THESE
présentée devant
pour obtenir
LE GRADE DE DOCTEUR
FORMATION DOCTORALE : Génie Civil
ECOLE DOCTORALE MEGA (Mécanique, Energétique, Génie Civil, Acoustique)
ECL - INSA - UCBL - ENTPE
par
BUI Quoc-Bao
(Ingénieur génie civil de l’Ecole Polytechnique de Ho Chi Minh Ville - Vietnam)
Chimie Inorganique
CHIMIE DE LYON M. D. SINOU M. R. GOURDON 910643
UCBL1 87.53
(Chimie, Procédés, Environnement) 04.72.44.62.63 Sec 84.30 Sciences et Stratégies Analytiques
Sec 04.72.44.62.64 Fax 87.17 910634
EDA206 Fax 04.72.44.81.60
Sciences et Techniques du Déchet M. R. GOURDON
910675 Tél 87.53 Fax 87.17
En grisé : Les Ecoles doctorales et DEA dont l’INSA est établissement principal
i
Remerciement
Je remercie très sincèrement tous ceux qui ont apporté leur contribution à la finition
de cette thèse.
Jean-Claude Morel, pour son encadrement, pour l’ambiance de travail agréable qu’il
m’a offert.
Stéphane Hans, pour son encadrement dans la partie des essais dynamiques.
Madame Irini Djeran-Maigre et Monsieur Pierre Foray pour avoir accepté d’être
examinatrice et examinateur de cette thèse.
Nicolas Meunier, pour ses conseils expérimentaux intéressants ainsi que sa contribu-
tion qui a permis de réaliser des essais en laboratoire et sur site.
Sébastien Courrier, Wael pour leur assistance technique pendant la réalisation des
essais.
Tous mes amis Vietnamiens au LGM que je ne pourrai pas tous citer ici ainsi que
Thong, Phuong à l’Ecole Vétérinaire Lyon. Grâce à leur amitié, je ne me suis pas senti
seul pendant mon séjour en France.
Ma moitié, qui a été très patiente durant cette fin de thèse très chargée.
ii
Résumé
L’étude de la durabilité du pisé a été réalisée sur les murets en pisé exposés pendant
20 ans dans les conditions naturelles sur site. Une méthode de mesure de l’érosion des murs
en pisé est mise au point à partir de la méthode de stéréophotogrammétrie. Les résultats
obtenus ont montré une durée de vie de plus de 60 ans pour des murs en pisé non stabilisé.
Une étude exploratoire des caractéristiques parasismiques des maisons en pisé a aussi
été mise en place. La comparaison des périodes propres des maisons mesurées sur site et
celles des formules empiriques proposées par des règles parasismiques a été réalisée. Les
techniques de renforcement afin d’améliorer la capacité parasismique des maisons en pisé
ont été aussi discutées.
Mots clés
Développement durable, construction en terre, pisé, durabilité, stéréophotogrammétrie, ré-
sistance à la compression, module d’élasticité, vibration, fréquence propre, parasismique,
bloc de terre comprimé.
iii
Abstract
The study of the durability of rammed earth was carried out on rammed earth walls
exposed for 20 years to natural weathering, in a wet continental climate. A method to
measure the rammed earth walls erosion by stereo-photogrammetry has been developed.
The result shows a lifetime longer than 60 years in the case of the unstabilised rammed
earth wall. This shows a potential for the use of unstabilised rammed earth in the similar
climatic conditions with this study. The method of stereo-photogrammetry used to mea-
sure the erosion of rammed earth walls on site may also help to calibrate and develop
more pertinent laboratory test to assess the durability of rammed earth wall.
Keywords
Sustainable development, earth construction, rammed earth, durability, stereo-photogrammetry,
compressive strength, elastic modulus, vibration, Eigen frequency, seismic characteristics,
compressed earth block.
iv
Table des matières
I Etude bibliographique 3
1 Introduction 5
2 Matériau terre 9
2.1 Diversité de la construction en terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.1 Le pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.2 Les adobes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.1.3 Les blocs de terre comprimée (BTC) . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.1.4 La terre-paille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.1.5 Torchis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.1.6 Bauge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2 Avantages du matériau terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2.1 Avantage économique dans les régions pauvres . . . . . . . . . . . . 11
2.2.2 Avantage environnemental dans les pays industrialisés . . . . . . . . 12
2.2.3 Avantage socio-économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.3 Pourquoi le pisé est l’objectif de cette thèse ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
v
vi TABLE DES MATIÈRES
II Durabilité du pisé 51
6 Durabilité du pisé 53
6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
6.2 Etudes bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
6.2.1 Mécanique de l’érosion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
6.2.2 Essais courants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
6.2.3 Bilan des études bibliographiques et orientation de notre étude . . . 61
6.3 Durabilité des murs exposés pendant 20 ans sur site . . . . . . . . . . . . . 62
6.3.1 Conditions climatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
6.3.2 Fondation et soubassement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
6.3.3 Terres utilisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
6.3.4 Construction des murets en pisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
6.3.5 Le toit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
6.3.6 Protection superficielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
6.3.7 Limitations de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
6.3.8 Murs témoins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
6.3.9 Mesures d’érosion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
6.3.10 Principe et hypothèses des mesures d’érosion . . . . . . . . . . . . . 74
6.3.11 Résultats des mesures d’érosion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
TABLE DES MATIÈRES vii
Etude bibliographique
3
Chapitre 1
Introduction
Le deuxième point tient au fait que les structures en matériaux non-industriels sont
encore extrêmement nombreuses sur toute la planète et même dans les pays très indus-
5
6 CHAPITRE 1. INTRODUCTION
trialisés, malgré des destructions en masse. On comptait en France environ 2,4 millions
de logement en terre crue en 1987 (Michel et Poudru [100]). Leur maintenance, souvent
plus d’un siècle après leur construction, pose des problèmes financiers et techniques car
mis en place par empirisme sans donnée scientifique.
La troisième raison est la volonté de renforcer la lutte contre les risques naturels
comme les innondations, les séismes et de faire face aux changements de l’environnement
d’origines anthropiques qui a priori n’ont pas pu être pris en compte par l’empirisme tel
que la modification du climat. Cela nécessite d’évaluer la pertinence de ces matériaux et
structures avec des conditions de sûreté modernes c’est à dire avec un outil scientifique
adapté et fiable.
Les matériaux ”modernes” composant les structures du génie civil sont optimisés
grâce au process industriel souvent standardisé pour répondre à une fonction précise pour
une durée limitée, on superpose alors des matériaux différents pour obtenir un système
constructif complexe efficace répondant à une demande physique et culturelle. On cherche
le plus souvent la très haute performance du composant sans se préoccuper des autres
aspects. La faiblesse de ces systèmes est leur comportement à long terme non maı̂trisé,
voire quelquefois dangereux (par exemple le cas de l’amiante).
Le pisé
Pour les pisés traditionnels, le liant unique est de l’argile (ils sont appelés ”pisés
non-stabilisés”). Avec l’industrialisation, des pisés modernes sont apparus en ajoutant
d’autres liants comme du ciment, de la chaux hydraulique ou de la chaux aérienne, ... Ils
sont appelés ”pisés stabilisés”. L’intérêt principal de la stabilisation du pisé est d’augmen-
ter sa durabilité (contre l’attaque de l’eau) et ses performances mécaniques (résistance à
la compression).
Cette thèse étudie donc des caractéristiques du matériau pisé non-stabilisé avec
quatre parties principales suivantes.
La première partie présente des informations générales. Une revue sur la notion de
développement durable est réalisée et les avantages du matériau terre dans ce contexte
actuel du développement durable sont présentés. Des généralités sur le matériau terre ainsi
que sur le matériau pisé sont aussi présentées dans cette partie. Une étude bibliographique
8 CHAPITRE 1. INTRODUCTION
La deuxième partie est réservée pour étudier la durabilité du pisé avec l’étude sur
les murets en pisé exposés pendant 20 ans dans les conditions naturelles sur site. Une
méthode de mesure de l’érosion des murs en pisé est mise au point à partir de la méthode
de stéréophotogrammétrie. Des résultats obtenus sont présentés et discutés qui montrent
une durée de vie de plus de 60 ans pour des murs en pisé non-stabilisé.
Dans cette partie, un chapitre est réservé pour étudier des caractéristiques dyna-
miques et la vulnérabilité sismique des maisons en pisé.
Matériau terre
2.1.1 Le pisé
La terre est compactée dans les coffrages (traditionnellement en bois, mais actuelle-
ment ils peuvent être en métal), couche après couche, par une dame (manuelle ou pneu-
matique). Les descriptions détaillées seront présentées dans le chapitre 4. La Figure 2.1
présente un exemple d’une maison traditionnelle en pisé.
Fig. 2.1 – Une maison traditionnelle en pisé en région Rhône-Alpes, n’ayant jamais été
enduite.
9
10 CHAPITRE 2. MATÉRIAU TERRE
Fig. 2.2 – A gauche : des adobes au séchage sous le soleil. A droite : une maçonnerie en
adobes.
2.1.4 La terre-paille
Pour cette technique, la terre utilisée doit avoir une bonne cohésion. Elle est diluée
dans de l’eau jusqu’à l’obtention d’une barbotine homogène, que l’on verse sur de la
paille, jusqu’à enrober chaque brin. Au séchage, on obtient un matériau dont la texture
est essentiellement celle de la paille.
2.1.5 Torchis
Une structure en colombages et claies de bois est hourdée avec une ou plusieurs
couches de terre. Cette terre argileuse, amendée de paille ou d’autres fibres, constitue les
parois de la bâtisse.
2.2. AVANTAGES DU MATÉRIAU TERRE 11
Fig. 2.3 – Une maison construite avec des BTC en Rhône-Alpes, France. La tour est en
pisé.
2.1.6 Bauge
Ce procédé consiste à empiler des boules de terre les unes sur les autres et à les tasser
légèrement à l’aide des mains ou des pieds jusqu’à confectionner des murs monolithiques.
Habituellement, la terre est amendée de fibres de natures diverses.
Fig. 2.4 – Mauvaises conditions d’habitation en Amérique latine, d’après Barbosa et al.
[15]
12 CHAPITRE 2. MATÉRIAU TERRE
Fig. 2.5 – Emission du gaz de CO2 (à gauche) et des déchets des usines fabriquant des
briques en terre cuite (à droite) en Amérique latine, d’après Barbosa et al. [15]
”Il n’y a de nouveau que ce qui est oublié” (Melle Bertin, XIXème siècle)
3.1 Introduction
Devant les conséquences graves du changement climatique global dans ces dernières
années (l’échauffement climatique, l’augmentation des tempêtes, l’augmentation du niveau
des mers, ...) et devant une prévision sombre d’épuisement des ressources naturelles dans
quelques décennies, le développement durable est de plus en plus présent dans l’ensemble
des secteurs de l’activité humaine.
Les problèmes les plus aigus actuellement sont les problèmes d’énergie et de déchets.
Le problème de l’énergie concerne non seulement l’épuisement des ressources naturelles
mais encore l’émission des gaz à effet de serre. Car plus l’énergie est consommée, plus
l’émission de gaz augmente.
15
16 CHAPITRE 3. CONSTRUCTION EN PISÉ ET DÉVELOPPEMENT DURABLE
Fig. 3.2 – Evolution du prix du baril de pétrole. Source : USDOE, d’après [116]
3.2. CONTEXTE GÉNÉRAL DU DÉVELOPPEMENT DURABLE 17
L’objectif du protocole peut paraı̂tre très ambitieux vu que par projection, les émis-
sions auraient dû croı̂tre de 30-40% sur cette période. Toutefois, pour stabiliser l’accrois-
sement de la concentration des gaz à effert de serre (GES) dans l’atmosphère, il faudrait
limiter les émissions en France à 0,5 tonne équivalent Carbone (teC) par habitant alors
que les émissions atteignaient 1,7 teC par habitant en 2001 [116].
Le plan Climat 2004 s’incrit dans un objectif de division par quatre des émissions
des GES d’ici 2050. Pourtant, en regardant l’évolution des gaz à effet de serre (GES)
en France entre 1990 et 2004 (Figure 3.3), nous voyons que les émissions des GES dans
les 2 secteurs du transport et du logement ont des progressions importantes (+22,7% et
+22,3% respectivement depuis 1990).
Fig. 3.3 – Evolution de l’émission des gaz à effet de serre (GES) en France entre 1990 et
2004, d’après [131]
Adalberth et al. [4] a montré qu’il y avait une relation entre la consommation d’éner-
gie et l’impact environnemental dans un cycle de vie des bâtiments. Bien sûr, cet impact
change beaucoup suivant le type d’énergie utilisé, mais la diminution de la consommation
d’énergie entraı̂ne une diminution de l’impact sur l’environnement de façon évidente.
18 CHAPITRE 3. CONSTRUCTION EN PISÉ ET DÉVELOPPEMENT DURABLE
Fig. 3.4 – Comsommation d’énergie finale par secteurs d’activités. Source ADEME 2005,
d’après [116]
Fig. 3.5 – La dépense totale pour traı̂ter des déchets en France. Source ADEME.
(14%), les associés plâtre (13%) et le béton armé (13%). La contribution des déchets dans
les phases différentes du secteur du bâtiment est présentée dans la figure 3.6.
Fig. 3.6 – Contribution des déchets dans les phases différentes du secteur du bâtiment.
Source ADEME.
Cette considération n’est pas dénuée de sens car plusieurs études, qui utilisent la
méthode LCA (Life Cycle Assessement) pour évaluer la performance énergétique des bâ-
timents dans un cycle de vie de 50 ans (phase de construction, phase d’occupation, phase
de démolition), ont montré que l’énergie consommée pendant la phase d’occupation est
dominante (Adalberth [2], [3], [1], Adalberth et al. [4], Winter et Hestnes [149]). Selon
ces études, l’énergie consommée pendant la phase de construction est seulement d’environ
15%. Pourtant, ces études ont encore plusieurs limites. Par exemple, ils n’ont pas encore
tenu compte de l’énergie nécessaire pour le traitement des déchets après la démolition, etc.
Thormark dans son étude [137] montre que plus on augmente la performance ther-
mique du bâtiment pendant la phase d’occupation (par l’ajout des matériaux d’isolation),
plus on augmente considérablement l’énergie consommée pendant la phase de construction
(l’énergie de fabrication et de transport de ces matériaux). Et à partir d’un niveau de per-
formance énergétique satisfaisant, on ne doit plus augmenter l’isolation thermique car la
performance thermique n’augmente plus pendant que l’énergie de la phase de construction
augmente encore. Thomark a étudié l’énergie consommée des bâtiments à faible consom-
mation énergétique (45kWh(162MJ)/m2 ). Le cycle de vie est assumée à 50 ans. Son ré-
sultat montre que l’énergie consommée pendant la construction est montée à environ 40%
d’énergie totale de ces bâtiments de faibles consommation énergétique.
Pourtant, il faut noter que la performance énergétique d’un bâtiment dans la phase
d’occupation ne dépend pas seulement du matériau de l’enveloppe mais aussi forcément
de la conception du bâtiment (Mortensen [108]). Le concepteur doit bien comprendre le
matériau pour proposer des solutions convenables. Par exemple, en hiver, il est favorable
que les murs absorbent bien l’énergie du soleil pendant la journée pour chauffer le bâti-
ment pendant la nuit alors qu’en été, ils devraient l’éviter.
Nous pouvons regarder ici l’étude de Paul et Taylor [119]. Dans leur étude, un bâ-
timent ”vert” de bureaux a été étudié. Ce bâtiment est appelé ”vert” (”green building”)
car il est conçu pour consommer le moins d’énergie possible : les murs sont en pisé de 30
cm d’épaisseur ; le système de ventilation naturelle ; etc. L’énergie consommée de ce bâti-
ment est comparée avec celle des deux autres bâtiments ”conventionnels” en regardant des
factures d’énergies (l’électricité, le gaz). Le résultat est présenté dans le Tableau 3.2. Le
résultat montre une faible consommation énergétique du bâtiment vert par rapport aux
bâtiments conventionnels. Il y a des limites dans ce résultat : par exemple, il ne compte
qu’un seul bâtiment vert et deux bâtiments conventionnels qui ne sont peut-être pas re-
présentatifs de tous les bâtiments de ces types. De plus, l’enquête est faite seulement en
été, on ne voit pas encore la performance énergétique en hiver. Le résultat de cette étude
nous donne cependant une vue positive de bonne performance énergétique possible des
bâtiments en pisé pendant la phase d’occupation.
Une remarque importante est que les murs en pisé dans l’étude présentée au-dessus
sont représentatifs des pisés modernes en Australie, Nouvelle-Zélande, Grande-Bretagne
qui sont stabilisés au ciment et qui ont une épaisseur courante de 30 cm. Dans le cas
des pisés traditionnels non-stabilisés en France, l’épaisseur courante est d’environ 50 cm
permettant d’espérer une meilleure performance énergétique.
22 CHAPITRE 3. CONSTRUCTION EN PISÉ ET DÉVELOPPEMENT DURABLE
Tab. 3.2 – Résultats de Paul et Taylor [119] de la comsommation d’énergie (en M J/m2 )en
été d’un bâtiment ”vert” (murs en pisé de 30cm) et des bâtiments conventionnels, en
Australie.
3.4.4 Bilan
Etant un matériau local, avec un faible besoin d’énergie de transport pendant la
construction et une capacité possible de réduire l’énergie de consommation pendant l’ha-
bitation, nous avons le droit d’espérer que ces points forts nous aident non seulement à
réduire les factures énergétiques mais encore à contribuer au ralentissement de l’exploi-
tation des ressources naturelles (pétrole, charbon,...). Parallèlement avec une réduction
d’utilisation d’énergie, l’émission des gaz à effet de serre sera réduite contribuant à dimi-
nuer le réchauffement climatique.
Le pisé est donc une technique de maçonnerie de mur en terre crue monolitique
coffrée, composée de couches superposées de terre compactée. Le mur obtenu est un mur
porteur. Il a 50 cm d’épaisseur en moyenne, parfois plus. La densité du pisé traditionnel est
d’environ 1,7 à 1,9 t/m3 (Pignal [120]). Les édifices en pisé ont couramment deux niveaux.
Certains, notamment en milieu urbain, peuvent présenter trois voire quatre niveaux. La
Figure 4.1 présente un château de la Loire construit en pisé. Après avoir été enduit, il est
difficile de reconnaı̂tre le pisé.
23
24 CHAPITRE 4. GÉNÉRALITÉ SUR LE PISÉ
Fig. 4.1 – Château Chabet, XVIIe siècle. Vue générale depuis le sud, d’après Guibaud
[65].
années 1980.
Le pisé traditionnel est fabriqué par des coffrages en bois et une dame manuelle. Il
est monté sur un soubassement en maçonnerie (pierre, brique, galets) appareillée, hourdée
au mortier de chaux. Cette maçonnerie a environ 50 cm de haut (Pignal [120]). Pourtant,
elle peut être plus importante dans des cas particuliers : les étables, les écuries, etc. (le pisé
risque d’être érodé par le passage des animaux) et quand le climat est à tendance humide,
le soubassement protège alors le pisé des projections d’eau et des remontées d’humidité
par capillarité. Dans la Figure 4.2, on peut voir le soubassement d’une maison tradition-
nelle de 130 ans en région Rhône-Alpes.
ner l’outil entre chaque coup, et de croiser les banches, c’est-à-dire d’adopter un sens de
construction opposé d’une assise du mur à l’autre. La Figure 4.5 nous donne un exemple
de deux types de joints sur une même maison. A gauche, les joints de chaux sont inclinés
et la hauteur du soubassement est faible. A droite, les joints sont verticaux et un soubas-
sement important est observé.
C’est vers le milieu du XVIIIe siècle que les joints de chaux deviennent systéma-
tiques et le raccord entre les banchées s’incline jusqu’à atteindre plus ou moins 45˚: cette
technique, combinée au croisement des assises (les raccords de deux assises superposées
sont inclinés en sens contraire), éviterait la fissuration du mur. L’observation sur le terrain
montre que, dans la réalité, un même mur peut présenter des raccords verticaux et incli-
nés, cela étant certainement dû à la plus grande difficulté qu’il y avait à faire les seconds
Fig. 4.3 – Mise en oeuvre du coffrage du pisé suivant la méthode lyonnaise, d’après Pignal
[120]
26 CHAPITRE 4. GÉNÉRALITÉ SUR LE PISÉ
Fig. 4.4 – Mise en oeuvre du coffrage du pisé suivant la méthode du Bugey, d’après Pignal
[120]. Avec cette méthode de mise en oeuvre, on peut éviter les trous sur le mur.
La technique du pisé actuel est une ”technique ancienne modernisée”. Les pisés étu-
diés dans le cadre de cette thèse sont ainsi fabriqués par des méthodes modernes. Donc,
les spécificités du pisé moderne seront présentées plus en détail dans les sections suivantes.
Fig. 4.5 – Les deux techniques différentes appliquées sur une même maison : à gauche :
des joints inclinés (XVIIe siècle) ; à droite : des joints verticaux (limite XIXe siècle - XXe
siècle, d’après [65]
Sur chantier, il n’est pas possible de perdre du temps à vérifier la teneur en eau par
des méthodes fastidieuses de laboratoire.
Fig. 4.6 – Maison en pisé moderne construite au cours des années 1980 en région Rhône-
Alpes.
D’autres observations peuvent informer sur la teneur en eau de la terre à bâtir. ”C’est
la dame qui parle”. Après quelques passages du pisoir, si le matériau a atteint la
densité voulue, le bruit du compactage est clair et net. Si la terre est trop mouillée,
un bruit sourd est entendu à la place d’un bruit sec. D’autre part, la surface de
compactage doit rester légèrement poudreuse.
Les artisans essayent de faire le lit le plus haut possible, en fonction de la terre
employée pour économiser le temps de mise en oeuvre. Ils déterminent la hauteur
optimale du lit en réalisant une banchée d’essai au début du chantier et éprouve sa
solidité.
Les méthodes scientifiques appliquées à déterminer la teneur en eau optimale du pisé
seront présentées et discutées dans le chapitre 7.
Fig. 4.7 – Les dames pneumatique en métal. A droite : la dame peut être modifiée en
ajoutant la plaque carrée en bois, photo : N. Meunier.
Fig. 4.8 – Coffrage métallique du pisé moderne sur un chantier en France. Photo : N.
Meunier.
30 CHAPITRE 4. GÉNÉRALITÉ SUR LE PISÉ
100,0%
90,0%
80,0%
70,0%
60,0%
% passing
50,0%
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
10 1 0,1 0,01 0,001
Particale diameter (mm)
Fig. 4.9 – Fuseau des terres indicatif pour la fabrication du pisé, suivant CRATerre [80].
Fig. 4.11 – Préfabrication des pisés dans une usine, en Autriche, photo : M. Rauch [124].
La toiture des maisons en terre est un élément indispensable à leur durabilité dans
le temps. L’absence d’un ”bon chapeau” est tout à fait néfaste et engage des dégradations
sur les constructions en terre. Le débord de la toiture doit être assez long pour protéger
le mur.
On trouve encore facilement des pisés anciens en bon état d’origine, laissés bruts
de décoffrage, mais la réhabilitation d’un bâtiment en pisé se conclut souvent par la pose
d’un enduit pour des raisons esthétiques (uniformisation de l’aspect), de confort (l’enduit
a aussi une fonction d’isolant extérieur) ou de durabilité (l’enduit qui bouche les fissures
réduit la prise au gel et l’érosion due au intempéries) (Pignal [120]).
32 CHAPITRE 4. GÉNÉRALITÉ SUR LE PISÉ
Fig. 4.12 – Transport et mise en oeuvre des éléments préfabriqués, photo : M. Rauch
[124].
Fig. 4.13 – Un bâtiment construit par 160 éléments préfabriqués, photo : M. Rauch [124].
4.4. PISÉ STABILISÉ OU NON-STABILISÉ ? 33
Un enduit sur pisé doit respecter toutes les règles de mise en oeuvre. Il est posé
à la truelle en deux ou trois couches, avec un temps de prise suffisant entre les diffé-
rentes couches. L’enduit ne doit être ni trop épais ni trop lourd, en raison des risques de
décollement que cela poserait. L’enduit est lié à la chaux faiblement hydraulique [120].
