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BELGIË – BELGIQUE

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La Lettredu B – 78
Bureau de dépôt
4099 Liège X
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Patrimoine
TRIMESTRIEL – AVRIL – MAI – JUIN 2007 – No 6 – BUREAU DE DÉPÔT : LIÈGE X

SOS monuments: le SAMU du Patrimoine


Quel point commun peut-on trouver menacés qui est celle de l’IPW depuis Dans les prochaines semaines, le chan-
derrière leurs façades restaurées ou leurs sa création. tier de réaffectation de l’hôtel Bourbon
murs consolidés entre les anciennes case- en logements sociaux sera entamé et
mates à Mons, le château des Princes de Derrière les impressionnants chantiers c’est le troisième monument classé
Mérode à Rixensart, la chapelle de en cours sur l’ancienne Maison du Peuple spadois qui retrouvera une nouvelle vie
Wartet à Namur, la maison espagnole à à Poulseur (Comblain-au-Pont), sur l’an- grâce à l’action de l’IPW, et malgré plus
Soignies, la brasserie Rivière à Ath, l’an- cien triage-lavoir du Centre à Binche d’embûches encore que de coutume en
cien Manège et la «belle maison» à (dont la démolition avait été décidée en l’occurrence. À Jodoigne aussi, de plus
Verviers ou encore la chapelle Saint- 2000), sur les façades du Waux-Hall à nombreux imprévus que d’habitude ont
Roch à Perwez? Tous ces monuments Spa (qui était à l’abandon depuis 1992), reporté à cette année le début des
classés étaient, voici quelques années, derrière les travaux de l’hôtel d’Irlande travaux de restauration et de réaffecta-
soit dans un état de délabrement avancé, également à Spa (vide depuis des tion partielle de l’église Notre-Dame du
soit proches de l’écroulement, soit années), la résurrection du château Le Fy Marché, appelée également à sortir d’ici
encore menacés de démolition, ou le à Esneux (abandonné depuis son peu d’une longue léthargie. En Brabant
tout à la fois. Ils n’étaient et ne sont incendie voici 20 ans), les travaux de wallon toujours, le château de Clabecq
toujours pas seuls dans cette situation réaffectation des tours du château de
délicate et parfois désespérée, bien sûr, Beauraing et de l’ancien couvent des
mais s’ils ont retrouvé aujourd’hui toute Augustins à Enghien, la consolidation
leur assise ou leur éclat voire une nou- du château d’Havré et le sauvetage de
velle vie, c’est grâce au travail opiniâtre la maison Bauwens à Verviers, c’est
des agents de la Cellule immobilière de encore la main – tantôt discrète, tantôt
l’Institut du Patrimoine wallon, qui ont moins – de l’IPW qui se retrouve, que
dû dans la plupart des cas «remuer ciel l’Institut ait contribué à empêcher la
et terre», au cours d’un processus long destruction d’un bien, relancé la restau-
de plusieurs années le plus souvent, pour ration d’un autre, aidé une association ou
empêcher l’irrémédiable, concevoir des un nouveau propriétaire à entamer un
projets, mobiliser des énergies et des sauvetage, ou convaincu des investis-
fonds, vaincre des inerties ou des incom- seurs (particulier ou entreprise) de se
préhensions et remplir, en fin de compte, lancer à leur tour dans l’aventure patri-
la mission de sauvetage des monuments moniale. semble sauvé – par le logement social
et moyen – de la destruction un moment
envisagée. Celui d’Angleur, à Liège, a
trouvé des repreneurs et sa nouvelle
vocation (économique et sociale) est
décidée, tout comme pour la tour Pépin
à Herstal. À Liège encore, les anciens
Instituts de Pharmacie et de Botanique
désertés par l’Université sont d’ores et
déjà réaffectés et l’installation du théâtre
de la Place dans l’ancien bâtiment de
l’Émulation (qui se dégradait depuis deux
décennies) a été confirmée par tous les
acteurs d’un dossier passablement
compliqué, qui fut initié et porté par
l’IPW comme tous les précédents.

En cours ou achevées, 25 opérations de


sauvetage de monuments en péril d’un
bout à l’autre du territoire wallon et
autant d’autres en préparation, cela
montre toute l’utilité de la mission de
l’IPW qui fut créé à la fin des années 1990
précisément pour jouer ce rôle d’ultime
recours («SOS monuments» en quelque
sorte!) au chevet des monuments
dégradés, abandonnés ou en voie de
l’être. En l’absence de «fiches d’état sani-
Verviers, la Belle Maison, façade avant la restauration, © IPW taire» de l’ensemble des monuments

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La Lettre du Patrimoine – N o 6 – 2007

wallons et ne pouvant lui-même procéder Protection au sein de l’Administration


à des enquêtes systématiques à ce sujet pourrait donner des indications utiles),
sous peine de provoquer un afflux de ce n’est pas au SAMU du Patrimoine –
dossiers vers l’Administration, l’Institut l’Institut – à choisir de laisser expirer un
n’a agi jusqu’à présent que sur quelque mourant dont on lui a confié le sort…
140 bâtiments désignés par le Gouver-
nement régional, environ 5 % de l’en- Dans l’exercice de cette mission, l’Ins-
semble des bâtiments classés de Wallonie. titut est parfois confronté à une mauvaise
On ne peut que supposer que les autres volonté du propriétaire mais cela reste
ne rencontrent pas (trop) de problèmes une attitude marginale. Dans la plupart des
et il est un fait que la multiplication par cas, c’est avec lui que l’IPW s’efforce de
sept, durant les années 1990, des moyens rechercher les projets de réaffectation
de la politique du patrimoine (stabilisés possibles de son bien, de mobiliser les
depuis) a eu des effets bénéfiques pour fonds nécessaires, d’organiser les syner-
un grand nombre de ces édifices classés gies indispensables s’il y a lieu, ou encore
qui concourent à l’image de la Wallonie. d’harmoniser les rapports avec les admi-
nistrations concernées si le besoin s’en fait
Est-il dès lors pertinent de consacrer les sentir. Dans le cadre de sa mission d’as- Jodoigne, Cure de Melin © IPW
moyens humains de l’IPW (dix agents, sistance aux propriétaires de biens classés,
chargés aussi de la valorisation de monu- l’Institut joue donc en quelque sorte, et L’action de l’Institut vise également à faci-
ments appartenant à la Région) au sauve- selon les cas rencontrés, le rôle de consul- liter l’établissement ponctuel de syner-
tage du petit pourcentage de bâtiments tant, d’agence immobilière, de monteur gies entre divers départements publics
identifiés comme menacés? C’est comme de projets et parfois d’opérateur public autour de la réhabilitation des monuments
se poser la question du coût et du bien- dans certains de ceux-ci. dégradés ou menacés: en l’absence (très
fondé des soins intensifs en milieu hospi- fréquente) d’intérêt du privé, le croise-
talier: à moins que l’on opte pour Dans quelques cas durant les deux ment de subsides émanant de plusieurs
l’euthanasie de certains édifices (et, à cet premières années de fonctionnement de niveaux de pouvoir ou de différents
égard, la requalification des classements l’IPW, l’Institut a été amené à acquérir lui- Ministres (si la localisation ou l’état du
à laquelle s’est attelée la Direction de la même un bâtiment afin de se substituer bâtiment n’y font pas obstacle) reste
à un propriétaire trop encore trop souvent, hélas, la seule pers-
défaillant ou trop désarmé pective pour boucler un financement.
pour restaurer et reconvertir
son bien. Mais cette solution L’Institut continue bien sûr, et de plus en
– que l’IPW n’a plus retenue plus, à développer des contacts réguliers
depuis 2001 – doit néan- avec les investisseurs du secteur de l’im-
moins rester l’exception, mobilier pour évaluer avec eux le poten-
car il est de loin souhaitable tiel de tel ou tel monument. Mais
avant un achat de voir clair l’ampleur des budgets à investir et la
sur les possibilités réelles de durée des procédures constituent le plus
financements publics ou grand frein à l’investissement de type
privés des projets envisagés privé. Fréquemment, des entreprises
dans ces bâtiments, et sur cherchant un bâtiment de prestige pour
les perspectives réelles de leur siège social sont vite découragées
cession après l’opération de par l’absence de perspective à court
restauration. terme. Une forte distorsion existe entre
les facultés d’investir du privé, qui sont
Après plus de sept ans de souvent à horizon d’un ou deux ans, et
travail, il est apparu que ce le délai de procédure beaucoup plus long
sont les études de faisabilité que l’IPW se doit d’annoncer aux inves-
architecturales et finan- tisseurs. Le potentiel financier dans le
cières, réalisées en interne secteur de l’investissement immobilier
ou avec des appuis exté- est considérable, mais force est de
rieurs, qui sont souvent constater que le Patrimoine classé fait
déterminantes pour amorcer parfois fuir plutôt qu’attirer.
des projets de restauration et
de réaffectation concrets. La Le déroulement de bon nombre de projets
Cellule immobilière de l’Ins- montre, en effet, qu’il reste des progrès
titut essaie donc d’amplifier à faire dans la simplification des processus,
cette action en proposant le dans la modulation des exigences patri-
plus souvent possible aux moniales et dans la rapidité de réaction
propriétaires ou à des parte- d’une partie des acteurs du secteur face
naires potentiels de réaliser à des demandes précises. Sans ce chan-
ce type d’analyses. Cela gement indispensable, il sera toujours
permet aux parties con- extrêmement malaisé de convaincre des
cernées de prendre en investisseurs privés de miser sur la réaf-
meilleure connaissance de fectation du Patrimoine, non seulement
cause la décision d’entre- sur des monuments «problématiques»
prendre un projet ou au (car ceux-ci, et l’IPW à leurs côtés, sont
contraire de comprendre soumis aux mêmes procédures que tout
que l’affectation envisagée autre bâtiment classé), mais même sur
n’est pas réalisable. les autres. Freddy JORIS.
Spa, Waux-Hall, G. Focant, DPat © MRW

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de la Restauration
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La collégiale Saint-Vincent à Soignies

La collégiale Saint-Vincent à Soignies, à elle, été largement refaite au XVIIe siècle


propriété de la Ville, a été classée comme dans les styles Renaissance et baroque,
monument le 10 novembre 1941 et elle est comme en témoignent, entre autres, l’im-
inscrite sur la liste du patrimoine immobilier posant jubé de chœur et le chœur lui-même.
exceptionnel de la Région wallonne.
La collégiale de Soignies a déjà fait l’objet,
Construite à partir du début du XIe siècle, elle par le passé, de différentes campagnes de
est l’expression d’un courant roman qui s’est restauration, mais qui ont concerné avant
développé dans la partie occidentale de l’ac- tout l’extérieur de l’édifice. Par contre, le
tuelle Belgique sous l’influence du Nord de certificat de patrimoine, délivré le 6 juil-
la France et de la Normandie. Son envergure let 2006, porte plutôt sur la restauration des
impressionnante s’explique par le fait qu’elle parties intérieures classées, à savoir essen-
était une église de pèlerinage, comme l’at- tiellement les enduits et badigeons sur les
teste de nos jours encore la châsse de saint murs et les plafonds, les menuiseries inté-
Vincent, et qu’elle était le siège d’une impor- rieures, les tableaux des autels et les vitraux
tante communauté de chanoines. de la chapelle du saint Nom. Dans cette pers-
pective, le Gouvernement wallon a approuvé
Le bâtiment en moellons bruts n’a pas été le projet de restauration intérieure de la
modifié dans ses formes principales depuis collégiale qui bénéficie d’une subvention Soignies, collégiale Saint-Vincent, G. Focant,
mille ans. La décoration intérieure a, quant d’un peu plus de 2.750.000 €. DPat © MRW

Le château de Thoricourt à Silly Clin d’œil – Une restauration réussie

Le château de Thoricourt à Silly constitue Sur l’actuel bâtiment du C.P.A.S. de Dinant, «Seul le soleil, au centre du cadran, n’a pas
un ensemble cohérent et homogène du ancien couvent des moines capucins, sur la l’air très heureux d’être à nouveau affecté
XVIIIe siècle, composé du château, daté de rive gauche de la Meuse, se trouve un grand à des fins horlogères».
1768, de la cour d’honneur avec ses deux cadran solaire circulaire. Son
pavillons d’entrée de la même époque que diamètre est d’environ 1,80 m. Il
le bâtiment principal, de l’élégante oran- devait être très beau à l’origine, mais
gerie construite en 1830, du pilori et de la il s’est délabré au fil du temps et il
chapelle. Le château et ses dépendances, se trouvait, jusqu’il y a peu, en très
classés comme monument depuis le 7 juil- mauvais état.
let 1976, sont situés dans un parc de 15 ha,
classé comme site, comprenant une glacière, Grâce à l’intervention de la direction
des arbres remarquables et des étangs. du C.P.A.S. de Dinant, faisant suite à
une visite de deux délégués de la
En 2006, des études préalables de stabilité, Société astronomique de Liège qui
d’analyses fongiques et d’analyse des s’occupent de recenser les cadrans
mortiers et enduits ont fait l’objet d’une solaires de Wallonie (*), le Service
première subvention d’un peu plus de du Petit Patrimoine Populaire wallon
30.000 €, suite à une demande de certificat a décidé la restauration dudit cadran.
de patrimoine introduite par le propriétaire
afin d’entamer la restauration des parties Le travail a été confié à une firme de
classées dans une première phase et la restau- Waterloo et le résultat est remar-
ration intérieure du château, ainsi que la quable. Le fond du cadran est brun
réaffectation de la ferme en Centre de sémi- et tout le reste, c’est-à-dire le soleil,
naire, dans une seconde phase. les lignes horaires et les chiffres, est
peint en doré. Une véritable réussite.
Le Gouvernement wallon, en sa séance du Dinant, couvent des Capucins (C.P.A.S.), cadran
21 décembre 2006, a approuvé le projet de Souhaitons que d’autres communes solaire, J. Leclère © Soc. astronomique de Liège
restauration des dépendances et du château de suivent l’exemple de Dinant;
Thoricourt, et il a octroyé au propriétaire, la plusieurs cadrans anciens parmi ceux déjà (*) On peut voir les cadrans recensés actuellement sur
s.a. Domaine de Thoricourt, une subvention recensés mériteraient, en effet, une la page «Cadrans solaires» du site http://www.astro.
de quasiment 3.000.000 € pour l’accomplis- semblable restauration. ulg.ac.be/~sal de la Société astronomique de Liège.
sement de la première phase de restauration.

