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INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
HÉMATOLOGIE
Thrombopénie
III-335
Dr Nicolas BOISSEL
Chef de Clinique
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III-335
Thrombopénie
Objectifs :
– Devant une thrombopénie, argumenter les principales hypothèses
diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents .
DIAGNOSTIC
1. Diagnostic positif
● Une thrombopénie est définie par la diminution du nombre des plaquettes inférieur à
150.000/mm3 (150 x 109/l).
● En l’absence de syndrome hémorragique, une fausse thrombopénie induite par l’EDTA
(agglutination des plaquettes in vitro par l'EDTA utilisé comme anticoagulant) doit être
écartée :
– Par le frottis sanguin : recherche d’amas plaquettaires.
– Par un prélèvement sur un autre anticoagulant : le citrate.
2. Présentation clinique
● La découverte fortuite sans syndrome hémorragique est fréquente :
– La thrombopénie est alors modérée (>50.000/mm3).
– La recherche d’une fausse thrombopénie doit être systématique.
● La thrombopénie est découverte dans l’exploration d’un syndrome hémorragique :
– La thrombopénie est alors, en règle générale, inférieure à 50.000/mm3.
– Le purpura est le signe le plus fréquent. Ce purpura pétéchial, parfois ecchymotique, n'est
jamais infiltré (+++). Son extension est très variable allant de quelques taches purpu-
riques, à un purpura extensif. La recherche d’un purpura buccal est systématique.
– Des hémorragies muqueuses sont fréquentes : épistaxis, gingivorragies.
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* Hémorragie digestive.
* Hémorragies rétiniennes à rechercher systématiquement par l'examen du fond d'oeil.
4. Diagnostic étiologique
● Il est nécessaire, quelle que soit l'importance de la thrombopénie.
a) Interrogatoire
– Antécédents hémorragiques.
– Numération plaquettaire antérieure.
– Prises médicamenteuses.
– Pathologie connue exposant au risque de thrombopénie, notamment auto-immune.
– Episode viral récent, facteurs de risque pour l'infection à HIV.
b) Examen physique
– Fièvre +++, signes infectieux.
– Retentissement hémodynamique d’un syndrome hémorragique.
– Splénomégalie, adénopathies.
– Signes méningés, hémorragie au fond d’œil.
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* Infection à VIH.
* Lupus érythémateux disséminé (LED).
* CIVD.
* Purpura fulminans méningococique.
– Soit la cause de la thrombopénie n'est pas évidente et il faut pratiquer un myélogramme.
e) Le myélogramme
– Permet de distinguer les thrombopénies centrales (peu ou pas de mégacaryocytes ou méga-
caryocytes anormaux) et les thrombopénies périphériques (moelle de richesse normale avec
mégacaryocytes en nombre normal ou augmenté).
– Peut objectiver le caractère isolé de l'insuffisance de production en mégacaryocytes ou asso-
cié à d'autres anomalies médullaires.
f) L'étude de la durée de vie des plaquettes autologues marquées à l'indium 111 est parfois utile
– Les thrombopénies périphériques sont définies par une richesse normale ou augmentée en
mégacaryocytes avec une durée de vie plaquettaire raccourcie.
– Les anomalies de production sont caractérisées par une mégacaryocytose rare ou absente et
une durée de vie des plaquettes normale.
– L’examen précise en outre le lieu de séquestration des plaquettes (rate, foie).
g) Le premier bilan complémentaire à réaliser devant une thrombopénie périphérique sans étio-
logie évidente comporte :
– Un bilan viral : sérologie VIH, VHB, VHC, EBV, CMV.
* Le test de Dixon ou coombs plaquettaire détecte la quantité d’anticorps fixée aux pla-
fique) :
ETIOLOGIES
● Il existe deux mécanismes possibles d'une thrombopénie :
– Thrombopénie périphérique : diminution de la durée de vie des plaquettes par divers méca-
nismes (augmentation de la destruction ou de la séquestration, consommation).
– Thrombopénie centrale : diminution de la production des plaquettes par la moelle osseuse,
1. Thrombopénies périphériques
a) Thrombopénies immunologiques
– La destruction des plaquettes par les cellules du système réticulo-endothélial est due à la
présence d'anticorps (Ac) se fixant sur les plaquettes. Ces Ac sont mis en évidence par le test
de Coombs plaquettaire ou test de Dixon (quantités d'Ig fixés aux plaquettes). Ce test est en
fait peu pratiqué (peu sensible et peu spécifique).
* Infection par le VIH. La sérologie VIH doit être pratiquée systématiquement devant
– Les purpuras thrombopéniques auto-immuns (PTAI) sont dus à des auto-Ac :
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tieux. Il s'observe chez l'enfant avant l'âge de 10 ans. Le purpura apparaît brutalement 8
à 15 jours après une infection virale (angine, rhinopharyngite, rubéole, rougeole, varicel-
patients d’une amélioration du chiffre des plaquettes. Le rôle de cette infection dans la
survenir à tout âge. Son évolution est chronique (> 6 mois). Il ne comporte jamais de
splénomégalie.
