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Dossier documentaire

Séance n°8 – 29 mars 2011


Masculinités et Sexualités

Doc.1. Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe, 1949


« Un homme n’aurait pas l’idée d’écrire un livre sur la situation singulière qu’occupent dans l’humanité les mâles.
L’homme ne commence jamais par se poser comme un individu d’un certain sexe. Qu’il soit homme, cela va de soi. Il est
entendu que le fait d’être un homme n’est pas une singularité. Un homme est dans son droit en étant un homme, c’est la
femme qui est dans son tort […] Une femme se différencie par rapport à l’homme et non celui-ci par rapport à elle. Elle
est l’inessentiel par rapport à l’essentiel. Il est le sujet, il est l’Absolu ; elle est l’Autre. »
Et pourtant : http://mensbiblio.xyonline.net/ « A comprehensive bibliography of writing on men, masculinities, gender,
and sexualities (19th edition), compiled by Michael Flood, first published in 1992. Updated 24 January 2008 »
Ce site référence environ 22 400 publications, exclusivement en langue anglaise.

Paraît depuis 1992 Paraît depuis 1998.

Doc.2. Des travaux fondateurs


Eve Sedgwick, Between Men. Elisabeth Badinter, XY : de l’identité
English Literature and Male Homosocial Desire, 1985 masculine, 1992
« Au regard de la plupart des sociétés, devenir un homme adulte est problématique. Par
opposition à “la femme qui est, l’homme doit être fait. En d’autres mots, les
menstruations, qui ouvrent à l’adolescente la possibilité d’avoir des enfants fondent son
identité féminine ; il s’agit d’une initiation naturelle qui la fait passer de l’état de fille à
l’état de femme ; par contre chez l’homme un processus éducatif doit prendre la relève
de la nature”*.Autrement dit, le devenir-homme est une fabrication volontariste, et on
peut se demander avec G. Corneau si la masculinité des fils s’éveillerait jamais si elle
n’y était pas forcée à un moment déterminé de son développement. »
(Elisabeth Badinter, XY : de l’identité masculine, Paris, Odile Jacob, 1992, p.108)
* Guy Corneau, Père manquant, fils manqué.
Que sont les hommes devenus ?, Montréal, Les
éditions de l’Homme, 1989, p.21.

Doc.3. « La virilité : non-objet de l’histoire » (André Rauch, Le premier sexe,


Paris, Hachette Littérature, 2000.)

L’histoire de la virilité n’est pas entrée jusqu’ici dans les préoccupations des
historiens, davantage attentifs aux grands événements ou à la vie quotidienne ;
la présente étude relève plutôt de l’anthropologie. […] Elle ne porte pas de
regard sur un groupe social particulier, a fortiori sur un personnage remarquable
et ne mentionne pas davantage de héros marquant. Les modèles exposés sont
diffus et, hormis la Déclaration des droits de l’homme ou l’ouverture des
premiers lycées de jeunes filles, peu d’événements font date pour servir de
jalons à la crise qui affecte l’identité masculine. […] Elle s’attache aux
modifications du rôle, du statut et de l’image de l’homme dans la société, au
moment où les repères de l’Ancien Régime s’effacent et alors que n’existent
encore ni mixité réelle ni égalité de fait entre hommes et femmes. On passe
d’une société dominée par le modèle de la propriété foncière, où la famille
constitue la cellule économique de base et où la reproduction (des individus, des
modes de vie, du rang dans la société, etc.) est essentielle, à une société de
production où l’innovation, la mobilité, l’esprit d’entreprise et d’initiative vont
dominer. La compétence technique devient indispensable pour inventer les nouvelles formes de la réussite
individuelle. […] Or c’est précisément au cœur de ces transformations que se jouent les nouveaux rôles
masculins. Des forces de réaction, religieuses, sociales, politiques s’opposent aux ferments novateurs du
développement technique et économique. Ces derniers vont s’exercer sur les choix des garçons et mettre à
l’épreuve leurs stratégies d’affirmation de soi. […] Le XIXe siècle apparaît comme le moment d’une mutation
capitale de notre civilisation, passionnante et mutilante, qui atteint particulièrement l’identité masculine. On
quitte une société des pères, qui ne semble pas avoir
changé depuis des temps immémoriaux (dans les
décomptes des paroissiens du XVIIIe siècle, les curés
dénombrent des familles et non des individus). On entre
dans une société d’égalité relative – une société des pairs
– devant la loi, qui n’exclut pas la recherche d’une
distinction individuelle.
Doc.4. L’identité masculine en crise.

