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R e v u e h o s p i t a l i è r e d e F r a n c e

Actualités
Pierre LE COZ
Philosophe
Vice-président du Comité consultatif national d’éthique
Espace éthique méditerranéen, hôpital de La Timone

jurisprudence
Assistance publique-Hôpitaux de Marseille

Droit et
Sur le web
Directoire, conseil
de surveillance
Ce qui rend
nos décisions humaines

hospitalières
Réflexions
es émotions n’ont rien d’incom-

L
Les situations qui appellent une réflexion

et culture(s)
patible avec l’éthique. Bien au

Hôpital
éthique ne sont pas rares en médecine.
La liste des cas de conscience est continue :
contraire, nous avons besoin
des émotions pour savoir quelles sont
<<
révéler un sombre pronostic à un patient, les valeurs auxquelles nous sommes
annoncer à des parents la présence de attachés. Ce qui peut nous fourvoyer

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Ce qui rend nos décisions humaines
n’est pas l’émotion en tant que telle,
séquelles neurologiques chez un nouveau-né,
mais son intensité. Par exemple, la
pratiquer une opération chirurgicale coûteuse crainte aiguise notre vigilance alors
et agressive pour une espérance de vie que la peur peut paralyser l’action.

d’emploi
limitée, recueillir un consentement Lorsqu’une émotion est trop vive, elle

Offres
à des essais cliniques chez une personne nous envahit et nous empêche d’être
accessibles à d’autres émotions. Les
dont les facultés cognitives sont altérées par émotions sont des guides à l’action
la maladie sur laquelle porte la recherche… à la condition d’être pondérées par
Que ce soit dans les gestes qu’ils effectuent d’autres émotions.
ou les mots qu’ils prononcent, les
Une décision humaine porte
professionnels de santé doivent se résoudre à
le sceau de la sensibilité
prendre des décisions qui ne s’imposent pas Les émotions ont souvent été relé-
par leur évidence. En présence de certains guées hors du domaine de l’éthique.
choix difficiles, les médecins peuvent ressentir Comment por ter un jugement de
valeur objectif si nous avons l’œil
le besoin de partager leurs cas de conscience
humecté par l’émotion ? Par exemple,
avec des tierces personnes issues du monde selon Platon, nous devrions nous
des sciences humaines. C’est l’une hisser au-delà de notre chair pour
des vocations des espaces de réflexion contempler les valeurs du bien et du
éthique, tels qu’il en existe, entre autres, juste qui existent hors de nous (1) .
En cela nous serions à l’image de Dieu
à Marseille, au sein de l’hôpital de La Timone. qui a un accès direct aux Valeurs.
Un dialogue entre médecins et philosophes Kant estime également que la morale
peut s’avérer fructueux lorsqu’ils échangent découle d’un impératif catégorique qui
sur ce qu’ils ont en commun en tant qu’êtres nous est dicté par la droite raison (2).
Si l’on en croit l’enseignement des reli-
humains : les émotions et les valeurs.
gions, Dieu sait immédiatement

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Hôpital et culture(s)

