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Dr Badolo
[PHYLOGENIE DES
PROTOZOAIRES – L2S3]
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Phylogenie des protozoaires – L2S3
Première partie : Introduction générale
I. Introduction
La diversité des animaux est incroyable. En taille, les animaux peuvent varier de quelques µm à des
dizaines de mètres. Certains ne vivent que quelques jours, d'autres plus d'un siècle. On retrouve des
animaux dans tous les habitats, allant des fosses abyssales aux pics des plus hautes montagnes.
Pourtant, malgré leurs nombreuses différences, tous ces organismes ont plusieurs choses en
commun. Ils proviennent vraisemblablement d'un même ancêtre, ont fondamentalement les mêmes
besoins, et font face aux mêmes contraintes imposées par le milieu dans lequel ils vivent.
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Les Protozoaires
1. Définition
Les Protozoaires sont des organismes mobiles unicellulaires même s'ils possèdent plusieurs
noyaux: le noyau est toujours limité par une membrane nucléaire. Les Protozoaires sont
hétérotrophes, dépourvus de chlorophylle. La Cellule assure seule grâce à ses organites (organites
contractiles, squelettiques, locomoteurs, excréteurs ...), toutes les fonctions physiologiques
normalement dévolues à des organes ou systèmes d'organes chez les Métazoaires. Leur
reproduction est soit sexuée, soit asexuée. Très polymorphes, on les trouve dans tous les milieux :
mers, eaux douces, terre humide.
On connait de nombreuses formes parasites et symbiotiques. Les Protozoaires sont tous de petite
taille (de 1 a 500µm, voire 4 mm) sauf certains Foraminifères (plusieurs cm). Une cellule de
Protozoaire n'est pas comparable à une cellule de Métazoaire mais à un organisme pluricellulaire.
2. Structure Générale
Un Protozoaire est constitué d'un cytoplasme entouré d'une membrane cytoplasmique. Dans le
cytoplasme on trouvera l'appareil nucléaire et un certain nombre d'organites que l'on peut diviser
en « organites membranaires » : chondriome abondant, appareil de Golgi plus ou moins
complexe, un ergastoplasme, une ou plusieurs vacuoles contractiles et des gastrioles (= vacuoles
digestives) et en « organites fibrillaires » : cils, flagelles (Fig. 2) et structures associées
(cinétosome, blépharoplaste et dérivés intracytoplasmiques).
2.1. Cytoplasme
Incolore et homogène, sa viscosité varie avec les espèces. Il se différencie en un ectoplasme
périphérique, hyalin, visqueux, limité par une membrane cytoplasmique lipoprotéique mince, et
un endoplasme interne, fluide et riche en enclaves.
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2.1.2. La Membrane Cellulaire
Le cytoplasme est limité par une membrane plasmique de structure classique. C'est une structure
aussi complexe que chez les Métazoaires et qui assure une perméabilité sélective.
Associé à ce réticulum, le corps de Golgi forme un ensemble en général très développé constitué
de plusieurs unités, notamment chez certains Flagellés, mais parfois réduit ou même absent
comme chez certains Ciliés.
Les vacuoles contractiles des Ciliés, des Flagellés et d'un certain nombre d'Amibes sont des
cavités limitées par une membrane simple et pleines de liquide. Chez les Ciliés la structure des
vacuoles contractiles est assez complexe : cavité avec de gros canaux radiaires ainsi que tout un
réseau de microtubules. Animée d'une pulsation de fréquence déterminée (selon les espèces), la
vacuole, alimentée par les canaux collecteurs, augmente de taille (diastole) jusqu'à un volume
maximum puis se contracte brusquement (systole) pour éliminer le liquide à l'extérieur' de la
cellule par l'intermédiaire d'un pore fermé qui se brise à chaque systole. Bien qu'assez
controversé, le rôle des vacuoles contractiles serait d'assurer les fonctions d'épuration de la cellule
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et de régulation de la pression osmotique : en effet, le rythme des contractions diminue dans un
milieu hypertonique.
