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Journal d'agriculture tropicale et

de botanique appliquée

Contribution à l'étude du Grenadier.


Dr V. A. Evreinoff

Citer ce document / Cite this document :

Evreinoff V. A. Contribution à l'étude du Grenadier.. In: Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 4, n°3-4,
Mars-avril 1957. pp. 124-138;

doi : https://doi.org/10.3406/jatba.1957.2380

https://www.persee.fr/doc/jatba_0021-7662_1957_num_4_3_2380

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Contribution à l'Etude du Grenadier

Par V. A. EVREINOFF.

Valeur économique.
Le Grenadier (Punica granatum Linné) est une précieuse espèce
fruitière méridionale et subtropicale.
Parmi les arbres fruitiers méridionaux, il est sans doute celui qui
se prête aux usages les plus variés même décoratifs.
Il n'est pas seulement utile par ses fruits aux teintes magnifiques, mais
par les produits qui en sont extraits. La grenade — ordinairement de la
grosseur d'un poing, est globuleuse et couronnée par un calice
persistant. C'est une baie à peau épaisse et coriace à valves irrégulières,
dont les nombreuses loges superposées en deux séries sont séparées
par les cloisons ténues. Les graines sont très nombreuses, anguleuses,
à tégument extérieur juteux, translucide et teinté, épais, charnu,
pulpeux d'un rouge carminé. Ce jus est sucré, acidulé et rafraîchissant.
Les fruits en complète maturité renferment jusqu'à 75 % de jus.
Les fruits des meilleures variétés sont très rafraîchissants, ils sont
utilisés, soit comme dessert, soit pour la préparation du jus de fruit.
Les grenades de second choix ainsi que les sauvages trouvent un
débouché dans l'extraction de l'acide citrique et la préparation d'un vinaigre.
« Mangez la Grenade », disait le prophète Mahomet, « car elle purge
de l'envie et de la haine ». Mais bien avant l'époque de Mahomet, ce fruit
était très estimé en Orient.
La teneur en sucre du fruit et son acidité varient selon les variétés,
les conditions de culture, les milieux physiques et même selon l'âge de
l'arbre.
Le jus de grenade renferme de 4,4 % à 21 % de sucre (glucose et
fructose); 0,2 à 4 % d'acide citrique; 0,19 % de matières pectiques et,
chose curieuse, 0,005 % d'acide borique.
La teneur de ce jus en acide citrique a permis de classer les variétés
en trois groupes:
1) Variétés douces ou sucrées titrant à moins de 0,9 % d'acide
citrique.
2) Variétés aigre-douces, avec 0,9 à 1,8 % d'acide citrique.
3) Variétés acides, avec plus de 1,8 % d'acide citrique.
La valeur commerciale des variétés de Grenadier est liée à leur
teneur en sucre, à l'acidité de leur jus, qui doit être franchement coloré,
enfin à leur parfum et à la délicatesse de leur saveur.
La teneur du jus en acide citrique ne doit pas être supérieure de
1,5 %, la teneur en sucre inférieure à 12 %.
JOURNAL D'ACRIC. TROPICALE ET DE BOTANIQUE APPLIQUÉE, T. IV, N° 3-4, MARS-AVRIL 1957
— 125 —

Chez les fruits imparfaitements mûrs, fait qui résulte parfois d'une
mauvaise exposition, la teneur en acide citrique est plus élevée. La
richesse en sucre augmente avec la maturité et aussi, chose curieuse
avec l'âge de l'arbre.
Les fruits des variétés douces sont consommés à l'état frais ou sont
encore utilisés pour la fabrication des boissons rafraîchissantes. Quatre
tonnes de fruits fournissent une tonne de jus.
Les fruits des variétés acides sont utilisés surtout pour l'extraction
de l'acide citrique : 34 tonnes de fruits fournissent une tonne d'acide
citrique (Nesterenki, 1948, Le Grenadier, p. 39).
D'après Mlle Moureaieff (voir Berejnoï. Les cultures subtropicales,
1951, pp. 233, Moscou, en russe), la composition chimique des variétés
caucasiennes des Grenades se présente comme suit :
A. Pulpe.
Sucre 12,6 %
Eau • 35,02 %
Cendres . . • ■ 1,54 %
Matières grasses 6,85 %
Amidon 12,64 •%
Albumine • • 9,38 %
Cellulose 22,41 %
B. Pépins (graines).
Eau 6,6 %
Matières grasses 20,8 %
Amidon • • 20 %
Cellulose • • 34 %
Matière azotée •• 10 %
C. Jus.
Eau 76,78 %
Protéine 1,5 %
Sucre (divers) de 14 à 21 %
Matières grasses . . • • 3 %
Acidité de 3 à 4,5 %
Le jus des variétés de table sélectionnées contient jusqu'à 19,7 % de
monosaccharides, et 4,83 % à 10,57 % de glucose.
Le jus des variétés acides contient jusqu'à 9,05 % d'acide citrique pur.
Le pourcentage de l'acide citrique et des sucres dans la grenade
dépend de la variété et des conditions de végétation. Chez la même
variété (Gulocha), selon l'exposition et le lieu de culture, la teneur en
sucre est de 13,2 % et en acide citrique de 2,1 % à Agdam en Caucasie
occidentale; à Ghéoktchaï (Caucasie orientale) la teneur en sucre est
chez cette variété de 14 % et en acide citrique de 2,4 %.
Dans un climat sec et chaud les grenades ont une teneur en sucre
plus élevée qu'en climat frais et humide. La composition chimique des
grenades varie de même avec l'état de maturité.
Le péricarpe de la grenade contient, d'après l'auteur russe Neste-
renko, 52,6 % d'eau et 28,4 % de tanin, cette grande quantité de tanin
permet d'utiliser celui-ci en tannerie et pour la teinture des lainages
et tissus. Ces tanins sont considérés comme les meilleurs pour la
préparation des cuirs de qualités supérieures. Les pépins fournissent une
huile végétale, ainsi qu'une farine alimentaire pour le bétail et ia volaille.
— 126 —

En résumé, la grenade présente une valeur intéressante, aussi bien


pour la consommation que pour son utilisation industrielle. Des usines
en Transcaucasie et en Sicile fabriquent de l'acide citrique à partir de
la grenade.
Les Grenadiers supportent bien les terres salines; c'est une des rares
espèces fruitières cultivables dans ces conditions, d'où son intérêt pour
la mise en valeur de ces terres.

