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P.-Y. Beaurepaire
Cet atlas saisit, à l’échelle du continent européen et de ses
colonies, les dynamiques et les bouleversements qui ont eu lieu
pendant trois siècles, du XVIe au XVIIIe siècle :
—
Atlas de
l’Europe moderne
Pierre-Yves Beaurepaire est professeur d’histoire moderne à l’université de
Nice-Sophia Antipolis et membre honoraire de l’Institut universitaire de France.
Spécialisé en histoire culturelle de l’Europe et du monde au siècle des Lumières,
il a coordonné le programme « Circulations, territoires et réseaux en Europe de l’âge
classique aux Lumières » de l’Agence nationale de la recherche.
Cyrille Suss, cartographe indépendant, a réalisé les cartes de l’atlas.
De la Renaissance
aux Lumières
Prix France : 24 €
ISBN : 978-2-7467-4789-0
Pierre-Yves Beaurepaire
9:HSMHOG=\Y\]^U:
ISSN : 1272-0151
En couverture :
Astrolabe © Granger / Bridgeman Images
www.autrement.com Imprimé et broché en France
Cartographe
Cyrille Suss est cartographe indépendant. Il a réalisé dernièrement pour les
éditions Autrement les cartes et documents graphiques de l’Atlas historique de
la Russie (2017).
Remerciements
Nous tenons à remercier chaleureusement Anne Brogini, pour sa carte sur les
courses en Méditerranée, Guillaume Calafat pour son plan de la ville et du port
franc de Livourne, Pierre-Yves Lacour pour les données qu’il nous a
généreusement transmises sur les cabinets de curiosité, l’équipe du programme
CITERE (Circulations, territoires et réseaux en Europe de l’Âge classique aux
Lumières) de l’Agence nationale de la Recherche, et tout particulièrement
Stéphane Blond.
Maquette : Twapimoa
Coordination éditoriale : Anne Lacambre
Lecture-correction : Carol Rouchès
ISBN : 978-2-7467-4791-3
© 2019, Éditions Autrement
87, quai Panhard et Levassor, 75647 Paris Cedex 13
www.autrement.com
Pierre-Yves Beaurepaire
Éditions Autrement
Collection Atlas/Mémoires
Atlas de l’Europe
moderne
91 Conclusion
Annexe
94 Bibliographie
Introduction
L
’Europe moderne est un espace pensé, représenté une phase d’ouverture européenne se déplace vers l’Asie,
et vécu par ceux qui l’arpentent au gré des conflits, prend tout son sens lorsqu’on le replace dans la perspec-
des migrations, des circulations marchandes, des tive de l’histoire et de la géopolitique des temps modernes.
voyages d’agrément et de formation. La carte permet Par la carte, l’Europe prend également possession, à la
aux Européens non seulement de situer, mais de penser fois matérielle et symbolique, d’espaces ultramarins, et
l’Europe moderne, son essor, ses divisions et ses recom- c’est aussi une des caractéristiques sur le temps long :
positions. Même lorsqu’ils sont contraints à des mobilités des voyages d’exploration qui marquent la fin du Moyen
forcées, à l’exil, les membres des diasporas se rattachent Âge aux circumnavigations du siècle des Lumières.
eux aussi à l’espace qui les a vus naître, par des réseaux de Pour les Européens des temps modernes, la carte est donc
liens : correspondances, voyages clandestins, mariages, non seulement un outil indispensable à leurs déplacements
qui forment une toile tendue à travers l’Europe, pour ne à travers le continent et au-delà, mais bien plus encore, elle
pas se perdre et perdre leur identité religieuse, linguistique, est la clé d’accès à la compréhension du territoire qu’ils
culturelle et sociale. occupent et remodèlent sans cesse. Le succès éditorial
L’Europe n’est donc pas un espace dont les contours des atlas au cours de la période montre qu’au-delà de
s’imposeraient à tous avec la force de l’évidence. Son ter- la dimension pratique, l’atlas s’affirme comme un mode
ritoire s’étend à de nouveaux espaces qu’elle connecte privilégié de lecture de l’histoire du continent et de ses
inégalement, ainsi la Russie dite d’Europe ne le devient extensions coloniales. Or, paradoxalement, au xxie siècle,
que progressivement. À l’inverse, l’Empire ottoman, s’il les atlas de l’Europe moderne sont très peu nombreux en
intègre très tôt de nombreux territoires européens, voit comparaison des atlas thématiques, nationaux ou univer-
progressivement non seulement le contrôle de ces terri- sels. L’Atlas de l’Europe moderne propose donc de saisir
toires se réduire, mais sa place dans le concert européen sur plus de trois siècles, à l’échelle de l’Europe, les dyna-
contestée. Dans le cas de la Russie, comme de la Turquie, miques, les ordres et les désordres, les conflits et les apai-
l’actuel mouvement de balancier « eurasiatique » qui, après sements, les replis et les ouvertures.
L’Europe
de la Renaissance
Traditionnellement, l’époque moderne débute soit en 1453
avec la chute de Constantinople qui marque la fin de l’Empire
byzantin et plus globalement d’une époque ouverte par
l’expansion de Rome en Méditerranée, soit en 1492, avec
le départ de Christophe Colomb en direction de Cathay (Chine)
et Cipango (Japon) qui débouche en fait sur la conquête
des Amériques. Avec l’humanisme et la Renaissance,
les clercs revisitent les classiques antiques mais s’ouvrent
aussi à de nouvelles pratiques des arts et des sciences
qui bousculent les traditions et les autorités. Sur le plan
religieux, les remises en cause l’emportent également
sur les certitudes. Tout en affirmant la primauté des Écritures,
Luther ébranle l’autorité pontificale et celle de l’empereur.
Tout en se revendiquant de valeurs chevaleresques, les
souverains qui s’affrontent font entrer l’Europe dans l’ère
des guerres modernes, avec de coûteuses mobilisations
d’hommes, de matériels et le développement de nouvelles
techniques d’assaut ou de défense.
L’humanisme
et la Renaissance
Ad fontes ! Aux sources ! C’est le mot d’ordre des humanistes, revenir aux origines, débarrasser
les œuvres antiques des couches de commentaires qui au fil des siècles les ont obscurcies. Avec
la fin de l’Empire byzantin, de nombreux manuscrits sont parvenus en Occident. Ils permettent
de retisser des fils rompus. À l’instar de Donatello qui achève en 1432 David, un bronze que lui
a commandé Cosme l’Ancien de Médicis, les artistes de la Renaissance renouent eux aussi
avec l’Antiquité.
Renaissances européennes des siècles » (1550). Mais à l’instar comme le château de Fontainebleau,
Avec son extraordinaire patrimoine des grands artistes de la Renaissance, où les artistes français se forment et
antique, la péninsule italienne s’éveille il ne copie pas, mais réinvente. Les développent ensuite leur propre sen-
la première. Grand voyageur, le poète circulations artistiques se déploient sibilité. Henri VIII d’Angleterre qui fait
d’origine florentine Pétrarque (1304- à l’échelle de l’Europe, notamment du peintre allemand Holbein le Jeune
1374), qui a vécu à Avignon, terre entre la Flandre prospère des ducs de son portraitiste préféré, François Ier qui
pontificale, et dans le Comtat, exalte Bourgogne et les cités italiennes. Les accueille Léonard de Vinci à Blois et
l’Antiquité. En 1341, à Rome, il reçoit commandes princières favorisent les fait visiter lui-même la galerie du châ-
une couronne de laurier à l’antique. déplacements d’artistes et de leurs teau de Fontainebleau, Charles Quint
De son côté, l’architecte Brunelleschi œuvres, tandis que les banquiers ita- auquel Érasme dédie son Éducation
(1377-1446) explore la perspective liens connectent aussi l’Europe du du prince chrétien (1516), sont tous
et dirige l’emblématique chantier du Nord-Ouest avec l’Italie. Les artistes les trois des princes de la Renaissance
dôme de la cathédrale Santa Maria flamands mais aussi allemands comme marqués par l’humanisme.
del Fiore à Florence. Pour Filarète, Albrecht Dürer viennent se former en
il a su retrouver la « manière antique Italie. Les guerres d’Italie accroissent Érasme et Le Pogge
de bâtir » (1470). Quant à Vasari, il le développement des échanges et Comme les artistes et les princes de
est l’homme « envoyé par le ciel pour la création d’« écoles italiennes » en la Renaissance, les humanistes sont
rénover l’architecture égarée depuis France, avec de vastes chantiers de grands voyageurs. Ils se forment
Mer ROYAUME
ROYAUME du Nord DU DANEMARK
D’ANGLETERRE
Cambridge Amsterdam
ROYAUME
Oxford Deventer Wittenberg DE POLOGNE
Londres Leipzig
Humanisme Anvers Mayence
Erfurt Prague
Invention de l’imprimerie Nuremberg
Océan Paris
Diffusion de l’imprimerie Atlantique Strasbourg Augsbourg
Grands centres d’imprimerie Châteaux Bâle SAINT- ROYAUME
Grandes universités de la Loire EMPIRE DE HONGRIE
Genève
ROYAUME Lyon
Renaissance DE FRANCE Milan Venise
Foyers Bologne EMPIRE
Valladolid Montpellier Urbino OTTOMAN
Capitales Salamanque Florence
Autres centres ROYAUME Rome
DU PORTUGAL Barcelone
Diffusion de la Madrid Alcalá ROYAUME
Renaissance italienne Lisbonne de Henares DE NAPLES
Architecture Séville ROYAUME
D’ESPAGNE Mer
Sources : G. Duby (dir.), Grand Atlas historique,
Larousse, 2008 ; Gesamtkatalog der Grenade Méditerranée
Wiegendrucke, Staatsbibliothek zu Berlin, 2018 500 km
(www.gesamtkatalogderwiegendrucke.de).
L’Europe de l’imprimerie
Dès 1474, le moine chartreux Werner Rolevinck a parfaitement conscience que l’imprimerie
révolutionne l’accès à la connaissance, la diffusion des idées, et que son essor est véritablement
européen. Dans un témoignage célèbre, le Fasciculus temporum, il écrit : « L’impression des livres,
qui est une science très subtile et inconnue de tous les siècles, fut découverte environ en ce temps
dans la ville de Mayence. Cette science est l’art des arts, la science des sciences. »
1213
UNE - 3g. Renaissance
CARRIÈRE et imprimerie
EUROPÉENNE : CHRISTOPHE: PLANTIN (1520-1589)
la production des principaux centres italiens
Retour à Paris
Séjour après la découverte
à Paris d’un livre hérétique
Succursales Leyde SAINT-
S’installe à Anvers : Sept. 1563,
EMPIRE
Anvers artisan du cuir retour à
Imprimeur : Anvers
Rh
PAYS-BAS
in
été publiés, Werner Rolevinck, qui vit associé à Anvers, capitale du grand DES DÉBUTS PROMETTEURS
à Cologne, incarne cette période d’es- commerce européen, centre huma-
sor rapide de l’imprimerie, non seu- niste de premier plan, mais prise dans 1450 Installation
lement dans la région rhénane, mais la tourmente de la guerre. Plantin a d’imprimeurs
quasi simultanément dans de nom- dû à plusieurs reprises s’exiler préci-
breux pôles européens. Il fait aussi le pitamment. S’il est personnellement Mayence
lien entre l’érudition, l’humanisme, les catholique, l’un de ses gendres et ses
clercs – c’est un moine – et l’imprime- premiers associés sont calvinistes, et il
rie. Dans une vision moderne et très fait des affaires avec l’Espagne comme
optimiste, il soutient que l’imprimerie avec les réformés. Autodidacte, il a
500 km
libère, éclaire, relaie en direction du appris les différents métiers du livre
plus grand nombre : « Par la rapidité avant de devenir un homme d’affaires
1460
de sa pratique elle est un trésor dési- hors pair. Il a créé et développé sans
rable de sagesse et de science, tré- doute la plus importante entreprise
sor que les hommes désirent obtenir typographique d’Europe, ouvrant des
Bamberg
par instinct de nature. Cet art est sorti succursales et obtenant la recon- Strasbourg
de la profondeur des ténèbres et de naissance des princes et de ses
l’obscurité, et il est venu en ce malin pairs. Son catalogue est impression-
monde pour l’enrichir et l’illuminer. En nant pour l’époque avec plus de deux
effet, la vertu infinie des livres, qui était mille titres publiés en trois décennies,
autrefois à Athènes, à Paris et dans les soit une moyenne d’une parution par
autres lieux d’études ou bibliothèques semaine, pour un tirage moyen de 1470
sacrées, a maintenant été manifestée plus de mille exemplaires. Sa Bible en
aux plus pauvres de ceux qui étudient hébreu (1566) frôle les 8 000 exem-
en chaque tribu, chaque peuple et plaires. Ses ouvrages se vendent dans Paris
chaque langue, partout où cet art est toute l’Europe et jusque dans l’Amé- Augsbourg
Sources : J. Dittmar, « Information technology and economic change: The impact of the printing press », 2011 ; www.gesamtkatalogderwiegendrucke.de.
Bâle
répandu ». Si Rolevinck est conquis rique espagnole. Ils concernent aussi
par l’imprimerie, de nombreux éru- bien les livres religieux que l’ensemble Rome
dits conservent une préférence pour la du champ humaniste et scientifique,
communication manuscrite. Pour gar- avec des dictionnaires, des ouvrages
der l’apparence des manuscrits médié- de mathématiques, de médecine, des
1480
vaux, les lecteurs fortunés acquièrent traités d’astronomie et d’astrologie,
des impressions sur vélin – un quart du de botanique. Certaines de ses entre- Anvers
Leipzig
tirage de la Bible de Gutenberg –, qui prises éditoriales ont marqué l’histoire Londres
se prêtent aux décors enluminés. de l’imprimerie, comme la Bible poly-
glotte (1568-1572), ou dans le domaine Venise
Bologne
L’Officina Plantiniana cartographique, le Theatrum orbis ter-
à la conquête de l’Europe rarum (1579). Au sommet de son acti- Florence
La vie de libraire-imprimeur de vité, l’Officina Plantiniana emploie seize Barcelone
Christophe Plantin est marquée à la presses, trente-deux imprimeurs et
fois par l’essor de l’humanisme, mais vingt typographes. 1490
aussi par les risques pris en temps
de guerre civile et religieuse dans les
Pays-Bas espagnols. Son nom est
68 70 72 76 78 79 83 85 89 95 1600 05 10 15 18 20
Héritages des Habsbourg. Si Maximilien n’a pas à sa sœur Marie de Hongrie. Celui
Par la suite de remarquables combi- pu obtenir qu’il lui succède de son des possessions héréditaires des
naisons matrimoniales et d’une série vivant, il est élu empereur en 1519. Habsbourg va à son frère Ferdinand,
d’heureuses successions, Charles de La vie de Charles Quint est une per- qui lui succédera comme empereur.
Gand – ville des Pays-Bas où il est né – pétuelle itinérance, au gré des révoltes
est à la fois le petit-fils de l’empereur à réduire et des batailles à livrer. Cet L’échec d’un empire universel
Maximilien Ier et des Rois Catholiques, empire « sur lequel le soleil ne se Charles Quint a été confronté à des
et le fils de Philippe Le Beau et de couchait jamais », est d’abord une défis immenses et à des adversaires
Jeanne La Folle. Il hérite donc des cou- mosaïque de territoires et de statuts déterminés. Inspiré par l’ordre de
ronnes espagnoles et de leurs posses- d’une infinie complexité. Pour le gou- la Toison d’or, l’idéal chevaleresque
sions en Italie comme en Amérique, verner, Charles Quint s’appuie sur sa de la cour de Bourgogne et par la
mais aussi des ducs de Bourgogne, famille. Il confie le gouvernement des Reconquista, il rêve plus d’une com-
ainsi que des territoires héréditaires Pays-Bas à sa tante Marguerite, puis munauté chrétienne que d’un empire
Buenos
eid
Ligne distante
llw
d’Autriche.
L’Italie « sens dessus dessous » d’un genre nouveau, marquées par la revendications dynastiques en sont
Les témoins italiens du temps, « brutalisation » ou l’ensauvagement. les éléments déclencheurs. Héritier
Machiavel, Savonarole et Guicciardini, Elles ne se réduisent donc pas à l’exal- des Anjou, Charles VIII revendique
s’accordent pour penser que les tation des exploits du chevalier Bayard le royaume de Naples. Petit-fils de
guerres d’Italie, par la fulgurance des et à la furia francese. La bataille de Valentine Visconti, Louis XII revendique
déplacements des armées, l’emploi Marignan (1515) laisse entre 18 000 et le duché de Milan contre les Sforza.
d’armes nouvelles – artillerie et arque- 20 000 morts sur le champ de bataille. De son côté, lorsque François Ier
buse pour l’infanterie –, les sacs de Les guerres d’Italie s’enchaînent sans envahit la Savoie, il met en avant les
villes (voir p. 18-19), sont des guerres interruption de 1494 à 1530. Les droits de sa mère, Louise de Savoie.
Les interventions françaises consti-
LES GUERRES D’ITALIE tuent le premier temps des guerres
d’Italie. Après la victoire de Marignan,
François Ier reprend le duché de Milan,
SAINT-EMPIRE
Col du fait la paix avec les Suisses et le pape.
Montgenèvre DUCHÉ Le conflit est relancé lorsque Charles
Lyon DUCHÉ DE MILAN RÉP. DE Quint entre en guerre. François Ier est
DE Novare VENISE
SAVOIE (1500) Milan Agnadel (1509) battu à Pavie (1525) et fait prisonnier.