5.1 Introduction
La construction en pisé est ”redécouverte” aujourd’hui dans les pays industrialisés
par sa notoriété d’un bon confort d’été. A partir des années 1980, des constructions en
terre en Australie (en pisé et BTC) ont offert un très bon confort thermique qui surprenait
les constructeurs et les habitants australiens (Mortensen [108]). Avec la pression accrue du
problème global d’énergie, le matériau terre est redéveloppé et sa performance thermique
devient une caractéristique importante recherchée.
Easton [49] dans son livre (1996) a raconté que l’utilisation des constructions neuves
en terre est de plus en plus grande dans les pays comme les Etats-Unis, la Canada et
l’Australie où dans quelques régions, la construction en terre représente 20% des bâtiments
neufs. Ces bâtiments offrent non seulement une réduction significative de la consommation
d’énergie annuelle mais aussi une amélioration du niveau de confort des habitants car les
fluctuations de température et humidité sont corrigées.
Pourtant, la performance thermique est un critère important mais n’est pas unique
dans le confort d’habitation d’un bâtiment (Baggs [13]). Les paramètres liés à la qualité
environnementale intérieure d’un bâtiment se composent : de la ventilation naturelle ; de
l’utilisation de finitions et meubles peu toxiques (meilleure qualité d’air) ; de l’éclairage na-
turel pour une meilleure qualité d’illumination ; des fenêtres et des ventilateurs permettant
des contrôles personnels ; des accessibilités des ambiances extérieures ; et des matériaux
recyclables qui donne aux habitant la motivation et l’impression d’une meilleure sérénité
et esthétique intérieure (Heerwagen et Zagreus [78]). Tous ces éléments sont des standards
de conception pour des bâtiments verts (”Sustainable building technical manual” [134]).
Bien que ces paramètres ”complémentaires” ne soient pas recherchés dans le développe-
ment durable, ils jouent aussi un rôle important dans le fonctionnement d’un bâtiment
car ils donnent un confort d’habitation agréable lié directement à la santé et favorisant
l’efficience de travail des occupants dans le cas des bureaux (Heerwagen et Zagreus [78]).
Les recherches scientifiques actuelles sur le confort d’habitation du pisé peuvent être
groupées en 2 directions principales. Pour la première, il s’agit de recherches en laboratoire.
Des essais sur des échantillons fabriqués en laboratoire sont réalisées pour déterminer des
caractéristiques spécifiques du pisé (CSIRO [38], Hall [72], Hall et Allinson [67], etc.). La
deuxième se compose des recherches sur le confort général en faisant des enquêtes sur des
37
38 CHAPITRE 5. CONFORT D’HABITATION DU PISÉ
bâtiments réels, soit par des modèles et des calculs directs (Porta-Gandara et al. [123],
Parra-Saldivar et Batty [118]), soit par des opinions de la satisfaction des occupants des
bâtiments réels (Paul et Taylor [119], Taylor et al. [135], Taylor et Luther [136]). A partir
des enquêtes, on peut aussi évaluer la performance thermique des maisons réelles en pisé
en prenant en compte les factures d’électricité et de gaz.
Ce chapitre est une étude bibliographique concernant le confort général et plus par-
ticulièrement le confort thermique des bâtiments en pisé. La performance thermique est
considérée très importante car une bonne performance thermique de l’enveloppe est bien
recherchée et exigée dans le développement durable actuel. D’une part, elle contribue au
problème global de l’énergie, et de l’autre, elle contribue à diminuer l’émission des gaz à
effet de serre (GES).
Dans ce chapitre, quelques recherches sur le confort général ainsi que sur les proprié-
tés thermiques, hygrométriques d’autres types de matériau terre (des BTC, des adobes)
seront aussi abordées, car dans plusieurs cas de règlements, il est considéré que ces ma-
tériaux ont des caractéristiques thermiques et de confort similaires à ceux du pisé (par
exemple RT2005 [131]).
La plupart de ces recherches récentes sont réalisés dans les pays anglophones (no-
tamment en Angleterre et Australie) où les pisés sont généralement stabilisés au ciment
et ils ont une épaisseur générale de 300mm. Cela n’est pas le cas des pisés traditionels
en Europe qui ne sont pas stabilisés et dont l’épaisseur est en général de 500-600mm.
Pourtant, par manque d’études similaires en France, une bibliographie des résultats de
ces recherches sur le confort d’habitation du pisé est aussi intéressante pour contribuer
au panorama des caractéristiques du pisé (la durabilité, la performance mécanique, la
vulnérabilité sismique).
Dans les pays anglophones aussi, à partir des années 1980, des constructeurs et des
habitants sont impressionnés par un très bon confort thermique des maisons en pisé et en
BTC (Mortensen [108]), bien que leur pisé n’ait en général que 30 cm d’épaisseur. Rear-
don [125] a une vue très positive du confort thermique du pisé, présentée dans le Figure 5.1.
Dans les zones où la température est extrême, la performance thermique du ma-
tériau terre est aussi affirmée. MacLeod dans son rapport [93] a décrit que des maisons
5.2. PERFORMANCE THERMIQUE 39
de R du pisé en Australie sont inférieures à 0,4, qui n’est pas une valeur acceptable dans
les règlements australiens. Par exemple, la règle locale à Victoria exige la valeur minimale
de 1,3 de R pour les murs. Donc, suivant le résultat de cette étude, les pisés en Australie
présentent une mauvaise résistance thermique.
Les auteurs de cette étude ont suggéré que la masse thermique élevée du pisé pouvait
compenser la faible résistance thermique. Pourtant, ce ne sera vrai que dans le cas où le
climat est tempéré. Dans le cas où la période de froid est longue, ce sera la résistance
thermique R qui détermine la capacité thermique des murs.
Les auteurs ont proposé aussi la nécessité, dans les règlements, de considérer encore
d’autres facteurs (par exemple la masse thermique) pour évaluer la capacité thermique
des murs.
Hall et Allinson ont fait aussi une étude sur la résistance thermique des pisés stabi-
lisés à 6% de ciment (en poids). Ils ont trouvé que la résistance thermique du pisé n’est
pas influencée par la densité sèche de leurs pisés (des densités sèches de 1,98 à 2,12) mais
elle change suivant la granulométrie de la terre utilisée et la teneur en eau du pisé. Une
teneur en eau importante peut établir des ”ponts thermiques” dans les pores du matériau.
Leurs résultats de la résistance thermique sur trois types de mur différents sont présentés
dans le Tableau 5.1.
Plusieurs études ont été mises en place sur des bâtiments existants pour évaluer la
performance thermique générale du matériau terre et du pisé, notamment pour vérifier,
dans chaque contexte de leur étude, si la grande masse thermique du matériau terre et du
pisé peut apporter une bonne performance thermique.
Tab. 5.2 – Performance thermique en été et en hiver des bâtiments en BTC stabilisé à
5% de ciment, avec une bonne conception solaire passive, d’après Mortensen [108].
42 CHAPITRE 5. CONFORT D’HABITATION DU PISÉ
Les résultats de leur étude montrent que la grande masse thermique du pisé austra-
lien est capable d’améliorer la caractéristique thermique du pisé. L’évaluation des carac-
téristiques thermiques du pisé par seulement R-value comme le cas de l’étude de CSIRO
n’est donc pas suffisant.
Il est évident que pour garder un niveau de confort considéré dans l’étude de Porta
et al., une énergie de 5,5 fois plus grande est nécessaire dans le cas du bâtiment en blocs
de béton par rapport à celui en adobes. Alors que le coût de construction de ces bâti-
ments est quasiment identique et environ de 7000 USD par bâtiment, ce coût est faible
en comparaison du coût de l’énergie consommée.
cas d’un climat tempéré qui a une température élevée en journée autour la température
intérieure désirée. Dans les zones où la température ambiante pendant la période de 24
heures est toujours inférieure à la température intérieure, la masse thermique n’offre pas
de bénéfice (Wilson [148]).
On sait bien que la grande masse thermique joue un rôle positif dans les construc-
tions, pourtant, ce rôle change suivant où le bâtiment se situe. Aujourd’hui, on n’a pas
encore des outils efficaces pour calculer exactement la performance de la masse thermique
(Wilson [148]). Il est donc difficile d’intégrer la masse thermique dans les standards.
Donc, même dans le cas où l’on ne prend pas encore en compte la grande inertie
thermique des murs en pisé, ces derniers restent très favorables dans la performance éner-
gétique générale du bâtiment.
Fig. 5.3 – Résultat de Paul et Taylor [119] sur des bâtiments ”vert” et ”conventionnels”.
Note : CSU est le bâtiment ”vert” et LTU est 2 bâtiments conventionnels.
L’étude de Paul et Taylor n’a pas montré une différence significative des critères de
confort entre le bâtiment ”vert” et les bâtiment conventionnels, sauf pour le cas des tem-
pératures. Les résultats de Paul et Taylor sont intéressants à consulter mais peut-être ils
ne sont pas encore représentatifs pour ces deux types de bâtiment, ”vert” et ”convention-
nel”, car l’étude a été réalisée sur un seul bâtiment ”vert” et 2 bâtiments ”conventionnels”.
En plus, un changement des détails d’un bâtiment à l’autre peut modifier les résultats
5.3. ETUDES DU CONFORT GÉNÉRAL DES BÂTIMENTS EN PISÉ 45
Tab. 5.3 – Résultats de Paul et Taylor [119] de la consommation d’énergie (en M J/m2 )en
été des bâtiments ”vert” et conventionnels.
obtenus (type de fenêtres, ...). De plus, le pisé utilisé avec 30 cm d’épaisseur n’est pas le
cas des pisés traditionnels en Europe.
Fig. 5.4 – Système complexe avec plusieurs types de matériau, d’après Architype [9].
masse thermique modérée de ce matériau en une occupation élevée (magasin), une faible
consommation d’énergie a été observée.
5.3.3 Discussions sur des études sur des maisons sur site
Le premier avantage de cette méthode est que nous pouvons évaluer un confort
général du bâtiment, non seulement le confort thermique mais encore le confort hygro-
métrique, la qualité d’air, ... Ensuite, le confort peut être évalué directement par ce que
les habitants ressentent et il est donc plus réaliste. Enfin, nous pouvons aussi regarder la
consommation d’énergie à partir des factures énergétiques des habitants (l’électricité, le
gaz). Mais par contre, l’inconvénient de cette méthode est que les résultats dépendent de
plusieurs facteurs comme : le type du bâtiment suivi (bureau de travail ou maison, des
matériaux, ...) ; la conception générale du bâtiment (type de chauffage, de ventilation, de
fenêtre, ...) ; l’âge des habitants ; le sexe ; ... En plus, la consommation énergétique dépend
aussi du besoin de chacun, de l’habitude, etc. de chaque habitant et ce facteur n’est pas
objectif.
murs en pisé moderne de 30 cm d’épaisseur étaient remplacés par des murs traditionnels
de 50 cm comme le cas en France, aurions-nous des résultats plus favorables ? (une grande
épaisseur augmente en même temps la masse thermique et la résistance thermique). Pour
répondre à cette question, il est indispensable qu’il y ait des recherches en France sur la
performance thermique des pisés traditionnels.
La plupart des auteurs ont admis que le pisé présente une performance thermique
parfaitement satisfaisante en été et en hiver dans les zones où le climat est doux et tem-
péré. Dans les zones où il fait très froid et pendant longtemps en hiver, la performance
thermique du pisé elle-même semble insuffisante et il est nécessaire d’isoler. Les études de
Goodhew et Griffths [63], de Hall et Allinson [67], de Parra-Saldivar et Batty [118] et de
Mendonca [97] montrent qu’avec des aménagements convenables (installations des couches
d’isolation thermique par exemple), le matériau terre ainsi que le pisé peuvent satisfaire
aux demandes des règlements. L’installation des couches d’isolation thermique augmente
l’énergie consommée dans la phase de construction du bâtiment mais cette dernière reste
encore très avantageuse par rapport aux bâtiments construits avec des matériaux conven-
tionnels (Morel et al. [105], Mendonca [97]).
Sur l’internet, dans les forums des habitants de pisé, nous pouvons trouver des avis
des habitants français de la performance thermique de leur maison. Alors que presque tous
les avis sont d’accord pour dire que les maisons en pisé offrent une ambiance intérieure en
été agréable et adéquate, les avis sur la performance en hiver restent encore très divers.
Il y a des habitants qui ont froid en hiver et cette situation s’est améliorée dès qu’ils ont
ajouté des couches d’isolation. Pourtant, d’autres habitants se sentent bien aussi en hiver
et pensent simplement qu’il faut que la toiture et le sol soient bien isolés aussi. Donc,
on voit que ceci est un problème complexe qui ne dépend pas que du matériau des murs
mais aussi de la conception générale du bâtiment ainsi que du climat de chaque région.
En perspective, pour avoir des synthèses plus systématiques et des analyses plus fiables,
il serait intéressant de débuter une enquête sur la performance thermiques ainsi que le
confort général des maisons en pisé existant en France.
48 CHAPITRE 5. CONFORT D’HABITATION DU PISÉ
Bilan de la première partie
Pour ces premiers pas dans la recherche sur le matériau pisé, parmi les quatre cri-
tères principaux au-dessus, on devra choisir les problèmes les plus pertinents à étudier.
Les problèmes de la durabilité et de la résistance à la compression sont parmi les plus
nécessaires à étudier en premier car ils sont des problèmes ”basiques” auxquels le maté-
riau pisé doit satisfaire. Les problèmes thermique et parasismique sont les problèmes aussi
importants mais ils peuvent être traités après que les conditions de la durabilité et de la
résistance à la compression aient été satisfaites.
Parmi les rares études concernant le pisé, on peut citer ici les études de Maniatidis
et Walker [95], Maniatidis et al. [96], Hall et Djerbib [69], [68], [70], [71], Hall et Allinson
[67], Hamilton et al. [73], Bourroughs [32], Jayashinghe et Kamaladasa [84]. Cependant,
la plupart de ces études sont réalisées dans les pays anglophones (en Australie, Angle-
terre, Etats Unis...) où le mode de fabrication n’est pas le même que les pisés en France
(l’épaisseur générale des murs ne dépasse pas 30 cm et la popularité de la stabilisation
au ciment est grande). Les études sur la durabilité et la résistance à la compression du
49
50 CHAPITRE 5. CONFORT D’HABITATION DU PISÉ
Dans les parties suivantes de cette thèse, ces deux problèmes principaux seront étu-
diés et présentés.
Deuxième partie
Durabilité du pisé
51
Chapitre 6
Durabilité du pisé
6.1 Introduction
Le plus grand inconvénient du matériau terre est sa sensibilité à l’eau. Quand on
parle d’une construction en terre, ce problème est tout de suite posé. La cas du pisé n’est
pas une exception de ce constat. Pourtant, de l’autre côté, nous pouvons trouver encore
dans le monde plusieurs ouvrages en terre et en pisé traditionnel qui ont été construits il
y a des centaines années et qui restent debout jusqu’à aujourd’hui. Nous pouvons citer ici
l’exemple du Temple d’Horyuji au Japon, un patrimoine de l’UNESCO, âgé de 1300 ans.
Une part de ce temple a été construite en pisé non stabilisé et reste encore en bon état
aujourd’hui (Hall et Djerbib [69]), Figure 6.1. Un autre célèbre exemple est le cas de la
Grande Muraille de Chine, Figure 6.2. Cet ouvrage a été construit il y a 2000 ans avec du
pisé, des pierres, des briques de terre cuite, du bois, ... selon le principe d’utilisation des
matériaux locaux. Plus près de nous, nous pouvons citer le cas des maisons traditionnelles
en pisé en France qui ont souvent plus de 100 ans et sont encore utilisées actuellement,
Figure 6.3.
A partir des exemples ci-dessus, nous pouvons croire que dans un bon nombre de
cas, avec une conception adaptée (la couverture du toit, le soubassement évitant les re-
montées capillaires de l’eau du sol, etc.), les maisons en pisé non stabilisé peuvent avoir
une durabilité satisfaisante. Pourtant, en s’adaptant aux nouvelles normes consacrées aux
matériaux industriels, on exige du pisé une résistance à l’eau encore plus élevée. Plusieurs
types d’essais de la résistance à l’eau du matériau terre en général et du pisé en particu-
lier sont proposés comme : le ”spray test”, ”drip test”, ”wet to dry strength”, ... Puisque le
pisé non-stabilisé ne peut pas passer ces essais, on l’a abandonné systématiquement et on
considère le pisé stabilisé (au ciment, à la chaux aérienne ou hydraulique) comme le seul
choix.
Bien qu’il y ait déjà plusieurs chercheurs voyant l’irréalisme des essais cités au-
dessus et leur inadaptation au matériau terre (Heathcote [76], Guettala et al. [64], Ogu-
nye et Boussabaine [114]), par manque de recherches scientifiques spécifiques sur le maté-
riau terre, quelques Normes ont appliqué les essais au-dessus pour le matériau terre, par
exemple la Norme de la Nouvelle Zélande [111] pour le cas du pisé.
Plusieurs recherches ont été mises en place pour développer d’autres types d’essai sur
la durabilité du matériau terre, soit en laboratoire avec les conditions ”simulées” comme
53
54 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ
Fig. 6.3 – Maison en pisé âgé plus de 100 ans en France. Source : Grands Ateliers
Ogunye et Boussabaine [113] avec l’essai de ”rainfall test”, ou Hall [72] avec sa chambre
de simulation climatique (”climatic simulation chamber”) ; soit sur site, en condition réelle
comme Guettala et al. [64] avec de petits murets laissés pendant 4 ans sur site, sans pro-
tection, ou Heathcote [76] avec une maison à petite échelle.
Fig. 6.4 – L’effet ”creusement” d’une goutte d’eau de pluie ayant un angle battant <90˚.
– L’intensité des pluies : Plus fort les pluies battent contre le mur, plus ce dernier
est érodé. Le type de pluies est aussi un facteur important : une pluie forte mais
pendant un temps court fait moins d’érosion qu’une pluie longue de même quan-
tité.
– L’angle des pluies : L’angle avec lequel les gouttes d’eau de pluie battent le mur
est déterminé par la vitesse du vent coı̈ncidant. S’il n’y a pas de vent, les gouttes
d’eau de pluie seront verticales et aucune érosion n’aura lieu. L’énergie cinétique
sera maximale pour un angle de 900 , mais l’érosion des particules sera favorisée
pour un angle plus faible par l’effet d’un ”creusement” (Figure 6.4).
– Rugosité du mur : Il est possible que l’érosion soit plus importante sur une surface
rugueuse (par exemple des adobes) que une surface lisse (par exemple du pisé),
Heathcote [76].
Dans ce test, la terre est compactée dans un moule de 100 mm de diamètre jusqu’à
une épaisseur approximative de 125 mm. Après 7 jours de stockage, les éprouvettes sont
séchées en étuve et pesées. Elles sont ensuite placées dans l’eau pendant 5 heures, puis
séchées et brossées par une brosse métallique ferme (avec une pression verticale constante)
6.2. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES 57
pour enlever tous les matériaux perdus pendant les cycles de séchage-humidification. Après
12 cycles de séchage et humidification, les éprouvettes sont séchées en étuve et leur masse
finale est enregistrée. Le pourcentage des matières perdues en masse est calculé.
Plusieurs auteurs ont considéré ce test comme typique pour tester la durabilité des
BTC stabilisés au ciment. Fitzmaurice (dans son manuel en 1958 [55], cité par Heathcote
[76]) a proposé des valeurs limites des BTC en cas de bâtiments dans les zones urbaines,
de 5% dans une région où la précipitation annuelle est supérieure à 500mm ; 10% dans
une région où la précipitation annuelle est inférieure à 500mm.
Cet essai est également présenté dans le guide ORAN [66] en France pour des BTC,
ainsi que dans le guide de Walker et al. [145] en Grande Bretagne pour tester la résis-
tance à l’abrasion du pisé. Pourtant, Walker et al. [145] ainsi que Ogunye et Boussabaine
[114] pensent que ce test est non-réaliste et qu’il n’y a pas de relations entre le mode de
réalisation de ce test avec ce qui se passe sur site.
En Australie, cet essai s’appelle aussi ”Accelerated Erosion Test” (Figure 6.5). Il est
utilisé souvent pour tester des adobes, des BTC et des pisés.
Dans ce test, l’échantillon est arrosé pendant une période d’une heure jusqu’à ce que
l’échantillon soit transpercé. Le jet d’eau qui projette 50kPa à partir d’un tuyau standard
est placé à 470mm de l’échantillon. La surface exposée de l’échantillon est un cercle de
150mm de diamètre. L’épaisseur maximale de l’érosion est mesurée après une heure d’ex-
position et l’échantillon est vérifié à l’oeil pour déterminer l’extention de la pénétration
de l’humidité. L’échec est avéré quand l’épaisseur maximale de l’érosion dépasse 60mm
ou la pénétration de l’humidité vient jusqu’à l’arrière de l’échantillon.
Il semble qu’aucune corrélation entre cet essai et la situation in-situ ne soit justifiée
(Heathcote [76], Kenmogne [85]).
58 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ
Frencham [58] relie la profondeur des piqûres après le test à une indice d’érodabilité,
Tableau 6.1.
Le ”drip test” est un essai simple qui peut être acceptable dans les régions où les
précipitations annuelles sont d’environ 500 mm, ses applications dans les régions des pré-
cipitations plus élevées ne sont pas encore confirmées (Heathcote [76]).
Fig. 6.7 – L’essai de simulation des pluies (”rainfall-test”), proposé par Ogunye et Bous-
sabaine [113]. (1) l’unité de pulvérisation ; (2) le tuyau réglable de cuivre pour les chutes
de hauteur variable ; (3) l’écran en polyéthylène ; (4) des colonnes en aluminium ; (5) la
base de référence ; (6) des barres en aluminium ; (7) le support réglable des échantillons ;
(8) des parois en aluminium ; (9) des échantillons ; (10) le capteur de pression ; (11) cap-
teur de pression du robinet ; (12) le robinet de contrôle ; (13) la mini vanne de mélangeur ;
(14) l’unité de l’eau froide ; (15) l’unité de l’eau chaude ; (16) le tuyau extérieur.
exigence que le rapport de la résistance humide sur sec n’est pas inférieur à 0,5. Notons
que l’état ”sec” n’était pas bien défini (Heathcote [76]).
Cet essai a été proposé par Ogunye et Boussabaine [113] pour tester la durabilité
des BTC stabilisés. Le schéma de cet essai est illustré dans la Figure 6.7.
La base de référence de (0, 985 × 0, 950 × 0, 25)m est fixée et inclinée avec une pente
de 2,5˚ pour un drainage libre à à tuyau de 20 mm de diamètre. Sur cette base, il y a
un support sur lequel sont placés des échantillons. Ce support de (0, 950 × 0, 890)m peut
être réglé ce qui permet une inclinaison de 15-45˚ par rapport à la direction des gouttes
60 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ
d’eau. Cet angle d’inclinaison est basée sur le fait que des pluies tapent les murs des bâ-
timents sous un angle dépendant de la vitesse du vent. Le plateau est divisé en plusieurs
parties par des parois de 0,25m de hauteur (figure 6.8) pour intercepter l’éclaboussement
de la terre et prévenir l’interférence possible avec d’autres échantillons. Les échantillons
sont placés sur un plateau soulevée de 3cm au-dessus du niveau du support pour éviter
l’érosion possible de la partie en base de l’échantillon.
Le support est incliné de 30˚par rapport à la direction des jets d’eau. Avec le but de
simuler des pluies au Nigéria, les auteurs ont laissé une pression de 0,5 kg/cm2 à 2m de
hauteur de chute, correspondant à une intensité de 150 mm/heure. Les échantillons ont
été exposés pendant 120 h, suivant le temps moyen des pluies dans les pays tropicaux. Le
poids du matériau perdu des échantillons est déterminé après l’essai.