Pays de production.
La culture du Grenadier est actuellement pratiquée à une échelle
considérable dans de nombreux pays d'Orient : Iran, Afghanistan,
Transcaucasie, Turquie, Turkestan et dans la zone méditerranéenne : Espagne,
Italie, îles de la Méditerranée, Grèce, Afrique du Nord, en particulier
Maroc (avec à lui seul 600.000 Grenadiers cultivés). Le Grenadier est
déjà moins cultivé au Portugal, en Israël, en Egypte, en Syrie, en Crimée
et dans les pays balkaniques. Aux Indes le Grenadier est largement
répandu dans la province de Bombay.
Aux Etats-Unis, il est cultivé en Californie méridionale, dans l'Ari-
zona et au Nouveau Mexique, où existent des plantations considérables.
On le trouve encore en Argentine, au Pérou et au Chili.
En France métropolitaine la culture du Grenadier est insignifiante,
cependant tout le Midi de la France : Roussillon, Languedoc, Provence,
constitue une région où la culture pourrait être développée.
La quasi totalité des grenades consommées en France est importée.

Origine.
La patrie phylogénétique du Grenadier (Punica granatum Linné) se
trouve selon les derniers travaux des botanistes et pomologues, dan#
toute la vaste région englobant l'Iran, l'Afghanistan et la Transcaucasie
orientale. On observe dans ces pays une multitude de formes spontanées
et de variétés cultivées d'un grand intérêt.
Chavroff a vu des bois entiers de Grenadiers sauvages dans le Mazan-
deran, province persane du littoral de la mer Caspienne. Aitkinson l'a
observé spontané, couvrant de grandes étendues dans l'Afghanhistan
oriental. Il paraît être également spontané en Transcaucasie d'après le
témoignage de Vavilov.
En Asie Mineure dans la région méditerranéenne, ainsi qu'en Afrique
du Nord, l'espèce se serait naturalisée à la suite d'une très ancienne
culture, et de sa dispersion par les oiseaux. Sa naturalisation dans la
région méditerranéenne est si fréquente qu'elle paraît constituer un
prolongement de son habitat primitif.
Une chose est certaine, la culture du Grenadier a commencé en Asie
occidentale à l'époque préhistorique, son extension dans l'antiquité
vers l'Occident d'abord, puis vers l'Inde et la Chine, a été suivie d'une
naturalisation très fréquente et très ancienne qui peut induire en erreur
sur sa véritable origine.

Origine du Grenadiefr cultivé.


Son origine est fort claire. Le Grenadier sauvage diffère du Grenadier
cultivé par la dimension de ses fruits. Le volume des grenades cultivées
— 127 —

ainsi que l'épaisseur de la pulpe juteuse entourant les grains est le


résultat d'une très longue sélection.
Le Grenadier fournit un exemple typique de la domestication d'une
espèce sauvage.
La culture du Grenadier n'a pas débuté dans la zone méditerranéenne
ou Caspienne comme on le supposait encore récemment. Elle a pris
naissance en plusieurs points de l'aire du Grenadier sauvage. C'est ainsi
que les variétés à fruits énormes de l'Asie centrale, notamment
d'Afghanistan, ne sont pas d'origine méditerranéenne, mais locale ou iranienne.
Il en est de même des variétés naines cultivées aujourd'hui en Chine,
dont les fruits ont seulement la grosseur d'une cerise.

L'introduction du Grenadieir dans la culture européenne


Nous lisons dans l'histoire de l'arboriculture fruitière du Professeur
Nemec, eminent botaniste tchèque, les lignes suivantes sur l'introduction
et la mise en culture du Grenadier.
« Les Romains ont introduit cet arbre en Afrique du Nord, qui à
cette époque était aux mains des Phoeniciens; Carthage en était alors
la capitale. »
« Les Romains le connaissaient sous le nom de « Malurn punicum ».
C'est le troisième fruit qui à l'époque, portait la dénomination de
« malum » (= pomme) : la pomme véritable, le coing (malum stru-
theum) et la grenade. Ce dernier fruit était beaucoup plus estimé dans
l'antiquité qu'aujourd'hui. Quand les Hébreux, pendant leur exode
d'Egypte se trouvant dans le désert de Tsin et souffrant de la faim et
de la soif, se révoltèrent contre Moïse et Aaron, ils clamèrent « pourquoi
sommes-nous partis de l'Egypte pour venir dans ce misérable pays où
rien ne pousse, ni blé, ni figuiers, ni vigne, ni la pomme pour nous
désaltérer (Moïse IV, 20) . »
« Au pliocène l'espèce Punica planchoni, proche parent du Grenadier
actuel existait en France, le vrai grenadier n'a pas été retrouvé à l'état
fossile en nos pays. »
« Aujourd'hui, à l'état spontané le Grenadier pousse dans le Kurdistan
persan, au Beloutchestan, en Afghanistan et dans le Nord-Est de l'Inde.
D'après Nemec, il serait également indigène dans les Balkans en Bosnie
et au Montenegro (?) ainsi que dans certaines îles de la mer Egée. »
En Dalmatie, on rencontre de même une espèce à petits fruits, qui,
selon Nemec, serait autochtone.
En Italie, en Espagne, au Maroc et en Algérie, on observe souvent des
Grenadiers redevenus sauvages, au voisinage des habitations.
« L'espèce est actuellement naturalisée en Proche-Orient, dans
certaines régions des Balkans; sa propagation plus loin à l'Ouest, à l'état
cultivé, date seulement des temps historiques. »
« Les Egyptiens, les Phoeniciens, les Hébreux et les Arabes
appréciaient beaucoup les grenades. D'après Schweintfurth le Grenadier
fut introduit en Egypte avec le Figuier à partir de l'Arabie méridionale
dès la plus haute antiquité. »
« Sa culture en Grèce est venue du Proche Orient (Asie occidentale),
cependant elle pouvait être aussi issue d'arbres indigènes. »
Dans l'Odyssée il est question deux fois de Grenadiers cultivés dans
les jardins du roi Fayak d'Alkinoa. La pomme qu'offrait Paris à la
plus belle Hélène était vraisemblablement une grenade, il en fut sans
— 128 —

