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Séance 8 - Les turbines à gaz

Solutions

Rappel
Les turbines à gaz sont des installations motrices à débit massique permanent. En
conséquence de quoi, on s’attend d’une part à ce que le travail final produit soit négatif et
d’autre part, à utiliser les lois de transformations des gaz en système de type ’ouvert’.

wm = v dp + Δk + g Δz + wf
= Δh + Δk + g Δz − q

Les transformations polytropiques sont supposées aussi adiabatiques dans les compres-
seurs et turbines des turbines à gaz. Les transformations 1 → 2 et 3 → 4 sont donc
adiabatiques et de travaux de frottements proportionnels au travail moteur.

q=0 wf = α wm
Finalement, les compresseurs et les turbines sont installées sur un axe horizontal dans
la centrale et designés de façon à ce que la vitesse d’entrée et de sortie du fluide soient très
proches. En conséquence de quoi, on néglige les variations d’énergie cinétique et d’énergie
potentielle.

Δk = 0 g Δz = 0

 
v dp
wm = v dp + α wm =
1−α
= Δh

Exercice 1
Une turbine à gaz simple de type ”aeroderivative” (dérivée de la propulsion aérienne 3 )
est utilisée au sol de façon stationnaire pour fournir de la puissance à un alternateur.
L’installation est schématisée comme suit :

Le débit d’air vaut 87 kg/s. Le compresseur réalise un certain rapport de compression à


partir d’un état 1 caractérisé par p1 = 1 bar et t1 = 20o C. Son rendement polytropique
interne vaut ηpi = 0.90.

Dans la chambre de combustion, on suppose que la combustion isobare amène les gaz
comburés en 3 à une température t3 = 1400o C.

3. voir par exemple la LM2500 produite par GE, proche des données de cet exercice

124
Dans la turbine, les gaz comburés se détendent jusqu’à la pression p4 = 1 bar avec un
rendement polytropique interne égal à ηpi = 0.95. Ce rendement élevé tient compte de l’ef-
fet global des techniques actuelles de refroidissement, qui tendent à rapprocher la détente
d’une détente isentropique.

On peut supposer que le cycle est exclusivement parcouru par de l’air dont le comporte-
ment est assimilé à celui d’un gaz idéal. Ses caractéristiques, supposées invariables, sont
R∗ = 287.1 J/kg K et cp = 1.18 kJ/kgK (valeur moyenne considérée sur la gamme de
température utile). La valeur de γ = cp /cv peut en être déduite.

1. On demande de :

– calculer la valeur du rapport de compression qui optimise le travail moteur du cycle


et la valeur de ce dernier ;
– calculer le rendement thermique et la puissance, si les rendements mécaniques du
compresseur et de la turbine sont égaux et valent 0.99 ;
– déterminer les caractéristiques (p et t) aux divers états pour le cycle optimisé ;
– représenter les états et les évolutions ;
– calculer la valeur des rendements isentropiques du compresseur et de la turbine.

2. On peut réaliser une variation de température de 50 C ; on demande s’il est plus inté-
ressant d’augmenter la température à l’entrée de la turbine ou de diminuer celle à l’entrée
du compresseur.

3. Pour récupérer la perte de puissance à l’échappement de la turbine à gaz, on décide de


placer un échangeur à la sortie du compresseur pour réchauffer l’air avant son entrée dans
la chambre de combustion. Le ΔT aux ” bornes ” de l’échangeur vaut 30 C. On demande
d’évaluer le travail moteur et le rendement thermique de ce cycle avec échangeur.

125
Solution de l’exercice 1
Le but de l’exercice est de déterminer les caractéristiques manquantes de l’installation
qui permettront au fluide de produire le maximum de travail moteur. Les données connues
de l’exercice, sont les températures en entrée des élements moteurs et récepteurs, ainsi que
les conditions atmosphériques.

