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Sommaire
Page de Copyright
Page de titre
À propos des auteurs
Dédicace
Remerciements
Introduction
À propos de ce livre
Les conventions utilisées dans ce livre
Comment ce livre est organisé
Première partie : Des cavernes au Colisée : la préhistoire
et l’Antiquité
Deuxième partie : Du sourire de l’ange à celui de la
Joconde : le Moyen Âge et la Renaissance
Troisième partie : Baroque, rocaille et rococo ou la
légende du roc : les temps modernes (XVIIe-XVIII e
siècles)
Quatrième partie : Nunuches, nanars et nénuphars : le
XIXe siècle
Cinquième partie : L’aventure continue : du début du XXe
siècle à nos jours
Sixième partie : Aux pays des merveilles : les arts non
européens
Septième partie : La partie des dix
Les icônes utilisées dans cet ouvrage
Par où commencer
Première partie - Des cavernes au Colisée : la
préhistoire et l’Antiquité
À propos de ce livre
Le modeste objectif poursuivi par les auteurs de ce
livre est d’offrir une introduction à l’histoire de l’art
afin d’inciter le lecteur à aller plus loin, par la visite de
musées ou la consultation d’ouvrages plus pointus. Le
recours à l’humour a ici pour but de désacraliser l’Art
avec un grand A. Car nous ne répèterons jamais assez
que ce dernier est accessible à toute personne
capable d’éprouver des sensations : accompagnez des
enfants dans un musée et vous verrez bien !
Comme son titre l’indique, L’Histoire de l’art pour les
Nuls retrace les principales étapes de la création
artistique de façon claire et accessible. Se tenant à
l’écart des débats qui divisent les spécialistes, il se
propose d’évoquer la diversité des époques et des
styles sans préjugé d’aucune sorte. Des châteaux de
la Loire à la muraille de Chine en passant par le Taj
Mahal ou l’île de Pâques, il ne néglige rien et peut se
concevoir comme le plus vaste musée du monde.
Ce sera aussi le musée le plus étendu dans le temps,
car il parcourt toutes les époques durant lesquelles
l’art a fleuri, de la préhistoire à nos jours en passant
par l’Antiquité (ses temples et ses statues de marbre),
le Moyen Âge (ses cathédrales et ses icônes), la
Renaissance (lorsque les artistes réinventaient
l’Antiquité), l’époque classique (au goût baroque,
précieux et encyclopédique), le XIXe siècle (si riche en
innovations), le XXe siècle (déjà le siècle passé !) sans
oublier le siècle qui s’ouvre : l’aventure continue.
Au cours de votre « visite », vous rencontrerez de
multiples génies : Léonard de Vinci (ingénieur et
bricoleur génial qui trouvait modestement qu’il savait
peindre comme tout le monde), le Caravage (un
rénovateur de l’art qui dégainait sa rapière un peu
trop vite, ce qui lui a valu quelques ennuis), Pierre
Auguste Renoir (qui, pour continuer à peindre alors
même qu’il était perclus de rhumatismes, se faisait
attacher des pinceaux aux doigts) et bien d’autres
encore !
Si les auteurs n’ont pas la prétention de tout
expliquer, certains éclairages seront toutefois
effectués pour éviter au lecteur de naviguer à vue.
Ainsi seront définis les termes techniques, les
courants esthétiques, etc. Des analyses et des
interprétations succinctes seront aussi parfois faites.
Mais quel que soit le parti pris, vous n’êtes en aucun
cas obligé d’y souscrire, car, contrairement à l’adage,
les goûts et les couleurs, ça se discute !
Au terme de ce voyage passionnant, nous espérons
que vous aurez appris des choses intéressantes en y
prenant du plaisir. Car en art comme en toute chose,
comme dit le proverbe, il n’y a pas de mal à se faire
du bien.
Par où commencer
Nous l’avons dit, l’agencement de ce livre est
essentiellement chronologique, mais qu’est-ce qui
vous empêche de commencer par dada ou l’art
africain ? Absolument rien. Considérez plutôt que vous
êtes dans le plus grand musée du monde, qui
rassemble les principaux chefs-d’œuvre de
l’humanité. Vous pouvez suivre le parcours fléché et
apprécier les évolutions de l’art au gré des périodes et
des courants successifs, mais vous avez également le
droit de vagabonder d’une époque ou d’un pays à
l’autre. Aucun gardien ne viendra vous dire d’un air
sévère : « Non, pas par là, veuillez suivre le sens de la
visite. » Et même, profitez-en, car ici, pas d’escaliers
ni de dédales de cloisons ! Le sommaire et l’index
vous permettent d’aller directement chercher
l’information qui vous manque. Bonne visite !
Première partie
Dans ce chapitre :
Des animaux fabuleux
Des peintures envoûtantes
Des dolmens
Un art préhistorique fort moderne
La chapelle Sixtine de la
préhistoire
Ces chers enfants ! La vérité sort de leur
bouche, ils accumulent les découvertes : outre
la découverte des dessins d’Altamira, on leur
doit également la plus célèbre des grottes
peintes, celle de Lascaux. En septembre 1940,
Robot, un petit chien maladroit, tombe dans un
trou, immédiatement suivi par quatre garçons.
(ils poseront plus tard, graves et fiers, devant
la grotte, avec Robot qui survécut à toutes ces
émotions.) Leur découverte est un événement
considérable à la fois pour l’histoire de
l’humanité et pour l’art. Dans le Périgord en
effet, il n’y a pas que des réjouissances pour le
palais, on en prend aussi plein les yeux…
L’afflux de visiteurs menaçait les œuvres car le
gaz carbonique émis par les respirations
provoque des moisissures. On peut aujourd’hui
visiter une grotte réplique qui donne une
bonne idée de l’échelle des peintures, avec
plus de 2000 figures d’animaux (voir Figure
1). la plupart des œuvres pariétales connues
datent de la même époque, dite
magdalénienne, du nom de la localité de la
Madeleine qui, même si elle sollicite notre
mémoire, n’a rien à voir avec Proust, l’écrivain
d’À la recherche du temps perdu.
Altamira, Lascaux, c’est de la beauté
retrouvée, échappée au temps. Une énigme :
les grottes ornées sont localisées dans l’ouest
de la France et le nord de l’Espagne. Est-ce
une civilisation particulière ? Ou seraient-ce
des particularités géologiques qui ont assuré la
conservation de ces grottes ?
Chacun sa tache
L’art préhistorique est surtout animalier, même s’il
existe bien des représentations humaines comme
l’homme déguisé en cerf de la grotte des Trois-Frères
dans les Pyrénées ou des figures féminines comme la
Vénus à la Corne, l’ancêtre de la Dame à la licorne, à
Laussel.
L’artiste utilise la peinture, la gravure ou la sculpture.
On a vu dans cet art une volonté magico-religieuse,
une sorte d’envoûtement : les chevaux peints de la
grotte de Pech-Merle sont accompagnés de traces de
mains. ils portent aussi une multitude de taches qui
sont peut-être des points d’impact. On sait que les
aborigènes australiens et les Bochimans tracent des
figures d’animaux qu’ils recouvrent de taches
représentant les blessures mortelles que les chasseurs
vont infliger. il est tentant de comparer les signes
mystérieux des grottes européennes aux symboles
tracés par les Australiens pour représenter le mana, la
force magique.
Passé à conjuguer au conditionnel
Cherche
découvreur/inventeur
Amateurs de vacances hors du commun, à vos
pioches ! il est encore possible de découvrir
des grottes préhistoriques de nos jours ! C’est
encore arrivé près de chez nous, à Chauvet en
Ardèche plus précisément. « ils sont venus ! »
s’écrie le 18 décembre 1994 l’un des
découvreurs (on dit aussi inventeurs) de la
grotte Chauvet en découvrant sur une paroi
des petits traits à l’ocre rouge.
Une semaine avant Noël, les trois spéléologues
viennent de s’offrir un beau cadeau. les
datations effectuées à partir d’échantillons
prélevés sur des dessins au charbon ont donné
des dates allant de - 30.340 à - 32.410. on va
arrondir à 31 000 ans : en gros le double de
Lascaux ! Afin de protéger les œuvres, le site
de Chauvet n’est pas ouvert au public.
Dolmen réservé
Tous en ligne
On appelle mégalithes ces monuments de pierres,
érigés vers - 5000. Les plus connus sont Stonehenge
en Grande-Bretagne et, pour ne pas avoir à prendre le
tunnel sous la Manche, les alignements de Carnac et
le site de Gavrinis dans le Morbihan.
À table !
Une petite révision : les menhirs, tout droits, que
porte Obélix, se distinguent des dolmens en forme de
table. Même si ça ne se voit plus guère, ces derniers
étaient recouverts de terre et constituaient l’armature
d’un tumulus. La grande dalle sert de toit à une sorte
de chambre avec un couloir qui y mène, cette allée
couverte ayant disparu la plupart du temps. Près de
Vannes, le site de Gavrinis s’est bien conservé parce
que le dolmen n’est pas recouvert de terre mais de
pierres sèches constituant un grand tas qui a bien
résisté à l’érosion, l’usure du temps et des éléments
naturels.
Il porte les traces d’une activité artistique. « Ce qui
distingue le monument de Gavrinis de tous les
dolmens que j’ai vus, c’est que presque toutes les
pierres composant ses parois sont sculptées et
couvertes de dessins bizarres. ce sont des courbes,
des lignes droites, brisées, tracées et combinées de
cent manières différentes », écrit Prosper Mérimée,
l’auteur de Carmen et d’une célèbre dictée,
inspecteur des Monuments historiques le reste du
temps.
Chapitre 2
Dans ce chapitre :
L’invention des beaux-arts : la sculpture, la
peinture et l’architecture
La réponse à « Patrie d’Abraham en 2 lettres »
Jardiner à Babylone
De bien cruels Assyriens
À Sumer sa différence
Le best-seller de l’historien Samuel Noah Kramer en
1957 s’intitule à juste titre L’Histoire commence à
Sumer. D’abord parce que le premier village connu de
l’humanité date de - 5500 ans, quand les premières
villes apparaissent vers - 4000. Ensuite, parce que ce
peuple crée l’écriture vers - 3300. Cette invention
marquant son début, l’Histoire avec un grand H peut
alors commencer !
Quelle barbe !
Par les déductions des linguistes, on suppose qu’il a
dû exister dans cette région un peuple non sémitique,
c’est-à-dire qui ne parlait pas une langue dont
l’hébreu ou l’arabe sont les représentants modernes.
Et les Sumériens sont décidément des inventeurs
puisqu’ils offrent un style, le réalisme, avec les
statues de rois-prêtres reconnaissables à leur bandeau
et à leur barbe. Ainsi à Nippur (aujourd’hui Nuffer)
sont découverts un groupe de statues de gypse, la
« pierre à plâtre », et 30 000 tablettes en écriture
cunéiforme.
Mieux vautour que jamais
À Ur, bien connue des cruciverbistes (les amateurs de
mots croisés) comme « patrie d’Abraham en 2
lettres », les tombes royales ont livré un trésor de
bijoux en or et en lapis-lazuli.
À Girsu, la stèle des Vautours (vers - 2450) est la plus
ancienne représentation d’une scène historique de
guerre, racontée comme un récit, de haut en bas. Le
haut montre le roi (patesi) Eanatoum à la tête de ses
troupes, devant les cadavres de ses ennemis
entassés. Puis, au milieu, une invention appelée à un
grand avenir, le défilé de la victoire, où apparaît pour
la première fois un char à quatre roues. Enfin viennent
les cérémonies funéraires et, en bas de la stèle, le
rappel de la mort du roi ennemi.
Des briques bien dépensées
En architecture, les Sumériens utilisent la brique crue,
c’est-à-dire séchée au soleil et non cuite au four.
Comme ce matériau n’aime pas du tout l’humidité, la
couche extérieure du mur est faite de briques cuites.
La pierre n’est pas utilisée pour la construction mais
peut servir à certains détails comme le pivot de la
porte. La brique sert aussi bien pour les remparts (que
l’on estime hauts de 8 mètres et larges de 25 à 35
mètres au sommet !) que pour les temples. Mais
comme la brique ne résiste pas au passage du temps,
l’Irak ne peut pas montrer de ruines aussi
spectaculaires que celles de Palmyre ou les
pyramides. C’est la raison pour laquelle on a été
conduit à reconstituer sur le site une Babylone en
décor hollywoodien.
Architecte, un métier à
risque ?
Le père Vincent Scheil, dominicain,
archéologue et savant de renommée
internationale, donne une traduction du code
d’Hammourabi dès 1904.
Les lignes qui suivent donnent une idée du
texte.
Le code pourrait régler radicalement les litiges
toujours actuels sur le trafic d’œuvres d’art ou
encore la façon d’aborder les problèmes de
construction selon la loi du talion « œil pour
œil, dent pour dent » et… mort pour mort !
« 229 : Si un architecte a construit pour un
autre une maison, et n’a pas rendu solide son
œuvre, si la maison construite s’est écroulée
et a tué le maître de la maison, cet architecte
est passible de mort.
« 230 : Si c’est l’enfant du maître de la maison
qu’il a tué, on tuera l’enfant de cet architecte.
« 231 : Si c’est l’esclave du maître de la
maison qu’il a tué, il donnera esclave pour
esclave au maître de la maison. »
Pire empire
L’épopée de Gilgamesh
Des tablettes datées aux environs de - 1300
racontent l’histoire de Gilgamesh, roi d’Uruk,
qui aurait régné vers - 2600. Parti à la
recherche de la plante d’immortalité,
Gilgamesh rencontre un vieillard appelé Outa-
Napishtim. Ce dernier lui fait un curieux récit
où il raconte comment, lors de pluies
torrentielles, il a construit un grand bateau et y
a fait monter des animaux. À l’arrêt de
l’inondation, il a lâché une colombe puis une
hirondelle qui sont revenues sur l’arche, puis
un corbeau qui n’est pas revenu. Tout ça vous
rappelle quelque chose ? Le mythe de l’arche
de Noé bien sûr ! L’homme du XXIe siècle
trouve naturel que les textes bibliques
s’inscrivent dans l’Histoire et puissent être
soumis à sa critique. Ce n’était pas le cas
auparavant, le Livre saint échappait à
l’Histoire. Ainsi faut-il concevoir que lorsqu’un
assistant du British Museum fait en 1872 la
communication de la tablette du Déluge, cette
découverte fait l’effet d’une véritable bombe !
Chapitre 3
Dans ce chapitre :
Toutes les solutions immobilière pour l’au-delà
Une écriture illisible
Des conventions différentes en peinture
La malédiction du
pharaon
Le 26 novembre 1922, l’archéologue anglais
Howard Carter et son mécène Lord Carnarvon
pénètrent dans la tombe intacte d’un petit
pharaon peu connu : Toutankhamon, qui régna
vers -1353. Peu avant, un cobra, l’animal
symbole des pharaons, a avalé le serin porte-
bonheur de l’équipe. Mauvais présage ! La
légende commence à courir : « Le pharaon se
vengera. » La presse fait allusion à la formule
rituelle de malédiction présente sur les
tombeaux qui n’a pourtant jamais fait peur aux
pilleurs ! La « malédiction de Toutankhamon »
est donc à rejeter dans le chaudron aux
fantasmes. D’ailleurs, Evelyn Carnarvon, la fille
du milliardaire, et l’archéologue Callender, qui
ont également participé à l’ouverture de la
sépulture, terminent paisiblement leurs jours,
bien des années plus tard. Howard Carter
meurt quant à lui en 1939. Alors, la fameuse
inscription qui menace de mort ceux qui osent
déranger la paix éternelle du pharaon ? Pure
invention !
En 1980, Richard Adamson, responsable de la
sécurité du chantier de fouilles de Carter et
dernier survivant de l’expédition de 1922,
avoue que la rumeur de la malédiction est une
idée du tandem Carter-Carnarvon : il s’agissait
d’effrayer les candidats pilleurs. Adamson a
ainsi dormi dans le tombeau pendant plusieurs
années sans qu’aucun objet ne disparaisse.
Colonnes à la une
Le plan du premier temple bâti en pierre est censé
avoir été donné aux hommes par les dieux. Il est
l’image des cieux projetée sur terre. Un égyptologue
comme Jean Yoyotte a parlé à ce propos de « centrale
nucléaire » où toutes les énergies divines sont
concentrées.
Descendre de son
piédestal
L’obélisque de la place de la Concorde n’est
pas une prise de guerre mais un cadeau du
vice-roi d’Egypte Méhémet Ali à la France en
1831.
En échange, la France a offert une pendule
visible au Caire (en panne d’ailleurs). Vieux de
3 300 ans, l’obélisque est en granit rose et
provient du temple d’Amon à Louxor. L’Égypte
a aussi offert son piédestal où figurent des
singes à tête de chien. Ces animaux s’animent
au lever du soleil et leurs grognements sont
considérés par les Égyptiens de l’Antiquité
comme un salut au dieu soleil Râ, un rôle joué
par le coq de la basse-cour chez nous. Mais le
piédestal ne fut pas installé sous l’obélisque
devenu parisien car les singes exhibent des
attributs… plutôt virils et éloquents.
Défense d’enlever le ba
Dans la conception magico-religieuse des
Égyptiens, l’homme est constitué de sept
éléments différents : le corps, le ba, le ka,
l’akh, le cœur, le nom et l’ombre. Ici-bas
comme dans l’au-delà, il faut que tous ces
éléments cohabitent, comme les pelures de
l’oignon, comparaison utilisée par les anciens
eux-mêmes. Le ka, le « double », la force
vitale, pouvait trouver un abri dans une statue
à son effigie. Le ba correspond plus à l’âme
des religions occidentales ; c’est elle qu’on voit
sur les parois des tombeaux, représentée sous
la forme d’un oiseau à tête humaine qui vole
du tombeau au monde extérieur. Cette
croyance explique aussi l’aspect conventionnel
de la statuaire, car le défunt est là dans sa
demeure, où il règne en maître dans une
position digne, assis ou debout. Tout au plus
esquisse-t-il un pas en avant : la jambe gauche
avancée est une attitude conventionnelle qui
est immuable.
Études de profil
Sans perspective
Dans l’Égypte antique, la perspective n’existe pas.
Pour donner l’impression de la profondeur, l’artiste
égyptien utilise d’autres conventions que les nôtres.
Prenons, par exemple, une rangée de chevaux :
l’artiste ne figure que les profils, donnant ainsi une
curieuse impression d’image mal réglée avec tous les
sabots sur la même ligne. Il s’agit en fait d’une action
simultanée de galops de chevaux et non d’une
avancée en file indienne comme il pourrait y paraître.
En fait, le spectateur qui les regarde de face devrait
leur couler un regard en biais.
Si une scène à représenter offre plusieurs actions
successives, l’ensemble est alors décomposé en
plusieurs tableaux disposés les uns au-dessus des
autres, même si tous les personnages ont la même
taille. Prenons l’exemple d’un paysage vu du milieu du
Nil :
Dans ce chapitre :
Fondation de l’architecture occidentale en trois
ordres
Le plus beau temple du monde occidental
Des dieux vivant avec les hommes
L’erreur féconde
- Période
1700 mycénienne
à -
1200
- « Moyen
1200 Âge » grec
à -
800
Raconter l’acanthe
Une légende attribue l’invention de la feuille
d’acanthe en architecture à Callimaque vers -
400. Une mère a déposé une corbeille avec
quelques offrandes devant le tombeau de sa
fille et, pour les protéger, pose une tuile
dessus. Une acanthe germe alors sous la
corbeille. Ses tiges et ses feuilles poussent
tout autour et Callimaque apprécie l’effet
obtenu. De l’art brut avant l’heure ! La feuille
d’acanthe est restée jusqu’à nos jours le type
même de l’ornementation. Il est d’ailleurs
toujours drôle de constater que tout le monde
la reconnaît en pierre mais jamais dans la
nature.
Appelez-la « polis » !
Déformations professionnelles
Toute la partie haute des temples est alors décorée, il
faut imaginer des chéneaux peints et sculptés. Sur les
frontons ornés sont installées des sculptures. Les
Grecs se posent la question des déformations de la
perspective et dès le VIe siècle, ils effectuent des
corrections pour l’optique :
le stylobate, dernier palier du soubassement, adopte une
surface bombée ;
les lignes verticales s’inclinent légèrement vers l’intérieur ;
les lignes horizontales s’infléchissent doucement.
Le naos, saint des saints
À l’intérieur, le temple se divise en trois parties :
l’opisthodome, qui renferme le trésor, le pronaos, ou
vestibule, et le naos à proprement parler, le saint des
saints (appelé aussi cella en latin), où se trouve la
statue de la divinité à laquelle le temple est consacré.
Dans les grands temples, la cella, éclairée par
l’hypètre, une ouverture quadrangulaire au plafond,
est fréquemment divisée en trois par des colonnades.
Des nefs latérales supportent un étage d’où, comme à
Olympie pour la statue de Zeus par Phidias, les
visiteurs peuvent admirer le chef-d’œuvre du temple.
L’ensemble est relevé de couleurs vives, aujourd’hui
disparues, grâce à des fresques, des frises sculptées
et peintes, des ex-voto déposés par les fidèles. Le
temple grec ressemble à un temple hindouiste, aussi
coloré qu’une toile de cirque !
Acropole position
Le temple grec le plus célèbre est le Parthénon, le
« temple de la Vierge ». Celui dont nous voyons les
ruines date de Périclès, construit de - 454 à - 438 sur
l’Acropole d’Athènes. Ses architectes Ictinos et
Callicratès restent moins connus que Phidias, chargé
des sculptures et de superviser les travaux. Au cours
des siècles, le temple connut nombre de vicissitudes,
mais reste en assez bon état, même après que
l’empereur byzantin Justinien eut rassemblé dans sa
nouvelle capitale, Constantinople, les chefs-d’œuvre
de l’Antiquité récupérés dans toute la Grèce. En 304,
Démétrios Poliorcète, le « preneur de villes », s’y
installe avec des courtisanes. Les Turcs aussi y font la
bombe mais d’une autre manière : ils le transforme un
temps en poudrière.
D’or et d’ivoire
Le Parthénon est un temple dorique périptère, c’est-à-
dire entouré de tous ses côtés par une colonnade. Il
est bâti en marbre du Pentélique, le meilleur. Il repose
sur un soubassement à trois niveaux. La couverture
du toit est en marbre de Paros, de bonne qualité. De
forme rectangulaire, il mesure 69 mètres de long, 30,5
de large et 18 de haut. Le temple comporte les trois
parties habituelles. La cella est décorée sur trois côtés
d’un portique de colonnes doriques qui soutiennent
l’étage. Au fond à l’ouest, haute de 12 mètres, la
grande statue chryséléphantine d’Athéna, c’est-à-dire
en or et en ivoire.
Métope niveau
Les autres sculptures du temple ornent métopes et
frontons et se déroulent aussi sur une frise intérieure.
Les métopes sont les surfaces entre les colonnes de la
frise en haut du temple. Les frontons représentent à
l’est la naissance de la déesse et à l’ouest la dispute
d’Athéna et de Poséidon pour la possession de
l’Attique, la région d’Athènes. Les Athéniens doivent
choisir leur divinité favorite. Poséidon propose en
cadeau le cheval, symbole de combat. Athéna offre
l’olivier, symbole de prospérité et donc de paix,
conservé non loin, dans le temple de l’Érechthéion. Il
passe pour avoir miraculeusement échappé à
l’incendie des lieux par les Perses. On montre à côté
la source d’eau salée que Poséidon a fait surgir en
frappant le rocher de son trident.
Centaures et sans reproche
Les métopes de l’est ont pour sujet la lutte des dieux
contre les Géants révoltés, celles de l’ouest les
combats des Grecs contre les Amazones ; au sud,
l’élément le mieux conservé représente le combat des
Centaures et des Lapithes ; au nord apparaît la guerre
de Troie. La frise sculptée montre la procession des
Panathénées (voir Figure 5), les grandes fêtes en
l’honneur de la déesse. En face du Parthénon, sur la
colline de l’Acropole, le petit temple Érechthéion est
un chef-d’œuvre d’élégance. On y voit ces statues qui
supportent l’entablement sur leur tête, les fameuses
cariatides, appelées à une longue postérité.
Les temples sont les réalisations les plus
spectaculaires de l’architecture grecque mais il
subsiste aussi des portes monumentales comme les
propylées de l’Acropole, divers portiques comme à
l’agora d’Athènes, des stades et des théâtres.
Livraison à domicile
La frise représentant la procession des
Panathénées (voir Figure 5) part de la façade
postérieure et passe par les côtés sud et nord
pour arriver à l’est, sur la façade antérieure. La
procession peut être reconstituée à partir de
sculptures surtout conservées à Londres. À
l’ouest, ce sont les préparatifs et le départ :
sur leurs chevaux de Thessalie, de jeunes
cavaliers vont rejoindre leurs amis. Sur les
deux faces latérales, aux angles nord-ouest et
sud-ouest, la cavalcade forme la queue de la
procession.
Devant eux s’avancent les chars conduits par
des femmes. Un guerrier se tient debout
derrière la conductrice, sans doute une Niké
(ce n’est pas ce qu’un esprit mal intentionné
peut croire : niké veut dire victoire en grec, le
nom de la ville de Nice en provient). Devant
les quadriges, un chœur d’hommes et des
porteurs d’outres. Les victimaires conduisent
les animaux au sacrifice. Sur le côté sud, un
groupe de porteurs de rameaux correspond au
chœur des jeunes gens et des vieillards du
côté nord. À l’est, défilent des jeunes filles
athéniennes portant fioles et vases à vins, les
oenochoés, d’où « œnologue » en français
pour qualifier le spécialiste du vin. Devant
elles, viennent les jeunes filles de l’Attique,
précédées par les filles des métèques, les
étrangers à Athènes. Quatre magistrats sont
en tête de la procession qui apporte sa
nouvelle robe à la déesse. Tout ça est donc une
spectaculaire livraison à domicile !
On bronze, en Grèce
Méli-Milo
En bonne logique mythologique, on devrait
appeler la célèbre Vénus de Milo (voir Figure
6) Aphrodite puisqu’elle est grecque. Trouvée
dans l’île de Milo en 1820, elle fut la cause
d’une vive concurrence entre la France et
l’Angleterre.
L’un des acteurs du transport de la statue vers
la France, le comte de Marcellus, fait cette
curieuse remarque : « Il fut démontré que la
statue chargée de vêtements, de colliers d’or
et de pendants d’oreilles a représenté la
Panagia (Sainte Vierge) dans la petite église
grecque dont j’avais vu les ruines à Milo. »
Démontré, pas tant que ça ! L’existence d’une
sainte Vénère est attestée dans la France du
Moyen Âge. Datant de - 100 environ, donc de
l’époque hellénistique, celle-ci est remarquable
par la beauté des traits qui évoquent les
grands sculpteurs classiques. Mais cet exemple
de la récupération des dieux antiques dans le
monde chrétien est une exception.
L’origine du mausolée
Le IVe siècle avant notre ère est également l’époque
du tombeau de Mausole à Halicarnasse en Carie
(actuelle Turquie), mort en - 353. Rarement souverain
a mieux mérité la réputation de tondre son troupeau
d’aussi près : il fait payer des taxes sur tout, et même
sur la chevelure ! Mais au moins l’argent fait-il l’objet
d’une utilisation intéressante : le tombeau est
renommé pour la beauté de ses décorations, comme
le quadrige de marbre qui surmonte l’édifice ou la
statue du roi Mausole. Considéré dans l’Antiquité
comme l’une des Sept Merveilles du monde, il repose
sur un soubassement rectangulaire et reprend le plan
d’un temple classique. Ce ne sont pas moins de 36
colonnes qui supportent une pyramide à 24 degrés.
De là dérive le mot mausolée pour désigner un
monument funéraire prestigieux.
La statue de Mausole a été retrouvée en 1856 par des
fouilleurs britanniques. Il est possible qu’elle ait été
sur le quadrige pour figurer l’apothéose de Mausole.
L’architecte romain Vitruve (vers - 30) attribue la
décoration du mausolée à divers artistes, dont
Praxitèle.
En premier Apelle
Apelle est le peintre le plus connu de l’Antiquité. Il
œuvre surtout autour de - 350. Alexandre le Grand ne
voulait pas d’autre portraitiste que lui.
Malheureusement, il n’est rien resté de son œuvre. On
n’en connaît que certains titres comme Vénus
Anadyomène, Les Trois Grâces, Alexandre tenant un
foudre, Alexandre entre Castor et Pollux, Artémis avec
un chœur de jeunes filles, Hercule. L’artiste est connu
pour avoir inventé un genre : l’allégorie, une forme
picturale où chaque élément peint développe une
idée. Par exemple, un oiseau désigne la liberté.
Forcer le trait
Dans ce chapitre :
Étrusques, stucs et trucs
L’invention de la voûte
Des toges mises en plis
Des trompe-l’œil
L’horreur du vide
Les Romains bâtissent dans tous les pays conquis des
théâtres et des amphithéâtres, des thermes et des
prétoires, des hippodromes et des basiliques. C’est si
bon de se sentir chez soi, surtout à l’étranger !
Comme dans les bains publics, les thermes, ou
hammam si vous préférez, l’architecte utilise tous les
espaces vides et vraiment rien ne manque d’un point
de vue pratique : quel sens du fonctionnel !
Ça marche pour la plate-bande !
