à un taux d’intérêt i. Dans ce cas, l’entreprise disposera de :
100 € (1 + i) dans un an ;
144
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L’investissement
100 € 100 €
100 €
(1 + i)2 (1 + i)
valeur actuelle d’une somme future est faible. Ceci signifie que l’individu
valorise peu le futur.
1 On peut également l’appeler taux de dépréciation du futur. Le taux d’intérêt est donc le
« prix du temps ».
145
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L’investissement
cash-flows nets actualisés de la période 2, etc. ;
VR
(1 + i)n
correspond à la valeur de revente actualisée de l’investisse-
5
ment. Cette revente intervient à la fin de vie de l’investissement, c’est-
à-dire à la date n ;
I0 est le montant initial de l’investissement, le coût initial subi par
l’entreprise.
Si la VAN est positive, l’investissement apparaît comme rentable ; si la
VAN est négative, il ne l’est pas et l’entreprise y renonce. S’il existe plu-
sieurs projets d’investissement, l’entreprise optera pour le projet qui pré-
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M acroéconomie
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L’investissement
courte) qui est celui du marché monétaire ; soit à un taux d’intérêt de long
terme (pour une durée de vie de l’investissement longue) qui est celui des
obligations d’État. Mais, là aussi, un problème se pose puisque, que ce soit
à court ou à long terme, il existe une multitude de taux d’intérêt :
sur le marché monétaire, il existe des taux à 1 mois, 3 mois, 6 mois,
etc. ;
sur le marché des obligations d’État, les maturités des titres peuvent
aller de 2 ans à 30 ans.
Ce critère du choix du taux d’intérêt peut donc apparaître comme une
faiblesse du critère de la VAN ou, tout du moins, comme une difficulté.
5
Pour la pallier, un deuxième critère d’évaluation du choix d’investisse-
ment est mis en place : le critère du taux de rendement interne.
+ = I0 (6)
t=1
(1 + T R I )t (1 + T R I )n
Cette dernière expression montre en définitif que le TRI est le taux qui
annule la VAN.
Ceci nous amène donc à la règle de décision de l’entrepreneur : si le TRI
est supérieur au taux d’intérêt moyen de l’économie (le taux d’actualisa-
tion, i dans l’expression (5) de la VAN), le projet est rentable. Dans le cas
inverse, le projet n’est pas rentable : tout projet dont le TRI est inférieur
149
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M acroéconomie
■ Au niveau microéconomique
Suite à la section 3.2, nous constatons que (i) le taux d’intérêt joue un rôle
dans la décision d’investir et (ii) ce rôle serait négatif. En effet, plus le taux
d’intérêt augmente, moins les projets d’investissement apparaissent ren-
tables (la VAN devient négative ; le TRI devient inférieur au taux d’inté-
rêt moyen de l’économie). Il semblerait donc, à première vue, qu’il y ait
une relation inverse entre l’investissement et le taux d’intérêt. Toutefois, il
nous faut développer plus d’arguments pour en être tout à fait convaincu.
La notion de TRI est utilisée et redéfinie par Keynes comme « efficacité
marginale du capital ». Pour Keynes, l’efficacité marginale du capital cor-
respond « au taux d’escompte qui, appliqué à la série d’annuités consti-
tuée par les rendements escomptés de ce capital pendant son existence
entière, rend la valeur actuelle des annuités égale au prix d’offre de ce
capital »1. L’efficacité marginale du capital correspond ni plus ni moins
au taux de rendement interne d’un investissement, c’est-à-dire au taux
d’actualisation qui annule la VAN de l’investissement. Si nous reprenons
l’expression (7), nous constatons que cette dernière « modélise » les écrits
de Keynes. Il faut cependant apporter quelques précisions à cette défini-
tion et insister notamment sur le terme « marginale ». En effet, Keynes
fait un raisonnement à la marge2 : il raisonne sur le coût d’une unité sup-
plémentaire de capital utilisée dans le processus de production. L’effica-
cité marginale est donc le taux3 qui permet l’égalité entre les cash-flows
actualisés marginaux et le coût marginal du capital. L’efficacité marginale
150
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L’investissement
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M acroéconomie
■ Au niveau macroéconomique
Le raisonnement effectué au niveau microéconomique, pour une seule
entreprise, peut être transposé à l’ensemble des entreprises composant
l’économie. Cette transposition suppose des comportements identiques.
Ainsi, au niveau macroéconomique (agrégé), plus le taux d’intérêt sera
élevé, moins il y aura de projets d’investissement rentables donc réalisés.
L’investissement apparaît donc comme une fonction décroissante du
taux d’intérêt. La figure 6 nous présente une telle relation. Elle montre
152
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L’investissement
avec Ii < 0 , où Ii est la dérivée partielle de l’investissement par rapport
au taux d’intérêt (nous aurions pu également noter cette dérivée partielle
I (i)). Ii < 0 signifie une relation décroissante entre le taux d’intérêt et
l’investissement. La fonction d’investissement est donc une fonction
décroissante du taux d’intérêt. Nous pouvons toutefois mieux spécifier la
fonction d’investissement donnée par l’équation (8). En effet, à partir de
5
maintenant, nous utiliserons une fonction d’investissement linéaire qui
s’écrit de la manière suivante :
I = I0 − ai (9)
avec I0 < 0 et a > 0 . Nous pouvons à nouveau vérifier que Ii < 0
puisque Ii = −a .
Le paramètre a correspond à la sensibilité de l’investissement au taux
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153
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M acroéconomie
I
Figure 7 – La fonction d’investissement selon le degré de sensibilité
au taux d’intérêt
154
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L’investissement
25% 18%
24% 16%
23%
14%
22%
21% 12%
20% 10%
19% 8%
18%
6%
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16% 4%
15%
1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012
Taux d'investissement total
Taux d'investissement des SNF
Taux d'intérêt à long terme (éch. de droite)
2%
5
Source : Insee (base 2005) et Banque de France.
Figure 8 – Taux d’investissement et taux d’intérêt (en %) en France
25% 18%
20% 16%
15% 14%
12%
10%
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10%
5%
8%
0%
6%
– 5%
4%
– 10% 2%
– 15% 0%
1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012
Taux de croissance de la FBCF totale (en %)
Taux d'intérêt à long terme (éch. de droite)
Taux de croissance de la FBCF des SNF (en %)
155
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M acroéconomie
4 Le principe de l’accélérateur
Le principe de l’accélérateur repose sur les travaux menés par John
M. Clark en 19172. En observant le trafic ferroviaire américain, Clark se
rend compte que les commandes de nouveaux wagons par les compa-
gnies ferroviaires dépendent de la variation du trafic – de son « accéléra-
tion » – et non de son niveau.
Le principe de l’accélérateur s’énonce ainsi de la façon suivante : une
variation de la demande finale provoque une variation plus que propor-
tionnelle de l’investissement. Les fluctuations de l’investissement sont
ainsi décalées dans le temps par rapport aux fluctuations de la demande
et elles sont amplifiées.
1 Trois fois par an (en mars, juin et décembre), l’Insee publie une note de conjoncture qui
rend compte de l’activité passée, présente et des perspectives (prévisions) à deux trimestres
de l’économie française. Elle publie également chaque mois des enquêtes de conjoncture
(dans l’industrie, les services) qui permettent d’évaluer les situations présente et anticipée
des entrepreneurs avec un grand nombre d’indicateurs (climat des affaires, anticipations de
demande, embauche, etc.). Notons que la Banque de France propose également des
enquêtes de conjoncture chaque mois.
2 Clark (1917).
156
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L’investissement
5
noté K. L’utilisation de ces facteurs de production est décrite au sein de
ce que l’on appelle la fonction de production. La fonction de production
de l’entreprise relie le volume de production obtenue à la date t , noté Yt ,
à partir de la combinaison des facteurs de production K t et Nt. Ainsi,
nous pouvons écrire la fonction de production de l’entreprise comme :
Kt
v= (11)
Yt
K t = vYt (12)
157
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M acroéconomie
taliste (le rapport entre le stock de capital et le travail) est constante et (ii) les rendements
d’échelle sont constants. La condition (i) implique que la fonction de production est com-
posée soit de facteurs complémentaires, soit de facteurs substituables. La condition (ii)
implique que l’augmentation de la production est strictement proportionnelle à l’augmen-
tation des deux facteurs de production.
2 L’entreprise détermine également la quantité « optimale » de travail nécessaire pour pro-
duire. L’entreprise détermine alors la demande de facteurs. Toutefois, nous ne nous inté-
resserons ici qu’à la quantité demandée de capital.
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L’investissement
5
soit sous contrainte de débouchés. Dans ce cas, l’entreprise est ration-
née par la demande ; la capacité d’absorption des quantités produites
par le marché est limitée. L’objectif de l’entreprise est alors de mini-
miser ses coûts de production compte tenu du niveau de production
qu’elle doit assurer.
Concrètement, cela signifie que l’expression de K t∗ va être différente
selon que l’on raisonne dans l’une ou l’autre des situations. L’objectif
n’étant ni de développer ni de discuter de ces deux possibilités1, nous
supposerons, que le stock de capital désiré est égal au stock de capital
obtenu. Dès lors : K t∗ = K t . De plus, nous supposerons que la production
suit la demande. Autrement dit, si l’entreprise anticipe une augmentation
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M acroéconomie
L’équation (17) est appelée accélérateur fixe1. Dès lors que la demande de
la période courante augmente par rapport à celle de la période précé-
dente, l’investissement va croître de manière plus que proportionnelle.
1Un exemple illustré, inspiré de ceux de Abraham-Frois (2001) et Bailly et al. (1999), est
disponible dans le fichier excel Chap5.
160
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L’investissement
5
Par définition, si l’entrepreneur adopte des anticipations myopes, il ne
tient pas compte de ses éventuelles erreurs. Pire, il n’intègre pas ses
erreurs dans ses prochaines anticipations donc il les renouvelle. Un tel
cas de figure ne reflète pas correctement l’attitude observée des entrepre-
neurs.
