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JANG JuB TEKKI

(Apprendre et Réussir dans la Droiture)

Des initiatives citoyennes


pour l’Education, la Formation et l’Insertion
au Sénégal
SIGLES ET ABRÉVATIONS
ADD : Association pour le Développement de Diamaguène
AFD : Agence Française de Développement
CAF : Centre d’Alphabétisation Fonctionnelle
CFA : Communauté Financière Africaine
CI : Cours d’Initiation
CODEC : Collectif des Directeurs d’Ecole
DPRE : Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education
ECB : Ecole Communautaire de Base
FAWE : Forum For African Women Educationalist
(Forum des Educatrices Africaines)
GIE : Groupement d’Intérêt Economique
IA : Inspection d’Académie
IDEN : Inspection Départementale de l’Education Nationale
JJT : Jang Jub Tekki: “apprendre et réussir dans la droiture”
OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PDEF : Plan Décennal de l’Education et de la Formation
SARENA : S tratégies Actives pour la Réussite d’une École Novatrice
en Afrique
SIG : Système d’Information Géographique
TIC : Technologie de l’Information et de la Communication
TUSEME : S’exprimer sans gêne (en Swahili)
SOMMAIRE
Préface......................................................................................................................................................................... p 3 Modèle articulé d’éducation, de formation
Le mot du coordonnateur......................................................................................................................... p 4 et d’insertion...............................................................................................................................................p 38
Introduction. ............................................................................................................................................................ p 6
Résultats, leçons apprises et recommandations...........................p 42
Analyse des données...................................................................................................................... p 8 Etape 1 : Appropriation de la problématique et harmonisation
1. Cartographie des initiatives non étatiques d’éducation et de la vision au plan conceptuel, méthodologique et instrumental.............p 43
de formation au Sénégal.........................................................................................................p 11 Etape 2 : Inventaire, base de données, cartographie par SIG
2. Centres d’alphabétisation fonctionnelle..................................................................p 14 des initiatives, évaluation et sélection.......................................................................................p 44
3. Ecoles communautaires de base....................................................................................p 16 Etape 3 : Capitalisation, modélisation, expérimentation et plaidoyer
pour inscription dans les politiques publiques...................................................................p 45
4. Ecoles privées et du 3 ème
type.............................................................................................p 18
5. Ecoles coraniques ou Daara................................................................................................p 22
Perspectives. ........................................................................................................................................................p 46
6. Centres de formation professionnels privés...........................................................p 24
Liste des initiatives retenues..................................................................................................................p 50
7. Ateliers artisanaux............................................................................................................................p 26

Initiatives originales capitalisées............................................................................p 29


1. Cartographie des 17 initiatives issues d’un classement
national et régional.......................................................................................................................p 30
2. 11 initiatives originales et porteuses comme contribution
au service publique......................................................................................................................p 31

1
Préambule
Depuis 2010, enda graf sahel et le Gret, en partenariat avec la Pour le Gret, association française de professionnels pour un dévelop-
Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education, mettent en pement solidaire, ayant une représentation au Sénégal, le « renfor-
œuvre, avec le concours de l’Agence française de Développement, un cement des acteurs du changement social » est un axe stratégique
projet dénommé : Jang Jub Tekki ou « Apprendre et Réussir dans la d’intervention. Les acteurs du changement social sont entendus comme
Droiture ». des groupes d’acteurs de natures diverses, sociale, économique,
publique ou institutionnelle, organisés collectivement, en vue de porter
Ce projet a pour but de valoriser la contribution de la société civile au un projet sociétal, de peser sur des choix politiques et de contribuer à
service public d’éducation et de formation. Les initiatives issues de la changer les « règles du jeu » que se donne une société pour qu’elles
société civile couvrent les domaines de l’alphabétisation, du dévelop- soient plus justes et plus inclusives.
pement, de la formation professionnelle... Elles se présentent comme
des offres éducatives dans le marché de l’éducation et de la formation C’est pourquoi le Gret et enda graf sahel ont joint leurs forces pour
et comme des espaces éducatifs répondant à une demande sociale initier et mener à bien le projet Jang Jub Tekki afin que le prochain
et souvent co-construits avec les populations. Le projet Jang Jub Tekki Programme sectoriel pour l’Education et la Formation puisse mieux
répond au besoin de valorisation de ces initiatives, à l’échelle du prendre en compte les initiatives citoyennes, à la fois dans leurs
Sénégal, avec ce document qui en est un des produits. diversités et dans leurs particularités. Ce document tente de montrer
cette richesse et ce foisonnement.
Le cœur de métier d’enda graf sahel consiste à identifier et valoriser
les initiatives citoyennes pour une meilleure prise en compte dans les
Emmanuel Seyni Ndione
politiques publiques. Dans le cadre du projet Jang Jub Tekki, il joue
enda graf sahel
un rôle d’intermédiation et de fédérateur à travers l’animation d’un
processus rassemblant des acteurs tant issus du secteur éducatif que Bénédicte Hermelin
des ateliers d’apprentissage et de la formation professionnelle, tant Gret
publics que non publics.

2
Préface
Ce document m’offre un cadre et une opportunité extrêmement secteur de l’éducation et de la formation. Dès lors, les critères et les
importants pour m’exprimer sur les enjeux et la pertinence du projet Jang instruments qui permettront de nouer un partenariat constructif et
Jub Tekki dont je préside le comité d’orientation au nom de Monsieur efficace avec ces porteurs d’initiatives seront définis de manière
le Ministre de l’Education. C’est un projet qui vise à valoriser, dans le participative et consensuelle afin que les initiatives que tout le monde
cadre du programme aujourd’hui sectoriel que nous coordonnons, considère comme intéressantes puissent être portées à l’échelle.
les initiatives de la société civile afin de pouvoir les suivre et les accom-
pagner. Ce document est important parce qu’il intègre des initiatives Rien qu’au niveau de la passation de service, tous les dossiers de tous
éducatives répertoriées dans le cadre d’un processus aujourd’hui très les projets de tous les secteurs sont synthétisés et mis à la disposition
avancé qui consistait depuis des mois à recenser les offres de toutes du ministre avec un descriptif de l’état d’avancement, des enjeux et
natures développées par la société civile sur le terrain à l’échelle autres. En conséquence, je peux vous garantir que le nouveau Ministre
nationale. de l’Education Nationale, Monsieur Serigne Mbacké Thiam, non
seulement est au courant du projet Jang Jub Tekki mais est très intéressé
Déjà plus de 4000 initiatives ont été recensées, ce qui est impression- par ses résultats qui, s’ils sont significatifs vont permettre au gouverne-
nant et parmi ces 4000 initiatives, 40 ont été sélectionnées selon des ment de capter un pan important qui échappait jusque là, c’est-à-dire
critères et une démarche rigoureuse, transparente et objective. Ces en termes de contribution de la société civile.
dernières vont être suivies pour tenter de comprendre en quoi elles sont
porteuses et quelles en sont les conditions et les modalités d’efficacité Nous allons poursuivre ce partenariat pour participer au processus de
et de réussite. suivi et de capitalisation des initiatives, ce qui facilitera certainement
l’insertion de celles qui seront les plus significatives dans le plan
Mais, parmi les 40 initiatives sélectionnées, 12 ont été retenues pour stratégique 2013-2025 du Ministère de l’Education Nationale.
être accompagnées financièrement, techniquement mais surtout être
capitalisées en termes de bonnes pratiques pour être internalisées Djibril Ndiaye Diouf
également dans le cadre des stratégies de développement du Directeur de la Planification et de la Réforme de l’Education

3
Le mot du coordonnateur de JJT
Expert en qualité de l’éducation, après quarante ans de services dans le 2 Sélectionner les meilleures à partir de 7 critères retenus de manière
système éducatif sénégalais, ma rencontre avec enda graf sahel et le consensuelle fondés sur la recherche d’initiative capable de former
Gret a joué un rôle de catalyseur dans le projet Jang Jub Tekki. des citoyens responsables, enracinés et ouverts, productifs et com-
pétitifs. Cela a permis de retenir 40 initiatives à capitaliser et parmi
En effet, ces deux organisations m’ont offert à travers ce projet l’oppor- elles la meilleure initiative par région qui sera modélisée et diffusée.
tunité de réinvestir l’expérience et le réseau de relations que j’ai accu- Ce sont ces différentes initiatives examinées à la lumière des préoc-
mulés dans l’amélioration de la qualité de l’éducation, de la formation cupations de l’Etat et des communautés (revue documentaire) qui
et de l’insertion des jeunes sénégalais dans la société et le marché du ont permis de construire un modèle articulé constitué de 6 domaines
travail. ou grappes : langues (nationale, arabe, français), maths /science/
Depuis le mois de mars 2010 enda graf sahel et le Gret mettent en technologie, éducation et formation à la productivité et à la compé-
œuvre ce projet financé par l’AFD (Agence Française de développe- titivité, éducation physique artistique et culturelle, compétence de
ment) dont le comité d’orientation est présidé par le Directeur de la vie courante, éducation à la culture religieuse et / ou spirituelle.
Planification et de la Réforme, au nom du Ministère de l’Education Ce modèle articulé, élaboré par une vingtaine d’experts a fait l’objet de
Nationale. Le but de ce projet est de valoriser la contribution de la société la formation de 12 porteurs d’initiatives accompagnés par des Inspec-
civile au service public d’éducation et de formation autour de trois axes : teurs venant des IDEN qui les abritent. Ces derniers seront chargés de les
1 Inventorier à partir d’un dispositif de collecte dans les 14 régions du suivre et de les encadrer sur le terrain.
Sénégal toutes les initiatives développées par la société civile, les
inscrire dans une base de données et les cartographier. Cela a
permis de recenser 4223 initiatives développées dans 7 types de
structures : écoles privées, écoles coraniques, centres d’alpha-
bétisation fonctionnelle, ateliers artisanaux, centres de formation
professionnelle, collèges et lycées d’enseignement technique,
modèle alternatif (ECB, association de développement).

