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STABILITÉ AU DÉVERSEMENT
DE TRAVERSES ARTICULÉES OU SEMI-CONTINUES
D’OSSATURES MIXTES ACIER-BÉTON
EN PHASE DE CONSTRUCTION
par J.-M. Aribert
1. – PRÉSENTATION DU PROBLEME
Lorsque la tôle profilée est convenablement fixée aux poutres et solives, par exemple à
l’aide de goujons soudés au travers de la tôle, on considère généralement que cette der-
nière apporte un maintien latéral efficace aux semelles des poutres sur lesquelles elle
prend appui. Dès lors, si les assemblages des poutres secondaires AB et CD sur les ailes
des poteaux peuvent être considérés comme articulés, les poutres en question se trou-
vent automatiquement à l’abri du risque de déversement. En pratique, plus pour des rai-
sons de limitation de flèche en phase de construction que de capacité portante, on peut
avoir intérêt à concevoir des assemblages métalliques qui offrent une rigidité flexion-
nelle non négligeable, c’est-à-dire des assemblages classifiés comme semi-rigides dans
les codes actuels.
La figure 2 donne deux exemples de tels assemblages, réalisés d’une part avec platine
boulonnée non débordante, d’autre part avec cornières boulonnées (à noter que ces
J.-M. ARIBERT – Professeur des Universités, Directeur du laboratoire de structures à l’INSA de Rennes
MIX-CAL 2-01
2
A Poutre secondaire B
Poutre
0,5 ′ primaire
C Poutre secondaire D
Fig. 1 – Disposition classique des poutres d’un plancher avec dalle mixte
Poutre Poutre
secondaire secondaire
Poutre
primaire
MIX-CAL 2-01
En ce qui concerne les poutres primaires, de type AC, elles peuvent être attachées aux
poteaux, au niveau de leur âme, par des liaisons agissant perpendiculairement à l’âme
de ces poteaux, par exemple par l’intermédiaire d’un gousset soudé perpendiculaire-
ment à l’âme lorsque celle-ci est enrobée de béton armé et plus souvent par des cor-
nières boulonnées et s’apparentant à des articulations (cf. schéma de droite de la
figure 2).
De même, des cornières boulonnées peuvent être utilisées pour assurer la liaison, de
type A′, de la solive avec la poutre primaire comme le montre la figure 3.
Solive
Par ailleurs, les nervures de la tôle profilée étant parallèles aux poutres primaires, on ne
peut considérer que la semelle supérieure de ces poutres est maintenue par la tôle ;
seule la ou les solives situées entre les poutres secondaires apportent un entretoise-
ment localisé aux poutres primaires (points A′ et B ′ sur la figure 1). Dans ces conditions,
les méthodes couramment admises pour la vérification au déversement des poutres
métalliques non maintenues latéralement, et donc celle de l’Eurocode 3, s’appliquent.
Au sujet de la définition d’un critère de flèche des poutres métalliques d’un plancher
mixte lors de la phase de construction, on ne trouve pas vraiment de limite précise dans
les textes normatifs actuels. Ainsi, un commentaire du Document d’Application Natio-
nale de l’Eurocode 4 [3], donné à la clause 5.2.1(4), est le suivant :
« Pour les poutres non étayées où le niveau de référence est la face supérieure de la
poutre, il n’y a pas lieu de compter dans la composante δ1 de δmax la flèche prise par la
poutre métallique résistant seule. L’attention est attirée toutefois sur le supplément de
charge résultant de la surépaisseur de béton compensant la flèche (effet de mare)… ».
Pour mémoire, δ1 est la composante de la flèche due aux actions de courte durée et δmax
la flèche totale de la poutre mixte (comme expliqué à la clause 4.2.2 de l’Eurocode 3 [1]).
En conséquence, il y aura intérêt à limiter raisonnablement l’effet de mare au niveau
d’une poutre porteuse en adoptant un critère similaire à celui utilisé pour les dalles
mixtes (cf. clause 7.3.2(4) de [3]). On conviendra ici que : « Sous le poids propre du pro-
filé, de la tôle et du béton frais, la flèche à l’ELS, à mi-portée des poutres, reste infé-
rieure à la plus petite des deux valeurs /250 et 20 mm ».
– On donne tout d’abord quelques notions de l’analyse globale élastique d’une tra-
verse avec assemblages semi-rigides fixés sur des poteaux présentant une forte rigi-
dité flexionnelle.
