Enquête sur un nouveau concept très à la mode 
: la cancel culture
Que faut-il penser de la stratégie d’union des droites, serpent de mer de la vie politique ?
Le code Davos : que restera-t-il demain de nos libertés déjà en grande partie confinées ?
N°3463
RIVAROL
“Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir”
HEBDOMADAIRE DE L’OPPOSITION NATIONALE ET EUROPÉENNE
La folie continue : possible
reconfinement et passeport vaccinal
I L
L Y A tout juste un an, ce 17 mars, com-
(Dessin de Chard)
mençait en France un premier confine-
ment strict de deux mois avec fermeture
des écoles et obligation de rester chez
soi. A ce moment-là, combien de Fran-
çais  — et de Terriens car le confinement
a concerné plus de la moitié de l’huma-
nité au printemps dernier  — pouvaient
imaginer que nous en serions là douze
mois plus tard et que l’on continue à vivre
sous le régime des couvre-feux et des
confinements. Dès le lundi 15 mars la ma-
jeure partie de l’Italie a été reconfinée et
les autorités de la péninsule n’envisagent
pas un retour à la normale avant la fin du
printemps (qui n’a pas encore commen-
cé !) Quant à nous, si nous avons échappé
début février à un reconfinement qui était
alors annoncé comme extrêmement pro-
bable et qui devait durer deux mois, il est
à craindre que nous n’ayons reculé que
pour mieux sauter. Du moins à en juger
par les déclarations particulièrement alar-
mistes de l’Exécutif. Le 15 mars, lors d’un
déplacement à Montauban où se tient
un sommet franco-espagnol, Emmanuel
Macron a déclaré que de nouvelles res-
trictions (sous-entendu de libertés) pour-
raient être instaurées dans les prochains
jours, particulièrement dans les territoires
où l’épidémie progresse et où surtout la
situation hospitalière semble se dégrader,
comme en Ile-de-France où un reconfi-
nement pourrait être envisagé. La mairie
de Paris où sévit la sinistre Anne Hidalgo
avait déjà évoqué tout récemment un re-
confinement de toute la capitale pendant
quelques semaines. Cette annonce n’a pas
été suivie d’effet jusque-là mais cela ne si-
gnifie pas que les Parisiens ou Franciliens
B IEN PLUS GRAVE, le Premier ministre
échapperont durablement à un nouveau
confinement, dramatique à tous points de
vue.
Le Premier ministre avait été encore
plus pessimiste la veille. Invité de Samuel
Etienne sur la plateforme Twitch le 14
mars, Jean Castex s’est confié à propos
d’un reconfinement, dur cette fois, qui
ressemblerait donc davantage au pre-
mier, celui du printemps 2020, qu’au se-
N°3463 DU 17 MARS 2021
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cond, moins coercitif, celui de l’automne
dernier. « Je ne l’ai jamais caché, je l’ai tou-
jours dit. Si le confinement est nécessaire,
nous y procéderons  », a indiqué le chef
du gouvernement, comme s’il voulait
préparer les esprits à cette hypothèse de
plus en plus forte, au moins en région pa-
risienne. «  Je prends les mesures qui s’im-
posent compte tenu des situations locales
et territoriales. Il y a en Île-de-France des dé-
partements qui ont dépassé le seuil d’alerte
maximale comme en Seine-Saint-Denis  »,
ajoutant qu’il ne pourra toutefois pas
«  prendre un département isolément  »
et qu’il sera obligé, s’il y a reconfinement,
« de prendre l’Île-de-France » dans sa glo-
balité, du fait des brassages importants.
a validé le principe d’un passeport
vaccinal, comme dans l’entité sioniste.
Jean Castex a dit en effet qu’il était fa-
vorable à ce dispositif, « mais seulement
à condition qu’il soit efficace ». Rappelons
que, si ce projet est voté et appliqué, et
il y a fort à craindre qu’il ne le soit, ce-
lui qui n’aura pas de passeport ou de
certificat vaccinal sera un mort social et
ne pourra pas accéder aux restaurants,
aux musées, aux théâtres, ne pourra pas
prendre l’avion, etc. C’est donc une so-
ciété de plus en plus liberticide et nor-
mative qui se met en œuvre sous cou-
vert de sécurité sanitaire. Dans le même
esprit, la Commission européenne pré-
pare un passeport vert avant l’été. C’est
ce qu’a annoncé le 14 mars le commis-
saire au Marché intérieur Thierry Breton
selon lequel ce certificat contiendra des
informations «  qui vont indiquer qu’une
personne a été vaccinée contre le Co-
vid-19, ou qu’elle a guéri, ou qu’elle a reçu
un résultat négatif au test », ainsi qu’il l’a
précisé lors du “Grand Rendez-vous” Eu-
rope 1-CNEWS-Les Echos. Et d’ajouter  :
« Il sera soit sous forme électroni!que, soit
papier  ». Doté d’un code QR, gratuit, il
sera dans la langue de chaque pays et
traduit en anglais, et il « sera valable dans
tous les pays de l’Union européenne », a-t-
il détaillé. Il est clair que ceux qui n’au-
ront pas ce certificat dûment rempli et
à jour ne pourront pas prendre l’avion.
Ce qui rend dans les faits la vaccination
obligatoire pour toute personne dési-
reuse de voyager cet été.
Le problème, c’est qu’elle n’est pas sans
danger à en juger par la multiplication
des maux et des décès provoqués tout
particulièrement avec AstraZeneva.
Cette vaccination a en effet entraîné de
graves problèmes sanguins, notamment
des thromboses, des caillots, ou des diffi-
cultés à coaguler chez un certain nombre
de vaccinés, allant parfois jusqu’au dé-
cès. La situation est si préoccupante que
neuf pays européens ont déjà suspendu
la vaccination avec AstraZeneva à l’heure
où nous rédigeons ces lignes, même si
les agences de presse, à la solde des la-
boratoires pharmaceutiques et de l’Etat
profond, expliquent qu’en réalité il n’y a
aucune preuve que ces thromboses et
ces décès soient liés à la vaccination. Il
n’y a aucun lien avéré nous dit-on, mais
curieusement c’est après l’injection de
ce produit que ces problèmes sanguins,
parfois mortels, sont apparus. Et chez
des personnes de pays, de milieux et de
générations différents. Comme le disait
Louis Jouvet dans Drôle de drame : « Vous
avez dit bizarre, comme c’est bizarre ! »
17/3/2021
’ANCIEN Premier ministre, Édouard
Philippe, plus libre de ses propos et
de ses analyses depuis qu’il n’est plus aux
responsabilités  — d’aucuns lui prêtent
des ambitions présidentielles au cas où
Macron serait empêché de se représen-
ter dans un an à cause de sondages trop
mauvais, comme Hollande en 2017  —
annonce, quant à lui, des lendemains
douloureux :
«  Nous allons affronter une tempête  —
une tempête économique, une tempête
sanitaire, une tempête à tous égards — et
peut-être une tempête sociale, peut-être
une tempête politique. Et je pense que les
temps qui viennent sont des temps diffi-
ciles ». Il aurait pu utilement ajouter une
tempête identitaire et migratoire, tant le
chaos racial a pris possession du pays.
Et sans même parler des conséquences
psychologiques, sociales et familiales
induites par les confinements à répéti-
tion, les dépressions et les suicides, les
divorces et séparations, les violences
conjugales, le décrochage scolaire, les
faillites multiples d’entreprises indus-
trielles et commerciales.
Le taux de natalité, qui n’était déjà pas
exceptionnel, a ainsi fortement reculé
cette dernière année, preuve du mal-être
et de l’inquiétude de nos compatriotes.
Le nombre de naissances enregistrées
en France en janvier a chuté de 13 % par
rapport à janvier 2020, une baisse inédite
depuis 1975. Les 53 900 bébés nés en jan-
vier 2021 ont pour la plupart été conçus
au début du premier confinement, ins-
tauré à la mi-mars 2020. Or, « le contexte
de crise sanitaire et de forte incertitude a
pu décourager les couples de procréer  »
ou « les inciter à reporter de plusieurs mois
leurs projets de parentalité  »,  observe
l’Institut d’études statistiques (INSEE). La
natalité est en baisse constante depuis
six ans, mais la chute observée en jan-
vier est  «  sans commune mesure avec les
baisses qui ont pu être observées dans le
passé », souligne l’Insee. « Il faut remonter
à 1975, la fin du baby-boom, pour observer
un phénomène de telle ampleur  », ajoute
l’Institut. Quand on pense que, pendant
la guerre, sous le Maréchal Pétain, il y a eu
un baby-boom, malgré les terribles diffi-
cultés du temps, on mesure à quel point
la situation actuelle est vraiment cauche-
mardesque.
RIVAROL,
<jeromebourbon@yahoo.fr>.
2 N°3463 — 17 MARS 2021 — RIVAROL
- DROIT AUX LETTRES -
l De Stéphane DHEILLY :
ROBERT SPIELER ET
LE PROFESSEUR RAOULT
Notre ami Robert Spieler a un problème
avec le professeur Raoult. Tantôt il projette
en lui des espoirs infondés, tantôt il lui adresse
des reproches d’ordre domestique.
Au titre des premiers : Raoult ne serait
pas un anti-système sincère. Où le scien-
tifique s’est-il jamais vanté d’une chose
pareille ? Nulle part. Il aime à rappeler sa
généalogie gaulliste, je crois que nous voilà
avertis sur bien des choses… Il a surtout
déclaré : « Je ne suis pas le général Boulan-
ger ». N’est-ce pas assez explicite ?
Sur l’affaire de la chicha, Robert Spieler
écrit que Raoult met en cause les immigrés
et les migrants. Où notre camarade a-t-il en-
tendu ça chez Raoult ? Il me semble qu’il a
mis en cause la pratique. Et il est un fait que
cette dernière dépasse largement le cadre
communautaire qui devrait être le sien,
beaucoup de jeunes Européens s’adonnant
à ce plaisir hygiéniquement douteux. Donc
affirmer à partir de ces considérations très
générales que Raoult met en cause les immi-
grés relève franchement du fantasme !  France jusque récemment, je confesse que
J’ai l’impression que, loin de vouloir faire
preuve d’une forfanterie quelconque, l’in-
fectiologue marseillais, pour autant, ne s’in-
terdit aucun sujet, ne s’impose aucun tabou.
Il parle de la chicha comme il parle des vac-
cins : en scientifique rigoureux. Point.
Au rang des seconds, l’état-civil conjugal du
scientifique a également le don, selon Robert
Spieler, de constituer un indice de sa duplicité
supposée. Son mariage avec une juive mi-as-
kénaze mi-venaissine serait dirimant. « Dis-
moi qui tu épouses et je te dirai qui tu es » !  velles années d’existence à RIVAROL et une
Jamais Robert Spieler ne se demande
pourquoi ce mariage, s’il induisait une
connivence du médecin avec le système, ne
lui épargne la guerre à mort dont il est l’ob-
jet depuis février 2020 ?
Je pense qu’il faut apprécier Didier
Raoult dans son juste combat comme on
sait apprécier, dans les pages de RIVA-
ROL, tout ce qui peut être utile dans la
lutte contre la pédocriminalité, quelle que
soit l’allégeance politique des combat-
tants. On ne demande à un médecin que
de soigner et si cette simple évidence vaut
aujourd’hui persécution à ses adeptes, on
leur doit alors soutien et respect comme
à n’importe quelle personne œuvrant au
bien. Leur coller une tunique trop grande
pour elles ou étrangère à leur moi profond
est idiot. C’est vouloir se faire plus royaliste
que le roi et aller immanquablement vers
d’amères désillusions.  est l’abandon de notre religion catholique,
Raoult incarne une élite médicale authen-
tique, honorant son contrat éthique avec
les patients ; son caractère entêté, servi par
une confiance en soi qui peut agacer mais
qu’on devine légitime au vu de son par-
cours et de ses soutiens, sont les seules rai-
sons d’être de son combat. Ce dernier est
juste et mérite d’être soutenu sans considé-
ration de faits d’ordre domestique ni pro-
cès d’intention qu’il n’aura rien fait pour
alimenter. Sa vie privée et ses préférences
historico-politiques ne regardent que lui.  grande partie de la hiérarchie depuis le
[Notre ami Robert Spieler manie souvent
l’ironie, l’humour et le second degré dans
sa chronique très appréciée. Et en moulinant
de la plume, il aime bien parfois dézinguer
quelque peu même certaines “idoles” de nos
milieux. Pour éviter que l’on croie trop faci-
lement à l’homme providentiel. Et que l’on
conserve toujours un certain et sain esprit
critique, surtout envers des personnalités pu-
bliques très médiatisées. J. B.]
l De Y. PLESSIS :
IL FAUT SAVOIR DIRE NON !
Il y a un mot que les Français ne
connaissent plus, c’est NON. Si M. Fromen-
toux ne voyait pas la nécessité d’obéir à la
convocation de l’hôpital (RIV. du 10 mars
2021), il n’avait qu’à  dire NON. Quant aux
enfants asphyxiés par les masques, c’est aux
parents de les protéger. Qu’ils s’associent à
Maître BRUSA qui se bat comme un lion
sur ce point. Qu’ils adhèrent à son associa-
tion REACTION 19, 68 rue du Faubourg
Saint-Honoré 75008 Paris qui rassemble à
ce jour plus de 60 000 personnes.
La liberté se mérite, elle nécessite des sa-
crifices. C’est la voie suivie par les Martyrs,
mais ils appartiennent à des temps révolus
et c’est pourquoi notre société tourne au
plus lamentable fiasco.
l De Benjamin R. :
UN HEBDOMADAIRE
ÉBLOUISSANT
C’est avec enthousiasme que je vous fais
part de mon étonnement qu’un journal tel
que RIVAROL puisse exister (et continuât
d’exister !), et ma joie à parcourir ses pages,
moi qui n’avais plus consulté de journal pa-
pier depuis mon enfance. Je pensais à tort
que seul l’internet pouvait à présent m’in-
former. Quels talents vous fédérez autour de
vous ! L’édition des 70 ans est à tout point
remarquable, bravo. Votre hebdomadaire est
vraiment unique et éblouissant.
Je salue donc Égalité & Réconciliation (et
Jean-Michel Vernochet) ainsi que Manu des
moutons pour leur promotion régulière de
vos colonnes. Bien que je n’habitasse pas la
cela m’a pris plus de trois ans avant de me
décider à acheter un numéro de RIVAROL !
Je vous assure que vous pouvez désor-
mais compter sur un lecteur assidu. Mais je
préfère continuer à acheter RIVAROL en
kiosque pour encourager la “diversité” de la
presse (je vous ai trouvé dans le Berry et au
Pays Basque). Je rejoins toutefois les Amis de
Rivarol afin que vous puissiez compter sur
moi à l’avenir.
Il ne me reste plus qu’à souhaiter 70 nou-
longue carrière à son directeur, en dépit des
orages qui se font sans cesse plus menaçants.
l De Pierre BUSSON :
LA CAUSE PROFONDE
DU SUICIDE FRANÇAIS
Merci à Jérôme Bourbon pour le débat ou-
vert dans les colonnes de RIVAROL au sujet
d’Eric Zemmour. J’ai trouvé intéressantes
les contributions de Guy Gonzalves, Antoine
Martin et précédemment celle de Vincent
Reynouard (RIV. du 10 mars 2021).
On admire Eric Zemmour quand il dé-
fend le Maréchal, beaucoup moins quand il
s’enthousiasme pour Napoléon ou pour M.
De Gaulle.
Il me semble que la plus grande insuffisance
d’Eric Zemmour, c’est de ne pas remonter
à la cause profonde du suicide français qui
l’oubli, le rejet, et parfois la haine de tant de
nos compatriotes pour Notre-Seigneur et la
Sainte Vierge. Malheureusement, Eric Zem-
mour n’est pas le seul à ignorer cette cause
profonde de notre déclin !
Corrélativement, beaucoup ne com-
prennent pas que la défense de la véritable
religion catholique et de la patrie charnelle
sont indissociables et doivent être articu-
lées. Et cela en dépit du terrible obstacle de
l’hérésie babélienne professée par la plus
concile Vatican II. C’est une exigence sur-
naturelle pour recevoir les secours du Ciel
dont nous avons tant besoin.
C’est aussi, je crois, une exigence naturelle
car, même en 2021, le communautarisme
français n’est pas grand chose sans le com-
munautarisme catholique et réciproquement.
l De Jean-Claude THIALET :
UN DISCOURS CLAIRVOYANT ET
MESURÉ QUI N’A PAS ÉTÉ ÉCOUTÉ
C’était en 1992, il y a près de trente ans,
Une chaîne de télévision, Cnews, vient de
rediffuser (pour ouvrir les yeux de ses té-
léspectateurs ?) un entretien télévisé sur
l’immigration et l’Islam de Jean-Marie
Le Pen aux propos aussi clairvoyants que
mesurés. Un homme que les médias et les
partis gouvernementaux ont appris à faire
détester définitivement par leurs lecteurs
comme par leurs électeurs. Qui, parmi les
politiciens qui nous gouvernent ou ceux
qui prétendent les remplacer en 2022, ose-
ra non les reprendre à leur compte dans
des discours électoraux, mais proposer des
mesures autrement réalistes et fortes que
les mesurettes d’une loi macronienne sur le
“séparatisme” ? En commençant par dire,
comme le réclamait — pour des raisons de
pur bon sens, lui — feu Georges Marchais le
21 février 1982 : « Il faut stopper l’immigra-
tion officielle et clandestine dans un pays qui
compte déjà plus de 2 millions de chômeurs
français et immigrés ». Propos que rappelait
ce matin sur Sud-Radio avec clairvoyance
Malika Sorel. Une universitaire française
d’origine algérienne qui a l’audace de pré-
coniser, elle aussi sans succès, l’arrêt de
toute immigration avant même de com-
mencer tout plan d’une archi-nécesssaire
assimilation. Hélas, le bon sens n’est plus
la chose au monde la mieux partagée (des
politiciens comme des électeurs !) comme
le proclamait Descartes. Des politiciens qui
se comportent majoritairement en lâches, et
des électeurs archi-conditionnés qui jouent
aux autruches remplies des bons sentiments
appris à l’Ecole de la République et distil-
lés par les médias subventionnées ou même
parfois stipendiés.
l De Charles GALTIER :
HAUT LES CŒURS !
DÉFENDONS LA FRANCE
ET L’EUROPE !
La colonisation de l’Europe ? Il faut dé-
monter ces mécanismes de décadence et d’in-
vasion qui viennent de loin !
En 1944, De Gaulle, qui est vénéré au-
jourd’hui par toute une “élite” qui n’a pas
la France en première préoccupation, s’est
acoquiné avec les communistes pour prendre
le pouvoir sans rien devoir au Gouvernement
légal. En volant, sous couvert de nationalisa-
tions, les entreprises de Presse, et en instau-
rant le monopole d’Etat de la Radio (et de la
télévision), il a en fait remis majoritairement
les moyens d’information aux communistes
et à leurs complices. Ceux-ci s’en sont servi
depuis pour intoxiquer l’esprit public et pour
réduire pratiquement la France à l’Hexa-
gone et à quelques poussières d’empire.
Pendant qu’avec la fin du bolchevisme en
Russie et de ce fait l’abaissement du commu-
nisme dans notre pays, une clique pourrie
s’est emparée, petit à petit, des moyens d’in-
formation, grâce auxquels elle a pu favorisé
et faire légaliser tout ce qui est contre-nature : commandité une répression sauvage de ces
l’avortement généralisé, l’homosexualité, etc.
Elle tente d’inverser les valeurs : le bien ce
serait le mal et le mal ce serait le bien.
Par ailleurs, en 1945, après la défaite du
Reich, les autorités d’occupation, en Alle-
magne, particulièrement, les Etats-Unis,
ont mis en œuvre une politique dite de “dé-
nazification” visant à écarter du pouvoir
tous ceux qui n’étaient pas traîtres à leur
Patrie. Ainsi ils se sont assuré un pouvoir
allemand à leur botte. Pouvoir qui se pour-
suit depuis 1945, qui a en main une consti-
tution et des lois sur mesure pour se per-
pétuer et interdire au peuple allemand de
reprendre en main son destin.
D’un autre côté, la trahison de la monarchie
italienne (qui ne lui a pas porté bonheur,
à quelque chose malheur est bon) a permis
d’éviter que l’Italie
se trouve dans le
camp des vaincus.
De ce fait et en rai-
son aussi de l’im-
plantation du fas-
cisme dès les années
1920, de ses réalisa-
tions, de sa politique
sociale et de la po-
pularité du régime,
l’Italie n’a pas subi
la même épuration
que l’Allemagne et
la France.
Pendant ce
temps, la moitié
de l’Allemagne,
et la majeure par-
tie de l’Europe de
l’Est sont tombées
sous la coupe de
la Russie commu-
niste. Cependant
la politique qui fut
menée là a en fait La liste de Schindler de Joe Biden. Et cette liste n’est pas limitative !
abouti non pas à
éliminer mais à convertir au communisme
la majeure partie des cadres et dirigeants,
à quelques exceptions près. Cette situation
a permis, dès la chute du communisme en
Russie, à la plupart des dirigeants, dont la
conversion communiste n’était que de fa-
çade, d’afficher et d’appliquer une sérieuse
politique farouchement anti-communiste
et conservatrice, dans le meilleur sens du
terme, aux antipodes des errements des
politiques française et allemande. Ce qui
explique l’hostilité de l’Europe de l’Ouest à
l’égard de certains pays : Russie, Pologne,
Hongrie, Tchéquie, Slovaquie et, à un degré
moindre, Autriche, Serbie et Roumanie.