4
3 L’ensemble
 des extrants du projet Jang Jub Tekki (revue documen-
taire, base de données des initiatives, cartographie, dispositif de
collecte, plateforme régionale multi acteurs, mécanisme de synergie
des organisations de la société civile, charte du partenariat, initia-
tives capitalisées et modélisées, modèle articulé) a permis d’élaborer
ce document et un film pour faire un plaidoyer auprès de l’Etat pour
inscrire dans sa politique les initiatives les plus significatives en guise
de contribution de la société civile.

Nous souhaitons fermement que cette expérience pilote dépasse la


phase de projet pour se transformer en programme s’intégrant à celui
sectoriel de l’Etat afin que les richesses produites par les citoyens formés
dans JJT leur soient réparties de manière équitable telle que visée dans
le document de politique économique et sociale (DPES). Le but visé est
de donner corps à notre ambition commune de faire du Sénégal un
pays émergent sur la route du développement durable et solidaire.

Cheikhou Touré
Coordonnateur JJT

5
Introduction
En 2010, beaucoup d’Etats et d’organisations, de partenaires au déve- société civile développe également un certain nombre d’initiatives
loppement ou de la société civile ont tenu à faire le bilan des 50 ans comme contribution au service public d’éducation, de formation et
de l’éducation et de la formation en Afrique. Le constat général est que d’insertion mais qui, malheureusement, ne sont ni connues, ni reconnues,
pour l’essentiel, si des progrès importants ont été faits dans le domaine ni crédibilisées.
de l’accès où au Sénégal le Taux Brut de Scolarisation est passé de 20%
en 1960 à 95% en 2012, dans le domaine de l’équité, de la pertinence Face à cette situation, beaucoup d’acteurs au Sénégal se posent entre
et de la qualité, de la gestion et de la gouvernance démocratique du autres deux questions en relation avec l’objectif de formation d’un
système éducatif, de grands défis restent encore à être relevés. capital humain de qualité tel que visé dans le document de politique
économique et sociale :
Sur 100 enfants qui entrent au CI (Cours d’initiation), environ 7 • Les politiques et les stratégies actuelles développées par l’Etat
arrivent au baccalauréat, ce qui atteste d’une déperdition scolaire permettent-elles de mettre en place des offres en adéquation
très importante. avec la demande d’éducation, de formation et d’insertion des
populations concernées ?
La question de l’introduction des Langues Nationales dans le système
formel, malgré toute l’importance qu’elle représente, reste posée. • La société civile actuelle est-elle capable d’apporter une contri-
bution efficace à ce défi d’éducation, de formation et d’inser-
Près de 600 000 enfants fréquentant les écoles coraniques et 400 000
tion que l’Etat doit relever ?
apprentis dans les ateliers artisanaux sont complètement exclus du
système éducatif. Le projet Jang Jub Tekki s’inscrit dans le cadre de cette problématique.
Dans le domaine du non formel, nonobstant tous les efforts fait en
matière de lutte contre l’analphabétisme, le taux reste encore élevé et Le projet est intervenu de mars 2010 à décembre 2012 autour de trois
se situe autour de 50%. axes stratégiques pour la société civile sénégalaise dans le secteur de
l’éducation et de la formation.
En outre, parallèlement à l’éducation formelle qui bénéficie chaque
année d’un financement de plus de 400 milliards de Francs CFA, la

6
Le premier a consisté à faire connaître la capacité d’action de la
société civile dans le secteur de l’éducation et de la formation
dans toutes ses composantes : formelle, non formelle et informelle.
La contribution de la société civile au service public existe, mais que
représente-t-elle ?

Le second axe d’intervention a permis d’accompagner les initiatives


citoyennes dans leur capacité à former des apprenants répondant aux
exigences de la société sénégalaise d’aujourd’hui et de demain, dans
ses caractéristiques économiques, sociales, culturelles et spirituelles.

Enfin le troisième axe vise à amener les décideurs politiques à recon-


naitre les actions de la société civile et à les inscrire dans les politiques
publiques du secteur de l’éducation et de la formation.

Le présent document arrive en fin de période de mise en œuvre du


projet. Il est un condensé de la présentation et de l’exploitation des
données recueillies par le projet JJT sur les différentes offres d’édu-
cation et de formation, sur les capitalisations d’initiatives, le modèle
articulé d’éducation et de formation, les leçons apprises durant la mise
en œuvre du projet et les recommandations qui en sont issues pour la
poursuite de l’action.

7
Analyse des données
Les données analysées dans la partie qui suit sont issues de la base Ce dispositif de collecte de données est véritablement novateur et
de données statistique des offres des organisations de la société civile demanderait à être capitalisé. Le projet, malgré la faiblesse de ses
intervenant dans le domaine de l’éducation et de la formation. Conçue, moyens, a permis de montrer qu’il était possible d’approcher au plus
avec le concours de la DPRE, cette base combine des données près les porteurs d’initiatives de la société civile afin de les recenser. Les
quantitatives et qualitatives. perspectives de consolidation sont réelles.

Ces dernières proviennent d’un recensement effectué via un dispositif Nature des données
de collecte d’informations installé au niveau nationale (cellule nationale Le recensement a permis d’identifier et de catégoriser les initiatives
de vielle, de suivi et de mobilisation des acteurs regroupant l’équipe d’éducation et de formation à travers les types de structures d’enseigne-
projet, le planificateur de la région de Dakar, le responsable national de ment, et les informations quantitatives usuelles: le nombre d’apprenants
l’union des chambres des métiers, le responsable national du collectif dont nombre de filles, les différents niveaux d’intervention, les salles,
des daara), au niveau régional (cellule régionale de vielle, de suivi et etc. Mais du fait de l’hétérogénéité des situations liée notamment à une
de mobilisation des acteurs regroupant l’animateur de la plateforme absence d’harmonisation des lieux et pratiques, l’importance d’un
régionale JJT, le planificateur de l’IA, le responsable régional de l’union regard critique qualitatif est cruciale. C’est pourquoi au cours de
des chambres des métiers et le responsable régional du collectif des l’année 2010, des groupes d’experts tant issus du milieu formel de l’édu-
daara, le représentant du président du conseil régional, les syndicats, cation et de la formation professionnelle que du milieu non formel, ont
les représentants des porteurs d’initiatives), au niveau départemental régulièrement travaillé à tirer des critères objectifs de sélection d’initia-
(un binôme composé de l’agent de collecte, chargé de recueillir les tives innovantes de la société civile. Les critères ont été élaborés autour
différentes informations liées aux initiatives et le planificateur de l’IDEN des trois composantes du PDEF : Accès, Qualité, Gestion.
chargé de superviser le travail de l’AC). La collecte des informations a
duré un mois dans 52 IDEN sur un total de 56 . Une première grille a été produite par un groupe d’experts et a été
enrichie pour aboutir à une grille finale qui a fait l’objet d’un échange le
Les données recueillies permettent de dégager des tendances par 3 septembre 2010 avec des représentants des 9 groupes d’acteurs (les
région et par type d’initiatives au niveau régional et national. La compi- parent d’élèves, les élèves et étudiants, les syndicats, le patronat etc.). Il
lation de toutes les données par le niveau national a été effectuée par est important de noter que tout ce processus d’élaboration de critère a
le chef de la division statistique de la DPRE. été suivi et accompagné par l’Institut National d’Etude et d’Action pour
le Développement de l’Education. (INEADE http://www.ineade.sn).

8
Les initiatives ainsi répertoriées ont fait l’objet d’une cartographie
dynamique couvrant 13 régions sur les 14 que compte le Sénégal.

Analyse des données, limites et enseignements


Les données de chaque type de structure déclinées par région et
totalisées ont permis de faire un commentaire en les articulant aux
données du Ministère de l’Education.

Du fait des différences dans la nature des données collectées par le


projet et par l’Etat, du fait également de la différence des dispositifs
de collecte, il n’est pas ici question de comparer les données de la
société civile et celles de l’Etat. Cette comparaison ne tiendrait pas face
à la rigueur scientifique qu’elle nécessiterait pour être reconnue comme
valable. Par contre, nous avons au travers de cette analyse, l’ambition
de mettre en lumière la contribution de la société civile dans sa plura-
lité et dans sa complémentarité à ce que propose aujourd’hui l’Etat du
Sénégal. Nous pouvons noter comme différence fondamentales entre
la campagne statistique de l’Etat et le recensement organisé par JJT :
les moyens disponibles pour ce travail, et l’attention particulière portée
aux données qualitatives dans le cadre de JJT par l’introduction des 7
critères décrits précédemment.

