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N˚ d’ordre : 2008ISAL0093 Année 2008

THESE
présentée devant

L’INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON

pour obtenir

LE GRADE DE DOCTEUR
FORMATION DOCTORALE : Génie Civil
ECOLE DOCTORALE MEGA (Mécanique, Energétique, Génie Civil, Acoustique)
ECL - INSA - UCBL - ENTPE

par

BUI Quoc-Bao
(Ingénieur génie civil de l’Ecole Polytechnique de Ho Chi Minh Ville - Vietnam)

STABILITE DES STRUCTURES EN PISE :


DURABILITE, CARACTERISTIQUES
MECANIQUES

soutenu le 13 novembre 2008 devant la commission d’examen :

M. Minh-Phong LUONG DR Emérite EP Paris Rapporteur


M. Djimédo KONDO Professeur UST Lille Rapporteur
Mme. Irini DJERAN-MAIGRE Professeur INSA Lyon Examinatrice
M. Pierre FORAY Professeur INP Grenoble Examinateur
M. Claude-Henri LAMARQUE HDR ENTPE Directeur de thèse
M. Jean-Claude MOREL CR ENTPE Tuteur
M. Stéphane HANS Docteur-ITPE ENTPE Co-tuteur

Cette thèse a été préparée au Laboratoire Géomatériaux du Département Génie Civil et


Bâtiment de l’Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat
Ecoles Doctorales et Diplômes d’Etudes Approfondies
ECOLES DOCTORALES RESPONSABLE CORRESPONDANT DEA INSA RESPONSABLE
n° code national PRINCIPAL INSA n° code national DEA INSA

Chimie Inorganique
CHIMIE DE LYON M. D. SINOU M. R. GOURDON 910643
UCBL1 87.53
(Chimie, Procédés, Environnement) 04.72.44.62.63 Sec 84.30 Sciences et Stratégies Analytiques
Sec 04.72.44.62.64 Fax 87.17 910634
EDA206 Fax 04.72.44.81.60
Sciences et Techniques du Déchet M. R. GOURDON
910675 Tél 87.53 Fax 87.17

Villes et Sociétés Mme M.


ECONOMIE, ESPACE ET MODELISATION DES M.A. BONNAFOUS Mme M. ZIMMERMANN 911218 ZIMMERMANN
COMPORTEMENTS LYON 2 84.71 Tél 84.71 Fax 87.96
04.72.72.64.38 Fax 87.96 Dimensions Cognitives et Modélisation
(E2MC) Sec 04.72.72.64.03 992678 M. L. FRECON
Fax 04.72.72.64.48 Tél 82.39 Fax 85.18
EDA417

Automatique Industrielle M. M. BETEMPS


ELECTRONIQUE, ELECTROTECHNIQUE, M. G. GIMENEZ 910676 Tél 85.59 Fax 85.35
AUTOMATIQUE INSA DE LYON
83.32 Dispositifs de l’Electronique Intégrée M. D. BARBIER
(E.E.A.) Fax 85.26 910696 Tél 85.47 Fax 60.81

EDA160 Génie Electrique de Lyon M. J.P. CHANTE


910065 Tél 87.26 Fax 85.30

Images et Systèmes Mme I. MAGNIN


992254 Tél 85.63 Fax 85.26
Analyse et Modélisation des Systèmes Biologiques M. S. GRENIER
EVOLUTION, ECOSYSTEME, M. J.P FLANDROIS M. S. GRENIER 910509 Tél 79.88 Fax 85.34
MICROBIOLOGIE , MODELISATION UCBL1 79.88
04.78.86.31.50 Fax 85.34
(E2M2) Sec 04.78.86.31.52
EDA403 Fax 04.78.86.31.49

Documents Multimédia, Images et Systèmes M. A. FLORY


INFORMATIQUE ET INFORMATION POUR LA M. J.M. JOLION d’Information Communicants Tél 84.66 Fax 85.97
SOCIETE INSA DE LYON 992774
87.59 Extraction des Connaissances à partir des Données M. J.F. BOULICAUT
(EDIIS) Fax 80.97 992099 Tél 89.05 Fax 87.13

EDA 407 M. A. GUINET


Informatique et Systèmes Coopératifs pour Tél 85.94 Fax 85.38
l’Entreprise
950131
Biochimie M. M. LAGARDE
INTERDISCIPLINAIRE SCIENCES-SANTE M. A.J. COZZONE M. M. LAGARDE 930032 Tél 82.40 Fax 85.24
UCBL1 82.40
(EDISS) 04.72.72.26.72 Fax 85.24
EDA205 Sec 04.72.72.26.75
Fax 04.72.72.26.01

Génie des Matériaux : Microstructure, Comportement M. J.M.PELLETIER


MATERIAUX DE LYON M. J. JOSEPH M. J.M. PELLETIER Mécanique, Durabilité Tél 83.18 Fax 85.28
ECL 83.18 910527
UNIVERSITE LYON 1 04.72.18.62.44 Fax 84.29
Sec 04.72.18.62.51 Matériaux Polymères et Composites M. H. SAUTEREAU
EDA 034 Fax 04.72.18.60.90 910607 Tél 81.78 Fax 85.27

Matière Condensée, Surfaces et Interfaces M. G. GUILLOT


910577 Tél 81.61 Fax 85.31

Analyse Numérique, Equations aux dérivées partielles M. G. BAYADA


MATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE M. NICOLAS M. J. POUSIN et Calcul Scientifique Tél 83.12 Fax 85.29
FONDAMENTALE UCBL1 88.36 910281
04.72.44.83.11 Fax 85.29
(Math IF) Fax 04.72.43.00.35
EDA 409

Acoustique M. J.L. GUYADER


MECANIQUE, ENERGETIQUE, GENIE CIVIL, M. J. BATAILLE M. G.DALMAZ 910016 Tél 80.80 Fax 87.12
ACOUSTIQUE ECL 83.03
04.72.18.61.56 Fax 04.72.89.09.80 Génie Civil M. J.J.ROUX
(MEGA) Sec 04.72.18.61.60 992610 Tél 84.60 Fax 85.22
Fax 04.78.64.71.45
EDA162
Génie Mécanique M. G. DALMAZ
992111 Tél 83.03
Fax 04.78.89.09.80
Thermique et Energétique M. J. F. SACADURA
910018 Tél 81.53 Fax 88.11

En grisé : Les Ecoles doctorales et DEA dont l’INSA est établissement principal
i

Remerciement

Je remercie très sincèrement tous ceux qui ont apporté leur contribution à la finition
de cette thèse.

Jean-Claude Morel, pour son encadrement, pour l’ambiance de travail agréable qu’il
m’a offert.

Claude-Henri Lamarque, pour avoir pris la responsabilité de diriger cette thèse.

Stéphane Hans, pour son encadrement dans la partie des essais dynamiques.

Messieurs les rapporteurs Minh-Phong Luong et Djimédo Kondo qui sacrifient de


leur temps pour évaluer ce mémoire de thèse.

Madame Irini Djeran-Maigre et Monsieur Pierre Foray pour avoir accepté d’être
examinatrice et examinateur de cette thèse.

Nicolas Meunier, pour ses conseils expérimentaux intéressants ainsi que sa contribu-
tion qui a permis de réaliser des essais en laboratoire et sur site.

Sébastien Courrier, Wael pour leur assistance technique pendant la réalisation des
essais.

Jaques Desrues et Christophe Rousseau, pour m’avoir accueilli au laboratoire 3S-R


(Grenoble) afin d’effectuer l’analyse stéréophotogrammétrique.

Tous mes amis Vietnamiens au LGM que je ne pourrai pas tous citer ici ainsi que
Thong, Phuong à l’Ecole Vétérinaire Lyon. Grâce à leur amitié, je ne me suis pas senti
seul pendant mon séjour en France.

Franziska, Anne-Sophie pour leur amitié et des aides en LaTex.

Tous les membres du LGM, car on ne fait rien tout seul.

Le CNRS pour le financement de ma bourse de thèse.

Ma moitié, qui a été très patiente durant cette fin de thèse très chargée.
ii

Résumé

La construction de bâtiments en pisé est une technique ancienne qui connaı̂t un


nouvel essor aujourd’hui dans le monde grâce à la performance énergétique de ce maté-
riau dans tout le cycle de vie d’un bâtiment : phases de construction, d’occupation et de
démolition. Ce point fort permet de considérer le pisé comme un matériau prometteur du
secteur du bâtiment dans le contexte du développement durable. Pourtant, il subsiste des
problèmes de quantification de la durabilité, des performances mécaniques et thermiques
qui empêchent la population d’utiliser ce matériau. Cette thèse est consacrée à l’étude de
ces problèmes, notamment les deux premiers.

L’étude de la durabilité du pisé a été réalisée sur les murets en pisé exposés pendant
20 ans dans les conditions naturelles sur site. Une méthode de mesure de l’érosion des murs
en pisé est mise au point à partir de la méthode de stéréophotogrammétrie. Les résultats
obtenus ont montré une durée de vie de plus de 60 ans pour des murs en pisé non stabilisé.

L’étude des caractéristiques mécaniques en compression du matériau pisé a été réa-


lisée sur trois échelles différentes. La première est l’échelle des murs sur site. Des mesures
dynamiques ont été réalisées sur site pour déterminer des fréquences propres des murs. Le
module d’élasticité est déterminé à partir des fréquences propres mesurées en utilisant une
modélisation par éléments finis. La deuxième est l’échelle des échantillons représentatifs
du matériau pisé (des dimensions proches des murs sur site) fabriqués et testés en labora-
toire. Finalement, en ce qui concerne la dernière échelle (microscopique), des essais sont
réalisés sur des blocs de terre comprimée (BTC) équivalents. Une procédure d’homogénéi-
sation est réalisée pour mettre au point une procédure de test en laboratoire qui permet
de remplacer les échantillons de pisé par les BTC équivalents pour faciliter la procédure
de test.

Une étude exploratoire des caractéristiques parasismiques des maisons en pisé a aussi
été mise en place. La comparaison des périodes propres des maisons mesurées sur site et
celles des formules empiriques proposées par des règles parasismiques a été réalisée. Les
techniques de renforcement afin d’améliorer la capacité parasismique des maisons en pisé
ont été aussi discutées.

Mots clés
Développement durable, construction en terre, pisé, durabilité, stéréophotogrammétrie, ré-
sistance à la compression, module d’élasticité, vibration, fréquence propre, parasismique,
bloc de terre comprimé.
iii

Abstract

Stability of Rammed Earth Structures : Durability and Mechanical


Characteristics

Rammed earth construction is an ancient technique which is attracting renewed


interest throughout the world today, thanks to the energy performance of this material
throughout the lifecycle of a building : construction, occupation and demolition phases.
Although rammed earth is currently regarded as a promising material in the construction
sector in the context of sustainable development, it is still difficult to quantify its durabi-
lity, as well as its mechanical and thermal performances, which discourages people from
using it. This thesis is devoted to the study of these problems, especially the two first ones.

The study of the durability of rammed earth was carried out on rammed earth walls
exposed for 20 years to natural weathering, in a wet continental climate. A method to
measure the rammed earth walls erosion by stereo-photogrammetry has been developed.
The result shows a lifetime longer than 60 years in the case of the unstabilised rammed
earth wall. This shows a potential for the use of unstabilised rammed earth in the similar
climatic conditions with this study. The method of stereo-photogrammetry used to mea-
sure the erosion of rammed earth walls on site may also help to calibrate and develop
more pertinent laboratory test to assess the durability of rammed earth wall.

The study of the mechanical characteristics of rammed earth in compression was


carried out on three different scales. The first is the scale of in-situ walls. Dynamic mea-
surements were carried out on site to determine the Eigen frequencies of the walls. The
elastic modulus was determined from the frequencies measured by using a finite element
model. The second is the scale of a representative volume element (RVE). Rammed earth
RVE samples with dimensions similar to those of the walls on site were manufactured
and tested in the laboratory. Finally, at the last scale, called the micro-mechanical scale,
tests were performed on equivalent compressed earth blocks (CEBs), which can replace
the rammed earth RVE samples to facilitate laboratory tests.

An exploratory study of seismic characteristics of rammed earth houses has also


been established. The comparison of Eigen periods of rammed earth houses obtained
from in-situ measurements and those of empirical formula proposed by seismic standards
has been done. The strengthening techniques to improve the seismic capacity of rammed
earth houses were also discussed.

Keywords
Sustainable development, earth construction, rammed earth, durability, stereo-photogrammetry,
compressive strength, elastic modulus, vibration, Eigen frequency, seismic characteristics,
compressed earth block.
iv
Table des matières

I Etude bibliographique 3
1 Introduction 5

2 Matériau terre 9
2.1 Diversité de la construction en terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.1 Le pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.2 Les adobes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.1.3 Les blocs de terre comprimée (BTC) . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.1.4 La terre-paille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.1.5 Torchis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.1.6 Bauge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2 Avantages du matériau terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2.1 Avantage économique dans les régions pauvres . . . . . . . . . . . . 11
2.2.2 Avantage environnemental dans les pays industrialisés . . . . . . . . 12
2.2.3 Avantage socio-économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.3 Pourquoi le pisé est l’objectif de cette thèse ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

3 Construction en pisé et développement durable 15


3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.2 Contexte général du développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3.2.1 Problème d’épuisement des ressources naturelles - L’énergie : une
ressource toujours plus convoitée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3.2.2 Problème d’émission des gaz à effet de serre - Transport et bâti-
ment : les deux mauvais élèves du protocole de Kyoto . . . . . . . . 17
3.2.3 Problème des déchets - Une quantité de déchets en France doublée
depuis 40 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.3 Enjeux dans le secteur du bâtiment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.4 Caractéristiques avantageuses de la construction en pisé . . . . . . . . . . . 20
3.4.1 Faible consommation d’énergie pendant la construction . . . . . . . 20
3.4.2 Faible consommation énergétique possible pendant l’habitation . . . 21
3.4.3 Diminution des déchets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.4.4 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

4 Généralité sur le pisé 23


4.1 Présentation du pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
4.2 Pisé traditionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
4.3 Pisé moderne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.3.1 Compactage par une dame pneumatique . . . . . . . . . . . . . . . 26

v
vi TABLE DES MATIÈRES

4.3.2 Mise en oeuvre de coffrages du pisé moderne . . . . . . . . . . . . . 26


4.3.3 Extraction de la terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4.3.4 Détermination de la teneur en eau de fabrication et de la hauteur
de chaque couche du pisé de manière empirique . . . . . . . . . . . 27
4.3.5 Stabilisation du pisé moderne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
4.3.6 Soubassement et toiture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4.3.7 Préfabrication du pisé moderne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4.3.8 Enduit sur pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4.4 Pisé stabilisé ou non-stabilisé ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4.4.1 Inconvénient de la stabilisation du pisé . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4.4.2 Nécessité de la stabilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

5 Confort d’habitation du pisé 37


5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
5.2 Performance thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
5.2.1 Notoriété de la performance thermique du pisé . . . . . . . . . . . . 38
5.2.2 Résistance thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
5.2.3 Masse thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
5.2.4 Résistance thermique ou Masse thermique ? . . . . . . . . . . . . . 42
5.2.5 Ajout des couches d’isolation thermique . . . . . . . . . . . . . . . 43
5.3 Etudes du confort général des bâtiments en pisé . . . . . . . . . . . . . . . 43
5.3.1 Comparaison du confort entre une maison en pisé et deux maisons
conventionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
5.3.2 Etude de l’Architype [9] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
5.3.3 Discussions sur des études sur des maisons sur site . . . . . . . . . 46
5.4 Conclusions et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

II Durabilité du pisé 51
6 Durabilité du pisé 53
6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
6.2 Etudes bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
6.2.1 Mécanique de l’érosion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
6.2.2 Essais courants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
6.2.3 Bilan des études bibliographiques et orientation de notre étude . . . 61
6.3 Durabilité des murs exposés pendant 20 ans sur site . . . . . . . . . . . . . 62
6.3.1 Conditions climatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
6.3.2 Fondation et soubassement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
6.3.3 Terres utilisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
6.3.4 Construction des murets en pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
6.3.5 Le toit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
6.3.6 Protection superficielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
6.3.7 Limitations de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
6.3.8 Murs témoins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
6.3.9 Mesures d’érosion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
6.3.10 Principe et hypothèses des mesures d’érosion . . . . . . . . . . . . . 74
6.3.11 Résultats des mesures d’érosion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
TABLE DES MATIÈRES vii

6.3.12 Evaluation de la durabilité des murs étudiés . . . . . . . . . . . . . 79


6.4 Conclusions sur la durabilité du pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

III Caractéristiques mécaniques du pisé 83


7 Caractéristiques mécaniques 85
7.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
7.2 Problème de la représentativité des échantillons . . . . . . . . . . . . . . . 85
7.3 Problème de fabrication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
7.3.1 Caractéristiques du matériau pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
7.3.2 Etudes bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
7.3.3 Prélèvement des échantillons à partir de murs existants . . . . . . . 93
7.4 Mise au point de la procédure expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
7.4.1 Etude bibliographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
7.4.2 Procédure adoptée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
7.5 Echantillons fabriqués en laboratoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
7.5.1 Fabrication des échantillons en laboratoire . . . . . . . . . . . . . . 102
7.5.2 Mesure de la densité sèche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
7.5.3 Essai de compression uniaxiale perpendiculaire aux lits . . . . . . . 103
7.5.4 Essai de compression uniaxiale parallèle aux lits . . . . . . . . . . . 105
7.5.5 Comparaison des modules dans les deux directions perpendiculaires 109
7.5.6 Résistance à la compression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
7.5.7 Module de rupture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
7.5.8 Comparaison avec des études existantes . . . . . . . . . . . . . . . . 113
7.5.9 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
7.6 Echelle microscopique - des BTC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
7.6.1 Stratégie de cette approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
7.6.2 Volume élémentaire représentatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
7.6.3 Hypothèses adoptées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
7.6.4 Homogénéisation dans le sens perpendiculaire aux lits . . . . . . . . 116
7.6.5 Homogénéisation dans le sens parallèle aux lits . . . . . . . . . . . . 118
7.6.6 Procédure de l’approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
7.6.7 Mesure de la densité sèche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
7.6.8 Résistance dans le sens vertical . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
7.6.9 Résistance dans le sens horizontal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
7.6.10 Fabrication des BTC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
7.6.11 Essai de compression uniaxiale sur les BTC . . . . . . . . . . . . . 124
7.6.12 Calcul des paramètres équivalents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
7.7 Mesures sur site sur un élément de structure . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
7.7.1 Principe de la méthode dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
7.7.2 Description des mesures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
7.7.3 Résultat des fréquences mesurées sur site . . . . . . . . . . . . . . . 132
7.7.4 Modélisation des murs par des éléments finis . . . . . . . . . . . . . 134
7.7.5 Détermination du module d’élasticité . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
7.8 Discussions sur les résultats des 3 approches . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
7.9 Discussion sur la résistance à la compression du pisé . . . . . . . . . . . . . 142
7.9.1 Révision de la résistance obtenue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
viii TABLE DES MATIÈRES

7.9.2 Essais sur une terre plus argileuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142


7.9.3 Diminution de l’épaisseur de chaque couche ... . . . . . . . . . . . . 143
7.9.4 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
7.10 Essais en laboratoire à petites échelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
7.10.1 Eprouvettes cyclindriques fabriquées avec dame pneumatique . . . . 149
7.10.2 Terres utilisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
7.10.3 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
7.11 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

8 Parasismiques des constructions en pisé 157


8.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
8.2 Etude bibliographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
8.2.1 Généralité du comportement dynamique ... . . . . . . . . . . . . . . 159
8.2.2 Etude de l’oscillateur simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
8.2.3 Force sismique équivalente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
8.2.4 Limitations des règles parasismiques actuelles . . . . . . . . . . . . 161
8.2.5 Cultures sismiques locales (CSL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
8.3 Parasismicité de la construction en terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
8.4 Quelle stratégie pour la construction parasismique du pisé ? . . . . . . . . . 164
8.5 Auscultations des maisons existantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
8.5.1 Premier pas de l’évaluation de la vulnérabilité sismique des maisons
en pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
8.5.2 Fréquences propres de maisons en pisé . . . . . . . . . . . . . . . . 166
8.5.3 Mesures sur la maison de Perigneux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
8.5.4 Mesures sur la maison de Saint Jean de Bournay . . . . . . . . . . . 168
8.5.5 Amortissement des structures en pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
8.5.6 Discussions sur des résultats des mesures dynamiques . . . . . . . . 171
8.6 Renforcement des maisons en pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
8.6.1 Ossatures en béton armé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
8.6.2 ”Armer” des murs en pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
8.6.3 Renforcement par des grillages souples à l’extérieur du mur . . . . . 179
8.6.4 Tirants verticaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
8.7 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182

IV Conclusion générale 185


A Protections superficielles des murets CSTB 211
A.1 Les enduits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
A.2 Les badigeons, les peintures et les imprégnations . . . . . . . . . . . . . . . 211
A.2.1 Protections chimiques dans le cas du pisé . . . . . . . . . . . . . . . 211
A.2.2 Enduits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

B Caractéristiques mécaniques des échantillons prélevés 219


B.1 Prélèvement des échantillons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
B.2 Mesure de la densité sèche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
B.3 Essai de compression simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
B.4 Conclusions et perspective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
TABLE DES MATIÈRES 1

C Caractéristiques mécaniques des BTC 223

D Modèle d’une poutre de flexion 225

E Modèle d’une poutre de cisaillement 229

F Mesures sur des maisons réelles 231

G Maisons en pierres sèches et ossature bois 233


G.1 But principal de cette note de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
G.2 Ossature bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
G.2.1 Structure de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
G.2.2 Caractéristiques du matériau bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
G.2.3 Hypothèse de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
G.3 Chargement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
G.3.1 Charges permanentes - poids des structures . . . . . . . . . . . . . 234
G.3.2 Charge d’occasions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
G.3.3 Schéma de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237
G.4 Efforts internes dans l’ossature et vérification . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
G.4.1 Efforts internes dans l’ossature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
G.4.2 Colonne à la traction de 6,9T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
G.4.3 Colonne à la compression de -6,7T . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
G.4.4 Conception des treillis de contreventement . . . . . . . . . . . . . . 239
G.4.5 Les poutres primaires en flexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
G.4.6 Vérification du cisaillement à la base des colonnes . . . . . . . . . . 241
G.5 Mur en pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
G.5.1 Charge verticale sur les murs à partir de la toiture . . . . . . . . . . 242
G.5.2 Vérification de la stabilité du mur 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
G.5.3 Vérification de la stabilité du mur 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
G.6 Connexion à la fondation et recommandation . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
G.6.1 1ère solution : l’utilisation des boulons . . . . . . . . . . . . . . . . 245
G.6.2 2ème solution : l’utilisation d’un tirant vertical . . . . . . . . . . . . 245
G.6.3 Fondation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
G.6.4 Vérification de la fondation à la flexion . . . . . . . . . . . . . . . . 247
G.6.5 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
G.7 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
2 TABLE DES MATIÈRES
Première partie

Etude bibliographique

3
Chapitre 1

Introduction

”Il n’y a de nouveau que ce qui a vieilli” (Chaucer, XIVème siècle).


Les matériaux non-industriels utilisés en génie civil sont des matériaux fabriqués et
mis en place par des artisans lors de cycle de production court. Il s’agit en général de
matériaux locaux, terre, pierre, fibres végétales avec liant etc. trouvés sur site ou proche
du site de construction. Leur étude et utilisation est devenue prometteuse dans les pays
très industrialisés pour trois raisons.

La première est le voeu d’accéder à un développement durable. Or ces matériaux


impliquent une mise en avant des savoir-faire de l’homme en évitant son remplacement
par des machines. Le volet social est donc favorable. Le volet environnement l’est aussi
du fait de leur faible consommation d’énergie grise et de transport (Morel et al. [105]), de
leur innocuité, leur grande durabilité (Bui et al. [30]), leur capacité de ré-utilisation, leur
abondance... Enfin l’aspect économique, dans les pays très industrialisés, reste le point
le plus défavorable mais en évolution favorable du fait de l’augmentation conséquente et
pérenne de la population mondiale et du prix des énergies fossiles (Bruce [22]). Dans les
pays en développement, ce dernier point fait que le volet économique est aussi un point
fort pour ces matériaux qui sont moins chers que les produits industriels.

Le secteur du bâtiment joue un rôle important dans le développement durable. Le


choix des matériaux utilisés pour la construction de l’enveloppe a des incidences sur l’épui-
sement des ressources naturelles, la consommation d’énergie et les émissions polluantes,
les déchets de chantier et de démolition. Ainsi, la fabrication et la mise en oeuvre des ma-
tériaux (ou produits de construction) sont étroitement liées aux questions d’épuisement
des ressources naturelles, de consommations d’énergie (pour l’extraction des matières pre-
mières, leur transport, leur transformation, le transport des produits finis et leur mise en
oeuvre in-situ) et enfin aux émissions polluantes qui en résultent. La vie en oeuvre du
matériau a des répercussions sur les consommations énergétiques du bâtiment (chauffage,
climatisation), le confort (hydrique, thermique, acoustique), la santé (émission de COV
- composés organiques volatils, ... [36]) ainsi que sur l’efficacité du travail (dans le cas
des bâtiments de bureau [78]) des occupants. Enfin, la déconstruction et/ou la démolition
du bâtiment sont à rapprocher des consommations d’énergie et des émissions polluantes
(liées à la déconstruction ou à la démolition) ainsi que des déchets qui en sont issus.

Le deuxième point tient au fait que les structures en matériaux non-industriels sont
encore extrêmement nombreuses sur toute la planète et même dans les pays très indus-

5
6 CHAPITRE 1. INTRODUCTION

trialisés, malgré des destructions en masse. On comptait en France environ 2,4 millions
de logement en terre crue en 1987 (Michel et Poudru [100]). Leur maintenance, souvent
plus d’un siècle après leur construction, pose des problèmes financiers et techniques car
mis en place par empirisme sans donnée scientifique.

La troisième raison est la volonté de renforcer la lutte contre les risques naturels
comme les innondations, les séismes et de faire face aux changements de l’environnement
d’origines anthropiques qui a priori n’ont pas pu être pris en compte par l’empirisme tel
que la modification du climat. Cela nécessite d’évaluer la pertinence de ces matériaux et
structures avec des conditions de sûreté modernes c’est à dire avec un outil scientifique
adapté et fiable.

Les matériaux ”modernes” composant les structures du génie civil sont optimisés
grâce au process industriel souvent standardisé pour répondre à une fonction précise pour
une durée limitée, on superpose alors des matériaux différents pour obtenir un système
constructif complexe efficace répondant à une demande physique et culturelle. On cherche
le plus souvent la très haute performance du composant sans se préoccuper des autres
aspects. La faiblesse de ces systèmes est leur comportement à long terme non maı̂trisé,
voire quelquefois dangereux (par exemple le cas de l’amiante).

Les matériaux non-industriels dans la construction sont le fruit d’une optimisation


empirique plus que millénaire. Les matériaux issus de matières premières renouvelables
(comme les matériaux végétaux) sont une réponse au problème d’épuisement des res-
sources naturelles, les matériaux recyclables (comme la terre) apportent, en plus, une
réponse au problème de déchets en fin de vie du bâtiment. Ces matériaux locaux et les
structures qui en découlent possédent une grande variabilité à chaque construction de
par les variabilités géologiques des sites et de par le fait qu’ils ne sont pas produits par
un process industriel et standardisé. Le sol du site est le matériau mis en oeuvre pour
répondre à tous les besoins du moment (Dincyurek et al. [45]), par exemple dans le cas
d’un mur en bâtiment : non nocif à la santé, la durabilité, le confort hygrothermique, la
stabilité mécanique...

L’optimisation du matériau n’est pas recherchée pour sa performance dans un seul


domaine, par exemple la résistance à la compression, mais par un compromis entre de
nombreux critères. Par exemple, dans le cas du pisé ou des pierres, l’épaisseur du mur
est au minimum de 50 cm pour offrir un comportement hygrothermique correct. Avec de
telles épaisseurs, les coefficients de sécurité en compression peuvent aller jusqu’à 10. La
complexité va venir de la variabilité du matériau et non pas de la difficulté à obtenir une
performance. D’un point de vue scientifique, il n’est pas alors souhaitable d’utiliser des
lois rhéologiques très élaborées et très coûteuses d’utilisation mais plutôt des méthodes de
mesures des performances donnant des résultats fiables et utilisables en pratique même si
peu précis.

En conséquence, il s’agit modestement de quantifier le comportement de ces maté-


riaux pour ensuite quantifier le comportement des structures qu’ils composent avec une
approche scientifique qui met l’accent sur la mise au point de méthodes d’essais pouvant
caractériser ces matériaux.
7

Le pisé

Comme exemple d’approche scientifique adaptée aux matériaux non-industriel, nous


choisissons d’étudier ici un élément de structure qui est un mur porteur de bâtiment à
base de matériau pisé. Le pisé est un matériau à base de terre damée coffrée. La terre
est un sol de composition très variable mais qui contient suffisamment d’argile qui fait
office de liant entre les grains qui sont un mélange de limon, sable, gravier et pierres qui
peuvent avoir la taille de quelques centimètres de diamètre. Le damage se fait avec une
teneur en eau dite optimum c’est-à-dire donnant la plus grande densité sèche pour une
énergie de compactage fixée. Ce process est dit voie sèche car la teneur en eau est de
l’ordre de 10%, alors que pour obtenir une pâte il faudrait une teneur en eau de l’ordre
de 25%. Le pisé se compose de plusieurs couches de terre. La terre est versée en couche
d’environ 15 cm d’épaisseur dans un coffrage (en bois ou en métal). Elle est damée par
une dame (manuelle ou pneumatique). Après damage, l’épaisseur de chaque couche est de
8-10 cm. La procédure est répétée jusqu’à finir le mur.

Pour les pisés traditionnels, le liant unique est de l’argile (ils sont appelés ”pisés
non-stabilisés”). Avec l’industrialisation, des pisés modernes sont apparus en ajoutant
d’autres liants comme du ciment, de la chaux hydraulique ou de la chaux aérienne, ... Ils
sont appelés ”pisés stabilisés”. L’intérêt principal de la stabilisation du pisé est d’augmen-
ter sa durabilité (contre l’attaque de l’eau) et ses performances mécaniques (résistance à
la compression).

Cette thèse présente une étude de la quantification de la durabilité et des caractéris-


tiques mécaniques du matériau pisé. Nous ne considérons pas les pisés stabilisés comme
l’objectif principal de cette thèse pour les raisons suivantes. La première raison vient de
la durabilité, qui est souvent la raison principale d’une stabilisation du pisé. Pendant le
déroulement de cette thèse, le premier temps a été consacré à étudier la durabilité de
plusieurs types de pisé, exposés sur site aux conditions naturelles pendant 20 ans (ce qui
va être présenté plus en détail dans les parties suivantes). Des résultats montrent que des
pisés non-stabilisés traditionnels, soumis au climat étudié, peuvent atteindre une dura-
bilité satisfaisante pour des maisons individuelles. Il subsiste en France et en Europe un
énorme parc de maisons en pisé non-stabilisé qui ont dépassé une centaine d’années. Nous
pouvons donc faire confiance aux pisés non-stabilisés si leur fabrication est bien réalisée
et contrôlée. La deuxième concerne le problème économique. Les stabilisants (du ciment
ou de la chaux) augmentent évidemment le coût de construction et en plus, ils ne sont
pas toujours disponibles (dans les zones lointaines ou dans les pays où il faut importer ces
produits). La troisième raison est l’impact environnemental dans la phase de démolition
du bâtiment. Pendant que le pisé non-stabilisé peut être recyclé facilement, le recyclage
du pisé stabilisé devient très difficile, voire impossible.

Cette thèse étudie donc des caractéristiques du matériau pisé non-stabilisé avec
quatre parties principales suivantes.

La première partie présente des informations générales. Une revue sur la notion de
développement durable est réalisée et les avantages du matériau terre dans ce contexte
actuel du développement durable sont présentés. Des généralités sur le matériau terre ainsi
que sur le matériau pisé sont aussi présentées dans cette partie. Une étude bibliographique
8 CHAPITRE 1. INTRODUCTION

sur le confort d’habitation en général et le confort thermique du pisé est présentée.

La deuxième partie est réservée pour étudier la durabilité du pisé avec l’étude sur
les murets en pisé exposés pendant 20 ans dans les conditions naturelles sur site. Une
méthode de mesure de l’érosion des murs en pisé est mise au point à partir de la méthode
de stéréophotogrammétrie. Des résultats obtenus sont présentés et discutés qui montrent
une durée de vie de plus de 60 ans pour des murs en pisé non-stabilisé.

La troisième partie présente les résultats des caractéristiques mécaniques du pisé.


Les mesures in-situ ont été réalisées pour mesurer le module d’élasticité des murs sur site.
Ensuite, des échantillons représentatifs sont fabriqués en laboratoire pour mesurer la ré-
sistance à la compression et le module d’élasticité par des essais de compression uniaxiale.
Les résultats obtenus en laboratoire et sur site seront comparés et discutés. Une procédure
de test en laboratoire sur les échantillons équivalents remplaçant des échantillons en pisé
sera présentée.

Dans cette partie, un chapitre est réservé pour étudier des caractéristiques dyna-
miques et la vulnérabilité sismique des maisons en pisé.

La dernière partie présente les conclusions et des perspectives.


Chapitre 2

Matériau terre

Tout d’abord, nous allons aborder rapidement la diversité de la construction en terre


et pourquoi le pisé est choisi pour cette thèse.

2.1 Diversité de la construction en terre


Il existe une grande variété des types de construction en terre (Houben et al. [80]).
Les types les plus couramment utilisés sont présentés ci après.

2.1.1 Le pisé
La terre est compactée dans les coffrages (traditionnellement en bois, mais actuelle-
ment ils peuvent être en métal), couche après couche, par une dame (manuelle ou pneu-
matique). Les descriptions détaillées seront présentées dans le chapitre 4. La Figure 2.1
présente un exemple d’une maison traditionnelle en pisé.

Fig. 2.1 – Une maison traditionnelle en pisé en région Rhône-Alpes, n’ayant jamais été
enduite.

9
10 CHAPITRE 2. MATÉRIAU TERRE

2.1.2 Les adobes


L’adobe est le nom le plus communément utilisé des briques séchées au soleil. Les
briques d’adobe sont moulées à partir d’une terre argileuse humide. A l’origine, ces briques
étaient formées à la main. Plus tard (et encore aujourd’hui), elles sont fabriquées manuel-
lement à l’aide de moules à formes prismatiques variées en bois ou en métal. Actuellement,
des machines sont également employées. La Figure 2.2 présente un exemple de fabrication
et utilisation d’adobes.

Fig. 2.2 – A gauche : des adobes au séchage sous le soleil. A droite : une maçonnerie en
adobes.

2.1.3 Les blocs de terre comprimée (BTC)


Pendant longtemps, on a fabriqué des blocs de terre à l’aide de moules dans lesquels
on comprimait la terre à l’aide d’un petit pilon ou en rabattant avec force un couvercle
très lourd. Ce procédé a été mécanisé et on utilise aujourd’hui des presses de toutes sortes.
Les produits obtenus sont extrêmement variés. La Figure 2.3 présente un exemple d’une
maison construite avec des BTC.

2.1.4 La terre-paille
Pour cette technique, la terre utilisée doit avoir une bonne cohésion. Elle est diluée
dans de l’eau jusqu’à l’obtention d’une barbotine homogène, que l’on verse sur de la
paille, jusqu’à enrober chaque brin. Au séchage, on obtient un matériau dont la texture
est essentiellement celle de la paille.

2.1.5 Torchis
Une structure en colombages et claies de bois est hourdée avec une ou plusieurs
couches de terre. Cette terre argileuse, amendée de paille ou d’autres fibres, constitue les
parois de la bâtisse.
2.2. AVANTAGES DU MATÉRIAU TERRE 11

Fig. 2.3 – Une maison construite avec des BTC en Rhône-Alpes, France. La tour est en
pisé.

2.1.6 Bauge
Ce procédé consiste à empiler des boules de terre les unes sur les autres et à les tasser
légèrement à l’aide des mains ou des pieds jusqu’à confectionner des murs monolithiques.
Habituellement, la terre est amendée de fibres de natures diverses.

2.2 Avantages du matériau terre


2.2.1 Avantage économique dans les régions pauvres
Etant un matériau local et naturel, le matériau terre est moins cher que les matériaux
conventionnels, notamment dans les pays en développement où l’emploi manuel n’est pas
coûteux. La fiabilité de la construction en terre a été démontrée non seulement dans les
pays pauvres où la plupart des peuples n’avaient pas assez de moyens pour construire
des maisons ”modernes” (MacLeod [93]) mais elle a aussi une énorme potentialité dans
les régions pauvres des pays riches (Barbosa et al. [15]) où la situation de logements des
pauvres est encore très mauvaise (Figure 2.4).

Fig. 2.4 – Mauvaises conditions d’habitation en Amérique latine, d’après Barbosa et al.
[15]
12 CHAPITRE 2. MATÉRIAU TERRE

2.2.2 Avantage environnemental dans les pays industrialisés


Dans les pays industrialisés, bien que l’avantage économique du matériau terre soit
aussi un point fort, il n’est pas un point favorable à rechercher. Pourtant, c’est l’avantage
environnemental qui met le matériau terre dans la position d’un matériau ”du futur” dans
ces pays. Le premier avantage environnemental réside dans la très faible énergie grise
consommée et la très faible pollution pendant la fabrication par rapport aux matériaux
conventionnels. Pour un matériau conventionnel, avant d’être mis en oeuvre sur chantier,
il doit passer par les phases suivantes : l’extraction du matériau premier ; le transport à
l’usine ; la transformation en usine ; le transport de l’usine au point de vente, du point de
vente au chantier ; la mise en oeuvre sur chantier. A l’inverse, avec un matériau local et
fabriqué manuellement (essentiellement) comme la terre, premièrement, les transports du
matériau premier du chantier d’extraction à l’usine et des produits fabriqués de l’usine
au chantier sont supprimés ou bien limités. Deuxièmement, la fabrication principalement
manuelle du matériau terre diminue la consommation d’énergie et la pollution par rapport
aux matériaux conventionnels fabriqués en usine (Figure 2.5 à gauche).

Le deuxième avantage environnemental réside dans la phase de démolition des bâti-


ments. Avec un recyclage aisé, le matériau terre traditionnel (non-stabilisé) ne pose pas
de problème de déchets comme dans le cas des matériaux conventionnels (Figure 2.5 à
droite comme exemple).

Pendant la phase d’habitation, l’avantage environnemental du matériau terre est


encore difficile à conclure. Ce problème sera présenté dans la section 3.4.

Fig. 2.5 – Emission du gaz de CO2 (à gauche) et des déchets des usines fabriquant des
briques en terre cuite (à droite) en Amérique latine, d’après Barbosa et al. [15]

2.2.3 Avantage socio-économique


En utilisant principalement le travail manuel, la construction en terre a aussi l’avan-
tage socio-économique de créer des emplois localement.
2.3. POURQUOI LE PISÉ EST L’OBJECTIF DE CETTE THÈSE ? 13

2.3 Pourquoi le pisé est l’objectif de cette thèse ?


Suite à deux thèses déjà réalisées au Laboratoire Géomatériaux de l’ENTPE, dont
une sur des blocs de terre comprimée (BTC) (P’kla [121]) et une sur mortier de terre
(Alves de Azeredo [8]) qui a une rhéologie a priori proche de celle des adobes, la présente
thèse continue la recherche de l’ENTPE sur le matériau terre par l’étude sur le pisé. A part
des avantages communs d’un matériau terre abordés dans la section précédente, le pisé est
choisi comme l’objet de recherche de cette thèse pour les raisons suivantes. Premièrement,
avec une richesse des patrimoines en pisé de la région Rhône-Alpes et de la France (Figure
2.6), la conservation de ceux-ci nécessite des connaissances scientifiques sur ce matériau.
Deuxièmement, grâce à sa grande épaisseur, un mur en pisé nous offre une grande inertie
thermique et la régulation de l’humidité intérieure de la maison. Par conséquent, avec une
bonne conception, des maisons en pisé peuvent avoir une bonne performance thermique,
donc énergétique, dans la phase d’habitation. Ce point est très important car, complété
par des faibles consommations d’énergie évidemment pendant la phase de construction et
de démolition présentés dans la section précédente, il est un point fort du matériau pisé
dans le développement durable. Le détail des performances énergétiques de ce matériau
sera présenté dans les chapitres suivants.

Fig. 2.6 – Régions d’utilisation du pisé en France, d’après [120].


14 CHAPITRE 2. MATÉRIAU TERRE
Chapitre 3

Construction en pisé dans le contexte


d’un développement durable

”Il n’y a de nouveau que ce qui est oublié” (Melle Bertin, XIXème siècle)

3.1 Introduction

La définition ”développement durable” apparaı̂t la première fois dans (Bruntland


1987 [23]) : ”Le développement durable est un développement qui satisfait les besoins
d’aujourd’hui sans compromettre la satisfaction des besoins de demain”.

Devant les conséquences graves du changement climatique global dans ces dernières
années (l’échauffement climatique, l’augmentation des tempêtes, l’augmentation du niveau
des mers, ...) et devant une prévision sombre d’épuisement des ressources naturelles dans
quelques décennies, le développement durable est de plus en plus présent dans l’ensemble
des secteurs de l’activité humaine.

Les problèmes les plus aigus actuellement sont les problèmes d’énergie et de déchets.
Le problème de l’énergie concerne non seulement l’épuisement des ressources naturelles
mais encore l’émission des gaz à effet de serre. Car plus l’énergie est consommée, plus
l’émission de gaz augmente.

Ce chapitre est consacré d’abord à faire une révision du contexte du développement


durable actuel ainsi que les enjeux du secteur du bâtiment dans ce contexte. La compré-
hension de ces enjeux est importante car elle aide à décider des stratégies de recherche
sur la construction en terre en général ainsi que de cette thèse. Par exemple, est-il néces-
saire de stabiliser le pisé ou est-il nécessaire de construire des murs en pisé épais (50cm
d’épaisseur) ?

15
16 CHAPITRE 3. CONSTRUCTION EN PISÉ ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

3.2 Contexte général du développement durable

3.2.1 Problème d’épuisement des ressources naturelles - L’éner-


gie : une ressource toujours plus convoitée
Les experts estiment qu’au rythme actuel, nous aurons épuisé les réserves de pétrole
d’ici une quarantaine d’année, et que la production de pétrole ne parviendra pas à suivre
la croissance de la demande d’ici 2015-2035 [116], Figure 3.1. L’humain témoigne que le
prix du pétrole s’enflamme dans ces dernières années, Figure 3.2. Nous pouvons noter qu’à
l’heure où sont écrites ces lignes, le prix du baril de pétrole est déjà à 105 USD.

Fig. 3.1 – Réserve de pétrole en année de consommation 2001. Source : BP Statistical


Review, juin 2002, d’après [116]

Fig. 3.2 – Evolution du prix du baril de pétrole. Source : USDOE, d’après [116]
3.2. CONTEXTE GÉNÉRAL DU DÉVELOPPEMENT DURABLE 17

3.2.2 Problème d’émission des gaz à effet de serre - Transport et


bâtiment : les deux mauvais élèves du protocole de Kyoto
Le protocole de Kyoto engage les pays qui l’ont ratifié à réduire globalement leurs
émissions de 5,2% en moyenne entre 2008 et 2012, par rapport aux niveaux de 1990. La
France s’est engagée sur une stabilisation de ses émissions à cet horizon par rapport au
niveau de 1990.

L’objectif du protocole peut paraı̂tre très ambitieux vu que par projection, les émis-
sions auraient dû croı̂tre de 30-40% sur cette période. Toutefois, pour stabiliser l’accrois-
sement de la concentration des gaz à effert de serre (GES) dans l’atmosphère, il faudrait
limiter les émissions en France à 0,5 tonne équivalent Carbone (teC) par habitant alors
que les émissions atteignaient 1,7 teC par habitant en 2001 [116].

Le plan Climat 2004 s’incrit dans un objectif de division par quatre des émissions
des GES d’ici 2050. Pourtant, en regardant l’évolution des gaz à effet de serre (GES)
en France entre 1990 et 2004 (Figure 3.3), nous voyons que les émissions des GES dans
les 2 secteurs du transport et du logement ont des progressions importantes (+22,7% et
+22,3% respectivement depuis 1990).

Fig. 3.3 – Evolution de l’émission des gaz à effet de serre (GES) en France entre 1990 et
2004, d’après [131]

En regardant le pourcentage de la consommation d’énergie finale par secteurs d’acti-


vité (Figure 3.4), nous trouvons que les secteurs du transport et du logement consomment
la majorité de l’énergie de la société.

Adalberth et al. [4] a montré qu’il y avait une relation entre la consommation d’éner-
gie et l’impact environnemental dans un cycle de vie des bâtiments. Bien sûr, cet impact
change beaucoup suivant le type d’énergie utilisé, mais la diminution de la consommation
d’énergie entraı̂ne une diminution de l’impact sur l’environnement de façon évidente.
18 CHAPITRE 3. CONSTRUCTION EN PISÉ ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

Fig. 3.4 – Comsommation d’énergie finale par secteurs d’activités. Source ADEME 2005,
d’après [116]

3.2.3 Problème des déchets - Une quantité de déchets en France


doublée depuis 40 ans
La France a produit chaque année 849 millions de tonnes de déchets dont 343 mil-
lions de tonnes proviennent du secteur BTP, et 28 millions des ménages (ADEME
2006 [5]). Par ailleurs, le coût lié à la gestion des déchets dépasse les 11 milliards d’euros,
figure 3.5.

Fig. 3.5 – La dépense totale pour traı̂ter des déchets en France. Source ADEME.

Les déchets du secteur du bâtiment représentaient en 1999 environ 31 millions de


tonnes, soit une contribution de 5% au tonnage global des déchets produits en France.
Dans cette branche prédominent les produits inertes mélangés (36%), les associés isolants
3.3. ENJEUX DANS LE SECTEUR DU BÂTIMENT 19

(14%), les associés plâtre (13%) et le béton armé (13%). La contribution des déchets dans
les phases différentes du secteur du bâtiment est présentée dans la figure 3.6.

Fig. 3.6 – Contribution des déchets dans les phases différentes du secteur du bâtiment.
Source ADEME.

3.3 Enjeux du développement durable dans le sec-


teur du bâtiment
L’énergie consommée dans un cycle de vie d’un bâtiment se compose de trois types
principaux suivants :
– l’énergie de fabrication des éléments : des éléments porteurs (des poteaux, des
poutres, des planchers, des fondations, ...) et non-porteurs (des murs, des portes,
des fenêtres, des isolations, ...). Normalement, pour les matériaux conventionnels,
cette phase se compose des étapes suivantes : l’extraction des matières premières,
leur transport, leur transformations, le transport des produits finis et leur mise en
oeuvre in-situ.

– l’énergie consommée pendant l’utilisation du bâtiment : le chauffage, la ventila-


tion, la climatisation, l’éclairage, etc.

– l’énergie de démolition et de traitement des déchets après la démolition.

L’enjeu du secteur du bâtiment dans le développement durable est donc de diminuer


l’utilisation des énergies abordées au-dessus. Pourtant, la plupart des gens considèrent
qu’un bâtiment ayant une bonne ”performance énergétique” est un bâtiment qui a une
bonne performance thermique pendant la phase d’habitation. C’est la raison pour laquelle
des règles actuelles exigent seulement une bonne performance thermique des bâtiments
dans cette phase (demande d’ isolations thermiques, ...) mais pas encore aux autres phases.
20 CHAPITRE 3. CONSTRUCTION EN PISÉ ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

Cette considération n’est pas dénuée de sens car plusieurs études, qui utilisent la
méthode LCA (Life Cycle Assessement) pour évaluer la performance énergétique des bâ-
timents dans un cycle de vie de 50 ans (phase de construction, phase d’occupation, phase
de démolition), ont montré que l’énergie consommée pendant la phase d’occupation est
dominante (Adalberth [2], [3], [1], Adalberth et al. [4], Winter et Hestnes [149]). Selon
ces études, l’énergie consommée pendant la phase de construction est seulement d’environ
15%. Pourtant, ces études ont encore plusieurs limites. Par exemple, ils n’ont pas encore
tenu compte de l’énergie nécessaire pour le traitement des déchets après la démolition, etc.

Thormark dans son étude [137] montre que plus on augmente la performance ther-
mique du bâtiment pendant la phase d’occupation (par l’ajout des matériaux d’isolation),
plus on augmente considérablement l’énergie consommée pendant la phase de construction
(l’énergie de fabrication et de transport de ces matériaux). Et à partir d’un niveau de per-
formance énergétique satisfaisant, on ne doit plus augmenter l’isolation thermique car la
performance thermique n’augmente plus pendant que l’énergie de la phase de construction
augmente encore. Thomark a étudié l’énergie consommée des bâtiments à faible consom-
mation énergétique (45kWh(162MJ)/m2 ). Le cycle de vie est assumée à 50 ans. Son ré-
sultat montre que l’énergie consommée pendant la construction est montée à environ 40%
d’énergie totale de ces bâtiments de faibles consommation énergétique.

En tenant compte de l’énergie du traitement des matériaux après la démolition


(l’énergie du recyclage des matériaux, du stockage des déchets), l’étude de Thormark
[137] a montré que le recyclage contribue à un potentiel de 15% d’énergie totale dans
toute la vie de ces bâtiments. Donc, on a 2 facteurs importants sur lesquels réfléchir en
choisissant le matériau d’un bâtiment. C’est-à-dire un matériau présentant non seulement
une très bonne performance énergétique mais aussi un fort potentiel de recyclage.

3.4 Caractéristiques avantageuses de la construction


en pisé dans le développement durable

3.4.1 Faible consommation d’énergie pendant la construction


Avec les constructions en pisé, la faible consommation d’énergie pendant la phase de
construction est indiscutable. On peut citer ici l’étude de Morel et al. [105]. Les auteurs ont
fait une étude de la consommation d’énergie pendant la construction des maisons à Grasse,
au Sud de la France. Une comparaison de la consommation d’énergie utilisée pendant la
construction entre les matériaux locaux (maçonnerie en pierre + mortier de terre, et pisé)
et des maisons en béton a été faite. Les données pour calculer l’énergie consommée des
maisons en pierre et en pisé sont prises sur un chantier réel au Sud de la France. La maison
en béton, l’objet de la comparaison, est une ”fiction” et l’énergie consommée est calculée
suivant des données de la littérature. Le résultat de l’étude a montré une consommation
d’énergie beaucoup plus faible du fait de l’utilisation des matériaux locaux (maçonnerie en
pierre et mortier de terre, pisé) par rapport aux matériaux industriels (du béton), Tableau
3.1.
3.4. CARACTÉRISTIQUES AVANTAGEUSES DE LA CONSTRUCTION EN PISÉ21

Maçonnerie en pierres Pisé Béton


et mortier de terre
Energie totale (GJ) 97 70 239
Transport (t.km) 1390 1041 6707

Tab. 3.1 – Résultats de Morel et al. [105] de la consommation d’énergie en construction


des maisons en pierres, en pisé et en béton.

3.4.2 Faible consommation énergétique possible pendant l’habi-


tation

La question de la capacité énergétique du pisé dans la phase d’habitation est encore


très ouverte jusqu’à aujourd’hui. Plusieurs études se sont déroulées et nous ont donné des
réponses diverses (par exemple Paul et Taylor [119], Taylor et Luther [136], CSIRO [38],
ASEG [10], ...). Donc, il est nécessaire qu’il y ait des recherches plus complètes pour pou-
voir répondre à la question énergétique du pisé. Ce problème sera discuté plus en détail
dans le chapitre 4.

Pourtant, il faut noter que la performance énergétique d’un bâtiment dans la phase
d’occupation ne dépend pas seulement du matériau de l’enveloppe mais aussi forcément
de la conception du bâtiment (Mortensen [108]). Le concepteur doit bien comprendre le
matériau pour proposer des solutions convenables. Par exemple, en hiver, il est favorable
que les murs absorbent bien l’énergie du soleil pendant la journée pour chauffer le bâti-
ment pendant la nuit alors qu’en été, ils devraient l’éviter.