2.3.2. Le Centrosome
Limité en période d'interphase au centriole, c'est un organite permanent chez les Protozoaires. Il
est toujours localisé près du noyau. Il participe à la division mitotique mais intervient également
dans le fonctionnement flagellaire et ciliaire par l'intermédiaire des blépharoplastes dont il
contrôle la différenciation. Chez les Flagellés, le centrosome et le Golgi s'associent en un appareil
para basal.
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éjectables (d'aspect fibre structurée ou mucilagéniforme) : akontobolocystes (ou trichocystes
lanceurs), toxicystes, mucocystes ... Tous ces dispositifs ne sont sans doute pas homologues. Ni
membranaires, ni fibrillaires, ces structures ovoïdes sont localisées dans la zone ectoplasmique
même si elles sont originaires de l'endoplasme.
— Les mucocystes existent chez les Ciliés et les Flagellés. De petite taille, ils répondent à
divers stimulus par une extrusion de substances mucoïdes (mélange de polysaccharides, de
protéines et de protéolipides). D'aspect paracristallin, ils pourraient avoir un rôle protecteur
contre diverses agressions du milieu et participer à l'élaboration des kystes de résistance.
— Les trichocystes lanceurs (ou trichocystes sensu stricto), très communs chez les Ciliés,
sont connus aussi chez les Pérédiniens. Le trichocyste, de nature glycoprotéique, peut se
diviser schématiquement en un propulseur et une tête (Fig. 5). Le premier est de forme
généralement cylindrique au repos ; lors de la détente, il s'allonge de 7 à 8 fois réduisant son
diamètre d'origine et son aspect cristallin devenant alors strié. La tête, très polymorphe selon
les espèces, ressemble à un clou chez les paramécies. Le rôle de ces trichocystes lanceurs reste
encore à l'heure actuelle très mystérieux : 'rôles défensif, osmorégulateur, de soutien ? la
première hypothèse parait la plus vraisemblable.
— Les toxicystes n'existent que chez les Ciliés. Ils renferment une toxine. Constitués d'une
capsule renfermant un cylindre qui peut, en se dévaginant, tripler sa longueur (Fig. 5) ;
l'extrémité de ce cylindre renferme la substance toxique. Celle-ci, injectée à la proie entraîne
son histolyse ; dans d'autres cas, les toxicystes adhèrent à la paroi de la proie.
Il s'agit de sécrétions variées formant une enveloppe de mucus ou un véritable squelette externe
: coquilles, tests que l'on trouvera par exemple chez certaines amibes (Fig. 9) ou chez les
Foraminifères (Fig. 10 b, c) et les Actinopodes (Fig. 11). Chez d'autres il s'agit plus simplement
d'écailles ou d'épines localisées à la surface des animaux. Entrent encore dans cette catégorie le
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matériel protéique de type kératine qui entoure le pédicelle des Vorticelles d'une part, les
enveloppes des spores ou autres phases de latence, de nature chimique variée, d'autre part.
3. Phylogenie
Protozoaires : anciennement, organismes unicellulaires voire coloniaux généralement
hétérotrophes, classés auprès des animaux (conçus avec le sous-entendu discutable qu’ils
"précèdent les animaux dans l’évolution : proto-). En fait, ces organismes appartiennent à des
lignées diverses, dont certaines comprennent aussi des organismes photosynthétiques (les anciens
ouvrages discutent d’ailleurs les limites animal/végétal, autour de l’Euglène par exemple). On y
trouve des organismes dérivés d’ancêtres pluricellulaires : microsporidies dans le taxon 8.1 ou
myxozoaires dans le taxon 8.2. Groupe polyphylétique et terme vieilli, tout au plus utilisable
comme qualificatif en langage courant (unicellulaire hétérotrophe). On lui préférera le nom exact
du groupe concerné !