A noter que Diourbel, bien que représentée dans la carte, a été


éliminée pour avoir fourni des données qui ne correspondaient pas à la
réalité du terrain.

9
INITIATIVES NON ÉTATIQUES
D’ÉDUCATION ET DE FORMATION
AU SÉNÉGAL
En conformité avec l’axe 1 du projet, l’inventaire de 4223
initiatives dont les porteurs ont bien voulu se déplacer
jusqu’à l’IDEN en entendant l’annonce a permis d’élaborer
une base de données qui a facilité une cartographie des
initiatives par un système d’information géographique.
L’ensemble de ces initiatives regroupe un effectif total de
268.986 apprenants pour 125.655 filles soit 57,57%.

10
Emplacement
carte à déplier
du Sénégal
Dos emplacement
carte à déplier
du Sénégal
Sept TYPES DE STRUCTURE
Les initiatives sont encadrées dans six (06) types de
structure qui se présentent dans les rubriques suivantes :
• centres d’alphabétisation fonctionnelle
• écoles communautaires de base
• écoles privées et du 3ème type
• écoles coraniques ou daara
• centre de formation professionnelle privés
• ateliers artisanaux
• collèges et lycées d’enseignement technique privé

13
1 Centres d’Alphabétisation Fonctionnelle

Effectif
Régions Structures Sites Effectif Fille % Fille
Total
Saint Louis 14 178 8239 6130 74,40
Kaolack 10 138 9559 2138 22,37
Matam 12 18 396 357 90,15
Diourbel 11 137 9183 8107 88,28
Thiès 35 44 1767 1615 91,40
Dakar 7 29 1620 1437 88,70
Tambacounda 8 185 7650 5608 73,31
Louga 6 7 473 222 46,93
Ziguinchor 24 103 3377 3237 95,85
Kolda 1 10 31 20 64,52
Fatick 10 10 900 0 -
Sédhiou 14 126 6991 6644 95,04
TOTAL 152 985 50186 35515 70,77

Répartition des CAF et des effectifs par région

14
Le recensement de JJT révèle l’existence de 152 centres d’alphabétisa-
tion qui accueillent 50186 apprenants dont 35515 filles soit 71%.
C’est la région de Kaolack qui totalise le plus d’alphabétisés avec 19%
de l’ensemble. Elle est suivie par Diourbel (18,3%) et St Louis (16,4%).
Tamba et Sédhiou font des scores de 15,2% et 13,9% respectivement.
Les scores réalisés par les filles relativement aux alphabétisés de la
région sont 74% à St louis, 95% à Sédhiou, 73% à Matam, 88,3% à
Diourbel et un pic de 95,9% à Ziguinchor.
Au regard de l’Etat, et comparativement à ses données, la part des
femmes de 71 % dans JJT est nettement inférieure au taux moyen
national de 80 %, soit un gap de 09 points.
Les zones à fort taux d’alphabétisation dans le recensement JJT
(Kaolack, Diourbel, Saint Louis, Tambacounda et Sédhiou) disposent
d’une offre relativement importante par rapport aux autres régions.
Par ailleurs, la situation est plus alarmante dans les régions de Fatick
(2%), Louga (0,9%), Matam (0,8%), et Kolda (0,1%) à cause d’une offre
relativement faible par rapport à la demande. C’est pour dire que ces
régions méritent une attention particulière.
En outre, à Fatick, les effectifs d’apprenant(e)s dans les classes
d’alphabétisation s’élèvent à 900 répartis dans dix (10) structures, soit
en moyenne trois (3) cohortes de 30 apprenant(e)s par structure. Ces
derniers sont exclusivement constitués d’hommes. Ce qui est une
situation exceptionnelle dans le sous secteur quand on sait qu’au plan
national et dans quasiment toutes les structures d’ « éducation non
formelle », en moyenne 80% des apprenant(e)s sont des femmes. Il
existe même certaines rares structures où pratiquement 100% des
apprenant(e)s sont de sexe féminin. Le cas de Fatick est assez intéres-
sant et mérite donc d’être davantage documenté et analysé.

15
2 Ecoles communautaires de base

Effectif Apprenant à Besoins


Régions Structures Sites Effectif Fille % Fille
Total Educatifs Spéciaux
Saint Louis 1 3 560 347 61,96 100
Matam 6 9 1135 975 85,90 102
Dakar 1 1 180 96 53,33 -
Diourbel 1 10 300 150 50,00 -
Kolda 1 4 180 100 55,56 80
Tambacounda 1 1 48 22 45,83 -
TOTAL 11 28 2403 1690 70,33 282

C 3
A E D E5
Répartition des écoles communautaires de base et des effectifs par région

16
Du recensement de JJT, il est ressorti qu’il existe 11 écoles communau-
taires de base réparties sur 6 régions. Matam abrite 6 structures, les
5 autres se répartissent entre St Louis, Dakar, Diourbel, Kolda et
Tambacounda à raison d’un ECB par région.
Dans les ECB, sont scolarisés 2403 élèves dont 1690 filles soit 70%.
282 de ces scolarisés souffrent de handicap. 47 % de l’effectif des ECB
sont à Matam et 23% à St louis.
Cette année, l’Etat n’a pas recensé d’ECB. C’est pour dire que malgré
l’importance de cette offre qui donnait une chance aux enfants de 09
ans qui ont dépassé l’âge scolaire, cette dernière risque de disparaitre
si on n’y prend pas garde. C’est là un facteur d’exclusion à un moment
où tous les pays se sont engagés à réaliser avant 2015 la scolarisation
universelle.

S 4
LG 6
17
3 Ecoles Privées et du 3ème type (Ecoles communautaires)

Etant donné que les écoles du 3ème type* sont fréquentées par
les enfants de parents démunis et se développent dans des

3.1 - Ecoles du 3ème type


conditions d’apprentissage relativement précaires, nous avons tenu
à les analyser séparément des écoles privées qui bénéficient de
plus de moyens et de meilleures conditions d’apprentissage.
Effectif
C’est pour dire que les écoles du 3ème type devraient bénéficier de Régions Structures Sites Effectif Fille % Fille
Total
plus d’attention de la part de l’Etat même si toutes les initiatives de la Kaolack 11 18 558 195 34,95
société civile ont besoin d’être soutenues. Saint Louis 7 38 556 381 68,53
C’est cette situation qui fait d’ailleurs que les écoles du 3 type ème Thiès 9 9 485 261 53,81
sont moins bien connues que les écoles privées et sont taxées de Fatick 1 9 610 610 100,00
clandestines Matam 1 13 6 - -
Diourbel 52 210 180 - -
* Renvoient aux écoles coin de rue développées pour répondre à une demande d’éducation Dakar 52 52 4008 2434 60,73
non satisfaite par l’Etat mais plutôt par des opérateurs ayant des moyens assez limités ou n’en TOTAL 133 349 6403 3881 60,61
disposant pas pour dispenser un enseignant dans les conditions requises : local adéquat,
matériel disponible et suffisant, encadrement de qualité etc.
6403 élèves dont 3881 filles, soit 61% fréquentent 133 établissements
dits de 3ème type. Ces derniers sont répartis sur 7 régions du Pays
(Kaolack, St Louis, Thiès, Fatick, Matam, Diourbel et Dakar).
Dakar concentre la majeure partie des effectifs (62%) et des sites
(15%). Ces derniers se localisent essentiellement dans la zone périur-
baine ou en banlieue de Dakar. Dakar est suivie de loin par Fatick qui,
avec 610 apprenants du 3ème type, concentre 10% des effectifs du
pays dans ce domaine.

18
Répartition des écoles du 3ème type et des effectifs par région

19
3 Ecoles Privées et du 3ème type (Ecoles communautaires)

3.2 - Ecoles Privées


Effectif
Régions Structures Sites Effectif Fille % Fille
Total
Dakar 387 398 44132 19904 45,10
Diourbel 19 22 8190 4643 56,69
Fatick 2 3 245 107 43,67
Kaolack 31 35 7283 2942 40,40
Kolda 1 2 80 42 52,50
Louga 8 16 1118 637 56,98

C 3
Matam 8 9 363 159 43,80
Saint Louis 22 7 5245 2587 49,32
Tambacounda 1 1 160 100 62,50
Thiès 141 132 30745 15447 50,24
Ziguinchor 12 12 2082 1053 50,58
Sédhiou 14 11 1469 647 44,04

E D 5
Kaffrine - - - - -

A
Kédougou 1 1 104 56 53,85

E
TOTAL 647 649 101216 48324 47,74

Répartition des écoles privées et des effectifs par région

20
Au vu du recensement de JJT, 101216 élèves dont 48324 filles
poursuivent leurs études dans 647 établissements d’enseignement privé
- laïque, chrétien, franco arabe-. La part des filles dans cet effectif est
de 47,74.
Dakar (44%), et Thiès (30%) se partagent l’essentiel des effectifs avec
respectivement 44132 et 30745 élèves. Le même constat peut être fait à
propos des structures avec un total de 387 pour Dakar et 141 pour Thiès.
En ce qui concerne les données de l’Etat, le préscolaire regroupe
492 établissements, l’élémentaire 905, le moyen 517 et le secondaire
277 structures. Ce qui fait un total de 2191 établissements.
Là également, ce sont les régions de Dakar et Thiès qui dominent.
Au plan national, selon les données de l’Etat, les écoles privées enrôlent
un effectif total de 321108 élèves, dont 161766 filles soit 50,38%.
On constate que sur 2191 établissements, JJT a recensé un peu moins
du 1/3, c’est-à-dire 647, sans préjuger du fait qu’il y ait correspondance
entre les établissements recensés par JJT et ceux identifiés par l’Etat.
C’est pour souligner toute l’importance dans les prochains recense-

S 4
ments d’un partenariat plus étroit entre l’Etat et la société civile.