Pour rendre compte d’un tel comportement, la formation des anticipa-
tions des entrepreneurs va désormais reposer sur un schéma adaptatif et
non plus statique. L’hypothèse d’anticipations adaptatives est formulée
de la manière suivante :
a
Yt+1 = λYt + (1 − λ)Yta (18)
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L’investissement
25%
5
20%
15%
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5%
0%
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– 5%
– 10%
– 15%
1980 1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004 2007 2010
Valeur ajoutée Investissement
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M acroéconomie
20%
15%
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-5%
-10%
-15%
1980 1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004 2007 2010
Valeur ajoutée PIB
5 La situation financière
de l’entreprise
Au moment d’investir, l’entreprise dispose, potentiellement, de trois
modes de financement :
l’autofinancement. L’entreprise finance, avec ses ressources propres,
ses investissements. Il faut, dans ce cas, que l’entreprise dégage des
bénéfices et qu’elle souhaite les affecter à l’investissement plutôt qu’à
un autre emploi. Il n’y a alors aucune contrainte de remboursement.
164
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L’investissement
1 Modigliani et Miller (1958). Merton Miller a obtenu le prix Nobel d’économie en 1990.
165
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M acroéconomie
5.2 Le q de Tobin
En 1969, James Tobin1 propose une nouvelle théorie des choix d’inves-
tissement en élaborant un lien entre l’investissement et la valeur bour-
sière de l’entreprise. Lorsqu’une entreprise souhaite investir, elle a le
choix entre :
acheter de nouveaux biens de production. On appelle cela la croissance
interne ;
acquérir des biens déjà existants. On appelle cela la croissance externe2.
Ce choix peut se résumer à l’aide du q de Tobin. Ce dernier écrit : « Le
taux d’investissement – la vitesse à laquelle les investisseurs désirent
accroître leur stock de capital – devrait être lié à [...] Q , la valeur du capi-
tal rapportée à son coût de remplacement » (Tobin, 1969). Le q de Tobin
se définit comme le rapport entre le prix du capital déjà existant, déter-
166
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L’investissement
miné par les actions qui s’échangent en bourse, et le prix du capital neuf.
Dès lors :
valeur boursière de l’entreprise
q=
valeur comptable de l’entreprise
167
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20% 6,0%
15%
4,0%
10%
5% 2,0%
0%
0,0%
– 5%
– 2,0%
– 10%
– 15% – 4,0%
– 20%
– 6,0%
– 25%
– 30% – 8,0%
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Rendement du CAC 40 Taux de croissance de la FBCF des SNF (éch. de droite)
Source : Insee.
168
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6 Le rôle de l’État
Mots-clés
Recettes publiques, dépenses publiques, prélèvements obligatoires,
déficit public, dette publique, imposition endogène, imposition exo-
gène.
1 Introduction
En économie, l’État remplit à la fois les fonctions d’allocation, de redis-
tribution et de stabilisation.
Le rôle de l’État au sein de l’économie est, et a toujours été, un sujet de
controverse. L’intervention de l’État est-elle légitime ? efficace ? Deux
grands courants de pensées s’affrontent à ce sujet : le courant classique et
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
le courant keynésien.
Depuis Smith, et jusqu’au début du XXe siècle, les économistes classiques
souhaitent un État minimal, un État qui intervienne peu ou pas pour
réguler le marché. C’est la croyance dans le principe de la main invisible
qui permet d’assurer la compatibilité entre les intérêts individuels et
l’intérêt général. En d’autres termes, c’est la théorie du « laisser-faire ;
laisser-passer ». L’État doit limiter ses interventions à trois domaines
régaliens :
la défense (protéger la nation contre les agressions extérieures) ;
la police (assurer la sécurité des individus) ;
la justice (juger et condamner les délits et crimes).
169
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M acroéconomie
cette intervention de l’État sont étudiés dans les chapitres 7 (en partie) et 9 (intégralement).
170
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Le rôle de l’État
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M acroéconomie
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Le rôle de l’État
6
La création d’une entreprise publique peut être préconisée dans une
situation dite de monopole naturel.
Un monopole naturel peut apparaître dans les secteurs où les rende-
ments d’échelle sont croissants3, c’est-à-dire lorsque les coûts fixes4 du
bien sont élevés.
production ; l’output) et les variations des quantités des facteurs de production (input)
nécessaires pour les produire (cf. chapitres 2 et 5). Les rendements d’échelle sont constants
lorsque la production augmente dans les mêmes proportions que les facteurs de produc-
tion. Les rendements sont croissants (décroissants) lorsque la production augmente de
manière plus (moins) que proportionnelle par rapport aux facteurs de production.
4 Le coût fixe est le coût supporté par une entreprise quel que soit son volume de produc-
tion (les bâtiments par exemple). A l’opposé, le coût variable, comme son nom l’indique,
est le coût qui varie en fonction du volume de la production (l’énergie par exemple). Le
coût total correspond à la somme du coût fixe et du coût variable.
173
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M acroéconomie
L’équation (2) nous indique qu’il est moins coûteux de produire la quan-
tité Q , c’est-à-dire, les quantités Q 1 et Q 2 , dans le cadre d’une firme
unique que par deux firmes distinctes.
174
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Le rôle de l’État
■ La nationalisation
L’État peut également décider de nationaliser certaines entreprises pour
en modifier la logique de fonctionnement. Ainsi, par exemple, la France
a connu deux grandes vagues de nationalisations. La première eut lieu en
6
1945. À la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’État a nationalisé cer-
taines entreprises afin de protéger des secteurs économiques jugés straté-
giques pour la Nation : l’armement, l’électricité, l’énergie nucléaire, les
banques (dont la Banque de France), etc. L’exception étant Renault où la
nationalisation relevait davantage de sanctions suite à la collaboration
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 Si l’objectif de l’État n’est pas la recherche de profit, une situation de monopole naturel
public soulève, notamment, des questions d’efficacité et de gaspillage. Mais ceci est un autre
sujet.
175
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M acroéconomie
3 Le budget de l’État
Plus qu’à l’État, c’est à l’ensemble des administrations publiques (APU)
dont l’État fait partie – cf. chapitre 3 – que nous allons nous intéresser.
Pourquoi s’intéresser aux APU et non seulement à l’État ? Tout simple-
ment pour mieux comprendre et analyser, notamment, les chiffres
publiés dans la presse économique. Par exemple, lorsque la presse évoque
un niveau de dépenses publiques égal à 56,6 % du PIB en 2012, elle ne fait
pas référence aux seules dépenses de l’État central mais à l’ensemble des
dépenses effectuées par les APU dont la Sécurité sociale, etc. S’il ne s’agis-
sait que de l’État, ce chiffre serait égal à 21 % du PIB.
Le budget des APU se compose des recettes publiques et des dépenses
publiques. Les recettes publiques (dont les impôts) permettent le finan-
cement des dépenses publiques. Ces dernières correspondent à la pro-
duction de services publics (santé, justice, éducation, etc.). La différence
entre les recettes et les dépenses publiques constituera le solde public1. Si
le solde est positif, nous parlons d’un excédent public ; s’il est négatif,
nous parlons de déficit public.
1 Nous parlons du solde budgétaire lorsqu’il s’agit des recettes et des dépenses budgétaires,
176
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1 200 55 %
1 000
50 %
800
45 %
600
40 %
400
35 %
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0 30 %
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1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
Recettes de production Revenus de la propriété
Impôts et cotisations sociales Autres transferts
6
Recettes totales en Mds€ Recettes totales en % du PIB (éch. de droite)
L’Insee regroupe les recettes publiques (ou recettes des APU) en quatre
catégories :
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
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M acroéconomie
La justification de l’impôt
L’Insee définit l’impôt comme « un versement obligatoire et sans contre-
partie aux administrations publiques et aux institutions européennes ».
Les impôts ne doivent pas être confondus avec les cotisations sociales
qui, elles, donnent droit à une prestation1. Les impôts répondent à
quatre principes :
– le principe de légalité. Suivant la Constitution de la Ve République, le
Parlement vote la loi instituant le taux et l’assiette d’imposition ainsi
que les moyens de recouvrement de l’impôt. De plus, seul le
Parlement est habilité à autoriser la création et le prélèvement de nou-
veaux impôts ;
– le principe d’annualité. Chaque année, le Parlement doit donner
l’autorisation au gouvernement de lever l’impôt. De plus, chaque
année le budget de l’État doit être voté et adopté par le Parlement ;
– le principe d’égalité. En se fondant sur la Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen, chaque citoyen est en droit de payer un impôt
à hauteur de ses possibilités ;
– le principe de nécessité. Ce principe est issu de la Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen selon lequel l’impôt permet l’entre-
tien de la force publique et les dépenses d’administration.
Une fois prélevé, l’impôt est redistribué aux ménages et aux entreprises
sous formes de prestations et de subventions (celles-ci constituant une
partie des dépenses publiques). Il s’agit du principe de redistribution.
Ce dernier répond à deux logiques :
une logique d’assurance. Les prestations versées protègent contre
le risque de chômage (allocation de chômage), la vieillesse (pen-
sion de retraite), elles permettent aux ménages modestes et fra-
giles d’accéder à un logement (aides au logement), elles prennent
en charge une partie des frais de scolarité (via les prestations fami-
liales de tous types), etc. ;
une logique de solidarité. Le montant des prestations reçues par
un bénéficiaire n’est pas fonction des cotisations qu’il a pu verser
précédemment ; il peut même n’en avoir jamais versé2.
1 Par exemple, si un salarié cotise pour le chômage, il aura droit à une allocation s’il
devient chômeur.
2 Ainsi, une personne qui n’aurait pas versé de cotisations retraites (prenons l’exemple
178
9782100706471-guil-C06.qxd 16/07/14 10:28 Page 179
Le rôle de l’État
Sans entrer dans le détail, on peut également présenter les recettes (et les
dépenses : cf. section 3.2) selon le cadre du Rapport économique, social et
financier. Les chiffres sont identiques mais le « découpage » est légère-
ment différent3.