Hall [72] propose des ”chambres de climat simulé” qui peuvent simuler des conditions
climatiques pour étudier non seulement la durabilité du pisé stabilisé mais aussi ses ca-
ractétiques thermiques, hygroscopiques. Il a donné les premiers résultats mais des études
plus avancées sont indispensables pour avoir les conclusions les complètes.
Fig. 6.9 – Des murets exposés aux conditions naturels dans l’étude de Guettala et al. [64].
Ce qui manque à l’heure actuelle, c’est la corrélation des résultats obtenus en la-
boratoire avec ce qui se passe sur site (Ogunye et Boussabaine [114]). Une sélection des
informations obtenues à partir des murs sur site devient nécessaire pour calibrer les essais
actuels en laboratoire ainsi que développer de nouveux types d’essai (dans quelle condition
climatique : précipitation, vent ; combien d’érosion après combien de temps, etc.). C’est
la raison pour laquelle de plus en plus, il apparaı̂t des études de durabilité des murs sur
site comme Guettala et al. [64], Heathcote [76] ou Ogunye et Boussabaine [113].
Avec les raisons présentées au-dessus, dans la partie de la durabilité du pisé de cette
thèse, ”un essai sur site” sur des murs en pisé ayant passé 20 ans en conditions climatiques
naturelles a été mise en place. Le premier but de cette étude est de montrer que le matériau
pisé n’est pas aussi sensible à l’eau que l’on pense d’habitude car tous les murs restent
encore debout après 20 ans sur site. Cela est aussi une preuve de l’inadaptation des essais
en laboratoire cités au-dessus pour le cas de la terre non-stabilisée. Dans le deuxième
temps, une méthode de mesure d’érosion des murs en pisé a été développée en se basant
sur la méthode stéréophotogrammétrique. Les résultats d’érosion et cette méthode de
mesure d’érosion servent non seulement à démontrer une durabilité satisfaisante du pisé
62 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ
dans les conditions naturelles mais ouvrent aussi la possibilité de calibration des essais en
laboratoire.
104 murs à base de terre ont été construits dans ce programme, mis en oeuvre en
masse (pisés, terre paille) ou en blocs maçonnés (BTC, vibrocompressés). Les terres uti-
lisées sont différentes pour chaque mise en oeuvre. Les protections superficielles changent
d’un mur à l’autre. Dans cette étude, nous n’étudierons que les murets en pisé, Figure 6.11
et 6.12. Plus d’informations sur la construction des murets sont notées dans le rapport de
Rubaub et Chevalier [132].
Fig. 6.11 – Plan du site des murets mis en oeuvre en masse et la distribution des diffé-
rents types de protection (enduit, badigeon, peinture, imprégnation, témoin) sur différents
supports (FRE, MRE, SMRE).
64 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ
45 110
40
100
35
90
30
25 80
20 70
Precipitation (mm)
Temperature (°C)
15
60
10
50
5
0 40
Jan Feb Mar April May June July Aug Sep Oct Nov Dec
-5 30
-10
max temperature 20
-15 average temperature
min temperature 10
-20 average precipitation
-25 0
Fig. 6.13 – Climat du site d’expérimentation, moyenné sur la période 1971-2000, d’alti-
tude de 212m. Les précipitations sont d’environ 1000mm/an.
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE 65
L’analyse minéralogique effectuée sur ce matériau est indiquée dans le Tableau 6.2.
Tab. 6.2 – Analyse minéralogique effectuée sur la terre Verpillière, d’après [132].
– Illite : 40%,
– Kaolinite : 20%,
– Smectite : 40%.
– 10% de l’échantillon sont des fractions inférieures à 160 µm, les fractions infé-
rieures à 40µm étant très faibles.
66 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ
100%
90%
80%
70%
60%
Passing
50%
40%
30%
Verpilliere (FRE)
20%
Morestel
MRE 10%
0%
0,001 0,01 0,1 1 10
Diameter (mm)
Tab. 6.3 – Analyse minéralogique effectuée sur la terre Morestel, d’après [132].
La terre a été malaxée au motoculteur, les plus gros cailloux sont enlevés à la main.
La teneur en eau de la terre utilisée dépendait de l’expérience du piseur. Des coffrages
métalliques ont été montés suivant les dimensions souhaitées du mur. Ensuite, on versait
dans le coffrage une couche de terre d’environ 10cm et damait cette couche par une dame
pneumatique.
– Terre fine provenant de La Verpillière que l’on appelera FRE (Fine Rammed
Earth).
– Mélange de FRE (50%) et d’un sol non argileux provenant de Morestel (50%), que
l’on appelera MRE (Medium Rammed Earth). La courbe de granulométrie de la
terre MRE est illustrées sur la Fig. 6.14.
– Terre MRE stabilisée à 5% en poids par de la chaux hydraulique (NHL) que l’on
appelera SMRE (Stabilised Medium Rammed Earth).
D’abord, 7 murets ont été réalisés en terre de Verpillière (FRE). Cette terre contenait
trop d’éléments fins (pas d’éléments supérieurs à 0, 5mm ; le pourcentage d’argile était de
18%) et la teneur en eau naturelle était probablement trop élevée, d’où l’apparition des
fissurations de retrait dès le lendemain du décoffrage. De même, on pouvait noter une
mauvaise liaison entre les différentes couches compactées. C’était la raison pour laquelle il
a été décidé de faire un mélange de terre permettant de rester dans le fuseau granulomé-
trique généralement admis pour le pisé (proposé par CRATerre [80]). Ce mélange (MRE)
contient à part égale (en volume) de la terre de Morestel et de la terre de la Verpillière.
6.3.5 Le toit
Tous les murets en pisé sont protégés en partie haute par un élément en amiante
ciment avec débord, Figures 6.10 et 6.12. La largeur du toit est de 60cm, la longueur est
supérieure de quelques centimètres à la largeur du mur (' 1m).
Pour chaque type de terre (FRE, MRE, SMRE), un mur témoin a été construit
qui n’a pas de protection superficielle. Dans cette étude, nous allons étudier seulement
la durabilité des murs témoins par des mesures de leur érosion après 20 ans exposés sur site.
Les types de protections superficielles ne seront pas présentés ici. Plus informations
les concernant sont présentées dans l’Annexe A et (Bui et Morel [26]).
68 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ
L’isolation contre les remontées capillaires à partir du sol de fondation est effectuée
par une couche bitumineuse ce qui n’est pas le cas dans les maisons anciennes.
Enfin la surface des murs tests est évidemment plus petite que celle d’une façade
d’un bâtiment. Le rapport entre le débord du toit et la hauteur de la façade n’est pas
le même, 1/15 dans le cas de ces murets (Fig. 6.15) et varie de 1/20 à 1/10 dans la pratique.
Fig. 6.15 – L’efficacité du toit sous une pluie. Le toit ne peut protéger que la tête et une
partie en haut du muret (muret 23).
Fig. 6.16 – Muret témoin du FRE, numéro 36. A gauche : l’état initial, quelques jours
après la construction. A droite : l’état après 20 ans sur site.
Fig. 6.17 – Muret témoin du MRE, numéro 29, à l’état initial, quelques jours après la
construction. A gauche : Côté Est. A droite : Côté Ouest
Fig. 6.18 – Un zoom du muret témoin du MRE, numéro 29, côté Ouest, à l’état initial,
quelques jours après la construction. L’hétérogénéité du matériau et un mauvais compac-
tage des derniers lits de terre sont visibles.
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE 71
Fig. 6.19 – Muret témoin du MRE, numéro 29, après 20 ans, côté Ouest. A droite :
l’hétérogénéité du matériau et fissures de retrait.
La Figure 6.21 explique le principe de cette méthode. L’objet AB est en vrai relief
(∆P 6= 0) et est perçu comme tel par la vision binoculaire grâce à un travail du cerveau
qui tient compte de l’écartement entre les deux yeux. Chaque oeil ne voit respectivement
que les plans (P1 ) et (P2 ), projections de l’objet AB.
Pour établir une image en 3 dimensions (un relief) d’un mur du CSTB, deux clichés
ont été pris à partir de deux points de vue différents (Figure 6.22), qui correspondent res-
pectivement aux plans (P1 ) et (P2 ) dans la Figure 6.21. Pour avoir une vision binoculaire,
on pose ces deux clichés dans le stéréoscope (Figure 6.23), le cliché à gauche (P1 ) sur le
plateau supérieur et le cliché à droite (P2 ) sur le plateau inférieur. Le cliché (P1 ) est vu
par l’oeil gauche, le second par l’oeil droit. On voit alors apparaı̂tre un objet virtuel en
relief, qui est AB issu de (P1 ) et (P2 ).
Fig. 6.20 – Muret témoin du SMRE, numéro 15. A gauche : à l’état initial, quelques jours
après la construction. A droite : son état après 20 ans sur site.
des données).
La superposition est réalisée avec le logiciel ORIMA. Les deux clichés sont superposés
correctement dans le stéréoscope à l’aide des points fixes de référence. Ils sont 5 points qui
ont été ajoutés sur le mur avant de prendre des clichés : 4 points aux 4 coins d’une face
du mur et le cinquième au centre de la face du mur (Figure 6.22). Lorsque les points fixes
apparaissent superposés, les deux clichés sont alors superposés correctement et le relief
du mur apparaı̂t. Les points fixes créent un repère fixe, identique pour les deux clichés.
Si les deux clichés sont bien superposés et si on amène la marque du cliché gauche, par
un mouvement couplé des marques lumineuses sur un point fixe, la marque lumineuse du
cliché droit est exactement sur le même point fixe.
Fig. 6.22 – Deux clichés pris à partir de deux points de vues différents sur le même mur
15, face Est. A gauche : cliché pris à partir d’un point à gauche du mur. A droite : cliché
pris à partir d’un point à droite du mur. On peut voir aussi 5 points fixes sur le mur :
4 points aux 4 coins et le cinquième au centre du mur.
74 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ
Regarder
Deux clichés sont posés le relief
sur deux plateaux
supérieur et inférieur.
Ordinateur
connecté au
stéréoscope.
Console dirige
le mouvement
des clichés.
représentés par 60 mm sur le cliché, ce qui donne un facteur d’échelle de 18,3. La précision
des mesures est donc +/-0,092mm.
Les coffrages utilisés pour la fabrication étaient des plaques en acier, ce qui nous
permet de considérer que la surface initiale du mur était plane. Nous proposons que la
”ligne de référence” correspondant à la surface initiale du mur soit la ligne qui touche les
”sommets” des profils, Figures 6.25 et 6.26. En observant des murs (Figures 6.17 et 6.19
par exemple), nous notons que seulement de la terre sur la surface des murs de référence
était partie par érosion, les gros cailloux sont toujours sur la surface des murs (”fleur de
pisé”). En pratique, la présence des cailloux sur la surface du pisé est fréquente, contrôlée
au moment de la mise en oeuvre mais inévitable. Le maçon évite seulement la concentra-
tion des gros cailloux sur la surface qui empêcherait que la terre remplisse l’espace entre
les cailloux, ce qui ferait des trous sur la surface apparente du mur. Avec une longueur
suffisamment grande de chaque profil (environs 1 m), nous pouvons avoir beaucoup de
chances de rencontrer les parties non-érodées de la surface. En regardant et traçant les
profils, nous pouvons déterminer les positions (les points et les endroits) non-érodées du
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE 75
Profiles
mur car les empreintes du coffrage sur lesquels passe la ligne de référence sont encore
visibles.
Pour éviter le cas où il y a plusieurs possibilités de tracer la ligne de référence sur un
profil (Figure 6.27), nous devons réaliser un contrôle de l’angle des profils sur une même
surface du mur pour diminuer des erreurs venant à partir des cas exceptionels.
wall inside
Tab. 6.4 – Synthèse des résultats de mesures sur face Est des murs de référence. Note : Une moitité du mur 29 est la référence, l’autre
est couverte par l’imprégnation X.
6.3. DURABILITÉ DES MURS EXPOSÉS PENDANT 20 ANS SUR SITE
77
78 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ
On observe pour la plupart des murs que la partie en haut du mur est moins érodée
car elle est protégée par le toit (sur une hauteur d’environs 20% - Figures 6.28 et 6.15).
C’est le cas pour les murs 15 et 36, Tableau 6.4 : 2890 mm2 en haut au lieu de 6213 mm2
dans le cas du mur 36, 2196 mm2 en haut au lieu de 2446 mm2 dans le cas du mur 15.
Mais pour le mur 29, ce n’est pas le cas, nous verrons plus tard ce cas particullier.
Le muret 15 stabilisé (SMRE) n’est pas très érodé en général (2mm d’érosion en
moyenne) et l’érosion entre la partie en haut et la partie en bas n’est pas très différente.
La partie en haut du muret 36 (FRE) est bien protégée par le toit et donne une
érosion très petite par rapport à celle de la partie non protégée (Figure 6.28).
Pour des raisons expliquées au-dessus, seulement les résultats des profils verticaux
sont utilisés pour comparer entre les murets.
Fig. 6.28 – Erosion différente entre parties en haut et en bas du mur 36.
En général, l’érosion observée d’un mur en pisé n’est pas une fonction linéraire sui-
vant le temps. Pendant le premier temps après la construction, l’érosion du mur est assez
rapide, et puis l’érosion se stabilise (Walker et al. [145]). La raison de cette non-linéarité
vient peut-être de la perte d’énergie de compactage sur les banches pendant la fabrication
à cause du frottement.
Pourtant, il n’y a pas encore d’études recherchant cette fonction non-linéaire. Dans
80 CHAPITRE 6. DURABILITÉ DU PISÉ
6%
5%
Erosion non-linéaire
4%
Erosion linéaire
Erosion
3%
2%
1%
0%
0 10 20 30 40 50 60 70
Temps (ans)
Fig. 6.29 – Difference entre des érosions linéaire et non-linéaire suivant le temps des
murets en pisé non-stabilisé.
notre étude, nous n’avons que des données au moment initial (temps=0, érosion=0) et au
moment de cette étude (temps=20 ans, érosion=1,6%, cas du pisé non-stabilisé). Donc,
il est impossible d’estimer exactement le temps de vie de ces murs par une fonction non-
linéaire. Nous avons utilisé une fonction linéaire. Si nous utilisons la fonction linéaire de
l’érosion pour des murs en pisé non-stabilisé, il faut 62,5 ans pour que ces murets soient
érodés jusqu’à 5% de leur épaisseur (Figure 6.29). La courbe Figure 6.29 présentant la
non-linéarité de l’érosion est seulement un exemple de l’aspect de la fonction non-linéraire
de l’érosion en réalité qui est souvent observée mais sans données scientifiques exactes
(Walker et al. [145]). Pourtant, avec cet aspect de la non-linéarité de l’érosion suivant le
temps, nous pouvons voir que la vie de ces murets en pisé non-stabilisé peut être beaucoup
plus longue que 62,5 ans.
Après 20 ans sur site, la perte du matériau due à l’érosion des murets est mesurée par
une méthode innovante utilisant la stéréo-photogrammétrie. L’érosion mesurée équivaut
à une épaisseur moyenne d’environ 2 mm (correspondant à 0,5% d’épaisseur du muret)
en cas du muret en pisé stabilisé 5% en poids à la chaux hydraulique. Donc, la stabili-
sation permet de supprimer l’utilisation des protections superficielles (enduit, badigeon,
...). Dans le cas des murets en pisé non-stabilisé, l’érosion mesurée est d’environ 6,4 mm
(correspondant à 1,6% d’épaisseur des murets) qui permet d’extrapoler une durée de vie
6.4. CONCLUSIONS SUR LA DURABILITÉ DU PISÉ 81
plus longue que 60 ans pour ces murets. Ce résultat montre un potentiel de l’utilisation
du pisé non-stabilisé dans les conditions climatiques similaires à cette étude (précipitation
annuelle d’environ 1000 mm et gel fréquent en hiver).
Des mesures de l’érosion des murets en pisé non-stabilisé dans cet ”in-situ test”
confirme encore une fois la durabilité des maisons en pisé traditionnel qui peuvent dépas-
sées plus de 100 ans (exemples cités dans les premières sections).
83
Chapitre 7
7.1 Introduction
Parallèlement au problème de la durabilité, le problème des caractéristiques mé-
caniques de murs en pisé reste encore une question. A l’heure actuelle, par manque de
connaissances scientifiques sur le matériau terre, les ingénieurs utilisent des modèles de
conception relatifs aux maçonneries renforcées pour le cas des murs en terre. Pourtant,
aucune preuve n’a montré l’adaptation de ces modèles pour le matériau terre (Bruce [22]).
85
86 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
Par contre, dans le cas d’un matériau non-industriel comme le matériau terre, la
fabrication manuelle fait que la qualité du matériau dépend forcément du savoir-faire du
fabriquant. Dans le cas de la fabrication des blocs de terre comprimée (BTC), bien qu’il
reste encore la détermination de la teneur en eau de fabrication qui peut faire une diffé-
rence entre des blocs fabriqués en laboratoire et des blocs fabriqués sur site, on peut déjà
obtenir une bonne représentativité au niveau de l’énergie de compactage en utilisant une
même presse de compactage. Grâce à cette énergie déterminable, le problème d’une teneur
en eau de fabrication peut être beaucoup réduit en utilisant la relation entre l’énergie de
compatage et la teneur en eau optimale de fabrication.
Dans le cas du matériau pisé, le problème devient plus compliqué car les deux para-
mètres - la teneur en eau de fabrication et l’énergie de compactage - dépendent totalement
du piseur. Même s’ils utilisent un même pisoir et une même teneur en eau de fabrication,
deux piseurs différents peuvent donner deux pisés différents par le nombre de coups super-
posés différents. Donc, la fabrication des échantillons de pisé en laboratoire rencontrent
beaucoup de difficultés pour obtenir des échantillons représentatifs du pisé sur site.
Dans cette partie de thèse, ces deux méthodes de fabrication et d’enlèvement des
échantillons ont été réalisées. Dans la section suivante, les problèmes de la fabrication
7.3. PROBLÈME DE FABRICATION 87
Fig. 7.1 – Différence du confinement dans les cas des tailles de l’échantillon différentes,
suivant Montgometry [104].
des échantillons représentatifs seront détaillés pour clarifier la stratégie suivie dans cette
étude.
Fig. 7.3 – Relation entre la résistance à la compression et la densité sèche présentée dans
Morel et al. [106].
male ne donne pas une densité maximale. La Figure 7.4 nous explique le rôle de la teneur
en eau de fabrication dans l’obtention de la densité sèche. Quand la terre est trop sèche
(Figure 7.4a), le frottement entre les grains est important, donc, le compactage n’est pas
optimal. Une augmentation de la teneur en eau de la terre dans ce cas aide à diminuer le
frottement entre les grains (Figure 7.4b), le compactage devient plus facile. La teneur en
eau obtiendra une valeur optimale (Figure 7.4c) quand le compactage est optimal, c’est à
dire donnant une densité sèche maximale pour une énergie de compactage donnée. Quand
on dépasse cette valeur de teneur en eau optimale, le compactage n’est plus optimum car
beaucoup d’eau a rempli les vides, et l’eau n’étant pas compressible, le compactage est
inefficace.
7.3.1.3 Synthèse
Un échantillon représentatif pour un essai de compression uniaxiale doit satisfaire
en même temps plusieurs critères.
Le premier problème est de déterminer une teneur en eau de fabrication et une éner-
gie de compactage représentatives de celles des pisés sur site. Car les pisés sur site sont
90 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
Ensuite, la taille des échantillons est aussi un élément à considérer pour fabriquer
des échantillons représentatifs du matériau sur site. Le premier point dont on doit tenir
compte est la granulométrie de la terre. Il faut que les dimensions de l’échantillon soient
suffisantes pour que l’essai soit homogène à l’échelle considérée. Normalement, la taille
de l’échantillon est déterminée suivant la taille des grains : la dimension minimale de
l’échantillon doit être au moins égale à dix fois la taille des gros éléments (Duffaut [48]).
L’autre point est que les dimensions des échantillons influencent l’énergie de compactage
transmise au pisé : l’effet du frottement avec la banche de coffrage ; le nombre de coups
superposés. En plus, le pisé n’est pas un matériau homogène à l’échelle du décimètre. Il se
compose de plusieurs couches et dans chaque couche, un gradient de densité du matériau
est observé. La partie supérieure d’une couche, qui était directement en contact avec la
dame pendant le compactage, est plus dense alors que la partie inférieure, qui n’était pas
touchée par la dame, est moins dense (Figure 7.2). Cette complexité doit être prise en
compte aussi en fabriquant des échantillons représentatifs du pisé. Il faut que sa taille soit
suffisamment grande pour que l’hypothèse de l’homogénéité de l’échantillon à l’échelle
considérée soit acceptable.
Enfin, l’échantillon doit avoir un coefficient d’élancement autour de 2 pour être testé
dans l’essai de compression uniaxiale. L’élancement est un point important qui se com-
prend lorsqu’on examine les conditions de contact presse - éprouvette. Il existe un état de
contrainte non homogène dans les zones en forme de cône (Figure7.6) correspondant à un
frettage de l’échantillon. Le frettage est dû au frottement empêchant le déplacement libre
des extrémités de l’éprouvette, engendré par le contraste de déformabilité entre l’échan-
tillon et les plateaux de la presse. L’échantillon est toujours plus déformable que les aciers
7.3. PROBLÈME DE FABRICATION 91
Fig. 7.6 – Le rôle du frettage dans l’essai de compression simple, suivant Duffaut [48].
avec lesquels il est en contact durant l’essai. Ce frettage augmente artificiellement la résis-
tance à la compression de l’éprouvette. Il convient donc de diminuer les zones d’influence
du frettage en jouant sur l’élancement. Dans le cas d’un coefficient d’élancement de 2,
les cônes sont séparés, la distribution des contraintes au centre de l’échantillon n’est plus
perturbée, l’état de contrainte et de déformation au milieu de l’échantillon est homogène.
Si le coefficient d’élancement est trop élevé (3 par exemple), les cônes sont bien éloignés
mais il y a risque de compression excentrée de l’éprouvette, si les faces ne sont pas rigou-
reusement parallèles.
Dans le cas de l’essai Proctor Modifié, une terre avec la teneur en eau connue est
compactée dans un moule cylindrique d’1 litre (115mm hauteur × 105mm diamètre),
Figure 7.7. La compaction est réalisé en 5 couches d’épaisseur égale par une dame de
4,5kg, tombée 27 fois sur chaque couche à partir d’une hauteur de 450mm. La teneur en
eau optimale correspondant à une énergie de compactage étudiée est déterminée après le
92 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
Pourtant, comme cité dans la section 7.3.1.2, la teneur en eau optimale dépend de
l’énergie de compactage. Aucune étude parmi celles présentées au-dessus n’a démontré la
corrélation entre l’énergie de compactage de l’essai Proctor Modifié avec celle du pisé sur
site.
Olivier dans sa thèse [115] a calculé l’énergie de compactage du pisé en 2 cas : com-
pactage par une dame manuelle et par une dame pneumatique.
Les résultats calculés par Olivier [115] nous donnent justement des ordres de gran-
deur car les calculs dépendent de l’épaisseur de chaque lit de compactage, du côté physique
du piseur, de l’expérience du piseur, du type de terre, ... qui sont très variés en réalité. Sui-
vant ces valeurs calculées d’Olivier, l’énergie de compactage de l’essai de Proctor Modifié
est beaucoup plus grande que celle de la dame pneumatique. Pourtant, il y a des études
qui trouvent que la densité sèche des pisés fabriqués par la dame pneumatique est un
peu supérieure à celle des échantillons fabriqué par l’essai Proctor Modifié (Walker et al.
[145], Maniatidis et Walker [95], Bui [24]), ce qui signifie que l’énergie de compactage de la
dame pneumatique est un peu supérieure à celle de l’essai Proctor Modifié. Cela confirme
encore une fois la variété de l’énergie de compactage du pisé qui dépend forcément du
piseur. L’énergie du Proctor Modifié n’est donc pas toujours équivalente avec l’énergie de
compactage du pisé.