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de pyruvate. Ils sont en fait dérivés de mitochondries. Les groupes dotés d’hydrogénosomes
auraient donc dérivé d’ancêtres pourvus de mitochondries.
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(3) Un plasmode vrai est un ensemble de noyaux réunis dans un seul cytoplasme amiboïde :
c'est un syncytium ou coenocyte. Dans un pseudoplasmode, les noyaux sont encore séparés
entre eux par des membranes plasmiques : ce sont des cellules agrégées entre elles.
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Groupe comprenant des hétérotrophes unicellulaires ou filamenteux (ceux-ci étaient autrefois
classés avec les Eumycètes : les Oomycètes) et des autotrophes unicellulaires ou
multicellulaires. C’est un groupe-frère des Alvéolobiontes (qui ont comme eux des
mitochondries à crêtes tubulaires, et forment avec eux les Chromalvéolés), l’ensemble étant
un groupe-frère des Rhizaria. Le plaste à 4 membranes dérive, lorsqu’il est présent, d’une
algue rouge endosymbiotique. La richesse en fucoxanthine des taxons photosynthétiques vaut
à ce groupe le nom de "Lignée Brune". Les Hétérocontes possèdent : une paroi cellulosique,
des réserves sous forme de β-1-3 glucanes solubles (laminarines vacuolaires), des
mitochondries à crêtes tubulaires et surtout un appareil cinétique à deux flagelles
dissemblables, expliquant leur nom ("à poils différents") sur les gamètes ou les spores. Le
flagelle antérieur est couvert de poils tubulaires tripartites (mastigonème) et le postérieur est
lisse (sauf chez les Hypochytridiomycètes et des Opalines notamment : perte secondaire d’un
ou deux flagelle(s), respectivement).
Haptophytes et Cryptophytes sont proches, mais plus basaux; ils ont un plaste homologue aux
hétérocontes photosynthétiques. Avec eux se groupent les Centrohéliozoaires (ou Héliozoaires
Centrohélides, des hétérotrophes amiboïdes comme Heterophrys), les Télonemias et les
Kataplepharides (des hétérotrophes flagellés, dont une espèce à plastes transitoires, l’haténa),
ainsi que les Picobiliphytes (picoeucaryotes à phycobilisomes découvert par l’écologie
moléculaire). Ils forment les Hacrobies (Haptophytes + Cryptophytes), un taxon sans
apomorphie morpho-anatomique.
Principaux groupes des Hétérocontes ; * : acquisition du plaste (hypothèse "tardive").
◊ Hétérotrophes (2) : (ensemble polyphylétique, n’ayant pas ou plus de plaste)
◊◊ Unicellulaires : OPALINES (Opalina), BICOSOECIDES (Cafeteria),
Héliozoaires Actinophryidés (Actinophrys), etc.
◊◊ Unicellulaires formant un réseau : LABYRINTHULIDES(1) (Labyrinthula)
◊◊ Paroi formée d’écailles en galactanes : THRAUSTOCHYTRIDES (Thraustochytrium)
◊◊ Filamenteux (siphon coenocytique) : taxon polyphyl. autrefois classé parmi les
champignons
◊◊◊ Zoïdes hétérocontés, des oospores(2)(4) : OOMYCETES (Phytophtora, Plasmopara)
◊◊◊ Zoïdes à un seul flagelle antérieur : HYP(H)OCHYTRIDIOMYCETES (Rhizochytrium)
◊ Autotrophes (chlorophylle a et c) : OCHROPHYTES(3) (= HETEROCONTOPHYTES)
◊◊ Pluricell., avec alginates et plasmodesmes : PH(A)EOPHYTES (= ALGUES BRUNES)
(Fucus)
◊◊ Unicellaires à frustules siliceux : DIATOMOPHYTES (= DIATOMEES,
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BACILLARIOPHYTES) (Navicula)
◊◊ Et autres unicell. ou filamenteux dont : XANTHOPHYTES (Vaucheria),
CHRYSOPHYTES,
BOLIDOPHYTES, DICTYOPHYTES, EUSTIGMATOPHYTES,
PEDINELLOPHYTES, PELAGOPHYTES, RAPHIDOPHYTES, TRIBOPHYTES, etc.