discerner le Bien du Mal, le Juste de nous formulons des jugements moraux prodigue la raison dans le domaine
l’Injuste et juger les conduites (« injuste », « choquant », « honteux », des sciences. Nos émotions nous
humaines en conséquence. Mais etc.). C’est précisément ce qui singu- révèlent nos valeurs au même titre que
qu’en est-il pour nous autres, simples larise l’émotion humaine au regard de nos décisions nous révèlent nos préfé-
êtres humains ? Il semble bien que celle des autres animaux. Les animaux rences. Ainsi, nul ne peut comprendre
nous ne puissions guère nous passer éprouvent des émotions mais n’y atta- ce que veut dire le mot « dignité » s’il
des émotions pour connaître les chent aucun jugement de valeur. n’a jamais ressenti d’émotion d’indi-
valeurs auxquelles nous tenons. Nous Lorsque nous sommes saisis d’émo- gnation.
avons besoin d’une médiation qui tions telles que la compassion, l’in-
n’est autre que l’émotion. Une dignation ou l’aversion, nous les L’expérience du respect
émotion n’est pas éthique en elle- verbalisons (ne serait-ce que silen- L’intensité du vécu n’est pas un trait
même mais il n’y a pas d’éthique sans cieusement, en notre for intérieur). caractéristique de l’émotion. Une réac-
émotion. Sans ces expériences émotionnelles, tion émotionnelle peut être discrète et
Prenons un exemple qui a naguère nous ne pourrions pas savoir quelles furtive. C’est le cas du respect par
défrayé la chronique : une femme veut sont nos valeurs. exemple. Nous ressentons du respect
récupérer le sperme congelé de son lorsque nous apercevons sur le visage
mari décédé des suites d’un cancer. La colère elle-même peut de l’autre une expression de dignité
D’où vient le dilemme moral ? D’un avoir une portée éthique face à l’adversité. La patience fataliste
côté, nous éprouvons de la compas- Certaines émotions, il est vrai, n’ont avec laquelle un homme fait face à la
sion pour cette femme qui nous pas de portée éthique directe. Elles maladie, par exemple, nous touche ;
incline à vouloir accomplir un bien en peuvent même provoquer des effets nous disons que, par son courage, il
sa faveur. De l’autre, cependant, nous contraires à l’éthique, à l’instar de la force notre respect. Aucun boulever-
éprouvons une crainte à l’idée que colère. Adam Smith a remarqué sur ce sement affectif majeur ne se produit
l’enfant va naître délibérément privé point que nous rechignons à approu- en nous, lorsque nous ressentons du
de père. La première émotion plaide ver celui qui se met en colère, même respect. À peine une brève suspension
pour incarner le principe de bienfai- lorsqu’il a objectivement raison, du de la respiration qui indique cet
sance ; la seconde émotion incline à moins lorsque nous voyons que c’est élément de rupture affective caracté-
concrétiser le principe de non-malfai- son amour-propre qui provoque son ristique de l’émotion.
sance. émoi (4) . Être humain c’est savoir L’expérience affective du respect réac-
maîtriser ses émotions. Néanmoins, tualise chez les acteurs de soin la
Il n’y a pas d’« expert » la colère elle-même peut avoir une valeur qu’ils attachent au principe
en éthique vertu éthique lorsqu’elle nous informe d’autonomie du patient. Le respect est
Dans le domaine des sciences, s’af- qu’une valeur à laquelle nous tenons ce que nous ressentons quand nous
franchir de la sensibilité est une condi- se trouve malmenée. Elle revêt alors percevons une grandeur morale chez
tion d’accès à la vérité. Mais l’éthique la forme d’une indignation. Je me une personne. Lorsque nous décou-
est une affaire de sensibilité, une mets en colère parce que l’autre est vrons chez autrui des qualités morales
question d’intuition non moins que de humilié et cette colère me révèle à telles que le courage, la constance de
raison. C’est bien pourquoi il n’existe moi-même l’importance que j’accorde la volonté, nous avons l’intuition de la
pas d’« exper t » en éthique. Déjà à la valeur du respect de la dignité de grandeur en l’être humain. C’est à
Socrate nous avait mis en garde : être la personne. Mon émotion fait cette grandeur que l’on réserve le nom
compétent dans un domaine ne nous comprendre à un tiers, à celui qui a de dignité de la personne. Le respect,
rend pas meilleur que le commun des déclenché cette colère, qu’il a trahi écrit Kant, est « un tribut que l’on ne
mortels pour prononcer un jugement une valeur éthique qui me paraît peut refuser au mérite » (5).
de valeur (3). fondamentale. Le respect d’une personne se traduit
La raison dispense des connaissances À travers l’émotion de la colère, ce concrètement par le désir de l’écouter,
nécessaires à la qualité scientifique de n’est pas seulement l’autre, mais moi- de partager avec elle un moment de
la prise en charge médicale, mais elle même qui me trouve averti de mon dialogue, dans un climat de loyauté et
n’a pas le pouvoir de nous dire quoi attachement à cette valeur. Cela d’authenticité. Même si nous sommes
que ce soit sur les valeurs morales revient à dire que l’émotion est un soumis à des contraintes de temps, du
auxquelles nous sommes attachés. Il message. La sensibilité nous transmet fait de la vivacité du respect que nous
est facile de constater que c’est des éléments de savoir aussi indis- éprouvons pour elle, nous sentons que
toujours sous l’effet de l’émotion que pensables que ceux que nous nous avons le devoir de lui consa-

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R e v u e h o s p i t a l i è r e d e F r a n c e

Actualités
jurisprudence
crer le temps d’un échange loyal. Le tion du principe d’autonomie (« À vous respect, bien au contraire. Elle est