Dans notre cas, devant les difficultés d’obtention des échantillons représentatifs
du pisé par la fabrication en laboratoire, présenté dans la section 7.3.1, le prélèvement
94 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
d’échantillons à partir de murs sur site est essayé. Ces murs peuvent être soit de vrais murs
sur site, soit des murs fabriqués sur site et transportés au laboratoire. Le prélèvement est
réalisé de plusieurs façons : par un carottage, par un découpage avec une tronçonneuse et
après avec une scie circulaire pour mieux tailler des échantillons.
Dans notre étude, un prélèvement par carottage a été aussi essayé sur un pisé non
stabilisé, Figure 7.8. Pendant le prélèvement, de l’eau n’a pas été utilisée. L’échantillon a
été coupé dans le tube de l’appareil. On n’a pas pu ensuite sortir l’échantillon du tube. Il
a fallu utiliser de l’eau pour le faire, ce qui a bien abı̂mé l’échantillon de pisé non stabilisé.
Donc, cette technique ne fonctionne pas sur le pisé non stabilisé.
murets : des murets du CSTB (présenté dans le chapitre 6) et des murs fabriqués sur
chantier puis ensuite transportés en laboratoire.
Dans le cas des murets fabriqués sur site et transportés au laboratoire, l’intérêt
est d’assurer les mêmes conditions sur site : la teneur en eau de fabrication, l’énergie de
compactage, les dimensions de l’échantillon, ... Ils sont ensuite transportés au laboratoire.
Le découpage par tronçonneuse est réalisé aux dimensions de l’échantillon dans l’essai de
compression uniaxiale. Le muret a été fabriqué avec des dimensions de (50×100×100)cm3
pour assurer une représentation de l’énergie de compactage des murs sur site (expliqué
dans la section 7.3.1). Ensuite, pour assurer un coefficient d’élancement de 2 de l’échan-
tillon dans l’essai de compression uniaxiale, le muret doit être découpé et une tronçonneuse
a été utilisée pour le faire.
La tronçonneuse utilisée est celle qui sert en général à découper du béton et des
pierres (Figures 7.9 et 7.10). La longueur de sa lame est de 30cm, donc, il faut découper
l’épaisseur totale du muret (40 cm dans le cas des murets du CSTB et 50 cm dans le cas
des murets fabriqués sur site) en 2 fois.
Des échantillons obtenus sont ensuite ”retaillés” par une scie de table (présentée dans
la section suivante).
96 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
Fig. 7.10 – Découpage par la tronçonneuse d’un muret fabriqué sur site et transporté au
laboratoire.
Pourtant, ces méthodes ont rencontré beaucoup de difficultés sur un matériau comme
le pisé. La méthode de carottage n’est pas utilisable sur le pisé non-stabilisé du fait de
l’utilisation obligatoire de l’eau pour sortir l’échantillon du tube.
Dans le cas de l’utilisation d’une scie de table, le découpage est assez net mais l’incon-
vénient de cette méthode est qu’on doit adapter la taille de la scie aux échantillons. Donc,
cette technique n’a pu être appliquée que sur des échantillons de 20 cm (dans notre cas,
ne disposant pas de scie plus grande). Pourtant, avec un matériau hétérogène à l’échelle
de quelques centimètre comme le pisé, des échantillons de dimensions plus de 30 cm sont
préférables pour assurer une représentation fidèle des échantillons avec le matériau réel.
Tab. 7.2 – Résultat de différentes études existantes. * Valeur corrigée du fait de l’élance-
ment très faible.
Maniatidis et Walker (2008) [95] ont vu les limites des études citées ci-dessus. Ils
ont en effet comparé les résultats obtenus à partir de différents types d’échantillon : des
cylindres de 10 cm de diamètre et 20 cm de hauteur ; des cylindres de 30 cm de diamètre
et 60 cm de hauteur ; des prismes de (30 × 30 × 60)cm3 qui représentent des murs en pisé
d’Angleterre où leur épaisseur courante est de 30 cm. Ces résultats ont montré que des
petits échantillons et des cylindres de 30cm de diamètre ne donnent pas les mêmes valeurs
que celles des prismes qui sont représentatifs des murs sur site (Tableau 7.2). Ce résultat
7.4. MISE AU POINT DE LA PROCÉDURE EXPÉRIMENTALE 99
montre encore une fois l’effet de la taille de l’échantillon, l’effet du bord au contact avec
le coffrage, ... dont on a déjà parlé dans la section précédente.
Les résultats de l’étude de Maniatidis et Walker [95] seront abordés encore et com-
parés avec des résultats obtenus de notre étude, à la fin de cette partie.
Dans toutes les études existantes présentées ci-dessus, aucune étude n’a étudié pré-
cisement le comportement du pisé en compression. Toutes ces études n’ont cherché que la
résistance à la compression et le module tangent alors la question existe-il un comporte-
ment élastique-linéaire du matériau pisé ? reste encore sans réponse.
(c) zoom
La première est sur l’échelle des murs sur site. Des mesures dynamiques ont été
réalisées sur site pour déterminer des fréquences propres des murs. Le module d’élasticité
est déterminé à partir des fréquences propres mesurées en utilisant une modélisation par
éléments finis.
100 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
Fig. 7.13 – La maison en cours de construction, lors de la date des premières mesures.
La deuxième approche est sur l’échelle d’un volume élémentaire représentatif (VER),
Figure 7.12(b). Des échantillons ont été fabriqués par le même artisan fabricant des pisés
sur site. Les dimensions des échantillons étaient proches des celles des murs sur site. La
terre est aussi prélevée sur site et transportée au laboratoire. Des échantillons peuvent
donc assurer une représentation du matériau des murs sur site. Le module d’élasticité et
la résistance à la compression des échantillons étaient déterminés par des essais de com-
pression simple en laboratoire.
Fig. 7.14 – Plan des murs en pisé de la maison et position, dimensions des murs mesurés
(N˚1, 2 et 3) ; Les dimensions sont en cm.
100%
90%
80%
70%
60%
passant
50%
40%
30%
20%
10%
0%
0,0001 0,001 0,01 0,1 1 10
diamètre (mm)
La densité sèche moyenne obtenue est de 1, 90 (Tableau 7.3). Les densités sèches
données par d’autres études (comme [69], [92], [96]) ne sont que la densité de petits échan-
tillons fabriqués dans des moules et aucune preuve ne montre qu’ils sont représentatifs du
pisé sur site. La fabrication des échantillons en cube de 10cm proposée par Hall et Djerbib
[69] ont obtenu des densités sèches de 2,02 à 2,16. La différence vient d’une part de la
différence de la terre utilisée, mais d’autre part peut-être de ce que les petits échantillons,
comme nous l’avons déjà dit, ne sont pas représentatifs des murs en pisé. L’épaisseur de
7.5. ECHANTILLONS FABRIQUÉS EN LABORATOIRE 103
chaque couche de terre est plus faible, la terre est donc plus compactée et elle est donc
plus dense. Notons que ce n’est pas le cas du pisé en réalité où nous trouvons toujours
un gradient de densité dans chaque couche de terre. Avec la même raison, les éprouvettes
cylindriques que nous fabriquons en laboratoire n’assurent pas une bonne représentativité
des pisés sur site, comme on le verra dans la section 7.55.
Tab. 7.3 – Densité sèche et teneur en eau au moment du test des échantillons de Thiers1,
Thiers2 et Thiers3.
Le surfaçage est réalisé par un mortier de ciment. Le mortier est appliqué par une
truelle et une taloche. Après l’application du mortier, pour assurer un surfaçage plan, une
plaque en acier (environ 30 kg) est posée au-dessus de la couche du mortier. La planéité
104 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
Balance électronique
Sangles
de la plaque est vérifiée par un niveau. La plaque est laissée jusqu’à ce que le mortier se
durcisse.
L’échantillon (plus le fond en acier) est transporté par un chariot élévateur (Figure
7.18 à gauche) et posé directement sur le plateau inférieur de la presse (Figure 7.18 à
droite). Le contact entre la plaque en acier mise au-dessus de l’échantillon et le plateau
supérieur de la presse est rotulé. Avec un élancement de 1,6 de l’échantillon, l’effet de fret-
tage ne joue pas un rôle important car il y a une partie homogène au milieu de l’échantillon.
Le test est piloté en déplacement. La vitesse de chargement est de 0,01mm/s. Nous avons
réalisé des cycles de charge/décharge à des niveaux différents, correspondant respective-
ment aux niveaux de contrainte dans l’échantillon de 0,06MPa ; 0,12MPa ; 0,22MPa (des
échantillons Thiers1, 2, 3) et 0,4 MPa (seulement l’échantillon Thiers3), Figure 7.19. Le
but de plusieurs niveaux de charge est de vérifier s’il y a des changements de module
suivant les différents niveaux de charge. A chaque niveau de charge choisi, 3 petites cycles
de décharge-recharge sont réalisés (Figure 7.19 à droite). Le premier niveau de précharge
correspond à une contrainte au pied du mur de la maison sur site due au poids propre du
mur (≈ 0, 06M P a). Les cycles sont réalisés dans un petit intervalle de contrainte (environ
0,03 MPa), notre but étant de vérifier s’il existe un comportement élastique-linéaire du
matériau en petite déformation pour comparer avec des résultats obtenus dans la troi-
sième approche (sur échelle de structure, Figure 7.12a).
Fig. 7.18 – Transport d’un échantillon de (40 × 40 × 64)cm3 par un chariot élévateur (à
gauche) et l’essai de compression uniaxiale (à droite).
déformation devient linéaire. Appelons Etangent le module déterminé dans cette partie
linéaire de la courbe, qui est conventionnellement utilisé comme le module d’élasticité des
matériaux des études actuelles. Ce module Etangent est la pente de la ligne tangente avec
la courbe de contrainte-déformation. La Figure 7.20 présente un exemple de la convention
de l’ASTM [11] qui détermine le module d’élasticité des matériaux isolant thermique par
essai de compression simple.
La partie élastique du matériau au début de l’essai n’a pas été trouvée, la précision
de nos mesures ne le permettant pas. Par contre, après et en deçà de chaque précharge
σprecharge , respectivement de 0,06 ; 0,12 ; 0,22 et 0,4 MPa, le comportement du matériau
devient élastique-linéaire dans les cycles de décharge-recharge, ce qui ressemble au phé-
nomène d’écrouissage (Figures 7.19 à droite). Lors de la recharge, on mesure le module
élastique Er . Appelons E1 , E2 , E3 , E4 les modules de recharge correspondant aux pré-
charges de 0,06 ; 0,12 ; 0,22 et 0,4 MPa, respectivement. Ensuite, nous remarquons qu’il y a
un changement de module suivant chaque niveau de précharge effectué. Plus la précharge
augmente, plus le module obtenu augmente, Figure 7.21, (l’échantillon a été ”consolidé”,
des microfissures sont ”fermées”). Dans la Figure 7.21, nous admettons l’hypothèse que
les modules d’élasticité correspondant au niveau de précharge nulle (précharge = 0) sont
les modules tangents (E0 = Etan ).
Les Figures 7.21 et 7.22 permettent d’apprécier la répétabilité des essais réalisés.
0,8
0,28
0,7
contrainte (MPa)
0,26
0,6
0,22
0,4
0,2
0,3
E2=258MPa 0,16
0,1
E1=180MPa
0 0,14
0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012 0,014 0,0022 0,0027 0,0032
déformation verticale vertical strain
cette direction peuvent donner les premières connaissances de ce matériau pisé dans cette
direction. La résistance à la compression dans cette direction pourrait servir dans les
études du comportement des murs en pisé pendant les tremblements de terre. Ensuite,
la détermination des modules d’élasticité dans cette direction pourra aider à comprendre
la complexité du matériau : quelle est la différence avec des modules d’élasticité dans
la direction perpendiculaire aux lits ? L’hypothèse approximative d’un matériau isotrope
est-elle acceptable ?
7.5.4.1 Echantillons
Des échantillons sont fabriqués sur le même principe que les échantillons testés dans
le sens perpendiculaire aux lits. La différence est que ces échantillons se composent seule-
ment de 3 lits. Les dimensions des échantillons sont 40cm × 40cm et environ 20cm de
450
400
350
300
E (MPa)
250
200
150 Thiers1
Thiers2
100
Thiers3
50
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)
Fig. 7.21 – Synthèse des modules verticaux des 3 échantillons du pisé. Admettons : E0 =
Etangent .
hauteur. Le dernier lit est bien soigné pendant le compactage pour obtenir une surface
aussi plane que possible. Puisque l’échantillon est testé dans le sens parallèle aux lits, le
surfaçage n’est pas nécessaire car deux surfaces qui étaient au contact avec des coffrages
sont suffisamment planes.
Dans le test, la première fissure apparaı̂t assez tôt due à un délitement de la dernière
couche de la fabrication (Figure 7.25 à gauche), qui correspond à la première chute de
108 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
0,9
0,8
0,6
0,5
Thiers1
0,4
Thiers2
0,3 Thiers3
0,2
0,1
0
0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012 0,014 0,016
strain
Fig. 7.22 – Répétabilité des courbes contrainte-déformation des trois échantillons Thiers1,
Thiers2 et Thiers3, testés dans le sens perpendiculaire aux lits.
contrainte dans la Figure 7.24 en haut, après les premiers cycles de charge-décharge. Ce
phénomène est souvent observé en pratique : le dernier lit a une qualité moins bonne que
les autres lits. La raison vient peut-être du confinement des autres lits et d’une énergie de
compactage supérieure des avant-derniers lits. La troisième fissure (se situe à droite de la
Figure 7.25b) est verticale correspondant à l’extention maximale du matériau.
Le phénomène du délitement des premiers lits est aussi souvent observé dans la
science des matériaux composites où le nombre de lits est important (Bolotin et al [19]).
7.5.4.3 Résultats
Comme dans le cas des échantillons testés dans le sens vertical, on retrouve ici un
changement du module d’élasticité après et en deçà de la précharge (Figure 7.24 en haut).
Dans les deux premiers cycles de décharge-recharge, le comportement de l’échantillon
est élastique-linéraire, Ed = Er (Ed et Er correspondent aux modules de décharge et
recharge), par contre ce n’est pas le cas dans les troisième et quatrième cycles en plus
grande déformation. Alors que le chemin de recharge est linéaire, le chemin de décharge
l’est moins, on a donc dans ces deux cas Ed 6= Er (Figure 7.24 en bas).
Pour comparer le résultat des modules obtenus ici avec ceux des échantillons testés
dans le sens vertical, on utilisera la moyenne des modules Ed et Er dans chaque cycle, cor-
respondant aux positions des petits cycles dans le cas des échantillons prismatiques testés
perpendiculairement aux lits. La synthèse des modules obtenus à partir des essais de com-
pression uniaxiale dans le sens parallèle aux lits, sur des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3
7.5. ECHANTILLONS FABRIQUÉS EN LABORATOIRE 109
est présentée dans la Figure 7.26, où on peut apprécier la répétabilité des résultats.
Des modules Ed et Er seront encore utilisés dans la prochaine section pour comparer
avec les résultats obtenus de la troisième échelle (échelle microscopique - celle des BTC).
On voit qu’avec de faibles niveaux de précharge, les modules dans le sens parallèle
aux lits sont supérieurs à ceux perpendiculaire aux lits (environs 10%). D’abord, cette
différence vient peut-être du surfaçage des échantillons testés dans le sens perpendiculaire
aux lits qui est moins bon que celui dans le sens horizontal aux lits. Ensuite, la différence
vient peut-être aussi de la fermerture des microfissures dans le premier temps des essais,
qui est souvent plus importante dans le sens perpendiculaire aux lits (sens du compactage)
que dans le sens parallèle aux lits.
0,9
0,8
0,7
contrainte (MPa)
0,6
premier
0,5 deuxième délitement
délitement
0,4
0,3
0,2
0,1
0
0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012 0,014 0,016
déformation verticale
0,35
0,3
Erecharge
contrainte (Mpa)
0,25
0,2
0,15
Edécharge
0,1
0,002 0,0022 0,0024 0,0026 0,0028 0,003 0,0032
déformation verticale
Fig. 7.25 – Fissures dans l’essai de compression uniaxiale dans le sens parallèle aux lits.
(a) à gauche : la première fissure qui apparaı̂t assez tôt pendant l’essai se situe entre le
deuxième et le troisième (dernier) lit. (b) à droite : la deuxième fissure qui apparaı̂t vers
la fin de l’essai se situe entre le premier et le deuxième lit.
500
450
400
350
300
Er (MPa)
250
200 Echan1
150 Echan2
100 Echan3
50
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)
Fig. 7.26 – Synthèse des modules obtenus des essais de compression parallèle aux lits, sur
des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3 . Admettons : E0 = Etangent .
112 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
500
450
400
350
300
E (MPa)
250
200
50
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)
Fig. 7.27 – Comparaison des modules dans le sens perpendiculaire aux lits sur des échan-
tillons de (40 × 40 × 64)cm3 et parallèle aux lits, sur des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3 .
Tab. 7.4 – Résultat des résistances à la compression (MPa) obtenues à partir des essais
sur les échantillons prismatiques.
La différence des modules dans les deux directions sera observée plus en détail en
étudiant l’échelle microscopique du matériau dans la section § 7.6.
On trouve que les résistances à la compression obtenues dans les deux sens per-
pendiculaire et parallèle aux lits ne sont pas très différentes (environs 0,85 MPa pour le
premier cas et environs 0,90 MPa pour le deuxième). Pourtant, ce qui est étonnant est
que la résistance obtenue dans le sens parallèle aux lits est un peu plus élevée que celle
dans le sens vertical, bien que le délitement des couches ait lieu dans les tests dans le
7.5. ECHANTILLONS FABRIQUÉS EN LABORATOIRE 113
Tab. 7.5 – Résultat du module de rupture à la compression obtenu à partir des essais sur
les échantillons prismatiques.
sens parallèle aux lits. La résistance plus élevée dans ce cas vient d’abord d’une meilleure
surface de contact avec des plateaux de la presse. Les autres raisons de cette différence
de résistance à la compression seront vues plus clairement quand on aura étudié l’échelle
microscopique dans la section 7.6.
7.5.9 Bilan
Les essais dans le sens horizontal ne sont pas vraiment homogènes car le délitement
des lits se passe assez tôt pendant l’essai (notamment la première fissure du dernier lit) ce
114 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
qui fait que l’échantillon n’est plus un milieu continu. Cependant, ces délitements semblent
ne pas changer nettement la capacité mécanique de l’échantillon car chaque lit continue
à supporter la charge tout seul. Ce qui est influencé le plus clairement est la déforma-
tion latérale, qui n’est pas mesurée dans nos tests. Il est possible que ce changement de
la déformation latérale change le résultat de la déformation axiale, alors que ce dernier
influence le résultat des modules. La vérification du fait que ce changement est important
ou non sera vérifiée dans la prochaine section de ce chapitre.
Les résultats obtenus dans les deux directions de test ne sont pas très différents (les
modules d’élasticité, la résistance à la compression, le module de rupture), ce qui permet
une acceptabilité des hypothèses d’un matériau isotrope pour le pisé. La fiabilité de cette
hypothèse sera vérifiée plus tard dans ce chapitre.
7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 115
Fig. 7.28 – La répartition de la densité sèche dans chaque lit de terre en réalité (à gauche)
et selon notre hypothèse (à droite).
Ici, l’idée est que pour éviter les difficultés concernant l’énergie de compactage et la
teneur en eau de fabrication, nous n’allons pas simuler ces conditions de fabrication mais
nous allons chercher un matériau avec une densité équivalente.
– ses propriétés doivent être indépendantes de l’endroit du matériau où il a été ”pré-
levé”.
Pour les géomatériaux en général, la taille d’un VER choisie est environs 10 fois plus
grande de la taille de particules les plus grandes (Boutin [20]).
– Nous avons vu qu’au sein d’un lit, la densité sèche diminuait de façon continue
de haut en bas (Figure 7.28 à gauche), cependant, dans une première étape d’ap-
proximation, et afin de travailler sur des éprouvettes homogènes, nous faisons
l’hypothèse qu’une couche de terre dammée, se compose de 2 parties homogènes
différentes (Figure 7.28 à droite) : la partie supérieure ayant une épaisseur eup ,
une densité dup , des modules correspondants Eup ; la partie inférieure ayant une
épaisseur elow , une densité dlow , des modules correspondants Elow (Figure 7.29 à
droite - en haut).
Notons que :
– < E >v est le module d’élasticité représentatif dans le sens perpendiculaire aux
lits du matériau au niveau macroscopique.
Fig. 7.29 – Les lits de terre ne sont pas plats en réalité (à gauche) du fait du frottement
au contact des banches de coffrage pendant le damage. Dans le modèle, on considère que
ces premières sont plates (au milieu). A droite : l’échelle microscopique sur une couche
du matériau et l’homogénéisation.
et :
σ
< E >v = (7.2)
<ε>
∆h
< ε >= (7.3)
h
118 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
donc, on a :
∆lup + ∆llow
< ε >= (7.4)
eup + elow
σ σ
e
Eup up
+ e
Elow low
⇐⇒< ε >= (7.6)
eup + elow
eup + elow
< E >v = eup (7.7)
Eup
+ Eelow
low
Notons que :
– < d > est la densité représentative du matériau au niveau macroscopique.
– < E >h est le module d’élasticité représentatif dans le sens parallèle aux lits du
matériau au niveau macroscopique.
– σ est la contrainte appliquée dans l’essai de compression parallèle aux lits.
et :
σup
εup = (7.12)
Eup
σlow
εlow = (7.13)
Elow
<σ>
< ε >= (7.14)
<E>
120 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
Eup σup
= (7.15)
Elow σlow
A partir des équations (7.8), (7.12) et (7.14), on obtient :
σup <σ>
= (7.16)
Eup < E >h
σlow
eup + e
σup low
⇔ < E >h = Eup (7.18)
eup + elow
Elow
eup + e
Eup low
⇔ < E >h = Eup (7.19)
eup + elow
Balance
Echantillon de pisé
Seau d’eau
Fig. 7.31 – Mesure de volume de l’échantillon dans l’eau suivant le principe d’Archimède.
mesures sur ces morceaux (la fragilité peut donner des erreurs de mesures). Deux mesures
ont été réalisées.
Dans le cas de notre pisé, on peut choisir raisonnablement : eup = elow (Figure 7.12c).
Dans le cas où nous choisissons eup = elow , on trouve : dup = 1, 97, qui impose que
dlow = 1, 83 car : < d >= 12 (dup + dlow ) = 1, 90.
Remplaçons eup = elow dans les équations (7.7) et (7.20), on obtient respectivement
les relations suivant :
2Eup Elow
< E >v = (7.21)
Eup + Elow
et :
Eup + Elow
< E >h = (7.22)
2
max
< R >v = σlow (7.23)
max
où σlow est la résistance à la compression de la partie inférieure des lits.
122 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
max
– soit la partie supérieure va à la rupture en premier : < R >ver = σup = σup
max
– soit c’est la partie inférieure : < R >ver = σlow = σlow
max max
où σup et σlow sont respectivement les résistances à la compression des parties supérieure
et inférieure des lits.
max
1. Cas 1 : < R >h = σup , on a :
εmax
up
ε = εup = (7.26)
Eup
Remplaçons dans l’équation (7.25) nous obtenons :
max
(Eup eup + Elow elow )σup
< R >h = (7.27)
(eup + elow )Eup
Dans le cas où eup = elow , nous avons :
max
(Eup + Elow )σup
< R >h = (7.28)
2Eup
max
2. Cas 2 : < R >h = σlow . Dans ce cas on obtient :
max
(Eup eup + Elow elow )σlow
< R >h = (7.29)
(eup + elow )Elow
Et dans le cas où eup = elow , l’équation (7.29) devient :
max
(Eup + Elow )σlow
< R >h = (7.30)
2Elow
7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 123
Fig. 7.32 – Fabrication de BTC par une presse manuelle de double compactage (à gauche)
et le sens de test dans l’essai de compression uniaxiale (à droite).
Dans la fabrication des BTC, la terre est versée dans un moule et comprimée par
une presse manuelle. Après le démoulage, on obtient un bloc de dimensions 9, 5 × 14, 0 ×
29, 4cm3 .