LG 6
21
4 Ecoles coraniques ou Daara Selon le recensement de JJT, le Sénégal compte 1493
daara ou école coranique enrôlant un effectif de 95488
talibés dont 29468 filles soit 31% des effectifs. La part de
ceux qui n’ont jamais été scolarisés en français s’élève à
Apprenants
Régions Structures Sites
Effectif Effectif
% Fille ne fréquentant
38,5%, soit 36764. Les autres, 61,5% sont très certainement
Total Fille des déscolarisés. Ces statistiques ne sont valables que pour
que la Daara
Dakar 352 388 18402 4919 26,73 11319 13 des 14 régions du pays (Kaffrine non comprise).
Diourbel 95 97 10323 2742 26,56 8148 La région de Dakar concentre 24% des structures, 25% de
Fatick 23 24 1364 403 29,55 667 sites, 19% des effectifs et 17% des talibés-filles. C’est ici qu’il
Kaffrine 0 0 0 0 0 y a globalement le plus de talibés (18402) dans le pays.
Kaolack 63 69 5786 2172 37,54 0 La région de Thiès suit avec 14702 talibés dont 2985 filles.
Kédougou 20 20 359 144 40,11 239 Thiès accueille de ce fait 15,4% des talibés du pays.
Kolda 57 57 3000 1194 39,80 0
Sédhiou et Diourbel affichent des effectifs respectifs de
Louga 114 106 6462 4161 64,39 605
13789 et 10323. Ces 4 régions accueillent 60 % des talibés
Matam 50 52 3096 1219 39,37 890 du pays. En dehors d’elles, aucune autre région ne totalise
Saint louis 192 136 8373 1002 11,97 3016 un effectif de 10 000 apprenants. Avec 5432 apprenantes,
Sédhiou 235 237 13789 5432 39,39 1166 Sédhiou est la région qui accueille le plus de talibés-filles.
Tambacounda 82 4 3997 1474 36,88 3424
Cette tendance à aller vers les villes est un phénomène
Thiès 187 185 14702 2985 20,30 5843
qu’il faut suivre avec beaucoup d’attention surtout relative-
Ziguinchor 23 157 5835 1621 27,78 1447 ment à la lutte contre la mendicité, le travail et la traite des
TOTAL 1493 1532 95488 29468 30,86 36764 enfants.
Par ailleurs, l’Etat a recensé, en 2011, 6040* écoles
coraniques contre 1493 pour JJT, c’est-à-dire près du ¼.
Il faut noter que le recensement des Daara fait par l’Etat
est très loin d’être exhaustif (on estime à plus de 16000 les
associations de maitres coraniques inscrites dans la fédéra-
tion nationale des maitres coraniques.

22
Chaque association fait fonctionner au minimum une école coranique
encadrant 30 à 3000 apprenants) contrairement à celui des écoles
élémentaires publiques qui faisaient 8033 en 2011**. C’est pour
dire que la non prise en compte des daara dans le financement du
système éducatif et l’élaboration des curricula risque de faire du
système éducatif sénégalais une dynamique à deux vitesses : ce qui
peut être grave pour la construction de l’Etat-Nation.
En ce qui concerne les effectifs, le recensement de l’Etat affiche 271
800 apprenants contre 95488 talibés pour JJT ; ce qui représente un
peu plus du 1/3.

* Source Division de l’Enseignement Arabe (DEA)


** Source Fédération Nationale de Maitres Coraniques

Répartition des écoles coraniques (Daara) et des effectifs par région

23
5 Centres de formation professionnelle privés

Effectif Apprenant N’ayant Apprenant à Besoins


Régions Structures Sites Effectif Fille % Fille
Total jamais été à l’école Educatif Spéciaux
Saint Louis 4 27 2034 1500 73,75 4 1
Thiès 1 1 90 47 52,22 - 13
Louga 2 2 21 20 95,24 0 2
Matam 1 1 10 0 - 10 0
Fatick 1 1 18 0 - 0 0
Dakar 31 32 1349 983 72,87 0 0
TOTAL 40 64 3522 2550 72,40 14 16

C 3
A E D E5
Répartition des centres de formation professionnelle privés
et des effectifs par région
24
Sur 3522 inscrits en formation professionnelle, seuls 14 apprentis
n’ont jamais fréquenté l’école. Les centres de formation, dans leur
quasi-totalité, sont implantés à Dakar pour 31 structures (soit 50%) et
St-Louis pour 4 établissements (soit 42%). Louga pour 2/5ème, Thiès,
Fatick et Matam chacun pour 1/5ème se partagent le reste. Il est remar-
quable de noter que seules 6 régions sur les 14 du pays abritent des
centres de formation. Les effectifs sont accueillis presque en totalité à
St Louis et à Dakar. En effet, 58% des effectifs sont recensés à St-louis
soit 2034 en valeur absolue et 38% à Dakar soit 1349. Dans cet effectif
total, de 3522 enrôlé au niveau des centres de formation, les filles repré-
sentent 2550 apprenantes soit 72,40%.
En effectuant une comparaison entre les données collectées et celles
détenues par le Ministère en charge de la formation professionnelle et
technique, nous remarquons des écarts assez importants notamment
dans les régions de Thiès, Dakar et St Louis. En effet à Thiès le nombre
de structures privées est de 28 alors qu’une seule structure a répondu.
A Dakar, sur 84 structures 31 seulement ont répondu. Nous remarquons
aussi que des régions comme Tambacounda, Kédougou, Ziguinchor,
Sédhiou, Kolda et Kaffrine n’ont pas été couvertes.
Au total sur un réseau de 145 structures privées, 40 structures seulement
ont répondu aux tests et par conséquent des écarts importants sont
notés au niveau des effectifs (19817 apprenants au niveau des
statistiques du Ministère contre seulement 3522 pour cette collecte).

S 4
Toutefois, ce test a permis de collecter des données très importantes
(données sur les personnes à besoins éducatifs spéciaux) que le
Ministère en charge de la formation professionnelle ne collecte pas
jusqu’à présent. Une mutualisation des données serait très bénéfique
pour le Ministère qui envisage dans ses stratégies le développe-
ment d’une offre de formation professionnelle et technique accrue et

LG 6
inclusive.

25
6 Ateliers artisanaux

Effectif Apprenant N’ayant Apprenant à Besoins


Régions Structures Sites Effectif Fille % Fille
Total jamais été à l’école Educatif Spéciaux
Dakar 317 551 4027 1311 32,56 31 57
Diourbel 5 19 532 465 87,41 0 21
Fatick 10 10 59 6 10,17 9 0
Kaolack 14 24 254 192 75,59 14 0
Louga 30 39 1091 930 85,24 0 19
Matam 93 100 573 122 21,29 209 25
Saint Louis 122 107 1804 828 45,90 9 18
Sédhiou 134 137 528 62 11,74 33 13
Tambacounda 30 35 225 106 47,11 109 0
Thiès 48 49 520 166 31,92 42 20
Ziguinchor 12 13 155 39 25,16 2 7
TOTAL 815 1084 9768 4227 43,27 458 180

Le recensement de JJT révèle l’existence, au Sénégal, de :


• 1084 ateliers artisanaux répartis dans 19 filières
Les filières «Menuiserie», (22,1%) «Couture» (24,3%) et «Transformation
des produits locaux»(24,4%) concentrent 70, 8% des sites recensés.
« Toute autre filière » totalise environ 10% des sites comme l’atteste
le graphique en page 28.

26
Répartition des ateliers artisanaux et des effectifs par région

27
6 Ateliers artisanaux

• 9768 apprentis dont 44% de filles et 180 apprentis à besoins En outre, la diversité des offres de la société civile et le lien assez étroit
éducatifs spéciaux. La filière la mieux suivie par les filles est celle dite qui est parfois établit entre la formation et l’insertion (atelier artisanaux)
«transformation des produits locaux». Elle accueille 3057 apprentis dont devrait amener à une réflexion inclusive sur la réforme du système et
1885 filles soit 62% de ceux qui y sont enrôlés. Les effectifs de cette filière la nécessité de décloisonner les différentes offres afin que l’éducation
représentent 31,3 % des apprentis du Sénégal. et la formation puisse devenir ce secteur pourvoyeurs de citoyens et
de main d’œuvre de qualité aux autres secteurs de production de biens
La «couture» arrive en deuxième position avec 1846 apprentis dont
et services.
826 filles soit 45% des effectifs. Les apprentis en «Couture» constituent
19 % de ceux du pays.
L’essentiel des apprentis apprennent un métier à Dakar (41%), à St louis
(18%) et à Louga (11%). Cette dernière région se singularise par la
densité de ses structures en apprentis.