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Le Journal de la Restauration – N o 6 – 2007

Le Grand Curtius
Le Grand Curtius tire son nom de cet impor- d’Archéologie et d’Arts décoratifs et elle à différents bâtiments de la rue Feronstrée,
tant industriel d’origine liégeoise, Jean de constitue désormais le noyau du futur un Centre d’interprétation qui permettra aux
Corte – dont le nom a été latinisé en Curtius ensemble muséal denommé «Le Grand Curtius» visiteurs d’appréhender l’histoire de Liège
– qui fit fortune en tant que munitionnaire qui rassemblera les collections d’anciens et de son Pays, replacée dans son contexte
des armées du roi d’Espagne dans les Pays- musées de la Ville de Liège (Musée d’Ar- européen et ce, au travers de trois thèmes:
Bas. Entre 1597 et 1605, en effet, ce négociant chéologie, Musée d’Armes, Musée du Verre et le pouvoir, la société et l’économie.
fit bâtir la Maison en style Renaissance mosane Musée d’Art religieux et d’Art mosan).
située le long de la Meuse qui porte encore son La visite sera articulée sur un parcours prin-
nom. À l’origine, cette demeure avait une fonc- Mais le futur Centre d’interprétation cipal, sur lequel viendront se greffer des
tion essentiellement publique, puisqu’elle occupera également un autre très bel parcours additionnels en fonction de la cohé-
était destinée à l’accueil des clients et des trac- hôtel liégeois qui, avant d’abriter l’ancien rence de certaines collections, comme la
tations commerciales. Acquise en 1901 par la Musée d’armes, avait été le siège de la collection des armes ou du verre. Cette
Ville de Liège, elle devint le siège du Musée préfecture de l’Ourthe sous le régime présentation permanente des pièces princi-
français: l’hôtel pales sera complétée par la mise sur pied
Hayme de Bomal. récurrente d’expositions temporaires avec
Construit vers pour objectif de dynamiser la vie du futur
1775 probable- musée.
ment par l’archi-
tecte Barthélemy C’est dans cette perspective que le Gouver-
Digneffe, ce bâti- nement wallon a octroyé à la Ville de Liège
ment, classé le une subvention de presque 900.000 € pour
24 juillet 1936, l’équipement touristique du futur Centre
vient d’être inscrit d’interprétation, à laquelle il faut ajouter une
en 2006 sur la subvention complémentaire de presque
liste du patrimoine 350.000 € qui sont à charge des fonds struc-
exceptionnel de turels européens (FEDER).
Wallonie, au même
titre que son pres- Gageons que ces différentes subventions
tigieux voisin de permettront de mettre rapidement un terme
style Renaissance. aux travaux du Grand Curtius dont la très
grande richesse des collections contribuera
L’objectif poursuivi sans conteste au rayonnement international
par la Ville est de de la Ville de Liège. Si Liège est, pour
faire de cet ensem- reprendre le mot de l’historien Jules Michelet,
ble muséal, qui une petite France de Meuse, le Grand Curtius
Liège, Maison Curtius, G. Focant, DPat © MRW s’étendra également deviendra peut-être le Louvre mosan!

Le fort de Loncin
Suite à la guerre franco-allemande de 1870, à Liège, en recourant au béton pour la que la commune d’Ans a obtenu une subven-
la Belgique, État neutre depuis son indé- première fois à grande échelle. Chaque fort tion de presque 300.000 € pour l’aména-
pendance, décide de prendre les mesures avait pour mission de commander les voies gement touristique du fort, à laquelle il faut
nécessaires pour que sa neutralité soit de communications principales, qu’elles ajouter une subvention complémentaire de
respectée. En 1887, le Gouvernement belge fussent terrestres ou fluviales. 114.000 € qui sont à charge des fonds struc-
prend la décision d’appliquer le système de turels européens (FEDER).
défense imaginé par le général Henri-Alexis C’est dans ce contexte que fut construit le fort
Brialmont, à savoir ériger autour d’Anvers, de Loncin pour protéger la route et la voie de Ainsi, le fort de Loncin, classé comme monu-
de Namur et de Liège une ceinture fortifiée, chemin de fer reliant Liège à Bruxelles. En août ment depuis le 11 juin 2004, verra prochai-
constituée de 10 forts à Namur et de 12 forts 1914, le fort résista plus de 8 jours sous le feu nement ses abords et ses fossés aménagés, ses
nourri des obus alle- différentes salles dotées d’une véritable infra-
mands, jusqu’à ce que structure muséale avec audioguidage multi-
le 15 août 1914, l’un lingue, pour que le souvenir de ce sacrifice
d’entre eux, en attei- ne se perde pas.
gnant la poudrière,
provoqua une explosion
entraînant dans la mort
des 350 combattants qui
reposent toujours sous
les décombres.

C’est pour perpétuer le


souvenir de ce drame,
mais aussi pour sensibi-
liser le public au carac-
tère absurde de la guerre

Ans, Loncin, fort, G. Focant, DPat © MRW Ans, Loncin, fort, G. Focant, DPat © MRW

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et Manifestations
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Découvrir notre patrimoine

Conscient que la sauvegarde du patri- crée au patrimoine bâti avec une descrip- entoure. Contact: Annick Mahin
moine dépendra de l’intérêt suscité tion des matériaux de constructions (a.mahin@institutdupatrimoine.be),
auprès des jeunes, le Gouvernement utilisés dans l’architecture traditionnelle, Institut du Patrimoine wallon, 79, rue
wallon, à travers le Contrat d’Avenir pour des différents éléments constitutifs du du Lombard, B-5000 Namur; tél.: +32
la Wallonie, a défini comme priorité le bâti, ainsi qu’un petit lexique des termes (0)81 654 159.
soutien à la sensibilisation des jeunes au utilisés couramment en
patrimoine. L’Institut du Patrimoine architecture. Enfin, la troi-
wallon s’est vu confier cette matière en sième partie, beaucoup
2005 par le Ministre en charge du Patri- plus pratique, présente
moine. En plus des animations telles que huit fiches d’activités
les classes de découverte du patrimoine pédagogiques à réaliser
et de ses métiers au Centre de la Paix- en classe et sur le terrain
Dieu ou l’organisation d’une Journée en rapport avec le pro-
«Jeunesse et Patrimoine», le Ministre, en gramme scolaire.
concertation avec la Ministre de l’En-
seignement, a souhaité mettre à la dispo- Les fichiers utilisés, de
sition des enseignants des classes de type «html», permettent
sixième primaire de Wallonie différents une utilisation facile sur
outils pédagogiques. Le premier outil tout type d’ordinateur. Le
réalisé vient d’être distribué aux quelque CD-Rom est par ailleurs
1.600 écoles primaires de Wallonie tous abondamment illustré et
réseaux confondus. comporte de nombreux
liens vers des sites dédiés
Il s’agit d’un CD-Rom interactif intitulé au patrimoine tant au
Découvrir notre Patrimoine qui a pour niveau national qu’inter-
but de rendre aux enseignants la décou- national.
verte du monde du patrimoine plus aisée
afin qu’eux-mêmes puissent sensibiliser Nous espérons que les
leurs élèves. Il comporte en première professeurs vont «surfer»
partie des notions générales sur le patri- sans modération dans le
moine, telles que des définitions, les monde du patrimoine et
acteurs du patrimoine, les mesures de surtout partir avec leurs
protection, la réglementation en vigueur classes à la découverte
en Wallonie. La seconde partie est consa- du patrimoine qui les

Catalogue des publications de l’IPW: sur la toile ou sur papier?

L’Institut du Patrimoine wallon vient Depuis le mois de février, l’ensemble du Une fois sa commande clôturée, l’inter-
de publier son catalogue des publica- catalogue de publications est également naute devra remplir scrupuleusement sa
tions 2007, l’occasion de découvrir les mis en ligne sur le site internet de l’Ins- «fiche client» – étape un peu fastidieuse,
nouveautés, mais aussi les projets de titut. Tous les ouvrages disponibles y mais très importante puisqu’elle permettra
parution planifiés au cours de l’année. sont présentés à travers une fiche l’envoi à domicile des achats effectués.
Les 111 titres encore disponibles sont détaillée reprenant une photo de la Une confirmation de la commande sera
présentés par collections et sont couverture, le titre, l’auteur, l’année automatiquement envoyée par e-mail. Le
complétés par la liste des 146 Fiches d’édition, le numéro d’ISBN, ainsi qu’un paiement des achats peut se faire soit par
du Patrimoine qu’il est encore pos- résumé. Les livres sont regroupés par virement bancaire, soit immédiatement
sible d’acquérir. Toutes les infor- collections. Toutefois, l’internaute peut par carte de crédit grâce à une plate-forme
mations nécessaires pour procéder à également effectuer une recherche via sécurisée de paiement en ligne. Le colis
un achat sont reprises à la fin du fasci- le titre, l’auteur, l’année de parution et sera envoyé dès réception du paiement.
cule. le numéro d’ISBN. Une rubrique
«Nouveautés» regroupe l’ensemble des Notre catalogue est également entière-
Pour se procurer le catalogue: tél.: derniers titres parus et une autre «à ment consultable sur le site de l’Institut
+32 (0)81 230 703 – fax: +32 (0)81 paraître» présente les ouvrages en cours du Patrimoine wallon via l’adresse
659 097 – e-mail: de préparation en mentionnant la date suivante: www.institutdupatrimoine.be,
m.vanopstal@institutdupatrimoine.be. prévue de sortie. rubrique «Publications».

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Publications et Manifestations – N o 6 – 2007

La Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles organise une exposition


de photographies pour les Journées du Patrimoine…

À l’occasion des Journées du tion, ce tronçon de l’axe routier Informations pratiques: Exposition Guy
Patrimoine, les 8 et 9 septembre Boulogne-sur-Mer – Bavay – Tongres – Focant (08/09/07 – 12/10/07), Espace
prochains, la Commission royale, en Cologne traverse encore notre pays Wallonie – 5e étage, Ancien Hôtel de
partenariat avec la Division du Patri- dans un état de conservation remar- Soër de Solières, 86, place Saint-Michel,
moine du Ministère de la Région quable. B-4000 Liège.
wallonne et l’espace Wallonie de Liège,
présentera l’exposition intitulée «La L’exposition propose la découverte de Samedi 8 septembre 2007: de 9h à
voie romaine Bavay-Tongres. 145 km la chaussée romaine dans son paysage 16h30; dimanche 9 septembre 2007: de
d’héritage». actuel, au travers du reportage photo- 9h à 16h30. L’exposition sera accessible
graphique de Guy Focant, photographe du lundi 10 septembre au vendredi
Construite vers l’an 20 avant notre ère, à la Division du Patrimoine du Ministère 12 octobre, selon l’horaire suivant: du
la chaussée romaine Bavay-Tongres est de la Région wallonne. lundi au vendredi: de 9h à 16h30 et le
le plus vieux et le plus vaste témoignage samedi: de 9h à 12h30. Pour tout rensei-
antique conservé dans nos régions en Venez nombreux admirer notre Patri- gnement complémentaire: +32 (0)4 232
terme d’aménagement du territoire. moine présenté à travers le regard d’un 98 51/52 ou info@crmsf.be. Carole
Plus de deux mille ans après sa créa- artiste wallon! CARPEAUX, Secrétaire adjointe.