1 Sur la période 1960-2012, la part moyenne est de 88,9%. Le graphique représentant l’his-
torique de cette part est disponible dans le fichier excel Chap6.
2 L’historique, depuis 1959 pour les APU, 1978 pour l’État, est disponible dans le fichier
excel Chap6 (www.dunod.com). Il faut noter que la présentation adoptée dans ce fichier est
conforme à celle de l’Insee.
3 Une telle présentation, ainsi que son historique, est disponible dans le fichier excel Chap6.
179
9782100706471-guil-C06.qxd 16/07/14 10:28 Page 180
M acroéconomie
Ce taux est censé mesurer le coût des APU (des pouvoirs publics) sur
l’activité économique. Il serait un indice de pression fiscale représentant
le poids des charges pesant sur l’activité économique. Le taux des prélè-
vements obligatoires (figure 2) n’a cessé d’augmenter depuis 1960 et
reste, depuis le début des années 1980, à un niveau supérieur à 40 % en
France.
Cela refléterait un poids toujours croissant de l’État dans l’économie.
Mais si nous regardons les contributions à la variation de ce taux de pré-
lèvements obligatoires, ce sont en réalité les cotisations sociales qui ont le
plus contribué à cette augmentation et non les impôts. Or cette hausse
des cotisations sociales1 reflète l’amélioration des régimes de protection
sociale (par exemple des soins médicaux plus importants et mieux rem-
boursés), le vieillissement de la population (il y a de plus en plus de pen-
sions de retraite à verser), etc.
Par les prélèvements obligatoires, les APU développent des interventions
productives (les biens collectifs offerts à la population2), incitatrices (les
APU assument le coût prohibitif – conséquence d’externalités provo-
1 Cf. chapitre 3, ces cotisations sociales correspondent aux cotisations sur la maladie, la
vieillesse, le chômage, etc.
2 Par exemple les services de police.
180
9782100706471-guil-C06.qxd 16/07/14 10:28 Page 181
Le rôle de l’État
50 %
45 %
40 %
35 %
30 %
25 %
20 %
15 %
10 %
5%
6
0
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
tions2).
La France a l’un des taux de prélèvements obligatoires parmi les plus éle-
vés, comme le montre la comparaison au niveau international vis-à-vis
des principaux pays de l’OCDE (tableau 2).
1 Par exemple les aides accordées pour le développement des nouvelles technologies (bre-
vets, etc.).
2 Par exemple le principe de la retraite par répartition où les cotisations versées par les actifs
181
9782100706471-guil-C06.qxd 16/07/14 10:28 Page 182
M acroéconomie
1 Seuls les ménages s’acquittent de l’IR, à condition d’avoir un revenu imposable, i.e. qui
fasse l’objet d’une imposition. En effet, les ménages à faibles revenus ne sont pas imposés.
182
9782100706471-guil-C06.qxd 16/07/14 10:28 Page 183
Le rôle de l’État
En 2012, les dépenses publiques des APU étaient de 1 151,3 Mds€ dont
421,2 Mds€ pour l’État. En points de PIB, ces montants représentaient,
respectivement, 56,7 % du PIB et 20,7 %1.
L’Insee regroupe les dépenses publiques (ou dépenses des APU) en
quatre catégories :
les dépenses de fonctionnement ;
les intérêts ;
les prestations sociales et autres transferts sociaux ;
les acquisitions d’actifs non financiers.
1 En lisant la presse, c’est le chiffre de 56,6 % qui est le plus souvent cité. D’où notre inté-
rêt (et notre précision au début de la section II) de nous intéresser aux APU et non
uniquement à l’État.
183
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M acroéconomie
1 L’historique, depuis 1959 pour les APU, 1978 pour l’État, est disponible dans le fichier
excel Chap6 (www.dunod.com). Il faut noter que la présentation adoptée dans ce fichier est
conforme à celle de l’Insee.
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Le rôle de l’État
Si nous omettons les intérêts payés sur la dette, nous constatons que les
dépenses publiques peuvent se répartir entre, d’un côté, les achats publics
et, de l’autre, les transferts. Ces derniers sont effectués soit envers les
ménages, soit envers les entreprises.
La figure 3 présente la décomposition et l’évolution des dépenses des
APU, en Mds€ et en % du PIB.
1 400 60 %
1 200 55 %
1 000
50 %
800
45 %
600
6
40 %
400
200 35 %
0 30 %
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
185
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M acroéconomie
Années France Allemagne* Italie Zone euro** Royaume-Uni États-Unis Canada OCDE
1980 46,0 46,9 40,5 47,9 45,6 34,3 41,0 39,0
1985 51,8 45,1 49,6 51,5 46,5 36,9 47,5 41,1
1990 49,6 43,6 52,6 50,5 41,2 37,2 48,2 40,1
1995 54,4 54,8 52,6 53,0 43,5 37,1 47,7 42,6
2000 51,6 45,1 45,8 46,2 36,5 33,9 40,5 38,7
2005 53,6 47,0 47,9 47,4 43,6 36,3 38,4 39,3
2012 56,9 45,0 50,6 50,0 48,5 40,3 41,2 42,7
1 Les comparaisons internationales doivent être utilisées avec précaution. En effet, certaines
dépenses (de santé ou d’éducation par exemple) sont assumées, en France, par des orga-
nismes publics et des prélèvements obligatoires. D’autres pays, comme par exemple les
États-Unis, financent ces dépenses à travers des organismes privés.
186
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Le rôle de l’État
Les achats publics sont considérés comme exogènes. C’est l’État qui déci-
de du montant des biens et services qu’il souhaite acquérir. Si nous appe-
lons G les dépenses publiques, dans ce cas :
G=G (4)
Cette équation signifie que le montant des dépenses publiques, G , est fixé
de manière exogène par les APU à un niveau G . Il est également possible
de noter le niveau des dépenses publiques exogènes de la manière sui-
vante : G = G 0 . À nouveau, comme pour les impôts, le remplacement de
G par G 0 est un simple jeu d’écriture.
D’une manière générale, cela nous sera utile dans les chapitres 7, 8 et sur-
tout 9, nous noterons une variable exogène X comme X . Dès lors, une
variable exogène X peut également s’écrire X 0 1.
6
On ne peut pas considérer que les transferts sont exogènes. Les transferts
des APU (vers les ménages et/ou les entreprises) reposent sur une logique
de paiements, effectués par les APU, au bénéfice des ménages et/ou des
entreprises, qui dépendent de la conjoncture économique du pays. Par
exemple :
les indemnités de chômage, de Sécurité sociale ou de retraite, etc., sont
des transferts que les APU effectuent au bénéfice des ménages ;
les subventions comme l’aide à l’agriculture, à la création d’entreprise,
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
etc., sont, quant à elles, des transferts des APU au bénéfice des entre-
prises.
Ces transferts ne donnent lieu à aucune contrepartie sous forme de biens
et services de la part des ménages et/ou des entreprises.
Le montant des transferts n’est pas exogène mais varie en fonction du
PIB. Par exemple, lorsque le PIB est élevé, le nombre de personnes en
recherche d’emploi est faible, les indemnités de chômage sont par consé-
187
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M acroéconomie
1%
0%
–1%
–2%
–3%
–4%
–5%
–6%
–7%
–8%
1979 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012
Administrations publiques centrales Administrations publiques locales
Administrations de Sécurité sociale Administrations publiques – APU
Source : Insee (base 2005).
188
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Le rôle de l’État
6
■ Les soldes structurel et conjoncturel
En macroéconomie, on distingue, au sein du solde public, le solde struc-
turel et le solde conjoncturel. Autrement dit, le solde public peut se
décomposer en une composante structurelle et une composante
conjoncturelle.
Le solde structurel est le solde public que l’on corrige de l’impact du cycle
conjoncturel sur les dépenses et les recettes publiques. Le solde structurel2
permet ainsi d’éliminer l’impact de la conjoncture (du cycle) sur le solde
public. Ceci permet de mieux rendre compte de l’orientation des finances
publiques. Pour reprendre la définition adoptée par la Commission euro-
péenne et l’OCDE, le solde conjoncturel correspond à « l’impact méca-
nique des fluctuations de l’activité sur le solde public ».
1 Les graphiques d’une telle conclusion sont disponibles dans le fichier excel Chap6.
2 On parle également de solde corrigé du cycle.
189
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M acroéconomie
■ Le solde primaire
Enfin, les dépenses publiques intègrent les intérêts de la dette, c’est-à-dire
la charge de la dette1 dont les APU doivent s’acquitter chaque année
(cf. section 3.2). Cette charge de la dette pouvant fluctuer selon un cer-
tain nombre de paramètres (le taux d’intérêt par exemple), il est utile de
connaître le solde des APU avant le paiement des intérêts de la dette.
C’est pourquoi on appelle solde primaire le solde public duquel on
retranche la charge des intérêts de la dette.
Le solde primaire est le solde avant le paiement de la charge de la dette.
Si le solde primaire est positif, on parle d’excédent primaire ; s’il est
négatif, on parle de déficit primaire.
Le solde primaire est un solde très intéressant car il est révélateur de la
situation budgétaire « réelle » d’un pays, c’est-à-dire la situation où l’on
ne tient pas encore compte de la dette du pays. Dès lors :
Solde public = solde primaire – intérêts de la dette
1Il ne faut pas confondre la charge de la dette avec le service de la dette. La charge de la
dette correspond au montant des intérêts de la dette que doivent verser chaque année les
APU alors que le service de la dette correspond aux intérêts de la dette ainsi qu’au princi-
pal (le montant du capital emprunté qui doit être remboursé chaque année) dont les APU
doivent s’acquitter.
190
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Le rôle de l’État
4%
2%
0%
–2 %
–4%
–6%
–8%
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
6
Charge d'intérêts Solde public Solde primaire
de la dette publique
4.1 Du déficit public à la dette publique
Au début de la nouvelle année fiscale, il faut que le déficit budgétaire (de
l’année fiscale précédente) soit financé. Ainsi, les APU empruntent, via
des titres d’État, appelés titres de créances négociables, le montant néces-
saire. Cet emprunt vient alimenter la dette publique.