L’emploi de la voûte conduit à renforcer les piliers de
côté. Avec une poutre à plat, la poussée s’exerce
verticalement et la colonne est clouée sur place. La
portée des poutres, toujours limitée, détermine la
superficie du monument. Jusqu’alors, dès que l’on
veut édifier un bâtiment important, il faut bâtir une
forêt de colonnes comme à Karnak, en Égypte.
L’utilisation de la voûte permet à l’architecte romain
d’échapper à cette obligation. S’il a une vaste surface
à couvrir, il peut disposer des points d’appui
judicieusement répartis grâce à ses arcades. La
poussée s’exerce alors sur les parois, dont la masse
doit être suffisante pour résister. Ainsi, par exemple,
les murs du Panthéon à Rome ont 5 mètres
d’épaisseur ! En soutien intervient également la plate-
bande, la poutre qui repose sur deux colonnes. Cette
utilisation n’autorise enfin qu’une forme rectangulaire,
comme dans les temples grecs.
Tourner en rond
Longtemps, on a conservé avec vénération sur
le Palatin une hutte ronde, la cabane de
Romulus, le fondateur mythique de Rome. La
plus ancienne des divinités italiques, Vesta, la
vénérée et protectrice déesse de Rome, a
aussi un temple de forme arrondie. Cette
prédilection pour cette forme se retrouve dans
les constructions architecturales romaines. Il y
a toujours au moins une partie du bâtiment qui
est arrondie, que ce soit dans les
amphithéâtres, le sanctuaire de Vesta, le
mausolée de l’empereur Hadrien (que les
Modernes nomment le château Saint-Ange), le
Panthéon, imposant et impressionnant par son
dôme.
La civilisation romaine a laissé nombre de
monuments : des temples comme la Maison
carrée à Nîmes (voir Figure 9), des théâtres
comme celui d’Autun, des amphithéâtres
comme le Colisée (voir Figure 8). Les théâtres
sont en demi-cercle, et les amphithéâtres sont
ronds, servant à montrer les combats de
gladiateurs.
Opérer à chaux
Une des particularités de l’architecture romaine est le
célèbre mortier romain constitué de chaux mélangée
à du sable et des cendres volcaniques (dites
pouzzolanes), des pierres ponces ou des briques
pilées. Les particularités techniques de ce matériau,
apte à se consolider dans l’eau et bien adapté à la
construction des citernes et des aqueducs, ont
maintenu certains monuments en état jusqu’à nos
jours, comme le pont du Gard. Les Parisiens peuvent,
eux, visiter les thermes de l’empereur Julien
incorporés dans le musée de Cluny qui ont résisté aux
siècles et aux pots d’échappement.
Quatre variétés d’opus
L’architecture triomphale
Les ordres grecs dorique et ionique ont leur variante
romaine. Le chapiteau corinthien reçoit quant à lui
une décoration encore plus foisonnante, à tel point
que l’on parlera d’ordre composite. Rome veut-elle
ainsi se faire pardonner d’avoir rasé Corinthe ? La
notion d’ordre architectural entendue de la façon
grecque comme une harmonie de proportions est en
revanche abandonnée. De plus, à Rome, la colonne
n’est plus un soutien nécessaire comme en Grèce ou
en Étrurie. Du fait de la voûte, elle devient en effet
juste un élément de décoration.
Le meilleur de l’Épire
La sculpture est d’abord un complément de
l’architecture : c’est une habitude que de charger les
monuments de bas-reliefs historiés. Ainsi, les 114
scènes de la colonne Trajane se déroulent en spirale.
Les scènes représentées sont souvent éloignées du
premier plan. En effet, les Romains utilisent une
convention simple : les personnages éloignés sont un
peu plus petits que ceux du premier plan et placés
dans la partie supérieure du cadre.
L’inconnu est au coin de la rue
La peinture… en trompe-l’œil !
Dans ce chapitre :
Des arcs et des flèches
Le roman étranger
Tout pour réaliser une fresque
C’est Byzance !
Né, comme son nom l’indique, à Byzance, l’art
byzantin s’étale sur une période qui dure de
330 à 1204 (date de la prise de Constantinople
par les croisés). Caractérisé, en architecture,
par la suppression de l’entablement (la partie
située au-dessus des colonnes), l’élévation de
coupoles et la décoration des chapiteaux par
des ornements linéaires, il exerce une
profonde influence sur l’art médiéval
occidental.
C’est en 330 que Byzance, rebaptisée
Constantinople en hommage à l’empereur
Constantin, devient la capitale de l’Empire
romain. En 476, le chef germain Odoacre
dépose le dernier empereur d’Occident,
Romulus Augustule, qui, par ironie du sort,
portait le nom du fondateur de Rome, et
envoie les insignes impériaux à Zénon,
empereur d’Orient.
Le rayonnement artistique de la nouvelle
capitale culmine avec le règne de l’empereur
Justinien (527-565). Emblématique de cette
période, la mosaïque de l’empereur et de
l’impératrice Théodora, à Ravenne, en Italie,
figure des personnages impériaux figés,
alignés au premier plan, sans parti pris de
réalisme. En architecture, le plus célèbre
monument de l’art byzantin est la basilique
Sainte-Sophie (532-537), bâtie sous le règne
de Justinien. Construite sur une base carrée,
elle comporte une coupole impressionnante de
33 mètres de diamètre et de 50 mètres de
haut. Mais l’âge d’or de la culture byzantine
s’achève en 1453 avec la prise de Byzance par
les Turcs qui, pour les historiens, marque
également la fin du Moyen Âge.
Détrempe-toi !
Si la technique de la fresque (a fresco) permet de
peindre sur le mur frais, la technique de la détrempe
(tempera) consiste, elle, à peindre sur un mur sec
avec des pigments mélangés à un liant (œuf, cire,
huile, etc.). Les deux techniques nécessitent deux
couches d’enduit : la première égalise la surface, la
seconde reçoit la peinture. La fresque se conserve
mieux, car, en séchant, la chaux de l’enduit
emprisonne les pigments. On a parfois tenté un
compromis entre les deux procédés que l’on appelle a
semi fresco.
Plusieurs techniques ont été utilisées en divers
endroits de l’église Saint-Savin-sur-Gartempe en
Poitou, surnommée la chapelle Sixtine de l’art roman.
Sa nef de 460 mètres carrés (tout de même !) est
couverte de peintures représentant des scènes
bibliques et des figures de saints. Les couleurs sont
limitées (ocre jaune, ocre rouge, blanc, vert) mais leur
répartition donne un résultat impressionnant. Des
marques en creux de contours indiquent l’utilisation
de silhouettes découpées ou au pochoir. Cependant,
la plupart des figures ont été faites sans préparation,
rapidement, donc sans possibilité d’erreur !
Les teintes appliquées sur l’enduit perdant de l’éclat à
mesure que la chaux s’imbibe, il faut en effet passer
tout de suite plusieurs couches si l’on veut augmenter
la valeur des teintes. On peut néanmoins retoucher à
sec en ajoutant des hachures qui donnent alors une
impression de relief.
Merci d’être velue
Dans les fresques de l’église Saint-Savin-sur-
Gartempe (Poitou), un détail curieux attire l’œil
du visiteur : Ève est barbue ! Il y a bien eu
quelques saintes barbues, comme sainte
Wilgeforte dont le culte sous différents noms
est attesté de la France à la Cappadoce, en
Turquie, mais, dans ce cas précis, comment
expliquer cette curiosité ?
On a supposé que, en 1841, le restaurateur
indélicat des fresques n’avait pas compris le
sens des scènes représentées et avait affublé
Ève d’une barbe. D’autres avancent
l’explication suivante : l’artiste, songeant à la
Genèse, aurait mal interprété le verset : « Dieu
créa l’homme et la femme », qu’il aurait
compris ainsi : « Dieu le créa homme et
femme. » Alors, l’Adam primordial était-il
androgyne, c’est-à-dire des deux sexes à la
fois ? Hum, c’est une question plutôt rasoir,
que nous nous garderons bien de trancher ici…
Complètement enluminés
Les enluminures, c’est-à-dire les illustrations en
couleur destinées à décorer les anciens parchemins,
sont l’apanage des moines – comme dans le film Le
Nom de la rose tiré du roman d’Umberto Eco.
Associant des miniatures et des lettres peintes aux
couleurs vives, elles bénéficient, la circulation des
livres aidant, d’une large diffusion à travers l’Europe.
Le Moyen Âge voit également fleurir des productions
luxueuses comme la tenture de la Dame à la licorne
(voir Figure 10) que l’on peut apprécier comme de
véritables peintures. Dernier vestige de cette époque,
la célèbre tapisserie de Bayeux, longue de 70 mètres,
relate la conquête de l’Angleterre par Guillaume le
Conquérant.
Dans ce chapitre :
Des cathédrales perdues dans les nuages
Le sourire aux anges
Le premier portrait individualisé
L’abbé attitude
Comme dans ce procédé de construction il est très
difficile de dissimuler les arcs-boutants, l’art gothique
va faire d’un élément technique un élément
esthétique. Du Beaubourg avant l’heure, en quelque
sorte ! Aux arcs doubleaux de l’art roman, le gothique
ajoute un arc nouveau de chaque côté sur le mur, le
formeret, qui prend sur lui une partie du poids de la
voûte.
La première cathédrale gothique naît en Île-de-France,
à Saint-Denis. Elle devient le prototype de toutes
celles qui suivront. Élevée à partir de 1140 par l’abbé
Suger, elle se veut grandiose par son architecture,
mais aussi par la magnificence de sa sculpture, de ses
vitraux et de son orfèvrerie. Bref, un chef-d’œuvre
total ! L’abbé considère en effet que la beauté est
nécessaire à l’homme, dont l’esprit est trop faible
pour contempler la Vérité nue. Aussi lui faut-il des
formes et des couleurs pour s’élever au divin.
À Sens unique
Après Saint-Denis, les autres cathédrales de France
ont cherché à faire toujours plus beau, plus grand et
plus haut. Ainsi, pour la cathédrale de Sens,
commencée vers 1140 et donc contemporaine de
celle de Saint-Denis, on surélève les bas-côtés afin de
faire entrer plus de lumière. Les voûtes sont en six
parties, à cause de l’alternance de piles fortes, piliers
avec colonnes et colonnettes, et de piles faibles,
simples colonnes. À Noyon (1150-1225) et à Laon
(achevée en 1215), on crée une architecture encore
plus aérienne et lumineuse. L’impression de puissance
du bâtiment s’accroît à l’extérieur par la présence de
sept tours, restées inachevées. En façade, la rosace
est augmentée afin d’occuper le centre du second
niveau.
En attendant Hugo
Notre-Dame de Paris, commencée en 1163, développe
des conceptions proches de la cathédrale de Laon.
Elle se distingue du plan de celle-ci par la disparition
de l’avant-nef, chère aux édifices romans et encore
présente à Saint-Denis. Autre nouveauté : un double
déambulatoire qui répond aux doubles bas-côtés de la
nef. Comme ceux-ci ont toutefois l’inconvénient
d’éloigner la source de lumière, pour remédier à cela,
les ouvertures de la nef s’allongent et d’immenses
rosaces sont percées dans le transept. Celles de
Notre-Dame sont les plus vastes de France ! La façade
est un véritable chef-d’œuvre de régularité et de
symétrie, un fait plutôt rare dans les cathédrales
gothiques. Une galerie aérienne relie en façade les
deux tours au-dessus, suivant un motif vu à Noyon.
Au XIXe siècle, l’écrivain Victor Hugo immortalise
Notre-Dame et Quasimodo, son célèbre bossu.
L’architecte Viollet-le-Duc restaure alors la cathédrale
et, fier de son œuvre, y installe sa propre statue, dans
la galerie des rois du portail !
Tout s’écroule
Amiens marque l’apogée de l’art des cathédrales.
Aussi large que celle de Reims, la nef est portée à 43
mètres de haut ! La lumière rentre pleinement dans
l’édifice par de vastes ouvertures. Consacrée à la
Vierge, la chapelle axiale, plus longue que toute autre,
a pu servir de modèle à la Sainte-Chapelle de Paris.
On retrouve en façade les porches de Laon, la galerie
des Rois de Notre-Dame de Paris et la richesse
décorative de Reims.
La course à la verticalité et à la lumière des
cathédrales gothiques trouve cependant ses limites à
Beauvais. On décide de porter la hauteur de la voûte
à 47 mètres ! Mais elle s’écroule. Reconstruite en
renforçant les arcs-boutants et en augmentant le
nombre de piliers, Beauvais s’arrête finalement au
niveau du chœur et du transept. La cathédrale subit
une dernière tentative par l’installation, au XVIe
siècle, d’une tour lanterne de 153 mètres, la plus
haute du monde chrétien… qui s’écroule à son tour,
marquant symboliquement la fin des prétentions
gothiques.
Premiers portraits
Comme pour l’art roman, la peinture de
l’époque gothique est d’abord et encore
l’enluminure, dont un exemple réputé est Les
Très Riches Heures du duc Jean de Berry (vers
1409).
Étoffe de soie blanche destinée à être
suspendue derrière un autel, le Parement de
Narbonne fait la transition entre l’enluminure
et le tableau. Charles V, roi de France de 1364
à 1380, et sa femme y sont représentés, déjà
peints comme de vrais portraits individuels.
L’initiale K pour Karolus, soit Charles, est
répétée tout le long de la broderie.
Le premier portrait à être traité
individuellement est celui de Jean le Bon, qui
régna de 1350 à 1364. C’est aussi l’une des
rares œuvres françaises sur bois du XIVe siècle
encore conservée. Le genre du portrait officiel
est alors lancé. Un autre portrait royal, celui de
Charles VII (1403-1461) montre les qualités de
portraitiste du premier grand peintre français,
Jean Fouquet (vers 1420-1480). Pour la
première fois, le roi n’est présenté ni en prière,
ni en donateur. Si le visage est de trois quarts,
le corps est de face. Deux rideaux encadrent le
personnage et forment un losange avec ses
bras. Cette composition géométrique
rencontre du succès puisqu’elle sera encore
utilisée au XVIe siècle pour le portrait de
François Ier. De nos jours, le portrait politique
remplit toujours sa fonction : le président de la
République a sa photo présente dans toutes
les mairies de France.
Le plein des sens : « La Dame à la
licorne »
Les tapisseries de La Dame à la licorne (voir Figure
10) sont redécouvertes au château de Boussac dans
la Creuse, en 1841, par Prosper Mérimée. Tissées au
XVe siècle, cinq tapisseries illustrent les cinq sens.
Une sixième intitulée À mon seul désir est plus
mystérieuse. Le commanditaire en serait Jean Le
Viste, proche du roi Charles VII. En 1882, le
collectionneur Edmond du Sommerard les achète et
en fait don à l’État, en même temps que l’hôtel des
abbés de Cluny (actuel musée de Cluny).
Les couleurs sont peu nombreuses mais suffisent,
dans l’élégance du décor, à créer des scènes qui
baignent dans un merveilleux poétique. La légende
attribua leur confection à un prince sarrasin en
captivité, sans doute à cause des croissants.
Chapitre 8
Dans ce chapitre :
L’architecture moderne
Être prisonnier de la matière
La peinture en relief
Saint-Pierre de Rome
La basilique Saint-Pierre de Rome est l’église
centrale de la chrétienté. Sa coupole est
l’œuvre de Michel-Ange et sa façade, de
Maderna. Construit entre 1506 et 1614, le
bâtiment inaugure et consacre l’ordre
colossall, qui consiste à ériger une colonnade
unique de la base au sommet de l’édifice, au
lieu de superposer des ordres pour chaque
étage de l’édifice. Donato di Angelo Bramante
(1444-1514), qui conçoit le plan originel de la
basilique, dit qu’il veut faire « porter la coupole
du Panthéon d’Agrippa par les voûtes de la
basilique de Constantin », un programme qui
marque bien la référence au modèle antique.
Cependant, Bramante meurt avant que son
œuvre ne voie le jour.
Maure à Venise
Quelle plus belle avenue que celle du Grand Canal à
Venise ? Le palais vénitien est construit sur le même
plan carré à cour intérieure que le palais florentin,
mais comme il n’est pas une forteresse – la seule
muraille de Venise est sa flotte (c’est-à-dire ses
bateaux, pas l’eau) – le palais privilégie la décoration
de sa façade sur le canal. Comme en peinture, les
influences orientales et européennes donnent à
l’architecture vénitienne son charme particulier, avec
ses arcs surbaissés, ses fioritures du gothique
flamboyant et ses galeries à colonnettes. L’architecte
Andrea di Pietro, dit Palladio (1508-1580), adapte aux
façades vénitiennes les ordres antiques et crée à
Vicence et dans sa région des villas à colonnades
imitées de l’antique, comme celles que l’on voit dans
le film Autant en emporte le vent.
Une princesse de la
Renaissance égarée au
XIXe siècle
À la mort d’Henri II, Catherine de Médicis
achète le château de Chaumont. Aux siècles
suivants, des financiers le transforment en
résidence luxueuse, pour hôtes prestigieux,
comme les écrivains Mme de Staël ou
Benjamin Constant.
En 1875, un certain Amédée de Broglie, pris
d’un sérieux béguin, épouse Marie Say, la fille
du roi du sucre et, qualité indéniable, la plus
riche héritière de France. Marie Say et son
époux transforment Chaumont en demeure de
rêve avec tout le confort moderne. En 1903, le
château est éclairé grâce à une centrale
électrique privée ! La vie se déroule en fêtes et
en spectacles, grâce au mari qui sait gérer ses
domaines. Les châtelains n’hésitent pas à faire
venir spécialement les acteurs de la Comédie-
Française ! Marie Say, qui a beaucoup voyagé,
qui est fort cultivée et pleine d’esprit, anime
ces lieux comme une de ces grandes dames
de la Renaissance. C’est un défilé permanent
d’hôtes de marque, jusqu’au maharadjah de
Kapurthala, qui lui offre, pour la remercier, un
éléphant auquel on est obligé de construire
une écurie sur mesure !
Entre le gothique et le
classique
Le style Renaissance en architecture n’est pas
uniforme comme le prouvent les deux
exemples fort différents du palais de justice de
Rouen et du Louvre à quelques années
d’intervalle.
On reconnaît bien au palais de justice de
Rouen (1499-1550) les arêtes montantes du
style gothique, qui savent s’adapter aux lignes
horizontales des étages superposés. La
décoration est ici la plus exubérante qui soit,
juste à la fin du style flamboyant, où la pierre
est devenue de la dentelle.
À partir de 1546, François 1er confie à
l’architecte Pierre Lescot (1515-1578) la
reconstruction du Louvre à l’emplacement du
château fort entièrement rasé. Son aile sur la
cour Carrée rassemble en façade (voir Figure
19) les traits principaux qui feront la marque
et le succès de l’architecture française
classique au XVIIe siècle. Nettement marqué
par des corniches saillantes, chaque étage
reprend un ordre antique, comme au Colisée
de Rome, et les pilastres portent un
entablement comme le feraient des colonnes.
Pour rompre la monotonie de la façade,
l’artiste conçoit des pavillons en saillie avec un
fronton. Dans les intervalles entre les pilastres
de ces pavillons prennent place des statues.
Les bas-reliefs de l’attique, c’est-à-dire de
l’étage du haut, sont du sculpteur Jean Goujon.
L’esprit d’escalier
Construit pour François Ier, avec encore des éléments
du château féodal comme les quatre tours et les
chemins de ronde, le château de Chambord est
l’exemple d’un style nouveau d’origine italienne. Sa
réalisation nécessite près de 2 000 ouvriers et artisans
pendant près de trente ans !
À l’intérieur, l’escalier circulaire central à double
révolution est une invention géniale de Léonard de
Vinci, permettant à deux personnes de monter ou
descendre sans se rencontrer ! À la différence de
Chambord, bâti sur un plan régulier, Blois sera
constitué de bâtiments différents.
Un château de la Loire en Île-de-France
L’architecte Jean Bullant (1515-1578) travaille pour le
connétable Anne (prénom aussi masculin oublie-t-on
souvent) de Montmorency à Chantilly, et surtout à
Écouen où il élève vers 1553 l’aile nord du château. Il
s’agit d’un bâtiment carré à pavillons saillants suivant
la tradition décorative française. L’artiste marie le
sens du monumental et les effets plastiques en
élevant sur l’aile sud un avant-corps à ordre colossal,
c’est-à-dire des colonnes qui s’élèvent sur toute la
façade du bâtiment. Dans les vides entre ces colonnes
sont exposés les Esclaves de Michel-Ange, achetés par
le connétable, avant qu’ils ne rejoignent le Louvre. Sa
décoration en fait un des hauts lieux de la
Renaissance française du milieu du XVIe siècle, avec
douze superbes cheminées peintes et les dix
tapisseries qui relatent l’histoire de David et
Bethsabée.
Présent à l’Apelle :
Botticelli
Pour les peintres de la Renaissance, les dieux
de la Grèce constituent une importante source
d’inspiration. Botticelli (1447-1510), de son
vrai nom Sandro Filipeli, peint par exemple la
Naissance de Vénus. Peintre, sculpteur,
graveur : comme souvent à l’époque, son
talent a de multiples facettes. On voit toujours
à Florence, au musée des Offices, son
interprétation, d’après le texte de l’écrivain de
l’Antiquité Lucien, de la Calomnie du peintre
Apelle. L’artiste a donné ses propres traits au
peintre grec terrassé par la médisance. Cet
Apelle-là, contrairement à ce que l’on a pu
croire, n’est pas le plus célèbre peintre grec de
l’Antiquité, mais un homonyme. À cette source
d’inspiration qu’est l’Antiquité idéale, s’ajoute
l’inspiration religieuse : Botticelli peint de
nombreuses madones au charme délicieux.
L’artiste sait aussi renouveler l’inspiration
antique de façon originale avec le Printemps.
Au XIXe siècle encore, il inspire les
préraphaélites anglais et les symbolistes
français (voir Chapitre 17).
Douce France
La seconde période florentine de Léonard (1502-1506)
voit aussi sa confrontation avec le jeune et puissant
Michel-Ange pour la décoration de la salle du consul
du Palazzo Vecchio. Sa Bataille d’Anghiari devait faire
face à la Bataille de Cascina de son cadet mais les
deux œuvres restent inachevées. De retour à Milan en
1507, il peint les Saint Jean et Bacchus du Louvre.
Dépassé par les créations de Raphaël lors d’un
pénible séjour romain (1515-1517), l’artiste accepte
l’invitation du roi de France. Il apporte ses œuvres les
plus illustres à François Ier, d’où la présence de Sainte
Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus (1501) au Louvre et
surtout du portrait de Mona Lisa, la célèbre – le mot
n’est pas trop fort – Joconde (1505-1506, voir Figure
17). Outre le sfumato (effet vaporeux de flou
artistique) et ces paysages énigmatiques à l’arrière-
plan, Léonard crée là un nouveau style de figure, plus
souple et plus noble que les précédents.
L’esprit de chapelle
Adossée au mur
Le dernier tableau de Giorgione est la Vénus endormie
de Dresde, dont certaines parties sont d’un de ses
apprentis, nommé… Titien. Deux maîtres pour une
seule toile ! Tiziano Vecellio, dit Titien (1485-1576), a
le premier en Italie donné à la peinture à l’huile les
vastes dimensions de la peinture murale. Elles sont
ensuite marouflées, c’est-à-dire collées au mur. Un
bon exemple est la Présentation de la Vierge au
Temple, où Marie a les traits de Lavinia, la fille du
peintre. C’est l’aspect décorateur et peintre religieux
du Titien.
Une douce Violante
Titien a aussi une inspiration païenne, que l’on trouve
dans des tableaux comme Bacchanale ou Amour
sacré et amour profane où Vénus, assise sur le
sarcophage d’Adonis, plaide la cause du peintre
auprès la très belle Violante, qu’il aimait. La toile
baigne dans l’atmosphère du Songe de Poliphile de
Francesco Colonna, roman initiatique fort prisé à la
Renaissance. Elle permet de voir que Titien est un des
meilleurs portraitistes de toute la peinture et sait
insuffler à ses œuvres une vie profonde. Comme le
peintre est devenu l’intime des grands hommes de
son époque, ses toiles présentent aussi un
considérable intérêt documentaire en nous restituant
les traits des puissants de l’époque.
La remise du César
Depuis le Moyen Âge, la différence est
clairement établie entre les arts nobles dits
libéraux, comme la littérature, opposés aux
arts serviles, relevant d’une pratique manuelle.
À la Renaissance, le peintre-artisan souhaite
être reconnu et traité à l’égal du poète, et
commence à y parvenir comme le montre
l’anecdote suivante.
Titien est le peintre favori de Charles Quint, qui
a pourtant déjà à sa disposition le génial
Vélasquez. Le peintre a représenté l’empereur
assis dans une position méditative ou en tenue
de guerre, à cheval et en armure à la bataille
de Mühlberg où il bat les protestants
allemands. André Félibien (1619-1695), un des
premiers historiens de l’art, rapporte que Titien
est occupé à faire le portrait de Charles Quint
quand, par mégarde, il laisse tomber un de ses
pinceaux. L’empereur le ramasse. Titien est
vivement ému par ce grand honneur et s’écrie
qu’il n’est pas digne d’avoir un tel serviteur.
Charles Quint répond : « Le Titien mérite d’être
servi par des Césars. » Dans les Lettres de
l’Arétin, le même Charles Quint fait soulever
une table par ses courtisans. Titien s’y tient
debout et peut ainsi plus facilement retoucher
un tableau. Ces anecdotes soulignent le fait
que l’artiste est maintenant respecté par son
mécène et quasiment traité comme un égal.
Naissance de la gravure
Au milieu du XVe siècle, en Allemagne,
apparaît l’imprimerie, avec des conséquences
importantes dans le domaine de l’histoire de
l’art. Cette invention favorise en effet la
naissance de la gravure, toute proportion
gardée l’ancêtre de la carte postale actuelle, et
donc de la diffusion des images dans toute
l’Europe. D’abord réalisée à partir de planches
de bois dont les parties devant apparaître en
blanc sont creusées, cette première technique
disparaît peu après la création des caractères
mobiles d’imprimerie par Gutenberg. Une
seconde technique voit le jour, avec des
plaques de cuivre creusées au burin, qui
permet plus de précision dans le relief et le
rendu des détails. Les graveurs allemands les
plus célèbres sont Martin Schongauer (vers
1453-1491) et Dürer.
De l’importance de Dürer
Protégé de Charles Quint, le peintre et graveur
Albrecht Dürer (1471-1528) est souvent considéré
comme le plus grand peintre allemand. Il n’a exécuté
qu’un assez petit nombre de tableaux, dont plusieurs
autoportraits, mais c’est un dessinateur de génie dont
la richesse d’imagination est prodigieuse. Cette même
qualité se retrouve dans ses gravures, art qui
nécessite aussi une virtuosité technique sans failles,
comme le démontre La Mélancolie (voir Figure 15),
l’une des œuvres les plus connues de la culture
occidentale. Également sculpteur de petits ouvrages
en médaillons, le maître complète sa panoplie par ses
travaux d’architecte, des dessins et des traités
comme son Traité des fortifications (1517) et son
Instruction pour mesurer au compas et à la règle
(1525).
Holbein ça alors !
Avec Dürer, Holbein le jeune (1497-1543) est
considéré comme le plus grand peintre allemand. Il
est l’ami de l’humaniste Érasme, qui l’adresse à
Thomas More, l’auteur de L’Utopie, chez qui il vit trois
ans. Le peintre fait le portrait de ces deux humanistes,
qui, pour ces deux grands amis, aura le rôle de la
photo-souvenir d’aujourd’hui. Le portrait d’Érasme
montre bien le caractère méditatif du philosophe ;
celui de More l’intelligence rêveuse du penseur.
Holbein visite ainsi la Suisse, la France, l’Angleterre,
où il exécute diverses commandes, dont son plus
célèbre tableau, Les Ambassadeurs (voir Figure 14),
peint pour un château français et désormais à
Londres. Cette œuvre montre bien son savoir-faire du
portrait tout comme sa Vierge au bourgmestre Meyer
qui est, de plus, un bon exemple de son inspiration
religieuse aux attitudes simples et belles.
Troisième partie
Le souffle du barroco : la
floraison du baroque italien
Dans ce chapitre :
Une promenade dans Rome
Un Cavalier Bernin et un Caravage très cavalier
L’invention du clair-obscur et de la nature morte
Quel rocaille !
Dans les différentes appellations, tout se
complique lorsque, au XVIIIe siècle, apparaît le
rocaille, un art purement français. Ce terme
inventé désigne l’art frivole et exubérant
originaire des salons de Versailles et de Paris, à
la charnière des XVIIe et XVIIIe siècles. Il est
créé par analogie avec l’art des rocailleurs qui
décorent les grottes et les fontaines des
jardins avec des cailloux de toutes les couleurs
et des coquillages.
Ce style est né des boiseries et des corniches
faits par les ornemanistes, les dessinateurs
d’ornements, et se répand des châteaux aux
couvents. Le rocaille se caractérise par une
prédilection pour les courbes, l’asymétrie, la
profusion des ornements, tels feuillages,
animaux, personnages et puttii, les petits
anges tout joufflus.
Il était une foi : l’architecture
La dolce vita
La fontaine de Trevi est due au sculpteur
Nicolo Salvi (1697-1751). Elle est célèbre chez
les cinéphiles pour la scène du film La Dolce
Vita de Fellini. Anita Ekberg en rome… pardon,
en robe du soir y prend un bain de pieds, sous
les yeux enamourés du grand Marcello
Mastroianni.