Nous pouvons regarder ici l’étude de Paul et Taylor [119]. Dans leur étude, un bâ-
timent ”vert” de bureaux a été étudié. Ce bâtiment est appelé ”vert” (”green building”)
car il est conçu pour consommer le moins d’énergie possible : les murs sont en pisé de 30
cm d’épaisseur ; le système de ventilation naturelle ; etc. L’énergie consommée de ce bâti-
ment est comparée avec celle des deux autres bâtiments ”conventionnels” en regardant des
factures d’énergies (l’électricité, le gaz). Le résultat est présenté dans le Tableau 3.2. Le
résultat montre une faible consommation énergétique du bâtiment vert par rapport aux
bâtiments conventionnels. Il y a des limites dans ce résultat : par exemple, il ne compte
qu’un seul bâtiment vert et deux bâtiments conventionnels qui ne sont peut-être pas re-
présentatifs de tous les bâtiments de ces types. De plus, l’enquête est faite seulement en
été, on ne voit pas encore la performance énergétique en hiver. Le résultat de cette étude
nous donne cependant une vue positive de bonne performance énergétique possible des
bâtiments en pisé pendant la phase d’occupation.

Une remarque importante est que les murs en pisé dans l’étude présentée au-dessus
sont représentatifs des pisés modernes en Australie, Nouvelle-Zélande, Grande-Bretagne
qui sont stabilisés au ciment et qui ont une épaisseur courante de 30 cm. Dans le cas
des pisés traditionnels non-stabilisés en France, l’épaisseur courante est d’environ 50 cm
permettant d’espérer une meilleure performance énergétique.
22 CHAPITRE 3. CONSTRUCTION EN PISÉ ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

Source d’énergie Bâtiments conventionnels Bâtiments verts


Electricité 321 35
Gaz naturel 101 0
Total 422 35

Tab. 3.2 – Résultats de Paul et Taylor [119] de la comsommation d’énergie (en M J/m2 )en
été d’un bâtiment ”vert” (murs en pisé de 30cm) et des bâtiments conventionnels, en
Australie.

3.4.3 Diminution des déchets


Un pisé traditionel non-stabilisé est un matériau recyclable. Le recyclage est assez
aisé grâce à l’action de l’eau. La terre recyclée peut être réutilisée pour la construction du
nouveau bâtiment ou tout simplement rendue à la nature sans besoin de traiter ou stocker
avec aucun impact environnemental. Donc, le problème de déchets liés à la déconstruction
ou à la démolition s’en trouve beaucoup limité.

3.4.4 Bilan
Etant un matériau local, avec un faible besoin d’énergie de transport pendant la
construction et une capacité possible de réduire l’énergie de consommation pendant l’ha-
bitation, nous avons le droit d’espérer que ces points forts nous aident non seulement à
réduire les factures énergétiques mais encore à contribuer au ralentissement de l’exploi-
tation des ressources naturelles (pétrole, charbon,...). Parallèlement avec une réduction
d’utilisation d’énergie, l’émission des gaz à effet de serre sera réduite contribuant à dimi-
nuer le réchauffement climatique.

Nous avons vu clairement l’avantage de l’utilisation des matériaux locaux en géné-


ral, et de la construction en pisé en particulier, dans le cadre du développement durable.
Le problème est maintenant de vérifier si ce matériau est convenable pour la construc-
tion dans le contexte actuel. Cette thèse est consacrée à quantifier la performance de ce
matériau dans les chapitres suivants : la durabilité de ce matériau suivant le temps, la
résistance à la compression, la vulnérabilité sismique.
Chapitre 4

Généralité sur le pisé

4.1 Présentation du pisé


La définition la plus connue et la plus souvent citée est celle de F. Cointeraux dans
”Ecole d’architecture rurale et économique, Paris 1790” [35] : ”Le pisé est un procédé
d’après lequel on construit les maisons avec de la terre, sans la soutenir par aucune pièce
de bois, et sans la mélanger ni de paille ni de bourre. Il consiste à battre, lit par lit, entre
des planches, à l’épaisseur ordinaire des murs de moellons, de la terre préparée à cet effet.
Ainsi battue elle se lie, prend de la consistance, et forme une masse homogène qui peut
être élevée aux hauteurs nécessaires pour une habitation”.

Le pisé est donc une technique de maçonnerie de mur en terre crue monolitique
coffrée, composée de couches superposées de terre compactée. Le mur obtenu est un mur
porteur. Il a 50 cm d’épaisseur en moyenne, parfois plus. La densité du pisé traditionnel est
d’environ 1,7 à 1,9 t/m3 (Pignal [120]). Les édifices en pisé ont couramment deux niveaux.
Certains, notamment en milieu urbain, peuvent présenter trois voire quatre niveaux. La
Figure 4.1 présente un château de la Loire construit en pisé. Après avoir été enduit, il est
difficile de reconnaı̂tre le pisé.

Cette technique de mise en oeuvre a permis l’édification de bâtiments très sains,


car le pisé est très respirant, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, très solide.
Nous pouvons présenter ici un témoignage du XVIIIe siècle sur la solidité d’un édifice en
pisé (cité dans [102]) : ”Lorsque les murs en pisé sont bien faits, ils ne forment qu’une
seule pièce, et lorqu’ils sont revêtus à l’extérieur d’un bon enduit, ils peuvent durer des
siècles. En 1764, je fus chargé de restaurer un ancien château dans le département de
l’Ain, il était bâti en pisé depuis plus de 150 ans. Les murs avaient acquis une dureté
et une consistance égales aux pièrres tendres de moyenne qualité, telles que la pierre de
St-Leu. On fut obligé, pour agrandir des ouvertures et faire de nouveaux percements, de se
servir de marteaux à pointe et à taillant, comme pour la pierre de taille. (J. Rondelet)”.

4.2 Pisé traditionnel


La technique de construction en pisé est variée suivant les régions, [120], [102] et elle
change aussi suivant le fils du temps [65]. Aujourd’hui, on distingue principalement deux
types de pisé : les pisés traditionnels et les pisés modernes qui sont fabriqués à partir des

23
24 CHAPITRE 4. GÉNÉRALITÉ SUR LE PISÉ

Fig. 4.1 – Château Chabet, XVIIe siècle. Vue générale depuis le sud, d’après Guibaud
[65].

années 1980.
Le pisé traditionnel est fabriqué par des coffrages en bois et une dame manuelle. Il
est monté sur un soubassement en maçonnerie (pierre, brique, galets) appareillée, hourdée
au mortier de chaux. Cette maçonnerie a environ 50 cm de haut (Pignal [120]). Pourtant,
elle peut être plus importante dans des cas particuliers : les étables, les écuries, etc. (le pisé
risque d’être érodé par le passage des animaux) et quand le climat est à tendance humide,
le soubassement protège alors le pisé des projections d’eau et des remontées d’humidité
par capillarité. Dans la Figure 4.2, on peut voir le soubassement d’une maison tradition-
nelle de 130 ans en région Rhône-Alpes.

Pour les raisons historiques et géographiques, liées en particulier aux travaux de


François Cointeraux, on considère le pisé du Lyonnais comme la référence première, en
ce qui concerne tant les outils que la mise en oeuvre (Pignal [120]). Les pratiques de
l’Auvergne et du Bugey apparaissent donc comme les variantes régionales. Les Figures 4.3
et 4.4 illustrent la mise en oeuvre du coffrage du pisé suivant les méthodes lyonnaise et de
Bugey, respectivement. Avec la méthode de mise en oeuvre de Bugey, on peut éviter les
trous sur le mur. Ce système présente l’avantage de la rapidité, mais il ne permet d’édifier
que des constructions de hauteur limitée, et le matériel nécessaire à sa mise en oeuvre est
encombrant et difficile à transporter.
Dans la fabrication du pisé traditionnel, des cordons de mortier de chaux (les liens
ou joints) peuvent être appliqués en fond de banche, sur les côtés (ils ne traversent pas
le mur), afin de renforcer la ligne de jointure horizontale entre banches, zone plus difficile
à tasser. Une fois la banchée terminée, on peut la décoffrer immédiatement et attaquer
la banchée voisine. Les murs sont montés par assises successives ; pour en améliorer la
cohésion, le maçon doit prendre soin de « croiser » ses coups de pisoir, en faisant tour-
4.2. PISÉ TRADITIONNEL 25

Fig. 4.2 – Maison ancienne de 130 ans en région Rhône-Alpes

ner l’outil entre chaque coup, et de croiser les banches, c’est-à-dire d’adopter un sens de
construction opposé d’une assise du mur à l’autre. La Figure 4.5 nous donne un exemple
de deux types de joints sur une même maison. A gauche, les joints de chaux sont inclinés
et la hauteur du soubassement est faible. A droite, les joints sont verticaux et un soubas-
sement important est observé.

C’est vers le milieu du XVIIIe siècle que les joints de chaux deviennent systéma-
tiques et le raccord entre les banchées s’incline jusqu’à atteindre plus ou moins 45˚: cette
technique, combinée au croisement des assises (les raccords de deux assises superposées
sont inclinés en sens contraire), éviterait la fissuration du mur. L’observation sur le terrain
montre que, dans la réalité, un même mur peut présenter des raccords verticaux et incli-
nés, cela étant certainement dû à la plus grande difficulté qu’il y avait à faire les seconds

Fig. 4.3 – Mise en oeuvre du coffrage du pisé suivant la méthode lyonnaise, d’après Pignal
[120]
26 CHAPITRE 4. GÉNÉRALITÉ SUR LE PISÉ

Fig. 4.4 – Mise en oeuvre du coffrage du pisé suivant la méthode du Bugey, d’après Pignal
[120]. Avec cette méthode de mise en oeuvre, on peut éviter les trous sur le mur.

(Guibaud [65]), Figure 4.5.

4.3 Pisé moderne


Depuis les années 1980, le pisé redevient un mode de construction dans le monde.
Ces pisés ”modernes” ne reproduisent pas à l’identique les procédés de construction an-
ciens. La terre est mise en oeuvre avec les apports de la technologie moderne pour aboutir
à des logements ayant au moins le standard du confort actuel. La figure 4.6 présente un
exemple d’une maison en pisé construite dans les années 1980 au ”Domaine de la Terre”,
en région Rhône-Alpes, France.

La technique du pisé actuel est une ”technique ancienne modernisée”. Les pisés étu-
diés dans le cadre de cette thèse sont ainsi fabriqués par des méthodes modernes. Donc,
les spécificités du pisé moderne seront présentées plus en détail dans les sections suivantes.

4.3.1 Compactage par une dame pneumatique


La dame manuelle en bois dans le cas du pisé traditionnel est remplacée par une
dame pneumatique plus puissante qui permet d’augmenter la rapidité de la fabrication
et la densité du pisé moderne. La Figure 4.7 présente l’exemple des dames pneumatiques
modernes. La dame en général est en métal sous forme circulaire mais elle peut être
modifiée par l’ajout une plaque de bois carrée suivant les besoins de l’artisan.

4.3.2 Mise en oeuvre de coffrages du pisé moderne


Les coffrages actuels sont plus larges que les coffrages traditionnels pour la rapidité
de la fabrication sur chantier. Ils sont aussi plus rigides pour supporter le dammage plus
fort de la dame pneumatique (actuellement ils sont en général en métal, Figure 4.8).
4.3. PISÉ MODERNE 27

Fig. 4.5 – Les deux techniques différentes appliquées sur une même maison : à gauche :
des joints inclinés (XVIIe siècle) ; à droite : des joints verticaux (limite XIXe siècle - XXe
siècle, d’après [65]

4.3.3 Extraction de la terre


Il convient de choisir une terre adéquate : non organique, pas trop argileuse car elle
se compacterait mal et augmenterait le risque de fissures de retrait ; elle n’est pas trop
sableuse non plus car elle doit assurer une cohésion. L’exemple le plus connu et le plus cité
est le fuseau des terres proposé par CRATerre en 1989 [80] (Figure 4.9) qui est seulement
indicatif.

4.3.4 Détermination de la teneur en eau de fabrication et de la


hauteur de chaque couche du pisé de manière empirique
La terre ne doit être ni trop humide ni trop sèche pour assurer un compactage
optimum. Si elle est trop humide, elle n’est pas compactée au maximum car l’eau est in-
compressible. Si elle est trop sèche, le compactage n’est pas optimum non plus car l’énergie
de compactage est dissipée par le frottement entre les grains. Ci-après est retranscrit ce
que dit un artisan (Meunier [98]) qui explique sa méthode de détermination de la teneur
en eau de fabrication et de la hauteur de chaque couche du pisé.

1. Détermination de la teneur en eau de fabrication de manière empirique :

Sur chantier, il n’est pas possible de perdre du temps à vérifier la teneur en eau par
des méthodes fastidieuses de laboratoire.

Avant le début du chantier, de petites éprouvettes sont fabriquées à partir de plu-


sieurs terres sélectionnées. Cela consiste à compacter de la terre dans un petit moule
28 CHAPITRE 4. GÉNÉRALITÉ SUR LE PISÉ

Fig. 4.6 – Maison en pisé moderne construite au cours des années 1980 en région Rhône-
Alpes.

en bois à l’aide d’une massette. Après le séchage complet, le comportement de dif-


férentes éprouvettes est analysé. Des observations similaires sont faites après humi-
dification des éprouvettes.

D’autres observations peuvent informer sur la teneur en eau de la terre à bâtir. ”C’est
la dame qui parle”. Après quelques passages du pisoir, si le matériau a atteint la
densité voulue, le bruit du compactage est clair et net. Si la terre est trop mouillée,
un bruit sourd est entendu à la place d’un bruit sec. D’autre part, la surface de
compactage doit rester légèrement poudreuse.

2. Détermination de la hauteur de chaque couche du pisé :

Les artisans essayent de faire le lit le plus haut possible, en fonction de la terre
employée pour économiser le temps de mise en oeuvre. Ils déterminent la hauteur
optimale du lit en réalisant une banchée d’essai au début du chantier et éprouve sa
solidité.
Les méthodes scientifiques appliquées à déterminer la teneur en eau optimale du pisé
seront présentées et discutées dans le chapitre 7.

4.3.5 Stabilisation du pisé moderne


Traditionnellement, le pisé est fabriqué à partir de la terre où le liant unique est de
l’argile. Il est ”pisé non-stabilisé”. Aujourd’hui, avec le but de diminuer la sensibilité du
pisé moderne à l’eau et d’augmenter sa résistance à la compression, la terre est stabilisée
au ciment ou à la chaux. On les appelle des ”pisés stabilisés”. La Figure 4.10 présente un
bâtiment en Grande-Bretagne construit avec du pisé moderne stabilisé au ciment.
4.3. PISÉ MODERNE 29

Fig. 4.7 – Les dames pneumatique en métal. A droite : la dame peut être modifiée en
ajoutant la plaque carrée en bois, photo : N. Meunier.

Fig. 4.8 – Coffrage métallique du pisé moderne sur un chantier en France. Photo : N.
Meunier.
30 CHAPITRE 4. GÉNÉRALITÉ SUR LE PISÉ

100,0%

90,0%

80,0%

70,0%

60,0%
% passing

50,0%

40,0%

30,0%

20,0%

10,0%

0,0%
10 1 0,1 0,01 0,001
Particale diameter (mm)

Fig. 4.9 – Fuseau des terres indicatif pour la fabrication du pisé, suivant CRATerre [80].

Fig. 4.10 – Un bâtiment en pisé moderne, construit en 1999 en Grande-Bretagne. Photo :


P. Walker [145]
4.3. PISÉ MODERNE 31

Fig. 4.11 – Préfabrication des pisés dans une usine, en Autriche, photo : M. Rauch [124].

4.3.6 Soubassement et toiture


”All cob wants is a good hat and a good pair of shoes” (Devon Saying).

Les soubassements des constructions en terre sont indispensables à la protection


des ouvrages. L’observation des constructions traditionnelles permet de relever l’impor-
tance de cet élément, constituant les ”bonnes bottes” qui protègent les murs de terre des
remontées capillaires, de l’infiltration des eaux stagnantes et de l’érosion des eaux de re-
jaillissement. Le soubassement en maçonnerie des bâtiments traditionnels est remplacé
par le soubassement en béton qui empêche plus efficacement les remontées de capillarité.

La toiture des maisons en terre est un élément indispensable à leur durabilité dans
le temps. L’absence d’un ”bon chapeau” est tout à fait néfaste et engage des dégradations
sur les constructions en terre. Le débord de la toiture doit être assez long pour protéger
le mur.

4.3.7 Préfabrication du pisé moderne


La préfabrication s’est aussi développée. Les Figures 4.11, 4.12 et 4.13 présentent la
fabrication des pisés fabriqués en usine, leur transport et mise en oeuvre.

4.3.8 Enduit sur pisé


”Si des matériaux stabilisateurs doivent être utilisés, il serait plus économique de
les utiliser pour le revêtement imperméable, plutôt que pour toute l’épaisseur du mur. ”
(Hassan Fathy)

On trouve encore facilement des pisés anciens en bon état d’origine, laissés bruts
de décoffrage, mais la réhabilitation d’un bâtiment en pisé se conclut souvent par la pose
d’un enduit pour des raisons esthétiques (uniformisation de l’aspect), de confort (l’enduit
a aussi une fonction d’isolant extérieur) ou de durabilité (l’enduit qui bouche les fissures
réduit la prise au gel et l’érosion due au intempéries) (Pignal [120]).
32 CHAPITRE 4. GÉNÉRALITÉ SUR LE PISÉ

Fig. 4.12 – Transport et mise en oeuvre des éléments préfabriqués, photo : M. Rauch
[124].

Fig. 4.13 – Un bâtiment construit par 160 éléments préfabriqués, photo : M. Rauch [124].
4.4. PISÉ STABILISÉ OU NON-STABILISÉ ? 33

Un enduit sur pisé doit respecter toutes les règles de mise en oeuvre. Il est posé
à la truelle en deux ou trois couches, avec un temps de prise suffisant entre les diffé-
rentes couches. L’enduit ne doit être ni trop épais ni trop lourd, en raison des risques de
décollement que cela poserait. L’enduit est lié à la chaux faiblement hydraulique [120].

4.4 Pisé stabilisé ou non-stabilisé ?


La plupart des constructions neuves en pisé aujourd’hui sont stabilisées (au ciment
ou à la chaux). Pourtant, la compréhension de l’inconvénient et l’intérêt de la stabilisation
du pisé sont indispensables pour déterminer la stratégie convenable.

4.4.1 Inconvénient de la stabilisation du pisé


D’abord, la stabilisation du pisé augmente considérablement le coût de la construc-
tion. Ensuite, le recyclage devient difficile, voire impossible. Donc, l’avantage de la non-
production de déchets du matériau terre est supprimé.

4.4.2 Nécessité de la stabilisation


Il n’est pas toujours nécessaire de stabiliser le matériau terre. Les deux raisons prin-
cipales de la stabilisation sont de limiter la sensibilité de ce matériau à l’action de l’eau et
d’augmenter sa résistance à la compression. Avec la première raison, la durabilité du pisé
dépend fortement du climat, des précipitations de chaque région qui ne sont pas les mêmes
dans le monde (Figure 4.14). Donc, le besoin de stabilisation change d’un pays à l’autre
ainsi que d’une région à l’autre. Ensuite, pour la deuxième raison, la résistance à la com-
pression du pisé dépend de la descente de charge sur le mur. En fonction de cette descente
de charge, il est nécessaire de stabiliser ou pas. Il semble déraisonnable de construire des
maisons de dix étages avec des murs porteurs en pisé, mais en général, le pisé non-stabilisé
convient tout à fait pour construire des maisons de 1 à 3 étages (Figure 4.15). On trouve
un cas exceptionnel d’un bâtiment de 6 étages en Allemagne (Figure 4.16). Ses murs de
sous-sol et ses soubassement sont en maçonnerie de pierres . Les murs en pisé sont enduits
et il est difficile de reconnaitre le pisé. L’épaisseur des murs en pisé diminue suivant l’élé-
vation. Nous n’avons pas trouvé dans les documents d’informations permettant de savoir
si ces murs sont en pisé non-stabilisé ou stabilisé. Cet exemple montre encore une fois
qu’avec une bonne conception et exécution, le matériau pisé peut tout à faire satisfaire
nos diverses demandes d’un matériau de construction.

Etant donné les inconvénients de la stabilisation du pisé et des applications pro-


metteuses du pisé non-stabilisé, cette thèse étudiera principalement la durabilité et des
caractéristiques mécaniques du pisé non-stabilisé, pour répondre à la question quelle est
la nécessité de stabiliser le pisé ?
34 CHAPITRE 4. GÉNÉRALITÉ SUR LE PISÉ

Fig. 4.14 – La carte mondiale de la récipitation annuelle, d’après [77].

Fig. 4.15 – Bâtiment en pisé non-stabilisé en Autriche, photo : M. Rauch [124].


4.4. PISÉ STABILISÉ OU NON-STABILISÉ ? 35

Fig. 4.16 – Un bâtiment de 6 étages en pisé, construit en 1820 en Allemagne, d’après


[145]. Les murs de sous-sol et le sousbassement sont en maçonnerie de pierres. A gauche :
vue générale. A droite : une coupe verticale du bâtiment.
36 CHAPITRE 4. GÉNÉRALITÉ SUR LE PISÉ
Chapitre 5

Confort d’habitation du pisé

5.1 Introduction
La construction en pisé est ”redécouverte” aujourd’hui dans les pays industrialisés
par sa notoriété d’un bon confort d’été. A partir des années 1980, des constructions en
terre en Australie (en pisé et BTC) ont offert un très bon confort thermique qui surprenait
les constructeurs et les habitants australiens (Mortensen [108]). Avec la pression accrue du
problème global d’énergie, le matériau terre est redéveloppé et sa performance thermique
devient une caractéristique importante recherchée.

Easton [49] dans son livre (1996) a raconté que l’utilisation des constructions neuves
en terre est de plus en plus grande dans les pays comme les Etats-Unis, la Canada et
l’Australie où dans quelques régions, la construction en terre représente 20% des bâtiments
neufs. Ces bâtiments offrent non seulement une réduction significative de la consommation
d’énergie annuelle mais aussi une amélioration du niveau de confort des habitants car les
fluctuations de température et humidité sont corrigées.

Pourtant, la performance thermique est un critère important mais n’est pas unique
dans le confort d’habitation d’un bâtiment (Baggs [13]). Les paramètres liés à la qualité
environnementale intérieure d’un bâtiment se composent : de la ventilation naturelle ; de
l’utilisation de finitions et meubles peu toxiques (meilleure qualité d’air) ; de l’éclairage na-
turel pour une meilleure qualité d’illumination ; des fenêtres et des ventilateurs permettant
des contrôles personnels ; des accessibilités des ambiances extérieures ; et des matériaux
recyclables qui donne aux habitant la motivation et l’impression d’une meilleure sérénité
et esthétique intérieure (Heerwagen et Zagreus [78]). Tous ces éléments sont des standards
de conception pour des bâtiments verts (”Sustainable building technical manual” [134]).
Bien que ces paramètres ”complémentaires” ne soient pas recherchés dans le développe-
ment durable, ils jouent aussi un rôle important dans le fonctionnement d’un bâtiment
car ils donnent un confort d’habitation agréable lié directement à la santé et favorisant
l’efficience de travail des occupants dans le cas des bureaux (Heerwagen et Zagreus [78]).

Les recherches scientifiques actuelles sur le confort d’habitation du pisé peuvent être
groupées en 2 directions principales. Pour la première, il s’agit de recherches en laboratoire.
Des essais sur des échantillons fabriqués en laboratoire sont réalisées pour déterminer des
caractéristiques spécifiques du pisé (CSIRO [38], Hall [72], Hall et Allinson [67], etc.). La
deuxième se compose des recherches sur le confort général en faisant des enquêtes sur des

37
38 CHAPITRE 5. CONFORT D’HABITATION DU PISÉ

bâtiments réels, soit par des modèles et des calculs directs (Porta-Gandara et al. [123],
Parra-Saldivar et Batty [118]), soit par des opinions de la satisfaction des occupants des
bâtiments réels (Paul et Taylor [119], Taylor et al. [135], Taylor et Luther [136]). A partir
des enquêtes, on peut aussi évaluer la performance thermique des maisons réelles en pisé
en prenant en compte les factures d’électricité et de gaz.

Ce chapitre est une étude bibliographique concernant le confort général et plus par-
ticulièrement le confort thermique des bâtiments en pisé. La performance thermique est
considérée très importante car une bonne performance thermique de l’enveloppe est bien
recherchée et exigée dans le développement durable actuel. D’une part, elle contribue au
problème global de l’énergie, et de l’autre, elle contribue à diminuer l’émission des gaz à
effet de serre (GES).

Dans ce chapitre, quelques recherches sur le confort général ainsi que sur les proprié-
tés thermiques, hygrométriques d’autres types de matériau terre (des BTC, des adobes)
seront aussi abordées, car dans plusieurs cas de règlements, il est considéré que ces ma-
tériaux ont des caractéristiques thermiques et de confort similaires à ceux du pisé (par
exemple RT2005 [131]).

La plupart de ces recherches récentes sont réalisés dans les pays anglophones (no-
tamment en Angleterre et Australie) où les pisés sont généralement stabilisés au ciment
et ils ont une épaisseur générale de 300mm. Cela n’est pas le cas des pisés traditionels
en Europe qui ne sont pas stabilisés et dont l’épaisseur est en général de 500-600mm.
Pourtant, par manque d’études similaires en France, une bibliographie des résultats de
ces recherches sur le confort d’habitation du pisé est aussi intéressante pour contribuer
au panorama des caractéristiques du pisé (la durabilité, la performance mécanique, la
vulnérabilité sismique).

5.2 Evaluation de la performance thermique du pisé


5.2.1 Notoriété de la performance thermique du pisé
Depuis longtemps, les constructeurs et les habitants en France ont constaté que les
bâtiments en pisé offraient un très bon confort thermique. Dans les maisons en pisé tradi-
tionnels en France, hiver comme été, les amplitudes thermiques entre le jour et la nuit sont
très faibles, du fait de l’épaisseur du mur, généralement 50cm (Pignal [120], Meunier [98]).
Le jour, la chaleur rayonnante est accumulée (soleil, chauffage,...). La nuit, cette chaleur
est restituée dans l’habitation. Ces caractéristiques prédisposent le pisé à être utilisé dans
une architecture bioclimatique.

Dans les pays anglophones aussi, à partir des années 1980, des constructeurs et des
habitants sont impressionnés par un très bon confort thermique des maisons en pisé et en
BTC (Mortensen [108]), bien que leur pisé n’ait en général que 30 cm d’épaisseur. Rear-
don [125] a une vue très positive du confort thermique du pisé, présentée dans le Figure 5.1.

Dans les zones où la température est extrême, la performance thermique du ma-
tériau terre est aussi affirmée. MacLeod dans son rapport [93] a décrit que des maisons
5.2. PERFORMANCE THERMIQUE 39

Fig. 5.1 – Principe de l’influence de la masse thermique dans le confort thermique du


bâtiment, d’après Reardon [125]

”modernes” (construites avec briques et l’ossature métallique) en Afrique du Sud présen-


taient une faible performance thermique par rapport aux maisons traditionnelles en terre
dans la zone où les températures sont extrêmes.

Avec la notorité de la performance thermique du pisé chez des habitants, plusieurs


recherches scientifiques sont lancées pour évaluer la performance thermique de ce matériau,
en laboratoire ainsi que sur des maisons réelles.

5.2.2 Evaluation de la performance thermique du pisé par sa


résistance thermique
5.2.2.1 Résistance thermique
La capacité d’un matériau à s’opposer au froid et au chaud est mesurée par sa
résistance thermique. La résistance thermique est représentée par la lettre R et elle est
exprimée en K.m2 /W . Plus la résistance thermique est élevée plus le matériau est isolant.

5.2.2.2 Etude de CSIRO [38]


En admettant un bon confort thermique des maisons en terre en Australie, CSIRO
(Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation [38]) a fait une étude de
la performance thermique du pisé en s’appuyant sur la résistance thermique R (”R-value”).
Les échantillons étaient des murs de 1m de longueur, 1m de largeur et 20cm d’épaisseur, la
masse de chaque mur était de plus de 400kg. Des mesures ont été réalisées sur un dispositif
du CSIRO d’un m2 de flux de chaleur. Les résultats montraient que la plupart des valeurs
40 CHAPITRE 5. CONFORT D’HABITATION DU PISÉ

de R du pisé en Australie sont inférieures à 0,4, qui n’est pas une valeur acceptable dans
les règlements australiens. Par exemple, la règle locale à Victoria exige la valeur minimale
de 1,3 de R pour les murs. Donc, suivant le résultat de cette étude, les pisés en Australie
présentent une mauvaise résistance thermique.

Les auteurs de cette étude ont suggéré que la masse thermique élevée du pisé pouvait
compenser la faible résistance thermique. Pourtant, ce ne sera vrai que dans le cas où le
climat est tempéré. Dans le cas où la période de froid est longue, ce sera la résistance
thermique R qui détermine la capacité thermique des murs.

Les auteurs ont proposé aussi la nécessité, dans les règlements, de considérer encore
d’autres facteurs (par exemple la masse thermique) pour évaluer la capacité thermique
des murs.

5.2.2.3 Etude de Hall et Allinson [67]

Hall et Allinson ont fait aussi une étude sur la résistance thermique des pisés stabi-
lisés à 6% de ciment (en poids). Ils ont trouvé que la résistance thermique du pisé n’est
pas influencée par la densité sèche de leurs pisés (des densités sèches de 1,98 à 2,12) mais
elle change suivant la granulométrie de la terre utilisée et la teneur en eau du pisé. Une
teneur en eau importante peut établir des ”ponts thermiques” dans les pores du matériau.
Leurs résultats de la résistance thermique sur trois types de mur différents sont présentés
dans le Tableau 5.1.

Etude Type d’échantillon de pisé R (m2 K/W )


CSIRO [38] 20 cm d’épaisseur 0,4
Hall et Allinson [67] 30 cm d’épaisseur 0,48 - 0,54
- 40 cm d’épaisseur 0,58 - 0,66
- 40 cm d’épaisseur, dont 5 cm 2,91 - 2,97
d’isolation
Règlement (Australie) ≥ 1,3

Tab. 5.1 – Synthèse de la résistance thermique des études existantes.

5.2.3 Masse thermique dans la performance thermique du pisé


5.2.3.1 Masse thermique ?

La masse thermique dans les bâtiments permet la réduction de l’énergie consommée


pour le chauffage et refroidissement dans la plupart des climats (Baggs [13]). L’effet de la
stabilisation de la température intérieure grâce à la masse thermique est expliquée dans
la Figure 5.2. Un mur avec une grande masse thermique a un double effet. Non seulement
il peut stabiliser la température intérieure mais il fait encore un ”décalage” thermique.
Pendant la journée, il absorbe la chaleur du soleil et il libère cette chaleur et chauffe la
maison pendant la nuit.
5.2. PERFORMANCE THERMIQUE 41

Fig. 5.2 – Effet de la stabilisation de température intérieure grâce à la masse thermique


(de Saulles, 2005, d’après [7])

5.2.3.2 Masse thermique et matériau terre


Contrairement aux résultats de l’étude de CSIRO, Kruithof [87] et ASEG [10]
pensent que la grande masse thermique du pisé peut compenser une valeur faible de
la résistance thermique R. Ils confirment que R n’est pas le seul critère pour juger le
confort thermique des bâtiments en terre.

Plusieurs études ont été mises en place sur des bâtiments existants pour évaluer la
performance thermique générale du matériau terre et du pisé, notamment pour vérifier,
dans chaque contexte de leur étude, si la grande masse thermique du matériau terre et du
pisé peut apporter une bonne performance thermique.

5.2.3.3 Conception solaire (”solar design”)


Mortensen [108] propose de bien maı̂triser les principes de la conception solaire pour
profiter au maximum de l’avantage d’une grande inertie thermique du matériau terre. Il a
montré qu’avec une bonne conception, des bâtiments en terre peuvent obtenir une bonne
performance thermique en minimisant considérablement la consommation d’énergie. Le
Tableau 5.2 présente des résultats obtenus à partir des maisons réelles conçues par Mor-
tensen [108]. En été, ces bâtiments n’utilisent pas de ventilation. En hiver, ces maisons
consomment une énergie minimum par un chauffage de secours.

Nom du bâtiment tambiante (˚C) tinterieure (˚C)


Mudgee -8 14
Gulf of Carpentaria 45 26-27
Hunter Valley 2-42 17-30
Mona Vale 7-42 18-27

Tab. 5.2 – Performance thermique en été et en hiver des bâtiments en BTC stabilisé à
5% de ciment, avec une bonne conception solaire passive, d’après Mortensen [108].
42 CHAPITRE 5. CONFORT D’HABITATION DU PISÉ

5.2.3.4 Etude de Taylor et Luther [136]


Taylor et Luther ont réalisé des mesures en Australie où le climat est froid humide
en hiver et chaud sec en été. Leur étude s’est déroulée en été. La température moyenne
du mois était 24,4˚C. La moyenne des températures élevées pendant les journées était de
31,4˚C et la moyenne des températures faibles pendant les journées était de 17,6˚C. Des
mesures ont été réalisées sur un bâtiment de bureaux de travail pendant 4 jours.

Les résultats de leur étude montrent que la grande masse thermique du pisé austra-
lien est capable d’améliorer la caractéristique thermique du pisé. L’évaluation des carac-
téristiques thermiques du pisé par seulement R-value comme le cas de l’étude de CSIRO
n’est donc pas suffisant.

5.2.3.5 Etude de Porta-Gandara et al. [101]


Ils ont réalisé une recherche sur deux types de bâtiments au Mexique. Le premier
est un bâtiment conventionnel, des murs sont en blocs de béton creux. Le deuxième est
un bâtiment vernaculaire dans lequel des murs sont en adobes. L’énergie consommée pour
maintenir une température considérée confortable (26˚C) dans chaque bâtiment est cal-
culée, grâce à un logiciel. Pour une période d’occupation de 15 ans, le coût d’énergie
consommée dans chaque bâtiment est respectivement suivant :

– Bâtiment en adobes : 10 376 USD.

– Bâtiment en blocs de béton : 57 083 USD.

Il est évident que pour garder un niveau de confort considéré dans l’étude de Porta
et al., une énergie de 5,5 fois plus grande est nécessaire dans le cas du bâtiment en blocs
de béton par rapport à celui en adobes. Alors que le coût de construction de ces bâti-
ments est quasiment identique et environ de 7000 USD par bâtiment, ce coût est faible
en comparaison du coût de l’énergie consommée.

5.2.4 Résistance thermique ou Masse thermique ?


Pendant que les règles thermiques actuelles évaluent la performance thermique d’un
matériau par sa résistance thermique, les résultats des études présentés au-dessus montrent
que l’évaluation de la performance thermique du pisé par une résistance thermique simple
n’est pas suffisante. Plusieurs auteurs ont proposé l’utilisation de la masse thermique dans
l’évaluation de la performance thermique d’un matériau croyant que ce paramètre est dé-
cisif pour le matériau terre (par exemple Reardon [125] et Baggs [13]).

Pourtant, la performance de la masse thermique dépend forcément du climat de la


localité du bâtiment. La masse thermique présente significativement son rôle quand pen-
dant une période de 24 heures, l’extrémité inférieure du cycle de la température ambiante
est inférieure à celle de la température intérieure, et en même temps, l’extrémité supé-
rieure du cycle de la température ambiante est aussi supérieure à celle de la température
intérieure (Wilson [148]). Donc, la masse thermique apporte un bénéfice maximal dans le
5.3. ETUDES DU CONFORT GÉNÉRAL DES BÂTIMENTS EN PISÉ 43

cas d’un climat tempéré qui a une température élevée en journée autour la température
intérieure désirée. Dans les zones où la température ambiante pendant la période de 24
heures est toujours inférieure à la température intérieure, la masse thermique n’offre pas
de bénéfice (Wilson [148]).

On sait bien que la grande masse thermique joue un rôle positif dans les construc-
tions, pourtant, ce rôle change suivant où le bâtiment se situe. Aujourd’hui, on n’a pas
encore des outils efficaces pour calculer exactement la performance de la masse thermique
(Wilson [148]). Il est donc difficile d’intégrer la masse thermique dans les standards.

5.2.5 Ajout des couches d’isolation thermique


Puisqu’il est difficile d’intégrer la masse thermique dans les standards, les règlements
thermiques actuels utilisent la résistance thermique comme le seul critère pour évaluer la
performance thermique du matériau. Dans ce contexte, plusieurs études ont été mises en
place pour chercher des solutions pour que le matériau terre et le pisé satisfassent aux
règlements thermiques.

Les études de Goodhew et Griffths [63], de Hall et Allinson [67], de Parra-Saldivar


et Batty [118], de Mendonca [97] montrent qu’avec des installations convenables d’isola-
tion thermique, des murs en terre et en pisé peuvent satisfaire les demandes des règlements.

L’installation des couches d’isolation thermique augmente l’énergie comsommée dans


la phase de construction du bâtiment mais des études de Morel et al. [105], Mendonca [97]
montrent que malgré cette augmentation, la consommation de l’énergie dans la phase de
construction des bâtiments en terre et en pisé reste encore très avantageuse par rapport
aux bâtiments construits avec des matériaux conventionnels (réduction encore de l’ordre
de 40-60%).

Donc, même dans le cas où l’on ne prend pas encore en compte la grande inertie
thermique des murs en pisé, ces derniers restent très favorables dans la performance éner-
gétique générale du bâtiment.

5.3 Etudes du confort général des bâtiments en pisé


Avec la difficulté d’évaluer la performance thermique du pisé par des caractéristiques
simples mesurées en laboratoire comme vu ci-dessus, plusieurs études ont porté sur des
bâtiments réels. L’avantage de ces études est d’avoir une vision réelle complète. On peut
évaluer non seulement la performance thermique du pisé mais encore d’autres types de
confort. L’inconvénient est que les bâtiments surveillés dans ces études ne peuvent pas
encore être représentatifs de tout type de bâtiment considéré dans tout type de climats.
44 CHAPITRE 5. CONFORT D’HABITATION DU PISÉ

5.3.1 Comparaison du confort entre une maison en pisé et deux


maisons conventionnelles
Paul et Taylor, 2008 [119] ont réalisé une comparaison du confort entre un bâtiment
en pisé et deux bâtiments conventionnels. Dans leur étude, un ”bâtiment vert” (”green
building”) et 2 bâtiments ”conventionnels” ont été l’objet d’une enquête. Le bâtiment
”vert” a des murs externes et internes en pisé de 30cm d’épaisseur, des planchers en bé-
ton. Les 2 bâtiments conventionnels ont des murs externes en blocs d’isolation et ossature
d’aluminium. Des questionnaires concernant l’esthétique, la sérénité, la lumière, l’acous-
tique, la ventilation, la température, l’humidité et la satisfaction générale ont permis de
faire l’enquête. L’enquête s’est déroulée durant la période estivale. Le résultat de l’étude
a montré que la différence de l’évaluation des occupants pour ces 2 types de bâtiments
n’était pas évidente, sauf que les habitants dans le bâtiment ”vert” se sont sentis un peu
plus ”tiède”, Figure 5.3 (colonne de ”too cold” à ”too hot”). La raison est que le système de
climatisation dans le bâtiment-vert n’a pas été utilisé, ce qui conduit à une consommation
d’énergie beaucoup plus faible par rapport à celle des bâtiments conventionnels, Tableau
5.3.

Fig. 5.3 – Résultat de Paul et Taylor [119] sur des bâtiments ”vert” et ”conventionnels”.
Note : CSU est le bâtiment ”vert” et LTU est 2 bâtiments conventionnels.

L’étude de Paul et Taylor n’a pas montré une différence significative des critères de
confort entre le bâtiment ”vert” et les bâtiment conventionnels, sauf pour le cas des tem-
pératures. Les résultats de Paul et Taylor sont intéressants à consulter mais peut-être ils
ne sont pas encore représentatifs pour ces deux types de bâtiment, ”vert” et ”convention-
nel”, car l’étude a été réalisée sur un seul bâtiment ”vert” et 2 bâtiments ”conventionnels”.
En plus, un changement des détails d’un bâtiment à l’autre peut modifier les résultats
5.3. ETUDES DU CONFORT GÉNÉRAL DES BÂTIMENTS EN PISÉ 45

Source d’énergie Bâtiments conventionnels Bâtiments verts


Electricité 321 35
Gaz naturel 101 0
Total 422 35

Tab. 5.3 – Résultats de Paul et Taylor [119] de la consommation d’énergie (en M J/m2 )en
été des bâtiments ”vert” et conventionnels.

obtenus (type de fenêtres, ...). De plus, le pisé utilisé avec 30 cm d’épaisseur n’est pas le
cas des pisés traditionnels en Europe.

5.3.2 Etude de l’Architype [9]


L’entreprise Architype [9] a construit un système complexe avec plusieurs pavillons,
chaque pavillon est construit avec un matériau différent (Figure 5.4) : de la terre (”earth
pavilion”) ; de la paille (”straw pavilion”) ; du bois (”timber pavilion”) ; des briques cuites
(”clay bloc pavilion”) et du métal (”metal pavilion”).

Fig. 5.4 – Système complexe avec plusieurs types de matériau, d’après Architype [9].

Le pavillon de terre (”earth pavilion”) est exploité en magasin. Plusieurs techniques


ont été mises en oeuvre : du pisé, des blocs de terre compressée et de la bauge. La Figure
5.5 illustre des murs en pisé dans ce pavillon.

Le changement des conditions environnementales dans chaque pavillon a été enre-


gistré par des instruments installés. Des résultats montrent que le pavillon du matériau
terre présente une humidité constante et une bonne acoustique. En plus, grâce à une
46 CHAPITRE 5. CONFORT D’HABITATION DU PISÉ

Fig. 5.5 – Mur en pisé dans ”earth pavilion”.

masse thermique modérée de ce matériau en une occupation élevée (magasin), une faible
consommation d’énergie a été observée.

5.3.3 Discussions sur des études sur des maisons sur site
Le premier avantage de cette méthode est que nous pouvons évaluer un confort
général du bâtiment, non seulement le confort thermique mais encore le confort hygro-
métrique, la qualité d’air, ... Ensuite, le confort peut être évalué directement par ce que
les habitants ressentent et il est donc plus réaliste. Enfin, nous pouvons aussi regarder la
consommation d’énergie à partir des factures énergétiques des habitants (l’électricité, le
gaz). Mais par contre, l’inconvénient de cette méthode est que les résultats dépendent de
plusieurs facteurs comme : le type du bâtiment suivi (bureau de travail ou maison, des
matériaux, ...) ; la conception générale du bâtiment (type de chauffage, de ventilation, de
fenêtre, ...) ; l’âge des habitants ; le sexe ; ... En plus, la consommation énergétique dépend
aussi du besoin de chacun, de l’habitude, etc. de chaque habitant et ce facteur n’est pas
objectif.

5.4 Conclusions et perspectives


En Australie, en Nouvelle-Zélande, les pisés modernes sont généralement stabilisés
au ciment et leur épaisseur est de 300mm. Les bâtiments construits avec ce type de pisé
sont conçus pour que leur consommation d’énergie soit plus petite que celle des bâtiments
conventionnels (ils sont donc nommés ”green building”). Pourtant, plusieurs études (par
exemple [135]) ont montré que la performence thermique et énergétique de ces ”bâtiments
verts” ne fontionne pas comme on le souhaitait. Il reste encore plusieurs éléments qui in-
fluencent la performance thermique et le confort général du bâtiment tels que la conception
générale, la conception des systèmes de chauffage et de ventilation, le type du plancher,...
Pourtant, au niveau des murs en pisé, nous pouvons nous poser la question suivante : si ces
5.4. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES 47

murs en pisé moderne de 30 cm d’épaisseur étaient remplacés par des murs traditionnels
de 50 cm comme le cas en France, aurions-nous des résultats plus favorables ? (une grande
épaisseur augmente en même temps la masse thermique et la résistance thermique). Pour
répondre à cette question, il est indispensable qu’il y ait des recherches en France sur la
performance thermique des pisés traditionnels.

La plupart des auteurs ont admis que le pisé présente une performance thermique
parfaitement satisfaisante en été et en hiver dans les zones où le climat est doux et tem-
péré. Dans les zones où il fait très froid et pendant longtemps en hiver, la performance
thermique du pisé elle-même semble insuffisante et il est nécessaire d’isoler. Les études de
Goodhew et Griffths [63], de Hall et Allinson [67], de Parra-Saldivar et Batty [118] et de
Mendonca [97] montrent qu’avec des aménagements convenables (installations des couches
d’isolation thermique par exemple), le matériau terre ainsi que le pisé peuvent satisfaire
aux demandes des règlements. L’installation des couches d’isolation thermique augmente
l’énergie consommée dans la phase de construction du bâtiment mais cette dernière reste
encore très avantageuse par rapport aux bâtiments construits avec des matériaux conven-
tionnels (Morel et al. [105], Mendonca [97]).

Sur l’internet, dans les forums des habitants de pisé, nous pouvons trouver des avis
des habitants français de la performance thermique de leur maison. Alors que presque tous
les avis sont d’accord pour dire que les maisons en pisé offrent une ambiance intérieure en
été agréable et adéquate, les avis sur la performance en hiver restent encore très divers.
Il y a des habitants qui ont froid en hiver et cette situation s’est améliorée dès qu’ils ont
ajouté des couches d’isolation. Pourtant, d’autres habitants se sentent bien aussi en hiver
et pensent simplement qu’il faut que la toiture et le sol soient bien isolés aussi. Donc,
on voit que ceci est un problème complexe qui ne dépend pas que du matériau des murs
mais aussi de la conception générale du bâtiment ainsi que du climat de chaque région.
En perspective, pour avoir des synthèses plus systématiques et des analyses plus fiables,
il serait intéressant de débuter une enquête sur la performance thermiques ainsi que le
confort général des maisons en pisé existant en France.
48 CHAPITRE 5. CONFORT D’HABITATION DU PISÉ
Bilan de la première partie

Avec des caractéristiques avantageuses dans la circonstance actuelle d’un dévelop-


pement durable, le matériau terre retrouve sa place sur des chantiers de construction et
devient un matériau prometteur de la construction des maisons individuelles dans l’avenir
(Bruce [22], Walker et al. [145], Houben et Guillaud [80], Fernandez [52], etc.).

Pour rester un matériau de construction, le matériau terre et le pisé doivent satis-


faire en même temps divers critères : une durabilité satisfaisante (la performance suivant
le temps dans les conditions climatiques données : des pluies, du vents, etc.) ; une résis-
tance à la compression satisfaisante selon les conditions de la descente de charge donnée,
en négligeant la résistance à la traction du matériau terre ; une performance thermique
satisfaisante pour minimiser la consommation énergétique dans la circonstance de l’épui-
sement des resources naturelles ; une capacité parasismique satisfaisante dans les zones
sismiques.

Alors que plusieurs études concernant la maçonnerie en Blocs de Terre Comprimée


(BTC) ont été déjà mises en place, plusieurs problèmes ont été traités, de la durabilité
(Guettala et al. [64], Ogunye[113], etc.) à la performance mécanique des BTC (P’kla [121],
Morel et al. [106], Walker [144], Walker et Stace [146], Walker [142], Reddy et Gupta [126],
Reddy et al. [128], etc.) ainsi que du mortier de terre (Azeredo [8], Azeredo et al. [12],
Pkla et al. [122], Reddy et Gupta [129], Walker et Stace [146], etc.) et aussi la maçonnerie
générale, ensemble des BTC et du mortier (Reddy et Gupta [127], Reddy et Vyas [130],
Walker [144], Walker [143], etc.), il y a encore peu de recherches scientifiques sur le pisé.

Pour ces premiers pas dans la recherche sur le matériau pisé, parmi les quatre cri-
tères principaux au-dessus, on devra choisir les problèmes les plus pertinents à étudier.
Les problèmes de la durabilité et de la résistance à la compression sont parmi les plus
nécessaires à étudier en premier car ils sont des problèmes ”basiques” auxquels le maté-
riau pisé doit satisfaire. Les problèmes thermique et parasismique sont les problèmes aussi
importants mais ils peuvent être traités après que les conditions de la durabilité et de la
résistance à la compression aient été satisfaites.

Parmi les rares études concernant le pisé, on peut citer ici les études de Maniatidis
et Walker [95], Maniatidis et al. [96], Hall et Djerbib [69], [68], [70], [71], Hall et Allinson
[67], Hamilton et al. [73], Bourroughs [32], Jayashinghe et Kamaladasa [84]. Cependant,
la plupart de ces études sont réalisées dans les pays anglophones (en Australie, Angle-
terre, Etats Unis...) où le mode de fabrication n’est pas le même que les pisés en France
(l’épaisseur générale des murs ne dépasse pas 30 cm et la popularité de la stabilisation
au ciment est grande). Les études sur la durabilité et la résistance à la compression du

49
50 CHAPITRE 5. CONFORT D’HABITATION DU PISÉ

matériau pisé en France sont donc nécessaires.

Dans les parties suivantes de cette thèse, ces deux problèmes principaux seront étu-
diés et présentés.
Deuxième partie

Durabilité du pisé

51
Chapitre 6

Durabilité du pisé

6.1 Introduction
Le plus grand inconvénient du matériau terre est sa sensibilité à l’eau. Quand on
parle d’une construction en terre, ce problème est tout de suite posé. La cas du pisé n’est
pas une exception de ce constat. Pourtant, de l’autre côté, nous pouvons trouver encore
dans le monde plusieurs ouvrages en terre et en pisé traditionnel qui ont été construits il
y a des centaines années et qui restent debout jusqu’à aujourd’hui. Nous pouvons citer ici
l’exemple du Temple d’Horyuji au Japon, un patrimoine de l’UNESCO, âgé de 1300 ans.
Une part de ce temple a été construite en pisé non stabilisé et reste encore en bon état
aujourd’hui (Hall et Djerbib [69]), Figure 6.1. Un autre célèbre exemple est le cas de la
Grande Muraille de Chine, Figure 6.2. Cet ouvrage a été construit il y a 2000 ans avec du
pisé, des pierres, des briques de terre cuite, du bois, ... selon le principe d’utilisation des
matériaux locaux. Plus près de nous, nous pouvons citer le cas des maisons traditionnelles
en pisé en France qui ont souvent plus de 100 ans et sont encore utilisées actuellement,
Figure 6.3.

A partir des exemples ci-dessus, nous pouvons croire que dans un bon nombre de
cas, avec une conception adaptée (la couverture du toit, le soubassement évitant les re-
montées capillaires de l’eau du sol, etc.), les maisons en pisé non stabilisé peuvent avoir
une durabilité satisfaisante. Pourtant, en s’adaptant aux nouvelles normes consacrées aux
matériaux industriels, on exige du pisé une résistance à l’eau encore plus élevée. Plusieurs
types d’essais de la résistance à l’eau du matériau terre en général et du pisé en particu-
lier sont proposés comme : le ”spray test”, ”drip test”, ”wet to dry strength”, ... Puisque le
pisé non-stabilisé ne peut pas passer ces essais, on l’a abandonné systématiquement et on
considère le pisé stabilisé (au ciment, à la chaux aérienne ou hydraulique) comme le seul
choix.

Bien qu’il y ait déjà plusieurs chercheurs voyant l’irréalisme des essais cités au-
dessus et leur inadaptation au matériau terre (Heathcote [76], Guettala et al. [64], Ogu-
nye et Boussabaine [114]), par manque de recherches scientifiques spécifiques sur le maté-
riau terre, quelques Normes ont appliqué les essais au-dessus pour le matériau terre, par
exemple la Norme de la Nouvelle Zélande [111] pour le cas du pisé.

Plusieurs recherches ont été mises en place pour développer d’autres types d’essai sur
la durabilité du matériau terre, soit en laboratoire avec les conditions ”simulées” comme

53
54 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

Fig. 6.1 – Le temple d’Horyuji au Japon. Photo : D. Henman.

Fig. 6.2 – La Grande Muraille de Chine. Photo : R.Michaud.


6.2. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES 55

Fig. 6.3 – Maison en pisé âgé plus de 100 ans en France. Source : Grands Ateliers

Ogunye et Boussabaine [113] avec l’essai de ”rainfall test”, ou Hall [72] avec sa chambre
de simulation climatique (”climatic simulation chamber”) ; soit sur site, en condition réelle
comme Guettala et al. [64] avec de petits murets laissés pendant 4 ans sur site, sans pro-
tection, ou Heathcote [76] avec une maison à petite échelle.