doute de même de la « pomme » qui d'après la bible, fut offerte à Eve.


Il ne pouvait pas être question d'une vraie pomme car le pommier
était inconnu et ne poussait pas en Palestine à l'aube des temps
historiques (1).
Selon d'autres auteurs, la « pomme » d'Eve aurait été soit la datte,
soit la banane (?) ce qui est moins véridique.
Comme exemple du rôle joué dans l'antiquité par la grenade, nous
signalons que dans le supplice de Tantale, la grenade fraîche placée
devant ses yeux était comme l'emblème de l'apaisement de la soif.
De Palestine, le Grenadier fut importé sur le littoral de l'Afrique du
Nord par les Phoeniciens. Ceux-ci cultivèrent des varétés remarquables
parmi lesquelles on mentionne une variété dont les fruits étaient
dépourvus de graines et remplis de pulpe. Martial, auteur romain, parle de la
culture en Italie des grenades sans pépins. Il les désignait sous le nom
de « Apyrena ». L'Italie à cette époque recevait de l'Afrique des
grenades sucrées comme du nectar!
Les auteurs agricoles romains connaissaient le Grenadier depuis
l'époque de Caton (iic siècle avant J.-C). Pline donne une description
détaillée et mentionne plusieurs variétés.
En Espagne, la culture du Grenadier s'est développée surtout sous
l'occupation arabe, d'où son nom « granada » nom de la ville de
Grenade, où cette culture était florissante.
En Espagne et en Italie, la grenade est moins appréciée actuellement
qu'elle ne l'était dans le passé. En Italie, le Grenadier à fait place au
Citronnier, surtout en Sicile.

Biologie.
Le Grenadier est un arbre des pays subtropicaux et méridionaux.
Il supporte parfaitement un climat très chaud, très sec et prospère
même dans les climats tropicaux pourvus d'une saison sèche. Par
contre, il est sensible aux basses températures. Les températures de
— 15° à — 17° sont mortelles pour ses branches charpentières : l'arbre
est tué à — 20°. Cependant, les touffes de Grenadier buttées et
recouvertes de paille ou de fumier résistent à des températures plus basses.
Le débourrement commence en France métropolitaine à la mi-mars,
parfois au début d'avril. La durée de la période végétative est de 180 à
215 jours; celle de la période de floraison est de 50 à 70 jours (!) et celle
du développement des fruits de 120 à 160 jours. On notera donc la
longue durée de la floraison qui s'étend parfois du mois de mai à la fin
juillet.
Pour arriver à maturité complète, les fruits exigent donc une période
végétative prolongée. Les fruits de qualité proviennent toujours des
régions semi-désertiques, arides et chaudes.
Pour obtenir des fruits de qualité, la pluviométrie doit être environ
de 500 mm., avec des pluies printanières, des étés chauds et de longs
automnes secs.
En raison de sa floraison très tardive (fin mai-juin) l'arbre échappe
aux gelées printanières.
Les fleurs ont la particularité de présenter deux types différents.

(1) Selon d'autres auteurs la « Pomme» de Paris aurait pu être le Coing.


Extension de la culture
du grenadier
dans ta zone médilerranée/fne
et caucasienne
Limite Nord ei Sud
de /a cu/ture
— 130 —

Les premières qui sont fécondées sont grandes, en forme de cruche,


parfois campanulées ou cylindriques — Iongistylées; leur long pistil
dépasse la hauteur des étamines.
Les secondes, stériles, sont plus petites, campanulées brevistylées :
le pistil étant plus court que les étamines. Celles-ci conduisent à la
coulure, car l'ovaire n'est pas développé normalement; par contre les
étamines ont un développement normal et leur pollen se montre fertile.
Les rameaux de l'année donnent généralement naissance à des fleurs
brevistylées, ceux de deux ans engendrent les fleurs Iongistylées.
La proportion de deux types de fleurs dépend de la variété mais aussi
des soins culturaux et des conditions météorologiques, ce dernier fait
est à souligner.
Les soins culturaux attentifs et rationnels (fumure) augmentent le
nombre de fleurs Iongistylées au détriment des autres, il y a donc
augmentation de rendement. L'influence des conditions météorologiques
sur la formation des fleurs Iongistylées est plus grande encore. Ce fait
est encore insuffisamment expliqué.
Les fleurs Iongistylées sont les premières à s'épanouir, quelques jours
plus tard apparaissent les fleurs brevistylées; mais des types «
intermédiaires » se montrent parfois.
Les fleurs « intermédiaires » à pistil relativement long possèdent
parfois des ovules développées normalement et peuvent porter des
fruits; cependant ces fruits noués, tombent prématurément ou restent
incomplètement développés.
Par contre, les fleurs « intermédiaires » au pistil relativement court
ne sont jamais fécondes et tombent rapidement.
On a souvent constaté l'existence des Grenadiers restant toujours
stériles. Dans ce cas les pétales des fleurs ont une teinte rose pâle au
lieu d'un rouge pourpre vif; le pollen de ces fleurs est défectueux et
stérile. Il ne faut pas confondre ces arbres, avec les Grenadiers
d'ornement à fleurs doubles, stériles par nature.
Les plus beaux fruits proviennent des fleurs Iongistylées de la
première génération, qui sont les premières à s'épanouir.