Incertae sedis d’affinité hétéroconte probable(4) :
◊◊ Phycobiliprotéines(5) en solution dans les thylakoïdes,
chlorophylles a et c, amidon, nucléomorphe(5) : CRYPTOPHYTES(5) (Cryptomonas)
◊◊ Chlorophylles a et c, pas d'amidon, haptonème(6) : HAPTOPHYTES (=
PRYMNESIOPHYTES)
(dont les Coccolithophoridées de la craie)
(1) Groupe d’amiboïdes dont les cellules forment un réseau ressemblant à un plasmode, ce qui
les plaçait autrefois parmi les Myxomycètes s.l. (voir taxon 7), sous le nom de
Labyrinthulomycètes ou Hydromyxomycètes (terme à
éviter !). Un autre groupe, les Thraustochytridiomycètes, est aussi reclassé auprès des
Labyrinthulides.
(2) La position exacte des Opalines (affinités avec les Alvéolobiontes) reste incertaine ; les
hétérocontes hétérotrophes contiennent quelques Héliozoaires et des Champignons au sens
classique, qui ne sont donc pas monophylétiques
(voir taxon 8.1). L’oospore est un zygote enkysté, diploïde (à opposer à la zygospore
Zygomycètes, taxon 8.1).
(3) La présence commune de chlorophylle c avait conduit à un regroupement avec les
Dinophytes (taxon 3), les Cryptophytes, les Haptophytes, voire certains Choanoflagellés
(taxon 8), au sein des "Chromophytes" – groupe nettement polyphylétique.
(4) Si les Haptophytes et les Cryptophytes étaient des lignées basales (figure 4), alors
l’acquisition du plaste des Hétérocontes pourrait être antérieure à l’émergence des lignées non
photosynthétiques, qui auraient donc perdu leurs plastes. Ceci est soutenu par le génome
nucléaire de Phytophthora, un oomycète, qui comporte des genes d’origine plastidiale : les
Oomycètes au moins ont perdu leur plaste (tout comme les Ciliés du taxon 3).
(5) Protéines pigmentées (hème tétrapyrolique) assurant la collecte de la lumière :
phycoérythrine, phycocyanine, allophycocyanine. Egalement présentes chez les Rhodobiontes
et les Glaucocystophytes - taxon 5 -, proches parents du plaste de ces organismes). Le
nucléomorphe est le noyau vestigial de l’algue rouge internalisée. Les Cryptophytes ont une
position discutée, certains défendant un lien au taxon 5.
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(6) Haptonème : diverticule cellulaire filamenteux (contenant des microtubules entourés de
réticulum), placé entre les flagelles. Selon les cas, il sert à éviter les obstacles, adhérer au
substrat ou capturer des proies pour les espèces facultativement phagotrophes.
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(1) Un plasmode vrai est un ensemble de noyaux réunis dans un seul cytoplasme amiboïde :
c'est un syncytium ou coenocyte, formé après fécondation entre deux cellules amiboïdes. Dans
un pseudoplasmode, les noyaux sont encore séparés entre eux par des membranes plasmiques
: ce sont de multiples amibes qui s’agrégent.
(2) Autrefois les Acrasides = Acrasiomycètes s.s. (taxon 2) étaient regroupés avec les
Mycétozoaires et les Plasmodiophorales, voire parfois même avec les Labyrinthulomycètes et
les Thraustochytridiomycètes (taxon 4) en un groupe de Myxomycètes s.l. (aussi appelé
Myxomycétozoaires s.l.). Noter aussi que certaines phylogenies rapprochent les Hétérolobosés
des Mycétozoaires. Les Protostélides pourraient être polyphylétiques.