Grenoble Suse ROYAUME
Marignan (1515) Venise DE HONGRIE Pour être libéré, François Ier doit signer
Turin Pavie le traité de Madrid, dont les clauses
(1525)
ROYAUME Fornoue Ravenne (1512)
DE (1495) EMPIRE
FRANCE Col de l’Argentière Florence OTTOMAN
ÉTATS
BATAILLE DE MARIGNAN
(col de Larche)
DE L’ÉGLISE
Mer Bettolino
Carpianello
Adriatique
1re ligne française
Rome ROYAUME Bourbon La Palice
Garigliano (1503) DE NAPLES
Gaète Atella, San
Zivido
Lambro
ROYAUME Viboldone
DE SARDAIGNE Mer 2e ligne française Sante
Tyrrhénienne
François Ier 3 ligne Brigida
e
Bayard française
Alençon
Seminara
(1495/1503) Mer
Expéditions Batailles Ionienne
ROYAUME 1 km Marignan
Charles VIII, 1494 (Melegnano)
DE SICILE
Louis XII, 1499-1504
200 km Français Suisses
François Ier 1515
Infanterie Infanterie
Royaume de Naples occupé par Charles VIII et Louis XII Cavalerie Charges
Milanais occupé par Louis XII (1499-1512) et François Ier (1515-1525) Artillerie
Frontières en 1494 Limites du Saint-Empire Palissades
Sources : T. F. Arnold, Les guerres de la Renaissance XV-XVIe siècles, coll. Atlas des guerres, Autrement, 2002 ; Contre-attaque
J. Engel et al., Großer Historischer Weltatlas, Dritter Teil, Neuzeit, Bayerischer Schulbuch-Verlag, 1981.
sont humiliantes. Libre, il le dénonce, Au fil des sièges et des engagements Pour l’historien des sciences Robert
et reprend les hostilités dans le cadre auprès de leurs commanditaires, les Halleux, ils sont des « consultants
de la ligue de Cognac. Passé dans le ingénieurs italiens enrichissent leur internationaux en technologie qui
camp de l’empereur, le connétable de expérience, développent de nouvelles vont de cour en cour, de chantier en
Bourbon met Rome à sac (1527). La techniques et de nouvelles armes. chantier ».
paix, signée à Cambrai en 1529, est
rompue par François Ier qui espère « LE TRACÉ À L’ITALIENNE » RÉVOLUTIONNE L’ART DES FORTIFICATIONS
reprendre la route de l’Italie lorsque
le duc de Milan meurt. Les guerres
d’Italie se poursuivent avec une inten-
Glacis Redan
sité variable de 1530 à 1559 (paix du
Source : A. Pirinu, Il disegno dei baluardi cinquecenteschi nell'opera dei fratelli Palearo Fratino :
Demi-lune
Cateau-Cambrésis).
Guerre de siège
Via
o
B
pe
ie
sont désormais indispensables au Ma
le
tteu
a
Vi
Rome à la Renaissance
1420 marque le retour des papes à Rome. Ils quittent Avignon et lancent de vastes entreprises
d’aménagement urbain et de création artistique. Les noms d’Alexandre VI Borgia, Jules II, et des
papes Médicis Léon X et Clément VII leur sont notamment associés. L’humaniste Flavio Biondo
publie Roma instaurata, « Rome restaurée », où il s’intéresse à la topographie de la Rome antique.
Sur le plan artistique, le Jugement dernier de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine (1512)
symbolise cette période.
(passettMuraille avec
Palais o) vers
du Vatican le châtepassage
au Sain
t- Ang e
Chapelle Sixtine
Fontaine
Corridor du Bernin (1615)
Po
rtiq
Axe du Borgo Nu
ovo
ue a
Place Saint-Pierre
ux
(Piazza San Pietro)
Axe de Saint-Pierre
284 colonn
Piazza Retta
Obélisque Piazza
Pio XII
es
Fontaine
(1675)
Ancienne basilique (IVe siècle) Sources : A. Delpirou et al., Atlas historique de Rome, Autrement, 2013 ; G Nolli, Nuova
Aménagement de la place par le Bernin (1657-1665) Topografia di Roma, Roma, 1748 ; T. Alfarano, N. Bonifacio, Almae Urbis divi Petri veteris
novique templi descriptio, Roma, 1590.
LE SAC DE 1527
Mausolée
Piazza Château d’Auguste
Scossacavalli Saint-Ange
VATICAN
Basilique
Saint-Pierre BORGO Palazzo Ponte Sant’Angelo
della Rovere
3
Porta Torrione Palazzo (Italiens**)
Armellini Piazza Navona
1 Porta Santo Spirito
2
(Espagnols)
Tev
Panthéon
ere
Tib(
re)
Campo de’ Fiori
(lansquenets)
Voyager au xvie siècle
Étudiants, pèlerins ou ingénieurs, les voyageurs qui arpentent l’Europe ont tenu des journaux, pris
des notes de voyage, et échangé des correspondances, riches de précieuses observations. Malgré
sauf-conduits et recommandations, sur terre comme sur mer, le voyage est une épreuve, qui
amène Léonard de Vinci (1452-1519) à franchir les Alpes à plus de soixante ans. Au cours de la
première moitié du xvie siècle, les voyageurs sont des témoins précieux de la montée des divisions
entre protestants et catholiques.
Peregrinatio academica Platter le Jeune (1574-1628) étudie entreprend une carrière académique
et pèlerinages la médecine à la prestigieuse univer- dont la fonction de recteur de l’univer-
Pérégrinations académiques et pèle- sité de Montpellier, avant de parcou- sité de Bâle constitue le couronnement.
rinages sont des mobilités caracté- rir en 1604-1605 la France du Sud, De retour de pèlerinage en Terre sainte
ristiques de l’Europe depuis le Moyen l’Espagne, la France du Nord, l’Angle- en 1531, le bénédictin Loupvent (vers
Âge. Fils d’un berger devenu un terre et les Pays-Bas. Il tient son jour- 1490-1550), originaire de Lorraine,
humaniste bâlois reconnu, Thomas nal de voyage. De retour au pays, il réunit quant à lui les notes prises
Woodstock Rotterdam
Mer du Nord
Oxford
(29 sept.) Londres (18-26 sept. ;
1er-20 oct.) Trajet par voie d’eau
Canterbury Bruges Anvers Düsseldorf
Greenwich
Southampton Douvres Gand Cologne
(16 sept. ; 22 oct.) Maastricht
Dunkerque Bruxelles Louvain
Calais Aix-la-Chapelle
Brighton (15 sept. ; Halle Liège
Lille
24 oct.) Namur
Arras Tournai Coblence
Manche Mons
(17 août) Valenciennes
Rh
in
Amiens Cambrai
e lle
Aumale M
Trajet Luxembourg Trèves
s e
Villes où il est resté Oi
plusieurs jours Rouen Compiègne Sarrebruck
(11-13 août) Reims
Me
du XVIe siècle
Pontoise Haguenau
Limites du Saint-Empire Paris (25 juillet-10 août ;
Saint-Germain- 19 déc. 1599-19 janv. 1600) Nancy
Royaume de France en-Laye Strasbourg
(28 nov.) Provins
Royaume d’Angleterre
Possession des Habsbourg Chartres Étampes Seine Troyes
Bar-sur-Seine Fribourg
Orléans (25 janv.) Châtillon- Mulhouse
(21-26 juillet) sur-Seine Vesoul
Angers Blois L Delle
(22 mai 1599) Chambord Besançon Bâle
oir
(8 févr.)
Romorantin Baume-
Nantes les-Dames
Candes Beaune Dôle
100 km Bourges (29 janv.)
(14-20 juillet)
Source : E. Le Roy Ladurie et F.-D. Liechtenhan, L’Europe de Thomas Platter : France, Angleterre, Pays-Bas, 1599-1600 (Le siècle des Platter III), Fayard, 2006.
pendant les 245 jours de son voyage LES DÉPLACEMENTS D’UN INGÉNIEUR MILITAIRE : LÉONARD DE VINCI
dans un manuscrit intitulé Voyage iti-
néraire et transmarin de la Sainte Cité
Locarno
Iso
de Jérusalem. Il est contemporain de Udine
nzo
la Renaissance, et comme souvent DUCHÉ Gradisca d’Isonzo
DE MILAN Bergame
dans les récits de voyage du temps, il DUCHÉ RÉPUBLIQUE
Milan Trieste
s’intéresse avant tout aux villes et aux DE SAVOIE Novare Vérone DE VENISE
(1513) Marignan Venise
divisions politiques de l’Europe en de (1515) Mantoue Padoue
Turin Pavie
multiples souverainetés imbriquées.
Asti Pô
Très impressionné par le « très invin- Mer
Parme Ferrare
cible empereur » Charles Quint, il voit Gênes
Fornoue
Adriatique
Saluces (1507)
en lui le héros de l’Europe catholique. À (1495) Ravenne
Rapallo
Imola
Venise, où il passe deux mois, il décrit (1512)
RÉPUBLIQUE (1494) DUCHÉ
la richesse de la basilique Saint-Marc, DE GÊNES DE MODÈNE Cesena Porto Cesenatico
Rimini
les institutions de la Sérénissime, et les La Verruca rno Pesaro
Principales villes A Florence
instruments de sa puissance, notam- où travaille Léonard de Vinci RÉP. DE FLORENCE Urbino
ment son arsenal (voir p. 24-25) et son Campagne de Romagne : Livourne
Sienne Arezzo ÉTATS
armée. Venise est le point de départ voyage d’inspection des DE L’ÉGLISE
des navires pour la Terre sainte. Avec forteresses pour César Borgia
(1502-1503)
RÉPUBLIQUE Perugia
DE SIENNE
les autres pèlerins, il embarque à bord
Projets de détournement, Piombino
de la Santa Maria, pour 85 jours de Orvieto
de canalisation de l’Arno et
mer. Il partage la peur de ses contem- de l’Isonzo ROYAUME
DE NAPLES
porains pour la mer et ses tempêtes. Projets de fortifications Viterbo
Il pénètre dans le bassin oriental de Batailles des guerres d’Italie
la Méditerranée, alors que la poussée (1494-1515) 100 km Rome
ottomane s’y fait de plus en plus sentir Frontières en 1494 Source : P. Brioist, « Léonard de Vinci. Arts, sciences et
(voir p. 22-23). Son hostilité vis-à-vis Limites du Saint-Empire techniques », Documentation photographique n° 8079,
La Documentation française, 2011.
des « maudits Turcs » ponctue sa rela-
tion ; il en veut plus encore aux chré-
PÈLERINAGE
2021 - 1c.EN
LesTERRE SAINTE d’un ingénieur militaire : Léonard de Vinci
déplacements
tiens renégats. Mais en Terre sainte,
alors qu’il vient d’une Europe meur- SAINT-EMPIRE
trie par la fracture confessionnelle, il
Venise
note avec étonnement que les tom- Rovigno
(25-27 juin)
beaux des rois chrétiens de Jérusalem
RÉP. DE Mer Noire
sont intacts et qu’à Béthanie, Turcs et RAGUSE
chrétiens prient ensemble au sépulcre
de Lazare. Voyager c’est donc se Constantinople
confronter à l’altérité. ROYAUME
DE NAPLES Corfou
Otrante (6-10 nov.)
Un ingénieur sur les routes (7 juillet)
d’Europe : Léonard de Vinci ROYAUME
Chypre
Zante (19 sept.-17 oct.)
Avant le début des guerres d’Italie, DE SICILE Morée Cyclades
(13 juillet) Golfe
de Satalie Salins
Léonard de Vinci s’adresse à Ludovic (19 sept.)
MALTE Crète
le More, duc de Milan, en 1482, pour lui Limassol
Baie de Port
proposer ses services. Il sait prendre Mer
Méditerranée
aux Cailles Cérigo (29-31 juillet)
(1er nov.) (Cythère) Candie
d’assaut les villes, en utilisant des (18-25 juillet) Jaffa
canons, des mortiers au tir courbe, Jérusalem
Itinéraire de Dom Loupvent en 1531 500 km
les sapes qui permettent d’aller sous
Aller (22 juin au 4 août)
les défenses de l’ennemi pour les faire
Jaffa-Jérusalem-Jaffa (4 au 27 août) République de Venise
exploser, et propose déjà de créer des
Retour (27 août au 20 novembre) Empire ottoman
« chars couverts, sûrs et inattaquables,
Sources : M. Fontenay, La Méditerranée entre la Croix et le Croissant, Classiques Garnier, 2010 ; J. Lanher et
qui entreront dans les lignes ennemies P. Martin, Dom Loupvent. Récit d’un voyageur lorrain en Terre sainte au XVIe siècle, Éditions Place Stanislas, 2007.
avec leur artillerie et enfonceront toute
formation de troupes, si nombreuses mais aussi
2021 à des
- 2c. chantiers en
Pèlerinage quiTerre
relèvent 1509, il est chargé de la mise en scène
Sainte
soient-elles ». Il sillonne l’Italie cen- du génie civil. La monarchie française du triomphe de Louis XII. En 1515,
trale et du Nord pendant les premières s’intéresse dès les années 1490 aux François Ier le convainc de s’installer
guerres d’Italie, où il participe à d’im- talents de Léonard. En 1506, Charles sur les bords de Loire à proximité de
portantes entreprises de fortification, d’Amboise l’accueille à Milan, et en lui. Vinci meurt à Amboise en 1519.
Méditerranée ottomane
Miguel de Cervantès (1547-1616) a combattu à la bataille de Lépante (1571) dans l’infanterie
embarquée. Il y perd l’usage d’une main. Quatre ans plus tard, alors que parti de Naples son navire
fait route pour l’Espagne, il est capturé au large des côtes catalanes par la course barbaresque et
emmené dans les bagnes d’Alger. Il est libéré en 1580 contre versement d’une rançon. Dans la
première partie de Don Quichotte (1605), l’un de ses personnages raconte son expérience de la
bataille et de la captivité.
Conquêtes ottomanes Sous les règnes de Soliman le où des régences sont établies à Alger
La prise de Constantinople par Magnifique (1520-1566) et de Selim II (1519), Tripoli (1551) et Tunis (1574).
Mehmed II « Le Conquérant » en 1453 (1566-1574), les Ottomans renforcent
marque traditionnellement le début leur domination sur le bassin oriental Guerre sur mer
de l’époque moderne. La poussée de la Méditerranée. Belgrade est prise La prise de Famagouste sur l’île
ottomane s’exerce dans toutes les direc- de même que Rhodes (1522). Chassés de Chypre le 1er août 1571 par les
tions. En quelques années, l’essentiel de cette île stratégique, les Hospitaliers Ottomans sur les Vénitiens accélère
des Balkans et les colonies génoises de Saint-Jean de Jérusalem errent en la formation de la Sainte-Ligue à l’ini-
de la mer Noire sont pris. La puissance Méditerranée, s’installent à Malte que tiative du pape Pie V, entre les États
maritime de Venise entrave l’expansion leur accorde Charles Quint. Ils fortifient pontificaux, l’Espagne de Philippe II,
ottomane. De la fin du xve siècle à la fin du l’île et leur ordre militaire et religieux lui Venise et Gênes. Les deux flottes se
xviie siècle, le conflit turco-vénitien est la sera désormais associé jusqu’à la fin de rencontrent dans le golfe de Patras.
toile de fond de la guerre en Méditerranée l’époque moderne (chevaliers de Malte). C’est l’une des plus grandes batailles
avec des phases de paix, et de reprise La poussée ottomane s’exerce aussi sur navales que la Méditerranée ait vues.
des échanges commerciaux. la rive méridionale, la côte de Barbarie, 213 galères espagnoles et vénitiennes
MÉDITERRANÉE OTTOMANE
Expansion de l’Empire ottoman Principales batailles
Possessions des Habsbourg
À la fin du XVe siècle Victoire chrétienne
Place forte espagnole prise par les Ottomans
Sous Selim Ier (1512-1520) Victoire ottomane
Expédition de Barberousse (1543)
Sous Soliman Ier (1520-1566)
puis Selim II (1566-1574) Expéditions sahariennes (1552-1579)
Vienne Buda
Trébizonde
of Islam, Harvard University Press, 2004 ; H.-E. Stier et al., Westermanns Altas zur
Mer Noire
collections de l’Histoire, n° 45, 2009 ; M. Ruthven with A. Nanji, Historical Atlas
Sources : E. Bruckmüller und P. C. Harmann (dir.), Putzger Historischer Weltatlas,
Belgrade
Varna
Cornelsen, 2011 ; Les Turcs de la splendeur ottomane au défi de l’Europe, Les
Venise
Gênes
Marseille Sofia Constantinople
Nice
Rome
Madrid Naples Adana Alep
Barcelone Bagdad
Lépante Athènes
Valence (1571)
Grenade Bougie Bizerte Morée
Weltgeschichte, Georg Westermann Verlag, 1965.
Barcelone Rome
Constantinople
Valence Naples
Tripoli Cap
Cap Bon André Alexandrie
Misurata Damiette
500 km
Cités et Républiques
marchandes en Méditerranée
Les cités marchandes ont fait l’histoire de la Méditerranée depuis l’Antiquité. Au xvie siècle, elles
gardent une belle vitalité, que ce soit Venise où le doge parcourt la lagune sur Bucentaure et jette
son anneau dans la mer en « signe de véritable et perpétuelle domination », qu’elles aient réussi un
développement fulgurant dans le cas de Livourne qui ne comptait que 500 habitants en 1590, ou
qu’elles aient mis à profit, à l’instar de Raguse, leur position d’interface entre la Croix et le
Croissant.
Alexandrie
500 km
100
Bucentaure 0
Entrepôt des rames Tonnage des bateaux
Entrepôt du brai 60
Entrepôt de l’Amiral
Ateliers des fabricants 50
Magasin de rames 40 Venise
d’armes
30
Bureau 100 m
Raguse
Fonderie 20
Ateliers des
fabricants Limite de l’Arsenal 10
de rames Cales sèches 0
Fonderie de fusils Hangars pour l’artillerie couvertes
1300 1400 1500 1600 1700 1800
Bassins couverts Source : O. Havrylyshyn and N. Srzentic, « Economy of
Source : J. Carpentier et Fr. Lebrun (dir.), Histoire de la Méditerranée, Points. Histoire, 2017. Ragusa, 1300 – 1800. The Tiger of the Medieval
Mediterranean ». Croatian National Bank, 2014.
Les Médicis
En septembre 1513, Rome réserve un accueil triomphal à Jules de Médicis, frère du pape Léon X
élu six mois plus tôt. Sur la place du Capitole, un théâtre provisoire accueille trois mille personnes.
Les décors célèbrent la Rome antique et les Médicis respectivement symbolisés par la louve
et par le palle, la boule que l’on retrouve sur leurs armes. Liens familiaux, références antiques,
magnificence, tous les symboles d’une extraordinaire ascension familiale sont présents.