MIX-CAL 2-01
– Une analyse plus complète est donnée, à titre indicatif, pour montrer comment l’effet
de flexibilité des poteaux peut être pris en compte.
M, θ > 0
p
Sj Sj
EI,
A B
Fig. 4 – Poutre élastique avec assemblages semi-rigides
Désignant par MAB le moment exercé par l’assemblage en A sur la poutre et par θA la
rotation de l’extrémité A de la poutre, la relation de comportement élastique de la
poutre est donnée par :
p2 2EI
MAB = – –––––– + θ ,
–––––– (1)
12 A
– MAB = Sj θA (2)
p2 1
θA = ––––––
–––––––––––––––– (3)
12 2EI/ + Sj
MIX-CAL 2-01
et
p2 1
MAB = – –––––– ––––––––––––––––––––– (4)
12 1 + 2EI / (Sj )
À noter que les expressions (3) et (4) redonnent bien, à la limite, des valeurs classiques.
Ainsi :
p3
– si Sj → 0, θA → ––––––– et MAB → 0 ;
24EI
p2
– si Sj → , θA → 0 et MAB → – .
–––––––
12 5
M, θ > 0
θA δ( x ) > 0
A B
x
θ( x )
Fig. 5 – Déformée élastique de la poutre
dθ M(x)
–––– = – (5)
dx EI
px
M(x) = MAB + ( – x) , (6)
2
px 2
EI(θ – θA) = – MAB x – (3 – 2x)
12
dδ
(puisque θ = θA pour x = 0), puis par nouvelle intégration compte tenu de θ = :
dx
x2 p x4
EIδ (x) = EIθAx – MAB – x3 –
2 12 2
MIX-CAL 2-01
2
1 p 4
δmax = δ(/2) = θA – MAB + (7)
2 EI 8 128
p 3 5 p4
6 θA =
24EI
, MAB = 0 et δmax =
384 EI
;
p 2 1 p4
θA = 0, MAB = et δmax = .
12 384 EI
EI
Sj = 6 (8)
pour la rigidité en rotation des assemblages. Pour mémoire, cette valeur est un peu infé-
8EI
rieure à la valeur limite à partir de laquelle une ossature contreventée peut être
considérée à nœuds rigides (cf. clause 6.9.6.2 de [1]) ; d’autre part, cette valeur est assez
élevée pour conduire par la suite à des zones significatives de moment négatif, adja-
centes aux assemblages, et à une réduction importante de la flèche maximale. Ainsi, les
expressions (3), (4) et (7) donnent successivement avec la valeur (8) choisie pour Sj :
p 3
θA = , (9)
96EI
p 2
MAB = – , (10)
16
p 4
et : δmax = . (11)
192EI
La flèche est donc réduite dans un rapport de 2,5 par rapport à celle de la poutre simple-
ment appuyée.
MIX-CAL 2-01
Comme expliqué plus haut, la méthode qui suit est basée sur la norme BS 5950-Partie 1
[2], plus précisément sur l’Annexe G de cette norme où il est affirmé d’ailleurs que la
méthode se place en sécurité. Cette annexe s’applique à des poutres ou tronçons de
poutre maintenus à leurs extrémités de manière efficace vis-à-vis de la torsion (avec
entretoisement des deux semelles en acier), la semelle supérieure étant maintenue vis- 7
à-vis du déplacement latéral de manière continue sur toute sa longueur, et la semelle
inférieure étant libre de se déplacer latéralement. Pour simplifier la présentation, seul le
cas des poutres à section constante est traité ci-après, mais il faut signaler que l’Annexe
G peut s’appliquer également au cas de poutres à section variable et lorsque la position
de la ligne de maintien latéral diffère de l’axe de la semelle supérieure.