La disproportion entre la dimension de la
fontaine et l’étroitesse de la place peut
surprendre. La fontaine est accolée à un palais,
ce qui explique sa hauteur. Bâtie de 1732 à
1762, elle oppose le classicisme de sa façade,
marqué par un arc de triomphe à la romaine,
et la scénographie baroque de ses groupes
sculptés. Neptune est au centre, debout sur
son char en forme de coquille, tiré par des
chevaux menés par des tritons au milieu des
rochers. Le tout dans un jaillissement de
marbre et d’eau.
Barbare Barberini
Parmi la multitude des palais édifiés à Rome à la
période baroque, il convient de distinguer le palais
Barberini (1628-1633) du pape Urbain VIII. Tous les
grands artistes italiens de l’époque y œuvrent :
Maderno, Bernin, Borromini et Pierre de Cortone pour
la décoration intérieure. Ce palais tient plutôt de la
villa, car les baies du troisième niveau présentent des
encadrements en perspective feinte, bien dans l’esprit
d’artifice du baroque. Non moins intéressant est l’effet
de rétrécissement du portique au rez-de-chaussée
pour sa virtuosité technique.
C’est à Saint-Pierre au Vatican que Bernin peut le
mieux mettre à profit ses talents. En 1624, le
sculpteur crée le splendide baldaquin du maître-autel
de la basilique. Sur ses fameuses colonnes torses,
colonnes tordues emblématiques de l’art baroque, il
dispose un dais de bronze. Ce noble matériau provient
des plaques de métal qui décoraient encore le
portique du Panthéon, grandiose monument de la
Rome antique. Ce vandalisme scandalise les Romains
qui ironisent sur le nom du pape Urbain VIII Barberini :
« Ce que les Barbares ne firent pas, les Barberini le
firent. » Bernin y exécute aussi en 1657 la fameuse
tribune censée contenir la chaire de saint Pierre, c’est-
à-dire le siège qu’occupe l’évêque. Le meuble de bois
et d’ivoire dans La Gloire du Bernin n’est en fait qu’un
trône carolingien !
Place à la bénédiction
Vœux d’artifice
Comme Michel-Ange, Bernin est aussi un sculpteur de
génie, toutefois dans un style opposé. Son David
renouvelle le thème, le visage crispé, en plein
mouvement pour armer sa fronde. La virtuosité de
l’artiste est stupéfiante dans les groupes d’Énée et
Anchise, de l’Enlèvement de Proserpine, d’Apollon et
Daphné. Avec Bernin, tout est mouvement, brio et
théâtralité. Quand Pluton, le dieu des Enfers, enlève
Proserpine, le marbre devient vraiment chair : il faut
voir comment ses doigts s’enfoncent dans la peau,
comment Proserpine se défend et repousse le dieu
dont le visage se déforme sous la pression de la main.
À l’église Sainte-Marie-de-la-Victoire, le maître atteint
le summum de son art avec la très extraordinaire
chapelle de l’Extase de sainte Thérèse dans un
mélange savant de bronze, de stuc et de marbre.
Bernin berné
Bernin aborde tous les thèmes de la sculpture. Qu’ils
soient d’apparat ou plus réalistes, ses bustes du
cardinal Borghèse (1632), de Charles Ier d’Angleterre
(1636, détruit) lui valent de faire celui de Louis XIV à
Versailles, où il passe cinq mois en 1665. Comme son
projet de façade du Louvre reste dans les cartons, on
lui commande une statue équestre du roi. L’artiste a
déjà brillamment réalisé pour le Vatican celle de
l’empereur Constantin, avec la formule – inédite
jusqu’à lui – du cheval cabré.
Inutile de se cabrer !
Mais la nouveauté ne plaît pas à Louis XIV, qui fait
transformer la statue (voir Figure 28) en Marcus
Curtius, un jeune héros romain, par Girardon, le plus
fameux sculpteur français du moment, et l’exile au
bout de la pièce d’eau des Suisses de Versailles.
Remplacé par une copie, l’original est désormais à
l’abri dans l’Orangerie du château de Versailles.
Naissance de la nature
morte
En 1607, le Caravage fuit Rome suite à une
rixe qui se termine par un meurtre dont on
l’accuse… Mais si son caractère n’est pas
facile, sa peinture est originale ! L’artiste crée
un nouveau genre pictural. Sa célèbre
Corbeille de fruits est en effet la première
nature morte de l’Histoire. La corbeille, comme
les fruits et les feuillages, sont si réalistes
qu’on peut presque les sentir ! Il prolonge ce
goût dans des tableaux avec personnages
Garçon à la corbeille de fruits, Bacchus,
Garçon mordu par un lézard, et Bacchus
malade, un autoportrait sans barbe. Dans ces
œuvres apparaissent déjà le cadrage serré, les
types populaires qui feront son succès. S’il
n’est pas encore question de clair-obscur,
l’ombre commence à apparaître dans le fond
du Bacchus.
On doit aussi au Caravage le thème célèbre
répandu au XVIIe siècle des personnages
assemblés pour un concert ou un jeu de
cartes, voire pour se faire dire la bonne
aventure. Comme la Corbeille de fruits, La
Diseuse de bonne aventure du Louvre est
figurée sur fond neutre. L’artiste innove encore
dans la peinture religieuse avec Le Repas
d’Emmaüs, où Jésus rompt le pain avec les
pèlerins qui l’ont accompagné, œuvre qui
devient une scène de taverne avec la servante
ridée et le patron bien enveloppé à l’arrière-
plan.
La vengeance d’Artemisia
Artemisia Gentileschi (1593-1652) est une
artiste précoce. À seulement 17 ans, elle signe
Suzanne et les Anciens. Son père lui donne à
19 ans un professeur particulier nommé
Agostino Tassi qui la viole. S’ensuit un procès
humiliant puisque les juges décident de
soumettre l’accusatrice à la question pour
savoir si elle dit la vérité. Le paradoxe est
effrayant : torturée pour avoir voulu obtenir
justice ! Elle maintient malgré tout ses
accusations et son professeur est condamné à
un an de prison, puis à l’exil. Malgré ses doigts
écrasés dans les séances de torture, elle
devient un des meilleurs peintres de son
époque. Une parfaite utilisation du clair-obscur
caravagesque donne une atmosphère
particulière à son œuvre. Elle est aussi la
première femme à entrer à l’Académie des
beaux-arts de Florence.
Un écho de cet épisode dramatique de sa vie
subsiste dans son chef-d’œuvre conservé à la
galerie des Offices à Florence, Judith et
Holopherne (Holopherne est un général
assyrien que Judith tue pour sauver son
peuple). La tradition veut qu’elle donne les
traits de son agresseur Tassi à Holopherne et
les siens à Judith dans une éclatante
vengeance posthume. Sa vie est retracée dans
un film, Artemisia.
Chapitre 10
Un grand classique : la
France baroque
Dans ce chapitre :
De l’exubérance et du classique
Le prix de Rome
Le comble de l’architecte
La fête à Versailles
Peinture fraîche !
Le retour de Rome du peintre Simon Vouet (1590-
1649) marque le renouveau de la peinture française.
Demeuré dans la Ville éternelle de 1613 à 1627, Vouet
est d’abord marqué par le courant caravagesque, pour
évoluer ensuite vers les formules baroques qu’il ne
devait plus abandonner.
L’invention du paysage
Jusqu’à Claude Gellée dit Le Lorrain (1660-
1682), le paysage n’est traité que comme un
arrière-fond nécessaire, avec tout de même de
belles réussites chez Dürer avec le Val d’Arco
ou La Joconde de Léonard. C’est cependant Le
Lorrain qui donne au paysage ses lettres de
noblesse en créant véritablement ce genre
pictural. Le peintre y développe le sens
classique de Poussin et porte ce genre réputé à
un très haut degré de perfection. Fasciné par
les paysages de ruines et la campagne
romaine, l’artiste exprime sa quête du paradis
perdu, d’un âge d’or assimilé au temps
idyllique de l’Antiquité. Ses couchers de soleil
comme Le Port (1641) sont stupéfiants de
beauté. Le Lorrain va influencer
considérablement l’art du paysage dans toute
l’Europe, de l’école de Barbizon aux
impressionnistes.
Athlètes atlantes
D’abord décorateur de navires, le Marseillais Pierre
Puget (1620-1694) se fait connaître en sculptant les
atlantes à l’hôtel de ville de Toulon. Les atlantes sont
la version masculine des cariatides qui supportent des
éléments architecturaux. Fouquet le prend à son
service et, lors de la disgrâce du surintendant, l’artiste
est en Italie en train de sélectionner des marbres. Par
prudence, il y reste sept ans, s’y fait la main et le
ciseau et, en rentrant à Marseille, y applique ses
talents d’architecte et d’urbaniste. Le sculpteur
s’affirme également comme l’héritier baroque de
Michel-Ange en donnant ses Milon de Crotone ou
Persée délivrant Andromède.
Pigalle à sa place
Le sculpteur Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785)
est à bonne école avec Robert Le Lorrain
(1666-1743), célèbre pour Les Chevaux du
soleil, visibles à l’hôtel de Rohan, c’est-à-dire
aux Archives nationales. Ayant échoué au
concours du prix de Rome, il part à pied pour
l’Italie ! Il s’y lie d’amitié avec Guillaume II
Coustou.
La première œuvre de Pigalle est la Joueuse
d’osselets. En 1744, son morceau de réception
à l’Académie est Mercure rattachant ses
talonnières, dont le pendant est une Vénus,
commandée par Louis XV. Madame de
Pompadour, protectrice des artistes et des
littérateurs, le prend alors sous son aile et le
sculpteur donne les traits de sa bienfaitrice à
sa statue de L’Amitié. Pigalle s’adonne aussi à
la sculpture monumentale et réalise le
mausolée de Maurice de Saxe à Strasbourg et
le saisissant Tombeau du maréchal d’Harcourt
à Notre-Dame, où le défunt sort à moitié de la
tombe et fait signe à sa femme de le rejoindre.
Sa statue de Voltaire étonne, car le vieux
philosophe est nu, en référence à la statue
antique de Sénèque. Il fallait oser ! Cette
œuvre annonce déjà le néoclassicisme.
Un architecte oublié
Après François Mansart (1598-1666), le génie
de la dynastie, et Jules Hardouin-Mansart
(1646-1708), le grand architecte de Louis XIV,
Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne (1711-
1778), le petit-fils de Jules, perpétue la
tradition familiale. Il est l’auteur :
de la cathédrale Saint-Louis de Versailles
(1742-1754), premier grand chantier religieux
du règne de Louis XV ;
du monastère royal de Prouille (1746-1787,
détruit), berceau de l’ordre des dominicains ;
de l’impressionnant Hôtel-Dieu de Marseille
(1753, inachevé) qu’il veut aussi vaste que
celui de Lyon ;
de deux projets de places royales (Paris et
Marseille) ;
d’un projet de palais royal à Lisbonne (1756,
perdu) ;
d’un château en Allemagne (Jagersburg,
1752-1756, détruit) ;
de plusieurs maisons et hôtels à Paris et
Versailles ;
de châteaux en Île-de-France (Asnières,
Jossigny).
Cet architecte a le tort de naître adultérin en
un siècle où l’on ne transige pas sur la
naissance, et de travailler dans le rocaille, que
les partisans du néoclassicisme détestent. Une
conspiration du silence s’amorce dès l’arrêt de
son activité, située entre 1733 et 1756
environ, pour mieux conserver le souvenir de
ses aînés. Jalousie, quand tu nous tiens !
Chapitre 11
Dans ce chapitre :
Pleins feux sur le clair-obscur
Un pape tout rouge
La souffrance exaltée en sculpture
Les illusions de l’architecture
Les Caprices
Réalisée entre 1793 et 1798, la série des
Caprices est éditée pour la première fois en
1799. En 80 planches, Goya développe une
violente satire humaine et sociale, à travers
laquelle il entend dénoncer les travers et les
vices communs à tous les hommes. Véritables
miroirs des profondeurs de l’inconscient, de
nombreuses planches laissent entrevoir les
abîmes de l’âme qui dépassent de loin les
conventions habituelles de la satire sociale. La
vie, la mort, l’amour, la sexualité, la cupidité,
la vanité, la sottise et la cruauté prennent dans
les Caprices une dimension de violence
extrême. Dans l’introduction au recueil et dans
les légendes de ses images, l’auteur s’évertue
à mettre en évidence leur portée moralisatrice,
comme « Le sommeil de la raison engendre
des monstres. »
Goya fait retirer les Caprices de la vente après
quelques jours. Pour éviter les foudres de
l’Inquisition, l’artiste offre les planches et les
exemplaires restants à la chalcographie royale.
Douleur en couleur
Tradition propre à l’Espagne, les chars de procession
des semaines saintes, dénommées pasos, mettent en
scène un épisode de la Passion du Christ, des images
de Marie en tant que Vierge de douleur ou mère du
Sauveur, ou des saints martyrs. Ces statues exaltent
la souffrance. L’émotion s’exprime par un rendu
minutieux des expressions des parties du corps et de
ses blessures, renforcé par l’usage de la couleur ou
polychromie. Les vêtements, les visages, le corps et le
sang sont peints afin d’impressionner davantage le
spectateur que ne l’aurait fait une statue en marbre
ou en bronze. Car, au contraire des autres pays
d’Europe, la sculpture baroque espagnole est
essentiellement en bois sculpté doré et polychrome,
selon un usage remontant à l’époque romane.
Un réalisme pathétique
Les deux grands foyers de la sculpture baroque
espagnole du XVIIe siècle sont la Castille avec
Fernández et surtout l’Andalousie avec le grand
Martinez Montanez à Séville. Installé à Valladolid,
Gregorio Fernández (1576-1636) soigne la
ressemblance des visages, surtout dans le traitement
minutieux de la chevelure. Ses œuvres, comme le
Christ gisant du couvent des Capucins du Prado
(1614) ou de la Piedad (1616), figure de paso,
témoignent du réalisme pathétique de ses sujets
religieux. On le considère comme un des premiers
sculpteurs européens de son temps.
Envie de plissé
Au même moment, Juan Martínez Montañés (1568-
1649) fait preuve de la même virtuosité et du même
pathétisme dans les œuvres qu’il destine aux églises
et couvents de Séville. Quand Fernández use dans le
corps du Christ ou des saints du canon lisse et étiré,
Montañés s’emploie, à l’instar de Michel-Ange, à
rendre la musculature et le plissé des chairs. Le
réalisme est à nouveau accentué par une polychromie
intense. Ses œuvres les plus connues sont les saints
Jérôme et Dominique pénitents, l’un en haut-relief
(1609-1613), l’autre en ronde bosse (1605), son Christ
de la clémence et surtout la Vierge de la Macarena
que l’on habille comme une poupée lors des
processions de la semaine sainte.
Recettes baroques
C’est assurément à l’intérieur des églises que
s’exerça le mieux le baroque espagnol, non
seulement par la prolifération des ornements à
la surface des bâtiments et des retables, mais
aussi dans la préciosité des matériaux
employés : or et couleurs à profusion, pendant
que le stuc et parfois le marbre masquent la
médiocrité du bâtiment en brique ou en
torchis. Le stuc est un mélange de blanc
d’œuf, de chaux, de plâtre et de poussière de
marbre. En Espagne, les motifs de stuc sont
dénommés yeserias de l’espagnol yeso, le
plâtre. En plus du retable, le baroque voit le
triomphe de deux autres éléments majeurs du
décor religieux espagnol : le sagrario et le
camarin. Le premier était destiné à la
conservation et à l’adoration du saint
sacrement dans un grand tabernacle, le
transparente. Le deuxième servait à la
vénération d’une relique ou d’une image
sainte. Ils pouvaient atteindre tous deux des
dimensions très importantes.
Difficile de garder la ligne
La cathédrale de Valladolid de l’architecte Juan de
Herrera, commencée en 1580, poursuivie ensuite du
XVIIe au XIXe siècle, reflète un esprit de plus en plus
baroque, s’éloignant progressivement de la pureté de
lignes souhaitée par son auteur. En Andalousie,
l’architecture civile ne présente pas de monument
notable, tant l’architecture religieuse domine cette
partie de l’Espagne.
Un petit coin d’Italie en Espagne
À partir de 1650, le baroque monte en puissance avec
l’arrivée d’artistes italiens et par l’envoi de projets
d’Italie. Un des meilleurs exemples d’importation est
le collegium regium de Loyola au pays basque en
1681, ensemble architectural bâti pour rendre
hommage au père fondateur de l’ordre des jésuites,
saint Ignace. L’un des plus impressionnants édifices
de cette période est sans doute la nouvelle cathédrale
de la ville, dite du Pilar, c’est-à-dire du pilier, puisque
censée être bâtie sur le pilier où la Vierge était
apparue à l’apôtre Jacques le Majeur, le saint patron
de l’Espagne. Felipe Sánchez vers 1675 fait une vaste
nef rectangulaire entourée de chapelles avec quatre
tours aux angles et une coupole au centre. À
l’extérieur, l’édifice adopte la tradition des édifices
sévères héritée de Herrera.
L’éclat de Grenade
Ces projets monumentaux se retrouvent en Galice,
avec l’enveloppe baroque de la très gothique
cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle entre
1649 et 1680, et la façade de la cathédrale de
Grenade érigée à partir de 1667. Là aussi, la pureté
des lignes des vastes arcades se combine à la
décoration baroque. La prolifération de l’ornement est
poussée à l’intérieur à un degré tel qu’elle vient à
masquer la structure du bâtiment comme à Santa
Maria la Blanca (1659) de Séville, ancienne synagogue
transformée en église et célèbre pour ses peintures de
Murillo.
Les retables adoptent des effets de plus en plus
scénographiques. Celui du maître-autel de la chapelle
de la Charité de Séville (1670) par Simón de Pineda
(1638-1691) est proprement délirant, car non
seulement la structure est envahie entre les colonnes
torses par l’ornementation mais l’on voit au centre
une grandiloquente mise au tombeau du Christ par le
sculpteur sévillan Pedro Roldán (1624-1700).
Les azulejos
Le mot vient de l’espagnol azull, bleu. Le
français dit parfois aussi zellige, de l’arabe
zallidj, mais l’utilise plutôt pour désigner les
petits éléments de la décoration arabe,
assemblages de carreaux de faïence à
dominante bleue. Bien qu’issue de la tradition
espagnole, le décor d’azulejos est
caractéristique du baroque portugais. Aux
décors géométriques multicolores de ces
carreaux de céramique de la tradition arabe,
les Portugais préfèrent des compositions
baroques peintes et cuites au four à haute
température dans l’esprit des faïences de
Delft, ou des porcelaines chinoises. On les
retrouve aussi bien aux façades qu’à l’intérieur
des églises ou des cloîtres des couvents que
dans les salons, les cours et les jardins des
palais. On est fasciné par la virtuosité des
artistes créateurs de ces ensembles bleu et
blanc constitués tel un puzzle par de multiples
carreaux. La double tradition de la talha, décor
portugais de bois de Brésil doré et sculpté, et
celle de l’azulejo espagnol ont donné l’église
de l’ancien couvent de Jésus d’Aveiro
(Portugal) dans le premier quart du XVIIIe
siècle.
Chapitre 12
Dans ce chapitre :
Des Flamands rosses
Des natures mortes et des bons vivants
La Joconde du Nord
Le travail en atelier
Le jour et la nuit
De son véritable titre La Compagnie du
capitaine Frans Banning Cocq, cette toile de
grand format (3,59 × 4,38 mètres), peinte en
1642, est conservée aujourd’hui au
Rijksmuseum d’Amsterdam. Elle fait partie des
chefs-d’œuvre de la peinture européenne. Le
titre La Ronde de nuit est on ne peut plus
trompeur, car c’est une scène de jour ! Le
vernis du tableau est à ce point assombri au
XIXe siècle que l’œuvre est ainsi baptisée.
Comme Les Méniness de Vélasquez, il s’agit
d’une scène anecdotique. Le tableau
représente la garde municipale d’Amsterdam
du capitaine Frans Banning Cocq, dans une de
ses rondes dans la ville. Il s’inscrit dans la
tradition du tableau de garde municipale,
fréquent dans la peinture hollandaise du XVIIe
siècle, et présente une variante des portraits
de groupe qu’elle affectionne, un peu comme
l’actuelle photo de classe.
L’originalité de l’œuvre réside dans son
animation des figures. Là où le genre du
portrait collectif préfère des personnages
immobiles autour d’une table, Rembrandt les a
placés ici en situation. Tout dans la
composition converge vers les deux figures
centrales. L’unité est obtenue par la répartition
de la lumière venant d’en haut à gauche et les
masses colorées. Les couleurs vont du blanc
au noir en passant par des touches brunes puis
ocre jaune et ocre rouge chères au peintre.
L’anecdote veut que certains gardes
municipaux payèrent l’artiste pour figurer dans
le tableau : la somme était plus ou moins
importante selon la place qu’ils occupaient
dans la composition.
Un Vermeer du XXe
siècle, Van Meegeren
La redécouverte tardive de Vermeer et
l’absence d’œuvres connues sont à l’origine de
nombreuses controverses sur leur attribution,
ce qui facilite la mise en circulation de faux
tableaux.
Une des deux plus grosses fortunes d’Europe,
un armateur de Rotterdam, achète en 1941 la
Cène de Vermeer. Pour réunir la somme de 1
600 000 fl orins de l’époque (environ 10
millions d’euros), il vend un Goya, un Tintoret
et un Watteau. À la Libération, un certain Van
Meegeren est accusé d’avoir trahi sa patrie en
ayant vendu un Vermeer à Goering. Plutôt être
faussaire que traître, on a sa dignité ! Van
Meegeren affirme avoir vendu un faux qu’il a
lui-même confectionné et, pendant qu’il y est,
avoue en avoir peint d’autres dont la fameuse
Cène. Mais, ironie du sort, personne ne le croit.
Traître et mégalomane en plus ! Il est donc
obligé, pour appuyer ses dires, de peindre un
faux Vermeer en prison. Si on peut comprendre
que Goering, qui ne brillait pas par le goût, se
soit laissé duper, c’est tout de même plus
surprenant de la part des experts. La Cène est
franchement hideuse. En 1995, elle a été
vendue aux enchères au musée de Rotterdam
pour la somme de 54 000 euros, ce qui la rend
plus abordable même si elle reste toujours
aussi laide.
La laitière a du pot
Peintre des scènes d’intérieur, Vermeer se plaît à
représenter la femme, qu’elle soit paysanne, ouvrière
ou bourgeoise. Sont célèbres La Laitière (1660),
reprise depuis dans une célèbre publicité, La
Dentellière (1665-1670, voir Figure 27) ou La Jeune
Fille au verre de vin (1660). Des pièces mises en
perspective par le sol, par les murs ou une table
baignent dans une lumière douce venant d’une
fenêtre figurée ou suggérée. La particularité des
volets hollandais composés de quatre panneaux
permet au peintre de moduler la lumière en
combinant leur ouverture. L’artiste affectionne la
composition géométrique, soulignée par le carrelage
du sol et les murs blancs, par la présence d’un miroir,
d’une table, d’une fenêtre ou de tout autre élément
de décor.
La Joconde du Nord
Un mausolée éloquent
pour le Taciturne
La sculpture évolue vers le baroque avec
Hendrick de Keyser (1565-1621) qui est aussi
architecte. Il fait l’essentiel de sa carrière à
Amsterdam et on lui doit le prodigieux
mausolée de Guillaume Ier le Taciturne à la
Nieuwe Kerk de Delft (1614-1623). En pierre
noire, marbre et bronze, ce mausolée subit lui
aussi l’influence française en s’inspirant du
tombeau de Henri II à Saint-Denis.
Artus Quellin I dit le Vieux (1609-1668)
originaire d’Anvers est considéré comme le
sculpteur le plus influent du baroque flamand.
Sa décoration de l’hôtel de ville d’Amsterdam
lui vaut la commande des bustes de presque
tous les notables de la ville.
Si beau Silène
Antoon Van Dyck (1599-1641) est le plus digne
continuateur de Rubens, quoique s’illustrant
principalement dans l’art du portrait. Il a réalisé
comme Holbein une bonne partie de sa carrière en
Angleterre, même s’il fut oublié de l’art anglais. Le
peintre pratique un art raffiné et fastueux, en donnant
une belle interprétation mythologique du satyre avec
Silène ivre soutenu par un faune et une bacchante.
Artiste brillant – il a déjà son atelier d’artiste
indépendant à 18 ans – il montre très tôt une habileté
technique et une sûreté de touche. Sa production de
portraits est considérable, près de 400 pour la seule
période anglaise sans que la qualité n’en souffre ! Le
plus fameux, représentant Charles Ier, est au Louvre.
À la vôtre !
Jacob Jordaens (1593-1678) naît et œuvre toute sa vie
à Anvers. Il collabore avec Rubens pendant vingt ans
mais sa peinture est moins ambitieuse et sensuelle
que celle du maître. Le peintre se plaît à opposer dans
ses compositions maigres et gros, jeunes et vieux,
tristes et joyeux, avec une prédilection pour les
mêmes thèmes si l’on en croit les cinq versions pour
Le Satyre et le Paysan et Le roi boit. Il représente sous
les traits du roi de la beuverie son beau-père Adam
Van Noort, le professeur de Rubens ! Ces tableaux
illustrent parfaitement sa peinture mouvementée, sa
truculence joviale voire triviale, dans une vaste
gamme colorée et sous une lumière fortement
contrastée. Jordaens sait s’émanciper de la tutelle de
Rubens pour se forger un style propre comme en
témoignent ses magnifiques Quatre Évangélistes
(1622).
Un œil de velours
Peintre animalier et de natures mortes, Franz Snyders
(1578-1657) est sans doute le plus grand peintre
flamand de ces deux genres. Il confère en effet à la
nature morte du rythme et du mouvement, en
élargissant l’espace et en disposant des motifs selon
des lignes de composition savamment calculées. On
retiendra surtout le splendide Marchand de gibier du
musée d’Oslo. Les animaux reposent sur un étal au
soubassement sculpté et les pattes du lièvre ou le cou
du canard qui pendent par-dessus donnent une
saisissante impression de relief, digne du trompe-l’œil.
Une peinture d’importation :
l’Angleterre
Si le XVIIe siècle est en Hollande le siècle de la
peinture, il est en Angleterre celui de l’architecture.
Les plus grands maîtres de l’architecture anglaise
travaillent en effet à cette époque. La peinture
anglaise du XVIIe siècle ne doit son salut qu’à l’arrivée
d’artistes étrangers, italiens, hollandais, flamands,
tant cet art était étranger au pays. Le premier qui se
rend à Londres, en 1629, et qui y vit jusqu’à sa mort,
en 1639, est Orazio Gentileschi avec sa célèbre fille
Artemisia.
« La Carrière d’une
prostituée »
En 1732, l’année de La Carrière d’une
prostituée, Hogarth entre à l’Académie de
dessin fondée par James Turnhill. Celui-ci, en
regardant cette œuvre de son gendre, déclare
qu’un artiste qui sait faire une telle œuvre peut
entretenir une femme. Mais en homme avisé, il
précise bien… « sans dot ». C’est flatteur pour
Hogarth mais surtout économique pour le
beau-père !
Le peintre retarde très volontairement la
parution de son autre série, La Carrière d’un
roué, pour une raison surprenante mais
compréhensible : il attend une loi sur la
propriété intellectuelle, d’ailleurs encore
connue en Angleterre sous le nom de loi
Hogarth ; en France, c’est Beaumarchais qui se
battra pour cela.
À l’est, encore du
nouveau
L’art baroque ne s’est pas arrêté aux portes de
l’Europe occidentale. L’Autriche fait par
exemple de Vienne une capitale baroque. On y
remarque la délirante colonne de la Peste
(1682-1694) qui n’a de colonne que le nom,
car il s’agit d’une grande pièce montée où les
figures s’agitent et se superposent au milieu
des nuées. Elle est érigée en mémoire des
victimes de la peste de 1679. C’est sans doute
l’un des monuments publics les plus théâtraux
d’Europe !
On se doit également d’évoquer Prague où les
Italiens dominent la création architecturale
jusque dans la deuxième moitié du XVIIe
siècle, période à laquelle Allemands et
Tchèques leur succèdent. Le pont Charles,
construit au XIVe siècle, est orné à partir de
1683 d’une série de statues baroques qui font
penser au pont Saint-Ange de Rome par
Bernin. Cette décoration a pour origine
l’érection (honni soit qui mal y pense, il s’agit
de la construction) de la statue en bronze de
saint Jean Népomucène, saint patron de la
Bohême. Cet exemple sera utilisé pour de
nombreux ponts dans toute l’Europe centrale.
Quatrième partie
Nunuches, nanars et
nénuphars : le XIXe siècle
Un éclairage au « néo » : le
néoclassicisme
Dans ce chapitre :
Vivre un retour à l’Antiquité sans changer de
chapitre
Faire la Révolution avec David
Visiter l’Arc de triomphe sans retenir son
Chalgrin
David, un frondeur
L’actualité finit cependant par rattraper l’artiste. En
1797, David rencontre Bonaparte et commence un
portrait, jamais achevé, mais passant pour l’un des
plus ressemblants. En 1801, son Premier Consul
franchissant les Alpes au col du Grand-Saint-Bernard
marque la victoire de Marengo. Si ce nom rappelle aux
gastronomes la recette du veau et du poulet, il
évoque plutôt le cheval pour les amateurs de
peinture : avec cette toile, David offre en effet un
portrait équestre idéalisé de Napoléon. Vision plus
historique, le Bonaparte franchissant les Alpes de Paul
Delaroche représente le futur Empereur frissonnant,
juché sur… un mulet : toute la différence entre la
propagande et la réalité !