Une histoire de famille la Via Larga, symbole de la richesse Médicis. Laurent dit Le Magnifique
Devenu banquier du pape, Giovanni familiale, il prend soin d’en dissimuler (1449-1492) qui lui succède est l’incar-
di Bicci da Medici (1360-1429) forme les fastes derrière une façade austère. nation du prince de la Renaissance. Il
son fils Cosme, dit l’Ancien (1389- Son fils, Pierre Ier (1416-1469), est mène une active politique interna-
1464), aux affaires, mais lui donne un bâtisseur remarquable. Il n’oublie tionale, mais doit faire face lui aussi
aussi une éducation humaniste. À la cependant pas les affaires familiales, à de nombreuses conjurations, qui
tête d’une des plus riches compa- d’autant que la banque est incapable témoignent de l’instabilité de la vie
gnies florentines, Cosme pèse de plus de recouvrer les sommes qu’elle a prê- politique florentine.
en plus sur la vie politique, mais doit tées au roi d’Angleterre. Il se tourne
respecter les apparences républi- vers l’exploitation de l’alun, qui joue Grands-ducs, papes et reines
caines. Il place ses hommes dans les un rôle essentiel dans la teinture des C’est désormais à l’échelle de
conseils et noue des alliances avec le laines et des étoffes. Après avoir fait l’Europe que les ambitions dynastiques
patriciat. Il lance d’importants chan- face aux familles écartées du pouvoir, des Médicis se déploient. Cosme Ier
tiers publics, mais pour le palais de il donne naissance à la dynastie des (1519-1574) dit le Jeune, devient
grand-duc de Toscane. Les artistes pendant la régence, et donne nais- la première reine Médicis, elle pour-
florentins partent à Rome décorer la sance à trois rois de France. Marie suit la tradition familiale de patronage
chapelle Sixtine. Des Médicis sont (1575-1642) épouse Henri IV. Comme des arts.
eux-mêmes élus papes. Jean, fils de
Laurent le Magnifique, est élu sous
le nom de Léon X en 1513. En 1515, LA FLORENCE DES MÉDICIS
il signe avec François Ier le traité de
En
ce
Viterbe qui reconnaît au roi de France le
int
Fortezza da Basso
titre de duc de Milan. Léon X doit aussi
ed
(1537)
uX
faire face aux débuts de la Réforme San Marco
IV
e
de Luther. Dix ans après son élection,
siè
a g
cle
Lar
un autre Médicis, Jules, devient à son San Lorenzo Annunziata
Via
tour pape sous le nom de Clément VII. Palais Médicis
Santa Maria Novella
Lui doit faire face à l’ascendant pris en Santa Maria dei Fiore
Battistero
Italie par Charles Quint sur l’allié fran-
çais, qui est capturé au siège de Pavie. Palais Strozzi San Michele
Palais du Podestat
En 1527, Rome est mise à sac par les Palais de la Seigneurie
Enceinte romaine
mercenaires allemands de l’empe- Ponte Vecchio Santa Croce
reur (voir p. 18-19), et les républicains (1345) Palais des Offices
chassent les Médicis de Florence. Leur Corridor de Vasari (1565) Arno
Enceinte Palais Pitti
rétablissement à Rome et à Florence du XIIe siècle
passera par la signature d’un traité Jardin
Boboli
humiliant avec Charles Quint puis une Fortezza del Belvedere
réconciliation. (1595) 500 m
Pierre I le Goutteux
er
1444 Lucrezia Tornabuoni Pierfrancesco
(1416-1469) (1425-1482) (1430-1476)
Jacopo 1488 Lucrèce Pierre II Léon X (Jean) Clément VII (Jules) Octave
(1470-1553) (1472-1503) (1475-1521) (1478-1534) (1484-1546)
Salviati
(1461-1533) 1513-1521 1523-1534 ?
Laurent II Maria Salviati 1516 Jean des Francesca
(1492-1519) (1499-1544) Bandes Noires Salviati
(1498-1526) (1504-15??)
Alexandre le Maure Catherine 1533 Henri II Cosme Ier
(1510-1537) (1519-1589) (1519-1559) (1519-1574) Léon XI
(Alexandre)
François II Claude Charles IX Henri III Marguerite 1572 (1535-1605)
(1544-1560) (1547-1575) (1550-1574) (1551-1589) (1553-1615) 1605
2627 - 2g. De la banque à la société des princes : la Maison des Médicis ( XIVe-milieu XVIIe siècle)
L’Europe divisée
Les xvie et xviie siècles sont profondément marqués par la
guerre, qui impose son tempo à l’Europe. Les noms des conflits
que l’histoire a retenus sont révélateurs. Articulée au conflit
global qu’est la guerre de Trente Ans (1618-1648), la guerre
civile qui oppose depuis la fin du xvie siècle les rebelles
des Pays-Bas à la puissance espagnole devient ainsi la
« guerre de quatre-vingts ans ». Quant aux Anglais, ils font
de la Glorieuse Révolution d’Angleterre (1688-1689) le début
d’une confrontation franco-anglaise qui court jusqu’à Waterloo
(1815), et la qualifient de « seconde guerre de Cent Ans »,
expression à la charge symbolique très forte.
De fait, les guerres du xviie siècle apparaissent parfois
déjà comme des guerres totales, où l’Europe se déchire
et s’automutile. La guerre de Trente Ans cause directement
ou indirectement des millions de morts dans l’espace
germanique. Les Malheurs de la guerre du graveur lorrain
Jacques Callot sont la marque durable d’un siècle de fer.
Réformes protestantes
En 1517, les 95 thèses de Luther s’attaquent à la pratique des indulgences car elles leurrent les
fidèles et les détournent de la pénitence. Sont particulièrement visées les campagnes d’indulgences
destinées à financer la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome. La première thèse
soutient qu’« en disant "Faites pénitence", notre Maître et Seigneur Jésus-Christ a voulu que la vie
entière des fidèles fût une pénitence ». Elles vont bouleverser la carte de l’Europe religieuse et
politique.
dispute chaque camp. Le Français L’EUROPE DE LUTHER, CALVIN, ZWINGLI ET IGNACE DE LOYOLA
Jean Calvin (1509-1564) publie en Mer
1536 son Institution de la religion chré- du Nord
Noyon Bruges
tienne. Il est à l’origine de la confes- Né en 1509 (1530) Eisleben
Né en 1483
sion réformée qui se diffuse en France, Anvers Mort en 1546
Londres
mais aussi en Écosse, dans les Pays- (1531) (1529)
Château de Wittenberg
Bas, en Allemagne du Nord et en Wartbourg
Europe centrale. Genève où il s’établit (1521-1522) Leipzig
devient une « Rome » protestante et
Rouen
Worms Erfurt (1519)
Paris
un laboratoire. (1523-1528/1531-1533) (1521)
Strasbourg
Océan Orléans Bâle (1538-1541) Augsbourg
Fracture confessionnelle Atlantique (1528-1529) (1535) (1518)
Bourges Zurich
et coexistence (1528-1531) Wildhaus
Les souverains catholiques réagissent Angoulême Né en 1484
Loyola (1533-1534) Genève
différemment les uns des autres. (1536-1538/1541-1564) Kapel am A.
Né en 1491 Mort en 1531
En Espagne, les réformés sont rapi- (1535) Genève Venise
dement éradiqués, mais dans les Salamanque Mort en 1564
Pays-Bas ils s’implantent durable- (1527) Gênes Ferrare
(1524/1535) (1536)
ment. La brutalité de la répression
Jaffa
par le duc d’Albe, le sac d’Anvers,
chassent les protestants dans le Alcalá
(1526) Barcelone Rome (1523)
Nord où la sécession devient poli- (1523/1524/1527) (1510-1511)
er Valence Gaète
tique. En France, François I (1494- (1535) Mer (1523)
Rome
1547) hésite un temps, influencé par 200 km Méditerranée Mort en 1556
sa sœur, Marguerite de Navarre, mais
l’affaire des placards le choque (1534) Lieux de séjour et itinéraires de :
et le conduit à condamner la réforme. Luther Calvin Zwingli Ignace de Loyola
Parmi les chrétiens qui restent fidèles à Frontières en 1530 Limites du Saint-Empire
l’Église catholique, des appels se font
jour pour une refondation et un retour
au message évangélique. Le concile LES PAYS-BAS
3031 ESPAGNOLS,
- 2c. L’Europe ZONE Calvin,
de Luther, DE FRACTURE Zwingli ETetTERRE
Ignace D’AFFRONTEMENT
de Loyola
de Trente (1545-1563) est l’occasion
d’un profond examen de conscience Villes où a débuté Groningue
le soulèvement de 1572 Franeker
et, au-delà d’une contre-réforme,
Campagnes des armées Mer Boswald
entreprend une « réformation » catho- espagnoles (1572-1574) du Nord Sneek
lique (voir p. 32-33). Batailles
La fracture confessionnelle se tra- Enkhuizen
Traités Alkmaar
duit non seulement par des affron- Hoorn
Union protestante Amsterdam
tements à la fois civils et religieux d’Utrecht en 1579 Haarlem
Union catholique Leyde
– les guerres de Religion en France, Deventer
d’Arras en 1579 Delft
la guerre de Quatre-Vingts Ans dans Utrecht
les Pays-Bas –, les déplacements Tentative d’invasion par Brielle Nimègue
forcés de populations – la formation les Gueux de la Mer (1572)
Middelbourg
Veere Breda Bois- Mook
des Églises wallonnes en exil aux
Flessingue Arnemuiden le-Duc (1574)
ROYAUME
Provinces-Unies et outre-Manche –, D’ANGLETERRE (Sac par les
Bruges Anvers
mais aussi par des négociations en Dunkerque Gand Malines Espagnols, 1576)
vue d’établir des « paix de religion ». Calais (Pacification, 1576) Louvain Maastricht Cologne
Selon les contextes locaux, les fidèles Gravelines Courtrai Aix-la-Chapelle
doivent parfois faire l’apprentissage Saint-Omer Bruxelles
Manche Lille Tournai Liège
de la coexistence, lorsque plusieurs Douai Gembloux
ROYAUME Mons Namur (1578)
communautés vivent dans les mêmes DE FRANCE Arras
territoires. Il peut s’agir de communau- (1579) Cambrai Dinant
Abbeville SAINT-EMPIRE
Cateau-Cambrésis
tés clandestines, comme les protes- (1559)
tants dans la catholique Cologne, ou Bouillon 50 km
Universités catholiques
de communautés qui cohabitent dans Sources :
Universités protestantes F. García de Cortázar, Atlas de Historia de España, Planeta,
une ville selon les règles d’une stricte 2012 ; G. Duby (dir.), Grand Atlas historique, Larousse, 2008 ;
Fondations des premiers J. Engel et al., Großer Historischer Weltatlas, Dritter Teil, Neuzeit,
parité, comme à Orange, possession collèges jésuites (1542-1580) Bayerischer Schulbuch-Verlag, 1981 ; H.-E. Stier et al., Westermanns
Altas zur Weltgeschichte, Georg Westermann Verlag, 1965.
des Orange-Nassau.
Réformation catholique
et Europe baroque
Si le sens et l’origine du mot baroque ont longtemps divisé les historiens, le Dictionnaire de
Furetière en 1690 évoque déjà « un terme de joaillerie qui ne se dit que de perles qui ne sont pas
parfaitement rondes ». Si certains ont dénoncé les excès du baroque, il faut le voir comme une
explosion artistique, un véritable feu d’artifice qui entraîne tous les arts, tous les sens, inséparable
de la refondation de l’Église catholique qui se joue au concile de Trente et dans la Rome du Bernin.
L’Église tridentine à la située dans le Tyrol italien mais en terre le célibat des prêtres. S’il arrive trop
reconquête de l’Europe d’Empire, un concile qui siège au total tard pour restaurer l’unité de l’Église,
Dans la chrétienté fracturée, l’attente 53 mois entre décembre 1545 et 1563. le concile est à l’origine d’une trans-
d’un concile général de « réformation » L’examen de conscience est indispen- formation en profondeur de l’Église
de l’Église est très grande, mais les sable mais tardif. Les Pères du concile catholique. Une meilleure formation
promesses pontificales n’ont pas été réaffirment notamment le dogme de des prêtres est progressivement intro-
suivies d’effet jusqu’à ce que Paul III la présence réelle dans l’eucharistie, duite de même que la pratique régu-
décide enfin de réunir à Trente, ville le culte des saints, l’autorité du pape, lière des visites pastorales. Curés et
L’EUROPE BAROQUE
Saint-Pétersbourg
Édimbourg
Moscou
Mer du Nord
Mer
Anvers Baltique
Malines
Bruxelles Elb
Londres Amsterdam
e
Mons V
Berlin ist u
Océan Maastricht le Varsovie
Lille Liège Dresde
Atlantique
Rouen Cambrai Würzbourg Cracovie Kiev
Strasbourg Prague Dniep
Paris r
Nancy Munich Wilhering
Lunéville
Stuttgart Vienne
Salzbourg
Turin Vicence Graz
Avignon Venise Danu
Porto Valladolid be
Mantoue
Salamanque Gênes Mer Noire
Aix-en-
Madrid Provence
Lisbonne Barcelone Rome
Cordoue Valence
Séville Naples Lecce
Grenade
Palerme
Catane
Raguse Syracuse
Notto
Zones de forte diffusion du baroque
Centres principaux Mer Méditerranée
Centres de moindre importance
500 km
Monuments isolés
Le miracle hollandais ses représentants et défend ses inté- et le grand pensionnaire Johan van
Après l’Union d’Utrecht conclue en rêts, tandis que les États provinciaux Oldenbarnevelt, figure clé de l’indé-
1579 face à l’Union d’Arras au Sud, conservent l’essentiel des attributions. pendance, est par exemple exécuté en
fidèle à l’Espagne, les États-Généraux Si le grand pensionnaire, porte-parole 1618. Contre toute attente, les « gueux
réunis à La Haye en 1581 déchoient des États de Hollande, prend la tête de de la mer » ont réussi non seulement à
Philippe II d’Espagne de son « droit de l’organe exécutif des États-Généraux desserrer l’étau espagnol mais à créer
souveraineté » sur les Provinces-Unies. et veille au caractère républicain de un État prospère, une civilisation urbaine
Leur indépendance n’est cependant l’État, le Stathouder (commandant mili- qui impressionne les contemporains,
reconnue qu’au terme de la guerre de taire) de Hollande cherche au contraire une vie culturelle et artistique brillante
Quatre-Vingts Ans en 1648. À la tête de à asseoir son pouvoir à l’occasion du – notamment dans le domaine de la
la République des Provinces-Unies, les conflit, et à réduire l’influence de l’oli- peinture –, et une vie religieuse intense
États-Généraux forment une assemblée garchie marchande. La vie politique de – même si la tolérance du Siècle d’or
complexe où chaque province envoie la République est donc mouvementée, doit être nuancée.
Texel
Fourrures Amsterdam
Europe Japon
New Amsterdam
Açores Soie
Chine
Océan Perse Nagasaki
Madère Porcelaine
Atlantique
Soie Océan
Ormuz Soie Soie
Formose Pacifique
Canaries
Arabie Surate Guangzhou
Antilles Café Inde
Curaçao Cap-Vert Ivoire Mokha
Sucre Cannelle
Or
Elmina Colombo
Équateur Paramaribo Bornéo
Sumatra
Bali Muscade
Ascension Baie d’Antongil Engano
Java Poivre
Sainte-
Hélène Batavia
Madagascar
Océan Océan
Pacifique Le Cap Indien
Cap de Bonne-
Espérance
27
25
l
500 m 1400 1450 1500 1550 1600 1650 1700 1750 1800 1850
Source : R. Paping, General Dutch Population development 1400-1850:
Source : J. E. Abrahamse, M. Kosian, E. Schmitz, An Atlas of Amstelland. cities and countryside, University of Groningen, First Conference of the European
The biography of a landscape, Thoth, 2012. Society of Historical Demography (ESHD), 2014.
Le Saint-Empire, théâtre majeur est reconnue depuis 1555, mais la les Habsbourg veulent profiter de leur
des opérations militaires confession réformée (calviniste) ne victoire à la bataille de la Montagne
Le conflit s’enracine dans l’opposition l’est pas – et les États catholiques, Blanche (1620) pour entreprendre une
croissante au sein du Saint-Empire États héréditaires des Habsbourg de véritable reconquête catholique du
entre les princes protestants – la Vienne et Bavière en tête. De local, Saint-Empire, qui ferait voler en éclats
confession évangélique (luthérienne) en Bohème, le conflit s’étend, lorsque de fragiles équilibres confessionnels
et politiques. Le conflit se généralise
LE SAINT-EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE AU CŒUR DE LA GUERRE
progressivement avec l’intervention
ROYAUME d’autres puissances européennes.
ROYAUME DE SUÈDE
DU DANEMARK Certains États cherchent cependant à
rg ne pas s’impliquer directement dans
ou Traité de 1629 qui met
deb fin aux interventions danoises le conflit, mais à peser sur le cours
n
ra dans le Saint-Empire de la guerre, en soutenant des puis-
B
du
Elb
Londres (1624)
Zurich
protestant après une succession de
200 km
Genève défaites qui font craindre une victoire
Protestants Catholiques très nette des puissances Habsbourg
Principaux États protestants Habsbourg d’Autriche et de leurs alliés bavarois. Elle est ren-
due nécessaire aux yeux de Gustave II
Territoires protestants Habsbourg d’Espagne
au début du conflit Adolphe en raison du retrait du
Duché de Bavière
Danemark, défait, du conflit. Le roi de
Principaux mouvements des armées Suède se révèle un remarquable chef
Mansfeld Christian IV Comte de Tilly
de guerre. L’armée suédoise, disci-
Brunswick Gustave II Adolphe Wallenstein
plinée, bien équipée notamment en
Principales batailles, remportées par…
pièces d’artillerie, est galvanisée par
les protestants les catholiques
ses pasteurs. À Breitenfeld (1631), elle
D’après F. Tétart, C. Suss, Atlas des religions, Autrement, 2015. Sources : J. Cornette (dir.), Atlas de l’histoire de triomphe d’une armée impériale expé-
France, Belin, 2012 ; G. Duby, Grand atlas historique, Larousse, 2008 ; H. Zeissig, Neuer Geschichts und Kulturatlas
von der Urzeit zur Gegenwart, Atlantik-Verlag Paul List, Berlin, 1950. rimentée commandée par le comte de
LES RAVAGES DE LA GUERRE DE TRENTE ANS DANS L’ESPACE GERMANIQUE LA BATAILLE DE BREITENFELD (1631)
Mer ET LA « RÉVOLUTION MILITAIRE »
Baltique
Lob
Podelwitz rb
e
Mer a ch
du Nord
Neustettin
Hambourg
Amsterdam Spandau
Sac de Magdebourg*
Lippstadt (1631) Breitenfeld
Leipzig
Cologne
Liège
Doullens Lob
Podelwitz rb
Prague
e
a ch
Genève Lob
Lyon Podelwitz rb
e
Brescia a ch
Milan Venise
Parme
* Symbole des atrocités de la guerre 200 km
avec 20 000 habitants massacrés.
e
a ch
Tilly. Les -ressources
3637 3c. Les ravages de la guerred’innombrables
démographiques marches
de Trente Ans dans et contre-
l’espace germanique
alors que le combat lui est favorable, Tilly (1631) est devenu le symbole de
il est mortellement blessé. On craint cette violence de guerre qui n’épargne Armée de Armée du
Gustave II Adolphe comte de Tilly
l’effondrement du camp suédois, personne. Les désertions sont perma-
Infanterie
privé de son chef charismatique. Paris nentes et entretiennent la confusion
Cavalerie
renouvelle son soutien et prépare son générale. Des bandes de déserteurs
Artillerie
intervention directe dans le conflit, écument les campagnes. Jacques
Charges
effective en 1635. Callot traduit l’exaspération des
Retraite
populations qui se font justice elles-
Les ravages de la guerre mêmes lorsqu’elles le peuvent. Dans 13 000 Cavaliers 10 000
Au cours de la guerre de Trente Ans, La Revanche des paysans, les marau-
28 000 Fantassins 21 400
les soldats sillonnent l’Europe et deurs ont été surpris et pendus aux
couvrent des distances considérables. arbres. Au total, l’Allemagne a perdu 51 Canons 37
La découverte et la publication en un tiers de sa population, et les terri- (canons lourds, (canons de
1993 du journal de Peter Hagendorf toires les plus marqués par les ravages chaque régiment 4 canons campagne)
légers de campagne)
ont montré qu’il s’agit bien d’un du conflit, comme la Bavière, un habi-
conflit hors normes. De 1625 à 1649, tant sur deux, voire ponctuellement 60 Bilan de la bataille : 2/3 des effectifs
ce mercenaire a parcouru, à vol d’oi- à 70 % de leur population. impériaux hors de combat, tous les
seau, l’équivalent de 22 400 km, avec canons et 120 étendards pris.