Ce chapitre est consacré à l’étude de la durabilité du pisé. Dans un premier temps,


nous allons regarder la bibliographie des essais actuels concernant la durabilité du ma-
tériau terre en général et le pisé en particulier. A partir de cette étude bibliographique,
nous allons trouver les points faibles des essais existants et la nécessité des recherches de
la durabilité du matériau terre. Une technique de mesures d’érosion des murs en pisé sera
développée à partir de la méthode stéréophotogrammétrique. Cette technique sera utilisée
pour mesurer l’érosion des murs en pisé exposés pendant 20 ans aux conditions clima-
tiques naturelles de Grenoble, France. Le résultat de ces mesures nous servira à évaluer
la durabilité du pisé.

6.2 Etudes bibliographiques de la durabilité des construc-


tions en terre et en pisé
Dans cette section, on étudie la mécanique de l’érosion des murs en terre et des
essais courants pour évaluer la durabilité des constructions en terre.

6.2.1 Mécanique de l’érosion


La source principale de l’érosion des murs en terre est due à l’énergie cinétique
battante des gouttes de pluies (Heathcote [76]). Les facteurs principaux qui influencent
l’amplitude de l’énergie cinétique battante des murs en terre sont les suivants :
56 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

Fig. 6.4 – L’effet ”creusement” d’une goutte d’eau de pluie ayant un angle battant <90˚.

– L’intensité des pluies : Plus fort les pluies battent contre le mur, plus ce dernier
est érodé. Le type de pluies est aussi un facteur important : une pluie forte mais
pendant un temps court fait moins d’érosion qu’une pluie longue de même quan-
tité.

– L’angle des pluies : L’angle avec lequel les gouttes d’eau de pluie battent le mur
est déterminé par la vitesse du vent coı̈ncidant. S’il n’y a pas de vent, les gouttes
d’eau de pluie seront verticales et aucune érosion n’aura lieu. L’énergie cinétique
sera maximale pour un angle de 900 , mais l’érosion des particules sera favorisée
pour un angle plus faible par l’effet d’un ”creusement” (Figure 6.4).

– Le dépassement de la toiture : Ce facteur influence directement la quantité des


gouttes d’eau battant contre le mur. Dans le cas d’une maison bien couverte par
la toiture, l’érosion des murs extérieurs sera beaucoup limitée.

– Rugosité du mur : Il est possible que l’érosion soit plus importante sur une surface
rugueuse (par exemple des adobes) que une surface lisse (par exemple du pisé),
Heathcote [76].

6.2.2 Essais courants d’évaluation de la durabilité des construc-


tions en terre
6.2.2.1 Essai de brosse métallique (”wire brush test” - ASTM D559, 1989)
Ce test a été publié la première fois en 1939 et était développé pour tester la dura-
bilité des mélanges de sol-ciment utilisés dans la construction des chaussées.

Dans ce test, la terre est compactée dans un moule de 100 mm de diamètre jusqu’à
une épaisseur approximative de 125 mm. Après 7 jours de stockage, les éprouvettes sont
séchées en étuve et pesées. Elles sont ensuite placées dans l’eau pendant 5 heures, puis
séchées et brossées par une brosse métallique ferme (avec une pression verticale constante)
6.2. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES 57

Fig. 6.5 – L’essai d’arrosage (”spray test”), d’après Heathcote [77].

pour enlever tous les matériaux perdus pendant les cycles de séchage-humidification. Après
12 cycles de séchage et humidification, les éprouvettes sont séchées en étuve et leur masse
finale est enregistrée. Le pourcentage des matières perdues en masse est calculé.

Plusieurs auteurs ont considéré ce test comme typique pour tester la durabilité des
BTC stabilisés au ciment. Fitzmaurice (dans son manuel en 1958 [55], cité par Heathcote
[76]) a proposé des valeurs limites des BTC en cas de bâtiments dans les zones urbaines,
de 5% dans une région où la précipitation annuelle est supérieure à 500mm ; 10% dans
une région où la précipitation annuelle est inférieure à 500mm.

Cet essai est également présenté dans le guide ORAN [66] en France pour des BTC,
ainsi que dans le guide de Walker et al. [145] en Grande Bretagne pour tester la résis-
tance à l’abrasion du pisé. Pourtant, Walker et al. [145] ainsi que Ogunye et Boussabaine
[114] pensent que ce test est non-réaliste et qu’il n’y a pas de relations entre le mode de
réalisation de ce test avec ce qui se passe sur site.

6.2.2.2 Essai d’arrosage (”spray test”)

En Australie, cet essai s’appelle aussi ”Accelerated Erosion Test” (Figure 6.5). Il est
utilisé souvent pour tester des adobes, des BTC et des pisés.

Dans ce test, l’échantillon est arrosé pendant une période d’une heure jusqu’à ce que
l’échantillon soit transpercé. Le jet d’eau qui projette 50kPa à partir d’un tuyau standard
est placé à 470mm de l’échantillon. La surface exposée de l’échantillon est un cercle de
150mm de diamètre. L’épaisseur maximale de l’érosion est mesurée après une heure d’ex-
position et l’échantillon est vérifié à l’oeil pour déterminer l’extention de la pénétration
de l’humidité. L’échec est avéré quand l’épaisseur maximale de l’érosion dépasse 60mm
ou la pénétration de l’humidité vient jusqu’à l’arrière de l’échantillon.

Il semble qu’aucune corrélation entre cet essai et la situation in-situ ne soit justifiée
(Heathcote [76], Kenmogne [85]).
58 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

Fig. 6.6 – L’essai de goutte-à-goutte (”drip test”), d’après Heathcote [77].

6.2.2.3 Essai de goutte-à-goutte (”drip test”)


La motivation de cet essai est de développer un test très simple pour que les maçons
puissent déterminer eux-mêmes la pertinence de leur terre. Dans cet essai, une mèche en
tissu mouillée passe dans 100 mm d’eau, les gouttes d’eau tombent de 400 mm de hauteur
sur l’échantillon qui est incliné de 27˚par rapport à l’horizontale (Figure 6.6). Cette action
veut simuler des gouttes d’eau de pluie.

Frencham [58] relie la profondeur des piqûres après le test à une indice d’érodabilité,
Tableau 6.1.

Indice d’érodabilité Profondeur des Note


(EI ) piqûres (mm)
1 0 Non-érodé
2 >0 et <5 Légèrement érodé
3 >5 et <10 Erodé
4 >10 Très érodé

Tab. 6.1 – Echelle d’évaluation du ”drip test”.

Le ”drip test” est un essai simple qui peut être acceptable dans les régions où les
précipitations annuelles sont d’environ 500 mm, ses applications dans les régions des pré-
cipitations plus élevées ne sont pas encore confirmées (Heathcote [76]).

6.2.2.4 Rapport de la résistance humide et à sec (”wet to dry strength ratio”)


Ce type d’essai a été développé par CRATerre [80] sur des blocs de terre stabilisée.
Les spécifications de cet essai sont : une résistance à la compression minimale à l’état ”sec”
de 2,4MPa ; une résistance à la compression minimale à l’état saturé de 1,2MPa ; plus une
6.2. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES 59

Fig. 6.7 – L’essai de simulation des pluies (”rainfall-test”), proposé par Ogunye et Bous-
sabaine [113]. (1) l’unité de pulvérisation ; (2) le tuyau réglable de cuivre pour les chutes
de hauteur variable ; (3) l’écran en polyéthylène ; (4) des colonnes en aluminium ; (5) la
base de référence ; (6) des barres en aluminium ; (7) le support réglable des échantillons ;
(8) des parois en aluminium ; (9) des échantillons ; (10) le capteur de pression ; (11) cap-
teur de pression du robinet ; (12) le robinet de contrôle ; (13) la mini vanne de mélangeur ;
(14) l’unité de l’eau froide ; (15) l’unité de l’eau chaude ; (16) le tuyau extérieur.

exigence que le rapport de la résistance humide sur sec n’est pas inférieur à 0,5. Notons
que l’état ”sec” n’était pas bien défini (Heathcote [76]).

6.2.2.5 Essai de pluies simulées(”rainfall test”)

Cet essai a été proposé par Ogunye et Boussabaine [113] pour tester la durabilité
des BTC stabilisés. Le schéma de cet essai est illustré dans la Figure 6.7.

La distance entre le pulvérisateur et la base de référence est réglable ce qui permet


un changement de la hauteur de chute des gouttes d’eau et donc, permet un changement
de leur énergie et de leur force d’impact.

La base de référence de (0, 985 × 0, 950 × 0, 25)m est fixée et inclinée avec une pente
de 2,5˚ pour un drainage libre à à tuyau de 20 mm de diamètre. Sur cette base, il y a
un support sur lequel sont placés des échantillons. Ce support de (0, 950 × 0, 890)m peut
être réglé ce qui permet une inclinaison de 15-45˚ par rapport à la direction des gouttes
60 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

Fig. 6.8 – Détail du plateau en base.

d’eau. Cet angle d’inclinaison est basée sur le fait que des pluies tapent les murs des bâ-
timents sous un angle dépendant de la vitesse du vent. Le plateau est divisé en plusieurs
parties par des parois de 0,25m de hauteur (figure 6.8) pour intercepter l’éclaboussement
de la terre et prévenir l’interférence possible avec d’autres échantillons. Les échantillons
sont placés sur un plateau soulevée de 3cm au-dessus du niveau du support pour éviter
l’érosion possible de la partie en base de l’échantillon.

Le support est incliné de 30˚par rapport à la direction des jets d’eau. Avec le but de
simuler des pluies au Nigéria, les auteurs ont laissé une pression de 0,5 kg/cm2 à 2m de
hauteur de chute, correspondant à une intensité de 150 mm/heure. Les échantillons ont
été exposés pendant 120 h, suivant le temps moyen des pluies dans les pays tropicaux. Le
poids du matériau perdu des échantillons est déterminé après l’essai.

6.2.2.6 Chambre de climat simulé (”climatic simulation chamber”)

Hall [72] propose des ”chambres de climat simulé” qui peuvent simuler des conditions
climatiques pour étudier non seulement la durabilité du pisé stabilisé mais aussi ses ca-
ractétiques thermiques, hygroscopiques. Il a donné les premiers résultats mais des études
plus avancées sont indispensables pour avoir les conclusions les complètes.

6.2.2.7 Etude de Guettala et al. [64]

Pour évaluer la fiabilité des essais en laboratoire de la durabilité du matériau terre,


Guettala et al. ont fait parallèlement deux types d’essai différents sur des échantillons
similaires : des essais en laboratoire et des essais sur site. Pour le premier type, des essais
de ”wet to dry strength”, ”spray”, ”capillary absorption”, ”freezing-thawing” ont été réalisé
sur 4 types de BTC avec des compositions différentes. Pour le deuxième type, 8 murets ont
été construits avec les mêmes BTC que ceux des essais de laboratoire. Ces murets ont été
exposés aux conditions naturelles pendant 48 mois, Figure 6.9. La précipitation annuelle
du site était d’environ 120 mm. Bien qu’il manque encore des mesures quantitatives, les
résultats de cette étude ont montré que tous les essais en laboratoire présentés au-dessus
étaient trop sévères par rapport à ce qui ce passe sur site.
6.2. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES 61

Fig. 6.9 – Des murets exposés aux conditions naturels dans l’étude de Guettala et al. [64].

6.2.3 Bilan des études bibliographiques et orientation de notre


étude
En regard des normes consacrées aux matériaux industriels, on exige des construc-
tions en matériau terre et en pisé une durabilité très haute. Des essais courants d’éva-
luation de la durabilité du matériau terre et du pisé sont : le ”spray test”, ”drip test”,
”wet to dry strength approach”, etc. La sévérité de ces essais conduit à stabiliser systé-
matiquement la terre avec des liants hydrauliques ce qui n’est pas toujours souhaitable.
Plusieurs études ont montré que les essais ci-dessus sont trop sévères et irréalistes, Hea-
thcote [76], Guettala et al. [64] voire Ogunye et Boussabaine dans [114] ont déconseillé
d’utiliser ces types d’essai. Plusieurs chercheurs ont essayé de développer d’autres types
d’essai sur la durabilité, soit en laboratoire avec les conditions ”simulées” comme Ogunye
et Boussabaine [113] avec l’essai de ”rainfall test”, ou Hall [72] avec sa chambre de climat
simulé (”climatic simulation chamber”) ; soit sur site, dans les conditions réelles comme
Guettala et al. [64] avec de petits murets laissés pendant 4 ans sur site, sans protection,
ou Heathcote [76] avec une maison de petite d’échelle.

Ce qui manque à l’heure actuelle, c’est la corrélation des résultats obtenus en la-
boratoire avec ce qui se passe sur site (Ogunye et Boussabaine [114]). Une sélection des
informations obtenues à partir des murs sur site devient nécessaire pour calibrer les essais
actuels en laboratoire ainsi que développer de nouveux types d’essai (dans quelle condition
climatique : précipitation, vent ; combien d’érosion après combien de temps, etc.). C’est
la raison pour laquelle de plus en plus, il apparaı̂t des études de durabilité des murs sur
site comme Guettala et al. [64], Heathcote [76] ou Ogunye et Boussabaine [113].

Avec les raisons présentées au-dessus, dans la partie de la durabilité du pisé de cette
thèse, ”un essai sur site” sur des murs en pisé ayant passé 20 ans en conditions climatiques
naturelles a été mise en place. Le premier but de cette étude est de montrer que le matériau
pisé n’est pas aussi sensible à l’eau que l’on pense d’habitude car tous les murs restent
encore debout après 20 ans sur site. Cela est aussi une preuve de l’inadaptation des essais
en laboratoire cités au-dessus pour le cas de la terre non-stabilisée. Dans le deuxième
temps, une méthode de mesure d’érosion des murs en pisé a été développée en se basant
sur la méthode stéréophotogrammétrique. Les résultats d’érosion et cette méthode de
mesure d’érosion servent non seulement à démontrer une durabilité satisfaisante du pisé
62 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

dans les conditions naturelles mais ouvrent aussi la possibilité de calibration des essais en
laboratoire.

6.3 Durabilité des murs en pisé exposés pendant 20


ans aux conditions naturelles
Les murs sont construits en 1985 dans le cadre du programme Rexcoop, piloté par
le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), sur un terrain proche de Gre-
noble, à une altitude de 212m (Figure 6.10). Cette région est particulièrement riche en
constructions vernaculaires en pisé, environ 300 000 maisons âgées plus de 50 ans (Michel
et Poudru [100]). Le programme voulait expérimenter l’utilisation des produits du marché
(de 1985) issus de l’industrie chimique, pour la protection des murs en terre sous condi-
tions climatiques naturelles. La construction avec plusieurs types de matériau, plusieurs
types de protection supperficielle sur un même site avec les mêmes conditions naturelles
permettent des comparaisons directes de l’efficacité des produits testés les uns par rapport
aux autres. Les murs se trouvent à environ 500m de la station météorologique [56] qui a
donné les informations sur le climat.

Fig. 6.10 – Vue générale des murets sur site.

104 murs à base de terre ont été construits dans ce programme, mis en oeuvre en
masse (pisés, terre paille) ou en blocs maçonnés (BTC, vibrocompressés). Les terres uti-
lisées sont différentes pour chaque mise en oeuvre. Les protections superficielles changent
d’un mur à l’autre. Dans cette étude, nous n’étudierons que les murets en pisé, Figure 6.11
et 6.12. Plus d’informations sur la construction des murets sont notées dans le rapport de
Rubaub et Chevalier [132].

6.3.1 Conditions climatiques


Les informations concernant les facteurs climatiques du site sont illustrées dans la
Figure 6.13. La précipitation annuelle est d’environ 1000 mm. La direction des vents
prédominants est NE-SO et la vitesse maximale du vent est de 21 m/s.
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE 63

Fig. 6.11 – Plan du site des murets mis en oeuvre en masse et la distribution des diffé-
rents types de protection (enduit, badigeon, peinture, imprégnation, témoin) sur différents
supports (FRE, MRE, SMRE).
64 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

Fig. 6.12 – Dimensions d’un muret en pisé, en mm.

45 110

40
100
35
90
30

25 80

20 70
Precipitation (mm)
Temperature (°C)

15
60
10
50
5

0 40
Jan Feb Mar April May June July Aug Sep Oct Nov Dec
-5 30

-10
max temperature 20
-15 average temperature
min temperature 10
-20 average precipitation

-25 0

Fig. 6.13 – Climat du site d’expérimentation, moyenné sur la période 1971-2000, d’alti-
tude de 212m. Les précipitations sont d’environ 1000mm/an.
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE 65

6.3.2 Fondation et soubassement


Chaque mur est construit sur une fondation en béton 120 × 60 × 40cm3 , enterré de
30cm dans le sol. Sur chaque fondation, un soubassement en béton est construit, de 25cm
de hauteur avec une largeur variable égale à celle du mur à supporter. La face supérieure
de chaque soubassement a été enduite d’un produit bitumineux pour arrêter les remontées
capillaires, Figure 6.12.

6.3.3 Terres utilisées


6.3.3.1 Terre de la Verpillière
Cette terre a été prélevée à la Verpillière (Isère). Sa courbe granulométrique est
présentée sur la Figure 6.14. La granulométrie se situe entre 0 et 0,5 mm. Cette terre est
constituée en majorité d’éléments fins : le passant à 40 µm est supérieur à 50%.

L’analyse minéralogique effectuée sur ce matériau est indiquée dans le Tableau 6.2.

% Quartz Feldspath Kaolinite Illite Chlorite +


Smectite
Roche totale 41 42 - 8 9

Tab. 6.2 – Analyse minéralogique effectuée sur la terre Verpillière, d’après [132].

L’analyse des particules argileuses inférieures à 2 µm montre une certaine complexité


des argiles. On peut indiquer des pourcentages indicatifs suivants (d’après Rubaub et Che-
valier [132]) :

– Illite : 40%,

– Kaolinite : 20%,

– Smectite : 40%.

Les limites d’Atterberg de cette terre sont : WL = 27%, WP = 19%, donc IP = 8.

6.3.3.2 Terre de Morestel


Cette terre provient de terrassement effectués dans une zone industrielle à Vezeronce
dans l’Isère. Cette terre ne contient qu’une fraction faible de fines :

– 25% de l’échantillon sont des granulats supérieurs à 10 mm,

– 50% sont inférieur à 0,5 mm,

– 10% de l’échantillon sont des fractions inférieures à 160 µm, les fractions infé-
rieures à 40µm étant très faibles.
66 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

100%

90%

80%

70%

60%

Passing
50%

40%

30%
Verpilliere (FRE)
20%
Morestel
MRE 10%

0%
0,001 0,01 0,1 1 10
Diameter (mm)

Fig. 6.14 – Courbe granulometrique des terres utilisées.

La courbe granulométrique de cette terre est présentée sur la Figure 6.14.

L’étude minéralogique donne les résultats présentés dans le Tableau 6.3.

Fraction étu- Représentativité Kaolinite Quartz Calcite Plagioclase Feldspath


diée (%) Alcalin
Roche totale 75 traces 88 2 6 4
(< 10 mm)
125-160µm 3 7 77 traces 10 6
40µm 0,7 6 76 - 12 6

Tab. 6.3 – Analyse minéralogique effectuée sur la terre Morestel, d’après [132].

6.3.4 Construction des murets en pisé


Les murets en pisé ont été réalisés par une entreprise spécialisée ayant participé à
la construction des maisons de l’Isle d’Abeau (la maison dans la Figure 4.6 est un exemple).

La terre a été malaxée au motoculteur, les plus gros cailloux sont enlevés à la main.
La teneur en eau de la terre utilisée dépendait de l’expérience du piseur. Des coffrages
métalliques ont été montés suivant les dimensions souhaitées du mur. Ensuite, on versait
dans le coffrage une couche de terre d’environ 10cm et damait cette couche par une dame
pneumatique.

Trois types de terre ont été utilisés :


6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE 67

– Terre fine provenant de La Verpillière que l’on appelera FRE (Fine Rammed
Earth).

– Mélange de FRE (50%) et d’un sol non argileux provenant de Morestel (50%), que
l’on appelera MRE (Medium Rammed Earth). La courbe de granulométrie de la
terre MRE est illustrées sur la Fig. 6.14.

– Terre MRE stabilisée à 5% en poids par de la chaux hydraulique (NHL) que l’on
appelera SMRE (Stabilised Medium Rammed Earth).

La composition de chaque mur est présentée sur la Figure 6.11.

D’abord, 7 murets ont été réalisés en terre de Verpillière (FRE). Cette terre contenait
trop d’éléments fins (pas d’éléments supérieurs à 0, 5mm ; le pourcentage d’argile était de
18%) et la teneur en eau naturelle était probablement trop élevée, d’où l’apparition des
fissurations de retrait dès le lendemain du décoffrage. De même, on pouvait noter une
mauvaise liaison entre les différentes couches compactées. C’était la raison pour laquelle il
a été décidé de faire un mélange de terre permettant de rester dans le fuseau granulomé-
trique généralement admis pour le pisé (proposé par CRATerre [80]). Ce mélange (MRE)
contient à part égale (en volume) de la terre de Morestel et de la terre de la Verpillière.

Ensuite, l’utilisation de 5% en poids de chaux hydraulique dans SMRE permet de


stabiliser l’argile et de rendre donc le matériau moins sensible à l’eau. Le malaxage a aussi
été réalisé au motoculteur.

6.3.5 Le toit
Tous les murets en pisé sont protégés en partie haute par un élément en amiante
ciment avec débord, Figures 6.10 et 6.12. La largeur du toit est de 60cm, la longueur est
supérieure de quelques centimètres à la largeur du mur (' 1m).

6.3.6 Protection superficielle


Dans le but initial de tester le maximum de solution possible, une grande diversité
de produits a été utilisée. Ces protections peuvent être classées en familles suivantes : en-
duits, badigeons, peintures, imprégnations. Il y a des murs qui sont protégés par 2 types
différents à chaque moitié (Figure 6.11).

Pour chaque type de terre (FRE, MRE, SMRE), un mur témoin a été construit
qui n’a pas de protection superficielle. Dans cette étude, nous allons étudier seulement
la durabilité des murs témoins par des mesures de leur érosion après 20 ans exposés sur site.

Les types de protections superficielles ne seront pas présentés ici. Plus informations
les concernant sont présentées dans l’Annexe A et (Bui et Morel [26]).
68 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

6.3.7 Limitations de l’étude


Les murets dans cette étude ne sont pas vraiment représentatifs de murs de maisons.
En fait, ils ont 2 faces extérieures alors que dans le cas d’une maison, la face intérieure
du mur est différente de l’extérieur qui est en contact avec l’ambiance naturelle. Donc, le
transfert dans le mur n’est pas encore considéré.

L’isolation contre les remontées capillaires à partir du sol de fondation est effectuée
par une couche bitumineuse ce qui n’est pas le cas dans les maisons anciennes.

Enfin la surface des murs tests est évidemment plus petite que celle d’une façade
d’un bâtiment. Le rapport entre le débord du toit et la hauteur de la façade n’est pas
le même, 1/15 dans le cas de ces murets (Fig. 6.15) et varie de 1/20 à 1/10 dans la pratique.

part protected by the roof

part affected by rain

concrete base and foundation

Fig. 6.15 – L’efficacité du toit sous une pluie. Le toit ne peut protéger que la tête et une
partie en haut du muret (muret 23).

En conséquence, une expérimentation sur murets ne reproduit pas fidèlement les


conditions de fonctionnement de mur d’une maison habitée. On prendra d’abord cette
étude comme une comparaison entre différents systèmes, non directement transposables
dans la pratique ou l’empirisme restera nécessaire. C’est toutefois la seule solution per-
mettant de comparer sur un même site un nombre relativement important de paramètres
expérimentaux. Une exposition dans les conditions naturelles fournira des données qui ne
peuvent pas être obtenues par des essais en laboratoire tel que ceux cités dans le §6.2.

6.3.8 Murs témoins


Pour chaque type de terre (FRE, MRE et SMRE), on a construit un muret de
référence, c’est à dire qu’il n’y a pas de couches de protection (enduit, peinture,...). Les
Figures 6.16 à 6.20 présentent les 3 murets témoins.
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE 69

Fig. 6.16 – Muret témoin du FRE, numéro 36. A gauche : l’état initial, quelques jours
après la construction. A droite : l’état après 20 ans sur site.

6.3.8.1 Murets non stabilisés


1. Muret témoin du FRE, numéro 36 (Figures 6.11 et 6.16)
Les nombreuses fissures sur la surface du pisé sont apparues le lendemain de la fa-
brication à cause du retrait important comme on l’a vu dans la partie 6.3.4 mais il
n’est pas sûr qu’elles influencent la résistance mécanique du mur (Pkla [121]).

2. Muret témoin du MRE, numéro 29 (Figures 6.11, 6.17 et 6.19)


Sur le muret numéro 29, la moitié du côté Sud est laissée sans couche de protection
comme un muret témoin et la moitié du Nord est protégée par une imprégnation
(Figure 6.11). D’abord, on peut noter que la terre n’a pas bien été mélangée (la terre
MRE est le mélange de 2 terres différentes), l’hétérogénéité est visible en surface du
pisé (Figure 6.18). Puis, on trouve un défaut de fabrication : la partie en haut est
moins compactée que la partie en bas et une concentration des cailloux dans la partie
haute est observée (Figure 6.18).

6.3.8.2 Muret stabilisé : muret témoin du SMRE, numéro 15 (Figures 6.11


et 6.20)
Après 20 ans sur site, il n’y a pas de grands changements de son état par rapport
à l’état initial. Il y a pourtant des fissures verticales aux arêtes du mur mais cela vient
d’un manque d’expérience des maçons quand ils enlevaient les coffrages. Cette hypothèse
est justifiée en regardant les photos de l’état initial des pisés : la plupart des pisés ont
des problèmes aux coins après la construction (Figure 6.17). En réalité, ce problème peut
tout à fait être évité par des piseurs expérimentés.

Toutes ces conclusions qualitatives présentées précédemment ne suffisent pas à éva-


luer la durabilité de ces murets, donc, des mesures de l’érosion de ces murs sont mises en
70 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

Fig. 6.17 – Muret témoin du MRE, numéro 29, à l’état initial, quelques jours après la
construction. A gauche : Côté Est. A droite : Côté Ouest

Fig. 6.18 – Un zoom du muret témoin du MRE, numéro 29, côté Ouest, à l’état initial,
quelques jours après la construction. L’hétérogénéité du matériau et un mauvais compac-
tage des derniers lits de terre sont visibles.
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE 71

Fig. 6.19 – Muret témoin du MRE, numéro 29, après 20 ans, côté Ouest. A droite :
l’hétérogénéité du matériau et fissures de retrait.

place et présentées dans la section suivante.

6.3.9 Mesures d’érosion par la méthode stéréo-photogrammétrique


6.3.9.1 Principe de la méthode stéréo-photogrammétrique
La stéréo-photogrammétrie est l’enregistrement photographique de plusieurs vues
d’un même objet. Cette technique a d’abord été développée dans la cartographie aérienne,
où, en prenant deux clichés d’un même paysage à partir de deux endroits différents, on
peut restituer le relief du payage. Plus généralement, on peut connaı̂tre les caractéristiques
géométriques d’un objet à partir de deux clichés pris sous deux angles différents. Le détail
de cette méthode est décrit dans (Desrues et Duthilleul [44]).

La Figure 6.21 explique le principe de cette méthode. L’objet AB est en vrai relief
(∆P 6= 0) et est perçu comme tel par la vision binoculaire grâce à un travail du cerveau
qui tient compte de l’écartement entre les deux yeux. Chaque oeil ne voit respectivement
que les plans (P1 ) et (P2 ), projections de l’objet AB.

Pour établir une image en 3 dimensions (un relief) d’un mur du CSTB, deux clichés
ont été pris à partir de deux points de vue différents (Figure 6.22), qui correspondent res-
pectivement aux plans (P1 ) et (P2 ) dans la Figure 6.21. Pour avoir une vision binoculaire,
on pose ces deux clichés dans le stéréoscope (Figure 6.23), le cliché à gauche (P1 ) sur le
plateau supérieur et le cliché à droite (P2 ) sur le plateau inférieur. Le cliché (P1 ) est vu
par l’oeil gauche, le second par l’oeil droit. On voit alors apparaı̂tre un objet virtuel en
relief, qui est AB issu de (P1 ) et (P2 ).

6.3.9.2 Matériels utilisés


Des clichés des murs ont été pris par l’entreprise Sintégra. Nous avons eu accès à
l’équipement de J. Desrues du Laboratoire 3S-R de Grenoble (stéréscope et traı̂tement
72 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

Fig. 6.20 – Muret témoin du SMRE, numéro 15. A gauche : à l’état initial, quelques jours
après la construction. A droite : son état après 20 ans sur site.

des données).

6.3.9.3 Superposition des clichés


Pour chaque cliché, le stéréoscope possède un système de visée matérialisé par un
point lumineux. Ces deux marques sont fixes et ce sont les clichés qui bougent, mais on
raisonne comme si les clichés étaient fixes et les marques mobiles, ce qui ne change rien
au raisonnement.

La superposition est réalisée avec le logiciel ORIMA. Les deux clichés sont superposés
correctement dans le stéréoscope à l’aide des points fixes de référence. Ils sont 5 points qui
ont été ajoutés sur le mur avant de prendre des clichés : 4 points aux 4 coins d’une face
du mur et le cinquième au centre de la face du mur (Figure 6.22). Lorsque les points fixes
apparaissent superposés, les deux clichés sont alors superposés correctement et le relief
du mur apparaı̂t. Les points fixes créent un repère fixe, identique pour les deux clichés.
Si les deux clichés sont bien superposés et si on amène la marque du cliché gauche, par
un mouvement couplé des marques lumineuses sur un point fixe, la marque lumineuse du
cliché droit est exactement sur le même point fixe.

6.3.9.4 Tracer les profils des murs


En regardant le relief du mur dans le stéréoscope, on peut tracer les profils verticaux
et horizontaux. Avec l’aide du logiciel PRO600, les profils tracés sont enregistrés dans les
fichiers compatibles avec le logiciel AUTOCAD. Des exemples sont présentés dans les
Figures 6.24 et 6.25.

6.3.9.5 Précision des résultats


La précision des mesures est limitée par le facteur d’échelle. Des mesures sur des
clichés donne une précision de +/-0,005mm. Des murs ayant 1,1 m de hauteur, sont
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE 73

Fig. 6.21 – Principe de la méthode de stéréo-photogrammétrie, d’après Desrues et Du-


thilleul [44].

Fig. 6.22 – Deux clichés pris à partir de deux points de vues différents sur le même mur
15, face Est. A gauche : cliché pris à partir d’un point à gauche du mur. A droite : cliché
pris à partir d’un point à droite du mur. On peut voir aussi 5 points fixes sur le mur :
4 points aux 4 coins et le cinquième au centre du mur.
74 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

Regarder
Deux clichés sont posés le relief
sur deux plateaux
supérieur et inférieur.

Ordinateur
connecté au
stéréoscope.

Console dirige
le mouvement
des clichés.

Fig. 6.23 – Stéréoscope - l’appareil d’établissement du relief à partir de deux clichés.

représentés par 60 mm sur le cliché, ce qui donne un facteur d’échelle de 18,3. La précision
des mesures est donc +/-0,092mm.

6.3.10 Principe et hypothèses des mesures d’érosion


Pour obtenir l’érosion des murs pendant 20 ans, il est nécessaire de comparer la dif-
férence entre le relief actuel et le relief initial juste après la fabrication des murs (en 1985).
On n’a pas le deuxième car aucun enregistrement n’a été fait à ce moment-là. Pourtant,
il est possible de proposer des hypothèses sur l’état initial des surfaces.

Les coffrages utilisés pour la fabrication étaient des plaques en acier, ce qui nous
permet de considérer que la surface initiale du mur était plane. Nous proposons que la
”ligne de référence” correspondant à la surface initiale du mur soit la ligne qui touche les
”sommets” des profils, Figures 6.25 et 6.26. En observant des murs (Figures 6.17 et 6.19
par exemple), nous notons que seulement de la terre sur la surface des murs de référence
était partie par érosion, les gros cailloux sont toujours sur la surface des murs (”fleur de
pisé”). En pratique, la présence des cailloux sur la surface du pisé est fréquente, contrôlée
au moment de la mise en oeuvre mais inévitable. Le maçon évite seulement la concentra-
tion des gros cailloux sur la surface qui empêcherait que la terre remplisse l’espace entre
les cailloux, ce qui ferait des trous sur la surface apparente du mur. Avec une longueur
suffisamment grande de chaque profil (environs 1 m), nous pouvons avoir beaucoup de
chances de rencontrer les parties non-érodées de la surface. En regardant et traçant les
profils, nous pouvons déterminer les positions (les points et les endroits) non-érodées du
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE 75

Profiles

Fig. 6.24 – Profils verticaux et horizontaux d’un mur.

mur car les empreintes du coffrage sur lesquels passe la ligne de référence sont encore
visibles.

Pour éviter le cas où il y a plusieurs possibilités de tracer la ligne de référence sur un
profil (Figure 6.27), nous devons réaliser un contrôle de l’angle des profils sur une même
surface du mur pour diminuer des erreurs venant à partir des cas exceptionels.

Le traitement des photos se fait manuellement avec un stéréoscope optique. Ce


n’est donc pas possible d’obtenir toute la surface du mur en relief, mais seulement des
coupes ou profils du relief, où chaque point est mesuré manuellement. Ensuite à partir de
quelques profils et un calcul d’écart type nous pouvons avoir une bonne précision du relief
sur toute la surface du mur et donc du volume érodé. Notons que le traitement manuel
permet d’obtenir les profils avec une meilleure précision. Il permet aussi d’étudier dans le
détail les mécanismes d’érosion, notamment près d’une pierre par un zoom sur les zones
d’études, et traiter les discontinuités de façon adaptée ce qui permet plus de discernement
dans l’élaboration de la méthode.

6.3.11 Résultats des mesures d’érosion


Nous procèderons ici à une quantification de l’érosion, sans en préciser les méca-
nismes. La détermination de l’aire de la terre perdue de chaque profil (par exemple la
Figure 6.28) est réalisée dans AUTOCAD. Pour comparer les valeurs entre elles, les aires
de terre perdue présentée dans le tableau 6.4 sont calculées sur 1m de longueur de chaque
profil. Pour avoir le volume, il suffit de multiplier cette aire par la dimension de la surface
du mur dans la direction perpendiculaire.
76 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

wall inside

Fig. 6.25 – Un profil horizontal du mur 29.

Fig. 6.26 – Hypothèse de la détermination de la ligne de référence.

Fig. 6.27 – Plusieurs possibilités de la ligne de référence.


Mur 15 (SMRE ref) Mur 29(MRE ref-X) Mur 36 (FRE ref)
Profils verticaux Gauche Milieu1 Milieu2 Droite Gauche Droite Gauche Droite
Aire du matériau érodé /1m 2156 1755 1730 2181 5750 (Imprég. 5861 6831
longeur (mm2 ) X)
Epaisseur d’érosion maximale 7 5 6 5 18 21 17
(mm)
Aire moyenne du matériau 1960 5750 6350
érodé /1m longeur (mm2 )
Ecart-type (%) 13 11
Profils horizontaux En haut En bas En haut En bas En haut En bas
(moitié gauche : ref.)
Aire du matériau érodé /1m 2196 2446 6628 3111 2890 6213
longeur (mm2 )
Epaisseur d’érosion maximale 6 5 14 8 12 18
(mm)

Tab. 6.4 – Synthèse des résultats de mesures sur face Est des murs de référence. Note : Une moitité du mur 29 est la référence, l’autre
est couverte par l’imprégnation X.
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE
77
78 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

6.3.11.1 Hétérogénéité de l’érosion sur un même mur

On observe pour la plupart des murs que la partie en haut du mur est moins érodée
car elle est protégée par le toit (sur une hauteur d’environs 20% - Figures 6.28 et 6.15).
C’est le cas pour les murs 15 et 36, Tableau 6.4 : 2890 mm2 en haut au lieu de 6213 mm2
dans le cas du mur 36, 2196 mm2 en haut au lieu de 2446 mm2 dans le cas du mur 15.
Mais pour le mur 29, ce n’est pas le cas, nous verrons plus tard ce cas particullier.

Cependant, l’hétérogénéité d’érosion d’un mur en pisé vient non seulement de la


différence des zones (protégées par le toit ou pas) mais aussi de l’hétérogénéité de chaque
couche du mur. En effet, comme nous l’avons déjà dit, étant au contact direct de la dame,
la partie supérieure d’une couche est plus dense et donc moins érodée. Cette hétérogé-
néité donne une diversité possible des résultats : un profil horizontal passant par la partie
supérieure d’une couche donnera un résultat de terre perdue plus petit par rapport au
résultat d’un profil horizontal passant la partie inférieure de cette couche. En raison de
cette hétérogénéité, pour estimer la terre perdue moyenne d’un mur, on ne tiendra pas
compte des profils horizontaux. On ne va compter que les profils verticaux qui passent sur
plusieurs zones et couches et qui donne une valeur moyenne plus représentative.

Le muret 15 stabilisé (SMRE) n’est pas très érodé en général (2mm d’érosion en
moyenne) et l’érosion entre la partie en haut et la partie en bas n’est pas très différente.

Le muret 29 (MRE) présente un aspect assez difficile à comprendre : la partie en


haut et au milieu du mur (2/3 supérieure du mur) est très érodée pendant que la partie en
bas du mur est peu érodé (le profil horizontal en bas du mur a une érosion de 3111mm2 ,
beaucoup plus petite que les profils de la partie supérieure). La raison de ce phénomène
vient peut-être de la fabrication des murs : la non-uniformité du compatage suivant la
hauteur du muret. Ce qui est étrange aussi, c’est que la partie en haut est bien protégée
par le toit mais elle est pourtant très érodée. On n’oublie pas que le mur 29 a une moitié
qui n’est pas couverte par une couche de protection et l’autre est peinte par l’imprégnation
X. Il se peut que la partie peinte ait brouillée son comportement en favorisant la retention
d’eau (Hall et Djerbib [70]).

La partie en haut du muret 36 (FRE) est bien protégée par le toit et donne une
érosion très petite par rapport à celle de la partie non protégée (Figure 6.28).

6.3.11.2 Hétérogénéité de l’érosion sur les murs différents

Pour des raisons expliquées au-dessus, seulement les résultats des profils verticaux
sont utilisés pour comparer entre les murets.

L’érosion du muret 15 en pisé stabilisé à la chaux NHL (1960 mm2 / 1 m de longueur)


est plus petite que celle des murs en pisé non-stabilisé, pendant que la différence de
l’érosion des deux murets non-stabilisés est faible (5750 mm2 / 1 m de longueur dans le
cas du muret 29 - MRE et 6350 mm2 / 1 m de longueur dans le cas du muret 36 - FRE).
La perte maximale du matériau de ces murets en pisé non-stabilisé est de 6350mm2 /1m
de longueur, qui correspond à une épaisseur d’érosion moyenne de 6,4 mm sur toute la
surface et qui correspond à 1,6% d’épaisseur totale du mur.
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE 79

Fig. 6.28 – Erosion différente entre parties en haut et en bas du mur 36.

6.3.12 Evaluation de la durabilité des murs étudiés


Contrairement aux constructions industrielles modernes (par exemple en acier ou
en béton armé) sur lesquelles des érosions doivent être très limitées pour assurer un bon
fonctionnement mécanique, des érosions importantes sont tolérables dans le cas des murs
en pisé. En effet, étant des murs porteurs, les murs en pisés traditionnels (environs 50 cm
d’épaisseur) supportent une descente de charge dans l’interval de 0,1 - 0,3 MPa au pied
de mur, alors que la résistance à la compression des pisés non-stabilisés est d’environ 1
MPa (comme on le verra dans le chapitre 7). Cela veut dire que des murs porteurs en pisé
sont ”surdimensionnés” et construits avec des coefficients de sécurité de plus de 3. Donc,
dans le cas où un mur en pisé est érodé jusqu’à 10% d’épaisseur du mur (correspondant
à 5 cm), il reste encore un coefficient de sécurité au moins de 2,7 pour ce mur.

Du côté esthétique, des érosions à 5% d’épaisseur du mur (correspondant à 2,5 cm)


semble acceptable pour des occupants. Donc, nous prenons l’hypothèse que la durée de
vie d’un mur en pisé est obtenue quand la profondeur d’érosion est de 5% de l’épaisseur
du mur. Nous allons calculer la durée de vie des murets étudiés suivant cette hypothèse.

En général, l’érosion observée d’un mur en pisé n’est pas une fonction linéraire sui-
vant le temps. Pendant le premier temps après la construction, l’érosion du mur est assez
rapide, et puis l’érosion se stabilise (Walker et al. [145]). La raison de cette non-linéarité
vient peut-être de la perte d’énergie de compactage sur les banches pendant la fabrication
à cause du frottement.

Pourtant, il n’y a pas encore d’études recherchant cette fonction non-linéaire. Dans
80 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ

6%

5%

Erosion non-linéaire
4%
Erosion linéaire
Erosion

3%

2%

1%

0%
0 10 20 30 40 50 60 70
Temps (ans)

Fig. 6.29 – Difference entre des érosions linéaire et non-linéaire suivant le temps des
murets en pisé non-stabilisé.

notre étude, nous n’avons que des données au moment initial (temps=0, érosion=0) et au
moment de cette étude (temps=20 ans, érosion=1,6%, cas du pisé non-stabilisé). Donc,
il est impossible d’estimer exactement le temps de vie de ces murs par une fonction non-
linéaire. Nous avons utilisé une fonction linéaire. Si nous utilisons la fonction linéaire de
l’érosion pour des murs en pisé non-stabilisé, il faut 62,5 ans pour que ces murets soient
érodés jusqu’à 5% de leur épaisseur (Figure 6.29). La courbe Figure 6.29 présentant la
non-linéarité de l’érosion est seulement un exemple de l’aspect de la fonction non-linéraire
de l’érosion en réalité qui est souvent observée mais sans données scientifiques exactes
(Walker et al. [145]). Pourtant, avec cet aspect de la non-linéarité de l’érosion suivant le
temps, nous pouvons voir que la vie de ces murets en pisé non-stabilisé peut être beaucoup
plus longue que 62,5 ans.

6.4 Conclusions sur la durabilité du pisé


Bien qu’il y ait encore quelques différences de contexte entre cette étude et des
murs des maisons réelles (2 faces exposées ; l’isolation contre la remonté capillaire par une
couche de bitume), un essai sur site avec une grande échelle de temps apporte des données
que l’on ne peut pas obtenir par des essais en laboratoire.

Après 20 ans sur site, la perte du matériau due à l’érosion des murets est mesurée par
une méthode innovante utilisant la stéréo-photogrammétrie. L’érosion mesurée équivaut
à une épaisseur moyenne d’environ 2 mm (correspondant à 0,5% d’épaisseur du muret)
en cas du muret en pisé stabilisé 5% en poids à la chaux hydraulique. Donc, la stabili-
sation permet de supprimer l’utilisation des protections superficielles (enduit, badigeon,
...). Dans le cas des murets en pisé non-stabilisé, l’érosion mesurée est d’environ 6,4 mm
(correspondant à 1,6% d’épaisseur des murets) qui permet d’extrapoler une durée de vie
6.4. CONCLUSIONS SUR LA DURABILITÉ DU PISÉ 81

plus longue que 60 ans pour ces murets. Ce résultat montre un potentiel de l’utilisation
du pisé non-stabilisé dans les conditions climatiques similaires à cette étude (précipitation
annuelle d’environ 1000 mm et gel fréquent en hiver).

Des mesures de l’érosion des murets en pisé non-stabilisé dans cet ”in-situ test”
confirme encore une fois la durabilité des maisons en pisé traditionnel qui peuvent dépas-
sées plus de 100 ans (exemples cités dans les premières sections).

Dans les conditions climatiques de cette étude, la stabilisation à la chaux ou au ci-


ment n’est pas forcément souhaitable. D’abord, la stabilisation ne permet pas le recyclage
du matériau ce qui n’est pas un point positif dans le développement durable. Ensuite,
l’utilisation du ciment ou de la chaux rencontre aussi le problème économique et la dispo-
nibilité de ces matériaux sur le marché de quelques pays et régions. C’est la raison pour
laquelle le développement de nouveaux tests fiables pour évaluer la durabilité du pisé sui-
vant des conditions climatiques différentes est important pour décider si la stabilisation
est nécessaire.

La méthode de stéréo-photogrammétrie utilisée pour mesurer l’érosion des murs en


pisé sur site peut servir à calibrer et développer des tests plus pertinents en laboratoire
pour évaluer la durabilité des murs en pisé.
82 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ
Troisième partie

Caractéristiques mécaniques du pisé

83
Chapitre 7

Caractéristiques mécaniques du pisé


en compression

7.1 Introduction
Parallèlement au problème de la durabilité, le problème des caractéristiques mé-
caniques de murs en pisé reste encore une question. A l’heure actuelle, par manque de
connaissances scientifiques sur le matériau terre, les ingénieurs utilisent des modèles de
conception relatifs aux maçonneries renforcées pour le cas des murs en terre. Pourtant,
aucune preuve n’a montré l’adaptation de ces modèles pour le matériau terre (Bruce [22]).

Jusqu’à aujourd’hui, il existe très peu de recherches scientifiques sur le comportement


mécanique du matériau terre en général, cela explique en parti le manque de confiance
qu’on a à son égard. Les recherches sur le matériau pisé se heurtent à plusieurs difficultés
liées à la fabrication des échantillons représentatifs en laboratoire et à leur test dont nous
allons parler dans la section suivante.

Comme dans le cas de la plupart des géomatériaux, on considère que le matériau


terre ne supporte pas les contraintes de traction. Nous allons donc nous intéresser ici
à la mécanique du pisé en compression. Une compréhension de ces caractéristiques est
nécessaire pour les raisons suivantes. Premièrement, la résistance à la compression est
le paramètre le plus important qui peut nous servir à vérifier la performance mécanique
de murs travaillant à la compression de par les descentes de charge verticales du poids
propre. Deuxièmement, des recherches sur le comportement mécanique du pisé peuvent
nous permettre de vérifier si les modèles de calculs existants sont convenables pour ce
matériau. Enfin, la connaissance du comportement mécanique du pisé est le premier pas
pour accéder à la conception parasismique et l’auscultation des ouvrages en pisé existants.

7.2 Problème de la représentativité des échantillons


de pisé pour essai de compression uniaxiale
Pour un matériau non-travaillant à la traction comme le pisé, une approche classique
et la plus simple pour étudier son comportement mécanique est de réaliser des essais de
compression uniaxiale (on dit aussi des essais de compression simple). Avec l’essai de com-
pression uniaxiale, on peut déterminer la résistance à la compression uniaxiale, la relation

85
86 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

de contrainte-déformation et donc, le module d’élasticité s’il est mesurable.

Un problème important des essais en laboratoire en général et de l’essai de com-


pression uniaxial en particulier est la représentativité des échantillons étudiés. Il faut que
les échantillons testés en laboratoire soient représentatifs du matériau sur site. Les échan-
tillons étudiés en laboratoire sont faits par deux voies principales : soient fabriqués en
laboratoire, soient prélevés à partir des murs sur site.

La fabrication des échantillons en laboratoire est la méthode couramment utilisée


une fois que l’on peut maı̂triser les paramètres de fabrication pour assurer que les échan-
tillons fabriqués soient représentatifs du matériau sur site. Dans le cas des matériaux
industriels comme le béton, cette procédure de fabrication des échantillons en laboratoire
ne pose pas de difficultés importantes car la composition du béton et la procédure de fa-
brication sont déjà programmées et donc les échantillons fabriqués en laboratoire peuvent
avoir une représentativité acceptable du matériau sur site.

Par contre, dans le cas d’un matériau non-industriel comme le matériau terre, la
fabrication manuelle fait que la qualité du matériau dépend forcément du savoir-faire du
fabriquant. Dans le cas de la fabrication des blocs de terre comprimée (BTC), bien qu’il
reste encore la détermination de la teneur en eau de fabrication qui peut faire une diffé-
rence entre des blocs fabriqués en laboratoire et des blocs fabriqués sur site, on peut déjà
obtenir une bonne représentativité au niveau de l’énergie de compactage en utilisant une
même presse de compactage. Grâce à cette énergie déterminable, le problème d’une teneur
en eau de fabrication peut être beaucoup réduit en utilisant la relation entre l’énergie de
compatage et la teneur en eau optimale de fabrication.

Dans le cas du matériau pisé, le problème devient plus compliqué car les deux para-
mètres - la teneur en eau de fabrication et l’énergie de compactage - dépendent totalement
du piseur. Même s’ils utilisent un même pisoir et une même teneur en eau de fabrication,
deux piseurs différents peuvent donner deux pisés différents par le nombre de coups super-
posés différents. Donc, la fabrication des échantillons de pisé en laboratoire rencontrent
beaucoup de difficultés pour obtenir des échantillons représentatifs du pisé sur site.

Le problème devient encore plus compliqué quand on considère encore la taille


d’échantillon. Même dans le cas d’une même terre, d’une même teneur en eau, un même
piseur peut fabriquer deux échantillons, ayant des tailles différentes, avec deux densités
sèches différentes. La première raison est due au frottement au contact du pisé avec les
banches de coffrage. Il est plus important dans le cas des petits échantillons. La deuxième
raison est le confinement qui joue aussi un rôle plus important dans le cas d’un échantillon
plus petit, Figure 7.1.

Devant ces problèmes de fabrication en laboratoire du pisé, l’enlèvement des échan-


tillons à partir des murs sur site peut être considéré comme un choix possible. De son
côté, la méthode d’enlèvement des échantillons a aussi des inconvénients comme on le
verra plus tard.

Dans cette partie de thèse, ces deux méthodes de fabrication et d’enlèvement des
échantillons ont été réalisées. Dans la section suivante, les problèmes de la fabrication
7.3. PROBLÈME DE FABRICATION 87

Fig. 7.1 – Différence du confinement dans les cas des tailles de l’échantillon différentes,
suivant Montgometry [104].

des échantillons représentatifs seront détaillés pour clarifier la stratégie suivie dans cette
étude.

7.3 Problème de fabrication des échantillons de pisé


en laboratoire
Avant d’essayer de fabriquer des échantillons représentatifs du pisé sur site, on va
regarder les caractéristiques spécifiques de ce matériau car un échantillon représentatif
devra se constituer de toutes ces caractéristiques typiques du matériau. Ensuite, l’échan-
tillon doit répondre aussi aux demandes d’un essai de compression uniaxial (l’élancement,
la mise en place sur la presse, les limites de la presse : la hauteur, la force maximum, etc.)

7.3.1 Caractéristiques du matériau pisé


7.3.1.1 Hétérogénéité du matériau pisé

Non seulement à l’échelle microscopique de quelques micromètres ou quelques mil-


limètres mais aussi à une échelle de quelques centimètres, le pisé est encore un matériau
hétérogène. L’hétérogénéité du pisé vient d’abord de la composition du matériau consti-
tutif (la terre dans le cas du pisé non-stabilisé) comme le cas d’autres géomatériaux.
L’hétérogénéité du pisé vient ensuite du mode de fabrication de ce matériau, Figure 7.2.
Premièrement, le matériau pisé est l’empilement des couches de terre dammée, donc,
l’adhésion entre les couches de terre n’est pas parfaite. Deuxièmement, pendant le com-
pactage du pisé, la partie supérieure d’une couche étant en contact directement avec la
damme est plus dense alors que la partie inférieure est moins dense. Troisièmement, l’ho-
mogénéité vient encore du frottement avec le coffrage pendant le compactage. La partie
du pisé en contact est moins compactée car l’énergie de compactage a été dissipée par
frottement avec les banches.

Le choix d’un volume élémentaire représentatif et des dimensions des échantillons


fabriqués en laboratoire doit prendre en compte tous ces aspects.
88 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

Fig. 7.2 – Hétérogénéité du matériau pisé.

7.3.1.2 Teneur en eau de fabrication et énergie de compactage


Un paramètre important du matériau terre est la densité sèche. La résistance à la
compression du matériau terre est proportionnelle à sa densité sèche (Olivier [115]). La
Figure 7.3 est un exemple, prise dans Morel et al. [106]. Donc, au niveau mécanique, on
cherche toujours un pisé ayant une densité la plus élevée possible car plus la densité aug-
mente, plus la résistance mécanique du pisé augmente.