Dans notre cas, la terre utilisée pour fabriquer les BTC est celle des pisés (terre de
Thiers) et tamisée à 2cm.
La presse utilisée est une presse de double compactage (Figure 7.32 à gauche) qui
peut nous donner des échantillons quasiment homogènes. Dans la thèse de P’kla (2002)
[121] sur le comportement mécanique des BTC, il a utilisé la même presse pour fabriquer
ses échantillons. Ses résultats ont montré que des BTC fabriqués avec cette presse de
double compactage peuvent être considérés comme isotropes.
Bien qu’il y ait une différence du mode de fabrication des BTC et du pisé (le com-
pactage statique pour les premiers et dynamique pour le second), des BTC ont été choisis
comme des ”remplaçants” du pisé grâce aux avantages suivants. Premièrement, ils sont
fabriqués en moule et ils ont donc des surfaces assez lisses ce qui nous aide à résoudre le
problème de surfaçage et la difficulté au niveau du contact avec le plateau de la presse en
essai de compression simple. Deuxièmement, ils sont assez simple à fabriquer et à trans-
porter par rapport aux échantillons de pisé de plus de 200 kg de la deuxième échelle.
Dernièrement, grâce à la fabrication des BTC par un double compactage, nous obtenons
124 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
La densité sèche de l’échantillon est déterminée à partir du poids (pesé), des di-
mensions (mesurées) et la soustraction de la teneur en eau de l’échantillon. Dans notre
cas, l’échantillon est pesé avant l’essai de compression uniaxiale et la teneur en eau est
déterminée après cet essai.
En total, 50 BTC ont été fabriqués. Nous nous somme intéressés aux résultats des
BTC ayant des densités équivalentes à celles des échantillons de pisé. Trois BTC ont la
densité sèche de 1,97 correspondant à la densité sèche de la partie supérieure des lits de
terre (dup ). Quatre BTC ont la densité sèche de 1,83 correspondant à la densité sèche de
la partie inférieure des lits (dlow ). Pourtant, parmi ces BTC, seulement deux BTC ayant
la densité sèche de 1,97 et deux BTC ayant la densité sèche de 1,83 ont été testés avec des
cycles de charge-décharge, ce qui peut nous servir dans l’homogénéisation des modules.
Les autres BTC n’ont été testé que dans l’essai de compression simple (pas de cycles de
décharge-recharge) et donc ne pourraient servir que dans l’homogénéisation de la résis-
tance à la compression.
Les résultats des trois autres BTC ayant la densité de 1,94 seront utilisés et discutés
plus tard dans la prochaine section de ce chapitre.
Les résultats des BTC non présenté dans ce chapitre sont reportés dans l’Annexe C.
Le résultat des BTC ayant des densités sèche dup et dlow a été observé. La Figure
7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 125
Echantillon de BTC
7.34 en haut est la courbe de contrainte-déformation d’un BTC ayant la densité sèche de
1,97.
Comme le comportement des échantillons de pisé testés dans le sens horizontal, les
chemins de recharge sont linéaire mais les chemins de décharge ne le sont pas tout à fait.
A partir du troisième cycle (correspondant à une précharge de 0,4 MPa), la différence des
chemins de décharge et recharge est nette. La Figure 7.34 en bas présente un zoom sur le
quatrième cycle de décharge-recharge d’un échantillon de 1,97 t/m3 de masse volumique
sèche. Appelons Ed le module de décharge, Er le module de recharge. Appelons Em le
module moyen qui est la moyenne de Ed et Er . Le module Em est utilisé pour comparer
avec les résultats obtenus à partir de petits cycles dans le cas des échantillons de pisé
testés dans le sens perpendiculaire aux lits. Cette procédure est exactement ce qu’on a
fait avec les échantillons de pisé testés dans le sens parallèle aux lits.
0,7
0,65
E_recharge
0,6
contrainte (MPa)
0,55
0,5
E_décharge
0,45
0,4
déformation
Précharge (MPa) ds
0 0,06 0,12 0,22 0,4
Eup mesuré (MPa) 183 250 310 420 530 dup =1,97
Elow mesuré (MPa) 110 160 210 280 340 dlow =1,83
< E >v (MPa) 137 195 250 336 414 < d >=1,90
< E >h (MPa) 147 205 260 350 435
Tab. 7.7 – Calcul des modules moyens à partir des modules des BTC équivalents.
800
700
600
500
E (MPa)
400
300
200 E_moyen
E_recharge
100
E_décharge
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
précharge (MPa)
Fig. 7.35 – Variation du module suivant le niveau de précharge des BTC ayant ds = 1, 97.
Les résultats sont présentés dans le Tableau 7.8, dans lequel, < R >v et < R >h
représentent respectivement les résistances à la compression dans les sens perpendiculaire
et parallèle aux lits du matériau pisé. Suivant la procédure de l’homogénéisation de la
résistance à la compression du pisé, les modules Eup et Elow dans les formules (7.28) et
(7.30) correspondent aux modules de rupture des BTC ayant des densités sèches de 1, 97
et 1, 83, respectivement.
Partie ds wtest (%) Erup (MPa) σ max (MPa) < R >v (MPa) < R >h (MPa)
Supérieure 1,97 2,8 102 ± 4 1,53 ± 0,03
0,88 ± 0,09 1,06 ± 0,04
Inférieure 1,83 2,5 72 ± 3 0,88 ± 0,09
Tab. 7.8 – Calcul de la résistance homogénisée à la compression à partir des BTC équi-
valents. < R >v et < R >h représentent respectivement des résistances à la compression
dans les sens perpendiculaire et parallèle aux lits du matériau pisé.
On trouve que les résultats de la résistance calculés à partir des BTC équivalents
sont plus élevés que ceux des échantillons de pisé fabriqué en laboratoire, dans les deux
cas perpendiculaire et parallèle aux lits.
500
450
400
350
300
E (MPa)
250
200 Pisé-vertical
100 Pisé-vertical
50 <E>v BTC
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)
la différence n’est pas importante (moins de 5%) et la raison de cette différence vient
peut-être du moins bon surfaçage des échantillons du pisé fabriqués en laboratoire.
Dans le cas de la résistance dans le sens parallèle aux lits, la différence est importante
(environ 15%) ce qui peut-être causé par les raisons suivantes. Premièrement, les lits de
terre de l’échantillon de pisé ne sont pas vraiment plans du fait du frottement aux contacts
avec les coffrages (Figure 7.29 à gauche), alors que dans l’homogénéisation, on considère
que ces lits sont plans. Cette considération influence peu les résultats des tests dans
le sens perpendiculaire aux lits mais influence beaucoup plus dans le sens où la charge
d’application est parallèle avec des lits. Deuxièmement, le délitement des lits dans les
essais de compression uniaxiale dans le sens parallèle aux lits n’a pas été pris en compte
dans l’homogénéisation où on considère que l’adhésion entre les lits est parfaite. Ce sont
les deux raisons principales pour lesquelles il y a une ”sur-estimation” de la résistance à
la compression dans le sens horizontal par l’homogénéisation.
7.6. ECHELLE MICROSCOPIQUE - DES BTC 129
500
450
400
350
300
E (MPa)
250
50 Pisé-horizontal
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)
Fig. 7.37 – Variation du module suivant la précharge des échantillons de pisé testés dans
le sens parallèle aux lits et des BTC équivalents.
130 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
Dans l’approche que nous proposons, une procédure inverse a été effectuée. On tra-
vaille sur des structures simples (des murs) constituées d’un matériau complexe (le pisé)
pour déterminer les caractéristiques du matériau par des modèles simples.
Cette méthode se compose de deux étapes : dans la première, on mesure les fré-
quences propres des murs sur site. Dans la deuxième, on construit le modèle de ces murs
par la méthode des éléments finis (MEF) en élasticité linéaire. En supposant la masse vo-
lumique et le coefficient de Poisson connus, on peut alors déterminer le module d’élasticité
du matériau à partir des fréquences mesurées.
A chaque campagne de mesures, sur chaque mur, deux ou trois mesures avec chaque
type de choc T et L ont été réalisées. Avec les deux campagnes de mesures que nous avons
menées, au total, 80 mesures ont été enregistrées.
Fig. 7.38 – Disposition des capteurs sur la tête (à gauche) et sur le pied (à droite) des
murs pour mesurer les accélérations.
Fig. 7.39 – Disposition des capteurs sur le mur N˚1 et positions d’application des chocs.
Les capteurs 1 et 2 sont posés sur la fondation en béton du mur et les capteurs 3, 4, 5, 6
sont posés sur la tête du mur.
permet de mesurer les accélérations horizontales suivant les deux axes principaux et les
mouvements de torsion du mur. Les capteurs 1, 3 et 6 mesurent les accélérations dans la
direction transversale du mur pendant que les capteurs 2, 4 et 5 mesurent dans la direction
longitudinale. Les capteurs 1 et 2 sont posés sur la fondation du mur pour vérifier si la
fondation vibre avec le mur. Les capteurs de 3 à 6 posés sur la tête du mur mesurent la
vibration du mur.
Le mode d’excitation a consisté à appliquer des légers chocs (non quantifiés) au mur
à l’aide d’une massette (Figure 7.40). Pour éviter d’abı̂mer le mur, le marteau ne tape pas
directement sur le mur mais sur un morceau de bois d’environs (20 × 20)cm2 au-dessus la
surface du mur. Des chocs appliqués sont non quantifiés mais légers ce qui assure que le
matériau ne soit pas endommagé. Si la sollicitation est forte, les capteurs saturent.
Plusieurs configurations ont été réalisées pour exciter les premiers modes du mur.
132 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
La Figure 7.39 donne un exemple des configurations sur mur N˚1 : un choc T suivant la
direction transversale et un choc L suivant la direction longitudinale du mur.
Capteurs à la tête
du mur pour
enregistrer la
vibration du mur
Câbles des
capteurs
Petit marteau
pour faire un
petit choc
Mur en pisé
Morceau de
bois à taper
Soubassement
en béton
Fig. 7.40 – Marteau pour faire des chocs et morceau de bois pour éviter de taper directe-
ment sur le mur.
Dans le cas d’un choc T - Figure 7.41, le résultat du capteur 6 donne une résonance
la plus grande à 9,79 Hz avec une amplitude d’environs 1mm/s2 qui indique que la fré-
quence propre au premier mode est de 9,79 Hz et que la vibration du mur dans le mode 1
est suivant la direction transversale du mur (car il n’y a pas de signal dans le capteur 5).
Selon le même principe, à partir de la Figure 7.42 nous avons la fréquence du deuxième
mode qui est de 16,63 Hz et la vibration est plutôt une torsion car les deux capteurs 5 et
6 ont reçu en même temps les signaux similaires. Puis, la fréquence propre déterminée au
mode 3 est de 23,38 Hz. La fréquence du quatrième mode est aussi déterminée mais elle
n’est pas vue dans ces figures (> 30Hz).
La synthèse des valeurs représentatives des fréquences propres mesurées avec leurs
erreurs possibles est présentée dans la quatrième colonne du Tableau 7.10.
0.6
m
0.4
0.2
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
Frequency(Hz)
sensor 4- Fmax : 0.25
1.2
7.7. MESURES
1
SUR SITE SUR UN ÉLÉMENT DE STRUCTURE 133
0.8
mm/s²
0.6
0.4
0.2
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
sensor 1- Fmax : 0.125
Frequency(Hz)
1
sensor 5- Fmax : 23.38
1.2
0.8
mm/s²
1
0.6
0.8
mm/s²
0.4
0.6
0.2
0.4
0
0.2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
0 Frequency(Hz)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
sensor 2- Fmax : 0.0625
1.2 Frequency(Hz)
1 sensor 6-Fmax : 9,79
1.2
0.8
mm/s²mm/s²
1
0.6
0.8
0.4
0.6
0.2
0.4
0
0.2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
0 Frequency(Hz)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
sensor 3- Fmax : 0.1875
1.2 Frequency(Hz)
1
0.8
mm/s²
Fig.0.67.41 – Fréquences propres mesurées par des accéléromètres dans le cas d’un choc T,
mur 0.4No. 1, Juin (les capteurs 3 et 4 étaient saturés).
0.2
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
Frequency(Hz)
sensor 4- Fmax : 0.125
1.2
0.8
mm/s²
0.6
0.4
0.2
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
Frequency(Hz)
sensor 5- Fmax : 16.625
1.2
0.8
mm/s²
0.6
0.4
0.2
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
Frequency(Hz)
sensor 6- Fmax : 16.625
1.2
0.8
mm/s²
0.6
0.4
0.2
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
Frequency(Hz)
Fig. 7.42 – Fréquences propres mesurées par des accéléromètres dans le cas d’un choc L,
mur No. 1, Juin (les capteurs 3 et 4 étaient saturés).
134 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
est de moins de 10% (Figure 7.27), l’hypothèse d’un matériau isotrope est aussi acceptable.
Le résultat des mesures sur site a montré que le soubassement en béton est beaucoup
plus rigide que le mur en pisé. Nous pouvons donc considérer que les murs en pisé sont bien
fixés sur les soubassements en béton. Pour les dimensions données, les fréquences propres
dépendent uniquement de la masse volumique et du module d’élasticité du matériau.
Supposons que le changement de la teneur en eau des murs sur site est similaire à
celui des échantillons fabriqués au laboratoire, bien qu’il existe des différences comme :
l’épaisseur des murs sur site est 10 cm plus grande ce qui entraine un séchage plus long ;
les murs sur site sont exposés directement au soleil, au vent et aussi à la pluie alors que
ce n’est pas le cas des échantillons en laboratoire. La teneur en eau des murs sur site est
estimée :
9
8
7
6
w (%)
5
R² = 0,9782
4
3
2
1
0
0 20 40 60 80 100 120
Time (days)
Fig. 7.46 – Variation de la teneur en eau des échantillons prismatiques suivant le temps.
fini depuis 19 jours ce qui nous permet de supposer sa teneur en eau de 4%. La
masse volumique correspondante était de 1,98 t/m3 .
Les trois premiers modes principaux de vibration donnés par le logiciel sont présentés
dans la Figure 7.47. Le premier mode est la vibration dans la direction transversale du
mur. Le deuxième est une torsion. Dans le troisième mode, la vibration est l’écartement
des deux ailes. Ces aspects de vibration sont totalement convenable avec les signaux reçus
par les capteurs sur site (Figures 7.41 et 7.42). Donc, les modèles montrent leur bonne
représentation qualitative pour des murs sur site.
2
f1trial f2
= 1measured (7.32)
Etrial Emeasured
donc, on a la relation suivante :
2
f1measured
Emeasured = Etrial (7.33)
f1trial
A partir de l’équation (7.33), le module Emeasured correspondant aux fréquences me-
surées sur site f1measured est déterminé. Le module est ensuite optimisé pour trouver une
bonne corrélation entre les 4 premières fréquences propres du modèle et celles des mesures
sur site. Le résultat des modules obtenus est présenté dans le Tableau 7.10. La troisième
colonne présente des fréquences propres correspondantes du modèle. La dernière colonne
présente la différence entre les fréquences du modèle fmodel et les fréquences mesurées
sur site fmeasured . La Figure 7.48 présente la comparaison entre les quatre premières fré-
quences propres des modèles et celles mesurées sur site, ce qui montre la corrélation entre
les résultats des modèles et ceux des mesures sur site.
40
35
30
Wall1-June
25
f_mesured (Hz)
Wall2-June
20 Wall1-July
Wall2-July
15 Wall3-July
10
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
f_model (Hz)
Fig. 7.48 – Comparaison entre fréquences propres des modèles et les mesures sur site.
A partir des résultats présentés dans le Tableau 7.10 on peut avoir les conclusions
suivantes :
7.8. DISCUSSIONS SUR LES RÉSULTATS DES 3 APPROCHES 139
Tab. 7.10 – Fréquences mesurées sur site et à partir des modèles. Note : w et ρ sont
respectivement la teneur en eau et la masse volumique du mur.
– La modélisation par éléments finis donne des résultats très proches des mesures
in-situ (moins de 4% d’erreur), ce qui confirme une acceptabilité des hypothèses
utilisées dans la modélisation.
– Les modules obtenus des murs sont dans l’intervalle de 440 à 470MPa (Figure
7.49).
– Nous pouvons voir la variation du module suivant la teneur en eau, Figure 7.49.
Dans le cas du mur N˚1, lors des premières mesures, après 3 jours de la construc-
tion, le module était de 440MPa, ce dernier devenant 470 MPa cinq semaines plus
tard.
500
450
400 R² = 0,93
350
300
E (MPa)
250 Wall1-June
Wall2-June
200
Wall1-July
150
Wall2-July
100 Wall3-July
50
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
w (%)
par des BTC donne un résultat plus élevé qui peut venir d’un meilleur surfaçage des BTC
et de la fermeture des micropores ce qui est plus importante dans le cas des échantillons
de pisé (l’empilement des lits).
Les raisons qui peuvent faire la différence entre les mesures sur site et les essais en
laboratoire sont que l’adhérence entre les lits du pisé est considérée comme parfaite dans
les modèles, alors que ce n’est pas le cas en réalité. Cependant, dans le cas de vibrations de
très faible amplitude, cet élément ne jouerait pas un rôle important. La deuxième raison
peut venir du comportement de l’eau dans les murs sur site. Dans les calculs, les murs
sont considérés comme un milieu continu et ”solide”, alors qu’en réalité de l’eau peut se
comporter différemment en dynamique avec le squelette. Ce qu’il faut ajouter aussi, c’est
qu’il y a une hétérogéniété de la teneur en eau dans les murs : des parties intérieures étant
plus humides que les parties à la surface du mur lors de la phase de séchage. La dernière
raison est que dans les essais dynamiques réalisées sur site, le matériau travaille dans le
domaine de petites déformations, alors que dans les essais de compression statique en
laboratoire, la fermeture des micropores dans les échantillons provoque une déformation
plus importante, qui génère un module d’élasticité plus petit que celui des mesures sur site.
Un élément important à déterminer est les précharges que des murs sur site subissent
car l’approche par des mesures sur site donne des résultats très proches avec les deux autres
approches en laboratoire correspondant à une précharge élevée (de 0,4MPa dans ces cas).
Pourtant, sur site, il est difficile de quantifier la précharge subie par les murs. Dans la
circonstance du chantier où se situent les murs, la précharge est d’abord le poids propre
du mur et la charge du vent (au stade des mesures, il n’y a pas encore le toit). Calculons la
charge du vent suivant la règle française NV65 [110], nous obtenons la contrainte maximale
totale due au poids propre et à la charge du vent au pied du mur : elle est de l’ordre de
0,1 MPa. Une autre précharge difficile à quantifier est le damage de la dame pneumatique
pendant la fabrication des murs. Un damage des lits supérieurs a des effets suplémentaires
7.8. DISCUSSIONS SUR LES RÉSULTATS DES 3 APPROCHES 141
500
450 In-situ
400
350
300
E (MPa)
250
200
Perpendiculaire - labo
150
Parallèle - labo
100 <E>v BTC
50 <E>h BTC
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)
par rapport aux lits inférieurs. Pourtant, cet effet n’est pas encore quantifié. On ne sait
pas à partir de quel lit, le damage n’a plus d’influence sur le premier lit (comme le cas
des charges des fondations en Mécanique des Sols). Il est donc probable qu’il y ait une
hétérogénéité de la précharge suivant la hauteur du mur.
142 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
Regardons les caractéristiques des échantillons testés (deuxième échelle) dans la sec-
tion précédente, on trouve que la résistance obtenue peut être influencée par les éléments
suivants. Le premier élément est la caractéristique de la terre. Car l’idée initiale de cette
étude est d’appliquer les mêmes conditions sur site pour pouvoir comparer avec des ré-
sultats du site. La terre utilisée pour fabriquer des échantillons en laboratoire est celle
utilisée sur site. La courbe granulométrique de la terre utilisée montre que cette terre a un
pourcentage d’argile de 5% qui est moindre que ce qui est proposé en général. L’exemple
le plus connu et le plus cité est le fuseau des terres de CRATerre [80] qui propose un
pourcentage d’argile pour le pisé de 10-16%. Avec un faible taux d’argile, le liant de la
terre, le matériau peut être moins résistant.
Le dernier élément qui peut jouer un rôle est le surfaçage de l’échantillon. Un surfa-
çage non-parfait empêche de transférer la force de la presse sur la surface totale de l’échan-
tillon, ce qui donne une sous-estimation de la résistance à la compression de l’échantillon.
Dans les sections suivantes, nous allons clarifier le rôle de ces éléments et discuter
de la résistance à la compression du pisé.
La procédure de fabrication et de test est tout à fait la même que celle sur des
échantillons Thiers1, Thiers2 et Thiers3 : même piseur, même coffrage métallique, même
dame pneumatique, mêmes dimensions 0, 4 × 0, 4 × 0, 64m3 , même type de surfaçage ;
même presse, même procédure de décharge-recharge (trois niveaux de précharge à 0,06 ;
0,12 ; 0,22 MPa et 3 petits cycles de décharge-recharge réalisés à chaque niveau de pré-
7.9. DISCUSSION SUR LA RÉSISTANCE À LA COMPRESSION DU PISÉ 143
charge). Seulement la terre est remplacée par MRE. La teneur en eau de fabrication est
aussi estimée suivant l’expérience de l’artisan.
ds wtest Rc Etan E1 E2 E3 E4
(%) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa)
σpre (MPa) 0 0,06 0,12 0,22 0,4
Moyenne Thiers1-2-3 1,90 3,0 0,84 110 150 240 330 410
Prisme-CSTB1 1,93 1,8 1,15 132 178 262 365
Les résultats de l’échantillon CSTB1 seront comparés et discutés encore plus tard
dans la section 7.9.4.
500
450
400
350
300
Er (MPa)
250
200
150 Thiers123-ver
100 CSTB1-ver
50 Poly. (Thiers123-ver)
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
précharge (MPa)
Fig. 7.51 – Comparaison des modules obtenus dans le sens vertical, entre l’échantillon
prismatique CSTB1 et des échantillons Thiers1, Thiers2 et Thiers3.
La teneur en eau de fabrication est similaire à celle des échantillons Thiers1, Thiers2 et
Thiers3.
Avec cette diminution de l’épaisseur, a priori chaque lit de l’échantillon est mieux
compacté car on obtient une densité sèche plus élevée (1, 94 dans ce cas par rapport à
1, 90 dans le cas de Thiers1, Thiers2 et Thiers3). La procédure de détermination de la
densité sèche est la même : peser l’échantillon avant l’essai par une balance électronique
après avoir accroché le fond métallique par des sangles ; la teneur en eau est déterminée
après l’essai de compression uniaxiale.
7.9. DISCUSSION SUR LA RÉSISTANCE À LA COMPRESSION DU PISÉ 145
7.9.3.1 Surfaçage
Le surfaçage a été amélioré en appliquant deux couches de mortier de chaux et sable.
La procédure du surfaçage est présentée dans la Figure 7.52.
Le surfaçage est réalisé par un mortier de chaux et sable (1 chaux : 3 sable). Puisque
l’échantillon peut prendre de l’eau du mortier, si on appliquait une seule couche de mor-
tier, des fissures pourraient apparaı̂tre sur le surfaçage le lendemain de l’application du
mortier. Il faut donc appliquer deux couches de mortier pour obtenir une bonne qualité
de surfaçage.
MPa respectivement comme le cas des échantillons Thiers1, Thiers2 et Thiers3. Pourtant,
cette fois, des cycles de décharge-recharge au niveau de 0,6 MPa sont également ajou-
tés pour obtenir la variation des modules d’élasticité dans un intervalle plus large de la
précharge. Les résultats obtenus de l’essai compression uniaxiale sont présentés dans le
Tableau 7.12.