Émissaires et négociateurs
Les puissances européennes recourent aux services de nombreux agents et émissaires pour
représenter leurs intérêts et négocier à l’étranger, indépendamment des ambassadeurs ordinaires
et des résidents. C’est notamment le cas des consuls, qui ne sont pas alors considérés comme
des diplomates, mais aussi de voyageurs, d’espions de métier ou d’occasion, d’ambassadeurs
extraordinaires, ou encore d’hommes de lettres et d’artistes, voire de négociants.
3839 - 2c. Pierre Paul Rubens (1577-1640), 3839 - 3c. Les consulats français en Europe et
peintre et envoyé diplomatique
La Corogne Senigallia
Ancône
Gijón
Bilbao Venise Trieste Bakhtchissaraï
Santander Gênes
Nice Rovigno Sebenico
Raguse Mer Noire
Madrid Denia et Altea Durazzo
Barcelone Civitavecchia Valona
Lisbonne Tortosa Rome Salonique Constantinople
Valence
Minorque Livourne
Alicante Naples Nègrepont
Cadix Alméria Majorque
Gibraltar Arta Athènes
Carthagène Cagliari Palerme Corfou Smyrne
Tétouan Alep
Salé Alger Tunis Messine Zante Naxos
Oran Bagdad
Cérigo Milos Tripoli
Larnaka
Date de création Mer La Canée Chypre Beyrouth
Méditerranée Crète Seyde
ou d’existence connue Tripoli
Avant le XVIIe siècle Jérusalem
Alexandrie
Au XVIIe siècle
500 km
Au XVIIIe siècle Le Caire
Absence de date Source : J. Boutier, G. Balavoine, Atlas de l’histoire de
France XIVe-XIXe siècle. La France moderne, Paris, Autrement, 2006.
L’Europe en 1648
L’intensité de la guerre amène le Hollandais Hugo Grotius (1583-1645) qui a dû fuir son pays
et est devenu ambassadeur à Paris pour le compte de la Suède à jeter les bases du droit
international et à rechercher les moyens de rétablir la paix. Il développe ses thèses dans
De Mare Liberum (De la liberté des mers) en 1609 et surtout dans son livre De Jure Belli ac Pacis
(Le Droit de la guerre et de la paix) publié à Paris en 1625.
(calvinistes) alors que seuls les évan- lequel celui qui gouverne définit la qui serait anachronique. Même dans
géliques (luthériens) étaient reconnus religion de ses États, s’impose, mais une ville comme Augsbourg, où com-
depuis la paix d’Augsbourg en 1555. dans des conditions bien précises, munautés catholiques et protes-
car la paix de Westphalie est égale- tantes s’équilibrent et jouissent de la
La paix de Westphalie ment une paix de religion. Avec l’intro- « parité », une « frontière invisible »
Lors des préliminaires de paix de duction d’années de référence, l’idée court, avec deux interdits majeurs :
Hambourg (1643), l’empereur, la Suède est de stabiliser la carte religieuse, et les mariages mixtes et les conver-
et la France s’accordent sur le principe donc géopolitique, du Saint-Empire, et sions. Au-delà des différences entre
d’un congrès de paix en Westphalie. d’acter la confessionnalisation de confessions luthérienne et calviniste,
Représentants catholiques et protes- l’Europe. Toute nouvelle conver- les protestants sont réunis au sein
tants ne voulant pas négocier autour sion d’un prince n’implique pas que du corps évangélique (Corpus
d’une même table, la France et l’empe- ses sujets doivent mécaniquement evangelicorum), face au corps catho-
reur négocient dans la ville catholique se convertir. Ainsi, lorsque le prince lique (Corpus catholicorum). Avec la
de Münster, tandis qu’à 45 kilomètres électeur Frédéric-Auguste Ier de Saxe reconnaissance de la confessionnali-
de là, à Osnabrück, la Suède, ses alliés se convertit au catholicisme en 1697 sation de l’Europe, les Églises natio-
protestants et les États d’Empire sont pour être élu roi de Pologne, la Saxe nales protestantes deviennent des
réunis. Des milliers de représentants n’est pas recatholicisée. Il ne s’agit Églises « établies » avec leurs caracté-
sont présents, 420 pour la France pas d’établir une tolérance générale, ristiques propres.
seule, ce qui ne facilite pas le travail
des délégations. Comme aucune réu-
nion plénière n’a été organisée, cer- LES RELIGIONS ÉTABLIES, OFFICIELLEMENT RECONNUES
tains historiens hésitent à faire du
congrès le premier congrès de paix
européen. D’autres y voient la nais- ROYAUME
D’ÉCOSSE Mer
sance de la diplomatie moderne. du Nord ROYAUME DE SUÈDE
À Osnabrück, le chancelier Oxenstierna
obtient pour la Suède la reconnais- ROYAUME
Mer
DU DANEMARK
sance de son hégémonie en Baltique, Baltique
qui ne lui sera pas contestée avant la ROYAUME
D’ANGLETERRE
fin du xviie siècle. Solidement implan- PROVINCES-
UNIES
tée en Poméranie occidentale, la Suède
ROYAUME
obtient le port de Wismar et les évê- DE POLOGNE
chés sécularisés de Verden et Brême.
SAINT-EMPIRE
À Münster, les négociateurs français
obtiennent la confirmation des droits ROYAUME
DE FRANCE
français sur les trois évêchés lorrains
de Metz, Toul et Verdun qui sortent
de l’Empire, ainsi que des gains ter- RÉP. DE
VENISE
ritoriaux en Alsace du Sud. France et
Suède deviennent garantes des trai- ÉTATS
ROYAUME DE
tés de paix. Mazarin poursuit l’œuvre D’ESPAGNE L’ÉGLISE
EMPIRE
de Richelieu pour renforcer l’alliance OTTOMAN
avec les princes rhénans et affaiblir les
ROYAUME
Habsbourg. La Landeshoheit donne DE NAPLES
aux princes la « supériorité territoriale ».
S’ils ne peuvent s’allier contre l’empe-
reur, ils participent de plein droit au jeu
diplomatique européen. Charles-Louis Mer
de Palatinat recouvre la dignité électo- Méditerranée
500 km
rale qui avait été enlevée à Frédéric V
en punition, au début du conflit, par
l’empereur. La Bavière qui l’avait obte- Confession…
nue, la conserve. catholique orthodoxe musulmane
évangélique (luthérienne) réformée (calviniste) anglicane
Cujus regio ejus religio
Alors qu’il ne figure pas dans les textes Saint-Empire en 1648
des traités de 1648 pas plus que dans Sources : E. Bruckmüller und P. C. Harmann (dir.), Putzger Historischer Weltatlas, Cornelsen, 2011 ;
A. Kunz, J. Wischmeyer, « Die offiziell anerkannten Religionen in den Territorien Europas 1648 », Leibniz-Institut
la paix d’Augsbourg, ce principe selon für Europäische Geschichte, 2010.
Rivalité franco-espagnole
Pas plus que l’Angleterre du xviiie siècle, l’Espagne du xvie-xviie siècle n’est l’ennemie héréditaire
de la France. Des périodes de paix (la paix de Vervins en 1598), d’alliance même (de 1560 à 1570),
jalonnent les relations des deux puissances. Pour autant, leur rivalité est une source de tensions
récurrentes. L’axe stratégique qui relie Naples à Anvers est vital pour l’Espagne, mais est perçu
comme une menace pour la France qui se sent encerclée par les possessions espagnoles.
LA FRANCE ENTRE DANS LA GUERRE DE TRENTE ANS guerre de Quatre-Vingts Ans pour affai-
blir l’Espagne et alléger la pression sur
ROYAUME
DE SUÈDE leur front nord.
ROYAUME
D’ÉCOSSE Après 1635, le principal objectif de
l’Espagne est d’attaquer Louis XIII
ROYAUME depuis la Flandre, tout en sanctuari-
ROYAUME DU DANEMARK DUCHÉ
D’IRLANDE DE PRUSSE sant la rocade militaire qui constitue la
ROYAUME colonne vertébrale de ses possessions
Provinces-
D’ANGLETERRE Unies ROYAUME entre les Pays-Bas du Sud et l’Italie
DE POLOGNE en passant par le Luxembourg et la
Pays-Bas Saxe
Prise de Corbie espagnols SAINT-EMPIRE Franche-Comté. En 1640, la Catalogne
(1636) Bohême
Palatinat se révolte contre Madrid et offre bien-
ROYAUME tôt à Louis XIII le titre de comte de
DE FRANCE Franche- Barcelone, en échange de son aide,
Comté
Charolais mais veut obtenir la préservation de
DUCHÉ
DE MILAN EMPIRE ses privilèges. La rupture de l’union
OTTOMAN personnelle avec le Portugal en 1640
sert également les intérêts français. Par
ROYAUME DU
PORTUGAL le traité de Péronne de 1641, Richelieu
ROYAUME obtient d’Honoré II que la forteresse
D’ESPAGNE ROYAUME
DE NAPLES stratégique de Monaco, occupée par
Sardaigne
une garnison espagnole, passe sous
contrôle français. L’étau se desserre,
Sicile 500 km
et le duc d’Enghien (1621-1686), futur
prince de Condé, surnommé le Grand
Possessions des Habsbourg Frontières en 1635 Condé, remporte une victoire déci-
Alliés du royaume de France Limites du Saint-Empire sive à Rocroi en 1643. Mais, à la paix
Sources : J. Cornette (dir.), Atlas de l’histoire de France, Belin, 2012 ; E. Bruckmüller und P. C. Harmann (dir.),
Putzger Historischer Weltatlas, Cornelsen, 2011 ; H.-E. Stier et al., Westermanns Altas zur Weltgeschichte, de Westphalie, les Espagnols signent
Georg Westermann Verlag, 1965. une paix séparée avec les Provinces-
Unies dans l’espoir de disposer de
4243 - 2c. La France
Déstabilisations entre dans la Armada.
mutuelles guerre deLeTrente Ansespagnol Don
général l’ensemble de leurs forces contre la
Si 1635 marque la fin de la guerre Carlos Coloma écrit de l’émissaire de France.
« fourrée » ou couverte et la confron- Philippe II auprès de la Ligue : « Cet
tation directe de la France avec humble chevalier de Malte a été le La fin de la prééminence
l’Espagne dans la guerre de Trente premier moteur des guerres furieuses espagnole
Ans, les deux puissances se livrent qui ont embrasé la France durant La guerre se poursuit donc. L’Espagne
de longue date à des manœuvres de tant d’années ; empressé à répandre cherche à tirer parti des troubles de la
déstabilisation. Pendant les guerres l’argent du roi, consommé dans l’art Fronde (1648-1653), véritable guerre
de Religion (1562-1598), Philippe II d’acheter des volontés, il sut gagner civile, qui affaiblit la France pendant
d’Espagne a soutenu financièrement le duc de Guise, et le rendre espagnol la régence d’Anne d’Autriche. Le
les ligueurs pour affaiblir Henri IV et de cœur. » Grand Condé participe à la Fronde
l’empêcher d’intervenir au nord ou En retour, dans les Pays-Bas, les des Princes et passe au service de
lors des préparatifs de l’Invincible Français cherchent à tirer partie de la l’Espagne. Il est battu à la bataille des
Dunes (1658), près de Dunkerque, par personnel débute en 1661 entend bien préséance et de protocole, qu’à des
Turenne, avec le renfort des troupes faire la démonstration de ses ambitions contestations pour entrer en conflit
anglaises de Cromwell qui s’est allié sur la scène européenne et contraindre ouvert, lors de la guerre de Dévolution
à la France. En 1659, la paix des l’Espagne à reconnaître le transfert de (1667-1668), sous prétexte de non-
Pyrénées est finalement conclue entre prééminence au profit de la France. Il paiement de la dot prévue par la paix
deux pays épuisés par des décennies se livre aussi bien à des querelles de des Pyrénées.
de conflit. Comme souvent dans la
« Société des princes » (Lucien Bély), ENCERCLER LE ROYAUME DE FRANCE
une union matrimoniale, entre l’in-
fante Marie-Thérèse et Louis XIV, vient Mer
du Nord SAINT-EMPIRE
sceller le retour à la paix, sans pour
autant faire disparaître les soupçons Bruxelles Cologne
Pays-Bas
mutuels et les pommes de discorde. Manche espagnols Mayence
Par la paix des Pyrénées, la France Luxembourg Worms
obtient l’Artois, le Roussillon, des vil- Paris Nancy Strasbourg
lages en Cerdagne, des places dans Brisach
Océan Besançon Franche-
les Flandres et au Luxembourg, mais Atlantique
ROYAUME Comté DUCHÉ
renonce à la Catalogne. DE FRANCE DE MILAN
Lyon
Après l’indépendance des Provinces- Milan
Chambéry Parme
Unies en 1648, ce nouveau revers affai- Gênes
blit l’Espagne. Louis XIV dont le règne Laredo Monaco Florence
La Corogne Lucques
Saint-Sébastien
Présides
ACQUISITIONS TERRITORIALES espagnols
FRANÇAISES À LA PAIX de Toscane Rome
ROYAUME Naples
DES PYRÉNÉES (1659) DU PORTUGAL Madrid
Barcelone ROYAUME
PROVINCES- Sardaigne DE NAPLES
UNIES ROYAUME
SAINT-EMPIRE D’ESPAGNE Mer
Gravelines Méditerranée
Flandres Bruxelles Sicile
Rh i
200 km
Artois
n
Arras
Avesnes Rocroi
Luxembourg
« Chemin de ronde » espagnol… Possessions des Habsbourg…
Montmédy Thionville terrestre maritime d’Espagne d’Autriche
Verdun Haguenau Source : F. García de Cortázar, Atlas de Historia de España, Planeta, 2012.
Paris Toul
Strasbourg
LA4243
BATAILLE
- 1c. DE ROCROIle19royaume
Encercler MAI 1643 de France
ROYAUME Belfort
DE FRANCE
Rocroi
Charolais
Lyon
Marseille
Roussillon
Perpignan
Mer
ROYAUME Méditerranée
D’ESPAGNE
200 km
Barcelone
Acquisitions territoriales… 1 km
après les traités
de Westphalie (1648) Armée française Armée espagnole
à la paix des Pyrénées (1659) (17 000 fantassins) Infanterie (18 000 fantassins)
Frontières du royaume de France (6 000 à 8 000 cavaliers) Cavalerie (7 000 à 9 000 cavaliers)
en 1659 Artillerie
Sources : J. Hélie, Les Relations internationales dans
l’Europe moderne, 1453-1789, Armand Colin, 2008 ; Charges
H.-E. Stier et al., Westermanns Altas zur Weltgeschichte,
Georg Westermann Verlag, 1965. Retraite
4243 - 4c. Acquisitions territoriales 4243 - 3c. La bataille de Rocroi 19 mai 1643
françaises à la Paix des Pyrénées
(1659)
01-96-AtlasEuropeModerne-BAT.indd 43 10/04/2019 12:29
44
120
25 (galères)
106 123 125 130 154 102 120 100 70
60 (vaisseaux à voiles) 31
4445
Roi - 4g. Porter
de gloire, roi delaguerre
guerre sur merde revenir sur La Prééminence de la elle se professionnalise, nécessite une
Dès la guerre de Dévolution (1667- France reconnue par l’Espagne (1662). administration et une logistique jamais
1668), Louis XIV entreprend d’impo- Mais, Louis XIV s’est fait un ennemi vues jusqu’ici.
ser son autorité à l’Europe. Puissance déterminé en la personne de Guillaume Pour éloigner les théâtres d’opéra-
déclinante, l’Espagne fait les frais des d’Orange (1650-1702), Stathouder tions du « pré carré », Louis XIV et
paix d’Aix-la-Chapelle (1668) et de (commandant militaire) de Hollande, son ministre Louvois chargent Vauban
Nimègue (1678) et permet au royaume et à partir de la Glorieuse Révolution et ses ingénieurs de créer des sys-
de renforcer ses positions au Nord et (1688-1689), roi d’Angleterre. tèmes de fortification toujours plus
à l’Est avec la Franche-Comté. Mais, Guillaume III n’aura de cesse de susci- sophistiqués. Mais à partir des années
Louis XIV entend également faire plier ter des coalitions contre Louis XIV, de 1690, ces défenses sont mises à
les anciens alliés hollandais, soit par 1688 à 1697 et en 1701. l’épreuve, notamment sur la frontière
la guerre commerciale et douanière, du Nord. Capturée par Louis XIV en
soit par une guerre d’invasion, dite Une mobilisation 1667, Lille, dont la possession a été
guerre de Hollande (1672-1678). La sans précédent confirmée en 1668, est ainsi assié-
propagande monarchique exalte les Lorsque le duc d’Anjou, petit-fils du roi gée par les alliés en 1708 et prise. En
victoires du nouvel Alexandre, sur les de France, devient roi d’Espagne en 1712, c’est à Denain, dans la région
almanachs à forte diffusion, en pas- 1700 après l’extinction des Habsbourg de Valenciennes, que le maréchal de
sant commande de séries de grandes de Madrid, la guerre est relancée, car Villars remporte une victoire brillante,
tapisseries à la manufacture des l’Europe ne peut accepter un tel désé- qui sans faire oublier les défaites de la
Gobelins, et à Versailles avec la galerie quilibre de puissance au profit des guerre de Succession d’Espagne face
des Glaces, qu’encadrent les salons Bourbon. au duc de Marlborough et au prince
de la Guerre et de la Paix. Le plafond La France, dont la population oscille Eugène, permet à Louis XIV de négo-
de la Galerie montre par exemple Le entre 20 et 22,5 millions d’habitants, cier les paix d’Utrecht (1713) et de
Passage du Rhin (1672), La Prise mobilise toujours plus d’hommes. Rastatt (1714).
de Maastricht (1673), sans oublier L’armée se transforme profondément,
Solebay
Amsterdam
(mai 1672)
effectifs théoriques
Ipswich évaluation des effectifs réels
Campagnes
Campagnes PROVINCES- de Hollande
de Flandres UNIES (1672-1673) 0 200 400 (en milliers)
Londres
(1675-1678)
Gand 1635
ROYAUME Ypres (mars 1678) Anvers
D’ANGLETERRE
Rhi
(mars 1678) Bruxelles
n
Peene Maastricht guerre de Trente Ans
(avril 1677) 1640
Seneffe SAINT-EMPIRE
Manche (août 1674)
Cambrai
(avril 1677) Mayence
Pays-Bas Mise à sac
Valenciennes espagnols du Palatinat
(juillet 1674) Palatinat
(mars 1677)
ROYAUME
DE FRANCE Metz
Reims Kochersberg Sinzheim
Paris (oct. 1677) (juin 1674) 1650
Duché Strasbourg
de Lorraine Turckheim Salzbach
Opérations de la guerre (janv. 1675) (juillet 1675)
de Hollande
Mouvements des armées : Campagnes
du roi de France coalisées Franche-
Comté d’Alsace
Bataille Bataille navale (1674-1677) 1660 démobilisation après
Besançon la paix des Pyrénées
Ville prise par la France (mai 1674)
Ville prise par les coalisés Dôle
(juin 1674)
Conséquences du traité de temps de paix
Nimègue (10 août 1678)
guerre de Dévolution
Territoire acquis par la France démobilisation
100 km
Territoire perdu par la France 1670 préparation guerre
Frontières du royaume de France Sources : J. Cornette (dir.), Atlas de l’histoire de France, de Hollande
Belin, 2012 ; J. Engel et al., Großer Historischer Weltatlas,
en 1678 Dritter Teil, Neuzeit, Bayerischer Schulbuch-Verlag, 1981.
guerre de Hollande
LE4445 - 1c.