Table 12.2 – Tableau inital des caractéristiques des états

états pression température


[bar] [o C] [K]
1 1 20 293.15
2
3 1400 1673.15
4 1

Par ailleurs, comme la chambre de combustion est isobare, il est évident que la pression
en sortie de compresseur est égale à celle en entrée de turbine. Et donc, le rapport de
compression des deux machines est identique.
p2 p3
r= =
p1 p4
L’optimisation du travail moteur en fonction du rapport de compression suppose que
l’évolution du travail moteur en fonction de ce rapport passe par un maximum. Ce qui se
traduit mathématiquement par l’annulation de la dérivée du travail moteur.

∂wm (r)
=0
dr
La première étape de la résolution consiste donc à exprimer le travail moteur de la tur-
bine en fonction du rapport de compression. Lors de cet exercice, on fera deux hypothèses
importantes :

– Le débit massique dans la turbine est égal au débit massique au compresseur, c’est-
à-dire que le débit de combustible n’est pas pris en compte dans les calculs de la
turbine.

126
– L’air et les fumées sont des gaz parfaits de chaleurs spécifiques constantes : cp = cst

Le travail moteur de la turbine à gaz est égal à la somme du travail consommé au compres-
seur et de celui produit à la turbine. C’est-à-dire, finalement, puisque les transformations
sont polytropiques et donc adiabatiques, égal à la somme des variations d’enthalpie :

wm = wm,T + wm,C
= Δh43 + Δh21
= cp (T4 − T3 ) + cp (T2 − T1 )
= −cp (T3 − T4 ) + cp (T2 − T1 )
   
T4 T2
= −cp T3 1 − + c p T1 −1 .
T3 T1

On a donc exprimé le travail moteur comme une fonction des rapports de température
dans les machines tournantes : TT21 et TT43 . Par définition d’une relation polytropique (p v m =
constante), il est évident qu’on peut lier le rapport de température au rapport de pression :

  mc −1
T2 p2 mc mc −1
= = (r) mc
T1 p1
  mT −1 1−mT
T4 p4 mT
mT
= = (r)
T3 p3

Cependant de ces expressions, on ne connait aucun des deux coefficients polytropiques


mc et mT . La prochaine étape consiste donc à exprimer celui-ci en fonction de l’information
connue sur la transformation polytropique : le rendement polytropique. Les transforma-
tions (1 → 2) et (3 → 4) sont des transformations polytropiques de rendement polytropique
interne ηpi,C et ηpi,T respectivement. Ces rendements peuvent être reliés aux coefficients
des transformations polytropiques de la manière suivante 4 . Pour un compresseur (machine
réceptrice) :

wu
ηpi,C =
wm
wm − wf
=
w
 m
v dp + wf − wf
=
Δh − q

v dp
=
Δh
Dans cette équation, on peut réécrire l’intégrale de v(p) dp en exprimant la fonction
v(p). Et comme la variation d’enthalpie peut aussi s’exprimer d’une façon très semblable
4. La démonstration plus complète que celle faite ici est réalisée dans le solutionnaire de la séance sur
les compresseurs.

127
au résultat ainsi obtenu, on écrit : 5 :
 
mc T2
mc −1 p1 v1 −1
T1
mc
p1 v 1
mc −1
ηpi,C =   =
T2 cp T1
c p T1 T1 −1
mc
mc −1
= cp
R∗
mc γ − 1
=
mc − 1 γ

Par un raisonnement similaire, on peut montrer que, pour une machine motrice (turbine),
on a l’expression inverse :
wm mT − 1 γ
ηpi,T = =
wu mT γ − 1
En spécifiant la valeur particulière du coefficient de Poisson dans le cadre de cet exercice :
cp cp 1180
γ= = ∗
= = 1.3215
cv cp − R 1180 − 287.1
Ce qui permet le calcul par ailleurs des coefficients polytropiques :

γ
−ηpi,C γ−1
mc = γ = 1.37
1 − ηpi,C γ−1
1 γ
− ηpi,T γ−1
mT = 1 γ = 1.3
1− ηpi,T γ−1