C 3
La société civile développe une contribution non négligeable dans le
domaine de l’éducation et de la formation au Sénégal. En effet, sur
un total de 4223 structures, réparties dans 7 types d’éducation et de
formation, enrôlant un effectif total de 268986 apprenants, elle
participe activement à l’atteinte de l’objectif de scolarisation universelle

E D 5
fixé à 2015.

A E
Répartition des ateliers artisanaux par filière

28
LES Initiatives originales
capitalisées
L’outil qui a servi à collecter les données sur les initiatives de la société
civile comporte deux parties : une partie relative à l’identification des
initiatives recensées, et une partie évaluative sur la base de 7 critères
qualitatifs consensuels. Cette seconde partie, assortie d’un barème, a
permis d’évaluer les initiatives et de les classer au niveau national et par
région. Sur le classement national, une quarantaine d’initiative a été
retenue et sur celui régional, 12 sur 14 été ont retenues.

Des échanges sur ces différentes initiatives classées au niveau national


et au niveau régional ont permis sur les deux niveaux de sélectionner 11
initiatives jugées comme étant les plus porteuses et les plus originales.
On trouve parmi elles, 6 initiatives classés au niveau régional et 5 au
niveau national. Il a fallu ajouter à ces 11 les 6 initiatives qui restaient
parmi les 12 retenues au niveau régional. L’argument avancé était d’évi-
ter d’exclure des initiatives sorties premières dans leurs régions même si
elles ne sont pas assez performantes dans un classement national. C’est
ainsi qu’au total, nous avons dans la carte ci-après 17 initiatives qui
combinent les deux types de classement.

Il faut souligner cependant, que si nous avons 17 initiatives sur la carte,


seules les 11 du classement national sont présentées dans les capitali-
sations. Ces 11 initiatives très significatives et originales devraient servir
de base à un plaidoyer lors des grandes rencontres comme les Assises
Nationales ou le partage des 10 ans du bilan du PDEF pour influencer la
politique de l’Etat en matière d’éducation notamment dans le nouveau
programme sectoriel 2013-2025.

29
Cartographie des 17 initiatives
issues d’un classement national et régional

30
11 initiatives originales et porteuses
comme contribution au service public
L’Association pour le Développement de Diamaguène (ADD) de L’école franco-arabe Babou Salam - Porte de la Paix est située à
Saint Louis est une association de quartier qui œuvre pour l’insertion Pikine, la banlieue la plus peuplée et la plus pauvre de la région de
sociale et économique des femmes vulnérables que sont les « bonnes » Dakar et enrôle dans cette ville 692 enfants en âge de scolarisation que
et les jeunes filles handicapées. les parents ne souhaitent pas envoyer dans l’école publique.

Cette association mobilise tout le potentiel du quartier pour résoudre Babou Salam est une école coranique classique qui a évolué en Franco
les différents problèmes identifiés (reboisement, préservation de l’envi- arabe qui confie ceux qui ont terminé le cycle à des artisans pour
ronnement, mise en place d’une garderie pour les enfants des domes- apprendre un métier. Aujourd’hui, beaucoup de sortants de Babou
tiques et ceux du quartier, un atelier de formation en couture, teinture Salam sont devenus de grands entrepreneurs ayant à leur service
et sérigraphie, alphabétisation en langues nationales et en français des plusieurs salariés. D’autres apprenants qui ont le brevet en arabe se
membres) en vue de donner une formation qualifiante pour les rendre retrouvent à l’enseigner à Babou Salam et dans d’autres établissements.
autonomes tout en préservant leur dignité et en leur permettant de
développer des comportements citoyens. L’originalité de cette initia- L’originalité de ce modèle réside dans son évolution, son ouverture
tive réside dans son approche territoriale, environnementale, inté- et sa capacité d’adaptation à la demande aussi bien par rapport à
gratrice et citoyenne. l’intégration du français que de la formation professionnelle. Il lui
manque seulement à intégrer dans son programme les langues natio-
Tous les quartiers gagneraient à suivre ce modèle qui est un véritable nales qui constituent la première base de l’apprentissage en tant que
exemple de mobilisation et de développement territorial. médium dans lequel l’enfant sénégalais depuis sa naissance structure le
temps, l’espace et les ressources du milieu.

31
11 initiatives… suite

Le centre de formation pour handicapés moteurs de Thiès est La daara Cheibatou Hamdi basée à Sedhiou a une particularité bien
unique au Sénégal. Toutes les personnes de l’association sont handi- distincte : le maître exerce le métier de tapissier, et c’est aussi un érudit
capées moteurs sauf la Directrice et quelques personnes ressources. Le du Coran. Au lieu de se contenter d’enseigner le Coran et les valeurs
Centre étant enclavé, des cellules de quartier ont été implantées. islamiques uniquement, il a introduit une formation professionnelle en
tapisserie pour les talibés qui le désirent. Ainsi la structure a comme parti-
L’objectif poursuivi est que les personnes handicapées moteurs cularité d’offrir des services éducatifs en fonction des besoins. Elle arrive
(enfants et adultes) puissent vivre de leur travail, se départir de la men- à articuler l’éducation religieuse, l’arabe, l’apprentissage du français
dicité, s’insérer dans l’économie et la société, veiller à ce que leurs droits et la formation à un métier. L’école compte une trentaine d’apprenants
soit reconnus et respectés. âgés de 6 à 21 ans, dont 25 ont moins de 20 ans. Les apprentissages se
Parmi les différents domaines d’activités du centre, celui des nouvelles déroulent du lundi au vendredi de 16h 30 à 18h et le samedi matin de
technologies est exploré et a permis à un handicapé de devenir chef 9h à 11h. Les enfants qui alternent la daara et l’école publique sont pris
d’un projet d’exploitation d’un cybercafé. en charge par des professeurs qui font des cours de renforcement. Les
adultes bénéficient aussi d’une prise en charge en alphabétisation dans
Pour ce qui est du préscolaire, au départ destiné aux jeunes handica- la langue mandingue.
pés, il s’est peu à peu ouvert aux enfants du quartier favorisant ainsi le
vivre ensemble dans le respect des différences. Ces activités éducatives se poursuivent au travers d’une prise en
charge des activités agricoles qui permettent une certaine autonomie
La spécificité de cette initiative se trouve dans son option à prendre en financière.
charge une demande qui a beaucoup de difficultés à rencontrer une
offre adéquate. La plus value de Cheibatou Hamdi est triple et se retrouve dans la double
compétence du marabout artisan, dans l’intervention d’enseignants
venant de l’école formelle et dans la recherche de l’autonomie par
la production agricole. C’est un bon modèle de diversification de l’offre
et d’apprentissage de l’autonomie.

32
En 1960, à Kaolack, au cœur du bassin arachidier, une initiative est ap-
parue à partir d’une volonté de créer une école qui soit en phase avec
les exigences de son époque, l’école Franco-arabe El Hadj Abdoulaye
Niass. L’innovation majeure est de construire un modèle d’école franco-
arabe susceptible de prendre en compte les besoins en éducation des
populations musulmanes, en collaboration avec des experts des Univer-
sités du monde arabe.

L’initiative couvre plusieurs catégories d’apprenants : filles et garçons, et


différentes classes d’âges (préscolaire, élémentaire, moyen et secon-
daire). Il y a également une passerelle entre les différents niveaux : du
cycle préscolaire jusqu’au cycle secondaire et à l’université.

Son originalité réside dans son internationalisation au niveau africain


et des pays arabes, l’introduction des nouvelles technologies et l’em-
ployabilité de ses sortants comme entrepreneurs dans diverses filières,
enseignants et imams dans tous les pays francophones et anglophones
de la sous région.

L’école franco-arabe El Hadj Abdoulaye Niass est un modèle réussi


d’éducation, de formation et d’insertion.

33
11 initiatives… suite

C’est sur un double constat d’échec de l’école française et tradition- L’initiative « MAMAN PLUS » - être plus que des mamans – basée à
nelle qui peine à offrir des débouchés aux apprenants d’une part et de Thiès est un volontarisme de cœur, c’est-à-dire qu’elle s’est faite parce
l’existence d’un marché potentiel de formation professionnelle et d’in- que l’initiatrice a compris que la prise en charge d’un enfant se fait dès
sertion économique d’autre part, que M. Konate a pensé que l’atelier et le bas âge. Sa volonté s’est manifestée par la création d’une structure
son propre cursus pouvaient être une solution offrant une structure al- qui permet aux enfants de 1 à 6 ans d’avoir une éducation préscolaire
ternative efficace dans la prise en charge de la demande d’éducation. et de pouvoir s’inscrire plus tard dans l’école élémentaire.