(3) Le péridium est une assise acellulaire limitant le sporophore et protégeant les spores.
(4) Existence de mitosomes ou hydrogénosomes chez les Pélobiontes et de cryptons (=
mitosomes) chez les Entamibes, qui sont des dérivés des mitochondries.
(5) Incluant les Vahlkampfiidés, monophylie douteuse.
Nous avons vu que cils et flagelles présentent fondamentalement la même structure qui est
répandue également chez de nombreux Métazoaires (épithélium cilié, spermatozoïdes, par
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exemple).
5. Nutrition
6. Reproduction
La reproduction chez les Protozoaires se fait essentiellement par voie asexuée. Dans certains
cas, toutefois, certaines formes présentent une reproduction sexuée.
Dans le cas de division multiple, la schizogonie (voir Fig. 21), le noyau se divise plusieurs
fois et le cytoplasme ne se divise qu'après la fin des divisions nucléaires par un simple
découpage des territoires renfermant chacun un noyau fils. Les éléments qui se découpent sont
appelés schizozoïtes (chez les Sporozoaires). Ces phénomènes de schizogonie sont tout
particulièrement développés chez les formes parasites. Ils permettent ainsi une compensation
des aléas du cycle biologique de l'espèce. Remarque : On mentionnera pour mémoire le cas de
bourgeonnement ou gemmiparité à la surface de la cellule parentale chez les Acinétiens.
Elle se caractérise par la fusion de deux cellules sexuelles haploïdes (issues d'un phénomène
de méiose) qui donnent un zygote diploïde. Chez les Protozoaires, ce dernier a, le plus souvent,
un rôle effacé. Selon la position relative de la fécondation et de la méiose lors du cycle
biologique on distinguera trois cas :
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6.2.2. Les Diplontes
C'est un cycle diplobiontique comparable à ceux des Métazoaires. Les individus sont diploïdes
et la méiose s'effectue au cours de la gamétogenèse: c'est le cas des Ciliés.
Chez les Ciliés il y a un véritable accouplement appelé conjugaison (Fig. 18 b). La
conjugaison n'a lieu qu'après l'acquisition d'un état de maturité des partenaires ou conjugants.
Prenons l'exemple des paramécies. Lors de la reproduction sexuée les deux conjugants s'accolent
d'abord antérieurement puis latéralement. Chaque micronucléus subit une méiose (donc il y a
réduction chromatique) qui donne 4 noyaux ; trois d'entre eux dégénèrent, le quatrième donnant
un pronucléus « mâle » et un pronucléus « femelle ». Le pronucléus « mâle » d'un conjugant
migre dans le cytoplasme du partenaire, le pronucléus « femelle » ne bougeant pas. Il y a fusion
du pronucléus migrant avec le pronucléus statique en un syncaryon diploïde. Après cette
fécondation réciproque les deux conjugants se séparent ; le macronucléus dégénère tandis que le
syncaryon est l'objet de plusieurs divisions successives qui vont donner naissance au
macronucléus (phénomène d'endomitose) et au micronucléus.
Le rôle écologique des Protozoaires dans la biosphère est très important. En effet, nombre de
Protozoaires libres occupent une place essentielle dans les chaînes alimentaires. D'autres
établissent, avec divers êtres vivants, des relations très étroites : symbiose ou parasitisme.
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On trouvera des Protozoaires à différents niveaux d'une chaîne alimentaire. Les Protozoaires
autotrophes (type Euglène) sont des producteurs primaires. Les nombreuses espèces hétérotrophes
s'avèrent être des consommateurs de premier ordre qui se nourrissent pour nombre d'entre eux
d'algues ; d'autres sont d'ardents prédateurs (nombreux exemples parmi les Ciliés, les Flagellés et
les Rhizopodes) qui se nourrissent soit de Protozoaires, soit de larves de Métazoaires ou même de
petits Métazoaires tels que des Rotifères.