Éghezée, voie romaine Bavay-Tongres, G. Focant, DPat © MRW

L’Institut présent à la Pour la 7e participation de la Région wallonne


37e édition de la Foire du Livre au MIPIM de Cannes, l’IPW y était!
Pour la deuxième année consécutive, l’Ins- Du 13 au 16 mars, le célèbre marché inter- À cette occasion, il présentait 6 monuments
titut du Patrimoine wallon était présent à national de l’immobilier de Cannes ouvrait réaffectés: l’ancien manège à Verviers réuti-
la Foire du Livre de Bruxelles incontesta- ses portes au palais des festivals. Plus de lisé en logements et commerces, le triage-
blement reconnue comme la principale 27.000 accréditations ont été enregistrées. Du lavoir de Binche, qui possède encore 6000 m2
manifestation de promotion du livre et sous-sol au 4e étage sans compter les stands répartis en 7 lots, pour accueillir d’ici peu des
de la lecture en Belgique. Pour sa montés à l’extérieur et les prolongations sur bureaux, des espaces de stockage, plusieurs
37e édition, la Foire a tenu toutes ses des yachts, le MIPIM affichait complet. PME et une école de design, le château Nagel-
promesses avec pas moins de 162 expo- mackers à Liège qui allie logements et espace
sants représentant 1.375 éditeurs qui ont L’IPW a répondu présent pour la 3e fois à l’in- entreprises, l’ancienne brasserie des Alliés
accueilli tout au long de la semaine au fil vitation de l’OFI (Office for Foreign Inves- à Charleroi et le charbonnage de Cheratte à
des quatre halls de Tours & Taxis plus de tors) à participer à ce salon prestigieux sur Visé, c’est-à-dire 4 sites régionaux d’intérêt
70.000 visiteurs. Ces très bons chiffres se le stand de la Région regroupant différents paysager et environnemental, qui bénéfi-
sont également confirmés dans les ventes organismes (intercommunales, villes…) cieront d’un financement de la Région pour
de l’IPW qui ont augmenté de 32 %. venus rencontrer un public de décideurs l’assainissement de leur site en vue d’y
internationaux en recherche de sites désaf- implanter des logements et des bureaux; à
L’Institut a opté cette année pour un agran- fectés. En effet, l’espace industriel qui cela s’ajoutent la maison espagnole à Soignies
dissement de son stand, passant de 24 à permet encore de développer de grands qui abrite des appartements et la ferme Mont-
42 m2, ce qui lui a permis de présenter ses projets devient rare et donc cher partout fort à Ans qui a trouvé une nouvelle vie avec
livres sur une structure d’exposition très en Europe. Or, la Wallonie regorge de friches la création d’une bibliothèque communale,
conviviale et beaucoup plus proche de industrielles qui nécessitent des capitaux de bureaux et de logements sociaux.
l’allée où déambulent les visiteurs. Tous les importants pour leur requalification. Lorsque
titres disponibles (111 livres et 146 Fiches les sites des monuments classés sont sur la
du Patrimoine) étaient présentés au liste des sites régionaux d’intérêt paysager
public qui a pu bénéficier d’une occasion et environnemental, ils bénéficient de
unique de découvrir l’étendue des sujets subsides de la Région pour leur assainisse-
traités à travers les collections. ment, ce qui offre un incitant financier inté-
ressant pour les investisseurs potentiels.
À cette occasion, l’Institut avait mis sur
pied un atelier d’initiation à la dorure à L’IPW était, avec English Heritage, un des
la feuille à destination de la jeunesse et seuls organismes chargés de promouvoir le
une animation «transversale» à destina- recyclage de monuments historiques en MIPIM de Cannes, stand de la Région
tion des petits et des grands. projets public-privé à être présent au MIPIM. wallonne, © IPW

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BELGIË – BELGIQUE
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La Vie B – 78
Bureau de dépôt
4099 Liège X
P605172

des Associations
TRIMESTRIEL – AVRIL – MAI – JUIN 2007 – No 6 – BUREAU DE DÉPÔT : LIÈGE X

Le Prix du patrimoine du Brabant wallon


L’ancien… d’un montant de 12.500 €, à «La Vicomté» qu’ils souhaitent valoriser. Un jury sélection-
La réhabilitation et la mise en valeur du patri- située sur la Grand-Place de Jodoigne. nera les meilleurs projets et le propriétaire
moine participent à la conscience collec- Témoin d’un riche passé, les vicomtes de la de ce petit patrimoine obtiendra une aide
tive d’appartenance à une région. À ce titre, ville y ont séjourné de 1675 à 1789 avec financière en vue de son entretien, de sa restau-
les actions de protection de ce patrimoine pour rôle notamment de défendre les ration ou de sa rénovation. Il pourra égale-
doivent prendre une place importante dans remparts nord-ouest de Jodoigne. Ce château ment s’agir de récompenser le savoir-faire
les opérations menées par les pouvoirs en pierres de Gobertange était à l’abandon d’artisans soucieux de préserver l’authenti-
publics. Le patrimoine fait l’objet d’une sensi- depuis un quart de siècle. Son propriétaire cité des caractéristiques de ce patrimoine.
bilité et d’attentions croissantes de la part, actuel, Monsieur Swine, s’est lancé dans la
non seulement des autorités responsables, restauration de cette construction tout en lui Informations: Service provincial de l’amé-
mais aussi du grand public. Sa conservation conservant son aspect architectural, ainsi nagement du territoire – tél.: +32 (0)10 23
répond au besoin de trouver dans le cadre que ses éléments anciens intérieurs (esca- 62 85 – Email: amenagementterritoire@
de vie des points de repère concrets et liers, pavements, portes, plafonds). Ce bâti- brabantwallon.be. Alain TRUSSART, Député
authentiques sur lesquels peut se fonder ment divisé en plusieurs appartements privés provincial.
une identité culturelle collective. et son jardin entouré de murs et
traversé par des remparts du
Sachant les difficultés rencontrées par les XIIIe siècle vont ainsi retrouver une
propriétaires privés pour entretenir, trans- nouvelle vie.
former et restaurer des monuments, la
Province du Brabant wallon a souhaité … et le nouveau
récompenser les initiatives mettant en valeur Le prix du patrimoine tel que décrit
le patrimoine situé sur son territoire et visant ci-dessus va être remplacé tout
à le conserver de manière durable pour les prochainement par un nouveau
générations futures. C’est ainsi qu’est né, règlement qui devrait plus particu-
avec la collaboration de la Chambre provin- lièrement cibler le petit patrimoine
ciale du Brabant wallon de la Commission populaire wallon. Cependant, afin
royale des monuments, sites et fouilles, le d’apprendre aux enfants et à leur
Prix du patrimoine du Brabant wallon qui entourage à découvrir leur patri-
visait les monuments repris à l’inventaire moine, à porter un autre regard sur
du patrimoine architectural de Wallonie. ce dernier et à le protéger, ce seront
les écoles qui présenteront aux
Pour l’année 2006, les membres du Conseil autorités provinciales un ou des
provincial ont attribué le prix du patrimoine, éléments constitutifs du patrimoine Jodoigne, Grand-Place, la Vicomté ©

Le moulin de Saintes à Tubize


Le moulin de Saintes (moulin de Hond- vant à 80 % du montant des travaux concer-
zocht) à Tubize a été classé comme nant ses parties classées. Afin de mener à
monument, en raison de sa valeur artis- terme la restauration de ce moulin et sa
tique, historique et esthétique, par arrêté réaffectation en un centre d’interprétation
royal du 4 avril 1944. Il occupe une de la meunerie, une convention de parte-
parcelle d’une superficie de 2 a 81 ca. On nariat a été signée fin 2004 entre les quatre
fait parfois remonter son origine aux partenaires suivants: l’Intercommunale du
environs de 1500, mais il semble que le Brabant wallon (IBW), la commune de
bâtiment actuel date de 1775. Cet ancien Tubize, la Province du Brabant wallon et
moulin à vent, construit sur un haut socle l’Institut du Patrimoine wallon. Dans le
circulaire paré de briques et de contre- cadre de cette convention, l’intervention
forts, est coiffé d’une calotte tournante financière de la Province s’élèvera à un
dont le système d’orientation ne peut total de 150.000 €.
être observé qu’en Belgique et dans le
Nord de la France. Le mécanisme inté- Au terme des travaux, le moulin pourrait
rieur, avec son système d’engrenage et accueillir, non seulement des exposi-
ses deux paires de meules, est conservé. tions, mais également des groupes
scolaires qui y redécouvriront la tradi-
Afin d’éviter la disparition de ce moulin, tion ancestrale de production de farine
des travaux de restauration vont être entre- par le biais de démonstrations et de la
pris et, en tant que monument classé, il remise en fonction du mécanisme. Alain Tubize, Saintes, moulin de Hondzocht,
bénéficiera donc d’une aide régionale s’éle- TRUSSART, Député provincial. G. Focant, DPat © IPW

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La Vie des Associations – N o 6 – 2007

La cathédrale Notre-Dame de Tournai à l’horizon 2013


La Province de Hainaut hérita de la cathé- pement d’éminents ingénieurs. Les directeur pour la restauration et la mise
drale par le hasard de l’histoire. Après conclusions de cette étude remise en en valeur du monument et de ses abords.
avoir été annexée par la France en 1795, 1965 recommandèrent le ceinturage du Ce travail fut mené par Monsieur
la Belgique est divisée en 9 départements chœur au moyen d’une poutre continue Brunelle, Architecte en chef des monu-
correspondant approximativement à nos en béton armé. Mais la controverse qui ments historiques de France. Il en
10 provinces actuelles. En 1815, notre surgit à propos de l’importance et du ressortit que le chantier de rénovation
pays, placé sous domination hollandaise, financement des travaux annula la réali- de l’édifice et la mise en valeur des
conserve cependant sa structure admi- sation de l’ouvrage projeté. trésors qu’il recelait serait long et diffi-
nistrative. Quinze ans plus tard, la cile. Mais la cathédrale et son sous-sol
Belgique est proclamée indépendante. D’autres devoirs considérés comme sont promis à servir de creuset pour des
Dans la foulée de cette émancipation, urgents mobilisèrent les capacités finan- études de très haute qualité et à offrir
la Province de Hainaut nouvellement cières publiques et la cathédrale fut placée un chantier de découvertes qui s’an-
créée devient propriétaire de la cathé- sous l’observation attentive du Service noncent d’ores et déjà comme excep-
drale Notre-Dame de Tournai. technique des bâtiments de la Province tionnelles.
de Hainaut. À chaque incident, l’Autorité
À partir du milieu du XIXe siècle, l’édi- provinciale intervenait d’initiative pour y Le futur chantier de restauration est
fice fit l’objet d’une campagne de stabi- apporter remède et préserver le monu- pharaonique: plus de 70 millions d’€
lisation et de restauration. À l’époque ment. L’état du porche occidental deve- sont nécessaires pour restaurer complè-
déjà, une commission chargée d’établir nant alarmant, un dossier de restauration tement ce vaste vaisseau de pierre. Face
un rapport sur l’état de la cathédrale et fut introduit à la Communauté française à l’ampleur des travaux à réaliser et
sur les travaux à effectuer fut installée par et relayé par la Région wallonne, suite à des fonds à mobiliser, la Province de
le Conseil provincial. Vint ensuite une la réforme constitutionnelle. Hainaut prit l’initiative de créer la «Fonda-
longue période d’indifférence: aban- tion Cathédrale Notre-Dame.be». Elle
donnée et meurtrie par les tourmentes La leçon tirée de cette première expé- recherche des aides privées, sur base de
sociales et politiques, par des querelles rience conforta la nécessité de recherches déductibilités fiscales, concernant aussi
scolastiques et interpersonnelles, la et d’investigations préalables à toute bien les citoyens que les sociétés.
cathédrale se dégrada lentement mais tentative de restauration dans un tel
sûrement au fil des décennies. monument. En 1999, une violente Plus récemment, la Province et la Ville
tornade s’abattit sur la ville de Tournai, de Tournai ont décidé, en collaboration
Beaucoup plus tard, le 5 février 1936, causant d’importants dégâts matériels à avec l’Intercommunale IDETA, de solli-
ce patrimoine majeur fut classé. Malheu- de nombreux bâtiments dont la cathé- citer, ensemble, les fonds européens
reusement, la guerre éclata juste après drale Notre-Dame. Cet événement mit dans le cadre du nouvel appel à projets
et les bombes incendiaires détruisirent en lumière le déséquilibre significatif qui sera lancé en 2007. Un des axes d’ac-
la chapelle Notre-Dame accolée au flanc dont souffrait la structure de l’édifice et tion du nouveau programme européen
nord de la nef romane, un des escaliers particulièrement l’une des tours, la Tour consiste, en effet, à soutenir des projets
du jubé et toute la charpente de la nef. Brunin. Très vite, entre 2000 et 2002, intégrés de revitalisation urbaine et de
des travaux provisoires furent entrepris valorisation du patrimoine. La démarche
Au début des années 1960, l’asbl pour sauvegarder et étançonner le chœur vise à s’appuyer sur la cathédrale comme
«Tournai Artistique» alerta le Gouver- gothique, mais aussi pour renforcer les élément d’attractivité de la ville et de la
neur Émile Cornez de l’existence d’un contreforts et stabiliser la tour. région.
danger d’effondrement du chœur
gothique. La Province de Hainaut confia En janvier 2006, la Région wallonne La portée globale du projet de restaura-
alors une étude de stabilité à un grou- finança l’établissement d’un schéma tion et de valorisation impose une inter-
vention en plusieurs
volets: la restauration de
l’édifice et des fouilles,
celle du patrimoine mobi-
lier (collections, œuvres
d’art…), le traitement
urbanistique du quartier
avec ses différentes fonc-
tions et la valorisation
touristique et culturelle.
Plus de 30 millions d’€
seront sollicités sur une
période s’étalant de 2008
à 2013.