D’autre part, avec l’appui et les finance-
ments américains, après la fin de la guerre,
les nouveaux dirigeants européens, issus de
guerre civile, de révolution, de coups d’Etat
ou d’élections truquées, principalement fran-
çais, italiens ou allemands, ont créé et mis en
œuvre une entité européenne en la dotant de
pouvoirs supranationaux. Cela permettait
d’échapper au regard de chaque peuple. A
l’origine, cette Europe devait avoir des fron-
tières protégées et appliquer la préférence
communautaire, ce qui fut finalement aban-
donné sous de multiples pressions.
Parallèlement, des forces obscures, qui ne
croient ni à Dieu ni à Diable et veulent créer
une Humanité nouvelle dotée de pouvoirs de
vie humaine éternelle, sont à l’œuvre dans
le monde entier pour tenter de déposséder
les Nations de leurs pouvoirs, et les peuples
de leur Nation. Depuis déjà les années
1950, pour limiter la hausse des salaires et
augmenter la hausse des profits des action-
naires, des grandes entreprises anonymes,
petit à petit, ont parrainé une immigration
de travail qui, majoritairement musul-
mane, s’est transformée de plus en plus en
une immigration de peuplement (et a créé
un chômage presque équivalent). Malgré
les moyens employés pour cacher son im-
portance, on sait aujourd’hui que celle-ci
atteint en France entre 10 et 15 millions, si
ce n’est plus. En outre, on constate qu’une
partie importante de cette diaspora refuse
l’assimilation et veut imposer sa religion et
ses particularismes dans les pays d’accueil.
Ce qui est inacceptable ! Les manifestations
des gilets jaunes révélaient globalement le
malaise créé par la situation actuelle qui
tend à déposséder les Français de leur mode
de vie, de leur identité, de leur pays, de leur
niveau de revenu. Les pouvoirs publics ont
manifestations, tandis que l’ultra- gauche
en semblant s’y associer a commencé par
essayer d’en changer le sens, et finalement
a fini par les discréditer. Néanmoins, les mo-
tifs ne s’étant pas évanouis, on peut penser,
et souhaiter qu’elles reprennent, tôt ou tard,
sous une forme ou sous une autre ! Ou bien
que des élections, une révolution ou un coup
d’Etat mettent à bas ce système mortifère
pour les Français et pour la France !
Par ailleurs, à un moment ou à un autre, on
peut être certain que les peuples européens
mettront fin à cette Europe de la tromperie,
du mensonge et de l’invasion “pacifique”
de peuples dont la civilisation n’est pas eu-
ropéenne, ni la religion chrétienne et qui es-
saient d’imposer leur civilisation et leur reli-
gion à notre continent. Ainsi soit-il !
N°3463 — 17 MARS 2021 — RIVAROL 3

Chronique de la France asservie et… résistante

T OUT le monde connaît le très mé- lement rendu dans l’Eretz. Mais le chemin qui, certes, n’a jamais publié de traduction,
diatique docteur Michel Cymes, de la présidente du RN vers Jérusalem mais pas grave : elle fait de la musique, et
animateur d’émissions médicales reste long, terriblement long… puis, elle est femme et noire…
sur toutes les chaînes de télévision et les
radios. Michel Cymes n’est pas content ILS FONT PIVOTER UNE “PÉPÉ LE PUTOIS”,
du tout. Le magazine Capital vient de STATUE DE LA SAINTE VIERGE ACCUSÉ DE PROMOUVOIR
lui consacrer une enquête où il apparaît
comme étant multimillionnaire, notam- POUR QUE LES ENFANTS LA CULTURE DU VIOL
ment grâce à la revente de ses sociétés de NE LA VOIENT PAS ! 
production. Il estime que « cela ne regarde La moufette est une sorte de putois, à
personne ». A-t-il raison, a-t-il tort ? Le Il faut reconnaître aux laïcards une la puanteur légendaire. C’est aussi un
fait est que les hommes publics doivent constance dans la bêtise haineuse. Une sta- personnage de dessin animé américain,
s’attendre à voir leur vie étalée dans les tue de la Vierge avait été édifiée dans la nommé « Pépé le Putois », caricaturant un
tabloïds. Et puis, les députés et ministres cour d’une ferme de Laval-en-Belledonne Français, un beauf de la plus belle eau, à
ne sont-ils pas dans l’obligation de décla- (Isère), une habitante ayant été convaincue l’hygiène des plus approximatives. Mais
rer en début et en fin de mandat leur patri- d’avoir eu une apparition de la Madone ça sent mauvais pour le putois. La Warner
moine ? Certains avaient en effet profité de durant un bombardement, lors de la Se- Bros a en effet pris la décision d’expulser
leurs postes pour taper allègrement dans conde Guerre mondiale. Depuis, la ferme la célèbre moufette de son catalogue. En
la caisse. Michel Cymes a réagi avec dou- avait été transformée en école primaire. cause, le harcèlement sexuel systématique
leur et indignation, s’exclamant : « C’est Or, personne ne l’ignore, qui dit école dit des plus lourdingues auquel se livrait l’ani- où l’on observe un phénomène d’accultu-
ma vie, ça ne concerne que moi ou alors cour de récréation où jouent les enfants. mal depuis 1945, date de sa création par le ration (processus par lequel une personne
c’est de la délation ». Il insiste : « Cet ar- Grâce à la vigilance de la nouvelle direc- dessinateur Chuck Jones. La moufette libi- ou un groupe assimile une culture étran-
ticle m’a touché non seulement parce que trice de l’école primaire qui s’est indignée dineuse tentait de trouver l’amour depuis gère à la sienne). En d’autres termes, c’est
la célébrité ne permet pas à tout le monde que les enfants de l’école puissent voir la cette date, faisant des avances très lourdes le groupe autochtone des « Français de
de faire n’importe quoi, et puis ça m’a statue lors de la récréation, une atteinte à à toute créature féminine et embrassant de souche » qui s’assimile à la culture des
paru être une sorte de délation d’envoyer la laïcité d’après elle, la mairie, en accord force tout ce qui bougeait. C’est en géné- allochtones, venus d’ailleurs, et non l’in-
des chiffres comme ça au public ». “Dé- avec la direction de l’école primaire de ral une chatte noire qui faisait l’objet, bienverse. On mesure là l’absurdité des rêve-
nonciation”, “délation”, ça vous rappelle l’Isère, a décidé de faire pivoter d’un quart malgré elle, de toutes les attentions du ries assimilationnistes et intégrationnistes
quelque chose ? Mais, pardi, les heures les la statue de la Sainte Vierge qui se situe comparse de Bugs Bunny et Daffy Duck. de Marine Le Pen et consorts.
plus sombres de notre histoire ! Et Michel dans la cour de l’établissement, afin que Un journaliste afro-américain a, Dieu mer- Une sociologue, auteur de La Tentation
Cymes de faire appel aux 6 millions, dé- les enfants ne puissent plus la voir de face. ci, levé le lièvre, ou plutôt le putois, dans radicale, note : « Même si on n’est pas
clarant : « J’ai une famille qui a souffert de Craignaient-ils que la vue du visage de la les colonnes du New York Times, le 3 mars, musulmans, on est solidaire des causes et
dénonciations pendant la shoah ». Il fallait Mère de Jésus ne refroidît l’ardeur laïcarde accusant le Putois d’avoir « normalisé la du droit des jeunes à afficher leurs traits
oser. Il a osé. Conscient cependant qu’il des enfants du public ? culture du viol ». Du coup, la bête vicieuse culturels et identitaires. […] Compte
poussait le bouchon un peu loin, devant vient d’être expulsée d’un prochain dessin tenu du poids croissant des musulmans
l’air un peu interloqué du journaliste qui FASCINANTS animé de la Warner Bros et a disparu du en France, et de la réticence de cette jeu-
l’interrogeait, il ajouta : « Vous me direz D’IMBÉCILLITÉ… catalogue de la firme. nesse à l’égard des dispositifs législatifs
que ça n’a rien à voir (c’est le moins qu’on actuels, on ne peut que se poser la ques-
puisse dire), mais il y a quand même une Depuis sa déclamation du 20 janvier d’un IMPOSSIBLE ASSIMILATION tion de la pérennité de la loi de 2004 » sur
petite sensibilité qui fait que j’ai trouvé ça beau poème à l’investiture de Joe Biden, DES ALLOCHTONES l’interdiction à l’école des signes religieux
absolument insupportable ». Décidément, Amanda Gorman, poétesse afro-améri- ostentatoires, « qui pourrait n’avoir plus,
ils n’ont aucune limite… caine de 22 ans, connaît une gloire inter- La venimeuse Licra et son journal Le demain, d’assise politique suffisante pour
nationale. Ses livres se vendent comme Droit de vivre présenté comme le « plus se maintenir en l’état », souligne le cher-
UNE LISTE RN des petits pains avant même d’être sortis ancien journal antiraciste de France », cheur. Qu’en termes élégants ceci est dit…
et son prochain recueil, qui comprendra le ont fait réaliser par l’Ifop un sondage sur
AUX ÉLECTIONS EN ISRAËL fameux poème du 20 janvier, The Hill we la perception de la laïcité par les jeune gé- LE CONCUBIN DE MARION
Le Rassemblement National aura pour la climb (la montagne que nous gravissons), nérations. Les résultats sont traumatisants
toute première fois son candidat en Israël s’apprête à paraître en plusieurs langues. pour les partisans d’une laïcité « de com- MARÉCHAL QUITTE LA LIGUE
qui participera aux élections consulaires Aux Pays-Bas, c’est Marieke Lucas Ri- bat ». On découvre que les jeunes prennent DE SALVINI QUI A TRAHI
du mois de mai 2021. Les conseillers jneveld, auteur et également poétesse, des positions parfaitement opposées aux
de l’étranger (anciennement conseillers lauréate de l’International Man Booker valeurs de leur République. Plus d’un ly- On sait que Matteo Salvini, le leader de
consulaires) n’ont certes aucun pouvoir, Prize pour son premier roman Qui sème céen sur deux (52 %) se dit ainsi favorable la Ligue italienne, l’ami de Marine Le
mais font joli dans le décor lors des récep- le vent qui s’est vu confier la mission de au port de signes religieux ostensibles Pen, vient de procéder à un lamentable
tions à l’ambassade, à l’occasion des fêtes le traduire en néerlandais dans le cadre dans les lycées publics, soit deux fois recentrage en choisissant de participer au
nationales. La tête de liste, Guy Berdah, de la publication d’un recueil à paraître le plus que dans l’ensemble de la population gouvernement de Mario Draghi. Se com-
qui a le soutien du Rassemblement natio- 20 mars prochain. C’était parfait car Ma- (25 %). 49 % ne voient pas d’inconvénient portant ainsi comme un certain Gianfran-
nal, annonce dans un communiqué : « En rieke Lucas Rijneveld est bien sûr aussi à ce que les agents publics affichent leurs co Fini qui, par ses trahisons, tua naguère
soutenant notre liste, vous soutiendrez les une militante féministe, antiraciste, etc. Sa convictions religieuses. Et 38 % sont favo- le MSI. Ce qu’il se passe en Italie, « c’est
valeurs de la France que nous aimons et maison d’édition la dépeint ainsi : « Elle rables à ce qu’une loi autorise les élèves comme si Marine Le Pen appelait à soute-
dont nous sommes les uns et les autres ses est attachée aux questions de l’égalité des à porter un “burkini” (une proportion qui nir Macron, et faisait entrer son bras droit
ambassadeurs en Israël ». Il s’agit d’une sexes et de la résilience, et nous recon- atteint 63 % chez les seuls élèves scolari- au gouvernement », résume un des élus de
petite avancée qui permet d’espérer qu’un naissons en elle la passion et la lutte pour sés en REP, et 76 % chez les lycéens se la Ligue. Un véritable recentrage, une vé-
jour, Marine Le Pen sera autorisée à se re- une société inclusive ». C’en était presque déclarant musulmans). Une majorité de ly- ritable trahison auxquels les Italiens sont
cueillir à Yad Vashem, ce dont elle rêve. trop beau. Oui mais, on découvre avec hor- céens se dit opposée au « droit de critiquer habitués, mais qui n’a pas été du goût de
Certains membres du Rassemblement Na- reur qu’elle est blanche alors qu’Amanda une croyance, un symbole ou un dogme tous ses élus. Du coup, l’actuel concubin
tional s’étaient déjà rendus dans l’entité Gorman est noire ! C’est Janice Deul, une religieux ». 52 % des élèves du secondaire de Marion Maréchal, Vincenzo Sofo, élu
sioniste lors de voyages “privés”. Ce fut journaliste et militante néerlandaise noire, n’y sont pas favorables… Mais la popu- à Strasbourg, a préféré claquer la porte du
le cas de l’ancien identitaire Nicolas Bay, qui a exprimé dans la presse son indigna- lation lycéenne elle-même est divisée : si parti pour se rapprocher des nationaux de
qui y avait rencontré David Shayan, pré- tion devant le choix de la maison d’édition les jeunes musulmans s’opposent à 78 % Fratelli d’Italia dirigé par Giorgia Meloni.
sident des Jeunes du Likoud de l’époque. Meulenhoff. Pour elle, ce choix de faire au droit d’outrager une religion, de même Quand à Matteo Salvini, il n’a obtenu pour
Il assénait avec une sincérité touchante : appel à une Blanche pour la traduction que 65 % des personnes perçues comme ses proches que quelques strapontins de
«  Notre position est très claire, nos idées, est “incompréhensible”. Car, voyez-vous, « non blanches » et 60 % des jeunes vivant sous-secrétaires d’État, et est réduit pour
nos valeurs, le projet politique de Marine il existe des traductrices noires, et c’est à dans des zones d’éducation prioritaire, ce se faire entendre à critiquer les uns, ou à
Le Pen et le Front national sont totalement elles que doit revenir ce genre de travaux. n’est le cas que de 45 % des “catholiques” réclamer l’impossible. Au point que Ma-
incompatibles avec toute forme d’antisé- Du coup, devant la levée de boucliers sur (ou prétendus tels) et de 47 % des élèves rio Draghi a dû le recadrer, lui rappelant
mitisme  ». En 2011, le vice-président du les réseaux sociaux, Marieke Lucas Rijne- se définissant « sans religion ». 10 % des qu’appartenant à la majorité, une certaine
Front national et codirecteur de campagne veld a battu en retraite et a annoncé en hâte lycéens n’expriment pas de condamnation réserve s’imposait. Brillante stratégie…
de Marine Le Pen, Louis Aliot, s’était éga- qu’elle renonçait à traduire. Elle ajouta, ou sont indifférents aujourd’hui à l’égard
dans un joli exercice d’au- des auteurs des attentats de 2015… Robert SPIELER.
to-flagellation : « Je com- Les lois visant à encadrer l’application
prends ceux qui se sentent de la laïcité en France sont perçues par

Chard sur la toile

blessés par le choix de
Meulenhoff de me sollici-
ter ». Mais qu’en est-il de
la traduction en français ?
Ça va, pas d’inquiétude.
Les éditions Fayard qui
ont acquis les droits de
traduction de The hill we
climb ont confié le bébé
à Lous and the yakuza,
auteure-compositrice-in-
(Dessin de Chard) terprète belgo-congolaise,
plus d’un lycéen sur trois (37 %) comme
discriminatoires à l’égard des musulmans
(opinion partagée par 81% des élèves mu-
sulmans, et par 55 % de ceux vivant en Allez donc vous délecter des
zone d’éducation prioritaire.) On apprend
qu’actuellement les musulmans repré- caricatures de Chard auxquelles
sentent 14 % de la population lycéenne, un de ses admirateurs, fervent
et que ce noyau est très hostile au dispo- lecteur de RIVAROL, a consacré
sitif actuel de laïcité. Mais au-delà, il y a
toute une jeunesse qui partage ces reven- un site, très fréquenté :
dications. C’est particulièrement fort, dit <http://dessinsdechard.free.fr>
le sondage, dans les quartiers populaires,
4 N°3463 — 17 MARS 2021 — RIVAROL
Les créatures d’Antoine Bernheim,
maître d’œuvre du libéral-sionisme
« On ne juge pas Israël sur l’instant qui
passe : il est trop vieux et trop jeune à la
fois. Pour le regarder, la lorgnette du pré-
sent ne suffit pas, il y faut aussi le téles-
cope du passé… et de l’avenir ».
Edmond Fleg.
L
A SEMAINE dernière, nous nous
sommes arrêté quelques instants
sur l’homme d’affaires, industriel
en Afrique et magnat des media, Vincent
Bolloré, surnommé Boule dorée par les
Africains qui ne le supportent plus. Nous
nous sommes efforcé dans notre texte du
10 mars de montrer que Bolloré n’était pas
un génie qui avait su faire fructifier ses
avoirs familiaux pour édifier un empire so-
lide mais le poulain, parmi d’autres, de la
grosse banque qui n’est pas spécialement
bretonne.
Si Vincent Bolloré est lié au monde du
gros argent par sa grand-mère Goldsch-
midt (qui était une amie des Rothschild), il
faut ajouter, il faut préciser pour être plus
clair que cette dernière, qui
était une sioniste d’avant
1948, était une proche non
seulement d’Edmond de
Rothschild mais aussi une
grande amie de Léonce
et Renée Bernheim, fana-
tiques mondialo-sionistes,
arrêtés à Grenoble en 1943
et morts en déportation. D.R.
Or, l’homme qui a fabri-
qué Bolloré, tel qu’on le
connaît aujourd’hui, n’était autre que le
fils de ce couple incontournable dans l’his-
toire du sionisme et lui-même dévoué à
cette cause qui comptait pour lui plus que
tout, Antoine Bernheim.
Disparu en 2012, Antoine Bernheim aura
durant quarante ans été l’artisan de cer-
taines des plus grosses fortunes mondiales.
Bolloré n’est certes pas sa plus grosse
réussite en terme de milliards mais elle
l’est indiscutablement en terme d’idéolo-
gie et de fidélité, si bien que d’aucuns ont
perçu dans les relations filiales entretenues
par les deux hommes les indices cumulés
d’une véritable parentèle.
Pour bien connaître Antoine Bernheim,
ce faiseur d’or, il faut d’abord connaître
son père Léonce et la passion qui l’habi-
tait. Ce sionisme et cette certitude que le
peuple élu doit amener l’humanité vers la
paix universelle sous son égide éternelle.
Lors du XVe Congrès sioniste de 1927,
Léonce Bernheim, le délégué pour la
France, ne cache pas son fanatisme :la dé-
monstration obéît manifestement au même
schéma. Relisons pour nous en convaincre
la profession de foi particulièrement ex-
plicite de Léonce Bernheim, « sioniste
de toute fraîche date » comme il se pré-
sente lui-même, et délégué de la France au
XVe congrès sioniste : « Je crois profon-
dément à la haute mission d’Israël par-
mi les hommes, je crois que cette mission
s’accomplira par le triomphe de l’œuvre
palestinienne, qu’alors régnera entre
les peuples une moralité épurée, que les
conflits se résoudront sans guerres et que
l’univers sera enfin pacifié. Alors de même
que jadis, dans le désert, une flamme di-
vine montrait aux Hébreux pourchassés le
chemin de l’Exode, je vois le peuple juif
guider à travers les écueils de la route dif-
ficultueuse les pas d’une humanité régéné-
rée! »
LÉONCE BERNHEIM,
L’UN DES TOUT PREMIERS
SIONISTES DE FRANCE
Ce sionisme, essentiel dans la vie des
Bernheim, est certainement le fruit des
relations que noue Léonce avec son beau-
frère, Edmond Fleg, idéologue précoce de
la colonisation de la Palestine et mentor en
son domaine de Lecache (fondateur de la
LICA), de Bernard Lazare, d’André Spire
et de Léon Blum dont on méconnaît trop
souvent le sionisme viscéral. On goûtera
l’originalité de ses citations qui ont tant
ému Francis Huster au point de les décla-
mer au théâtre : « Je suis juif, parce que,
né d’Israël, et l’ayant perdu, je l’ai senti
revivre en moi, plus vivant que moi-même.
Toute nuit noire est une aube qui vient. Je
suis juif, parce que la foi d’Israël n’exige
de mon esprit aucune abdication, Je suis
juif, parce que la foi d’Israël réclame de
mon cœur toutes les abnégations. Je suis
juif, parce que, pour Israël, le monde n’est
pas achevé, les hommes l’achèvent. Je
suis juif, parce que, pour Israël, l’Homme
n’est pas créé : les hommes le créent. Je
suis juif, parce qu’au dessus des Nations
et d’Israël, Israël place l’Homme et son
Unité. »
Léonce Bernheim, lui, aura les moyens,
avec d’autres, avec tant d’autres, de faire
vivre l’idéal de Fleg qui
prend une réelle dimension
sociologique en France
avec l’Affaire Dreyfus. Et
si cette affaire contrarie
nombre de Juifs français,
elle apparaît rapidement
aux yeux de Fleg (Bern-
heim est encore jeune
homme) comme une op-
portunité à exploiter à
fond, l’antisémitisme mé-
diatique constituant un formidable argu-
ment en faveur de la création d’une nation
juive où seraient sanctuarisés les malheu-
reux Israélites du monde entier. C’est en
1920 que Léonce Bernheim fait la culbute
en épousant Renée Schwob d’Héricourt
(le d’Héricourt est un rajout coquet exi-
gé par son grand-père pour faire moins
allemand…), héritière d’une famille ri-
chissime très présente dans l’industrie
textile depuis plusieurs générations, dont
la puissance était attestée par son appar-
tenance aux fameuses 200 Familles (les
200 actionnaires initiaux de La Banque de
France).