Un sacré tableau
Ingres attitude
L’art osé
À la mort de Raphaël, dont Ingres était un fervent
admirateur, on trouva dans les affaires du peintre le
portrait d’une belle jeune femme, une autre Joconde :
la Fornarina.
Épuisé au déduit
Vasari, le biographe des peintres de la Renaissance,
raconte qu’elle causa la mort de Raphaël en l’épuisant
au « déduit » (c’est-à-dire aux jeux amoureux, pour
ceux qui n’ont jamais écouté Brassens). S’inspirant de
cette anecdote, Ingres peint Raphaël et la Fornarina
lors de ses séjours à Rome entre 1806 et 1820. Dans
ce tableau, le modèle est assis sur les genoux de
l’artiste. Raphaël se retourne et regarde l’œuvre qu’il
est en train de faire. Cette scène d’atelier est à la fois
un hommage à l’œuvre et à la vie du peintre.
Œdipe sans complexe
La mythologie est également une source d’inspiration
et de réflexion pour Ingres, avec par exemple son
Œdipe et le Sphinx. Œdipe, en grec, signifie pied bot,
le boiteux. Dans l’angle droit du tableau, on aperçoit
bien un pied – un pied beau ? Mais le Sphinx lève une
griffe qui attire l’œil du spectateur sur le pied du fils
de Jocaste, posé sur le rocher, qui constitue le
véritable centre du tableau.
Complètement d’Ingres !
En 1811, 1812 et 1819, Ingres envoie son Œdipe, La
Grande Odalisque et Thétis suppliant Jupiter au Salon
de Paris où les œuvres sont accueillies avec le même
verdict insultant : de la peinture « gothique et
byzantine » ! Nul n’étant prophète en son pays, Ingres
rejoint alors l’Italie.
Rouge Senonnes
La période romaine du peintre est l’occasion de
superbes portraits, comme celui de Madame de
Senonnes (1814-1816, voir Figure 38), un des plus
beaux tableaux jamais exécutés. Dire que cette toile a
été récupérée chez un brocanteur ! Elle influença
aussi bien Picasso que Matisse. Une véritable tarte à
la crème pour l’histoire de l’art : Ingres est classé
dessinateur et non coloriste ! Pourtant, le rouge de la
robe présente toutes ses nuances. De plus, un miroir
permet de voir le modèle de dos, géniale idée de mise
en perspective développée à plusieurs reprises chez
Ingres. La légende veut qu’avant lui, un peintre italien
de la Renaissance avait parié de prouver la supériorité
de la peinture sur la sculpture en peignant le même
modèle sous tous les angles, y compris en jouant des
reflets dans l’eau, permettant au spectateur de voir le
sujet entièrement sans se déplacer.
Un vœu pieux
De 1820 à 1824, Ingres s’installe à Florence. Il peint
une variante de la Chapelle Sixtine, et Le Vœu de
Louis XIII (1820-1824) par lequel le roi consacre son
royaume à la Vierge. Le succès au Salon de 1824
amène le maître à revenir à Paris. Il donne les
portraits de Charles X et de M. Bertin, créant, comme
le souligne Baudelaire, l’impression qu’Ingres a toute
sa place parmi les réalistes ! En fait, l’artiste n’aime
pas beaucoup peindre des portraits de commande,
qu’il considère comme des travaux alimentaires. Mais
de la belle et timide Mademoiselle Rivière (1805) à
Madame Senonnes, la faim justifie les moyens !
En apothéose
Ingres peint aussi L’Apothéose d’Homère (1827)
initialement prévu pour décorer un plafond du Louvre.
Le Martyre de saint Symphorien, actuellement à la
cathédrale d’Autun, est un échec au Salon de 1834.
La critique reproche au peintre de n’avoir composé
son ensemble que comme une juxtaposition de
scènes. Il repart alors pour Rome, mais comme
directeur de l’Académie de France. Revenu en France
en 1841, le maître crée des vitraux pour la famille
d’Orléans, avant de se rallier au Second Empire qui lui
commande en 1853 une Apothéose de Napoléon Ier,
pour un plafond de l’Hôtel de Ville de Paris détruit en
1871, dont une esquisse subsiste au musée
Carnavalet.
Finir au violon
La photographie surréaliste la plus connue, le
portrait de Kiki de Montparnasse par Man Ray,
est inspirée de la Baigneuse dite de Valpinçon
ou de la joueuse de luth du Bain turc. C’est
une femme nue de dos, coiffée d’un turban.
Son corps évoque un instrument de musique
et la photographie s’intitule justement Le
Violon d’Ingres.
Le père musicien d’Ingres lui avait en effet
donné le goût de la musique. Pour payer ses
études à l’École des beaux-arts de Toulouse,
l’artiste joue pendant deux années à
l’Orchestre du capitole comme deuxième
violon. On prétend que s’il accepte bien les
critiques sur sa peinture, il supporte en
revanche très mal les remarques sur sa façon
de jouer. Depuis, l’expression « avoir un violon
d’Ingres » désigne un passe-temps, un hobby
auquel on aime consacrer ses loisirs. À la fin
de votre lecture, nul doute que vous direz :
« L’histoire de l’art, c’est mon violon
d’Ingres ! »
Copier l’inimitable : la sculpture
néoclassique
Un Ange passe
En France, Ange Jacques Gabriel (1698-1782), premier
architecte du roi, est auréolé d’une solide réputation –
normal, quand on se prénomme Ange ! Cultivant le
mélange de la grande tradition classique française des
XVIe et XVIIe siècles et de l’Antiquité, il réalise l’École
militaire (1751-1787) et les pavillons de la place Louis
XV (1755-1775), actuelle place de la Concorde.
L’architecte s’inspire de l’aile Lescot et de la
colonnade de Perrault du Louvre (voir Figure 19),
référence absolue du style classique français. Bâti à la
demande de la marquise de Pompadour, le Petit
Trianon de Versailles est à la fois son chef-d’œuvre et
celui de l’architecture néoclassique française.
Trop de Chalgrin
Jean-François Chalgrin (1739-1811) est passionné, lui
aussi, par l’architecture gréco-romaine. On lui doit
notamment l’église Saint-Philippe-du-Roule, le Collège
de France et le très bel hôtel du consulat des États-
Unis à Paris. En 1806, il est chargé de la construction
de l’Arc de triomphe de l’Étoile mais ne peut le
terminer. Œuvre de l’architecte Alexandre-Pierre
Vignon (1763-1828), la Madeleine est le premier
édifice religieux à ressembler à un véritable temple
antique. Sa conception intérieure répond au plan
basilical traditionnel des monuments paléochrétiens
et imite les thermes antiques par son éclairage à
coupoles.
Ce radeau me méduse : le
romantisme
Dans ce chapitre :
De la passion, du bruit et de la fureur
Suivre la Liberté de Delacroix
Se ronger les sangs avec Carpeaux
La renaissance du style gothique
Delacroix et la bannière
Après Géricault et Le Radeau de la Méduse, Delacroix
(1798-1863) sème à son tour l’inquiétude chez les
partisans des Anciens, très chagrins devant La Barque
de Dante (1822). Deux ans plus tard, c’est la
stupéfaction épouvantée pour ces classiques (« dont
la perruque frémissait », s’amuse Gautier) devant les
Scènes des massacres de Scio : au nom de la liberté
des peuples, les romantiques s’enthousiasment pour
la lutte de la Grèce moderne pour son indépendance.
Les Scènes au Louvre et La Grèce sur les ruines de
Missolonghi sont au XIXe siècle l’équivalent du
Guernica (voir Figure 55) de Picasso pour la guerre
d’Espagne au siècle suivant. Violence, exotisme,
sentiments généreux : tous les ingrédients sont
présents sans que Delacroix ne tombe dans
l’outrance.
Portrait de l’artiste en insurgé
Au Salon de 1827, Delacroix présente La Mort de
Sardanapale et Louis Boulanger un Mazeppa, motif
romantique plusieurs fois traité de l’insurgé condamné
à errer dans la steppe, attaché nu sur un cheval. La
même année, Ingres, avec son Apothéose d’Homère,
leur oppose sa profession de foi classique.
Attention d’Angers
Question facile : où est né, en 1788, Pierre Jean David,
dit David d’Angers ? Il obtient le prix de Rome de
sculpture en 1811 avec La Mort d’Épaminondas, un
général dont le décès marque la fin de la puissance de
Thèbes.
Son œuvre est d’un style souvent qualifié d’« élégant
et correct », adjectifs qualificatifs puisés dans les
comptes-rendus de Salons, vieillots mais plutôt bien
trouvés. Il obtient la gloire avec sa statue du Général
Foy au Père-Lachaise et sa Jeune Grecque sur le
tombeau de Marco Botzaris à Athènes, conçue dans
l’enthousiasme romantique pour le héros de la guerre
d’indépendance grecque.
À partir de 1830, sa fécondité étonne : en dix-huit
années de production « 40 statues, 75 bas-reliefs, 120
bustes, 38 statuettes, 30 médaillons de proportions
colossales et 500 portraits modelés dans des
médaillons de moyenne grandeur ». Les statues du
scientifique Cuvier, du marin Jean Bart, les bustes des
écrivains Hugo, Goethe ou Lamartine témoignent de
sa compréhension et de son intérêt pour ses illustres
contemporains. Ses médaillons contribuent aussi à lui
assurer une place dans l’art français : une véritable
galerie des célébrités, comme Bonaparte, Ney, le
peintre David, Auber… Pour son activité politique, il
est condamné à l’exil par le Second Empire.
Nostalgie gothique
Comme l’Opéra de Paris, le Louvre de l’architecte
Hector Lefuel (1853-1875) cultive le goût de
l’ornement dont c’est ici en quelque sorte le chant du
cygne : le reflux s’amorce peu à peu pour aboutir à
l’architecture banale en béton du XXe siècle.
Fallait le fer !
Tranches de l’art : le
réalisme et les pompiers
Dans ce chapitre :
Tenter de peindre vrai avec les réalistes
Des cours de paysage en pleine nature à l’école
de Barbizon
Hébert, un peintre à redécouvrir
Des pompiers sous le feu de la critique
Friant de peinture
Émile Friant (1863-1932) obtient le second prix de
Rome à 20 ans, avec une bourse pour voyager en
Italie et en Tunisie. Pourtant, le discrédit de la peinture
académique le frappe encore. Cette injustice se fonde
sur ses portraits, rappelant le peintre Alexandre
Cabanel, et sur ses allégories. Cependant, Friant est
aussi un réaliste saisissant. Il démontre bien que les
étiquettes ne sont jamais évidentes ailleurs que dans
un catalogue de mode vestimentaire. Depuis la
rénovation du musée de Nancy, il connaît un regain de
faveur sous couvert de régionalisme. Les amateurs
l’englobent dans la notoriété de l’école de Nancy et le
goût croissant du public pour les œuvres d’art en
verre de Daum et Gallé rejaillit sur lui.
Sa façon de saisir des vagabonds, des lutteurs ou sa
propre mère épluchant un navet sale est pleinement
réaliste. Le public des visiteurs du musée de Nancy
accorde toujours son attention à son Idylle sur la
passerelle, et se demande si la jeune fille croit ce que
son amoureux lui raconte. La Toussaint lui vaut les
honneurs du Salon de 1889. Sur la droite du tableau,
une famille en deuil s’avance dans un bloc compact
d’habits noirs, sur fond de neige. À gauche, un
mendiant aveugle dans le froid serre sa sébile. Au
centre, la fillette va donner une obole au vieil homme,
reliant encore le monde des vivants à celui du presque
mort.
Meunier va au charbon
Le peintre et sculpteur Constantin Meunier (1831-
1905) se préoccupe également du monde ouvrier.
Comme il habite en Belgique, une région propice,
Meunier va au charbon. La vie des mineurs devient
sur le tard sa source d’inspiration. Ses fondeurs et ses
puddleurs, ouvriers métallurgistes, sortent de la mine,
blêmes et musclés. Ils animent ces bas-reliefs sans
misérabilisme et s’imposent en sculptures si réalistes
que l’on parle même de « naturalisme ». D’ailleurs,
Paris lui commande une statue du père de cette
doctrine littéraire, Émile Zola, qui orne son boulevard.
Aux Expositions universelles de 1889 et de 1900, il
obtient le Grand Prix. Le Grisou (1888), où une vieille
femme se penche sur le cadavre d’un mineur tué par
ce gaz explosif, danger mortel permanent, évoque
avec raison une pietà laïque : Meunier adapte la figure
traditionnelle de la mère du Christ à la modernité du
thème de l’ouvrier.
En haut de l’échelle
Hébert, un pestiféré ?
« Ce jeune homme […] a peut-être une âme. » Le
compliment n’est pas mince quand on sait qu’il vient
de l’écrivain Stendhal (1783-1842) lui-même ! Antoine
Auguste Ernest Hébert (1817-1869) fait partie des
artistes académiques et officiels qui sont excellents
sans être pompeux. À Paris, en 1835, il entre dans
l’atelier de David d’Angers qui lui conseille de
préparer avec Delaroche le prix de Rome, qu’il obtient
en 1839. Le peintre expose ensuite au Salon des toiles
inspirées de son séjour italien, d’autres orientalistes,
d’autres encore de peinture d’histoire, Le Tasse en
prison visité par Expilly, gentilhomme dauphinois ou
réalistes, comme sa Paysanne de Guérande battant
son beurre.
Le mauvais air
Exposée en 1850, La Mal’aria provoque une profonde
sensation. Au musée du Luxembourg, le musée d’Art
moderne de l’époque, la notice précise : « Dans ce
tableau d’une tristesse pénétrante, Hébert nous
montre une famille italienne de la campagne de Rome
fuyant la mortelle contagion. C’est une des meilleures
toiles de l’artiste. Une barque glisse sur les eaux
dormantes des marais Pontins, entre des rives plates,
sous un ciel embrumé de vapeurs pestilentielles, et
portant une pauvre famille plus ou moins atteinte par
l’influence délétère ; à l’avant, un homme robuste,
jambes et bras nus, dirige la barque à l’aide d’une
longue perche. ». La Mal’aria s’écrit maintenant sans
l’apostrophe – comme entracte d’ailleurs – et signifie
en italien le mauvais air.
Portraits à redécouvrir
Souvent peints sur fond vert un peu à la manière des
vieux maîtres français, les nombreux portraits
d’Hébert sont parmi les meilleurs du siècle, pourtant
fécond en ce domaine. Son type féminin, aux yeux
alanguis et cernés, se ramène presque toujours à
l’Italienne atteinte de la malaria. Même s’il n’a peut-
être pas suffisamment varié ses sujets, le peintre
annonce le symbolisme avec son Ophélie rêveuse, et
l’art moderne avec son portrait de madame Rostand.
L’artiste exécute aussi le modèle de la mosaïque du
Panthéon. Son premier biographe, Joséphin Péladan,
raconte avoir lui-même servi de modèle. Deux musées
lui sont consacrés : l’un à La Tronche en Isère et
l’autre à Paris. Il ne reste plus qu’à espérer que la
renommée qu’Hébert avait de son vivant retrouve de
son éclat, et que la visite de ce musée y aura
contribué.
Un pompier à contre-
emploi
Pour faire une différence entre les peintres
pompiers décriés à tort comme Bastien Lepage
ou Alexandre Cabanel et les mauvais
pompiers, prenons l’exemple de Paul Baudry
(1828-1886). En 1850, ce peintre remporte le
prix de Rome sur un sujet beau comme
l’antique : Zénobie trouvée sur les bords de
l’Araxe. Le peintre a très tôt les honneurs
officiels. Son envoi de dernière année à Rome
est constitué de deux toiles : Le Supplice d’une
vestale et La Fortune et le Jeune Enfant. Cela
prouve que Baudry, s’il n’a guère de talent, a
au moins des lectures. Il veut une fois sortir de
l’ornière de la peinture douceâtre et commet
pour le Salon de 1861 Charlotte Corday qui
vient d’assassiner Marat, dont le seul mérite
est de prouver que les baignoires sont
dangereuses pour Marat, Claude François et
les peintres sans inspiration. Baudry fait
encore quelques portraits qui sont le meilleur
de son œuvre et la décoration de plusieurs
endroits où généralement on évite d’aller,
comme l’Opéra et la Cour de cassation.
Gérôme et la mise en
abîme
Jean-Léon Gérôme (1824-1904) est à la fois
peintre et sculpteur et propose un intéressant
va-et-vient entre les deux. Surtout connu pour
son œuvre orientaliste où il dépasse l’érotisme
conventionnel, l’artiste crée un remarquable
jeu de miroirs entre des œuvres qui se
répondent et se rappellent. Ce procédé, appelé
mise en abîme, sera beaucoup repris par la
suite.
Gérôme présente au Salon de 1890 le marbre
polychrome d’une femme qui symbolise la cité
de Tanagra, où des archéologues ont
découvert des centaines de statuettes
féminines. Elle tient dans sa main une
statuette dite « danseuse au cerceau ». Un
autoportrait le représente en train de sculpter
ce marbre. La statuette de la danseuse est
ensuite reprise dans une toile intitulée
Sculpturae vitam insufflat pictura (La peinture
insuffle la vie à la sculpture) où une jeune
Grecque de Tanagra colorie des statuettes. Le
jeu sur les rapports entre le sculpteur et le
peintre met en abîme la représentation de
l’œuvre et l’œuvre elle-même.
L’artiste soutient aussi l’innocence du
capitaine Dreyfus et peint entre 1895 et 1899
une série sur la Vérité. Hélas ! La Vérité nue,
qui sort du puits du musée de Cluny un
martinet à la main, ne frôle pas le ridicule, elle
est en plein dedans. Même si Émile Zola s’est
moqué de l’œuvre du peintre, pas rancunier,
Gérôme, en 1902, est un des premiers
souscripteurs pour le monument à l’écrivain
défenseur de Dreyfus.
La sculpture académique
Clésinger, un provocateur
Fatigué de courir après la gloire, le sculpteur Jean-
Baptiste Auguste Stello Clésinger (1814-1883) décide
de faire scandale au Salon de 1847. Il y présente deux
bustes et deux statues dont la Femme piquée par un
serpent. La morsure de celui-ci est un alibi pour
montrer un orgasme féminin spectaculaire. Pire,
l’artiste montre un moulage et non une sculpture. La
provocation paie et assure sa célébrité. Clésinger
recommence l’année suivante, mais cette fois avec
une véritable sculpture, une Bacchante couchée. Le
public est ravi de se réjouir les yeux, et les critiques
hurlent à l’impudeur ! Gendre de George Sand, il fait
son buste en 1847.
Dans ce chapitre :
Déjeuner sur l’herbe avec Manet
Peindre en série comme Monet
Des points en suspension pour le néo-
impressionnisme
Prêter l’oreille aux maux de Van Gogh
L’industrie au secours de
l’art
Durant le XIXe siècle, la recherche industrielle
permet des progrès en chimie. Lefranc invente
en 1850 le tube de zinc – toujours cher aux
écoliers – qui remplace la vessie de porc pour
la conservation de la peinture. Emporter ses
couleurs hors de l’atelier devient alors possible
et le chevalet, plus léger, est facilement
transportable. Jusqu’ici, le peintre demandait à
ses apprentis d’enduire la toile avec du blanc
de craie, ou de plâtre mêlé à de la colle, pour
faire le fond. Maintenant le tableau est vendu
tout apprêté. L’artiste peut donc désormais
aller peindre directement « sur le motif »,
c’est-à-dire sur le terrain, en plein air. L’Anglais
Constable (1776-1837) avait montré le chemin
dès les années 1800. Par ailleurs, des
littérateurs comme Goethe et des scientifiques
comme Chevreul étudient les couleurs. Les
peintres s’emparent de leurs remarques.
Du Brésil à l’Espagne
Manet forme son œil en allant voir dans leur pays
d’origine les vieux maîtres hollandais et italiens, avant
de découvrir l’art japonais. Élève du peintre Thomas
Couture (1815-1879), il réagit contre la manie du
détail des pompiers et leur préfère l’école réaliste.
Avé Cézanne
Time is Monet
En 1874, le célèbre photographe Nadar (de son vrai
nom Félix Tournachon) prête ses locaux pour une
exposition. Quelques artistes jeunes et moins jeunes
créent « une société anonyme coopérative d’artistes
peintres, sculpteurs, graveurs, à capital et personnel
variable », afin de proposer « des expositions libres,
sans jury et sans récompense honorifique ».
Seurat en pointillé
Signac, apôtre du
divisionnisme
Lorsque Seurat meurt, il laisse derrière lui des
regrets… et un fidèle disciple en la personne
de Paul Signac (1863-1935). Son Quai de
Clichy (1887) est digne du maître. Aisé, cet
autodidacte incite Pissarro père et fils à
s’adonner un temps au pointillisme. Marin
accompli, il s’installe à Saint-Tropez où il invite
de nombreux peintres, contribuant à la
réputation naissante du petit port méridional.
En 1899, le peintre écrit D’Eugène Delacroix
au néo-impressionnisme qui devient un
véritable traité de la couleur pour Matisse,
Braque, Kandinsky… Homme de son temps,
président des Artistes indépendants, Signac
encourage les nouveaux courants comme le
fauvisme ou le cubisme.
Toulouse-Lautrec, Albi-Montmartre
Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) descend d’une
véritable famille noble. Né à Albi, il entre aux Beaux-
arts de Paris en 1882. S’il est rattaché au mouvement
impressionniste, c’est plus par ses amitiés que par son
style. Excellent peintre animalier, la postérité retient
surtout ses descriptions du Paris des maisons closes
et des cabarets.
Suite à deux chutes stupides, il reste infirme. Les
ennuis continuent quand l’artiste s’inscrit dans
l’atelier du peintre académique Léon Bonnat (1833-
1922) avec qui il ne s’entend pas, bien qu’aucun des
deux ne soit sourd ! Dans celui de Fernand Cormon
(1845-1924), où il reste cinq ans, il rencontre des
figures qui deviendront ses amis comme Émile
Bernard ou Van Gogh.
Ne ratez pas la
correspondance : le
symbolisme
Dans ce chapitre :
De curieuses figures, du sage professeur Moreau
à Gauguin l’aventurier
Tomber dans le panneau avec Puvis de
Chavannes
Voyager en Europe et à Tahiti avec Gauguin
Aimer à la folie avec Camille Claudel
Redon dense
Odilon Redon (1840-1916) est un artiste multiforme
qui utilise de façon originale le dessin, l’estampe et la
peinture.
Il crèche dans une étable !
Il est initié à la gravure par le curieux Rodolphe
Bresdin (1822-1885) qui vit dans une étable peuplée
de toutes sortes d’animaux et, à Paris, dans un grenier
qu’il transforme en jardin avec sources. Graveur de
génie, il gagne sa vie en vendant ses œuvres, qu’il tire
avec du cirage et une brosse à souliers. Les
brocanteurs les renégocient comme des épreuves
originales de Rembrandt ! À bonne école, Redon se
fixe à Paris, rencontre Corot et voyage en Hollande
pour admirer Rembrandt sur place. L’année 1879 voit
la publication de son premier album de lithographies
intitulé Le Rêve. À la recherche de « la beauté
humaine avec le prestige de la pensée », il trouve
l’impressionnisme « trop bas de plafond » et pas
seulement parce que le ciel est gris !
Une soumission docile
Sacré Gauguin !
Pause à Pont-Aven
Gauguin ne tient pas en place ! Ses escapades à
Rouen (1884) et au Danemark (1887) sont
entrecoupées d’escales bretonnes. À l’automne 1888,
après un séjour tumultueux auprès de Vincent Van
Gogh à Arles, le peintre retourne en Bretagne. C’est à
n’en pas douter dans cette région qu’est né le peintre
Gauguin. Les touristes encombrent déjà les rues de
Pont-Aven, aussi se retire-t-il au Pouldu, dans une
auberge au bord de la mer, face au large, de 1889 à
1890.
Des errances
Gauguin retrouve à nouveau son instinct d’errance
vers des cieux plus lointains. Comme l’avion et le club
Med ne sont pas encore inventés, aller à la
Martinique, avec son grand ami Charles Laval (1887)
ou à Tahiti (1891-1893) constituent de véritables
équipées. Entre ces voyages, il fréquente les cercles
symbolistes parisiens, avant de retourner à Tahiti de
1895 à 1901.
Gauguin cryptozoologue
Françoise Dumont, conservateur du musée
d’Art moderne et d’art contemporain de Liège
en Belgique, Jean-Jacques Barloy, ornithologue,
et Michel Raynal, cryptozoologue (étude des
espèces inconnues) se trouvent un point
commun dans leurs disciplines en Gauguin. Le
peintre passe les dernières années de sa vie
dans l’île de Tahiti où il donne en 1902 Le
Sorcier d’Hiva-Oa, ou Le Marquisien à la cape
rouge. Gauguin peint dans un angle de son
tableau un chien attrapant un volatile. Nos
spécialistes s’interrogent sur la présence de
cet oiseau mystérieux pas encore classifié aux
Marquises. La toile de Gauguin apporte peut-
être aussi la cause de la raréfaction, sinon de
la disparition de cet oiseau aptère, c’est-à-dire
sans ailes. Trouver une trace de cet oiseau
inconnu fort recherché est moins spectaculaire
que d’avoir la preuve de l’existence du yéti,
mais cela est presque aussi extraordinaire
pour nos scientifiques. L’art trouve donc
parfois une utilité à laquelle on ne s’attendait
pas.
Merci Bernard
L’aventure continue : du
début du XXe siècle à nos
jours
Dans ce chapitre :
Des fauves en liberté
Des artistes qui jouent aux cubes
Un bateau en plein Paris
De la sculpture comme dessin dans tous les sens
Wright, un architecte magicien
En piste !
En peinture, le XXe siècle débute très
précisément le 17 octobre 1905 ! Ce jour-là, le
Gil Blas, une feuille républicaine littéraire et
mondaine—toute ressemblance avec des
journaux actuels est un hasard — fait paraître
un bien ironique compte-rendu du dernier
Salon d’automne. Son auteur, le journaliste
Louis Vauxcelles, décrit ce qu’on voyait dans la
salle VII sous la verrière du Grand Palais : « Au
centre de la salle, un torse d’enfant et un petit
buste en marbre, d’Albert Marque qui modèle
avec une science délicate. La candeur de ces
bustes surprend au milieu de l’orgie des tons
purs : Donatello chez les fauves. »
Dans la grande tradition du critique inventeur
malgré lui, Vauxcelles, qui n’est plus connu
que pour ce bon mot (et un autre que l’on
verra plus bas), avoue qu’il a entendu la
blague d’un visiteur inconnu. Le mouvement et
le nom sont alors lancés : en piste !
Boronali : le coup de
l’âne
Au Salon de 1910, une marine plutôt
intéressante est exposée. Le Bénézit, l’ouvrage
de référence par excellence, le gigantesque
répertoire des artistes de tous les pays et de
tous les temps, donne le nom du créateur,
Boronali, qui réussit à la vendre 400 francs-or
quand un Dufy vaut deux pièces de cent sous.
Qui est ce Boronali ? L’écrivain Roland
Dorgelès fournit la réponse dans son livre
Bouquet de Bohème : « Je songeais bien à
lancer un peintre imaginaire, mais ce n’est
encore qu’un projet confus. Il me manquait
l’essentiel : une trouvaille, une mystification,
une blague énorme, qui rangerait d’un seul
coup les rieurs de mon côté. Brusquement,
sans chercher, cela me vint à l’esprit : faire
peindre un animal ! ». Le père Frédé, le patron
du cabaret Le Lapin agile possède un âne.
Parfait, pas besoin de dressage comme pour
un chien savant ! L’âne des fables s’appelant
Aliboron, l’anagramme (la recomposition des
lettres) fournit le nom : Boronali, avec un air
italien qui en fait un parfait futuriste. Le
canular atteint le grandiose avec le
« Manifeste de l’école excessiviste » qui fleure
bon le pastiche de Marinetti, le chef de file du
mouvement futuriste : « Holà grands peintres
excessifs, mes frères. Holà ! pinceaux
rénovateurs. Brisons la palette archaïque et
posons les principes de la peinture de demain.
Notre formule sera l’excessivisme. L’excès en
art est une force [ça, c’est superbe !]. Le soleil
n’est jamais trop ardent, le ciel trop vert, la
mer trop rouge. Place au génie de
l’éblouissement ! Dévastons les musées,
piétinons les routines, faisons un feu de joie
avec les chefs-d’œuvre […] Réchauffons l’art
dans l’étreinte de nos bras fumants ! »
Évidemment, les bernés refuseraient de croire
au coup de l’âne. Donc il faut aller chercher un
huissier pour un constat « à la fois zoologique
et pictural ». La scène vaut le déplacement. On
attache un pinceau à la queue de l’âne Lolo
qui, gavé de choux et de carottes, manifeste
son contentement en agitant son appendice
caudal. Il termine même en musique puisque
le père Frédé se met à la guitare pour
l’encourager. Et c’est ainsi que naît Et le soleil
s’endormit sur l’Adriatique. On voit même une
chose encore plus extraordinaire à
Montmartre : l’huissier paye sa tournée.