DÉBUT Punir
D’UNE l’arrogance
SECONDE hollandaise
GUERRE DE CENT ANS
4445 - 2c. Le début d’une seconde guerre de cent ans 4445 - 3g. La mise sur pied
d’une grande armée
01-96-AtlasEuropeModerne-BAT.indd 45 10/04/2019 12:29
46
La Glorieuse Révolution et ennemi déclaré de Louis XIV. Or, Jacques II ne réagit pas avec assez
En juin 1688, la seconde épouse de la naissance du prince de Galles fait de conviction, les défections se multi-
Jacques II, la catholique Marie de craindre une succession « papiste », plient, de même que les soulèvements
Modène, lui donne un fils. La pers- inacceptable pour une majorité locaux. Finalement, le 12 février 1689,
pective inattendue d’une succession d’Anglais. Le gendre du roi, Guillaume, la conquête du pouvoir est accep-
catholique sur le trône est à l’origine est invité à intervenir militairement pour tée par une Convention qui déclare le
de la Glorieuse Révolution. Jusqu’ici, éviter à l’Angleterre de passer sous le trône vacant et appelle Guillaume et
les héritières de Jacques II étaient ses joug catholique et défendre les libertés Marie à l’occuper conjointement. Le
filles, protestantes, nées de son premier traditionnelles. Bill of Rights (la Déclaration des droits)
mariage, Marie et Anne. L’aînée, Marie, À la deuxième tentative, l’invasion par écarte les catholiques de la succession
avait épousé le Hollandais Guillaume III mer réussit, et il débarque le 5 novembre et contraint les souverains à être de la
prince d’Orange, protestant convaincu 1688. Malgré une armée supérieure, religion de leurs sujets. Le Parlement
prévient toute dérive absolutiste et ren-
force le principe de l’Habeas corpus.
Il doit notamment autoriser l’entretien
L’ACTE D’UNION DE 1707
d’une armée.
Îles Shetland
Territoires et villes opposés
à l’Acte d’Union
Peterhead 30
Inverness
Skye
Aberdeen
ROYAUME
D’ÉCOSSE Stonehaven 20
Forfar
English
Perth Mer East India
du Nord 11,5
Océan Inveraray St Andrews Company
Stirling 10
Atlantique Dunbar
Glasgow Édimbourg
5,7
Ayr
0
1660- 1670- 1680- 1690- 1700- 1710-
Derry 1669 1679 1689 1699 1709 1719
ROYAUME Carlisle Source : J. H. Munro, Université de Toronto, 2012,
D’IRLANDE ROYAUME 100 km
Kirkcudbright données calculées d’après K. N. Chaudhuri, « Treasure
Belfast D’ANGLETERRE and Trade Balances: the East India Company’s Export
Trade, 1660-1720 », Economic History Review,
Vol. 21 Issue 3, 1968.
Salisbury Bruxelles
Exeter
Torbay Pays-Bas
Brixham espagnols
Océan Manche
Atlantique
ROYAUME
DE FRANCE
Saint-Germain-en-Laye
200 km Paris
Brest Versailles
Source : William of Orange’s Itinerary,
Manuscripts and Special Collections, University of Nottingham.
4647 - 1c.conquiert
Guillaume l’Écosse
III d’Orange-Nassau, roi d’Angleterre ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE
Guillaume Un ennemi déterminé et d’Irlande DE L’ANGLETERRE (1651-1791)
et l’Irlande de Louis XIV
Population (en millions)
En Écosse, la situation n’est pas plus Devenu roi d’Angleterre, Guillaume a
8
favorable à Jacques II. En avril 1689, les moyens de ses ambitions, alors 7,74
Guillaume et Marie sont proclamés qu’aux Provinces-Unies les élites et
conjointement souverains, et les les institutions républicaines redou-
catholiques exclus de la succession. taient ses prétentions monarchiques
Source : J.-P. Bardet et J. Dupâquier (dir.), Histoire des populations de l’Europe, II.
Les partisans du roi déchu, les jaco- et cherchaient à les contenir. Rivales
7
bites, se trouvent particulièrement sur mer et sur le plan commercial,
en Écosse et en Irlande. La plupart La Haye et Londres doivent désormais
des chefs de clans des Highlands coordonner leurs efforts pour lutter
d’Écosse prêtent serment à Guillaume contre les ambitions hégémoniques
La révolution démographique 1750-1914, Fayard, 1998.
et rallié ses partisans, il remporte des Sur les champs de bataille FRANCFORT, PLAQUE TOURNANTE
succès faciles à Édimbourg et à la Huguenots et jacobites s’enrôlent DU REFUGE ET INÉGALE
SÉDENTARISATION
bataille de Prestonpans. Enhardi, d’autant plus facilement dans les
il s’aventure dans le Derbyshire et armées des pays d’accueil que le Part des réfugiés qui ont traversé
menace même Londres. Mais la réac- service des armes leur permet de lut- la frontière en passant par
Francfort-sur-le-Main
tion s’organise. Le 16 avril 1746, la ter soit contre Louis XIV soit contre
Part des retours
bataille de Culloden, où certains clans Guillaume d’Orange, puis la dynastie (réfugiés qui ont repassé la frontière)
écossais combattent aux côtés des des Hanovre. La bataille d’Almansa,
(en %)
Anglais, sonne le glas des espoirs en Espagne, en 1707 pendant la guerre
Hommes seuls
jacobites, balayés par la mitraille et de Succession en offre un exemple 61,5
la discipline de l’armée du duc de frappant. Le maréchal de Berwick, 60
Cumberland. Si Charles-Édouard fils naturel de Jacques II, commande
Stuart réussit à s’enfuir, l’espoir de victorieusement les troupes franco-
retour et de restauration s’envole espagnoles face aux Anglo-Hollando- 40
pour les jacobites, et il faut penser à Portugais dirigés par Henri de Massue,
s’enraciner dans les pays d’accueil. marquis de Ruvigny, puis comte de
Les membres de l’aristocratie y font Galway, huguenot français au ser- 20
carrière dans les hautes fonctions vice de l'Angleterre. Des régiments
militaires et civiles, et en pays catho- irlandais sont alignés dans les diffé-
lique dans l’épiscopat. Des négociants rentes guerres de Louis XV, tandis 0
s’installent aussi dans les grands que des ingénieurs militaires hugue-
ports européens ou dans les colonies. nots qui sont sommés de se convertir Femmes seules
Moins fortunée, une plèbe jacobite en France, et menacés d’être arrêtés, 43,7
vit difficilement des secours qui lui passent au service des puissances 40
sont accordés par les membres de la protestantes, avec leurs connais-
communauté. sances des fortifications françaises.
20
Hambourg 20
Londres Ostende
Dunkerque Anvers
Océan 0
Atlantique Rouen-Le Havre
Saint-Malo
Paris Enfants sans prénom
Nantes 35,1 34
ROYAUME
DE FRANCE
Bordeaux 20
Marseille
Bilbao
0
Madrid
ROYAUME Enfants avec prénom
Lisbonne D’ESPAGNE Nombre de négociants
par port 10,4
Séville
12
Cadix 5 3 0
1
Malaga 1686 1688 1690 1692 1694
500 km 1687 1689 1691 1693
Canaries Limites du Saint-Empire
Source : M. Magdelaine, « Le refuge huguenot, exil
Source : G. Chaussinand-Nogaret, « Une élite insulaire et accueil », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest,
au service de l’Europe : les jacobites au XVIIe siècle », Annales ESC, 28-5, 1973. 121-3, 2014.
4849 - 3c. Négociants jacobites dans les ports européens mi-XVIIIe s. 4849 - 2g. Francfort plaque tournante
du Refuge et inégale sédentarisation
01-96-AtlasEuropeModerne-BAT.indd 49 10/04/2019 12:29
50
Ouvertures
européennes
Aux xviie et xviiie siècles, Néerlandais, Britanniques et
Français ne se contentent pas de rivaliser avec les empires
ibériques. C’est tous azimuts que l’Europe se déploie
à travers le monde. Administrateurs, ingénieurs, militaires,
savants, négociants, missionnaires et diplomates voyagent,
explorent et collectionnent. Volontaires ou contraintes,
les migrations de travail recomposent l’espace européen,
des zones transfrontalières jusqu’aux territoires
les plus éloignés.
Au sein de la République des lettres, érudits et savants
tissent également des liens et développent leur
« commerce épistolaire » par-delà les frontières politiques
et confessionnelles. Mais si académies et savants
échangent, ils rivalisent aussi. Le développement des
centres de savoirs polarise l’Europe des sciences,
mobilise les princes et hiérarchise les territoires.
Avec l’essor de la presse périodique, la sphère imprimée
se dilate encore et agrège de nouveaux publics.
Protéger l’empire (c’est l’époque des Welser), […] car il Cadix pour les Espagnols, Lisbonne
Très tôt, la question de l’ouverture des s’avère qu’il y a eu dans cette province pour les Portugais, et les Indes. Les
empires ibériques aux Européens s’est quelqu’un qui a tenu des opinions de hommes, les rapports et les enquêtes
posée. Dès 1524, Charles Quint per- l’hérétique Martin Luther. » Finalement, circulent. Sur le plan religieux, ordres
met que « les étrangers puissent com- Charles Quint interdit en 1538 à tout missionnaires, visites pastorales, cha-
mercer avec les Indes à condition de étranger de passer en Amérique, sauf pitres généraux et synodes, Inquisition
ne pas y passer eux-mêmes ». Mais s’il est détenteur d’une autorisation produisent également d’intenses
lorsqu’il nomme un gouverneur alle- officielle. circulations.
mand au Venezuela en 1535, l’évêque Organisés en vice-royautés, parcourus
Rodrigo de Bastidas ne craint pas par les flottes de la Carreira da India Des empires toujours convoités
de lui répondre : « Il me paraît que pour les Portugais (entre Lisbonne et Au début du xviiie siècle, les empires
Votre Majesté doit interdire qu’au- Goa) et de la Carrera de Indias pour ibériques ne sont pas seulement
cun Allemand ne passe dans cette les Espagnols, les empires ibériques menacés par le « venin de l’hérésie »
conquête, excepté la personne du ont donné naissance à de véritables (crainte qui perdure au-delà du siècle
gouverneur, puisqu’il doit être allemand « océans de papier », entre Séville puis des Lumières jusqu’à l’ère des indé-
pendances américaines), mais égale-
UN CARREFOUR CONVOITÉ ment par les convoitises étrangères sur
les « fabuleux métaux » que les rivaux
Séville de l’Espagne et du Portugal détournent
abac
ucre, t sans vergogne à leur profit. Ce fut très
NOUVELLE- pré c ieux, s
ux
ESPAGNE Golfe Méta Océan
du Mexique Bahamas Atlantique
,
fines FABULEUX MÉTAUX :
toiles
Guadalajara La Havane
Cuba Vins, rfèvrerie RETOURS D’AMÉRIQUE
o
Manille Saint-Domingue
Mexico Veracruz (en millions de piastres)
Ar Acapulco Belize Ruatan Hispaniola 86,5
ge nt
Mosquitos Mer des Caraïbes
Guatemala 80
Soie, laque, Barbade
porcelaine Arge
Portobelo Cartagena
Esc
Océan la v nt
NOUVELLE- 62,8
Es cl a v
Pacifique es
GRENADE 60
es
Callao BRÉSIL
Océan
Lisbonne
Hispaniola Açores
Pacifique
Séville
Nouvelle- Madère Chine
Floride
Espagne Canaries Inde Tropique du Cancer
Macao
Mexico Puerto Rico Daman
Cap-Vert Goa Manille Philippines
Nouvelle- AFRIQUE Équateur
Grenade
Zanzibar
Océan Pernambouc Timor
Pacifique Brésil Mozambique
Sofala Tropique du Capricorne
La Océan
Valparaiso Plata Porto
Indien
Alegre
Océan
Atlantique
Projection Mercator
Possessions espagnoles Possessions portugaises
Carrera de Indias Carreira da Índia
5 000 km
Galion de Manille
(échelle à l’Équateur)
Baie
d’Hudson
Londres
Terre-Neuve
Québec Paris
Fort de Détroit Acadie
Boston
La Nouvelle-Orléans Bermudes
Tropique du Cancer Bahamas Chandernagor
Guadeloupe Surat Inde Fort William
Martinique Bombay Madras Océan
Barbade Mahé Pondichéry Pacifique
Équateur AFRIQUE
Océan Océan
Pacifique Ste-Hélène Indien
Tropique du Capricorne Madagascar
Océan Île Bourbon
Atlantique
Possessions françaises
Projection
Mercator
5 000 km
Possessions anglaises
(échelle à l’Équateur)
Connexions atlantiques
Fort-Coligny dans la baie de Rio de Janeiro ; New Rochelle dans l’État de New York ; Franschhoek,
le « coin des Français », en Afrique du Sud : la mémoire huguenote est très présente dans
l’Atlantique, où la diaspora protestante a tissé des liens très forts et créé une véritable
communauté. À l’inverse, la traite négrière a bouleversé les équilibres démographiques, anéanti
des communautés et marqué de manière indélébile l’horizon colonial atlantique.
Londres
Terre-
Flessingue
Plymouth
Neuve Rouen
Le Havre
Gilbert La Rochelle
(1583)
Marseille
Lisbonne
Pour Dieu, la Cause et les Affaires, Les Indes savantes et Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2009.
Grenville (1586-1587)
Açores Séville
Fort Charles Raleigh/Gilbert (1584-1587) Madère
(1562-1565) Louis de Condé Elisabeth I (1569)
Coligny/Ribault/Laudonnière (1562-1565)
Fort Caroline Coligny (1567-1570)
Coligny (1567-1571)
(1564-1565)
5657 - 1c. Contester les monopoles ibériques : les protestants et l’Atlantique au XVIe siècle
L’océan de la traite
Capturés sur les côtes africaines et à Brésil
l’intérieur des terres, des millions d’es-
claves ont traversé l’Atlantique pour 1791-1866
fournir la main-d’œuvre nécessaire à
l’économie de plantation des Antilles et Amérique du Nord
des Amériques. On évalue leur nombre
à six millions pour le seul xviiie siècle. Antilles espagnoles
La traite négrière représente une part Antilles britanniques
importante de l’activité des ports atlan- Antilles françaises
Amérique espagnole
tiques. Les navires qui transportent les Antilles hollandaises
esclaves rapportent des produits tro-
picaux comme le café, le coton et le
sucre. Des négociants ont bâti des for-
tunes sur le trafic du « bois d’ébène ». Il Brésil
en va de même pour les planteurs, les
Sources : The Trans-Atlantic Slave Trade Database, Emory University, 2019 (slavevoyages.org) ;
« habitants ». Les flux transatlantiques S. Marzagalli et al., Comprendre la traite négrière atlantique, SCREN-CRDP Aquitaine, 2009.
de la traite provoquent cependant
une hostilité croissante des milieux 5657 - 2c. La traite négrière transatlantique XVe-XIXe siècle
éclairés, en raison des conditions de ÉVOLUTION DE LA TRAITE, XVI e-XIXe SIÈCLE
transport des esclaves, des mauvais
Nombre d’esclaves embarqués (en milliers)
traitements à bord et à destination. De 120 111,5
part et d’autre de la Manche, la Société
100 95,7
des amis des Noirs lance le débat à la
fin des années 1780. Pour beaucoup, 80
la suppression de l’esclavage n’est
pas encore envisageable en raison de 60
47,4
l’importance de l’économie coloniale. 40 35,8
C’est la traite qu’il faut interdire pour
progressivement assécher la fourniture 20
7,8
en esclaves.
0
1514 1550 1600 1650 1700 1750 1800 1850 1866
Source : The Trans-Atlantic Slave Trade Database, Emory University, 2019 (slavevoyages.org).
Innovations scientifiques
et techniques (xviie-xviiie siècle)
Depuis l’invention de la pompe à air par Robert Boyle (1627-1691) et Robert Hooke (1635-1703),
le calibrage ou étalonnage des instruments techniques et notamment de mesure est essentiel
pour permettre, dans les mêmes conditions d’expérimentation, l’obtention de résultats identiques.
Il s’agit d’un critère essentiel de la (très discutée par les historiens) « révolution scientifique ».
Elle suppose que les scientifiques communiquent intensément entre eux et, à l’instar des
républicains des lettres, se reconnaissent comme pairs.