Statistiques sexuées du suicide (Rapport de l’OMS, 2008)

Pays Hommes* Femmes*


Biélorussie 63,3 10,3
France 26,4 7,2
Suède 19,5 7,1
États-Unis 17,7 4,5
Inde 12,2 9,1
Espagne 9,6 3,3
Italie 8,4 2,3
Iran 0,3 0,1
* Chiffre pour 100 000 habitants

La guerre civile dans les têtes (Entretien réalisé par Sabrina Kassa)
Pascale Jamoulle est anthropologue à l’université de Louvain-la-Neuve. Elle a
récemment achevé un doctorat en anthropologie sur les conduites à risque et la
construction de l’identité masculine. Elle vient de publier : Des hommes sur le
fil. La construction de l’identité masculine en milieux précaires, La
Découverte, 2005.
Quel sens donnez-vous aux émeutes qui ont eu lieu dans les banlieues ?
Pascale Jamoulle :
Les conduites à risque extrêmes, comme les incivilités, la violence, les
problèmes de toxicomanies ou l’automutilation chez les filles sont en pleine
explosion dans les quartiers “mal vus”. Elles sont produites par le gigantesque
engrenage de la précarisation. Avec des rouages qui peuvent en entraîner
d’autres, mais qui en même temps permettent d’activer des actions de
prévention et de résilience chez les jeunes. Commençons du côté du logement.
Les cités sont des lieux de la ville discriminés, où vivent beaucoup de familles
sous perfusion d’allocations sociales. En habitant la cité, les jeunes sont en
situation de déshonneur. En réplique à cette honte sociale, les conduites à
risque visent à restaurer une conscience masculine fière. Pendant les émeutes,
des journalistes comptaient le nombre de voitures brûlées. Les jeunes faisaient
de même parce que cette comptabilité s’inscrivait dans la compétition entre
cités pour savoir qui allait récupérer le plus d’honneur. L’engrenage se joue
aussi au niveau du travail. Quand on est un jeune de cité, les possibilités
d’accès au travail sont particulièrement précarisées, d’autant plus si on a un casier judiciaire... Ces jeunes se trouvent dans
une insécurité totale par rapport à l’emploi. Ils sont obligés de multiplier les types de ressources : micro-business, micro-
boulot, salariat intérimaire et contingent.
On a beaucoup mis l’accent sur le rôle des familles dans l’éducation de ces jeunes “à problèmes”. Qu’en pensez-
vous ?
P. J. : En Belgique - la situation en France comporte beaucoup de similitudes -, avec le système des points de précarité,
nous avons concentré dans les cités les familles mono-parentales ou plus exactement des femmes seules avec des enfants
qui ont un père ou un beau-père “à boîte aux lettres de domiciliation ”. À savoir des compagnons se domiciliant ailleurs
pour que la mère touche un peu plus d’allocations sociales car ils savent que leurs ressources sont aléatoires et
insécurisées. Ainsi, le seul pourvoyeur sûr devient les services sociaux. Ces pères se retrouvent dans des positions
clandestines au niveau socio-administratif, mais aussi sur le plan de l’accès à l’emploi en travaillant au noir. Pour toutes
ces raisons, nous avons affaire à des pères qui ont des difficultés à assumer leur rôle de père, à jouer en quelque sorte le
rôle de glaive entre la mère et l’enfant parce qu’ils ne sont pas là, ou qu’ils se sont absentés dans leur rôle. Souvent, les
conduites à risque des jeunes sont des conduites d’appel aux pères quand ceux-ci dépriment, se rigidifient ou se
désinvestissent. Les mères se retrouvent alors seules à devoir assumer les fonctions de la parentalité. Et parfois, elles
cèdent sur celles de l’autorité. Elles font un transfert de l’autorité sur le fils aîné de la famille. Et mettent ainsi ce dernier à
une place qui n’est pas la sienne et qui favorise chez lui la violence et les comportements machistes, afin malgré tout de
prendre de l’autonomie et d’arriver à se séparer.
Comment peut-on aider ou accompagner les pères dans ce parcours-là ?
P. J. : Tout ce qui peut redonner de l’honneur à l’homme et au père est éminemment préventif dans ce contexte. Les
hommes sont fort discrédités dans les cités. Et les pères sont très peu soutenus. D’abord, nous les connaissons très mal. Ils
ne vont pas dans les dispositifs d’aide car ils ne fonctionnent pas sur la demande. Devoir demander leur fait honte et ils
ont déjà suffisamment honte en étant dans la précarité. Les pères peuvent être investis sur le don. Nous les voyons dans
les comités de quartier, dans les revendications collectives où il est possible de manifester, de lutter... Nous pouvons les
solliciter en organisant des élections de conseiller d’immeuble, de conseiller d’étage, avec des formations spécifiques en
vue de créer des comités pour réclamer auprès des bailleurs sociaux de meilleures conditions d’habitat... La lutte et le don
rendent dignes. C’est cela qui restaure l’honneur. Malheureusement, cette optique est la moins subventionnée. Or c’est
l’optique la plus efficace car elle démultiplie les forces. Quand les gens retrouvent des liens et des solidarités dans
l’entourage, ils ont nettement plus de chance d’aller mieux qu’à la suite d’une intervention sociale individuelle, forcément
ponctuelle. Il y a d’autres façons de recomposer les familles. En créant, par exemple, des espaces de transmission père-
fils. On organise des groupes de parole pour les parents préoccupés par l’éducation des enfants. Et si on faisait aussi un
espace garage, bien outillé, où les pères pourraient transmettre à leurs fils les savoirs techniques. Mais clairement, nous ne
sommes pas dans ces logiques-là. L’intervention sociale part du rôle traditionnel des femmes au lieu de partir du rôle
traditionnel des hommes, pour rentrer en contact avec eux et les renforcer dans leur compétence parentale.