Célibataire endurci
En 1898, Munch rencontre une jeune fille, Tulla
Larsen, qui veut l’épouser. Le peintre refuse,
gêné qu’elle soit plus riche que lui. Un jour,
des amis viennent le prévenir de la mort de
Tulla. Munch rentre dans la chambre mortuaire
et voit le cadavre sur le lit. Brusquement la
morte se redresse ! Pensons à l’émoi de cet
artiste qui a peint La Vampire ! Tulla pensait
créer un choc salutaire chez l’artiste, en lui
faisant prendre conscience de ses sentiments.
Ben voyons ! Cris, dispute. Un coup de feu,
parti d’on ne sait où, atteint Munch à la main
gauche. Mais c’est surtout son orgueil qui est
blessé, car il ne se mariera jamais !
Vienne décadente
Planent sur cette fin de l’Autriche-Hongrie les
dieux jumeaux Éros et Thanatos. Ce n’est pas
pour rien que la psychanalyse est née à
Vienne ! Freud installe son cabinet au loyer
bien au-dessus de ses moyens dans un
immeuble bâti sur l’emplacement du
Burgtheater détruit par un incendie en 1881.
La ville s’est profondément émue de cette
catastrophe qui a frappé la haute société
viennoise. L’impératrice d’Autriche Elisabeth,
dite Sissi, meurt assassinée par un désespéré
de la société. Surnommée « l’impératrice de la
solitude », elle est la plus belle femme
d’Europe, une des plus torturées moralement
aussi : anorexique, épuisant toute sa suite
dans de longues courses en montagne,
entourée d’amoureux, de malheurs et de
drames, comme la mort étrange de son fils à
Mayerling. Nous sommes bien loin de
l’interprétation de Romy Schneider dans le
célèbre film !
Dans la toile de Klimt La Mort et la Vie, un
squelette ricanant veille et observe, tel qu’un
ange de la mort le ferait sur l’impératrice et
son empire. Lors de la première rencontre avec
le peintre, l’impératrice fait des anneaux. Elle
est vêtue d’une robe de soie noire à longue
queue, ornée de plumes d’autruche, noires
elles aussi. « Suspendue aux cordes, elle
faisait un effet fantastique, comme d’un être
entre l’oiseau et le serpent », spectacle qui
évoque Le Péché de Franz von Stuck, chef de
la sécession munichoise, ou bien L’Idole de la
perversité de Jean Delville, un autre peintre
symboliste et décadent.
Toutes ces femmes cruelles et fatales peuplent
l’art, Judith, Hérodiade souvent confondue
avec sa fille Salomé. L’affiche de Klimt pour la
première exposition de la sécession viennoise
de 1898 montre un Thésée nu et athlétique qui
tue le Minotaure. La censure exige que la
nudité du héros grec soit couverte, ce qui est
astucieusement fait. Éros rhabillé, Thanatos le
dieu de la mort va régner sans partage à partir
d’août 1914.
Alors, on se Braque ?
« M. Braque est un jeune homme fort audacieux. […]
Il méprise la forme, réduit tout, sites et figures et
maisons, à des schémas géométriques, à des cubes. »
Notre ami le critique Vauxcelles a encore frappé :
l’appellation cubisme est née !
Lorsque Georges Braque (1882-1963), peintre,
sculpteur et graveur, revient du Midi en 1908 avec ses
Maisons à l’Estaque, il essuie un refus du Salon
d’automne. Sous le parrainage d’Apollinaire, l’artiste
montre alors ses toiles à la galerie Daniel-Henry
Kahnweiler, marchand promis à un bel avenir. Cette
exposition va tout simplement être à l’origine du
mouvement cubiste.
Le Bateau-Lavoir
L’immeuble de la rue Ravignan (place Émile-
Goudeau aujourd’hui) est construit
bizarrement à cause de la dénivellation du
terrain. Pour aller au deuxième étage sur cour,
il faut prendre un escalier et descendre un
étage depuis la rue : logique, non ? Et on
aurait voulu que les artistes respectent les
règles ! C’est au Bateau-Lavoir que nombre
d’artistes ont leur atelier au début du XXe
siècle : Picasso par exemple y loge de 1904 à
1908, et crée Les Demoiselles d’Avignon.
Le nom de bateau est dû à l’aspect étrange de
la construction, plutôt un assemblage de
poutres et de planches. Pour « lavoir », les avis
sont partagés : parce qu’il y n’a qu’un seul
robinet ? Ou parce que, comme les autres
bateaux-lavoirs, il n’a aucune chance de
voguer, les seuls à prendre le large étant les
artistes fauchés.
Augmenter le volume
L’artisanat est la première étape de l’art, une vérité
que confirme François Pompon. Fils d’ébéniste comme
Bourdelle, il est également praticien chez Rodin et
chez les sculpteurs les plus réputés de l’époque. En ce
début de siècle, Aristide Maillol poursuit lui aussi une
œuvre figurative avec de savantes études de
volumes.
L’artiste en Maillol
La découverte de Gauguin en 1889 ouvre de
nouveaux horizons à Aristide Maillol (1861-1944). Le
peintre tient à la fois des préraphaélites et des nabis,
avec une série de femmes de profil. Son idéal féminin
va changer de gabarit et passer de la taille 38 à la
taille 54 dans ses œuvres sculpturales visibles lors
d’une promenade au jardin des Tuileries (ce qui
prouve encore une fois que Paris est un des plus
beaux musées à ciel ouvert). Le musée que lui a
consacré son ancien modèle, Dina Vierny, est aussi à
découvrir à Paris.
C’est le Pompon !
On sait que François Pompon (1855-1933) travaille au
Sculpteur et sa Muse (1894-1895) de Rodin ou à La
Vague (1897-1902) de Camille Claudel. Dès le début
du siècle, il montre un intérêt particulier pour la
sculpture animalière, en vogue depuis Barye. Au
Jardin des Plantes, le sculpteur commence ses
modèles sur son établi portatif, avant de les
parachever dans son atelier. « C’est le mouvement qui
détermine la forme, ce que j’ai essayé de rendre, c’est
le sens du mouvement. » Ainsi, son ours est tellement
épuré que l’on dirait de l’art magique esquimau !
Représenté grandeur nature, l’Ours blanc rend célèbre
son créateur en 1922 au Salon d’automne.
Imperturbable et considérant la gloire avec modestie,
Pompon continue son œuvre jusqu’à sa mort en 1933.
Wright l’Enchanteur
Wright est un homme toujours capable de se remettre
en question, caractéristique de l’artiste véritable. En
1909, il quitte tout, travail et famille, pour voyager en
Europe.
Exploitation agricole
Il y rencontre toutes les avant-gardes architecturales
de l’époque. En 1910, à Berlin, il travaille sur ce qui
sera nommé le portfolio Wismuth, sorte de manifeste
dessiné de l’architecture. En 1911, l’architecte crée un
complexe qui regroupe une ferme et des habitations
pour la famille et le personnel, et qui va devenir, plus
qu’une exploitation agricole, un lieu de vie évolutif et
vivant comme une plante. Il le nomme Taliesin, du
nom du prophète celtique plus connu sous celui de
Merlin l’Enchanteur. Il sera rebâti en effet plusieurs
fois jusqu’à devenir une communauté quasi
monastique.
Franchir le mur d’Uson
Dans ce chapitre :
Déguster du blanc de blanc
Prendre la « Klee-Duchamp »
La différence entre quelques kilos de métal et un
Oiseau
Blanc de blanc
L’art du XXe siècle a eu l’équivalent d’une
attaque cérébrale et ne s’est toujours pas
remis de son Carré noir sur fond blanc ou
Quadrangle (vers 1913) et de son Carré blanc
sur fond blanc (1918). Avec Vassily Kandinsky
et Piet Mondrian, Kazimir Malevitch (1878-
1935) est le pionnier de l’art abstrait. Le
peintre parle de suprématisme pour désigner
ce courant voulant faire disparaître les formes.
À partir de 1910, il participe aux expositions de
l’avant-garde russe, celle du Valet de Carreau
en 1910 et celle dite de la Queue d’âne, en
hommage à Boronali et, sur l’invitation de
Kandinsky, à la deuxième exposition en 1912
du groupe Der Blaue Reiter. Sa peinture
monochrome atteint les limites de
l’abstraction. Il ne s’agit pas là d’un canular
mais de l’aboutissement d’une logique
artistique où le tableau n’est plus qu’une
allusion au tableau.
Le Cavalier bleu
Klee participe aux activités du groupe Der
blaue Reiter (Le Cavalier bleu), composé
notamment de Franz Marc (1880-1916),
August Macke (1887-1914) et Kandinsky. Mais
pourquoi ce nom ? Il provient de Franz Marc
qui aimait les chevaux et de Kandinsky qui
aimait les cavaliers. Le nom du mouvement
n’est donc pas dû, comme on le croit souvent,
à la toile homonyme de Kandinsky, ni de La
Tour aux chevaux bleus ou du Cheval bleu de
Franz Marc. Pourquoi des chevaux bleus ? Il
existe des chevaux et il existe du bleu ; si Dieu
a été distrait en oubliant de faire des chevaux
bleus, il est possible à l’artiste d’y remédier.
Esquisses pédagogiques
Artiste indépendant, Klee subit l’influence de l’Orient
lors d’un voyage en Tunisie en 1914. Dans son journal,
il précise : « La couleur me tient je n’ai plus besoin de
la poursuivre […] moi et la couleur ne faisons qu’un.
Je suis peintre. »
Walter Gropius, fondateur du Bauhaus, y appelle Klee
comme chargé de cours de la section tissage en 1921,
avant qu’il n’accepte la chaire de technique picturale
à Düsseldorf, dont les nazis le chasseront en 1933 en
parlant à son propos d’« art dégénéré ». Son travail
d’enseignant lui a inspiré ses Esquisses pédagogiques
de 1925, année où il rejoint le surréalisme.
Une fin dépouillée
De sa première éducation musicale – ses parents
étaient musiciens, il avait lui-même épousé une
pianiste – il a conservé le goût des comparaisons
entre la peinture et la musique, goût partagé avec
Kandinsky pour lequel un beau rouge devait sonner
comme un clairon. L’œuvre de Klee est multiforme,
monochrome ou éclatante de lumière et de couleur.
Dans ses dernières années, il intègre à sa peinture
signes, idéogrammes et chiffres, voulant faire
fusionner langage et peinture et il va vers un
dépouillement et un intérêt pour ce qui n’est pas
encore nommé « art brut ».
Tourner en dérision
Déjà en 1913, Marcel Duchamp s’illustre avec
son premier ready-made, qui consiste en un
simple assemblage d’objets manufacturés, afin
de se moquer de la création artistique, déjà
sacro-sainte ! L’artiste se reconnaît dans le
dadaïsme et participe au groupe de New York
avec Man Ray et Francis Picabia, selon une
tendance plus critique.
Le dadaïsme est bref, mais sa descendance
féconde. Tzara dissout formellement le groupe
en 1922. De sa rencontre avec Philippe
Soupault et André Breton et de l’éclatement du
groupe dadaïste surgit le surréalisme.
Si quelqu’un a su incarner dada et rester fidèle
à son esprit anti-tout – et même anti-dada – ce
fut bien Picabia. Il faut pour s’en convaincre
lire les pamphlets mordants et savoureux de
sa revue 391.
Premiers de la classe
Sur ces années de création fertile, de nombreux
artistes arrivent de tous les horizons géographiques :
du Japon (Léonard Foujita) à la Biélorussie (Chaïm
Soutine) en passant par la Bulgarie (Jules Pascin) et
l’Italie (Amedeo Modigliani). On y trouve encore
d’autres noms très connus tels Kees Van Dongen,
Marc Chagall, Ossip Zadkine, Moïse Kisling, Juan Gris,
Piet Mondrian et Pablo Picasso (qui décidément est à
classer partout).
Chagall rit
Né en Russie, Marc Chagall (1889-1985) s’installe en
France en 1910. Mobilisé dans son pays, il sera après
la révolution d’Octobre un temps commissaire du
peuple aux Beaux-arts. Sa source d’inspiration est la
tradition et le folklore juif, marquant son œuvre au
coin du merveilleux poétique. Le charme coloré de son
travail lui valut des commandes prestigieuses, tels le
siège de l’ONU à New York, le Parlement israélien.
L’académique Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898) n’a
pas eu de chance, car ce sont ses principaux travaux,
l’escalier Daru du Louvre et son plafond de l’Opéra,
qui ont été recouverts ! Malraux, en 1964, commande
en effet à Chagall un plafond pour l’Opéra Garnier.
Celui-ci y représente neuf ballets et opéras, comme La
Flûte enchantée de Mozart ou Roméo et Juliette de
Berlioz.
C’est manifeste !
Les Manifestes sont des textes dont l’onde de
choc continue à agir. Le surréalisme est tout
d’abord un mouvement littéraire né après la
Première Guerre mondiale que rejoint toute
une pléiade d’artistes. L’écriture automatique,
caractéristique du mouvement, a ses racines
dans les pratiques spirites, même si l’attirail
des tables tournantes est abandonné. Leur
conception de la beauté moderne provient des
Poésies de Lautréamont (1870) : « beau
comme la rencontre sur une table de
dissection d’un parapluie et d’une machine à
coudre ». Résolument moderne, le mouvement
cherche à intégrer les dernières recherches de
la psychologie, avec la découverte de
l’inconscient à laquelle se rattache la pratique
de l’automatisme, l’exploration du rêve, la
valeur accordée au hasard et l’engagement
politique.
Le surréalisme veut modifier radicalement le
monde, il parvient en tout cas à modifier
largement notre vision de l’art. Un
rassemblement de personnalités aussi
passionnées et aussi fortes que Philippe
Soupault, Louis Aragon ou André Breton ne
pouvait que produire des étincelles. Jusqu’à la
mort de ce dernier, en octobre 1966, l’histoire
du groupe surréaliste est jalonnée de coups
d’éclat, de coups de gueule et de coups de
pied au derrière. Il y eut une véritable
Internationale surréaliste et tout l’art
contemporain en dérive plus ou moins. Art des
enfants, art des fous, arts primitifs, art naïf,
c’est le mérite de Breton que d’avoir su unifier
ces aspirations dans une vision harmonieuse
du monde, un « Art magique » pour reprendre
le titre d’un de ses derniers livres, peut-être le
plus important.
Sacrée Kahlo !
Proche du surréalisme, Frida Kahlo est une
artiste mexicaine (1907-1954, voir Figure 52).
Trotsky fut séduit par son charme et Breton,
qui disait d’elle qu’elle était « un ruban autour
d’une bombe », admira son œuvre picturale.
Avoir su séduire deux hommes d’une telle
envergure n’est pas rien, sans parler de son
mari Diego Rivera, grande figure du
mouvement muraliste qui voulait par sa
peinture de fresques enseigner l’art et
l’histoire au peuple. Souvent ses autoportraits
et ses peintures puisent dans le fonds
mythologique des cultures amérindiennes. Par
le choc des images, elle donne une œuvre
personnelle et surréaliste.
LHOOQ
Pas mal non plus dans le genre humoristique : la
Joconde avec une moustache intitulée LHOOQ (les
auteurs signalent qu’il faut épeler les lettres et
conseillent d’éviter de le faire à voix haute, surtout en
public). Il faut savoir que Marcel Duchamp fut joueur
d’échecs, une activité qui se rapproche beaucoup de
l’art par ses savantes combinaisons. Sur sa tombe à
Rouen figure cette épitaphe : « D’ailleurs, c’est
toujours les autres qui meurent. » On pourrait dire
sans exagérer que tout l’art moderne et contemporain
provient du ready-made de Duchamp.
Ça ne manque pas de
relief : la sculpture
abstraite
Il n’y a pas que la peinture dans l’abstraction,
il y a aussi des sculptures abstraites. Après
tout, si on y songe, chez Michel-Ange, les
œuvres inachevées cherchent déjà à ne jouer
que sur la suggestion. Le Russe Vladimir
Tatline (1885-1953) sculpte ses Reliefs, ses
Contre-reliefs et ses Reliefs d’angle. Cette
sculpture rêve même d’être monumentale et
architecturale : Tatline fait un Projet de
monument à la Troisième Internationale qui est
la maquette de 25 mètres d’un immeuble rêvé
de 400 mètres de haut.
Le terme se décline en abstraction
géométrique, à laquelle on rattache Mondrian
ou Victor Vasarely ou en abstraction lyrique où
prend place Kandinsky. Le public habitué en
Occident à quelques milliers d’années de
représentation du réel et plutôt déshabitué de
l’utilisation des symboles a du mal à retrouver
quelque chose comme des fleurs, surtout
déformées par des cubistes.
Un Ray de lumière
Man Ray (1890-1976) est certes connu pour son talent
de photographe, mais il a également une activité très
intéressante de peintre, lui qui disait : « Je peins ce
que je ne peux pas photographier. » Mêlé à tout le
mouvement intellectuel d’entre-deux-guerres, il sut
toucher le grand public par une œuvre où
s’entremêlent la peinture, l’objet-sculpture (ou ready-
made) et photographie.
Dans ce chapitre :
Paris sera toujours Paris
Avoir Pignon sur rue
De l’art brut de brut
À bientôt j’espère
Paul Rebeyrolle (1926-2005) s’installe à Paris
dès la Libération et s’initie à la peinture en
fréquentant salons et expositions. Il participe à
des expositions mais sans passer par
l’enseignement des Beaux-Arts, préférant
rester autodidacte et indépendant. En réaction
aux événements de Hongrie et aux positions
du Parti communiste face à la guerre d’Algérie,
le peintre le quitte en 1956 comme bon
nombre d’intellectuels. Sa toile intitulée À
bientôt j’espère est le signe de cette rupture.
Retiré à la campagne, il consacre sa vie à ses
recherches, en conservant son engagement
politique, comme en témoignent les titres
évocateurs Guérilleros, Coexistences, Les
Prisonniers ou Clones. Ses onze grandes toiles
exposées à la galerie Maeght en 1972
s’intitulent Les Chiens – le chien est l’exemple
animal de la victime – et sont une synthèse
entre le « réalisme expressionniste » de ses
débuts et ses recherches plus récentes avec
l’incorporation de divers matériaux. Rebeyrolle
confiait à un journaliste : « Le plus grand des
génies ne fait pas des chefs-d’œuvre tous les
jours, mais de temps en temps un tableau
indispensable. »
Réunion d’informels
À la même période, en 1947, l’exposition
« L’Imaginaire » de la galerie du Luxembourg lance
officiellement l’abstraction lyrique, où s’illustreront
Hans Hartung, Georges Mathieu, Pierre Soulages. On y
rattache les peintres informels, comme Jean Dubuffet
ou Jean Fautrier. La critique d’art crée également le
terme de tachisme que l’on retrouve parfois pour
désigner tous ces peintres teintés de surréalisme et
refusant l’abstraction géométrique.
Travail au noir
Installé aux Baléares depuis 1932, le peintre Hans
Hartung (1904-1989) crée ses premières Taches
d’encre. Il incarne l’abstraction lyrique en 1947 avec
ses toiles dramatiques. On parle souvent à son propos
de peintre « du noir et de la couleur », quand Pierre
Soulages (né en 1919) se voit défini comme le peintre
« du noir et de l’outrenoir ». Ses œuvres jouent en
effet avec des motifs sombres sur des surfaces
colorées, recréant une calligraphie personnelle. Par
exemple, un ensemble de peintures, constitué de
toiles recouvertes de la même teinte noire mais à la
technique d’application différente, fait que la lumière
joue avec les stries ou les épaisseurs.
Supporter de la
figuration
À côté de la non-figuration, la peinture
figurative revient avec des artistes comme
André Fougeron (1913-1998) ou Nicolas de
Staël (1914-1955). Ce dernier, ébloui par un
match de football, expose Parc des Princes au
Salon de mai, en 1952. Son retour à la
figuration fait scandale.
De formation classique à l’Académie royale
des beaux-arts de Bruxelles, le peintre voyage
en Europe et en Afrique du Nord, où d’ailleurs il
retournera après s’être engagé comme
beaucoup de Russes dans la Légion étrangère.
Installé à Marseille, de Staël rencontre divers
artistes surréalistes et s’interroge sur la
peinture figurative. Il y a une influence
expressionniste dans son œuvre, due à un
travail de la matière en pleine pâte. Préoccupé
par ses recherches, l’artiste se suicide en
1965, laissant une œuvre considérable : son
catalogue paru en 1968 donne plus de 1 000
références.
Revenir de l’enfer
Sculpteur, graveur, illustrateur, Jean Fautrier (1898-
1964) passe pour être venu à l’abstraction par
l’enfer ! Pas de panique, il s’agit de la commande que
lui passe Malraux pour illustrer L’Enfer de Dante. Ses
Otages en 1945 aboutissent à la notion d’informel,
bientôt reprise par le plasticien et écrivain Jean
Dubuffet (1901-1985) qui mélange également
l’abstraction et les éléments figuratifs. « L’art ne vient
pas se coucher dans les lits qu’on a faits pour lui. »
L’artiste s’interroge sur le sens de la culture, jusqu’à
arrêter toute activité artistique. Il découvre cependant
l’art brut, cet art que pratiquent ceux qui ne sont pas
des professionnels (médiums, fous, vous et nous) et
fonde alors à New York la Compagnie de l’art brut
avec Breton.
Entre l’Hourloupe
Symbole du siècle :
Picasso
Immense et divers, à l’image du XXe siècle et
de ses bouleversements, Pablo Picasso est
déjà à Paris en 1900, alors âgé de 19 ans. On
parle pour sa jeunesse plus particulièrement
de deux périodes, la « bleue » en 1904 et la
« rose », de 1904 à 1907 (rien à voir avec des
couleurs « garçon » et « fille »). Puis sous
l’influence de l’art nègre ou des sculptures des
Ibères, ce peuple de l’Espagne antique, il
change sa manière et va vers une œuvre plus
schématique et essentielle. Le cubisme est né
de ces recherches sur le volume et a donné
Les Demoiselles d’Avignon. Mais Picasso ne se
réduit pas à ce courant, il expose un temps
avec les surréalistes. Breton parle de sa
peinture « convulsive ». L’apogée de son
œuvre est sans doute Guernica (voir Figure
55) avec nombre d’œuvres qui en sont
déclinées comme La Femme qui pleure. Après
la guerre, c’est La Joie de vivre qui montre
l’autre face de Picasso, éternel chercheur et
découvreur de merveilles.
Bande à part : quelques artistes dans le
siècle
Nous allons ici découvrir des individualités
difficilement rattachables à un mouvement, ou qui ont
su faire œuvre d’originalité. On peut dire qu’à un
moment ou à un autre, ces artistes ont accompagné
le surréalisme, ou tout au moins été influencés par lui.
Les fortes personnalités ont du mal à rentrer dans des
cases bien déterminées !
Dans ce chapitre :
La fin des beaux-arts
L’irruption de l’artiste dans l’œuvre
Art contemporain ou art « comptant pour rien » ?
L’architecture contemporaine
Au pop niveau
Keith Haring (1958-1990) est l’auteur de ces
personnages à tête ronde que les touristes arborent
sur leurs tee-shirts aux abords du Louvre. L’artiste
commence par peindre sur les murs du métro de New
York, ce qui lui vaut d’être embarqué au poste, sans
que l’histoire ne dise s’il en a profité pour peindre les
murs de ses cellules. En tout cas, il va faire une
carrière internationale. Par exemple, on peut voir en
France sa fresque à l’hôpital Necker. Ayant appris qu’il
a le sida en 1987, Haring consacre alors talent et
énergie à lutter contre la maladie. C’est une des
figures les plus attachantes du pop art.
Élu pape
Cette bande
s’autodétruira…
Le sculpteur suisse Jean Tinguely (1925-1991)
épouse Niki de Saint-Phalle et la rejoint au sein
des nouveaux réalistes. Il fonde avec Yves
Klein l’art cinétique, du grec kiné signifiant
« mouvement », des machines amusantes un
rien dadaïstes, faites de rebuts. Ça gémit, ça
grince et ça éclabousse. L’artiste a un côté
grand enfant, en jouant aux Indiens autour de
grands totems ornés de crânes. Il réalise avec
sa femme et une quinzaine d’artistes Le
Cyclop à Milly-la-Forêt. Les téléphiles
nostalgiques du feuilleton Mission impossible
songeront avec émotion à cette œuvre de
Tinguely, Hommage à New York, présentée en
1960 au Museum of Modern Art, puisqu’au
bout d’une demi-heure, l’œuvre était conçue
pour s’autodétruire.
Un bleu au bout du
rouleau : Klein
Yves Klein (1928-1962) peint dès 1948 des
monochromes, et de 1951 à 1954 en utilisant
des rouleaux pour éliminer toute interprétation
personnelle, la plus minime soit-elle. À partir
de 1957, l’artiste n’utilise plus que le bleu.
« Le bleu n’a pas de dimension, il est hors
dimension, tandis que les autres couleurs,
elles, en ont… Toutes les couleurs amènent
des associations d’idées concrètes […] tandis
que le bleu rappelle tout au plus la mer et le
ciel, ce qu’il y a de plus abstrait dans la nature
tangible et visible. »
Il dépose d’ailleurs en 1960 une formule de
bleu : l’IKB, l’International Klein Blue. En
janvier de la même année, l’artiste veut
dépasser la notion de couleur et montrer qu’il
est possible d’occuper l’espace en dehors du
support. Il organise une performance avec son
premier Saut dans le vide à partir du premier
étage. Pas d’inquiétude il n’y a pas de bobo,
c’est une œuvre d’art, pas un suicide. Dans sa
série des Anthropométries, des modèles
féminins nus s’enduisent le corps de peinture
bleue et en se roulant laissent leurs
empreintes sur du papier blanc. En plus de son
bleu, Klein a inventé le pinceau humain,
modèle non breveté donc d’utilisation libre
pour animer toute soirée un peu coincée.
À la recherche de la performance
Les surréalistes Breton, Aragon et Soupault avaient
organisé le 13 mai 1921 le « procès Barrès », où
l’auteur de L’Ennemi des lois, le chantre de
l’individualisme, rallié à l’Union sacrée et au
conformisme, est mis en accusation « pour attentat à
la sûreté de l’esprit ». Il n’est pas interdit d’y voir ce
qui sera plus tard appelé performance.
Plus de dimensions
Le happening mêle l’action théâtrale à l’œuvre
dans un souci permanent d’occuper les quatre
dimensions de l’espace. La peinture est
bidimensionnelle malgré quelques tentatives –
restées insatisfaisantes parce que trop
élémentaires – de lui donner une troisième
dimension en peignant une boîte ou un cube.
D’accord, certains appellent ça de la sculpture.
La sculpture est tridimensionnelle et c’était
déjà la préoccupation de Calder que d’arriver à
déployer ses sculptures dans les quatre
dimensions : hauteur, largeur, profondeur et le
temps (mais si, la quatrième dimension
existe ! nous ne sommes pas dans Twilight
zone, la fameuse émission américaine
fantastico-science-fictionesque au titre français
La Quatrième Dimension). Tinguely a certes
placé des moteurs sur ses œuvres mais celui
qui laisse son nom attaché à l’art « cinétique »
(à ne pas confondre avec le cinéma) est Pol
Bury (1922-2005) qui eut des réussites comme
Ponctuations érectiles et des œuvres sachant
utiliser l’élément du mouvement par
excellence, l’eau.
Divers mouvements voient ensuite le jour
comme l’Op Art, abréviation d’optical art, dont
les représentants sont Victor Vasarely (1908-
1997) ou François Morellet (né en 1926).
Sympathique, mais les illusions et les jeux
d’optique ne sont amusants qu’un temps.
De bonnes installations
Dans ce que les critiques ont appelé « art attitude » à
propos de l’exposition de 1969 « Quand les attitudes
deviennent forme », on regroupe des artistes classés
dans l’art minimal, le land art ou l’art conceptuel.
Ainsi, l’attitude de l’artiste prédomine, en une des
rares applications pratiques de la théorie des
ensembles qui se recoupent.
L’installation est le terme utilisé pour désigner des
œuvres éphémères qui empruntent à tous les arts, y
compris à la vidéo, et qui s’apparentent à la
performance, les machines et les ustensiles en plus.
Barcelo Barcelona
Le mot de la fin ?
Toujours plus loin : une fois dehors, tout peut être art.
C’est ce qu’affirme Judd : « Si quelqu’un dit que c’est
de l’art, c’est de l’art. » En 1968, quand son
installation de cordes et de pieux au Windham
College, Hay, Mesh, String est détruite, Laurence
Weiner (né en 1940) se dit qu’il peut simplement
suggérer l’œuvre. Ainsi, il expose une liste de
matériaux. La littérature serait-elle l’extrême
aboutissement de l’art ?
L’artiste fait, mais il faut un spectateur. En définitive,
c’est pour lui que l’artiste travaille et c’est par lui qu’il
existe. Ainsi, Lawrence Weiner appose cet
avertissement dans ses expositions : « 1°) L’artiste
peut construire le travail. 2°) Le travail peut être
fabriqué (par quelqu’un d’autre). 3°) Le travail peut ne
pas être réalisé. Chaque proposition étant égale et en
accord avec l’intention de l’artiste, le choix d’une des
conditions de présentation relève du récepteur à
l’occasion de la réception. »
Arrivés là, nous quittons les rives du réalisme pour
aboutir à une vision spiritualiste, ce qu’en termes
savants on appelle le solipsisme : le monde extérieur
n’existe pas, il n’existe que parce que j’ai l’illusion
qu’il y a quelque chose. Il n’existe qu’à travers moi,
tout est subjectif.