On voit qu’avec une diminution de l’épaisseur de chaque couche de pisé et une amé-
lioration du surfaçage, une résistance à la compression de 1,36 MPa est obtenue pour
l’échantillon Thiers4. Cela équivaut à une augmentation de 60% de la résistance à la com-
pression par rapport aux échantillons Thiers1, Thiers2 et Thiers3.
ds
Rc Etangent E1 E2 E3 E4 E5
(MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa)
σ (MPa) 0 0,06 0,12 0,22 0,4 0,6
Moyenne Thiers123 1,90 0,84 110 150 240 330 400
Thiers4 1,94 1,36 120 180 238 357 450 471
Maintenant, dans le cas de l’échantillon Thiers4, l’épaisseur de chaque lit est di-
minuée et le compactage est donc plus uniforme dans toute l’épaisseur des lits. On peut
raisonnablement considérer que chaque lit de l’échantillon Thiers4 est homogène (elow = 0)
et cela nous permet de le comparer directement avec un BTC de densité sèche équivalente.
7.9. DISCUSSION SUR LA RÉSISTANCE À LA COMPRESSION DU PISÉ 147
500
450
400
350
300
E (MPa)
250
200
150 Thiers1-2-3
100 Thiers4
50
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
précharge (MPa)
Fig. 7.53 – Comparaison des modules d’élasticité de l’échantillon Thiers4 et des trois
échantillons Thiers1, Thiers2, Thiers3.
7.9.4 Bilan
Une diminution de l’épaisseur de chaque lit de pisé peut améliorer considérablement
la densité sèche de l’échantillon et donc la résistance à la compression de l’échantillon.
Cependant, le temps de mise en oeuvre est augmenté et cela ne semble pas préférable par
rapport aux contraintes budgétaires lors de constructions sur site.
plus argileux ou plus dense (les micropores sont plus petites) peuvent avoir une résistance
à la compression plus élevée.
Par contre, les modules d’élasticité dépendent de la rigidité du matériau, ce qui
est quasiment dirigée par le squelette granulaire. Avec les mêmes niveaux de précharge,
la consolidation des squelettes (qui ne sont pas très différents) est similaire pour ces
échantillons, ce qui explique la similarité des modules d’élasticité obtenus.
Une des raisons dont on a parlé et qui fait la différence entre le résultat obtenu
sur de petits échantillons et des échantillons de dimensions plus grandes est l’épaisseur
de chaque lit de terre. Pourtant, avec le pisé Thiers4 sur lequel on a diminué l’épaisseur
de chaque lit, il est peut être intéressant d’observer si de petits échantillons peuvent le
remplacer.
Les essais sur des BTC sont intéressants mais ils ne permettent pas d’obtenir le
comportement en cisaillement du pisé (l’empilement des lits). De plus, la détermination
des densités correspondantes dup et dlow n’est pas simple. Dans le cas d’un pisé dont
l’épaisseur de chaque lit est moins importante, si on trouve une méthode de fabrication
des échantillons remplaçants directement représentatifs, on peut éviter les inconvénients
abordés ci-dessus.
L’échantillon est démoulé tout de suite après le damage. L’échantillon est constitué
de 5 lits et la hauteur obtenue de l’échantillon est de 26,5cm (donc 5,3 cm /lit).
Fig. 7.55 – A gauche : Moule cylindrique métallique D=16cm, h=32cm. A droite : éprou-
vette cylindrique obtenue D=16cm, h=26,5cm, surfacée par un mortier de ciment (en
bas).
7.10.2.1 Surfaçage
Le surfaçage est réalisé par un mortier de ciment. Le mortier est appliqué sur la tête
de l’échantillon où il faut faire le surfaçage. L’échantillon est ensuite tourné de 1800 et la
tête avec le surfaçage est posée sur une table plane (Figure 7.55 à droite). La verticalité
de l’échantillon est vérifiée par une équerre. L’échantillon est laissé dans cette position
jusqu’à ce que le surfaçage de ciment se durcisse. Cette technique donne à l’échantillon
un surfaçage bien plan.
Les échantillons sont testés sur une presse MTS avec un capteur de 50kN (Figure
7.56). La vitesse de chargement est de 0,01 mm/s. Aucun système d’anti-frettage n’a été
utilisé car la déformation de l’échantillon est calculée suivant le déplacement du plateau
de la presse. Avec un coefficient d’élancement de 1,6, le frettage est limité dans ces cas. Il
subsiste une partie homogène au milieu de l’échantillon.
7.10.2.3 Résultats
Les résultats obtenus sont présentés dans le Tableau 7.13. Les moyennes de la résis-
tance à la compression de 1,74 MPa et de 2,22 MPa sont trouvées respectivement pour les
cylindres de Thiers et de CSTB. Ces valeurs sont environ deux fois plus grandes que celles
des échantillons primatiques de densité sèche et teneur en eau équivalentes (les échantillons
Thiers1-2-3 dans le cas de la terre de Thiers et CSTB1 dans le cas de la terre de CSTB).
En comparaison avec la résistance à la compression de l’échantillon Thiers4, une augmen-
tation de 27% est observée. La raison de la différence vient peut-être de les trois raisons :
l’épaisseur des lits, le confinement pendant le compactage de la fabrication et le surfaçage.
400
350
300
250
E (MPa)
200
150
100 Cylindres-Thiers
50 Cylindres-CSTB
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
précharge (MPa)
Fig. 7.57 – Variation des modules suivant la précharge des éprouvettes cylindriques
(D=16cm, h=26,5cm) Cylindre-Thiers1, Cylindre-Thiers2 et Cylindre-CSTB1, Cylindre-
CSTB2, Cylindre-CSTB3.
La comparaison de ces résultats avec ceux des prismes de grandes dimensions est
présentée dans les Figures 7.58 et 7.59.
A partir de la Figure 7.58, on voit que le module tangent des échantillons cylin-
driques de Thiers est supérieur d’environ 40% à celui des échantillons prismatiques. La
tendance de la variation des modules suivant la préchage des échantillons cylindriques de
Thiers est différente de celle des échantillons prismatiques. L’intersection des deux courbes
a lieu aux niveaux de précharge de 0,12 MPa.
Un module tangent plus important dans le cas des échantillons cylindriques peut
provenir de leur meilleur surfaçage. La raison de la plus faible raideur des échantillons cy-
lindriques aux niveaux de précharge plus élevé (0,22 MPa dans ces cas) provient peut-être
du manque de gros éléments (gros cailloux) qui ont été enlevés pendant leur fabrication.
500
450
400
350
300
E (MPa)
250
200 Cylindres-Thiers
150 Thiers1-2-3
Thiers4
100
50
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
précharge (MPa)
Fig. 7.58 – Comparaisons des résultats des éprouvettes cylindriques (D=16cm, h=26,5cm)
et des échantillons prismatiques de Thiers1-2-3 et Thiers4 de 40 × 40 × 64cm3 .
500
450
400
350
300
E (MPa)
250
200
150 Prisme-CSTB
100 Cylindres-CSTB
50
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25
précharge (MPa)
Fig. 7.59 – Comparaisons des résultats des éprouvettes cylindriques (D=16cm, h=26,5cm)
et de l’échantillon prismatique 40 × 40 × 64cm3 de la terre de CSTB.
154 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
rection” (du à l’effet de taille) de 2 est nécessaire dans le cas de ces deux terres pour
que la résistance à la compression des échantillons cylindriques soit représentative de celle
des échantillons à vraie échelle de densité sèche équivalente. Pourtant, ce ”coefficient de
correction” dépend de plusieurs facteurs, comme la relation entre l’épaisseur des lits des
échantillons cylindriques et prismatiques, la taille des échantillons.
7.10.3 Discussion
On trouve un comportement complexe du pisé non stabilisé dans cette étude : la
partie élastique n’est pas évidente en essai de compression simple. Pourtant, si l’échan-
tillon est d’abord préchargé jusqu’à un niveau de contrainte σprecharge , et déchargé, le
comportement sera élastique-linéaire dans l’interval de contrainte de 0 à σprecharge . Le mo-
dule obtenu dans cet interval est différent du module tangent et normalement plus grand
que ce dernier. Ce comportement ressemble à celui du Grès (pierre très tendre) dans la
mécanique des roches (Duffaut [48]).
7.11 Conclusion
L’étude a présenté une approche dynamique parallèlement avec une approche sta-
tique ”classique” pour mesurer le module d’élasticité du pisé. La difficulté de la fabrication
des échantillons en laboratoire demande la nécessité des mesures sur site pour valider des
résultats au laboratoire. Après des tests au laboratoire avec des échantillons représentatifs
des murs sur site, une nouvelle méthode pour simplifier la fabrication des échantillons au
laboratoire a été proposée. Les échantillons en pisé étaient remplacés par des BTC de
densité équivalente.
Les essais de compression uniaxiale sur des échantillons représentatifs du pisé donnent
la résistance de compression autour de 1 MPa pour le pisé non stabilisé dans les deux sens
perpendiculaire et parallèle aux lits. Une variation des modules d’élasticité suivant la pré-
charge a été découverte. La diminution de l’épaisseur des lits de terre du pisé augmente
7.11. CONCLUSION 155
Les essais avec les BTC équivalents sont développés à partir du modèle d’un maté-
riau composite à base des lits. Ils donnent la résistance à la compression, les modules de
recharge, le module de rupture qui sont cohérents avec ceux des tests sur des échantillons
prismatiques de pisé fabriqués en laboratoire, dans les deux sens de test : perpendicu-
laire et parallèle aux lits. Ceci montre la fiabilité du modèle proposé. Une supériorité des
modules tangents des BTC équivalents par rapport à ceux des échantillons de pisé dans
le sens perpendiculaire aux lits a été observé (environ 50%). Ce qui provient peut-être
d’abord du surfaçage et ensuite des fermetures plus importantes des micropores dans le
cas des échantillons de pisé dans ce sens de test (sens de damage).
Les mesures dynamiques sont effectuées par des accéléromètres. Le modèle théorique
construit par les éléments volumiques donne des résultats très cohérents avec les résultats
des mesures sur site. Ceci affirme la fiabilité du modèle et des hypothèses proposées. Cette
approche dynamique est intéressante non seulement parce qu’elle est une autre approche
pour déterminer le module d’élasticité du pisé mais encore parce qu’elle peut nous ouvrir
l’accès aux calculs parasismiques des maisons en pisé. Elle peut nous servir à déterminer
des caractéristiques dynamiques du pisé, et à l’auscultation de la vulnérabilité sismique
des maisons en pisé existantes.
156 CHAPITRE 7. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES
Chapitre 8
8.1 Introduction
Le problème des bâtiments en terre en zone parasismique est important. Dans le
monde, la carte de zones de grande concentration de bâtiments en terre coı̈ncide sen-
siblement avec la carte de zones de risque sismique élevé (Bruce [22]). Dans le cas des
constructions en pisé en France, la plupart de bâtiments en pisé se situent dans la zone
où la conception parasismique doit être prise en compte, Figure 8.1. Donc, des recherches
sur la capacité parasismique des bâtiments en terre en général et en pisé en particulier
sont indispensables.
Pourtant, dans la plupart des cas généraux, les désordres subis par des bâtiments
lors des derniers séismes sont dus non pas au choix du type de matériau, ou du
type de la structure, mais à la mauvaise qualité de l’exécution, la mauvaise qualité des
matériaux, l’étude non conforme aux exigences parasismiques, ou à une combinaison de
ces trois aspects (Davidovici [41], Zacek [150]). Quand ces lignes sont écrites, un séisme
grave vient de frapper la province du Sichuan, en Chine. Des milliers de personnes ont
été tués pendant ce séisme suite aux désordres des bâtiments en béton mal conçus et mal
exécutés. Un autre exemple est la chute de plusieurs bâtiments en béton armé dans le
séisme en Turquie en 1999 alors que plusieurs bâtiments traditionnels subissaient peu de
dommage et restaient encore debout (Figure 8.2).
157
158 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ
Fig. 8.1 – Carte de construction en pisé et de zones sismiques de France, d’après Pignal
[120].
Donc, il n’est pas scientifique de dire qu’un matériau est ”parasismique” et qu’un
autre ne l’est pas. Au lieu d’abandonner systématiquement le matériau terre pour cause
parasismique, il est important de comprendre le comportement dynamique des bâtiments
de ce type de matériau, ce qui permet ensuite des auscultations et des rénovations adé-
quates.
Fig. 8.2 – Après le séisme de Duzce en 1999 en Turquie : des maisons traditionnelles su-
bissent peu de dommages alors que des bâtiments modernes en béton armé à côté subissent
des dommages graves, d’après Dogangun [47].
On adopte le cheminement pour déterminer l’action subie par les structures (Hivin
[79]) :
Fb = Sd (T1 ) × W (8.1)
avec :
de Sd (T1 ) dépend de T1 et η, elle ne veut pas dire que Sd (T1 ) dépend uniquement de T1 et
η. En effet, il reste encore d’autres paramètres qui influencent la valeur de Sd (T1 ) comme
les caractéristiques du sol au-dessous de la fondation du bâtiment ; la zone où se situe
le bâtiment ; les facteurs d’amplification. Pourtant, dans cette étude, nous n’allons pas
discuter de ces éléments parce qu’ils ne dépendent pas de la structure elle-même mais
ils dépendent du sol de la fondation et de l’interaction ”sol-structure”. Dans cette étude
exploratoire de la parasismicité des bâtiments en pisé, nous n’allons étudier que les deux
paramètres T1 et η.
Dans l’équation (8.2), l’expression de Sd (T1 ) n’est pas une Fonction unique mais
change suivant la valeur de la première fréquence propre T1 selon l’intervalle dans lequel
se situ T1 (sur la Figure 8.3). Dans chaque intervalle (0 ≤ T1 ≤ TB ; TB ≤ T1 ≤ TC ;
TC ≤ T1 ≤ TD ou TD ≤ T1 ), une Fonction correspondante de Sd (T1 ) est retrouvée. En-
suite, l’expression de la Fonction trouvée dépend aussi de T1 .
Avec les expressions présentées au-dessus, on voit que pour déterminer la force sis-
mique équivalente appliquée à un bâtiment, il faut déterminer la période fondamentale du
bâtiment (T1 ) et le coefficient d’amortissement (µ) du matériau constitué de la structure.
Ces deux paramètres seront encore discutés plus tard dans les sections suivantes de ce
chapitre, pour le cas des maisons en pisé.
Par commodité, le calcul des structures aux séismes est basé sur l’équivalence sta-
tique alors que le problème est dynamique en réalité. Lors des tremblements de terre,
les structures subissent une mise en mouvement de leur fondation, ce qui a pour effet
de leur injecter une quantité d’énergie qui est fonction des paramètres dynamiques de
chaque structure. Leur survie en cas de séisme dépend davantage de leur capacité à dis-
poser de cette énergie (par stockage temporaire ou par dissipation) et à tolérer les cycles
de déformations, que de leur résistance pure(Zacek [151], Ferrigni et al. [54]).
– Un séisme impose aux constructions une suite d’accélérations dont la durée peut
dépasser 1mn. Cependant, le calcul réglementaire ne considère qu’une seule accé-
lération (supposée maximale), appliquée sans durée comme une force statique. Les
deux situations ne sont pas comparables car la durée de secousses est un facteur de
dommage important. Un séisme long est en général plus destructeur qu’un séisme
court plus fort (Clough et Penzien [34], Zacek [151]).
– Pour le calcul aux séisme, les constructions sont considérées comme non défor-
mées au moment d’application des charges sismiques. Or, la période des secousses
étant dans la plupart des cas plus courte que celle de l’oscillation des ouvrages,
les charges sismiques sollicitent dans ces cas plusieurs fois les ouvrages déformés,
avant leur retour en position initiale (Zacek [151]). Leur action réelle est donc plus
préjudiciable que dans le cas considéré par les règles parasismiques.
– Le facteur le plus destructeur observé lors des tremblements de terre est la réso-
nance des constructions avec le sol. La résonance accroı̂t considérablement les am-
plitudes d’oscillation et, par conséquent, multiplie l’intensité des forces sismiques
par un facteur important. Cependant, ce problème de résonnance est dirigé par
l’interaction sol-structure, ce qui demande des études spécifiques ”cas par cas”
suivant les caractéristiques de la structure et celles du sol. Ce problème n’est pas
encore tout traı̂té par les règles parasismiques actuelles.
8.2.4.3 Bilan
Bien qu’il subsiste des limitations dans les règles parasismiques actuelles, ces règles
ont quand-même une valeur intrinsèque. En général, des bâtiments conventionnels bien
conçus et exécutés suivants les règles parasismiques subissent peu de dégâts. Ce qu’il faut
dire ici, c’est que par manque de recherches scientifiques sur le matériau terre, dans les
règles, les maisons en terre (dont le pisé) ne sont pas traitées spécifiquement et on doit
leur adapter le règlement conçu pour d’autres types de matériau (par exemple la règle
PS-MI 89 [6]). Cela peut compromettre ces bâtiments car il y a une différence possible
du comportement parasismique entre le matériau terre et d’autres matériau. Il est donc
nécessaire d’étudier le comportement dynamique des maisons en terre pour vérifier si ces
dernières peuvent être évaluées suivant les règles parasismiques actuelles et si nécessaire,
proposer des règlements plus adaptés à ces types de bâtiment.
8.3. PARASISMICITÉ DE LA CONSTRUCTION EN TERRE 163
Cette approche ”syncrétique” est basée sur l’analyse des techniques parasismiques
traditionnelles qui se sont consolidés localement aux fil des siècles. C’est-à-dire, des tech-
niques qui ont été favorablement testées par rapport au type sismique de tous les tremble-
ments de terre qui ont frappé ce site en provoquant des dégâts à ce bâti. Par conséquent,
les indications techniques tirées de cette approche diffèrent site par site, édifice par édi-
fice, leur fiabilité ne relèvent pas du respect de certains paramètres, mais de l’application
rigoureuse d’un protocole d’analyse.
Contrairement aux règles parasismiques modernes qui, pour empêcher les dégâts
macrosismiques, demandent qu’il soit vérifié que les sollicitations pontuelles ne dépassent
pas les limites tolérées par les matériaux, dans l’approche CSL, on ne s’interroge pas sur
les sollicitations ultimes des matériaux, mais on prend en compte la résistance globale
du bâtiment. Dans cette approche, les techniques constructives n’empêchent pas que les
fissures se produisent alternativement dans les murs, mais elles sont conçues pour qu’après
la secousse, tout se remette en place (ou que, au pire, les fissures ne compromettent pas
la stabilité de l’ensemble).
Bien que des études de la parasismicité du pisé n’existent pas beaucoup encore à
notre connaissance (cette technique est peut-être souvent utilisée dans les zones moins
sismiques), on peut citer ici les études de Minke [103] en Allemange, de Walker et Morris
[147] en Nouvelle-Zélande, de Hamilton et al. [73] aux Etats Unis.
Dans cette section, on fait une synthèse des études parasismiques existantes de la
construction en terre pour ensuite, proposer des solutions parasismique possibles pour les
164 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ
maisons en pisé.
Des études existantes sur la parasismicité des constructions en terre peuvent être
groupées en deux approches principales :
car on doit tenir compte en même temps de plusieurs critères : culturel, technique et éco-
nomique (Tolles et al. [138], Binda et Maierhofer [17], Blondet et Aguilar [18]). Il existe
une grande diversité des techniques d’auscultation des patrimoines existants (Binda et
Maierhofer [17]). Dans notre approche qui sera présentée ici, on utilisera la méthode
d’auscultation par des mesures dynamiques (accélération, déplacement, ...).
Fig. 8.6 – Plan du premier étage (en haut) et du Rez de Chaussée (en bas) du château de
Lavort et la disposition des capteurs. Les flèches illustrent la direction Nord de capteur.
168 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ
Tab. 8.1 – Comparaison des premières périodes propres obtenues sur site et calculées
suivant des formules expérimentales dans les normes.
Les mesures ont été réalisées sous bruit ambiant (il n’y a pas de sollicitation). Trois
mesures différentes ont été réalisées. En général, on trouve que les capteurs en haut (au
premier étage) donnent des signaux plus nets que ceux se situant en rez de chaussée. Cela
est dû à des déplacements plus significatifs au premier étage qu’au rez de chaussée.
Les Figures 8.7 et 8.8 présentent des exemples du résultat des vibrations obtenues
en troisième mesure dans les directions E-W (Est-Ouest) et N-S (Nord-Sud) qui ont été
illustrées dans la Figure 8.6.
On voit qu’il n’est pas facile de déterminer précisément les fréquences propres du
château à partir des signaux mesurés car les premières fréquences propres sont proches
l’une de l’autre. Les premières fréquences pourraient être déterminées de 4,3 et 4,8 Hz,
respectivement. Ceci est tout à fait en accord avec la forme générale du château (il n’y a
pas de direction dominante). Le résultat des mesures sera discuté dans la section 8.5.6.
LAVORT − Configuration 3
−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur S21
2.5
2
deplacement (mm)
1.5
0.5
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur 21
1
0.8
deplacement (mm)
0.6
0.4
0.2
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−7
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur 20
6
5
deplacement (mm)
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
Fig. 8.7 – Résultat des vibrations obtenues dans la direction E-W (Est-Ouest) en troisième
mesure sur le château de Lavort.
170 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ
LAVORT − Configuration 3
−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur S21
1
0.8
deplacement (mm)
0.6
0.4
0.2
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur 21
6
5
deplacement (mm)
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur 20
1
0.8
deplacement (mm)
0.6
0.4
0.2
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
Fig. 8.8 – Résultat des vibrations obtenues dans la direction N-S (Nord-Sud) en troisième
mesure sur le château de Lavort.
8.5. AUSCULTATIONS DES MAISONS EXISTANTES 171
Une méthode qui est couramment utilisée pour déterminer le facteur d’amortisse-
ment de la structure est la Méthode de la demie largeur de bande passante (”Half-Power
Band Width Method” - Clough et Penzien [34], Chopra [33]). La Figure 8.14 explique le
principe de cette méthode.
Nous utilisons cette méthode aux mesures dynamiques réalisées dans le chapitre pré-
cédent sur les murs en pisé isolé-pas de liaison, et sur les trois maisons présentés au-dessus.
Dans le cas des murs en pisé sur la fondation en béton, présentés dans le chapitre
précédent, on obtient le facteur d’amortissement du pisé : ξ = 0,04 (±0, 002). En com-
parant avec le facteur d’amortissement d’autres matériaux courants (Tableau 8.2), nous
voyons que le facteur d’amortissement des murs en pisé obtenu ici est similaire avec celui
du béton armé et un peu plus petit que celui de la maçonnerie.
PERIGNEAUX
−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur S21
6
deplacement (mm)
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur 21
3
deplacement (mm)
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur 19
6
deplacement (mm)
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel E−W pour Capteur 20
1.5
deplacement (mm)
0.5
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
Fig. 8.10 – Résultat des vibrations obtenues dans la direction E-W (Est-Ouest) sur la
maison de Perigneux.
8.5. AUSCULTATIONS DES MAISONS EXISTANTES 173
PERIGNEAUX
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur S21
8
deplacement (mm)
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−5
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur 21
2
deplacement (mm)
1.5
0.5
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur 19
8
deplacement (mm)
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−7
x 10 Spectre de deplacement frequenciel N−S pour Capteur 20
4
deplacement (mm)
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
Fig. 8.11 – Résultat des vibrations obtenues dans la direction N-S (Nord-Sud) sur la
maison de Perigneux.
174 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ
PERIGNEAUX
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel vertical pour Capteur S21
3
deplacement (mm)
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel vertical pour Capteur 21
3
deplacement (mm)
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel vertical pour Capteur 19
2
deplacement (mm)
1.5
0.5
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
−6
x 10 Spectre de deplacement frequenciel vertical pour Capteur 20
1.5
deplacement (mm)
0.5
0
0 5 10 15 20 25
frequence (Hz)
Fig. 8.12 – Résultat des vibrations obtenues dans la direction verticale sur la maison de
Perigneux.
8.5. AUSCULTATIONS DES MAISONS EXISTANTES 175
Matériau ξ
Maçonnerie 0,05
Béton non armé 0,03
Béton armé 0,04
Béton précontraint 0,02
Bois cloué 0,05
Bois boulonné 0,04
Bois lamellé collé 0,04
Acier soudé 0,02
Acier boulonné 0,04
Tab. 8.2 – Facteur d’amortissement des matériaux courants (suivant Eurocode 8 [51]).
parasismiques.