Dans les mois à venir, la


toiture de la nef sera
remplacée. Un premier
pas pour redonner son
lustre d’antan au plus
grand monument classé
de Wallonie repris, depuis
l’an 2000, sur la liste du
patrimoine mondial de
l’humanité par l’UNESCO.
Tournai, cathédrale Notre-Dame, G. Focant, DPat © MRW

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Le Centre B – 78
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P501411

de la Paix-Dieu
TRIMESTRIEL – AVRIL – MAI – JUIN 2007 – No 25 – BUREAU DE DÉPÔT : LIÈGE X

Les professeurs et la matière


«Promouvoir la confiance en soi et le égales d’émancipation sociale», tels historien, venus suivre le module de
développement de la personne de sont les grands objectifs de l’ensei- formation à la pédagogie du patrimoine
chacun des élèves. Amener tous les gnement. et de ses métiers le 14 novembre dernier
élèves à s’approprier des savoirs et à ou les 9 professeurs de cours pratiques
acquérir des compétences qui les Pour y parvenir, savoir qui on est appa- (maçonnerie, dessin technique et artis-
rendent aptes à apprendre toute leur raît essentiel. Voilà très certainement tique) inscrits, via l’Institut de formation
vie et à prendre une place active dans pourquoi, à une époque où «la terre est en cours de carrière, à la formation
la vie économique, sociale et culturelle. un village», mais où rares sont ceux qui proposée ces 23 et 24 novembre et
Préparer tous les élèves à être des connaissent encore le métier qu’exer- intitulée «Élaborer des situations d’ap-
citoyens responsables, capables de çaient leurs arrière-grands-parents, le prentissage en lien avec les profils
contribuer au développement d’une patrimoine et ses métiers interpellent de formation dans le secteur de la
société démocratique, solidaire, plura- les professeurs. En témoignent les construction. Les métiers du patrimoine.
liste et ouverte aux autres cultures. 23 futurs instituteurs de l’HECE de Gosse- Restaurer et réaffecter un patrimoine
Assurer à tous les élèves des chances lies, accompagnés de leur professeur bâti. Pourquoi? Comment?».

Restaurer une toiture en cornus


La toiture en cornus est typique de l’ar- restauration de la toiture d’un bâtiment glisser sans
chitecture rurale de la vallée de la Semois. sis au musée. Mais en quoi consiste exac- s’infiltrer entre
Confectionnée à partir de déchets d’ar- tement la technique du cornus? les pierres. La
doises fichés dans l’argile, elle est à pose nécessite
classer dans les toitures en lauzes. Il Les cornus sont des plaques de calcaire donc un véri-
convient de sauvegarder le savoir-faire (schiste) que l’on trouve dans les table savoir-
qui permet d’entretenir efficacement carrières et qui sont taillées d’une épais- faire.
cette particularité du patrimoine wallon. seur de 3 à 5 cm et d’une surface variable
de 25 à 60 cm de long sur 20 à 30 cm de La particularité
Fidèle à sa mission de sauvegarde et de large. La technique de mise en œuvre du bâtiment a
transmission des savoir-faire, le Centre nécessite des précautions particulières. permis à notre © IPW
de la Paix-Dieu a organisé un perfec- En effet, de telles toitures pèsent environ formateur de
tionnement sur le sujet à destination des 500 kg au mètre carré. Ce qui implique guider et de transmettre aux stagiaires,
couvreurs. Grâce à une collaboration donc que les charpentes (en chêne de sous un soleil généreux, la technique
efficace avec le Fourneau Saint-Michel à forte section) doivent être robustes. Ces d’intervention sur les toitures en cornus.
Saint-Hubert, six stagiaires et le forma- toitures ont le plus souvent une pente de Après une semaine de travail acharné,
teur, Michel Lesenfants, ont entrepris la 50° pour permettre à l’eau de pluie de voici un résultat très satisfaisant.

Mécénat
Le monde de la pierre semble apprécier
les stages du Centre de la Paix-Dieu et
plus particulièrement celui organisé sur
les escaliers sur voûte sarrasine, en colla-
boration avec les Compagnons du Devoir.

L’entreprise Pierres Bleues Belge et son


dynamique directeur, Monsieur Jean-
Franz Abraham, mécène pour cette occa-
sion, ont fait don de deux palettes de
pierres bleues destinées aux exercices
des trois escaliers sur voûte sarrasine.
Ces pierres ont été taillées, mises à
mesure par deux jeunes aspirants compa-
gnons, participant au stage et «embau-
chés» dans cette même entreprise.

Que l’entreprise mécène trouve à travers


ces quelques lignes le témoignage de
Technique de la voûte sarrasine © IPW notre gratitude. La taille de la pierre © IPW

9
Le Centre de la Paix-Dieu– N o 25 – 2007

L’Union des Artisans du Patrimoine


Une Union des Artisans du Patrimoine soucis et états de
(U.A.P.) est née le 26 février 2007 à grâce». La synthèse de
Amay et la charte de fondation a été cette journée nous
signée par une dizaine de femmes et servira d’outil pour
d’hommes de métier, tous savoir-faire nos revendications
confondus. Est-ce, une mode, comme auprès des Ministères
le disait un attaché ministériel? Non, concernés.
cela permet simplement de revendiquer
son statut d’artisan, mais aussi de contri- Si une poignée d’arti-
buer au sauvetage de nos savoirs afin sans a mis en place
de pouvoir les pratiquer librement sur cette Union, celle-ci
les chantiers! n’est pas le fruit
du hasard, mais le
Cette Union des Artisans du Patrimoine résultat du travail de
aura pour but de défendre et de nos prédécesseurs.
promouvoir le statut de l’Artisan et, en Comme ce fut le cas
particulier, permettre à celui-ci de: lors des deux jour-
- devenir un interlocuteur privilégié dans nées de rencontre et
divers débats de société tels que la forma- d’hommage aux arti-
tion, les marchés publics..., vis-à-vis, sans et hommes de
entre autres, des décideurs politiques; métiers des 12 et
- rassembler, échanger et fournir des 13 juin 1992 dans
informations et des données relatives à l’église Saint-Loup à
son domaine d’activité; Namur à l’initiative de
- organiser des journées d’animation et Jacques Barlet, ancien
de réflexion; Président de la Com-
- prendre des contacts avec d’autres mission royale des
acteurs internationaux actifs dans le Monuments, Sites et
même domaine. Fouilles; et d’autres,
avec le soutien du le
Les membres de l’Union devront: Ministre du Patri-
- exercer, à titre principal, un métier moine de l’époque,
manuel qui nécessite une certaine Robert Collignon.
maîtrise et dans lequel ils peuvent être Namur, église Saint-Loup, G. Focant, DPat © MRW
considérés comme spécialistes; Il y a bientôt quinze
- transformer, dans le cadre de leur ans, Jacques Barlet
travail, de la matière pour produire un déclarait dans une allocution «Vous meilleur. Mais si vous voulez que ce soit
objet fini, en en maîtrisant toutes les prenez une chaussette, vous y ajoutez succulent, Mesdames et Messieurs, assai-
étapes; un peu d’architecte, un zeste d’entre- sonnez le tout avec une bonne grosse
- personnaliser leur production et preneur, une pincée de délégué de l’ad- poignée d’artisans!».
apporter une dimension humaine aux ministration, un rien d’ingénieur, et vous
produits qu’ils créent; faites une bonne salade de tout: c’est Si l’Union existe, ce n’est pas le fruit du
- être indépendants à titre principal. une délicieuse restauration» et Antoine hasard, mais le résultat d’un travail d’une
Foidart, entrepreneur, chargé de la quinzaine d’années, avec, à la clé, une
Nous travaillons actuellement à la mise restauration de Saint-Loup et aujourd’hui revendication réelle pour un statut d’ar-
sur pied, dans les prochains mois, d’une décédé, ajoutait à ces propos «Avec la tisan et pour pouvoir s’exprimer sur les
journée de réflexion dont le thème sera Commission royale des monuments, sites chantiers en partageant son savoir-faire.
«La place de l’artisan au XXIe siècle: et fouilles, cela risque d’être encore Paul MORDAN, Président.

Prix du mémoire
En 2006, l’Institut du Patrimoine wallon tionnellement en 2006, deux prix ex- et proposition de restauration, (Inter-
a décidé de créer un «Prix du mémoire» æquo ont été décernés récompensant communale d’Enseignement supérieur
destiné à récompenser les recherches deux mémoires d’architecte ou ingé- d’Architecture, 2003-2004) et David
d’étudiants architectes, ingénieurs-archi- nieur-architecte, et un prix récompen- VANDENBROUCKE, Restauration de la
tectes, historiens de l’art ou archéo- sant un mémoire d’historien de l’art. Les Galerie de treillages du Waux-Hall à
logues, consacrées à des sujets liés à la lauréats ont été sélectionnés par un jury Bruxelles, (Formation européenne de
sauvegarde du patrimoine culturel immo- parmi quatorze mémoires déposés. Le spécialisation en restauration du patri-
bilier, que ce soit une étude préalable à montant de chaque prix est de 1500 €. moine architectural, 2002-2003).
la restauration d’un monument, une Les mémoires récompensés pourront
étude historique et/ou technique d’un être publiés partiellement ou in-extenso La lauréate historienne de l’art est Marie-
monument, une typologie architec- dans l’une des collections de l’IPW. Sophie DEGARD, L’église Saint-Gilles à
turale, une technique ancienne, une Liège: du style roman au style néo-
analyse des potentialités de réaffecta- Les lauréats architectes ou ingénieurs- roman, (Université de Liège, Départe-
tion d’un monument ou une étude architectes ex- æquo sont: Laurent JORIS, ment des Sciences historiques, Histoire
monographique de l’œuvre d’un archi- Pavillon de jardin de l’institut Saint- de l’Art, Archéologie et Musicologie,
tecte ou d’un homme de métier. Excep- Roch à Theux (Liège). Étude préalable 2002-2003).

10
Le Centre de la Paix-Dieu– N o 25 – 2007
Ancienne Assemblée territoriale du Fleuve à Saint-Louis du Sénégal:
les investigations se poursuivent et se terminent.
En novembre dernier, ce fut un nouveau L’objectif de ce projet est de mener une
départ vers Saint-Louis du Sénégal pour restauration exemplaire, attendue par tous les
Annick Piron, architecte, et trois experts, acteurs actifs à Saint-Louis, qu’ils soient locaux
Marcel Osvald, charpentier, Dominique ou partenaires, tout en conservant chaque
Gustin, menuisier-ébéniste, et Anselme élément existant. La problématique des
Dutrecq, Dr Ingénieur agronome et spé- termites – la localisation de leurs attaques et
cialiste des problèmes de termites et de le traitement adéquat – a pu être complétée
présences de sels. et finalisée grâce à cette troisième mission
d’investigation. La réflexion a été également
Cette mission a permis, d’une part, de fina- envisagée pour les problèmes des sels dus à
liser le cahier des charges et, d’autre part, de l’humidité à Saint-Louis.
découvrir, de manière approfondie et précise,
les parties structurelles du bâtiment et les Le nettoyage des combles (effectué lors de Sénégal, Saint-Louis, mission de novembre 2006, en
parties plus cachées. la mission précédente) a permis d’investi- présence de l’ancien Ministre, Pierre Hazette © IPW
guer chaque pièce composante de la char-
Cette semaine de travail a également permis pente, de diagnostiquer pièce par pièce celles espérons qu’il en ira de même de la pertinence
d’affiner les réflexions sur la conservation et qui sont attaquées par les termites, celles qui des travaux, de l’organisation du chantier, de
la restauration du Patrimoine historique et sont à remplacer, le traitement à envisager son coût final, mais aussi de la réussite des
plus particulièrement celui de l’ancienne (dans ce cas, la pulvérisation semble préco- diverses campagnes de formation.
Assemblée. nisée et plus efficace) et de comprendre tous
les assemblages de la charpente, ainsi que Durant cette semaine, l’IPW a été invité à
des panneaux du plafond polychromé. De participer, en tant que partenaire, à l’Atelier
plus, l’analyse de toutes les pièces du plafond international à Saint-Louis du Sénégal, à l’oc-
a été également réalisée pour connaître le casion du 6e anniversaire de son inscription
pourcentage de pièces totalement abîmées. par l’Unesco sur la liste du patrimoine
Le résultat est qu’un tiers du plafond (coté mondial de l’Humanité. Cet atelier, d’une
fleuve) est à déposer car les attaques des durée de trois jours, avait pour objectif, d’une
termites provoquent des désordres tels qu’il part, de mobiliser tous les acteurs et parte-
est indispensable de remplacer certaines naires concernés pour célébrer cet événe-
pièces du plafond et de la charpente. ment majeur de la ville et réfléchir à la
dimension qu’il convient de donner à la ques-
L’apport technique tant du point de vue char- tion patrimoniale dans la politique de la ville
penterie et menuiserie que de celui des sels et, d’autre part, de poursuivre la sensibilisa-
et termites a fourni des éléments nouveaux tion et l’implication des Saint-Louisiens et
au cahier des charges existant. Il était impé- des acteurs locaux autour de la question du
ratif de revoir le CDC afin de mener à bien le patrimoine. Dans ce cadre, Annick Piron en
chantier de l’ancienne Assemblée territoriale partenaire avec l’architecte APEFE, Vincent
du Fleuve. Il est important de souligner que Duvigneaud a présenté une communication
l’architecte APEFE présent depuis le mois sur «Les métiers du patrimoine et la sauve-
Sénégal, Saint-Louis, placement d’août à Saint-Louis, Vincent Duvigneaud, a garde du savoir-faire: la réhabilitation de l’an-
de la plaquette commémorative © IPW élaboré un travail remarquable à ce sujet. Nous cienne assemblée territoriale du Fleuve».