Caractère? morphologiques.

Le grenadier se présente comme un petit arbre de 3 à 4 m. de


hauteur, donnant de nombreux rejets, on le trouve plus souvent sous
forme de cépée, qu'avec une tige unique. Les rameaux sont grêles,
parfois épineux. Les feuilles sont caduques, opposées, elliptiques oblon-
gues. Les fleurs axillaires, solitaires ou parfois disposées par deux,
présentent un calice épais, coriace, tubuleux et turbiné à 6 lobes
triangulaires. La corolle d'un rouge éclatant est formée de 5 à 7 pétales
obovales.
Les étamines sont nombreuses, en plusieurs séries. L'ovaire est libre
au sommet; il est divisé dans sa partie supérieure en 6 et 7 loges
rayonnantes (a 3 ou 4 loges); et dans sa partie inférieure en 3 ou
4 loges, celles-ci étant verticales. Les ovules sont très nombreux.
Le fruit de la grosseur du poing est globuleux, couronné par le calice
persistant. C'est une baie à peau épaisse et coriace, à valves irrégulières;
ses nombreuses loges sont séparées par des cloisons ténues. Les graines
sont très nombreuses, anguleuses, à tégument externe épais, charnu,
pulpeux, rougeâtre, sucré, légèrement acide et rafraîchissant.
— 131 —

La fructification du Grenadier commence dès la troisième année


après la plantation. Le plein rendement commence dans la 6-7e année
et se poursuit pendant 30-40 ans. La longévité des arbres cultivés est
de 50-60 ans.
La maturité des fruits a lieu fin septembre-octobre, certaines variétés
mûrissent en novembre. Les fruits se conservent de deux à trois mois,
sans perdre leurs qualités. Dans la glace leur conservation peut être
prolongée de six mois. La grenade, en raison du péricarpe épais et
dur, supporte très bien le transport.

Exigences.
Le meilleur développement du Grenadier a lieu dans des sols
profonds, riches, frais, argilo-silicieux, avec sous-sol perméable. Les
terrains alcalins lui sont favorables. La qualité du fruit et le rendement
dépendent beaucoup de l'humidité du sol et de sa nature.
Le Grenadier supporte la présence d'un niveau des eaux phréatiques
à une profondeur de 1-1,5 m. En sol imperméable, la vie de l'arbre
est brève et son rendement est médiocre.
Le Grenadier réussit aux altitudes les plus diverses. En Syrie et
Israël l'altitude de 300-400 m. lui convient particulièrement, sur les
hauts plateaux espagnols à 500-600 m., il donne des fruits de qualité
remarquable. Au Maroc, les mêmes altitudes lui sont favorables. En
Transcaucasie il est cultivé parfois à une altitude de 600-800 m. où
on le retrouve à l'état spontané. Au Turkestan le Grenadier est cultivé
à des altitudes dépassant 1.000 m. (vallée de Ferghana).
L'adaptation du Grenadier aux altitudes élevées n'exclut pas la
possibilité de sa culture en plaine et même au bord de la mer, par exemple
sur le littoral de la Méditerranée et de la Caspienne.
Le Grenadier n'est pas exigeant quant à la nature du sol. II ne craint
pas les terres assez salines, ni le voisinage de la mer, d'où son intérêt
pour l'utilisation de ces terres difficiles.
Une forte humidité du sol semble lui être moins préjudiciable qu'à
beaucoup d'autres espèces fruitières.

Culture.

Multiplication.
La multiplication du Grenadier se fait par semis, par boutures, par
marcottes, par drageons et par greffe.
C'est le bouturage qui est pratiquement le seul mode de multiplication.
Les horticulteurs indigènes du Proche-Orient utilisent uniquement ce
procédé.
Les boutures sont prélevées en automne, aussitôt après la chute des
feuilles, sur le bois de l'année ou sur le bois de deux ans; elles doivent
avoir 30 cm. de longueur. Aux altitudes élevées le prélèvement des
boutures est réalisé en février-mars. Dans un terrain meuble et frais,
l'enracinement est rapide.
La multiplication par drageons est facile à obtenir, certains arbres
en produisent en abondance.
Le marcottage est rarement employé, bien qu'il réussisse parfaitement.
— 132 —

Par contre, la greffe en écusson ou à l'anglaise réussit mal, elle est


pour cette raison rarement utilisée. Le Grenadier de semis est alors
employé, comme sujet.
Le semis ne reproduit pas fidèlement la variété, ce procédé demande
du temps et réussit difficilement. Cependant, les sujets obtenus par semis
sont plus rustiques et plus résistants au froid. Sous les climats rudes
la culture du Grenadier est possible grâce à ce mode de multiplication.