Uppsala Saint-Pétersbourg
Universités (1724)
fondées… Stockholm
Aberdeen (1753) Moscou
avant 1400 (1755)
Glasgow St Andrews
entre 1401 et 1500 Mer
Édimbourg du Nord
entre 1501 et 1600 (1582) Mer 1. Wurtzbourg
Copenhague Lund Baltique Vilnius
entre 1601 et 1770 Dublin (1668) (1578) 2. Tübingen
(1591) Franaker Kiel 3. Fribourg
Académies des sciences (1585) 19 (1665) Rostock Greifswald 4. Ingolstadt
Cambridge 15 Königsberg
fondées… Oxford 17 Berlin (1701) (1544) 5. Aix-en-Provence
Leiden 20 Erfurt
entre 1600 et 1770 Londres (1575) 18 21 Francfort- 6. Helmstedt (1576)
67 sur-l’Oder (1506) 7. Wittenberg (1502)
(1660) Cologne 23
Jardins botaniques Louvain 8 22 Leipzig 8. Marbourg (1527)
Rennes Caen Breslau (1702)
fondés… Mayence 24 9 Prague 9. Iéna (1558)
(1735) Paris Trèves 1 25 Cracovie
entre 1500 et 1600 10. Graz (1585)
Angers 13 12 Heidelberg Linz Olomouc (1573) 11. Dilligen (1549)
entre 1601 et 1770 Nantes Orléans 14 4 (1669) Vienne Tyrnau (1635)
16 3 2 11 12. Strasbourg (1567)
28 Pressburg 13. Pont-à-Mousson (1572)
Poitiers Bourges Dôle Bâle 26
Besançon Parme 27 10 Buda 14. Nancy (1572)
Oviedo (1604) Grenoble Pavie (1502) Vicence 15. Bützow (1760)
Bordeaux Valence Vercelli Fünfkirchen
St-Jacques- Trévise 16. Dijon (1722)
de-Compostelle Orthez (1561) Cahors Padoue (Pécs)
(1506) Palencia Toulouse Orange 29 Ferrare 17. Amsterdam (1631)
Valladolid Pau (1722) 5 Gênes Bologne 18. Utrecht (1636)
Coimbra Huesca Perpignan Urbino (1564) 19. Groningen (1614)
Salamanque Avignon
Lerida Montpellier Camerino (1727) 20. Osnabrück (1630)
Lisbonne Madrid (1713) Saragosse Barcelone Pérouse 21. Paderborn (1614)
Plaisance
Evora Alcala (1713) Valence Pise Rome Naples 22. Göttingen (1734)
(1550) Séville Sigüenza Palma Reggio Salerne 23. Halle (1694)
Florence Arezzo 24. Fulda (1734)
Grenade Mer Cagliari Sienne 25. Bamberg (1648)
(1540) Méditerranée (1626) 26. Salzbourg (1623)
Palerme Messine (1549) 27. Innsbruck (1763)
500 km (1637) Catane 28. Munich (1759)
Source : P. O’Brien ed., Atlas of World History, 2nd edition, Oxford University Press, 2010.
29. Turin (1757)
Source :
avec l’ensemble des membres de
(1713-1788) scientifiques (1748-1789) la Lunar Society.
autodidacte,
5859 - 3g. Uninventeur du paraton-
extraordinaire DIFFUSION
collectif DE LA POMPE
de chercheurs À AIR
: la Lunar ET DE (Birmingham,1765-1813)
society LA MACHINE DE NEWCOMEN
nerre, et membre de nombreuses aca-
démies, qu’un entrepreneur comme Whitehaven
(1715) Tanfield Lea (1715)
Josiah Wedgwood (1730-1795), inven- Königsberg
teur d’un tour mécanique industriel et Austhorpe (1715) (1723)
Hawarden Halifax
créateur d’un style à la mode. (1715) Griff Colliery (1712)
De nouvelles institutions savantes Dudley Castle Cambridge Leyde
associent recherche appliquée et for- (1712)
Magdebourg
mation d’ingénieurs. C’est le cas de Oxford La Haye
Londres Leipzig
l’École des ponts et chaussées à partir
Cassel Liège
de 1748 en France ou de l’académie Wheal Vor (1722) Fresnes (1722)
(1715) Wurtzbourg Schemnitz
minière de Freiberg en Saxe (1765), (1732) (1734)
Vedrin-
dont le recrutement est européen. Les Passy Paris lez-Namur
(1725) (1730) Ratisbonne
élèves ingénieurs font des stages sur le Vienne
terrain et rédigent des mémoires. (1722)
Schio
L’Europe s’envole (1722)
Tout au long du xviiie siècle, le suc- 200 km
Mobilités professionnelles
À contre-pied de la prétendue sédentarité de populations majoritairement rurales, les mobilités
professionnelles transnationales sont nombreuses dans l’Europe moderne. Les écrits personnels
qui les relatent retiennent l’attention des historiens. C’est le cas notamment du témoignage
exceptionnel d’Henri Joseph Delilez (1745-1816), qui parcourt l’Europe dès l’enfance, exerce
de nombreuses activités, mais conserve de solides liens avec son pays de naissance.
Amérique Londres
coloniale
Géorgie
(1738-1739)
SUÈDE
(1695) Saint-Pétersbourg
Stockholm RUSSIE
(1725)
500 km
Saint-Pétersbourg
Uppsala
Örebro Stockholm
Source : N. Schobesberger et al., « European Postal Networks », in J. Raymond and N. Moxham, News Networks in Early Modern Europe, Brill, 2016.
Périodiques savants et directeurs de périodiques, car la technique. Mais les chercheurs conti-
La création des deux premiers pério- demande du public est forte. Mais nuent à publier dans les périodiques
diques savants remonte à 1665 : les lecteurs sont très dispersés dans généralistes pour faire connaître leurs
le Journal des savants à Paris, les l’espace européen, et il est difficile de travaux à un public plus large.
Philosophical Transactions à Londres. les fidéliser. La faiblesse des struc-
Au cours du xviiie siècle, le phéno- tures commerciales et des équipes Les gazettes européennes
mène atteint une ampleur exception- rédactionnelles fragilise des revues au de langue française
nelle. Cinq cents périodiques savants tirage limité. Les périodiques étroite- Le développement du français
environ voient le jour entre 1665 ment liés aux institutions académiques comme langue de communication
à 1789, pour les deux tiers après bénéficient d’une meilleure assise : le européenne, la présence au sein du
1770. Leipzig, où un cercle d’érudits Journal des savants, les Philosophical Refuge huguenot de nombreux jour-
fonde les Acta eruditorum, est avec Transactions, les Miscellanea curiosa nalistes et la censure qui s’exerce
Londres et Paris le principal centre de medico-physica sont respective- en France ont favorisé l’essor de
cette effervescence éditoriale. Deux ment liés à l’Académie des sciences, nombreuses gazettes européennes
tiers des périodiques savants créés le à la Royal Society – le fondateur des de langue française – du côté des
sont dans l’aire germanique. Nombre Philosophical Transactions, Henry journaux, le Journal des savants ins-
de créations sont éphémères : une Oldenburg, en était secrétaire – ainsi pire en Hollande les Nouvelles de la
revue sur quatre ne dépasse pas une qu’à l’Academia caesarea-leopoldina. République des Lettres (1698-1714)
année de parution, un tiers seulement Les périodiques spécialisés com- de Pierre Bayle. Elles sont implantées
dépasse cinq ans d’existence. Ces plètent l’offre d’information scienti- à la périphérie du royaume, notam-
aléas ne dissuadent pas les libraires fique, notamment dans le domaine ment aux Provinces-Unies, dans les
Pays-Bas autrichiens, dans les prin- des gazettes, alors qu’il persécute les province, en raison du coût prohibitif
cipautés de Bouillon et de Liège, en huguenots avec ses dragonnades. de leur acheminement. Pendant les
Avignon, à Francfort ou à Cologne. années 1740, une année de la Gazette
Elles pénètrent légalement en France La révolution d’Amsterdam est achetée entre 21 et
par la poste, y compris en temps de des tarifs postaux 24 livres à l’éditeur hollandais, reven-
guerre. Sous Louis XIV, Louvois, secré- L’ouverture du territoire français à la due par la poste – qui bénéficie d’un
taire d’État à la Guerre et surintendant concurrence étrangère offre à ces monopole, à la différence de l’An-
général des postes, défend son mono- périodiques un débouché impor- gleterre – quatre fois plus cher aux
pole postal – source de très importants tant, même si l’accès à ces gazettes libraires parisiens, qui la diffusent au
revenus – et la liberté de circulation demeure limité, notamment en prix de 104 livres. Pour les lecteurs de
province, il faut encore ajouter la taxe
postale depuis Paris. Mais en 1740,
PRESSE PÉRIODIQUE FRANCOPHONE À CARACTÈRE POLITIQUE le Courrier d’Avignon est la première
gazette à conclure avec la poste un
1646 1791 Gazette de Bruxelles contrat d’abonnement abaissant la
1663 1796 Gazette d’Amsterdam taxe postale à un sou l’exemplaire,
1677 1798 Gazette de Leyde payable au départ d’Avignon (en terres
1689 1798 Gazette de Berne
pontificales), quelle que soit la desti-
1689 1720 Gazette de Rotterdam
1721 1785 Gazette d’Utrecht nation du numéro. Il devient ainsi pos-
1733 1793 Courrier d’Avignon sible de s’abonner franco de port pour
1734 1794 Gazette de Cologne moins de 20 livres. Deux décennies
1744 1790 Gazette de La Haye plus tard, les gazettes étrangères de
1767 1810 Courrier du Bas-Rhin langue française bénéficient à leur tour
1770 1798 Gazette des Deux-Ponts de tarifs postaux préférentiels, qui per-
1776 1792 Le Courrier de l’Europe mettent de faire chuter l’abonnement
1650 1700 1750 1800 Leyde à moins de 40 livres. On peut alors
La Haye Amsterdam
parler de véritable révolution des tarifs
Londres Clèves postaux.
Rotterdam Cologne
Bruxelles Utrecht
Hanovre Berlin
Deux-Ponts 3
Göttingen
Halle Wittenberg
Berne Leipzig
500 km
Giessen 4 5 Görlitz
Erfurt
Francfort Iéna 6 Breslau
Source : programme de recherches
Mannheim Weimar Dresde
Les gazettes européennes du 18e siècle,
IHRIM UMR 5317 / ISH USR 3385 Avignon Altenbourg
(www.gazettes18e.fr). Stuttgart Nuremberg
200 km
Nördlingen
6465 - 2c. Presse périodique francophone à caractère politique
Saint-
1750 Saint-Pétersbourg 1780 Middleburg Pétersbourg
La Haye Uppsala
Stockholm Rotterdam Stockholm
Leyde Göteborg
Haarlem Copenhague Haarlem
Dublin Copenhague
La Haye Amsterdam Amsterdam
Londres Londres
4 Leipzig Hambourg
1 Bath
Berlin Calais Berlin
Rotterdam 1
Caen 3 Breslau Rouen
5 2 Caen 2
Paris Nuremberg Paris Munich
Augsbourg Châlons-sur-Marne Bâle
Zurich Dijon Presbourg
Stuttgart Besançon Zurich Vienne
Montpellier Berne Venise
Venise Milan
Montpellier Ferrare
Florence Lisbonne Pise Florence
Marseille Madrid Marseille Sienne
Rome Lucques Rome 1. Bruxelles
Séville
1. Wolfenbüttel 2. Bouillon
2. Schneeberg Naples 3. Brandebourg
3. Göttingen 4. Gotha
4. Halle 5. Freiberg
5. Francfort 6. Marienberg
Collectionner le monde
Dans l’article « Histoire naturelle » de l’Encyclopédie, Diderot insiste sur l’importance des
collections pour embrasser le monde entier dans sa richesse et sa diversité : « On a trouvé le
moyen de raccourcir et d’aplanir la surface de la terre en faveur des naturalistes ; on a rassemblé
des individus de chaque espèce d’animaux et de plantes, et des échantillons de minéraux
dans les cabinets d’histoire naturelle. On y voit des productions de tous les pays du monde,
et pour ainsi dire un abrégé de la nature entière. »
Amateurs, antiquaires particulièrement recherchées. Elles aux républicains des lettres de bril-
et collectionneurs permettent à leurs propriétaires de se ler parmi leurs pairs en restituant les
Le xviie siècle a établi une solide plonger dans l’histoire des empires de inscriptions. Les antiquaires voyagent
tradition d’érudition parmi les anti- l’Antiquité et de voyager tout autour de également en Italie, et pour certains
quaires, qui désignent alors les ama- la Méditerranée. Les statues et les ins- jusqu’en Grèce d’où ils rapportent des
teurs et collectionneurs d’antiquités. criptions antiques prennent place dans objets rares, qu’ils achètent ou parfois
Les collections de médailles, qui réu- les collections. D’importants recueils volent sur les sites archéologiques.
nissent les monnaies antiques, sont sont publiés qui donnent l’occasion Les collections de tableaux se
retrouvent également dans les hôtels
aristocratiques, des riches financiers
À L’ORIGINE DU BRITISH MUSEUM : LA COLLECTION D’HANS SLOANE
et bien sûr les cabinets des princes.
Les peintres des écoles flamande
Nombre d’objets
et italienne sont particulièrement
Livres 50 000 recherchés. Les inventaires de ces
Médailles et pièces 32 000
collections permettent d’en montrer
Végétaux 12 506
l’importance et de souligner le goût
Coquilles (coquillages) 5 843
Insectes 5 439 de leur propriétaire. Comme pour les
Métaux et minerais 2 725 bibliothèques les plus remarquables, ils
Pierres précieuses, agates, jaspe 2 256 sont imprimés et envoyés en cadeaux
Autres 2 098 de prestige. Au xviiie siècle, à l’imita-
Quadrupèdes naturalisés 1 886 tion des trésors de l’électeur de Saxe
Cristaux et spare calcaire 1 864 à Dresde, les collections des capitales
Poissons 1 555 européennes s’ouvrent de plus en
Coraux et éponges 1 421 plus au public, et s’exposent dans des
Fossiles, silex, autres pierres 1 275
espaces dédiés.
Oiseaux, œufs, nids 1 172
Antiquités 1 125
Terres, sables et sels 1 035
L’essor des collections
Restes humains 756 d’histoire naturelle
Camées et intailles 700 Au xviiie siècle, les collections de
Oursins 659 médailles reculent au profit des col-
Récipients en agate, jaspe 542 lections naturalistes et notamment
Serpents 521 des coquillages. À l’instar des her-
Bitume, soufre, ambre 399 biers, elles permettent de réunir des
Talcs et micas 388 spécimens venus du monde entier.
Crustacés ou crabes 363 Des meubles spécifiques accueillent
Herbiers 334
ces collections que l’on présente aux
Tableaux et dessins 310
visiteurs de qualité et qui sont men-
Sceaux 268
Coquillages 241 tionnées dans les guides pour les
Étoiles de mer 173 voyageurs. Des marchands spéciali-
Instruments de calcul 53 sés fournissent les collectionneurs en
pièces exotiques très colorées. Pour
0 2 000 4 000 6 000 20 000 40 000
Source : J. Delbourgo, Collecting the World: The Life and Curiosity of Hans Sloane,
compléter leurs herbiers, les collec-
The Belknap University Press of Harvard, 2017. tionneurs échangent leurs doubles
et multiplient les liens épistolaires. des ventes aux enchères néerlan- des collections, organisées en écoles,
Les professeurs possèdent aussi daises, révolutionnent le marché de et de les visiter en parcourant les
des cabinets d’histoire naturelle qui l’art, et permettent aussi à ceux qui pages, comme on le ferait aujourd’hui
sont importants pour la formation de ne participent pas directement aux avec un catalogue d’exposition.
leurs étudiants. De Saint-Pétersbourg enchères de prendre connaissance
à Paris et Londres, les princes riva-
lisent entre eux pour réunir les plus
belles pièces. En 1795, le cabinet LES « TROIS ÉCOLES » DANS LES GRANDES COLLECTIONS PARISIENNES
du Stathouder Guillaume V sera mis Répartition entre les « trois écoles » (en %)
en caisse et rapporté au Muséum Propriétaire (date de la vente) École française École italienne École des Pays-Bas
d’histoire naturelle de Paris, création M. La Live de July (1770)
révolutionnaire. M. de Bergeret (1786)
M. Watelet (1786)
Hans Sloane M. de Montullé (1783)
et le British Museum Blondel d’Azincourt (1770)
Le legs de l’extraordinaire collection M. de Boullogne (1787)
réunie par le médecin d’origine irlan- Bailli de Breteuil (1786)
daise Hans Sloane (1660-1753) est à Comte de Vence (1760)
l’origine du British Museum Act adopté Duc de Rohan-Chabot (1787)
Marquis de Calvière (1779)
par le Parlement britannique en 1753
Blondel d’Azincourt (1783)
et du British Museum lui-même qui
G. de la Reynière (1797)
ouvre en 1759. Du privé au public, de M. de Jullienne (1767)
la collection privée au musée, ce trans- Pierre-Jean Mariette (1775)
fert illustre tout l’enjeu de l’ouverture et
de la transmission des collections au 0 20 40 60 80 0 20 40 60 0 20 40 60 80
Source : C. Guichard, Les Amateurs d’art à Paris au XVIIIe siècle, Champ Vallon, 2008.