« Les hommes vont mal. Ah bon ? Contre l’émancipation des femmes, des hommes ont inventé « la crise
de la masculinité » (Virginie Poyetton, Le Courrier, 18 mars 2005)
Depuis que les femmes s’émancipent, les hommes vont mal. Du moins, c’est ce qu’affirment certains groupes d’hommes
s’exprimant dans des congrès ou sur de florissants sites Internet. Leur discours est à la mode et abondamment relayé par
les médias. L’argumentaire se veut simple, cohérent, concret : le féminisme a forcé les hommes à changer et depuis ils se
sentent dépossédés de leur identité et de leurs droits. La liste des injustices dont ils souffrent est longue : discrimination
positive au travail en faveur des femmes, préjugés favorables aux mères en cas de divorce, fausses allégations de violence
ou d’inceste, pensions alimentaires disproportionnées, hausse du décrochage scolaire des garçons, augmentation des
prescription d’antidépresseurs. « Un discours de dominants », résume Anne-Marie Devreux, sociologue française. Les
arguments utilisés sont majoritairement reliés à l’émotionnel et l’identitaire. Probablement parce que les inégalités
matérielles entre femmes et hommes sont toujours favorables à ces derniers.
Souffrance suspecte. Cette « crise » trouve ses racines dans les années septante et les avancées acquises alors par les
femmes, notamment en termes de participation au marché du travail et de contraception. Selon Anne-Marie Devreux, les
réactions positives de quelques hommes à ces changements furent montés en mayonnaise et arbitrairement extrapolés à
l’ensemble de la société tout au long des années quatre-vingt. Ce n’est que dans les années nonante, comme l’explique la
sociologue Pascale Molinier dans L’énigme de la femme active, que le discours optimiste sur les nouveaux hommes et la
constitution d’une nouvelle société égalitaire laissa la place à un discours alarmiste sur « le malaise des hommes ». Un
malaise qui s’expliquerait par la remise en question de certaines pratiques et cadres traditionnels.
Si certaines féministes concèdent que l’évolution des rapports entre femmes et hommes ont poussé des hommes à une
remise en question de leur rôle dans la société, elles restent très réservées quant à l’ampleur du phénomène. D’abord
parce que les inégalités touchent toujours majoritairement les femmes – chômage, précarité, bas salaires – sans oublier la
violence, ensuite parce que la « crise » ne concerne qu’une partie minime de la population masculine. « Chez les
bourgeois ou dans les cités, les garçons ne traversent pas de « crise de la masculinité », souligne Anne-Marie Devreux.
Par ailleurs, certaines « souffrances » masculines peuvent paraître très suspectes. Comme la douleur des pères spoliés du
droit de s’occuper de leurs enfants. Etonnamment, souligne la sociologue, cette souffrance apparaît essentiellement lors
de la séparation du couple.
Perte de privilèges. Au-delà d’un passager accès de colère, que cache alors cette « crise de la masculinité »? « On
constate qu’un état de crise surgit à chaque fois qu’une domination est remise en question », remarque Anne-Marie
Devreux. Cette angoisse serait liée au sentiment de la perte des privilèges et du monopole des hommes. Faut-il vraiment