Plantation.
C'est par scions d'un an qu'est effectuée la plantation en place. On
choisira de préférence des scions de 0,60 à 0,80 cm. de haut, avec un
système radiculaire bien chevelu; les scions doivent présenter 3-5
rameaux latéraux déjà constitués.
Les distances à appliquer aux plantations dépendent de la nature du
sol. Généralement les Grenadiers sont plahtés tous les 5 m., soit 400 pieds
à l'hectare; dans les sols riches et profonds, ils sont plantés tous les
6 m., soit 277 pieds à l'hectare.
L'époque de la plantation dépend des régions et de l'altitude. Avec le
même succès, on peut planter en automne (novembre-décembre), ou au
printemps (mars-avril). Le départ tardif de la végétation du Grenadier
permet de planter assez tard.
Les scions doivent être plantés, si possible aussitôt après l'arrachage,
l'habillage des racines est nécessaire; le pralinage est à recommander,
surtout si on plante au printemps.
La taille de formation a lieu dès la première année de plantation. La
forme la plus répandue pour conduire le Grenadier est soit le buisson
naturel, soit la basse-tige. Dans le courant de l'été les drageons issus du
pieds, souvent nombreux, sont supprimés à mesure de leur apparition.
Le Grenadier n'a pas besoin d'être taillé, un élagage de temps en temps
s'impose parfois.

Irrigation.
Dans les régions où la pluviométrie est déficiente il est nécessaire
d'irriguer les Grenadiers.
La première année, après la plantation des jeunes plants, l'arrosage
se fait 3 à 4 fois par mois. Quand les jeunes Grenadiers se sont bien
enracinés deux arrosages par mois sont suffisants.
Dans les plantations de rapport au Turkestan (vallée de Ferghana),
les vergers en plein rendement reçoivent douze irrigations avec la
distribution suivante selon les mois de l'année : avril une fois, mai deux
fois, juin deux fois, juillet trois fois, août trois fois, septembre une fois.
En Caucasie, sur le littoral de la Caspienne, on irrigue de huit à
dix fois et seulement cinq fois en Géorgie et Arménie; sur le littoral de
la Mer Noire et de la Mer d'Azov, on irrigue seulement en cas de
sécheresse excessive.
En Californie, ainsi qu'en Espagne, on irrigue de trois à cinq fois
par an.
En Turquie (villayet de Smirne et la vallée du Méandre) l'irrigation
est permanente pendant toute la période de la végétation et de la
maturation des fruits, selon le témoignage de Joukowsky, il en est de même
dans les plantations d'Afghanistan, d'après Vaviloff.
— 133 —

Fumure.
Le Grenadier réagit à la fumure. L'emploi des engrais aussi bien
organiques que chimiques peut doubler le rendement de l'arbre. Nous
mentionnons les résultats très nets des essais de M. Kormilfkzine à
Namangane (Turkestan).
A l'hectare : fumier : 30 t.; sulfate d'ammoniaque : 180 kg. (en avril
90 kg.; en juin 60 kg.; en juillet 30 kg.); superphosphate 150 kg. (en
avril 60; en juillet 30; en octobre 60); sulfate de potasse 45 kg. (en
avril 25; en juillet 20).
Rendement par arbre : 48 kg.
Rendement par arbre témoin sans fumure : 23 kg.
Les engrais azotés donnent les meilleurs résultats.

Variétés.
En dépit d'une culture très ancienne, les nombreuses variétés de
grenades n'ont pas encore fait l'objet d'une étude pomologique spéciale
et approfondie.
C'est seulement en Russie que les premières tentatives dans ce sens
ont été faites. De nombreuses variétés caucasiennes et turkestanes ont
été décrites et classées. Cependant, à peu près rien n'a encore été fait
pour les variétés nord-africaines et méditerranéennes.
Une grande confusion règne dans les noms et les synonymes des
variétés. Dans le commerce, les grenades sont souvent connues d'après
le nom de leur pays producteur, par exemple :
« Variétés espagnoles », ou variétés turques ou tunisiennes, etc. Une
telle classification commerciale n'a rien à voir avec un système
pomologique, c'est-à-dire basé sur les caractères naturels du fruit et de l'arbre.
Pour caractériser les variétés de grenade, l'auteur propose un premier
classement basé sur la plus ou moins grande acidité du fruit mûr, qui
constitue un caractère assez stable. Trois groupes sont ainsi définis :
1°) Variétés sucrées ou douces, dont le jus ne contient pas plus de
1 % d'acidité. A ce groupe se rattachent les variétés de table
consommées à l'état frais.
2°) Variétés aigre-douces ou acidulées, l'acidité du jus dans ces
variétés variant de 1 % à 2 %. Dans ce groupe sont classées les variétés
utilisées dans la fabrication des boissons rafraîchissantes telles que « la
grenadine ».
3°) Variétés acides, dont le jus contient plus de 2 % d'acidité; c'est
le groupe des variétés dites «industrielles» utilisées pour l'extraction
de l'acide citrique et autres produits d'usage industriel.
Les variétés de grenades sont très nombreuses. L'ancienneté de la
culture et la zone étendue de cette dernière en sont la cause. Dès le
xnr siècle, un auteur arabe, Abn-Al-Aoun avait décrit dix variétés
cultivées à cette époque en Espagne.
Au même siècle, à Bagdad, les agronomes arabes avaient déjà
dénombré et décrit les variétés locales en les classant en trois groupes :
1) grenade rouge; 2) grenade noire; 3) grenade sucrée (douce). C'était
la première tentative d'une classification pomologique des grenades.
D'après le témoignage de Meyer et de Breitschneider les
arboriculteurs chinois de Chantung distinguent depuis des siècles un grand
nombre de variétés, qu'ils classent selon leur grosseur, l'époque de matu-
J ou mal d'Agriculture tropicale 10
— 134 —