On a donc une règle de transformation permettant de déterminer le coefficient polytro-


pique à partir du rendement polytropique, et inversément pour des machines réceptrices
et motrices. Dès lors :
  mc −1
 1 γ−1 
T2 p2 p2 ηpi,C γ
mc
= =
T1 p1 p1
  mT −1  ηpi,T γ−1  −ηpi,T γ−1
T4 p4 m T p4 γ p3 γ
= = = .
T3 p3 p3 p4

On obtient donc une expression des rapports de température en fonction de paramètres


connus de l’exercice : le coefficient de Poisson γ, les rendements isentropiques et le rapport
de pression recherché :
1 γ−1
T2
= (r) ηpi,C γ
T1
T4 −η γ−1
= (r) pi,T γ .
T3
Ces expressions pourraient être conservées telles quelles mais cela implique de propager
des exposants constants assez lourds. Pour simplifier, on définit un paramètre X tel que
cp
5. En rappelant que : γ = cv
et R∗ = cp − cv

128
  γ−1   γ−1
γ−1 p2 γ p3 γ
X  (r) γ = = ,
p1 p4
ce qui simplifie les expressions des rapports de température :

T2  γ−1  η 1 1
pi,C
= (r) γ = (X) ηpi,C
T1
T4  γ−1 −ηpi,T
= (r) γ = (X)−ηpi,T .
T3
Ce qui permet d’écrire une relation du travail moteur en fonction du rapport X :
 
 −ηpi,T
1
wm = −cp T3 1 − X + c p T1 X ηpi,C
−1 .

Pour trouver le rapport de compression optimal, il suffit de déterminer le rapport X optimal


puisqu’ils sont tous les deux liés directement par une constante multiplicative :

∂wm ∂wm ∂r
=
∂X ∂r ∂X
On calcule alors simplement la dérivée du travail moteur :
1
∂wm 1 −1
= −cp T3 ηpi,T X −ηpi,T −1 + cp T1 X ηpi,C
∂X ηpi,C
Le travail moteur est maximum lorsque cette dérivée s’annule :
   1
1
∂wm T3 ηpi,C +ηpi,T
=0 → X= ηpi,C ηpi,T .
∂X T1
Pour T1 = 293.15 K, T3 = 1673.15 K, ηpi,C = 0.9 et ηpi,T = 0.95, on obtient

X = 2.16
soit un rapport de compression optimal r de :
p2 p3
r= = = 23.59
p1 p4
On peut dès lors déterminer toutes les températures du cycle :
1
T2 = T1 X ηpi,C = 689 K
T4 = T3 X −ηpi,T = 806 K.

Détermination des travaux moteurs et des puissances


Par conséquent, on peut facilement calculer les travaux moteurs de la turbine et du
compresseur pour ce rapport de compression optimal. On peut soit réutiliser l’expression
en fonction du paramètre optimal X soit, maintenant que les températures sont toutes
connues, utiliser la variation d’enthalpie du fluide :

wm,C = cp (T2 − T1 ) = 467 [kJ/kg]


wm,T = −cp (T3 − T4 ) = −1024 [kJ/kg]

129
Table 12.3 – Tableau final des caractéristiques des états

états pression température


[bar] [o C] [K]
1 1 20 293.15
2 23.6 416 689
3 23.6 1400 1673.15
4 1 533 806

Figure 12.18 – Diagramme (T − s) du cycle de l’exercice 1.

130
Finalement, le travail moteur vaut

wm = wm,T + wm,C = −556 kJ/kg

q est l’effet calorifique fourni au fluide à la source chaude (par la combustion du com-
bustible). De l’équation énergétique du travail moteur, comme lors de la combustion, il n’y
a ni travail, ni variation d’énergie cinétique, ni variation d’énergie potentielle, on a :

0 = Δh + 0 + 0 − q
Donc l’apport calorifique vaut

q = Δh = cp (T3 − T2 ) = 1161 kJ/kg

Sachant que le débit massique d’air dans la turbine et le compresseur est ṁ = 87 kg/s,
la puissance motrice de la machine est

Pm = ṁ |wm | = 48.4 M W.