Lorsque les recettes publiques sont inférieures aux dépenses publiques,
les APU dégagent un besoin de financement (figure 6) auquel elles doi-
vent pourvoir.
191
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M acroéconomie
1 400 0
1 200 – 20
– 40
1 000
– 60
800
– 80
600
– 100
400
– 120
200 – 140
0 – 160
1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002 2006 2010
Cap./Besoin de financement (éch. de droite) Dépenses Recettes
100 % 0%
90 %
–1%
80 %
–2%
70 %
–3%
60 %
50 % –4%
40 %
–5%
30 %
–6%
20 %
–7%
10 %
0% –8%
1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002 2006 2010
Déficit public (éch. de droite) Dette publique
192
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Le rôle de l’État
193
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M acroéconomie
194
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Le rôle de l’État
Nous voyons tout d’abord que la dette publique n’a cessé de progresser
au cours du temps. Puis, nous avons quelques exemples de pays dévelop-
pés dont la dette publique est supérieure à 100 % du PIB comme (chiffres
de 2012) : l’Italie (127 %), la Grèce (156,9 %) et le Japon (213 %).
L’intitulé de cette section est volontairement « provocateur ». Avoir une
dette pour un État n’est pas une tare à condition qu’elle finance des
investissements productifs et qu’elle soit soutenable (c’est-à-dire la capa-
cité d’un État à pouvoir rembourser ses dettes, sa solvabilité). Tout
d’abord, il faut distinguer les motifs de l’endettement, c’est-à-dire disso-
cier la « bonne » dette de la « mauvaise ». Lorsque l’État s’endette pour
financer la construction d’un hôpital, d’un porte-avion ou d’une auto-
route, nous pouvons considérer qu’il s’agit d’une « bonne » dette. En
effet, financer ces investissements (car la construction de tels projets sont
des investissements, cf. chapitre 3) par la dette semble équitable d’un
6
point de vue générationnel1 et adéquat du point de vue du mode de
financement (l’État ne dispose pas de la trésorerie nécessaire pour finan-
cer avec ses propres ressources le coût de tels investissements ; prélever
des impôts supplémentaires pour financer ces investissements ne sem-
blent pas non plus adapté). De plus, la construction de ces infrastructures
aura des retombées en matière de croissance économique. Dans ce cas, la
dette finance des investissements « d’avenir », c’est de la « bonne » dette.
Par contre, si l’État s’endette pour financer les dépenses « courantes » : les
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 Financer un investissement productif par la dette n’est pas nécessairement un poids pour
les générations futures qui, théoriquement, rembourseront la dette. En effet, prenons
l’exemple de la construction d’un hôpital. Financer une telle construction par la dette ne
constitue pas un « héritage » malsain pour les générations futures car toutes les générations,
actuelles et futures, vont pouvoir utiliser ce bâtiment. Il paraît donc juste et équitable, d’un
point de vue intergénérationnel, que toutes les générations, actuelles et futures, contribuent
au financement de cet hôpital.
195
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M acroéconomie
place. Cet effet multiplicateur provoque, suite à ces modifications, une variation du PIB.
196
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Le rôle de l’État
1 Par exemple, l’État peut décider d’imposer les allocations familiales pour élargir la base
d’imposition.
197
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7 Le modèle
keynésien simplifié
Mots-clés
Demande effective, équilibre de sous-emploi, équilibre épargne-
investissement, diagramme à 45 degrés, principe du multiplicateur,
multiplicateur de dépenses publiques, multiplicateur fiscal, multipli-
cateur de budget équilibré, théorème d’Haavelmo.
1 Introduction
L’équilibre ressources-emplois (cf. chapitre 3) est un équilibre comptable
qui est, et doit, toujours être respecté. Par ailleurs, l’échange entre les dif-
férents agents de l’économie se réalise au travers d’un circuit écono-
mique : la production procure un revenu aux agents qui, à son tour, leur
permet d’effectuer des dépenses (cf. chapitre 3). Nous savons aussi que :
les ménages consomment1 (cf. chapitre 4) ;
les entreprises investissent et produisent (cf. chapitre 5) ;
l’État prélève des impôts et effectue des dépenses publiques (cf. cha-
pitre 6).
L’objectif du présent chapitre est de représenter, à l’aide d’un modèle
macroéconomique, les interdépendances entre les agents et les variables
macroéconomiques jusqu’ici étudiées. Précisément, le modèle macroé-
conomique que nous développons vise à réunir ces trois agrégats
198
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7
la fameuse différence entre l’équilibre ex ante et l’équilibre ex post.
199
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M acroéconomie
2 L’équilibre de sous-emploi
L’équilibre de sous-emploi, également appelé l’équilibre keynésien, est
« une tentative de modélisation de l’intuition keynésienne » (Mankiw,
2010), selon laquelle la demande cause l’offre et détermine le niveau
d’emploi.
Le cadre keynésien correspond à un objectif d’analyse de court terme où
les prix et les salaires sont rigides et où l’aspect offre de l’économie est
totalement négligé. Il s’agit ici de l’analyse de l’équilibre du marché des
biens et services où l’ajustement se fait non pas par les prix mais par les
quantités. L’équilibre global2 – que nous définissons comme l’équilibre
sur le marché des biens et services alors qu’un déséquilibre sur le marché
du travail peut exister – se produit par la variation des quantités et non
par la variation des prix comme dans le modèle classique. L’équilibre de
sous-emploi est donc une situation typiquement keynésienne où un
déséquilibre sur le marché du travail – une situation de sous-emploi, où
l’offre de travail excédentaire – peut cohabiter avec un équilibre sur le
200
9782100706471-guil-C07.qxd 16/07/14 10:38 Page 201
7
D=C+I (1)
Comme nous sommes dans une analyse de court terme, nous considé-
rons le stock de capital comme donné. Ainsi : K = K . Dès lors, la fonc-
tion de production peut s’écrire :
Y = F K ,N ⇐⇒ Y = F(N ) (3)
201
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M acroéconomie
supérieure à la demande ne serait pas vendue – les prix étant rigides1, ils
ne peuvent pas diminuer pour rendre plus attractif le « surplus » d’offre
– et viendrait alimenter les stocks de l’entreprise. Ceci n’est pas dans son
intérêt. L’entreprise ne va par conséquent produire que le montant stric-
tement demandé. On peut donc dire que les entreprises sont contraintes
sur leurs débouchés2.
Une fois ce niveau de production déterminé, et compte tenu de l’état de
la technologie – la fonction de production (ou la méthode de produc-
tion) – les entreprises vont déterminer un niveau d’emploi. Il s’agit de la
demande de travail – également appelée offre d’emploi – des entreprises.
Nous noterons cette demande de travail N d . La demande de travail des
entreprises découle de la fonction de production :
N d = F −1 (Y ) (4)
−1
où F (Y ) est la fonction réciproque de la fonction de production pour
un stock de capital donné (K = K ) .
Le principe de la demande effective peut donc être résumé de la maniè-
re suivante. C’est la demande qui détermine l’offre : la demande totale,
composée de la consommation finale, de l’investissement privé et des
dépenses publiques3, détermine le volume de l’offre, c’est-à-dire le volu-
me de production des entreprises. Ce même volume d’offre détermine,
via la fonction de production des entreprises, le volume d’emploi néces-
saire pour assurer la production.
L’équilibre sur le marché des biens et services est donc assuré lorsque :
Y =D (5)
Cependant, cet équilibre sur le marché des biens ne signifie pas que l’éco-
nomie soit dans une situation de plein-emploi. En effet, si le niveau de la
1 Pour rappel, les prix sont rigides lorsqu’ils diminuent ou augmentent peu ou pas à court
leur profit. Elles ne doivent produire que ce qui leur est demandé.
3 Pour simplifier, on néglige ici les échanges extérieurs. C’est-à-dire que l’on se place dans
202
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7
pée par celle de l’offre globale » (Keynes, 1936), cela signifie que :
Y =D (6)
D=C+I (7)
203
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M acroéconomie
S=I (10)
d’investissement exogène n’a rien d’irréelle : pensez à une économie uniquement compo-
sée d’entreprises publiques et/ou nationalisées.
204
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7
La demande globale, D , s’écrit alors (équation (7)) :
D = cY + C0 + I0 (12)
L’équation (13) est la condition d’équilibre entre offre (les quantités pro-
duites) et demande globale (les quantités désirées).
La courbe de demande globale est obtenue en additionnant verticalement
la droite liée à la fonction de consommation et celle liée à la fonction
d’investissement.
205
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M acroéconomie
S = Y − cY − C0 = (1 − c)Y − C0 (15)
Y=D
D=C+I
C, I
C = cY + C0
E
S = (1– c)Y – C0
E'
I = I0
45°
0 Y* Y
206
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7
pas le cas, nous sommes dans une situation de sous-emploi, due à une
insuffisance de la demande. On qualifie cette situation de sous-emploi de
situation de chômage dit keynésien3.
1 Au contraire, c’est même préférable sinon cela signifierait que le diagramme est faux.
2 Ce résultat constitue, à quelques nuances près, la définition de la courbe IS que nous étu-
dierons lors du chapitre 9.
3 Usuellement, on oppose la situation de chômage keynésien (insuffisance de la demande
207
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M acroéconomie
Y = cY + C0 + I0 (17)
(1 − c)Y − C0 = I0 (20)
D’où :
1
Y∗ = [C0 + I0 ] (21)
1−c
■ Définition
Le principe du multiplicateur que nous étudions ici est appelé multipli-
cateur d’investissement car il repose sur le lien qui existe, via la relation
d’équilibre (équation (18)) entre le revenu et l’investissement. L’objectif
de ce multiplicateur va être d’étudier les effets d’une variation de l’inves-
tissement autonome sur le revenu d’équilibre. Grâce au jeu du multipli-
cateur, nous allons montrer qu’une impulsion initiale de l’investissement
208
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■ Approche graphique
Supposons que l’investissement augmente, passant de I0 à I0 + I0 . I0
correspondant au supplément d’investissement. Quelle est la conséquen-
ce d’une telle augmentation dans le diagramme à 45 degrés ?