LA REVANCHE
D’ANTOINE BERNHEIM
Renée Schwob d’Héricourt appartenait
à une dynastie d’industriels, de grands
propriétaires et de banquiers qui surent
se marier à bon escient pour construire un
empire et un réseau présent de Bordeaux
(par les Gradis) à Nancy, à Paris et ailleurs.
Mais elle était aussi la cousine de l’épouse
de Mathieu Dreyfus, le frère combatif
d’Alfred Dreyfus. Sa propre famille est
très proche des Dreyfus (plusieurs ma-
riages lient les deux familles, et d’autres,
pour l’anecdote, avec les Cahen, les Pe-
reire et les Rothschild) et racheta leurs
usines de textile en pleine tempête pour les
maintenir dans le giron familial. De plus,
le père de Renée Bernheim, James Schwob
d’Héricourt, recueillit les enfants d’Alfred
Dreyfus lorsqu’ils furent renvoyés de leur
école de Belfort.
Pendant la guerre, plusieurs membres de
la famille élargie des Schwob d’Héricourt
furent déportés et pas seulement les parents
d’Antoine Bernheim qui ne reviendront
pas d’Auschwitz. Avant même les dépor-
tations massives, la grosse banque qui a
pour noyau dur les Rothschild va s’orga-
niser aux Etats-Unis où les principaux ba-
rons du gros argent se sont réfugiés. An-
dré Meyer de la banque Lazard participe
ainsi, le 6 décembre 1941, à la réunion au
domicile d’Édouard de Rothschild à New
York, pour venir en aide au Judaïsme fran-
çais dans son ensemble. C’est le début
de l’Association pour le Rétablissement
des Institutions et Œuvres Israélites en
France (ARIF). La réunion fondatrice aura
lieu le 6 décembre 1943, toujours chez
Edouard de Rothschild. On y trouvera hor-
mis ce dernier et André Meyer, Robert de
Rotschild, le Rabbin Simon Langer, Ray-
mond Baumann, Edouard Weil et Lazare
Blum. C’est pour eux le moment de prépa-
rer l’après-guerre et la reconquête de leurs
avoirs et des possessions qu’ils auraient pu
antérieurement obtenir si la guerre et les
mesures anti-juives n’avaient pas eu lieu.
Antoine Bernheim a, lui, échappé à la
déportation mais découvre après-guerre
un champ de ruines dans les affaires fami-
liales et, amer, vend le tout à Marcel Bous-
sac qui avait fait pendant la guerre des af-
faires avec l’armée de mer allemande pour
laquelle il vendit 11 millions de mètres de
tissus ! Mais Bernheim ronge son frein. La
vengeance est un plat qui se mange froid.
ANTOINE BERNHEIM,
BANQUIER ET PATRIARCHE
Antoine Bernheim, orphelin, et après
avoir soutenu une thèse de droit…en un
an, est recueilli par les frères Wertheimer,
spécialistes de l’exploitation de l’image
d’autrui (Dès la fin des années 1920, Coco
Chanel se déclare spoliée par cette famille
et prendra pendant quelques années pour
avocat René de Chambrun pour ne pas tout
perdre) où il apprend le solfège du métier.
Solidarité atavique, la fille de Paul Wer-
theimer est mariée avec Claude Bernheim,
un cousin d’Antoine. Formé dans tous les
sens du terme, il entre par la grande porte
chez Lazard en 1967 (le sioniste de l’ARIF
et patron de la banque, André Meyer, le
juge mûr pour accomplir de grandes mis-
sions) avec ses réseaux et sa fortune qu’il
entend faire fructifier en tant qu’associé. Il
devient incontournable et c’est lui qui per-
met à Vincent Bolloré d’investir massive-
ment en Afrique dans les années 1980 puis
dans la presse afin de défendre ses intérêts,
ceux de la grosse banque et du sionisme.
Mais Bolloré n’est pas le seul milliar-
daire fabriqué par Bernheim et Lazard, qui
furent tout aussi essentiels dans la création
des empires de François Pinault et surtout
de Bernard Arnault, l’une des premières
fortunes du monde.
Les Français sont généralement subju-
gués par le succès, la richesse, l’incroyable
réussite, le luxe fou de Bernard Arnault et
de François Pinault. Ils devraient un peu
s’intéresser à l’histoire économique ré-
cente de leur pays et ils constateront que
tout a été fait pour que les Bolloré, Pi-
nault et Arnault deviennent de très gros
entrepreneurs au détriment d’autres et à la
condition de rester à leur place et de dé-
fendre par tous les moyens leurs créateurs.
Ce qui est particulièrement remarquable
dans l’histoire d’Arnault, c’est la limpidité
de la volonté de Bernheim dans ses affaires
fondatrices (Bernard qui, à trente ans, était
un nul qui avait perdu des millions en
Floride en investissant dans un immeuble
d’habitation à quelques encablures d’une
centrale nucléaire. Airy Routier raconte
dans une biographie non autorisée consa-
crée au magnat du luxe, c’est édifiant  :
«  Sur sa période américaine, le roi du
luxe est toujours resté fort discret. Il dé-
clare tout au plus : “Quand on n’a pas fait
d’études aux Etats-Unis, on a du mal à se
faire accepter […]. C’est difficile pour un
Français de réussir là-bas.” Doux euphé-
misme. Sa carrière américaine sera tout
sauf une partie de plaisir. Il commence
par recruter une petite équipe dirigée par
Michael Burke, un Franco-Américain, di-
plômé de l’université de Lille. En accord
avec Arnault, celui-ci jette son dévolu sur
la Floride. Le choix est logique. Cet Etat
est devenu l’eldorado de l’immobilier en
Amérique. […] Burke déniche un terrain
dans l’île d’Hutchinson, Arnault le visite
et décide d’y construire une tour de 19
étages comportant 199 appartements de-
vant être livrés en 1986. Il la baptise Prin-
cess. Coût : 21 millions de dollars financés
par un emprunt de 17 millions à la Bar-
nett Bank, premier établissement de crédit
local. Mais Arnault et Burke se sont fait
avoir comme des bleus. Personne ne leur
a parlé de la centrale nucléaire qui crache
ses fumées à une quinzaine de kilomètres
de là. La construction, de son côté, révè-
lera de nombreux défauts : chambres trop
petites pour recevoir les immenses lits king
size qu’adorent les Américains, balcons
trop étroits, douches mal équipées, etc.
Par surcroît, le programme enregistre une
dérive de ses frais généraux et de ses coûts
salariaux. […] Bernard Arnault affirmera
avoir retiré un bénéfice de 3 millions de
dollars de ce programme de 30 millions.
Affirmation contredite par l’un de ses an-
ciens collaborateurs qui parle, lui, d’une
perte de 3,5 millions de dollars.”…) ».
Avec la curée qu’il orchestre autour de
la dépouille de l’entreprise Boussac pour
s’emparer de la pépite Dior (pour l’alchi-
miste Arnault fasciné par le très ésotérique
Christian Dior, ce nom de Dior serait fabu-
leux parce qu’il mêlerait « Dieu et or  »),
en s’emparant de Dior avec l’argent de
Bernheim, Arnault aura pour mission de
faire avec cette marque ce que la famille
Wertheimer fit avec la marque Chanel
et de sublimer ainsi la quintessence de
l’héritage des Schwob d’Héricourt et des
Dreyfus !
DES MEDIA PLUS QUE JAMAIS
SOUS CONTRÔLE
OLIGARCHIQUE
A l’instar de Bolloré et comme François
Pinault, Bernard Arnault passe pour un
bon et pieux catholique. Peut-être qu’on
leur demande de cultiver cette image de
bon Français catholiques et self made
men. Mais bon, à une question sur le ca-
tholicisme, Bernard Arnault répondit à
son intervieweur que le problème avec
cette religion est qu’elle était en effet
essentiellement anti-libérale (dans ses
principes). On sait d’ailleurs vers quelle
religion il porte son admiration, lui qui
a marié sa fille aînée, déjà multi-milliar-
daire, Delphine, à Xavier Niel qui appar-
tiendrait par sa maman à la communauté
qui ne connaît pas la crise et qui a fait
sa fortune avec le minitel rose, c’est-à-
dire avec l’industrie pornographique. Du
reste, quand John Galliano, perçu unani-
ment comme un génie de la haute-couture
pour Dior, fut accusé d’antisémitisme
pour quelques mots lancés alors qu’il
était ivre dans un café parisien, il fut lyn-
ché, insulté, congédié, oublié. C’est ça la
cancel culture, c’est avant tout ça, il ne
faut jamais l’oublier. Arnault n’aurait-il
pas pu gérer cette crise où s’illustrait un
artiste (qui par définition est excessif,
écorché) ? Non, il connaît les vrais codes
de la cancel culture, et bien sûr l’esprit de
ses maîtres impatients.
Antoine Bernheim est mort en 2012, mais
aujourd’hui d’autres banquiers protègent
ces bons petits soldats qui nonobstant ont
tous appris à avoir les bons réflexes et à
saisir les opportunités de croissance. A
l’heure où la guerre est d’abord cognitive
(la guerre de l’information), les oppor-
tunités sont à trouver dans le secteur des
media. Vendredi 12 mars, la volonté du
groupe Bertelsmann de vendre son groupe
RTL auquel appartient M6 était devenue
certaine. Pour le rachat de ce mastodonte,
on trouve d’ores et déjà Daniel Kretinsky
(que Pigasse de Lazard a déjà fait entrer
dans Le Monde en lui vendant ses parts),
Bouygues, Vincent Bolloré mais aussi
Bernard Arnault et son gendre Xavier Niel.
Pour l’avenir, les amis de Bernheim n’ont
pas de soucis à se faire quant au traitement
de l’information. Et la France libérée n’est
pas pour demain.
François-Xavier ROCHETTE.
N°3463 — 17 MARS 2021 — RIVAROL
Tribune libre
D
ANS SON dernier éditorial, Jérôme
Bourbon reproche à Marine Le Pen
d’aller « toujours plus loin dans la nor-
malisation ». Il dénonce, entre autres, sa volonté
de rester dans l’Union Euro-
péenne et dans la zone euro, sa
non-dénonciation des accords
de Schengen et son acceptation
du “mariage” gay. Pourquoi la
présidente du Rassemblement
National agit-elle ainsi ? La ré-
ponse figure dans le dessin de
Chard qui accompagne l’édito-
rial : tous les sondages donnent
Marine Le Pen présente au
second tour face à Emmanuel
Macron. Mieux encore, une
enquête récente suggère que
cette fois, le Front républicain
ne fonctionnera pas, beaucoup d’électeurs pré-
férant s’abstenir plutôt que de voter Macron
pour faire barrage à Le Pen. Le deuxième tour
s’annonce donc au coude-à-coude. Le président
sortant serait réélu avec 52 ou 53 % des suf-
frages exprimés. Quand on sait cela, alors l’ob-
jectif de Marine Le Pen apparaît clairement : il
s’agit de grappiller les quelques pourcents qui
lui donneraient la victoire. Pour y parvenir, la
présidente du Rassemblement National doit
rassurer les électeurs hésitants. Or, elle le sait :
la sortie de la zone euro est considérée par beau-
coup comme une aventure folle. D’où sa recu-
lade sur le sujet. Quant à la pérennisation du
“mariage” gay, c’est sa meilleure façon de dire
au peuple : « Rassurez-vous, nous ne sommes
ni des obscurantistes, ni des tyrans : nous ac-
cueillons la modernité et nous préserverons vos
libertés individuelles. »
Jérôme Bourbon rappelle qu’en 2005,
Jean-Marie Le Pen disait : « Un FN trop gentil
n’intéresse personne » Peut-être, mais sa car-
rière politique avait démontré qu’un FN (relati-
vement) radical faisait peur à environ 80 % des
électeurs, ce qui lui ôtait tout espoir d’accéder
un jour au pouvoir. Face à ces deux réalités,
Marine Le Pen a choisi. Sachant qu’à la longue,
les Français en auront assez de l’incompétence
des gouvernants, elle privilégie l’hypothèse
que, le jour venu, les électeurs se reporteront
plus volontiers sur un parti « trop gentil » que
sur un parti radical. D’où sa normalisation tous
azimuts. Simple stratégie ou conviction réelle ?
Jérôme Bourbon souligne qu’en quatre ans, le
discours programmatique du Rassemblement
National a sensiblement changé. A mes yeux,
un changement si rapide ne saurait être le fruit
d’une évolution politique intérieure ; il relève de
la stratégie électorale. En tant que vieux mili-
tant, je n’en suis guère surpris. Voilà trente ans,
déjà, j’entendais des nationalistes reprocher à
Jean-Marie Le Pen son franc-parler et son pro-
gramme (relativement) sans concession. Ils
déclaraient : « Évitons d’apparaître comme des
fascistes… Adoptons au contraire une posture
rassurante. L’important est d’arriver au pou-
voir. Une fois que nous y serons, nous appli-
querons une politique réellement nationale, et
le peuple verra que c’est bien… » Encouragée
par les sondages, Marine Le Pen met en œuvre
cette stratégie.
L’entreprise sera-t-elle couronnée de succès ?
Jérôme Bourbon écrit : « Si le RN n’est pas mort
pour l’instant, c’est que Marine se nomme Le
Pen, un patronyme qui lui assure encore un
matelas de voix ». Sans doute, mais l’argument
peut être retourné : ce patronyme effraie encore
beaucoup d’électeurs. Il est donc possible qu’en
dernière minute, un front républicain renaisse
pour assurer une victoire assez confortable
d’Emmanuel Macron. D’ailleurs, Jérôme Bour-
bon ajoute que Marine Le Pen « profite du tra-
vail fait par la droite nationale et nationaliste
depuis 50 ans pour éveiller les consciences et
alerter sur les dangers mortels pesant sur notre
pays, notre continent, notre civilisation ». C’est
admettre que, malgré l’entreprise de “dédiabo-
lisation”, le Rassemblement National reste le
parti sur lequel se reportent la plupart des natio-
nalistes purs et durs. Cette réalité est connue, y
compris hors des milieux de droite. Beaucoup
de gens se disent donc que, si Marine Le Pen est
élue, poussée par sa base, elle appliquera une
politique authentiquement nationale, c’est-à-
Quelle stratégie adopter actuellement ?
dire – dans leur esprit – une politique “fasciste”.
D’où leur rejet catégorique du Rassemblement
National, aussi normalisé soit-il. On l’aura com-
pris : je doute fort que la stratégie adoptée par
Marine Le Pen soit couronnée
de succès. Mais je pense que
(Dessin de Chard)
l’expérience mérite d’être ten-
tée jusqu’au bout. Voilà pour-
quoi, loin de partir en guerre
contre le Rassemblement Na-
tional, j’observe au contraire
son aventure avec une curiosité
bienveillante. Car cette expé-
rience grandeur nature nous
permettra de savoir si une en-
treprise de normalisation tou-
jours plus poussée peut aboutir.
Certes, je comprends les na-
tionalistes qui refusent de voter
pour Marine Le Pen. La talentueuse Chard leur
fait dire : « Mon suffrage à qui reprendra ces
fondamentaux. » Mais justement : à qui don-
ner son suffrage ? Car pour l’heure, la droite
nationale est une nébuleuse d’où n’émerge au-
cun chef rassembleur et indiscuté. Pourquoi ?
Frédéric Esmanjaud fournit l’explication : « Ce
sont les besoins profonds du siècle et l’attente
des masses qui créent les grands hommes et
déterminent leur vocation. » Ce texte date de
1867. Un siècle et demi plus tard, les attentes
des masses sont si pauvres qu’aucun grand
homme ne peut surgir. En 2017, dans le cadre
de l’élection présidentielle, François Asseli-
neau a lancé : « Ne vous trompez pas d’élec-
tion, nous ne sommes pas au mois de juin en
train de préparer les élections législatives pour
avoir un programme de gouvernement [par le
biais d’un Premier ministre issue de la majori-
té] ; nous sommes en train de choisir le chef de
l’État : celui qui au regard de l’Histoire, sera
responsable, redevable vis-à-vis des généra-
tions futures de ce qu’il aura fait, ou laissé faire
de notre pays. » Or, se lamentait-il : « Tous les
candidats qui se présentent actuellement, de
Madame Le Pen à Monsieur Mélenchon, sont
là à égrener des quantités de mesures : je vais
embaucher des fonctionnaires de police […]
peut-être légaliser le cannabis ou modifier telle
taxe foncière… Mais quand est-ce qu’ils vous
parlent de l’indépendance de la France ? En
fait, ils font des campagnes de Premier mi-
nistre. […] Il ne faut pas confondre ce qu’est,
en France, le chef de l’État, le responsable, le
garant de l’essentiel, et le Premier ministre qui
va et vient au gré des majorités. […] les Fran-
çais ont oublié ce qu’était un chef de l’État. »
Sur ce point François Asselineau a raison. Mais
pourquoi en est-il ainsi ? Tout simplement parce
que, dans leur immense majorité, les Français
sont partisans des Droits de l’Homme. Or,
comme l’explique François Flahaut : « en dé-
pit de leur prétention à être “un phare pour la
communauté universelle”, les droits humains,
lorsqu’on les considère du point de vue poli-
tique (et non plus moral), ne permettent pas de
penser le bien commun. Ce sont, on l’a souvent
souligné, des droits individuels. Ils répondent
à la question du recours dont chacun devrait
disposer contre les abus de pouvoir, mais ils
ne disent pas ce qui est en jeu dans les rela-
tions humaines et la vie sociale. Ils ne disent
pas ce qu’est la finalité des sociétés humaines
au-delà de leur utilité pratique, ni ce qui relie
entre eux leurs membres. […] » Et Raoul Fie-
vet de conclure : « Une société conçue comme
un simple agrégat d’individualités, dépourvue
de référents partagés, exclut en effet que ses
membres se sentent liés à un destin commun,
elle est condamnée à être atomisée. »
Ayant épousé la logique individualiste des
Droits de l’Homme, les Français ont donc ou-
blié ce qui incarnait le collectif, c’est-à-dire
l’État et la Nation. L’avenir de la France ? L’in-
dépendance de la France ? Ils s’en moquent
éperdument. Leur horizon se borne à leur
sphère privée. Dès lors, tout ce que les Fran-
çais attendent des politiques, c’est qu’ils gèrent
la société afin d’assurer au mieux, à chacun,
son petit quotidien. Sachant que les élus sont
à l’image des électeurs, on ne sera pas surpris
que, comme le souligne Raoul Fievet, nos gou-
vernants soient « devenus incapables de saisir
ce qui fonde l’essence même d’une société. Ils
parlent sans cesse d’unité, de rassemblement,
de vivre ensemble, mais oublient, ou ne veulent
pas voir, qu’une société ne peut être porteuse
d’un vrai sens de la cohésion qui si elle s’or-
ganise par rapport à des principes directeurs
qui transcendent les identités particulières des
individus et les rassemblent dans une même
communauté imaginée. Ils auront beau rétor-
quer que de tels principes existent et s’orga-
nisent autour des idéaux de liberté et d’égalité,
leur logique est consternante de bêtise, car ces
concepts, par définition, ne renvoient qu’aux
individus. Ils entendent ainsi fonder une socié-
té sur la somme des parties qui la composent,
au lieu de mettre l’accent sur ce qui peut les
rassembler ». Dans ce climat, l’État est devenu
le gestionnaire du « vivre ensemble ». Quant à
la Nation, elle a disparu ; seule reste une socié-
té civile qu’il faut huiler pour qu’elle ronronne,
c’est-à-dire pour que chacun puisse vivre
égoïstement son petit train-train. « Le citoyen,
écrit Raoul Fievet, est désormais celui qui va-
que à ses affaires sans trop empiéter sur celles
des autres, la citoyenneté s’est mise à l’heure
de la société individualiste, ce n’est plus rien
d’autre qu’un concept creux, relique d’un autre
temps que l’on emploie par réflexe sans trop
savoir ce qu’il signifie au juste ».
LA RESPONSABILITÉ
DU PEUPLE DANS LE CHAOS
Voilà pourquoi la droite nationale n’engendre
aucun chef rassembleur et indiscuté. Certes,
elle ne manque pas de gens sincères et talen-
tueux, mais pour l’heure, à quoi bon ? Car si,
par impossible, un authentique meneur natio-
naliste émergeait puis accédait aux plateaux de
télévision, alors il demanderait au peuple de dé-
passer son individualisme pour servir un idéal
national. Non seulement il ne serait pas écouté,
mais il serait même rejeté par la grande majo-
rité. L’échec de Jean-Marie Le Pen en 2002 l’a
démontré. Un lecteur de RIVAROL souligne :
« Si Jean-Marie Le Pen n’a jamais pu percer,
alors que la situation du pays ne cessait de
s’aggraver, c’est tout simplement parce qu’il a
sollicité ce qui restait de sain dans le pays et,
très vite, il a saturé. Bien sûr la propagande
et la diabolisation ont joué leur rôle, mais un
minimum de bon sens et de lucidité suffisaient
pour comprendre que les outrances et erreurs
de Jean-Marie ne pesaient pas lourd face à la
menace de mort qui plane sur l’Europe toute
entière. » Cette analyse est exacte. Je rappelle
que dès 1984 (et même avant !), Jean-Marie Le
Pen avait dénoncé le danger de ce qu’on appelle
aujourd’hui le « Grand Remplacement ». Par-
lant des étrangers en France, il avait évoqué une
« véritable marée ». Le soir du 5 mai 2002, juste
après l’annonce de la victoire de Jacques Chirac
avec plus de 80 % des suffrages exprimés, une
proche de Jean-Marie Le Pen, Martine Lehi-
deux, lança : « Je ne comprends pas le peuple
français auquel on amenait une telle espérance,
la préférence nationale inscrite dans la consti-
tution ». L’explication était pourtant simple : à
80 %, le peuple français rejetait la préférence na-
tionale, ou plus exactement, la société d’ordre,
de discipline et de hiérarchie qu’elle impliquait.