λLT = nt u vt λ (12)
où :
λ est l’élancement /iz de l’élément entre deux sections droites entretoisées vis-à-vis
de la torsion (iz correspondant au rayon de giration de la section de poutre autour de
l’axe faible) ;
u est un paramètre d’instabilité (proche de 0,9) qui, pour les sections symétriques
(avec semelles) autour de l’axe faible, est donné par :
1 λ 2 –1/2
vt = 1 +
40 x
(14)
où x est un indice de torsion égal, pour les sections (avec semelles) symétriques
autour de l’axe faible, à :
1
12M
1/2
(1)
nt = [M Sd + 3 M (2) (3) (4) (5)
Sd + 4 M Sd + 3 M Sd + M Sd + 2(MS – ME)] (16)
pl.Rd
MIX-CAL 2-01
Ici :
(1)
M Sd à M (5)
Sd sont les valeurs des moments exercés respectivement à une extrémité, au
quart, à la moitié, aux trois quarts et à l’autre extrémité de la longueur comprise entre
les deux sections maintenues en torsion. Toutefois, seuls les moments négatifs M (i) Sd
(c’est-à-dire amenant la semelle inférieure à être comprimée) doivent être considérés et
pris en valeur absolue dans la formule (16) ;
Mpl . Rd est le moment de résistance plastique de la section droite de poutre (par rapport
à l’axe fort), indépendamment de la classe de la section (à noter que cette dernière est
prise en considération plus loin, à la relation (17)) ;
(1)
ME est le maximum de M Sd et M (5)
Sd ;
seules les valeurs positives de (MS – ME) doivent être retenues dans la formule (16).
La figure 6 donne deux exemples d’application de la formule (16), d’une part pour une
poutre assemblée de manière semi-rigide à deux poteaux intérieurs et chargée par le
poids du béton frais, d’autre part pour une poutre adjacente assemblée à un poteau
intérieur et à un poteau de rive et non encore chargée par le béton frais (en général, la
liaison avec un poteau de rive est considérée comme une articulation).
Remarque : l’expression (12) de λLT présente en fait une forme assez similaire à
l’expression (F-20) de l’Annexe F de [1], en notant que numériquement le terme
λ 1 λ
1 + 20 x
1 2 0,25 2 0,5
n’est pas très éloigné de 1 + et qu’en flexion uniforme, on
40 x
a : 1/C 0,5
1 = nt = 1.
–
Une fois l’élancement λLT calculé à l’aide de (12), on peut déduire l’élancement relatif λLT
tel qu’il est défini dans l’Eurocode 3 (clause 5.5.2(5) de [1]), à savoir :
–
λLT = (λLT / λ1)βw
0,5 (17)
βw = Wel / Wpl pour les sections de classe 3 (où Wel est le module élastique de flexion et
Wpl le module plastique de flexion).
–
Lorsque la valeur λLT ne dépasse pas 0,4, on considère qu’il n’est pas nécessaire de véri-
fier l’élément vis-à-vis du déversement (clause 5.5.2(7) de [1]).
–
Lorsque λLT 0,4, il convient de déterminer le moment résistant de calcul au déverse-
ment à l’aide de la relation :
–
Mb . Rd = χLT (λLT)βwWpl fy / γM1 (19)
où χLT est le coefficient de réduction pour le déversement (donné aux clauses 5.5.2(2) et
(3) de [1]) et où γM1 est le facteur partiel de sécurité généralement pris égal à 1,10.
MIX-CAL 2-01
(5)
(1) MSd
MSd
A B Assemblage
M (Sd4) semi-rigide
( 2)
M Sd
M (Sd3) 9
1 0,5
nt = (1)
(M Sd + M Sd
(5)
)
12MRd
a) Travée intérieure chargée par le poids du béton frais
(5)
M S( 4) M Sd
Articulation ( 3)
M S
A (2)
M Sd B
12M
1 0,5
nt = (3)
(4M Sd + 3M Sd
(4)
+ M Sd
(5)
)
Rd
Il est utile de préciser ici que la section de référence concernée par Mb . Rd est celle où
(5)
s’exerce le moment le plus sévère sous flexion négative (c’est-à-dire M Sd sur les deux
cas montrés à la figure 6). En particulier, lorsque l’on utilise une analyse globale élas-
tique à l’état limite ultime, le moment résistant au déversement ne doit pas être infé-
rieur au moment négatif de calcul le plus sévère, considéré ici en valeur absolue (par
exemple, Mb . Rd M Sd
(5)
sur la figure 6.b).
3,2. – Cas des poutres primaires articulées aux extrémités et sans maintien
latéral continu de la semelle supérieure
MIX-CAL 2-01
La poutre étant supposée articulée aux poteaux, l’Eurocode 3 (clause 5.5.2 et Annexe F
de [1]), permet en principe de résoudre le problème sans difficultés particulières.