Par rapport à la section 2.3, les équations des fonctions de consommation
et d’épargne restent identiques ; seule l’équation de la fonction d’inves-
tissement est modifiée puisqu’elle s’écrit désormais :
I = I0 + I0 (22)
Y=D
E1
C, I D = C + I + ∆I0
E
D=C+I 7
C = cY + C0
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
S = (1– c)Y – C0
I = I0 + ∆I0
∆I0 > 0 E' E'1
45° I = I0
0
Y* Y* Y
1
209
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M acroéconomie
■ Approche analytique
Pour comprendre le raisonnement économique qui sous-tend le princi-
pe du multiplicateur, nous avons recours à une vision dynamique de ce
dernier. Pour comprendre la dynamique du multiplicateur et donc les
explications économiques, il est très important d’avoir en tête que la
demande globale se compose de la consommation et de l’investissement
(équation (7)). Lorsque l’investissement augmente d’un montant de I0,
il provoque une augmentation du revenu de Y. Ainsi :
I0 = Y (23)
Or, cette augmentation de revenu provoque à son tour une augmenta-
tion de la consommation de C. Sachant que C = cY + C0 , l’accroisse-
ment de revenu provoque un accroissement de la consommation :
210
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C = cY (24)
1En cas de difficultés avec cette méthodologie, je ne peux que conseiller la note de bas de
page 2, p. 375, de l’ouvrage de Mankiw (2010) qui est aussi pédagogique que ludique.
211
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M acroéconomie
Soit :
1
Y = I0 (30)
1−c
Y = kI0 (31)
1
avec k = .
1−c
k est appelé le multiplicateur d’investissement. Il est également appelé le
multiplicateur keynésien élémentaire. L’équation (30) montre qu’un
accroissement de l’investissement autonome provoque une augmenta-
tion plus que proportionnelle du revenu d’équilibre car 0 < c < 1 .
L’effet multiplicateur sera d’autant plus élevé que la propension margi-
nale à consommer (c) est élevée.
1 Cette influence, ainsi que les instruments, ont été évoqués lors du chapitre 6.
212
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7
Compte tenu des notations adoptées précédemment, l’équation (34)
peut se réécrire comme :
Y = c Y − T + C 0 + I0 + G (35)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
213
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M acroéconomie
214
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1
est donc l’expression du multiplicateur. Nous notons kG ce multi-
1−c
plicateur de dépenses publiques. Ainsi :
kG =
1
=
Y ∗
(40)
7
1−c G
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
215
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M acroéconomie
La variation de revenu est ici de sens opposé à celle des impôts. Toute
diminution des impôts provoque une augmentation du revenu alors
qu’une augmentation des impôts entraîne une diminution du revenu.
Nous pouvons réécrire le multiplicateur k T comme :
Y ∗ Y ∗
kT = = −c = −ck G (43)
T G
Comme 0 < c < 1 , le multiplicateur fiscal est plus faible que le multipli-
cateur de dépenses publiques. En effet, en valeur absolue, le multiplica-
teur fiscal s’écrit :
Y ∗
= c < Y = 1
∗
(44)
T 1 − c G 1−c
1 Les impôts sont considérés ici comme exogènes. Dès lors, il faut bien comprendre que,
dans ce cas, l’État n’agit pas sur le taux d’imposition marginal des impôts t, mais sur le
montant d’impôts qu’il instaure.
2 La diminution des recettes de l’État peut, là aussi, créer ou aggraver le déficit public. Ce
dernier devra à nouveau être financé par l’emprunt (cf. chapitre 5).
216
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1 Dit d’une manière « plus directe », en effectuant une relance à budget équilibré, l’État
reprend d’une main une partie de ce qu’il donne de l’autre.
217
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M acroéconomie
Y ∗ = k G G + k T T (45)
En remplaçant kG G et k T T par leurs expressions respectives et
sachant que G = T , nous obtenons :
1 −c
Y ∗ = G + G (46)
1−c 1−c
1−c
Y ∗ = G (47)
1−c
Y ∗ = G (48)
Y ∗
= k G=T = 1 (49)
G
Nous voyons que le multiplicateur est égal à 1. C’est ce que nous appe-
lons le théorème d’Haavelmo1. Cela ne signifie pas que l’effet multiplica-
teur ne fonctionne pas. Au contraire puisque si tel était le cas, le multi-
plicateur serait égal à 0. Le théorème d’Haavelmo nous indique simple-
ment que l’effet multiplicateur (l’effet de la relance à budget équilibré) est
relatif puisque le supplément de revenu obtenu est strictement égal au
supplément de dépenses publiques injecté dans l’économie.
1 Le théorème d’Haavelmo porte le nom de celui qui l’a énoncé : Trygve Haavelmo dans un
article de recherche publié en 1945. Trygve Haavelmo a obtenu le prix Nobel d’économie
en 1989.
218
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C = c(T − tY − T0 ) + C0 (50)
Nous voyons que ce multiplicateur est plus faible que celui de la sec-
tion 2.4 – équation (30) – du fait de la présence du terme ct au dénomi-
7
nateur. Dès lors que l’imposition est endogène, une partie de l’effet de
relance est « captée » par les impôts. Il s’agit donc en quelque sorte d’une
fuite puisque la part du supplément de revenu qui est taxée, i.e. t puisque
T = tY , ne participe pas à la dynamique de relance, à la dynamique
du multiplicateur. Au contraire, il s’en échappe, d’où le terme de fuite.
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Calculons à présent :
le multiplicateur de dépenses publiques :
Y ∗ 1
= (53)
G 1 − c(1 − t)
le multiplicateur fiscal :
Y ∗ −c
= (54)
T0 1 − c(1 − t)
219
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M acroéconomie
Soit :
Y + mY = c(Y − T ) + C0 + I0 + G + X 0 (56)
220
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221
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8 La monnaie
Mots-clés
Monnaie fiduciaire, monnaie scripturale, agrégats monétaires, masse
monétaire, base monétaire, théorie quantitative de la monnaie,
demande de monnaie, motif de transaction, motif de précaution,
motif de spéculation, offre de monnaie.
1 Introduction
Jusqu’à présent, nous avons étudié la sphère réelle de l’économie. Il nous
faut, à présent, analyser la sphère monétaire. Tout au long de ce chapitre,
nous essaierons de répondre à deux questions fondamentales : qu’est-ce
que la monnaie et quel rôle joue-t-elle dans le fonctionnement d’une éco-
nomie ?
La monnaie est définie comme l’ensemble des moyens de paiement
immédiatement utilisable et accepté par la communauté pour le règle-
ment des échanges. Depuis toujours, la monnaie, quelle que fut sa forme
(coquillage, métaux précieux, billets, pièces, etc.) est un actif qui présen-
te deux caractéristiques particulières : son absence de rendement et sa
liquidité. Par exemple, détenir un billet de 10 € ne rapporte aucun inté-
rêt (absence de rendement) et permet de régler l’ensemble des transac-
tions pour un montant inférieur ou égal à 10 € (liquidité).
222
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La monnaie
8
les économistes keynésiens. Les premiers défendent l’idée de la neutrali-
té de la monnaie, et considèrent que la monnaie n’est qu’un « voile », un
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223
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M acroéconomie
■ Unité de compte
La monnaie est une unité de mesure de la valeur.
Dans une économie de troc, la valeur des biens se mesure à l’aide des prix
relatifs : on exprime chaque bien en fonction des autres biens. Prenons
l’exemple d’une économie composée de trois biens : tomates, pain et
ordinateurs. Dans une telle économie, les prix relatifs correspondent au
prix des tomates en terme de pain ; au prix des tomates en terme d’ordi-
nateurs ; au prix du pain en terme d’ordinateurs. Il y a donc trois prix
relatifs. Si nous avions étudié une économie avec quatre biens, nous
aurions obtenu six prix relatifs, etc. Le nombre de prix relatifs se calcu-
lant selon la formule n(n − 1)/2 , avec n le nombre de biens, on voit donc
que plus il y a de biens dans l’économie, plus il y a de prix relatifs1. On
voit dès lors l’utilité d’obtenir un dénominateur commun qu’est la mon-
naie. Avec la monnaie, on peut exprimer les prix des biens avec une unité
commune (par exemple en euro, en dollar, etc.)2. Dans notre exemple
précédent, avec trois biens, la monnaie permet d’établir trois prix3
puisque chacun de ces biens est exprimé par rapport à l’unité commune
(l’euro par exemple). La monnaie permet de réduire les coûts de transac-
tion liés au calcul et à l’affichage des prix relatifs.
La monnaie constitue donc un numéraire, une valeur de référence dans
laquelle peut être exprimé l’ensemble des prix des biens d’une économie.
1 Imaginons une économie avec 100 biens. Nous obtenons 4950 prix relatifs !
2 Dans les sociétés primitives, il n’était pas rare qu’une marchandise joue le rôle de mon-
naie. Par exemple, chez les Aztèques, les fèves de cacao jouaient le rôle de monnaie. Tous
les prix étaient exprimés en fève de cacao. Par exemple, un lapin coûtait 30 fèves de cacao.
3 Dans une économie avec 100 biens, nous obtiendrions 100 prix.
224
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La monnaie
■ Réserve de valeur
La monnaie est une réserve de valeur.
La monnaie permet de transférer de la richesse dans le temps. Détenir de
la monnaie permet de différer son utilisation dans le temps, de transférer
8
du pouvoir d’achat dans le futur. La monnaie permet par conséquent de
conserver de la valeur. Point important, pour que cette fonction de réser-
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225
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M acroéconomie
■ La monnaie métallique
sociétés primitives, avant l’ère moderne. Cette monnaie reposait sur l’utilisation, par
exemple, de fèves de cacao, de coquillages, etc. Se reporter, par exemple, à Bailly et al.
(2000) pour une étude détaillée.
226
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La monnaie
■ La monnaie fiduciaire
Ces dernières ne doivent en aucun cas être confondues avec les pièces
métalliques1. Jusqu’à la disparition des pièces métalliques, les billets de
banque étaient en fait des promesses qui pouvaient être converties en
monnaie métallique.