Ce rejet catégorique, il venait de l’exprimer en
préférant l’escroc au “facho”. Sachant que de-
puis, rien n’a changé, alors il était fatal qu’un
jour ou l’autre, le successeur de Jean-Marie Le
Pen abandonnât, au moins stratégiquement,
tout ce qui rappelle cette préférence nationale.
Pour l’accomplir, Marine Le Pen était la mieux
placée. Voilà pourquoi elle s’est imposée. Ainsi
se confirme cette loi sociale rappelée par Tony
Anatrella : « Les leaders médiatiques, les causes
sociales et les décisions politiques sont souvent
à l’image de la société. » Autrement dit, ce n’est
pas Marine et les siens qui ont sabordé le Front
National canal historique ; c’est la société qui
l’a sabordé parce qu’elle n’en voulait pas : Ma-
rine n’a été que le froid et cynique exécuteur de
cette volonté.
Il en va de même avec les media. Certains les
accusent de manipuler et d’endormir les Fran-
çais. Ils les rendent responsables de la déca-
dence du pays. Mais là encore, Tony Anatrella
souligne : « Les media ne sont que les révé-
lateurs des courants d’idées et des représen-
5
tations dans une société. » Ce sont donc des
caisses de résonance : ils amplifient un mou-
vement, ils ne le créent pas. Les spécialistes
en matière de communication le savent bien :
« la publicité, écrivait l’un d’entre eux, ne peut
vraiment agir que si les messages qu’elle pré-
sente répondent à des besoins ou des désirs.
Elle ne crée pas de besoins […], mais elle se
contente de les éveiller ». Si les media n’expri-
ment pas une aspiration populaire, alors leur
influence reste très faible. La période de l’Oc-
cupation en offre un bon exemple. A partir de
juillet 1940, les journaux et les radios furent
libérés des influences délétères. En 1941, l’ex-
position « Le Juifs et la France » fut organisée
en plein Paris. De partout, les media appelaient
à la lutte, aux côtés de l’Allemagne, pour l’Eu-
rope. Malgré cela, peu de Français s’engagè-
rent, par conviction idéologique, dans la voie
de la Collaboration — j’écarte les opportu-
nistes. La grande majorité du peuple se réfugia
dans un attentisme teinté d’américanophilie.
Pourquoi ? Dès juin 1941, un Français apporta
la réponse : « Trop de gens, nota-t-il, continuent
d’avoir les mœurs de la démocratie défunte ».
Dix-huit mois plus tard, un éditorialiste rappela
que, face au péril bolchevique, l’Allemagne et
l’Italie avaient décrété la mobilisation totale.
Puis il lança : « Et la France, que fait-elle ?
La France ne fait rien. Elle s’enlise dans un
attentisme béat. […]. Notre atonie est totale
et notre aveuglement complet. Comme au plus
beau temps de la démocratie, nous croupissons
dans les mares stagnantes. Rien n’a changé. »
L’influence de la presse collaborationniste se
révélait donc très faible, tout simplement parce
que, dans sa majorité, le peuple français res-
tait favorable à l’ordre ancien : le libéralisme
pour les uns, le bolchevisme pour les autres.
Par conséquent, gardons-nous de croire que
les masses seraient malléables à volonté. Les
media peuvent les pousser dans une direction
qu’elles veulent prendre ; ils ne peuvent pas
leur faire adopter des idées qu’elles rejettent.
Le lecteur de RIVAROL conclut : « Les idées
de la révolution imbibent nos sociétés, et seule
une épreuve dramatique nous en sortira. »
C’est vrai. Depuis vingt ans, je le répète : tant
que les supermarchés seront achalandés, les
pompes à essence pleines et les portables en
fonctionnement, aucune renaissance nationale
ne sera possible. Il faut attendre l’effondrement.
Ici, certains me répondront que le Grand Rem-
placement progresse à grands pas, donc que
l’on ne peut plus attendre, sans quoi il sera trop
tard pour sauver le monde blanc. Dans ce cas,
la droite nationale n’a pas le choix : elle devrait,
d’urgence, se fédérer autour d’un chef. Mais
ce chef, on ne le voit pas. Dès lors, « à défaut
de choisir le meilleur, il faudra bien faire avec
le ou les moins mauvais ». Cette remarque est
apparemment de bon sens. Cependant, la ques-
tion revient : qui choisir ? Pour l’heure l’offre se
révèle très limitée : en terme de visibilité, c’est
Marine Le Pen ou Eric Zemmour préemptés
et mis en avant l’un et l’autre par les grands
media. Si l’on refuse l’un et l’autre, la logique
serait de se rassembler autour d’un troisième
personnage. Hélas, depuis la scission du Front
National en 1998, toutes les tentatives de fédé-
rer la droite nationale autour d’un chef qui pré-
senterait un programme minimum ont jusque-là
échoué. Pour ma part je ne choisirai pas entre
Eric Zemmour et Marine Le Pen. De toute fa-
çon je ne vote plus depuis très longtemps, ne
croyant pas en la démocratie et en la « sainte
urne ». Mais je ne combattrai aucun des deux
car j’ignore les desseins de la Providence.
De mon côté, je pense que l’effondrement
ne tardera pas et qu’alors, un personnage pro-
videntiel se lèvera. Ce personnage défendra un
nationalisme social. Aussi aura-t-il besoin d’une
batterie d’arguments historiques pour laver le
fascisme et le national-socialisme des calom-
nies qui les souillent. C’est ce à quoi je travaille
depuis trente ans. Rien ne dit que mon pronostic
est exact, donc que mon action servira. Mais j’y
crois. Alors je m’y engage activement et je reste
à mon poste, sans gêner ni combattre ceux qui
adoptent une autre stratégie. Puisse les autres
militants faire de même.
Vincent REYNOUARD.
6 N°3463 — 17 MARS 2021 — RIVAROL
Une fin de campagne électorale animée dans l’entité sioniste
L ’ENTITÉ Sioniste est depuis plusieurs
années, le printemps 2019 précisément,
en campagne électorale permanente,
avec une à deux élections législatives antici-
pées par an. Elles ont eu lieu le 9 avril 2019,
le 17 septembre 2019, le 17 mai 2020. Les
suivantes, décidées fin décembre 2020, auront
lieu dans quelques jours, le 23 mars 2021.
Ce phénomène s’explique par l’éclatement
complet de la Knesset — qui comprend 120
sièges — en plusieurs dizaines de petits par-
tis, ne comptant parfois que quelques sièges,
et par l’impossibilité de réunir des majorités
stables.
La campagne devait être ennuyeuse : à peu
près tous les partis étaient d’accord au sujet
du Covid19, considérée comme une peste re-
doutable  — ce qui ne s’est pas vérifié dans
l’Entité comme ailleurs en termes de mortali-
té —, et une campagne intensive et rapide de
vaccination obligatoire et totale de la popula-
tion. La population est aujourd’hui vaccinée à
60 % ou à 90 %, selon que l’on compte une
ou deux injections. La grande majorité des
Juifs religieux et de leurs partis avaient fini
par l’accepter ; les rares opposants, très mé-
diatisés, ont été en fait marginaux. Les Arabes
avaient exigé d’être vaccinés eux aussi, et en
même temps que les Sionistes, et ils l’ont été,
mais avec un décalage de quelques semaines.
Netanyahou a fait campagne sur la vaccina-
tion générale, et son succès. Techniquement,
il a réussi. Le passeport sanitaire, attestation
de la vaccination, est devenu obligatoire pour
mener une vie normale dans l’Entité, pour ac-
céder aux musées, aux bars, aux théâtres etc.,
qui ont rouvert. L’Entité est un modèle pour
l’Union Européenne, et il faut hélas s’attendre
à subir un traitement semblable, avec un re-
tard de six mois à un an.
Netanyahou est le Premier ministre depuis
2009, un record, mais il n’a plus de vraie ma-
jorité depuis 2018. Il est confronté à des en-
nuis judiciaires majeurs. Mais il est toujours
présumé innocent, en l’absence de condam-
nation définitive. Il s’affirme innocent, et
victime de la persécution de juges gauchistes.
C’est excessif, même si ce n’est pas totale-
ment faux. Il a été relativement peu attaqué,
globalement — ce qui n’exclut pas certaines
tirades flamboyantes très médiatisées —, sur
ce front des affaires, car tous les partis poli-
tiques sionistes en souffrent, y compris les
partis religieux. En vieux renard cynique, Ne-
tanyahou n’a pas hésité à susciter un élan na-
turel de sympathie en sa faveur se rendant au
chevet de sa femme, hospitalisée en ce mois
de mars, pour une appendicite infectée, et cela
devant les caméras. Malgré tous ses efforts, et
une base électorale fidèle, mais relativement
réduite à l’échelle nationale, comprise autour
de 20 % des électeurs, Netanyahou, au pou-
voir depuis douze ans, ne suscite nul enthou-
siasme pour autant. Toutefois, comme il n’a
plus de grand opposant à sa mesure, il pour-
rait être reconduit une nouvelle foisà la tête du
gouvernement, probablement sous la forme
d’un énième gouvernement minoritaire pro-
visoire. En effet, la prochaine Knesset risque
d’être à nouveau ingouvernable, incapable de
dégager une majorité.
UNE DÉFINITION PLUS
LIBÉRALE ET LARGE DES JUIFS ?
Pourtant, un thème inattendu a émergé et a
animé la fin de campagne. Contre toute at-
tente, la Cour Suprême Sioniste a donné le
lundi 1er  mars 2021 une définition large du
“Juif”, qualité définie par la religion, et per-
mettant d’accéder à la citoyenneté sioniste.
Elle avait répondu à une question posée
en 2017 au sujet de l’accès des rabbins li-
béraux au Mur des Lamentations pour diri-
ger des prières collectives. Il leur avait été
refusé, avec l’argument que seuls de vrais
rabbins, encadrant de vrais Juifs, pourraient
diriger de telles prières. La Cour Suprême
sioniste vient donc d’autoriser cet accès, en
reconnaissant pleinement aux Juifs libéraux
la qualité de Juifs. Cet arrêt comporte des
implications considérables, immédiatement
comprises par la classe politique sioniste,
et ont déclenché une tempête politique, ani-
mant donc une campagne électorale jusqu’ici
relativement terne.
En effet, jusqu’ici, n’étaient reconnues
que les attestations fournies par les rabbins
juifs orthodoxes, réputés pour leurs exi-
gences. Sont donc rejetées comme invalides
celles des rabbins conservateurs ou libé-
raux. Les conservateurs sont des libéraux au
sens du XIXe siècle, et les libéraux actuels
des progressistes, avec parfois même des
femmes-rabbins, chose totalement impen-
sable chez les ultra-orthodoxes. Cette cou-
tume a vexé beaucoup de Juifs américains,
majoritairement conservateurs ou libéraux,
qui ne sont donc pas reconnus comme “Juifs”
par l’Entité. La question est particulièrement
délicate pour les conversions. Celles opérées
par des rabbins américains, relativement
nombreuses, ne sont donc pas reconnues.
Des convertis par des rabbins conservateurs
ont donc pu se voir refuser leur immigration
dans l’Entité. Il existe des cas célèbres de
ces conversions contestées jusqu’ici : Ivanka
Trump — même si elle avait reçu quand
même en 2017 in fine une fort diplomatique
reconnaissance personnelle de sa judaïté,
contrairement à tous les cas semblable — ou
la chanteuse-danseuse blasphématrice “Ma-
donna”, devenue Esther.
Toutefois, si quelques centaines d’indivi-
dus ont été vexés, et en général pas refoulés
aux frontières mais invités à se convertir au-
près d’un rabbin ultra-orthodoxe agréé par
l’Entité, se pose le problème des immigrés
clandestins africains. Le Premier ministre
Netanyahou les expulse régulièrement par
dizaines de milliers. Ils viennent surtout
d’Afrique noire ou d’Erythrée, via l’Egypte.
Seuls les plus excités de l’extrême-gauche
sioniste, très marginaux, réclament la “ré-
gularisation” de tous les “sans-papiers”.
Netanyahou fait pratiquement consensus
en affirmant la nécessité de ces expulsions,
au nom de la préservation essentielle du ca-
ractère juif de l’Entité. En effet, avance-t-il,
s’ils étaient régularisés par dizaines de mil-
liers, ils seraient rapidement des centaines
de milliers, puis des millions, submergeant
l’Entité. La comparaison implicite, évidente
pour tous, est celle de l’Europe, et singuliè-
rement de la France et de la Grande-Bre-
tagne. Netanyahou, en fin de campagne,
a dénoncé une invasion noire à venir, qui
s’appuierait sur des fausses conversions de
masses opérées par des rabbins libéraux
plus que douteux. En effet, par exemple,
un Congolais converti au Judaïsme par un
rabbin libéral, pas très exigeant — alors que
les ultra-orthodoxes le sont au point qu’il
s’agit de franchement décourager toute
conversion —, deviendrait ainsi inexpul-
sable, puisque citoyen sioniste…
Netanyahou a donc promis des lois spéciales
pour préserver l’Entité de conversions dou-
teuses. Ces conversions ne donneraient par
exemple plus un droit immédiat de résidence,
en ajoutant des conditions de ressources, ou
de maîtrise de l’hébreu. Ses gouvernements
contournent du reste régulièrement les déci-
sions de la Cour Suprême, en particulier celles
favorables aux Palestiniens. Il espère tendre un
piège à la gauche, qui perdrait des électeurs si
elle devait faire preuve d’ouverture sur le sujet.
Mais elle a été surtout silencieuse, ou discrète,
en appelant à discerner les cas de conversions
sincères de celles opportunistes.
Au fond, il est clair que l’Entité refuse toute
immigration noire. Une idée large-
D.R.
ment partagée à Tel-Aviv est qu’une
telle impossibilité d’intégration de
populations trop différentes aurait
été démontrée par l’échec manifeste
de l’immigration des Juifs éthiopiens
dans les années 1980. Présentée à
l’époque comme un geste humani-
taire d’accueil pour des milliers, en
fait rapidement des dizaines de mil-
liers, de Juifs mélanodermes, cette
opération s’est soldée par un échec
car ces Juifs sont devenus depuis
des centaines de milliers, et restent
en marge de la société sioniste. Cela
n’empêche pas certains d’entre eux d’être en
pointe dans le discours ethnonationalistes
sionistes durs, et de se montrer très hostiles
aux Palestiniens.
Dans les années 1980-90, plus de 1,5 million
de Juifs russes avaient été admis dans l’Entité,
et ils y sont restés. Leur Judaïté était pourtant
très douteuse, avec au minimum la coupure
absolue de toute transmission religieuse lors
de 60 ou 70 ans de vie soviétique, et de très
nombreux descendants de couples mixtes —
chose considérée comme une horreur par les
rabbins ultra-orthodoxes —. Il y avait eu alors
un choix politique très clair, accepter cette
immigration leucoderme de masse pour faire
face à la démographie palestinienne alors ex-
plosive — ce n’est plus le cas en 2020 —. Si
cette population judéo-russe, dans sa grande
masse, n’a pas choisi la conversion à un Ju-
daïsme strict, mais au contraire a continué
à suivre ses propres pratiques culturelles
russes — comme une cuisine comportant
beaucoup de porc ! —, elle est devenue parfai-
tement bilingue — russe et hébreu —, et dans
le temps long tend à s’intégrer à la culture sio-
niste laïque, dans la nuance de la droite sio-
niste dure, volontiers belliqueuse contre les
Palestiniens et les Arabes en général.
UN ÉCLATEMENT DU JEU POLI-
TIQUE DEVENU STRUCTUREL
Si la fin de campagne électorale a donc été
animée, cela ne devrait pas changer les résul-
tats électoraux. En particulier, les sondages
n’indiquent aucune progression du Likoud,
malgré tous les efforts de Netanyahou.
La proportionnelle sioniste intégrale, avec
un scrutin de liste national et un seuil bas
d’éligibilité à 3,25 %, a favorisé depuis les
années 1980 un éclatement toujours plus
prononcé de la scène politique. Toutes les
nuances politiques sont représentées, ou
peuvent espérer l’être. L’emballement ma-
nifeste de ce phénomène s’est aggravé,
chaque parti, et a fortiori chaque petit parti
proche du seuil fatidique des 3,25 %, tient
donc à prononcer en permanence, au par-
lement, et même au sein du gouvernement,
des discours électoraux maximalistes. La
vie politique a aussi été très polarisée autour
de la figure du Premier ministre sortant Ne-
tanyahou, de droite conservatrice et patrio-
tique sioniste dure. Pourtant, le Likoud de
Netanyahou est toujours plus loin de réunir à
lui seuil la moitié des suffrages ; une moitié
de ses électeurs potentiels tient à peser sur
ses choix politiques en votant plutôt pour des
partis plus radicaux, ou religieux ou laïcs.
Le Likoud (« la consolidation »), donné
toujours en tête, obtiendrait 28 sièges (en
recul, car il obtenait 36 sièges en 2020), soit
très peu pour le premier parti. Le deuxième
parti, qui a connu une nette remontée durant
la campagne, est le parti libéral-progressiste
Yesh Atid Telem (« il y a un futur »), de
centre gauche, et qui tient lieu d’opposition
de gauche désormais ; il est moins dur contre
les Palestiniens que le Likoud, mais cela
reste très relatif. Le troisième parti est l’ex-
trême droite sioniste de Yamina (« à droite
toute »), avec 12 sièges. Ce ne serait toute-
fois pas encore la percée majeure de cette
extrême droite, régulièrement annoncée, à
tort, depuis les années 1990 ; elle souhaite
l’expulsion pure et simple de tous les Pales-
tiniens entre Mer Méditerranée et Jourdain,
et qualifie Netanyahou de dangereux modé-
ré, sinon de traître à la cause sioniste, ce qui
est perçu comme excessif par encore 90 %
du corps électoral ; cela signifierait l’accep-
tation par les électeurs de la large normali-
sation des relations diplomatiques officielles
ou non (Arabie Séoudite) avec presque tous
les pays arabes — sauf la Syrie et l’Algé-
rie —, obtenue par le tandem Trump-Ne-
tanyahou. Curiosité du paysage politique
sioniste, il existe donc une vraie extrême
droite, significative, bruyante, mais encore
nettement minoritaire. Ce que l’on qualifie
ainsi couramment en Europe, bien à tort, de
Marine Le Pen à Matteo Salvini, correspon-
drait à une gauche prononcée dans l’Entité.
Comme nous l’avions envisagé il y a
quelques semaines, le parti libéral-conserva-
teur Tikva Hadasha (« nouvel espoir ») du
dissident du Likoud, Gideon Saar, depuis peu
violemment opposé à son ancien mentor, a
perdu plus de la moitié des voix promises en
début de campagne, à 9 sièges aujourd’hui ;
il est passé de la deuxième à la quatrième
position ; comme il n’est nullement pas en
mesure de contester la première place à Ne-
tanyahou, il pourrait continuer à s’effondrer.
Puis suivent une dizaine de petits partis, de
droite ou de gauche, dont les religieux, ce-
lui des Arabes, qui reculerait à cause d’une
abstention anticipée comme particulièrement
importante — à tort ou à raison —, pas tous
certains de dépasser les 3,25 %. Le grand évé-
nement serait la quasi-disparition du grand
parti anti-Netanyahou de centre-gauche Kha-
kol Lavan (“bleu-blanc”, soit les couleurs du
drapeau sioniste), miné par les scissions, qui
tomberait à 4 sièges (contre 33 en 2020).
Ces résultats anticipés ne sont que ceux pro-
posés par une moyenne des sondages. Les
surprises sont courantes dans la vie politique
sioniste. Mais, à une semaines du scrutin, ces
indications peuvent être considérées comme
à peu près fiables, du moins pour les grands
partis. Beaucoup de petits partis annoncés à
6 % risquent en fait de ne pas passer la barre
des 3,25 %, tandis que certains des tout petits
partis, considérés comme des tendances po-
litiques ultraminoritaires ou des mouvements
fantaisistes ou catégoriels étroits (parti des re-
traités, parti des animaux, parti de la paix, par-
ti écologiste, etc.) peuvent créer des surprises
et faire 3,3 %, et donc siéger à la Knesset.
AU-DELA DE LA COMÉDIE
POLITIQUE, LA POURSUITE
DU PROJET SIONISTE
Cette vie politique instable, animée, pour-
rait faire sourire. Une interprétation erronée
serait d’en déduire une faiblesse majeure de
l’Entité, voire de prédire sa disparition. Le
parlement sioniste est devenu chaotique ; les
gouvernements ont des compositions chan-
geantes, instables. Toutefois, le personnel po-
litique principal reste assez stable dans la du-
rée. Surtout, le projet sioniste, soit la conquête
de la Palestine, et son repeuplement par des
Sionistes, après l’expulsion des Palestiniens,
fait à peu près consensus dans l’Entité, davan-
tage même que dans les années 1980 ou 1990.