Droit et
respect nous incline à vouloir la faire de décider ! »). Se retrancher derrière pudique, silencieuse, secrète. Elle ne
participer à la décision. C’est en ce le « respect de l’autonomie » de fait pas pleurer dans les chaumières
sens que l’expérience du respect patients qui sont manifestement à par tir de plateaux de télévision,
réveille en nous la valeur que nous perdus serait une fuite dans l’irres- comme c’est souvent le cas dans notre

Sur le web
attachons au principe de l’autono- ponsabilité. société de consommation émotion-
mie (5). On met par fois en garde contre la nelle.
On note que si les animaux peuvent compassion parce qu’on la confond
nous inspirer de la compassion, c’est avec une pitié larmoyante ou une La crainte pour autrui

Directoire, conseil
de surveillance
seulement en présence d’une commisération. Or la compassion Outre l’indignation, le respect, la
personne humaine que nous ressen- vraie est une participation empathique compassion (qui nous révèlent les
tons du respect. Notons encore que le aux tourments d’autrui (6). Elle n’est valeurs telles que « la dignité », « l’au-
respect ne se refuse pas à l’enfant. pas une transmission en chaîne de la tonomie », « la bienfaisance »), nous

hospitalières
Nous éprouvons de la compassion souffrance. Elle n’est pas la contagion avons besoin de ressentir une émotion

Réflexions
pour un enfant qui souffre mais nous affective qui confond la souffrance de de crainte pour être sensible à la
ressentons également du respect pour l’autre avec la sienne (7). C’est la réac- valeur du principe de non-malfai-
lui lorsque nous percevons son tion affective la plus naturelle à la sance. La non-malfaisance renvoie au
courage face à l’épreuve qu’il endure, perception d’une détresse (8). Rares, souci de ne pas faire empirer une

et culture(s)
la patience fataliste avec laquelle il en effet, sont les personnes qui situation au motif de la réduire. Une

Hôpital
affronte la cruauté dont le destin l’a
accablé.
n’éprouvent pas de compassion en
présence de la souffrance lisible sur le
décision se doit d’être empreinte d’une
part d’appréhension pour éviter l’écueil
<<
visage d’un de leurs semblables. de l’excès de confiance.
La compassion L’expérience de la compassion déclen- La crainte n’est ni la peur ni l’épou-

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Ce qui rend nos décisions humaines
Si on retirait d’un hôpital la compas- chée par la perception sensible de la vante qui paralysent l’action au lieu
sion qui lui donne vie, il ne resterait souffrance d’autrui incline à accom- de la stimuler. Tandis que la peur nous
plus qu’un immense bloc de béton plir un bien en sa faveur, à mettre confronte à un danger immédiat, la
armé. Perception d’une souffrance en œuvre tous les moyens possibles crainte est orientée vers l’avenir : elle

d’emploi
chez autrui, la compassion est une pour apaiser sa douleur physique et est tournée vers l’imagination de ce

Offres
émotion qui réactualise l’attachement lui redonner le goût de vivre. En ce qui pourrait survenir (9), d’un aléa qui
des soignants au principe de bien- sens, la vertu éthique de la compas- serait contraire à nos attentes.
faisance. Aujourd’hui non moins sion est de nous rendre sensible à la L’obstination déraisonnable ou l’in-
qu’hier, la bienfaisance demeure une valeur du principe de bienfaisance. La fection nosocomiale sont souvent
valeur universelle reconnue comme vraie compassion n’exclut pas le perçues comme des atteintes au
un des piliers de l’éthique médicale.
Le principe de bienfaisance n’est pas
un résidu d’on ne sait quelle médecine Références bibliographiques
d’autrefois, qui serait relégué dans les (1) Platon, La République, trad. R. Baccou, Flammarion, GF Paris, 1966
débris du passé par le moderne prin- (2) Kant E., Critique de la raison pratique, PUF, coll. Quadrige, Paris, [1788],
cipe d’autonomie. Le respect de l’au- 2000.

tonomie n’est pas incompatible avec (3) Kant E., Fondements de la métaphysique des mœurs, Delagrave, trad. V. Delbos,
[1785], Paris, 1957.
une attitude protectrice et compas-
(4) Platon, Le Ménon, trad. E. Chambry, Flammarion, GF, Paris, 1967.
sionnelle. Quand un patient se plaint
(5) Smith A., Théorie des sentiments moraux, PUF, coll. Léviathan, trad. M. Biziou,
d’avoir eu affaire à un médecin ayant Paris, [1759], 1999.
manqué d’humanité à son égard, il fait (6) Schopenhauer A., Le fondement de la morale, trad. A. Burdeau, Le Livre de
tacitement référence à l’idée qu’un Poche, Paris, 1991.
praticien doit être bienfaisant envers (7) Scheler M., Nature et formes de la sympathie. Contribution à l’étude des lois de
ceux qui souffrent. Il attend du méde- la vie émotionnelle, trad. M. Lefebvre, Paris, [1913], Payot : 1950.