L’émission de la monnaie fiduciaire revient à une entité publique et
unique (l’État auparavant ; la Banque centrale de nos jours). Pour que les
individus accordent une confiance à la monnaie fiduciaire et l’utilisent,
l’État doit instaurer ce que l’on appelle le cours légal, c’est-à-dire l’obli-
gation pour les individus d’accepter la monnaie fiduciaire pour le règle-
ment de leurs transactions. En l’absence de cours légal, les individus sont
libres d’accepter ou non cette monnaie comme moyen de règlement mais
ces billets ne donnent aucune garantie. Nous parlons alors de cours libre.
8
Enfin, il y a une situation où l’État impose le cours forcé de la monnaie : la
suspension temporaire ou définitive de la convertibilité des billets en pièces
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■ La monnaie scripturale
La monnaie scripturale repose sur l’écriture (le script). Elle est compo-
sée des comptes bancaires courants.
1 La pièce de 1€ qui sert tous les jours ne contient aucun gramme de métaux précieux sauf
s’il s’agit d’une pièce de collection. Dans ce cas, elle entre dans la catégorie des pièces métal-
liques.
227
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M acroéconomie
1Le SEBC est le système regroupant la BCE et l’ensemble des banques centrales nationales
des pays membres de l’Union européenne. Nous pouvons signaler qu’il existe un « sous-
ensemble » au SEBC, appelé Eurosystème qui, lui, regroupe la BCE et les banques centrales
nationales des pays membres de la zone euro.
228
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La monnaie
les pensions : les titres de créances cédés provisoirement par son déten-
teur initial à la Banque centrale2 ;
les titres de créances d’une durée inférieure ou égale à deux ans (obli-
gations à moyen terme émis par les institutions financières et moné-
taires) ;
1 C’est-à-dire les comptes courants que ces entités possèdent auprès d’un établissement
bancaire.
2 Par exemple, il s’agit, pour un établissement bancaire européen, de céder un titre de
créance à la BCE (il faut bien entendu que ce titre soit éligible auprès de la BCE) afin de se
refinancer, i.e. obtenir des liquidités auprès de la BCE. Voir, par exemple, l’ouvrage de
Mishkin (2007) pour une première approche.
229
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M acroéconomie
+ Pensions ND
+ Titres d’OPCVM monétaires 418,1
+ Titres de créance 2 ans 118,4
= M3 9890,8
1Ces données ainsi que l’historique sont disponibles dans le fichier excel Chap6 sur
www.dunod.com.
230
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La monnaie
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
0
2000 2005 2010
M1 M2 M3
La demande de monnaie
8
3
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M acroéconomie
1 Fisher (1911).
232
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La monnaie
8
la monnaie doit être égale à 5 puisque :
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PT 500
V = = =5 (3)
M 100
233
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M acroéconomie
234
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La monnaie
Sous les hypothèses posées, l’équation (6) nous montre que toute varia-
tion de la masse monétaire provoque une variation proportionnelle du
niveau général des prix.
8
Où Y remplace T . Y représente le PIB réel (ou le revenu réel si l’on décide
de raisonner à partir du revenu). Dès lors le produit PY correspond au
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M acroéconomie
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La monnaie
considérer que les transactions T sont une part α du PIB. Dès lors :
T = αY (avec Y le PIB). Si par ailleurs nous notons la vitesse de circula-
tion V de l’équation (1) comme étant égale à : V = V /α . Dès lors l’équa-
tion (1) s’écrit M V = PY . Nous aboutissons ainsi à l’équation des
encaisses de Cambridge.
1,4
1,3 8
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1,2
1,1
0,9
0,8
0,7
0,6
2011
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2012
2013
M1 M2 M3
237
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M acroéconomie
M
PI B
Avec M respectivement égal à M1, M2 ou M3.
Contrairement aux hypothèses de Fisher, la vitesse de circulation (quel
que soit l’agrégat étudié) n’est pas constante. Elle suit, depuis 1999,
une tendance baissière avec des fluctuations cycliques sur le très court
terme.
1 N’oublions pas que Keynes a eu Marshall comme professeur d’où une certaine influence.
238
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La monnaie
8
part croissante de leur revenu sous forme monétaire pour assurer leurs
transactions1.
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■ Le motif de spéculation
Spéculer consiste, pour un individu – appelé spéculateur – à prendre un
risque délibéré, par exemple, à acheter un titre dont il anticipe la hausse
de cours pour ensuite le revendre lorsque la hausse a effectivement eu
lieu2. L’objectif du spéculateur est donc de réaliser des plus-values sur ses
placements financiers. Spéculer comporte donc des risques : rien ne dit
1 On peut également aborder la chose sous un autre angle : l’augmentation du revenu (donc
239
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M acroéconomie
1 Pour rappel, chez les classiques (cf. chapitre 4), le taux d’intérêt apparaissait comme le
prix de la renonciation à la dépense de consommation immédiate pour favoriser la
consommation future (i.e. l’épargne). Chez Keynes, c’est le revenu qui décide du partage
entre consommation et épargne. Pour conclure, nous voyons bien que le taux d’intérêt
détermine, chez Keynes, la répartition de l’épargne et non, comme chez les classiques, le
volume de l’épargne.
2 Mieux vaut rester liquide. En effet, quel serait l’intérêt d’acheter des titres dont on antici-
240
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M acroéconomie
spéculation est élevée. À l’inverse, lorsque le cours des titres est faible (le
taux d’intérêt est élevé), le spéculateur anticipe que le cours ne peut
qu’augmenter (donc le taux d’intérêt ne peut que diminuer). Il est alors
incité à en acheter (plus-value potentielle à réaliser). Il diminue donc par
conséquent la part de ses avoirs sous forme de monnaie. La demande de
monnaie pour motif de spéculation est alors faible.
Pour reprendre les travaux de Tobin1 qui fut le premier à représenter la
demande de monnaie individuelle pour motif de spéculation, chaque
spéculateur détermine un taux d’intérêt critique (i c ) 2 lui permettant, en
comparaison avec le taux d’intérêt du marché (i) de placer ses liquidités
soit sous forme de monnaie, soit sous forme de titre.
i (Taux d'intérêt)
Préférence absolue
pour les titres
ic
Préférence absolue
pour la monnaie
L2
(Demande de monnaie pour motif de spéculation)
242
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La monnaie
i (Taux d'intérêt)
Préférence absolue
pour les titres
8
imax
Zone de spéculation
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Préférence absolue
imin pour la monnaie
L2
(Demande de monnaie pour motif de spéculation)
243
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M acroéconomie
Avec L 2 (i) < 0 . L’équation (11) nous indique que la demande de mon-
naie pour motif de transaction est une fonction décroissante du taux
d’intérêt. En effet, plus le taux d’intérêt est élevé, moins il est rentable de
détenir de la monnaie, plus il est intéressant d’acheter des titres1. La
demande de monnaie pour motif de spéculation est alors faible. À
l’inverse, plus le taux d’intérêt est bas, moins il est incitatif de détenir des
1 Le taux d’intérêt ne peut que diminuer donc le prix des titres augmenter (plus-values).
244
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La monnaie
i (Taux d'intérêt)
Md/P = L1(Y)
imax 8
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M acroéconomie
i
imax
imin
M d/P
Figure 5 – La demande de monnaie agrégée
246
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La monnaie
M3
M2
Pensions
M1
M0
Dépôts à terme
< 2 ans
OPCVM Dépôts à vue Billets Réserves des
monétaires et IFM auprès de la
pièces Banque centrale
Dépôts à préavis
< 3 mois
Titres de
créances
Ainsi, nous pouvons voir qu’il existe une relation entre la base monétai-
re et la masse monétaire.
Pour la création monétaire, le rôle de la Banque centrale s’arrête ici. Ce
sont les banques de second rang qui vont « prendre » le relais. En effet,
parmi leurs activités, les banques de second rang peuvent augmenter leur
actif en accordant des crédits à leurs clients. L’accord effectif de ce crédit
8
revient alors à un « simple » jeu d’écritures :
à l’actif de la banque : créance sur un client ;
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247
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M acroéconomie
4.2 L’équilibre
■ Approche graphique
L’équilibre sur le marché de la monnaie représente la confrontation
d’une courbe d’offre de monnaie et d’une courbe de demande de mon-
naie. L’offre de monnaie correspond à la quantité de monnaie mise en
circulation par les autorités monétaires dans l’économie. Elle est consi-
dérée comme exogène. La demande de monnaie correspond, quant à elle,
à la quantité de monnaie désirée par les individus en fonction de plu-
sieurs motifs – transaction et spéculation – eux-mêmes fonctions, res-
pectivement, du revenu et du taux d’intérêt.
L’équilibre sur le marché de la monnaie est atteint lorsque l’offre de
monnaie rencontre la demande de monnaie2.
Lorsque l’offre de monnaie et la demande de monnaie se croisent (point
d’intersection E ), le marché de la monnaie est équilibré ; i ∗ est donc le
1 Cette hypothèse a fait l’objet de nombreux débats. Mais ce n’est pas l’objectif ni du cha-
pitre, ni de l’ouvrage. Par ailleurs, une telle hypothèse ne remet pas en cause nos différents
raisonnements établis jusqu’à présent.
2 Nous reprenons ici la représentation générale de la demande de monnaie issue de la
figure 5.
248
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La monnaie
i
M s/P
E
i*
M d/P
M/P
■ Approche analytique
L’équilibre sur le marché de la monnaie est représenté par l’égalité entre
l’offre réelle et la demande réelle de monnaie. Soit :
8
Ms Md
= (15)
P P
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La monnaie
imax
imin
8
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9 Mots-clés
Le modèle IS-LM :
l’équilibre global
en économie fermée
1 Introduction
Le modèle IS-LM1 est une représentation de l’interdépendance entre la
sphère réelle (le marché des biens et services) et la sphère monétaire (le
marché de la monnaie) d’une économie fermée en courte période.