rite, la couleur de la peau et celle de la pulpe, la saveur, le poids, la


vigueur de l'arbre, etc..
Beaucoup de variétés de Grenadier sont également connues en
Turquie, en Iran, au Turkestan et en Transcaucasie, ainsi que dans la
zone méditerranéenne.
D'après N. I. Vavilov (1925) en Afghanistan, on rencontre un très
grand nombre de variétés remarquables par leur qualité et leur beauté.
Les grenades de Kandagar sont les plus estimées. Selon le même auteur
il existe en Afghanistan des cultures de Grenadiers géants atteignant
15 m. de hauteur et portant des fruits énormes dont le poids dépasse
parfois 800 gr.
A l'opposé Frank Meyer (1912) a pu observer en Chine, dans la
Province de Chantung, des variétés tout à fait naines; les touffes avaient
à peine 1 m. de hauteur et portaient de tout petits fruits de la grosseur
d'une cerise, d'un rouge écarlate et à pépins minuscules.
Nous donnons la liste des variétés décrites jusqu'à ce jour et classées
suivant le système proposé plus haut, en adoptant l'ordre alphabétique,
avec indications du lieu d'origine.
Certes cette liste est loin d'être complète, néanmoins la majeure partie
des variétés cultivées dignes d'intérêt y figure.

I. Variétés sucrées (douces).


Agh-noury. — Fruit moyen (150-200 g.) ; péricarpe d'un crème lavé de rouge,
sucré; maturité : fin octobre. Arbre très fertile et rustique (Caucase).
Ak-Anar. — Fruit moyen, péricarpe jaune-blanchâtre; jus peu coloré, sucré;
maturité : septembre. Arbre fertile (Turquie)*
AI-Chirine. — Fruit gros (300 g.); péricarpe rouge-écarlate; jus coloré, sucré;
maturité : mi-octobre. Arbre vigoureux assez fertile (Caucase).
Ak-Dona. — Fruit gros (300-400 g.) globuleux, d'un rose vif, jus et pulpe
très sucrés (15 % de sucre et 0,5 % d'acidité) de très bonne qualité;
maturité : fin septembre. Arbre très fertile, rustique (Turkestan).
Blanca. — Fruit moyen, péricarpe lisse, blanchâtre; jus très abondant, sucré;
pépins parfois avortés; maturité : septembre-octobre. Arbre tertile (Espagne).
Chio ou Khios. — Fruit assez gros (300 gr.) aplati; péricarpe bien coloré;
jus sucré; pépins très petits, très bonne qualité; maturité : octobre. Arbre
fertile et vigoureux (Turquie).
Chirine-nar. — Fruit assez gros (300 g.) aplati; péricarpe très coloré, rouge
vermillon; jus et pulpe sucrés; maturité : fin octobre; fruit se conservant
5 mois et supportant très bien le transport. Arbre très fertile, rustique
(Turkestan) .
Dulce Colorado. — Fruit volumineux (400 g.), péricarpe lisse, rouge écarlate;
jus abondant, très sucré; qualité très bonne, maturité : octobre. Arbre très
fertile (Espagne).
Ezdy-nouri. — - Fruit au-dessous de la moyenne (150 gr.) ; péricarpe blanc
crème, lavé de rose; jus et pulpe très sucrée, de très bonne qualité; maturité :
octobre. Arbre vigoureux, très fertile et rustique (Caucase).
Gabsi. — Fruit gros (400 gr.) ; péricarpe blanc crème, peu coloré; jus sucré;
maturité : septembre. Arbre fertile et rustique (Tunisie).
Gorda de Jativa. — Fruit gros (300-400 g.); péricarpe bien coloré; jus et
pulpe sucrés; bonne qualité; maturité : novembre. Le fruit se conserve
longtemps. Arbre vigoureux et fertile (Espagne).
Goï-nar. — Fruit assez gros (300 g.); péricarpe vert crème, lavé de rouge;
jus et pulpe très sucrés, de très bonne qualité; maturité : octobre. Arbre
fertile (Caucase).
iïuiseppe. — Fruit très gros (400-500 g.), péricarpe rouge écarlate, passant au
rouge brun foncé; jus et pulpe très sucrés très bonne; maturité : octobre.
Arbre fertile (Malte).
— 135 —