la prendre au sérieux? « Ce n’est pas un phénomène secondaire. Cette «c rise de la masculinité » est une version soft de ce
qui est en train de se mener plus particulièrement au Canada: une lutte ouverte des hommes contre les femmes et contre
les féministes », analyse Anne-Marie Devreux. Le débat sur la mixité à l’école en est un bon exemple. Sous prétexte de
défendre les garçons qui souffriraient de la réussite scolaire des filles, ces derniers proposent un retour en arrière à des
classes non-mixtes.
Souffrance féminine. Pour la sociologue Pascale Molinier, cette « crise » cache également un processus d’euphémisation
des souffrances féminines. Contrairement à ces dernières, « les formes masculines de décompensation sont spectaculaires
et bruyantes: rixe, sabotage, surendettement, violences domestiques, suicides. Quant à la souffrance des hommes
dominants, ce n’est rien de dire qu’elle fait recette. « Le stress des cadres » a fait couler plus d’encre ces dernières années
que celui des caissières d’hypermarché. En pointant la vulnérabilité des hommes ne risque-t-on pas d’avaliser l’idée, bien
commode pour le maintien de l’ordre social, que les femmes sont formidables dans l’adversité? ». D’ailleurs, beaucoup de
femmes ont elles-mêmes intégré ce discours sur la « crise de la masculinité ». Elles culpabilisent, ont le sentiment de
mettre la barre trop haut, d’en demander beaucoup, de vouloir trop. Certaines sont aussi sensibles au discours des
hommes bafoués dans leurs droits parce qu’elles y trouvent plus de bénéfices personnels.
Le congrès qui entend redonner la parole aux hommes. « Est-ce que l’homme est aussi méchant ou aussi minable que
le suggèrent les féministes ? Est-ce que les femmes et les enfants seraient mieux si les hommes disparaissaient de la
planète ? L’homme doit-il changer pour se conformer aux attentes de la femme ? » Voilà une série de questions sans
réponses qui auraient poussé John Goetelen, naturopathe, et Yvon Dallaire, auteur de Homme et fier de l’être, à organiser
le premier Congrès international de la condition masculine, « Paroles d’hommes », en 2003. Pour les deux hommes, ce
congrès devait être l’occasion de réfléchir sur la condition de l’homme aujourd’hui. Neuf intervenants belges, suisses,
français et québécois y ont abordé des thèmes tels que « La femme n’est pas l’avenir de l’homme », « La violence faite
aux hommes », « La tendresse suspecte : pères présumés coupables » ou « Les réseaux d’hommes : quand les hommes
parlent ». Quelque cent personnes (dont 30 % de femmes) auraient pris part au congrès. Le deuxième congrès, qui aura
lieu à Montréal du 22 au 24 avril prochain, entend avancer dans la définition de l’homme du XXIe siècle. « Au lieu de se
définir en fonction des attentes des femmes ou en réaction à leurs exigences, les hommes se demandent ce qu’ils
voudraient devenir maintenant que les femmes sont plus autonomes et de plus en plus responsables de leur propre vie et
survie. » En plus des thématiques déjà abordées, les intervenants traiteront, entre autres, du mouvement gay et de la
condition masculine, des garçons à l’école et de l’influence des pères sur l’éducation des fils, de la garde partagée ainsi
que du suicide des hommes.