C’est à John Hicks2 que nous devons la première présentation du modè-
le IS-LM. Le modèle présenté par Hicks à la conférence de la Société
d’Économétrie (Econometric Society), en 1936, avait pour objectif de pro-
poser une lecture de la Théorie générale de Keynes en transformant le rai-
sonnement littéraire de Keynes en un modèle mathématique, grâce à des
équations simultanées. Ce modèle s’intitulait initialement modèle
IS-LL. Ce sont ensuite les travaux de Modigliani (1944) et de Hansen
(1949, 1953) qui transformèrent le modèle IS-LL en modèle IS-LM.
Le modèle IS-LM est la représentation de l’équilibre simultané entre le
marché des biens et services et le marché de la monnaie. On peut donc
dire que le modèle IS-LM vient compléter le modèle keynésien simple.
252
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253
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Soit :
Y −S = I +G (5)
puisque, par définition, S = Y − C .
254
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9
Compte tenu des différentes fonctions de comportement, nous pouvons
réécrire l’équation (3) comme :
Y = c(Y − T ) + C0 + I0 − ai + G (8)
255
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256
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A 1 − c(1 − t)
9
Alors que le multiplicateur avec impôts exogènes est égal à :
Y 1
= k T =T =
A 1−c
Nous voyons que k T =tY +T0 < k T =T .
■ Approche graphique
Nous pourrions utiliser l’équation (10) pour construire la courbe IS. En
effet, cette équation nous indique que la courbe IS représente une relation
257
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i (Taux d'intérêt)
i1
i2
IS
Y1 Y2 Y (Revenu, Production)
Figure 1 – La courbe IS
258
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IS
iA A iA E
B iB E'
iB
I = I0 – ai
IA IB YA YB
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I=S
SA SA
B''
9
B'
SB SB
A' A''
IA IB YA YB
S = (1 – c)Y + cT – C0
259
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Y (Revenu, Production)
Figure 3 – La courbe IS selon la sensibilité de l’investissement
au taux d’intérêt
260
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Y (Revenu, Production)
261
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∆ G>0
i E1 E2
IS1 IS2
Y1 Y2
Y (Revenu, Production)
262
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i (Taux d'intérêt)
∆T > 0
E2 E1
i
IS2 IS1
Y2 Y1 Y (Revenu, Production)
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1 Les impôts étant exogènes, l’État peut décider d’une telle variation. En l’occurrence ici,
une augmentation.
263
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■ Synthèse
Le tableau 1 présente un récapitulatif des effets d’une modification de la
demande autonome selon sa nature (dépense publique ou impôts) sur la
courbe IS.
Tableau 1 – Les déplacements de la courbe IS (à taux d’intérêt donné)
Note : ce qui est valable pour les dépenses publiques l’est également pour la consommation
incompressible (C0) et l’investissement autonome (I0).
264
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fine, à l’élaboration d’une courbe LM moins générale que celle que nous
obtiendrions si nous raisonnions à partir des équations précédentes, il est
plus aisé de travailler à partir de fonctions spécifiées. Il est généralement
admis que les demandes de monnaie pour motif de transaction et de spé-
culation suivent des formes linéaires, respectivement, du revenu et du
9
taux d’intérêt. Ainsi, l’équation de la demande de monnaie pour motif de
transaction peut s’écrire :
L 1 (Y ) = l1 Y (11)
Avec l1 > 0 .
L’équation de la demande de monnaie pour motif de spéculation peut
quant à elle s’écrire :
265
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M acroéconomie
Avec l2 > 0 .
Ainsi, l’équation de la demande de monnaie en terme réel s’écrit :
m d = l1 Y − l2 i (13)
Soit :
m = l1 Y − l2 i (15)
À partir de l’équation (15), nous pouvons définir la courbe LM en expri-
mant Y en fonction de r , soit :
1
Y = (m + l2 i) (16)
l1
266
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■ Approche graphique
Tout comme pour la courbe IS, nous pourrions utiliser l’équation de la
courbe LM (équation (16)) ainsi que les propriétés qui lui sont associées
(équation (17) de la dérivée première) pour effectuer sa représentation gra-
phique. Ainsi, d’après ces deux équations, nous savons que la courbe LM
est une courbe croissante dans le plan (Y,i) . Nous pouvons également rap-
peler le raisonnement économique qui sous-tend cette allure : si le revenu
augmente (pour une raison quelconque), la demande de monnaie pour
motif de transaction augmente ce qui provoque une augmentation de la
demande de monnaie. Il y a donc un déséquilibre sur le marché de la
monnaie puisque la demande de monnaie est supérieure à l’offre de
monnaie, cette dernière ne se modifiant pas. Pour que la demande de
monnaie diminue, et redevienne égale à l’offre, il faut que la demande de
monnaie pour motif de spéculation diminue. Or ceci ne peut se produire
que si le taux d’intérêt augmente. Dès lors, la courbe LM peut être repré-
sentée de la manière suivante.
i (Taux d'intérêt)
LM
i2
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i1
9
Y1 Y2 Y (Revenu, Production)
Figure 7 – La courbe LM
267
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B'
imin
imin B
LA L2 YA YB
i i
LM
L2 = L2(i) imax
imax A'' E
LA L2 YA YB Y
268
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269
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1 Ceci implique, pour la suite du raisonnement, que la demande de monnaie pour motif de
271
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i (Taux d'intérêt)
LM1 LM2
∆m > 0
E1
i1
i2
E2
Y Y (Revenu, Production)
272
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i (Taux d'intérêt)
LM2 LM1
∆m < 0
E2
i2
i1 E1
Y Y (Revenu, Production)
■ Synthèse
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Une...
Politique monétaire
expansionniste
Provoque une...
Baisse du taux d’intérêt
Donc un déplacement de...
La courbe LM vers la droite
(ou vers le bas)
9
(augmentation de
l’offre de monnaie)
273
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M acroéconomie
4 L’équilibre macroéconomique
global : le diagramme IS-LM
4.1 Détermination de l’équilibre macroéconomique
global
L’équilibre macroéconomique global est atteint lorsque le marché des
biens et services (représenté par la courbe IS) et le marché de la monnaie
(représenté par la courbe LM) sont simultanément équilibrés. L’équilibre
économique global va donc permettre de déterminer un couple unique de
revenu, noté Y ∗ , et de taux d’intérêt, noté i ∗, qui assure un équilibre à la
fois sur le marché des biens et services et sur le marché de la monnaie.
■ Approche graphique
L’équilibre global représenté par le point E est atteint au point d’inter-
section des courbes IS et LM dans le plan (Y,i) . Cet équilibre assure un
équilibre simultané des marchés des biens et services et de la monnaie. À ce
point (unique) E correspond un couple revenu-taux d’intérêt d’équilibre,
noté (Y ∗ ,i ∗ ) . Ce couple est unique.
i (Taux d'intérêt)
LM
E
i*
IS
Y* Y (Revenu, Production)
274
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■ Approche analytique
L’équilibre global est déterminé par le couple revenu-taux d’intérêt, solu-
tion du système composé des équations de :
1
– la courbe IS : Y = −cT + C0 + I0 − ai + G ;
1−c
1
– la courbe LM : Y = (m + l2 i) .
l1
Il s’agit donc de résoudre un système de deux équations (IS et LM) à deux
inconnues (Y et i ). La résolution de ce système aboutit à un couple unique
revenu-taux d’intérêt : Y ∗ et i ∗. Ce couple assure l’équilibre simultané sur
le marché des biens et services et sur le marché de la monnaie.
La résolution d’un tel système aboutit au résultat suivant :
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
9
−cT + C0 + I0 + G + m
l2
Y∗ = (18)
l1
(1 − c) + a
l2
(1 − c) l1
− m+ −cT + C0 + I0 + G
l2 l2
i∗ = (19)
l1
(1 − c) + a
l2
275
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1D’où l’utilisation du terme équilibre global pour caractériser l’équilibre du modèle IS-LM.
2Si cette hypothèse est acceptable à court terme et en économie fermée, elle est bien moins
vraie à long terme ou en économie ouverte.
276
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Côté salarié
w0
N1 NPE
Emploi
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w/p
Côté entreprise 9
N1
Emploi
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i (Taux d'intérêt)
LM
i*
IS
w/p (salaire réel) (w/p)*
Y* YPE
Y (Revenu
Production)
Ns
N*
Situation de
sous-emploi
NPE
Nd
N (Niveau d'emploi)
Figure 13 – L’équilibre de sous-emploi dans le modèle IS-LM
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
La lecture d’un tel graphique se fait « dans le sens des aiguilles » d’une montre.
9
À partir de l’équilibre simultané sur le marché des biens et services et sur
le marché de la monnaie (quadrant (a)), un revenu d’équilibre ainsi
qu’un taux d’intérêt d’équilibre sont déterminés (Y ∗ et i ∗). Le revenu
d’équilibre détermine un niveau de production égal à Y ∗ qui, lui-même,
compte tenu de la fonction de production, détermine un niveau d’emploi
N ∗ (quadrant (b)). À partir de ce niveau d’emploi N ∗ , se détermine un
taux de salaire réel (w/ p)∗ .
Rien ne dit que ce niveau d’emploi N ∗ corresponde à un niveau de plein-
emploi (rien ne garantit que la demande de travail coïncide avec l’offre
de travail). En effet, étant contrainte sur ses débouchés, l’entreprise ne
produit pas autant qu’elle le souhaiterait. Elle limite donc ses embauches
279
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280
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9
voyons donc que, dans le cadre du modèle IS-LM, l’effet multiplicateur
est plus faible. Pourquoi ?
Pour répondre à cette question et analyser l’effet, dans le cadre du modèle
IS-LM, d’une augmentation des dépenses publiques sur le revenu, et in
fine sur le taux d’intérêt, appuyons-nous sur une représentation gra-
phique d’une telle politique.