L’art à venir
L’art contemporain a de nos jours le statut dont
jouissait l’art académique à la fin du XIXe siècle. Il est
financé par des commandes publiques ou des
entreprises mécènes, et il faut se demander s’il n’a
pas perdu sa capacité de transgression. En regardant
leurs dates de naissance, on remarque que beaucoup
des créateurs contemporains sont morts ou ont
dépassé l’âge canonique – au sens propre, car l’âge
canonique est celui que la règle ecclésiastique, le
canon, fixe pour les servantes de curé et cet âge est…
40 ans !
L’importance des médias et leur souci de découvrir le
génial créateur de demain projettent souvent sur le
devant de la scène des personnalités spectaculaires,
mais sont-elles pour autant des artistes ?
Nouvelles technologies
C’est Prouvé !
Fils du célèbre ébéniste nancéien Victor Prouvé (1858-
1943), Jean Prouvé (1909-1984) est ingénieur et
designer, ainsi qu’enseignant adulé. Sachant allier
l’utilisation du verre et du métal, il collabore avec la
designer Charlotte Perriand (1903-1999) aussi bien
pour l’ameublement de la résidence universitaire Jean
Zay à Antony (les anciens étudiants de l’endroit
seraient étonnés d’en connaître la valeur actuelle !)
que pour un projet de maison saharienne en 1958.
Prouvé a aussi collaboré avec de prestigieux
architectes comme Oscar Niemeyer pour le siège du
PCF ou avec Jean de Mailly pour le CNIT à la Défense.
Sa construction la plus connue reste la Maison du
peuple à Clichy datant des années 1937-1939. Il
préside aussi le jury chargé de sélectionner les projets
du futur Centre Pompidou qui sera bâti par Renzo
Piano et Richard Rodgers. Il s’intéresse à l’utilisation
de nouveaux matériaux, comme le prouvent ses
stations-service cylindriques Total ou les panneaux de
façade de l’université de Lyon-Bron. Il ne déteste pas
non plus les défis techniques comme la structure du
parc omnisport de Bercy.
Quel Nouvel ?
En 2002, Jean Nouvel (né en 1945) a reçu trois
récompenses internationales prestigieuses que sont le
prix Borromini, la médaille d’or du Royal Institute of
British Architects et le Praemium Imperiale décerné à
Tokyo. Dès 1971, il est l’architecte de la Biennale de
Paris. Il est très intéressé par le monde du théâtre et
de la scénographie.
Parmi ses œuvres, il faut citer :
la maison Dick à Saint-André-les-Vergers dans l’Aube (1976) ;
le centre médico-chirurgical du Val-Notre-Dame à Bezons
(Val-d’Oise, 1976) ;
le collège Anne-Franck à Antony (Hauts-de-Seine, 1978) ;
l’Institut du monde arabe sur les bords de la Seine (1987) ;
et le musée du quai Branly, ouvert en juin 2006, inspiré des
maisons sur pilotis des peuples minoritaires du Vietnam.
Sixième partie
Chefs-d’œuvre en périple :
l’Asie
Dans ce chapitre :
Du nord au sud, de la Chine et du Japon à l’Inde
et l’Indochine
Des milliers d’années et des milliards d’hommes
Une philosophie devenue religion
Des jeux de mains sans jeux de vilains
De vraies fosses
Le tumulus qui renferme la sépulture a 50 mètres de
haut et un périmètre de 6 kilomètres. Pour l’instant,
les archéologues chinois n’ont pas encore pénétré
dans le tombeau lui-même. Lorsqu’ils le feront, on
pourra sans doute ajouter un chapitre assez étonnant
à ce livre, un peu comme si on avait découvert la
tombe inviolée d’un grand pharaon comme Ramsès II,
alors que nous sommes déjà éberlués par celle d’un
roitelet comme Toutankhamon ! Le plus inattendu,
c’est que nous savons par un historien ce qu’il y a à
l’intérieur.
À tombeau ouvert
Historien, Sima Qian (- 145 à - 86) a la
mauvaise idée de se faire l’avocat d’un officier
accusé de trahison envers l’empereur Wu Di
(vers - 100). Or ce dernier a une façon bien à
lui de considérer les droits de la défense : il
laisse à l’avocat improvisé le choix entre les
bourses ou la vie, être castré ou être décapité.
Sima Qian survit à l’opération et nous laisse
une histoire de la Chine, où il raconte que
700000 hommes ont contribué à bâtir le
tombeau. Ils creusent à travers trois niveaux
d’eaux souterraines, coulent du bronze et
installent les sarcophages. Des pièges sont
évidemment installés pour prévenir toute
intrusion.
Ce tombeau devait être à l’image de l’univers.
Au plafond est représentée la voûte céleste et
au sol une gigantesque carte de l’Empire est
tracée ! Du mercure remplit les fleuves et des
arbres et de la végétation sont plantés pour
recréer un paysage. Pour représenter le pays,
des artisans transportent des modèles de tous
les bâtiments de l’Empire. Objets précieux et
raretés accompagnent aussi l’empereur pour
son dernier voyage. Les concubines sans
enfants sont sacrifiées, ainsi que les bâtisseurs
qui connaissaient les secrets des pièges.
La tête de l’emploi
Les archéologues mettent à jour cinq fosses dont une
vide. De la première – la plus grande, 230 mètres de
long, 62 de large et 5 de profondeur – ils dégagent
plus de 1 000 guerriers, une trentaine de chevaux et
des chars. On estime qu’il y a encore des milliers de
statues enfouies qui attendent sans remuer un cil la
suite des travaux. Les soldats debout font près de 2
mètres, ceux agenouillés environ 1,20 mètres. Chaque
visage est un portrait individualisé et l’équipement est
rendu avec un réalisme remarquable. La deuxième
fosse contiendrait plus d’un millier de statues dont
seule une centaine a été dégagée. Dans la troisième
fosse se trouvent 68 guerriers et un char, peut-être
l’état-major. La quatrième est vide, sans doute
inachevée. Certains fouilleurs se sont demandés si
elle n’avait pas été conçue pour des sacrifices
humains. Dans la cinquième fosse, on a trouvé deux
chars de bronze.
L’armée de terre
Découverte unique dans l’histoire de l’art, cette
armée en terre cuite est la preuve d’une véritable
industrie de la sculpture. On pourrait croire qu’ensuite
elle a un développement extraordinaire, en particulier
l’art du portrait comme le laisseraient supposer les
visages, tous différents, de ces gardes. Il n’en est
rien ! De façon générale, l’imitation de la nature n’est
pas considérée comme le but de l’art oriental. Nous
ne trouverons ensuite plus guère que des statuettes,
comme celles d’animaux qui ont l’air si vivants ou de
danseuses pleines de grâce, et une abondante
production de bouddhas.
Comme ça sanscrit
Après la conquête d’Alexandre, l’influence
hellénistique perdure avec le royaume du
Gandhara au nord de l’Inde (actuellement une
partie de l’Afghanistan) florissant du Ier au VIIe
siècle. Jusqu’à cette époque, le Bouddha n’est
pas représenté avec un visage humain. Les
sculpteurs du Gandhara sont les premiers à le
faire en lui donnant les traits d’Alexandre le
Grand dans des figurations inspirées des
statues d’Apollon. Toutes les représentations
actuelles du Bouddha, y compris au Japon, en
dérivent. À l’opposé, nous connaissons en
Occident un saint Josaphat qui n’est autre que
Bouddha devenu saint, car le mot sanscrit
Bodhisattva est devenu Boudasaff en arabe
puis Iodasaf en géorgien, pour devenir
finalement Josaphat.
Jeux de mains
Chaque Bouddha apparaissant sur Terre a des
marques physiques particulières, 32 selon la tradition,
par exemple la protubérance crânienne (ushnisha),
une touffe de poils entre les sourcils (urna), la roue de
la Loi sur la plante des pieds et sur la paume des
mains, de longs bras dont les extrémités atteignent
les genoux, ou bien encore la chevelure bouclée.
Après un examen rapide dans le métro ce matin, nous
sommes encore quelques-uns à devoir nous
réincarner !
Les gestes du Bouddha correspondent à un code bien
précis, un peu comme les attributs des saints dans le
christianisme, la roue pour sainte Catherine ou le
cochon pour saint Antoine.
Têtes d’hilare
Il ne faut pas oublier que le mystique connu en
Occident sous le nom de Bouddha n’est que
l’un d’entre eux, le Bouddha historique nommé
Siddharta Gautama. Les récits traditionnels du
Buddhavamsa (l’histoire du Bouddha) disent
que 24 autres Bouddhas l’ont précédé. Après
lui, il y aura le Bouddha de l’Avenir, Maitreya,
très souvent représenté dans les pays
d’Extrême-Orient sous un aspect ventripotent
et hilare. Il montre ainsi son optimisme pour
l’avenir, mais comme il doit naître 5 000 ans
après la mort de Gautama, on a encore le
temps de voir venir. D’ici là, il aura peut-être
perdu sa bonne humeur en voyant ce que les
hommes peuvent se faire entre eux !
Avec Maitreya, cinq de ces Bouddhas sont plus
particulièrement vénérés. Ils ont une
localisation géographique ou astronomique
bien précise et sont abondamment représentés
sous toutes les formes, sculptures ou
peintures. Voici quelques indices pour les
reconnaître sans regarder les étiquettes dans
les vitrines :
Celui de l’Ouest, le plus vénéré, est
Amithaba, nommé Amida au Japon. Il
correspond au soleil couchant et symbolise la
sagesse, la miséricorde et la compassion, en
consolant et délivrant les êtres de leur
souffrance.
Le Bouddha de l’Est, Akshobhya
l’Inébranlable, subjugue les passions
démoniaques et manifeste le pur esprit de
l’éveil sans souillure. Il correspond au soleil
levant et sa couleur est le bleu, son attribut le
foudre et sa monture l’éléphant. On lui prête
les vertus de la vacuité, c’est-à-dire du vide
intérieur, une vertu pratiquée involontairement
par de nombreuses personnes !
Ratnasambhava, « issu du diamant », règne
dans le Sud. Sa couleur est le jaune, son
attribut le diamant et sa monture le cheval ou
le lion.
Amogasiddhi l’Incorruptible règne dans le
Nord. Sa couleur est le vert, ses attributs sont
l’épée ou un double foudre, sa monture est
l’aigle.
Au Zénith règne Vairocana, seigneur
omniscient, lumière universelle. Sa couleur est
le blanc, son attribut le disque solaire et sa
monture le dragon. Il est souvent représenté
assis sur un trône soutenu par des lions, avec
un geste bien caractéristique qui n’appartient
qu’à lui : il tient ses deux mains devant sa
poitrine et la droite serre totalement l’index
levé de la main gauche.
Des variantes
Certains pays ont développé une iconographie
particulière. On trouve par exemple en Birmanie des
représentations sculptées du Bouddha en train de
marcher. Quelques représentations du Bouddha
couché sont réputées, par exemple au Japon – la
plupart du temps, il s’agit du Mahaparinirvana (qui
n’est pas un retour du groupe de Kurt Cobain, mais
une moins réjouissante extinction définitive). Plus
couramment, on représente surtout le Bouddha
debout ou assis.
On a pris l’habitude de considérer certains gestes et
certaines attitudes comme caractéristiques de
miracles précis ou de d’épisodes particuliers de la
biographie du Bouddha, valables pour les différents
arts asiatiques et aussi pour l’art classique indien.
Mais attention, si le Bouddha historique est né en
Inde, l’Inde n’est plus bouddhiste depuis le XIIe siècle.
La religion a en effet quitté le pays qui l’a vu naître
pour se répandre dans toute l’Asie et, d’une moindre
façon, en Occident.
Du grain à mudrâ
Vraiment cinghalais
L’influence de l’Inde, et plus particulièrement
du bouddhisme cinghalais, s’est fait sentir sur
la péninsule indochinoise. Cela transparaît bien
dans cet art inattendu du royaume du
Champa, en plein centre du Vietnam, qui nous
a laissé de hautes tours en briques avec
quelques sculptures figurant les divinités
hindouistes et les danseuses apsara au musée
de Da Nang. Elles sont curieusement
encastrées dans les murs. Puis les Chams, qui
étaient d’origine indonésienne, ont vu leur
civilisation disparaître. À l’heure actuelle, leurs
descendants vivent au Laos et sont convertis à
l’islam. Il surent vers 850 créer un art original
où se sont fondues les influences chinoises et
indonésiennes.
Leurs adversaires khmers du Cambodge ont
créé un des arts les plus prestigieux de l’Asie,
dont les premiers monuments datent du début
du VIIe siècle. L’apogée de l’architecture
khmère est le site d’Angkor, bâti du IXe au XVe
siècle, qui constitue un des plus grands
ensembles monumentaux du monde. À
l’origine, la ville est fondée autour du temple
de Phnom Bakheng. La capitale terrestre est la
réplique de la demeure céleste. Le temple est
la montagne sacrée, le mont Meru, qui se
dresse au centre du monde. Les grands
réservoirs qui servent à l’irrigation, longs de 8
kilomètres et larges de 2, figurent l’Océan
primordial. Cette invention du temple-
montagne est une caractéristique khmère.
Cette capitale est en fait une addition de villes
et de temples. Angkor Vat est un ensemble
monumental de 850 mètres sur 1 kilomètre,
dont l’édifice principal est une pyramide à trois
étages aux galeries abondamment décorées et
dominée par cinq tours en forme de lotus. Les
Chams ayant conquis cette capitale vers 1180,
Javayarman VII, parfois surnommé le Louis XIV
khmer, fit bâtir Angkor Thom centré sur le
temple du Bayon, avec ses énormes portraits
de pierre le représentant. Au XVe siècle, les
Khmers transfèrent leur capitale plus au sud.
Les Français redécouvrent ces temples en
1860 avec, parmi eux, le fils de Carpeaux. Ce
sont les archéologues de l’École française
d’Extrême-Orient qui dégagent une partie du
site. Interrompus par les guerres récentes, les
travaux ont repris : pour l’instant, sur un total
estimé de 600 temples, seule une centaine ont
pu être dégagés.
Chapitre 23
Dans ce chapitre :
Igloo, igloo, igloo : ils sont des nôtres !
Se promettre de se faire la guerre
Rêver sa vie et vivre un rêve
Masques précolombiens
On reconnaît les dieux à leurs masques. Par
exemple, au Mexique, trois éléments
permettent d’identifier le dieu de la pluie
Tlaloc :
les yeux cernés comme par des montures de
lunettes ;
sur la lèvre, des motifs en volutes (les
Indiens ne portent pas moustaches, ce sont
deux serpents entrecroisés) ;
quatre crocs.
Xipe Totev, notre « seigneur l’écorché », porte
une peau humaine comme un vêtement et sur
sa face on voit les lèvres du dieu derrière le
masque : c’est le même déguisement que
dans le film Massacre à la tronçonneuse. Sur le
dos ou sur la poitrine apparaissent les coutures
(là, on pense au Silence des agneaux). Le dieu
le plus connu est Quetzalcóatl, le serpent à
plumes, parti vers l’est en promettant de
revenir. À l’arrivée de Cortès, les Aztèques
crurent au retour du dieu. La particularité de
cet art est l’utilisation de la volute comme
dans un délire rococo.
Aztèques saignants
Des grandes civilisations disparues ne subsiste que la
ville de Teotihuacan, bâtie vers - 100. Les Aztèques y
arrivent près de mille ans après la chute. Très
impressionnés, ils appellent Teotihuacan « l’Avenue
des dieux » et ils y placent tout bonnement la
naissance du soleil et de la lune.
Un peuple oublié
Incas à part
Autres civilisations disparues, les peuples
précolombiens des Andes laissent un héritage
artistique important. Dès - 2000, on a trace d’industrie
métallurgique dans les civilisations andines. L’art de
l’orfèvrerie parvient alors à son sommet (normal, dans
les Andes). Chose restée incompréhensible, les
peuples précolombiens développent une science
métallurgique élaborée mais ne passent pas à la
fabrication d’outils de métal.
La poterie, un tour de
force
Avant les Incas, nous connaissons d’autres
cultures parmi lesquelles il faut remarquer la
civilisation de Paracas vers - 1000. On a
découvert des tombes en forme de puits
renfermant de nombreuses céramiques
polychromes, dont les couleurs sont
mélangées à de la résine. Cette civilisation est
surtout connue pour ses remarquables mantos,
les étoffes très décorées qui enveloppent les
momies des hauts personnages. Ils mesurent
2,5 mètres sur 1,20 et sont de couleurs vives,
tissés en coton, laine ou cheveux, avec de
savantes broderies reprenant des motifs
mythologiques.
Vers - 600, la culture nazca prend le relais.
Même absence de statuaire et même
abondance de textiles et de céramiques. On
voit assez souvent des vases au goulot double
relié par une anse. Il faut rappeler que
l’Amérique précolombienne ne connaît pas le
tour de potier. La fabrication de poterie se fait
alors à partir de colombins, des boudins
d’argile que l’on superpose et que l’on modèle.
La culture mochica a livré en 1988 une tombe
intacte, celle dite du seigneur de Sipan. Une
activité de survie dans la région étant le
pillage des tombes, la trouvaille est
extraordinaire. Le mort était couvert de bijoux
de métaux précieux, de turquoises. Ses
épouses et ses serviteurs l’avaient
accompagné dans son dernier voyage. Les
Mochicas bâtissent aussi des temples de
brique en forme de pyramides en degrés, dont
l’un atteignit près de 50 mètres de haut !
Dans ce chapitre :
Mahomet, Averroès et des califes bien à leur
place
Les secrets des mosquées dévoilés
Des miniatures livresques aux châteaux du
désert
Écriture soignée
Une des composantes de l’art du monde arabe
est l’adaptation de l’écriture à la décoration.
Cette science de l’écriture s’appelle la
calligraphie. L’Occident a séparé l’image – la
peinture – du signe et a pratiqué une imitation
du réel. L’Orient, lui, a tenu à faire du signe
une image à part entière. L’écriture acquiert
ainsi un caractère sacré. La calligraphie y est
un art plus prisé que la peinture. Un prince
oriental se doit de la maîtriser et d’avoir une
belle écriture.
Il en existe deux types :
le naskhii, de type cursif (les lettres
s’imbriquent les unes dans les autres pour
donner des motifs souvent appelés
arabesques) ;
le coufique, de type anguleux, plus
géométrique.
Des artistes contemporains savent encore faire
œuvre originale en alliant modernité et
tradition calligraphique, comme Mehdi Qotbi.
La mosquée démasquée
Amra, un témoignage en
voie de disparition
Le calife omeyyade Oualid Ier se bâtit au VIIe
siècle le qsar Amra, réputé pour son
architecture et sa décoration. Ce bâtiment
reste un des plus intéressants témoignages de
l’art islamique. À l’extérieur, il n’est pas
spectaculaire. De pierre jaunâtre avec un
curieux toit composé de trois demi-cylindres, il
est à l’origine un pavillon de chasse à l’onagre.
(Il n’est pas malpoli de préciser que l’onagre
est un ongulé qui se place entre l’âne et le
cheval.) Comme l’Orient conserve l’usage
romain des thermes, Amra abrite un hammam,
avec un ensemble unique au monde de
peintures et de mosaïques. Hélas, quoique
classées par l’Unesco, elles sont en triste état.
On y voit les rois vaincus par les Omeyyades :
byzantin, perse, wisigoth, éthiopien, indien et
d’autres non identifiables.
L’art omeyyade est essentiellement un art du
Proche-Orient né des conditions de la conquête
et des traditions existant déjà sur place. Ceci
dit, la dernière salle nous fait quitter ce monde
pour les cieux, avec une voûte céleste et les
signes du zodiaque. Le tout forme un
ensemble plutôt sympathique et rafraîchissant
dans la chaleur du désert. Il rappelle que l’art
islamique est aussi un art hédoniste, qu’il peut
être tourné vers le plaisir : certaines des
peintures d’Amra représentent des nudités.
L’une d’entre elles évoque plutôt, selon la
plaisanterie de plusieurs générations de
guides, la position préférée d’un missionnaire
en dehors du prêche…
Regards persans
L’extension de l’Islam dans d’autres régions du monde
diversifie ses arts. Les mosquées iraniennes ont un
plan particulier apparu sous la dynastie seldjoukide au
Xe siècle, par exemple celle du Shah à Ispahan,
certainement une des plus belles villes au monde.
Ouverte sur un côté, la grande salle voûtée s’appelle
iwan et les dômes sont recouverts de céramique.
Drôles de trames
Pour des raisons évidentes, les peuples
nomades ne peuvent s’encombrer de mobilier
trop imposant. La pièce d’ameublement la plus
importante est le tapis, un sol isolant et
décoratif, facilement transportable. Passé dans
toute la civilisation arabo-musulmane, il a
acquis le prestige du tableau de maître en
Occident. Un tapis est constitué de deux
parties :
tout d’abord les fils horizontaux et verticaux :
les horizontaux forment la trame et les
verticaux forment la chaîne ;
ensuite, les motifs, dessinés par les nœuds. Il
existe deux types de nœud : le symétrique, dit
turc, et l’asymétrique, dit persan. Ensuite,
c’est un peu comme en musique : avec sept
notes, Beethoven fait une symphonie, et le fils
du voisin un boucan d’enfer. Avec deux nœuds,
du poil de chameau ou de la laine et à peine
quelques milliers d’heures de travail, naissent
des merveilles. Le kilim, par exemple, est un
tapis tissé si fin qu’il peut être admiré sur ses
deux surfaces. Le sumak, lui, s’apparente aux
tapisseries. Le plus ancien tapis retrouvé, dit
de Pazyrik, date du IVe ou Ve siècle avant J.-C.
Il a été découvert gelé dans le sud de la
Sibérie. Ainsi pouvez-vous en déduire qu’en
cas d’absence prolongée, il est vivement
conseillé de conserver ses tapis dans un
congélateur.
Retirez le portrait !
La peinture islamique est considérée comme
art abstrait par les uns et comme purement
illustratif par les autres. En fait, la vérité est
entre les deux : c’est un art figuratif qui suit
des règles géométriques. Pour la plupart des
gens, la représentation humaine est interdite
par l’islam. La dernière conséquence fut la
destruction des bouddhas de Bamiyan il y a
tout juste quelques années. L’interdiction est à
vrai dire reprise d’un des dix commandements
bibliques. Pardon aux admirateurs de Cecil B.
DeMille et de Moïse, mais s’il y a un
commandement totalement oublié, c’est bien
le deuxième ! Le discrédit religieux repose
surtout sur l’interprétation du verset 43 de la
sourate 3 du Coran, inspirée des dix
commandements. C’est d’ailleurs Jésus-Christ
qui est mis en scène : « Je viens vers vous
accompagné de signes du Seigneur ; je
formerai d’argile la représentation d’un
oiseau ; je soufflerai dessus, et par la
permission de Dieu, l’oiseau sera vivant. »
Selon une interprétation, représenter un être
vivant serait se prendre pour un dieu.
L’abandon de la représentation humaine
provient sans doute d’une influence de la crise
iconoclaste (littéralement « briser les
images ») qui secoue l’empire byzantin
pendant cent vingt ans aux VIIIe et IXe siècles.
Dans la tradition islamique, le Prophète a
détruit de son propre bâton les idoles de la
Kaaba. Mais quand il ordonne d’effacer des
peintures païennes, il en excepte un tableau
du Christ et de la Vierge Marie ainsi qu’un
autre représentant Abraham, peut-être par
solidarité entre prophètes.
L’interdiction n’est donc pas évidente.
Mamelouks d’enfer !
L’origine des mamelouks mérite d’être contée.
Mamelouk veut dire « esclave » en arabe. Ces
esclaves, surtout originaires du Caucase, formaient au
départ la garde des sultans. Se croyant très astucieux,
les sultans avaient mis en place ce système afin
d’être protégés par des hommes qui leur devaient
tout (honneurs, carrière, etc.) et dont ils pensaient par
conséquent pouvoir être sûrs. Manque de chance, les
chefs de leur garde se dirent un jour qu’ils pouvaient
très bien s’assurer eux-mêmes le nécessaire pour
vivre, et même le superflu. Ils prirent donc le pouvoir.
C’est ainsi que se formèrent à plusieurs reprises des
dynasties mameloukes.
La particularité de ces dynasties est que les enfants
des mamelouks et des femmes du pays ne participent
pas au pouvoir. La couche dirigeante est donc en
perpétuel renouvellement, au travers de nouvelles
recrues. Ce système politique perdure jusqu’au XIXe
siècle et leur massacre final par Mehemet Ali, un vice-
roi qui n’aimait pas beaucoup d’éventuels candidats à
un coup d’État.
L’art des mélanges
Dans ce chapitre :
L’art tribal, vestige de civilisations anciennes
Les masques tombent
L’art africain entre tradition et modernité
L’oba en haut
Les effigies funéraires d’Ifé sont à rapprocher
des têtes des ancêtres du Bénin, dites têtes
d’oba, terme qui désigne le souverain chez les
Yorubas. Elles servent à orner les tombeaux
royaux. La tradition rapporte qu’à l’origine, il
s’agit de faire en terre cuite ou en métal le
portrait décapité de l’ennemi vaincu. L’oba
envoie au successeur du raccourci une
réplique à titre de rappel des risques encourus.
Le style évolue pour donner au XIXe siècle des
têtes très ornées avec colliers, coiffes et
parures.
Quand les Anglais conquièrent le royaume du
Bénin et la ville du même nom en 1897, ils
s’emparent de tous les biens de l’oba. Le butin
constitue la plus grande vente aux enchères
d’art africain de tous les temps : plus d’un
millier de plaques de bronze, à l’origine de
plusieurs grandes collections européennes,
sont dispersées.
Un symbolisme magique
Dans ce chapitre :
Les plus beaux musées
Des chefs-d’œuvre du monde entier
Le Rijksmuseum d’Amsterdam
Ce Musée national est créé en 1808 par le frère de
Napoléon, Louis Bonaparte, alors roi de Hollande. Il est
installé depuis 1885 dans un bâtiment de briques
rouges néogothique, œuvre de l’architecte Petrus
Josephus Hubertus Cuypers. Il est à la peinture
hollandaise ancienne (XVe—XVIIe siècles) ce que le
Prado est à la peinture espagnole. Outre la peinture,
on trouve là de très belles collections de sculptures et
d’objets d’art hollandais. Les artistes à ne pas
manquer sont Frans Hals, Rembrandt avec La Ronde
de Nuit, et Vermeer avec La Laitière descendue des
étiquettes de yaourts.
L’Ermitage de Saint-Pétersbourg
Ouvert en 1852 dans les bâtiments du Grand Ermitage
et du Nouvel Ermitage de la « ville de Pierre », le
musée s’est étendu après la révolution de 1917 au
palais d’Hiver. Comme le Louvre et le MET de New
York (voir plus loin), c’est un musée pluridisciplinaire :
outre la peinture, on y trouvera des salles d’art
préhistorique, antique, oriental et russe.
La collection de peintures est la première du monde
avec celle du Louvre. Elle s’étend du XVe siècle au
XXe siècle. Toutes les grandes écoles européennes –
italienne, française et nordique notamment – y sont
représentées. On retiendra Le Jeune Homme au luth
du Caravage, La Madone Litti de Léonard de Vinci, Le
Sacrifice d’Abraham de Rembrandt et la Danse de
Matisse. L’art français est aussi représenté par des
œuvres de Poussin, Lorrain, Watteau, Fragonard,
Boucher, Chardin, et par des sculptures de Falconet et
Houdon, pour les XVIIe et XVIIIe siècles, et de Monet,
Renoir, Degas, Gauguin, Cézanne pour le XIXe.
L’Ermitage est aussi un fabuleux cabinet de dessins
de peintres, d’architectes, de sculpteurs
ornemanistes, surtout français. Des extensions sont
actuellement en cours pour satisfaire la présentation
des collections incroyables de ce musée, à l’échelle de
l’immense Russie.
Dans ce chapitre :
Dix chefs-d’œuvre inoubliables
Un témoignage vivant du génie humain
Le petit alchimiste
Science des éléments en devenir à l’époque du
Moyen Âge, l’alchimie est également une
mystique reposant sur la croyance que les
métaux mûrissent sous terre, qu’ils sont liés
par affinités aux astres, que le microcosme est
lié au macrocosme et que l’homme est à mi-
chemin entre les deux.
Le rôle de l’alchimiste est de parachever la
création divine en accélérant le processus de
mûrissement des métaux, et notamment en
transformant le plomb, matière vile, en or,
matière pure, grâce à la pierre philosophale.
En voie de disparition
Réalisé à partir de schistes bitumineux, Le
Radeau de la Méduse se dégrade et se noircit
inexorablement. À l’origine, il étonnait
pourtant par l’éclat de ses couleurs.
L’œuvre conserve cependant son caractère
dérangeant. Le musicien Hans Werner Henze
(né en 1926), qui passe pour le plus grand
compositeur contemporain d’opéras, donne en
1968 à Hambourg un Radeau de la Méduse
composé à la mémoire de Che Guevara. La
grande cantatrice Edda Moser y incarne le rôle
de la Mort, Dietrich Fischer-Dieskau, celui de
Jean-Charles, le soldat noir bien réel que l’on
voit sur le tableau. Devant l’enthousiasme
général et bruyant suscité par les
représentations, la police intervient et des
poursuites sont engagées !