La puissance effective se calcule en tenant compte des rendements mécaniques. Le


compresseur consomme plus de puissance effective que ce qu’il ne transmet au fluide sous
forme de puissance motrice tandis que la turbine produit moins de puissance effective que
ce que le fluide lui transmet de puissance motrice :

Pe,T = ṁ ηmec,T |wm,T | < Pm,T


1
Pe,C = ṁ |wm,C | > Pm,C
ηmec,C
 
1
Pe = Pe,T − Pe,C = ṁ ηmec,T |wm,T | − |wm,C | = 47.1 M W
ηmec,C

Détermination des rendements du cycle


Le rendement thermique du cycle correspond à l’utilisation par le fluide des flux d’éner-
gie. Celui-ci reçoit un apport calorifique à la combustion q et l’utilise pour produire un
travail moteur. Etant donné que le compresseur récepteur et la turbine motrice sont placés
sur un même axe, un seul travail est pris en compte : le travail total, égal à la somme des
deux autres. Le rendement thermique est donc le rapport entre cette production de travail
et cet apport de chaleur à la combustion (en valeurs absolues).

|wm | 556
ηth = = = 0.478
|q| 1161
Le rendement global de l’installation correspond à l’utilisation par l’installation globale
des flux d’énergie. L’installation reçoit un apport de chaleur dû à la combustion d’un
combustible et produit une certaine puissance effective :

Pe Pe 47100
ηtot = = = = 0.466
Q̇ ṁ q 87 × 1161
Le rendement global est donc une caractéristique de la machine vue d’un point de vue
externe. C’est la quantité réelle de puissance électrique récupérée de la combustion d’un
combustible. Tandis que le rendement thermique est une caractéristique de la machine

131
Figure 12.19 – Flux d’énergie de l’exercie 1.

d’un point de vue interne. Il s’agit de la réelle utilisation par le fluide de l’énergie reçue.

Pour comparer, le rendement de Carnot de cette machine, c’est-à-dire le rendement


maximal qu’une machine opérant entre ces températures pourrait atteindre, vaut :

Tmin 293
ηCarnot = 1 − =1− = 0.8249
Tmax 1673

Détermination des rendements isentropiques


Les transformations de compression et de détente sont polytropiques caractérisées par
des rendements polytropiques (qui représentent le rapport entre le travail utile et le travail
moteur). Cependant, cette transformation aurait tout aussi bien pu être caractérisée par
un rendement isentropique (soit le rapport entre le travail moteur produit et celui qu’au-
rait produit une transformation isentropique, sans perte de frottement).

wm,is Δhis T2,is − T1


ηis,C = = =
wm Δh T2 − T1
wm Δh T4 − T3
ηis,T = = =
wm,is Δhis T4is − T3
Pour calculer les rendements isentropiques internes du compresseur et de la turbine,
il faut donc connaı̂tre les températures T2s (T4s ) qui serait obtenues par la compression
et la détente isentropique à partir de T1 et T3 pour le même rapport de pression que la
compression ou la détente réelle. Donc, en rappelant que la transformation isentropique
est la cas particulier de la transformation polytropique où m = γ, on peut écrire :
  γ−1
T2s p2 γ
= X
T1 p1
Ce qui montre finalement que le rapport X choisi représente simplement le rapport de
température qu’aurait eu une transformation isentropique. Le calcul de ces températures
est immédiat :

T2s = T1 X = 633 K T4s = T3 X −1 = 775 K.

132
et les rendements isentropiques internes se calculent aisément :

(wm )s T2s − T1
ηsi,C = = = 0.86
wm T2 − T1
wm T3 − T4
ηsi,T = = = 0.97
(wm )s T3 − T4s

Il apparaı̂t ainsi clairement que pour des rendements polytropiques de, respectivement,
0.9 et 0.95, les rendements isentropiques ont des valeurs totalement différentes.