Gulocha. — Fruit gros (400 g.), globuleux; péricarpe rouge écarlate; jus très
coloré, très sucré (22 % de sucre); très bonne qualité; maturité : fin octobre.
Arbre très fertile, très rustique. La meilleure variété caucasienne (Caucase).
Iridané. — Fruit moyen (200-250 g.); péricarpe rose crème, lisse; pulpe et
jus très sucrés (18 % de sucre); très bonne qualité, maturité : fin octobre.
Arbre très fertile et rustique (Caucase).
Kaïatchik-anar. — Fruit gros (300-400 gr.) onctueux, globuleux; péricarpe
rose verdâtre, lavé et strié de rouge; jus très abondant, très coloré, sucré;
maturité : mi-octobre, les fruits se conservent 6 mois. Arbres très fertiles,
50 kg. par pied et très rustique (Turkestan).
Kandahar blanche. — Fruit très gros (500 g.); péricarpe blanc ivoire, passant
au jaune rose; jus très abondant, très sucré; maturité : très précoce, fin
août. Arbre très vigoureux et très fertile (Afghanistan).
Kandahar rouge. — Fruit très gros (500-600 g. parfois 800 g.) péricarpe
rouge écarlate; jus très abondant, très coloré et très sucré. Maturité : fin
septembre; les fruits se conservent 2-3 mois. Arbre très vigoureux. Très
fertile. Cette variété est considérée comme une des meilleures grenades du
monde (Afghanistan).
Kzul Kabouk. — Fruit très gros (400 g.) péricarpe rouge écarlate; pulpe et
jus sucré; maturité : mi-octobre. Arbre rustique, de fertilité, moyenne
(Caucase).
Mellassi. — Fruit très gros (500 g.); péricarpe coloré; jus très coloré, sucré;
maturité : début septembre. Arbre fertile, mais peu rustique (Arabie).
Melekech. — Fruit gros ou très gros (400 g.), à péricarpe lisse, rouge; pulpe
et jus légèrement acidulé, sucré (16 % de sucre), de très bonne qualité;
maturité : fin octobre. Arbre très fertile, très rustique (Caucase).
Paper Shell. — Fruit gros (400 g.), arrondi, péricarpe jaune ivoire, marbré
de poupre, à jus très coloré, très sucré, de bonne qualité; maturité précoce :
fin septembre. Arbre très fertile et rustique (Californie).
Patras douce. — Fruit très gros (400-500 g.); péricarpe coloré; jus abondant,
très sucré, de très bonne qualité; maturité précoce : fin août; arbre très
fertile (Grèce).
Pignonenca. -— Fruit gros, bien coloré; jus sucré, pépins très durs; maturité
très tardive : novembre. Arbre fertile.
Selimi. — Fruit très gros, énorme, parfois pesant 1 kg., péricarpe rouge
écarlate, passant au pourpre, très abondant, sucré de qualité extra;
maturité : octobre. Arbre fertile, vigoureux. Cette variété est considérée comme
une des meilleures pour la qualité de ces fruits (Irak).
Spanish-Ruby. — Fruit assez gros, globuleux, entièrement rouge; pulpe et jus
très colorés, sucrés, de bonne qualité; maturité : octobre. Arbre fertile
(Californie).
Sucré de Bernaon Sladky Bernaon. — Fruit petit (200 g.) globuleux,
péricarpe verdâtre, lavé de rouge brun, pulpe sacrée; maturité : fin octobre.
Abre très fertile et rustique (Turkestan).
Tchercherdeksis. - — Fruit assez gros; péricarpe jaune foncé, lavé de rouge;
jus abondant, sucré à pépins très tendres, presque inexistants, d'où son
nom « sans pépins » ; maturité : octobre. Arbre fertile et rcstique. Variété
appréciée dans le commerce (Turquie).
Verte de Crimée. — Fruit moyen (200-300 g.) globuleux, verdâtre, lavé de
rouge écarlate; pulpe sucrée de bonne qualité; maturité : fin octobre. Arbre
fertile et très rustique (Crimée).
Wonder fui. — Fruit moyen (200-300 g.), globuleux, péricarpe d'un pourpre
foncé, pulpe sucrée, jus très coloré, agréablement acidulé, de très bonne
qualité; maturité : début octobre, arbre très vigoureux, très rustique et
très fertile (70 kg. par pied) (Californie).
Zebeïda. — Fruit moyen (200-250 g.), côtelé, péricarpe blanc crème, lavé de
rose; pulpe très sucrée, très bonne; maturité : octobre. Arbre peu vigoureux,
fertile (Caucase).
Zéri. — Fruit assez gros, péricarpe rouge pourpre; jus très abondant, sucré;
maturité précoce : fin août. Arbre peu vigoureux, fertile (Tunisie).
— 136 —

II. Variétés aigres-douces.

Atchik-Dona.
d'un rouge —écarlate Fruit très
vif; gros,
jus et
trèspulpe
lourd acidulés-sucrés,
(500 g., parfoisde1 bonne
kg.) globuleux,
qualité;
maturité : fin octobre. Arbre rustique, d'une fertilité moyenne (20 kg. par
pied) (Turkestan).
Bachkalinsky. — Fruit gros ou très gros (300-400 g.) péricarpe peu colorée,
jus abondant, acidulé; maturité : début octobre. Arbre d'une très grande
et régulière fertilité (Turkestan).
Bala Marsal. — Fruit gros ou très gros (300-400 g.), globuleux, péricarpe
lisse, rouge pourpre foncé; jus très abondant, très coloré, acidulé sucré,
de très bonne qualité; maturité : début octobre; arbre très fertile (50 kg.
par pied), rustique (Caucase).
Chelfi. — Fruit moyen; péricarpe jaune, frappé de rouge; pulpe à pépins peu
développés; maturité : octobre; arbre très rustique (Tunisie).
Chooulansky. — Fruit moyen, piriforme (250 g.), à jus abondant,
acidulé-sucré; maturité : fin octobre; arbre très fertile, donnant jusqu'à 50 kg. par
pied; très rustique, supportant sans dégâts des froids de 15° au-dessous de
zéro (Caucase).
Denagra. — Fruit gros, à péricarpe bien coloré, très épais; jus abondant
acidulé-sucré; maturité : octobre. Arbre fertile et rustique (Grèce).
Ermazar, — Fruit très gros, pesant 500 g., parfois 600 g., d'un rouge
écarlate intense; jus très abondant, très coloré, sucré-acidulé de très bonne
qualité, vineux; maturité : début octobre. Arbre très fertile : 40 kg. par pied;
très rustique; une des plus grosses et des plus belles variétés (Turkestan).
Kandahar noir. — Fruit très gros, pesant 500 g.; parfois 800 g.; péricarpe
d'un rouge foncé violacé; jus très coloré, abondant sucré acidulé, très bon;
maturité tardive : fin novembre. Arbre très vigoureux, souvent énorme;
fertile. Une des plus belles variétés de grenade (Afghanistan).
Kavadany. — Fruit très gros, lourd, pesant de 500 à 700 g., globuleux,
péricarpe d'un rose vif, passant au rouge écarlate; jus très abondant, coloré,
sucré-acidulé, très bon; maturité : fin octobre. Arbre très fertile, donnant
jusqu'à 60 kg. par pied, très vigoureux et rustique (Turkestan).
Kazaké-anar ou Kok-anar. — Fruit gros (400 g.), globuleux d'un rouge
écarlate clair; jus très coloré, rafraîchissant abondant, de très bonne
qualité; maturité : octobre, le fruit se conserve longtemps. Arbre d'un port
très étalé, rustique, très fertile (40 kg. par pied) (Turkestan)
Kyzyl- Anar. — Fruit assez gros, péricarpe d'un rouge foncé; à jus très coloré
rouge sang; maturité : octobre; arbre vigoureux, fertile (Turquie).
Kyzyl Poutchak. — Fruit assez gros (300 g.) globuleux; péricarpe d'un rouge
vif; jus acidulé; maturité : octobre. Arbre très vigoureux, de longue durée,
très fertile, donnant jusqu'à 45 kg. par pied, très rustique, supporte sans
dégâts des froids de 12-15° au-dessous de zéro (Turkestan).
Meless-Chelli. — Fruit assez gros (300 g.), péricarpe d'un rouge-foncé, grenat;
jus très abondant, coloré, de très bonne qualité; maturité : octobre. Arbre
vigoureux, érigé, très fertile, portant jusqu'à 45 kg. par pied. Le fruit se
conserve quatre mois (Caucase).
Nejidi. — Fruit assez gros, très coloré; jus abondant et très coloré, acidulé-
sucré; maturité tardive : mi-novembre. Arbre moyen, fertiel (Irak).
Olegh. — Fruit moyen, péricarpe d'un rose crème lavé de rouge; jus assez
coloré, acidulé sucré; maturité : début octobre. Arbre rustique (Crimée).
Purple-Seeded (ou de pourpre). — Fruit gros (350 g.), arrondi, d'un vert
crème, lavé de pourpre; jus coloré, sucré, acidulé, agréable; maturité :
(ofctobre, arbre vigoureux, très fertile, donnant jusqu'à 50 kg. par pied,
très rustique. Les fruits se conservent 2 mois (Californie).
Roman-Choual ou Roman Chouab. — Fruit moyen, d'un violet foncé., presque
noir; jus très abondant, très coloré, acidulé, bon; maturité tardive : fin
novembre. Arbre vigoureux, fertile (Arabie).
Tunsi ou Tounsi. — Fruit moyen, rouge écarlate du côté du soleil; rouge
terne du côté ombré; jus très coloré et abondant, sucré, acidulé; maturité :
octobre. Arbre rustique, fertile de moyenne vigueur (Tunisie).
— 137 —