8.5.6.1 Comparaison des résultats sur site avec des formules dans les normes
Comme on l’a évoqué au-dessus, les fréquences propres jouent un rôle important
dans la conception parasismique et les forces sismiques appliquées aux bâtiments sont
liées aux fréquences propres des bâtiments.
Pour des bâtiments de faible hauteur, les normes proposent des formules empiriques
simples pour déterminer rapidement leur première période propre. Ces formules sont éta-
blites à partir des maisons en matériaux conventionnels (acier, béton armé, ...). Nous
allons vérifier si ces formules sont applicables pour des maisons en pisé.
La formule la plus couramment utilisée est la formule (30-8) de UBC97 [139] (qui
est reportée dans l’Eurocode [51]) :
176 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ
Fig. 8.14 – ”Half-Power Band Width Method” pour déterminer le coefficient d’amortisse-
ment, suivant Clough et Penzien [34].
Donc, nous allons utiliser la valeur Ct =0,0488 pour des maisons en pisé de notre
cas. La comparaison des périodes mesurées sur site et calculées par la formule (8.4) est
présentée dans le Tableau 8.1.
A partir du Tableau 8.1, on voit que la formule empirique (8.4) dans les normes
donne des résultats proches avec ce qu’on obtient sur site. Donc, cette formule semble
être applicable pour des maisons en pisé.
Fig. 8.15 – Spectre dans la règle parasismique PS92, d’après Zacek [150].
première fréquence propre du bâtiment et le type de sol où se situe le bâtiment (Figure
8.15). Dans la Figure 8.15, S0 , S1 , S2 , S3 , correspondent aux types de sol différents. Pour
la simplicité et dans le sens de sécurité, les règles parasismique considèrent que RE des
bâtiments ayant des faibles premières périodes (avant le pic du spectre) a la même valeur
que le pic. Par exemple, pour des bâtiment se situant sur un sol S0 ayant la première
période de 0,1 s, on peut prendre RE = 2,5 pour ce bâtiment-là.
Conformément aux spectres des règles parasismiques, on trouve que les maisons en
pisé mesurées subissent des forces sismiques importantes dans la conception parasismique
suivant les normes (car les périodes propres mesurées ne dépassent pas 0,23 s). Ce point
est défavorable pour la conception des maisons en pisé. Donc, dans les calculs suivants les
règles parasismiques actuelles, des maisons en pisé doivent résister à des forces sismiques
importantes.
Cette approche se compose de deux étapes principales. En première étape, des me-
sures dynamiques sur site sont réalisées pour identifier des caractéristiques dynamiques du
178 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ
Dans le cas d’évaluation de la vulnérabilité sismique des maisons en pisé, des modèles
3D semblent plus convenables car des hypothèses appliquées aux bâtiments de grande hau-
teur ne sont pas valables ici. Pourtant, jusqu’à maintenant, les études sur des modèles 3D
sont des études sur des bâtiments qui ont des valeurs historiques, culturelles importantes,
l’utilisation des modèles complexes en 3D est donc acceptable. Dans le cas des maisons
en pisé, du fait de leur abondance, le développement des modèles 3D complexe n’est donc
pas souhaitable et des modèles simples qui peuvent être applicables à un grand nombre
des maisons en pisé sont préférables. Ce travail est en train d’être lancé au Laboratoire
Géomatériaux (Do [46]).
renforcement des murs en pisé seront proposées. Ces renforcements sont importants et
pourront servir au renforcement des maisons existantes ou appliquer aux maisons neuves.
Des barres verticales peuvent être en bambou ou en acier. La Figure 8.18 illustre
l’application des tirants verticaux dans les murs de pisé.
Figure 2 Reinforcing and dowels for reinforced earth walls (rearranged from fig 5.4 NZS 4299)
Fig. 8.16 – Renforcement parasismique des murs en terre proposé dans la norme de
Nouvelle-Zélande [112].
8.6. RENFORCEMENT DES MAISONS EN PISÉ 181
Fig. 8.17 – Une maison en adobe renforcé par des grillage en polymer, avant le test sur
la table de vibration, dans l’étude de Blondet et Aguilar [18].
en adobe testés. Pourtant, les limitations de cette technique est que le bambou n’est pas
toujours présent dans les zones sismiques (Blondet et Aguilar [18]) et il ne présente pas
une bonne durabilité suffisante (Bruce [22]).
Pour éviter ce problème de la durabilité, des bambous sont remplacés par des tirants
en aciers dans les autres études. L’étude de Tolles et al. [138] a testé des maisons à plu-
sieurs échelles avec cette technique (des tirant verticaux à l’intérieur du mur) et avec la
technique des grillages en polymère à l’extérieur parlée au-dessus. Le résultat montre que
le renforcement par des tirants verticaux à l’intérieur du mur donne des réponses satisfai-
santes aux demandes des règles parasismiques actuelles et meilleures que la technique des
grillages à l’extérieur.
La technique des tirants verticaux à l’intérieur du mur a été appliquée aux murs
en pisé stabilisé dans des études de Hamilton et al. [73], Morris et Walker [107], avec
l’utilisation des tirants en acier précontraint. Ces tirants sont placés dans les tubes mis
dans le coffrage pour protéger les tirants contre la corrosion par l’humidité de la terre du
pisé. Ces tirants sont introduits la précontrainte après le damage du mur. L’utilisation
de la précontraint peut diminuer la quantité des tirants nécessaires, par rapport à la
technique des tirants normaux. Cela diminue non seulement le travail de l’emplacement
des renforcements mais aussi facilite le damage du pisé. Avec les tirants précontraints, pour
chaque mur, on n’aurait besoin que de 2 tirants aux deux bouts du mur pour supporter
la force sismique ”en plan” du mur et un tirant au milieu du mur pour supporter la force
sismique ”hors plan” du mur. Cette technique est tout à fait applicable aux murs en pisé
et ouvre une nouvelle voie du renforcement des maisons en pisé neuves ou existantes par
son efficacité et sa simplicité de réalisation par rapport aux autres techniques présentées
dans les sections précédentes. Des études plus approfondies sur cette technique restent à
mettre en place.
182 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ
Fig. 8.18 – Renforcement par des tirants verticaux, proposé par Minke [103]
8.7 Conclusions
Cette étude présente une première approche des mesures dynamiques sur des mai-
sons en pisé. Le facteur d’amortissement et les fréquences propres des maisons en pisé ont
été mesurées. La comparaison du résultat des mesures sur site et la formule empirique
proposée par les règles parasismiques montre que cette formule empirique pourraient être
applicables pour des maisons en pisé.
L’Annexe G présente une note de calculs des maisons individuelles en ossature bois
et remplissage de pierres sèches, réalisée par l’auteur de cette thèse. Ces maisons sont
construites à Kashmir (Pakistan). Les murs en pierres sèches ont des points communs
avec les murs en pisé. Premièrement, ils ne travaillent qu’à la compression et non en trac-
tion. Deuxièmement, il y a aussi des points faibles horizontaux (des bandes de pierres en
cas des murs en pierres sèches et des lits de terre en cas de mur en pisé).
Dans cette note de calcul, des charges sismiques sont calculées suivant la norme
8.7. CONCLUSIONS 183
Américane (UBC97 [139]), l’ossature bois est conçue suivant l’Eurocode 5 [50]. Cette note
de calcul est réalisée pour vérifier la performance parasismique des construcions tradition-
nelles dans cette région, et ensuite, proposer des solutions techniques pour renforcer ces
types de maison pour qu’elles satisfassent aux règles parasismiques actuelles.
La mise en place de ces maisons en pierre sèche montre qu’avec des conceptions
et exécutions efficaces tenant compte des précautions nécessaires, on pourra obtenir des
constructions vernaculaires (maisons en pierres sèche ou en pisé) qui peuvent répondre
aux demandes des règles parasismiques actuelles. La construction des maisons en pisé
parasismique n’est donc pas impossible (Bruce [22]).
Des dispositifs d’utilisation des tirants précontraints dans les études de Hamilton et
al. [73] et de Morris et Walker [107] donnent les résultats intéressants. Donc, avec des dis-
positifs fiables, des murs en pisé pourront satisfaire aux conditions parasismiques deman-
dées. Le problème restant est de déterminer quelles sont ces ”conditions demandées” pour
une construction en pisé en zone sismique. Avant d’exiger que la maison doive répondre
de façon satisfaisante à un séisme de telle intensité, il faut comprendre le comportement
de cette maison dans le cas de séisme. Avec l’approche par des mesures dynamiques,
notre perspective est d’étudier quel est le comportement d’une maison complète (pas un
échantillon ou un seul mur) en pisé pendant le séisme : le rôle des toitures, des planchers
déformables, si les murs se comportent ensembles, etc. Une fois que ce comportement est
déterminé, on pourrait décider quels sont les dispositifs parasismiques nécessaires pour la
maison en pisé.
184 CHAPITRE 8. PARASISMIQUES DES CONSTRUCTIONS EN PISÉ
Quatrième partie
Conclusion générale
185
187
Ce travail constitue la première thèse de doctorat qui étudie directement les carac-
téristiques du pisé non-stabilisé, il manque des connaissances scientifiques de ce matériau
dans la littérature. C’est une difficulté particulière pour la réalisation de cette thèse. C’est
aussi la raison pour laquelle, pendant la démarche de cette thèse, plusieurs méthodes ont
été essayées. Avec un matériau complexe comme le pisé (empilement des lits, gradient
de densité, teneur en eau de fabrication, énergie de fabrication), il existe encore plusieurs
points à étudier et développer concernant ses caractérisques (la durabilité, le comporte-
ment mécanique, la performance thermique, la vulnérabilité sismique), cette thèse corres-
pond aux premiers pas sur le chemin des recherches plus approfondies à faire dans le futur.
1. Développement durable
La première partie de cette thèse est consacrée à chercher les intérêts de ce maté-
riau dans le contexte du développement durable actuel. La synthèse des informations
existant dans la littérature a été réalisée pour évaluer la performance énergétique des
bâtiments en pisé. Cela confirme l’avantage énergétique de ce type de bâtiment dans
les phases de construction et de démolition, ainsi que l’avantage énergétique possible
dans la phase d’habitation. Tous ces avantages du matériau pisé peuvent contribuer
à alléger les problèmes de l’épuisement des ressources naturelles, de l’émission des
gaz à effet de serre et du traitement des déchets. Des études plus approfondies sur
la performance thermique des bâtiments en pisé sont nécessaires.
2. Durabilité
En ce qui concerne la durabilité du pisé, nous avons mis au point une méthode pour
mesurer l’érosion des murs en pisé par la stéréophotogrammétrie. Cette méthode
pourra servir à calibrer des essais en laboratoire pour évaluer la durabilité du pisé.
Après 20 ans sur site, la perte du matériau due à l’érosion des murets est mesurée et
équivaut à une épaisseur moyenne d’environ 2 mm (correspondant à 0,5% de l’épais-
seur du muret) dans le cas du muret en pisé stabilisé avec 5% en poids de chaux
hydraulique. La stabilisation permet donc de supprimer l’utilisation des protections
superficielles (enduit, badigeon, peinture, imprégnation). Dans le cas des murets en
pisé non-stabilisé, l’érosion mesurée est d’environ 6,4 mm (correspondant à 1,6%
de l’épaisseur des murets) qui permet d’extrapoler une durée de vie plus longue
que 60 ans pour ces murets. Ce résultat montre le potentiel de l’utilisation du pisé
non-stabilisé dans les conditions climatiques similaires à cette étude (précipitation
annuelle environ 1000 mm et gel fréquent en hiver).
Trois approches ont été réalisée sur trois échelles différentes. La première est l’échelle
des murs sur site. Des mesures dynamiques ont été réalisées sur site pour détermi-
ner des fréquences propres des murs. Le module d’élasticité est déterminé à partir
des fréquences propres mesurées en utilisant une modélisation par éléments finis. La
deuxième est l’échelle des échantillons représentatifs du matériau pisé (des dimen-
sions proches des murs sur site) fabriqués et testés en laboratoire. Finalement, en
ce qui concerne la dernière échelle (microscopique), des essais sont réalisés sur des
blocs de terre comprimée (BTC) équivalents. Une procédure de l’homogénéisation
est réalisée pour mettre au point une procédure de test en laboratoire qui permet
de remplacer les échantillons de pisé par les BTC équivalents.
Les essais avec les BTC équivalents sont développés à partir du modèle d’un maté-
riau composite à base de lits. Ils donnent la résistance à la compression, les modules
de recharge, le module de rupture qui sont cohérents avec ceux des tests sur les VER
de pisé, dans les deux sens de test : perpendiculaire et parallèle aux lits. Ceci montre
la fiabilité du modèle proposé. Une supériorité des modules tangents des BTC équi-
vanlents par rapport à ceux des échantillons de pisé dans le sens perpendiculaire aux
lits a été observé (environ 50%). La raison provient peut-être d’abord du surfaçage,
ensuite des fermetures plus importantes des micropores dans le cas des échantillons
de pisé (dans ce sens de test : sens du damage de la fabrication).
Enfin, les mesures sur site sont effectuées par des accéléromètres. Le modèle théo-
rique construit par les éléments volumiques donne des résultats très cohérents avec
les mesures sur site. Ceci affirme la fiabilité du modèle et des hypothèses proposées.
Cette approche dynamique est intéressante non seulement parce qu’elle est une autre
189
approche pour déterminer le module d’élasticité du pisé mais encore parce qu’elle
peut nous ouvrir l’accès à l’identification des caractéristiques dynamiques et à l’aus-
cultation de la vulnérabilité sismiques des maisons en pisé.
L’influence du type de terre a aussi été regardée dans cette thèse. Parallèlement avec
la terre principale de Thiers, la terre du CSTB a été aussi utilisée. Les paramètres
mesurés des échantillons prismatiques de pisé (les modules d’élasticité, la résistance
à la compression, le module de rupture) de ces deux types de terre ne sont pas
très différents dans cette étude (<20%). Pourtant, des études plus larges avec un
nombre plus important des terres et des échantillons sont nécessaires pour valider
cette remarque.
L’influence de la taille des échantillons sur les résultats des tests a aussi été étudiée
au cours de cette thèse. Bien que les échantillons cylindriques de petites dimensions
couramment utilisés dans la littérature aient des inconvénients de leur mauvaise
représentativité des murs en pisé sur site, ils ont pourtant l’avantage de la simplicité
de la fabrication et de la procédure de test. La mise en place dans cette thèse de ce
type d’échantillon est faite pour trouver un ”coefficient de correction” du à l’effet de
taille. Les échantillons cylindriques à petite échelle (26 cm du diamètre x 26,5 cm
de la hauteur) ont été étudiés. Un ”coefficient de correction” de 2 de la résistance à
la compression des échantillons cylindriques a été trouvé dans les cas de deux terres
utilisées dans cette étude. Pourtant, ce ”coefficient de correction” dépend de plusieurs
facteurs, comme la relation entre l’épaisseur des lits de l’échantillon cylindrique et
des échantillons prismatiques, la taille des échantillons. Cela demande des études
plus approfondies dans le futur.
Bien qu’il y ait une différence importante de la résistance entre les éprouvettes cy-
lindriques et les échantillons prismatiques de pisé, il y a une similarité des modules
d’élasticité entre ces deux types d’échantillon. Une supériorité du module tangent
des éprouvettes cylindriques est trouvée qui vient peut-être de leur meilleur surfa-
çage.
4. Caractéristiques parasismiques
Cette thèse a fait une étude exploratoire des caractéristiques dynamiques des mai-
sons en pisé. Le facteur d’amortissement et les fréquences propres des maisons en pisé
190
ont été mesurées. La comparaison de la première fréquence propre mesurée sur site
et celle calculée par une formule empirique proposée dans les règles parasismiques
montre que cette formule empirique pourraient être applicables pour des maisons en
pisé. La détermination du facteur d’amortissement et la première fréquence propre
pourra servir à la conception parasismique des maisons en pisé.
Un résumé des solutions existantes du renforcement des maisons en terre a été réa-
lisée. Les solutions convenables pour les murs en pisé ont été proposées comme
l’utilisation des tirants verticaux à l’intérieur ou des grillages à l’extérieur du mur.
Les résultats de cette étude et des études trouvées dans la littérature montrent que
la construction de maisons parasismiques en pisé est possible. Le problème reste le
choix optimum de plusieurs critères : technique, économique et culturelle.
Eu égard à toutes ces considérations, une des voies d’avenir en matière de construc-
tion est une adaptation des techniques ancestrales plutôt que leur abandon systématique.
Ainsi on prend le parti de raccourcir la chaı̂ne de production ce qui impose de concentrer
les recherches sur des critères inhabituels tel que la validation des savoir-faire des arti-
sans ou sur les procédures d’essais sur site, voire en laboratoire, permettant de mesurer
les performances de ces matériaux plutôt que sur une standardisation de leur composition.
Au cours de cette thèse, deux articles ont été acceptés pour des revues internatio-
nales (Bui et al. [30], [29]), les troisième et quatrième seront soumis prochainement (Bui
et al. [27], [28]). Deux autres articles ont été publiés dans les actes de conférence interna-
tionale (Bui et al. [26], [25]) dont un a été présenté par l’auteur de cette thèse.
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Table des figures
4.1 Château Chabet, XVIIe siècle. Vue générale depuis le sud, d’après Guibaud
[65]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
4.2 Maison ancienne de 130 ans en région Rhône-Alpes . . . . . . . . . . . . 25
4.3 Mise en oeuvre du coffrage du pisé suivant la méthode lyonnaise, d’après
Pignal [120] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
4.4 Mise en oeuvre du coffrage du pisé suivant la méthode du Bugey, d’après
Pignal [120]. Avec cette méthode de mise en oeuvre, on peut éviter les trous
sur le mur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.5 Les deux techniques différentes appliquées sur une même maison : à gauche :
des joints inclinés (XVIIe siècle) ; à droite : des joints verticaux (limite
XIXe siècle - XXe siècle, d’après [65] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4.6 Maison en pisé moderne construite au cours des années 1980 en région
Rhône-Alpes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
201
202 TABLE DES FIGURES
4.7 Les dames pneumatique en métal. A droite : la dame peut être modifiée en
ajoutant la plaque carrée en bois, photo : N. Meunier. . . . . . . . . . . . . 29
4.8 Coffrage métallique du pisé moderne sur un chantier en France. Photo : N.
Meunier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
4.9 Fuseau des terres indicatif pour la fabrication du pisé, suivant CRATerre
[80]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.10 Un bâtiment en pisé moderne, construit en 1999 en Grande-Bretagne. Photo :
P. Walker [145] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.11 Préfabrication des pisés dans une usine, en Autriche, photo : M. Rauch
[124]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4.12 Transport et mise en oeuvre des éléments préfabriqués, photo : M. Rauch
[124]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
4.13 Un bâtiment construit par 160 éléments préfabriqués, photo : M. Rauch [124]. 32
4.14 La carte mondiale de la récipitation annuelle, d’après [77]. . . . . . . . . . 34
4.15 Bâtiment en pisé non-stabilisé en Autriche, photo : M. Rauch [124]. . . . . 34
4.16 Un bâtiment de 6 étages en pisé, construit en 1820 en Allemagne, d’après
[145]. Les murs de sous-sol et le sousbassement sont en maçonnerie de
pierres. A gauche : vue générale. A droite : une coupe verticale du bâtiment. 35
6.11 Plan du site des murets mis en oeuvre en masse et la distribution des diffé-
rents types de protection (enduit, badigeon, peinture, imprégnation, témoin)
sur différents supports (FRE, MRE, SMRE). . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
6.12 Dimensions d’un muret en pisé, en mm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
6.13 Climat du site d’expérimentation, moyenné sur la période 1971-2000, d’al-
titude de 212m. Les précipitations sont d’environ 1000mm/an. . . . . . . . 64
6.14 Courbe granulometrique des terres utilisées. . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
6.15 L’efficacité du toit sous une pluie. Le toit ne peut protéger que la tête et
une partie en haut du muret (muret 23). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
6.16 Muret témoin du FRE, numéro 36. A gauche : l’état initial, quelques jours
après la construction. A droite : l’état après 20 ans sur site. . . . . . . . . 69
6.17 Muret témoin du MRE, numéro 29, à l’état initial, quelques jours après la
construction. A gauche : Côté Est. A droite : Côté Ouest . . . . . . . . . . 70
6.18 Un zoom du muret témoin du MRE, numéro 29, côté Ouest, à l’état initial,
quelques jours après la construction. L’hétérogénéité du matériau et un
mauvais compactage des derniers lits de terre sont visibles. . . . . . . . . . 70
6.19 Muret témoin du MRE, numéro 29, après 20 ans, côté Ouest. A droite :
l’hétérogénéité du matériau et fissures de retrait. . . . . . . . . . . . . . . . 71
6.20 Muret témoin du SMRE, numéro 15. A gauche : à l’état initial, quelques
jours après la construction. A droite : son état après 20 ans sur site. . . . 72
6.21 Principe de la méthode de stéréo-photogrammétrie, d’après Desrues et Du-
thilleul [44]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
6.22 Deux clichés pris à partir de deux points de vues différents sur le même
mur 15, face Est. A gauche : cliché pris à partir d’un point à gauche du
mur. A droite : cliché pris à partir d’un point à droite du mur. On peut
voir aussi 5 points fixes sur le mur : 4 points aux 4 coins et le cinquième
au centre du mur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
6.23 Stéréoscope - l’appareil d’établissement du relief à partir de deux clichés. . 74
6.24 Profils verticaux et horizontaux d’un mur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
6.25 Un profil horizontal du mur 29. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
6.26 Hypothèse de la détermination de la ligne de référence. . . . . . . . . . . . 76
6.27 Plusieurs possibilités de la ligne de référence. . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
6.28 Erosion différente entre parties en haut et en bas du mur 36. . . . . . . . . 79
6.29 Difference entre des érosions linéaire et non-linéaire suivant le temps des
murets en pisé non-stabilisé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
7.1 Différence du confinement dans les cas des tailles de l’échantillon diffé-
rentes, suivant Montgometry [104]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
7.2 Hétérogénéité du matériau pisé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
7.3 Relation entre la résistance à la compression et la densité sèche présentée
dans Morel et al. [106]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
7.4 Influence de la teneur en eau de fabrication à la densité sèche obtenue de
l’échantillon (Montgomery [104]). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
7.5 Relation entre la densité sèche et la teneur en eau de fabrication. . . . . . 90
7.6 Le rôle du frettage dans l’essai de compression simple, suivant Duffaut [48]. 91
7.7 Moule de l’essai Protor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
7.8 Prélèvement d’un échantillon de pisé par carottage. . . . . . . . . . . . . . 94
7.9 Découpage d’un muret du CSTB par la tronçonneuse. . . . . . . . . . . . . 95
204 TABLE DES FIGURES
7.10 Découpage par la tronçonneuse d’un muret fabriqué sur site et transporté
au laboratoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
7.11 Un échantillon de pisé découpé par une scie de table. . . . . . . . . . . . . 96
7.12 Trois échelles de l’étude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
7.13 La maison en cours de construction, lors de la date des premières mesures. 100
7.14 Plan des murs en pisé de la maison et position, dimensions des murs me-
surés (N˚1, 2 et 3) ; Les dimensions sont en cm. . . . . . . . . . . . . . . 101
7.15 Courbe granulométrique de la terre utilisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
7.16 Un échantillon de (40 × 40 × 64)cm3 fabriqué en laboratoire, surfaçé par un
mortier de ciment. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
7.17 Pesé d’un échantillon de (40 × 40 × 64)cm3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
7.18 Transport d’un échantillon de (40 × 40 × 64)cm3 par un chariot élévateur
(à gauche) et l’essai de compression uniaxiale (à droite). . . . . . . . . . . 105
7.19 La courbe de contrainte-déformation de l’échantillon Thiers1 de (40 × 40 ×
64)cm3 (à gauche) et un zoom des cycles au troisième niveau de charge (à
droit). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
7.20 Détermination du module d’élasticité suivant la proposition de l’ASTM [11]. 106
7.21 Synthèse des modules verticaux des 3 échantillons du pisé. Admettons : E0
= Etangent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
7.22 Répétabilité des courbes contrainte-déformation des trois échantillons Thiers1,
Thiers2 et Thiers3, testés dans le sens perpendiculaire aux lits. . . . . . . . 108
7.23 A gauche : l’échantillons de (20×20×40)cm3 , découpé à partir d’un échan-
tillon de (20 × 40 × 40)cm3 . A doite : l’essai de compression uniaxiale dans
le sens parallèle aux lits, sur des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3 . . . . . 109
7.24 Courbe contrainte-déformation de l’essai de compression uniaxiale dans le
sens parallèle aux lits, sur l’échantillon de (20 × 20 × 40)cm3 . En bas : un
zoom au troisième niveau de précharge. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
7.25 Fissures dans l’essai de compression uniaxiale dans le sens parallèle aux
lits. (a) à gauche : la première fissure qui apparaı̂t assez tôt pendant l’essai
se situe entre le deuxième et le troisième (dernier) lit. (b) à droite : la
deuxième fissure qui apparaı̂t vers la fin de l’essai se situe entre le premier
et le deuxième lit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
7.26 Synthèse des modules obtenus des essais de compression parallèle aux lits,
sur des échantillons de (20 × 20 × 40)cm3 . Admettons : E0 = Etangent . . . . 111
7.27 Comparaison des modules dans le sens perpendiculaire aux lits sur des
échantillons de (40 × 40 × 64)cm3 et parallèle aux lits, sur des échantillons
de (20 × 20 × 40)cm3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
7.28 La répartition de la densité sèche dans chaque lit de terre en réalité (à
gauche) et selon notre hypothèse (à droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
7.29 Les lits de terre ne sont pas plats en réalité (à gauche) du fait du frottement
au contact des banches de coffrage pendant le damage. Dans le modèle, on
considère que ces premières sont plates (au milieu). A droite : l’échelle
microscopique sur une couche du matériau et l’homogénéisation. . . . . . . 117
7.30 Procédure de l’homogénéisation dans le sens parallèle aux lits. . . . . . . . 119
7.31 Mesure de volume de l’échantillon dans l’eau suivant le principe d’Archimède.121
7.32 Fabrication de BTC par une presse manuelle de double compactage (à
gauche) et le sens de test dans l’essai de compression uniaxiale (à droite). . 123
7.33 Essai de compression uniaxiale sur un BTC. . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
TABLE DES FIGURES 205
209
210 LISTE DES TABLEAUX
8.1 Comparaison des premières périodes propres obtenues sur site et calculées
suivant des formules expérimentales dans les normes. . . . . . . . . . . . . 168
8.2 Facteur d’amortissement des matériaux courants (suivant Eurocode 8 [51]). 175
8.3 Facteur d’amortissement des maisons mesurées. . . . . . . . . . . . . . . . 176
A.1 Composition des enduits. Les dosages sont exprimés en volume, sauf indi-
cations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
A.2 Notes d’état actuel de l’enduit qui décide la qualité général des murs en
pisé protégé par l’enduit. La note des murs témoins correspondant à un
état actuel du pisé. Les valeurs dans les parenthèses sont des épaisseurs
moyennes des enduits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
A.3 Différente efficacité de l’enduit sur différents types de mise en oeuvre . . . 216
Pourtant, dans cette étude, les badigeons ont un comportement médiocre, les pein-
tures et les imprégnations donnent les résultats encore pire. Ce mauvais résultat est expli-
qué par les raisons suivant. Premièrement, la plupart de ces types de protection colle assez
211
212 ANNEXE A. PROTECTIONS SUPERFICIELLES DES MURETS CSTB
Tab. A.1 – Composition des enduits. Les dosages sont exprimés en volume, sauf indica-
tions.