L’atelier Konaté et Frères, à Kanel, dans la région de Matam est L’enjeu était de montrer que tous les enfants ont droit à l’éducation.
concentré sur la menuiserie, mais l’initiateur voudrait diversifier la forma- Constatant que les enfants pourraient servir de « porteurs de bagages »
tion et transformer l’atelier en centre de formation incluant la lecture, aux parents qui se déplacent de loumas en loumas (marché hebdoma-
l’écriture et le calcul. daire) pour écouler les maigres produits de l’élevage ou de l’agriculture,
elle a créé un cadre favorable au développement et ainsi à contribuer
Dans l’atelier, il accueille toutes sortes d’enfants. Les parents lui amènent à l’épanouissement de tous les enfants, y compris ceux à besoins édu-
des enfants qui sont laissés pour compte, qui ne vont plus à l’école ou catifs spéciaux. Les cycles concernés sont : petite, moyenne, et grande
encore des enfants qui ont abandonné les daaras. sections et une pouponnière qui reçoit la plupart des enfants des mères
La formation dispensée aux enfants est en totale adéquation avec les qui vont au travail.
compétences de vie courante puisque la plupart des sortants ont au- L’originalité de cette initiative réside dans la prise en charge, dans la
jourd’hui un métier dont ils vivent. Il fait donc un véritable travail zone rurale de Thiadiaye d’exclus vulnérables qui, sans cette structure,
d’insertion professionnelle. auraient perdu le droit à l’éducation, à la protection des enfants et à
L’atelier a répondu à un grand besoin. Il a donné une autre vie au vil- l’allégement, à la formation et à l’insertion des mères.
lage !Sa spécificité réside dans sa volonté de prendre en charge des
exclus et dans son effort à les insérer dans le marché du travail.

34
S’investir en zone de conflit pour apporter un soutien en matière L’initiative Karonguen Siwoto de Bignona est un garage avec un volet
d’éducation pour les populations déplacées et vulnérables, tel est le formation pour préparer les jeunes aux nouveautés dans la mécanique.
credo de l’ONG « Enfance et Paix » basée à Sédhiou. Cette initiative est articulée autour d’un GIE qui permet notamment
de concrétiser des opportunités, à travers la récupération des jeunes
Du fait du conflit casamançais et de la forte déperdition scolaire, l’initia- déscolarisés, en leur procurant un métier. Elle répond aussi à la
tive a été développée en partenariat avec les professeurs et les parents. demande sociale en favorisant la participation des populations dans la
L’établissement développe une pédagogie individualisée qui encou- gestion des affaires de leur communauté de base.
rage l’installation de compétences de vie courante chez l’apprenant L’originalité de cette initiative réside dans la cogestion au niveau du
mais aussi des capacités d’insertion dans le marché du travail. On y GIE (Population et apprenants), dans la réussite à former des jeunes
développe l’acquisition de valeurs telles que : la citoyenneté, la dignité, employables dans 4 métiers de base (mécanique tôlerie, peinture,
la responsabilité, la culture de l’excellence et de la paix. tapisserie, électricité) sur site et dans l’ouverture à d’autres métiers
La plus value de cette initiative se trouve dans sa naissance en zone ailleurs. Enfin cette initiative développe une spécificité dans l’apprentis-
de conflit et son effort à mettre en place une offre en adéquation sage de métiers émergents
avec la demande.

35
11 initiatives… suite

L’initiative Nos Sœurs à l’école de Fatick est née pour appuyer les non motivées.
filles en difficulté et les femmes analphabètes en vue de favoriser leur
épanouissement économique, culturel et social. Le tutorat permet aux animatrices du programme de mettre à la disposi-
tion des filles des personnes expérimentées et des modèles qui peuvent
Il s’agit de renforcer la sensibilisation en mettant l’accent sur la lutte motiver les filles.
contre la pauvreté, la prise en charge de l’éducation et la formation
des jeunes filles en difficulté, le plaidoyer en direction des autorités et Auparavant, Il y avait plusieurs familles où personne n’allait à l’école et
des communautés. maintenant tout le monde veut y aller !

Un système de parrainage est mis en place, qui alloue des bourses sco- La plus value de cette initiative réside dans sa centration sur la forma-
laires à des filles de l’élémentaire, du moyen et du secondaire (privé et tion de filles exclues, leur autonomisation et le fait de donner aux
public). familles une autre image de l’école.

L’association a adopté le système de tutorat qui consiste à envoyer les


filles apprendre un métier en leur payant leur matériel et les frais d’ins-
cription.

Les jeunes filles sont impliquées dans la gestion des ressources de l’asso-
ciation où elles occupent des postes de responsabilité et entament ainsi
leur processus d’autonomisation.

Il y a une certaine forme de motivation car les filles alphabétisées en


français, et formées en gestion et éducation à la vie familiale et à l’infor-
matique deviennent aussi des médiatrices avec les filles et les familles

36
L’association Super Crown ou Super Couronne, basée à Louga, est
un réseau qui sert de cadre à plusieurs programmes d’alphabétisation
et d’écoles communautaires de base développés par l’Etat, qui a per-
mis d’enrôler un millier de filles et de garçons de 6 à 18 ans.

Il s’agit d’une offre diversifiée, non formelle, ayant parmi ses cibles des
jeunes de 6 à 18 ans qui reçoivent une éducation de base dans des
modèles d’éducation communautaire de base, une formation à des
métiers et une préparation à l’insertion.

Son originalité réside dans ses capacités et sa diversité en matière


d’offre. Toutefois, cette initiative gagnerait à construire son autonomie
en dehors du portage des programmes de l’Etat. Elle résoudrait ainsi la
question de la pérennité et de la dépendance à l’égard du finance-
ment de l’Etat.

37
LE Modèle articulé d’éducation,
de formation et d’insertion
La revue documentaire entreprise dans le cadre du
projet JJT et l’ensemble des activités menées nous ont
permis, avec une vingtaine d’experts appartenant à tous
les domaines d’éducation et de formation concernés,
d’élaborer un curriculum novateur dénommé « modèle
articulé ».

38
1 - CONTEXTE ET PROBLEMATISATION : encore très forte du système et à une insatisfaction par rapport à la
L’éducation et la formation au Sénégal sont passées par une phase création d’emplois par le système formel qui ne participe que pour 8%
précoloniale et traditionnelle sans chômage, une phase coloniale des emplois face au système non formel qui produit les 92% .
où on notait une cohérence entre la vision et le profil des hommes à
50 ans après les indépendances, le défi reste celui de l’éducation et
former (administration et intermédiaire) et une phase nationale, qui est
de la formation d’un type de sénégalais capable de s’insérer dans
une reproduction du système d’éducation mis en place par le coloni-
l’économie et la société et de participer efficacement à la résolution
sateur, se caractérisant par une inadéquation entre la vision du type
des problèmes du pays.
d’homme déclaré et le produit livré par le système éducatif. En effet, ce
type d’homme se caractérise par sa méconnaissance de son milieu de 2 - VISION NOVATRICE SELON LE MODELE ARTICULE
vie et son incapacité à s’insérer comme producteur et citoyen. En 2025, le sortant du cycle fondamental supérieur (3-18 ans) sera un
Pourtant la loi d’orientation 71-36, les conclusions des états généraux citoyen responsable, enraciné et ouvert, producteur et compétitif, pé-
de l’éducation et de la formation en 1985, la conférence de Jomtien tri dans l’éthique, capable de contribuer par son engagement et son
en Mars 1990, la loi d’orientation 91-22, le forum de Dakar, les OMD en esprit d’initiative à la lutte contre la pauvreté et pour le développement
2000 et la modification de la loi d’orientation 2004-37 ont été autant de durable.
creusets qui inspiraient fortement la refondation du système éducatif à Il sera le produit d’un système d’éducation et de formation englobant,
travers différents programmes par les contenus, par les objectifs, par les inclusif et ouvert fondé sur des principes de démocratie, d’équité, de
compétences visant une éducation de qualité pour tous et une gouver- droits humains, de citoyenneté, des valeurs endogènes et universelles,
nance démocratique du système. piloté à partir d’une orientation de développement durable.
Mais aujourd’hui, force est de reconnaitre qu’en 2012, nous sommes Ce citoyen sera à même de contribuer à la construction de l’Etat
encore à cinq points de la scolarisation universelle, à une centralisation nation.