Dans la nature, la biomasse des Protozoaires est dans bien des cas sous-évaluée. Beaucoup
d'entre eux jouent un rôle capital dans les chaînes alimentaires. En effet ils occupent une place
prépondérante dans les chaînes alimentaires tout en y jouant également divers rôles
complémentaires des plus importants :
- Protozoaires symbiontes des Oligochètes conversion de substances complexes comme la
cellulose.
— détritivores décomposeurs : ils stimulent les processus de décomposition de la matière
organique et de sa minéralisation ; ils agissent alors en synergie avec les bactéries et les
champignons.
Ces rôles écologiques importants se sont manifestés chez les Protozoaires tout au long des temps
géologiques comme l'attestent les abondants restes squelettiques de nombreuses espèces de
Flagellés (Coccolithes), de Foraminifères, (Fusulines, Nummulites, Alvéolines, Milioles), de
Radiolaires, de Ciliés (Tintinnidiens) qui constituent 'des roches sédimentaires formant des
couches imposantes par l'épaisseur et l'étendue. L'observation des strates successives, dans
certains gisements fossilifères, fournit souvent des séries évolutives très intéressantes ; on peut
alors procéder à des analyses statistiques des espèces en présence dans une même roche.
Les Protozoaires peuvent établir selon les espèces des associations plus ou moins lâches (Pho-
résie) ou au contraire très étroites (Symbiose, Parasitisme) avec d'autres êtres vivants. Nous en
donnerons rapidement quelques exemples :
7.2.1. Phorésie
De nombreux Protozoaires vivent à la surface d'autres êtres vivants. Les exemples sont nom-
breux : Vorticelles, Zoothamnium, Acinétiens.
7.2.2. Symbiose
De nombreux animaux phytophages parmi les Métazoaires ont des régimes alimentaires riches
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en polymères glucidiques qui nécessitent des équipements enzymatiques particuliers pour la
dégradation de ces substances complexes. Ces animaux utilisent, dans bien des cas, le concours
de microorganismes variés (bactéries, levures, Flagellés, Ciliés, ...) en établissant des symbioses
parfois spectaculaires : cas des Termites chez les Insectes, des Ruminants et des Equidés chez les
Mammifères pour ne citer que les plus classiques.
On trouve dans le rectum de certains Insectes mangeurs de bois (xylophages) une faune de
Protozoaires absolument remarquable appartenant au groupe des Flagellés Hypermastigines (Fig.
7) (avec de nombreux et très grands flagelles). C'est le cas des Termites par exemple : si pour une
raison quelconque les Hypermastigines sont éliminés du rectum, le termite meurt à moins qu'il
n'absorbe d'autres Flagellés. On peut observer cytologiquement que la cellulose est digérée dans
le cytoplasme de ces espèces qui sont anaérobies. Il s'agit d'une véritable symbiose.
Chez les Termites, les Flagellés (Fig. 7), localisés dans la chambre de fermentation de l'intestin
postérieur, phagocytent les fragments de bois (qui ont été mastiqués par les pièces buccales du
termite) ; seule la cellulose est digérée, les lignines étant rejetées. Après chaque mue, le termite
doit se réinfester puisque les symbiotes sont évacués avec la cuticule proctodéale (voir Chapitre
Arthropodes). Cette infestation se fait par la consommation de l'exuvie ou par l'ingestion d'une
gouttelette du contenu rectal d'un congénaire. La dégradation de la cellulose s'effectuant après le
mésentéron, elle ne fournit essentiellement que des substances énergétiques.
Dans la panse des Ruminants, des mécanismes similaires ont été décrits avec l'intervention de
Ciliés anaérobies du groupe des Ophryoscolécidés en association avec des bactéries libres. Dans
la panse (250 litres chez le boeuf) d'un ruminant, il y a environ 106 Ciliés./ ml (et environ 1011
bactéries). Les bactéries présentent une forte activité cellulolytique anaérobie et sont capables de
dégrader la lignine et divers autres composés complexes ; elles libèrent des acides gras à courte
chaîne, du CO2 et du méthane. Une partie de ces bactéries est ensuite digérée dans la caillette.