Fig. 7.3 – Relation entre la résistance à la compression et la densité sèche présentée dans
Morel et al. [106].

De l’autre côté, la densité sèche du matériau terre en général et du pisé en particulier


dépendent forcément de la teneur en eau de fabrication et de l’énergie de fabrication. Il
est évident qu’une énergie de compactage plus importante donne un pisé plus dense. Par
contre, une teneur en eau de fabrication plus petite ou plus grande que la teneur opti-
7.3. PROBLÈME DE FABRICATION 89

Fig. 7.4 – Influence de la teneur en eau de fabrication à la densité sèche obtenue de


l’échantillon (Montgomery [104]).

male ne donne pas une densité maximale. La Figure 7.4 nous explique le rôle de la teneur
en eau de fabrication dans l’obtention de la densité sèche. Quand la terre est trop sèche
(Figure 7.4a), le frottement entre les grains est important, donc, le compactage n’est pas
optimal. Une augmentation de la teneur en eau de la terre dans ce cas aide à diminuer le
frottement entre les grains (Figure 7.4b), le compactage devient plus facile. La teneur en
eau obtiendra une valeur optimale (Figure 7.4c) quand le compactage est optimal, c’est à
dire donnant une densité sèche maximale pour une énergie de compactage donnée. Quand
on dépasse cette valeur de teneur en eau optimale, le compactage n’est plus optimum car
beaucoup d’eau a rempli les vides, et l’eau n’étant pas compressible, le compactage est
inefficace.

Donc, la densité sèche du pisé dépend en même temps de l’énergie de compactage


et de la teneur en eau de fabrication. La complexité est que la teneur en eau optimale de
fabrication du pisé n’est pas une valeur fixe mais dépend aussi de l’énergie de compactage.
La Figure 7.5 est classique en géotechnique et illustre le changement de la teneur en eau
optimale obtenue par l’essai Proctor avec différentes énergies de compactage. Plus l’énergie
de compactage augmente, plus la teneur en eau optimale diminue.

7.3.1.3 Synthèse
Un échantillon représentatif pour un essai de compression uniaxiale doit satisfaire
en même temps plusieurs critères.

Le premier problème est de déterminer une teneur en eau de fabrication et une éner-
gie de compactage représentatives de celles des pisés sur site. Car les pisés sur site sont
90 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

Fig. 7.5 – Relation entre la densité sèche et la teneur en eau de fabrication.

fabriqués manuellement, l’énergie de compactage dépend des pratiques de chaque piseur,


même s’il utilise une dame pneumatique. Il est ainsi difficile de proposer une méthode
efficace pour déterminer en laboratoire la teneur en eau représentative correspondant à
une énergie de compactage représentative.

Ensuite, la taille des échantillons est aussi un élément à considérer pour fabriquer
des échantillons représentatifs du matériau sur site. Le premier point dont on doit tenir
compte est la granulométrie de la terre. Il faut que les dimensions de l’échantillon soient
suffisantes pour que l’essai soit homogène à l’échelle considérée. Normalement, la taille
de l’échantillon est déterminée suivant la taille des grains : la dimension minimale de
l’échantillon doit être au moins égale à dix fois la taille des gros éléments (Duffaut [48]).
L’autre point est que les dimensions des échantillons influencent l’énergie de compactage
transmise au pisé : l’effet du frottement avec la banche de coffrage ; le nombre de coups
superposés. En plus, le pisé n’est pas un matériau homogène à l’échelle du décimètre. Il se
compose de plusieurs couches et dans chaque couche, un gradient de densité du matériau
est observé. La partie supérieure d’une couche, qui était directement en contact avec la
dame pendant le compactage, est plus dense alors que la partie inférieure, qui n’était pas
touchée par la dame, est moins dense (Figure 7.2). Cette complexité doit être prise en
compte aussi en fabriquant des échantillons représentatifs du pisé. Il faut que sa taille soit
suffisamment grande pour que l’hypothèse de l’homogénéité de l’échantillon à l’échelle
considérée soit acceptable.

Enfin, l’échantillon doit avoir un coefficient d’élancement autour de 2 pour être testé
dans l’essai de compression uniaxiale. L’élancement est un point important qui se com-
prend lorsqu’on examine les conditions de contact presse - éprouvette. Il existe un état de
contrainte non homogène dans les zones en forme de cône (Figure7.6) correspondant à un
frettage de l’échantillon. Le frettage est dû au frottement empêchant le déplacement libre
des extrémités de l’éprouvette, engendré par le contraste de déformabilité entre l’échan-
tillon et les plateaux de la presse. L’échantillon est toujours plus déformable que les aciers
7.3. PROBLÈME DE FABRICATION 91

Fig. 7.6 – Le rôle du frettage dans l’essai de compression simple, suivant Duffaut [48].

avec lesquels il est en contact durant l’essai. Ce frettage augmente artificiellement la résis-
tance à la compression de l’éprouvette. Il convient donc de diminuer les zones d’influence
du frettage en jouant sur l’élancement. Dans le cas d’un coefficient d’élancement de 2,
les cônes sont séparés, la distribution des contraintes au centre de l’échantillon n’est plus
perturbée, l’état de contrainte et de déformation au milieu de l’échantillon est homogène.
Si le coefficient d’élancement est trop élevé (3 par exemple), les cônes sont bien éloignés
mais il y a risque de compression excentrée de l’éprouvette, si les faces ne sont pas rigou-
reusement parallèles.

7.3.2 Etudes bibliographiques


Encore trop peu de recherches scientifiques ont été menées sur le comportement
mécanique du pisé (notamment pisé non-stabilisé) permettant de caractériser ses para-
mètres et son comportement en compression. Il y a seulement quelques recherches qu’on
va regarder ensuite dans cette partie (Hall et Djerbib [69], Maniatidis et Walker [95],
Lilley et Robinson [92], Maniatidis et al. [96], Jaquin et al. [83], Walker et al. [145]) qui
étudient le comportement mécanique du pisé non-stabilisé. Leur méthode de fabrication
d’échantillons sera présentée et analysée.

7.3.2.1 Essai Proctor


La procédure de l’essai Proctor est souvent utilisée en géotechnique routière pour
déterminer la teneur en eau optimale du sol. Il existe deux types différents de cet essai :
l’essai de Proctor Normal et l’essai de Proctor Modifié. Leur utilisation dépend du type
de l’ouvrage.

Dans le cas de l’essai Proctor Modifié, une terre avec la teneur en eau connue est
compactée dans un moule cylindrique d’1 litre (115mm hauteur × 105mm diamètre),
Figure 7.7. La compaction est réalisé en 5 couches d’épaisseur égale par une dame de
4,5kg, tombée 27 fois sur chaque couche à partir d’une hauteur de 450mm. La teneur en
eau optimale correspondant à une énergie de compactage étudiée est déterminée après le
92 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

compactage à plusieurs teneurs en eau différentes, Figure 7.5.

Fig. 7.7 – Moule de l’essai Protor.

7.3.2.2 Teneur en eau optimale : Essai Proctor Modifié ?


L’essai Proctor a plusieurs points communs avec la fabrication du pisé. Le premier
point est le compactage dynamique. Le deuxième est le compactage par couche et donc
il y a aussi un gradient de densité dans chaque couche. Le troisième est le compactage
”demi-confiné” (Figure 7.1 au mileu).

Avec ces points communs, plus sa célébrité dans la détermination de la teneur en


eau dans le domaine géotechnique, l’essai Proctor est souvent proposé et utilisé pour
déterminer la teneur en eau de fabrication du pisé, sans montrer la corrélation entre le
résultat obtenu de l’essai Proctor avec ce qui ce passe sur site (énergie de compactage
par exemple). Pour déterminer la teneur en eau de fabrication optimale d’un pisé fabri-
qué par une dame pneumatique, presque toutes les recherches actuelles utilisent l’essai
Proctor Modifié (Hall et Djerbib [69], Maniatidis et Walker [95], Lilley et Robinson [92],
Maniatidis et al. [96], Walker et al. [145]).

Pourtant, comme cité dans la section 7.3.1.2, la teneur en eau optimale dépend de
l’énergie de compactage. Aucune étude parmi celles présentées au-dessus n’a démontré la
corrélation entre l’énergie de compactage de l’essai Proctor Modifié avec celle du pisé sur
site.

Olivier dans sa thèse [115] a calculé l’énergie de compactage du pisé en 2 cas : com-
pactage par une dame manuelle et par une dame pneumatique.

1. Pisé traditionel : dame manuelle


L’énergie générée par chaque coup de pisoir :
Masse du pisoir : 5 à 8 kg.
Accélération : ' 1, 5g.
Hauteur : h ' 0, 7 à 0,4m.
Energie/ coup : 5 × 1, 5 × 9, 81 × 0, 7 ' 50N.m
Contrainte statique : 0,01 à 0,03 MPa.
D’où l’énergie transmise par le piseur à un élément unitaire de sol : 105kJ/m3 =0,105
KJ/dm3
7.3. PROBLÈME DE FABRICATION 93

2. Pisé moderne : dame pneumatique


Masse du fouloir pneumatique : 18kg.
Hauteur : environ 280mm.
L’énergie transmise par le piseur à un élément unitaire de sol : 1,9 kJ/dm3
Olivier a calculé aussi l’énergie de compactage des essais Proctor Normal et Modifié.
Les résultats sont reportés dans le Tableau 7.1.

Proctor Normal Proctor Modifié


Poids de la dame 2490g 4535g
Diamètre du mouton 51cm 51cm
Nombre de couche 3 5
Nombre de coups par couche 25 25
Poids approximatif d’une couche 650g 400g
Energie apportée à l’éprouvette 0,59 kJ/dm3 2,71 kJ/dm3
Tab. 7.1 – Energie de compactage de l’essai Proctor Normal et l’essai Proctor Modifié,
d’après Olivier [115].

Les résultats calculés par Olivier [115] nous donnent justement des ordres de gran-
deur car les calculs dépendent de l’épaisseur de chaque lit de compactage, du côté physique
du piseur, de l’expérience du piseur, du type de terre, ... qui sont très variés en réalité. Sui-
vant ces valeurs calculées d’Olivier, l’énergie de compactage de l’essai de Proctor Modifié
est beaucoup plus grande que celle de la dame pneumatique. Pourtant, il y a des études
qui trouvent que la densité sèche des pisés fabriqués par la dame pneumatique est un
peu supérieure à celle des échantillons fabriqué par l’essai Proctor Modifié (Walker et al.
[145], Maniatidis et Walker [95], Bui [24]), ce qui signifie que l’énergie de compactage de la
dame pneumatique est un peu supérieure à celle de l’essai Proctor Modifié. Cela confirme
encore une fois la variété de l’énergie de compactage du pisé qui dépend forcément du
piseur. L’énergie du Proctor Modifié n’est donc pas toujours équivalente avec l’énergie de
compactage du pisé.

7.3.3 Prélèvement des échantillons à partir de murs existants


A part la fabrication des échantillons en laboratoire, il subsiste encore une autre
solution pour avoir des échantillons. Il s’agit du prélèvement des échantillons à partir de
murs sur site. Cette méthode est souvent utilisée pour le contrôle de la qualité des ou-
vrages existants. En général, le prélèvement d’échantillons sur site a l’avantage de prendre
de ”vrais” échantillons, c’est à dire ces échantillons peuvent assurer une représentation
effective. De l’autre côté, le prélèvement d’échantillons a aussi des inconvénients. Pre-
mièrement, il nécessite des dispositifs spécifiques pour le prélèvement (en général pour le
béton, c’est un dispositif de carottage). Deuxièmement, l’obtention d’un échantillon intact
n’est pas toujours possible. Enfin, on ne connait pas toujours les paramètres de fabrication
des échantillons prélevés (par exemple dans le cas du pisé, ces paramètres sont la teneur
en eau de fabrication, l’énergie de compactage, ...).

Dans notre cas, devant les difficultés d’obtention des échantillons représentatifs
du pisé par la fabrication en laboratoire, présenté dans la section 7.3.1, le prélèvement
94 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

d’échantillons à partir de murs sur site est essayé. Ces murs peuvent être soit de vrais murs
sur site, soit des murs fabriqués sur site et transportés au laboratoire. Le prélèvement est
réalisé de plusieurs façons : par un carottage, par un découpage avec une tronçonneuse et
après avec une scie circulaire pour mieux tailler des échantillons.

Dans le cas de notre recherche sur la procédure de prélèvement d’échantillon de pisé,


si cette méthode est applicable, elle peut servir aux deux buts. Le premier est de nous
donner des éprouvettes permettant de faire des essais mécaniques donnant des valeurs ”de
référence” à partir desquelles on pourra développer de nouveaux types d’essai qui pourront
faciliter la recherche en laboratoire sur le pisé. Le deuxième est la possibilité de contrôles
de la qualité des maisons existantes.

7.3.3.1 Prélèvement par un carottage


Cette méthode a été utilisée dans l’étude de Gonzalez [62] pour prélever des échan-
tillons à partir des murs en ”pisé” traditionnel en Espagne. Bien que le matériau étudié
de Gonzalez est appelé ”pisé” (”rammed earth”) aussi, le mur sur lequel il a prélevé des
échantillons a été construit au VIIIe siècle et la composition de ce matériau ne ressemble
pas à celle des pisés actuels. Un tiers de ce matériau est de la chaux et donc moins sensible
à l’eau et plus résistant mécaniquement. Donc, le prélèvement par carottage dans l’étude
de Gonzalez a été pertinent.

Dans notre étude, un prélèvement par carottage a été aussi essayé sur un pisé non
stabilisé, Figure 7.8. Pendant le prélèvement, de l’eau n’a pas été utilisée. L’échantillon a
été coupé dans le tube de l’appareil. On n’a pas pu ensuite sortir l’échantillon du tube. Il
a fallu utiliser de l’eau pour le faire, ce qui a bien abı̂mé l’échantillon de pisé non stabilisé.
Donc, cette technique ne fonctionne pas sur le pisé non stabilisé.

Fig. 7.8 – Prélèvement d’un échantillon de pisé par carottage.

7.3.3.2 Découpage d’un mur par tronçonneuse


Avec l’impossibilité d’appliquer la méthode de carottage, la découpe des échantillons
par une tronçonneuse a été considérée. Cette méthode a été essayée avec deux types de
7.3. PROBLÈME DE FABRICATION 95

murets : des murets du CSTB (présenté dans le chapitre 6) et des murs fabriqués sur
chantier puis ensuite transportés en laboratoire.

L’intérêt initial du prélèvement d’échantillons des murs du CSTB est d’observer la


résistance à la compression de ces murs après 20 ans d’exposition aux conditions natu-
relles. Si cette technique est applicable, on pourra ensuite fabriquer des échantillons neufs
avec la terre récupérée des murs pour comparer les résultats sur des échantillons neufs.

Dans le cas des murets fabriqués sur site et transportés au laboratoire, l’intérêt
est d’assurer les mêmes conditions sur site : la teneur en eau de fabrication, l’énergie de
compactage, les dimensions de l’échantillon, ... Ils sont ensuite transportés au laboratoire.
Le découpage par tronçonneuse est réalisé aux dimensions de l’échantillon dans l’essai de
compression uniaxiale. Le muret a été fabriqué avec des dimensions de (50×100×100)cm3
pour assurer une représentation de l’énergie de compactage des murs sur site (expliqué
dans la section 7.3.1). Ensuite, pour assurer un coefficient d’élancement de 2 de l’échan-
tillon dans l’essai de compression uniaxiale, le muret doit être découpé et une tronçonneuse
a été utilisée pour le faire.

La tronçonneuse utilisée est celle qui sert en général à découper du béton et des
pierres (Figures 7.9 et 7.10). La longueur de sa lame est de 30cm, donc, il faut découper
l’épaisseur totale du muret (40 cm dans le cas des murets du CSTB et 50 cm dans le cas
des murets fabriqués sur site) en 2 fois.

Fig. 7.9 – Découpage d’un muret du CSTB par la tronçonneuse.

Les inconvénients de cette méthode de prélèvement d’échantillon (découpage par une


tronçonneuse) sont la génération de vibrations et l’utilisation de l’eau, ce qui peut faire
diminuer la résistance mécanique des échantillons, notamment en raison du délitement
des couches de terre.

Des échantillons obtenus sont ensuite ”retaillés” par une scie de table (présentée dans
la section suivante).
96 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

Fig. 7.10 – Découpage par la tronçonneuse d’un muret fabriqué sur site et transporté au
laboratoire.

7.3.3.3 Découpage avec une scie de table


Le découpage avec la scie de table a été réalisé sans utiliser de l’eau. Des cailloux sont
bien coupés et la surface de découpage est assez nette, Figure 7.11. Pourtant, à cause des
vibrations pendant le découpage, des caractéristiques mécaniques de l’échantillon peuvent
être modifiées. Un autre inconvénient de cette technique est la hauteur de la lame qui est
limitée (environs 22 cm) par rapport aux dimensions souhaitées de l’échantillon. Donc,
cette technique n’est applicable que sur des échantillons d’environ 20cm de largeur. Cet
inconvénient demande que la tronçonneuse donne des échantillons plus petits (maximum
22 cm de largeur), ce qui n’est pas favorable du fait des inconvénients de la tronçonneuse
abordés au-dessus.

Fig. 7.11 – Un échantillon de pisé découpé par une scie de table.

7.3.3.4 Bilan des méthodes de prélèvement


Le prélèvement est réalisé pour éviter les difficultés de fabrication des échantillons
de pisé en laboratoire, en espérant obtenir des échantillons représentatifs du pisé sur site.
7.3. PROBLÈME DE FABRICATION 97

Pourtant, ces méthodes ont rencontré beaucoup de difficultés sur un matériau comme
le pisé. La méthode de carottage n’est pas utilisable sur le pisé non-stabilisé du fait de
l’utilisation obligatoire de l’eau pour sortir l’échantillon du tube.

Dans le cas de l’utilisation d’une scie de table, le découpage est assez net mais l’incon-
vénient de cette méthode est qu’on doit adapter la taille de la scie aux échantillons. Donc,
cette technique n’a pu être appliquée que sur des échantillons de 20 cm (dans notre cas,
ne disposant pas de scie plus grande). Pourtant, avec un matériau hétérogène à l’échelle
de quelques centimètre comme le pisé, des échantillons de dimensions plus de 30 cm sont
préférables pour assurer une représentation fidèle des échantillons avec le matériau réel.

Pour la méthode utilisant la tronçonneuse, l’inconvénient de la limitation de la hau-


teur de la scie de table est supprimée. Par contre, des inconvénients de cette méthode sont
la génération de vibrations et l’utilisation de l’eau pendant le découpage, qui peuvent faire
diminuer la résistance mécanique des échantillons, notamment en raison du délitement des
couches de terre. Le résultat des essais de compression uniaxiale réalisés sur des échan-
tillons prélevé est présenté dans l’Annexe B et Bui et al. [25].

Eu regard des inconvénients de ces méthodes de prélèvement d’échantillon, leur


application sur le pisé non-stabilisé n’est pas souhaitable car des caractéristiques des
échantillons peuvent être changées par rapport au matériau initial. Donc, la mise au point
de la fabrication des échantillons représentatifs en laboratoire devient inévitable. Ensuite,
un développement de nouvelles méthodes pour remplacer des tests de compression sur des
échantillons de pisé est important pour faciliter la recherche en laboratoire ainsi que le
contrôle des maisons sur site.
98 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

7.4 Mise au point de la procédure expérimentale


7.4.1 Etude bibliographique
Il y a quelques recherches qui étudient le comportement mécanique du pisé (Hall
et Djerbib [69], Maniatidis et Walker [95], Lilley et Robinson [92], Maniatidis et al. [96],
Jaquin et al. [83], Bullen et Boyce [31]). Les résultats de ces études sont présentés dans
le Tableau 7.2. Elles n’ont pas traı̂té des difficultés de la fabrication des échantillons re-
présentatifs du pisé, abordées dans la section 7.3.1. Premièrement, dans ces études, les
auteurs ont utilisé l’essai de Proctor Modifié pour déterminer la teneur en eau optimale
de fabrication en laboratoire, sans montrer la corrélation entre l’énergie de compactage
de ce type d’essai avec celle du pisé sur site. Deuxièmement, des échantillons étudiés dans
la plupart de ces études ([69], [92],[96], [31]), sont simplement de petits échantillons fa-
briqués en laboratoire et ils sont donc peu représentatifs. Dans l’étude de Jaquin et al.
[83], la densité n’a pas été présentée ce qui ne permet pas de la comparer avec d’autres
études. En plus, il faut noter que des échantillons avec un élancement faible (le cas des
études [69], [92], [83]) ne donnent pas des résultats pertinents. C’est la raison pour la-
quelle dans les études de Hall et Djerbib [69], Bullen et Boyce [31], ils ont utilisé des
coefficients de correction (0,7 dans [69] et 0,62 dans [31]) pour des résultats de la résis-
tance à la compression. La pertinence de ce type de coefficient a été discutée dans Morel
et al. [106] pour le cas des BTC. Ce qui manque dans toutes ces études est la réalisation
d’une liaison des résultats obtenus en laboratoire avec ceux des pisés sur site. Donc, la
fiabilité des résultats obtenus en laboratoire reste encore une question à laquelle répondre.

Etude d (kg/m3 ) Rc (MPa) Etangent Dimensions des Elan-


(MPa) échantillons (cm) cement
Hall[69] 2020-2160 0,75-1,46* non mesuré Cubes 10 1
Lilley[92] 1870-2170 1,8-2,0 non mesuré Cubes 15 1
Maniatidis[96] 1850 3,88 205 d=10, h=20 2
Jaquin[83] non présenté 0,6-0,7 60 ≈ 100 × 100 × 30 ≈1
Bullen[31] 2000 0,89* non mesuré Cubes 10 1
Maniatidis[95] 1850 2,46 160 d=10, h=20 2
- non présenté 1,9 non présenté d=30, h=60 2
- 1763 0,62 60 30 × 30 × 60 2
- 1971 0,84 65 30 × 30 × 60 2
- 2027 0,97 70 30 × 30 × 60 2

Tab. 7.2 – Résultat de différentes études existantes. * Valeur corrigée du fait de l’élance-
ment très faible.

Maniatidis et Walker (2008) [95] ont vu les limites des études citées ci-dessus. Ils
ont en effet comparé les résultats obtenus à partir de différents types d’échantillon : des
cylindres de 10 cm de diamètre et 20 cm de hauteur ; des cylindres de 30 cm de diamètre
et 60 cm de hauteur ; des prismes de (30 × 30 × 60)cm3 qui représentent des murs en pisé
d’Angleterre où leur épaisseur courante est de 30 cm. Ces résultats ont montré que des
petits échantillons et des cylindres de 30cm de diamètre ne donnent pas les mêmes valeurs
que celles des prismes qui sont représentatifs des murs sur site (Tableau 7.2). Ce résultat
7.4. MISE AU POINT DE LA PROCÉDURE EXPÉRIMENTALE 99

montre encore une fois l’effet de la taille de l’échantillon, l’effet du bord au contact avec
le coffrage, ... dont on a déjà parlé dans la section précédente.

Les résultats de l’étude de Maniatidis et Walker [95] seront abordés encore et com-
parés avec des résultats obtenus de notre étude, à la fin de cette partie.

Dans toutes les études existantes présentées ci-dessus, aucune étude n’a étudié pré-
cisement le comportement du pisé en compression. Toutes ces études n’ont cherché que la
résistance à la compression et le module tangent alors la question existe-il un comporte-
ment élastique-linéaire du matériau pisé ? reste encore sans réponse.

7.4.2 Procédure adoptée


Le but est d’étudier le comportement mécanique du pisé par des essais en laboratoire
et d’établir la corrélation de ces tests en laboratoire avec des résultats sur site, puis de
proposer une méthode équivalente qui facilite la procédure de tests en laboratoire. Ainsi
cette étude présente des approches à trois échelles différentes, Figure 7.12.

(c) zoom

(d) 3ème échelle: BTC

(a) 1ère échelle : mur de la maison (b) 2ème échelle: VER

Fig. 7.12 – Trois échelles de l’étude.

La première est sur l’échelle des murs sur site. Des mesures dynamiques ont été
réalisées sur site pour déterminer des fréquences propres des murs. Le module d’élasticité
est déterminé à partir des fréquences propres mesurées en utilisant une modélisation par
éléments finis.
100 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

Une maison en pisé en cours de construction, se situant près de la ville de Thiers


(France), a été choisie comme l’objet de l’étude, Figures 7.13 et 7.14. On remarquera qu’il
s’agit d’architecture moderne mais que le matériau est assez proche de l’ancien. La courbe
de granulométrie du matériau est présentée dans la Figure 7.15. Les coffrages métalliques
et une dame pneumatique ont été utilisés. Les murs en pisé de 2,3m de hauteur sont
construits sur 0,3m de soubassements en béton, pavé par des pierres. Les avantages d’une
maison en cours de construction sont : Premièrement, nous pouvons réaliser des mesures
sur des murs en pisé seuls, ils n’ont pas encore des toitures et d’autres liaisons structu-
rales, donc, les résultats obtenus peuvent nous aider à déterminer le module d’élasticité
du pisé lui-même, sans être influencé par d’autres matériaux. Deuxièmement, des murs
en cours de construction ne sont pas encore totalement secs, nous pouvons donc regarder
le changement de leurs caractéristiques suivant le temps, notamment la diminution de la
teneur en eau, en réalisant plusieurs mesures à des moments différents.

Fig. 7.13 – La maison en cours de construction, lors de la date des premières mesures.

La deuxième approche est sur l’échelle d’un volume élémentaire représentatif (VER),
Figure 7.12(b). Des échantillons ont été fabriqués par le même artisan fabricant des pisés
sur site. Les dimensions des échantillons étaient proches des celles des murs sur site. La
terre est aussi prélevée sur site et transportée au laboratoire. Des échantillons peuvent
donc assurer une représentation du matériau des murs sur site. Le module d’élasticité et
la résistance à la compression des échantillons étaient déterminés par des essais de com-
pression simple en laboratoire.

Finalement, en ce qui concerne la dernière approche, sur l’échelle microscopique, des


essais sont réalisés sur des blocs de terre comprimée (BTC) équivalents , Figure 7.12(d),
qui peuvent remplacer les échantillons en pisé pour faciliter la procédure des tests en
laboratoire. Une procédure d’homogénéisation est mise en place pour trouver la relation
entre la résistance à la compression et le module d’élasticité des BTC et des VER.
7.4. MISE AU POINT DE LA PROCÉDURE EXPÉRIMENTALE 101

Fig. 7.14 – Plan des murs en pisé de la maison et position, dimensions des murs mesurés
(N˚1, 2 et 3) ; Les dimensions sont en cm.

100%

90%

80%

70%

60%
passant

50%

40%

30%

20%

10%

0%
0,0001 0,001 0,01 0,1 1 10
diamètre (mm)

Fig. 7.15 – Courbe granulométrique de la terre utilisée.


102 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

7.5 Mesures à l’échelle des échantillons fabriqués en


laboratoire
Nous commençons par la deuxième échelle (Figure 7.12b) car cette approche est
classique et la plus couramment utilisée.

7.5.1 Fabrication des échantillons en laboratoire


La fabrication des échantillons en laboratoire doit assurer une représentation fidèle
du matériau des murs sur site. La terre a été prise du chantier de la construction de la
maison mesurée présentée au-dessus. L’artisan qui fabrique les échantillons au laboratoire
est aussi celui qui a construit cette maison-là. Ses matériels (coffrages métalliques, pisoir
pneumatique) sont aussi les mêmes qu’au chantier. Enfin, la teneur en eau de fabrication
est la même en laboratoire que celle du site. Toutes ces conditions similaires assurent une
même énergie de compactage, et donc, une même densité. L’énergie de compactage obte-
nue par le pisé est influencée par les dimensions des échantillons, donc, les dimensions des
échantillons sont similaires aussi avec celles des murs sur site : 3 échantillons de dimen-
sions (40 × 40 × 64)cm3 (Figure 7.12 et Figure 7.16) ont été fabriqués. Nous n’avons pas
fabriqué des échantillons ayant 50cm d’épaisseur comme le cas des murs sur site du fait de
l’impossibilité de les poser ensuite sur la presse dans l’essai de compression. L’élancement
de 1,6 des échantillons peut déjà limiter le phénomène de frettage entre l’échantillon et
les plateaux de la presse.

La teneur en eau de fabrication de la terre était de 10%. L’échantillon a été fabriqué


sur un fond en acier très rigide pour faciliter le transport de l’échantillon après la fabri-
cation. Un surfaçage a été fait aussi par mortier de ciment pour donner une surface plus
plane, mais sans pour autant obtenir une surface parfaitement plane.

7.5.2 Mesure de la densité sèche


Les échantillons sont pesés avant le test. Pour peser les échantillons prismatiques de
plus de 200kg, une balance électronique était utilisée qui accroche le fond métallique de
l’échantillon par des sangles et soulève le fond et l’échantillon en donnant le poids total
(Figure 7.17). Le poids de l’échantillon seul est la soustraction des éléments complémen-
taires (la base en acier, des sangles, ...) du poids total. La densité sèche est obtenue par
soustraction de la teneur en eau. La teneur en eau est calculée à partir des morceaux
prélevés après l’essai. Afin de tenir en compte de l’hétérogénéité possible de la teneur
en eau de l’échtillon (par exemple, plus petite à la surface et plus grande dans le corps
de l’échantillon), trois morceaux aux trois lieux différents de l’échantillon sont pris et la
moyenne de la teneur en eau de ces trois morceaux est utilisée (Tableau 7.3).

La densité sèche moyenne obtenue est de 1, 90 (Tableau 7.3). Les densités sèches
données par d’autres études (comme [69], [92], [96]) ne sont que la densité de petits échan-
tillons fabriqués dans des moules et aucune preuve ne montre qu’ils sont représentatifs du
pisé sur site. La fabrication des échantillons en cube de 10cm proposée par Hall et Djerbib
[69] ont obtenu des densités sèches de 2,02 à 2,16. La différence vient d’une part de la
différence de la terre utilisée, mais d’autre part peut-être de ce que les petits échantillons,
comme nous l’avons déjà dit, ne sont pas représentatifs des murs en pisé. L’épaisseur de
7.5. ECHANTILLONS FABRIQUÉS EN LABORATOIRE 103

Fig. 7.16 – Un échantillon de (40 × 40 × 64)cm3 fabriqué en laboratoire, surfaçé par un


mortier de ciment.

chaque couche de terre est plus faible, la terre est donc plus compactée et elle est donc
plus dense. Notons que ce n’est pas le cas du pisé en réalité où nous trouvons toujours
un gradient de densité dans chaque couche de terre. Avec la même raison, les éprouvettes
cylindriques que nous fabriquons en laboratoire n’assurent pas une bonne représentativité
des pisés sur site, comme on le verra dans la section 7.55.

Echantillon ds ds (moyenne) wtest (%)


Thiers1 1,90 4,4 ± 0,7
Thiers2 1,90 1,90 ± 0,01 2,5 ± 0,1
Thiers3 1,89 2,8 ± 0,2

Tab. 7.3 – Densité sèche et teneur en eau au moment du test des échantillons de Thiers1,
Thiers2 et Thiers3.

7.5.3 Essai de compression uniaxiale perpendiculaire aux lits


7.5.3.1 Surfaçage
Un surfaçage est nécessaire pour assurer une répartition homogène de la force de la
presse en tous points de l’échantillon, ceci afin d’obtenir des tenseurs de σ et ε constant
(essai homogène).

Le surfaçage est réalisé par un mortier de ciment. Le mortier est appliqué par une
truelle et une taloche. Après l’application du mortier, pour assurer un surfaçage plan, une
plaque en acier (environ 30 kg) est posée au-dessus de la couche du mortier. La planéité
104 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

Balance électronique

Sangles

Echantillon (0,4 x 0,4 x 0,64)m3

Fig. 7.17 – Pesé d’un échantillon de (40 × 40 × 64)cm3 .

de la plaque est vérifiée par un niveau. La plaque est laissée jusqu’à ce que le mortier se
durcisse.

7.5.3.2 Déroulement de l’essai de compression uniaxiale

L’échantillon (plus le fond en acier) est transporté par un chariot élévateur (Figure
7.18 à gauche) et posé directement sur le plateau inférieur de la presse (Figure 7.18 à
droite). Le contact entre la plaque en acier mise au-dessus de l’échantillon et le plateau
supérieur de la presse est rotulé. Avec un élancement de 1,6 de l’échantillon, l’effet de fret-
tage ne joue pas un rôle important car il y a une partie homogène au milieu de l’échantillon.
Le test est piloté en déplacement. La vitesse de chargement est de 0,01mm/s. Nous avons
réalisé des cycles de charge/décharge à des niveaux différents, correspondant respective-
ment aux niveaux de contrainte dans l’échantillon de 0,06MPa ; 0,12MPa ; 0,22MPa (des
échantillons Thiers1, 2, 3) et 0,4 MPa (seulement l’échantillon Thiers3), Figure 7.19. Le
but de plusieurs niveaux de charge est de vérifier s’il y a des changements de module
suivant les différents niveaux de charge. A chaque niveau de charge choisi, 3 petites cycles
de décharge-recharge sont réalisés (Figure 7.19 à droite). Le premier niveau de précharge
correspond à une contrainte au pied du mur de la maison sur site due au poids propre du
mur (≈ 0, 06M P a). Les cycles sont réalisés dans un petit intervalle de contrainte (environ
0,03 MPa), notre but étant de vérifier s’il existe un comportement élastique-linéaire du
matériau en petite déformation pour comparer avec des résultats obtenus dans la troi-
sième approche (sur échelle de structure, Figure 7.12a).

La Figure 7.19 à gauche présente une courbe de contrainte-déformation type. Les 2


surfaces inférieures et supérieures des échantillons ne sont pas parfaitement planes, d’où la
non linéarité du début des courbes car les plateaux de la presse écrasent les petits éléments
émergeant des surfaces malgré le surfaçage. Dans le temps suivant, la relation contrainte-
7.5. ECHANTILLONS FABRIQUÉS EN LABORATOIRE 105

Fig. 7.18 – Transport d’un échantillon de (40 × 40 × 64)cm3 par un chariot élévateur (à
gauche) et l’essai de compression uniaxiale (à droite).

déformation devient linéaire. Appelons Etangent le module déterminé dans cette partie
linéaire de la courbe, qui est conventionnellement utilisé comme le module d’élasticité des
matériaux des études actuelles. Ce module Etangent est la pente de la ligne tangente avec
la courbe de contrainte-déformation. La Figure 7.20 présente un exemple de la convention
de l’ASTM [11] qui détermine le module d’élasticité des matériaux isolant thermique par
essai de compression simple.

La partie élastique du matériau au début de l’essai n’a pas été trouvée, la précision
de nos mesures ne le permettant pas. Par contre, après et en deçà de chaque précharge
σprecharge , respectivement de 0,06 ; 0,12 ; 0,22 et 0,4 MPa, le comportement du matériau
devient élastique-linéaire dans les cycles de décharge-recharge, ce qui ressemble au phé-
nomène d’écrouissage (Figures 7.19 à droite). Lors de la recharge, on mesure le module
élastique Er . Appelons E1 , E2 , E3 , E4 les modules de recharge correspondant aux pré-
charges de 0,06 ; 0,12 ; 0,22 et 0,4 MPa, respectivement. Ensuite, nous remarquons qu’il y a
un changement de module suivant chaque niveau de précharge effectué. Plus la précharge
augmente, plus le module obtenu augmente, Figure 7.21, (l’échantillon a été ”consolidé”,
des microfissures sont ”fermées”). Dans la Figure 7.21, nous admettons l’hypothèse que
les modules d’élasticité correspondant au niveau de précharge nulle (précharge = 0) sont
les modules tangents (E0 = Etan ).

Les Figures 7.21 et 7.22 permettent d’apprécier la répétabilité des essais réalisés.

7.5.4 Essai de compression uniaxiale parallèle aux lits


L’essai de compression uniaxiale dans la direction parallèle aux lits sert à déterminer
la résistance à la compression et le module d’élasticité dans cette direction. Des essais dans
106 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
0,9

0,8
0,28
0,7
contrainte (MPa)

0,26
0,6

compressive stress (MPa)


E_tangent = 95MPa 0,24
0,5

0,22
0,4

0,2
0,3

E3=338MPa 0,18 E3 = 338MPa


0,2

E2=258MPa 0,16
0,1
E1=180MPa
0 0,14
0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012 0,014 0,0022 0,0027 0,0032
déformation verticale vertical strain

Fig. 7.19 – La courbe de contrainte-déformation de l’échantillon Thiers1 de (40 × 40 ×


64)cm3 (à gauche) et un zoom des cycles au troisième niveau de charge (à droit).

cette direction peuvent donner les premières connaissances de ce matériau pisé dans cette
direction. La résistance à la compression dans cette direction pourrait servir dans les
études du comportement des murs en pisé pendant les tremblements de terre. Ensuite,
la détermination des modules d’élasticité dans cette direction pourra aider à comprendre
la complexité du matériau : quelle est la différence avec des modules d’élasticité dans
la direction perpendiculaire aux lits ? L’hypothèse approximative d’un matériau isotrope
est-elle acceptable ?

7.5.4.1 Echantillons
Des échantillons sont fabriqués sur le même principe que les échantillons testés dans
le sens perpendiculaire aux lits. La différence est que ces échantillons se composent seule-
ment de 3 lits. Les dimensions des échantillons sont 40cm × 40cm et environ 20cm de

Fig. 7.20 – Détermination du module d’élasticité suivant la proposition de l’ASTM [11].


7.5. ECHANTILLONS FABRIQUÉS EN LABORATOIRE 107

450

400

350

300
E (MPa)

250

200

150 Thiers1
Thiers2
100
Thiers3
50

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)
Fig. 7.21 – Synthèse des modules verticaux des 3 échantillons du pisé. Admettons : E0 =
Etangent .

hauteur. Le dernier lit est bien soigné pendant le compactage pour obtenir une surface
aussi plane que possible. Puisque l’échantillon est testé dans le sens parallèle aux lits, le
surfaçage n’est pas nécessaire car deux surfaces qui étaient au contact avec des coffrages
sont suffisamment planes.

Pour obtenir un coefficient d’élancement de 2, les échantillons sont ensuite découpés


par une scie de table. La Figure 7.23 - à gauche présente un échantillon obtenu après le
découpage. Nous avons fabriqué deux échantillons de (40 × 40 × 20)cm3 qui nous donnent
4 échantillons de (20×20×40)cm3 pour tester dans le sens parallèle aux lits. Nous n’avons
testé que trois échantillons et nous les appellerons ”Echan1”, ”Echan2” et ”Echan3”.

7.5.4.2 Essai de compression uniaxiale


Les conditions similaires aux essais de compression uniaxiale précédents sont re-
mises en place : la même presse hydraulique INSTRON, la même vitesse de chargement
(0,01mm/s), aucun système d’anti-frettage n’est utilisé, Figure 7.23 à droite. Avec un
coefficient d’élancement de 2 de l’échantillon, l’effet de frettage peut être négligé. Le cap-
teur de force est de 50kN dans ce cas. Des cycles de décharge-recharge sont aussi réalisés
respectivement aux quatre niveaux de contrainte : 0,06 MPa ; 0,12 MPa ; 0,22 MPa et 0,4
MPa. La différence est qu’on réalise des cycles de décharge-recharge plus grands dans ce
cas : le chemin de décharge descend jusqu’à presque 0 MPa (Figure 7.24). La raison est
qu’après avoir obtenu un comportement élastique-linéaire dans les petits cycles (le cas des
échantillons testés dans le sens perpendiculaire aux lits), on veut essayer de regarder le
comportement dans les grands cycles.

Dans le test, la première fissure apparaı̂t assez tôt due à un délitement de la dernière
couche de la fabrication (Figure 7.25 à gauche), qui correspond à la première chute de
108 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

0,9

0,8

compressive stress (MPa)


0,7

0,6

0,5

Thiers1
0,4
Thiers2
0,3 Thiers3

0,2

0,1

0
0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012 0,014 0,016
strain

Fig. 7.22 – Répétabilité des courbes contrainte-déformation des trois échantillons Thiers1,
Thiers2 et Thiers3, testés dans le sens perpendiculaire aux lits.

contrainte dans la Figure 7.24 en haut, après les premiers cycles de charge-décharge. Ce
phénomène est souvent observé en pratique : le dernier lit a une qualité moins bonne que
les autres lits. La raison vient peut-être du confinement des autres lits et d’une énergie de
compactage supérieure des avant-derniers lits. La troisième fissure (se situe à droite de la
Figure 7.25b) est verticale correspondant à l’extention maximale du matériau.

Le phénomène du délitement des premiers lits est aussi souvent observé dans la
science des matériaux composites où le nombre de lits est important (Bolotin et al [19]).

7.5.4.3 Résultats

Comme dans le cas des échantillons testés dans le sens vertical, on retrouve ici un
changement du module d’élasticité après et en deçà de la précharge (Figure 7.24 en haut).
Dans les deux premiers cycles de décharge-recharge, le comportement de l’échantillon
est élastique-linéraire, Ed = Er (Ed et Er correspondent aux modules de décharge et
recharge), par contre ce n’est pas le cas dans les troisième et quatrième cycles en plus
grande déformation. Alors que le chemin de recharge est linéaire, le chemin de décharge
l’est moins, on a donc dans ces deux cas Ed 6= Er (Figure 7.24 en bas).

Pour comparer le résultat des modules obtenus ici avec ceux des échantillons testés
dans le sens vertical, on utilisera la moyenne des modules Ed et Er dans chaque cycle, cor-
respondant aux positions des petits cycles dans le cas des échantillons prismatiques testés
perpendiculairement aux lits. La synthèse des modules obtenus à partir des essais de com-
pression uniaxiale dans le sens parallèle aux lits, sur des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3
7.5. ECHANTILLONS FABRIQUÉS EN LABORATOIRE 109

Fig. 7.23 – A gauche : l’échantillons de (20×20×40)cm3 , découpé à partir d’un échantillon


de (20 × 40 × 40)cm3 . A doite : l’essai de compression uniaxiale dans le sens parallèle aux
lits, sur des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3 .

est présentée dans la Figure 7.26, où on peut apprécier la répétabilité des résultats.

Des modules Ed et Er seront encore utilisés dans la prochaine section pour comparer
avec les résultats obtenus de la troisième échelle (échelle microscopique - celle des BTC).

7.5.5 Comparaison des modules dans les deux directions per-


pendiculaires
La comparaison des modules obtenus à partir des essais de compression uniaxiale
dans le sens perpendiculaire aux lits sur des échantillons de (40 × 40 × 64)cm3 , et des
modules obtenus à partir des essais de compression uniaxiale dans le sens parallèle aux
lits sur des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3 , est présentée dans la Figure 7.27.

On voit qu’avec de faibles niveaux de précharge, les modules dans le sens parallèle
aux lits sont supérieurs à ceux perpendiculaire aux lits (environs 10%). D’abord, cette
différence vient peut-être du surfaçage des échantillons testés dans le sens perpendiculaire
aux lits qui est moins bon que celui dans le sens horizontal aux lits. Ensuite, la différence
vient peut-être aussi de la fermerture des microfissures dans le premier temps des essais,
qui est souvent plus importante dans le sens perpendiculaire aux lits (sens du compactage)
que dans le sens parallèle aux lits.

Pourtant, au niveau de l’ordre de grandeur, on trouve qu’il n’y a pas de différences


importantes des modules d’élasticité dans les deux sens du matériau pisé. Cette remarque
est intéressante et elle permet d’initier l’hypothèses d’un matériau isotrope pour le pisé.
110 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

0,9

0,8

0,7
contrainte (MPa)

0,6
premier
0,5 deuxième délitement
délitement
0,4

0,3

0,2

0,1

0
0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012 0,014 0,016
déformation verticale

0,35

0,3

Erecharge
contrainte (Mpa)

0,25

0,2

0,15

Edécharge
0,1
0,002 0,0022 0,0024 0,0026 0,0028 0,003 0,0032
déformation verticale

Fig. 7.24 – Courbe contrainte-déformation de l’essai de compression uniaxiale dans le sens


parallèle aux lits, sur l’échantillon de (20 × 20 × 40)cm3 . En bas : un zoom au troisième
niveau de précharge.
7.5. ECHANTILLONS FABRIQUÉS EN LABORATOIRE 111

Fig. 7.25 – Fissures dans l’essai de compression uniaxiale dans le sens parallèle aux lits.
(a) à gauche : la première fissure qui apparaı̂t assez tôt pendant l’essai se situe entre le
deuxième et le troisième (dernier) lit. (b) à droite : la deuxième fissure qui apparaı̂t vers
la fin de l’essai se situe entre le premier et le deuxième lit.

500

450

400

350

300
Er (MPa)

250

200 Echan1

150 Echan2

100 Echan3

50

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)

Fig. 7.26 – Synthèse des modules obtenus des essais de compression parallèle aux lits, sur
des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3 . Admettons : E0 = Etangent .
112 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

500

450

400

350

300
E (MPa)

250

200

150 Perpendiculaire aux lits

100 Parallèle aux lits

50

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)

Fig. 7.27 – Comparaison des modules dans le sens perpendiculaire aux lits sur des échan-
tillons de (40 × 40 × 64)cm3 et parallèle aux lits, sur des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3 .

Rc (MPa) Echan1 Echan2 Echan3 Moyenne Ecart type


Perpendiculaire aux lits 0,87 0,82 0,83 0,84 0,03
Parallèle aux lits 0,91 0,95 0,89 0,92 0,03

Tab. 7.4 – Résultat des résistances à la compression (MPa) obtenues à partir des essais
sur les échantillons prismatiques.

La fiabilité de cette hypothèse sera vérifiée dans la section 7.7 de ce chapitre.

La différence des modules dans les deux directions sera observée plus en détail en
étudiant l’échelle microscopique du matériau dans la section § 7.6.

7.5.6 Résistance à la compression


Le résultat des résistances à la compression du pisé dans les sens perpendiculaire et
parallèle aux lits, obtenues à partir des essais de compression uniaxiale sur les échantillons
prismatiques, sont présentées dans le Tableau 7.4.

On trouve que les résistances à la compression obtenues dans les deux sens per-
pendiculaire et parallèle aux lits ne sont pas très différentes (environs 0,85 MPa pour le
premier cas et environs 0,90 MPa pour le deuxième). Pourtant, ce qui est étonnant est
que la résistance obtenue dans le sens parallèle aux lits est un peu plus élevée que celle
dans le sens vertical, bien que le délitement des couches ait lieu dans les tests dans le
7.5. ECHANTILLONS FABRIQUÉS EN LABORATOIRE 113

Erupture (MPa) Echan1 Echan1 Echan1 Moyenne Ecart type


Perpendiculaire aux lits 70 82 71 74 7
Parallèle aux lits 69 76 71 72 4

Tab. 7.5 – Résultat du module de rupture à la compression obtenu à partir des essais sur
les échantillons prismatiques.

Etude ds Rc (MPa) Etangent Dimensions des Elan-


(MPa) échantillons (cm) cement
Présente étude 1,90 0,84 100 40 × 40 × 64 1,6
Maniatidis[95] non présenté 1,90 non présenté d=30, h=60 2
1,76 0,62 60 30 × 30 × 60 2
1,97 0,84 65 30 × 30 × 60 2
2,03 0,97 70 30 × 30 × 60 2

Tab. 7.6 – Comparaison de la résistance à la compression et du module tangent dans le


sens perpendiculaire aux lits entre des études différentes.

sens parallèle aux lits. La résistance plus élevée dans ce cas vient d’abord d’une meilleure
surface de contact avec des plateaux de la presse. Les autres raisons de cette différence
de résistance à la compression seront vues plus clairement quand on aura étudié l’échelle
microscopique dans la section 7.6.

7.5.7 Module de rupture


Le comportement en compression du matériau terre en général et du pisé en parti-
culier n’est pas tout à fait élastique linéaire. Dans plusieurs cas, on utilise le module de
rupture plutôt que le module d’élasticité (par exemple Bruce [22]). Le module de rupture
est calculé par le rapport de la contrainte maximale et de la déformation correspondant à
cette contrainte. Le module de rupture de cette étude est présenté dans le Tableau 7.5. Le
module de rupture n’est pas différent dans les deux sens de test et vaut environ 70 MPa.

7.5.8 Comparaison avec des études existantes


Dans toutes les recherches existantes, à notre connaissance, les auteurs n’ont étudié
le comportement en compression du pisé que par des essais de compression simple dans le
sens perpendiculaire aux lits. Aucune recherche n’a traité le comportement du matériau
pisé dans le sens parallèle aux lits ou la variation du module d’élasticité suivant le niveau
de précharge. Donc, on va essayer de comparer ici seulement les résultats sur la résistance
à la compression et le module tangent dans le sens perpendiculaire aux lits avec la seule
étude existante sur des échantillons représentatifs (Maniatidis et Walker [95]), Tableau
7.6. On trouve alors que les résultats de cette étude ne diffèrent pas beaucoup des notres.

7.5.9 Bilan
Les essais dans le sens horizontal ne sont pas vraiment homogènes car le délitement
des lits se passe assez tôt pendant l’essai (notamment la première fissure du dernier lit) ce
114 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

qui fait que l’échantillon n’est plus un milieu continu. Cependant, ces délitements semblent
ne pas changer nettement la capacité mécanique de l’échantillon car chaque lit continue
à supporter la charge tout seul. Ce qui est influencé le plus clairement est la déforma-
tion latérale, qui n’est pas mesurée dans nos tests. Il est possible que ce changement de
la déformation latérale change le résultat de la déformation axiale, alors que ce dernier
influence le résultat des modules. La vérification du fait que ce changement est important
ou non sera vérifiée dans la prochaine section de ce chapitre.

Les résultats obtenus dans les deux directions de test ne sont pas très différents (les
modules d’élasticité, la résistance à la compression, le module de rupture), ce qui permet
une acceptabilité des hypothèses d’un matériau isotrope pour le pisé. La fiabilité de cette
hypothèse sera vérifiée plus tard dans ce chapitre.
7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 115

7.6 Echelle microscopique - des BTC


7.6.1 Stratégie de cette approche
En regardant la surface d’un pisé, l’hétérogénéité de ce matériau apparaı̂t facile-
ment. L’hétérogénéité vient non seulement de l’empilement de couches différentes (lits)
mais existe aussi au sein de chaque lit. Dans chaque lit, la partie supérieure, qui a reçu
directement l’énergie de compactage pendant la fabrication, est plus dense que la partie
inférieure (Figure 7.12c). Donc, il est évident que la partie supérieure a une densité plus
élevée que celle de la partie inférieure. La répartition de la densité dans chaque lit est pré-
sentée dans la Figure 7.28 à gauche. Dans une première approximation, on peut admettre
l’hypothèse qu’il y a deux densités sèches différentes dans chaque lit (Figure 7.28 à droite).

Fig. 7.28 – La répartition de la densité sèche dans chaque lit de terre en réalité (à gauche)
et selon notre hypothèse (à droite).

Donc, il est possible d’utiliser la théorie de l’homogénéisation pour étudier le com-


portement de ce matériau complexe.

Ici, l’idée est que pour éviter les difficultés concernant l’énergie de compactage et la
teneur en eau de fabrication, nous n’allons pas simuler ces conditions de fabrication mais
nous allons chercher un matériau avec une densité équivalente.

7.6.2 Volume élémentaire représentatif


A l’échelle microscopique (quelques µm par exemple), un géomatériau en général et
du pisé en particulier n’est pas un matériau homogène. Il y a plusieurs phases possibles :
solide, liquide et gazeuse. Dans chaque phase, il y a aussi une hétérogénéité de particules :
du sable, de l’argile, etc. Lors de la détermination des propriétés de ces matériaux, la
prise en compte de l’ensemble de ces hétérogénéités constitue une tâche insurmontable. Il
s’avère donc nécessaire d’idéaliser le matériau en le considérant comme continu et donc
en moyennant ses propriétés à une certaine échelle de la microstructure. Le volume sur
lequel les propriétés sont moyennées est appelé Volume Elémentaire Représentatif (VER).
Ce dernier doit satisfaire aux critères suivants :
116 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

– il doit être suffisamment petit pour prendre en compte la structure microscopique


du matériau et suffisamment grand pour décrire le comportement global du ma-
tériau.

– ses propriétés doivent être indépendantes de l’endroit du matériau où il a été ”pré-
levé”.

Pour les géomatériaux en général, la taille d’un VER choisie est environs 10 fois plus
grande de la taille de particules les plus grandes (Boutin [20]).