Doc.4. « Des rôles des hommes et des masculinités dans la perspective d’une culture de la paix ». Rapport
de l’Unesco. Extraits. En ligne : http://www.europrofem.org/contri/2_07_fr/fr-masc/09fr_mas.htm

Comment faut-il comprendre les masculinités? Le groupe d’experts a discuté des façons traditionnelles et nouvelles de
comprendre les masculinités. Tous ont été d’accord pour dire que la biologie du sexe n’explique pas les problèmes ; les
différences biologiques sont d’ordre biologique, tandis que les modes de violence sociaux appellent des explications
sociales et des solutions sociales.
L’idée d’un « rôle de sexe masculin » est utile pour appeler l’attention sur l’apprentissage social de genre (souvent appelé
« socialisation ») et sur les stéréotypes répandus dans les médias et dans la culture qui n’offrent aux garçons que des
modèles de masculinité restrictifs et agressifs.
De nombreuses contributions à la réunion ont, toutefois, illustré la nécessité de dépasser la focalisation sur les stéréotypes
de « rôle » pour adopter un point de vue plus large sur les rapports sociaux de genre et les masculinités. Notre
compréhension de ces particularismes doit embrasser la production économique, le pouvoir et l’autorité, la sexualité et les
émotions, les identités et la communication. La discussion a souligné les points suivants :
- L’influence des facteurs économiques. Lorsque les hommes ont des avantages économiques sur les femmes, ils ont un
privilège à défendre, qui peut être défendu par la violence ou rendre les femmes vulnérables à la violence. Les
changements économiques qui mettent en péril des modes de vie traditionnels des hommes ou les détruisent sans offrir de
solution de rechange font le lit des voies de la violence ou du militarisme.
- La complexité des masculinités. Les traits spécifiquement masculins sont souvent imbriqués dans les identités ethniques
ou générationnelles, et cela peut donner lieu à des affrontements violents. Une masculinité hégémonique peut avoir un
grand prestige social, sans qu’il y ait beaucoup d’hommes qui s’y conforment ou en aient le désir. Les conflits sociaux et
les tensions psychologiques relatifs à la masculinité peuvent aboutir à la violence, mais aussi créer des possibilités de
changement. On trouve des « cultures de paix » à l’état latent dans de nombreuses situations.
- L’importance du changement historique. Les rapports sociaux de genre sont dynamiques et peuvent se modifier
rapidement, même si on les croit généralement lents à changer ou réfractaires au changement. Les masculinités ne font
pas qu’aller du « traditionnel » vers le « moderne ». Des jeunes femmes peuvent être amenées à adopter un comportement
traditionnellement masculin pour parvenir plus facilement à l’égalité. De nouvelles caractéristiques masculines
militarisées peuvent apparaître dans des Etats ou des communautés qui se sentent menacés. Même les forces de maintien
de la paix peuvent provoquer ce type de réaction. La mondialisation peut introduire des modèles « occidentaux » de
femmes domestiquées et d’hommes agressifs et compétiteurs dans des communautés où règne une relative égalité entre
les sexes, ou provoquer d’autres modes de dislocation du patriarcat débouchant sur une montée de la violence.
Comment les masculinités sont-elles reliées à la violence ? La violence a des causes multiples (notamment la
dépossession, la pauvreté, la convoitise, le nationalisme, le racisme, la conception de « l’honneur ») et se nourrit de
situations diverses. On observe, néanmoins, des rapports persistants avec des traits spécifiquement masculins, notamment