Bien que les bactéries jouent un rôle très important (sinon essentiel), il est maintenant démontré
que la contribution des Ciliés dans la dégradation de la cellulose est effective; mais ils digèrent
également l'amidon. En fait leur intérêt majeur est qu'ils phagocytent une grande quantité de
bactéries et seront digérés à leur tour dans la caillette. Ainsi un boeuf consomme par jour 1 à 1,5
kg de Protozoaires et de bactéries. Par leur activité de phagocytose sur les bactéries, les Ciliés
régulariseraient en fait la population bactérienne et amélioreraient son efficacité. On retrouve là
une fonction essentielle des Protozoaires vis à vis des peuplements bactériens du sol. La
dégradation de la cellulose s'effectue au début du transit intestinal (contrairement aux termites) et
fournit donc des nutriments azotés et énergétiques. La panse, comme chambre de fermentation,
représente un « biotope » particulier avec une chaîne alimentaire originale : Bactéries — Ciliés
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—Boeuf.
7.2.3. Parasitisme
Un certain nombre de Protozoaires sont des parasites typiques dont certains sont responsables
de maladies très graves. Certains groupes qui ne renferment que des formes parasites, comme les
Sporozoaires, se sont adaptés à un mode de vie parasitaire comme cela existe également chez
certains Métazoaires (Trématodes par exemple).
Nous allons voir trois exemples classiques de parasitoses humaines.
L'agent de la Maladie du sommeil, vit dans le sang, la moelle osseuse et le liquide céphalo-
rachidien de l'Homme (ou d'autres « réservoirs » : Antilopes et Bovidés). Ces Flagellés d'une
taille moyenne de 20 p.m de long sur 2 à 3 de large, sont très mobiles ; ils sont transmis par la
piqure d'une mouche tsé-tsé dans l'organisme de laquelle les parasites passent 18 à 25 jours,
d'abord dans l'intestin (sous forme trypanosome) où ils se multiplient ; ils passent ensuite dans le
proventricule (forme crithridia) avant de remonter dans les glandes salivaires où leur
multiplication se poursuit pour donner les formes infectieuses. L'infestation de la mouche se fait
lorsque l'insecte pique un malade ou encore une antilope (ou un bovidé) « réservoir ».
L'affection provoquée par ce trypanosome dans l'organisme humain est redoutable ; la Maladie
du sommeil, exclusivement africaine, cause une mortalité importante dans les populations. Cette
parasitose qui se développe en deux temps est une affection chronique caractérisée notamment par
de la fièvre et divers troubles nerveux. La période d'invasion du parasite, après une incubation de
10 à 20 jours, se fait dans le sang et la lymphe et provoque une fièvre élevée et, parmi d'autres
symptomes, une hypertrophie du foie et de la rate. La deuxième phase, correspondant à la
Maladie du sommeil proprement dite, apparaît quelques semaines ou quelques mois après la
première période, lorsque les trypanosomes envahissent les méninges puis le liquide céphalo-
rachidien. Aux premiers symptomes qui s'accentuent, s'ajoutent des troubles nerveux variés :
céphalées, troubles moteurs et réflexes, troubles psychiques. En l'absence de traitement la maladie
est mortelle en quelques mois.
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7.2.3.2. L'amibiase ou dysenterie amibienne
Le vecteur de l'Amibiase, Entamoeba histolica, est un Rhizopode à un seul hôte (monoxène),
l'Homme (Fig. 20).
Cette parasitose, répandue dans le monde, sévit principalement dans les régions chaudes. La
contagion se fait par les kystes amibiens soit d'une manière directe par les mains des malades,
soit d'une manière indirecte par l'eau polluée ou les eaux d'égout servant à l'épandage. L'infection
est favorisée par la chaleur humide, le manque d'hygiène et l'alimentation défectueuse.