7.6.3 Hypothèses adoptées


Dans cette approche, nous prenons comme loi de comportement la loi de Hooke
(élasticité linéaire isotrope) et nous admettons les hypothèses suivantes (Figure 7.29) :

– Tous les lits sont plans et identiques (d’épaisseur e).

– Nous avons vu qu’au sein d’un lit, la densité sèche diminuait de façon continue
de haut en bas (Figure 7.28 à gauche), cependant, dans une première étape d’ap-
proximation, et afin de travailler sur des éprouvettes homogènes, nous faisons
l’hypothèse qu’une couche de terre dammée, se compose de 2 parties homogènes
différentes (Figure 7.28 à droite) : la partie supérieure ayant une épaisseur eup ,
une densité dup , des modules correspondants Eup ; la partie inférieure ayant une
épaisseur elow , une densité dlow , des modules correspondants Elow (Figure 7.29 à
droite - en haut).

– L’adhérence entre les lits de terre est parfaite.

7.6.4 Homogénéisation dans le sens perpendiculaire aux lits


La procédure de l’homogénéisation dans le sens perpendiculaire aux lits est illustrée
dans la Figure 7.29.

Notons que :

– < d > est la densité représentative du matériau au niveau macroscopique.

– < E >v est le module d’élasticité représentatif dans le sens perpendiculaire aux
lits du matériau au niveau macroscopique.

– σ est la contrainte appliquée dans l’essai de compression.

Considérons l’échantillon prismatique du pisé (deuxième échelle) présenté dans la Fi-


gure 7.29 au milieu. Nous considérons le problème plan (par unité de longueur de l’échan-
tillon). Dans l’essai de compression uniaxiale, on a les relations suivantes :
7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 117

Fig. 7.29 – Les lits de terre ne sont pas plats en réalité (à gauche) du fait du frottement
au contact des banches de coffrage pendant le damage. Dans le modèle, on considère que
ces premières sont plates (au milieu). A droite : l’échelle microscopique sur une couche
du matériau et l’homogénéisation.

σup = σlow = σ (7.1)

et :

σ
< E >v = (7.2)
<ε>

où < ε > est la déformation moyenne de l’échantillon :

∆h
< ε >= (7.3)
h
118 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

avec : ∆h = n(∆lup + ∆llow )


et : h = n(eup + elow )
où n est le nombre de lits de l’échantillon.

donc, on a :

∆lup + ∆llow
< ε >= (7.4)
eup + elow

εup eup + εlow elow


⇐⇒< ε >= (7.5)
eup + elow

σ σ
e
Eup up
+ e
Elow low
⇐⇒< ε >= (7.6)
eup + elow

Remplaçons (7.6) dans (7.2), nous obtenons la relation classique suivante :

eup + elow
< E >v = eup (7.7)
Eup
+ Eelow
low

7.6.5 Homogénéisation dans le sens parallèle aux lits


La procédure de l’homogénéisation dans le sens parallèle aux lits est illustrée dans
la Figure 7.30.

Notons que :
– < d > est la densité représentative du matériau au niveau macroscopique.
– < E >h est le module d’élasticité représentatif dans le sens parallèle aux lits du
matériau au niveau macroscopique.
– σ est la contrainte appliquée dans l’essai de compression parallèle aux lits.

Considérons le problème plan (par unité de longueur de l’échantillon). Suivant la


Figure 7.30 on a :

εup = εlow =< ε > (7.8)

où < ε > est la déformation moyenne de l’échantillon.

et :

F =< σ > n(eup + elow ) (7.9)


7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 119

Fig. 7.30 – Procédure de l’homogénéisation dans le sens parallèle aux lits.

où F est la force de la presse dans l’essai de compression.

D’autre part, on a aussi :

F = (σup eup + σlow elow )n (7.10)


A partir de (7.9) et (7.10), on a :

< σ > n(eup + elow ) = (σup eup + σlow elow )n

σup eup + σlow elow


⇔ < σ >= (7.11)
eup + elow
Avec un élancement suffisant, on peut considérer que l’échantillon se déforme libre-
ment dans le sens latéral (au moins dans la partie au milieu de l’échantillon). Donc, il n’y
a pas de contrainte latérale dans l’échantillon. On a les relations suivantes :

σup
εup = (7.12)
Eup
σlow
εlow = (7.13)
Elow
<σ>
< ε >= (7.14)
<E>
120 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

A partir des équations (7.8), (7.12) et (7.13), on obtient :

Eup σup
= (7.15)
Elow σlow
A partir des équations (7.8), (7.12) et (7.14), on obtient :

σup <σ>
= (7.16)
Eup < E >h

σup σup eup + σlow elow


⇔ = (7.17)
Eup < E >h (eup + elow )

σlow
eup + e
σup low
⇔ < E >h = Eup (7.18)
eup + elow

Elow
eup + e
Eup low
⇔ < E >h = Eup (7.19)
eup + elow

eup Eup + elow Elow


⇔ < E >h = (7.20)
eup + elow

7.6.6 Procédure de l’approche


La stratégie de l’étude est de fabriquer 2 types de blocs de terre compactée homo-
gènes appelés BTC ayant des densités correspondant à dup et dlow dans la Figure 7.29 à
droite en haut. En réalisant des essais de compression simple sur ces BTC, nous pouvons
déterminer des modules correspondants Eup et Elow . Par les relations présentées dans les
équations (7.7) et (7.20), nous pouvons déterminer le module d’élasticité moyen équivalent
du pisé dans les sens perpendiculaire et parallèle aux lits, respectivement.

7.6.7 Mesure de la densité sèche


Les densités dup et dlow peuvent être déterminées à partir des échantillons prisma-
tiques de pisé fabriqués en laboratoire (2ème échelle). Après le test de compression des
échantillons primatiques, des morceaux des couches peuvent être enlevés assez aisément.
Ensuite ces morceaux sont coupés en 2 parties supérieures et inférieure par une scie cir-
culaire. La densité de chaque partie est déterminée à partir du poids, le volume et la
teneur en eau. Le volume est déterminé par des mesures dans l’eau suivant le principe
d’Archimède, après avoir couvert l’échantillon de parafine, Figure 7.31.

On a pris seulement des résultats des mesures de densité de la partie supérieure de


lit. Puisque la partie inférieure est moins dense, il est donc plus délicat de réaliser des
7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 121

Balance

Panier accrochée à la balance

Echantillon de pisé

Seau d’eau

Fig. 7.31 – Mesure de volume de l’échantillon dans l’eau suivant le principe d’Archimède.

mesures sur ces morceaux (la fragilité peut donner des erreurs de mesures). Deux mesures
ont été réalisées.

Dans le cas de notre pisé, on peut choisir raisonnablement : eup = elow (Figure 7.12c).

Dans le cas où nous choisissons eup = elow , on trouve : dup = 1, 97, qui impose que
dlow = 1, 83 car : < d >= 12 (dup + dlow ) = 1, 90.

Remplaçons eup = elow dans les équations (7.7) et (7.20), on obtient respectivement
les relations suivant :

2Eup Elow
< E >v = (7.21)
Eup + Elow
et :

Eup + Elow
< E >h = (7.22)
2

7.6.8 Homogénéisation de la résistance à la compression dans le


sens perpendiculaire aux lits
A partir de l’équation (7.11), on obtient aisément :

max
< R >v = σlow (7.23)
max
où σlow est la résistance à la compression de la partie inférieure des lits.
122 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

7.6.9 Homogénéisation de la résistance à la compression dans le


sens parallèle aux lits
L’équation (7.20) présente la formule de calcul du module moyen par l’homogénéi-
sation. Maintenant, on essaie de calculer la résistance à la compression du pisé, toujours
dans le problème plan (par unité de longueur de l’échantillon).

A partir de l’équation (7.11), on a :

Eup εup eup + Elow εlow elow


< σ >= (7.24)
eup + elow

(Eup eup + Elow elow )ε


⇔< σ >= (7.25)
eup + elow
D’une part, la partie supérieure d’un lit (plus dense) a une résistance à la com-
pression plus élevée que la partie inférieure (moins dense). De l’autre, dans le cas où :
εup = εlow et Eup > Elow on a σup > σup . Donc, a priori, on ne sait pas encore en quelle
partie la rupture va intervenir en premier. On a deux possibilités à vérifier :

max
– soit la partie supérieure va à la rupture en premier : < R >ver = σup = σup
max
– soit c’est la partie inférieure : < R >ver = σlow = σlow
max max
où σup et σlow sont respectivement les résistances à la compression des parties supérieure
et inférieure des lits.

max
1. Cas 1 : < R >h = σup , on a :

εmax
up
ε = εup = (7.26)
Eup
Remplaçons dans l’équation (7.25) nous obtenons :

max
(Eup eup + Elow elow )σup
< R >h = (7.27)
(eup + elow )Eup
Dans le cas où eup = elow , nous avons :

max
(Eup + Elow )σup
< R >h = (7.28)
2Eup
max
2. Cas 2 : < R >h = σlow . Dans ce cas on obtient :

max
(Eup eup + Elow elow )σlow
< R >h = (7.29)
(eup + elow )Elow
Et dans le cas où eup = elow , l’équation (7.29) devient :

max
(Eup + Elow )σlow
< R >h = (7.30)
2Elow
7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 123

Fig. 7.32 – Fabrication de BTC par une presse manuelle de double compactage (à gauche)
et le sens de test dans l’essai de compression uniaxiale (à droite).

7.6.10 Fabrication des BTC


Le Bloc de Terre Comprimée (BTC) est un matériau connu dans la construction
en terre. La technique utilisant ce matériau est la plus récente par rapport aux autres
techniques de construction en terre.

Dans la fabrication des BTC, la terre est versée dans un moule et comprimée par
une presse manuelle. Après le démoulage, on obtient un bloc de dimensions 9, 5 × 14, 0 ×
29, 4cm3 .

Dans notre cas, la terre utilisée pour fabriquer les BTC est celle des pisés (terre de
Thiers) et tamisée à 2cm.

La presse utilisée est une presse de double compactage (Figure 7.32 à gauche) qui
peut nous donner des échantillons quasiment homogènes. Dans la thèse de P’kla (2002)
[121] sur le comportement mécanique des BTC, il a utilisé la même presse pour fabriquer
ses échantillons. Ses résultats ont montré que des BTC fabriqués avec cette presse de
double compactage peuvent être considérés comme isotropes.

Bien qu’il y ait une différence du mode de fabrication des BTC et du pisé (le com-
pactage statique pour les premiers et dynamique pour le second), des BTC ont été choisis
comme des ”remplaçants” du pisé grâce aux avantages suivants. Premièrement, ils sont
fabriqués en moule et ils ont donc des surfaces assez lisses ce qui nous aide à résoudre le
problème de surfaçage et la difficulté au niveau du contact avec le plateau de la presse en
essai de compression simple. Deuxièmement, ils sont assez simple à fabriquer et à trans-
porter par rapport aux échantillons de pisé de plus de 200 kg de la deuxième échelle.
Dernièrement, grâce à la fabrication des BTC par un double compactage, nous obtenons
124 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

des échantillons quasiment homogènes isotropes (P’kla [121]).

La densité sèche de l’échantillon est déterminée à partir du poids (pesé), des di-
mensions (mesurées) et la soustraction de la teneur en eau de l’échantillon. Dans notre
cas, l’échantillon est pesé avant l’essai de compression uniaxiale et la teneur en eau est
déterminée après cet essai.

En total, 50 BTC ont été fabriqués. Nous nous somme intéressés aux résultats des
BTC ayant des densités équivalentes à celles des échantillons de pisé. Trois BTC ont la
densité sèche de 1,97 correspondant à la densité sèche de la partie supérieure des lits de
terre (dup ). Quatre BTC ont la densité sèche de 1,83 correspondant à la densité sèche de
la partie inférieure des lits (dlow ). Pourtant, parmi ces BTC, seulement deux BTC ayant
la densité sèche de 1,97 et deux BTC ayant la densité sèche de 1,83 ont été testés avec des
cycles de charge-décharge, ce qui peut nous servir dans l’homogénéisation des modules.
Les autres BTC n’ont été testé que dans l’essai de compression simple (pas de cycles de
décharge-recharge) et donc ne pourraient servir que dans l’homogénéisation de la résis-
tance à la compression.

Les résultats des trois autres BTC ayant la densité de 1,94 seront utilisés et discutés
plus tard dans la prochaine section de ce chapitre.

Les résultats des BTC non présenté dans ce chapitre sont reportés dans l’Annexe C.

7.6.11 Essai de compression uniaxiale sur les BTC


Des essais de compression simple sur des Blocs de Terre Comprimée (BTC) ont
été réalisés. Les BTC ont été testés suivant la direction longitudinale (chargé suivant la
longueur de 29,4cm du bloc, Figure 7.32 à droite). Cette disposition donne un coefficient
d’élancement de 2,1. Puisqu’on peut considérer des blocs comme homogènes-isotropes,
cette disposition ne change pas les résultats obtenus.

Une presse hydraulique INSTRON avec un capteur de force de 50 kN a été utilisée.


Le test est piloté suivant le déplacement avec la vitesse de chargement de 0,01 mm/s. Un
plateau est mis au dessus de l’échantillon et rotulé par une bille en acier, Figure 7.33.
Aucun système d’anti-frettage n’est utilisé.

Dans le but d’observer le changement du module d’élasticité suivant chaque niveau


de précharge, plusieurs cycles de décharge-recharge sont réalisés aux différents niveaux de
précharge (Figure 7.34). Les cinq niveaux de précharge choisis sont respectivement : 0,15
MPa ; 0,3 MPa ; 0,45 MPa ; 0,6 MPa et 0,75 MPa pour avoir des points réguliers dans
la courbe du changement de module suivant la précharge. Dans un premier temps, trois
cycles sont réalisés à chaque niveau de précharge comme le cas des échantillons de pisé,
mais le comportement des trois cycles d’un même niveau de précharge est identique. C’est
la raison pour laquelle, pour les échantillons suivants, un seul cycle est réalisé à chaque
niveau de précharge (Figure 7.34). Le chemin de décharge va jusqu’à la décharge totale
(σ = 0) comme dans le cas des échantillons de pisé testés dans le sens parallèle aux lits.

Le résultat des BTC ayant des densités sèche dup et dlow a été observé. La Figure
7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 125

Rotulé par une bille


en acier

Echantillon de BTC

Fig. 7.33 – Essai de compression uniaxiale sur un BTC.

7.34 en haut est la courbe de contrainte-déformation d’un BTC ayant la densité sèche de
1,97.

Comme le comportement des échantillons de pisé testés dans le sens horizontal, les
chemins de recharge sont linéaire mais les chemins de décharge ne le sont pas tout à fait.
A partir du troisième cycle (correspondant à une précharge de 0,4 MPa), la différence des
chemins de décharge et recharge est nette. La Figure 7.34 en bas présente un zoom sur le
quatrième cycle de décharge-recharge d’un échantillon de 1,97 t/m3 de masse volumique
sèche. Appelons Ed le module de décharge, Er le module de recharge. Appelons Em le
module moyen qui est la moyenne de Ed et Er . Le module Em est utilisé pour comparer
avec les résultats obtenus à partir de petits cycles dans le cas des échantillons de pisé
testés dans le sens perpendiculaire aux lits. Cette procédure est exactement ce qu’on a
fait avec les échantillons de pisé testés dans le sens parallèle aux lits.

La Figure 7.35 présente la variation des modules Ed , Er et Em suivant la précharge


d’un BTC de densité sèche de 1,97.

7.6.12 Calcul des paramètres équivalents


7.6.12.1 Module d’élasticité équivalent
Le calcul des modules équivalents dans les sens perpendiculaire aux lits de terre
(< E >v ) et parallèle aux lits de terre (< E >h ) suivant les formules (7.21) et (7.22) sont
présentés dans le Tableau 7.7. Eup et Elow sont des modules obtenus à partir des essais
de compression uniaxiale sur des BTC ayant respectivement des densités sèches de 1,97
(2 BTC) et 1,83 (2 BTC). Comme on en a parlé au-dessus, Eup et Elow sont pris égaux à
des valeurs de Em (la moyenne des modules de décharge et de recharge, Figure 7.35) des
BTC ayant des densités sèches de 1,97 et 1,83 respectivement.
126 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

0,7

0,65
E_recharge
0,6

contrainte (MPa)
0,55

0,5

E_décharge
0,45

0,4

0,35 4ème cycle


0,3
0,0024 0,0026 0,0028 0,003 0,0032 0,0034 0,0036 0,0038

déformation

Fig. 7.34 – A droite : courbe contrainte-déformation d’un BTC ayant ds = 1, 97. A


gauche : zoom du quatrième cycle de décharge-recharge : les chemins de décharge et de
recharge ne sont pas confondus.

Précharge (MPa) ds
0 0,06 0,12 0,22 0,4
Eup mesuré (MPa) 183 250 310 420 530 dup =1,97
Elow mesuré (MPa) 110 160 210 280 340 dlow =1,83
< E >v (MPa) 137 195 250 336 414 < d >=1,90
< E >h (MPa) 147 205 260 350 435

Tab. 7.7 – Calcul des modules moyens à partir des modules des BTC équivalents.

Les Figures 7.36 et 7.37 présentent la comparaison du changement de module suivant


la précharge des échantillons de pisé testé dans les sens perpendiculaire et parallèle aux lits
et ceux des BTC équivalents. On trouve une très bonne corrélation entre les résultats de
l’homogénéisation et ceux des échantillons de pisé fabriqués en laboratoire, ce qui affirme
la fiabilité de la procédure de l’homogénéisation.

7.6.12.2 Résistance à la compression équivalente


Les résultats des essais de compression uniaxiale sur les BTC ayant des densités
sèches de 1, 97 (3 blocs) et 1, 83 (4 blocs) sont utilisés pour calculer la résistance moyenne
équivalente suivant des équations (7.28) et (7.30). Le nombre des BTC sont plus impor-
tant dans ce cas que dans le cas de calcul des modules au-dessus parce qu’il y a des BTC
qui n’ont été testés qu’en compression simple (pas de cycles de décharge-recharge). On
n’a donc pas leur résultat de la variation des modules suivant la précharge mais seulement
leur résistance à la compression et leur module tangent.
7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 127

800

700

600

500
E (MPa)

400

300

200 E_moyen
E_recharge
100
E_décharge

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8

précharge (MPa)

Fig. 7.35 – Variation du module suivant le niveau de précharge des BTC ayant ds = 1, 97.

Les résultats sont présentés dans le Tableau 7.8, dans lequel, < R >v et < R >h
représentent respectivement les résistances à la compression dans les sens perpendiculaire
et parallèle aux lits du matériau pisé. Suivant la procédure de l’homogénéisation de la
résistance à la compression du pisé, les modules Eup et Elow dans les formules (7.28) et
(7.30) correspondent aux modules de rupture des BTC ayant des densités sèches de 1, 97
et 1, 83, respectivement.

Partie ds wtest (%) Erup (MPa) σ max (MPa) < R >v (MPa) < R >h (MPa)
Supérieure 1,97 2,8 102 ± 4 1,53 ± 0,03
0,88 ± 0,09 1,06 ± 0,04
Inférieure 1,83 2,5 72 ± 3 0,88 ± 0,09

Tab. 7.8 – Calcul de la résistance homogénisée à la compression à partir des BTC équi-
valents. < R >v et < R >h représentent respectivement des résistances à la compression
dans les sens perpendiculaire et parallèle aux lits du matériau pisé.

La comparaison entre les résultats de la résistance à la compression obtenus à partir


des BTC équivalents et des échantillons prismatiques de pisé est présentée dans le Tableau
7.9.

On trouve que les résultats de la résistance calculés à partir des BTC équivalents
sont plus élevés que ceux des échantillons de pisé fabriqué en laboratoire, dans les deux
cas perpendiculaire et parallèle aux lits.

Dans le cas de la résistance de compression dans le sens perpendiculaire aux lits,


128 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

500

450

400

350

300
E (MPa)

250

200 Pisé-vertical

150 <E>v BTC

100 Pisé-vertical

50 <E>v BTC

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)

Fig. 7.36 – Module de recharge-décharge suivant la précharge des échantillons de pisé


testés dans le sens perpendiculaire aux lits et des BTC équivalents.

Résistance (MPa) Echantillons pisé BTC équivalents Différence (%)


Sens perpendiculaire aux lits 0, 84 ± 0, 03 0,88±0,09 5
Sens parallèle aux lits 0, 92 ± 0, 03 1,06 ± 0,04 16

Tab. 7.9 – Comparaison de la résistance à la compression calculée à partir des BTC


équivalents et celle des essais sur des échantillons de pisé fabriqués en laboratoire.

la différence n’est pas importante (moins de 5%) et la raison de cette différence vient
peut-être du moins bon surfaçage des échantillons du pisé fabriqués en laboratoire.

Dans le cas de la résistance dans le sens parallèle aux lits, la différence est importante
(environ 15%) ce qui peut-être causé par les raisons suivantes. Premièrement, les lits de
terre de l’échantillon de pisé ne sont pas vraiment plans du fait du frottement aux contacts
avec les coffrages (Figure 7.29 à gauche), alors que dans l’homogénéisation, on considère
que ces lits sont plans. Cette considération influence peu les résultats des tests dans
le sens perpendiculaire aux lits mais influence beaucoup plus dans le sens où la charge
d’application est parallèle avec des lits. Deuxièmement, le délitement des lits dans les
essais de compression uniaxiale dans le sens parallèle aux lits n’a pas été pris en compte
dans l’homogénéisation où on considère que l’adhésion entre les lits est parfaite. Ce sont
les deux raisons principales pour lesquelles il y a une ”sur-estimation” de la résistance à
la compression dans le sens horizontal par l’homogénéisation.
7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 129

500

450

400

350

300
E (MPa)

250

200 <E>h BTC


150 Pisé-horizontal

100 <E>h BTC

50 Pisé-horizontal

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)

Fig. 7.37 – Variation du module suivant la précharge des échantillons de pisé testés dans
le sens parallèle aux lits et des BTC équivalents.
130 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

7.7 Mesures sur site sur un élément de structure


7.7.1 Principe de la méthode dynamique
Cette méthode a été utilisée dans l’identification des caractéristiques dynamiques
servant à l’auscultation de la vulnérabilité sismique des bâtiments (Hans [74], Hans et
al. [75], Boutin et al. [21], De Sortis et al. [42], Ivorra et Pallarès [81], Gentile et Saisi
[60], ...). Dans ces études, les matériaux sont conventionnels et leurs caractéristiques sont
considérées comme connues. En effet, les bâtiments sont en béton dans les cas Hans [74],
Hans et al. [75], Boutin et al. [21] et en maçonnerie de brique dans De Sortis et al. [42]
ou maçonnerie de pierre dans Ivorra et Pallarès [81] et Gentile et Saisi [60]. A partir des
caractéristiques connues des matériaux, des modélisations des bâtiments avec des struc-
tures complexes ont été développées pour étudier leur vulnérabilité sismique.

Dans l’approche que nous proposons, une procédure inverse a été effectuée. On tra-
vaille sur des structures simples (des murs) constituées d’un matériau complexe (le pisé)
pour déterminer les caractéristiques du matériau par des modèles simples.

Le principe de cette méthode s’appuie sur la relation existant entre la fréquence f de


résonance d’un échantillon de masse volumique ρ et ses constantes d’élasticité (François
[57]) :
s
E
f = F (dimensions, ν) , (7.31)
ρ
dans laquelle, E est le module d’élasticité et ν est le coefficient de Poisson.

Cette méthode se compose de deux étapes : dans la première, on mesure les fré-
quences propres des murs sur site. Dans la deuxième, on construit le modèle de ces murs
par la méthode des éléments finis (MEF) en élasticité linéaire. En supposant la masse vo-
lumique et le coefficient de Poisson connus, on peut alors déterminer le module d’élasticité
du matériau à partir des fréquences mesurées.

A chaque campagne de mesures, sur chaque mur, deux ou trois mesures avec chaque
type de choc T et L ont été réalisées. Avec les deux campagnes de mesures que nous avons
menées, au total, 80 mesures ont été enregistrées.

7.7.2 Description des mesures


Les mesures dynamiques sont réalisés 2 fois. La première série a été réalisée en été
(en Juin) sur les murs numéros 1 et 2 (Figure 7.14), trois jours après la construction du
mur N˚1 et 18 jours après la construction du mur N˚ 2. La deuxième série a été réalisée
5 semaines après, encore en été (en Juillet), sur les murs numéros 1, 2 et 3. Le mur N˚
3 était terminé depuis 18 jours. L’objet de ces deux mesures différentes est d’observer le
changement (s’il existe) du module d’élasticité de ces murs suivant le temps, ou bien, plus
exactement, suivant la teneur en eau du mur.

Des capteurs accélérométriques d’un µg (≈ 0, 01mm/s2 ) de sensibilité ont été po-


sés en tête et au pied de mur (Figures 7.38 et 7.39). Cette disposition de ces capteurs
7.7. MESURES SUR SITE SUR UN ÉLÉMENT DE STRUCTURE 131

Fig. 7.38 – Disposition des capteurs sur la tête (à gauche) et sur le pied (à droite) des
murs pour mesurer les accélérations.

Fig. 7.39 – Disposition des capteurs sur le mur N˚1 et positions d’application des chocs.
Les capteurs 1 et 2 sont posés sur la fondation en béton du mur et les capteurs 3, 4, 5, 6
sont posés sur la tête du mur.

permet de mesurer les accélérations horizontales suivant les deux axes principaux et les
mouvements de torsion du mur. Les capteurs 1, 3 et 6 mesurent les accélérations dans la
direction transversale du mur pendant que les capteurs 2, 4 et 5 mesurent dans la direction
longitudinale. Les capteurs 1 et 2 sont posés sur la fondation du mur pour vérifier si la
fondation vibre avec le mur. Les capteurs de 3 à 6 posés sur la tête du mur mesurent la
vibration du mur.

Le mode d’excitation a consisté à appliquer des légers chocs (non quantifiés) au mur
à l’aide d’une massette (Figure 7.40). Pour éviter d’abı̂mer le mur, le marteau ne tape pas
directement sur le mur mais sur un morceau de bois d’environs (20 × 20)cm2 au-dessus la
surface du mur. Des chocs appliqués sont non quantifiés mais légers ce qui assure que le
matériau ne soit pas endommagé. Si la sollicitation est forte, les capteurs saturent.

Plusieurs configurations ont été réalisées pour exciter les premiers modes du mur.
132 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

La Figure 7.39 donne un exemple des configurations sur mur N˚1 : un choc T suivant la
direction transversale et un choc L suivant la direction longitudinale du mur.

Capteurs à la tête
du mur pour
enregistrer la
vibration du mur

Câbles des
capteurs

Petit marteau
pour faire un
petit choc

Mur en pisé

Morceau de
bois à taper

Soubassement
en béton

Fig. 7.40 – Marteau pour faire des chocs et morceau de bois pour éviter de taper directe-
ment sur le mur.

7.7.3 Résultat des fréquences mesurées sur site


Des exemples de fréquences propres du mur No. 1 mesurées pour un choc de type T
et un choc de type L sont respectivement présentés dans les Figures 7.41 et 7.42.

Dans le cas d’un choc T - Figure 7.41, le résultat du capteur 6 donne une résonance
la plus grande à 9,79 Hz avec une amplitude d’environs 1mm/s2 qui indique que la fré-
quence propre au premier mode est de 9,79 Hz et que la vibration du mur dans le mode 1
est suivant la direction transversale du mur (car il n’y a pas de signal dans le capteur 5).
Selon le même principe, à partir de la Figure 7.42 nous avons la fréquence du deuxième
mode qui est de 16,63 Hz et la vibration est plutôt une torsion car les deux capteurs 5 et
6 ont reçu en même temps les signaux similaires. Puis, la fréquence propre déterminée au
mode 3 est de 23,38 Hz. La fréquence du quatrième mode est aussi déterminée mais elle
n’est pas vue dans ces figures (> 30Hz).

La synthèse des valeurs représentatives des fréquences propres mesurées avec leurs
erreurs possibles est présentée dans la quatrième colonne du Tableau 7.10.
0.6

m
0.4

0.2

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
Frequency(Hz)
sensor 4- Fmax : 0.25
1.2
7.7. MESURES
1
SUR SITE SUR UN ÉLÉMENT DE STRUCTURE 133
0.8

mm/s²
0.6

0.4

0.2

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
sensor 1- Fmax : 0.125
Frequency(Hz)
1
sensor 5- Fmax : 23.38
1.2
0.8
mm/s²

1
0.6
0.8
mm/s²

0.4
0.6
0.2
0.4
0
0.2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
0 Frequency(Hz)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
sensor 2- Fmax : 0.0625
1.2 Frequency(Hz)
1 sensor 6-Fmax : 9,79
1.2
0.8
mm/s²mm/s²

1
0.6
0.8
0.4
0.6
0.2
0.4
0
0.2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

0 Frequency(Hz)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
sensor 3- Fmax : 0.1875
1.2 Frequency(Hz)
1

0.8
mm/s²

Fig.0.67.41 – Fréquences propres mesurées par des accéléromètres dans le cas d’un choc T,
mur 0.4No. 1, Juin (les capteurs 3 et 4 étaient saturés).
0.2

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
Frequency(Hz)
sensor 4- Fmax : 0.125
1.2

0.8
mm/s²

0.6

0.4

0.2

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
Frequency(Hz)
sensor 5- Fmax : 16.625
1.2

0.8
mm/s²

0.6

0.4

0.2

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
Frequency(Hz)
sensor 6- Fmax : 16.625
1.2

0.8
mm/s²

0.6

0.4

0.2

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
Frequency(Hz)

Fig. 7.42 – Fréquences propres mesurées par des accéléromètres dans le cas d’un choc L,
mur No. 1, Juin (les capteurs 3 et 4 étaient saturés).
134 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

7.7.4 Modélisation des murs par des éléments finis


Les murs sont modélisés par la méthode des éléments finis grâce au logiciel SAP2000
[37], en utilisant des ”élements volumiques” de 8 noeuds (Figures 7.43, 7.44, 7.45). Chaque
élément est un cube de (0, 05 × 0, 05 × 0, 05)m3 . Des murs numéros 1, 2, 3 se constituent
respectivement de 28405, 31510, 24610 éléments volumiques.

Fig. 7.43 – Modèle du mur No 1, constitue de 28405 éléments volumiques de (0, 05 ×


0, 05 × 0, 05)m3 . En haut : vue en 3D. En bas : vue en plan.

7.7.4.1 Hypothèses adoptées


Dans la modélisation, dans une première approche, on suppose que le matériau est
homogène et isotrope. D’abord, à l’échelle macroscopique, l’hétérogénéité de chaque lit
peut être négligée et l’empilement des lits peut être négligé aussi car le mur peut se
comporter comme un élément monolithique (Bullen et Boyce [31]). Donc, l’hypothèse de
l’homogénéité du mur est acceptable. Ensuite, vue la faible différence des modules d’élas-
ticité obtenus en laboratoire dans les deux sens perpendiculaire et parallèle aux lits, qui
7.7. MESURES SUR SITE SUR UN ÉLÉMENT DE STRUCTURE 135

Fig. 7.44 – Modèle du mur No 2, constitue de 31510 éléments volumiques de (0, 05 ×


0, 05 × 0, 05)m3 . En haut : vue en 3D. En bas : vue en plan.

est de moins de 10% (Figure 7.27), l’hypothèse d’un matériau isotrope est aussi acceptable.

Le coefficient de Poisson est supposé de l’ordre de 0,15. Une étude paramétrique a


montré que cette valeur n’influençait pas beaucoup les résultats.

Le résultat des mesures sur site a montré que le soubassement en béton est beaucoup
plus rigide que le mur en pisé. Nous pouvons donc considérer que les murs en pisé sont bien
fixés sur les soubassements en béton. Pour les dimensions données, les fréquences propres
dépendent uniquement de la masse volumique et du module d’élasticité du matériau.

La masse volumique est calculée à partir de la densité sèche et la teneur en eau.


Nous supposons que la densité sèche des murs sur site est identique pour tous les murs et
égale à celle déterminée au laboratoire, conformément à ce qui a été dit dans la section
136 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

Fig. 7.45 – Modèle du mur No 3, constitue de 31510 éléments volumiques de 24610


éléments volumiques de (0, 05 × 0, 05 × 0, 05)m3 . A droite : vue en 3D. A gauche : vue en
plan.

7.5.2. La densité sèche moyenne obtenue est de 1,90 t/m3 .

La variation de la teneur en eau des échantillons lors de leur séchage en laboratoire


a été enregistrée par plusieurs mesures à plusieurs moments. Il est présenté dans la Figure
7.46.

Supposons que le changement de la teneur en eau des murs sur site est similaire à
celui des échantillons fabriqués au laboratoire, bien qu’il existe des différences comme :
l’épaisseur des murs sur site est 10 cm plus grande ce qui entraine un séchage plus long ;
les murs sur site sont exposés directement au soleil, au vent et aussi à la pluie alors que
ce n’est pas le cas des échantillons en laboratoire. La teneur en eau des murs sur site est
estimée :

– Au moment de la première campagne de mesures (Juin) : le mur N˚ 1 avait été


construit 3 jours auparavant, donc, suivant la Figure 7.46, nous supposons qu’il
avait une teneur en eau de 7% qui conduit à une masse volumique de 2,03 t/m3 . Le
mur N˚2 avait été construit 18 jours auparavant, ce qui nous permet de supposer
une teneur en eau de 4%. Sa masse volumique correspondante était de 1,98 t/m3 .

– Cinq semaines après, au moment de la deuxième campagne de mesures (Juillet) :


nous supposons que les murs N˚1 et 2 avaient une teneur en eau d’environ 2,5%.
Leur masse volumique correspondante était de 1,94 t/m3 . Le mur N˚3 avait été
7.7. MESURES SUR SITE SUR UN ÉLÉMENT DE STRUCTURE 137

9
8
7
6
w (%)
5
R² = 0,9782
4
3
2
1
0
0 20 40 60 80 100 120
Time (days)

Fig. 7.46 – Variation de la teneur en eau des échantillons prismatiques suivant le temps.

fini depuis 19 jours ce qui nous permet de supposer sa teneur en eau de 4%. La
masse volumique correspondante était de 1,98 t/m3 .

Fig. 7.47 – Les trois premiers modes de vibration du mur No. 1.

Les trois premiers modes principaux de vibration donnés par le logiciel sont présentés
dans la Figure 7.47. Le premier mode est la vibration dans la direction transversale du
mur. Le deuxième est une torsion. Dans le troisième mode, la vibration est l’écartement
des deux ailes. Ces aspects de vibration sont totalement convenable avec les signaux reçus
par les capteurs sur site (Figures 7.41 et 7.42). Donc, les modèles montrent leur bonne
représentation qualitative pour des murs sur site.

7.7.5 Détermination du module d’élasticité


Tout d’abord, le modèle numérique est essayé avec un module quelconque Etrial . La
première fréquence propre (on appelle f1trial ) obtenue à partir du modèle est enregistrée.
138 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

A partir de l’équation (7.31), nous avons la relation suivante :

2
f1trial f2
= 1measured (7.32)
Etrial Emeasured
donc, on a la relation suivante :

 2
f1measured
Emeasured = Etrial (7.33)
f1trial
A partir de l’équation (7.33), le module Emeasured correspondant aux fréquences me-
surées sur site f1measured est déterminé. Le module est ensuite optimisé pour trouver une
bonne corrélation entre les 4 premières fréquences propres du modèle et celles des mesures
sur site. Le résultat des modules obtenus est présenté dans le Tableau 7.10. La troisième
colonne présente des fréquences propres correspondantes du modèle. La dernière colonne
présente la différence entre les fréquences du modèle fmodel et les fréquences mesurées
sur site fmeasured . La Figure 7.48 présente la comparaison entre les quatre premières fré-
quences propres des modèles et celles mesurées sur site, ce qui montre la corrélation entre
les résultats des modèles et ceux des mesures sur site.

40

35

30

Wall1-June
25
f_mesured (Hz)

Wall2-June
20 Wall1-July
Wall2-July
15 Wall3-July

10

0
0 5 10 15 20 25 30 35 40

f_model (Hz)

Fig. 7.48 – Comparaison entre fréquences propres des modèles et les mesures sur site.

A partir des résultats présentés dans le Tableau 7.10 on peut avoir les conclusions
suivantes :
7.8. DISCUSSIONS SUR LES RÉSULTATS DES 3 APPROCHES 139

Walls Modes fmodel (Hz) fmesured (Hz) Différence


(%)
Wall No.1, Juin, 1 10,22 9,85 ±1,0% 3,7
w=7%, 2 16,62 16,54 ±1,2% -0,5
ρ = 2030kg/m3 3 22,76 23,38 ±1,4% -2,6
E=440MPa 4 33,25 34,00 ±1,5% -2,2
Wall No.2, Juin, 1 10,94 10,90 ±0,9% 0,3
w=4%, 2 16,48 16,60 ±1,2% -0,7
ρ = 1980kg/m3 3 22,60 22,40 ±1,4% 0,5
E=460MPa 4 29,25 29,20 ±1,4% 0,2
Wall No.1, Juillet, 1 10,77 10,75 ±0,9% 0,2
w=2,5%, 2 17,45 18,2 ±1,6% -4,0
ρ = 1950kg/m3 3 24,01 24,0 ±1,3% 0,0
E=470MPa 4 35,06 36,5 ±1,4% -3,9
Wall No.2, Juillet, 1 11,17 11,30 ±0,8% -0,2
w=2,5%, 2 16,83 17,10 ±1,2% -1,6
ρ = 1950kg/m3 3 23,08 23,25 ±0,9% -0,7
E=470MPa 4 29,87 30,5 ±1,6% -2,1
Wall No.3, Juillet, 1 13,88 13,87 ±1,4% 0,0
w=4%, 2 15,00 15,10 ±1,3% -0,7
ρ = 1980kg/m3 3 24,34 25,25 ±1,9% -3,6
E=465MPa 4 35,58 34,75 ±0,6% 2,4

Tab. 7.10 – Fréquences mesurées sur site et à partir des modèles. Note : w et ρ sont
respectivement la teneur en eau et la masse volumique du mur.

– La modélisation par éléments finis donne des résultats très proches des mesures
in-situ (moins de 4% d’erreur), ce qui confirme une acceptabilité des hypothèses
utilisées dans la modélisation.

– Les modules obtenus des murs sont dans l’intervalle de 440 à 470MPa (Figure
7.49).

– Nous pouvons voir la variation du module suivant la teneur en eau, Figure 7.49.
Dans le cas du mur N˚1, lors des premières mesures, après 3 jours de la construc-
tion, le module était de 440MPa, ce dernier devenant 470 MPa cinq semaines plus
tard.

7.8 Discussions sur les résultats des 3 approches aux


3 échelles différentes
La synthèse des résultats obtenus à partir des trois approches différentes est présen-
tée dans la Figure 7.50. Nous voyons que le résultat calculé à partir des BTC équivalents
(troisième échelle) est proche de celui obtenu à partir des échantillons représentatifs de
pisé testés en laboratoire (deuxième échelle). Quand la précharge est faible, l’approche
140 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

500

450

400 R² = 0,93
350

300
E (MPa)

250 Wall1-June
Wall2-June
200
Wall1-July
150
Wall2-July
100 Wall3-July
50

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
w (%)

Fig. 7.49 – Changement du module suivant la teneur en eau.

par des BTC donne un résultat plus élevé qui peut venir d’un meilleur surfaçage des BTC
et de la fermeture des micropores ce qui est plus importante dans le cas des échantillons
de pisé (l’empilement des lits).

Les raisons qui peuvent faire la différence entre les mesures sur site et les essais en
laboratoire sont que l’adhérence entre les lits du pisé est considérée comme parfaite dans
les modèles, alors que ce n’est pas le cas en réalité. Cependant, dans le cas de vibrations de
très faible amplitude, cet élément ne jouerait pas un rôle important. La deuxième raison
peut venir du comportement de l’eau dans les murs sur site. Dans les calculs, les murs
sont considérés comme un milieu continu et ”solide”, alors qu’en réalité de l’eau peut se
comporter différemment en dynamique avec le squelette. Ce qu’il faut ajouter aussi, c’est
qu’il y a une hétérogéniété de la teneur en eau dans les murs : des parties intérieures étant
plus humides que les parties à la surface du mur lors de la phase de séchage. La dernière
raison est que dans les essais dynamiques réalisées sur site, le matériau travaille dans le
domaine de petites déformations, alors que dans les essais de compression statique en
laboratoire, la fermeture des micropores dans les échantillons provoque une déformation
plus importante, qui génère un module d’élasticité plus petit que celui des mesures sur site.

Un élément important à déterminer est les précharges que des murs sur site subissent
car l’approche par des mesures sur site donne des résultats très proches avec les deux autres
approches en laboratoire correspondant à une précharge élevée (de 0,4MPa dans ces cas).
Pourtant, sur site, il est difficile de quantifier la précharge subie par les murs. Dans la
circonstance du chantier où se situent les murs, la précharge est d’abord le poids propre
du mur et la charge du vent (au stade des mesures, il n’y a pas encore le toit). Calculons la
charge du vent suivant la règle française NV65 [110], nous obtenons la contrainte maximale
totale due au poids propre et à la charge du vent au pied du mur : elle est de l’ordre de
0,1 MPa. Une autre précharge difficile à quantifier est le damage de la dame pneumatique
pendant la fabrication des murs. Un damage des lits supérieurs a des effets suplémentaires
7.8. DISCUSSIONS SUR LES RÉSULTATS DES 3 APPROCHES 141

500

450 In-situ

400

350

300
E (MPa)

250

200
Perpendiculaire - labo
150
Parallèle - labo
100 <E>v BTC
50 <E>h BTC

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)

Fig. 7.50 – Synthèse des résultats des trois approches différentes.

par rapport aux lits inférieurs. Pourtant, cet effet n’est pas encore quantifié. On ne sait
pas à partir de quel lit, le damage n’a plus d’influence sur le premier lit (comme le cas
des charges des fondations en Mécanique des Sols). Il est donc probable qu’il y ait une
hétérogénéité de la précharge suivant la hauteur du mur.
142 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

7.9 Discussion sur la résistance à la compression du


pisé
7.9.1 Révision de la résistance obtenue
En regardant le résultat de la résistance à la compression des échantillons du pisé
testé en laboratoire (deuxième échelle de la section précédente), on trouve que la résis-
tance obtenue est d’environ 0,9MPa. Bien que cette valeur soit comparable aux autres
études existantes (par exemple Maniatidis et Walker [95], Tableau 7.6), ces valeurs sont
moins élevées que ce que nous attendions car le pisé a la réputation d’une bonne solidité
grâce à son compactage dynamique. Nous allons discuter de ce point par la suite.

Regardons les caractéristiques des échantillons testés (deuxième échelle) dans la sec-
tion précédente, on trouve que la résistance obtenue peut être influencée par les éléments
suivants. Le premier élément est la caractéristique de la terre. Car l’idée initiale de cette
étude est d’appliquer les mêmes conditions sur site pour pouvoir comparer avec des ré-
sultats du site. La terre utilisée pour fabriquer des échantillons en laboratoire est celle
utilisée sur site. La courbe granulométrique de la terre utilisée montre que cette terre a un
pourcentage d’argile de 5% qui est moindre que ce qui est proposé en général. L’exemple
le plus connu et le plus cité est le fuseau des terres de CRATerre [80] qui propose un
pourcentage d’argile pour le pisé de 10-16%. Avec un faible taux d’argile, le liant de la
terre, le matériau peut être moins résistant.

Le deuxième élément qui peut jouer un rôle sur la résistance à la compression du


pisé est l’épaisseur de chaque lit du pisé. Dans la section précédente, on a vu que la
dame pneumatique n’avait bien damé que la partie supérieure de chaque lit, et la partie
inférieure restait moins bien damée. Une solution qui peut résoudre ce problème est la
diminution de l’épaisseur de chaque lit. Cette diminution permet à l’énergie de la dame
de se transférer jusqu’au fond de chaque lit.

Le dernier élément qui peut jouer un rôle est le surfaçage de l’échantillon. Un surfa-
çage non-parfait empêche de transférer la force de la presse sur la surface totale de l’échan-
tillon, ce qui donne une sous-estimation de la résistance à la compression de l’échantillon.

Dans les sections suivantes, nous allons clarifier le rôle de ces éléments et discuter
de la résistance à la compression du pisé.

7.9.2 Essais sur une terre plus argileuse


Nous avons testé une terre plus argileuse. La terre mélangée (MRE) récupérée à
partir des murs MRE de CSTB (présentés dans le chapitre 6) a été utilisée. Cette terre
contient 9% d’argile (Figure 6.14 du chapitre 6). On l’appelle Prisme-CSTB1.

La procédure de fabrication et de test est tout à fait la même que celle sur des
échantillons Thiers1, Thiers2 et Thiers3 : même piseur, même coffrage métallique, même
dame pneumatique, mêmes dimensions 0, 4 × 0, 4 × 0, 64m3 , même type de surfaçage ;
même presse, même procédure de décharge-recharge (trois niveaux de précharge à 0,06 ;
0,12 ; 0,22 MPa et 3 petits cycles de décharge-recharge réalisés à chaque niveau de pré-
7.9. DISCUSSION SUR LA RÉSISTANCE À LA COMPRESSION DU PISÉ 143

charge). Seulement la terre est remplacée par MRE. La teneur en eau de fabrication est
aussi estimée suivant l’expérience de l’artisan.

Les résultats obtenus de l’essai de compression uniaxiale dans le sens perpendiculaire


aux lits sont présentés dans le Tableau 7.11. On va comparer ces résultats avec ceux
obtenus sur des échantillons prismatiques de la terre de Thiers (des échantillons Thiers1,
Thiers2 et Thiers3).

ds wtest Rc Etan E1 E2 E3 E4
(%) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa)
σpre (MPa) 0 0,06 0,12 0,22 0,4
Moyenne Thiers1-2-3 1,90 3,0 0,84 110 150 240 330 410
Prisme-CSTB1 1,93 1,8 1,15 132 178 262 365

Tab. 7.11 – Résultat de l’essai de compression uniaxiale sur l’échantillon prismatique de


la terre MRE, comparaison avec des échantillons de la terre de Thiers.

7.9.2.1 Densité sèche


On trouve que la densité sèche de l’échantillon CSTB1 (1,93) est supérieure à celle
des échantillons de Thiers1-2-3 (1,90 en moyenne). Peut-être les particules fines de la terre
de CSTB ont mieux rempli les petits pores de la micro-structure du matériau. Cela peut
être une des raisons qui générait une densité sèche supérieure.

7.9.2.2 Résistance à la compression


Parallèlement avec une densité sèche supérieure, l’échantillon de CSTB1 donne aussi
une résistance à la compression supérieure (1,15 MPa contre 0,84 MPa des échantillons
Thiers1-2-3). Cette augmentation de la résistance est environ 35% et vraiment considé-
rable. Des raisons de cette augmentation sont la densité sèche et le rôle de l’argile dans la
résistance du pisé non-stabilisé.

7.9.2.3 Module d’élasticité


La comparaison des modules d’élasticité de l’échantillon CSTB1 et ceux des échan-
tillons de Thiers1, Thiers2 et Thiers3 est présentée dans la Figure 7.51. On voit que
les modules de l’échantillon CSTB1 sont proches des valeurs moyennes des échantillons
Thiers1, Thiers2 et Thiers3.

Les résultats de l’échantillon CSTB1 seront comparés et discutés encore plus tard
dans la section 7.9.4.

7.9.3 Diminution de l’épaisseur de chaque couche, amélioration


du surfaçage
Ici, on réutilise la terre de Thiers mais on change l’épaisseur de chaque couche et on
améliore le surfaçage de l’échantillon. L’échantillon fabriqué cette fois est nommé Thiers4.
144 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

500

450

400

350

300
Er (MPa)

250

200

150 Thiers123-ver
100 CSTB1-ver

50 Poly. (Thiers123-ver)

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)

Fig. 7.51 – Comparaison des modules obtenus dans le sens vertical, entre l’échantillon
prismatique CSTB1 et des échantillons Thiers1, Thiers2 et Thiers3.

La teneur en eau de fabrication est similaire à celle des échantillons Thiers1, Thiers2 et
Thiers3.

Dans le cas des échantillons Thiers1, Thiers2 et Thiers3, l’épaisseur moyenne de


chaque lit était de 8 cm (64 cm de hauteur de l’échantillon en 8 couches). Cette fois, la
procédure de fabrication de l’échantillon Thiers4 est la même que celle des échantillons
Thiers1, Thiers2 et Thiers3, sauf que la quantité de terre versée dans chaque lit est contrô-
lée et plus petite. On dit ”contrôlée” car dans le cas des échantillons de Thiers1, Thiers2
et Thiers3, la quantité de terre versée pour être dammée dans chaque lit ne dépend que
de l’expérience et de l’estimation de l’artisan. La conséquence est qu’on n’obtient pas une
même épaisseur de tous les lits. Cette fois, pour l’échantillon Thiers4, la quantité de terre
versée dans chaque lit est la même pour assurer une uniformité de tous les lits. En plus
cette quantité est plus faible (de 2 à 4 kg en moins) par rapport aux cas des échantillons
de Thiers1, Thiers2 et Thiers3 : 22 kg de terre ici au lieu de 24-26 kg de terre dans le cas
des Thiers1, Thiers2 et Thiers3. On obtient une épaisseur moyenne de chaque couche de
l’échantillon Thiers4 de 6,5 cm (71,5 cm de hauteur de l’échantillon en 11 lits).

Avec cette diminution de l’épaisseur, a priori chaque lit de l’échantillon est mieux
compacté car on obtient une densité sèche plus élevée (1, 94 dans ce cas par rapport à
1, 90 dans le cas de Thiers1, Thiers2 et Thiers3). La procédure de détermination de la
densité sèche est la même : peser l’échantillon avant l’essai par une balance électronique
après avoir accroché le fond métallique par des sangles ; la teneur en eau est déterminée
après l’essai de compression uniaxiale.
7.9. DISCUSSION SUR LA RÉSISTANCE À LA COMPRESSION DU PISÉ 145

7.9.3.1 Surfaçage
Le surfaçage a été amélioré en appliquant deux couches de mortier de chaux et sable.
La procédure du surfaçage est présentée dans la Figure 7.52.

Le surfaçage est réalisé par un mortier de chaux et sable (1 chaux : 3 sable). Puisque
l’échantillon peut prendre de l’eau du mortier, si on appliquait une seule couche de mor-
tier, des fissures pourraient apparaı̂tre sur le surfaçage le lendemain de l’application du
mortier. Il faut donc appliquer deux couches de mortier pour obtenir une bonne qualité
de surfaçage.

La première couche de mortier est réalisée à la truelle comme d’habitude. La deuxième


couche demande une réalisation plus minutieuse afin d’assurer une surface aussi plane que
possible.

Le principe de la réalisation de la deuxième couche de surfaçage est expliqué dans


la Figure 7.52. Deux planches en bois (1) et (2) ont été attachées aux deux côtés de
l’échantillon par deux serrejoints (3) et (4). On doit assurer que les deux extrémités
supérieures des deux planches soient à un même niveau horizontal (par des mesures à
partir du sol). Une règle en bois (5) est utilisée et glissée dans le sens perpendiculaire au
plan de la Figure 7.52.

Fig. 7.52 – Principe du surfaçage des échantillons de pisé Thiers4.

7.9.3.2 Résultats de l’essai de compression uniaxiale


L’échantillon Thiers4 est testé dans l’essai de compression uniaxiale avec des cycles
de décharge-recharge aux niveaux de contrainte de 0,06 MPa ; 0,12 MPa ; 0,22 MPa et 0,4
146 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

MPa respectivement comme le cas des échantillons Thiers1, Thiers2 et Thiers3. Pourtant,
cette fois, des cycles de décharge-recharge au niveau de 0,6 MPa sont également ajou-
tés pour obtenir la variation des modules d’élasticité dans un intervalle plus large de la
précharge. Les résultats obtenus de l’essai compression uniaxiale sont présentés dans le
Tableau 7.12.