Tout au plus le débat porte-t-il sur la taille, de
toute façon très réduite, des petites enclaves
à laisser aux Palestiniens, les opinions allant
de 0 à 20 % de la Palestine historique. La co-
lonisation de la Cisjordanie se poursuit donc.
Les annexions officielles prévues pour l’été
2020 n’ont été que différées provisoirement,
sous l’amicale pression des nouveaux alliés
arabes de l’Entité, en particulier les Emirats
Arabes Unis. L’Entité est désormais reconnue
par tous ou presque dans la région. Comme
il est devenu difficile d’obtenir des votes ré-
guliers des lois dans un parlement anarchique
et hystérique, le gouvernement Netanyahou
tend à gouverner de plus en plus par décrets.
La méthode est douteuse du point de vue des
principes démocratiques, mais enfin, en dépit
des apparences, l’Entité reste effectivement
gouvernée. Au détriment des Palestiniens
martyrisés et des Etats voisins menacés.
Scipion de SALM.
N°3463 — 17 MARS 2021 — RIVAROL
Le monde d’après-Covid
Un agrégat d’individus sans racine et sans Dieu
R IEN DE TEL, pour vous dégoûter
à jamais du port du Masque de car-
naval macronien, qu’une journée
dans un hôpital de Paris ! J’eus cette mal-
heureuse occasion la semaine dernière, et
je n’en suis pas encore remis. Des salles
toutes semblables, peuplées d’infirmières
toutes vêtues en chiens méchants et arbo-
rant jalousement leur muselière, l’imposant
même sans ménagement à leurs visiteurs.
Je leur dis que cet instrument de torture
m’empêchait de respirer, aussitôt elles se
jetèrent sur moi et me l’appliquèrent sur le
nez, pour que je respire encore moins bien,
en me disant : « C’est obligatoire ! Tout le
monde s’y adapte. » Elles ne savaient pas
que je déteste au plus haut point qu’on me
donne pour modèle cet esprit de mouton de
Panurge…
J’ai alors pensé à ce propos d’Étienne de
La Boétie que je dois citer, en vous présen-
tant mes excuses, une nouvelle fois : « Un
homme ne peut asservir un peuple si ce
peuple ne s’asservit pas lui-même par une
imbrication pyramidale ». Dans l’affaire, il
y a les courtisans qui se donnent pour mis-
sion de faire participer les dominés à leur
domination ; c’est le cas de ces incondi-
tionnelles du Masque qui entendent nous
donner mauvaise conscience en nous répé-
tant la fausse leçon de l’auto-altruisme, qui
n’est que charité intéressée. Ils ne songent
même pas aux dangers que fait courir à la
population le port quotidien du Masque qui
impose à chaque asservi de respirer tout le
long de la journée les saletés qu’il laisse
choir dans sa muselière.
LA DISPARITION
PROGRAMMÉE
DE TOUT CONTACT HUMAIN
Quand je vois avec quel empressement les
dominés, heureux de l’être, s’acharnent à
faire participer tout le monde à leur domi-
nation, j’éprouve les plus vives inquiétudes
sur ce que sera le pays d’après Covid. « Les
Français sont des veaux », disait Charles
de Gaulle qui, pour une fois, ne mentait
pas. Accepteront-ils, sans s’insurger, que la
Macronie, si elle ne s’effondre pas aupara-
vant, continue d’entretenir le climat de peur
en prolongeant des mesures sécuritaires
dans un but sanitaire ? La pandémie est de-
venue un argument massue pour contrôler
davantage les populations. C’est pourquoi
elle est la situation rêvée des régimes tota-
litaires.
Les politiques s’obstinent depuis plus d’un
an à nous infantiliser, en serrant toujours
plus fort le verrou sécuritaire (amendes pour
non port du masque !). Cela ne pourra pas
durer encore des années. Ce n’est pas avec
des contraventions que les citoyens partici-
peront mieux à la protection générale contre
l’épidémie. Mais, alors, qu’imaginent ceux
qui sèment la terreur en s’évertuant à gros-
sir toujours plus la gravité du virus ?
UN PLAN DE SOCIÉTÉ
CONCENTRATIONNAIRE
Nous apprenons par Media-Presse-info
que le monde de folie que veulent nous
imposer les apprentis sorciers mondialistes
n’a pas fini de nous surprendre, de nous
inquiéter et de nécessiter de notre part une
ferme résistance : « Le coronavirus sert de
prétexte à légitimer l’accélération d’un
plan qui est conçu jusque dans ses moindres
détails comme le confirme cyniquement le
manifeste du Great Reset signé par Klaus
Schwab, dirigeant du Forum économique
mondial.
Le monde post-Covid a des allures de film
de science-fiction. Un monde de plus en
plus totalitaire dans lequel le numérique et,
en conséquence, le robot prennent de plus
7
en plus d’importance en même temps que la
société se déshumanise…
Et voici que parmi ces projets de Nou-
vel Ordre Mondial apparaît un nouveau
concept : Untact. Sans contact. Entendez ;
nait de plus en plus nécessaire de « créer
une culture sans contact ». « Nous devons
créer une nouvelle vie, qui inclut moins de
contacts en face-à-face. Nous avons baptisé
cela la culture untact qui sera soutenue par
société d’après-Covid risque d’être de plus
en plus macronisée, donc aseptisée, figée,
guindée, compartimentée. On sera loin, très
loin, de la vie enjouée de nos aïeux dont té-
moignent toute la littérature du Moyen Âge
sans contact humain ! La Corée du Sud est la quatrième révolution industrielle, dont et les chansons de nos provinces. Jadis, les
à la pointe du projet d’une société Untact. les nouvelles technologies comme l’intelli- fêtes étaient joyeuses, parce qu’elles invi-
Ici encore, le coronavirus en est le prétexte gence artificielle, et la 5G ». taient hommes, femmes et enfants à s’élever
accélérateur. Puisque l’autre humain est au-dessus d’eux-mêmes pour célébrer Dieu,
présenté comme un potentiel, dangereux RACISME ANTI-VIEUX les saints, les anniversaires royaux et le bon
vecteur de virus, il faut entrer en contact vin des pays de France. Après le Covid, nous
direct avec le moins possible d’autres hu- Eh oui, ce sera le « meilleur des mondes » ! aurons beaucoup de mal à nous débarrasser
mains selon la vision futuriste anxiogène. » Il n’y a plus qu’à se mettre à la remorque du des images lugubres des journalistes qui,
sinistre Jean-Paul Sartre : « L’enfer, c’est les chaque soir, à la télévision, nous ont asséné
EXIT L’HOMME autres ! ». On assassinera toute vie sociale, les chiffres les plus alarmants des morts du
on se méfiera de l’autre, on le prendra pour virus, comme pour nous faire sombrer dans
“ANIMAL POLITIQUE” un pestiféré, on condamnera les vieillards la panique et nous mettre dans le crâne que
On aura remarqué que nous sommes ainsi à vivre dans la solitude, à ne recevoir plus le Covid était la “pire” des calamités de tous
entraînés aux antipodes de la philosophie aucune visite et à mourir de chagrin, le ra- les temps !
d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin sur cisme anti-vieux semble avoir réellement Emmanuel Macron n’a en vue que la Li-
laquelle repose toute la civilisation chré- inventé un délit de vieillesse ; on condamne- berté des vainqueurs de la Bastille qui
tienne et qui part de cette ra la famille à dépérir. Les voulaient conditionner les Français à être
vérité que l’homme est clients des restaurants se- libres — libres non plus au rythme des an-
un « animal politique ». ront condamnés à manger cestrales libertés naturelles, mais libres de la
Il a besoin de contacts la nourriture à peine amé- liberté des gens sans foi ni loi, sans attaches
avec ses semblables. Il liorée des fast-food et des et sans mémoire sur lesquels la Révolution
n’atteint son achèvement, Mac-Do ; ce n’est pas ainsi allait aligner par la terreur toute la popula-
sa perfection qu’en étant qu’on reconstituera le tissu tion en s’attaquant à la famille à l’Église,
membre de la communau- social et les bonnes amitiés à l’école. Ses amis du lobby homosexuel
té politique ; il est partie nés autour d’un bon repas. prônent une tyrannie faite de contre-valeurs,
d’un tout et le bien de la Le télé-travail rendra ceux d’inversions, de perversions. Le progrès des
partie est fonction de son (Dessin de Chard) qui y seront astreints à sciences dévoyées peut aujourd’hui modifier
bon ordonnancement au tomber dans la neurasthé- l’ordre naturel pour le plus grand malheur de
tout — un ordonnancement qui s’opère nie. Les enfants, condamnés à ne plus jouer l’humanité. Ce président de pacotille veut
d’abord dans la famille, puis dans la cité, ensemble, perdront leurs yeux sur les écrans imposer à tous la mentalité d’aujourd’hui
dans la profession, dans la province, en- de l’enseignement à distance. qui n’accepte plus la réalité, la nature, ses
fin dans la nation. D’où une hiérarchie, un Ceux qui se font les admirateurs du projet lois et qui, du fait même, refuse l’auteur de
ordre, qui prédispose chacun, par degrés, Untact prouvent leur incapacité totale à jeter la nature, veut se substituer à Lui en prati-
à s’ordonner au bien commun, lequel est sur la calamité de l’épidémie le regard sur- quant des P.M.A. et des G.P.A. pour tenter de
inséparable de son bien propre. Le pro- naturel qui, seul, pourrait nous épargner bien corriger les conséquences trop dures d’une
testantisme et la Déclaration des Droits des anxiétés et bien des souffrances. vie sans foi ni loi. Il permet que l’on crée ar-
de l’Homme commencèrent d’attribuer On protège les corps, on foule au pied les tificiellement des enfants au lieu d’en être les
à chacun une destinée strictement per- besoins de l’âme ! On voit bien là les limites procréateurs, c’est-à-dire des participants à
sonnelle sans référence au bien commun. d’une politique qui entend faire disparaître l’œuvre de Dieu. Ce renversement des pou-
Avec l’après-Covid, ce sera « l’insurrec- le coronavirus par les seuls moyens maté- voirs ruinera la civilisation, sans compter
tion (jusqu’à la folie) de l’individu contre riels, médicaux et hospitaliers. Une fois de l’avortement qui tue plus de 220 000 enfants
l’espèce  », pour reprendre une expression plus, il manque un regard surnaturel sur la à naître par an. L’innocence massacrée !
d’Auguste Comte. Ici on assiste à une dis- situation. Il y eut jadis de grands saints qui
parition programmée des contacts humains. se dévouèrent sans compter pour secourir PAR LE SOUFRE
Quelques exemples : les malades en cas d’épidémie. Aujourd’hui, ET PAR LE FEU ?
— Le développement de la 5G, de la ro- s’il s’en présentait, ils n’auraient pas le droit
botisation et de l’intelligence artificielle de passer à cause du masque. Je cite en vrac On renouvelle le péché d’Adam : « Vous
doivent modifier tous les aspects de notre les Martyrs d’Alexandrie, saint Roch, sainte serez comme des dieux ». On ne peut vou-
existence (c’est un vœu ou un ordre ?) Rosalie, saint Jean de Dieu, saint Camille de loir transgresser le principe divin : « Tes
— Les restaurants seront remplacés par Lellis… père et mère honoreras afin de vivre longue-
des chaînes de restauration sans personnel On confine à tour de bras. Les Niçois et ment » pour y substituer un ordre, comme
humain, dans lesquels ce seront des robots les Dunkerquois, avant bien d’autres, ne à Sodome, selon ses penchants, selon ses
qui prépareront la commande et viendront peuvent plus se rendre à la messe, alors qu’il appétits, selon les attirances du cœur ou de
la servir à table (le contact du patron et de faudrait en ce moment de belles cérémonies la chair. Sodome fut détruite « par le soufre
ses convives ne compte-t-il pour rien dans dans les églises noires de monde, de longues et par le feu ». On ne peut savoir si le châ-
un repas réussi ?) processions, comme on en a toujours vu en timent de la France sera semblable car Dieu
— L’enseignement à distance deviendra cas d’épidémie ! Les cérémonies religieuses n’aura sans doute qu’à laisser se produire
la norme (bonjour, les maux de tête des en- ne sont même pas évoquées dans le pro- les effets de l’inconduite de nos gouvernants
fants !). gramme d’Untact. La messe, comme elle depuis 1789. Quel pays pourrait se relever
— 18 hôpitaux équipés d’intelligence ar- l’est déjà fortement depuis un an, sera-t-elle d’une telle offensive incessante et program-
tificielle ultra-développée privilégieront les à terme quasi-exclusivement virtuelle, avec mée contre la famille, contre la substance
soins à distance (donc plus de médecin de des offices retransmis en live sur des chaînes même de la pérennité de la famille ?
famille ?) YouTube, à l’instar d’un match de foot ou de Un tel président qui mène la France dans
— La plupart des boutiques disparaîtront tennis ? Quelle tristesse ! le gouffre n’a aucun droit à nous donner
au profit du commerce en ligne. De nom- La messe est l’endroit où se rejoignent har- des ordres pour, croit-il, nous sortir de la
breuses livraisons se feront par des drones monieusement le besoin d’instants de soli- pandémie. Nous n’avons pas à obéir à cet
(que deviendra la vie locale ?) tude et de réflexion, de contemplation et de acte de tyrannie qui consiste à nous obliger
— Les discussions en ligne avec les in- méditation, de prières personnelles et d’ac- à porter le masque, ni à trembler devant les
terlocuteurs professionnels deviendront la tions de grâces, et le besoin de prières com- policiers qui veulent, en toute illégitimité,
norme. (Ce sera le télé-travail obligatoire !) munes, de chants de louange et d’hymnes nous verbaliser si nous sortons le visage dé-
— Les liens avec les amis et la famille solennels. L’Église notre mère, qui nous couvert. Car ce n’est ni par les contorsions
seront encouragés à ne plus exister que par connaît mieux que quiconque, a su admira- d’Emmanuel Macron ni par les déclarations
écrans interposés (c’est la fin de toute vie blement doser ces nécessités de la nature hu- tonitruantes des Coréens que nous serons
familiale !). maine, laquelle n’est faite ni pour s’enfermer sauvés du Coronavirus ; c’est Dieu et Lui
— Les loisirs (écouter un concert, visiter derrière un masque ni pour s’exalter sans seul qui fixera le jour où ce virus s’éteindra.
une exposition…) se feront virtuellement retenue. Il serait grand temps d’organiser de belles
devant un écran (que fera-t-on des per- Tout laisse à penser que le pouvoir de et ferventes processions de pénitence pour
sonnes malentendantes ?) l’ignoble Emmanuel Macron profite de enfin faire triompher les droits de Dieu, et
— Des “smart cities” (villes intelligentes) l’épidémie, pourtant en perte de vitesse, demander à la Vierge Marie, Mère de Dieu
vont se développer avec le « sans contact pour décourager les Français de vivre une et Reine de France, de terrasser le coro-
humain » comme règle de base. Et Me- vie sociale normale, d’aller à l’église, dans navirus comme elle écrasa la tête du Dé-
dias-Presse-Info de rappeler que Park les restaurants, ou dans les parcs, ou dans les mon-tentateur.
Yang-woo, Premier ministre de Corée, a musées… Il aura fait perdre à tous ces lieux
récemment déclaré au Figaro qu’il deve- ce qui faisait l’essentiel de leur charme. La Michel FROMENTOUX.
8 N°3463 — 17 MARS 2021 — RIVAROL
Black Lives Matter m’a tué
Ceux qui comptent et ceux qui ne comptent pas
A
H, QU’IL EST
LOIN, le bon
vieux temps de
l’empire colonial fran-
çais… A l’époque où
l’Afrique était bonne
hôtesse, des familles
quittaient la métropole
pour se rendre au Séné-
gal et des belles demoi-
selles rêvaient d’épou-
ser un riche colon. Fini,
tout ça.
Depuis des décennies,
anticolonialisme oblige,
nous avons droit au
règne de l’antiracisme
et à la culpabilisation. L’antiracisme insti-
tutionnel a réussi cette prouesse d’inciter
tout Français qui se respecte à se considérer
comme coupable d’une épopée coloniale lar-
gement fantasmée, à laquelle il n’a bien évi-
demment pas participé. Merci SOS Racisme.
Mais SOS Racisme, Harlem Désir, Julien
IL RESTE JUSQU’AU
MARDI 23 MARS POUR
ACHETER LE NUMÉRO
SPÉCIAL 70 ANS !
Il reste encore quelques jours, jusqu’au
mardi 23 mars au soir, pour se procurer
dans les maisons de la presse, chez les mar-
chands de journaux, dans les kiosques et
les rayonnages des supermarchés, là où il
demeure encore quelques exemplaires en
vente (pour cinq euros), le numéro 3456,
spécial 70 ans de RIVAROL. Là où cela n’a
pas encore été fait, profitez de ces tout der-
niers jours pour acheter et distribuer les der-
niers exemplaires non encore vendus de ce
numéro collector globalement très appré-
cié d’après les courriers que nous avons re-
çus. L’idéal serait qu’il n’en reste aucun car,
comme vous le savez sans doute, selon les
règles de la distribution, les journaux inven-
dus sont systématiquement détruits, ce qui
a un coût non négligeable pour l’éditeur. Or
ce numéro historique de 28 pages mérite,
nous semble-t-il, une large diffusion.
Vous pouvez également commander ce
numéro spécial (et là, sans limite de temps)
soit sur notre site Internet rivarol.com en
version numérique (5 euros) ou papier (7
euros franco), soit en nous écrivant à nos
bureaux (Editions des Tuileries, 19 avenue
d’Italie, 75 013 Paris).
On peut nous commander un exemplaire
papier (7 euros franco) ou plusieurs, auquel
cas le tarif est dégressif : 5 exemplaires (30
euros franco), 10 exemplaires (50 euros
franco), 50 exemplaires (200 euros), 100
exemplaires (375 euros).
Merci de faire connaître RIVAROL autour
de vous, d’offrir ce numéro anniversaire aux
personnes susceptibles d’être intéressées,
d’en laisser éventuellement un exemplaire
sur le fauteuil d’un transport en commun,
sur la table de la salle d’attente d’un mé-
decin, ou dans une boîte aux lettres, et de
nous aider ainsi à développer notre diffu-
sion. Si vous souhaitez nous communiquer
des adresses postales ou électroniques de
personnes susceptibles, selon vous, d’ap-
précier ce numéro, puis dans la foulée, de
s’abonner à RIVAROL, n’hésitez pas à nous
les donner et nous procéderons aussitôt
aux envois.
Merci d’avance et de tout cœur de tout ce
que vous pourrez faire pour aider à la diffu-
sion de ce numéro des 70 ans de RIVAROL
et au développement de notre hebdoma-
daire qui est entré depuis le 18 janvier dans
sa soixante et onzième année et qui fêtera,
en janvier prochain, si Dieu veut, son 35ooe
numéro ! Ad multos annos !
Dray, Malek Boutih,
Dominique Sopo, c’est
déjà la vieille garde.
Fini, les marches fes-
tives pour l’égalité
avec danses zoulous et
tam-tam. A la trappe, la
fantasmatique France
Black Blanc Beur pro-
mue par le Parti Socia-
liste pour coller avec
le virage libéral de
la gauche ouvert par
François Mitterrand (le
(Dessin de Chard) fameux tournant de la
rigueur).
A l’époque, l’ennemi,
c’était le beauf raciste qui vote Front Natio-
nal. Tout ça sentait le terroir et le pétainisme
et ne seyait point à une France ouverte, mé-
tissée, sans frontières. L’immigration était une
chance pour la France. Le multiculturalisme
était notre avenir. Cette propagande à la sauce
Bernays était soutenue par la brave Union
des Étudiants Juifs de France et par des juifs
comme BHL, Julien Dray, Marek Halter.
Cet antiracisme-là est mort et enterré.
Même le slogan « Touche pas à mon pote »
peut être caricaturé pour en faire un titre
d’émission de télé. Désormais, c’est Black
Lives Matter qui est en vogue. La lutte pour
la justice raciale. Les Blancs oppresseurs
incités à se mettre à genoux pour embrasser
les panards des opprimés. La dénonciation
d’un racisme non plus conjoncturel, oc-
casionnel, mais carrément “systémique”,
ancré dans nos pauvres cervelles de blancs-
becs.
L’ennemi n’est plus le fasciste en puis-
sance, mais directement l’homme blanc. Le
Blanc est à la civilisation ce que le cancer
est à l’organisme, et il est temps pour lui
de faire repentance. Il n’a rien fait ? Si, il
a fait quelque chose : il est blanc ! Alors a
genoux, chien !
L’idée est simple : remplacer le Blanc par
le Noir. De même que sur le plan anthropo-
logique, on promeut l’homosexualité pour
continuer de briser la famille traditionnelle,
de même sur le plan racial, on promeut le
Noir pour casser l’unité qui existe entre
peuple, race et nation. La France ne doit
pas plus être un pays de race blanche que
la famille ne doit être fondée sur la complé-
mentarité sexuelle.
Des Noirs (qui n’ont jamais subi l’oppres-
sion) accusent des Blancs (qui n’ont jamais
fait subir l’oppression) d’être des dominants
et de maintenir un racisme structurel. Par
Black Lives Matter, le Gilet Jaune qui râlait
contre un système économique oppressant
devient un oppresseur en puissance. Non
plus une victime du désordre libéral, mais
un privilégié de la domination blanche.
Il ne s’agit plus de diversité (ça manque
sévèrement de diversité, chez les Traoré…),
mais carrément de remplacement. On le voit
déjà dans le cinéma, dans la musique. Voyez
Omar Sy avec Arsène Lupin (le personnage
a pourtant été créé par un certain Leblanc…).