Vir. — Fruit gros, piriforme, lourd (500 g.); d'un coloris terne crème et
strié de rouge pâle; jus coloré, abondant, acidulé, maturité : fin octobre;
les fruits se conservent 5-6 mois. Arbre d'une taille très réduite (2-3 m. de
haut), port étalé, très rustique supportant sans dégâts 15° au-dessous de
zéro, très fertile (45 kg. par pied) (Crimée).

III. Variétés acides ou industrielles.


Cagin. — Fruit gros, globuleux, à péricarpe très coloré; jus abondant, très
coloré, très acide; maturité : fin octobre. Arbre très fertile, de faible vigueur.
Fruit recherché pour la fabrication de la Grenadine (Espagne).
Cherabani ou Kherab. — Fruit moyen, coloré, à jus très abondant acide,
maturité tardive : fin novembre; arbre très fertile, rustique de faible
vigueur. Fruit recherché pour la préparation de boissons rafraîchissantes
dites «vin de grenade» (Arabie).
Kara-Anar. — Fruit assez gros, rouge foncé, passant au violet; jus abondant,
acide; maturité très tardive : décembre. Arbre très fertile et rustique. Fruit
se conservant 3-4 mois, recherché.
Krmuzy-Kabouk, — Fruit gros (400 g.), globuleux, d'un rouge vif; jus très
abondant, très coloré, très acide; maturité : fin octobre. Arbre vigoureux,
très étalé, très fertile (45 ikg. par pied). Le fruit se conserve de 4 à 5 mois
(Caucase).
Kzyl-AnoT. — Fruit petit (200 g.), périforme; lisse, rouge écarlate; à jus
très abondant, très coloré (couleur framboise), acidulé; maturité mi-octobre.
Arbre rustique et assez fertile (Turkestan).
Nazyk-Kabouk. — Fruit gros (400 g.), d'un rouge foncé; jus très coloré, acide,
abondant; maturité octobre. Arbre vigoureux, étalé, très fertile (jusqu'à
50 kg. par pied). Fruit se conservant 4 mois (Caucase).
Patras acide. — Fruit très gros (400-500 g.), très coloré; à jus abondant,
très acide; maturité : mi-octobre. Arbre vigoureux et fertile. Fruit utilisé
à la préparation de la grenadine (Grèce).
Shah-nar. — Fruit moyen, arrondi ou périforme, d'un rouge-grenat; jus
coloré, acidulé ; maturité : fin octobre. Arbre très touffu, de faible vigueur,
rustique très fertile (45 kg. par pied) (Caucase).
Senna-Djemel. — Fruit gros, coloré; jus acidulé, coloré; maturité tardive :
mi-novembre. Arbre de moyenne vigueur, fertile (Irak).
Sourk-anor. — Fruit gros (400 g.), soit arrondi, soit piriforme; lisse, rouge
écarlate; jus abondant, coloré, acidulé; maturité tardive : fin octobre. Arbre
assez vigoureux, rustique et très fertile (50 kg. pr pied).
Cette liste est loin d'être complète. D'innombrables variétés persanes,
afghanes, marocaines, syriennes, etc.. ne sont même pas citées.
Un grand travail pomologique d'identification de desriptions et de synthèse
s'impose.

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