On voit qu’avec une diminution de l’épaisseur de chaque couche de pisé et une amé-
lioration du surfaçage, une résistance à la compression de 1,36 MPa est obtenue pour
l’échantillon Thiers4. Cela équivaut à une augmentation de 60% de la résistance à la com-
pression par rapport aux échantillons Thiers1, Thiers2 et Thiers3.

ds
Rc Etangent E1 E2 E3 E4 E5
(MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa)
σ (MPa) 0 0,06 0,12 0,22 0,4 0,6
Moyenne Thiers123 1,90 0,84 110 150 240 330 400
Thiers4 1,94 1,36 120 180 238 357 450 471

Tab. 7.12 – Résultat de la résistance à la compression des échantillons.

La comparaison des modules d’élasticité des échantillons de Thiers est présentée


dans la Figure 7.53. On voit que la courbe de tendance de l’augmentation du module
suivant les niveaux de recharge est similaire dans les deux cas. Au niveau de l’ordre de
grandeur, on peut dire qu’il n’y a pas de différence mesurable dans les modules obtenus
de ces échantillons.

On voit donc dans ce cas de l’échantillion Thiers4, une augmentation de la résistance


à la compression ne s’accompagne pas d’une augmentation des modules d’élasticité. La
raison de ce phénomène sera discutée en détail dans la section §7.9.4.

7.9.3.3 Comparaison avec le résultat des BTC équivalents


Dans la section §7.6, on a établi les relations entre la résistance à la compression,
les modules d’élasticité des échantillons de pisé et ceux des échantillons BTC équivalents.
Les comparaisons ont montré que les résultats calculés à partir des BTC équivalents
étaient bien corrélés avec ceux des échantillons de pisé, sauf dans le cas du module tan-
gent dans le sens perpendiculaire aux lits où il reste encore un écart considérable. Les
relations établies à partir de deux BTC de densités sèches équivalentes ne sont valables
que dans le domaine élastique. Cela ne nous permet pas de comparer directement les
courbes contrainte-déformation entre un échantillon de pisé et un échantillon de BTC car
les courbes décrivent un comportement élasto-plastique.

Maintenant, dans le cas de l’échantillon Thiers4, l’épaisseur de chaque lit est di-
minuée et le compactage est donc plus uniforme dans toute l’épaisseur des lits. On peut
raisonnablement considérer que chaque lit de l’échantillon Thiers4 est homogène (elow = 0)
et cela nous permet de le comparer directement avec un BTC de densité sèche équivalente.
7.9. DISCUSSION SUR LA RÉSISTANCE À LA COMPRESSION DU PISÉ 147

500

450

400

350

300
E (MPa)

250

200

150 Thiers1-2-3

100 Thiers4

50

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
précharge (MPa)

Fig. 7.53 – Comparaison des modules d’élasticité de l’échantillon Thiers4 et des trois
échantillons Thiers1, Thiers2, Thiers3.

La Figure 7.54 présente la forme générale de la courbe de contrainte-déformation


de l’échantillon de pisé Thiers4 et des échantillons de BTC ayant une densité équivalente
(1,94). Dans cette figure, les cycles de ”décharge-recharge” ont été ”coupés” pour avoir
une meilleure visibilité. La première partie non-linéaire au début de la courbe de Thiers4
(Figure 7.54 à gauche, en bas) a aussi été ”décalée” à gauche en admettant que cette partie
vient du problème de surfaçage au début de l’essai comme on a discuté dans les sections
précédentes.

Dans les sections précédentes, avec la procédure de l’homogénéisation, les BTC de


densité sèche équivalente pouvait donner la résistance à la compression, les modules de
recharge et le module de rupture proches avec ceux de l’échantillon de pisé dans la direction
perpendiculaire aux lits. Seulement les modules tangents était considérablement différents
(environs 50%). Ici, on retouve ces résultats. Une non similarité du comportement en
compression entre ces deux types du matériau (pisé et BTC) a été observée. Les BTC ont
un module tangent initial plus important (environ 180 MPa). Pourtant, après un niveau
de charge (environ 0,4 MPa dans ce cas, Figure 7.54), le comportement des BTC devient
rapidement non-linéaire. Le pisé a un module tangent initial plus petit (environ 120 MPa
pour Thiers4) mais cette pente ne change pas beaucoup suivant la charge jusqu’à avant la
rupture. C’est la raison pour laquelle, bien qu’il y ait une différence importante du module
tangent initiale, les modules de rupture se ressemblent.
148 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

Fig. 7.54 – Comparaison du comportement général de l’échantillon de pisé Thiers4 et des


BTC ayant une densité sèche équivalente (ds =1,94).

7.9.4 Bilan
Une diminution de l’épaisseur de chaque lit de pisé peut améliorer considérablement
la densité sèche de l’échantillon et donc la résistance à la compression de l’échantillon.
Cependant, le temps de mise en oeuvre est augmenté et cela ne semble pas préférable par
rapport aux contraintes budgétaires lors de constructions sur site.

Une augmentation de la résistance à la compression n’est pas accompagnée d’une


augmentation des modules d’élasticité (Figure 7.53). Un résultat similaire est trouvé sur
des adobes et des adobes pressés dans l’étude de Kouakou et Morel [86].

Cette différence de variation entre les modules d’élasticité et la résistance à la com-


pression s’explique par la fermeture de certains micropores occasionnée par le procédé
de mise en forme. En effet, les minéraux argileux ont des propriétés de surface qui sont
responsables de forces attractives (les forces de cohésion capillaire, électrostatiques et de
Van Der Waal). La variation de ces forces est responsable non seulement de différents
états d’un sol lorsqu’il est humide (dispersé, floculé, plastique, solide) mais aussi dirige la
résistance à la compression des matériaux de terre crue. Parmi elles, les forces capillaires
ont une influence primordiale sur la variation de la résistance (Gelard [59]). Le mécanisme
des ménisques liquides à la base des forces capillaires est essentiel pour la cohésion. Cette
phase liquide constituée par l’eau résiduelle (autour de 3%) se situe dans les pores ou les
capillaires de la matrice argileuse. On sait que la pression du ménisque est d’autant plus
forte que les pores sont de petites dimensions. Ainsi nous pouvons affirmer que l’augmen-
tation de la résistance à la compression est due à l’augmentation de la cohésion capillaire,
grâce à la multiplication de micropores et la baisse de la porosité. Donc, un matériau étant
7.10. ESSAIS EN LABORATOIRE À PETITES ÉCHELLES 149

plus argileux ou plus dense (les micropores sont plus petites) peuvent avoir une résistance
à la compression plus élevée.
Par contre, les modules d’élasticité dépendent de la rigidité du matériau, ce qui
est quasiment dirigée par le squelette granulaire. Avec les mêmes niveaux de précharge,
la consolidation des squelettes (qui ne sont pas très différents) est similaire pour ces
échantillons, ce qui explique la similarité des modules d’élasticité obtenus.

7.10 Essais en laboratoire à petites échelles


Comme on l’a présenté dans la section §7.3.1, les petits échantillons n’assurent pas
une représentativité du pisé sur site. Ces remarques ont été retrouvées dans l’étude de
Maniatidis et Walker [95] où des échantillons cylindriques de 10 cm de diamètre et 20
cm de hauteur avaient des résistances 3 fois plus grandes que celles des échantillons de
grandes dimensions 30 × 30 × 60cm3 .

Une des raisons dont on a parlé et qui fait la différence entre le résultat obtenu
sur de petits échantillons et des échantillons de dimensions plus grandes est l’épaisseur
de chaque lit de terre. Pourtant, avec le pisé Thiers4 sur lequel on a diminué l’épaisseur
de chaque lit, il est peut être intéressant d’observer si de petits échantillons peuvent le
remplacer.

Les essais sur des BTC sont intéressants mais ils ne permettent pas d’obtenir le
comportement en cisaillement du pisé (l’empilement des lits). De plus, la détermination
des densités correspondantes dup et dlow n’est pas simple. Dans le cas d’un pisé dont
l’épaisseur de chaque lit est moins importante, si on trouve une méthode de fabrication
des échantillons remplaçants directement représentatifs, on peut éviter les inconvénients
abordés ci-dessus.

7.10.1 Eprouvettes cyclindriques fabriquées avec dame pneuma-


tique
7.10.1.1 Dispositifs de fabrication
Des éprouvettes cylindriques de 16cm de diamètre ont été fabriquées. Un moule cy-
lindrique métallique de 16cm de diamètre et 32cm de hauteur a été utilisé (Figure 7.55 à
gauche). La dame pneumatique a été modifiée pour entrer directement dans le moule. Le
diamètre de la dame est de 15,8 cm. L’artisan fabriquant ces éprouvettes cylindriques est
aussi celui qui a fabriqué des échantillons prismatiques en laboratoire et des murs de la
maison mesurée sur site. On a demandé à l’artisan de fabriquer ces éprouvettes de manière
la plus proche possible de la fabrication des murs sur site.

L’échantillon est démoulé tout de suite après le damage. L’échantillon est constitué
de 5 lits et la hauteur obtenue de l’échantillon est de 26,5cm (donc 5,3 cm /lit).

7.10.2 Terres utilisées


Deux échantillons ont été fabriqués avec la terre de Thiers, nommés Cylindre-Thiers1
et Cylindre-Thiers2. Trois échantillons ont été fabriqué avec la terre MRE du CSTB, nom-
150 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

Fig. 7.55 – A gauche : Moule cylindrique métallique D=16cm, h=32cm. A droite : éprou-
vette cylindrique obtenue D=16cm, h=26,5cm, surfacée par un mortier de ciment (en
bas).

més Cylindre-CSTB1, Cylindre-CSTB2, Cylindre-CSTB3. Pour ces petits échantillons, les


terres ont été tamisée à 3 cm.

7.10.2.1 Surfaçage

Le surfaçage est réalisé par un mortier de ciment. Le mortier est appliqué sur la tête
de l’échantillon où il faut faire le surfaçage. L’échantillon est ensuite tourné de 1800 et la
tête avec le surfaçage est posée sur une table plane (Figure 7.55 à droite). La verticalité
de l’échantillon est vérifiée par une équerre. L’échantillon est laissé dans cette position
jusqu’à ce que le surfaçage de ciment se durcisse. Cette technique donne à l’échantillon
un surfaçage bien plan.

7.10.2.2 Essai de compression uniaxiale

Les échantillons sont testés sur une presse MTS avec un capteur de 50kN (Figure
7.56). La vitesse de chargement est de 0,01 mm/s. Aucun système d’anti-frettage n’a été
utilisé car la déformation de l’échantillon est calculée suivant le déplacement du plateau
de la presse. Avec un coefficient d’élancement de 1,6, le frettage est limité dans ces cas. Il
subsiste une partie homogène au milieu de l’échantillon.

Trois cycles de décharge-recharge ont été réalisés respectivement aux niveaux de


contrainte de 0,06 MPa, 0,12 MPa et 0,22 MPa, comme le cas des échantillons prismatiques
de Thiers1-2-3 testés dans la direction perpendiculaire aux lits de terre. Seulement de
petits cycles ont été réalisés, comme le cas des échantillons de Thiers1-2-3. Les résultats
montrent un conformité des modules de décharge et de recharge (Ed =Er ) ce qui est
similaire au cas des échantillons Thiers1-2-3.
7.10. ESSAIS EN LABORATOIRE À PETITES ÉCHELLES 151

Fig. 7.56 – Essai de compression uniaxiale sur l’éprouvette cylindrique D=16cm,


h=26,5cm.

7.10.2.3 Résultats
Les résultats obtenus sont présentés dans le Tableau 7.13. Les moyennes de la résis-
tance à la compression de 1,74 MPa et de 2,22 MPa sont trouvées respectivement pour les
cylindres de Thiers et de CSTB. Ces valeurs sont environ deux fois plus grandes que celles
des échantillons primatiques de densité sèche et teneur en eau équivalentes (les échantillons
Thiers1-2-3 dans le cas de la terre de Thiers et CSTB1 dans le cas de la terre de CSTB).
En comparaison avec la résistance à la compression de l’échantillon Thiers4, une augmen-
tation de 27% est observée. La raison de la différence vient peut-être de les trois raisons :
l’épaisseur des lits, le confinement pendant le compactage de la fabrication et le surfaçage.

ds Rc Rc(moy) Etangent E1 E2 E3 wtest


(MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (%)
σ (MPa) 0 0,06 0,12 0,22
Cylindre-Thiers1 1,91 1,71 1,74 136 202 236 285 2,2
Cylindre-Thiers2 1,91 1,76 145 207 243 296 2,3
Cylindre-CSTB1 1,92 2,23 222 242 267 315 1,7
Cylindre-CSTB2 1,92 2,45 2,22 224 242 267 325 1,7
Cylindre-CSTB3 1,93 1,97 214 215 253 303 1,6

Tab. 7.13 – Résultat des essais de compression uniaxiale des échantillons.

La variation des modules suivant la précharge des éprouvettes cylindriques au-dessus


est illustrée sur la Figure 7.57. On trouve que la résistance à la compression et le module
tangent des éprouvettes cylindriques du CSTB est supérieure nettement à celle des éprou-
vettes de Thiers (Tableau 7.13 et Figure 7.57). Pourtant, il n’y a pas de différence nette
des modules de recharge entre ces deux types d’échantillon (Figure 7.57). On trouve un
152 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

400

350

300

250
E (MPa)

200

150

100 Cylindres-Thiers

50 Cylindres-CSTB

0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
précharge (MPa)

Fig. 7.57 – Variation des modules suivant la précharge des éprouvettes cylindriques
(D=16cm, h=26,5cm) Cylindre-Thiers1, Cylindre-Thiers2 et Cylindre-CSTB1, Cylindre-
CSTB2, Cylindre-CSTB3.

comportement ”élastique-linéaire” des échantillons cylindriques de CSTB au début de l’es-


sai : Etan ' E1 ' E2 , ce qui est différent avec celui des échantillons primatiques de Thiers,
de CSTB ainsi que des échantillons cylindriques de Thiers.

La comparaison de ces résultats avec ceux des prismes de grandes dimensions est
présentée dans les Figures 7.58 et 7.59.

A partir de la Figure 7.58, on voit que le module tangent des échantillons cylin-
driques de Thiers est supérieur d’environ 40% à celui des échantillons prismatiques. La
tendance de la variation des modules suivant la préchage des échantillons cylindriques de
Thiers est différente de celle des échantillons prismatiques. L’intersection des deux courbes
a lieu aux niveaux de précharge de 0,12 MPa.

Les modules des échantillons prismatiques et cylindriques de la terre du CSTB pré-


sentés dans la Figure 7.59 montrent un comportement similaire aux échantillons de la
terre de Thiers au-dessus.

Un module tangent plus important dans le cas des échantillons cylindriques peut
provenir de leur meilleur surfaçage. La raison de la plus faible raideur des échantillons cy-
lindriques aux niveaux de précharge plus élevé (0,22 MPa dans ces cas) provient peut-être
du manque de gros éléments (gros cailloux) qui ont été enlevés pendant leur fabrication.

A partir des résultats ci-dessus, l’équivalence directe concernant la résistance à la


compression et le module tangent entre les échantillons cylindriques à petite échelle et
les échantillons prismatiques à vraie échelle n’a pas été trouvée. Un ”coefficient de cor-
7.10. ESSAIS EN LABORATOIRE À PETITES ÉCHELLES 153

500

450

400

350

300
E (MPa)

250

200 Cylindres-Thiers

150 Thiers1-2-3
Thiers4
100

50

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
précharge (MPa)

Fig. 7.58 – Comparaisons des résultats des éprouvettes cylindriques (D=16cm, h=26,5cm)
et des échantillons prismatiques de Thiers1-2-3 et Thiers4 de 40 × 40 × 64cm3 .

500

450

400

350

300
E (MPa)

250

200

150 Prisme-CSTB

100 Cylindres-CSTB

50

0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
précharge (MPa)

Fig. 7.59 – Comparaisons des résultats des éprouvettes cylindriques (D=16cm, h=26,5cm)
et de l’échantillon prismatique 40 × 40 × 64cm3 de la terre de CSTB.
154 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

rection” (du à l’effet de taille) de 2 est nécessaire dans le cas de ces deux terres pour
que la résistance à la compression des échantillons cylindriques soit représentative de celle
des échantillons à vraie échelle de densité sèche équivalente. Pourtant, ce ”coefficient de
correction” dépend de plusieurs facteurs, comme la relation entre l’épaisseur des lits des
échantillons cylindriques et prismatiques, la taille des échantillons.

Les résultats obtenus dans cette étude montrant la supériorité de la résistance à


la compression et du module tangent des échantillons cylindriques à petite échelle par
rapport aux échantillons prismatiques à vraie échelle, sont similaires aux résultats de
l’étude de Maniatidis et Walker [95].

7.10.3 Discussion
On trouve un comportement complexe du pisé non stabilisé dans cette étude : la
partie élastique n’est pas évidente en essai de compression simple. Pourtant, si l’échan-
tillon est d’abord préchargé jusqu’à un niveau de contrainte σprecharge , et déchargé, le
comportement sera élastique-linéaire dans l’interval de contrainte de 0 à σprecharge . Le mo-
dule obtenu dans cet interval est différent du module tangent et normalement plus grand
que ce dernier. Ce comportement ressemble à celui du Grès (pierre très tendre) dans la
mécanique des roches (Duffaut [48]).

La résistance à la compression du pisé peut être changée considérablement en chan-


geant l’épaisseur de chaque couche. Cette dernière doit être bien prise en compte dans la
fabrication du pisé. Une augmentation de 10% d’épaisseur de chaque couche ne diminue
pas forcément 10% de temps de fabrication d’un mur en réalité comme ce que pensent
souvent des piseurs (par exemple [98]) car le temps de monter, démonter des coffrages, le
temps de préparation de la terre, ... ne sera pas changé. Donc, une épaisseur assurant un
damage quasiment homogène dans chaque couche est indispensable. Cette homogénéité
augmente non seulement la résistance à la compression du pisé mais augmente aussi la
résistance à l’érosion du pisé car nous avons vu dans la partie de la Durabilité du pisé
que : alors que les parties supérieures d’un lit des murs de CSTB étaient peu érodées, les
parties inférieures ont été touchées par des érosions plus importantes.

7.11 Conclusion
L’étude a présenté une approche dynamique parallèlement avec une approche sta-
tique ”classique” pour mesurer le module d’élasticité du pisé. La difficulté de la fabrication
des échantillons en laboratoire demande la nécessité des mesures sur site pour valider des
résultats au laboratoire. Après des tests au laboratoire avec des échantillons représentatifs
des murs sur site, une nouvelle méthode pour simplifier la fabrication des échantillons au
laboratoire a été proposée. Les échantillons en pisé étaient remplacés par des BTC de
densité équivalente.

Les essais de compression uniaxiale sur des échantillons représentatifs du pisé donnent
la résistance de compression autour de 1 MPa pour le pisé non stabilisé dans les deux sens
perpendiculaire et parallèle aux lits. Une variation des modules d’élasticité suivant la pré-
charge a été découverte. La diminution de l’épaisseur des lits de terre du pisé augmente
7.11. CONCLUSION 155

sa densité et sa résistance à la compression. Toutefois, une augmentation de la résistance


à la compression ne s’accompagne pas d’une augmentation des modules d’élasticité. Une
hypothèse au niveau microscopique a été proposée pour expliquer ce phénomène. L’idée
de cette hypothèse est que la résistance à la compression et les modules d’élasticité ne sont
pas dirigés par un même phénomène physique. Alors que la résistance à la compression
dépend de la cohésion capillaire qui est due à l’eau résiduelle, les modules d’élasticité sont
dirigés par le squelette granulaire en priorité.

Les essais avec les BTC équivalents sont développés à partir du modèle d’un maté-
riau composite à base des lits. Ils donnent la résistance à la compression, les modules de
recharge, le module de rupture qui sont cohérents avec ceux des tests sur des échantillons
prismatiques de pisé fabriqués en laboratoire, dans les deux sens de test : perpendicu-
laire et parallèle aux lits. Ceci montre la fiabilité du modèle proposé. Une supériorité des
modules tangents des BTC équivalents par rapport à ceux des échantillons de pisé dans
le sens perpendiculaire aux lits a été observé (environ 50%). Ce qui provient peut-être
d’abord du surfaçage et ensuite des fermetures plus importantes des micropores dans le
cas des échantillons de pisé dans ce sens de test (sens de damage).

Les mesures dynamiques sont effectuées par des accéléromètres. Le modèle théorique
construit par les éléments volumiques donne des résultats très cohérents avec les résultats
des mesures sur site. Ceci affirme la fiabilité du modèle et des hypothèses proposées. Cette
approche dynamique est intéressante non seulement parce qu’elle est une autre approche
pour déterminer le module d’élasticité du pisé mais encore parce qu’elle peut nous ouvrir
l’accès aux calculs parasismiques des maisons en pisé. Elle peut nous servir à déterminer
des caractéristiques dynamiques du pisé, et à l’auscultation de la vulnérabilité sismique
des maisons en pisé existantes.
156 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
Chapitre 8

Etude exploratoire des


caractéristiques parasismiques des
constructions en pisé

8.1 Introduction
Le problème des bâtiments en terre en zone parasismique est important. Dans le
monde, la carte de zones de grande concentration de bâtiments en terre coı̈ncide sen-
siblement avec la carte de zones de risque sismique élevé (Bruce [22]). Dans le cas des
constructions en pisé en France, la plupart de bâtiments en pisé se situent dans la zone
où la conception parasismique doit être prise en compte, Figure 8.1. Donc, des recherches
sur la capacité parasismique des bâtiments en terre en général et en pisé en particulier
sont indispensables.

Malheureusement, le matériau terre est souvent considéré comme un matériau indé-


sirable pour la conception parasismique à cause de ses propriétés : la structure est plus
lourde (car les murs sont généralement épais) que les structures industrielles ; le matériau
est plus fragile et moins résistant que les matériaux industriels. Quand il y a un séisme,
le matériau terre est souvent cité comme la cause principale des désordres et des pertes
humaines. Alors que le nombre des personnes mortes dans des bâtiments mal-construits
en béton, acier ou maçonnerie est aussi considérable mais pour plusieurs raisons, il n’y a
pas de stigmatisation de ces matériaux (Bruce [22]). La construction en terre est donc liée
avec l’étiquette d’un matériau ”non-sécurisant du point de vue sismique”.

Pourtant, dans la plupart des cas généraux, les désordres subis par des bâtiments
lors des derniers séismes sont dus non pas au choix du type de matériau, ou du
type de la structure, mais à la mauvaise qualité de l’exécution, la mauvaise qualité des
matériaux, l’étude non conforme aux exigences parasismiques, ou à une combinaison de
ces trois aspects (Davidovici [41], Zacek [150]). Quand ces lignes sont écrites, un séisme
grave vient de frapper la province du Sichuan, en Chine. Des milliers de personnes ont
été tués pendant ce séisme suite aux désordres des bâtiments en béton mal conçus et mal
exécutés. Un autre exemple est la chute de plusieurs bâtiments en béton armé dans le
séisme en Turquie en 1999 alors que plusieurs bâtiments traditionnels subissaient peu de
dommage et restaient encore debout (Figure 8.2).

157
158 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

Fig. 8.1 – Carte de construction en pisé et de zones sismiques de France, d’après Pignal
[120].

Donc, il n’est pas scientifique de dire qu’un matériau est ”parasismique” et qu’un
autre ne l’est pas. Au lieu d’abandonner systématiquement le matériau terre pour cause
parasismique, il est important de comprendre le comportement dynamique des bâtiments
de ce type de matériau, ce qui permet ensuite des auscultations et des rénovations adé-
quates.

Ce chapitre présente des études sur le comportement dynamique des maisons en


pisé. Dans un premier temps, une étude bibliographique de la conception parasismique
actuelle est réalisée. Ces connaissances dans la littérature sont construites en s’appuyant
sur les bâtiments conventionnels. Les limitations des règles parasismiques actuelles et
leur inadaptation pour des bâtiments en pisé seront présentées. Ensuite, une procédure
d’identification des caractéristiques dynamiques des bâtiments en pisé sera présentée et
discutée.
8.2. ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE 159

Fig. 8.2 – Après le séisme de Duzce en 1999 en Turquie : des maisons traditionnelles su-
bissent peu de dommages alors que des bâtiments modernes en béton armé à côté subissent
des dommages graves, d’après Dogangun [47].

8.2 Etude bibliographique


8.2.1 Généralité du comportement dynamique des structures
suivant les règlements actuels
Les tremblement de terre se caractérisent par des mouvements vibratoires du sol. Il
en résulte d’importantes forces d’inertie sur la structure. Il est important de comprendre
les différents paramètres qui agissent sur la réponse de la structure pour un séisme donné.

On adopte le cheminement pour déterminer l’action subie par les structures (Hivin
[79]) :

Séisme ⇒ Mouvement du sol ⇒ Déplacement des fondations ⇒ Mouve-


ment de la construction considérée comme un oscillateur (réponse de l’ou-
vrage) ⇒ Efforts exercés sur les divers éléments ⇒ Reprise de ces efforts

8.2.2 Etude de l’oscillateur simple


8.2.2.1 Rappels de statique
Vis-à-vis des mouvements du sol, les structures se comportent comme des oscillateurs
dont les modes propres de vibrations dépendent de la raideur ou rigidité des structures.

La raideur peut être définie comme la charge entraı̂nant un déplacement unitaire de


la structure (le rapport force/déplacement) :
F
F = k.X ⇔ k =
X
avec : F force ; X déplacement ; k raideur.

Les paramètres influençant la rigidité sont :


– Le moment quadratique des sections (poutre) ou section d’effort tranchant Sc ,
– Les matériaux (module d’élasticité),
– L’élancement des éléments porteurs,
160 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

– La nature des liaisons (articulations, encastrement, ...).

8.2.2.2 Analyse modale


La réponse de la structure à un séisme dépend de ses modes propres de vibration.
Ces modes propres de vibrations ne dépendent pas du séisme et peuvent être visualisées
lorsque la structure est en oscillation libre.

L’étude de l’oscillateur simple permet de mettre en place les notions et le vocabulaire


fondamental. Un bâtiment d’un seul niveau (pas rare dans les constructions vernaculaires)
est une structure à un degré de liberté et peut être modélisé comme un oscillateur simple.
Les calculs couramment utilisés supposent (Hivin [79]) :
– un problème plan de structure symétrique du point de vue des masses et des
raideurs.
– le plancher indéformable dans son plan.
– les masses concentrées dans les planchers.
Note : On voit que les hypothèses au-dessus ne sont pas valables dans le cas des
maisons traditionnelles en général et des maisons en pisé en particulier. Car le plancher
des maisons traditionnelles sont généralement en bois. Le plancher est ”flexibles” et les
masses ne sont pas ”concentrées” dans les planchers car les murs en général sont lourds.
On discutera encore de ce problème dans les sections suivantes.

8.2.3 Force sismique équivalente


Dans les règles parasismiques actuelles (UBC97 [139] aux Etats-Unis, Eurocode8
[51] ou PS92 en France), l’action sismique subie par le bâtiment est une force statique
équivalente, appliquée à la base de la structure. Cette force a l’aspect d’une force inertie
proportionelle avec la masse totale du bâtiment. Nous présentons ici la formule de calcul
de cette force (Fb ) suivant l’Eurocode 8 [51] :

Fb = Sd (T1 ) × W (8.1)
avec :

Sd (T1 ) : ordonnée du spectre de calcul pour la période T1 ;

T1 : période fondamentale de vibration du bâtiment pour le mouvement de trans-


lation dans la direction considérée ;

W : poids total du bâtiment.

La fonction générale de Sd (T ) est déterminée à partir de la Figure 8.3, explicitée par


les expressions suivantes :

Sd (T1 ) = F onction(T1 , η) (8.2)


où T1 est la première période propre et η est le coefficient de correction de l’amortis-
sement. L’expression simple dans l’équation (8.2) au-dessus veut dire que la détermination
8.2. ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE 161

de Sd (T1 ) dépend de T1 et η, elle ne veut pas dire que Sd (T1 ) dépend uniquement de T1 et
η. En effet, il reste encore d’autres paramètres qui influencent la valeur de Sd (T1 ) comme
les caractéristiques du sol au-dessous de la fondation du bâtiment ; la zone où se situe
le bâtiment ; les facteurs d’amplification. Pourtant, dans cette étude, nous n’allons pas
discuter de ces éléments parce qu’ils ne dépendent pas de la structure elle-même mais
ils dépendent du sol de la fondation et de l’interaction ”sol-structure”. Dans cette étude
exploratoire de la parasismicité des bâtiments en pisé, nous n’allons étudier que les deux
paramètres T1 et η.

Dans l’équation (8.2), l’expression de Sd (T1 ) n’est pas une Fonction unique mais
change suivant la valeur de la première fréquence propre T1 selon l’intervalle dans lequel
se situ T1 (sur la Figure 8.3). Dans chaque intervalle (0 ≤ T1 ≤ TB ; TB ≤ T1 ≤ TC ;
TC ≤ T1 ≤ TD ou TD ≤ T1 ), une Fonction correspondante de Sd (T1 ) est retrouvée. En-
suite, l’expression de la Fonction trouvée dépend aussi de T1 .

Un autre élément dont Sd (T1 ) dépend aussi est η - le coefficient de correction de


l’amortissement. La valeur de η dépend du coefficient de l’amortissement et peut être
déterminée par la relation suivante (formule (4.5) dans l’Eurocode 8 [51]) :
r
7
η= (8.3)
2+µ

Fig. 8.3 – Spectre de réponse élastique dans l’Eurocode [51].

Avec les expressions présentées au-dessus, on voit que pour déterminer la force sis-
mique équivalente appliquée à un bâtiment, il faut déterminer la période fondamentale du
bâtiment (T1 ) et le coefficient d’amortissement (µ) du matériau constitué de la structure.
Ces deux paramètres seront encore discutés plus tard dans les sections suivantes de ce
chapitre, pour le cas des maisons en pisé.

8.2.4 Limitations des règles parasismiques actuelles


La nécessité d’avoir des règles simples, faciles à utiliser, ainsi qu’un compromis entre
un niveau de protection parasismique acceptable et son coût a provoqué les limitations
des règles parasismiques actuelles. Il reste encore plusieurs limitations mais cette section
ne présente que les limitations concernant notre étude.
162 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

8.2.4.1 Principe du calcul

Par commodité, le calcul des structures aux séismes est basé sur l’équivalence sta-
tique alors que le problème est dynamique en réalité. Lors des tremblements de terre,
les structures subissent une mise en mouvement de leur fondation, ce qui a pour effet
de leur injecter une quantité d’énergie qui est fonction des paramètres dynamiques de
chaque structure. Leur survie en cas de séisme dépend davantage de leur capacité à dis-
poser de cette énergie (par stockage temporaire ou par dissipation) et à tolérer les cycles
de déformations, que de leur résistance pure(Zacek [151], Ferrigni et al. [54]).

8.2.4.2 Hypothèse de calcul

– Un séisme impose aux constructions une suite d’accélérations dont la durée peut
dépasser 1mn. Cependant, le calcul réglementaire ne considère qu’une seule accé-
lération (supposée maximale), appliquée sans durée comme une force statique. Les
deux situations ne sont pas comparables car la durée de secousses est un facteur de
dommage important. Un séisme long est en général plus destructeur qu’un séisme
court plus fort (Clough et Penzien [34], Zacek [151]).

– Pour le calcul aux séisme, les constructions sont considérées comme non défor-
mées au moment d’application des charges sismiques. Or, la période des secousses
étant dans la plupart des cas plus courte que celle de l’oscillation des ouvrages,
les charges sismiques sollicitent dans ces cas plusieurs fois les ouvrages déformés,
avant leur retour en position initiale (Zacek [151]). Leur action réelle est donc plus
préjudiciable que dans le cas considéré par les règles parasismiques.

– Le facteur le plus destructeur observé lors des tremblements de terre est la réso-
nance des constructions avec le sol. La résonance accroı̂t considérablement les am-
plitudes d’oscillation et, par conséquent, multiplie l’intensité des forces sismiques
par un facteur important. Cependant, ce problème de résonnance est dirigé par
l’interaction sol-structure, ce qui demande des études spécifiques ”cas par cas”
suivant les caractéristiques de la structure et celles du sol. Ce problème n’est pas
encore tout traı̂té par les règles parasismiques actuelles.

8.2.4.3 Bilan

Bien qu’il subsiste des limitations dans les règles parasismiques actuelles, ces règles
ont quand-même une valeur intrinsèque. En général, des bâtiments conventionnels bien
conçus et exécutés suivants les règles parasismiques subissent peu de dégâts. Ce qu’il faut
dire ici, c’est que par manque de recherches scientifiques sur le matériau terre, dans les
règles, les maisons en terre (dont le pisé) ne sont pas traitées spécifiquement et on doit
leur adapter le règlement conçu pour d’autres types de matériau (par exemple la règle
PS-MI 89 [6]). Cela peut compromettre ces bâtiments car il y a une différence possible
du comportement parasismique entre le matériau terre et d’autres matériau. Il est donc
nécessaire d’étudier le comportement dynamique des maisons en terre pour vérifier si ces
dernières peuvent être évaluées suivant les règles parasismiques actuelles et si nécessaire,
proposer des règlements plus adaptés à ces types de bâtiment.
8.3. PARASISMICITÉ DE LA CONSTRUCTION EN TERRE 163

8.2.5 Cultures sismiques locales (CSL)


Cette approche est développée et présentée dans Ferrigni et al. [54], Ferrigni [53],
spécifiquement pour des construction traditionnelles, des constructions en matériaux lo-
caux.

Cette approche ”syncrétique” est basée sur l’analyse des techniques parasismiques
traditionnelles qui se sont consolidés localement aux fil des siècles. C’est-à-dire, des tech-
niques qui ont été favorablement testées par rapport au type sismique de tous les tremble-
ments de terre qui ont frappé ce site en provoquant des dégâts à ce bâti. Par conséquent,
les indications techniques tirées de cette approche diffèrent site par site, édifice par édi-
fice, leur fiabilité ne relèvent pas du respect de certains paramètres, mais de l’application
rigoureuse d’un protocole d’analyse.

Contrairement aux règles parasismiques modernes qui, pour empêcher les dégâts
macrosismiques, demandent qu’il soit vérifié que les sollicitations pontuelles ne dépassent
pas les limites tolérées par les matériaux, dans l’approche CSL, on ne s’interroge pas sur
les sollicitations ultimes des matériaux, mais on prend en compte la résistance globale
du bâtiment. Dans cette approche, les techniques constructives n’empêchent pas que les
fissures se produisent alternativement dans les murs, mais elles sont conçues pour qu’après
la secousse, tout se remette en place (ou que, au pire, les fissures ne compromettent pas
la stabilité de l’ensemble).

L’inconvénient de cette approche est la difficulté de trouver des empreintes du savoir-


faire empirique, pas toujours évidentes. En plus, la procédure d’analyse diffère d’un site
à l’autre et demande une mise en place pour chaque projet ce qui n’est pas favorable au
critère économique.

8.3 Parasismicité de la construction en terre


Jusqu’à maintenant, peu de recherches ont été menées sur le comportement dy-
namique du matériau terre en général et du pisé en particulier. Quelques études sont
principalement réalisées sur des adobes, peut-être parce que cette technique est plus po-
pulaire dans les zones sismiques que les autres techniques de construction en terre (par
exemple Leroy Tolles et al. [138] aux Etats-Unis, Blondet et Aguilar [18] à Peru, Samali
et al. [133] en Australie). En Asie Centrale, après le séisme à Bam (Iran) qui a détruit
beaucoup de construction en terre (et aussi d’autres types de bâtiment), plusieurs études
ont été mises en place pour comprendre pourquoi la Citadelle de Bam - patrimoine de
l’UNESCO, le plus grand patrimoine en adobes du monde - qui a vécu 2000 ans jusqu’à
avant ce séisme-là, a été gravement dévastée (Langenbach [89], Bakeer et Jager [14]).

Bien que des études de la parasismicité du pisé n’existent pas beaucoup encore à
notre connaissance (cette technique est peut-être souvent utilisée dans les zones moins
sismiques), on peut citer ici les études de Minke [103] en Allemange, de Walker et Morris
[147] en Nouvelle-Zélande, de Hamilton et al. [73] aux Etats Unis.

Dans cette section, on fait une synthèse des études parasismiques existantes de la
construction en terre pour ensuite, proposer des solutions parasismique possibles pour les
164 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

maisons en pisé.

Des études existantes sur la parasismicité des constructions en terre peuvent être
groupées en deux approches principales :

– Des études théoriques :


Dans cette approche, les constructions sont modélisées par des modèles théoriques
(Bakeer et Jager [14]). Puisque la question du comportement du matériau terre
n’a pas encore de réponses appropriées, la pertinence des modèles théoriques res-
tent encore à être vérifiée. C’est la raison pour laquelle cette approche n’est pas
encore choisie dans la plupart des autres études.

– Des études expérimentales :


Avec le matériau terre dont le comportement n’est pas encore bien maı̂trisé, des
études expérimentales en laboratoire sont nécessaires. Le test en laboratoire le
plus connu dans la recherche parasismique est le test avec des tables de vibration.
Plusieurs études avec des tables de vibration ont été mises en places. Plusieurs
modèles de maçonneries en adobes ont été testés sur la table de vibration : des
maisons complètes à petite échelle (Tolles et al. [138]) ou à vraie échelle (Aguilar
[18]) ; ou simplement des groupes de murs en adobes (Samali et al. [133], Bariola
[16]). La table de vibration peut simuler le mouvement d’un séisme connu pour
tester la performance parasismique des modèles étudiés. Si la performance du mo-
dèle testé n’est pas suffisante, des solutions de renforcements seraient proposées
et le nouveau modèle avec retrofit serait testé sur la table de vibration pour vé-
rifier l’efficacité du renforcement. Tolles et al. [138] ont montré que des résultats
obtenus dans leur étude est similaire avec ce qui se passe sur site. Donc, par des
modélisations complexes (actions dynamiques, structures en 3D, ...), des études
avec la table de vibration pourraient donner des informations pertinentes du com-
portement de la structure étudiée pendant des séismes réels.
Plusieurs études ont appliqué le renforcement obtenus en laboratoire aux maisons
réelles sur site (Tolles et al. [138], Aguilar [18], Minke [103]). Pourtant, la perfor-
mance parasismique réelle de ces projets n’a pas encore été vérifiée pour de vraies
secousses.

8.4 Quelle stratégie pour la construction parasismique


du pisé ?
A l’heure actuelle, les recherches scientifiques sur la parasismicité des constructions
en pisé ont deux objectifs principaux. Le premier est l’aucultation de la performance pa-
rasismique des patrimoines existants en pisé qui sont encore très riches en France ainsi
qu’en Europe et dans le monde (Michel et Poudru [100], Guibaud [65], Delgado et Guerrero
[43], Jaquin et al. [82], Fernandez [52], Ghomari et Belabdelouahab [61], ...). Le deuxième
est la recherche des solutions techniques pour d’une part renforcer les bâtiments en pisé
existants et de l’autre assurer une performance parasismique satisfaisante dans le cas des
constructions neuves.

L’auscultation et le renforcement des patrimoines existants sont souvent difficiles


8.5. AUSCULTATIONS DES MAISONS EXISTANTES 165

car on doit tenir compte en même temps de plusieurs critères : culturel, technique et éco-
nomique (Tolles et al. [138], Binda et Maierhofer [17], Blondet et Aguilar [18]). Il existe
une grande diversité des techniques d’auscultation des patrimoines existants (Binda et
Maierhofer [17]). Dans notre approche qui sera présentée ici, on utilisera la méthode
d’auscultation par des mesures dynamiques (accélération, déplacement, ...).

Dans le deuxième temps, une synthèse des techniques de renforcement parasismique


des constructions en terre sera mise en place et discutée pour proposer les solutions adap-
tées pour des maisons en pisé.

8.5 Auscultations des maisons existantes


Cette méthode de mesures des caractéristiques dynamiques des bâtiments suit la
section des mesures dynamiques sur site du chapitre précédent (section §7.7). Cette mé-
thode a été utilisée non seulement dans le cas des bâtiments de grand élancement comme
des immeubles en béton armé (Hans et al. [75], Boutin et al. [21], Michel et Guéguen [99])
ou des clochers en maçonnerie traditionnelle (Gentile et Saisi [60], Ivorra et Pallarés [81])
mais aussi des maisons individuelles traditionnelles à un ou deux niveaux (De Sortis et
al. [42]), Ueta et al. [140], Cuadra et al. [40]).

La stratégie de cette approche est de déterminer des caractéristiques du patrimoine


(le module d’élasticité, des fréquences propres, ...) pour ensuite construire un modèle
théorique représentant la structure réelle. A partir des caractéristiques mesurées, le mo-
dèle est calibré pour obtenir une meilleure cohérence avec la structure réelle. Une fois
que le modèle est validé, on pourra évaluer la vulnérabilité sismique du patrimoine en
étudiant le comportement du modèle sous des sollicitations dynamiques simulées. Si le
modèle montre que la structure ne satisfait pas aux demandes parasismiques exigées, des
solutions de renforcement seront proposées. Le renforcement sera appliqué d’abord sur le
modèle. Le ”modèle modifié” correspond à la structure après le renforcement. L’étude du
comportement du ”modèle modifié” sous des sollicitations simulées permettra de vérifier
l’efficacité du renforcement et de l’optimiser si nécessaire.

8.5.1 Premier pas de l’évaluation de la vulnérabilité sismique


des maisons en pisé
Les caractéristiques dynamiques des bâtiments sont les paramètres les plus impor-
tants en ingénierie parasismique (Lamarche et al. [88]). Les fréquences propres de vibration
sont nécessaires pour déterminer les charges sismiques appliquées, et l’amortissement est
nécessaire dans les analyses suivant le déplacement de la structure (”time-history analy-
sis” - Lamarche et al. [88]). Ces paramètres sont généralement déterminés par des tests de
vibration.

Dans la section §8.2.3, nous avons vu l’influence de la première période (inverse


de la fréquence) propre et du coefficient d’amortissement à la détermination de la force
sismique statique équivalente suivante les règles parasismiques. Dans la partie suivante de
cette section, nous allons présenter les mesures des fréquences propres des maisons en pisé
sur site et la détermination de leur amortissement.
166 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

Fig. 8.4 – Vélocimètre pour mesurer des vibrations.

Fig. 8.5 – Vue générale du château de Lavort en pisé (façade Ouest).

8.5.2 Fréquences propres de maisons en pisé


8.5.2.1 Dispositif des mesures
Le principe des mesures dynamiques ici est le même que celui de la troisième échelle
dans le chapitre précédent (les mesures dynamique sur site - section §7.7). Cependant, les
capteurs utilisés ici sont des vélocimètres (Figure 8.4) au lieu des accéléromètres. L’avan-
tage de ces vélocimètres est que chaque vélocimètre peut mesurer en même temps les trois
composantes principales orthogonales de vibration (deux dans les directions horizontales
et un dans la direction verticale) et que chaque vélocimètre est synchronisé par GPS sur
une base de temps commune et peut également stocker sur une quantité importante de
donnée. Le recours à une centrale d’acquisition est ainsi évité.

8.5.2.2 Mesures dynamiques sur le château de Lavort


La château de Lavort se situe dans la région Rhône-Alpes en France. La vue générale
de ce château est présentée dans la Figure 8.5. Des plans du rez de chaussée et du premier
étage ainsi que la disposition des capteurs sont illustrés dans la Figure 8.6.
8.5. AUSCULTATIONS DES MAISONS EXISTANTES 167

Fig. 8.6 – Plan du premier étage (en haut) et du Rez de Chaussée (en bas) du château de
Lavort et la disposition des capteurs. Les flèches illustrent la direction Nord de capteur.
168 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

Maison f1(site) (Hz) T1(site) (s) T1(cal) (s) Différence (%)


Lavort 4,5 ± 0,2 0,22 ± 0,01 0,19 -11,8
Perigneux 5,8 ± 0,1 0,17 ± 0,003 0,17 1,7
Bournay [109] 6,8 ± 0,2 0,15 ± 0,004 0,17 10,4

Tab. 8.1 – Comparaison des premières périodes propres obtenues sur site et calculées
suivant des formules expérimentales dans les normes.

Les mesures ont été réalisées sous bruit ambiant (il n’y a pas de sollicitation). Trois
mesures différentes ont été réalisées. En général, on trouve que les capteurs en haut (au
premier étage) donnent des signaux plus nets que ceux se situant en rez de chaussée. Cela
est dû à des déplacements plus significatifs au premier étage qu’au rez de chaussée.

Les Figures 8.7 et 8.8 présentent des exemples du résultat des vibrations obtenues
en troisième mesure dans les directions E-W (Est-Ouest) et N-S (Nord-Sud) qui ont été
illustrées dans la Figure 8.6.

On voit qu’il n’est pas facile de déterminer précisément les fréquences propres du
château à partir des signaux mesurés car les premières fréquences propres sont proches
l’une de l’autre. Les premières fréquences pourraient être déterminées de 4,3 et 4,8 Hz,
respectivement. Ceci est tout à fait en accord avec la forme générale du château (il n’y a
pas de direction dominante). Le résultat des mesures sera discuté dans la section 8.5.6.

8.5.3 Mesures sur la maison de Perigneux


Cette maison se situe aussi en région Rhône-Alpes. La Figure 8.9 présente la vue
générale de la maison de Perigneux. La procédure est similaire à celle sur le château de
Lavort présentée au-dessus. Des résultats obtenus sont présentés dans les Figures 8.10,
8.11 et 8.12. Le résumé est présenté dans le Tableau 8.1.

8.5.4 Mesures sur la maison de Saint Jean de Bournay


On présente ici des mesures qui ont été effectuées dans le cadre du stage de Master
de Mottier [109], aussi au Laboratoire GéoMatériau de l’ENTPE. Cette maison se site sur
la commune de Saint-Jean de Bournay dans l’Isère et on l’appelera ”maison de Bournay”.
La Figure 8.13 présente la vue générale de cette maison. Des mesures ont été réalisées avec
la même procédure et les mêmes vélocimètres que les deux maisons présentées au-dessus.
Le résumé est présenté aussi dans le Tableau 8.1.

8.5.5 Amortissement des structures en pisé


En conception parasismique des structures, le facteur d’amortissement ξ est un des
paramètres importants de la structure. La cause principale de l’amortissement dans les
structures courantes vient d’une part de la déformation du matériau (en phase élastique et
en phase plastique) qui absorbe l’énergie, et de l’autre du rayonnement d’onde mécanique
8.5. AUSCULTATIONS DES MAISONS EXISTANTES 169

LAVORT − Configuration 3

−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur S21
2.5

2
deplacement (mm)

1.5

0.5

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)

−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur 21
1

0.8
deplacement (mm)

0.6

0.4

0.2

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)

−7
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur 20
6

5
deplacement (mm)

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)

Fig. 8.7 – Résultat des vibrations obtenues dans la direction E-W (Est-Ouest) en troisième
mesure sur le château de Lavort.
170 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

LAVORT − Configuration 3
−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur S21
1

0.8
deplacement (mm)

0.6

0.4

0.2

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)

−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur 21
6

5
deplacement (mm)

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)

−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur 20
1

0.8
deplacement (mm)

0.6

0.4

0.2

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)

Fig. 8.8 – Résultat des vibrations obtenues dans la direction N-S (Nord-Sud) en troisième
mesure sur le château de Lavort.
8.5. AUSCULTATIONS DES MAISONS EXISTANTES 171

Fig. 8.9 – Vue générale de la maison de Perigneux.

par l’intermédiaire de la fondation.

Une méthode qui est couramment utilisée pour déterminer le facteur d’amortisse-
ment de la structure est la Méthode de la demie largeur de bande passante (”Half-Power
Band Width Method” - Clough et Penzien [34], Chopra [33]). La Figure 8.14 explique le
principe de cette méthode.

Le facteur d’amortissement ξ est calculé suivant la formule :


f2 − f1
ξ=
f 1 + f2

d’où f1 et f2 sont des fréquences correspondent au niveau pic/ 2.

Nous utilisons cette méthode aux mesures dynamiques réalisées dans le chapitre pré-
cédent sur les murs en pisé isolé-pas de liaison, et sur les trois maisons présentés au-dessus.

Dans le cas des murs en pisé sur la fondation en béton, présentés dans le chapitre
précédent, on obtient le facteur d’amortissement du pisé : ξ = 0,04 (±0, 002). En com-
parant avec le facteur d’amortissement d’autres matériaux courants (Tableau 8.2), nous
voyons que le facteur d’amortissement des murs en pisé obtenu ici est similaire avec celui
du béton armé et un peu plus petit que celui de la maçonnerie.

Le résultat du facteur d’amortissement des maisons en pisé mesurées sont présenté


dans le Tableau 8.3. La différence des facteurs d’amortissement obtenus ici ainsi que avec
les murs de pisé sur site provient des liaisons avec les autres éléments de la maison (toiture,
plancher, ...) mais également peut-être de l’interaction sol-structure.

8.5.6 Discussions sur des résultats des mesures dynamiques


En conception parasismique, parmi des modes propres, le premier mode est toujours
le plus important. En général, dans le cas des maisons individuelles, seulement la période
de vibration du premier mode est prise en compte dans la conception suivant des normes
172 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

PERIGNEAUX

−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur S21
6
deplacement (mm)

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur 21
3
deplacement (mm)

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur 19
6
deplacement (mm)

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur 20
1.5
deplacement (mm)

0.5

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)

Fig. 8.10 – Résultat des vibrations obtenues dans la direction E-W (Est-Ouest) sur la
maison de Perigneux.
8.5. AUSCULTATIONS DES MAISONS EXISTANTES 173

PERIGNEAUX
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur S21
8
deplacement (mm)

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur 21
2
deplacement (mm)

1.5

0.5

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur 19
8
deplacement (mm)

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−7
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur 20
4
deplacement (mm)

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)

Fig. 8.11 – Résultat des vibrations obtenues dans la direction N-S (Nord-Sud) sur la
maison de Perigneux.
174 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

PERIGNEAUX

−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel vertical pour Capteur S21
3
deplacement (mm)

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel vertical pour Capteur 21
3
deplacement (mm)

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel vertical pour Capteur 19
2
deplacement (mm)

1.5

0.5

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel vertical pour Capteur 20
1.5
deplacement (mm)

0.5

0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)

Fig. 8.12 – Résultat des vibrations obtenues dans la direction verticale sur la maison de
Perigneux.
8.5. AUSCULTATIONS DES MAISONS EXISTANTES 175

Fig. 8.13 – Vue générale de la maison de Bournay, d’après Mottier [109].

Matériau ξ
Maçonnerie 0,05
Béton non armé 0,03
Béton armé 0,04
Béton précontraint 0,02
Bois cloué 0,05
Bois boulonné 0,04
Bois lamellé collé 0,04
Acier soudé 0,02
Acier boulonné 0,04

Tab. 8.2 – Facteur d’amortissement des matériaux courants (suivant Eurocode 8 [51]).

parasismiques.

8.5.6.1 Comparaison des résultats sur site avec des formules dans les normes

Comme on l’a évoqué au-dessus, les fréquences propres jouent un rôle important
dans la conception parasismique et les forces sismiques appliquées aux bâtiments sont
liées aux fréquences propres des bâtiments.

Pour des bâtiments de faible hauteur, les normes proposent des formules empiriques
simples pour déterminer rapidement leur première période propre. Ces formules sont éta-
blites à partir des maisons en matériaux conventionnels (acier, béton armé, ...). Nous
allons vérifier si ces formules sont applicables pour des maisons en pisé.

La formule la plus couramment utilisée est la formule (30-8) de UBC97 [139] (qui
est reportée dans l’Eurocode [51]) :
176 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

Fig. 8.14 – ”Half-Power Band Width Method” pour déterminer le coefficient d’amortisse-
ment, suivant Clough et Penzien [34].

Maison Facteur d’amortissement


Lavort 0,032 ±0, 002
Perigneux 0,024 ±0, 002
Bournay 0,036 ±0, 002

Tab. 8.3 – Facteur d’amortissement des maisons mesurées.

T1 = Ct (hn )3/4 (8.4)


dans laquelle hn est la hauteur du bâtiment à partir du sol naturel et Ct est le coefficient
qui dépend du type de la structure :

– Ct =0,0853 pour des bâtiments de l’ossature en acier.


– Ct =0,0731 pour des bâtiments de l’ossature en béton armé.
– Ct =0,0488 pour d’autres types de bâtiment.

Donc, nous allons utiliser la valeur Ct =0,0488 pour des maisons en pisé de notre
cas. La comparaison des périodes mesurées sur site et calculées par la formule (8.4) est
présentée dans le Tableau 8.1.