xviiie siècle. Enrichi par son mariage
avec une veuve de planteur de la
6667 - 1g. Les « trois écoles » dans les grandes collections parisiennes
Jamaïque en 1695, devenu proprié- LES
deCABINETS
peinture NATURALISTES
du XVIIIe siècle EN EUROPE VERS 1780
taire d’esclaves et planteur lui-même
alors qu’il ne voyage plus hors de
Londres, Sloane ambitionne de collec-
tionner le monde entier. Le résultat est Mer
de Norvège
impressionnant avec une bibliothèque
personnelle de quarante-cinq mille
volumes, plusieurs milliers de manus-
crits et des collections hors normes Saint-Pétersbourg
de milliers d’objets et de spécimens Uppsala
Mer
naturalistes. Son herbier à lui seul du Nord Stockholm
atteint des proportions monstrueuses. Océan Utrecht
À Chelsea, sa demeure devient une Atlantique Amsterdam Copenhague
Mer
attraction pour les visiteurs de qualité. Haarlem Baltique
Leyde
Sloane devient secrétaire puis pré-
La Haye Hambourg
sident de la Royal Society en 1727. Londres Berlin
Clausthal
Le marché des collections Bruxelles Leipzig
Hans Sloane fait partie des collection- Rouen
Göttingen
Versailles
neurs de collections, qu’il acquiert lors
Bâle
Strasbourg Vienne Nombre
de cabinets
de ventes aux enchères qui sont par- Zurich naturalistes
La Rochelle Besançon Berne
ticulièrement suivies et font l’actualité. Lyon Genève Vérone
Grenoble Venise 134
Les catalogues deviennent alors de Padoue
Turin (Paris)
remarquables instruments de diffusion Milan Bologne
Florence 37
et de communication. Leur rédaction Madrid Marseille 20
Rome
et leur publication, illustrée d’un fron- Montpellier
10
tispice et de gravures, sont l’objet de 5
soins particulièrement attentifs. Dans Mer 3
Cadix Méditerranée 1
le domaine de la peinture, les catalo- (Noms des villes
500 km
gues du célèbre marchand parisien Source : P.-Y. Lacour, La République naturaliste. Collections d’histoire
comptant plus de 4
naturelle et Révolution française, 1789-1804, Muséum national d’histoire naturelle, 2014. cabinets naturalistes)
Edme Gersaint (1694-1750), inspirés
L’Europe
des Lumières
Dans le dialogue « Que l’Europe moderne vaut mieux que
l’Europe ancienne » (1768), Voltaire plaide avec enthousiasme
en faveur de la première :
« Seriez-vous assez hardi pour me soutenir que vous
autres Anglais vous valez mieux que les Athéniens
et les Romains […] ? Vos orateurs font-ils oublier Cicéron
et Démosthène ? Et enfin Londres est-elle mieux policée
que l’ancienne Rome ? »
« Non ; mais Londres vaut dix mille fois mieux qu’elle
ne valait alors, et il en est de même du reste de l’Europe. »
« Ah ! Exceptez-en, je vous prie, la Grèce, qui obéit
au grand-turc, et la malheureuse partie de l’Italie
qui obéit au pape. »
« Je les excepte aussi ; mais songez que Paris, qui n’est
qu’un dixième moins grand que Londres, n’était alors qu’une
petite cité barbare. Amsterdam n’était qu’un marais […]. »
« Comptez-vous pour peu de choses qu’il y ait aujourd’hui
des philosophes sur le trône, à Berlin, en Suède, en Pologne,
en Russie, et que les découvertes de notre grand Newton
soient devenues le catéchisme de la noblesse de Moscou
et de Pétersbourg ? »
De l’Atlantique à l’Oural :
le despotisme éclairé
La figure du despote éclairé est souvent associée à l’Europe des Lumières, mais les philosophes
hésitent entre le soutien à des souverains qui recherchent leur compagnie et qu’ils rêvent
d’influencer et la méfiance que suscitent les risques d’arbitraire. Dans l’article « Autorité politique »
de l’Encyclopédie, Diderot écrit : « Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander
aux autres. La puissance vient du consentement des peuples. »
Règne et pouvoir
Mettre les Lumières
des despotes éclairés 1680 1700 1720 1740 1760 1780 1800 à l’ordre du jour
Pierre Ier le Grand 1682 1725 À l’instar du couple formé par
Frédéric Auguste II 1733 1763 Henri VIII Tudor et Thomas More à la
Charles III de Sicile 1735 1759 Renaissance, les philosophes des
Marie-Thérèse 1740 1780 Lumières se voient en mentor des
Frédéric II 1740 1786 princes. Ils sont flattés par les invita-
Pombal 1756 1777 tions des despotes éclairés qui de leur
Charles III d’Espagne côté veulent soigner leur image auprès
1759 1788
Catherine II des gens de lettres. Voltaire accepte
1762 1796
Stanislas A. Poniatowski l’invitation de Frédéric II de Prusse
1764 1795
Gustave III qui publie opportunément un Anti-
1771 1792
Machiavel alors qu’il s’apprête à monter
Struensee 1771 1772
sur le trône en 1740. Mais il comprend
Joseph II 1780 1790
vite que le prince est manipulateur et
RUSSIE
SUÈDE (Pierre le Grand,
(Gustave III) Catherine II)
Linné, révolution
botanique Saint-Pétersbourg
Uppsala
Narva Académie impériale des sciences
Stockholm Kazan
Nakaz
Mer Assassinat de Gustave III Assassinat de Pierre III
du Nord
Suppression de la censure Mer Samara
Riga Moscou
Baltique
Copenhague Memel Vitebsk Révolte
DANEMARK Exécution
de Struensee Pougatchev
Amsterdam (Struensee) Königsberg (1772)
Oxford PRUSSE Boudarinski
Zaandam Voronej
La Haye Hanovre (Frédéric II)
Londres Anvers Potsdam Berlin POLOGNE
Bruxelles
Düsseldorf Silésie Kiev
Paris Dresde (1748)
500 km
Astrakhan
Versailles
Château
Source : J.-A. França, Une ville des Lumières.
2 km La « Sémiramis du Nord »
(Voltaire)
Saint-Pétersbourg en 1725 Extension urbaine en 1780
(à la mort de Pierre le Grand) (au milieu du règne de Catherine II) À l’instar de Frédéric II de Prusse, son
Sources : F.-X. Nérard, M.-P. Rey, C. Suss, Atlas historique de la Russie, Autrement, 2017 ;
rival, Catherine II soigne son image
N. Tsylovym, « Plany Sankt Peterbourga », 1853, Okrestnosti Peterbourga (www.aroundspb.ru). auprès des gens de lettres. Lorsque
Pr u
Azov
t
et décide de le traduire elle-même (1774) (1783)
avec sa cour en russe. Mais elle se Kherson Mer
d’Azov
garde bien d’être fidèle au texte origi-
Kertch
nal lorsqu’il pourrait limiter son pouvoir. CRIMÉE
Danube
Car devenue orthodoxe, la souveraine Ekaterinodar
veut maintenir l’autocratie des héritiers Bucarest Sébastopol
des Césars, les tsars. Elle modernise
Kutchuk-Kaïnardji
l’appareil d’État, développe la noblesse
Mer Noire
de service, et publie une Instruction Varna
pour la commission chargée de dres-
Batoumi
ser le projet d’un nouveau code de lois,
le Nakaz, en 1767, où elle reconnaît
Constantinople EMPIRE
avoir « pillé le président Montesquieu
OTTOMAN
sans le nommer […] pour le bien de 200 km
vingt millions d’hommes qui doit en
résulter ». Mais, elle ne supprime pas Empire russe au début du règne de Catherine II (1762)
le servage. La révolte de Pougatchev Annexion après le traité de Kutchuk-Kaïnardji (guerre russo-turque 1768-1774)
en 1774, qui la surprend, est durement Annexion du Khanat de Crimée (1783)
réprimée. L’impératrice se fait de plus Base navale de la flotte russe en mer Noire
Sources : I. Barnes, Restless Empire. A Historical Atlas of Russia, Harvard University Press, 2015 ;
intransigeante à la fin de son règne et M.-P. Rey, De la Russie à l’Union soviétique, la construction de l’Empire, 1462-1953, Coll. « Carré histoire ».
se détourne des Lumières. Hachette Éducation, 1998 ; A. F. Chew, An Atlas of Russian History, Yale University Press, 1967.
LES NOUVELLES AMBITIONS DE LA RUSSIE 7273 - 3c. La Crimée et le projet grec de Catherine II
Oxford
Océan glacial Arctique
Paris Londres
Amsterdam
Bruxelles Mer
Copenhague Mer des Laptev
de Barents
Mer
Dresde de Kara Kamtchatka
Riga
Saint-Pétersbourg Petropavlovsk-
Kamtchatskii
Le n
a
L
Mer
Moscou Iakoutsk d’Okhotsk
A
R
I e n iss
O
ga
Vol
eï
O
Mer Irty
c
Noire
h
Perfide Albion Mahon à Minorque permettent d’espé- de Louisbourg tombe le 26 juillet 1758
Après la paix d’Aix-la-Chapelle (1748), rer. Mais, il faut rapidement déchanter. et la bataille des plaines d’Abraham
l’hostilité entre la France et la Grande- En 1758, la Marine royale subit en effet devant Québec est remportée par les
Bretagne ne retombe pas. En Amérique deux défaites majeures, à la bataille troupes britanniques, le 14 décembre
du Nord, les colons des deux camps de Lagos au Portugal, les 18-19 août 1759. Le conflit s’étend en Inde et sur-
s’affrontent ouvertement depuis plu- et à la bataille des Cardinaux dans tout aux Antilles, si précieuses pour le
sieurs années, tandis qu’en 1755, la baie de Quiberon, le 20 novembre commerce colonial français et l’activité
avant même la déclaration de guerre, 1758, qui dans la mémoire britannique des ports atlantiques qui s’enfoncent
deux navires français l’Alcide et le Lys a autant d’importance que la victoire dans le marasme. Les comptoirs du
sont attaqués par la Royal Navy, et de Trafalgar. La Marine royale n’est Sénégal sont à leur tour pris, tandis
des dizaines de bateaux de commerce plus en mesure de mener une guerre que les troupes anglaises multiplient
sont capturés avec leurs équipages. d’escadre contre la Royal Navy. Il les descentes sur les côtes bretonnes
En France, le ressentiment contre la devient dans ces conditions de plus et normandes.
perfide Albion est très vif, et les pre- en plus difficile de défendre les posi-
miers succès comme la prise de Port tions en Nouvelle-France. La forteresse
Baie
d’Hudson
Londres
Québec Terre-Neuve
Paris
St-Pierre-
et-Miquelon Madrid
La Nouvelle-Orléans Floride Bermudes
Tropique du Cancer Nouvelle- Bahamas
Chandernagor
Espagne Haïti Surat Inde Fort William
Guadeloupe St-Louis Bombay Yanaon Manille Océan
Mexico Martinique Gorée
Mahé Madras Philippines Pacifique
Nouvelle- Barbade AFRIQUE Pondichéry
Équateur
Grenade Karikal Batang
Océan
Pacifique Bengkulu
Pérou Ste-Hélène
Tropique du Capricorne Madagascar Île de France
Océan Île Bourbon
La Plata
Atlantique Océan
Indien
Projection Mercator
ROYAUME
ROYAUME DE SUÈDE
DU DANEMARK Mer Baltique
14
Torbay 7475 - 1c. La guerre dans l’espace germanique (1756-1763)
Manche
15 L’humiliation de Rossbach d’Empire et aux Français du maréchal
En Europe continentale, la guerre a de Soubise pourtant très supérieurs
Trajet 16
méconnu été précédée par le renversement des en nombre. Un mois plus tard, inspiré
17
Brest alliances. Inquiets devant la montée en de « l’ordre oblique » des Thébains
14
15 puissance de la Prusse de Frédéric II, vainqueurs des Spartiates à Leuctres
18 Vannes
19 Versailles et Vienne interrompent deux en 371 av. J.-C., une tactique répé-
17 21
16 siècles d’antagonisme et scellent tée inlassablement par l’armée prus-
Nantes
18 une alliance défensive. Mais, comme sienne, Frédéric II bat les Autrichiens
Océan 19
Atlantique sur mer face à la Royal Navy, après à Leuthen et remporte l’une des plus
Belle-Île
100 km 23 des débuts favorables, l’année 1757 grandes batailles du xviiie siècle contre
Rochefort
marque un tournant. des troupes deux fois plus nombreuses
Frédéric II fait face à une coalition mais trop peu réactives.
Vannes
impressionnante sur le papier entre En Allemagne occidentale, les troupes
Quiberon Versailles, Vienne et Saint-Pétersbourg françaises et britanniques alternent
Houat
Belle-Île Hœdic Dumet qui s’inquiète du rapprochement entre victoires et défaites, mais l’essentiel
Londres et Berlin, et Stockholm. Il se joue sur les mers et dans les colo-
Le Croisic prend donc l’initiative d’attaquer nies, où Londres entend profiter de son
Grands Cardinaux pour bénéficier de l’effet de surprise, avantage. Du côté français, le principal
20 km
Rochefort et battre ses adversaires avant qu’ils ministre Choiseul cherche à s’appuyer
n’aient eu le temps de mobiliser l’en- sur l’alliance austro-russe pour bloquer
Trajet de la flotte anglaise semble de leurs troupes. À Rossbach, la Prusse, et sur l’alliance espagnole
Trajet de la flotte française le 5 novembre 1757, l’armée prus- pour rétablir ses positions sur mer.
14 14 Progression des flottes entre le sienne effectue une manœuvre auda- Mais il doit se rendre à l’évidence, la
14 et 20 novembre 1759 cieuse : elle feint de retraiter pour guerre est perdue, et l’entrée en guerre
Lieu de la bataille (20 nov. 1759) se retourner brutalement sur son de l’Espagne en 1762 n’y change rien.
Retraite de la flotte française adversaire et lui porter un coup déci- La paix est finalement conclue en
Source : J. S. Corbett, England in the seven years’ war, sif. Frédéric II inflige ainsi une cui- 1763. Si la France récupère les îles des
A study in Combined Strategy, Longmans, Green
and Co, 1907. sante défaite à l’armée des Cercles Antilles, la Nouvelle-France est perdue.
Le Grand Tour
Souvent présenté comme un paléo-tourisme, le Grand Tour est d’abord un tour de formation,
qui permet aux héritiers des élites européennes de préparer leur entrée dans le monde.
C’est aussi un voyage d’agrément et un exercice littéraire, car le voyageur tient son journal
et écrit à sa famille et ses amis. La durée du Grand Tour et les distances parcourues dépendent
des ressources financières du voyageur, des contraintes de la guerre et de la paix, ainsi que
des traditions nationales.
Parcourir l’Europe… Nombre d’entre eux ont auparavant Le Grand Tour est sensible à la
Traditionnellement associé à l’aris- séjourné à Leyde aux Provinces- conjoncture européenne. Si les guerres
tocratie et à la gentry britanniques, Unies, et à Göttingen dans l’électorat n’interrompent pas les voyages au
le Grand Tour concerne en fait l’en- de Hanovre, dont l’université récente xviiie siècle, elles en contrarient le
semble des noblesses européennes. est particulièrement attractive. Dans déroulement. Les années qui suivent
Polonais, Russes et Baltes sont ainsi les collèges pour nobles de Bologne, la fin de la guerre de Sept Ans (1756-
très présents à Strasbourg, où ils Modène, Parme et Sienne, la domina- 1763) marquent clairement un phéno-
fréquentent l’université luthérienne. tion allemande est écrasante. mène de rattrapage puis d’expansion.
PARCOURIR L’EUROPE…
23 h 10 Château de Belmont
Nombre d’heures de trajet* variante 10 h 50 Am. Amiens He. Heilbronn
6 10 20 30 40 55 77 Édimbourg Au. Augsbourg Ma. Mantoue
Br. Bruxelles Mo. Montpellier
Alnwick Ch. Chambéry Os. Ostende
Non renseigné Mer Cô. Lac de Côme Sc. Schaffhouse
* D’après les itinéraires évoqués par du Nord Di. Dijon St. Strasbourg
Louis Dutens dans son ouvrage (1783) :
Itinéraire des routes les plus fréquentées,
ou Journal de plusieurs voyages aux 55 h 42
villes principales de l’Europe 64 h 01
depuis 1768 jusqu’en 1783. 9 h 30
Amsterdam
Bristol 12 h 14 Baddow 25 h 51 Hanovre 60 h 15 Berlin
51 h 31 Utrecht
Werrington Bath Londres 40 h 15 47 h 20
26 h
Dorchester Calais Os. 59 h 40
Br. Aix Cologne Leipzig
13 h 22 Abbeville Lille Spa 44 h 40
Dieppe Bonn 29 h 20
Océan Am. 16 h 55 Francfort Prague
Atlantique 31 h 32 50 h 35 6 h 25 12 h 17
24 h 54 Mannheim 35 h 45
Paris Reims 38 h 33 34 h Nuremberg
10 h 08 18 h 42
30 h 09
19 h 59 h 11 St. He. Au. 30 h 42 Vienne Presbourg
Tours 26 h 30
48 h 56 45 h 55 Munich
7h
19 h 05 8 h 38 Di. Be. Kempten 50 h 30 6 h 05
En Espagne, les estimations
sont transmises à L. Dutens Poitiers 21 h 40 Bâle Sc. 42 h Innsbruck
La Rochelle
(qui n’a pas fait les voyages) 43 h 09 51 h 25 53 h13 24 h 37
par J.-B. de Voglie : 21 h 35
Genève 28 h 15
32 h 45 Trente
La Communication en Europe. De l’âge classique
Non seulement les Britanniques vers le sud de la péninsule à partir du les mères des voyageurs de qualité – le
reviennent : leur domination est écra- milieu du siècle (voir p. 80-81). Grand Tour est fréquemment dénoncé
sante à l’académie d’équitation (c’est- comme un prétexte à la débauche et
à-dire d’éducation de la noblesse) … pour entrer dans le monde aux excès, commis à l’étranger pour
d’Angers, mais les Russes se lancent Le Grand Tour doit permettre au voya- garder sa réputation au pays – ou les
désormais activement sur le Grand geur, une fois rentré au pays, de faire pères qui craignent que leurs héritiers
Tour. Le mathématicien et futur révo- carrière dans la diplomatie, l’armée ou ne s’ouvrent pas assez aux pays traver-
lutionnaire français Gilbert Romme la haute administration. En visitant les sés. Lord Chesterfield écrit à son fils :
devient le précepteur-gouverneur salons et les cercles aristocratiques, il « J’ai été informé qu’il y a trop d’Anglais
de l’un d’eux, Pavel Aleksandrovitch doit aussi permettre d’apprendre les à l’Académie de Turin […]. Vous n’êtes
Stroganov. L’aire baltique et la Russie règles du monde. Il n’est donc pas la pas envoyé à l’étranger pour converser
intègrent à leur tour cet espace de perpétuation de la peregrinatio acade- avec des hommes de votre pays : parmi
circulation européenne. Le « voyage mica de la Renaissance. eux, vous n’apprendrez pas grand-
du Nord » gagne en importance, tan- Il s’effectue fréquemment par petits chose, ni langue, ni bonnes manières. »
dis que la péninsule Ibérique reste à groupes d’élèves, accompagnés du À Londres, la Society of Dilettanti
l’écart des flux de voyageurs. L’intérêt Bearleader (littéralement, conducteur (Société des dilettantes) réunit à par-
croissant pour la Russie au fur et à d’ours) anglais, du gouverneur fran- tir de 1732 ceux qui ont effectué un
mesure qu’elle s’affirme comme puis- çais, souvent à peine plus âgé que Grand Tour remarqué. D’abord connue
sance européenne ne signifie pas pour ses élèves, ou du Hofmeister alle- pour ses réunions arrosées, la société
autant que ses visiteurs abandonnent mand, ainsi que d’un nombre variable s’assagit, et en 1777-1779 le célèbre
leurs préjugés. Malgré les évolutions, de domestiques. Le nombre passe en portraitiste Joshua Reynolds peint une
l’Italie demeure la destination privilé- effet pour une assurance contre les élite sûre de sa position et de sa maî-
giée avec une extension des itinéraires aléas du voyage, mais inquiète aussi trise du bon goût.
français de Voltaire au ministre Calonne des débats et par l’importance de la l’Europe dans les deux capitales où les
en disgrâce, mais aussi les figures de presse. Les artistes à la mode ou dési- aristocraties mènent grand train. Selon
la bohème littéraire en délicatesse reux de percer sur les grandes scènes les saisons, elles multiplient les dépla-
avec le pouvoir royal, qui depuis Grub européennes, mais aussi en recherche cements en direction de leurs proprié-
Street, multiplient pamphlets et révé- de protecteurs et de clients fortu- tés de campagne où elles possèdent
lations scabreuses sur les vies privées nés, sont nombreux à venir de toute d’importants domaines.
des puissants. Des visiteurs viennent
de toute l’Europe pour découvrir par
eux-mêmes la puissance nouvelle du
LONDRES : CROISSANCE URBAINE, 1600-1700
pays de John Bull (archétype de l’An-
glais). Ils se pressent dans les théâtres,
se promènent sur les artères, prome-
nades et parcs à la mode, et comme
Montesquieu veulent assister aux
débats très animés du Parlement. Tous
sont impressionnés par la virulence Église St-Paul
Somerset
WEST END House CITY
ise Tour de
Tam
St James’s Londres
PARIS ET LONDRES Palace
Pont de Londres
DANS LA HIÉRARCHIE (London Bridge)
DES VILLES EUROPÉENNES Pont de
Westminster L’incendie se déclare
Nombre d’habitants Parlement dans la boulangerie
(en millions) Londres* de Thomas Farriner
1,117 1 000 m
à Pudding Lane
L’ESSOR
7879 -DE
2c.PARIS ENTRE
Londres 1600 ET 1790
1600-1800
0,6 Paris
0,581
BELLEVILLE
FAUBOURG
ST-DENIS
FAUBOURG FAUBOURG
des Parisiens de la Révolution à nos jours, Parigramme, 2009.