* Le purpura apparaît brutalement, le plus souvent dans les 15 jours suivant le début du
– Thrombopénies immuno-allergiques ou thrombopénies aiguës médicamenteuses.
* Les médicaments responsables sont très nombreux (liste non limitative) : quinine, qui-
médicament) n'ont de valeur que s'ils sont positifs.
(F4P)-héparine et les tests in vitro montrant l'agrégation des plaquettes normales par
le plasma du patient et ce uniquement en présence de l'héparine en cause.
■ La survenue d'une TIH impose l'arrêt immédiat de l'héparine utilisée. La thrombopé-
* Il s'agit le plus souvent d'Ac anti-PLA1 apparaissant chez les rares sujets (2 % de la popu-
– Thrombopénies par allo-anticorps :
taire dont elle est dépourvue, mais qui est présent chez le père et l'enfant.
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* La CIVD est la première étiologie à rechercher devant une thrombopénie : il s'agit d'une
– Thrombopénie des CIVD :
* Son diagnostic est biologique : allongement du TCA et du TT, diminution du TP, dimi-
urgence diagnostique.
nution des facteurs V et VIII, diminution du fibrinogène, élévation des PDF, élévation
* Infections bactériennes :
– Thrombopénies infectieuses :
■ Une thrombopénie modérée est très fréquente au cours des septicémies à pyogènes
Gram positifs ou négatifs. Dans certains cas elle est importante et s'accompagne d'un
purpura et/ou d'hémorragies muqueuses et viscérales. Il existe alors souvent une CIVD.
* Purpura fulminans :
Il peut s'agir également des affections suivantes : leptospiroses, borrélioses, yersinioses.
CIVD).
■ Le purpura fulminans peut traduire une méningite à méningocoque avec ou sans
* Infections virales :
dessus de 50.000/mm3 par transfusion.
* Paludisme.
pe, dengue, fièvre jaune.
mates de CIVD).
– Circulation extracorporelle.
2. Thrombopénies centrales
● Elles sont diagnostiquées par le myélogramme. Elles sont souvent, mais non constamment,
accompagnées d'autres cytopénies sanguines (étiologies des pancytopénies).
a) Thrombopénies acquises
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* Carence en folates ou en vitamine B12 (anémie macrocytaire associée). Il peut s'agir d'une
thrombopénie brutale par carence aiguë en folates (patients de réanimation avec état sep-
* Syndromes myélodysplasiques. La thrombopénie y est très rarement isolée, sauf dans une
tique, insuffisance rénale, etc).
a) Hospitalisation
* De syndrome hémorragique.
– Elle doit être systématique en cas :
b) Corticoïdes
– Prednisone 1-2 mg/kg/j pendant 3 à 5 semaines.
– Puis décroissance progressive.
– Une corticothérapie à forte dose (methylprednisolone 15 mg/kg 3-4 jours) pourrait entraî-
ner une remontée plus rapide des plaquettes.
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d) En pratique
– Une abstention thérapeutique peut être décidée devant une thrombopénie modérée sans
syndrome hémorragique.
– Il est habituel de débuter par une corticothérapie à doses conventionnelles (1 à
2 mg/kg/jour) poursuivie à pleines doses pendant 3 à 4 semaines. En cas de réponse, le trai-
tement est progressivement arrêté. En cas d'échec ou de syndrome hémorragique menaçant,
on adjoint des IV Ig.
– Les IgIV sont indiquées en cas de thrombopénie ou de syndrome hémorragique importants.
Elles peuvent être associées aux corticoïdes en cas de syndrome hémorragique grave.
– Chez les enfants, on utilise les Ig à fortes doses IV en traitement de première intention, et
on ne réalise pas systématiquement un myélogramme.
– Les transfusions plaquettaires ne sont indiquées qu’en cas d’hémorragie menaçant le pro-
nostic vital ou avant un geste invasif.
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3. Mesures symptomatiques
● Il faut proscrire :
– Les injections intramusculaires.
– Les médicaments susceptibles d'interférer avec l'hémostase (aspirine, AINS, héparine, AVK).
● Les activités physiques et sports violents sont déconseillés.
● Les contraceptifs sont utiles en cas de ménométrorragies.
● Un méchage est parfois nécessaire en cas d'épistaxis (la cautérisation est formellement inter-
dite).
4. Evolution et pronostic
● Le patient est exposé à deux facteurs de mortalité :
– Les hémorragies graves notamment cérébro-méningées.
– Les accidents iatrogènes (corticothérapie, splénectomie, immuno-suppresseurs).
● La mortalité globale est de 1 à 2 %. La réponse au traitement est un facteur majeur du pro-
nostic, puisque la mortalité s'élève (> 10 %) chez les patients résistant aux traitements clas-
siques (corticothérapie, splénectomie).
● Le PTAI aigu évolue spontanément vers la guérison dans environ 80% des cas chez l'enfant
(étiologies virales), mais seulement 1/3 à la moitié des cas chez l'adulte. Il n'est pas prouvé
qu'une quelconque thérapeutique augmente le pourcentage de guérison. Le but du traite-
ment est ici d'accélérer la remontée plaquettaire, afin d'éviter des accidents hémorragiques,
et principalement une hémorragie cérébro-méningée. ■
POINTS FORTS
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