A partir du Tableau 8.1, on voit que la formule empirique (8.4) dans les normes
donne des résultats proches avec ce qu’on obtient sur site. Donc, cette formule semble
être applicable pour des maisons en pisé.

8.5.6.2 Evaluation de la vulnérabilité de ces maisons par des règles parasis-


miques
Dans la règle parasismique française PS92 (et aussi dans l’Eurocode 8), l’action sis-
mique s’appliquant aux bâtiments est considérée comme une force statique équivalente.
Cette force sismique est proportionnelle à un facteur RE qui est déterminé à partir de la
8.5. AUSCULTATIONS DES MAISONS EXISTANTES 177

Fig. 8.15 – Spectre dans la règle parasismique PS92, d’après Zacek [150].

première fréquence propre du bâtiment et le type de sol où se situe le bâtiment (Figure
8.15). Dans la Figure 8.15, S0 , S1 , S2 , S3 , correspondent aux types de sol différents. Pour
la simplicité et dans le sens de sécurité, les règles parasismique considèrent que RE des
bâtiments ayant des faibles premières périodes (avant le pic du spectre) a la même valeur
que le pic. Par exemple, pour des bâtiment se situant sur un sol S0 ayant la première
période de 0,1 s, on peut prendre RE = 2,5 pour ce bâtiment-là.

Conformément aux spectres des règles parasismiques, on trouve que les maisons en
pisé mesurées subissent des forces sismiques importantes dans la conception parasismique
suivant les normes (car les périodes propres mesurées ne dépassent pas 0,23 s). Ce point
est défavorable pour la conception des maisons en pisé. Donc, dans les calculs suivants les
règles parasismiques actuelles, des maisons en pisé doivent résister à des forces sismiques
importantes.

8.5.6.3 Etudes sur des modèles théoriques


Puisqu’il existe encore des limites dans les règles parasismiques actuelles comme on
a parlé au début de ce chapitre (par exemple une force sismique équivalente, la conception
par la contrainte, l’application générale pour des bâtiments en matériaux industriels), plu-
sieurs études utilisent une autre approche pour l’auscultation des maisons traditionnelles
existantes : l’approche par modèles théoriques construits à partir des mesures dynamiques
sur site. Cette approche a eu du succès sur plusieurs types de bâtiments différents, des
immeubles en béton armé (Boutin et al. [21], Michel et Guéguen [99], etc.) aux bâtiments
anciens - en pierres ou en bois (Gentile et Saisi [60], Ivorra et Pallarés [81], Ueta et al.
[140], Cuadra et al. [40], Maeda et al. [94], Binda et Maierhofer [17], etc).

Cette approche se compose de deux étapes principales. En première étape, des me-
sures dynamiques sur site sont réalisées pour identifier des caractéristiques dynamiques du
178 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

bâtiment étudié (des fréquences propres, le facteur d’amortissement, ...). La procédure de


cette étape est celle qu’on a faite dans la section précédente. En deuxième érape, un mo-
dèle théorique est construit et calibré pour donner des résultats les plus proches possibles
avec des mesures sur site. Une fois que le modèle est validé, un séisme simulé sera appli-
qué au modèle. La vulnérabilité du bâtiment sera évaluée via le comportement du modèle
dans ce séisme simulé. Etant différentes avec des évaluations des normes habituelles qui
utilisent des critères de la contrainte maximale pour évaluer la capacité de la structure
(par la simplicité d’utilisation), plusieurs études proposent le critère de la déformation
maximale pour évaluer la capacité sismique de la structure (Boutin et al. [21], Michel et
Guéguen [99]) ce qui est plus proche de son comportement réel (fissures dues à la traction,
Bruce [22]).

Les modèles utilisés en littérature sont soit en 3 dimensions, soit en 2 dimensions.


Les modèles de 3 dimensions donnent souvent des résultats plus proches des résultats
mesurés sur site. Cependant, l’inconvénient de ces modèles est la complexité pour les
établir et la difficulté à appliquer à un nombre plus grand de bâtiments. C’est la raison
pour laquelle plusieurs études utilisent encore des modèles simples en 2D. Dans le cas des
bâtiments de grande hauteur, des modèles simples en 2D (par exemple le modèle de ”bro-
chette” qui accepte l’hypothèse des planchers rigides indéformables, les masses concentrées
aux planchers, ...) donnent aussi de bons résultats (Hans [74], Boutin et al. [21], Michel
et Guéguen [99], Gentile et Saisi [60], Ivorra et Pallarés [81]). Pourtant, dans le cas des
maisons de faible hauteur, l’application des hypothèses présentées ci-dessus donnent des
écarts importants entre les résultats du modèle et ceux mesurés sur site. Dans ce cas là,
des modèles plus complexes en 3D sont nécessaires (De Sortis et al. [42], Ueta et al. [140],
Cuadra et al. [40], Maeda et al. [94], Binda et Maierhofer [17]).

Dans le cas d’évaluation de la vulnérabilité sismique des maisons en pisé, des modèles
3D semblent plus convenables car des hypothèses appliquées aux bâtiments de grande hau-
teur ne sont pas valables ici. Pourtant, jusqu’à maintenant, les études sur des modèles 3D
sont des études sur des bâtiments qui ont des valeurs historiques, culturelles importantes,
l’utilisation des modèles complexes en 3D est donc acceptable. Dans le cas des maisons
en pisé, du fait de leur abondance, le développement des modèles 3D complexe n’est donc
pas souhaitable et des modèles simples qui peuvent être applicables à un grand nombre
des maisons en pisé sont préférables. Ce travail est en train d’être lancé au Laboratoire
Géomatériaux (Do [46]).

8.6 Renforcement des maisons en pisé


Parallèlement avec des modèles théoriques, des études expérimentales pour valider
ces modèles sont indispensables. Des études expérimentales sont nécessaires aussi pour
vérifier l’efficacité des solutions techniques du renforcement proposées pour les maisons
en terre, en pisé.

Dans cette section, on va étudier des possibilités du renforcement des maisons en


pisé à partir des connaissances actuelles de la parasismicité de la construction en terre
où la plupart des études sont réalisées sur des adobes. Après avoir regardé l’état des
connaissances actuelles de la parasismicité de la construction en terre, des solutions de
8.6. RENFORCEMENT DES MAISONS EN PISÉ 179

renforcement des murs en pisé seront proposées. Ces renforcements sont importants et
pourront servir au renforcement des maisons existantes ou appliquer aux maisons neuves.

8.6.1 Ossatures en béton armé


Cette technique est utilisée assez fréquemment en réalité par manque des connais-
sances scientifiques sur le matériau terre. Par contre, elle est déconseillée par des re-
cherches scientifiques (Bruce [22], Langenbach [90]) due à une incompatibilité de la raideur
entre le matériau terre et l’ossature en béton armé.

8.6.2 ”Armer” des murs en pisé


Walker et Morris [147] proposent l’utilisation des armatures en acier pour renforcer
des murs en pisé. La densité et la disposition des armatures dépendent de la zone sismique
où se situe le bâtiment. La Figure 8.16 présente un exemple de ce type de renforcement.
Ce type de renforcement n’est pas conseillé par les autres auteurs.

8.6.3 Renforcement par des grillages souples à l’extérieur du


mur
Plusieurs études ont essayé ce type de renforcement (Blondet et Aguilar [18], Tolles
et al. [138]) sur des maisons en adobe de petites échelle à vraie échelle. Ces maisons sont
testées sur la table de vibration. La Figure 8.17 présente un exemple d’une maison testée
dans l’étude de Blondet et Aguilar [18]. Des mouvements d’un vrai séisme sont simulés à la
table de vibration. Des résultats montrent que bien qu’il y ait des dommages, les maisons
renforcées par ces grillages en polymères peuvent éviter une rupture totale. Cette technique
a bien amélioré la capacité parasismique de ces maisons en adobe. Pourtant, l’inconvénient
de cette technique est l’augmentation du coût de construction (le grillage et le temps de
mise en place). Des études de l’efficacité parasismique de ce type de renforcement sur les
murs en pisé ainsi que du problème économique sont nécessaires.

8.6.4 Tirants verticaux


Minke [103] encourage l’utilisation des barres de renforcement verticales mais par
contre, il déconseille le placement des barres horizontales dans les murs en pisé. La raison
est que la force de cisaillement ne peut pas être transférée par des barres puisque la co-
hésion entre ces éléments et la terre est très faible. Donc, des éléments de renforcement
horizontal affaiblissent souvent la structure et cause des fissures horizontales. En plus, en
pratique, il est difficile d’assurer un bon damage avec la présence de ces éléments horizon-
taux (Minke [103]).

Des barres verticales peuvent être en bambou ou en acier. La Figure 8.18 illustre
l’application des tirants verticaux dans les murs de pisé.

La technique des tirants verticaux en bambou a été testée en laboratoire avec la


table de vibration sur des murs en adobes forme U (Samali et al. [133]), ou T (Bariola
[16]), ou une petite maison complète (Blondet et Aguilar [18]). Des résultats montrent
que cette technique peut améliorer considérablement la capacité parasismique des murs
180 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

Figure 2 Reinforcing and dowels for reinforced earth walls (rearranged from fig 5.4 NZS 4299)

Fig. 8.16 – Renforcement parasismique des murs en terre proposé dans la norme de
Nouvelle-Zélande [112].
8.6. RENFORCEMENT DES MAISONS EN PISÉ 181

Fig. 8.17 – Une maison en adobe renforcé par des grillage en polymer, avant le test sur
la table de vibration, dans l’étude de Blondet et Aguilar [18].

en adobe testés. Pourtant, les limitations de cette technique est que le bambou n’est pas
toujours présent dans les zones sismiques (Blondet et Aguilar [18]) et il ne présente pas
une bonne durabilité suffisante (Bruce [22]).

Pour éviter ce problème de la durabilité, des bambous sont remplacés par des tirants
en aciers dans les autres études. L’étude de Tolles et al. [138] a testé des maisons à plu-
sieurs échelles avec cette technique (des tirant verticaux à l’intérieur du mur) et avec la
technique des grillages en polymère à l’extérieur parlée au-dessus. Le résultat montre que
le renforcement par des tirants verticaux à l’intérieur du mur donne des réponses satisfai-
santes aux demandes des règles parasismiques actuelles et meilleures que la technique des
grillages à l’extérieur.

La technique des tirants verticaux à l’intérieur du mur a été appliquée aux murs
en pisé stabilisé dans des études de Hamilton et al. [73], Morris et Walker [107], avec
l’utilisation des tirants en acier précontraint. Ces tirants sont placés dans les tubes mis
dans le coffrage pour protéger les tirants contre la corrosion par l’humidité de la terre du
pisé. Ces tirants sont introduits la précontrainte après le damage du mur. L’utilisation
de la précontraint peut diminuer la quantité des tirants nécessaires, par rapport à la
technique des tirants normaux. Cela diminue non seulement le travail de l’emplacement
des renforcements mais aussi facilite le damage du pisé. Avec les tirants précontraints, pour
chaque mur, on n’aurait besoin que de 2 tirants aux deux bouts du mur pour supporter
la force sismique ”en plan” du mur et un tirant au milieu du mur pour supporter la force
sismique ”hors plan” du mur. Cette technique est tout à fait applicable aux murs en pisé
et ouvre une nouvelle voie du renforcement des maisons en pisé neuves ou existantes par
son efficacité et sa simplicité de réalisation par rapport aux autres techniques présentées
dans les sections précédentes. Des études plus approfondies sur cette technique restent à
mettre en place.
182 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ

Fig. 8.18 – Renforcement par des tirants verticaux, proposé par Minke [103]

8.7 Conclusions
Cette étude présente une première approche des mesures dynamiques sur des mai-
sons en pisé. Le facteur d’amortissement et les fréquences propres des maisons en pisé ont
été mesurées. La comparaison du résultat des mesures sur site et la formule empirique
proposée par les règles parasismiques montre que cette formule empirique pourraient être
applicables pour des maisons en pisé.

La construction d’un modèle théorique pertinent pour étudier le comportement de


ces maisons pendant des séismes est nécessaire. Le modèle doit être suffisamment simple
pour pouvoir être appliqué aux autres maisons en pisé.

L’Annexe G présente une note de calculs des maisons individuelles en ossature bois
et remplissage de pierres sèches, réalisée par l’auteur de cette thèse. Ces maisons sont
construites à Kashmir (Pakistan). Les murs en pierres sèches ont des points communs
avec les murs en pisé. Premièrement, ils ne travaillent qu’à la compression et non en trac-
tion. Deuxièmement, il y a aussi des points faibles horizontaux (des bandes de pierres en
cas des murs en pierres sèches et des lits de terre en cas de mur en pisé).

Dans cette note de calcul, des charges sismiques sont calculées suivant la norme
8.7. CONCLUSIONS 183

Américane (UBC97 [139]), l’ossature bois est conçue suivant l’Eurocode 5 [50]. Cette note
de calcul est réalisée pour vérifier la performance parasismique des construcions tradition-
nelles dans cette région, et ensuite, proposer des solutions techniques pour renforcer ces
types de maison pour qu’elles satisfassent aux règles parasismiques actuelles.

La mise en place de ces maisons en pierre sèche montre qu’avec des conceptions
et exécutions efficaces tenant compte des précautions nécessaires, on pourra obtenir des
constructions vernaculaires (maisons en pierres sèche ou en pisé) qui peuvent répondre
aux demandes des règles parasismiques actuelles. La construction des maisons en pisé
parasismique n’est donc pas impossible (Bruce [22]).

Des dispositifs d’utilisation des tirants précontraints dans les études de Hamilton et
al. [73] et de Morris et Walker [107] donnent les résultats intéressants. Donc, avec des dis-
positifs fiables, des murs en pisé pourront satisfaire aux conditions parasismiques deman-
dées. Le problème restant est de déterminer quelles sont ces ”conditions demandées” pour
une construction en pisé en zone sismique. Avant d’exiger que la maison doive répondre
de façon satisfaisante à un séisme de telle intensité, il faut comprendre le comportement
de cette maison dans le cas de séisme. Avec l’approche par des mesures dynamiques,
notre perspective est d’étudier quel est le comportement d’une maison complète (pas un
échantillon ou un seul mur) en pisé pendant le séisme : le rôle des toitures, des planchers
déformables, si les murs se comportent ensembles, etc. Une fois que ce comportement est
déterminé, on pourrait décider quels sont les dispositifs parasismiques nécessaires pour la
maison en pisé.
184 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ
Quatrième partie

Conclusion générale

185
187

Ce travail constitue la première thèse de doctorat qui étudie directement les carac-
téristiques du pisé non-stabilisé, il manque des connaissances scientifiques de ce matériau
dans la littérature. C’est une difficulté particulière pour la réalisation de cette thèse. C’est
aussi la raison pour laquelle, pendant la démarche de cette thèse, plusieurs méthodes ont
été essayées. Avec un matériau complexe comme le pisé (empilement des lits, gradient
de densité, teneur en eau de fabrication, énergie de fabrication), il existe encore plusieurs
points à étudier et développer concernant ses caractérisques (la durabilité, le comporte-
ment mécanique, la performance thermique, la vulnérabilité sismique), cette thèse corres-
pond aux premiers pas sur le chemin des recherches plus approfondies à faire dans le futur.

1. Développement durable

La première partie de cette thèse est consacrée à chercher les intérêts de ce maté-
riau dans le contexte du développement durable actuel. La synthèse des informations
existant dans la littérature a été réalisée pour évaluer la performance énergétique des
bâtiments en pisé. Cela confirme l’avantage énergétique de ce type de bâtiment dans
les phases de construction et de démolition, ainsi que l’avantage énergétique possible
dans la phase d’habitation. Tous ces avantages du matériau pisé peuvent contribuer
à alléger les problèmes de l’épuisement des ressources naturelles, de l’émission des
gaz à effet de serre et du traitement des déchets. Des études plus approfondies sur
la performance thermique des bâtiments en pisé sont nécessaires.

2. Durabilité

En ce qui concerne la durabilité du pisé, nous avons mis au point une méthode pour
mesurer l’érosion des murs en pisé par la stéréophotogrammétrie. Cette méthode
pourra servir à calibrer des essais en laboratoire pour évaluer la durabilité du pisé.

Après 20 ans sur site, la perte du matériau due à l’érosion des murets est mesurée et
équivaut à une épaisseur moyenne d’environ 2 mm (correspondant à 0,5% de l’épais-
seur du muret) dans le cas du muret en pisé stabilisé avec 5% en poids de chaux
hydraulique. La stabilisation permet donc de supprimer l’utilisation des protections
superficielles (enduit, badigeon, peinture, imprégnation). Dans le cas des murets en
pisé non-stabilisé, l’érosion mesurée est d’environ 6,4 mm (correspondant à 1,6%
de l’épaisseur des murets) qui permet d’extrapoler une durée de vie plus longue
que 60 ans pour ces murets. Ce résultat montre le potentiel de l’utilisation du pisé
non-stabilisé dans les conditions climatiques similaires à cette étude (précipitation
annuelle environ 1000 mm et gel fréquent en hiver).

3. Caractéristiques mécaniques en compression

En ce qui concerne les caractéristiques en compression du pisé, cette thèse a présenté


une approche dynamique parallèlement à une approche statique ”classique” pour me-
surer le module d’élasticité du pisé. La difficulté de la fabrication des échantillons
en laboratoire nécessite de faire des mesures sur site pour valider ces résultats au
laboratoire.
188

Trois approches ont été réalisée sur trois échelles différentes. La première est l’échelle
des murs sur site. Des mesures dynamiques ont été réalisées sur site pour détermi-
ner des fréquences propres des murs. Le module d’élasticité est déterminé à partir
des fréquences propres mesurées en utilisant une modélisation par éléments finis. La
deuxième est l’échelle des échantillons représentatifs du matériau pisé (des dimen-
sions proches des murs sur site) fabriqués et testés en laboratoire. Finalement, en
ce qui concerne la dernière échelle (microscopique), des essais sont réalisés sur des
blocs de terre comprimée (BTC) équivalents. Une procédure de l’homogénéisation
est réalisée pour mettre au point une procédure de test en laboratoire qui permet
de remplacer les échantillons de pisé par les BTC équivalents.

A l’échelle des échantillons représentatifs de pisé (VER), l’anisotropie de ce maté-


riau a été étudiée en utilisant les essais de compression uniaxiale dans les deux sens
perpendiculaire et parallèle aux lits. Les cycles de décharge-recharge ont été ajou-
tés pour étudier le comportement non élastique de ce matériau. Ces essais donnent
les résultats similaires dans les deux sens de tests de ce matériau : la résistance à
la compression, les modules d’élasticité, le module de rupture. Tous ces résultats
permettent de proposer l’hypothèse d’un matériau isotrope pour le pisé. Cette hy-
pothèse a aussi été validée par les mesures sur site plus tard.

Les essais de compression uniaxiale donnent la résistance de compression autour


de 1 MPa dans les deux sens perpendiculaire et parallèle aux lits pour les pisés
non-stabilisés étudiés. Une variation des modules d’élasticité suivant la précharge
a été découverte. La diminuation de l’épaisseur des lits de terre du pisé augmente
sa densité et sa résistance à la compression. Toutefois, une augmentation de la ré-
sistance à la compression ne s’accompagne pas d’une augmentation des modules
d’élasticité. Une hypothèse au niveau microsopique a été proposée pour expliquer ce
phénomène. L’idée de cette hypothèse est que la résistance à la compression et les
modules d’élasticité ne sont pas dirigés par les mêmes phénomènes physiques. Alors
que la résistance à la compression dépend de la cohésion capillaire qui est due à
l’eau résiduelle, les modules d’élasticité sont dirigés par le squelette granulaire. Ces
deux paramètres primordiaux différents entraı̂nent des comportements différents.

Les essais avec les BTC équivalents sont développés à partir du modèle d’un maté-
riau composite à base de lits. Ils donnent la résistance à la compression, les modules
de recharge, le module de rupture qui sont cohérents avec ceux des tests sur les VER
de pisé, dans les deux sens de test : perpendiculaire et parallèle aux lits. Ceci montre
la fiabilité du modèle proposé. Une supériorité des modules tangents des BTC équi-
vanlents par rapport à ceux des échantillons de pisé dans le sens perpendiculaire aux
lits a été observé (environ 50%). La raison provient peut-être d’abord du surfaçage,
ensuite des fermetures plus importantes des micropores dans le cas des échantillons
de pisé (dans ce sens de test : sens du damage de la fabrication).

Enfin, les mesures sur site sont effectuées par des accéléromètres. Le modèle théo-
rique construit par les éléments volumiques donne des résultats très cohérents avec
les mesures sur site. Ceci affirme la fiabilité du modèle et des hypothèses proposées.
Cette approche dynamique est intéressante non seulement parce qu’elle est une autre
189

approche pour déterminer le module d’élasticité du pisé mais encore parce qu’elle
peut nous ouvrir l’accès à l’identification des caractéristiques dynamiques et à l’aus-
cultation de la vulnérabilité sismiques des maisons en pisé.

L’influence du type de terre a aussi été regardée dans cette thèse. Parallèlement avec
la terre principale de Thiers, la terre du CSTB a été aussi utilisée. Les paramètres
mesurés des échantillons prismatiques de pisé (les modules d’élasticité, la résistance
à la compression, le module de rupture) de ces deux types de terre ne sont pas
très différents dans cette étude (<20%). Pourtant, des études plus larges avec un
nombre plus important des terres et des échantillons sont nécessaires pour valider
cette remarque.

L’influence de la taille des échantillons sur les résultats des tests a aussi été étudiée
au cours de cette thèse. Bien que les échantillons cylindriques de petites dimensions
couramment utilisés dans la littérature aient des inconvénients de leur mauvaise
représentativité des murs en pisé sur site, ils ont pourtant l’avantage de la simplicité
de la fabrication et de la procédure de test. La mise en place dans cette thèse de ce
type d’échantillon est faite pour trouver un ”coefficient de correction” du à l’effet de
taille. Les échantillons cylindriques à petite échelle (26 cm du diamètre x 26,5 cm
de la hauteur) ont été étudiés. Un ”coefficient de correction” de 2 de la résistance à
la compression des échantillons cylindriques a été trouvé dans les cas de deux terres
utilisées dans cette étude. Pourtant, ce ”coefficient de correction” dépend de plusieurs
facteurs, comme la relation entre l’épaisseur des lits de l’échantillon cylindrique et
des échantillons prismatiques, la taille des échantillons. Cela demande des études
plus approfondies dans le futur.
Bien qu’il y ait une différence importante de la résistance entre les éprouvettes cy-
lindriques et les échantillons prismatiques de pisé, il y a une similarité des modules
d’élasticité entre ces deux types d’échantillon. Une supériorité du module tangent
des éprouvettes cylindriques est trouvée qui vient peut-être de leur meilleur surfa-
çage.

La similarité des modules d’élasticité obtenus sur les échantillons prismatiques de la


terre de Thiers, de la terre de CSTB, de la terre de Thiers avec l’épaisseur des lits
différente, ainsi que sur les éprouvettes cylindriques de deux terres Thiers et CSTB
renforce la découverte d’une indépendance de la variation des modules d’élasticité
par rapport à la résistance à la compression ainsi que la quasi-constance des mo-
dules d’élasticité aux niveaux de précharge équivalent du matériau pisé ainsi que
du matériau terre en général. Cela valide aussi l’hypothèse au niveau microscopique
proposée au-dessus des paramètres influençant la résistance à la compression et les
modules d’élasticité. Des études plus profondes sont nécessaires pour savoir dans
quels cas il y a cette similarité des modules d’élasticité (par exemple dans quel in-
tervalle des densités sèches).

4. Caractéristiques parasismiques

Cette thèse a fait une étude exploratoire des caractéristiques dynamiques des mai-
sons en pisé. Le facteur d’amortissement et les fréquences propres des maisons en pisé
190

ont été mesurées. La comparaison de la première fréquence propre mesurée sur site
et celle calculée par une formule empirique proposée dans les règles parasismiques
montre que cette formule empirique pourraient être applicables pour des maisons en
pisé. La détermination du facteur d’amortissement et la première fréquence propre
pourra servir à la conception parasismique des maisons en pisé.

Un résumé des solutions existantes du renforcement des maisons en terre a été réa-
lisée. Les solutions convenables pour les murs en pisé ont été proposées comme
l’utilisation des tirants verticaux à l’intérieur ou des grillages à l’extérieur du mur.
Les résultats de cette étude et des études trouvées dans la littérature montrent que
la construction de maisons parasismiques en pisé est possible. Le problème reste le
choix optimum de plusieurs critères : technique, économique et culturelle.

Eu égard à toutes ces considérations, une des voies d’avenir en matière de construc-
tion est une adaptation des techniques ancestrales plutôt que leur abandon systématique.
Ainsi on prend le parti de raccourcir la chaı̂ne de production ce qui impose de concentrer
les recherches sur des critères inhabituels tel que la validation des savoir-faire des arti-
sans ou sur les procédures d’essais sur site, voire en laboratoire, permettant de mesurer
les performances de ces matériaux plutôt que sur une standardisation de leur composition.

Au cours de cette thèse, deux articles ont été acceptés pour des revues internatio-
nales (Bui et al. [30], [29]), les troisième et quatrième seront soumis prochainement (Bui
et al. [27], [28]). Deux autres articles ont été publiés dans les actes de conférence interna-
tionale (Bui et al. [26], [25]) dont un a été présenté par l’auteur de cette thèse.
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200 BIBLIOGRAPHIE
Table des figures

2.1 Une maison traditionnelle en pisé en région Rhône-Alpes, n’ayant jamais


été enduite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 A gauche : des adobes au séchage sous le soleil. A droite : une maçonnerie
en adobes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.3 Une maison construite avec des BTC en Rhône-Alpes, France. La tour est
en pisé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.4 Mauvaises conditions d’habitation en Amérique latine, d’après Barbosa et
al. [15] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.5 Emission du gaz de CO2 (à gauche) et des déchets des usines fabriquant des
briques en terre cuite (à droite) en Amérique latine, d’après Barbosa et al.
[15] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.6 Régions d’utilisation du pisé en France, d’après [120]. . . . . . . . . . . . . 13

3.1 Réserve de pétrole en année de consommation 2001. Source : BP Statistical


Review, juin 2002, d’après [116] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3.2 Evolution du prix du baril de pétrole. Source : USDOE, d’après [116] . . . 16
3.3 Evolution de l’émission des gaz à effet de serre (GES) en France entre 1990
et 2004, d’après [131] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.4 Comsommation d’énergie finale par secteurs d’activités. Source ADEME
2005, d’après [116] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.5 La dépense totale pour traı̂ter des déchets en France. Source ADEME. . . 18
3.6 Contribution des déchets dans les phases différentes du secteur du bâtiment.
Source ADEME. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

4.1 Château Chabet, XVIIe siècle. Vue générale depuis le sud, d’après Guibaud
[65]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
4.2 Maison ancienne de 130 ans en région Rhône-Alpes . . . . . . . . . . . . 25
4.3 Mise en oeuvre du coffrage du pisé suivant la méthode lyonnaise, d’après
Pignal [120] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
4.4 Mise en oeuvre du coffrage du pisé suivant la méthode du Bugey, d’après
Pignal [120]. Avec cette méthode de mise en oeuvre, on peut éviter les trous
sur le mur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.5 Les deux techniques différentes appliquées sur une même maison : à gauche :
des joints inclinés (XVIIe siècle) ; à droite : des joints verticaux (limite
XIXe siècle - XXe siècle, d’après [65] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4.6 Maison en pisé moderne construite au cours des années 1980 en région
Rhône-Alpes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

201
202 TABLE DES FIGURES

4.7 Les dames pneumatique en métal. A droite : la dame peut être modifiée en
ajoutant la plaque carrée en bois, photo : N. Meunier. . . . . . . . . . . . . 29
4.8 Coffrage métallique du pisé moderne sur un chantier en France. Photo : N.
Meunier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
4.9 Fuseau des terres indicatif pour la fabrication du pisé, suivant CRATerre
[80]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.10 Un bâtiment en pisé moderne, construit en 1999 en Grande-Bretagne. Photo :
P. Walker [145] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.11 Préfabrication des pisés dans une usine, en Autriche, photo : M. Rauch
[124]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4.12 Transport et mise en oeuvre des éléments préfabriqués, photo : M. Rauch
[124]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
4.13 Un bâtiment construit par 160 éléments préfabriqués, photo : M. Rauch [124]. 32
4.14 La carte mondiale de la récipitation annuelle, d’après [77]. . . . . . . . . . 34
4.15 Bâtiment en pisé non-stabilisé en Autriche, photo : M. Rauch [124]. . . . . 34
4.16 Un bâtiment de 6 étages en pisé, construit en 1820 en Allemagne, d’après
[145]. Les murs de sous-sol et le sousbassement sont en maçonnerie de
pierres. A gauche : vue générale. A droite : une coupe verticale du bâtiment. 35

5.1 Principe de l’influence de la masse thermique dans le confort thermique du


bâtiment, d’après Reardon [125] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
5.2 Effet de la stabilisation de température intérieure grâce à la masse ther-
mique (de Saulles, 2005, d’après [7]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
5.3 Résultat de Paul et Taylor [119] sur des bâtiments ”vert” et ”convention-
nels”. Note : CSU est le bâtiment ”vert” et LTU est 2 bâtiments conven-
tionnels. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
5.4 Système complexe avec plusieurs types de matériau, d’après Architype [9]. . 45
5.5 Mur en pisé dans ”earth pavilion”. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

6.1 Le temple d’Horyuji au Japon. Photo : D. Henman. . . . . . . . . . . . . . 54


6.2 La Grande Muraille de Chine. Photo : R.Michaud. . . . . . . . . . . . . . . 54
6.3 Maison en pisé âgé plus de 100 ans en France. Source : Grands Ateliers . . 55
6.4 L’effet ”creusement” d’une goutte d’eau de pluie ayant un angle battant <90˚. 56
6.5 L’essai d’arrosage (”spray test”), d’après Heathcote [77]. . . . . . . . . . . 57
6.6 L’essai de goutte-à-goutte (”drip test”), d’après Heathcote [77]. . . . . . . . 58
6.7 L’essai de simulation des pluies (”rainfall-test”), proposé par Ogunye et
Boussabaine [113]. (1) l’unité de pulvérisation ; (2) le tuyau réglable de
cuivre pour les chutes de hauteur variable ; (3) l’écran en polyéthylène ;
(4) des colonnes en aluminium ; (5) la base de référence ; (6) des barres
en aluminium ; (7) le support réglable des échantillons ; (8) des parois en
aluminium ; (9) des échantillons ; (10) le capteur de pression ; (11) capteur
de pression du robinet ; (12) le robinet de contrôle ; (13) la mini vanne de
mélangeur ; (14) l’unité de l’eau froide ; (15) l’unité de l’eau chaude ; (16)
le tuyau extérieur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
6.8 Détail du plateau en base. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
6.9 Des murets exposés aux conditions naturels dans l’étude de Guettala et al.
[64]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
6.10 Vue générale des murets sur site. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
TABLE DES FIGURES 203

6.11 Plan du site des murets mis en oeuvre en masse et la distribution des diffé-
rents types de protection (enduit, badigeon, peinture, imprégnation, témoin)
sur différents supports (FRE, MRE, SMRE). . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
6.12 Dimensions d’un muret en pisé, en mm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
6.13 Climat du site d’expérimentation, moyenné sur la période 1971-2000, d’al-
titude de 212m. Les précipitations sont d’environ 1000mm/an. . . . . . . . 64
6.14 Courbe granulometrique des terres utilisées. . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
6.15 L’efficacité du toit sous une pluie. Le toit ne peut protéger que la tête et
une partie en haut du muret (muret 23). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
6.16 Muret témoin du FRE, numéro 36. A gauche : l’état initial, quelques jours
après la construction. A droite : l’état après 20 ans sur site. . . . . . . . . 69
6.17 Muret témoin du MRE, numéro 29, à l’état initial, quelques jours après la
construction. A gauche : Côté Est. A droite : Côté Ouest . . . . . . . . . . 70
6.18 Un zoom du muret témoin du MRE, numéro 29, côté Ouest, à l’état initial,
quelques jours après la construction. L’hétérogénéité du matériau et un
mauvais compactage des derniers lits de terre sont visibles. . . . . . . . . . 70
6.19 Muret témoin du MRE, numéro 29, après 20 ans, côté Ouest. A droite :
l’hétérogénéité du matériau et fissures de retrait. . . . . . . . . . . . . . . . 71
6.20 Muret témoin du SMRE, numéro 15. A gauche : à l’état initial, quelques
jours après la construction. A droite : son état après 20 ans sur site. . . . 72
6.21 Principe de la méthode de stéréo-photogrammétrie, d’après Desrues et Du-
thilleul [44]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
6.22 Deux clichés pris à partir de deux points de vues différents sur le même
mur 15, face Est. A gauche : cliché pris à partir d’un point à gauche du
mur. A droite : cliché pris à partir d’un point à droite du mur. On peut
voir aussi 5 points fixes sur le mur : 4 points aux 4 coins et le cinquième
au centre du mur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
6.23 Stéréoscope - l’appareil d’établissement du relief à partir de deux clichés. . 74
6.24 Profils verticaux et horizontaux d’un mur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
6.25 Un profil horizontal du mur 29. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
6.26 Hypothèse de la détermination de la ligne de référence. . . . . . . . . . . . 76
6.27 Plusieurs possibilités de la ligne de référence. . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
6.28 Erosion différente entre parties en haut et en bas du mur 36. . . . . . . . . 79
6.29 Difference entre des érosions linéaire et non-linéaire suivant le temps des
murets en pisé non-stabilisé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

7.1 Différence du confinement dans les cas des tailles de l’échantillon diffé-
rentes, suivant Montgometry [104]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
7.2 Hétérogénéité du matériau pisé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
7.3 Relation entre la résistance à la compression et la densité sèche présentée
dans Morel et al. [106]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
7.4 Influence de la teneur en eau de fabrication à la densité sèche obtenue de
l’échantillon (Montgomery [104]). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
7.5 Relation entre la densité sèche et la teneur en eau de fabrication. . . . . . 90
7.6 Le rôle du frettage dans l’essai de compression simple, suivant Duffaut [48]. 91
7.7 Moule de l’essai Protor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
7.8 Prélèvement d’un échantillon de pisé par carottage. . . . . . . . . . . . . . 94
7.9 Découpage d’un muret du CSTB par la tronçonneuse. . . . . . . . . . . . . 95
204 TABLE DES FIGURES

7.10 Découpage par la tronçonneuse d’un muret fabriqué sur site et transporté
au laboratoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
7.11 Un échantillon de pisé découpé par une scie de table. . . . . . . . . . . . . 96
7.12 Trois échelles de l’étude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
7.13 La maison en cours de construction, lors de la date des premières mesures. 100
7.14 Plan des murs en pisé de la maison et position, dimensions des murs me-
surés (N˚1, 2 et 3) ; Les dimensions sont en cm. . . . . . . . . . . . . . . 101
7.15 Courbe granulométrique de la terre utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
7.16 Un échantillon de (40 × 40 × 64)cm3 fabriqué en laboratoire, surfaçé par un
mortier de ciment. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
7.17 Pesé d’un échantillon de (40 × 40 × 64)cm3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
7.18 Transport d’un échantillon de (40 × 40 × 64)cm3 par un chariot élévateur
(à gauche) et l’essai de compression uniaxiale (à droite). . . . . . . . . . . 105
7.19 La courbe de contrainte-déformation de l’échantillon Thiers1 de (40 × 40 ×
64)cm3 (à gauche) et un zoom des cycles au troisième niveau de charge (à
droit). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
7.20 Détermination du module d’élasticité suivant la proposition de l’ASTM [11]. 106
7.21 Synthèse des modules verticaux des 3 échantillons du pisé. Admettons : E0
= Etangent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
7.22 Répétabilité des courbes contrainte-déformation des trois échantillons Thiers1,
Thiers2 et Thiers3, testés dans le sens perpendiculaire aux lits. . . . . . . . 108
7.23 A gauche : l’échantillons de (20×20×40)cm3 , découpé à partir d’un échan-
tillon de (20 × 40 × 40)cm3 . A doite : l’essai de compression uniaxiale dans
le sens parallèle aux lits, sur des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3 . . . . . 109
7.24 Courbe contrainte-déformation de l’essai de compression uniaxiale dans le
sens parallèle aux lits, sur l’échantillon de (20 × 20 × 40)cm3 . En bas : un
zoom au troisième niveau de précharge. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
7.25 Fissures dans l’essai de compression uniaxiale dans le sens parallèle aux
lits. (a) à gauche : la première fissure qui apparaı̂t assez tôt pendant l’essai
se situe entre le deuxième et le troisième (dernier) lit. (b) à droite : la
deuxième fissure qui apparaı̂t vers la fin de l’essai se situe entre le premier
et le deuxième lit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
7.26 Synthèse des modules obtenus des essais de compression parallèle aux lits,
sur des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3 . Admettons : E0 = Etangent . . . . 111
7.27 Comparaison des modules dans le sens perpendiculaire aux lits sur des
échantillons de (40 × 40 × 64)cm3 et parallèle aux lits, sur des échantillons
de (20 × 20 × 40)cm3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
7.28 La répartition de la densité sèche dans chaque lit de terre en réalité (à
gauche) et selon notre hypothèse (à droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
7.29 Les lits de terre ne sont pas plats en réalité (à gauche) du fait du frottement
au contact des banches de coffrage pendant le damage. Dans le modèle, on
considère que ces premières sont plates (au milieu). A droite : l’échelle
microscopique sur une couche du matériau et l’homogénéisation. . . . . . . 117
7.30 Procédure de l’homogénéisation dans le sens parallèle aux lits. . . . . . . . 119
7.31 Mesure de volume de l’échantillon dans l’eau suivant le principe d’Archimède.121
7.32 Fabrication de BTC par une presse manuelle de double compactage (à
gauche) et le sens de test dans l’essai de compression uniaxiale (à droite). . 123
7.33 Essai de compression uniaxiale sur un BTC. . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
TABLE DES FIGURES 205

7.34 A droite : courbe contrainte-déformation d’un BTC ayant ds = 1, 97. A


gauche : zoom du quatrième cycle de décharge-recharge : les chemins de
décharge et de recharge ne sont pas confondus. . . . . . . . . . . . . . . . . 126
7.35 Variation du module suivant le niveau de précharge des BTC ayant ds = 1, 97.127
7.36 Module de recharge-décharge suivant la précharge des échantillons de pisé
testés dans le sens perpendiculaire aux lits et des BTC équivalents. . . . . . 128
7.37 Variation du module suivant la précharge des échantillons de pisé testés
dans le sens parallèle aux lits et des BTC équivalents. . . . . . . . . . . . . 129
7.38 Disposition des capteurs sur la tête (à gauche) et sur le pied (à droite) des
murs pour mesurer les accélérations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
7.39 Disposition des capteurs sur le mur N˚1 et positions d’application des chocs.
Les capteurs 1 et 2 sont posés sur la fondation en béton du mur et les
capteurs 3, 4, 5, 6 sont posés sur la tête du mur. . . . . . . . . . . . . . . . 131
7.40 Marteau pour faire des chocs et morceau de bois pour éviter de taper direc-
tement sur le mur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
7.41 Fréquences propres mesurées par des accéléromètres dans le cas d’un choc
T, mur No. 1, Juin (les capteurs 3 et 4 étaient saturés). . . . . . . . . . . 133
7.42 Fréquences propres mesurées par des accéléromètres dans le cas d’un choc
L, mur No. 1, Juin (les capteurs 3 et 4 étaient saturés). . . . . . . . . . . 133
7.43 Modèle du mur No 1, constitue de 28405 éléments volumiques de (0, 05 ×
0, 05 × 0, 05)m3 . En haut : vue en 3D. En bas : vue en plan. . . . . . . . . 134
7.44 Modèle du mur No 2, constitue de 31510 éléments volumiques de (0, 05 ×
0, 05 × 0, 05)m3 . En haut : vue en 3D. En bas : vue en plan. . . . . . . . . 135
7.45 Modèle du mur No 3, constitue de 31510 éléments volumiques de 24610
éléments volumiques de (0, 05 × 0, 05 × 0, 05)m3 . A droite : vue en 3D. A
gauche : vue en plan. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
7.46 Variation de la teneur en eau des échantillons prismatiques suivant le temps.137
7.47 Les trois premiers modes de vibration du mur No. 1. . . . . . . . . . . . . 137
7.48 Comparaison entre fréquences propres des modèles et les mesures sur site. . 138
7.49 Changement du module suivant la teneur en eau. . . . . . . . . . . . . . . 140
7.50 Synthèse des résultats des trois approches différentes. . . . . . . . . . . . . 141
7.51 Comparaison des modules obtenus dans le sens vertical, entre l’échantillon
prismatique CSTB1 et des échantillons Thiers1, Thiers2 et Thiers3. . . . . 144
7.52 Principe du surfaçage des échantillons de pisé Thiers4. . . . . . . . . . . . 145
7.53 Comparaison des modules d’élasticité de l’échantillon Thiers4 et des trois
échantillons Thiers1, Thiers2, Thiers3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
7.54 Comparaison du comportement général de l’échantillon de pisé Thiers4 et
des BTC ayant une densité sèche équivalente (ds =1,94). . . . . . . . . . . 148
7.55 A gauche : Moule cylindrique métallique D=16cm, h=32cm. A droite :
éprouvette cylindrique obtenue D=16cm, h=26,5cm, surfacée par un mor-
tier de ciment (en bas). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
7.56 Essai de compression uniaxiale sur l’éprouvette cylindrique D=16cm, h=26,5cm.151
7.57 Variation des modules suivant la précharge des éprouvettes cylindriques
(D=16cm, h=26,5cm) Cylindre-Thiers1, Cylindre-Thiers2 et Cylindre-CSTB1,
Cylindre-CSTB2, Cylindre-CSTB3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
7.58 Comparaisons des résultats des éprouvettes cylindriques (D=16cm, h=26,5cm)
et des échantillons prismatiques de Thiers1-2-3 et Thiers4 de 40×40×64cm3 .153
206 TABLE DES FIGURES

7.59 Comparaisons des résultats des éprouvettes cylindriques (D=16cm, h=26,5cm)


et de l’échantillon prismatique 40 × 40 × 64cm3 de la terre de CSTB. . . . 153

8.1 Carte de construction en pisé et de zones sismiques de France, d’après


Pignal [120]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
8.2 Après le séisme de Duzce en 1999 en Turquie : des maisons traditionnelles
subissent peu de dommages alors que des bâtiments modernes en béton
armé à côté subissent des dommages graves, d’après Dogangun [47]. . . . . 159
8.3 Spectre de réponse élastique dans l’Eurocode [51]. . . . . . . . . . . . . . . 161
8.4 Vélocimètre pour mesurer des vibrations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
8.5 Vue générale du château de Lavort en pisé (façade Ouest). . . . . . . . . . 166
8.6 Plan du premier étage (en haut) et du Rez de Chaussée (en bas) du château
de Lavort et la disposition des capteurs. Les flèches illustrent la direction
Nord de capteur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
8.7 Résultat des vibrations obtenues dans la direction E-W (Est-Ouest) en troi-
sième mesure sur le château de Lavort. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
8.8 Résultat des vibrations obtenues dans la direction N-S (Nord-Sud) en troi-
sième mesure sur le château de Lavort. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
8.9 Vue générale de la maison de Perigneux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
8.10 Résultat des vibrations obtenues dans la direction E-W (Est-Ouest) sur la
maison de Perigneux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
8.11 Résultat des vibrations obtenues dans la direction N-S (Nord-Sud) sur la
maison de Perigneux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
8.12 Résultat des vibrations obtenues dans la direction verticale sur la maison
de Perigneux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
8.13 Vue générale de la maison de Bournay, d’après Mottier [109]. . . . . . . . 175
8.14 ”Half-Power Band Width Method” pour déterminer le coefficient d’amor-
tissement, suivant Clough et Penzien [34]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
8.15 Spectre dans la règle parasismique PS92, d’après Zacek [150]. . . . . . . . . 177
8.16 Renforcement parasismique des murs en terre proposé dans la norme de
Nouvelle-Zélande [112]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
8.17 Une maison en adobe renforcé par des grillage en polymer, avant le test sur
la table de vibration, dans l’étude de Blondet et Aguilar [18]. . . . . . . . . 181
8.18 Renforcement par des tirants verticaux, proposé par Minke [103] . . . . . . 182

A.1 Mur 25 MRE, badigeon K au Nord et badigeon L au Sud. (a) A gauche,


l’apprition de faiençage. (b) A droite, l’effet des pluies battantes influencée
par du vent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
A.2 Mur 30 FRE, l’enduit A. Les fissures verticale aux bords sont typiques de
la plupart des murs protégés par l’enduit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214
A.3 Muret MRE, numéro 24. L’enduit est totalement tombé à un côté mais la
qualité mécanique du pisé est encore bonne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214

B.1 Courbe de contrainte-déformation. (a) A droite : l’échantillon 2 testé per-


pendiculairement aux lits. (b) A gauche : l’échantillon 6 testé parallèlement
aux lits. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
TABLE DES FIGURES 207

C.1 Synthèse de la variation des modules suivant la précharge des échantillons


de 40 échantillons de BTC. La courbe tendance est aux échantillons ayant
la densité sèche de 1,97. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
C.2 Synthèse de la relation entre la résistance à la compression et la densité
sèche des BTC. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224

F.1 Modélisation la maison de Thiers en 3D par la méthode des éléments fini :


la modélisation des murs par des éléments volumiques de 8 noeuds. . . . . 231
F.2 Vue en plan des murs du modèle qui présentent fidèlement la géométrie des
murs sur site. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232

G.1 Modèle 3D de la maison complète (l’état initial). . . . . . . . . . . . . . . . 234


G.2 Modèle 3D de l’ossature supportant la toiture après la chute de mur en
pierre sèche. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
G.3 Modèle 3D de l’ossature bois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236
G.4 Schéma des efforts horizontaux appliquant à l’ossature dans la direction X 238
G.5 Schéma des efforts horizontaux appliquant à l’ossature dans la direction Y 239
G.6 Schéma de transfert des charges de la toiture sur les murs en pierre. . . . . 242
G.7 Schéma des charges appliquées sur le mur 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
G.8 La connection de colonne-fondation sur site. . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
G.9 Fondation pour encastrer le tirant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
G.10 Plan de la maison (site 2). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249
G.11 Coupe transversale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249
208 TABLE DES FIGURES
Liste des tableaux

3.1 Résultats de Morel et al. [105] de la consommation d’énergie en construction


des maisons en pierres, en pisé et en béton. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.2 Résultats de Paul et Taylor [119] de la comsommation d’énergie (en M J/m2 )en
été d’un bâtiment ”vert” (murs en pisé de 30cm) et des bâtiments conven-
tionnels, en Australie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

5.1 Synthèse de la résistance thermique des études existantes. . . . . . . . . . . 40


5.2 Performance thermique en été et en hiver des bâtiments en BTC stabilisé à
5% de ciment, avec une bonne conception solaire passive, d’après Mortensen
[108]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
5.3 Résultats de Paul et Taylor [119] de la consommation d’énergie (en M J/m2 )en
été des bâtiments ”vert” et conventionnels. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

6.1 Echelle d’évaluation du ”drip test”. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58


6.2 Analyse minéralogique effectuée sur la terre Verpillière, d’après [132]. . . . 65
6.3 Analyse minéralogique effectuée sur la terre Morestel, d’après [132]. . . . . 66
6.4 Synthèse des résultats de mesures sur face Est des murs de référence. Note :
Une moitité du mur 29 est la référence, l’autre est couverte par l’impré-
gnation X. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

7.1 Energie de compactage de l’essai Proctor Normal et l’essai Proctor Modifié,


d’après Olivier [115]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
7.2 Résultat de différentes études existantes. * Valeur corrigée du fait de l’élan-
cement très faible. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
7.3 Densité sèche et teneur en eau au moment du test des échantillons de
Thiers1, Thiers2 et Thiers3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
7.4 Résultat des résistances à la compression (MPa) obtenues à partir des essais
sur les échantillons prismatiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
7.5 Résultat du module de rupture à la compression obtenu à partir des essais
sur les échantillons prismatiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
7.6 Comparaison de la résistance à la compression et du module tangent dans
le sens perpendiculaire aux lits entre des études différentes. . . . . . . . . . 113
7.7 Calcul des modules moyens à partir des modules des BTC équivalents. . . 126
7.8 Calcul de la résistance homogénisée à la compression à partir des BTC équi-
valents. < R >v et < R >h représentent respectivement des résistances à la
compression dans les sens perpendiculaire et parallèle aux lits du matériau
pisé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

209
210 LISTE DES TABLEAUX

7.9 Comparaison de la résistance à la compression calculée à partir des BTC


équivalents et celle des essais sur des échantillons de pisé fabriqués en la-
boratoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
7.10 Fréquences mesurées sur site et à partir des modèles. Note : w et ρ sont
respectivement la teneur en eau et la masse volumique du mur. . . . . . . . 139
7.11 Résultat de l’essai de compression uniaxiale sur l’échantillon prismatique
de la terre MRE, comparaison avec des échantillons de la terre de Thiers. . 143
7.12 Résultat de la résistance à la compression des échantillons. . . . . . . . . . 146
7.13 Résultat des essais de compression uniaxiale des échantillons. . . . . . . . . 151

8.1 Comparaison des premières périodes propres obtenues sur site et calculées
suivant des formules expérimentales dans les normes. . . . . . . . . . . . . 168
8.2 Facteur d’amortissement des matériaux courants (suivant Eurocode 8 [51]). 175
8.3 Facteur d’amortissement des maisons mesurées. . . . . . . . . . . . . . . . 176

A.1 Composition des enduits. Les dosages sont exprimés en volume, sauf indi-
cations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
A.2 Notes d’état actuel de l’enduit qui décide la qualité général des murs en
pisé protégé par l’enduit. La note des murs témoins correspondant à un
état actuel du pisé. Les valeurs dans les parenthèses sont des épaisseurs
moyennes des enduits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
A.3 Différente efficacité de l’enduit sur différents types de mise en oeuvre . . . 216

B.1 Résultat de la résistance à la compression et du module tangent par l’essai


de compression simple. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
Annexe A

Protections superficielles des murets


CSTB

A.1 Les enduits


Des enduits avec des épaisseurs habituelles sur supports classiques (béton, blocs,
parpaings) sont appliqués, soit environ 5mm pour la 1ère couche, 15 à 20mm pour la
2ème couche et 5 à 10mm pour la couche de finition. Les vraies épaisseurs mesurées ac-
tuelles et les compositions des enduits sont présentées dans le Tableau A.1. On a fait varier
les proportions entre le liant aérien (chaux) et le liant hydraulique (ciment) en conservant
une proportion liant/sable de 1/3 en volume. Il faut noter aussi que du ciment a pas
été supprimé bien que la littérature à ce-moment-là ait déconseillé son utilisation dans
l’enduit (rapport de Rubaud et Chevalier [132]). La proportion liant/granulat de 1/3 en
volume était populairement utilisée dans les enduits traditionnels (Papayianni [117]).

A.2 Les badigeons, les peintures et les imprégnations


Plusieurs types de badigeons, de peintures et d’imprégnations ont été testés. La dis-
tribution de différents types des couches de protection est présentée dans la Figure 6.11.
Il y a des murs qui sont protégés par 2 types différents à chaque moitié. Car ces types de
protection ne donnent pas de résultats intéressant, on ne présentera pas ici le détail de
leur composition. On peut le trouver dans le rapport de Rubaud et Chevalier [132].

A.2.1 Protections chimiques dans le cas du pisé


Laurent [91] avait fait une étude des murets construits à Dakar (Sénégal) exposés
sur site de 1953 à 1985 montrant que le badigeon a une bonne cohésion avec le support
terre. C’est la raison pour laquelle dans cette étude on a continué à essayer les badigeons
ainsi que les peintures et les imprégnations.