7.2.3.3. Le Paludisme
Le parasite du Paludisme (ou Malaria), Plasmodium falciparum (et trois autres espèces) est un
Sporozoaire polyxène à 2 hôtes : un moustique du genre Anopheles (hôte intermédiaire) et
l'Homme (hôte définitif) (Fig. 21).
L'agent responsable, l'hématozoaire, n'a été découvert qu'en 1878 et le rôle des Anophèles mis
en évidence qu'en 1895. De nos jours la paludisme est une parasitose qui sévit essentiellement
dans les régions tropicales et intertropicales.
Le Plasmodium falciparum est l'espèce la plus pathogène. Il parasite les globules rouges. Sa
taille ne dépasse jamais 5 µm et il se déplace par des mouvements amiboïdes.
Le paludisme est transmis à l'Homme par la piqure d'un anophèle infesté (Fig. 21). L'agent
infestant, un sporozoïte, s'installe dans une cellule hépatique où il va subir de nombreuses
divisions asexuées : par schizogonie donnant des schizozoïtes qui vont gagner la circulation
sanguine. Chaque schizozoïte pénètre dans une hématie et s'y multiplie toujours selon un
processus de schizogonie avec la formation des corps en rosace caractéristiques. La rupture des
hématies ou corps en rosace libérant les schizozoïtes est synchrone et coïncide avec les accès de
fièvre caractéristiques du paludisme.
Certains schizozoïtes au lieu d'évoluer vers le corps en rosace vont se différencier, dans
l'hématie, en éléments sexués, les gamontes que l'on trouve dans le sang périphérique. La suite
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du développement ne peut se poursuivre que chez l'Anophèle. Ce dernier peut ingérer des
gamontes en piquant un paludéen. Arrivés dans l'estomac du moustique, les gamontes mâles
donnent chacun plusieurs gamètes mâles alors que chaque gamonte femelle ne donne qu'un
gamète immobile. La fécondation donne un zygote appelé oocinète qui traverse les parois de
l'estomac à la surface duquel il s'enkyste en un oocyste.
L'action pathogène de l'hématozoaire du paludisme résulte d'une action spoliatrice sur les
hématies, d'une irritation de certains organes comme le foie et la rate, d'une action toxique
générale et par la formation d'embolies dans les capillaires viscé- raux.
Les premiers signes cliniques apparaissent 12 à 14 jours après l'infestation. Des fièvres d'abord
irrégulières prennent rapidement un aspect intermittent et se manifestent par une série d'accès
fébriles réguliers au moment de la mise en circulation des toxines lors de l'éclatement des corps
en rosace. Ces fièvres sont donc réglées par le rythme des schizogonies sanguines, caractéristique
spécifique ries espèces considérées.
A l'heure actuelle il n'existe pas de moyens permettant une éradication thérapeutique du
paludisme. La maladie est traitée par une chimiopro- phylaxie appropriée. De gros efforts sont
faits pour lutter contre les vecteurs c'est-à-dire les Anophèles soit par des moyens de protection
individuels : répulsifs, moustiquaires, soit par des moyens collectifs : destruction chimique ou
biologique des larves, gestion rationnelle des espaces marécageux et des cours d'eau, lutte contre
les adultes.
Les Ciliés, qui sont les plus grands Protozoaires, peuvent présenter des associations de type
phorésie, symbiose ou parasitisme (ecto et endo- parasites) avec d'autres organismes
unicellulaires ou des bactéries. On connait de nombreux cas où des micro-organismes
intracytoplasmiques sont indispensables à la survie du Cilié : symbiose avec des algues vertes
comme les Chlorelles ou, encore, avec des bactéries cellulolytiques. Certaines paramécies
peuvent être parasitées par des Flagellés.
Dr Badolo A. Page 22