39
LE Modèle articulé… suite

3 - CONTEXTE ET PROBLEMATISATION : faits en gouvernance, gestion de l’environnement et du cadre de vie,


Le modèle articulé comprend six domaines de compétences à savoir : santé, nutrition, alimentation, genre et TIC.

a) Le domaine langue avec une option pour le trilinguisme (langue e) Le domaine éducation physique, artistique et culturelle où on
nationale, arabe et français). La stratégie choisie est une planifica- entre par une activité de collage, de peinture et de musique avec un
tion introduisant à partir du préscolaire l’éducation religieuse et la commentaire sur les aspects sportifs et culturels. L’exemple de la lutte
formation des bonnes habitudes en renouant avec les contes, jeux et a permis d’illustrer cette approche en intégrant les trois dimensions
les sketches, l’entrée par la lecture à partir du cours d’initiation par la dans une situation de vie.
méthode SARENA en langue nationale, français et arabe.
f) Le domaine éducation à la culture religieuse et ou spirituelle qui
b) Le domaine scientifique en lien avec la technologie, les sciences de par la pratique et le théâtre travaille à l’acquisition des huit (08) valeurs
la vie et de la terre et les mathématiques. La stratégie est la maîtrise de références définies de manière consensuelle. Il s’agit des valeurs
des notions de base par des expériences pratiques qui intègrent les suivantes : éthique, valeurs cultuelles et / ou spirituelles, dignité
trois dimensions et se rapportent à des aspects importants dans notre humaine, justice et solidarité, citoyenneté démocratique, amour
vécu. du travail bien fait, culture de la paix et progrès.

c) Le domaine éducation à la productivité et à la compétitivité qui


porte sur l’acquisition de compétences dans des métiers porteurs à
partir de l’apprentissage rénové qui sera introduit dans tous les types Les curricula dans ces six domaines seront planifiés et programmés selon
d’initiatives de la société civile pour résoudre la question de l’em- une approche par cercles concentriques et de manière spiralée de 3
ployabilité et de l’insertion des jeunes. à 18 ans. L’enseignement apprentissage se fera dans chaque domaine
par grappe d’activités intégrées et dans une démarche d’articulation
d) Le domaine des compétences de vie courantes où, par le théâtre des domaines selon une approche holistique. A tout moment la péda-
et la méthode TUSEME développé par FAWE, des apprentissages sont gogie par alternance sera utilisée notamment entre l’école et le milieu.

40
L’originalité du modèle articulé est de regrouper dans un curricu-
lum unique, d’utiliser des approches simples, pratiques et efficaces
aussi bien dans le formel que dans le non formel et adaptable aux
sept types d’initiatives recensés. Ces derniers sont les écoles privées
(laïques, chrétiennes, franco arabes et communautaires), les écoles
coraniques, les ateliers artisanaux, les centres d’alphabétisation
fonctionnelle, les écoles communautaires de base, les centres de
formation professionnelle privée et les collèges et lycées d’ensei-
gnement technique privé.

Sur les 4223 initiatives recensées dans le cadre de JJT, le porteur dont
l’initiative a été sélectionnée comme étant la personne plus performante
a été formé à ce modèle pour le tester et l’implanter. Malheureusement,
les deux mois qui restent du projet qui se termine en fin Septembre ne
permettront pas de le faire jusqu’au bout et de l’évaluer. Toutefois, les
18 initiatives sélectionnées à partir d’un classement croisé au niveau
national et régional en mettant l’accent sur celles les plus originales
pourront faire l’objet d’une large diffusion pour influencer les politiques
publiques. Cela est d’autant plus important que leur prise en compte
favorisera la prise en charge de beaucoup d’exclus du système éduca-
tif et facilitera leur insertion dans la société et dans le marché du travail.

41
Résultats, leçons apprises et
recommandations
Les éléments constitutifs de cet Atlas ont été produits dans
le cadre du projet JJT, « Apprendre et Réussir dans la
Droiture », dont la mise en œuvre permet, si on veut l’élargir
et l’améliorer dans le futur, de passer en revue de manière
succincte les principaux résultats, les leçons apprises et
les recommandations. Cet exercice, pour être le plus clair
possible, suivra les différentes étapes du processus de
réalisation du projet qui sont au nombre de trois :
• Etape 1 : A
 ppropriation de la problématique et
harmonisation de la vision au plan
conceptuel, méthodologique et instrumental
• Etape 2 : Inventaire, base de données, cartographie
par SIG des initiatives, évaluation et sélection
• Etape 3 : C
 apitalisation, modélisation, expérimentation
et plaidoyer pour inscription dans les
politiques publiques.

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Etape 1 : A
 ppropriation de la problématique et harmonisation de la
vision au plan conceptuel, méthodologique et instrumental

Résultats obtenus :
Cette étape, qu’on peut qualifier de diagnostic et d’harmonisation
des points de vue (revues documentaires, discussions), a permis une
meilleure maîtrise du sujet, la construction de consensus sur les concepts
clés, des stratégies, des démarches et des produits à livrer.

Leçons apprises :
Cette étape s’est avérée très fructueuse et nécessaire pour une mise en
œuvre efficace de tout projet. Elle a permis de faire la part des choses
entre le projet limité dans le temps, dans l’espace et dans les ressources
par rapport à l’ambition de contribuer à la transformation de la société
qui s’inscrit dans une échelle continue. En outre, l’étude diagnostic ou
la revue documentaire devrait se faire dans un processus de recherche
– action.

Recommandations :
Il faut systématiser cette étape dans tout autre projet pour une efficacité
de la mise en œuvre. Il est également important de diversifier le profil
des participants pour une production la plus approfondie, la plus riche
et la plus inclusive possible.

43
Résultats… suite

Etape 2 : Inventaire, base de données, cartographie par SIG Recommandations :


des initiatives, évaluation et sélection Les outils et le dispositif mis en place dans le cadre du projet doivent être
systématisés, publiés et vulgarisés. Par ailleurs, la mise en place d’une
Résultats obtenus : stratégie d’animation pérenne s’avère nécessaire.
Cette étape s’est matérialisée par la mise en place d’un dispositif Il faut également mettre en place des plateformes départementales
intégrant, à des sphères différentes, des acteurs comme le DPRE, les IA, pour rendre le processus de collecte et d’animation plus inclusif et plus
des experts en éducation et formation, les IDEN, des responsables de démocratique.
collectifs ou d’administration décentralisée, des animateurs, des agents Un plaidoyer devrait être fait pour amener l’Etat à prendre en charge la
de collecte, des porteurs d’initiatives en éducation et formation, des réactualisation de la base de données chaque année.
organisations de la société civile etc. Ce dispositif est à la clé de Pour être davantage inclusif, le lieu de la collecte devrait se trouver au
l’élaboration d’une base de données nationales regroupant les don- niveau des sièges des communes et des communautés rurales dans le
nées par région et par type de structure d‘éducation et de formation. cadre d’un partenariat avec les responsables de collectivité, l’IDEN et
Leçons apprises : les directeurs responsables de CODEC (Collectif des directeurs d’école).
Les activités développées lors de cette étape ont souffert de plusieurs Le choix des agents de collecte et des animateurs devra se faire de
manquements dont le caractère limité des moyens, une appropriation manière rigoureuse compte tenu de leur position stratégique dans
variable du dispositif mis en place etc. Ainsi, il faudra à l’avenir être plus l’efficacité du dispositif. Le temps de formation des agents de collecte
regardant sur les différents aspects liés à une bonne mise en œuvre des devrait également dépasser un jour compte tenu des attentes.
activités. L’expert national devra consacrer plus de temps et d’attention au traite-
Enfin, la mobilisation des acteurs autour de l’IDEN n’a pas pu permettre ment des données pour repérer certaines lacunes qui sont apparus au
de capter certaines initiatives intéressantes mais trop éloignées de moment de la transformation des données en histogrammes, fromages
l’agent de collecte. et cartes en vue de les analyser.
Enfin, cette étape devrait bénéficier de plus de ressources pour amélio-
rer son caractère inclusif.

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Etape 3 : C
 apitalisation, modélisation, expérimentation et plaidoyer mise en place de cette table de concertation a été d’ailleurs modélisé
pour inscription dans les politiques publiques sous forme de label méthodologique pour permettre sa reproduction
dans d’autres contextes similaires.
Résultats obtenus :
Cette étape a permis de modéliser et de pré-capitaliser les 3 à 5
initiatives retenues dans chaque région (hormis Kaffrine et Diourbel), Leçons apprises :
de mener une évaluation ex ante auprès des premières initiatives de Avant d’entamer le travail d’appui aux initiatives sélectionnées, il est
chaque région et de recueillir les impressions des acteurs locaux sur le nécessaire de mener des missions de vérifications pour voir si les don-
processus de réactualisation de la charte du partenariat. nées fournies et qui ont permis à l’initiative d’être retenue concordent
Un classement à la fois national et régional fait de manière croisée a avec la réalité. Cette stratégie a permis de déceler des incohérences
permis, en mettant l’accent sur l’originalité, de retenir 18 initiatives parmi notables surtout à Diourbel
toutes celles qui ont été capitalisées pour les présenter et les intégrer
dans une carte nationale du document. Recommandations :
En outre, un modèle articulé, bâti sur la base de toute l’expérience Vérifier toutes les initiatives sélectionnées sur site. Prévoir le temps de l’ex-
accumulée en rapport avec une vingtaine d’experts, a permis de périmentation du modèle sur au moins une année académique. Enfin,
former 12 porteurs d’initiative venant de 12 régions différentes. prévoir plus de moyen pour le plaidoyer, l’édition et la dissémination des
Sur la base d’un appui donné à chaque porteur d’initiative, le suivi sur produits.
le terrain et la motivation des enseignants permettront d’implanter le
modèle articulé dans 12 sites. Malheureusement, le temps (2 mois) sera
très court pour le réussir et l’évaluer.
Enfin, le projet a permis de mettre en place une table nationale de
concertation des coalitions et réseaux de la société civile pour parler
d’une seule voix dans le cadre du dialogue avec l’Etat. Le processus de

45
Perspectives
Agissons localement et pensons globalement pour
mieux prendre en charge les besoins et finalités de
l’Etat et des communautés à la base.
Les constats issus de l’évaluation du PDEF I confortent la
nécessité de poursuivre la prise en compte des initiatives
de la société civile comme contribution à l’offre publique
d’éducation et de formation au Sénégal, afin que celle-
ci puisse contribuer à former des citoyens productifs et
insérés économiquement dans les territoires. Durant
cette période de transition vers un nouveau Programme
sectoriel, un certains nombre de lignes d’actions sont en
perspective.