Dans ce chapitre :
Faire carrière à l’étranger
Des Français oubliés
A
À bientôt j’espère
a semi fresco, procédé dit,
Aalto, Alvar
Abadie, Paul
Abandon, l’
Abbassides, dynastie des
ablaq
aborigène, art,
Abraham
Absinthe, l’
abstraction lyrique
Abu Dulaf, mosquée d’
Academia, Galleria dell’
Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg
Académie royale des beaux-arts
académisme
acanthe, feuille d’
accumulations
Achéménides
Acropole d’Athènes
acropole de Mycènes
action painting
Adamson, Richard
Adoration des bergers, l’
Adoration des Mages, l’
Africa remix, exposition
africain, art
Agamemnon,
Agathe, sainte
Âge d’Airain, l’
Âge mûr, l’
Aggadé
Aglaé et Boniface
Ajantha, grottes d’
Akhenaton
Akshobhya
Al-Aqça, mosquée d’
al-Azhar, mosquée d’
Albane, l’
Alberti, Leon Battista
Alcala, porte d’
Alcazar de Séville, palais de l’
al-Djausak Khakani, palais d’
Alechinsky, Pierre
Alembert, buste de d’
Alexandre entre Castor et Pollux
Alexandre le Grand
Alexandre tenant un foudre
Algarde, Alessandro Algardi dit l’
Algérie
Alhambra de Grenade, palais de l’
al-Kharana, qsar
Allée de châtaigniers à La Celle-Saint-Cloud, l’
Allégorie de la peinture, l’
allégorie
Allemagne
Al-Mamoun
Almohades, dynastie des
Almoravides, dynastie des
Al-Mutawaki, mosquée d’
Altamira, grotte d’
Alte Pinakothek (Ancienne Pinacothèque)
Ambassadeurs, les
Amboise, château d’
amérindien, art
Amérique centrale
Amérique du Nord
Amérique du Sud
Âmes déçues, les
Amiens
Amithaba
Amitié, l’
Amogasiddhi
Amon-Ré
Amour et Psyché par Canova
Amour et Psyché par David
Amour sacré et l’Amour profane, l’
Amours de Pâris et d’Hélène, les
Amra, qsar
anamorphose
Ange de la cathédrale de Reims, l’
Angélique et Roger montés sur l’hippogriffe
Angélus, l’
Angerstein, John Julius
Angkor, temple d’
Anne-Franck (Antony), collège
Annette Messager
Annette Messager, collectionneuse
Annette Messager, femme pratique
Annonciation, l’
antéfixe
Anthropométries
Antinoüs
Antiquité
Antonin Proust, buste d’
Anubis
Anvers
Apelle
Aphrodite de Cnide, l’
Aphrodite,
Apollinaire, Guillaume
Apollodore
Apollon de Véies, l’
Apollon du Belvédère, l’
Apollon et Daphné
Apollon servi par les Nymphes
Apollon
Apollon, galerie d’
Apollonios, fils de Nestor Athénien
Apothéose d’Homère, l’
Apothéose de Napoléon Ier, l’
Apparition de saint Marc, l’
Apparition, l’
Après-dîner à Ornans, l’
arc brisé
Arc de triomphe, l’
arc en fer à cheval
arc formeret
arc-boutant
Arc-et-Senans, saline royale d’
Archange Saint-Michel
arche de la Nouvelle Hollande, l’
Archers, frise des
Archipenko, Alexander
Architecte à la règle, l’
architrave
Aréaréa (Joyeusetés)
Arès
Argyll, tombeau du duc John d’
Aristote
Arles
Arman, Armand Fernandez dit
Armory show, exposition de l’
Arp, Jean ou Hans
art attitude
art nouveau
Artaud, Antonin
Artémis avec un chœur de jeunes filles
Artémis d’Éphèse, temple d’
Artémis
Arts and Crafts, mouvement
Arts premiers, musée des
asana
Ashoka
Asie, l’
Assomption de Marie-Madeleine, l’
Assouan, barrage d’
Assy, église d’
Assyrie
Astarté (ou Ishtar)
Atelier du peintre, allégorie réelle déterminant une phase de
sept années de ma vie artistique, l’
Athéna Parthénos
Athéna
Athènes
atlantes
Attale de Pergame
Attique
Auguste, empereur
Aulenti, Gae
Australie
Autodafé,l’
Autoportrait à l’oreille coupée
Autoportrait au manteau de fourrure
Autoportrait avec collerette et toque
Autoportrait par Rembrandt
Autoportrait parisien
Autriche
Autun, cathédrale d’
Auvers-sur-Oise
Aux martyrs d’Oradour
Averroès
Aztèques
azulejos
B
Babel, tour de
Babylone
Babylone, jardins suspendus de
Bacchanale
Bacchante couchée
Bacchus malade
Bacchus par le Caravage
Bacchus par Léonard de Vinci
Bacchus par Michel-Ange
Bacchus
Bacon, Francis
Bagdad
Baigneuse dite de Valpinçon
Bain des Nymphes, le
Bain turc
Baiser par Brancusi, le
Baiser par Klimt, le
Baiser par Rodin, le
Bajazet, mosquée de
Balançoire, la
Balcon, le
Baldassar Castiglione
Ballu, Théodore
Baltard, Victor
Balthus, Balthazar Klossowski de Rola dit
Balzac
Bamiyan
Banquet des officiers du corps de Saint-Georges, le
Baptême du Christ, le
Baptistère de Saint Louis
Barbedienne
Barberini, palais
Barbizon, école de
Barcelo, Miquel
Bardon, Geoffrey
Barnes, docteur
baroque, art
Barque de Dante, la
Barque pendant l’inondation à Port-Marly
Bartholdi, Frédéric-Auguste
Barye, Antoine Louis
Basquiat, Jean-Michel
Basra, mosquée de
Bastet
Bastien-Lepage, Jules
Bataille d’Aboukir, la
Bataille d’Anghianri, la
Bataille d’Eylau, la
Bataille de Cascina, la
Bataille de Reichshoffen, la
Bataille de San Romano, la
Bataille de Wagram, la
Bataille des Pyramides, la
Bateau-Lavoir, le
Baudry, Paul
Bauhaus
Bazaine, Jean
Bazille, Frédéric
Beckmann, Max
Bed
Belgique
Bélisaire
Belle Jardinière, la
Belmondo, Paul
Ben, Benjamin Vautier dit
Bénédicité, le
Bénézit
Bénin
Bergers d’Arcadie, les
Bernard, Émile
Bernardas d’Alcala de Henares, église des
Bernin, Giovanni Lorenzo Bernini, dit le Cavalier Bernin ou le
Bethsabée
bétyle
Bibliothèque nationale
Biblis
Biennale de Venise
Birmanie
Black on Grey
Blaue Reiter, Der
Blois, château de
Blondel, François
Bodhisattvas
Bodnath, chorten de
body art
Bœcklin, Arnold
Bœuf écorché, le
Bohême
boîtes de soupe Campbell
Bon Pasteur, le
Bonaparte franchissant les Alpes
Bonaparte, Napoléon
Bonaparte, Pauline
Bonchamp, tombeau du général
Bonheur, Rosa
Bonnat, Léon
Borghèse, buste du cardinal
Boronali
Borromini, Francesco
Borromini, prix
Bosch, Jérôme
bosmetal
Botticelli, Sandro Filipepi dit
Boucher, François
Bouddha
bouddhisme
Bouffon Calabazas
Bouguereau, Adolphe William
Boulanger, Louis
Boulevard des Italiens
Bourdelle, Antoine
Bourdon, Sébastien
Bourgeois de Calais, les
Bourgeois, Louise
Bourré, Jean
Bramante, Donato di Angelo
Brancusi, Constantin
Brandebourg, porte de
Braque, Georges
Bresdin, Rodolphe
Bretagne
Breton, André
British Museum
Brodeuse
Brongniart, Alexandre Théodore
Brongniart, palais
Bruant, Libéral
Brücke, Die
Bruegel, Jan dit Bruegel de Velours
Bruegel, Pieter dit le Vieux ou l’Ancien
Bruly Bouabré
Brunelleschi, Filippo
brut, art
Bryen, Camille
Bûcheronnes, les
Buen Retiro, palais du
Bullant, Jean
Bullet, Pierre
Bureau de coton à la Nouvelle-Orléans
Buren, Daniel
Burne -Jones, Sir Edward
Bury, Pol
Buveurs, les
byzantin, art
C
Cabanel, Alexandre
Caere
Caillebotte, Gustave
Caïn
Calamis
Calle, Sophie
Callicratès
calligraphie
Callimaque
camarin
Camposanto de Pise
Canada
Canova, Antonio
Caoatlicue
Capitole de Washington
Capitole, place du
Caprices, les
Capucins, couvent des
Caravage, Michel Angelo Merisi dit le
cariatides
Carnac, alignements de
Carnarvon, Lord
Carpeaux, Jean-Baptiste
Carrache, Annibal
Carrache, Augustin
Carrache, Ludovic
Carrand, Louis Hilaire
Carré blanc sur fond blanc
Carré noir sur fond blanc ou Quadrangle
Carrier-Belleuse, Albert
Carrière, académie
Carrière d’un roué
Carrière d’une prostituée
Carrousel, arc du
Carter, Howard
cartouche
Cassatt, Mary
Casseurs de pierre, les
Catch as catch can
Catherine II
Cattelan, Maurizio
Caucase
Causeuses, les
Cavalier d’airain, le
Cavalier Rampin, le
Cavalier souriant, le
Cène, la
Centre médico-chirurgical du Val-Notre-Dame à Bezons
Cérès
César
Cézanne, Paul
Chagall, Marc
Chalgrin, Jean-François
cham, art
chamanisme
Chambord, château de
Champa
Champaigne, Philippe de
Champfleury, Jules Husson dit
Champollion, Jean-François
Chancelier Séguier, statue du
Chandigarh
Chanson du printemps, la
Chantilly, château de
chaouabti, statuaire
Chapelle Sixtine par Ingres, la
Chardin, Jean Siméon
Charité de Séville, hôpital de la
Charles Ier d’Angleterre, buste de
Charles Ier à cheval
Charles III d’Espagne
Charles Quint
Charles VII
Charles X
Charles, pont
Charrette de foin, la
Chartres, cathédrale de
Chasseur de la Garde, le
Chasseurs dans la neige, les
Chaumont, château de
Chauvet, grotte
Chéops
Cheri Samba
Cheval arabe, le
Cheval bleu, le
Chevaux de Marly, les
Chevaux du soleil, les
Chevreul, Eugène
Chiens, les
Chimère d’Arezzo
Chimères
Chine
chorten, temple
Christ de la Clémence, le
Christ en Croix de Vélasquez, le
Christ en Croix de Zurbarán, le
Christ gisant
Christ prenant dans ses bras Saint Bernard, le
Christo, Christo Javacheff dit
Churriguera, Alberto
Churriguera, Joaquín
Churriguera, José Benito
Chute des anges rebelles, la
cinétique, art
cire perdue
classique, art
Claudel, Camille
claveaux
Clemenceau, Georges
Cléoménès
Cléopâtre
Clésinger, Jean-Baptiste Auguste Stello
Clones
Clovis
Cluny, abbaye de
Cluny, musée de
Cobra, groupe
Coexistences
Coimbra, cathédrale de
Colbert, tombeau de
Colère d’Achille, la
Colisée
Collège de France
Collegium regium
Collot, Marie-Anne
Colonne sans fin, la
colonne torse
colossal, ordre
Colosse de Rhodes, le
Combat de Nazareth, le
combine paintings
Commonwealth Promenade
composite, ordre
Comtesse Keller, marquise de Saint-Yves d’Alveydre, la
conceptuel, art
Concert pastoral, le
Consigne à vie
Constable, John
Constantin, empereur
Constantinople
Constellations
constructivisme
contemporain, art
Contraste de formes
contrefort
Contre-reliefs
Convoi funèbre au Père-Lachaise
Cook, maison
Coran
Corbeille de fruits, la
Cordier, Charles
Cordoue
corinthien, ordre
Cormon, académie
Cormon, Fernand
Corot, Camille
Corrège, Antonio Allegri dit le
Cortone, Pierre de
Côte d’Ivoire
coufique, écriture
Courbet, Gustave
Couronnement de la Vierge (dit Retable Oddi), le
Couronnement de la Vierge, le
Course de taureaux, la
Courses de taureaux, les
Coustou, Guillaume II
Coustou, Guillaume
Coustou, Nicolas
Couture, Thomas
Coysevox, Antoine
Cri, le
Crimson Clouds
croisée d’ogives
Cross, Henri – Edmond
Crystal Palace
cubisme
Cuirassier blessé
cunéiforme, écriture
Curtius, Marcus
Cuvier, statue de
Cuypers, Petrus Josephus Hubertus
Cyclop, le
Cyprès, les
D
D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme
D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?
dada
dadaïsme
Dalí, Salvador
Dalou, Jules
Damas
Dame à l’hermine, la
Dame à la licorne, la
Dame à la robe verte, la
Dame d’Auxerre, la
Dame de Brassempouy, la
dan, masques
Dans l’arbre ténébreux
Danse des paysans, la
Danse par Carpeaux, la
Danse par Matisse, la
Danseuse, la
Daumier, Honoré
David d’Angers, Pierre Jean David
David et Bethsabée
David par Le Bernin
David par Michel-Ange
David, Jacques Louis
De Brandt, Isabelle
De Chirico, Giorgio
De Kooning, Willem
De la loi du contraste simultané des couleurs
De Stilj, groupe
déambulatoire
Déclaration constitutive du nouveau réalisme
Décollation de saint Jean-Baptiste, la
Degas, Edgar
Déjeuner des canotiers, le
Déjeuner sur l’herbe par Manet, le
Déjeuner sur l’herbe par Monet, le
Delaroche, Paul
Delaunay, Robert
Delphes
Delville, Jean
Déméter
Demoiselles d’Avignon, les
démotique, écriture
Dendérah, temple de
Denis, Maurice
Dentellière, la
Départ des volontaires en 1792 dite La Marseillaise, le
Derain, André
Derby de 1821 à Epsom, le
Désastres de la guerre, les
Descente de Croix par le Caravage, la
Descente de Croix par Rembrandt, la
Descente de Croix par Rubens, la
design
Destino
détrempe
Diane,
Diane par Houdon
Diderot, buste de
Didon fondant Carthage
Dieulafoy, Jeanne
Dinet, Alphonse Étienne Nasreddine
Dinteville, Jean de
Diseuse de bonne aventure, la
Disney, Walt
Dispute, la
Disques, les
Distribution des Aigles, la
divisionnisme
Dix, Otto
Djéser
dogon, art
Dokumenta de Cassel
Dolce farniente
dolmen,
dôme de la cathédrale de Florence
Dôme du Rocher, mosquée du
Dominion Center
Dominiquin, Domenico Ziamperi dit le
Donatello
dorique, ordre
Dörpfeld, Wilhelm
Dos de Mayo
Double jeu
Dousarès
drapé
Drolling, Martin
Drouais, Jean Germain
Du spirituel dans l’art
Duban, Félix
Dubuffet, Jean
Duchamp, Marcel
Duchamp-Villon, Raymond
Dufrêne, François
Duquesnoy, François
Dürer, Albrecht
Duthuit, Georges
E
Ecce homo
éclectisme
École d’Athènes, l’
École de Platon, l’
École des beaux-arts de Paris
École militaire
Écorché, l’
Écouen, château d’
Édouard VII, statue d’
Église d’Auvers-sur-Oise, l’
Égouttoir, l’
Égypte
égyptien, art
Eiffel, Gustave
Élam
Éléphantine, île d’
Éleusis, mystères d’
Elgin, Lord
Ellora, grottes d’
Eluard, Gala
Embarquement de la reine de Saba, l’
Empire de Flore, l’
en épargne, procédé dit
en ronde-bosse, sculpture
Énée et Anchise
Enfant au toton, l’
Enfants jouant aux dés, les
Enfer, l’
Enlèvement de Proserpine, l’
Enlèvement des filles de Leucippe, l’
Enlèvement des Sabines, l’
enluminures
Enseigne de Gersaint, l’
entablement
Enterrement à Ornans, l’
Époux Arnolfini, les
Érechthéion, temple de l’
Ermitage, musée de l’
Ernst, Max
Éros
Esclaves, les
Escorial
Eskimo
Espagne
Esplanade à Chicago
Esquisses pédagogiques
estampes xylographiques
Estève, Maurice
estompe, technique de l’
États-Unis
Euphrate
expressionnisme
Extase de sainte Thérèse, l’
Extrême-Orient
F
Falconet, Étienne
Falguière, Alexandre
fang, art
Farnèse, palais
Fatimides
Fautrier, Jean
fauvisme
Fayet, Gustave
Federal Art Project (Works Progress Administration)
Federal Center
Félibien, André
Femme à barbe, la
Femme debout, la
Femme piquée par un serpent, la
Femme qui pleure, la
Femmes au jardin, les
Fénéon, Félix
Fenosa, Apel.les,
Fernández, Gregorio
Festin de Samson, le
Fête du Rosaire, la
Fifre, le
Fileuses, les
Filles portant un chat, les
Finis gloriae mundi
Flandrin, Auguste
Flandrin, Hippolyte
Flandrin, Jean-Paul
Florence
Foins, les
Fontaine d’Andromède, la
Fontaine des Grenouilles, la
Fontaine Igor Stravinsky, la
Fontaine, la
Fontaine, Léonard
Fontainebleau, forêt de
Font-de-Gaume, grotte de
Fontfroide, abbaye de
Forces Nouvelles, groupe
Forge de Vulcain, la
Fougeron, André
Foujita, Léonard
Fouquet, Jean
Fouquet, Nicolas
Fourment, Hélène
Foy, statue du général
Fragonard, Jean Honoré
François Ier
Franklin, Benjamin
Frédéric Bazille peignant à son atelier
Frémiet, Emmanuel
Frémin, René
fresque
Friant, Émile
Friedrich, Caspar
Friesz, Othon
frise
fronton
frottage
Frugès, cité
Fuite en Égypte, la
G
Gabriel, Ange Jacques
Gachet, docteur
Gainsborough, Thomas
Galice
Gandhara
Ganesh
Ganymède
Garçon à la corbeille de fruits, le
Garçon mordu par un lézard, le
Gard, pont du
Garnier, Charles
Gauguin, Paul
Gavrinis, site de
gelede
Genève
Gentileschi, Artemisia
Gentileschi, Orazio
Georges-Pompidou, centre
Gérard, François
Géricault, Théodore
Gérôme, Jean-Léon
Gesù, église du
Giacometti, Alberto
Gilgamesh
Gilles
Ginevra de Benci
Giordano, Luca
Giorgione, Giorgio Barbarelli dit
Giralda de la Grande Mosquée de Séville
Girardon, François
Girodet-Trioson, Anne Louis
Girsu
gisant
Giverny
Gizeh, pyramides de
Glaces, galerie des
Gladiateur combattant, le
Glaneuses, les
Gleizes, Albert
Goeneutte, Norbert
Goethe, Johann Wolfgang von
Goethe, buste de
Gómez de Mora, Juan
Gorille enlevant une femme
gothique, art
Goujon, Jean
Goulue, la
gouro, masques
Goya, Francisco
Grand Autel de Zeus, le
Grand calendrier, le
Grand Nord
Grand Palais
Grand Théâtre de Bordeaux
Grand Trianon, château du
Grande Muraille de Chine
Grande Odalisque, la
Grande Parade inspirée par le cirque, la
Granja, jardins de la
Granja, palais de la
Great American Nude
grec, temple
Grèce sur les ruines de Missolonghi, la
Grégoire XVI
Grenade, cathédrale de
Gris, Juan
Grisou, le
Groenland
Gropius, Walter
Gros, Antoine
Grosz, George
Groupe de novembre
Gudéa
Guerchin, le
Guérilleros
Guernica
Guggenheim Museum
Guggenheim, Peggy
Guide, Guido Reni dit le
Guillaume III d’Orange
Guillaume Ier le Taciturne
Guillaume-le-Conquérant
Guillaumin, Armand
Guinée
gupta, art
H
Hadès
Hadrien
haida, art
Hains, Raymond
Haïti
haïtien, art
Halicarnasse, mausolée d’
Halle du commerce (Gostiny Dvor)
Halles de Paris, les
Hals, Franz
Hammourabi
happening
Harappa
Harcourt, tombeau du maréchal d’
Hardouin-Mansart de Sagonne, Jacques
Hardouin-Mansart, Jules
Haring, Keith
Hartung, Hans
Hathor
hathorique, colonne
Hatshepsout
Hay, Mesh, String
Hébert, Antoine Auguste Ernest
hégire
Hélène de Troie
Henri II et Catherine de Médicis, tombeau d’
Henri VIII
Henze, Hans Werner
Héphaïstos
Héra
Héraclès archer
Herculanum
Hercule par Apelle
Hermès par Praxitèle
Hermès
Hérodote
Herrera, Juan de
Hestia
Heure de tous’
hiéroglyphe
Hiroshige, Utagawa Ichiyusai dit
Hiver’
Hodler, Ferdinand
Hogarth, William
Hokusai, Katsushika
Holbein le Jeune, Hans
Hollande
Hommage à New York
Homme à la pipe dit aussi Portrait de l’artiste Courbet au
chien noir’
Homme au casque d’or’
Homme au nez cassé’
Hopis
Horus
Houdon, Jean-Antoine
Hourloupe’
hozho, peintures
Hugo, buste de Victor
Humbert, académie
Huysmans, Joris-Karl
hyperréalisme
hypètre
hypogée
I
I know how you must feel, Brad
Ictinos
idéogramme
Idole de la perversité, l’
idoles des Cyclades
Idylle sur la passerelle, l’
Idylles parlementaires, les
Ife
iikaah, peinture
IKB (International Klein Blue)
Île des morts, l’
Imhotep
Immaculée Conception dite Immaculée Soult
Impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneur, l’
Imperial Hotel
Impression, soleil levant
impressionnisme
In ictu oculi
Incas
Inde
Indochine
informels, peintres
Ingres, Jean Auguste Dominique
Innocent X
Inspiration du poète, l’
installation
Institut du monde arabe
Instruction pour mesurer au compas et à la règle
Intérieur aux aubergines, l’
Intérieur d’une cuisine
Intérieurs hollandais
Intérieurs lumineux
International Style
Inuits
ionique, ordre
Irak
Iran
Ishtar, porte d’
Isis
Isis, temple d’
islamique, art
Istanbul
Italie
iwan
Iznik
J
Japon
japonisme
Jardin d’amour, le
Jardin des délices, le
Jean Cavalier jouant le choral de Luther au chevet de sa mère
mourante
Jean Népomucène, saint
Jeanne d’Arc
Jeanne-Claude, Jeanne-Claude de Guillebon dite
Jefferson, Thomas
Jérémie pleurant
Jérôme, saint
jésuite, style
Jésus appelant à lui les petits enfants
Jeune Fille à la perle, la
Jeune Fille au verre de vin, la
Jeune Grecque sur le tombeau de Marco Botzaris, la
Jeune Homme au luth, le
Jeune Homme nu assis au bord de la mer, le
Jeune Mendiant, le
Jeune Peinture Belge, la
Jeune Vénitienne, la
Jockey blessé, le
Joconde, la
Joie de vivre, la
Jones, Inigo
Jongkind, Johan Barthold
Jordaens, Jacob
Jordanie
Joueurs de cartes, les
Joueuse d’osselets, la
Journée sombre, la
Joyeux Buveur, le
Judd, Donald
Judith décapitant Holopherne
Judith et Holopherne
Jugendstil
Jules II
Julian, académie,
Jumièges, abbaye de
Junon
Jupiter
Justinien
K
Kaaba
kachinas, poupées
Kahnweiler, Daniel-Henry
kakemonos, rouleaux
kanaga, masque
Kandinsky, Vassily
Khephren
Kermesse, la
Keyser, Hendrick de
Khajuraho, temple de
Khnopff ; Fernand
Khorsabad, palais de
Kienholz, Jeff
Kirchner, Ernest
Kisling, Moïse
Klee, Paul
Klein, Yves
Klimt, Gustav
Klinger, Max
Kokoschka, Oskar
Koons, Jeff
kota, art
Koufa, mosquée de
kouros, statue
Kunsthistorisches Museum de Vienne
Kupka, Frantisek
L
L’Enfant, Pierre-Charles
La Fayette, marquis de
La Hyre, Laurent de
La Mecque
La parole est aux usagers
La République nourrit ses enfants et les instruit
La Tour, Georges de
La Turbie, trophée de
La Vallette, cathédrale de
La Villeglé, Jacques de
Labourage nivernais, le
Labrouste, Henri
Lachaise, Gaston
Lagash
Laitière, la
Laloux, Victor
Lamartine, buste d’Alphonse de
land art
Landowski, Paul
Laocoon
Laon, cathédrale de
Lapicque, Charles
Largillière, Nicolas de
Las de vivre, les
Lascaux, grotte de
Laurencin, Marie
Laval, Charles
Lavier, Bertrand
Le Brun, Charles
Le Caire
Le Corbusier, Charles-Édouard Jeanneret-Gris dit
Le Lorrain, Claude Gellée dit
Le Lorrain, Robert
Le Nain, frères
Le roi boit
Le Sueur, Eustache
Le Tasse en prison visité par Expilly, gentilhomme dauphinois
Le Vau, Louis
Leal, Juan de Valdés
Leçon d’anatomie, la
Lecture de huit lithographies de Zao Wou-ki
Ledoux, Claude Nicolas
Lefuel, Hector
Léger, Fernand
Lenepveu, Jules-Eugène
Léon X,
Léonard de Vinci
Leroi-Gourhan, André
Les ombres de Francesca da Rimini et de Paolo Malatesta
apparaissent à Dante et à Virgile
Lesché de Delphes
Lescot, Pierre
Lever de soleil dans la brume
LHOOQ
libéraux, arts
Liberté éclairant le monde, la
Liberté guidant le peuple, la
Libraires, mosquée des
Lichtenstein, Roy
Licteurs rapportant à Brutus les corps de ses fils, les
Ligugé, abbaye de
Lion ayant faim, le
Lion de Belfort, le
Lion et le Serpent, le
Lions, porte des
Lipchitz, Jacques
Lisbonne
Livre des Merveilles, le
Livre des morts, le
Livres jaunes, les
Long Term Parking
Longchamp, palais
Lorich
Los Angeles
Louis XI
Louis XIII
Louis XIV
Louis XVI
Louis XVIII
Louis-XV, place (actuelle place de la Concorde)
Louis-Philippe
Louve du Capitole, la
Louvre, musée du
Louxor
Lynch, statue du général
Lyon
Lysippe
M
Maât
Machu Pichu
Macke, August
Madaïn Salih
Madame Charpentier et ses enfants
Madame de Senonnes
Madeleine pénitente par de La Tour, la
Madeleine pénitente par le Caravage, la
Madeleine, église de la
Mademoiselle Rivière
Maderna ou Maderno, Carlo
Maderno, Stefano
Madone à l’escalier, la
Madone aux saints, la
Madone de Foligno, la
Madone della Seggiola, la
Madone Litti, la
Madone Sixtine, la
Madrid
Maekawa, Kunio
Maeterlinck, Maurice
magdalénienne, époque
Maghreb
Magritte, René
Mahabharata, le
Maillol, Aristide
Maison carrée de Nîmes
Maison de la reine
maison Dick
Maison du docteur Edwards, la
Maison du peuple de Clichy
maison Farnsworth
maison Fricke
Maison sur la cascade
maison Willits
maison Winslow
Maison-Blanche
Maisons à l’Estaque
Maisons vertes
Maitreya
Maja nue, la
Maja vêtue, la
Majorelle, Jacques
Makart, Hans
makimonos, rouleaux
Makonde
Mal’aria, la
Malevitch, Kazimir
Malines, cathédrale de
Mallarmé, Stéphane
Malraux, André
Maman
mamelouk, art
Man Ray
Manessier, Alfred
Manet, Édouard
Manga
Mangeurs de raisins et pastèques, les
Manifestes du surréalisme
Manneken Pis
Mansart, François
mantos, étoffes
Manutan / Kind
Mara
Marat assassiné
Marc, Franz
Marchand de gibier, le
Marchande d’amours, la
Marché aux chevaux, le
Mardouk
Mariage d’Isaac et Rébecca, le
Mariage de sainte Catherine, le
Mariée mise à nu par ses célibataires, la
Marie-Marguerite d’Espagne
Marie-Thérèse d’Espagne
Marilyn, portraits de
Marly, château de
Maroc
Marot, Daniel
marouflées, toiles
Marquises, îles
Marquisien à la cape rouge, le
Marrakech
Mars désarmé par Vénus et les Grâces
Mars et Vénus
Mars
Marseille
Martinez Montanez, Juan
Martyre de saint Érasme, le
Martyre de saint Philippe, le
Martyre de saint Symphorien, le
Masaccio, Tommaso di ser Giovanni Cassai dit
masque de flûte
masque
mastaba
mât totémique
Mater dolorosa
Mathieu, Georges
Matisse, Henri
Mauritshuis (ou maison de Maurice)
maurya, art
Mausole
maya, art