L’aile de l’Abbesse inaugurée


Nous l’annoncions dans le numéro précédant invités ont pu déguster la bière de la Paix-Dieu est, lui, librement accessible tous les jours de
de la Lettre de la Paix-Dieu (janvier à mars (brune ou blonde, désormais en vente sur place midi en semaine, pour celles et ceux qui veulent
2007, qui malheureusement n’était pas encore au restaurant de la «Table de l’Abbaye»), appré- découvrir et savourer la cuisine de la «Table de
arrivée chez nos lecteurs fin avril, suite à la cier un film réalisé par Cultura Europa retra- l’Abbaye»: celle-ci propose chaque jour midi
faillite de notre routeur): depuis janvier de cette çant l’histoire du projet Paix-Dieu depuis ses des plats de qualité (le gestionnaire est celui du
année, il est possible de loger à la Paix-Dieu, origines voici quinze ans, entendre deux brèves réputé «Un temps pour soi» à Villers-le-Bouillet)
qu’il s’agisse des stagiaires (dans des studios allocutions et, surtout, découvrir la qualité du à des prix planchers! On vous attend...
individuels) ou des élèves en classes d’éveil travail de l’architecte Alain Dirix et des entre-
(dans des chambres collectives). L’inaugura- prises adjudicataires. Le thème des Journées Inauguration officielle le 24 avril 2007,
tion du bâtiment rénové a eu lieu en présence du Patrimoine ne s’y prêtant pas cette G. Focant, DPat © MRW
de 200 personnes le 24 avril en fin de journée. année, une Journée «portes ouvertes»
L’ancien Ministre du Patrimoine Robert Colli- sera organisée à l’attention du grand
gnon, la Présidente du Sénat Anne-Marie Lizin, public, en principe le dimanche
la Directrice générale de la DGATLP Danièle 14 octobre. En attendant, la Maison du
Sarlet ainsi que plusieurs députés et bourg- Tourisme est ouverte tous les jours dans
mestres étaient présents avec de nombreuses le monumental hall d’accueil de la Paix-
autres personnalités du monde politique, quan- Dieu (excepté le lundi) et un simple
tité d’acteurs du secteur du Patrimoine (notam- coup d’œil extérieur sur l’Aile de l’Ab-
ment beaucoup de professionnels formateurs besse rénovée, au départ de ce hall,
à la Paix-Dieu et qui font sa renommée) et bon permet déjà de se rendre compte de
nombre de partenaires de l’Institut du Patri- l’excellence du travail réalisé. Pour ce
moine wallon dans ses autres missions. Les qui est de l’intérieur, le rez-de-chaussée

11
Le Centre de la Paix-Dieu– N o 25 – 2007

Stage «Méthodes de sauvetage et de consolidation» à l’Abbaye de Villers-la-Ville


Pour la deuxième année consécutive, nous abbaye de Villers-La-Ville. Ce fut l’occasion pour
avons souhaité participer à un stage «pratique» nous de nous familiariser avec le site durant
proposé par la Paix-Dieu. Après un premier 4 jours et de mettre la main à la pâte.
stage sur les différentes techniques anciennes
de taille de pierre, notre choix s’est porté Après une observation rigoureuse des diffé-
cette année sur le stage «Méthodes de sauve- rentes pathologies, comme la stabilité des
tage et de consolidation». Nous sommes maçonneries ou les effets néfastes de divers
toutes les deux employées à la Ville de Liège végétaux, chacun des stagiaires s’est vu attri-
respectivement comme architecte et archéo- buer un petit chantier à sauver et à consolider.
logue et nous espérons prochainement Ce fut un travail extrêmement enrichissant
travailler exclusivement à la restauration de qui nous a permis de prendre conscience de
nos bâtiments classés, c’est pourquoi ce stage l’importance de petites actions prioritaires de
nous semblait être très important. maintenance, peu coûteuses, simples à mettre
en œuvre, et qui stabilisent les dégradations
Après deux journées théoriques passées à la de l’édifice avant une restauration souvent
Paix-Dieu, nous avons eu la chance de réaliser, onéreuse, longue et fastidieuse. Catherine
sous la conduite de Jacques de Pierpont, le stage GALIMONT et Annick THOMAS, archéologue et
pratique sur le site exceptionnel de l’ancienne architecte à la Ville de Liège. Stage de consolidation à Villers-la-Ville © IPW

Maisons Bauwens C’est par un grand soleil de février qu’ont Les travaux, menés avec soin et compétence
débuté les travaux d’entretien de la toiture par l’entreprise, ont duré 15 jours ouvrables.
de la Maison Bauwens à Verviers, conduits par Chaque question relative à la restauration ou
l’entreprise adjudicataire SPRL Georges à la conservation des éléments a été soulevée,
Hennen de Jalhay. Les travaux consistaient à discutée et résolue en prenant en compte les
réparer la couverture de tuiles, à démonter avis des deux partenaires du projet, la Ville de
les trois cheminées vétustes, à placer cinq Verviers et l’IPW. Ainsi, vu l’état des tuiles, en
fenêtres de toit à l’endroit des anciennes taba- grande partie poreuses et cassantes, la déci-
tières, à restaurer les boiseries et les zincs sion a été prise de remplacer complètement
des corniches avant et arrière, à remplacer les la couverture en utilisant des tuiles similaires
planches de rives en bois et, enfin, à monter par leur teinte et leur format d’origine.
un échafaudage tubulaire devant la façade
principale du bâtiment. En ce qui concerne la corniche avant, tous
les éléments pouvant être conservés l’ont
Cet échafaudage, placé pour une durée de été, mais malheureusement une grande partie
cinq ans, permettra de faciliter l’accès aux des boiseries et des zincs étaient attaqués
façades afin d’affiner les études préalables par l’humidité et la mérule présentes depuis
en cours et de débuter, enfin, les travaux de nombreuses années dans le bâtiment.
sous la forme de chantier-école. Le chantier- Heureusement, ces problèmes sont aujour-
école relatif à la restauration des châssis Art d’hui pratiquement résolus grâce à l’achè-
Nouveau débutera lors de notre prochain vement des travaux de drainage et de
programme 2007-2008. Un article précisant traitement des boiseries.
le contenu de la formation paraîtra dans le
prochain numéro de La Lettre du Patrimoine Petit à petit, ce magnifique bâtiment retrouve
Verviers, maison Bauwens, restauration des (juillet – septembre 2007). Un appel est d’ores une nouvelle vie à l’image de son état d’ori-
corniches © IPW et déjà lancé à tout stagiaire intéressé. gine.

La disparition Paix-Dieu dans les années ’90, la structure de et, lors de ce qui allait être, hélas, notre dernière
son programme de stages et la mise en œuvre rencontre, en avril à l’hôpital, il avait encore
de Gilles Nourissier de celui-ci au début. Plusieurs des premiers exploré avec optimisme d’autres pistes de colla-
stages donnés à la Paix-Dieu le furent d’ailleurs borations possibles entre nos deux organismes.
Fondateur, développeur et moteur de la réputée par des formateurs de l’Ecole d’Avignon, et un Peut-être pourrons-nous les concrétiser sans
«Ecole d’Avignon», fortement impliqué dans la des «piliers» de notre propre équipe, Jacques lui, mais en cette heure amère, je tenais à souli-
section française et dans les activités d’ICOMOS, de Pierpont, avait lui-même bénéficié d’une gner au nom de l’équipe de la Paix-Dieu ce que
homme de contacts internationaux multiples, formation spécifique à Avignon. Depuis, en celle-ci devait à Gilles Nourissier et saluer son
Gilles Nourissier est mort le dimanche 6 mai au dépit d’inévitables difficultés ponctuelles, les souvenir, en ami. F. JORIS.
soir à l’hôpital d’Avignon, terrassé par le cancer liens s’étaient resserrés entre les deux écoles
contre lequel il se battait depuis cinq mois à du Patrimoine: association de la Paix-Dieu en Gilles Nourricier au Salon
peine et dont on aurait pu croire, à Pâques, la personne de son directeur au programme du Patrimoine à Paris en
qu’il le vaincrait. Gilles venait d’avoir 53 ans. «Euromed», mise en œuvre conjointe d’un novembre 2006, © IPW
Une de ses dernières prises de parole publiques ouvrage sur les enduits, badigeons et rejoin-
avait été, en novembre dernier, notre confé- toiements en Wallonie, envoi de stagiaires
rence de présentation conjointe de l’Ecole wallons pour des formations de longue durée,
d’Avignon et de la Paix-Dieu, au Carrousel du représentation de la Paix-Dieu à l’Assemblée
Louvre, dans le cadre du Salon du Patrimoine générale annuelle de l’Ecole d’Avignon, etc.
à Paris. L’exemple de l’Ecole d’Avignon était un Gilles était un soutien du Centre wallon de
de ceux qui avaient inspiré la création de la perfectionnement aux métiers du Patrimoine

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La Vie des Associations – N o 6 – 2007


Politique patrimoniale de la province de Liège
Compte tenu du formidable atout moine provincial, cette dernière s’ins- Enfin, la quatrième priorité de cette légis-
que constitue son patrimoine par sa crivant dans le prolongement d’une poli- lature est la réalisation de projets d’en-
diversité et son étendue, la Province de tique initiée durant la précédente vergure à identité provinciale forte. Il
Liège a adopté une politique patrimo- législature et qui se concrétise actuelle- s’agit, entre autres, de la finalisation de
niale fondée sur quatre objectifs princi- ment, entre autres, par le regroupement la construction de l’Institut provincial
paux. des centres PMS et PSE. de Formation des Agents des Services
publics à Seraing et de l’optimisation du
Il s’agit tout d’abord de la pérennisation Le Collège provincial s’est également site sportif de Naimette-Xhovémont. Il
des infrastructures existantes. Vu l’am- fixé comme objectif de mettre en valeur s’agit là de deux exemples types illus-
pleur du patrimoine immobilier, à savoir le patrimoine historique ou classé de la trant cette volonté affichée par la
plus de 400 bâtiments répartis sur une Province de Liège et ceci dans le cadre Province de Liège.
centaine de sites, la tâche s’annonce de sa préservation, de sa restauration et
ardue. Néanmoins, elle revêt un carac- de son ouverture au plus grand nombre. Il faut également souligner l’importance
tère indispensable afin de garantir aux La Province de Liège privilégie, en effet, majeure accordée à l’aspect environne-
divers utilisateurs des infrastructures un des mesures conservatoires et des mental lié au patrimoine. La réalisation
bien-être optimal. La réalisation de cet travaux de restauration au niveau d’édi- du cadastre énergétique constitue un
objectif majeur se concrétisera par des fices remarquables, comme le château de objectif fondamental. Le Collège provin-
travaux de rénovation, de conservation, Jehay, reconnu patrimoine exceptionnel cial entend réaliser, dans le cadre d’études
de sécurisation et d’extension au cours de Wallonie, le château de Harzé ou diverses, de réelles économies d’énergie
de la législature. encore le château fort de Logne. et il accordera une attention particulière
Conscient de l’ampleur de la tâche, le à l’intégration de techniques et de maté-
La seconde priorité du Collège provin- Collège provincial y attache une impor- riaux de construction concrétisant sa
cial consiste en la rationalisation du patri- tance toute particulière. politique de développement durable.

Musée de la Vie wallonne


Dans le cadre de la rénovation du patri- Gravement sinistrés durant la
moine provincial, l’aménagement du Seconde Guerre mondiale, ils
Musée de la Vie wallonne, anciennement ont été restaurés dans les
couvent des frères mineurs ou francis- années 1966 à 1970. C’est sur
cains, constitue un projet de taille pour base de cet héritage patrimo-
la Province de Liège. Implantés au pied nial que le projet de rénova-
de la Montagne de Bueren depuis le tion du Musée de la Vie
XIIIe siècle, les bâtiments monastiques wallonne a été initié en
furent remplacés par de nouvelles décembre 2003. Il s’inscrit
constructions au XVIIe siècle en style dans la perspective d’un redé-
Renaissance mosane. ploiement culturel pour
permettre l’accès
au public le plus
large possible.

Le véritable défi
est de cerner la
culture wallonne,
et de la situer dans
une perspective
eurégionale. L’an-
cien couvent des
frères mineurs,
et l’église Saint-
Antoine forme-
ront un complexe
muséal polyvalent Liège, ancien couvent des frères mineurs,
qui unira les tech- Musée de la Vie wallonne, G. Focant, DPat © MRW
niques de pointe
en juste équilibre avec les La maison Chamart, autrefois résidence
lieux. Grâce à des contacts du prélat provincial et de la biblio-
privilégiés avec les plus thèque, s’intégrera également dans cet
grands musées franco- ambitieux projet. Elle continuera
phones, la rénovation du d’amuser petits et grands grâce à son
Musée de la Vie wallonne célèbre théâtre de marionnettes et elle
permettra la conjugaison accueillera également la section scien-
d’expositions permanentes tifique du Musée, ainsi qu’une «antenne»
et temporaires qui suscite- du Fonds d’histoire de Mouvement
Liège, ancienne église Saint-Antoine, ront l’intérêt d’un public wallon et de la bibliothèque des
Musée de la Vie wallonne, G. Focant, DPat © MRW plus large. dialectes wallons.