46
1) Consolidation du dispositif de collectes de données
dans les 14 régions
Au terme de JJT et de toutes les rencontres au niveau national ou
régional, l’absence de données consolidées concernant l’ensemble
des initiatives de la société civile (Ecoles Coraniques, Ateliers Artisanaux,
Ecoles Privées, Centres d’Alphabétisation fonctionnelle, Centres de
formation professionnelle privés, Collèges et Lycées d’enseignement
technique privés) a été constatée par tous. C’est pourquoi, nous
considérons que le dispositif mis en place par le projet JJT devrait
pourvoir, dans le cadre d’un partenariat entre la société civile et l’Etat,
permettre non seulement de couvrir l’ensemble du pays mais aussi de
procéder chaque année à une réactualisation de ces données qui
sont des moyens de pilotage et de gouvernance incontournables. Le
dispositif de collecte et de réactualisation des données doit être le
plus exhaustif et le plus inclusif possible à l’échelle du Sénégal. L’un des
principes serait de décentraliser le dispositif au niveau des communes
et communautés rurales du pays (avec les CODEC) où seront placés
les agents de collecte avec un minimum de moyens pour contacter les
porteurs d’initiatives qui ne se seraient pas déplacés.

47
Perspectives… suite

2) Passer à l’échelle sur le plan quantitatif et qualitatif Au moins cinq ans devraient être nécessaires pour implanter réellement
dans 2 à 3 régions le modèle articulé, l’évaluer et le finaliser. C’est le minimum de temps
Pendant deux ans et demi, l’exploitation d’une revue documentaire prévu pour mettre en œuvre un modèle alternatif qui passe par les
ayant permis de s’approprier l’essentiel de l’existant et des défis actuels langues nationales en tirant toutes les leçons des écoles communau-
du système éducatif et d’identifier les initiatives sélectionnées porteuses, taires de base ou de l’introduction du trilinguisme et de la formation
dans toute leur diversité, l’équipe de JJT et un certain nombre de professionnelle dans les daaras modernes. C’est le prix qu’il faut payer
partenaires ont élaboré des modules consensuels permettant non pour montrer qu’il est possible de former un nouveau type de citoyen
seulement de renforcer les initiatives mais aussi de les relier de manière responsable, producteur et compétitif, inséré économiquement,
complémentaire. capable de participer au développement de son pays tel que le stipu-
lent les lois d’orientation 1991- 22 et 2004-37.
L’ensemble de ces modules ont été regroupés sous le vocable de
« modèle articulé ». La finalité de ce modèle s’inspire du document Etant donné les caractéristiques transversales du modèle articulé qui
de politique économique et sociale du Sénégal, des lois d’orientation développe en même temps des savoirs, des savoirs faire et des savoirs
91-22 et 2004-37, des programmes des porteurs d’initiatives sélection- être à travers sept types d’éducation, de formation et d’insertion, un
nées et des besoins identifiés dans les territoires. Ces modules portant sur autre objectif visé est de décloisonner les sous secteurs du formel, du
six domaines (Langues, Technologie-Sciences et Mathématique, Com- non formel et de l’informel, à partir d’un socle minimal nécessaire à tout
pétences de vie courante, Education physique, artistique et culturelle, être humain pour le préparer à la vie quelque soit son secteur d’activité.
Préparation et formation aux métiers, Education à la culture religieuse
et/ou spirituelle) demandent à être déployés, selon une approche péda-
gogique novatrice et plus ouverte sur la vie, de façon plus conséquente
à l’échelle de deux ou trois régions pour un passage à l’échelle à la
fois quantitatif et qualitatif.

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3) Des plateformes régionales et une plateforme nationale 4) Le dispositif opérationnel
pluri-acteurs faisant office de Table de Concertation Etat-Société Le financement de ce passage à l’échelle dans la collecte et l’actuali-
civile pour contribuer à l’animation du secteurs sation des données comme dans l’implantation du modèle articulé au
Dans chacune des régions d’expérimentation, des plateformes multi- niveau quantitatif et qualitatif devrait pouvoir se réaliser dans le cadre
acteurs, qui font office de Table de Concertation Etat-Société civile, d’un partenariat Etat-Société civile où les fonds pour chacune des ré-
devraient pouvoir être articulées aux organes du PDEF pour porter le gions concernées seraient logés dans le compte de l’IA et ne seraient
point de vue de la société civile, faire le plaidoyer pour que ces initia- décaissés qu’avec la signature du président du conseil régional et celle
tives soient financées dans le cadre des POBA et participer au suivi et à du président régional de la Table de Concertation. Ainsi, sera mise en
l’évaluation du programme régional d’éducation et de formation. Des place une équipe technique dans chacune des régions ciblées pour
moyens seraient prévus pour l’animation de ces plateformes en rapport mettre en œuvre de manière opérationnelle ce dispositif innovant. Ces
avec les responsables des collectivités, les chefs de districts représen- équipes techniques régionales seront coordonnées au niveau central
tants les IDEN et les représentants de la plateforme. De ces plateformes, par une équipe nationale dont les modalités de formation seraient défi-
émaneraient des cellules départementales, régionales et nationales qui nies d’accord partie entre l’Etat et la société civile dans le prolongement
fonctionneraient selon les normes définies dans la charte du partenariat. des activités de la Table de Concertation.

Il est important que ces plateformes aient un lien avec la Table de Ainsi, à termes, l’ambition JJT devrait déboucher sur un modèle capable
Concertation au niveau national afin de s’assurer que la vision et la vo- de contribuer à la réforme du système d’éducation, de formation et d’in-
lonté de réforme promues par le modèle articulé puissent être consoli- sertion, en particulier pour la prise en charge des exclus. Ainsi, pour son
dées et inscrites dans les finalités retenues par l’Etat et les communautés. efficacité, son option viserait un décloisonnement des secteurs, dans le
cadre d’une approche transversale, multi-dimensionnelle et multi parte-
nariale.

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Liste des initiatives retenues sur le plan national
pour être capitalisées
Régions Initiatives capitalisées
Matam 1. Atelier menuiserie« Konaté et frère » Kédougou 26. Djolof Couture
2. Daara « Thierno Younous BA » 27. Ecole Franco Arabe « Madarassatoul Nouroul houda »
3. GPF « fédération groupement féminin de Younou féré » 28. Daara Bilel
Saint Louis 4. Association pour développement de Diamaguène (ADD) Kolda 29. Les adeptes du coran
5. Association, Mouvement Humaniste de St Louis (AMHOS) 30. Daara Sadith «Amadou Koita »
6. Daara Cheikh al islam 31. Darou Nadouwaty
7. Enfants vulnérables (Ardo Mbantou)
Sédhiou 32. ONG Enfance et Paix
Louga 8. SUPER CROWN (alphabétisation développement) 33. Kambeng
9. Groupement de consultants en Education et Formation(GROCEF) 34. Chaibatoul Hamdy
10. « TOUBA FALL Couture »
Ziginchor 35. Madarassa Tahfiz Quran
Thiès 11. Daara Quranul Karim 36. GIE Karognene Siwoto
12. Maman plus
Dakar 37. Ecole Franco Arabe « Babou Salam »
13. Daara Ndiadakhoume
38. Entreprise « Diack et frère »
14. Daara Mam bou oul ouloum
39. Anaprof
15. Centre de formation d’handicapés moteurs « Amadou CISSE »
40. ONG(DEFI) Développement par l’éducation la formation
Diourbel 16. Daara Tafsiz El Hadji Mounire Niang et l’insertion
17. Association« Femmes plus »
18. Mbayène Couture
Kaolack 19. Ecole franco Arabe »El Hadji Abdoulaye NIASS »
20. Daara « Keur Serigne Lamine GUEYE »
21. Daara Serigne Modou Mbacke Diaw
22. ANAFA
Tambacounda 23. Badéma
24. Collectif d’Assistance Technique à l’éducation en Afrique (CATEA)
25. Alphabétisation des femmes de Koupentoum (CONFEKA)

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AVEC LE SOuTIEN DE :
enda graf sahel

Site internet : www.endagrafsahel.org


Email : endagrafsahel@endagrafsahel.org
Grand-yoff - Cité Millionnaire - B.P. 13069 DAKAR
Tél. : (221) 33 827 20 25 - Fax : (221) 33 827 32 15

JANG JuB TEKKI bénéficie du soutien de l’Agence Française de Développement. Les idées et opinions présentées
CRÉATION : LA SERRE’NKO - décembre 2012 dans ce document sont celles de son organisation et ne représentent pas nécessairement celles de l’AFD.

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