cin qu’il exprime des réactions d’hu- (8) Rousseau J.J., Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes. Paris :
Union générale d’éditions, coll. 10/18, 1973 [1754].
manité, à travers sa présence, son
(9) Jonas H., Le principe de responsabilité. Une éthique pour la civilisation
regard, des gestes de fraternité. technologique, Cerf, Paris, 1990.
La bienfaisance corrige les excès (10) Hume D., A Treatise of Human Nature, Londres, Penguin Books, 1969 [1739].
auxquels peut conduire la sacralisa-

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Hôpital et culture(s)

principe de non-malfaisance. C’est du moins à alléger par des euphé- Nous retiendrons trois points :
la crainte pour l’avenir du patient mismes. Ce déchirement est au centre >> Ce qui rend nos décisions humaines,
qui conduit un médecin à antici- de l’éthique du soin. c’est notre pouvoir d’entrer dans les états
per le pire, à envisager un scéna- Il y a problème éthique chaque fois affectifs d’autrui. Cette capacité empa-
rio irréversible, une tournure défa- que l’angoisse nous signale que nos thique met plusieurs émotions à contri-
vorable des événements. L’émotion valeurs sont en conflit et que les bution. Ces émotions peuvent s’expri-
de crainte nous protège d’un opti- émotions que nous ressentons tour à mer de façon pudique et réservée,
misme béat qui nous pousserait à tour ne plaident pas unanimement en comme le respect ou la compassion. Il
croire un peu hâtivement que « tout faveur de la même solution au n’est nullement besoin de ressentir une
va bien se passer » et à rassurer à dilemme moral qui se présente à vive secousse intérieure pour porter un
trop bon compte notre interlocuteur. nous. L’angoisse nous prévient que jugement de valeur. Le bouleversement
L’insouciance est la principale nous sommes le théâtre d’émotions affectif que nous ressentons face à la
source de nos erreurs (10). La crainte contradictoires qui se révisent les souffrance de l’autre peut être furtif.
nous en prémunit. unes les autres. Elle nous presse de >> L’éthique n’est pas un échange
Notons qu’on peut aussi éprouver la prolonger cette révision, de l’élucider, d’arguments pesés et sous-pesés de
crainte d’un procès intenté par un jusqu’à ce que nous sachions façon froidement rationnelle. Elle n’est
patient. Mais bien loin d’avoir une lesquelles des émotions en jeu sont pas une science qui requier t les
por tée éthique, une telle crainte les plus fiables. Nous devons trouver compétences d’un expert en huma-
étouffe dangereusement les émotions de nouvelles émotions capables de nité. Elle met en jeu la partie sensible
qui nous mettent en relation avec les relancer la dynamique à même de de notre être. Les émotions sont
principes éthiques. stabiliser notre jugement. Tant que nécessaires à l’éthique car elles nous
nous n’aurons pas parachevé ce informent des valeurs auxquelles nous
L’angoisse : le révélateur travail de révision, l’angoisse ne nous sommes attachés : respect de l’auto-
d’un conflit de valeurs lâchera pas. Elle réapparaîtra dès que nomie, bienfaisance, non-malfaisance.
Le questionnement éthique émerge le problème d’éthique se posera (prin- >> Le soin est un travail de la pensée
quand nous sentons que nous ne cipe du « vélo dans la tête »). réflexive et l’humanité une expression
pouvons pas incarner toutes les Révélateur et moteur de la révision de l’intelligence du cœur. La pensée
valeurs en même temps, qu’il faut les émotionnelle, l’angoisse joue le rôle médicale n’est pas qu’une pensée qui
hiérarchiser. Le devoir de loyauté d’un système d’alarme qui nous aver- calcule, c’est aussi une pensée qui
inspiré par le respect réclame de dire tit que nous sommes en présence d’un médite. Un acteur de santé peut dire
sans détour ce que la crainte ou la problème auquel nous n’avons pas beaucoup en peu de mots : « Je suis
compassion encouragent sinon à taire, trouvé de solution satisfaisante. là. » ■

édition 2010 édition 2010

nouvelle édition
Établissements sanitaires, sociaux
Établissementx s et médico-sociaux publics
sanitaires, sociau
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