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La Vie des Associations – N o 6 – 2007

La Province de Luxembourg et le patrimoine


Impossible, en Luxembourg, de parler de le cadre de sa colla-
patrimoine sans évoquer la mémoire de boration avec les
l’architecte provincial Jean Guillaume, communes, par
qui fut à l’origine de la création d’une contre, elle est de
direction bâtiments et aménagement du plus en plus impli-
territoire offrant aux 44 communes de quée dans la restau-
la province, en matière de protection et ration de joyaux
de mise en valeur du patrimoine archi- architecturaux, dont
tectural, une aide équivalente à celle plusieurs sont inscrits
qu’elles recevaient déjà, en matière de sur la liste du patri-
gestion de la voirie, de la part des moine exceptionnel
commissaires-voyers. Très sensible à de Wallonie.
la protection du riche patrimoine
communal, cet homme d’exception sut L’église de Melreux,
toujours s’assurer la collaboration pluri- où la délicate restau-
disciplinaire de spécialistes (peintres, ration du riche décor
sculpteurs, historiens) pour doter ce baroque (un des rares
service d’une expertise, aujourd’hui exemplaires dont des
reconnue, dans l’entretien des innom- traces significatives
brables édifices du culte et du petit patri- nous soient parve-
moine (calvaires, chapelles, lavoirs, nues) entre dans sa Saint-Hubert, Fourneau Saint-Michel, G. Focant, DPat © MRW
fontaines). phase d’exécution,
est une référence en matière de coopé- Le patrimoine profane n’est pas en reste.
Si la Province de Luxembourg peut s’en- ration avec la Division du patrimoine de L’impressionnant château du Faing, à
orgueillir d’être locataire d’édifices aussi la Région et avec des spécialistes privés. Jamoigne, en est l’exemple le plus monu-
prestigieux que le palais abbatial de Saint- Le lifting de l’église décanale Saint-Martin mental. La «montée royale» de l’église
Hubert, dont l’extérieur vient d’être d’Arlon et celui de la basilique de Saint- Saint-Donat d’Arlon, la fontaine de la
admirablement restauré, ou le palais du Hubert constituent des chantiers de place de l’Abbaye à Saint-Hubert, la ferme
gouvernement provincial à Arlon, elle longue haleine, pour lesquels l’expé- du Clémarais à Aubange, les kiosques
n’est propriétaire, en matière de patri- rience acquise doit, humblement, s’as- de Saint-Mard et de Virton en illustrent
moine classé, que des quelques bâti- socier aux techniques modernes sans éloquemment la variété et la richesse.
ments du Fourneau Saint-Michel. Dans trahir celles, anciennes, des bâtisseurs. André HENNICO.

Objectif «patrimoine» en province de Namur


Créé en 2000, le Service du Patrimoine Ce service provincial met régulièrement Depuis plusieurs années, le Service
culturel de la Province de Namur a pour sur pied des expositions et des journées œuvre à la coordination des actions
mission principale de «sauvegarder, d’étude assorties de différentes publi- provinciales sur la matière patrimoniale,
mettre en valeur et développer le patri- cations et du site Internet comme ce en particulier lors des années théma-
moine culturel de la Province de Namur, fut le cas, par exemple, sur l’architec- tiques, ainsi qu’à la mise en réseau des
qu’il s’agisse de patrimoine mobilier ou ture rurale dans son contexte paysager. ressources locales jusqu’à l’échelon
immobilier, de patrimoine matériel ou Il a aussi réalisé quelques outils péda- international (les Itinéraires culturels
immatériel». gogiques (ex.: parcs et jardins, balle européens, les accords bilatéraux de
pelote…). coopération culturelle…). Ainsi, 1999
Pour ce faire, ce Service travaille sur fut dédiée au folklore, 2000 aux parcs et
plusieurs axes: jardins, 2001 aux saveurs, 2003 à l’ar-
- aider les communes, les associations, chitecture, 2004 à la musique, 2006 aux
voire les particuliers à conserver et valo- villages et terroirs.
riser le patrimoine (entre autres, via la
subsidiation Le chantier du patrimoine est vaste et
– imposée par le CWATUP -, des monu- foisonnant. C’est un pan important de
ments et sites classés); l’identité culturelle et de l’attractivité
- sensibiliser le grand public aux d’une région. À sa manière, la Province
richesses patrimoniales de notre de Namur cultive ainsi ses spécificités
Province; pour mieux vivre au présent et
- mettre en réseau (de l’échelon régional construire un meilleur avenir pour tous.
à l’échelon international) le patrimoine Martine JACQUES, Député provincial
culturel de notre province. en charge de la Culture et du Patri-
moine.
Outre les dossiers de subsidiation concer-
nant les monuments et sites classés, il Contacts: Marie-Françoise Degembe,
fournit de l’aide méthodologique à ce Animatrice en chef, Coordinatrice,
propos, de l’assistance technique via des Service du Patrimoine culturel, 22,
formateurs, animateurs ou experts en avenue Reine Astrid, B-5000 Namur.
cette matière, assistance chaque fois Tél.: +32 (0)81 729 703. Fax: +32 (0)81
adaptée aux projets des demandeurs. 729 797. www.patrimoineculturel.org.

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Suite de la page 6

Publications et Manifestations – N o 6 – 2007


Exposition «Habiter la Méditerranée», Chypre, Nicosie, du 10 au 21 janvier 2007
À l’initiative de l’Association des Ingénieurs ville. Elle consiste en un long et impressionnant à consulter les légendes des photos, elle serve
civils et des Architectes de Chypre, du Dépar- tunnel aménagé à travers la muraille qui rejoint de véritable catalyseur pour toute une série
tement des Antiquités et de l’Organisation les fossés. Il est, en son centre, surmonté d’une d’initiatives et d’activités diverses. Destinée
chypriote du Patrimoine, l’exposition coupole qui laisse filtrer la lumière. au grand public, aux professionnels du Patri-
«Habiter la Méditerranée» a été inaugurée à moine, tout comme aux responsables et déci-
Nicosie, le 10 janvier dernier en présence de L’exposition «Habiter la Méditerranée» est deurs politiques ayant des compétences en
nombreuses personnalités dont principale- coproduite par trois Régions: Région Aménagement du Territoire, Culture, Patri-
ment le Ministre de l’Éducation et de la Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA), l’Ins- moine, Tourisme, Logement..., elle aborde
Culture, le Ministre des Communications et titut européen de la Méditerranée et le trois grands axes de réflexion:
du Travail, le Directeur général de son Minis- Gouvernement de la Catalogne et la Région – la Méditerranée en tant qu’espace circulé,
tère et le Directeur du Département des Anti- wallonne dans le contexte des accords de urbanisé, modelé par l’homme;
quités, Madame le Maire de Nicosie, les coopération que chacune des Régions a signé – la maison, matrice et refuge, conçue pour
Présidents des associations organisatrices. avec certains pays méditerranéens. l’intimité et la vie sociale, enracinée dans un
terroir et dans une culture;
Le Centre culturel de Nicosie, qui fut l’écrin Cette exposition utilise la documentation – la réhabilitation de l’architecture tradi-
de cette exposition, est situé dans la Porte de constituée dans le cadre du projet CORPUS tionnelle et ses problématiques lorsque les
Famagouste dont le nom provient du fameux (programme Euromed Heritage de l’Union sociétés en mutation se concentrent en ville,
port qui fut longtemps le plus important de l’île. européenne) consacré au bâti traditionnel arbitrent entre conserver, maintenir, adapter,
C’est la plus belle et la plus travaillée de toutes dans l’espace méditerranéen. Son objectif est, réaffecter ou bien agir en remplacement
les portes de la muraille qui entoure la vieille qu’au-delà du plaisir des yeux et de la curiosité brutal. Christine HERMAN.

Itinéraires du Patrimoine wallon


La collection Itinéraires du Patrimoine ISBN 2-930466-05-7, 12 €; la carte touristique Ainsi, aux célèbres sites de Bois-du-Luc, du
wallon, forte de son succès, propose depuis et routière: 7 €; les deux achetés ensemble: Bois du Cazier, du Val-Saint-Lambert s’ajou-
un an une série de guides à destination du 15 €. tent 60 sites, morts ou vivants, mais présen-
grand public axés sur la découverte active du tant toujours un intérêt patrimonial et/ou
patrimoine de Wallonie. Grâce à des notices Le quatrième volume, qui paraîtra au mois culturel. Vous découvrirez ainsi notamment
bien documentées et agrémentées de nom- de juillet, propose, quant à lui, de découvrir le charbonnage du Bas-Bois (Soumagne), les
breuses photographies, ces ouvrages vous invi- le patrimoine industriel de Wallonie dans ses fours à chaux du Pays blanc (Tournai et
tent à découvrir un patrimoine hors du multiples formes et affectations actuelles. Antoing), les moulins de Beez (Namur), le
commun dont seuls les éléments les plus signi- Depuis les grandes étapes de la désindus- site de l’Université du Travail (Charleroi) et
ficatifs sont connus, mais dont bien des témoins trialisation, on assiste, en Wallonie, à l’ap- l’usine Émile Henricot (Court-Saint-Étienne).
ont sombré aujourd’hui dans l’oubli. Afin de parition d’un intérêt nouveau pour le Ce guide s’attache à mettre en lumière ces
faciliter votre visite sur le terrain, l’informa- patrimoine industriel. Vestiges de charbon- traces de l’histoire industrielle wallonne,
tion contenue dans les ouvrages est complétée nages, de carrières, d’imprimeries, de manu- métamorphosée aujourd’hui en héritage.
par une carte touristique et routière de la factures, d’usines textiles… composent notre
Wallonie reprenant les différents circuits ainsi paysage. On peut affirmer que la Wallonie
que l’ensemble des sites abordés dans les guides fourmille véritablement de sites industriels. archéopass
avec leurs coordonnées complètes. Ces livres, la route du patrimoine
archéologique
véritables outils pratiques de visites, sont
céline dupont
déclinés à travers différents thématiques: aux
abbayes et à l’Art nouveau s’ajoutent aujour-
la route du
patrimoine
d’hui l’archéologie et le patrimoine industriel.

Ainsi, La Route du patrimoine archéologique


industriel
valérie dejardin
3
constitue le troisième volume de la collection.
Ce guide vous invite à la rencontre des témoins
archéologiques wallons, de l’apparition de
l’homme à nos jours. Vous découvrirez ainsi la
4
richesse archéologique de notre patrimoine,
des grottes préhistoriques aux châteaux
féodaux, des villas gallo-romaines aux abbayes
médiévales. En effet, à côté des sites prestigieux
comme l’Archéoforum de Liège ou le Préhis-
tosite de Ramioul, une multitude de témoins
de notre passé sont présentés comme le tumulus
d’Hottomont à Ramillies, le site de Montauban-
sous-Buzenol ou encore la villa gallo-romaine de
Basse-Wavre. Grâce à ce guide, vous consta-
terez que l’archéologie ne se découvre pas que
dans les musées; elle se lit aussi dans le sous-sol,
dans le paysage, tout comme dans l’architec-
ture et l’urbanisme des villes et villages.

Dupont, C., Archéopass. La Route du patri- i t i n é r a i r e s d u pa t r i m o i n e wa l l o n


moine archéologique, Namur, 2007, 160 p.,

i t i n é r a i r e s d u pa t r i m o i n e wa l l o n 15
Publications et Manifestations – N o 6 – 2007

Les «Dossiers de l’IPW»: une nouvelle collection


Ayant hérité de la compétence en Patrimoine architectural. Pertinence et
matière de sensibilisation du grand impertinence. L’objectif poursuivi par LES DOSSIERS
public au patrimoine, notamment par ces deux journées était de répondre à 1 DE L’IPW
l’intermédiaire des publications, l’Ins- une question cruciale en termes de réaf-
titut du Patrimoine wallon vient de lancer fectation du patrimoine: jusqu’où le Les chemins de l’eau
Les réseaux hydrauliques
une nouvelle collection: «Les Dossiers respect du monument classé peut-il aller, des abbayes cisterciennes
de l’IPW». Celle-ci a pour objectif de sans compromettre pour autant un projet du Nord de la France et de Wallonie
mettre à la disposition, non seulement de réaffecation et, avec lui, les moyens Virginie BOULEZ, Raymond DE FAYS,

des scientifiques, mais aussi et surtout financiers qui permettent sa restauration? Bénédicte DOYEN et Michel DUBUISSON

des professionnels, les outils les plus Et pour répondre avec plus d’objectivité
adéquats en ce qui concerne la conser- à cette interrogation, l’IPW avait résolu-
vation et la restauration du patrimoine, ment pris le parti de n’inviter que des
tant en termes de techniques que de orateurs étrangers. Ce qui confère indu-
principes directeurs. À l’heure actuelle, bitablement à ces actes un intérêt accru.
deux numéros sont déjà disponibles en
librairie ou à la boutique de l’IPW, le La réutilisation du Patrimoine archi-
troisième paraîtra vers le 15 juin et deux tectural. Pertinence et impertinence.
autres volumes sont en préparation. Actes du colloque de la Paix-Dieu (Amay)
des 9 et 10 septembre 2004, Namur, 2006,
Le premier volume paru est, en réalité, la 140 p., ISBN 2-930466-03-0, 15 €.
réimpression anastatique de l’ouvrage inti-
tulé Les chemins de l’eau. Les réseaux Le troisième volume de cette nouvelle LES DOSSIERS
2 DE L’IPW
hydrauliques des abbayes cisterciennes collection paraîtra en juin 2007 et il sera
du Nord de la France et de Wallonie. consacré aux Techniques du vitrail au La réutilisation du
C’est ainsi pas moins de 15 réseaux hydrau- XIXe siècle. Il reprend l’ensemble des Patrimoine architectural
liques d’abbayes françaises (Beaupré-sur- communications qui seront présentées
la-Lys, Flines, Signy, Vaucelles, etc.) et les 14 et 15 juin 2007 lors du colloque Pertinence et impertinence
wallonnes (Aulne, Cambron, Villers, la sur ce thème, organisé par l’IPW, Actes du colloque de la Paix-Dieu (Amay)
des 9 et 10 septembre 2004
Paix-Dieu à Amay, etc.) qui ont été étudiés le Comité international du Corpus
par les meilleurs spécialistes du sujet, jetant Vitrearum pour la conservation des
un regard neuf sur cet important savoir- vitraux et le Comité wallon pour le Vitrail
faire cistercien. L’ouvrage a reçu le parrai- associé au Corpus Vitrearum Belgique,
nage de la Charte européenne des Abbayes qui se tiendra aux Moulins de Beez à
et Sites cisterciens. Namur. Le quatrième volume publiera
également les actes d’un autre colloque,
Boulez V., De Fays R., Doyen B., et organisé par le Centre wallon d’Archéo-
DUBUISSON M., Les chemins de l’eau. logie du Bâti, qui s’est tenu à l’Univer-
Les réseaux hydrauliques des abbayes sité de Liège en janvier 2005 et qui avait
cisterciennes du Nord de la France et pour thème les peintures murales et leurs
de la Wallonie, Namur, 2006, 144 p., techniques. Enfin, le cinquième ouvrage,
ISBN 2-9600421-6-6, 12 €. rédigé par un des meilleurs spécialistes grandes périodes de l’histoire de l’art
du sujet, Bernard Wodon, sera un diction- avec leurs spécificités adornologiques.
Le second numéro de la collection naire de l’ornement qui, outre la liste
contient les actes d’un colloque qui s’est alphabétique des différents termes d’ador- Pour passer commande: tél.: +32(0) 81
tenu à la Paix-Dieu les 9 et 10 septem- nologie – la science de l’ornement –, 230 703, fax: +32(0) 81 659 097, mail:
bre 2004 intitulé La réutilisation du présentera également un bref survol des m.vanopstal@institutdupatrimoine.be