Voyez Yseult chantant « Ne me quitte pas ».
Vous savez quel est le problème de cet
antiracisme artistique ? C’est qu’il est mé-
diocre. Le problème n’est pas qu’Yseult
chante du Brel, le problème est qu’elle
chante comme une brèle. Le hic, ce n’est
pas qu’Omar Sy incarne une nouvelle fi-
gure d’Arsène Lupin, c’est qu’Omar Sy est
aussi bon acteur qu’un tétraplégique est bon
sprinter.
M’est d’avis que ces médiocres figures de
l’antiracisme dominant ne sont là que pour
correspondre à notre époque médiocre. Ils
sont les idiots utiles dont a besoin le sys-
tème pour pérenniser la décadence. D’une
certaine manière, ce n’est pas parce que
c’est noir que c’est nul, c’est parce que c’est
nul que c’est noir.
Mais poursuivons notre propos…
Et surtout, Taguieff s’abstient de si-
gnaler les réseaux qui financent l’antira-
cisme, hier comme aujourd’hui. Pourtant,
il sait fort bien que, d’hier à aujourd’hui,
ce sont les mêmes qui tiennent les ma-
nettes. Il sait pertinemment que ceux qui
hier essayaient d’étouffer tout idée de pa-
trie et d’attachement à notre identité es-
Détail intéressant : Klaus Schwab et les saient aujourd’hui d’enrayer la montée du
tenants de la Grande Réinitialisation ont patriotisme, façon Gilets Jaunes. Autre-
fait de la lutte contre le racisme un de leurs ment dit, d’empêcher toute révolte contre
chevaux de bataille. Le monde réinitialisé l’ordre établi.
qu’ils nous promettent doit être plus inclu- Dans son ouvrage contre l’antiracisme
sif. D’où le soutien total à un mouvement institutionnel, Voyage au centre du ma-
comme Black Lives Matter, que Schwab laise français, Paul Yonnet rappelle cette
voit comme la première manifestation évidence : ce qui lie, ce qui unit la pa-
spontanée pour une société inclusive. Tel- trie française, c’est l’Église. Le principe
lement spontanée que l’Open Society Foun- unificateur de notre belle France, c’est le
dations de George Soros a consenti à verser catholicisme. Et c’est depuis que le ca-
quelques millions de dollars à BLM, à ces tholicisme se décompose (en gros : Va-
braves opprimés. tican II) que la France est devenue une
nation divisée, communautarisée, ethnici-
IL NE FAUT PAS CONFONDRE sée. Ce n’est même pas moi qui le dis, ni
L’ARME ET CELUI QUI LA TIENT Mgr Williamson, c’est Jérôme Fourquet
dans son très intéressant livre L’archipel
Mais attention : les intellectuels juifs français.
veillent au grain. Hier, ils soutenaient SOS Bref, tout ça pour dire quoi ? Pour dire
Racisme et la gauche tant qu’elle n’était que nous devons rester prudent et ne pas
pas trop anti-israélienne. Aujourd’hui, ils succomber à la tentation de dénoncer l’an-
n’hésitent pas à dénoncer l’imposture dé- tiracisme de n’importe quelle manière.
coloniale dont ils révèlent l’antisémitisme Si nous voulons dénoncer l’antiracisme
caché. La règle est claire : le Juif doit res- comme idéologie dominante, nous devons
ter l’éternel opprimé. prendre conscience qu’il n’est qu’une
Les Taguieff, les Bruckner, les Finkielk- arme, mais qu’il n’est pas celui qui tient
raut, les Zemmour, les Goldnadel, dont l’arme. Si nous souhaitons démonter l’ab-
on connaît l’admiration pour la Palestine surdité du discours antiraciste, n’oublions
occupée, sont là pour rappeler qu’il n’est pas qui le finance, et dans quel but.
pas question que les Arabes et les Noirs Notre dénonciation de l’antiracisme ne
piquent la place des israélites. Ceux qui, doit pas se faire à l’israélienne, mais à
à l’époque de SOS Racisme, voyaient en la française. Pour ma part, je refuse de
tout patriote un facho qui s’ignore, veulent suivre ceux qui dénoncent l’antiracisme
désormais un nationalisme à leur sauce. A au nom de l’assimilation républicaine,
l’israélienne, si vous préférez. et je refuse de suivre ceux qui dénoncent
Autrement dit, que ce soit en faveur de l’antiracisme au nom de la lutte contre
l’antiracisme ou pour dénoncer l’impos- l’antisémitisme. Je n’ai pas besoin d’Is-
ture décoloniale du nouvel antiracisme, il raël et du judaïsme post-chrétien, j’ai la
s’agit de maintenir la domination juive. De doctrine sociale de l’Église catholique.
continuer à diviser pour régner. De mainte- Black Lives Matter signifie : « ceux qui
nir les tensions raciales. comptent ». Mais ce mouvement, ainsi
Dans son ouvrage L’imposture décolo- que ceux qui le financent comme ceux
niale — Science imaginaire et pseudo-an- qui le dénoncent au nom de la lutte contre
tiracisme, Taguieff attaque l’antiracisme l’antisémitisme, ne veulent qu’une chose :
comme s’il s’agissait d’un pouvoir oppri- empêcher que Jésus-Christ revienne dans
mant. Mais c’est oublier que l’antiracisme le cœur des Français. Leur mot d’ordre,
n’est qu’une idée dominante. C’est une idée c’est que tout Français demeure parmi
contrôlée, un dogme sponsorisé qui peut ceux qui ne comptent pas.
fort bien, du jour au lendemain, être balayé
et remplacé par une autre idée dominante. Alexandre TRICASSE.
NOUVELLE VIDÉO RIVAROLIENNE :
“HERVÉ RYSSEN BIENTÔT EN LIBERTÉ
ET NORMALISATION DE MARINE LE PEN”
Sur notre chaîne Odysee, à laquelle on peut accéder, soit en tapant Hebdomadaire Ri-
varol Odysee sur la barre d’adresse de Google, soit en se rendant directement en page
accueil de notre site rivarol.com, a été mise en ligne la nouvelle vidéo mensuelle d’ac-
tualités, la 34e, celle de mars 2021.
Jérôme Bourbon, interrogé par Florian Rouanet, fait le tour de l’actualité nationale et
internationale, évoque l’imminente libération de l’écrivain Hervé Ryssen, l’éventuelle
candidature présidentielle d’Eric Zemmour, la stratégie de normalisation de Marine Le
Pen, la dissolution de Génération identitaire et bien d’autres sujets abordés avec verve
et sans langue de bois pendant une bonne heure.
Abonnez-vous à notre chaîne Odysee et faites-la connaître autour de vous. C’est d’au-
tant plus nécessaire depuis la suppression définitive et arbitraire, le 18 décembre dernier,
de notre chaîne YouTube.
Les livres d’Hervé Ryssen en vente à RIVAROL
Il nous reste un petit stock de livres d’Hervé Ryssen à nos bureaux. Vous pouvez nous les com-
mander. Il faut ajouter 6 euros de frais de port par exemplaire.
En voici la liste actualisée :
LES ESPÉRANCES PLANÉTARIENNES : son 1er livre paru en 2005, 26 euros.
LE FANATISME JUIF : 26 euros.
LE RACISME ANTIBLANC : 20 euros.
LA MAFIA JUIVE : 26 euros.
LE MIROIR DU JUDAÏSME : 26 euros.
LES MILLIARDS D’ISRAËL : 26 euros.
DEUX OUVRAGES DE VINCENT REYNOUARD EN VENTE À RIVAROL :
* En passant par Fleury-Mérogis.
13 euros franco.
* Pourquoi Hitler était-il antisémite ? 25 euros franco.
Editions des Tuileries, 19 avenue d’Italie, 75013 Paris.
Chèques à l’ordre des Editions des Tuileries.
N°3463 — 17 MARS 2021 — RIVAROL
Le code Davos
D
ANS LE Yalta sanitaire qui se profile,
nous sommes du mauvais côté du ri-
deau de fer. Les peuples occidentaux,
vassalisés par la bête mondialiste, vivent et
vivront sous un talon de fer techno-sanitaire,
prélude au contrôle social total.
Confinement, masque, pass vacci-
nal, —et même (enchantement de notre
novlangue) « bracelets de la liberté » qui
viennent de faire leur apparition en Israël — y
forment les ingrédients d’un répugnant et uni-
forme brouet médiatico-politique.  triomphe de l’universalisme compassionnel.
Le covid est LE point d’inflexion (1), l’alpha
et l’oméga d’une nouvelle formule d’allé-
geance à la domination oligarchique.
Prétexte à « reconstruire en mieux » (expres-
sion ressassée de façon orwellienne par les or-
ganisations internationales et les responsables
politiques occidentaux), l’urgence sanitaire
vient justifier une «  gestion carcérale de la
société » (2) qui s’appuie sur la digitalisation.
Mais l’ingéniérie sociale disruptive que nous
subissons n’aurait aucune chance d’emporter
l’adhésion d’une population éclairée. Il est
donc de première importance pour nos élites
compradores de dissoudre les repères anthro-
pologiques les plus fermes avant de verrouil-
ler le contrôle social par un carcan numérique.
A TRIPE FRAGILE,
SCIENCE MOLLE
De convent en convent, l’hyperclasse
ressasse ad nauseam ses slogans mondia-
listes. L’expression « Build back better »
(reconstruire en mieux) nous sera ainsi ser-
vie successivement par la Banque mon-
diale, l’OMS, l’ONU, Joe Biden, Boris
Johnson, Justin Trudeau (entre autres).
« Réformes structurelles », « partenariats in-
clusifs », « transformation digitale » et « dé-
veloppement durable » : ces concepts pois-
seux dissimulent une recherche pathologique
de la surveillance et du contrôle mais ils sont
toujours enrobés de bien-pensance.
A Davos (3), on a la fibre compassionnelle et
la tripe fragile. C’est à une farouche — mais
factice — compétition de sensiblerie inclusive
que se livrent les cénacles du néocapitalisme
nomade.
Il est du dernier chic aujourd’hui de rejeter la
logique de l’homo economicus et les rigueurs
de l’axiomatique de l’intérêt (4) (trop clivante,
trop rationnelle et blanche sans doute puisque
les mathématiques elles-mêmes sont accusées
de racisme (5)) dans les poubelles de la science
économique. Elle sera avantageusement rem-
placée par un modèle économique flou et
saturé de pathos anti-raciste, féministe, clima-
tiste, hygiéniste, écologiste et décroissant.
Les indicateurs mesurables de la vie et de la
santé économiques (taux de croissance, coût
de la vie, etc.) sont en voie de marginalisation
au profit de “concepts” et d’objectifs aussi
1. Beaucoup d’entre nous se demandent quand les
choses reviendront à la normale. Pour faire court,
la réponse est : jamais. COVID-19 : La Grande
Réinitialisation. Forum publishing 2020, Klaus
Schwab et Thierry Malleret.
2. Lucien Cerise : Neuro-pirates, Réflexions sur
l’ingénierie sociale. Ed. Kontrekulture, 2016
3. Davos, station de sport d’hiver suisse, est depuis
1995 le lieu de rendez-vous annuel des “nouveaux”
maîtres du monde (dirigeants de multinationales,
responsables politiques, patrons des grands media,
universitaires, ONG). Ce rendez-vous est organisé
par le Forum économique mondial fondé et dirigé
par Klaus Schwab.
4. Voir Adam Smith et son axiomatique de l’intérêt
(«  Ce n’est pas de la bienveillance du boucher,
du brasseur ou du boulanger que nous attendons
notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à
la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous
en remettons pas à leur humanité, mais à leur
égoïsme. »), sa doctrine de la main invisible manque
un peu de glamour, mais le modèle économique
qui en résulte est clair, net et mesurable ; nul pathos
et nulle mauvaise surprise à l’heure des comptes
dans ce qui constitue le principe même de toute
économie libre.
5. De lourds volumes universitaires entendent
faire la démonstration que la capacité à résoudre
l’algèbre et la géométrie perpétue le privilège des
blancs. Voir par exemple « Algebra, geometry
perpetuate white privilege » sur Campus reform :
https://www.campusreform.org/ ?ID=10005
mous que flous  : bonheur, bien-
être, inclusivité (6).
La politique économique sera
désormais alignée sur les lubies in-
tersectionnelles des dominants. Les
peuples occidentaux, privilégiés
blancs à la masculinité toxique, ré-
gleront la facture.
L’arnaque émotionnelle signe le D.R.
crime : il s’agit de transformer la
faillite abjecte du mondialisme en un vertueux
Les spin doctors (7) nous vendront la faillite
économique comme une victoire sur la « ty-
rannie de la croissance ».
Coupables, forcément coupables : le patriar-
cat et le racisme blanc.
C’est pour notre bien que s’ouvre l’ère de
surveillance (le code informatique sera la loi).
Le panoptique doit conduire à plus de confor-
mité (citoyenneté), plus de métissage (inclu-
sivité), plus de pauvreté (décroissance), plus
d’assistanat (revenu universel), et donc moins
de liberté, moins de lien social réel.
Voici donc venu le temps de cette étrange no-
tion de « capitalisme des parties prenantes ».
Il prendra au sérieux les délires féministe, cli-
matiste, LGBTiste, décolonialiste pour les im-
poser aux populations. La résultante ne man-
quera pas d’être une désintégration complète
par entropie des sociétés occidentales.
Klaus Schwab nous promet dans sa langue
de coton que « l’inclusion des parties pre-
nantes » et les « partenariats durables et in-
clusifs » nous mèneront à « un avenir pros-
père » (8) !
« Il importe de faire aboutir ce modèle du
capitalisme des parties prenantes, un modèle
plus équilibré, plus vivable, plus généreux,
moins gourmand et au final moins destruc-
teur. » (9)
Inouï d’infatuation et de bonne conscience,
ce mouvement du « leadership conscient »
(relayé en France par la loi PACTE (10))
cherche à imposer cet Ovni inclusif, ce capi-
6. « Dans de telles conditions, alors qu’une
croissance économique plus faible semble presque
certaine, beaucoup de gens peuvent se demander
si cette “obsession” de la croissance est utile, en
concluant qu’il n’est pas logique de poursuivre un
objectif de croissance du PIB toujours plus élevé…
La dépendance excessive des décideurs politiques
à l’égard du PIB comme indicateur de la prospérité
économique a conduit à l’épuisement actuel des
ressources naturelles et sociales. Certains ont appelé
à la “décroissance”, un mouvement qui embrasse
une croissance zéro ou même négative du PIB et
qui gagne du terrain (au moins dans les pays les plus
riches). À mesure que la critique de la croissance
économique prendra de l’ampleur, la domination
financière et culturelle du consumérisme dans la
vie publique et privée sera remise en question.
On le voit bien dans l’activisme en faveur d’une
décroissance menée par les consommateurs dans
certains segments de niche — comme les appels
à réduire sa consommation de viande ou à moins
prendre l’avion. » in COVID-19 : La Grande
Réinitialisation. Forum publishing 2020, Klaus
Schwab et Thierry Malleret.
7. Un spin doctor est un conseiller en
communication et marketing politique agissant
pour le compte d’une personnalité politique, le
plus souvent lors de campagnes électorales.
Le Monde propose la définition suivante  :
«  Ceux dont la profession est d’influencer
l’opinion publique sur la personnalité et les
faits et gestes d’un homme politique par des
techniques de communication ».
Le terme est généralement porteur d’une
connotation négative : la pratique a montré
que le spin doctor n’agit pas toujours de façon
morale, notamment en raison de l’usage de
la technique dite du storytelling. Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Spin_doctor
8. Shaping the Future of the Fourth Industrial
Revolution : A Guide to Building a Better World.
9. Vers un capitalisme des parties prenantes,
André Coupet Les Echos, 12 février 2019.
10. La loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et
la transformation des entreprises), adoptée le 22 mai
2019, entend réconcilier l’entreprise et la société…
Cette loi entend répondre à cette préoccupation en
rendant possible la création d’entreprises à mission
et en donnant à chacune d’elles la possibilité
d’inscrire dans ses statuts une « raison d’être »
afin de rendre opposable, sur un plan juridique, les
manquements aux missions affichées.
https://www.economie.gouv.fr/loi-pacte-
croissance-transformation-entreprises
talisme “woke” (11) : l’entreprise “progressiste”
contribue par son « engagement à long terme
qui fait sens, porteur de valeurs humanistes »
à l’avènement du meilleur des mondes. Qui
pulvérisera cette imposture de la bonté uni-
verselle, le néant émasculé de ces “valeurs”
post-modernes ?
Mais les incantations sont impuissantes à
assurer un futur au travail (12) et dans le monde
réel, le robot prendra la place du prolo, l’in-
telligence artificielle évincera le travailleur
intellectuel.
Finalement, digitalisation et automatisation
rendront l’humain — toujours susceptible de
révolte — assez largement superflu.
Face à la ruine, les élites insistent sur l’im-
portance de conduire aux changements de
comportements (ingéniérie sociale à l’état
pur) dans la sphère de leur nouvelle « écono-
mie sans contact ». Armé de la digitalisation
du monde, le mondialisme travaille donc ac-
tivement à l’élaboration d’un nouveau contrat
social numérisé.
La voie démocratique étant naturellement
exclue, nos élites doivent trouver le moyen de
connecter l’algorithme à leurs “valeurs”.
LA BLOCKCHAIN,
UNE CHAÎNE POUR
LES GOUVERNER TOUTES
La blockchain sera le couteau suisse du
monde d’après. De quoi s’agit-il ?
Technologie phare de la « quatrième révo-
lution industrielle », la blockchain est l’outil
d’une sorte de « protestantisme technolo-
gique » qui mènera l’Occident (Israël et pé-
tro-monarchies du Golfe compris) vers l’el-
dorado d’un contrôle social totalitaire. Elle a
pour modèle le système de crédit social inau-
guré par le Parti communiste chinois.
Techniquement, c’est un livre de comptes
cryptographique qui enregistre la prove-
nance d’un actif numérique. La blockchain,
c’est l’Internet de la valeur. Elle fait commu-
niquer et échanger ensemble des hommes
entre eux, des hommes et des machines, des
machines entre elles. « L’historique de toutes
les transactions est détenu dans sa totalité
par tous les membres du réseau ». (13)
C’est un « mécanisme de confiance »
de pair à pair qui exclut théoriquement
11. Woke est un terme apparu durant les années
2010 aux États-Unis, pour décrire un état d’esprit
militant et combatif pour la protection des
minorités et contre le racisme. Il dérive du verbe
wake (réveiller), pour décrire un état d’éveil
face à l’injustice. Depuis la fin des années 2010,
le terme Woke s’est déployé et aujourd’hui
une personne “woke” se définit comme étant
consciente de toutes les injustices et de toutes les
formes d’inégalités, d’oppression qui pèsent sur les
minorités, du racisme au sexisme en passant par
les préoccupations environnementales et utilisant
généralement un vocabulaire intersectionnel. Son
usage se serait répandu lors du mouvement Black
Lives Matter. Le terme Woke est non
seulement associé aux militantismes
antiraciste, féministe et LGBT, mais
aussi à une politique de gauche dite
progressiste et à certaines réflexions
face aux problèmes socioculturels.
Source : Wikipédia.
12. McKinsey et Deloitte vendent
analyse et éléments de langages
clés en main aux “experts” des
organisations internationales et des
gouvernements occidentaux sur
les programmes « future of work »,
tarte à la crème parmi d’autres des
instances mondialistes.
13. Blockchain et nouvelles formes de
gouvernance — Primavera De Filippi.
https://www.april.org/blockchain-et-
nouvelles-formes-de-gouvernance-
primavera-de-filippi
9
la nécessité d’une validation des transac-
tions ou des contrats (on parle de « smart
contracts ») par des tiers de confiance. La
blockchain est a-juridique. Exeunt donc,
en théorie, les notaires et les banques…
L’Internet des objets, les villes intelli-
gentes en sont les applications les plus
connues.
Si la promesse de la Blockchain est de
libérer la capacité à contractualiser à tout-
va, il faut alors prendre en compte les rap-
ports de force à l’œuvre dans une société
où l’emploi se fait rare. Ainsi, les smart-
contracts pourraient permettre de rémuné-
rer un individu à la tâche sans cadre légal
protecteur.
Surtout, la blockchain permet de relier les
identités numériques de ses “net-citoyens”
à un système de crédit social et de créer un
système de gouvernance par les machines.
Le contrôle du code est tout.
Il est possible de connecter une action
(par exemple le versement du revenu uni-
versel promis aux esclaves de la Silicon
Valley) à une condition (l’exemplarité
citoyenne selon Davos) de façon automa-
tique à travers les fameux smart contracts.
Pour cela, trois technologies sont néces-
saires, qui sont en train d’arriver à maturi-
té : la numérisation de nos vies mène droit
à la blockchain.
De même que l’application Stopcovid
vous dénoncera à la brigade sanitaire si
vous croisez un positif, vous pourrez être
averti si un mauvais citoyen (endetté, die-
seliste, raciste, ou simplement cisgenre)
vient à s’approcher de vous.
Dans le monde des medias (traditionnels
ou sociaux), on pourrait plus efficacement
encore récompenser les bonnes “informa-
tions” et évincer les autres.
Plus grave encore, adossée à la
blockchain, la monnaie digitale (la BCE
veut imposer l’euro digital dans les 4 ou
5 années qui viennent) sera le moyen par
lequel l’autorité centrale arrivera à ses fins
politiques en récompensant les comporte-
ments “vertueux”.