2. Influence des variations de température


Pour analyser la sensibilité du rendement à une variation indépendante des températures
T1 et T3 avec X fixé, il faut exprimer le rendement en fonction de ces deux variables :

1
wm cp (T3 − T4 ) − cp (T2 − T1 ) T3 (1 − X −ηpi,T ) − T1 (X ηpi,C − 1)
ηt = = = 1
q cp (T3 − T2 )
T3 − T1 X ηpi,C
On peut alors calculer les dérivées partielles du rendement par rapport à T1 et T3 . On
obtient
1 1
∂ηt −(X ηpi,C − 1)q + X ηpi,C wm
=
∂T1 q2
et

∂ηt (1 − X −ηpi,T )q − wm
= .
∂T3 q2
Pour le cycle de l’exercice, on peut calculer la valeur numérique de ces dérivées :

∂ηt ∂ηt
= −1.93 × 10−7 K −1 = 3.38 × 10−8 K −1 .
∂T1 ∂T3
Cela montre qu’une diminution de la température à l’entrée du compresseur est plus
favorable pour le rendement qu’une augmentation de la température à l’entrée de la tur-
bine. Par conséquent, la diminution de la température avec l’altitude est un élément positif
pour l’utilisation de turbines à gaz en propulsion aérienne.

3. Récupération de la perte à la cheminée


Pour augmenter le rendement, il faut diminuer la perte à la source froide c’est-à-dire
l’enthalpie résiduelle des fumées. Comme T4 > T2 , on peut imaginer utiliser les fumées
pour préchauffer les gaz avant leur introduction dans la chambre de combustion au moyen
d’un échangeur à contre-courants. Dans celui-ci, les fumées se refroidissent de T4 à T6 alors
que les gaz comprimés se réchauffent de T2 à T5 . Le bilan de l’échangeur s’écrit alors :

ṁ cp (T4 − T6 ) = ṁ cp (T5 − T2 )
→ T4 − T6 = T5 − T2
→ T4 − T5 = T6 − T2 = ΔT.

Puisque Δt est fixé par l’énoncé à 30o C, on obtient

133
T5 = 776 K T6 = 719 K
L’effet calorifique fourni est donc réduit et vaut

q  = cp (T3 − T5 ) = 1059 kJ/kg

et le rendement thermique devient :


wm
ηt = = 0.53
q
qu’il faut comparer ηt = 0.47 qu’on avait obtenu précédemment. L’amélioration du
rendement par l’ajout d’un échangeur récupérateur est donc significative. Ce système est
toutefois relativement peu utilisé à cause de sa complexité et de son encombrement et parce
qu’on peut faire mieux (voir cycles TGV ). On peut néanmoins trouver des exemples d’uti-
lisation en propulsion marine (turbine Rolls-Royce WR-21 6 ) ou en propulsion terrestre
(turbine Honeywell AGT-1500 qui équipe les tanks Abrams).

Table 12.4 – Tableau final des caractéristiques des états - exo 1

états pression température


[bar] [o C] [K]
1 1 20 293.15
2 23.6 416 689
2s 23.6 360 633
3 23.6 1400 1673.15
4 1 533 806
4s 1 502 775
5 1 503 776
6 23.6 446 719

6. http ://www.rolls-royce.com/marine/products/diesel gas turbine/gas turbines/wr21.jsp. A noter


également l’utilisation d’une compression multi-étagée avec refroidissement intermédiaire

134
Figure 12.20 – Diagramme (T − s) du cycle de l’exercice 1.

135
Exercice 2
On considère une turbine à gaz de centrale électrique. Les données du problème sont
les suivantes :

– l’état 1 est caractérisé par les valeurs : p1 = 100 kPa et t1 = 20 °C ;


– la pression à laquelle est réalisée la combustion est : p2 = p3 = 1780 kPa ;
– les gaz comburés ont, à la sortie de la chambre de combustion, une température
t3 = 1000 °C ;
– les transformations dans la turbine et le compresseur sont supposées isentropiques ;
– les rendements mécaniques de la turbine et du compresseur valent ηmec,C = ηmec,T =
0.98.
On demande de calculer :