raphique Répertoire bibliographique Rép


épertoire bibliographique Répertoire bib Répertoire bibliographique des sites et trouvailles
ibliographique Répertoire bibliographiq archéologiques de la province de Hainaut.
ue Répertoire bibliographique Répertoir
ographique Répertoire bibliographique (Charleroi et Thuin)
épertoire bibliographique Répertoire bib
ibliographique Répertoire bibliographiq
ue Répertoire bibliographique Répertoir Ce volume, reprenant les découvertes moins: l’existence, en fin de volume,
ographique Répertoire bibliographique archéologiques faites dans les arrondis- d’un index détaillé par lieu-dit de chaque
CHRONIQUE DE L’ARCHEOLOGIE WALLONNE
sements de Charleroi et de Thuin de la ancienne commune et la présence d’une
Préhistoire à la fin du XVIe siècle, vient base de données informatique sur un
REPERTOIRE BIBLIOGRAPHIQUE clore la série des répertoires archéolo- CD annexé au volume papier.
DES SITES ET TROUVAILLES ARCHEOLOGIQUES
giques du Hainaut dont le premier
DE LA PROVINCE DE HAINAUT
volume est paru en 1981 avec Tournai KARLSHAUSEN, K., Répertoire bibliogra-
Arrondissements de Charleroi et de Thuin
De la Préhistoire à la fin du XVIe siècle et le second avec Mons en 2003. Comme phique des sites et trouvailles archéo-
dans le cas de ce dernier ouvrage, celui- logiques de la province de Hainaut.
ci s’inscrit dans la lignée de la Biblio- Arrondissements de Charleroi et
graphie de l’Archéologie en Région de Thuin. De la Préhistoire à la fin du
wallonne publiée en hors série de la XVIe siècle (Chronique de l’Archéologie
Chronique de l’Archéologie wallonne, wallonne. Hors série), Namur, 2006,
HORS
2006

SERIE avec deux différences notoires néan- 321 p., ISBN 2-9600421-4-X, 12 €.

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Suite de la page 4

Le Journal de la Restauration – N o 6 – 2007


Le château de Lavaux-Sainte-Anne L’ancien couvent
des Augustins à Enghien
La forteresse de Lavaux-Sainte-Anne a été les toitures et les menuiseries extérieures du
construite dans la première moitié du XVe siècle; château.
elle subsiste en bonne partie. Mais le quadrila- Premier établissement de l’ordre de Saint-
tère, cantonné de quatre tours circulaires et Et c’est pour mettre en œuvre la dernière phase Augustin en Hainaut fondé au milieu du
entouré de douves, a été aménagé au milieu du de restauration que le Gouvernement wallon a XIIIe siècle, le couvent d’Enghien, avec
XVIIe siècle par l’ajout de trois ailes d’habitation octroyé au maître de l’ouvrage, l’asbl «Les amis sa chapelle, a été reconstruit entre 1597
adossées aux courtines. À la même époque est du château», une subvention de quasiment et 1614. Centre d’un collège d’huma-
érigée la vaste ferme en brique et pierre bleue; 150.000 €, à laquelle il faut ajouter une subven- nités dès 1623, ce n’est que dans la
elle est composée d’étables, d’une grange, de tion complémentaire de presque 180.000 € première moitié du XVIIIe siècle que
bergeries et d’un logis. à charge des fonds structurels européens l’édifice acquiert sa physionomie actuelle
(FEDER), pour la réaffectation de l’ancienne durant l’importante campagne de
Depuis 2002, le château de Lavaux-Sainte-Anne, grange et de la bergerie. Les autres intervenants restructuration et d’aménagement qui
qui abrite le Musée de la chasse, fait l’objet sont la Province de Namur, avec un peu plus voit l’érection du cloître – à partir d’un
d’une campagne de restauration qui a été divisée de 3.500 €, la Commune de Rochefort, avec noyau du XVIIe siècle – et des ailes sud-
en trois phases, dont les deux premières sont presque 1.500 € et l’asbl, maître de l’ouvrage, ouest, sud-est et nord-ouest. Malgré le
achevées. Celles-ci concernaient la maçonnerie, avec un peu moins de 25.000 €. départ des Augustins en 1825, les bâti-
ments conservent une affectation
scolaire et, en 1887, ils sont à nouveau
transformés par les Jésuites pour y
installer une faculté pontificale de théo-
logie. Occupé par les Sœurs de Saint-
Vincent de Paul, l’ancien couvent est
désormais la propriété de la s.a. «Le grou-
pement immobilier de Mons». L’en-
semble est inscrit, depuis 2002, sur la
liste de l’IPW, lequel a épaulé le proprié-
taire dans ses démarches administratives.

En parallèle aux travaux spécifiques


d’aménagement en vue de la nouvelle
affectation des bâtiments en logement,
les parties classées en date du
5 avril 1972, à savoir la chapelle et son
mobilier, le rez-de-chaussée du cloître,
l’aile formant le coin des rues des
Augustins et de la Fontaine (façades et
toiture côté cour), les façades du côté
de la rue des Augustins et la façade du
bâtiment ancien rue de la Fontaine,
font l’objet de travaux de restauration.
Dans cette perspective, le Gouverne-
ment wallon a approuvé le projet de
Rochefort, château de Lavaux-Sainte-Anne, G. Focant, DPat © MRW restauration de l’ancien couvent et il a
octroyé à la s.a. «Groupement immo-
bilier de Mons» une subvention d’un
L’abbaye de Brogne à Saint-Gérard peu plus de 1.000.000 €.

C’est en 919 que fut fondée l’abbaye de Brogne des communes – a acquis le complexe
par saint Gérard, grand réformateur de la vie reli- abbatial, classé en 1995 et aujourd’hui
gieuse dans nos régions. Après sa mort, le culte inscrit sur la liste des monuments épaulés par
de saint Gérard se développa de manière telle l’Institut du Patrimoine wallon. Dans ce
que le monastère devint un lieu de pèlerinage dossier, la mission de l’Institut consiste à aider
très fréquenté à telle enseigne que celui-ci a le propriétaire pour dégager les moyens
donné son nom à la localité et inversement: financiers permettant de restaurer, puis de
l’abbaye Saint-Gérard de Brogne est devenue développer des activités à définir, en y réali-
l’abbaye de Brogne à Saint-Gérard! sant les travaux nécessaires pour s’adapter à
celles-ci.
De la période médiévale, il ne reste plus, actuel-
lement, que le très beau cellier gothique Le Gouvernement wallon a approuvé, fin 2006,
(XIIIe siècle), appelé aussi cave aux dîmes, un le projet de restauration des charpentes et des
petit cellier du XIIe siècle et une partie du porche toitures de l’ancienne abbaye de Brogne et il a
d’entrée de la ferme. Si celle-ci date, pour ses accordé au maître de l’ouvrage, en l’occurrence
parties classées, essentiellement du XVIe siècle, la commune de Mettet, un subside d’un peu
les bâtiments subsistants de l’ancienne abbaye plus de 337.000 € pour ces travaux. Reste qu’un
datent, quant à eux, plutôt du XVIIIe siècle. problème plus fondamental s’est posé depuis:
que faire du bâtiment auquel l’asbl qui gérait le
En 1974, la commune de Saint-Gérard – site depuis 1983 a dû renoncer tout récem- Mettet, Saint-Gérard, abbaye de Brogne,
devenue commune de Mettet après la fusion ment? G. Focant, DPat © MRW

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Le Journal de la Restauration – N o 6 – 2007

Le château de Baudignies à Mourcourt (Tournai)


L’existence d’un habitat féodal est un ancien fournil, probablement du Cependant, quelques travaux imprévi-
attesté à Baudignies dès le XIIIe siècle. XVIIe siècle. sibles ont conduit le maître de l’ouvrage
Il s’agit d’un ensemble architectural, à introduire une nouvelle demande d’in-
ceint par des douves, qui se compose Les façades et les toitures du château de tervention portant, notamment, sur la
d’un bâtiment principal en équerre des Baudignies ont été classées comme réalisation de contreforts en moellons.
XVIe, XVIIe et XIXe siècles. Le donjon monument le 22 juillet 1981. En date du Dans cette perspective, le Gouverne-
occupe le milieu de l’aile sud-ouest. De 22 décembre 2005, une subvention de ment wallon a approuvé le projet d’ar-
plan rectangulaire, il date probable- 345.000 € a été accordée au propriétaire rêté modificatif relatif à la restauration du
ment du XIII e siècle, mais il a été du bâtiment pour procéder à la restau- château de Baudignies dont le proprié-
rehaussé au XVI e ou XVII e siècle. ration de la tour du porche, du corps de taire a pu bénéficier d’une subvention
Un peu à l’écart subsiste également logis et du fournil. supplémentaire d’un peu plus de 8.300 €.

La basilique Saint-Martin à Liège


En cette année consacrée au 300e anni- Plus largement, cette subvention
versaire de la mort de Jean Del Cour, le constitue la cinquième phase de
maître liégeois de l’art baroque, le travaux d’une restauration qui a été
Gouvernement wallon vient d’octroyer entamée en 1991. Les montants
à la fabrique d’église de la basilique Saint- alloués pour les quatre premières
Martin à Liège une subvention d’un phases se sont élevés à un peu plus de
montant d’un peu plus de 450.000 € qui 6.750.000 €. Mais cet investissement
sera consacrée, notamment, à la restau- se justifie par l’importance capitale
ration de la chapelle du Saint-Sacrement de cette église, non seulement,
dont les bas-reliefs en marbre blanc comme cela a été précisé, pour l’his-
constituent un des chefs-d’œuvre de Jean toire de la religion chrétienne, mais
Del Cour. aussi pour l’histoire et l’histoire de
l’art de la ville de Liège.
Cette chapelle évoque une des fêtes
majeures du christianisme: la Fête-Dieu. Vers 965, l’évêque Éracle avait, en
C’est, en effet, sous l’impulsion de effet, choisi le site du futur Mont-Saint-
Julienne de Cornillon et d’Ève de Saint- Martin pour y installer la nouvelle
Martin que fut célébrée pour la première cathédrale de Liège, mais le projet fut
fois en 1246 à Saint-Martin cette fête abandonné par son successeur, Liège, basilique Saint-Martin, G. Focant,
spécifiquement dédiée au culte de l’Eu- Notger, qui construisit la nouvelle DPat © MRW
charistie; elle fut étendue en 1264 à toute cathédrale sur le site de l’actuelle
la Chrétienté par le pape Urbain IV, qui place Saint-Lambert; ce sont notamment En 1312, la collégiale Saint-Martin a été le
fut archidiacre de Liège. Et c’est le les vestiges de cet édifice qui sont visibles théâtre du nom de cet épisode sanglant de
souvenir de cet événement historique à l’Archéoforum. Sur la colline, Notger la lutte entre les riches bourgeois et les arti-
qui a incité le pape Léon XIII à accorder érigea une collégiale dédiée à saint sans pour le gouvernement de la Cité de
à l’église Saint-Martin le titre de basilique Martin. Liège: le Mal Saint-Martin qui vit périr les
mineure en 1886. principaux représentants de la bourgeoise
urbaine, pris au piège dans l’incendie de
la collégiale provoqué par les artisans.

Et c’est au début du XVIe siècle qu’à l’ini-


tiative d’Érard de la Marck et sous la direc-
tion de l’architecte Art van Mulcken,
architecte de l’église Saint-Jacques et du
palais épiscopal, Saint-Martin fut, hors la
tour, entièrement reconstruite en style
gothique. L’église sert également d’écrin
à un très bel ensemble de vitraux Renais-
sance (1530-1540), pour l’essentiel
consacré à la vie de la Vierge.

Devenue église paroissiale après le


Concordat de 1801, Saint-Martin ne
connut au XIXe siècle que quelques
aménagements relativement limités dans
leur ampleur, notamment le repare-
mentage de la tour et l’ajout de pinacles
néogothiques. Par contre, la vaste et
longue campagne de restauration menée
par la Région wallonne rend enfin justice
Liège, basilique Saint-Martin, G. Focant, DPat © MRW à un édifice chargé d’histoire.

