Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 6
Toi qui sais tout, grand roi des choses souterraines,
Guérisseur familier des angoisses humaines,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 9
Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits,
Enseignes par l’amour le goût du Paradis,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 12
Ô toi qui de la Mort, ta vieille et forte amante,
Engendras l’Espérance, — une folle charmante !
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 15
Toi qui fais au proscrit ce regard calme et haut
Qui damne tout un peuple autour d’un échafaud,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 18
Toi qui sais en quels coins des terres envieuses
Le Dieu jaloux cacha les pierres précieuses,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 21
Toi dont l’œil clair connaît les profonds arsenaux
Où dort enseveli le peuple des métaux,
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Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 24
Toi dont la large main cache les précipices
Au somnambule errant au bord des édifices,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 27
Toi qui, magiquement, assouplis les vieux os
De l’ivrogne attardé foulé par les chevaux,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 30
Toi qui, pour consoler l’homme frêle qui souffre,
Nous appris à mêler le salpêtre et le soufre,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 33
Toi qui poses ta marque, ô complice subtil,
Sur le front du Crésus impitoyable et vil,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 36
Toi qui mets dans les yeux et dans le cœur des filles Le culte de la plaie et l’amour des guenilles,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 39
Bâton des exilés, lampe des inventeurs,
Confesseur des pendus et des conspirateurs,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 42
Père adoptif de ceux qu’en sa noire colère
Du paradis terrestre a chassés Dieu le Père,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! 45
Prière
Gloire et louage à toi, Satan, dans les hauteurs
Du Ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs De l’Enfer, où, vaincu, tu rêves en silence ! 48 Fais que mon âme un jour, sous l’Arbre de Science, Près de toi se repose, à l’heure où sur ton front Comme un Temple nouveau ses rameaux s’épandront !
Les Divins Oracles de Zoroastre, ancien Philosophe Grec, Interpretez en Rime Françoise: Par François Habert de Berry; Avec un Commentaire moral sur ledit Zoroastre, en Poesie Françoise, et Latine