Cas particulier de l’algorithme, la mon-
naie devient l’auxiliaire de l’arbitraire. De-
main, la monnaie verte, woke et inclusive,
le revenu universel sous condition.
Il faut savoir que les banques centrales
des régions impériales (Fed et BCE) ont
une capitalisation suffisante pour contrôler
la totalité des cryptomonnaies.
La grande réinitialisation pourrait s’opé-
rer sur fond d’effondrement systémique des
institutions de crédit. Les banques centrales
régionales (Fed et BCE) se substitueraient
alors aux banques privées faillies.
Le revenu universel imposé aux masses
serait alors opéré par un « smart contract »
passé entre chaque net-citoyen et sa
banque centrale.
Un paria deviendra très rapidement un
mort (de faim et d’isolement).
Une véritable révolution anthropolo-
gique est en cours et les « spin doctors »
sont déjà à l’ouvrage pour nous persua-
der que l’aliénation du vivant à l’algo-
rithme est un progrès légitime et inclusif.
Si nous ne voulons pas être d’éternels lo-
cataires de nos biens et de nos vies, nous
devons organiser dès aujourd’hui le grand
refus du viol de nos sphères publiques et
privées par le code Davos.
Thierry THODINOR.
10 N°3463 — 17 MARS 2021 — RIVAROL

L’union des “droites” pour 2022 :

mis en tête de la convaincre de tisser ses al-
liances dont elle ne peut se passer, tandis que
l’ami du maire de Béziers, Éric Zemmour, se
prépare à une éventuelle candidature.
Les grandes manœuvres de Robert Ménard Le 15 février dernier, Ménard rencontrait
Marine Le Pen avec qui il a eu un échange

L
“paisible”. Il s’agissait « d’oublier un peu
E MAIRE de Béziers et ancien secré- donner tort à Ménard. Une chose est d’avoir était de le convaincre d’y aller », raconte les rapports exacerbés, passionnels, et les
taire général de Reporters sans fron- ldes qualités pour être un journaliste, un po- ce dernier. « Les convives n’ont pas besoin propos qui pouvaient être tenus de part et
tières qui s’est découvert sur le tard lémiste, un commentateur de l’actualité po- d’attendre le dessert pour constater que leur d’autre un peu désagréables, pour essayer
une passion pour les frontières et la nation, litique, une autre est d’être ou de devenir un entreprise est plutôt bien reçue ». de voir comment on pouvait parler politique
s’agite pour organiser l’union des droites au- acteur politique de premier plan. La fonction « Il ne faut pas grand-chose pour arriver et faire des choses ensemble », a déclaré le
tour de d’Éric Zemmour. n’est d’ailleurs pas la même : le journaliste à décider Eric », affirme Jacques Bompard. maire de Béziers, qui a été élu avec le soutien
Au micro de l’autre néo-patriote André peut élaborer des analyses très clivantes, un Depuis, le président de la Ligue du Sud du Rassemblement National. Et d’ajouter :
Bercoff, à l’antenne de Sud Radio, le jeudi homme politique se doit de rassembler très œuvre à la création de comités de soutien, « Ça ne gomme pas les désaccords sur les
11mars, Robert Mé- largement s’il veut ac- et met les ressources de son petit parti au questions économiques — nous on a une vi-
nard s’est dit être à la céder à l’Elysée. service de cette candidature. Eric Zemmour sion plus libérale de l’économie, moins éta-
recherche du « candi- Toutefois, les propos laisse faire, d’après L’Express. Joseph-Marie tiste — mais ça ne nous empêche pas de faire
dat qui incarnerait une du maire de Béziers ne Joly élabore une stratégie numérique. Cet du travail ensemble. »
droite audacieuse, pas reflètent pas tout à fait ex-responsable local du Bloc identitaire (un Durant cette discussion, Ménard a fait
rétrograde, mal éle- son rôle en coulisses. groupe de militants qui organisait des apéros part à Marine Le Pen des “qualités” de
vée, qui ne manque En effet, une enquête “saucisson-pinard” pour dénoncer l’islami- son concurrent, Eric Zemmour, qui, se-
pas de panache, qui de L’Express révèle sation), travaillait, selon les informations de lon le maire de Béziers, aurait « plus envie
sache nous parler de que Robert Ménard L’Express, à l’élaboration d’une pétition po- qu’avant » d’être candidat à la présidentielle,
(Dessin de Chard)

la France. » était il y a quelques pulaire en ligne « jesignepourzemmour.fr », mais qu’il ne voulait pas porter tort à Marine,
Mais il a tout de mois très actif pour qui a été effectivement lancée depuis (3). qui devrait être au second tour d’après les
même tenu à rassurer convaincre Zem- C’est là une idée reprise à Jean-Luc Mé- sondages récents. Ménard a confié à l’AFP
l’oligarchie qui tient mour de se présenter lenchon qui proposait de se lancer dans la que la « présence d’Eric Zemmour » dans la
la France ; il a affirmé à la présidentielle de course présidentielle « à condition d’avoir course présidentielle était « souhaitable pour
ne pas être opposé à la 2022 : « À l’automne recueilli 150  000 signatures  ». L’objectif Marine Le Pen parce qu’il est capable d’at-
politique économique 2020, les questions du étant d’obtenir suffisamment de soutiens tirer à lui des gens qu’elle n’est pas capable
destructrice menée par polémiste se sont faites pour amorcer une dynamique et légitimer d’attirer. » (6)
Emmanuel Macron. Il plus précises. “On la candidature de Zemmour. « On essaie de Ménard, qui semble jouer le rôle du petit
a également précisé que sa femme, Emma- s’organiserait comment pour récolter les réunir les conditions nécessaires pour que, télégraphiste au service de Zemmour et de
nuelle Ménard, députée, a voté pour la ré- signatures d’élus ? Pour le financement ?” si un jour il décide d’y aller, tout soit prêt », ses patrons, fait passer le message suivant
forme macronienne de la SNCF. (1) demande-t-il au maire de Béziers, Robert explique Joseph-Marie Joly.  à Marine Le Pen : soit tu tisses une alliance
Pour cette droite hors les murs, que repré- Ménard, au détour d’un café dans une bras- Paul-Marie Couteaux, ancien porte-parole avec Zemmour selon nos conditions, et dans
sente bien Robert Ménard, le souverainisme serie parisienne du XVIIe arrondissement. de la campagne de Marine Le Pen en 2012, ce cas tu bénéficieras au second tour des voix
ne doit en aucun cas être économique. Pas L’ancien secrétaire général de Reporters affirme qu’Éric Zemmour, avec qui il dé- récoltés par le polémiste vedette, soit ce der-
un mot sur les Gilets jaunes éborgnés et/ou sans frontières sort de là avec le sourire jeune chaque mois, “songe” à se présenter nier n’appellera pas à voter pour toi.
emprisonnés, pas un mot sur le confinement jusqu’aux oreilles : ce partisan de l’union « dans tous les sens du terme ». (4) Les sondages qui donnent Marine Le Pen
et la fermeture des restaurants et commerces, des droites, critique infatigable de Marine Éric Zemmour est également à l’affût des au coude à coude avec Emmanuel Macron
pas un mot sur l’appauvrissement des Fran- Le Pen, fait partie de ceux qui poussent ac- réactions et dans l’attente de soutiens venant expliquent également l’agitation de Ménard,
çais, et rien non plus sur les paysans qui se tivement Zemmour à se lancer en politique. de ceux qui ne croient pas en Marine Le Pen messager du camp Zemmour. « Si Marine
suicident. Les deux hommes ont décidé d’échanger au ou qui la méprisent, comme lui : sa nièce Le Pen a beaucoup de chances pour 2022,
moins une fois par mois. “Je ne l’ai jamais Marion Maréchal et Philippe de Villiers. les ardeurs en faveur d’Éric Zemmour pour-
ROBERT MÉNARD, EN MÊME senti aussi près de franchir le pas qu’au- Quoi qu’il en soit, l’éditorialiste du Figa- raient se rafraîchir », déclare Paul-Marie
TEMPS POUR ET CONTRE jourd’hui”, se félicite Ménard. En coulisses, ro poursuit les rencontres avec les chefs de Couteaux. Mais si les sondages plafonnent à
l’élu biterrois tente de fédérer des soutiens partis de droite en vue de 2022. Le 5 février, 40 %, Éric Zemmour « a des chances de se
UNE CANDIDATURE ZEMMOUR parmi ceux qui veulent à tout prix éviter un Zemmour rencontrait un des candidats à présenter ».
match retour entre la présidente du Rassem- la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, Candidature de Zemmour à laquelle Ma-
Toujours au micro de Bercoff, Robert blement national et Emmanuel Macron en qui lui demande : « Est-ce que tu veux y al- rine Le Pen « ne croit guère », a-t-elle dit le
Ménard s’est montré perplexe quand il a 2022. » (2) ler ? », et d’ajouter « Si oui, on avisera. Il mardi 2 mars dernier. (7)
évoqué une éventuelle candidature d’Éric Le 8 septembre 2020, rapporte L’Express, faudra qu’on prenne une décision en laissant
Zemmour : « C’est un journaliste de talent, Ménard organise à Paris un déjeuner confi- notre ego de côté. » UNE CAMPAGNE FINANCÉE
cultivé  », mais « est-ce que de tout ça on dentiel près du Trocadéro. Autour d’Eric Précisons que ces deux là sont des « amis
peut faire un homme politique ? », estimant Zemmour, le maire de Béziers a invité de trente ans », et que Dupont-Aignan, cré- PAR VINCENT BOLLORÉ ?
Zemmour « plus utile en faisant entendre un Jacques Bompard, maire d’Orange, et son dité de 7 % d’intentions de vote, est certes
autre son de cloche sur CNEWS que dans directeur de la communication, Joseph-Ma- un petit candidat, mais ajouté aux 13 % po- Des soutiens de Zemmour affirment que
l’arène politique. » rie Joly. « L’objectif premier du déjeuner tentiels de Zemmour, il pèse dans la balance. des énarques le conseillent — nous savons
Là dessus, on ne peut pas complètement Quelques jours auparavant, fin janvier, que sa principale conseillère est l’énarque Sa-
2. https://www.lexpress.fr/actualite/ Zemmour rencontrait Laurent Wauqiez, pré- rah Knafo qui se dit « juive de culture chré-
1. https://www.sudradio.fr/societe/robert- politique/enquete-eric-zemmour-la-tentation- sident de la région Auvergne-Rhône-Alpes, tienne » (8) — et qu’un directeur de campagne
menard-je-suis-populiste/ presidentielle_2144629.html ancien patron des Républicains (LR). Un avait déjà été désigné avec Philippe Martel
proche de ce dernier rapporte que « c’était (décédé cet automne), ancien chef de cabinet
une conversation de haut niveau », et pré- de Marine Le Pen. Un autre soutien de Zem-
mour a fait savoir que Vincent Bolloré, mil-
AIDEZ-NOUS ! AIDEZ RIVAROL ! cise : « Eric Zemmour n’a pas essayé d’en-
rôler Laurent, et vice-versa. » (5)  liardaire sarkozyste, propriétaire de CNEWS
L’un des objectifs de Zemmour et de son et du groupe Canal Plus, s’intéresserait au
Le 4 novembre 2020, le directeur de RIVAROL a été condamné par la XVIIe financement de la future campagne de son
chambre du tribunal correctionnel de Paris à trois mois de prison avec sursis, équipe est de prendre suffisamment de poids,
par des alliances avec LR, Dupont-Aignan, employé, Eric Zemmour. (9)
4 000 euros d’amende et 11000 euros de dommages et intérêts pour différents Affaire à suivre.
écrits, datant de 2018 et début 2019, dont un éditorial sur la panthéonisation de et un maximum de représentants de la droite
Simone Veil. La loi interdit de demander des dons pour le paiement des amendes et souverainiste, pour affaiblir Marine Le Pen
et faire pression sur elle. En somme, opérer Jean TERRIEN.
des dommages et intérêts, mais il est possible de nous aider autrement, de manière
tout à fait légale : une union des droites pour siphonner par-
tiellement l’électorat du parti politique/jouet 6. https://www.challenges.fr/politique/
l Abonnez-vous, réabonnez-vous (voir le bulletin d’abonnement en page ci- de Marine que papa lui a légué et qu’elle ne rencontre-paisible-entre-marine-le-pen-et-
contre avec tous les tarifs), même par anticipation (auquel cas, votre abonnement cesse de détruire. L’idée est de réitérer l’ex- robert-menard_751348
sera prolongé d’autant), abonnez des amis, des connaissances, de la famille, des ploit de Nicolas Sarkozy qui avait, grâce à 7. https://www.lunion.fr/id237472/
relations de travail ou autres. Que tous ceux qui le peuvent prennent l’abonnement Patrick Buisson, attiré à lui une partie de article/2021-03-02/eric-zemmour-candidat-
de soutien (175 euros), de propagande (210 euros) ou à vie (2 000 euros). Vous la-presidentielle-une-hypothese-qui-secoue-
l’électorat du Front national en 2007. lextreme-droite
pouvez également souscrire à un abonnement couplé papier et numérique d’un an Tout en continuant à faire part publique-
à 150 euros ou prendre l’abonnement numérique seul d’un an à 80 euros. 8. https://www.lexpress.fr/actualite/
ment des doutes sur les capacités de Marine politique/enquete-eric-zemmour-la-tentation-
l Cotisez à l’association des Amis de RIVAROL pour 2021 (adhésion simple : Le Pen à remporter la présidentielle, Robert presidentielle_2144629.html
20 euros. Adhésion donateur : 40 euros. Adhésion bienfaiteur : 100 euros et plus). Ménard a entamé des discussions avec elle. 9. https://www.lunion.fr/id237472/
l Vous pouvez également faire des dons, uniquement pour le paiement des droits D’après lui, Marine Le Pen ne peut réunir article/2021-03-02/eric-zemmour-candidat-
civils de procédure et les frais d’avocats à l’Association des Amis de RIVAROL, une majorité à la présidentielle de 2022 sans la-presidentielle-une-hypothese-qui-secoue-
conclure d’alliances. Il lui reproche de la lextreme-droite
soit par chèque (19 avenue d’Italie, 75013 Paris), soit par virement bancaire. Voici
les coordonnées du compte de notre association à la Banque postale : jouer trop “perso”. Il s’est alors visiblement
IBAN : FR91 2004 1000 0108 6027 7P02 005 3. https://www.jesignepourzemmour.fr/
BIC : PSSTFRPPPAR
l On peut aussi faire un don par Paypal pour les mêmes motifs en se rendant sur
4. https://www.lunion.fr/id237472/
article/2021-03-02/eric-zemmour-candidat-
AGENDA
la page accueil de notre site rivarol.com à la mention : Faire un don. la-presidentielle-une-hypothese-qui-secoue- Manifestation organisée par le Cercle Jean Bas-
Merci pour tout ce que vous pourrez faire pour nous aider, dans ces temps si lextreme-droite tien-Thiry pour le 58e anniversaire de sa mort :
difficiles. Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Haut les cœurs  ! Merci 5. https://www.nouvelobs.com/ + A Montauban : vendredi 26 mars à 10 heures :
politique/20210217.OBS40326/sarah-knafo-l- messe en l’église Saint-Jacques pour tous les mar-
d’avance du fond du cœur pour votre cadeau à RIVAROL. enarque-dans-l-ombre-d-eric-zemmour.html tyrs de l’Algérie Française.
N°3463 — 17 MARS 2021 — RIVAROL 11

Le fascisme, analysé par Julien Freund

L E GRAND sociologue Julien Freund
(1921-1993), que Pierre Bérard et
Alain de Benoist nous font (re)décou-
vrir dans un livre fort intéressant, Le Poli-
tique ou l’art de désigner l’ennemi, a très
comme une force de progrès. Il fut non seu-
lement accepté à l’étranger, mais souvent
reconnu, parfois avec enthousiasme (cf.
Churchill !), comme porteur d’une solu-
tion politique nouvelle, d’autant que l’Italie
entre l’Etat italien et le Vatican. Tout ré-
gime politique, quel qu’il soit, dit Freund,
est tenu à un certain moment de faire des
compromis. Dans l’action, il ne peut donc
jamais réaliser concrètement l’intégralité de
peu écrit sur le fascisme. Sa pensée n’en n’avait pas de contentieux majeur avec les ses promesses. En politique, le refus absolu
est que plus précieuse. Dans une longue ré- autres puissances européennes. A partir de de tout compromis, comme ce fut le cas lors
flexion parue dans ce livre sous le titre Pro- 1925, cependant, un durcissement s’était de la révolution bolchevique, conduit à une
légomènes à une étude scientifique du fas- manifesté au sein du parti. Mussolini ne se terreur implacable, compromis ne signifiant
cisme, Freund pose la question : le fascisme borna plus à gouverner l’Italie au nom du évidemment pas “compromission”. mais
fut-il un mouvement spécifique, propre à fascisme, mais chercha à créer un véritable une telle politique est difficile et ardue. Il
une époque donnée (c’est la thèse de l’his- Etat fasciste, doté de ses structures propres, faut être assuré de ses propres forces, sinon
torien De Felice qui refuse de confondre comme le système corporatif et le Grand on se jette dans la gueule du loup. Seuls
le fascisme et le national-socialisme) ou le Conseil fasciste. Peu à peu, la presse per- sont capables de faire un compromis ceux
fascisme fut-il une espèce de contenant où dit ses libertés, et les fonctionnaires furent qui ont une doctrine, une « colonne verté-
voisinent et se mêlent aussi bien le nazisme contraints de prêter serment. Le nombre brale ». Sinon, « le compromis ne sera que
que l’Action française, la Phalange espa- d’émigrés, souvent de valeur, augmentait. l’annonce de la défaite ». Cette réflexion est
gnole ou les Jeunesses patriotiques de Tait- Le tournant du régime et de son destin, note des plus actuelles. Avis à nos amis supposés
tinger (c’est la thèse d’Ernst Nolte, rejetée Julien Freund, fut certainement la volonté “identitaires” qui rêvent d’une « union des
par Freund) ? de Mussolini de constituer le plus rapide- droites »…
Freund note que le fascisme est l’une des ment possible un nouvel empire, idée des
conséquences importantes de la Première plus funestes. La conquête de l’Ethiopie LE FASCISME
D.R.
Guerre mondiale et qu’il a été contempo- devait suivre, ainsi que le rapprochement PEUT-IL RENAÎTRE ?
rain de l’avènement du bolchevisme. Le entre Hitler et Mussolini. La conséquence
fascisme authentique ayant disparu à la fin fut que le fascisme n’était plus le mouve- Citant l’historien De Felice, Freund
de la Deuxième Guerre mondiale, le terme ment-phare et que l’Allemagne avait pris le constate que « le régime fasciste est mort,
“fasciste” n’en a pas moins survécu et relais. Alors que l’Europe avait craint, pen- ment Freund, ce concept n’avait aucunement après la disparition de Mussolini. Mais,
même prospéré. Tout et n’importe quoi a eu dant la période qui va de 1920 à 1932, une dans la bouche de Mussolini le sens qu’on dit-il, les idées qu’il a représentées restent
droit à ce qualificatif, du régime des colo- révolution d’inspiration bolchevique, elle lui donne aujourd’hui : il voulait seulement vivantes. » Il pense, comme le grand so-
nels en Grèce au Chili de Pinochet et même commença à redouter une propagation de la exprimer l’étatisme total caractéristique du ciologue italien Pareto, qu’« aucune idée
au régime de Nasser. On évoque même un dictature de type hitlérien à laquelle, sous fascisme. Et Freund d’enfoncer le clou, au inventée un jour par des hommes ne peut
« fascisme rouge ». Freund relève que la dé- le vocable de fascisme, le régime italien se risque de ne pas se faire que des amis : « Le mourir définitivement, mais qu’elle peut
signation de l’adversaire sous le qualificatif trouvait assimilé. fascisme fut sans doute le régime le moins to- toujours renaître à une autre époque, sous
de “fasciste” a été “inventée” par les com- talitaire de tous ceux auxquels on a décerné des formes nouvelles adaptées à de nou-
munistes qui ont attribué cette étiquette, LE FASCISME, UN RÉGIME cette étiquette ». Les communistes ont pré- velles circonstances ». Les fortes personna-
non seulement aux hitlériens, mais à tous senté le fascisme comme le bras armé du ca- lités, dit Freund, ne marquent pas seulement
leurs adversaires politiques, y compris les
NON “TOTALITAIRE” pitalisme. Absurde, réplique Julien Freund : leur temps, mais aussi, parfois de manière
socialistes, qu’ils traitaient de “social-fas- Julien Freund note que Mussolini fut bien pour un esprit sans préjugés, la collusion que inconsciente, les générations suivantes. Une
cistes”, et ce sont les intellectuels allemands plus porté par les événements qu’il ne les a l’on dénonce en général entre le fascisme et idée ne meurt pas comme meurt un régime.