A.2. LES BADIGEONS, LES PEINTURES ET LES IMPRÉGNATIONS 213
Fig. A.1 – Mur 25 MRE, badigeon K au Nord et badigeon L au Sud. (a) A gauche,
l’apprition de faiençage. (b) A droite, l’effet des pluies battantes influencée par du vent.
bien avec la terre pendant que leur épaisseur n’est pas grande. Avec le changement de tem-
pérature, les couches de protection et le pisé se déforment différemment, mais la cohésion
entre les couches de protection et le support est plus importante que la cohésion propre de
la protection (faible épaisseur). Par conséquence, le faiençage apparaı̂t rapidement sur ces
couches de protection (Fig. A.1a), de l’eau peut entrer facilement. Deuxièmement, comme
on a dit dans la section 6.3.7, le toit ne peut protéger que la partie en haut du muret, la
partie basse doit subir le contact des gouttes d’eau de pluie. Du fait du faiençage qu’on a
abordée au-dessus, la partie basse de ces protections a disparu sous les pluies, Fig. A.1b.
La disparition des couches de protection en bas favorise l’entrée de l’eau, elle monte alors
par capillarité. Cette eau ne peut pas sortir parce que la protection a empêché la ”respi-
ration” libre du pisé. Le pisé deviendra plus humide et plus fragile et la réaction décrite
auparavant recommencera.
De fait l’état général de ces murs est moins bon que le mur témoin, ce qui montre que ces
types de protection ne conviennent pas sur le support de terre.
A.2.2 Enduits
Il y a quelques murs protégés par de l’enduit qui sont dans un état neuf jusqu’à
aujourd’hui : il n’y a aucune pathologie, ni sur pisé, ni sur enduit. Dans les autres murs,
il apparaı̂t une pathologie typique : des fissures verticales aux arrêtes (Fig. A.2). Ces fis-
sures se situent seulement sur l’enduit et ne concernent pas le pisé au dedans. Ces fissures
n’influencent pas encore forcément la qualité mécanique du muret mais elles donnent une
mauvaise qualité d’esthétique et elles montrent aussi une mauvaise tendance : le décro-
chement du support de l’enduit. En tapant sur l’enduit, on peut dire que presque tous
les enduits sont décrochés de leurs supports, mais ils ne tombent pas encore grâce à leur
cohésion propre. Il y a déjà le cas du mur 24 (Fig. A.3) sur lequel l’enduit est totalement
tombé à un côté. Mai même dans ce cas, la qualité mécanique du pisé n’est pas modifiée.
Après la chute des enduits, le pisé commence à être exposé à la condition naturelle comme
le cas du pisé témoin. Cela veut dire que l’enduit n’a pas d’effet négatif sur le pisé comme
le cas de la peinture, du badigeon, ou de l’imprégnation. La situation générale actuelle
des murs protégés par l’enduit est présentée dans le tableau A.2.
214 ANNEXE A. PROTECTIONS SUPERFICIELLES DES MURETS CSTB
Fig. A.2 – Mur 30 FRE, l’enduit A. Les fissures verticale aux bords sont typiques de la
plupart des murs protégés par l’enduit.
Fig. A.3 – Muret MRE, numéro 24. L’enduit est totalement tombé à un côté mais la
qualité mécanique du pisé est encore bonne.
A.2. LES BADIGEONS, LES PEINTURES ET LES IMPRÉGNATIONS 215
Note Etat
10 Etat parfait, comme l’état initial
9 Etat mécanique parfait mais la qualité esthétique a changé par rapport à l’état
initial
8 Une fissure verticale au bord ou des microfissures très fines, pas nettement
7 Plusieurs fissures verticales aux bords
6 Autres types de fissure en plus des fissures verticales aux bords
5 Une petite partie d’enduit est tombée (≤ 30% surface du mur)
4 Enduit est totalement tombé
≤ 3 Avoir effets négatifs au pisé
Enduit FRE (mm) - Note MRE (mm)- Note SMRE (mm)- Note
A Mur 30 (17mm) | 7 Mur 16 | 7 Mur 8 (23mm) | 6
B Mur 31 (13mm) | 4 Mur 17 | 6
C Mur 18 | 8
D Mur 19 | 8
E Mur 20 (16mm) | 7
F Mur 21 (18mm) | 8
G Mur 32 | 9 Mur 22 | 9
H Mur 34 | 9 Mur 23 (11mm) | 9
I Mur 24 | 4
J Mur 26 | 9
Témoins Mur 36 | 7 Mur 29 | 6 Mur 15 | 8,5
Tab. A.2 – Notes d’état actuel de l’enduit qui décide la qualité général des murs en pisé
protégé par l’enduit. La note des murs témoins correspondant à un état actuel du pisé.
Les valeurs dans les parenthèses sont des épaisseurs moyennes des enduits
216 ANNEXE A. PROTECTIONS SUPERFICIELLES DES MURETS CSTB
Tab. A.3 – Différente efficacité de l’enduit sur différents types de mise en oeuvre
La teneur en eau de la terre de fabrication du pisé n’a pas été mesurée. La teneur
en eau du pisé à l’état normal est de 2%.
219
220ANNEXE B. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES DES ÉCHANTILLONS PRÉLEVÉS
0,8
1
0,7
contrainte (MPa)
0,6
0,8
contrainte (MPa)
0,5
0,6
0,4
0,3
0,4
0,2
0,2
0,1
0
0
0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012 0,014 0,016
0 0,002 0,004 0,006 0,008 0,01 0,012 0,014 0,016 0,018
déformation déformation
Le résultat des essais sont présentés dans le Tableau B.1. Remarquons que parmi des
échantillons testés, l’échantillon 2 a la géométrie la plus régulière et la meilleure qualité
de surfaçage. C’est la raison pour laquelle il donne le meilleur résultat de la résistance à
la compression et du module d’élasticité.
Il n’y a pas de grande différence de module tangent entre le sens vertical et le sens
horizontal du mur (E ' 90M P a). La différence entre la résistance à la compression des
échantillons testés dans le sens perpendiculaire aux lits et celle des échantillons testés dans
le sens parallèle aux lits n’est pas importante.
B.4. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVE 221
Le module d’élasticité du pisé trouvé ici est d’environ 100MPa. Cette valeur est
proche à celle du module d’élasticité des échantillons fabriqués et testés en laboratoire
présentés dans le chapitre 7.
La plupart des essais de compression uniaxiale de ces échantillons ont été réalisé
avec des cycles de décharge-recharge comme le cas des échantillons de pisé. Les niveaux
de décharge peuvent respectivement être à 0,15 MPa, 0,3 MPa, 0,45 MPa, 0,60 MPa et
0,75 MPa pour avoir des points réguliers de la variation du module suivant le niveau de
précharge. Il y a des échantillons testés aux niveaux de décharge respectivement de 0,06
MPa, 0,12 MPa, 0,22 MPa, 0,4 MPa comme le cas des échantillons de pisé pour avoir des
comparaisons directes. Il y a aussi des échantillons sur lesquels il n’y a qu’un seul cycle
de décharge-recharge à 0,06 MPa. Ces échantillons sont les premiers échantillons où à ce
moment-là, la variation du module suivant le niveau de précharge n’a pas été découverte.
223
224 ANNEXE C. CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES DES BTC
600
d=1,99
500 d=1,97
d=1,96
d=1,95
400
d=1,94
E (MPa)
d=1,93
300 d=1,92
d=1,91
200 d=1,89
d=1,88
d=1,86
100
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
précharge (MPa)
Fig. C.1 – Synthèse de la variation des modules suivant la précharge des échantillons de
40 échantillons de BTC. La courbe tendance est aux échantillons ayant la densité sèche
de 1,97.
2,5
w = 1,6-2,5% R² = 0,9062
2,0
w = 3,5-5,3%
1,5
Rc (MPa)
R² = 0,954
1,0
0,5
0,0
1,50 1,60 1,70 1,80 1,90 2,00 2,10
d_sèche
∂2y ∂T
ρ.A. 2
= (D.1)
∂t ∂x
Moment :
∂M
+ T (x, t) = 0 (D.2)
∂x
Loi de comportement :
∂2y
M (x) = E.I. (D.3)
∂x2
A partir des équations (D.1) et D.2 on arrivera à :
∂2y ∂2M
ρ.A 2 = − 2 (D.4)
∂t ∂x
Remplaçons (D.3) dans (D.4), nous avons :
∂2y ∂2 ∂2y
ρ.A. + [E.I. ]=0 (D.5)
∂t2 ∂x2 ∂x2
Section constant : E, I, ρ, A sont constants, donc, nous obtenons :
∂ 2 y EI ∂ 4 y
+ =0 (D.6)
∂t2 ρA ∂x4
225
226 ANNEXE D. MODÈLE D’UNE POUTRE DE FLEXION
3. Modes propres :
y(x, t) = ϕ(x).sinωt
d’où :
∂2y
= −ω 2 ϕ(x)sinωt
∂t2
∂4y
= ϕ0000 (x)sinωt
∂x4
Remplaçons dans (D.6), nous arrivons à :
ϕ0000 − k 4 ϕ = 0 (D.7)
ρAω 2
k4 =
EI
4. Conditions limites :
Avec le modèle d’une poutre avec la longueur L, encastrée à un bout, nous avons
des conditions limites suivantes :
ϕ=0
ϕ0 = 0
ϕ00 = 0
ϕ000 = 0
Nous arrivons à :
cos(kL).ch(kL) + 1 = 0 (D.9)
227
5. Solutions
Résolution de l’équation (D.9) nous donne les valeurs des fréquences des modes
propres :
s
Rn2 EI
fn = (D.10)
2π ρAL4
avec :
Equation équilibre :
∂2u ∂T
ρ 2
= (E.1)
∂t ∂z
Equation du comportement :
∂u
T = GSc (E.2)
∂z
2. Modes propres :
u(z, t) = ϕsinωt
nous arrivons à :
Gϕ00 + ρω 2 ϕ = 0 (E.3)
ω
ϕ00 + ( )2 ϕ = 0 (E.4)
C
229
230 ANNEXE E. MODÈLE D’UNE POUTRE DE CISAILLEMENT
ϕ(z = 0) = 0
τ (z = H) = 0
4. Solutions :
C π
ωk = (2k − 1) (E.6)
H 2
ωk C
⇒ fk = = (2k − 1) (E.7)
2π 4H
(k = 1; 2; ...)
ou :
s
2k − 1 E
fk = (E.8)
4H 2(1 + ν)ρ
(k = 1; 2; ...)
Annexe F
Similaire aux procédures présentées dans le chapitre 8, les mesures dynamiques ont
aussi été réalisées sur la maison de Thiers (présenté dans les mesures à vraie échelle du
chapitre 7) après sa finition. Cependant, il y avait des travaux dans cette maison au mo-
ment des mesures, les signaux obtenus ne sont donc pas nets et nous ne pouvons pas
déterminer les fréquences propres de cette maison. La modélisation en 3D de cette maison
par la méthode des éléments finis est présentée dans les Figures F.1 et F.2. La réalisation
des mesures sur cette maison à un autre moment est nécessaire pour calibrer le modèle.
Fig. F.1 – Modélisation la maison de Thiers en 3D par la méthode des éléments fini : la
modélisation des murs par des éléments volumiques de 8 noeuds.
231
232 ANNEXE F. MESURES SUR DES MAISONS RÉELLES
Fig. F.2 – Vue en plan des murs du modèle qui présentent fidèlement la géométrie des
murs sur site.
Annexe G
233
234 ANNEXE G. MAISONS EN PIERRES SÈCHES ET OSSATURE BOIS
G.3 Chargement
G.3.1 Charges permanentes - poids des structures
– Masse de la toiture :
Fig. G.2 – Modèle 3D de l’ossature supportant la toiture après la chute de mur en pierre
sèche.
(0, 87 + 0, 99)T
0, 72T /m2 + 0, 079T /m2 + = 0, 826T /m2 ' 0, 83T /m2
(5, 26 × 13, 24)m2
– Masse de la toiture :
⇒ T ' 0, 1s
Charge sismique :
Cv × I
V = × W2
RT
G.3. CHARGEMENT 237
0, 3 × 1
V = × 90, 7 = 97, 2(T )
2, 8 × 0, 1
The total design base shear need not exeed the following :
2, 5Ca 2, 5 × 0, 3
V = × W2 = × 90, 7 = 24, 3(T )
R 2, 8
Donc, on utilisera la valeur V = 24, 3T pour la conception de l’ossature bois.
Dans les calculs, on néglige aussi le confinement des pierre sur les colonnes et les
treillis de contreventement. Dans le cas où il existe ce confinement, l’ossature bois travaille
encore beaucoup mieux.
Fig. G.4 – Schéma des efforts horizontaux appliquant à l’ossature dans la direction X
Fig. G.5 – Schéma des efforts horizontaux appliquant à l’ossature dans la direction Y
Section nécessaire :
0, 069M N
Scal = = 86 × 104 m2 = 86cm2 < S = 226cm2
8M P a
⇒Section choisie des colonnes est suffisante (en réalité, la section au pied de colonne réduit
un petit peu du fait à la mise en place des boulons mais elle reste encore satisfaissante).
0, 144M N × 1, 2
⇒ La section nécessaire : S = = 216 × 104 m2 = 216cm2
8M P a
(coefficient de 1,2 tient compte le flambement)
⇒ Choichissons la section (12 × 18)cm2 , S = 216cm2
Note : On peut utiliser 2 barres pour avoir une section équivalente.
σm : contrainte de flexion dues aux charges latérales : il n’existe pas dans notre cas.
⇒ La section choisie est tout à fait satisfaisante les conditions (G.3) et (G.4) au-
dessus.
G.5. MUR EN PIERRE 241
6M
σ=
bh2
6 × 1, 7 × 10−2 M N.m
σ= = 13, 1M P a > 8M P a (pas satisfait)
12, 7 × 25, 42 × 10−6 m3
Il faut changer la section des poutres. Choisissons (15 × 30)cm2 , la contrainte maximale
dans la poutre :
6 × 1, 7 × 10−2 M N.m
σ= = 7, 56M P a < 8M P a (satisfait)
15 × 302 × 10−6 m3
V
Vcol =
24
24, 3T
Vcol = = 1, 0(T )
24
La contrainte de cisaillement à la base de chaque colonne :
Vcol 1, 0 × 10−2 M N
τcol = = = 0, 44(M P a) < Rcisaillement−bois = 1, 2M P a
Scol 17, 78 × 12, 7 × 10−4
Fig. G.6 – Schéma de transfert des charges de la toiture sur les murs en pierre.
1
S = (13, 22 + 7, 97) × 2, 63 = 27, 86(m2 )
2
Puisque le mur 1 est divisé en 3 partie par 2 bandes de séisme (Fig. G.7), on fera la
vérification pour chaque partie.
On vérifiera dans les directions ”hors plan” des murs-les directions plus dévaforables.
G.5. MUR EN PIERRE 243
Fp1 = 4 × Ca × Ip × Wp
Fp1 = 4 × 0, 3 × 1 × 11, 51 = 13, 81(T )
Le moment de tourner :
Fp2 = 4 × Ca × Ip × Wp
Fp2 = 4 × 0, 3 × 1 × 8, 38 = 10, 0(T )
Le moment de tourner :
Fp = 4 × 0, 3 × 1 × 6, 93 = 8, 32(T )
La force de frottement :
– Pour la partie 2 :
Ff rot2 = (23, 12 + 11, 51)T × tg250 = 16, 15T > Fp2 = 10, 0(T ) (satisfait)
Avec la même procédure comme avec le mur 1, on arrive aussi à la conclusion qu’il
faut ajouter au moins 35cm de grillage à la tête du mur et que ce mur satisfait la condition
de cisaillement.
G.6. CONNEXION À LA FONDATION ET RECOMMANDATION 245
G.6.3 Fondation
– Poids total :
q = 1m × 1, 1m × 2T /m3 = 2, 2T /m
Le moment maximal :
2, 2T /m × (0, 4m)2
M= = 0, 0704(T m)
2
La contrainte maximale à la traction :
6M 6 × 0, 0704 × 10−2 M N m
σmax = = = 0, 0264M P a < Rtraction de béton
bh2 1m × (0, 4m)2
G.6.5 Discussion
– La solution d’utiliser le tirant est choisie comme une solution aceptable dans ce
cas.
– Dans les calculs au-dessus, on n’a pas compté le frottement latéral positif entre la
semelle, le poteau en béton et le sol. Cela est considéré aussi comme un coefficient
de sécurité.
G.7 Conclusions
– Quand une charge sismique s’applique sur ce type de maison, les murs en pierre
jouent un rôle positif de confinement de l’ossature bois, mais on l’a négligé dans
cette note de calcul.
– Le mur en pierre peut partager aussi avec l’ossature bois une partie des charges
appliquées. Mais dans cette note de calcul, on a considéré que les murs en pierre
sèche sont les éléments ”non-structuraux”. D’une part, on a cherché des solutions
pour que les murs soient stable ; d’autre part, on a considéré que l’ossature bois
peut supporter toute la charge sismique transmise par les murs. La raison est que
l’interaction ”bois-pierres” est très compliquée et on ne peut pas encore distinguer
combien de poucentage de charge est supportée par l’ossature ou par les murs en
pierre, ce qui nous conduit à un surdimensionnement.
Avec les hypothèses défavorables au-dessus, on a montré que la structure proposée satis-
fait des conditions de parasismique.
Note :
– L’utilisation du toit léger en métal ne satisfait pas la condition de renversement
des murs (le toit n’est pas suffissamment lourd).
– Il faut vérifier que le bois sur site a la résistance à la traction est de 8MPa comme
dans cette note de calcul (faire des essais de flexion simple sur site du type casse
bloc pour les BTC/adobes).
G.7. CONCLUSIONS 249
RESUME :
La construction de bâtiments en pisé est une technique ancienne qui connaît un nouvel essor aujourd'hui dans le monde grâce
à la performance énergétique de ce matériau dans tout le cycle de vie d'un bâtiment: phases de construction, d'occupation et de
démolition. Ce point fort permet de considérer le pisé comme un matériau prometteur du secteur du bâtiment dans le contexte
du développement durable. Pourtant, il subsiste des problèmes de quantification de la durabilité, des performances mécaniques
et thermiques qui empêchent la population d'utiliser ce matériau. Cette thèse est consacrée à l'étude de ces problèmes,
notamment les deux premiers.
L'étude de la durabilité du pisé a été réalisée sur les murets en pisé exposés pendant 20 ans dans les conditions naturelles sur
site. Une méthode de mesure de l'érosion des murs en pisé est mise au point à partir de la méthode de stéréophotogrammétrie.
Des résultats obtenus ont montré une durée de vie de plus de 60 ans pour des murs en pisé non-stabilisé.
L'étude des caractéristiques mécaniques en compression du matériau pisé a été réalisée sur trois échelles différentes. La
première est l'échelle des murs sur site. Des mesures dynamiques ont été réalisées sur site pour déterminer des fréquences
propres des murs. Le module d'élasticité est déterminé à partir des fréquences propres mesurées en utilisant une modélisation
par éléments finis. La deuxième est l'échelle des échantillons représentatifs du matériau pisé (des dimensions proches des murs
sur site) fabriqués et testés en laboratoire. Finalement, en ce qui concerne la dernière échelle (microscopique), des essais sont
réalisés sur des blocs de terre comprimée (BTC) équivalents. Une procédure d'homogénéisation est réalisée pour mettre au
point une procédure de test en laboratoire qui permet de remplacer les échantillons de pisé par les BTC équivalents pour
faciliter la procédure de test.
Une étude exploratoire des caractéristiques parasismiques des maisons en pisé a aussi été mise en place. La comparaison des
périodes propres des maisons mesurées sur site et celles des formules empiriques proposées par des règles parasismiques a été
réalisée. Les techniques de renforcement afin d'améliorer la capacité parasismique des maisons en pisé ont aussi été discutées.
MOTS-CLES :
Développement durable, construction en terre, pisé, durabilité, stéréophotogrammétrie, résistance à la compression, module
d'élasticité, vibration, fréquence propre, parasismique, bloc de terre comprimé.
Laboratoire (s) de recherche : Laboratoire Géomatériaux du Département Génie Civil et Bâtiment, CNRS-URA1652,
Ecole Nationale des Travaux Publics de l'Etat
Président de jury :
Composition du jury : Minh-Phong LUONG, Djimédo KONDO, Irini DJERAN-MAIGRE, Pierre FORAY,
Claude-Henri LAMARQUE, Jean-Claude MOREL, Stéphane HANS