π2EIz (0,5′)2GIt
Iw 0,5
Mcr = C1 + + (C2zG)2 – C2zG (20)
(0,5′)2 Iz π2EIz
dans la mesure où la section droite est doublement symétrique (le coefficient C3 n’inter-
vient pas) et en désignant, pour les notations non encore précisées, par :
10
Iz : le moment d’inertie de flexion de la section autour de son axe faible ;
En pratique, dans un souci de simplification, on peut considérer que la poutre est essen-
tiellement soumise à une charge concentrée en A′, venant du report des charges des
deux solives situées de part et d’autre. Le diagramme du moment fléchissant est alors
triangulaire sur la demi-travée 0,5′ (Fig. 7), et le tableau F.1.1 de [1] donne la valeur sui-
vante du facteur C1 :
C1 = 1,879 (21)
Entretoisement
latéral
PSd
0,5′ 0,5′
A A′
C
PSd ′/ 4
MIX-CAL 2-01
–
Une fois calculé Mcr , l’élancement relatif λLT peut être déterminé à son tour par la rela-
tion :
–
λLT = (βw Wpl fy / Mcr)0,5 (22)
Il va de soi que l’on procèderait de manière analogue à ce qui précède pour le cas d’une
poutre primaire qui serait entretoisée au tiers et aux deux-tiers de sa travée par la pré-
sence de deux solives ; le tiers de travée central serait évidemment le plus critique vis-à-
11
vis du déversement puisque soumis au plus grand moment fléchissant, de surcroît uni-
forme, amenant à utiliser dans (20) la valeur classique :
C1 = 1. (23)
4. – EXEMPLE D’APPLICATION
– les poutres primaires, de portée l ′ = 6 m, sont des profilés IPE 360 en acier S235 ;
– les poutres secondaires et la solive, de portée l = 9 m, sont des profilés IPE 300 en
acier S235 ;
– la tôle mince nervurée utilisée est de type HI-BOND 55, d’épaisseur 1 mm, en vue de
couler une dalle d’épaisseur totale 120 mm.
Les poteaux sont supposés ici suffisamment rigides en flexion (cet aspect sera revu au
paragraphe 5).
La rigidité des assemblages des poutres secondaires aux poteaux est supposée
atteindre la valeur mentionnée en (8), les poutres primaires étant supposées articulées
sur les poteaux.
Les charges à prendre en compte dans les calculs sont les suivantes (ramenées à des
valeurs par mètre linéaire) :
– charges permanentes :
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La combinaison de ces charges conduit pour les vérifications à l’ELS et à l’ELU aux
valeurs de charges réparties suivantes :
(ELS)
pSd = 6,94 + 0,45 + 0,42 + 1,5 = 9,31 kN/m ;
(ELU)
p(Sd) = 1,35(6,94 + 0,45 + 0,42) + 1,5 × 1,5
= 12,80 kN/m.
12 Le moment résistant de calcul de la poutre IPE 300 (de classe 1 en flexion) est égal à :
soit environ 1/200e de la portée et donc bien supérieure aux 20 mm exigés vis-à-vis de
l’effet de mare (cf. paragraphe 1).
Sd
1 p(ELS) 4 2
δmax = = × 45,3 mm = 18,1 mm.
192 EI 5
À noter que, par cohérence avec l’analyse globale élastique utilisée dans ce calcul à
l’ELU avec une rigidité initiale en rotation Sj des assemblages supposée rester
constante, il semblerait opportun de conférer à ces assemblages un moment résistant
de calcul supérieur (cf. figure 6.9.8 de [1]), de l’ordre de :
3
Mj, Rd × 64,8 kNm = 97,2 kNm,
2
c’est-à-dire de l’ordre de 0,65 fois le moment plastique de calcul de la poutre, ce qui est
tout à fait réalisable avec des assemblages suffisamment boulonnés par platine ou par
cornières, du type de ceux représentés à la figure 2.
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1 64,8 0,5
nt = ×2× = 0,271
12 147,6
4 × 314 × 103
Ah = 5 380(300 – 10,7)
2Wpl 0,5 0,5
u= = 0,90
s 13
194 700
5 380 0,5
x = 0,566 hs (A/It)0,5 = 0,566(300 – 10,7) = 27,2
λ/x = 9,88.
D’où :
0,271 × 0,90 × 268,7
λLT = = 35,3.