L’augmentation des dépenses publiques provoque un déplacement de la
courbe IS vers la droite et passe de IS1 à IS2. Le passage de IS1 à IS2 s’effec-
tue en deux étapes. Dans une première étape, l’augmentation des
dépenses publiques provoque, toutes choses égales par ailleurs, une
augmentation de la demande globale. Les entreprises répondent à cette
281
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i (Taux d'intérêt)
LM
E2
i2
E1
i1
IS1 IS2
Y1 Y2 YA Y (Revenu, Production)
282
9782100706471-guil-C09.qxd 16/07/14 12:02 Page 283
l2
9
Nous voyons que ce ratio est positif compte tenu des propriétés des para-
mètres c , a , l1 et l2.
Au final, le passage de l’équilibre global E 1 à E 2 se fait en deux temps :
de E 1 à A : l’impulsion budgétaire qui a des conséquences tout d’abord
sur le marché des biens et services ;
puis de A à E 2 : les changements intervenus sur le marché des biens et
services suite à l’impulsion budgétaire provoquent, via leur interdé-
pendance, des changements sur le marché de la monnaie qui à leur
tour (effet de second rang) provoquent des effets sur le marché des
biens et services.
283
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i (Taux d'intérêt) LM
E2
i2
E1
i1
IS2
IS1
Y1 = Y2 Y (Revenu, Production)
i (Taux d'intérêt)
LM
9
E
i 1 = i2 IS1 = IS2
Y1 = Y2 Y (Revenu, Production)
285
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i (Taux d'intérêt)
E1 E2
i1 = i2 LM
IS1 IS2
Y1 Y2 Y (Revenu, Production)
Figure 16a – La courbe LM est horizontale
i2 E2
i1
E1
Y1 Y2 Y (Revenu, Production)
286
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G (1 − c)
9
Y ∗ 1
la courbe IS est verticale (effet d’éviction nul) : = .
G (1 − c)
287
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l1
−c
i ∗ l2
= >0 (23)
T l1
(1 − c) + a
l2
−c
L’expression correspond au multiplicateur fiscal. Nous le
l1
(1 − c) + a
l2
288
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Relancer la demande est donc plus efficace par une politique budgétaire
(augmentation des dépenses publiques) que par une politique fiscale
(diminution des impôts)1.
1Un encadré, disponible sur www.dunod.com, présente le modèle IS-LM avec imposition
endogène.
289
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(1 − c)
−
i ∗ l2
= <0 (26)
m l1
(1 − c) + a
l2
i (Taux d'intérêt)
LM1 LM2
E1
i1
E2
i2
iA
A
IS
Y1 Y2
Y (Revenu, Production)
290
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9
quilibre se caractérise par une insuffisance de l’investissement par rap-
port à l’épargne2. La baisse du taux d’intérêt, il s’agit là de la seconde
étape du raisonnement, stimule alors, sur le marché des biens et services,
1 Les autorités monétaires n’augmentent pas l’offre de monnaie gratuitement ! Pour résu-
mer brièvement et de façon assez simple : une politique monétaire expansionniste consis-
te, pour les autorités monétaires, à fournir des liquidités au marché (hausse de la quantité
de monnaie offerte) en achetant des titres. Inversement, une politique monétaire restricti-
ve consiste, pour les autorités monétaires, à vendre des titres, donc à retirer de la liquidité
du marché.
2 Nous pouvons aussi dire que ce déséquilibre se caractérise par l’excès de l’offre de biens et
291
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E1 E2
i1 = i2 IS
Y1 Y2 Y (Revenu, Production)
292
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i (Taux d'intérêt)
LM1 LM2
i1 E1
i2 E2
IS
Y1 Y2 Y (Revenu, Production)
293
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i (Taux d'intérêt) IS
LM1 LM2
I1 E1
I2 E2
Y1 = Y2 Y (Revenu, Production)
i (Taux d'intérêt)
E
i1 = i 2 LM1 LM2
IS
Y1 = Y2 Y (Revenu, Production)
294
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Y ∗ 1
La courbe LM est verticale (efficacité totale) : = .
m l1
5.3 Le policy-mix
■ Principe
La section 5.1 analysait les effets d’une politique budgétaire expansion-
niste à politique monétaire inchangée tandis que la section 5.2 analysait
les effets d’une politique monétaire expansionniste à politique budgétai-
re inchangée. Il est cependant possible d’utiliser simultanément ces deux
politiques économiques pour accroître l’efficacité de l’intervention (de
l’État et de la Banque centrale) afin de réguler l’activité économique.
La combinaison des politiques budgétaire et monétaire constitue ce que
l’on appelle le policy-mix. Il consiste à utiliser la politique budgétaire et
la politique monétaire pour renforcer l’efficacité de l’intervention
publique ou atteindre des objectifs qui seraient sinon contradictoires1.
■ Analyse
Analysons une combinaison, un policy-mix, de la politique budgétaire et
de la politique monétaire.
Supposons à nouveau que l’économie se situe dans une situation de sous-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
9
expansionniste en augmentant les dépenses publiques (cf. section 5.1 ; sur
la figure 20 infra, l’équilibre passe du point E1 au point E2)2. Nous savons
qu’une telle politique accroît le revenu (donc diminue le
1 Jan Tinbergen (prix Nobel d’économie en 1969) recommandait ainsi d’utiliser autant
d’instruments de politique économique qu’il y avait d’objectifs à atteindre. Si, par exemple,
l’État souhaite réduire son déficit sans pénaliser l’emploi, il doit combiner une politique
budgétaire restrictive et une politique monétaire expansionniste. Le policy-mix consiste
alors à trouver la « bonne » pondération entre ces deux politiques pour atteindre ces deux
objectifs.
2 Mankiw (2010) propose l’étude du policy-mix à partir d’une politique fiscale restrictive
295
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i (Taux d'intérêt)
LM1 LM2
E2
i2
i1 = i3 E3
E1
IS1 IS2
Y1 Y2 Y3 Y (Revenu, Production)
Figure 20 – Le policy-mix
296
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M acroéconomie
d’équations basé sur une théorie dans lequel les coefficients sont chiffrés
à l’aide de techniques d’estimation économétrique, c’est-à-dire en déter-
minant leurs valeurs afin de permettre au modèle de reproduire le plus
fidèlement possible l’évolution historique telle qu’elle ressort des comptes
nationaux passés » (Hairault, 2000). La structure théorique de la plupart
des modèles macroéconométriques repose sur le modèle IS-LM à court
terme. À la différence près du modèle théorique présenté dans ce chapitre
(comportant un nombre raisonnable d’équations), les modèles macroé-
conométriques peuvent comporter un très grand nombre d’équations. À
titre d’exemple, le modèle MÉSANGE (Modèle Économétrique de
Simulation et d’ANalyse Générale de l’Économie) de la Direction généra-
le du Trésor comporte environ 500 équations dont une quarantaine retra-
ce des comportements2. Il existe un grand nombre de modèles :
MÉSANGE, OPALE, NiGEM, INTERLINK, etc. chacun pouvant évaluer
les multiplicateurs. Ce chiffrage est propre à chaque modèle, donc aux
hypothèses faites dans chacun d’eux. De plus, la crise financière interve-
nue depuis 2007 et ses conséquences ont remis en cause l’estimation des
multiplicateurs. Un grand nombre de travaux a montré que les multipli-
cateurs étaient affectés par la crise comme, par exemple, les travaux de
Cogan et al. (2010).
Nations en 1939, estimé un modèle qui se voulait proche des travaux de Keynes. Keynes,
sollicité pour évaluer le travail, fut très sceptique sur celui-ci.
2 MÉSANGE est considéré comme un modèle macroéconométrique de taille moyenne. En
effet, le modèle DMS (un des tous premiers modèles mis en place par l’Insee) comptait
presque 2000 équations !
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nous ne ferons que rappeler les principaux résultats. À court terme, une
hausse du taux d’intérêt directeur provoque :
une baisse de la production ;
une hausse du taux de chômage. 9
Ceci est conforme aux prédictions du modèle IS-LM.
L’étude des prix est particulièrement intéressante. En effet, à court terme,
l’effet de la politique monétaire menée (hausse du taux d’intérêt direc-
teur) a peu, voir pas, d’effet sur les prix. Ce n’est qu’à moyen terme (à
compter du 7e trimestre suivant la hausse du taux d’intérêt) que les prix
commencent à baisser. Dès lors, le modèle IS-LM semble approprié pour
étudier les fluctuations d’une économie à très court terme mais devient
obsolète à moyen terme. Si les prix peuvent être considérés comme fixes
à court terme, ce n’est absolument plus le cas à moyen terme.
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Bibliographie
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Economics and Statistics, vol. 78 (1), pp. 16-34.
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Bibliographie
1 Cet ouvrage a été traduit en français et est paru en 1952 sous le titre Théorie Monétaire et
Politique Fiscale.
2 Cet ouvrage a également été traduit en français et est paru en 1953 sous le titre
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M acroéconomie
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Index
A demande sur le marché de la
accélérateur fixe 158 de monnaie pour motif monnaie 264
accélérateur flexible 161 de transaction 235 sur le marché des biens et
actualisation 144 effective 276 services 254
administrations publiques 64 globale 201, 254 excédent primaire 190
agrégat(s) 19, 79 dépenses publiques 38, 40, 183 exportations 38, 40
monétaires M1 228 désinflation 48 nettes 38, 40
monétaires M2 229 diagramme IS-LM 274 F
monétaires M3 228 double coïncidence des
besoins 223 flux 60
augmentation de son capital 165 fonction
autofinancement 164 dynamique d’accumulation
du capital 141 de consommation concave 114
B d’investissement 152
E de consommation 108
branche 89
économie de consommation affine 112
C
de troc 223 de consommation
capitalisation 144 normative 24 linéaire 113
ceteris paribus 23 positive 24 formation
circuit économique 58 effet brute de capital fixe 135
comptabilité nationale 56, 57 d’éviction 283 nette de capital fixe 143
compte(s) d’imitation ou de
chaînés 34 H
démonstration 123
d’affectation des revenus de cliquet 124 hyperinflation 49
primaires 72 Pigou 236 hypothèse du revenu relatif
d’exploitation 72 efficacité marginale du 123
d’utilisation du revenu 73 capital 154 I
de capital 73
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
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