Mazarin, tombeau du cardinal de
Mazeppa
Médicis, Catherine de
Médicis, famille
Médine
mégalithe
Mehemet Ali
Meissonier, Ernest
Mélancolie, la
Memphis
mendé, art
Mendiant au pied bot, le
menhir
Ménines, les
Mercure et Argus
Mercure par Coysevox
Mercure rattachant ses talonnières
Mercure
Mésopotamie
Messager, Annette
métope
Metropolitan Museum
Meunier, Constantin
Meunier, son fils et l’âne, le
Michaux, Henri
Michel-Ange, Michelangelo Buanarroti dit
Mignard, Pierre
mihrab
Millet, Jean-François
Milon de Crotone
minaret
Minerve
Minerve
Ming, dynastie des
minimalisme
Mirabeau
Mirbeau, Octave
Miró, Joan
mise en abîme
Mitsou : quarante images
moai, statues
Mochica
Modigliani, Amedeo
Modulor, le
Mohammed
Mohenjo-Daro
Moholy-Nagy, Laszlo
Moïse
momie
Mona Lisa
Mondrian, Piet
Monet, Claude
Monfreid, Georges Daniel de
monochrome
Monogram
monotype
Montagne Sainte-Victoire, la
Monticelli, Adolphe
Montmartre
Montmorency, Anne de
Monument à Alvear, le
Monument aux morts de Montceau-les-Mines
Moreau, Gustave
Morellet, François
Moret-sur-Loing, église de
Moretti, Raymond
Morisot, Berthe
Morot, Aimé
Morphée
Morris, Robert
Morris, William
Mort d’Épaminondas, la
Mort de Géricault, la
Mort de la Vierge par le Caravage, la
Mort de la Vierge par Lopes Gregório, la
Mort de Le Pelletier de Saint-Fargeau, la
Mort de Moïse, la
Mort de Sardanapale, la
Mort de Socrate, la
Mort et la Vie, la
mosquée
Mouette, la
Moulin de la Galette, le
Movie House
Moyen Âge
mozarabe, art
mudrâ
Munch, Edvard
Munkácsy, Mihály
Murillo, Bartolomé Esteban
Museum of Modern Art
Mycènes
mycénien, art
Mykérinos
Myron
mythologie égyptienne
mythologie gréco-romaine
mythologie vaudou
N
Nabatéens
Nabis, groupe des
Nabuchodonosor II
Nadar, Félix
Nagada Ier
Nain Franciso Lezcano, dit l’enfant de Vallecas, le
Naissance de Vénus par Botticelli, la
Naissance de Vénus par Bouguereau, la
Naissance de Vénus par Cabanel, la
Nakhon Pathom, chorten de
Nanas, les
Nancy, musée de
Nanouk l’Esquimau
naos
Naples
Napoléon III
naskhi, écriture
National Gallery de Londres
nature morte
navajo, art
nazca, art
némès
néoclassicisme
néogothique
néo-impressionnisme
néorenaissant
néoroman
Neptune
Neue Pinakothek (Nouvelle Pinacothèque), la
New Bauhaus
New York
Newman, Barnett
Niemeyer, Oscar
Nieuwe Kerk de Delft
Nieuwe Kerk de Haarlem
Nigeria
Nightingale, tombeau de Lady
niké
Nil
nimba, masque
Ninive
Nippur
Noces de Cana, les
Noces villageoises, les
Noir, gisant de Victor
nok, art
Nolde, Emil
non finito
non-figuration psychique
Notes sur la peinture d’aujourd’hui
Notre-Dame de Paris, cathédrale
Notre-Dame-la-Grande de Poitiers, cathédrale
Nour-Djihan
nouveaux réalistes
Nouvel, Jean
Noyon, cathédrale de
Nu descendant un escalier
Nuit étoilée, la
Nuit, la
Nymphéas, les
O
oba, tête
obélisque
Observatoire, fontaine de l’
Océanie
Odalisque à la culotte rouge par Matisse, l’
Odalisque par Boucher, l’
Odalisque par Courbet, l’
Odalisque par Ingres, l’
Odéon, théâtre de l’
Œdipe et le Sphinx par Ingres
Œdipe et le Sphinx par Moreau
oenochoé
Oiron, château d’
Oiseau dans l’espace, l’
Oldenburg, Claes
Olmèques
Olympia
Olympie
Omeyyades
Op Art (Optical Art)
Opéra de Paris, l’
Ophélie rêveuse
opisthodome
opus incertum
opus lateritium
opus reticulatum
Orage au jardin, l’
Orangerie, musée de l’
Orateur, l’
orientalisme
Origine du monde, l’
ornemanistes
Orphée
Orsay, musée d’
Osiris
Otages, les
Ottomans
ouchebtis, statues
Ours blanc, l’
Outa-Napishtim
P
pagode
Palais de justice de Bruxelles
Palladio, Andrea di Pietro dit
Panthéon de Rome
Papunya, école de
Pâques, île de
Parabole des aveugles, la
Paracas
parallélisme
paranoïa critique
Parc de Steen, le
Parc des Princes
Parement de Narbonne, le
pariétal, art
Paris
Paris, école de
Paris, matin, effet de soleil
Parnasse, le
Parthénon, temple du
Partie de cartes, la
Pascin, Jules
pasos, chars
pastel
Pausanias
Pauvert, Odette Marie
Pauvre Pêcheur, le
pavillon de l’Esprit nouveau
Paxton, Joseph
Paysage à Montmorency
Paysage du bois d’Amour, le
Paysanne de Guérande battant son beurre
Paysans de Flagey, les
Péché, le
Pêcheur à l’épervier
Pei, Ieoh Ming
Péladan, Joséphin
Pèlerinage à l’île de Cythère, dit L’Embarquement pour
Cythère, le
Pèlerins d’Emmaüs par Rembrandt, les
Pèlerins d’Emmaüs par Véronèse, les
Penseur, le
Percier, Charles
Père Tanguy, le
performance
Pergame
peribolos
Périclès
période bleue
période rose
périptère
Pérou,
Perrault, colonnade de
Perriand, Charlotte
Perse
Persée délivrant Andromède
Perséphone (Proserpine)
Persépolis
Perspective Nevski
perspective
Pestiférés de Jaffa, les
Peterhof, résidence impériale de
Petit Trianon, château du
Petite Danseuse, la
Petite Pelisse, la
Pétra, site de
pharaon
phare d’Alexandrie
Phidias
Philadelphie
Philae, temple de
Philippe II d’Espagne
Philippe IV d’Espagne
Philippe V d’Espagne
Philon de Byzance
Phryné remettant ses voiles
Piano, Renzo
Picabia, Francis
Picasso, Pablo
pictogramme
Piedad
Piero della Francesca
pierre de Rosette
Pierre le Grand
Pierrefonds, château de
Pieta de Coysevox, la
Pieta par Michel-Ange, la
Pigalle, Jean-Baptiste
Pignon, Édouard
Pilar, cathédrale du
pilastre
Pilon, Germain
Pineda, Simón de
Piranèse
Pissarro, Camille
place des Vosges
Place du Théâtre-Français, effet de pluie
Plaisirs du soir
Plaza Mayor de Madrid
Plaza Mayor de Salamanque
Plessis-Bourré, château du
Pline
Pluton
Poelaert, Joseph
Poète monté sur Pégase, le
point de fuite
pointillisme
Poliakoff, Serge
Polisy, château de
Pollock, Jackson
Polo, Marco
polychromie
Polyclète
Polygnote de Thasos
Polyptyque de l’Agneau mystique, le
Pompadour, marquise de
Pompéi
pompiers, peintres
Pompon, François
Ponctuations érectiles
Pont-Aven
Pont-Neuf, emballage du
pop art
Port, le
portfolio Wismuth
Portrait au chapeau de paille, le
Portrait d’Érasme
Portrait de Charles X
Portrait de Madame Rostand
Portrait de mariage d’Isaac Massa et Beatrix van der Laen
Portrait de monsieur Bertin
Portrait de Renoir
Portrait de Sappho
Portrait de Thomas More
Portrait du Docteur Gachet
Portrait du grand-père
Port-Royal des Champs, abbaye de
Poséidon
Poséidon
Poubelles
Pouchkine, Alexandre
Poussin, Nicolas
Pradier, James
Prado, musée du
Prague
praticien
Praxitèle
précolombien, art
préhistoire
Premier Consul franchissant les Alpes au col du Grand-Saint-
Bernard, le
premiers, arts
préraphaélites, confrérie des
Présentation au Temple, la
Présentation de la Vierge au Temple, la
Princes, mosquée des
Printemps, le
Prisonniers, les
Pritzker Architecture Prize
procès Barrès
Procession du vendredi saint, la
Projet de monument à la Troisième Internationale, le
Promenade, la
pronaos
propylées de l’Acropole
Protogène
Prouvé, Jean
Psyché jouant avec un papillon
Ptah, demeure de
Ptolémée V Épiphane
Puget, Pierre
Punu
purisme
putti, ange
Puvis de Chavannes
pylône
pyramide du Louvre
pyramide
Pythagoras
Q
qibla
Qin Shi Huangdi
Qotbi, Medhi
Quai de Clichy
Quatre Apôtres, les
Quatre Évangélistes, les
Quatre Fleuves, fontaine des
quattrocento
Quellin, Artus I dit le Vieux et Artus II
Quetzacóatl
Queue d’âne, exposition de la
quipus
R
Raboteurs de parquet, les
Radeau de la Méduse, le
râgamâlâ, peinture
Raie ouverte, la
Ramayana, le
Ramsès II
Raphaël et la Fornarina
Raphaël, Raffaello Santi dit
Ratnasambhava
Rauschenberg, Robert
Ravenne
Raysse, Martial
Razoumovski, palais
ready-made
réalisme socialiste
réalisme
Rebeyrolle, Paul
Red, White, Brown
Reddition de Breda, la
Redon, Odilon
Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et
en sculpture
Régates à Molesey, les
Régentes de l’hospice des vieillards, les
Reichstag, empaquetage du
Reims, cathédrale de
Reliefs d’angle
Reliefs
Rembrandt, Rembrandt Harmenszoon Van Rijn dit
Renaissance italienne
Renaissance
Rencontre de Dante et de Béatrice, la
Rencontre ou Bonjour monsieur Courbet, la
Renoir, Pierre-Auguste
Renommée, la
Repas chez Lévi, le
Repas d’Emmaüs, le
repentir
Représentants représentés, les
Restany, Pierre
retable
Rêve, le
Reverdy, Pierre
Révolution française
Ribalta, Francisco
Ribera, José de
Richelieu, cardinal de
Richmond, capitole de
Rieuse, la
Rigaud, Hyacinthe
Rijksmuseum d’Amsterdam
Rilke, Rainer Maria
Rixe, la
Robert Andrews et sa femme
rocaille
rococo
Rodgers, Richard
Rodin, Auguste
Roldán, Pedro
Romains de la décadence, les
romantisme
Rome
Rome, prix de
Romulus et Remus
Ronchamp, chapelle de
Ronde de nuit, La Compagnie du capitaine Frans Bonning
Cocq dite la
Rossetti, Dante Gabriel
rostre
Rothko, Marcus Rothkowitz dit Marc
Rouault, Georges
Roubillac, Louis-François
Roue de bicyclette, la
Roue de la fortune, la
Rouen, cathédrale de
Rouen, palais de justice de
Rousseau, Henri dit le Douanier
Rousseau, Théodore
Rubens, Pierre-Paul
Ruche, cité de la
Rude, François
Ryon-ji, temple de
S
Sacre de l’empereur Napoléon Ier et le couronnement de
l’impératrice Joséphine dans la cathédrale Notre-Dame de
Paris le 2 décembre 1804, le
Sacré-Cœur de Montmartre, basilique du
Sacrifice d’Abraham, le
sagrario
Saincilus, Ismaël
Saint André
Saint Bruno
Saint Clair guérissant des aveugles
Saint Jean
Saint Jérôme par Léonard de Vinci
Saint Joseph charpentier
Saint Matthieu et l’Ange
Saint Phalle, Niki de
Saint Sébastien soigné par sainte Irène
Saint-Ange, château
Saint-Ange, pont
Saint-Augustin, église
Saint-Bénigne de Dijon
Saint-Charles-Borromée, église
Saint-Denis, église abbatiale de
Saint-Denis, porte
Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus
Sainte Cécile
sainte Geneviève, statue de
Sainte Suzanne
Sainte Trinité
Sainte-Catherine, église
Sainte-Clotilde de Paris, église
Sainte-Geneviève (devenue le Panthéon), église
Sainte-Geneviève, bibliothèque
Sainte-Gudule, église
Sainte-Marie-de-la-Victoire, église
Sainte-Marie-de-Lorette, église
Sainte-Marie-des-Anges, église
Sainte-Sophie, cathédrale
Saint-Étienne de Caen, abbaye de
Sainte-Victoire, montagne
Saint-Germain-des-Prés, abbaye de
Saint-Gilles, église
Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg, cathédrale
Saint-Jacques-de-Compostelle, cathédrale de
Saint-Jean-d’Acre, église de
Saint-Louis de Versailles, cathédrale
Saint-Louis-des-Français, église
Saint-Martin de Tours
Saint-Martin, porte
Saint-Paul de Nîmes, église
Saint-Paul, cathédrale
Saint-Paul-Saint-Louis, église
Saint-Pétersbourg
Saint-Philippe-du-Roule, église
Saint-Pierre de Rome, église
Saint-Pierre, place
Saint-Rémi de Reims, église
Saint-Sauveur de Bruges, église
Saint-Savin-sur-Gartempe, église de
Saint-Sépulcre de Jérusalem, église du
Saint-Sernin de Toulouse, basilique
Saint-Trophime d’Arles
Salle de danse à Arles, la
Salm, hôtel de (actuel musée de la Légion d’honneur)
Salon d’automne
Salon des artistes français
Salon des indépendants
Salon des refusés
Salon du Champ-de-Mars
Saly, Jacques
Samaritaine, la
Samarra
same (ou lapon), art
San Esteban, église de
San Giorgio Maggiore, couvent des Bénédictins de
San Juan de la Pena, monastère de
San Miniato de Florence
Sánchez, Felipe
Sanchi
Santa Maria del Popolo, église
Santa Maria della Scala, église
Santa Maria delle Grazie, église
Santa Maria la Blanca de Séville, église
Santa Maria Novella, église
Santi Giovanni, couvent dei
Saqqarah
sarcophage des époux
sarcophage
Sargon II
Satyre et le Paysan, le
Saut dans le vide
Saxe, mausolée de Maurice de
Say, Marie
Scala Regia du Vatican
Scènes des massacres de Scio
Scheffer, Ary
Schiele, Egon
Schliemann, Heinrich
Schongauer, Martin
Schwitters, Kurt
Scopas
Scribe accroupi, le
Sculpteur et sa Muse, le
Sculpturae vitam insufflat pictura (La peinture insuffle la vie à
la sculpture)
Seagram Building
Segal, George
Seldjoukides
Selve, Georges de
Sémiramis
Sénégal
Sept Merveilles du monde
Sept Œuvres de miséricorde, les
sérigraphie
Serment des Horaces, le
Serment du Jeu de paume, le
Sérusier, Paul
serviles, arts
Seth
Seurat, Georges
Séville
Sezession autrichienne
Sforza, famille
sfumato
Shah, mosquée du
Shah-Jahan
Shwedagon, pagode
Sibérie
Siddharta Gautama
Siglo de oro (Siècle d’or espagnol)
Signac, Paul
Sigui, fêtes du
Silène ivre soutenu par un faune et une bacchante
Sima Qian
Sinan
Sioux
Sisley, Alfred
Sixte Quint
Sixtine, chapelle
Smithson, Robert
Snyders, Franz
Soliman le Magnifique
solipsisme
Sorcier d’Hiva-Oa, le
Soufflot, Jacques-Germain
Soulages, Pierre
Soupault, Philippe
Soutine, Chaïm
Sow, Ousmane
Sparte
Sphinx, le
Spiral Jetty
Spoerri, Daniel
Staël, Nicolas de
stèle des Vautours
Stoclet, palais
Stonehenge, site de
stuc
stupa, temple
stylobate
Suger, abbé
Suisse secourant les douleurs de Strasbourg, la
Suleymanie, mosquée
Sumer
suprématisme
surréalisme
Suse, ruines de
Suzanne et les Anciens
symbolisme
Syndic des drapiers, le
Syrie
T
tabernacle
Taches d’encre
tachisme
Tahiti
Taj Mahal
talha
Taliesin
Tange, Kenzo
Taniuchi, Tsuneko
tapas
tapis
tapisserie de Bayeux
Tarcisius, martyr chrétien
Tarquin
Tarquinia
Tatline, Vladimir
Täuber, Sophie
Tchernychev, palais
tchouke, art
Télémaque et Eucharis
temenos
Tempête, la
Ten Liz Taylor
ténébrisme caravagesque
Teniers, David
Tenochtitlan
Tente de Darius, la
Teotihuacan
Terreaux, fontaine des
Thaïlande
Thanatos
The Store
Thèbes
Theme Building
Théodose
thermes
Thésée reconnu par son père dans un festin
Thétis suppliant Jupiter
tholos, tombes à
Thot
Tigre dévorant un gavial
Tigre
tikis, statues
Tinguely, Jean
Tintoret, Jacopo Robusti dit
Tissot, Jacques Joseph dit James
Titien, Tiziano Vecellio dit
Tlaloc
Tokaido
tomahawk
Toorop, Jan
Torse du Belvédère, le
Toscane
totémisme
Toulouse-Lautrec, Henri de
Tour aux chevaux bleus, la
Tour de Babel, la
tour penchée de Pise
Tournesols, les
Tourville, statue de
Toussaint, la
Toutankhamon
Traité de la peinture
Traité des fortifications
Trajane, colonne
transi
Trente, concile de
Tres de mayo
Très Riches Heures du duc Jean de Berry, les
trésor d’Atrée, tombe du
trésor des Qimbayas
Trevi, fontaine de
tribal, art
Triomphe de la République, le
Triomphe de Satan, le
triptyque
Tristan, Flora
Triton, fontaine du
Troie
Trois Grâces, les,
Trois Vertus ou les Trois Grâces, les
trompe-l’œil
Trophée
Troyon, Constant
Tub, le
tumulus
Tupilek
Turgot, buste de
Turner, William
ty wara, cimier
Tzara, Tristan
U
Uccello, Paolo
Ugolin et ses enfants par Carpeaux
Ugolin et ses enfants par Rodin
ukiyo-e, peinture
Un dimanche après-midi à la Grande Jatte
Un vanneur
Une baignade à Asnières
Une expérience sur un oiseau dans une pompe à vide
Ur
uraeus, serpent
Urbain VIII
Ur-Ningirsu
Uruk
usonienne, maison
Utamaro, Kitagawa dit
V
Vague, la
Vairocana
Valentin le Désossé
Valet de Carreau, exposition du
Valladolid, cathédrale de
Vallée des Rois
Vallin de La Mothe
Valtat, Louis
Vampire
Van de Velde, père et fils
Van der Rohe, Mies
Van Dongen, Cornelis Theodorus Marie dit Kees
Van Donning, Hélène
Van Dyck, Antoon
Van Eyck, Hubert
Van Eyck, Jan
Van Gogh, Théo
Van Gogh, Vincent
Van Meegeren
Van Ruisdael, Jacob
Varengeville-sur-Mer, église de
Vasarely, Victor
Vatican, musées du
vaudou, art
Vauxcelles, Louis
Vaux-le-Vicomte, château de
Vélasquez, Diego
Vence, chapelle de
Vendeur d’eau de Séville, le
Vendôme, place
Venelle, la
Venise
Venturi, Robert
Vénus
Vénus à la corne, la
Vénus à Paphos
Vénus Anadyomène
Vénus au miroir, la
Vénus de Cnide, Aphrodite dite la
Vénus de Lespugue, la
Vénus de Médicis, la
Vénus de Milo, la
Vénus endormie, la
Vénus par Pigalle
Vermeer, Johannes
Véronèse
Versailles
Vesta
Vestale, la
Vézelay, basilique de
Victoire de Samothrace, la
Vide, le
Vieille faisant frire des œufs, la
Vieira da Silva, Maria Elena
Vien, Joseph Marie
Vienne
Vierge à l’escalier, la
Vierge à l’offrande, la
Vierge au bourgmestre Meyer, la
Vierge au chardonneret, la
Vierge aux anges, la
Vierge aux rochers, la
Vierge dans la prairie, la
Vierge de consolation, la
Vierge de la Macarena, la
Vierge du chancelier Rolin, la
Vierny, Dina
Vietnam
Vigne rouge, la
Vignole
Vignon, Alexandre-Pierre
villa des Mystères
villa Madama
villa Médicis
villa Savoye
villa Stein
Villanueva, Jean de
Ville détruite, la
Villon, Gaston Duchamp dit Jacques
Vingt peintres de tradition française, exposition
Viollet-le-Duc, Eugène Emmanuel
Vision après le sermon, la
Vitruve
Vlaminck, Maurice de
Vocation de saint Matthieu, la
Vœu de Louis XIII, le
Voilà la femme
Voilà la fille née sans mère
Voleurs et l’âne, les
Vollard, Ambroise
Voltaire par Houdon
Voltaire par Pigalle
Volucelle
Von Stuck, Franz
Vouet, Simon
voûte appareillée
Vue de Martigues
Vue du Val d’Arco
Vuillard, Édouard
Vulcain
W
Warhol, Andy
Warnod, André
Washington
Washington, George
Watteau, Antoine
Weber, Max
Weiner, Laurence
Weissenhof, cité
Wellington, duc de
Wesselman, Tom
Westminster, abbaye de
Wilgeforte, sainte
Winckelmann, Johann Joachim
Winterhalter, Franz Xavier
Witte, Emanuel de
Women
Wren, Christopher
Wright of Derby, Joseph
Wright, Franck Lloyd
X
Xipe Totev
yacouba, art
Y
Yemaha Olokoum
yeserias, motifs
yoruba, art
Youssoupov, palais
Yoyotte, Jean
Z
Zadkine, Ossip
Zao Wou-ki
zen, art
Zeus
Zeuxis
Ziem, Félix
ziggourat
Zola, Émile
Zurbarán, Francisco
Zurich
1
Reproduction des
peintures de la
grotte de Lascaux
(vers 15 000 av. J.-
C.), pastel de
Maurice Thaon
(1941-1942).
Musée des
Antiquités
nationales, Saint-
Germain-en-Laye
2
Tête féminine dite
Dame de
Brassempouy,
ivoire (vers 21 000
av. J.-C.). Musée
des Antiquités
nationales, Saint-
Germain-en-Laye
3
Gudéa assis, diorite
(vers 2150 av. J.-
C.). Musée du
Louvre, Paris
4
Masque funéraire
de Toutankhamon,
cornaline, lapis-
lazuli, or, pâte de
verre et turquoise
(vers 1361-1342
av. J.-C.). Musée du
Caire, Égypte
5
Détail de la frise
des Panathénées
(vers 440 av. J.-C.),
photographie de
Jean-Baptiste Louis
Gros (1850). Fonds
photographique du
musée d’Orsay,
Paris
6
Vénus de Milo,
marbre (vers 100
av. J.-C.). Musée du
Louvre, Paris
8
Le Colisée de Rome
(Ier siècle),
peinture d’Achille
Etna Michallon
(vers 1822). Musée
du Louvre, Paris
9
La Maison carrée
de Nîmes (vers l’an
5), photographie
d’Édouard Denis
Baldus (1851).
Fonds
photographique du
musée d’Orsay,
Paris
10
Tenture dite de La
Dame à la licorne,
haute lisse, laine et
soie (1484-1500).
Musée National du
Moyen Âge-
Thermes de Cluny,
Paris
11
Cathédrale de
Chartres (XIIe
siècle), le portique
du Midi,
photographie de
Charles Nègre (vers
1857). Fonds
photographique du
musée d’Orsay,
Paris
16
Michel-Ange,
Moïse, Tombeau de
Jules II, marbre
(1513-1516). Église
de Saint-Pierre-aux-
Liens, Italie
17
Léonard de Vinci,
La Joconde, portrait
de Monna Lisa,
huile sur bois (vers
1505). Musée du
Louvre, Paris
18
Raphaël,
La Belle Jardinière,
huile sur bois
(1507). Musée du
Louvre, Paris
19
Palais du Louvre, la
façade Lescot et le
pavillon de
l’Horloge (vers
1550), lavis de
Jacques Le Mercier
(vers 1640). Musée
du Louvre, Paris
21
Le Caravage,
La Mort de la
Vierge, huile sur
toile (1605-1607).
Musée du Louvre,
Paris
22
Germain Pilon,
Monument
funéraire d’Henri II
et de Catherine de
Médicis, bronze et
marbre (1563-
1572). Basilique de
Saint-Denis, Saint-
Denis
23
Rubens,
La Naissance de
Louis XIII à
Fontainebleau, le
27 septembre
1601, huile sur toile
(1622-1625).
Musée du Louvre,
Paris
24
Rembrandt,
Portrait de l’artiste
à la toque et à la
chaîne d’or, huile
sur bois (1633).
Musée du Louvre,
Paris
25
Nicolas Poussin,
Les Bergers
d’Arcadie dit aussi
Et in Arcadia Ego,
huile sur toile (vers
1638-1640).
Musée du Louvre,
Paris
26
Vélasquez,
Les Ménines, huile
sur toile (1656).
Musée du Prado,
Madrid
Détail (26)
27
Vermeer,
La Dentellière,
huile sur toile (vers
1669-1670). Musée
du Louvre, Paris
Détail (27)
28
Le Bernin,
Statue équestre de
Louis XIV
transformée en
Marcus Curtius,
marbre (1671-
1674). Musée des
Châteaux de
Versailles et de
Trianon, Versailles
29
Charles Le Brun,
La Famille de
Darius aux pieds
d’Alexandre dit La
Tente de Darius,
huile sur toile (vers
1660). Musée des
Châteaux de
Versailles et de
Trianon, Versailles
30
Jean-Baptiste
Chardin,
La Raie, huile sur
toile (vers 1725).
Musée du Louvre,
Paris
31
François
Boucher,
L’Odalisque, huile
sur toile (1745).
Musée du Louvre,
Paris
32
Jean-Antoine
Watteau,
Embarquement
pour Cythère, huile
sur toile (1717).
Musée du Louvre,
Paris
33
Guillaume
Coustou (père),
Chevaux retenus
par un palefrenier
dits aussi Chevaux
de Marly, marbre
de Carrare (1740-
1745). Musée du
Louvre, Paris
34
Jacques Louis
David,
Sacre de
l’empereur
Napoléon Ier et
couronnement de
l’impératrice
Joséphine dans
l’église Notre-Dame
de Paris, 2
décembre 1804,
huile sur toile
(1808-1812).
Musée des
Châteaux de
Versailles et de
Trianon, Versailles
35
Jacques Louis
David,
Le Serment des
Horaces, huile sur
toile (1784). Musée
du Louvre, Paris
36
Théodore
Géricault,
Le Radeau de la
Méduse, huile sur
toile (1819). Musée
du Louvre, Paris
37
Jean-Baptiste
Corot,
La Clairière,
souvenir de Ville-
d’Avray, huile sur
toile (1872). Musée
d’Orsay, Paris
40
Jean-Baptiste
Carpeaux,
La Danse, pierre
d’Échaillon (1865-
1869). Musée
d’Orsay, Paris
41
Gustave Courbet,
Un enterrement à
Ornans, huile sur
toile (1849-1850).
Musée d’Orsay,
Paris
42
Puvis de
Chavannes,
Le Pauvre Pêcheur,
huile sur toile
(1881). Musée
d’Orsay, Paris
43
Édouard Manet,
Le Déjeuner sur
l’herbe, huile sur
toile (1863). Musée
d’Orsay, Paris
44
Gustave Moreau,
L’Apparition, huile
sur toile (vers
1876). Musée
Gustave Moreau,
Paris
45
Paul Gauguin,
Arearea
(Joyeusetés),
huile sur toile
(1892). Musée
d’Orsay, Paris
46
Claude Monet,
Les Nymphéas,
étude d’eau : les
Deux Saules, huile
sur toile (1914-
1918). Musée de
l’Orangerie, Paris
48
Auguste Renoir,
La Balançoire, huile
sur toile (1876).
Musée d’Orsay,
Paris
49
Auguste Rodin,
Le Penseur, bronze
(1880). Musée
Rodin, Paris
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Jean-Claude Planchet
53
Paul Cézanne,
La Montagne
Sainte-Victoire,
aquarelle, crayon,
gouache, papier
blanc (1900-1902).
Musée du Louvre,
DAG (fonds Orsay),
Paris
54
Henri Rousseau
dit Le Douanier,
La Charmeuse de
serpents, huile sur
toile (1907). Musée
d’Orsay, Paris
56
Marcel Duchamp,
L’Égouttoir, fer
galvanisé (1914,
réplique de 1964).
Musée national
d’Art moderne
Centre Georges-
Pompidou, Paris
57
Andy Warhol, Ten
Liz Taylor,
huile et laque sur
toile, procédé
sérigraphique
(1963). Musée
national d’Art
moderne-Centre
Georges-Pompidou,
Paris
59
Cimier de masque
d’antilope
Bambara, bois, fer
(1850-1900).
Musée national
d’Art moderne-
Centre Georges-
Pompidou, Paris
© ADAGP
© photo CNAC / MNAM dist. RMN - droits réservés
60
Porte d’entrée du
Taj Mahal (1631-
1648). Musée
national des Arts
asiatiques-musée
Guimet, Paris