[1 + 9,882/40]0,5
donc est inférieur à 0,4. On est en droit de considérer qu’il n’y a pas de risque de déver-
sement.
P (ELS)
Sd = 9 × 9,31 = 83,8 kN ;
P (ELU)
Sd = 9 × 12,80 = 115,2 kN.
● Vérification de la flèche :
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Le moment résistant de calcul de la poutre IPE 360 (de classe 1 en flexion) est égal à :
PS(ELU)
d ′/4 = 115,2 × 6/4 = 172,8 kNm 239,7 kNm.
2] = 0,663
φLT = 0,5[1 + 0,21(0,51 – 0,2) + 0,51
1
χLT = = 0,920
2 – 0,51
0,663(0,663 2)0,5
Le moment fléchissant maximal MSd = 172,8 kNm est donc inférieur à Mb.Rd . Le risque
de déversement est exclu.
L’étude que l’on présente maintenant est donnée à titre simplement indicatif pour mon-
trer comment il est possible d’introduire un effet de flexibilité des poteaux dans les cal-
culs d’une travée intermédiaire. Le modèle d’ossature est seulement à 3 travées avec
MIX-CAL 2-01
des assemblages supposés semi-rigides pour les deux poteaux intérieurs, tous les
autres assemblages étant articulés comme cela est indiqué à la figure 8. La travée cen-
trale est supposée chargée par le béton frais, les travées de rive ne supportant que les
poids propres des profilés et de la tôle ; on notera par p1 la charge uniforme par unité de
longueur appliquée aux travées de rive, et par p2 celle appliquée à la travée intérieure.
Le cas d’une travée de rive chargée par le béton frais serait également à vérifier, mais ce
n’est pas vraiment l’objet du présent paragraphe.
Ic , c P2
P1 P1
15
I,
G I, A B I, H
Ic, c
En quelque sorte, le modèle de la figure 8 se veut plus élaboré que celui de la figure 4,
l’objectif étant d’avoir une idée sur l’assouplissement de la condition de déversement
pour la travée intérieure AB et sur l’importance du risque de déversement pour les tra-
vées de rive AG et BH.
+
θC
– θj
( AG )
A
G B
θ(jAB)
MIX-CAL 2-01
2 2EI
MAB = – p2 + (θc + θj(AB )) (24)
12
2 3EI
MAG = p1 + (θc – θj(AG)) (25)
8
6EIc
– (MAB + MAG) = θ (28)
c c
L’ensemble des relations (24) à (28) se ramène aisément au système des 3 équations ci-
après, en θc , θj(AB ) et θj(AG) :
θc + 1 + Sj θj(AB ) – p2 = 0
3
2EI 24EI
Sj 3
(AG)
θc – 1 + 3EI θj + p1 24EI = 0 (29)
5 + 6 Ic θ + 2θ(AB ) – 3θ(AG) + (1,5p – p ) = 0
3
c I c j j 1 2
12EI
Pour poursuivre l’étude, il convient d’adopter des valeurs numériques. Avec l’exemple
traité en 4, on a déjà :
=9m et Sj = 6EI / .
θc + 4θj(AB ) – 22,2 . 10 – 3 = 0
θc – 3θj(AG) + 2,0 . 10 – 3 = 0
41θc + 2θj(AB ) – 3θj(AG) – 38,2 . 10 – 3 = 0
Sa solution est :
MIX-CAL 2-01
conduisant aux valeurs suivantes des moments exercés par le nœud A sur les poutres :
–
12,8 × 92 × 106 2 × 2,1 × 105 × 8 356 × 104
MAB = – + (0,74 + 5,37)103 Nmm
12 9 × 103
= – 62,6 kNm,
–
1,175 × 92 × 106 3 × 2,1 × 105 × 8 356 × 104
MAG = + (0,74 – 0,91)103 Nmm
8 9 × 103
= 10,9 kNm.
Le moment de flexion négatif pour la poutre AB n’est donc que très légèrement réduit,
17
passant de – 64,8 kNm à – 62,6 kNm par suite de l’effet de flexibilité des poteaux. La
vérification vis-à-vis du déversement est automatiquement satisfaite puisqu’elle l’était
avec des moments négatifs très légèrement plus élevés en 4.1.
1 –2
(3)
MSd = – 10,9 × + 1,175 × 9 = + 6,4 kNm
2 8
12 × 147,6
10,9 0,5
nt = = 0,08.