émigrés, qui fuyaient le régime d’Hitler, et lui-même dirigés. Il pense que le fascisme a le capitalisme est bien loin d’être évidente. Freund a cette analyse que je m’autorise à
non les émigrés italiens, qui ont diffusé eu besoin pour se maintenir d’un certain état Le fascisme a certes profité d’un accord partager intégralement : « Le fascisme a été
cette acception nouvelle dans les milieux de crise, idée que Mussolini a résumée par la avec certains capitalistes (comme le natio- un mouvement de gauche, et ses fondateurs,
intellectuels français. formule « vivre dangereusement ». Le fas- nal-socialisme et le communisme), mais il à commencer par son chef, sont venus de la
cisme, profondément italien, né du sentiment est tout aussi incontestable qu’il a « com- gauche révolutionnaire. Il n’a en aucun cas
L’ÉVOLUTION DU FASCISME d’une « victoire mutilée », bénéficiant de la battu la ploutocratie capitaliste » et qu’il a été un mouvement de droite, réactionnaire
faiblesse des socialistes, dit le sociologue, produit « l’amélioration substantielle et dé- ou conservateur. Les imitateurs de Musso-
Freund note qu’à l’intérieur du fascisme ne constituait pas un article d’exportation terminante des conditions de vie de la classe lini qui, dans d’autres pays, ont cherché à
proprement dit, on constate une évolu- (c’est Mussolini lui-même qui le disait). Le ouvrière ». Autre erreur relevée par Freund : faire naître des mouvements analogues au
tion, qui fait que le fascisme des dernières fascisme a constitué une réponse originale prétendre que le fascisme n’a été que le re- fascisme en partant de la droite, ont tous
années n’était pas exactement le même à une situation intérieure italienne. Mais présentant des classes moyennes est faux. Le échoué parce qu’ils manquaient de la base
que celui des débuts. On a oublié parfois que se passerait-il si nos sociétés étaient fascisme a cherché à recréer les conditions populaire indispensable ». « Le fascisme,
que de grands intellectuels, tels Pareto ou confrontées à une crise profonde ? Ne pour- d’un compromis entre les milieux capita- poursuit Freund, est impensable sans une
Croce, avaient eu de fortes sympathies raient-elles pas être elles aussi tentées par listes et la classe ouvrière au bénéfice de l’un base populaire et ceux qui croient à une
pour le fascisme avant de s’en éloigner et un mouvement comparable ? Le fascisme, et de l’autre et n’a jamais cherché à éliminer renaissance du fascisme à partir d’une ma-
que Mussolini jouissait d’une populari- à ses débuts, n’avait pas de doctrine bien la bourgeoisie. Oui, le fascisme avait le sou- trice de droite se trompent complètement.
té immense dans les couches populaires. cohérente : ni charte, ni système théorique. tien du “peuple”. Seul un mouvement de gauche d’esprit
Le fascisme, dit le sociologue, est apparu La doctrine ne s’est formée que progressive- révolutionnaire et jouissant de l’appui du
ment. Lénine s’était appuyé SANS DOCTRINE SOLIDE, peuple pourrait faire naître un régime ayant
sur la doctrine marxiste, Hit- quelque ressemblance avec le fascisme tel
Bulletin d’abonnement à ler sur le programme de la
“LE COMPROMIS, C’EST que nous l’avons connu ». « Une telle pos-
NSDAP et sur Mein Kampf, L’ANNONCE DE LA DÉFAITE” sibilité, conclut Julien Freund, n’est pas à

RIVAROL mais le fascisme ne propo-

sait guère de textes de base,
mais davantage des procla-
Freund distingue le fascisme comme
mouvement d’idées et le fascisme comme
exclure ».

NOM : mations enflammées. Musso-
Prénom : lini, révolutionnaire dans sa
Courrier électronique : jeunesse, avait compris que,
s’il voulait obtenir l’appui
Adresse :
des masses contre une bour-
Code postal : geoisie récalcitrante, cette
Ville : révolution devait s’opérer
Pays : d’en haut (ce fut, au demeu-
Formule d’abonnement (cochez la formule choisie) :
rant, le cas de toutes les ré-
volutions, dont celles de Lé-
q Trois mois : 40 € nine, de Mao ou de Castro).
A propos du nationalisme,
q Six mois : 70 €
q Un an : 125 € alors une idée souvent de
gauche, Freund note qu’il
q Deux ans : 215€
existe un fort contraste entre
q Soutien 1 an : 175 €
le fascisme et le national-so-
q Propagande 1 an : 210 € cialisme, le premier n’ayant
q A vie : 2 000 € (3 000 € avec l’abonnement à vie à Ecrits de Paris) pas la conception tragique et
q Un an pour personnes en grande difficulté : 100 € catastrophique de l’existence,
ni son obsession du Crépus-
q Numérique : 80 € (150 € pour un abonnement papier et numérique)
q Prélèvement mensuel : 12 € par mois (15 € pour un abonnement à cule des dieux, ni son racisme
Ecrits de Paris en plus de celui de RIVAROL) qui n’apparaîtra que bien plus
IBAN et BIC pour les abonnements par prélèvement mensuel. tard. Le fascisme, d’origine
méditerranéenne, exaltait
Paiement possible par Paypal depuis le site : boutique-rivarol.com la vie, dans le respect d’un
certain sens de la mesure.
ou par virement bancaire sur notre compte à la Banque postale :
IBAN : FR33 2004 1000 0104 5321 9K02 048 Mussolini qualifiait certes
BIC : PSSTFR PPPAR le régime fasciste de “totali-
taire”. Mais, note fort juste-
R. S.
régime politique. En tant que mouvement _____
d’idées, par exemple, le fascisme était anti- Le Politique ou l’art de désigner l’ennemi, Ju-
clérical, mais en tant que régime politique, lien Freund, 339 pages, 19,90 euros, éditions et
il sut résoudre le problème des relations librairie La Nouvelle librairie.
RI VAROL soutien : 175 euros — propagande : 210 euros — 1
an (chômeurs, étudiants, lycéens, personnes en grande
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Hebdomadaire créé le jeudi 18 janvier 1951
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 ___________
A propos de Cancel Culture
par
(Dessin de Chard)
Hannibal
___________
Dans Cancel culture,
il y a cancel et il y a
culture. Cancel. Au dé-
part, c’étaient juste des
croisillons. Comme ceux
qui ferment les clapiers,
les garde-manger ou
les armoires à confiture
(ma grand-mère en avait encore une de ce
genre, ça laissait passer l’air et les odeurs,
non les mouches ni les mites alimentaires : le
parfum du bois qui a connu les confitures a
quelque chose de noble et triste, comme celui
de la boîte qui a connu le cigare, encore que
la feuille de cèdre fausse la donne). Le latin
classique les appelait cancelli, diminutif d’un
cancri qui n’est attesté que par les gloses :
c’est un pluriel, le singulier cancellus n’appa-
raît que très tardivement. L’adjectif cancella-
tus servait à décrire ce qui avait l’aspect d’un
treillis, comme la peau des éléphants selon
Pline l’ancien. On s’en servait de clôture, pour
la nourriture, les poules ou les lapins, de sorte
que l’adjectif cancellarius, nous dit le Gaf-
fiot, désignait l’animal engraissé derrière un
grillage. Il désignait aussi l’homme préposé à
la grille, l’huissier, et le verbe cancello, are,
signifiait ainsi délimiter. La clôture fermait
toutes sortes de lieux. On nommait également
cancellarius une sorte de scribe, de greffier.
Lorsqu’il biffait une inscription ou un acte,
il le faisait d’une croix comme au morpion.
Pour en revenir à la clôture, le croisement
des verticales et des horizontales formait les
barreaux d’une prison, ou les balustrades
délimitant deux espaces. Y compris dans les
églises, pour séparer le chœur de la nef : elles
matérialisaient le seuil d’un endroit plus sa-
cré. Au douzième siècle en France on nom-
ma ainsi chancel, ou chanceau, la barrière qui
précède le chœur. Plus tard en Allemagne le
mot Kanzel fut donné à la chaire. En France,
depuis le onzième siècle, moines, copistes et
clercs rayaient d’une croix les mots erronés,
à la manière du cancellarius antique. On par-
lait alors de canceller et annuler des lettres. La
prononciation a changé, on a dit bientôt chan-
celer pour annuler un acte à traits de plume
parallèles ou croisés, puis, par extension, an-
nuler, détruire. L’anglais a emprunté le terme.
Chez nous, le verbe canceller est tombé en dé-
suétude, sauf le participe passé qui demeure
usité. Curieusement, notre chanceler actuel
a la même étymologie : celui qui chancelle
marche les jambes mal assurées, comme si
elles s’entrecroisaient. En même temps, le
vieux mot français cancelier, qui transcrivait
cancellarius (lequel donna Kanzler en alle-
mand), a évolué en chancelier : avec l’Eglise,
le gardien de la grille avait pris du galon, il
devint dès le Moyen Age garde des Sceaux,
premier officier du roi, maître de l’université.
L’anglais chancelor emprunta une nouvelle
fois au français le mot et la haute fonction. Le
chancelier de l’Echiquier est le ministre des
Finances. L’Allemagne fit du Kanzler le chef
de l’exécutif. Pour résumer, on notera que le
cancellier a le pouvoir : pouvoir de séparer les
torchons des serviettes, pouvoir d’annuler ce
qu’il convient d’annuler.
Passons aux barbares. En 2015 ou un peu
avant est apparue aux Etats-Unis l’expres-
sion Cancel Culture, accompagnée parfois de
Call-Out Culture. Il s’agit de la dénonciation
publique d’injustices ou de mauvais compor-
tements relevés sur des personnes physiques
ou morales, des entreprises, dans le dessein
de les humilier, de les perdre de réputation,
afin de les punir. Cette agitation est menée par
ceux qui prétendent faire partie d’une commu-
nauté opprimée, ou en défendre les intérêts,
ou encore représenter le bien — c’est-à-dire
des individus, associations ou organisations
non gouvernementales le plus souvent situés
à gauche, défenseurs des droits de l’homme,
antiracistes, anti-sexistes etc. Cette pratique a
pris naissance dans les pays anglo-saxons. Des
collectifs, souvent gauchistes ou féministes,
qui se voulaient en tout cas progressistes,
ont pris l’habitude de « name and shame »
(nommer pour leur faire honte) leurs ennemis.
Il s’agissait de livrer au jugement populaire
ceux dont ils pensaient qu’ils se comportaient
mal. Ainsi en 2009 les ministres et députés
britanniques qui bénéficiaient de rembourse-
ment indus ont-ils été dénoncés nommément
par le Daily Telegraph : ils ont dû rembourser.
Ces actes entrent dans une nébuleuse de dé-
lation vertueuse en expansion constante, dont
Metoo a marqué une accélération notable.
Elle a le soutien moral des institutions.
Les premiers lanceurs d’alerte, dans les an-
nées quatre-vingt-dix, furent nommés whist-
le-blowers, par analogie aux policemen qui,
usant de leur sifflet, donnent l’alarme aux po-
pulations en même temps qu’ils demandent
main-forte aux gardiens de la loi. Aux yeux
des Anglo-Saxons, ils aident à combattre ce
qui est illégal, contraire à la sûreté, fraudu-
leux, ou gaspille les deniers du contribuable.
Le Conseil de l’Europe, afin de les protéger,
pose en principe qu’il travaillent dans « l’inté-
rêt général ». Ce sont les figures d’un civisme
nouveau, des chevaliers blancs de la dénon-
ciation civique. Cette police participative de
la pensée (PPP) et des mœurs est encouragée
aussi sur les réseaux sociaux, lorsque l’utilisa-
teur est poussé à signaler un contenu contraire
aux droits de l’homme, raciste, sexiste, en
renfort des algorithmes qui ne peuvent pas
tout détecter. Chaque jour apporte des foules
d’exemples de ces dénonciations, qu’elles
touchent des anonymes, comme ces gérants
de Super U partis en safari pendant leurs va-
cances, qui ont perdu leur job à la suite d’une
campagne de dénigrement, ou des vedettes,
comme le skieur et coureur de rallyes Luc
Alphand, coupable d’avoir chassé l’ours et le
mouflon en Sibérie.
l Trump par Twitter, que le pouvoir de pronon-
Dans le même halo moral, la même en-
treprise de rééducation des populations dé-
viantes, on compte aussi le testing, les tests de
discrimination, dont l’objectif est de dépister
les inégalités dans l’accès à l’emploi, au loge-
ment, au crédit ou aux divertissements. Il ar-
rive que la chose tourne mal, et deux branches
de l’arc-en-ciel peuvent entrer bêtement en
conflit, comme dans l’affaire de la disco-
thèque Pyms (1999 -2002), où des non-Blancs
avaient été refusés, et dont le patron, Serge
Partouche, avait dû, pour reprendre l’expres-
sion de Libération, « rajuster sa kippa ». A no-
ter, là aussi, l’appui des institutions, nationales
et internationales : la Cour de Cassation et le
Bureau International du Travail approuvent le
testing. Autre moyen de l’inquisition perma-
nente, Sleeping Giants et ceux font pression
sur les annonceurs publicitaires pour qu’ils
retirent leurs budgets aux journaux dont les
opinions ne leur semblent pas correctes. Cette
pression se veut raisonnable, exercée dans
un langage doux et mesuré, du genre : « Les
valeurs éthiques que vous désirez promou-
voir s’accommodent-elles de la présence de
vos publicités dans Valeurs Actuelles » ? On
n’en finirait pas de répertorier toutes les va-
riétés du gigantesque examen de conscience
de la société par tous : interdiction de certains
conférenciers dans les universités,
suppression de certains bustes d’écri-
vains ou penseurs peccamineux dans
ces mêmes universités, interdiction
de certains mots aux non-racisés
(exemple : le mot nègre prononcé
par un Blanc), censure de la langue,
considérée comme “fasciste”, ma-
nipulation du vocabulaire, et même,
dans le cas de l’orthographe inclu-
sive, la syntaxe, action sourcilleuse
et répétée d’associations subven-
tionnées comme conspiracy watch,
eco watch, human right watch, etc.,
qui, leur nom l’indique, sont autant
d’officines de surveillance servant à
éliminer les opinions inappropriées
susceptibles d’offenser ceux qu’il ne
faut pas offenser. Des Life Watchers,
en quelque sorte, qui nous reniflent
sans cesse pour déterminer, comme les juges
de Jeanne d’Arc, si nous sommes en état de
grâce politique. Les douillets flocons de neige
font les plus sectaires des tyrans, les sybarites
font les plus terribles bourreaux.
Cette délation s’opère bien sûr au nom du
bien, comme toujours, c’est le fondement de
la démocratie. On a dénoncé les Aristocrates
à la Convention au nom de la Liberté, les
Réfractaires au nom de l’Egalité, les Terro-
ristes au Sicherheitdienst au nom des lois de
la guerre, les nazis au nom de la démocratie,
les collaborateurs au nom de la résistance, les
communistes, les bandits, les mafieux, tous
les ennemis de la société, toujours, au nom
du Bien. Elle prétend faire avancer ce bien
en détruisant le mal qu’elle dénonce. C’est
pourquoi le terme cancel culture a été traduit
par culture de la suppression, de l’effacement,
de la négation, de l’anéantissement, de l’an-
nulation. En allemand, on pourrait dire Ver-
nichtung Kultur. Dans sa version douce, elle
est pensée comme plutôt comme un bannisse-
ment, un ostracisme. La question qui se pose
donc est très simple : qui est cancellier, qui a
le pouvoir d’annuler ou de bannir ? Sylla dres-
sa des listes de proscription : c’est le dictateur
qui avait alors ce pouvoir. L’ostracisme qui,
dans l’Athènes du cinquième siècle, bannis-
sait pour dix ans, était voté par les citoyens
en inscrivant le nom du banni sur un tesson
de poterie ou une coquille d’huître. Mais
plus qu’à l’Ecclesia, l’assemblée plénière des
citoyens, la cancel culture fait penser au tri-
bunal populaire de l’Héliée, où, en l’absence
de ministère public, n’importe quel Athénien
libre servait d’accusateur : bientôt cependant,
certains se firent dénonciateurs professionnels
pour toucher une part de l’amende qui frappait
les condamnés. On les nommait sycophantes,
et beaucoup d’associations moralisatrices
d’aujourd’hui agissent en sycophantes. On a
vu d’autre part, notamment avec la censure de
cer la destruction de l’adversaire revient en
partie aux GAFA. Tout le monde est cancel-
lier, mais les cancelliers sont inspirés, orientés
en douce par l’arc-en-ciel. Quand un homme
politique de premier plan est victime de la
cancel culture, c’est que les puissants de l’arc-
en-ciel ont choisi de court-circuiter la démo-
cratie élective par cette forme de démocratie
participative directe qu’ils manipulent mieux.
L’internet est un biotope très favorable à la
croissance de la cancel culture. Dans les an-
nées 2010 est apparue une sorte de défenseur
particulièrement virulent des minorités dites
opprimées, le woke, sorte de guerrier de la
justice sociale qu’écorchent vif les injustices
censément commises en matière de sexisme,
de transphobie ou de racisme. Il est si prompt
à les dénoncer de façon si haineuse, si brutale,
qu’elle en a paru contreproductive à Barack
Obama, cheville ouvrière de l’arc-en-ciel à la
Maison-Blanche durant huit ans. Celui-ci a
donc mis en garde les « super woke » contre
la tentation de relever le « mauvais mot ou
le mauvais verbe » en toute occasion, et de
« constamment juger et critiquer les autres ».
En effet, cela donne au mouvement une ré-
putation de flicage sectaire qui lui nuit. La
recommandation d’Obama relève de la tac-
tique : pour être efficace, la dénonciation ne
doit pas paraître excessive, elle ne doit pas
ressembler à un lynchage, à la justice que
l’on fait soi-même, à du harcèlement. Elle
doit être perçue comme une orientation glo-
bale de la société, une tendance que l’on re-
trouve partout, à l’école, l’université, dans les
églises, les universités, les media, sans qu’on
puisse lui imputer un ton excessivement
militant. Elle doit paraître une « saine para-
noïa contre l’injustice » partagée par toutes
les « bonnes personnes », qui ont du cœur et
sont éduquées. Une sorte de critique réflexe
de l’insupportable. Or ce qui est dénoncé au-
jourd’hui comme insupportable est, en tout
domaine, la norme d’hier : ce qu’on nomme
cancel culture est donc une inversion morale
révolutionnaire, dont l’arc-en-ciel imbibe pa-
tiemment le monde.
L’écrivain Franck Ferrand a noté : « Il me
semble que l’ignorance est le terreau sur le-
quel peut prospérer cette cancel culture qui
nous vient d’outre-Atlantique. » Il visait pro-
prement l’ignorance en matière d’histoire, et
l’on ne peut que lui donner raison, à condition
d’ajouter que cette ignorance est voulue et
organisée. Les études décoloniales, les études
de genre, les mathématiques racisées, l’ou-
bli de la traite musulmane, le déboulonnage
sélectif des statues, ne sont pas des produc-
tions de cancres, mais d’idéologues révolu-
tionnaires. De même que les débordements
de Black lives Matter. Il s’agit de faire table
rase du passé pour faire pousser de nouvelles
plates-bandes. Ce n’est pas vraiment neuf.
La damnatio memoriae se pratique depuis la
plus haute Antiquité et les pharaons faisaient
marteler les cartouches où figuraient certains
de leurs prédécesseurs pour maudire leur
mémoire — très exactement l’annuler, selon
la formule chère au professeur Mortimer :
« Que ton nom ne soit plus ». Staline a repris
la méthode en ôtant des photos retouchées les
anciens compagnons dont il ne voulait plus
entendre parler, et Mao l’a exploitée en grand
avec sa révolution culturelle. Tant que j’y suis,
c’est le moment de dire trois mots du deu-
xième élément de la cancel culture, la culture.
Le dramaturge national-socialiste Hanns
Johst a laissé une réplique célèbre : « Quand
j’entends le mot culture, je sors mon revol-
ver », mais elle est incomplète : le vrai re-
volver, c’est la culture elle-même. Le mot
français culture vient du verbe latin colo,
qui signifiait à la fois, dès l’origine, habiter
et cultiver (au sens premier de l’agriculture)
et qui a donné aussi culte, colon, colonie, ré-
gnicole, cultiver. Le mot latin cultus, qui en
dérive, signifiait à la fois culture du sol, culte,
éducation, culture, civilisation, manière d’être
et de se vêtir, mode. On voit que l’extrême
diversité des sens du mot culture aujourd’hui
n’est pas une nouveauté. Mais alors, il était
toujours associé à un effort soutenu vers plus
d’utilité ou de beauté. La chose a changé
avec Bismarck et son Kultur Kampf : ce qu’il
nommait combat pour la civilisation était une
tentative de mise à mort du catholicisme en
Allemagne. Par une rencontre de mots amu-
sante, la loi qui privait l’Eglise de la parole
fut nommée Kanzelparagraph ! Tout au long
du vingtième siècle, la “culture” fut ensuite
kidnappée par la gauche et l’extrême gauche,
selon la stratégie de Gramsci. Ce fut une sub-
version concertée. La liste des ministres fran-
çais de la Culture nous renseigne à ce sujet.
Et ce, dès l’origine, dès André Malraux, dès
Jacques Duhamel, le père d’Olivier. Drogués
(Malraux était cocaïnomane), pervers sexuels
divers, dont plusieurs pédérastes notoires,
gauchistes, se sont succédé rue de Valois pour
mener la même politique de destruction de
notre civilisation et d’inversion des mentali-
tés. Les centres dramatiques ont tué le théâtre
comme les DRAC ont tué les arts et imposé
le conceptuel, qui est à la fois une escroquerie
et une révolution mortelle. La toute récente
cérémonie des Césars l’a confirmé avec éclat.
La cancel culture suit ce penchant : elle n’a
rien de ce qui fait une culture, ce n’est qu’une
habitude, un procédé de destruction par l’in-
version révolutionnaire. C’est une hypnose
visant à soumettre et détruire, un sortilège
mondial qui opère par l’incapacité de ses
dupes à réagir. L’une des plus horribles im-
postures de la révolution arc-en-ciel.