sur les points suivants :
- Les modalités de l’organisation sociale placent en général les moyens de la violence, tels que les armes et les
compétences militaires, entre les mains des hommes, et non des femmes. Et cela s’applique aussi bien aux armes
possédées à titre privé qu’à l’armement militaire.
- La vie de groupe des garçons entre eux, l’instruction militaire et les médias tendent souvent à susciter un lien direct
entre l’idée qu’on se fait d’un « vrai homme » et la pratique de la domination et de la violence.
- Lorsque les hommes estiment avoir droit à un certain pouvoir ou un certain statut (en particulier par rapport aux
femmes), le fait de ne pouvoir jouir de ces « droits » suscite leur colère. La réaction à un sentiment d’impuissance peut les
conduire à se livrer à des violences contre les femmes ou à entrer dans une bande, à adhérer à un mouvement raciste, à
s’enrôler dans une armée ou un mouvement révolutionnaire armé, où ils éprouvent le sentiment de reprendre le dessus.
- Les mouvements racistes, ethno-nationalistes et extrémistes sont souvent l’expression d’une « exigence de domination »
centrée sur la figure de l’homme, la femme jouant alors le rôle de soutien et de mère des guerriers. La pression
psychologique qui oblige à jouer au guerrier ou au chasseur peut être intense.
- Le maintien d’une masculinité hégémonique appelle le mépris d’autres formes de masculinité et de l’autonomisation des
femmes. Il prend souvent la forme d’un harcèlement mutuel chez les garçons et celle d’actes de violence graves commis
par certains jeunes hommes contre des homosexuels.
Les aspects agressifs et dominateurs de la masculinité peuvent constituer une source directe de violence. Dans bien des
cas, cependant, des idéologies de genre servent d’agents de transformation d’autres causes de conflit en conduites
violentes. Lorsque sont créées des conditions spécifiques de masculinités violentes, le recrutement d’hommes et de
garçons peut prolonger ou intensifier des conflits armés. Dans tous ces cas, l’action visant à modifier ces masculinités est
une stratégie de paix pertinente.

Doc.5. Girls and Boys and Television. Maya Götz


En ligne : http://www.br-online.de/jugend/izi/english/publication/televizion/21_2008_E/21_2008_E.htm

The equality of men and women was stipulated in the UN Charter as early as 1945. In
1996 a total of 196 nations committed themselves contractually to equality and to the
elimination of discrimination. An empirical look at children’s television, however, soon
reveals that with regard to TV programming, the achievement of this goal is still a long
way off. Granted, strong female characters are not completely absent, but far more often
young and adult men are the heroes in TV programmes. The most comprehensive
international analysis of children’s television to date reveals an unambiguous tendency: Of
all the main characters on children’s TV only 32 % are female – in reality, however,
women count for 51 % of the world’s population. Why is it that an area identified as
educationally so significant for the development of gender images should be characterised
by such an imbalance? Doubtless there are manifold explanations. But certainly
stereotypes and TV producers’ inadequate understanding of what girls and boys want and
need are significant. Another group of producers shift their gender-specific commitment
towards boys, who are regarded as a neglected target group hard to reach with quality
television.
Doc.6. Masculinités publicitaires

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