Cette valeur de nt étant nettement inférieure à celle trouvée en 4.1 pour la traverse inter-
médiaire de mêmes caractéristiques, le risque de déversement est exclu.
Si la flexibilité des poteaux n’a pas rendu plus critique le risque de déversement des tra-
verses, on peut penser qu’à l’ELS la flèche δmax de la traverse centrale va être supérieure
aux 18,1 mm trouvés en 4.1.
Pour calculer la nouvelle flèche, on peut utiliser toujours l’expression (7) dans laquelle il
convient de donner à θA , MAB et p les valeurs appropriées à l’ELS. En remarquant que
MIX-CAL 2-01
les valeurs p1(ELS) et p2(ELS) des charges de la figure 8 se déduisent pratiquement de p1(ELU)
et p2(ELU) par un facteur multiplicatif de 0,74, les solutions trouvées précédemment pour
θc , θj(AB) et MAB peuvent être utilisées sans avoir à résoudre de nouveau le système (29).
On a ainsi :
On constate donc que cette flèche reste acceptable puisque satisfaisant encore le critère
δmax min (/250,20 mm)
On se propose de montrer, pour terminer cette rubrique, que les efforts susceptibles
d’être engendrés sur les fixations de la tôle à la semelle supérieure de la poutre secon-
daire (de type AB) restent tout à fait acceptables en comparaison de leurs résistances,
permettant d’assurer un maintien latéral continu et efficace de cette semelle.
Les fixations sont assurées par les connecteurs acier-béton devant fonctionner ultérieu-
rement au sein du plancher mixte. En préalable à l’analyse des efforts, il est nécessaire
d’évaluer les résistances de la tôle seule au droit de ces connecteurs.
Si l’on considère un goujon soudé à travers la tôle, deux résistances sont à envisager
essentiellement ici concernant la tôle, que l’on peut évaluer sur la base des tableaux 8.4
et 8.2 de [4] (les résistances du goujon proprement dit en cisaillement et traction étant
nettement supérieures à celles de la tôle) :
où d0 est le diamètre du fût du goujon augmenté du collier de soudure (d0 1,10d ), soit
numériquement :
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3
Et w
k= , (34)
4(1 – v 2)hs3
bf
Tôle nervurée
k
N N
v0
v hs
tw
Vue en long
Vue en section
MIX-CAL 2-01
π2 k 4
Ncr = EIfz
2m2+
m2 π 4 EIfz (35)
3
10,7 × 150
Ifz = = 3 009 375 mm4,
12
on a :
et l’on vérifie aisément que le nombre entier m = 3 est celui minimisant (35). D’où :
N /Ncr
v – v0 = v0 , (36)
1 – N /Ncr
– effort horizontal :
N /Ncr
F = k (v – v0) = k v0 ; (37)
1 – N /Ncr
– couple :
C = F hs . (38)
64,8 × 106
N= = 223 989 N = 224 kN,
289,3
MIX-CAL 2-01
et donc :
9 000 0,152
F = 0,8528 × × = 0,917 N/mm.
1 500 1 – 0,152
Il est clair que la résistance offerte par la tôle en pression diamétrale au droit des
connecteurs est très supérieure à l’effort horizontal F. Ainsi, même en envisageant le cas
extrême d’une seule cornière HILTI tous les 800 mm (espacement maximal autorisé
pour les connecteurs) et en adoptant un coefficient de fonctionnement de 2 pour éviter
que la tôle ne se déforme trop, la résistance par unité de longueur aurait encore la
valeur :
en envisageant la situation défavorable d’un seul goujon tous les 800 mm (toujours
avec un coefficient de fonctionnement de 2). Or le couple maximal exercé n’est jamais
que de :
En conclusion, on est en droit de considérer que la résistance offerte par la tôle fixée par
les connecteurs est assez nettement supérieure à l’effort de stabilisation exigé vis-à-vis
du déversement (le cas d’une semelle supérieure comprimée n’est même pas à envisa-
ger puisque F aurait pratiquement la même valeur et C serait nul).
RÉFÉRENCES
[2] BS 5950 « Structural use of steelwork in building – Part 1 – Code of practice for
design in simple and continuous construction : hot rolled sections ». British Stan-
dards Institution, London, 1990.
[4] Eurocode 3 – Part 1.3 « Design of steel structures – Cold formed thin gauge mem-
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