Dans le cas où on considère une valeur constante pour γ (γ = 1, 4) :

1. les états (p, T ) successifs du gaz au cours du cycle ;


2. l’action calorifique Q dégagée par la combustion, le travail moteur disponible et le
rendement global du cycle.
Dans le cas où l’on considère qaue γ varie avec la température selon une loi donnée par
la relation suivante :

cp = 946.13 + 0.183 T [J/kg/K],


les états (p, T ) successifs du gaz au cours du cycle.

L’utilisation d’un cp variable implique l’utilisation d’une formule implicite pour le calcul
des températures. On considère qu’il y a convergence après deux itérations, on utilise les
valeurs calculées en considérant γ = cst comme valeurs initiales pour les itérations.

136
Solution de l’exercice 2

Table 12.5 – Tableau inital des caractéristiques des états - exo 2

états pression température


[bar] [o C] [K]
1 1 20 293.15
2 17.8
3 17.8 1000 1273.15
4 1

1. Chaleurs massiques constantes


Comme les transformations (1 → 2) et (3 → 4) sont isentropiques, la loi de transfor-
mation est : p v γ = constante. Et donc :
  γ−1
T2 p2 γ
=
T1 p1
  γ−1
T4 p4 γ
=
T3 p3

Ce qui donne
T2 = 667.35 K T4 = 559.26 K.
Le travail moteur effectif vaut (cp = 1.01kJ/kgK)
−1
we = ηmec,T cp (T3 − T4 ) − ηmec,C cp (T2 − T1 ) = 320.95 [kJ/kg].

L’action calorifique dégagée par la combustion vaut

q = cp (T3 − T2 ) = 611.86 [kJ/kg]

et donc le rendement
we
ηt = = 0.525
q
Pour une chaleur spécifique à pression constante (cp ) connue et constante, l’exercice se
résoud de façon simple et rapide. Il suffit d’appliquer les deux lois de transformation pour
trouver les températures de fin de transformation. En est-il de même lorsqu’on modifie
l’hypothèse de cp constant ?

2. Chaleurs massiques variables


Comme le cp n’est plus constant, on ne peut plus lier aussi simplement le rapport de
pression au rapport de pression. Il faut trouver un moyen d’exprimer cette relation pour
un cp variant avec la température. Pour trouver une loi de transformation, on s’interroge
toujours sur l’application des principes de la thermodynamique. Du second principe, il
résulte que :
T ds = dh − v dp.

137
Dans le cas d’un gaz idéal,
dp
T ds = cp (T ) dT − R∗ T .
p

Pour une transformation isentropique (ds = 0), dp et dT sont donc reliés par

dT dp
cp (T ) = R∗
T p
et donc  
T2 p2
dT dp
cp (T ) = R∗ .
T1 T p1 p
Ce qui se ramènerait à p vγ = constante, si les cp étaient constants. Pour cp (T ) = α + βT ,
   
T2 ∗ p2
α ln + β(T2 − T 1) = R ln .
T1 p1

Il s’agit d’une équation implicite pour T2 qu’il faut résoudre de façon itérative. Pour cela,
on la récrit sous la forme
   
R p2 β
T2 = T1 exp ln − (T2 − T1 )
α p1 α

et on calcule la suite (T2 )n telle que


   
n+1 R p2 β
(T2 ) = T1 exp ln − ((T2 )n − T1 )
α p1 α

en prenant pour (T2 )0 la valeur obtenue dans le cas 1. La suite converge vers la solution
de l’équation et après deux itérations, on obtient

T2 = 655.05 K.

En procédant de façon similaire pour T4 , on trouve finalement

T4 = 604.14 K.

Le but de cet exercice est de montrer que dès qu’on complique un petit peu l’énoncé en
rendant une hypothèse plus réaliste, la solution n’est plus évidente et nécessite des calculs
itératifs.

138

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