ST-HONORÉ DU TEMPLE
Naples
0,4
(paris-atlas-historique.fr) ; M. Garden, J.-L. Pinol, Atlas
Sources : M. Huard, Atlas historique de Paris, 2011
Saint- Tuileries
Pétersbourg Louvre
Moscou
0,225 Vienne FAUBOURG Bastille
ST-GERMAIN Notre-
Amsterdam Dame FAUBOURG
0,2 Lisbonne ST-ANTOINE
Rome FAUBOURG
Se
ine
ST-MICHEL
0,05 Observatoire
0 1 000 m
1500 1600 1700 1800
Sources : O. Zeller, « La ville moderne », in J.-L. Pinol,
Histoire de l’Europe urbaine, Le Seuil, 2003 ; Urbanisation… Fortifications…
P. Malanima, « Italian Cities 1300-1800. A quantitative
approach », Rivista di storia economica, XIV, 2, 1998 ; en 1600 de Philippe Auguste de Louis XIII
P. Bairoch et al., La Population des villes européennes en 1700 (fin du XIIe siècle) (fin du XVIe siècle)
de 800 à 1850, Librairie Droz, 1988 ;
J. De Vries, European Urbanization, 1500-1800, en 1790 de Charles V mur des Fermiers généraux
Harvard University Press, 1984. (XIVe siècle) (1784-1789)
7879 - 1g. Paris et Londres dans la 7879 - 3c. Paris vers 1770-1780
hiérarchie des villes européennes
01-96-AtlasEuropeModerne-BAT.indd 79 10/04/2019 12:29
80
LIEUX VISITÉS PAR LES VOYAGEURS BRITANNIQUES AU XVIIIe SIÈCLE dit étrusque (en fait grec) en Europe.
Mais ce sont surtout les découvertes
Nombre faites à Herculanum et Pompéi qui,
de voyageurs à partir du milieu du siècle, amènent
Vicenze britanniques
Vérone de plus en plus de voyageurs à pro-
Milan longer leur voyage au-delà de Rome
Venise 61
Padoue pour visiter l’Italie du Sud, les temples
Turin Parme 30
Pola des anciennes colonies grecques, et
Bologne Ravenne 10 la Sicile, exceptionnel carrefour de
Gênes 5
Pise civilisations.
Florence 3
Livourne Ce tropisme italien est loin de faire dis-
1
Sienne (Noms des villes paraître les préjugés des voyageurs. Ils
Mer
Adriatique où sont passés plus rapportent des objets d’art, des vedute
de cinq voyageurs)
Tivoli – ces vues panoramiques qui font vivre
Rome de nombreux peintres –, mais aussi à
travers leurs lettres et leurs journaux
de voyage, des descriptions atten-
Naples Pompéi dues, ainsi pour les protestants, l’Italie
Sardaigne Paestum « papiste » et ses nuées de prêtres et
Mer de religieuses. Tous sont impression-
Tyrrhénienne
nés par le luxe des palais qu’ils visitent.
commerce des grains et à supprimer Source : G. Bertrand, Le Grand Tour revisité. Pour une archéologie du tourisme :
le voyage des Français en Italie, milieu XVIIIe siècle-début XIXe siècle, École française de Rome, 2008.
les corporations.
Expéditions scientifiques
et succès publics
Au siècle des Lumières, les expéditions savantes changent de dimension pour se projeter
jusqu’aux limites du monde connu, symbolisées notamment par le Grand Océan (le Pacifique)
et les pôles. En raison des contraintes qu’elles doivent surmonter, certaines expéditions rendent
indispensable un effort de coordination à l’échelle de l’Europe savante, mais les rivalités politiques
entre puissances ne disparaissent jamais. De son côté, le public se passionne pour l’exotisme.
Coopérations et rivalités l’Endeavour. Cook établit Fort Vénus Louis XVI demande expressément à
L’approche du transit de Vénus – pas- sur l’île du roi George (Tahiti), quelques sa marine d’apporter son concours
sage de la planète devant le soleil – en semaines après le séjour du Français à James Cook, s’il venait à en avoir
1769 est à l’origine d’une extraordinaire Bougainville dans la « Nouvelle- besoin. Pour autant, chaque puissance
mobilisation scientifique en Europe. Cythère ». Ces expéditions donnent observe l’autre avec inquiétude et sur-
Son observation doit non seulement lieu à la publication officielle de rela- veille de près ses navires.
améliorer les connaissances astrono- tions de voyages, mais l’intérêt du
miques mais aussi permettre de préci- public et des éditeurs est tel que cha- Clara : deux décennies
ser les mesures du globe terrestre et en cun des voyageurs s’empresse de pré- d’une tournée triomphale
particulier des longitudes. Il faut donc parer son propre livre. Les périodiques Le voyage de la jeune rhinocéros
pré-positionner des observateurs dans destinés au grand public ne sont pas d’Asie, baptisée Clara par son acqué-
le monde entier, et notamment dans en reste. Ils publient des articles enri- reur, le capitaine hollandais Douwe
le Pacifique. C’est l’objectif principal chis de nombreuses gravures. En Mout van der Meer, depuis l’Inde
que la Royal Society en accord avec temps de guerre, on cherche à éviter jusqu’en Europe a marqué les esprits
l’Amirauté britannique assigne à James aux explorations d’être prises à par- et suscité une immense production
Cook et aux astronomes à bord de tie en leur accordant des passeports. de portraits gravés, de porcelaines
Régions du globe où le passage de Vénus devant le soleil (le 3 juin 1769)… Quelques lieux d’observation
est visible dans sa totalité est visible partiellement n’est pas visible du transit parmi les 151 observations
sur 77 sites différents
Sources : Observatoire de Paris (www.obspm.fr) ; HM Nautical Almanc Office (astro.ukho.gov.uk).
8283 - 1c. Le transit de Vénus en 1769 : une mobilisation européenne sans précédent
Correspondre en Europe
Le xviiie siècle a livré d’impressionnants monuments épistolaires de plusieurs dizaines de milliers
de lettres reçues et envoyées. Sans disparaître, l’usage du latin recule au profit du français, langue
des échanges culturels, mais l’essentiel de l’activité épistolaire se fait à l’intérieur des frontières
linguistiques. La correspondance permet également de dépasser les barrières confessionnelles
entre savants protestants et catholiques.
17 000 lettres nous sont parvenues académies et de l’entretien de vastes ultra-marins qui disposent des res-
dont 3 400 écrites par lui ; plus de réseaux de correspondance. Grâce à la sources botaniques les plus riches au
13 000 lui ont été envoyées. La corres- correspondance, le Jardin du roi à Paris monde : la région du cap de Bonne-
pondance est donc partie intégrante comme ceux de Kew à Londres sont Espérance ou Botany Bay en Nouvelle-
d’une œuvre comme d’une carrière étroitement reliés avec les territoires Hollande, l’actuelle Australie.
dans la République des lettres.
En retour, les hommes de lettres et de UN GRAND CORRESPONDANT : ALBRECHT VON HALLER
sciences sont très fréquemment sol-
licités par des lecteurs ou des admi- Saint-Pétersbourg
rateurs qui veulent détenir des lettres Uppsala
« autographes », c’est-à-dire signées
par eux. L’activité épistolaire est donc Stockholm
grande consommatrice de temps,
mais elle permet aux savants de
Copenhague
témoigner de leur fidélité aux idéaux
de la République des lettres. Dantzig
Lübeck
Stettin
Correspondances savantes Leyde Berlin
Oxford
La correspondance est un outil de
Londres Hanovre
communication essentiel car elle per- Leipzig
met aux savants européens de s’infor- Göttingen Prague
mer les uns les autres de l’avancée Strasbourg Nuremberg
Paris
de leurs recherches. Grâce à la pra-
Vienne
tique de « l’incluse », une seule lettre Auxerre
sous enveloppe peut inclure d’autres Berne Nombre
missives destinées à des confrères Lyon Padoue de correspondances*
et amis. La lettre accompagne aussi Venise
l’envoi de mémoires académiques ou Turin Bologne 3 211
Montpellier (Berne)
de livres, de spécimens botaniques,
2 291
animaux (comme des poissons dessé- (Hanovre)
chés) ou minéralogiques. L’échange et Rome 1 000
le don de doubles sont très importants Naples 500
pour les savants et les académies qui 200
peuvent ainsi compléter leurs collec- 50
tions. C’est notamment le cas pour des 10
savants dits de cabinet qui ne voyagent * Ne sont représentées que les 115 villes (sur 433)
500 km
pour lesquelles il y a plus de 10 correspondances.
plus eux-mêmes comme le comte de Sources : M. Stuber et al., Hallers Netz, ein europäischer Gelehrtenbriefwechsel zur Zeit der Aufklärung,
Buffon en France. Leur documenta- coll. Studia halleriana, 9, Schwabe, 2005 ; U. Boschung et al., Repertorium zu Albrecht von Hallers
Korrespondenz 1724–1777, coll. Studia halleriana, 7, Schwabe, 2002 (www.albrecht-von-haller.ch).
tion dépend donc des publications des
Révolutions européennes
L’Europe des années 1770-1780 est parcourue par de nombreuses secousses sociales et
politiques. Les difficultés économiques, la pression des prélèvements fiscaux, la concentration des
terres déchirent le tissu social et fragilisent les solidarités traditionnelles. Les réformes qui veulent
rationaliser l’administration et réduire les particularismes des territoires sont mal comprises.
Les idées des Lumières favorisent une remise en cause de l’ordre ancien.
« États belgiques unis » successives de l’empereur Joseph II au nom des droits de la « nation
et patriotes bataves rencontrent une incompréhension Belgique ». En 1789, les troupes autri-
Dans les Pays-Bas autrichiens (actuelle quasi générale. En 1787, les états chiennes tirent sur la foule. Une société
Belgique), les vagues de réformes de Brabant refusent de les appliquer secrète prépare des soulèvements
populaires et le 11 janvier 1790, sont
LES PAYS-BAS EN ÉBULLITION proclamés les « États belgiques unis ».
La référence à la révolution américaine
Principales sections de la Société République des Provinces-Unies est explicite.
pour le bien public Pays-Bas autrichiens Au nord, la république des Provinces-
Bastion de la pensée Principauté de Liège Unies (actuels Pays-Bas) est en pleine
catholique traditionnelle crise. L’Appel au peuple des Pays-Bas
Autres principautés ecclésiastiques
Importants foyers des Lumières (26 septembre 1781) devient le mani-
Royaume de Prusse
Provinces à majorité patriote feste des révolutionnaires patriotes
Provinces à majorité orangiste qui se recrutent au sein de la noblesse
Principales zones d’affrontement libérale et des petite et moyenne bour-
Interventions des armées geoisies urbaines de plus en plus
prussienne et autrichienne Mer
du Nord exclues des fonctions civiques par
Fuite des patriotes bataves GRONINGUE la grande bourgeoisie calviniste. Ils
et belges en France Leeuwarden
Groningue accusent la famille d’Orange de vouloir
Émeutes dans les
FRISE Assen établir la monarchie. En juin 1785, les
Pays-Bas autrichiens
Libération des Pays-Bas autrichiens DRENTHE milices civiques que les patriotes ont
par l’« armée nationale » Alkmaar Zwolle créées,réclament une véritable répu-
(oct.-déc. 1789) HOLLANDE blique. Le 4 septembre, Guillaume V
Haarlem Amsterdam OVERIJSSEL
Leyde d’Orange doit quitter La Haye. Le pays
Guillaume V d’Orange La Haye UTRECHT GUELDRE se divise alors entre zones patriotes et
est chassé le Utrecht Arnhem en zones orangistes ; la guerre civile
4 septembre 1785 Rotterdam Dordrecht menace. Au nord comme au sud, les
Armée
Nimègue prussienne
ZÉLANDE puissances européennes interviennent
ROYAUME Middelburg Breda (sept. 1787)
BRABANT militairement pour rétablir l’ordre
DE GRANDE- Anvers
BRETAGNE ancien.
Bruges (1787) Armée
Calais Gand Malines autrichienne
Maastricht
(1790-1791) D’une rive à l’autre
(1789) Louvain L’Atlantique des années 1770-1780
Bruxelles Liège Aix-la-
Manche Lille Chapelle est parcouru par d’intenses circula-
Mons (1789) SAINT- tions intellectuelles et politiques. Les
Namur EMPIRE débats sur l’esclavage et les droits
Arras
ROYAUME des colons sont très vifs. Benjamin
DE FRANCE Armée Franklin fait figure de pionnier parmi
Amiens autrichienne
Bouillon (déc. 1790) ces passeurs de rives, du Nouveau
Proclamation des
« États-Unis belgiques » Luxembourg Monde vers l’Ancien. Savant inter-
50 km
le 11 janvier 1790 nationalement reconnu, entrepreneur
accompli, il représente d’abord les
Source : P.-Y. Beaurepaire, S. Marzagalli, G. Balavoine, Atlas de la Révolution française, Autrement, 2016.
intérêts des colons en Angleterre. Avec
Christiania Saint-Pétersbourg
1773-1774
Mer 1792 roi de Suède révolte de Pougatchev
Glasgow Stockholm dans l’Oural
du Nord Gustave III
1798 Moscou
révolte des ROYAUME-UNI Newcastle Liverpool 1775 Marins Mer Riga
Irlandais Dublin Baltique
Manchester
1797 Sheffield 1787 Union des couturiers
mutineries dans Nottingham 1791-1794
Bristol révoltes polonaises
RUSSIE
la Royal Navy PROV.-UNIES Berlin PRUSSE
Exeter (Kósciuszko)
Londres Lille 1781-1787
1768-1782 Wilkite Riots Varsovie
1780 Gordon Riots Rennes Beauvais 1795
àrévolte
1798 des Patriotes Kiev
Va.
Paris 1775 jacquerie en Bohême
1785 Maçons Ca. Nancy
1789 Révolution française Do. Neuchâtel Vienne
Zurich AUTRICHE
1792 République
1775 guerre des Farines FRANCE Fribourg 1781-1782 Genève
Lyon Genève
1786 Canuts 1784 jacquerie en Transylvanie
Grenoble Venise 1784-1785
PORTUGAL
Aix soulèvement des Mer Noire
Lisbonne Madrid Toulon 1796-1799 Roumains de
révolution italienne Transylvanie
Rome Constantinople
ESPAGNE
Naples EMPIRE OTTOMAN
Athènes
Conclusion
E
n trois siècles, l’Europe s’est profondément trans- sous la tutelle de la Porte. En s’ouvrant aux nouveaux
formée. Sur le plan politique, la période moderne mondes, les puissances européennes ont créé leurs pre-
a vu l’affermissement des monarchies absolues, miers empires coloniaux, développé les instruments de
mais aussi la contestation de l’autorité du prince. Depuis connaissance de ces territoires et de leurs ressources
le début des réformes religieuses, on le défie pour obéir à (cartes et enquêtes), organisé les administrations cen-
Dieu, et l’unité de la chrétienté, à laquelle l’Europe s’iden- trales et locales et les rouages qui les relient entre elles.
tifiait, a volé en éclats. De nouveaux États sont nés et se De la Nouvelle-Espagne (Mexique) à la Nouvelle-Hollande
sont affirmés comme la république des Provinces-Unies. (Australie), les noms donnés aux territoires revendiqués
À l’inverse, l’empire de Charles Quint, formidable mais par les explorateurs impriment déjà sur la carte du monde
éphémère concentration de territoires, s’est progressive- une européanisation symbolique, même si les blancs de
ment défait au point qu’au début du xviiie siècle c’est un la carte demeurent bien visibles. L’Église catholique elle-
Bourbon, petit-fils de Louis XIV, qui monte sur le trône même, contestée en Europe, revisite et relance son projet
de Madrid, après que le dernier Habsbourg d’Espagne universel en développant ses missions d’évangélisation et
s’est éteint. Au sud de la péninsule Ibérique, Gibraltar est en implantant séminaires, diocèses et monastères.
désormais entre les mains de l’Angleterre, et à l’ouest le
Portugal entretient des relations privilégiées avec Londres. De leur côté, les savants, tout en restant fidèles aux idéaux
Qui aurait pu l’imaginer lorsqu’en 1588 l’Invincible Armada de la République des lettres, mobilisent de nouveaux sup-
de Philippe II menaçait l’Angleterre ? ports de communication, se professionnalisent (inéga-
Si pendant toute la période, la Méditerranée est un théâtre lement) et s’adressent à des publics différents. Avec les
d’affrontement avec l’Empire ottoman, elle est aussi un mobilités professionnelles, certains vont chercher par-delà
espace de rencontres et d’échanges. Progressivement, les frontières les moyens de survivre ou de faire fortune. Du
les régences barbaresques négocient directement avec les xv e au xviii e siècle, l’Europe moderne est bien une Europe
puissances européennes, alors qu’elles sont officiellement en mouvement.
Annexe
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Grand Atlas 2019 Atlas de la France Atlas des migrations Atlas de la Chine
Comprendre le monde au xxe siècle Un équilibre mondial Les nouvelles échelles
en 200 cartes 1914-2002 : de la Grande à inventer de la puissance
Sous la direction Guerre à une nouvelle société Catherine Wihtol de Wenden Thierry Sanjuan
de Frank Tétart Aurélia Dusserre
Arnaud-Dominique Houte
P.-Y. Beaurepaire
Cet atlas saisit, à l’échelle du continent européen et de ses
colonies, les dynamiques et les bouleversements qui ont eu lieu
pendant trois siècles, du XVIe au XVIIIe siècle :
—
Atlas de
l’Europe moderne
Pierre-Yves Beaurepaire est professeur d’histoire moderne à l’université de
Nice-Sophia Antipolis et membre honoraire de l’Institut universitaire de France.
Spécialisé en histoire culturelle de l’Europe et du monde au siècle des Lumières,
il a coordonné le programme « Circulations, territoires et réseaux en Europe de l’âge
classique aux Lumières » de l’Agence nationale de la recherche.
Cyrille Suss, cartographe indépendant, a réalisé les cartes de l’atlas.
De la Renaissance
aux Lumières
Pierre-Yves Beaurepaire
ISSN : 1272-0151
En couverture :
Astrolabe © Granger / Bridgeman Images
www.autrement.com