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Suite de la page 2

La Lettre du Patrimoine – N o 6 – 2007


Architecture paysagère au domaine de Ronchinne, Assesse. Un site à requalifier?
Dans le cadre de la requalification des sites catalogue de la pépinière
classés en Région wallonne, le dossier du site au Fort-Jaco à Bruxelles,
de Ronchinne (Assesse, prov. de Namur) a été J. Buyssens renseigne les
examiné par la Direction de la Protection. jardins dans lesquels il a
Ce site comprend deux ensembles. Le travaillé: au château de
premier inclut le château, constitué au départ Ronchinne pour la prin-
d’un donjon médiéval, et la ferme. Le second cesse Napoléon; Court-
est formé par le château Napoléon construit Saint-Étienne pour P.
à la fin du XIXe siècle et son parc. Seuls les Henricot, chez Reding à
édifices d’origine médiévale (château et Dave; château d’Oste-
ferme) et les terrains environnants sont merée; le baron de Mevius
classés comme site depuis le 13/09/1988. à Rhisnes, e.a.

La partie comprenant le château du XIXe et Né en 1872, J. Buyssens


le parc n’est pas reprise dans le périmètre rentre à l’école d’horti-
concerné. C’est l’occasion de se poser la culture de Gand après un
question de la place des jardins, mais aussi du bref séjour au Conserva- Plan de E. Gallopin, 1912, conservé par G. Gallet, G. Focant, DPat © MRW
patrimoine des XIXe et XXe siècles dans la toire de musique. Il réalise
requalification des sites. Nous nous trouvons différents stages en Allemagne et en Angle- nombreux mixed borders, d’un très grand
face à un ensemble unique de jardins conçu terre. Il est engagé chez Édouard André à Paris jardin «fleuriste», d’un jardin de vivaces, d’une
par l’architecte belge Jules Buyssens (1872- en 1896 et est très vite nommé responsable ancienne carrière pour une promenade pitto-
1958) à la demande de S.A.I. la Princesse de la création de jardins en France et à l’étranger resque, d’une roseraie sur plusieurs niveaux
Napoléon vers 1911. Le plan1 aquarellé est (Pologne, Île de Jersey). Après son mariage, il face au château. Ces éléments, source d’en-
conservé par le fils de l’ingénieur Théo Gallet, s’installe à Uccle en 1902 comme indépen- tretiens coûteux, n’ont pas été conservés, les
collaborateur de J. Buyssens. dant et il pose à cette époque les premiers structures étant, pour la plupart, encore en
jalons de son association «Le nouveau jardin place. Il s’agit d’une œuvre majeure de J. Buys-
En 1888, le notaire Logé-Morimont, de Namur pittoresque». Un bulletin paraîtra entre 1914 sens qui met à profit le domaine princier pour
construit un château à Ronchinne. Sa veuve et 19403. Le désir de Buyssens et de ses colla- illustrer son concept du nouveau jardin pitto-
aménage la voirie d’accès en 1901. La famille borateurs (son frère Adolphe Buyssens, Louis resque.
vend le château et le parc en 1911 à un rentier van der Swaelmen, Théo Gallet et, plus tard,
bruxellois, M. Dumonceau de Berghendael. Lucien Boucher et René Pechère) est d’im- Toutefois, comme à La Hulpe, ce plan semble
Sur le plan cadastral de l’époque, on peut lire poser des idées réformatrices de l’art des jardins succéder à un ensemble préexistant. Un plan
que la parcelle entourant le château est un de l’époque. Ils défendent l’idée d’un jardin antérieur (1912), signé d’Edmond Galopin,
jardin d’agrément. Toutefois, elle n’occupe éclectique, abondamment fleuri, comportant créateur du parc Josaphat à Schaerbeek,
pas la totalité du jardin que l’on connaît scènes aquatiques, rocailles fleuries, pas japo- présente déjà l’idée du «torrent» dévalant la
aujourd’hui. En 1913, le prince Napoléon, nais, murs fleuris, mixed borders, intégrant pente jusqu’au petit étang et les tracés de
époux de Clémentine de Belgique (fille de jardin japonais, jardin régulier, jardin alpin, nombreuses allées, mais il ne permet pas de
Léopold II) achète la propriété. Le prince est roseraie… Ils prônent aussi le respect de la lever le doute sur la paternité du jardin.
alors propriétaire de la totalité du site (château végétation et de la flore indigène.
et ferme). La famille Napoléon vend le parc Le plan d’E. Galopin intègre la route en aval du
et le château en 1956 au Fonds spécial d’As- J. Buyssens réalise de nombreuses composi- site dans un jardin plus vaste. Les examens de
sistance aux Postiers qui l’a aménagé en centre tions: pour les Floralies gantoises où il obtient terrain ne permettent pas de discerner les struc-
de vacances. Le site jouit d’un statut privé. en 1913 le premier prix pour des plans de tures anciennes de l’autre côté de la voirie. Les
jardins et pour son jardin alpin, pour l’expo- jardins sont limités à la route, seul un ancien
En Wallonie, au moins deux jardins sont attri- sition universelle de Bruxelles en 1935. En portail de type «parc de chasse» est établi au-
bués avec certitude à Buyssens: le domaine de même temps, il est nommé comme inspec- delà, sans correspondance avec les tracés de
Ronchinne et le parc du château de Court- teur des plantations à la Ville de Bruxelles. Il E. Galopin. L’hypothèse d’un plan de E.
Saint-Étienne. J. Buyssens a travaillé sur le parc meurt à la veille de l’inauguration de l’expo- Galopin, relevé d’une situation existante au
Solvay à La Hulpe, y succédant à Louis Van der sition universelle de 1958, qui voit consacrer moment de la vente du domaine, semble
Swaelmen. Les plans conservés ne concernent «le jardin congolais» une réalisation résolu- exclue. Ce plan de 1912 serait donc un «jardin
toutefois que des ponts et rampes2. Dans le ment imaginaire de son collaborateur: René de papier», projet non abouti qui sera ensuite
Pechère. La grammaire du largement exploité par J. Buyssens qui en enri-
«nouveau jardin pitto- chira le projet, sans toutefois oser y intégrer une
resque» est particulière- voirie publique dans le jardin de la princesse.
ment bien illustrée dans
les jardins du Domaine Ronchinne n’en est pas moins un témoin
de Ronchinne. L’examen majeur d’un mouvement éphémère de l’art
des plans heureusement des jardins en Belgique au début du XXe. Les
conservés par G. Gallet décennies qui suivront verront le style
permet de préciser s’épurer pour aboutir, chez René Pechère
quelque peu l’interven- notamment à un jardin régulier, structuré
tion de J. Buyssens. par les végétaux taillés, pas ou peu fleuris.

Un plan aquarellé, signé, 1


Gilbert Gallet a sauvé quelques documents retrouvés
non daté, portant la men- chez son père. Une grande partie des archives est conservée
tion «pour SAI La Princesse à la Fondation Jules Buyssens, fondée en 1984, située au
Napoléon» reprend avec CERIA à Bruxelles. Nous tenons à remercier M. Gilbert
Gallet qui a mis à notre disposition ce précieux document.
fidélité les structures du 2
Parc Solvay La Hulpe-Fonds du Lanscape – 2005-RW.np
jardin actuel. Il montre 3
La quasi-totalité de la collection est conservée à la Fonda-
Plan de Jules Buyssens, n.d., conservé par G.Gallet, G. Focant, DPat © MRW les jardins enrichis de tion Jules Buyssens.

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La Lettre du Patrimoine – N o 6 – 2007
Nos excuses
Suite à la faillite de la société qui était
chargée d’assurer le routage de La
Lettre du Patrimoine, les 28.000
exemplaires du numéro 5 (janvier-
Des mécènes pour la Patrimoine wallon mars 2007) sont actuellement sous
l’autorité du curateur chargé de la
Le 25 mars 2007, près d’une centaine de liquidation de la faillite de ladite
chefs d’entreprises et de hauts fonction- société. Dès que nous aurons la possi-
bilité de récupérer l’ensemble des
naires ont répondu présents à l’invitation
fascicules, nous procéderons immé-
lancée par l’Institut et par Prométhéa qui
diatement à leur envoi, si celui-ci n’a
ont organisé conjointement une soirée au pas encore eu lieu à l’heure où vous
château de la Hulpe dédiée au mécénat en recevrez le présent numéro. En atten-
faveur du patrimoine. Le but de la soirée dant, La Lettre du Patrimoine, no 5, est
était de sensibiliser les invités à l’intérêt de téléchargeable sur le site internet à
participer, selon les moyens financiers l’adresse: http://www.institutdupa-
propres à chaque société, à la restauration, trimoine.be
à la réaffectation d’un monument classé ou
encore à la promotion de ce patrimoine. La Rédaction de La Lettre du Patri-
moine doit également signaler à ses
L’initiative était soutenue par le Comité de le souci de les préserver en apportant les lecteurs que, par manque d’articles
patronage de l’IPW, composé de person- soins adéquats à leur entretien. reçus concernant l’archéologie, la
nalités issues des milieux économique, parution du fascicule Les Nouvelles
de l’Archéologie a dû à nouveau être
culturel, financier et social, qui le soutient Le troisième projet est consacré au château
reportée au prochain numéro.
dans ses initiatives prises dans le cadre de de Thozée, remarquable témoin du
ses missions et qui sensibilise les milieux XIXe siècle lié à la vie et à l’œuvre de Féli-
susceptibles de s’associer à celles-ci. cien Rops. Le bien a déjà bénéficié d’aides
en nature (mobilier) de différentes entre- S’ABONNER?
Pour l’occasion, 5 projets qui bénéficient prises et de subsides publics pour la restau-
de l’appui de la Région wallonne ont été ration de plusieurs phases de travaux. À La Lettre du Patrimoine est intégra-
présentés. Ainsi, l’association des amis du ce jour, le partenariat recherché porte sur lement téléchargeable sur le site
www.institutdupatrimoine.be.
château des Ducs d’Havré est à la recherche la restauration des ateliers – résidences L’abonnement à La Lettre est entiè-
d’un échafaudage pour une durée rement gratuit, si vous en faites la
minimale d’un an afin de mener à demande par écrit, par fax ou par
bien les travaux qu’elle réalise dans mail (en aucun cas par téléphone, s’il
le cadre d’un certificat de patri- vous plaît) auprès de l’IPW à l’adresse
moine et qui, à terme, devraient ci-dessous:
permettre au public d’accéder à Institut du Patrimoine wallon
une nouvelle couverture plate de Cellule Communication –
La Lettre du Patrimoine
la toiture afin de pouvoir profiter Rue du Lombard, 79 – B-5000 Namur
d’un magnifique panorama sur le Fax: +32 (0)81 654 168 ou 150
site environnant et sur l’ensemble Courrier électronique:
castral baigné des douves. D’autres lalettre@institutdupatrimoine.be
travaux sont également envisagés Vous pouvez également choisir de
pour cet édifice tel que la restaura- recevoir chaque trimestre la version
tion de l’ancien donjon appelé électronique de cette lettre en en
faisant la demande à l’adresse:
«Tour d’Enghien» et le curetage des douves pour artistes. À plus long terme, le Fonds lalettre@institutdupatrimoine.be
pour pouvoir restaurer les maçonneries en Félicien Rops souhaite créer un espace
sous-sol notamment. muséal au rez-de-chaussée.

Le deuxième projet propose de financer Le quatrième projet concerne la restaura-


deux études: l’une historique, axée sur les tion de l’orgue de l’église Sainte-Lucie à
jardins du château de Belœil et l’autre, sur le Mortroux (Dalhem) qui est inscrit sur la Éditeur responsable
réseau hydraulique du domaine. Ces études liste des biens confiés à l’IPW. Cet instru- Freddy Joris
Administrateur général de l’IPW
permettront l’aménagement des jardins, ment de grande valeur organologique, une
classés monument exceptionnel de Wallonie, fois restauré, permettra de valoriser au Coordination
dans le respect de leur l’authenticité et dans mieux la musique du XVIIe siècle dans une Julien Maquet et Aurore Lemal
église à l’acoustique excellente. Bien que
subventionnés à 70 % par les pouvoirs Avec la collaboration
publics, il reste un solde de 50.000 € pour de la Commission royale
boucler le budget de sa restauration. des Monuments, Sites et Fouilles
de la Région wallonne,
de la Direction de la Protection
Le dernier projet s’intitule Cent merveilles de la Division du Patrimoine
de Wallonie. Cet ouvrage, abondamment (DGATLP/MRW)
illustré par des photographies de Guy Focant, et de Wallonia Nostra asbl.
photographe professionnel de la Région
wallonne spécialisé en Patrimoine, présen- Les articles non signés émanent
tera 100 splendeurs monumentales en des collaborateurs de l’IPW.
Wallonie. Il est loisible de soutenir la sortie
de l’ouvrage en commandant soit la version Impression et graphisme
française, soit la version multilingue (anglais, Imprimerie Bietlot
Rue du Rond-Point, 185
français, néerlandais, allemand) dont la sortie B-6060 Gilly
conjointe est prévue pour fin 2007. Tous +32 (0)71 283 611
ces projets peuvent bénéficier de l’appui
La Hulpe, château, soirée du 25 mars 2007, de personnes physiques ou morales pour Ce trimestriel est gratuit
G. Focant, DPat © MRW leur concrétisation. et ne peut être vendu.

Ce numéro a été tiré


20 à 28.000 exemplaires.

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