Pourtant, dans cette étude, les badigeons ont un comportement médiocre, les pein-
tures et les imprégnations donnent les résultats encore pire. Ce mauvais résultat est expli-
qué par les raisons suivant. Premièrement, la plupart de ces types de protection colle assez

211
212 ANNEXE A. PROTECTIONS SUPERFICIELLES DES MURETS CSTB

Enduits Couche Chaux Ciment Sable Constituant par-


numéro CL ticulier
A I 2 1 9
II 3 1 12
III 3 0,5 10,5
B I 2 1 5 4 terre tamisée
II 3 1 12 5 terre tamisée
III 3 0,5 10,5 6 terre tamisée
C I 3 1 12
II 4 1 15
D I 400kg 1m3
(suivant II 250kg 50kg 1m3
DTU) III 200kg 50kg 1m3
E I 120 l 50kg chaux NHL
II 120 l 50kg chaux NHL
F I 3 0,5 10,5
(inverse II 3 1 12
A) III 2 1 9
G Produit industriel Prolisol S4. Principaux : ci-
(indus- ment blanc CPA55 et chaux aérienne, sables,
triel) calcaires, vermiculite. Secondaires : entraı̂neur
d’air, rétenteur d’eau, hudrofuge, pigments.
H 10% 8% Filler,vermiculite et
(indus- sables siliceux et cal-
triel) caires
I I 5kg 40kg 40kg plâtre PGC
II 10kg 40kg 40kg plâtre PGC
J I Enduit I isolant, 6cm d’épaisseur
II Finition : enduit G

Tab. A.1 – Composition des enduits. Les dosages sont exprimés en volume, sauf indica-
tions.
A.2. LES BADIGEONS, LES PEINTURES ET LES IMPRÉGNATIONS 213

Fig. A.1 – Mur 25 MRE, badigeon K au Nord et badigeon L au Sud. (a) A gauche,
l’apprition de faiençage. (b) A droite, l’effet des pluies battantes influencée par du vent.

bien avec la terre pendant que leur épaisseur n’est pas grande. Avec le changement de tem-
pérature, les couches de protection et le pisé se déforment différemment, mais la cohésion
entre les couches de protection et le support est plus importante que la cohésion propre de
la protection (faible épaisseur). Par conséquence, le faiençage apparaı̂t rapidement sur ces
couches de protection (Fig. A.1a), de l’eau peut entrer facilement. Deuxièmement, comme
on a dit dans la section 6.3.7, le toit ne peut protéger que la partie en haut du muret, la
partie basse doit subir le contact des gouttes d’eau de pluie. Du fait du faiençage qu’on a
abordée au-dessus, la partie basse de ces protections a disparu sous les pluies, Fig. A.1b.
La disparition des couches de protection en bas favorise l’entrée de l’eau, elle monte alors
par capillarité. Cette eau ne peut pas sortir parce que la protection a empêché la ”respi-
ration” libre du pisé. Le pisé deviendra plus humide et plus fragile et la réaction décrite
auparavant recommencera.
De fait l’état général de ces murs est moins bon que le mur témoin, ce qui montre que ces
types de protection ne conviennent pas sur le support de terre.

A.2.2 Enduits
Il y a quelques murs protégés par de l’enduit qui sont dans un état neuf jusqu’à
aujourd’hui : il n’y a aucune pathologie, ni sur pisé, ni sur enduit. Dans les autres murs,
il apparaı̂t une pathologie typique : des fissures verticales aux arrêtes (Fig. A.2). Ces fis-
sures se situent seulement sur l’enduit et ne concernent pas le pisé au dedans. Ces fissures
n’influencent pas encore forcément la qualité mécanique du muret mais elles donnent une
mauvaise qualité d’esthétique et elles montrent aussi une mauvaise tendance : le décro-
chement du support de l’enduit. En tapant sur l’enduit, on peut dire que presque tous
les enduits sont décrochés de leurs supports, mais ils ne tombent pas encore grâce à leur
cohésion propre. Il y a déjà le cas du mur 24 (Fig. A.3) sur lequel l’enduit est totalement
tombé à un côté. Mai même dans ce cas, la qualité mécanique du pisé n’est pas modifiée.
Après la chute des enduits, le pisé commence à être exposé à la condition naturelle comme
le cas du pisé témoin. Cela veut dire que l’enduit n’a pas d’effet négatif sur le pisé comme
le cas de la peinture, du badigeon, ou de l’imprégnation. La situation générale actuelle
des murs protégés par l’enduit est présentée dans le tableau A.2.
214 ANNEXE A. PROTECTIONS SUPERFICIELLES DES MURETS CSTB

Fig. A.2 – Mur 30 FRE, l’enduit A. Les fissures verticale aux bords sont typiques de la
plupart des murs protégés par l’enduit.

Fig. A.3 – Muret MRE, numéro 24. L’enduit est totalement tombé à un côté mais la
qualité mécanique du pisé est encore bonne.
A.2. LES BADIGEONS, LES PEINTURES ET LES IMPRÉGNATIONS 215

Note Etat
10 Etat parfait, comme l’état initial
9 Etat mécanique parfait mais la qualité esthétique a changé par rapport à l’état
initial
8 Une fissure verticale au bord ou des microfissures très fines, pas nettement
7 Plusieurs fissures verticales aux bords
6 Autres types de fissure en plus des fissures verticales aux bords
5 Une petite partie d’enduit est tombée (≤ 30% surface du mur)
4 Enduit est totalement tombé
≤ 3 Avoir effets négatifs au pisé
Enduit FRE (mm) - Note MRE (mm)- Note SMRE (mm)- Note
A Mur 30 (17mm) | 7 Mur 16 | 7 Mur 8 (23mm) | 6
B Mur 31 (13mm) | 4 Mur 17 | 6
C Mur 18 | 8
D Mur 19 | 8
E Mur 20 (16mm) | 7
F Mur 21 (18mm) | 8
G Mur 32 | 9 Mur 22 | 9
H Mur 34 | 9 Mur 23 (11mm) | 9
I Mur 24 | 4
J Mur 26 | 9
Témoins Mur 36 | 7 Mur 29 | 6 Mur 15 | 8,5

Tab. A.2 – Notes d’état actuel de l’enduit qui décide la qualité général des murs en pisé
protégé par l’enduit. La note des murs témoins correspondant à un état actuel du pisé.
Les valeurs dans les parenthèses sont des épaisseurs moyennes des enduits
216 ANNEXE A. PROTECTIONS SUPERFICIELLES DES MURETS CSTB

Enduit Pisé Terre-paille BTC


A Murs 16, 30 : Les Mur 1 : Il n’y a aucune fissure. Murs 37, 57 :
fissures verticales com- L’enduit colle bien le support, L’état général
mencent aux bords il est difficile d’enlever l’enduit de ces murs est
mais elles sont encore à partir du mur. Quand on en- presque parfait. Il
fines. lève l’enduit par un marteau, n’y a pas encore de
la paille colle encore sur l’en- pathologies.
duit.
B Mur 17 : Des fissures Mur 2 : Ressemble l’état du Murs 38, 58 : Les
(ajouté verticales ont nette- mur 1. fissures verticles
terre ment apparu aux ar- aux arêtes com-
tami- rêts ; mur 31 : l’enduit mencent mais pas
sée) est totalement tombé à encore gravement.
un côté.

Tab. A.3 – Différente efficacité de l’enduit sur différents types de mise en oeuvre

A.2.2.1 BTC-pisés-terre paille


Bien que l’objet principal de cet article soit le pisé, on donne aussi quelques infor-
mations concernant les murs en BTC et en terre-paille qui se situent sur le même site
pour démontrer plus clairement la nécessité de l’accrochement d’enduit. On va observer
les mêmes enduits sur différents supports : BTC, pisé et terre-paille, tableau A.3.
L’enduit est le plus convenable dans le cas de terre-paille, aucune pathologie sur enduit
n’est observée. Deuxièmement le cas des BTC qui sont plus compatible avec l’enduit que
le pisé. Ces résultats sont expliqués suivant : Pour le cas du pisé, il y a une déformation
différentielle entre le pisé et l’enduit (à cause des rigidités différentes) sous le changement
de température sur site. Cette déformation différentielle provoque le décollement et des
fissures aux arrêtes de l’enduit. Pour le cas des BTC, cette déformation différentielle est
limitée considérablement par des joints du mortier qui ont la rigidité similaire à celle de
l’enduit. En fin, dans le cas de terre-paille, bien que l’enduit colle bien des pailles, il n’y a
pas de déformation différentielle car de l’enduit peut se déformer librement. La cohésion
propre de terre-paille est petite et n’est pas suffisamment pour empêcher la déformation
de l’enduit. Cette hypothèse est justifiée en regardant le mur témoin de terre-paille qui se
déforme gravement et la cohésion propre n’est pas bonne (mur numéro 7, Fig. 6.11).

A.2.2.2 Rôle de la terre dans l’enduit


Avec la perspective d’augmenter la compatibilité de l’enduit avec son support, on
avait remplacé une partie du sable dans la composition de l’enduit A par de la terre
tamisée pour obtenir l’enduit B. Pourtant, on n’a pas obtenu un résultat souhaité. A part
la rugosité de la surface qui ne donne pas une bonne qualité esthétique, en regardant le
Tableau A.3, on trouve que l’enduit ajouté de la terre (l’enduit B) n’est pas compatible
et moins efficace que l’enduit A. L’ajout de la terre dans l’enduit cause une concurrence
entre l’argile et les liants (notamment du ciment) [?], ce qui diminue la cohésion de l’enduit
sur le support, par exemple dans le cas du mur 31, après le décollement de l’enduit, on
trouve que l’enduit ne colle pas ou très peu au support, il n’est pas tombé pendant de
dizaines années grâce à sa cohésion propre. Donc, on peut dire que l’ajout de terre, avec
A.2. LES BADIGEONS, LES PEINTURES ET LES IMPRÉGNATIONS 217

ces proportions, dans l’enduit est déconseillée.

A.2.2.3 Rôle du support - Cas du pisé


On rappelle que l’état des pisés protégés par des enduits est bon. L’enduit a bien
protégé sans effets négatifs sur le pisé. Donc, pour évaluer la qualité d’un mur, il reste
d’évaluer la qualité actuelle de l’enduit, en déduire sa compatibilité avec le pisé. Cela est
présenté dans le Tab. A.2. On essaye de chercher le rôle du support en observant les murs :
8(SMRE), 16(MRE), 30(FRE) qui sont tous protégés par l’enduit A ; 17(MRE), 31(FRE)
avec l’enduit B ; 32(FRE), 22(MRE) avec l’enduit G ; et 34(FRE), 23(MRE) avec l’enduit
H.

A partir du Tableau A.2, on ne voit pas de grande différence du comportement des


enduits sur les supports différents.
218 ANNEXE A. PROTECTIONS SUPERFICIELLES DES MURETS CSTB
Annexe B

Caractéristiques mécaniques des


échantillons de pisé prélevés à partir
de murets de CSTB

B.1 Prélèvement des échantillons


Le prélèvement des échantillons à partir de murets est réalisé par une tronçonneuse
(Fig. 7.10). La tronçonneuse qui sert en général à découper du béton et des pierres a été
utilisée. La longueur de sa lame est de 30cm, donc, il faut découper l’épaisseur totale du
muret (environ 40 cm) en 2 fois.

Les échantillons prismatiques découpés ont des dimensions d’environ (30 × 20 ×


50)cm3 .

La teneur en eau de la terre de fabrication du pisé n’a pas été mesurée. La teneur
en eau du pisé à l’état normal est de 2%.

B.2 Mesure de la densité sèche


Les échantillons prélevés à partir de murets étant de forme grossière, l’estimation de
la densité sèche a été réalisée par pesée hydrostatique, après les avoir enduit de paraffine
afin de les rendre étanche.

Trois échantillons de dimensions environ 8×10×20 cm ont permis d’estimer la masse


volumique entre 1,79 T /m3 et 1,82. Ces valeurs de la densité sont plus petites que celle
des pisés non-stabilisé que nous avons étudiés dans le chapitre 7, qui étaient d’environs
1,90. Pourtant, cette petite densité sèche est compréhensible car avec la stabilisation de
la chaux, la teneur en eau de fabrication doit augmenter et la densité sèche diminue.

B.3 Essai de compression simple


On ne présentera ici que le résultat du muret 13 qui peut être représentatif du type
de pisé SMRE.

219
220ANNEXE B. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES DES ÉCHANTILLONS PRÉLEVÉS

On a découpé ce muret en plusieurs échantillons mais on ne peut choisir que 4


échantillons qui ont la qualité acceptable à être testé : 3 ont été testés dans le sens per-
pendiculaire aux lits (vertical), le 4ème dans le sens parallèle aux lits (horizontal).
La Fig. B.1 présente des courbes de contrainte-déformation. Les 2 surfaces inférieures et
supérieures des échantillons ne sont pas parfaitement planes, d’où la non-linéarité du dé-
but des courbes parce que les plateaux de la presse écrasent les petits éléments émergeant
des surfaces. Dans le temps suivant, la relation contrainte-déformation devient linaire et
le module tangent calculé est le pente de la courbe dans ce domaine.

Echantillon 2-mur 13 CSTB Echantillon 6 - mur 13 CSTB


1,2 0,9

0,8
1
0,7
contrainte (MPa)
0,6
0,8
contrainte (MPa)

0,5

0,6
0,4

0,3
0,4

0,2

0,2
0,1

0
0
0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012 0,014 0,016
0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012 0,014 0,016 0,018
déformation déformation

Fig. B.1 – Courbe de contrainte-déformation. (a) A droite : l’échantillon 2 testé perpen-


diculairement aux lits. (b) A gauche : l’échantillon 6 testé parallèlement aux lits.

Le résultat des essais sont présentés dans le Tableau B.1. Remarquons que parmi des
échantillons testés, l’échantillon 2 a la géométrie la plus régulière et la meilleure qualité
de surfaçage. C’est la raison pour laquelle il donne le meilleur résultat de la résistance à
la compression et du module d’élasticité.

Dimensions (cm) Rc (MPa) E (MPa) Sens du test Elancement


Echan1 (15, 2 × 18, 0 × 24, 0) 0,87 88 Vertical 1,6
Echan2 (13, 3 × 13, 8 × 22, 5) 1,06 104 Vertical 1,7
Echan3 (15, 0 × 19, 5 × 25, 0) 0,78 89 Vertical 1,7
Echan6 (18, 0 × 18, 0 × 28, 0) 0,77 89 Horizontal 1,6

Tab. B.1 – Résultat de la résistance à la compression et du module tangent par l’essai de


compression simple.

Il n’y a pas de grande différence de module tangent entre le sens vertical et le sens
horizontal du mur (E ' 90M P a). La différence entre la résistance à la compression des
échantillons testés dans le sens perpendiculaire aux lits et celle des échantillons testés dans
le sens parallèle aux lits n’est pas importante.
B.4. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVE 221

B.4 Conclusions et perspective


La résistance après 20 ans sur site d’un pisé stabilisé 5% en masse à la chaux NHL
est d’environ 1MPa.

Le module d’élasticité du pisé trouvé ici est d’environ 100MPa. Cette valeur est
proche à celle du module d’élasticité des échantillons fabriqués et testés en laboratoire
présentés dans le chapitre 7.

Les inconvénients de la méthode de prélèvement des échantillons par tronçonneuse


sont la génération de vibrations et l’utilisation de l’eau, ce qui peut faire diminuer la ré-
sistance mécanique des échantillons, notamment en raison du délitement des lits de terre.
Une procédure de fabrication des échantillons équivalents en laboratoire est donc néces-
saire pour éviter les inconvénients rencontrés lors de la découpe des murets sur site.
222ANNEXE B. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES DES ÉCHANTILLONS PRÉLEVÉS
Annexe C

Caractéristiques mécaniques des


Blocs de Terre Comprimée (BTC)

En total, il y a 50 échantillons de BTC ayant été fabriqués et testés. Leur densités


sèches varient de 1,82 à 1,99.

La plupart des essais de compression uniaxiale de ces échantillons ont été réalisé
avec des cycles de décharge-recharge comme le cas des échantillons de pisé. Les niveaux
de décharge peuvent respectivement être à 0,15 MPa, 0,3 MPa, 0,45 MPa, 0,60 MPa et
0,75 MPa pour avoir des points réguliers de la variation du module suivant le niveau de
précharge. Il y a des échantillons testés aux niveaux de décharge respectivement de 0,06
MPa, 0,12 MPa, 0,22 MPa, 0,4 MPa comme le cas des échantillons de pisé pour avoir des
comparaisons directes. Il y a aussi des échantillons sur lesquels il n’y a qu’un seul cycle
de décharge-recharge à 0,06 MPa. Ces échantillons sont les premiers échantillons où à ce
moment-là, la variation du module suivant le niveau de précharge n’a pas été découverte.

La Figure C.1 présente l’exemple de la synthèse de la variation des modules suivant


la précharge des échantillons de BTC.

La Figure C.2 présente la synthèse de la relation entre la résistance à la compression


et la densité sèche des BTC. On distingue ici deux cas séparés : le cas des teneurs en eau
au moment de test (wtest ) autour de 2% (des échantillons ayant wtest =1,6-2,5%) et autour
de 4% (des échantillons ayant wtest =3,5-5,3%).

223
224 ANNEXE C. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES DES BTC

600

d=1,99

500 d=1,97

d=1,96

d=1,95
400
d=1,94
E (MPa)

d=1,93
300 d=1,92

d=1,91

200 d=1,89

d=1,88

d=1,86
100

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
précharge (MPa)

Fig. C.1 – Synthèse de la variation des modules suivant la précharge des échantillons de
40 échantillons de BTC. La courbe tendance est aux échantillons ayant la densité sèche
de 1,97.

2,5

w = 1,6-2,5% R² = 0,9062
2,0
w = 3,5-5,3%

1,5
Rc (MPa)

R² = 0,954
1,0

0,5

0,0
1,50 1,60 1,70 1,80 1,90 2,00 2,10
d_sèche

Fig. C.2 – Synthèse de la relation entre la résistance à la compression et la densité sèche


des BTC.
Annexe D

Modèle d’une poutre de flexion

Modèle d’une poutre en flexion (poutre de Bernoulli)


1. Milieu étudié :
Une poutre avec des caractéristiques :
ρ(x) : la masse volumique [kg/m3 ] ;
A(x) : l’aire de la section transversale [m2 ] ;
I(x) : le module d’inertie [m4 ] ;
E(x) : le module d’élasticité [kN/m2 ]
2. Equation du mouvement :
Considérons des équations équilibres d’un élément dans la poutre suivant des condi-
tions du moment M et de l’effort tranchant T :
Force :

∂2y ∂T
ρ.A. 2
= (D.1)
∂t ∂x
Moment :
∂M
+ T (x, t) = 0 (D.2)
∂x
Loi de comportement :

∂2y
M (x) = E.I. (D.3)
∂x2
A partir des équations (D.1) et D.2 on arrivera à :

∂2y ∂2M
ρ.A 2 = − 2 (D.4)
∂t ∂x
Remplaçons (D.3) dans (D.4), nous avons :

∂2y ∂2 ∂2y
ρ.A. + [E.I. ]=0 (D.5)
∂t2 ∂x2 ∂x2
Section constant : E, I, ρ, A sont constants, donc, nous obtenons :

∂ 2 y EI ∂ 4 y
+ =0 (D.6)
∂t2 ρA ∂x4

225
226 ANNEXE D. MODÈLE D’UNE POUTRE DE FLEXION

3. Modes propres :

Solution de l’équation (D.6) est donnée sous la forme :

y(x, t) = ϕ(x).sinωt

d’où :
∂2y
= −ω 2 ϕ(x)sinωt
∂t2
∂4y
= ϕ0000 (x)sinωt
∂x4
Remplaçons dans (D.6), nous arrivons à :

ϕ0000 − k 4 ϕ = 0 (D.7)

Dans laquelle nous avons posé :

ρAω 2
k4 =
EI

Solution générale de l’équation (D.7) :

ϕ(x) = A.cos(kx) + B.sin(kx) + C.ch(kx) + D.sh(kx) (D.8)

4. Conditions limites :

Avec le modèle d’une poutre avec la longueur L, encastrée à un bout, nous avons
des conditions limites suivantes :

à x=0 : déplacement et rotation sont nuls :

ϕ=0

ϕ0 = 0

à x=L : le moment et l’effet tranchant sont nuls, implicant :

ϕ00 = 0

ϕ000 = 0

Nous arrivons à :

cos(kL).ch(kL) + 1 = 0 (D.9)
227

5. Solutions

Résolution de l’équation (D.9) nous donne les valeurs des fréquences des modes
propres :

s
Rn2 EI
fn = (D.10)
2π ρAL4
avec :

R(1)=1,8751 ; R(2)=4,6941 ; R(3)=7,8547 ; R(4)=10,9955 ; R(5)=14,1372.


228 ANNEXE D. MODÈLE D’UNE POUTRE DE FLEXION
Annexe E

Modèle d’une poutre de cisaillement

Considérons une poutre avec des caractéristiques :


ρ : masse volumique [kg/m3 ],
G : module de cisaillement [kN/m2 ],
Nous avons les relations :

– Vitesse des ondes : s


G
C=
ρ
– Module de cisaillement :
E
G=
2(1 + ν)
avec ν est le coefficient de Poisson.
1. Equations du mouvement :

Equation équilibre :

∂2u ∂T
ρ 2
= (E.1)
∂t ∂z
Equation du comportement :

∂u
T = GSc (E.2)
∂z
2. Modes propres :

Solutions des équations (E.1) et (E.2) :

u(z, t) = ϕsinωt

nous arrivons à :

Gϕ00 + ρω 2 ϕ = 0 (E.3)

ω
ϕ00 + ( )2 ϕ = 0 (E.4)
C
229
230 ANNEXE E. MODÈLE D’UNE POUTRE DE CISAILLEMENT

Solution générale de l’équation (E.4) :


ω ω
ϕ(z) = Asin( z) + Bcos( z) (E.5)
C C
3. Conditions limites :
Modèle d’une poutre avec la longueur L, encastrée à un bout :

ϕ(z = 0) = 0
τ (z = H) = 0
4. Solutions :

C π
ωk = (2k − 1) (E.6)
H 2

ωk C
⇒ fk = = (2k − 1) (E.7)
2π 4H
(k = 1; 2; ...)
ou :
s
2k − 1 E
fk = (E.8)
4H 2(1 + ν)ρ
(k = 1; 2; ...)
Annexe F

Mesures sur des maisons réelles

Similaire aux procédures présentées dans le chapitre 8, les mesures dynamiques ont
aussi été réalisées sur la maison de Thiers (présenté dans les mesures à vraie échelle du
chapitre 7) après sa finition. Cependant, il y avait des travaux dans cette maison au mo-
ment des mesures, les signaux obtenus ne sont donc pas nets et nous ne pouvons pas
déterminer les fréquences propres de cette maison. La modélisation en 3D de cette maison
par la méthode des éléments finis est présentée dans les Figures F.1 et F.2. La réalisation
des mesures sur cette maison à un autre moment est nécessaire pour calibrer le modèle.

Fig. F.1 – Modélisation la maison de Thiers en 3D par la méthode des éléments fini : la
modélisation des murs par des éléments volumiques de 8 noeuds.

231
232 ANNEXE F. MESURES SUR DES MAISONS RÉELLES

Fig. F.2 – Vue en plan des murs du modèle qui présentent fidèlement la géométrie des
murs sur site.
Annexe G

Tenue des maisons en pierres sèches


et ossature bois, Pakistan

G.1 But principal de cette note de calcul


Le modèle 3D de maison calculée est présentée dans la Fig.G.1. Dans cette note de
calcul, on vérifiera la maison dans les conditions suivant :
– Dans la première partie, on vérifiera que l’ossature bois peut supporter toute seule
la toiture dans le cas où le mur en pierre est tombé pendant un séisme très grave
(Fig. G.2).
– Dans la partie suivante, on proposera des solutions pour limiter la possibilité de
chute de pierre et du mur.

G.2 Ossature bois


G.2.1 Structure de calcul
La modélisation de structure bois est présentée dans la Fig. G.3.

G.2.2 Caractéristiques du matériau bois


Matériau utilisé : bois de pin
Suivant ”Les résineux français”, juin 86, CTBA [39] :
Pin sylvestre : valeur minimale exigée : 550 kg/m3 (humidité 15%). On prendra la valeur
600kg/m3 pour les calculs.
Contraintes admissibles
– Compression transversale : 2,2 MPa
– Cisaillement longitudinal : 1,2 MPa
– Traction transversale : 0,5 MPa
– Traction axiale : 8,0 MPa
– Flexion et compression parallèle : 10,9 MPa
Modules de déformation :
– Cisaillement : 600 MPa
– Longitudinal en flexion pure : 13220 MPa

233
234 ANNEXE G. MAISONS EN PIERRES SÈCHES ET OSSATURE BOIS

Fig. G.1 – Modèle 3D de la maison complète (l’état initial).

– Longitudinal, effort tranchant inclus : 11300 MPa

G.2.3 Hypothèse de calcul


– Les poteaux sont rotulés aux 2 bouts, ils ne subissent pas les moments et les efforts
tranchants (car les liaisons du bois ne sont pas de liaisons rigides).
– Les treillis de contreventement sont rotulé aussi aux 2 bouts.
– Les sablières sont considérées comme les poutres continues sur les appuis rotulés
(les têtes des poteaux).
– Le principe de conception de ces maisons s’appuie sur la dispersion de l’énergie
grâce à la déformation, le déplacement des structures : le frottement entre les
éléments de structure. Pourtant, dans les calculs suivant, on ”surdimensionnera”
en négligeant ce frottement.
– On néglige aussi le confinement des colonnes, des treillis en bois par les murs en
pierre (ce qui ”surdimensionnera” l’ossature bois).

G.3 Chargement
G.3.1 Charges permanentes - poids des structures
– Masse de la toiture :

+ L’épaisseur initiale de la toiture : 15cm. Supposons après plusieurs années, l’épais-


seur de terre sur la toit est de 40cm : 1, 8T /m3 × 0, 4m = 0, 72T /m2 .
+ M.S. Corrugated sheet (épaisseur 8mm, au sens de sécurité, on prend ' 1cm) :
7, 85T /m3 × 0, 01m = 0, 079T /m2 .
+ 3”x5” secondary beam : (7,62x12,7)cm, l=50’=15m

0, 6T /m3 × (7, 62 × 12, 7)10−4 m2 × 15m = 0, 087T (1beam)


G.3. CHARGEMENT 235

Fig. G.2 – Modèle 3D de l’ossature supportant la toiture après la chute de mur en pierre
sèche.

⇒ 9beams : 9 × 0, 087 = 0, 87T


+ 5”x10” primary beam : (12,7x25,4)cm, l=17’=5,1m

0, 6T /m3 × (12, 7 × 25, 4)10−4 m2 × 5, 1m = 0, 099T (1beam)

⇒ 10beams : 10 × 0, 099 = 0, 99T


⇒ Charge verticale de la toiture :

(0, 87 + 0, 99)T
0, 72T /m2 + 0, 079T /m2 + = 0, 826T /m2 ' 0, 83T /m2
(5, 26 × 13, 24)m2

– Masse de la toiture :

W1 = 0, 83T /m2 × (5, 26 × 13, 24)m2 = 57, 8T (G.1)


– Masse totale de la maison (en plus le poids des murs)

W2 = 57, 8T + 2, 2T /m3 × 0, 45m × (2 × 3, 752 + 2 × 12, 854)m = 90, 7T (G.2)

G.3.2 Charge d’occasions


G.3.2.1 Charges du vent, de la neige et de la réparation
On négligera l’influence de ces charges pour le calcul de la charge sismique.

G.3.2.2 Charge sismique


On va suivre ”1997 Uniform Building Code” (UBC 97) pour calculer la charge sis-
mique.
236 ANNEXE G. MAISONS EN PIERRES SÈCHES ET OSSATURE BOIS

Fig. G.3 – Modèle 3D de l’ossature bois.

– Seismic zone : 3 (suivant des partenaires Pakistanais)


– Seismic zone factor : Z=0,3 (case of Zone 3, Table 16I, UBC)
– Soil type : B (case of Rock, Table 16J, UBC)
– Seismic importance factor : I=1 (case of Occupancy category 4, Table 16K, UBC)
– Over strengh factor : R=2,8 (case of Braced frames where bracing carries gravity
load : heavy timber, Table 16N, UBC)
– Seismic coefficient : Ca = 0, 3 (case of Soil B et Z=0,3, Table 16Q, UBC)
– Seismic coefficient : Cv = 0, 3 (case of Soil B et Z=0,3, Table 16R, UBC)
– Structure period :
T = Ct (hn )3/4
avec : Ct = 0, 0488 et hn = 2, 72m

⇒ T ' 0, 1s

Charge sismique :

Utilisons la formule (30-4) dans UBC :


The total design base shear :
Cv × I
V = ×W
RT
Premièrement, en réalité, seule une partie de la force sismique de la toiture est trans-
férée à l’ossature bois du fait de perte par frottement propre aux assemblages souples, mais
dans les calculs, on considère que la force se transfère totalement à l’ossature. Deuxième-
ment, en réalité, on essaye de construire le mur auto-stable et évite que le mur pousse
l’ossature bois pendant un séisme. C’est à dire qu’on peut utiliser W1 dans (G.1) pour
calculer V. Pourtant, en tendant au sens de sécurité, on considère que l’ossature bois sup-
portera totalement la force sismique du mur en pierre et on utilisera W2 dans (G.2) pour
calculer V.

Cv × I
V = × W2
RT
G.3. CHARGEMENT 237

0, 3 × 1
V = × 90, 7 = 97, 2(T )
2, 8 × 0, 1
The total design base shear need not exeed the following :
2, 5Ca 2, 5 × 0, 3
V = × W2 = × 90, 7 = 24, 3(T )
R 2, 8
Donc, on utilisera la valeur V = 24, 3T pour la conception de l’ossature bois.
Dans les calculs, on néglige aussi le confinement des pierre sur les colonnes et les
treillis de contreventement. Dans le cas où il existe ce confinement, l’ossature bois travaille
encore beaucoup mieux.

G.3.3 Schéma de calcul


On vérifiera la structure avec les combinaisons suivant :
– Combinaison X : charge permanente + charge sismique suivant la direction X.
– Combinaison Y : charge permanente + charge sismique suivant la direction Y.
– Combinaison XY : charge permanente + 50% charge sismique suivant la direction
X + 50% charge sismique suivant la direction Y.
– Combinaison ”enveloppante” : Donner les valeurs maximales et minimales de
chaque élément parmi les 3 combinaisons au-dessus.

G.3.3.1 La charge sismique suivant la direction X (direction longitudinale)


Les charges horizontales de séisme s’appliquent aux noeuds au niveau de la toiture.
Puisque la distribution horizontale des charges dépend de la rigidité des éléments de la
structure, on applique la charge sismique :
– Telle que 80% la charge totale se situe sur la rigidité la plus grande du fait des
treillis de contreventement et des murs en pierre.
0, 8 × 24, 3T
⇒ = 9, 72T /noeud
2noeuds
– Les positions au milieu du mur : 20%
0, 2 × 24, 3T
⇒ = 2, 42T /noeud
2noeuds

G.3.3.2 La charge de séisme suivant la direction Y (direction transversale)


Avec la même raison comme au-dessus, la distribution des charges sismiques est
suivante :
– Aux positions où se situe les murs : 70% la charge totale
0, 7 × 24, 3T
⇒ = 8, 5T /noeud
2noeuds
– Les positions au milieu du mur : 30%
0, 3 × 24, 3T
⇒ = 0, 91T /noeud
8noeuds
Le schéma d’application des efforts horizotaux est présenté dans les figures G.4 et
G.5.
238 ANNEXE G. MAISONS EN PIERRES SÈCHES ET OSSATURE BOIS

Fig. G.4 – Schéma des efforts horizontaux appliquant à l’ossature dans la direction X

G.4 Efforts internes dans l’ossature et vérification de


l’efficacité de l’ossature
G.4.1 Efforts internes dans l’ossature
– La colonne ayant le plus grand effort normal à la traction : 6,9T.
– La colonne ayant le plus grand (valeur absolue) effort normal à la compression :
-6,7T.
– Le treillis de contreventement ayant le plus grand (valeur absolue) effort normal
à la compression : -14,4T
– Le moment maximal des poutres primaires : 1,7Tm
Dans la partie G.2.2, on a présenté les caractéristiques du bois de pin. Pour les cal-
culs suivants, on utilisera que la résistance du bois à la traction et à la compression est
de 8 MPa.

G.4.2 Colonne à la traction de 6,9T


Section de colonne : (7” × 5”) ' (17, 78 × 12, 7)cm, S = 226cm2 (voir Fig. G.10 de
l’annexe).
G.4. EFFORTS INTERNES DANS L’OSSATURE ET VÉRIFICATION 239

Fig. G.5 – Schéma des efforts horizontaux appliquant à l’ossature dans la direction Y

Section nécessaire :
0, 069M N
Scal = = 86 × 104 m2 = 86cm2 < S = 226cm2
8M P a
⇒Section choisie des colonnes est suffisante (en réalité, la section au pied de colonne réduit
un petit peu du fait à la mise en place des boulons mais elle reste encore satisfaissante).

G.4.3 Colonne à la compression de -6,7T


Section nécessaire :
0, 067M N × 1, 2
Scal = = 100 × 104 m2 = 100cm2
8M P a
(coefficient de 1,2 tient compte le flambement)
⇒ Section choisie (7” × 5”), S = 226cm2 est largement suffisante (en réalité, la section au
pied de colonne réduit un petit peu du fait à la mise en place des boulons mais elle reste
encore satisfaissante).

G.4.4 Conception des treillis de contreventement


G.4.4.1 Choix de la section
Effort normal maximal à la compression dans un treillis : -14,4 T
240 ANNEXE G. MAISONS EN PIERRES SÈCHES ET OSSATURE BOIS

0, 144M N × 1, 2
⇒ La section nécessaire : S = = 216 × 104 m2 = 216cm2
8M P a
(coefficient de 1,2 tient compte le flambement)
⇒ Choichissons la section (12 × 18)cm2 , S = 216cm2
Note : On peut utiliser 2 barres pour avoir une section équivalente.

G.4.4.2 Vérification de la section


Suivant l’Eurocode 5 [50], pour les éléments comprimés :
Les élancements relatifs : s
fc,0,k
λrel,y =
σc,crit,y
s
fc,0,k
λrel,z =
σc,crit,z
où :
– k : carastéristique
– c : compression
– 0 : 00 , direction privilégiée par apport à la direction du fil
– y : coordonnées
– crit : critique
et :
π 2 .E0,05
σc,crit,y =
λ2y
π 2 .E0,05
σc,crit,z =
λ2z
Dans notre cas :
260
λy = = 20
13
π 2 .13220M P a
σc,crit,y = = 326M P a
λ2y
r
8
⇒ λrel,y = = 0, 16 < 0, 5
326
⇒ On va vérifier les conditions suivantes :
σc,0,d σm,y,d σm,z,d
+ + km ≤1 (G.3)
fc,0,d fm,y,d fm,z,d
σc,0,d σm,y,d σm,z,d
+ km + ≤1 (G.4)
fc,0,d fm,y,d fm,z,d
où :

σm : contrainte de flexion dues aux charges latérales : il n’existe pas dans notre cas.

⇒ La section choisie est tout à fait satisfaisante les conditions (G.3) et (G.4) au-
dessus.
G.5. MUR EN PIERRE 241

G.4.5 Les poutres primaires en flexion


La section choisie par l’architect : (5”x10”) ≈ (12, 7 × 25, 4)cm2 = 226cm2 (Fig. G.10
de l’annexe).
Le moment maximal des poutres primaires : 1,7Tm.
Contrainte maximale dans la poutre :

6M
σ=
bh2

6 × 1, 7 × 10−2 M N.m
σ= = 13, 1M P a > 8M P a (pas satisfait)
12, 7 × 25, 42 × 10−6 m3
Il faut changer la section des poutres. Choisissons (15 × 30)cm2 , la contrainte maximale
dans la poutre :

6 × 1, 7 × 10−2 M N.m
σ= = 7, 56M P a < 8M P a (satisfait)
15 × 302 × 10−6 m3

G.4.6 Vérification du cisaillement à la base des colonnes


Nombre des colonnes : 24
La force de cisaillement à la base de chaque colonne :

V
Vcol =
24

24, 3T
Vcol = = 1, 0(T )
24
La contrainte de cisaillement à la base de chaque colonne :

Vcol 1, 0 × 10−2 M N
τcol = = = 0, 44(M P a) < Rcisaillement−bois = 1, 2M P a
Scol 17, 78 × 12, 7 × 10−4

⇒ Les collonnes satisfont la condition de cisaillement.

G.5 Mur en pierre


D’une part, à partir du résultat des déplacements de l’ossature bois, on voit que
ces déplacement sont petits (maximum 5mm). D’autre part, Boris [141] a montré que les
murs en pierre sèche sont souples et ils peuvent se déformer jusqu’à 60cm (avec un mur
de 4m de la hauteur) sans rupture. Ce sont les raisons pour lesquelles on peut dire que
l’ossature bois ne ”pousse” pas les murs en pierre. On peut considérer les murs en pierre
comme les éléments non-structuraux.
On va vérifier la capacité auto-stable de ces éléments non-structuraux suivant les condi-
tions du moment de renversement et du cisaillement dans la direction ”hors-plan” du mur,
parce que quand l’ossature bois ne pousse pas les murs, la direction ”en plan” du mur
devient moins défavorable.
242 ANNEXE G. MAISONS EN PIERRES SÈCHES ET OSSATURE BOIS

G.5.1 Charge verticale sur les murs à partir de la toiture


La Fig. G.6 présente le schéma de transfert des charges verticales de la toiture sur
les murs.
Dans le cas des séismes, le mur ”stone wall 1” devient plus défavorable que le mur ”stone
wall 3” (dans la direction hors plan du mur) parce qu’il y a moins de masse pour le mur
3 (il y a deux portes et une fenêtre) ce qui provoque moins de force d’inertie, et la charge
verticale stabilisatrice appuyant sur le mur 3 est plus grande que celle sur le mur 1. C’est
la raison pour laquelle on vérifiera les murs 1 et 2.

Fig. G.6 – Schéma de transfert des charges de la toiture sur les murs en pierre.

G.5.2 Vérification de la stabilité du mur 1


La surface de charge appliquée sur le mur 1 à partir de la toiture :

1
S = (13, 22 + 7, 97) × 2, 63 = 27, 86(m2 )
2

La charge appliquée sur le mur 1 à partir de la toiture :

W3 = 0, 83T /m2 × 27, 86m2 = 23, 12(T )

Puisque le mur 1 est divisé en 3 partie par 2 bandes de séisme (Fig. G.7), on fera la
vérification pour chaque partie.

On vérifiera dans les directions ”hors plan” des murs-les directions plus dévaforables.
G.5. MUR EN PIERRE 243

Fig. G.7 – Schéma des charges appliquées sur le mur 1.

G.5.2.1 La partie 1 du mur 1 au moment de renversement


La masse de la partie 1 du mur 1 :

Wp1 = 0, 88m × 0, 45m × 13, 22m × 2, 2T /m3 = 11, 51(T )


La force sismique s’applique sur cette partie du mur (en considérant le mur comme
une partie ”non-structurale”, formule (32-1) de l’UBC 97) :

Fp1 = 4 × Ca × Ip × Wp
Fp1 = 4 × 0, 3 × 1 × 11, 51 = 13, 81(T )
Le moment de tourner :

M = 13, 81T × 0, 88m − (23, 12 + 11, 51)T × 0, 225m = 4, 36T m > 0


⇒ Cette partie n’est pas stable !
⇒ Il faut ajouter le grillage à 2 côtés et autour la tête du mur. La largeur du grillage est
au moins 35cm (la position où le moment devient négatif).

G.5.2.2 La partie 2 du mur 1 au moment de renversement


La masse de la partie 2 du mur 1 :

Wp2 = 0, 64m × 0, 45m × 13, 22m × 2, 2T /m3 = 8, 38(T )


La force séisme applique sur cette partie du mur (en considérant le mur comme une
partie ”non-structurale”) :
244 ANNEXE G. MAISONS EN PIERRES SÈCHES ET OSSATURE BOIS

Fp2 = 4 × Ca × Ip × Wp
Fp2 = 4 × 0, 3 × 1 × 8, 38 = 10, 0(T )
Le moment de tourner :

M = 10, 0T × 0, 64m − (23, 12 + 11, 51 + 12, 07)T × 0, 225m = −4, 1T m < 0

⇒ Cette partie est stable ! Alors, on ne doit plus vérifier la partie 3.

G.5.2.3 Vérification du mur au cisaillement


On doit montrer que les murs sont stables grâce au frottement entre les pierres. La
formule à vérifier :
Ff rot = W × tgφ ≥ Fp
où : φ est l’angle de frottement entre des pierres. Ici, on prend φ = 250 .
– Pour la partie 1 :
Pour la partie haute du mur où il y a le grillage (50cm), des pierres ne peuvent
pas tomber. Donc, on vérifiera la partie au-dessous du grillage :
La masse de la partie au-dessus le grillage :

0, 53m × 0, 45m × 13, 22m × 2, 2T /m3 = 6, 93T

La force sismique horizontale s’applique à cette partie :

Fp = 4 × 0, 3 × 1 × 6, 93 = 8, 32(T )

La force de frottement :

Ff rot1 = (23, 12 + 0, 5 × 0, 45 × 13, 22)T × tg250 = 12, 16(T ) > Fp (satisfait)

– Pour la partie 2 :

Ff rot2 = (23, 12 + 11, 51)T × tg250 = 16, 15T > Fp2 = 10, 0(T ) (satisfait)

G.5.3 Vérification de la stabilité du mur 2


La surface de charge appliquée sur le mur 2 à partir de la toiture :
1
S= × 5, 25 × 2, 63 = 6, 90(m2 )
2
La charge appliquée sur le mur 1 à partir de la toiture :

W3 = 0, 83T /m2 × 6, 90m2 = 5, 73(T )

Avec la même procédure comme avec le mur 1, on arrive aussi à la conclusion qu’il
faut ajouter au moins 35cm de grillage à la tête du mur et que ce mur satisfait la condition
de cisaillement.
G.6. CONNEXION À LA FONDATION ET RECOMMANDATION 245

Fig. G.8 – La connection de colonne-fondation sur site.

G.6 Connexion à la fondation et recommandation


Suivant les photos de la construction de la maison (par exemple figure G.8), les co-
lonnes de la maison en pierre sont posées simplement sur un bloc de béton et ce bloc est
posé simplement aussi sur la fondation. C’est à dire que ce type de structure ne travaille
qu’à la compression et il ne peut pas supporter des efforts de traction.
En regardant le résultat des efforts internes de la structure, on trouve que l’appui au pied
des colonnes aux coins de la maison peut être sollicité à la traction (ce qui a été vu dans
la section G.4.2). On doit chercher des solutions pour équilibrer cet effort de traction.
L’effort de traction dans la colonne : 6,9T (section G.4.2).
Deux solutions sont proposées : l’utilisation des boulons pour connecter la colonne et la
fondation ; ou l’utilisation du tirant vertical pour équilibrer l’effort de traction.

G.6.1 1ère solution : l’utilisation des boulons pour connecter la


colonne et la fondation
Nous déconseillons cette solution à cause de la difficulté d’établir une connexion de
6,9T entre le bois et l’acier. Le bois résistant très mal au cisaillement, des précautions
sont nécessaires et nous semblent difficilement réalisable dans le contexte.

G.6.2 2ème solution : l’utilisation d’un tirant vertical pour équi-


librer l’effort de traction
Supposons une mise en oeuvre de 4 tirants aux 4 colonnes de chaque coin de la
maison).
On néglige le poids des pierres des murs qui peut participer à la stabilisation de l’effort
de traction dans la colonne (encore une fois au sens de sécurité).

Choissions un tirant en acier avec la résistance : R=360MPa.


246 ANNEXE G. MAISONS EN PIERRES SÈCHES ET OSSATURE BOIS

Fig. G.9 – Fondation pour encastrer le tirant.

La section nécessaire du tirant :


6, 9T
S= = 1, 92 × 10−4 m2 = 1, 92cm2
3, 6 × 104 T /m2
Le diamètre du tirant :
r r
4S 4 × 1, 92cm2
d= = = 1, 56cm
π π
Choisissons le tirant Φ16mm.
La longueur minimale encastrée du tirant dans le béton : 30Φ = 48cm.
Il faut creuser plus profondemment la fondation aux positions de 4 colonnes aux coins de
la maison pour faciliter l’encastrement du tirant dans la fondation (figure G.9). D’autre
part, cela augmente le poids de la fondation et augmente aussi le frottement positif laté-
ral entre la fondation et le sol, ce qui jouent aussi des rôles dans l’équilibre de l’effort de
traction au pied des colonnes aux coins.

G.6.3 Fondation

Choisissons un poteau de (0,5mx0,5m) et une semelle de (1mx1mx0,7m) en béton


qui se situe à la profondeur de 1,5m comme dans la figure G.9.
Le tirant est encastré dans cette semelle.
Dans le cas où le tirant ”tire” la semelle, c’est le poids propre de la semelle, du poteau et
du sol au-dessus la semelle qui aide à garder la stabilité de semelle.
G.6. CONNEXION À LA FONDATION ET RECOMMANDATION 247

– Volume de la semelle et du poteau en béton :


Volume du poteau : 0, 2m × 0, 2m × 1, 1m = 0, 044m3
Volume de la semelle : (1m × 1m × 0, 4m) = 0, 4m3
Volume de la semelle et du poteau : 0, 044m3 + 0, 4m3 = 0, 444m3

– Poids de la semelle et du poteau : 0, 444m3 × 2, 5T /m3 = 1, 11(T )

– Volume de pierre au-dessus la semelle :

(1m × 1m × 1, 1m − 0, 044m = 1, 056m3

– Poids de pierre au-dessus de semelle : 2T /m3 × 1, 056m3 = 2, 112(T )

– Poids de la semelle continue en béton (0,15m d’épaisseur) sur la surface de terrain


naturel :
0, 15m × 0, 45m × 2, 5T /m3 × (2 × 0, 8m) = 0, 27(T )
– Poids des murs en pierre au-dessus de la semelle continue en béton :

2, 6m × 0, 45m × (2 × 0, 8m) × 2T /m3 = 3, 75T

– Poids total :

1, 11T + 2, 112T + 0, 27T + 3, 75T = 7, 242T > effort de traction=6,9T

Donc, cette fondation peut marcher efficacement avec le tirant.

G.6.4 Vérification de la fondation à la flexion


Quand la semelle est ”tiré” par le tirant, le ”bras” de la semelle (la partie à partir de
la surface du poteau) est tenu par des pierres au-dessus et ce ”bras” travaille comme une
console avec sa position d’encastrement est à la surface du poteau. Donc, la longeur de la
cosole est de 0,4m (figure G.9.
La charge répartie sur la console (à partir de pierres au-dessus) :

q = 1m × 1, 1m × 2T /m3 = 2, 2T /m

Le moment maximal :

2, 2T /m × (0, 4m)2
M= = 0, 0704(T m)
2
La contrainte maximale à la traction :

6M 6 × 0, 0704 × 10−2 M N m
σmax = = = 0, 0264M P a < Rtraction de béton
bh2 1m × (0, 4m)2

Donc, on ne doit pas armer la fondation.


248 ANNEXE G. MAISONS EN PIERRES SÈCHES ET OSSATURE BOIS

G.6.5 Discussion
– La solution d’utiliser le tirant est choisie comme une solution aceptable dans ce
cas.
– Dans les calculs au-dessus, on n’a pas compté le frottement latéral positif entre la
semelle, le poteau en béton et le sol. Cela est considéré aussi comme un coefficient
de sécurité.

G.7 Conclusions
– Quand une charge sismique s’applique sur ce type de maison, les murs en pierre
jouent un rôle positif de confinement de l’ossature bois, mais on l’a négligé dans
cette note de calcul.

– Le mur en pierre peut partager aussi avec l’ossature bois une partie des charges
appliquées. Mais dans cette note de calcul, on a considéré que les murs en pierre
sèche sont les éléments ”non-structuraux”. D’une part, on a cherché des solutions
pour que les murs soient stable ; d’autre part, on a considéré que l’ossature bois
peut supporter toute la charge sismique transmise par les murs. La raison est que
l’interaction ”bois-pierres” est très compliquée et on ne peut pas encore distinguer
combien de poucentage de charge est supportée par l’ossature ou par les murs en
pierre, ce qui nous conduit à un surdimensionnement.

– On a négligé aussi la dispersion de l’énergie grâce à la déformation, le déplace-


ment, le frottement des éléments de structure. Cela donnera aussi un coefficient
de sécurité supplémentaire pour la structure.

Avec les hypothèses défavorables au-dessus, on a montré que la structure proposée satis-
fait des conditions de parasismique.

Note :
– L’utilisation du toit léger en métal ne satisfait pas la condition de renversement
des murs (le toit n’est pas suffissamment lourd).
– Il faut vérifier que le bois sur site a la résistance à la traction est de 8MPa comme
dans cette note de calcul (faire des essais de flexion simple sur site du type casse
bloc pour les BTC/adobes).
G.7. CONCLUSIONS 249

Fig. G.10 – Plan de la maison (site 2).

Fig. G.11 – Coupe transversale.


FOLIO ADMINISTRATIF

THESE SOUTENUE DEVANT L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON

NOM : BÙI DATE de SOUTENANCE : 13/11/2008

Prénoms : Quốc Bảo

TITRE : STABILITE DES STRUCTURES EN PISE: DURABILITE, CARACTERISTIQUES MECANIQUES

NATURE : Doctorat Numéro d'ordre : 08 ISAL

Ecole doctorale : MEGA (Mécanique, Energétique, Génie Civil, Acoustique)

Spécialité : Génie Civil: Sols, Matériaux, Structures, Physique du Bâtiment

Cote B.I.U. - Lyon : T 50/210/19 / et bis CLASSE :

RESUME :

La construction de bâtiments en pisé est une technique ancienne qui connaît un nouvel essor aujourd'hui dans le monde grâce
à la performance énergétique de ce matériau dans tout le cycle de vie d'un bâtiment: phases de construction, d'occupation et de
démolition. Ce point fort permet de considérer le pisé comme un matériau prometteur du secteur du bâtiment dans le contexte
du développement durable. Pourtant, il subsiste des problèmes de quantification de la durabilité, des performances mécaniques
et thermiques qui empêchent la population d'utiliser ce matériau. Cette thèse est consacrée à l'étude de ces problèmes,
notamment les deux premiers.

L'étude de la durabilité du pisé a été réalisée sur les murets en pisé exposés pendant 20 ans dans les conditions naturelles sur
site. Une méthode de mesure de l'érosion des murs en pisé est mise au point à partir de la méthode de stéréophotogrammétrie.
Des résultats obtenus ont montré une durée de vie de plus de 60 ans pour des murs en pisé non-stabilisé.

L'étude des caractéristiques mécaniques en compression du matériau pisé a été réalisée sur trois échelles différentes. La
première est l'échelle des murs sur site. Des mesures dynamiques ont été réalisées sur site pour déterminer des fréquences
propres des murs. Le module d'élasticité est déterminé à partir des fréquences propres mesurées en utilisant une modélisation
par éléments finis. La deuxième est l'échelle des échantillons représentatifs du matériau pisé (des dimensions proches des murs
sur site) fabriqués et testés en laboratoire. Finalement, en ce qui concerne la dernière échelle (microscopique), des essais sont
réalisés sur des blocs de terre comprimée (BTC) équivalents. Une procédure d'homogénéisation est réalisée pour mettre au
point une procédure de test en laboratoire qui permet de remplacer les échantillons de pisé par les BTC équivalents pour
faciliter la procédure de test.

Une étude exploratoire des caractéristiques parasismiques des maisons en pisé a aussi été mise en place. La comparaison des
périodes propres des maisons mesurées sur site et celles des formules empiriques proposées par des règles parasismiques a été
réalisée. Les techniques de renforcement afin d'améliorer la capacité parasismique des maisons en pisé ont aussi été discutées.

MOTS-CLES :
Développement durable, construction en terre, pisé, durabilité, stéréophotogrammétrie, résistance à la compression, module
d'élasticité, vibration, fréquence propre, parasismique, bloc de terre comprimé.

Laboratoire (s) de recherche : Laboratoire Géomatériaux du Département Génie Civil et Bâtiment, CNRS-URA1652,
Ecole Nationale des Travaux Publics de l'Etat

Directeurs de thèse: Claude-Henri LAMARQUE, Jean-Claude MOREL

Président de jury :

Composition du jury : Minh-Phong LUONG, Djimédo KONDO, Irini DJERAN-MAIGRE, Pierre FORAY,
Claude-Henri LAMARQUE, Jean-Claude MOREL, Stéphane HANS

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