Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Afrique CFA 9600 F CFA • Algérie 980 DA • Allemagne 15 € • Antilles-Guyane 16 € • Autriche 15 € • Belgique 15 € • Canada 25 $C • Espagne 15 € • états-Unis 24 $ US • Grande-Bretagne 14,5 £ • Grèce 15 € • Irlande 15 € • Israël 95 ILS • Italie 15 € • Japon 2900 ¥ • Liban 35000 LBP • Luxembourg 15 € • Maroc 140 DH • Pays-Bas 15 € • Portugal cont. 15 € • Réunion 16 € • Suisse 24 FS • TOM avion 2500 XPF • Tunisie 19,5 DT
Une Atlas2009.indd 1
Hors-série
Un monde
L’Atlas
à l’envers
4/02/09 12:18:31
Voici qu’une marge avance, qu’un centre recule.
L’Orient n’est pas absolument Orient,
ni l’Occident, Occident.
Car l’identité est plurielle,
elle n’est pas citadelle ou tranchées.
Au Sri Lanka, série de revers pour les Tigres tamouls............... 138 L’Asie taille des croupières à l’Europe en Afrique ..................... 180
Une dette qu’il faut annuler, pas « alléger » ............................. 182
La Chine parle d’autonomie mais réprime ses minorités ......... 140
De grèves en manifestations, un essor des luttes sociales ...... 184
Difficile normalisation entre Washington et Pyongyang........... 142
Un continent entre croissance et inégalités............................... 186
Véritable tchétchénisation, fausse normalisation ..................... 144
Conflits ethniques ou lutte pour le pouvoir ? ............................. 188
Caucase du Sud, le réveil des volcans ........................................ 146
Rivalités interreligieuses et percée du pentecôtisme ............... 190
L’indépendance du Kosovo divise les diplomaties .................... 148
Ces Andes qui symbolisent les querelles du sous-continent ........ 150
Bibliographie................................................................................ 192
L’Afrique au tournant Table des auteurs ........................................................................ 194
Grandes lignes de fracture du continent noir ............................ 154
Reconstruire des sociétés déchirées par la guerre .................... 156
Clés locales et régionales du génocide au Darfour ................... 158 L’Atlas du Monde diplomatique
La démocratie balbutie au Congo-Kinshasa ............................... 160 Dirigé par Alain Gresh, Jean Radvanyi, Philippe Rekacewicz,
Catherine Samary et Dominique Vidal
Incendies en série dans la Corne ................................................ 162 Cartographie : Philippe Rekacewicz,
L’influence de l’Afrique du Sud est contestée ........................... 164 Cécile Marin et Emmanuelle Bournay
Avec le concours de Laura Margueritte, Agnès Stienne,
Déploiement contrarié pour les forces américaines .................. 166 Riccardo Pravettoni et Nieves López Izquierdo
L’action de la communauté internationale en question ........... 168 Correction : Xavier Monthéard et Tatiana Weimer
La démocratisation n’est pas un long fleuve tranquille ............ 170 Conception graphique et couverture : Boris Séméniako
Mort et résurrection de la « Françafrique » ............................... 172 Documentation : Olivier Pironet et Allan Popelard
Nous remercions chaleureusement pour leur contribution cartographique :
Sara Anifowose, Julien Bousac, Giulio Frigieri,
Maria Luisa Giordano et Béatrice Métaireau
Les textes et les cartes du troisième chapitre doivent beaucoup au Centre
international de cartographie que Le Monde diplomatique a créé avec
l’université de Bologne avec le soutien de la Fondation del Monte
Commission paritaire des journaux et publications : n° 0509 I 86051
ISSN : 1779-0689
Imprimé en France/Printed in France
Cet atlas a été fabriqué par l’imprimerie
Imaye sur du papier 100 % recyclé et
sans chlore pour l’intérieur. La couverture
a été imprimée sur un papier certifié
PEFC, issu de forêts gérées durablement.
L’imprimerie Imaye a le label
Imprim’vert et la certification ISO 14001.
De l’hégémonie occidentale
a renaissance de l’Asie et le Depuis le début composantes subalternes d’un système
développement rapide d’autres de la révolution industrielle de production et d’échange mondialisé,
régions mondiales au cours des organisé de façon coercitive autour des
dernières décennies constituent au XIXe siècle, le système besoins des métropoles.
une des plus importantes mutations des international a été centré Alors que les niveaux de vie des
relations internationales depuis la révo- sur les pays occidentaux, sociétés asiatiques, ottomane et euro-
lution industrielle. Longtemps confinées péennes étaient globalement compara-
aux marges des centres historiques du dont l’expansion bles jusqu’en 1800, ceux-ci ont ensuite
capitalisme, ces « zones émergentes » a engendré les hiérarchies considérablement divergé, l’expansion
sont (re)devenues – ou sont en voie de du monde moderne. occidentale s’accompagnant d’une
(re)devenir – ce que François Perroux régression puis d’une stagnation des
appelait des « unités actives » « dont Nous assistons aujourd’hui niveaux de vie dans les régions dépen-
le programme n’est pas simplement à une transformation dantes (le Japon étant une exception
adapté à [leur] environnement, mais de structure : l’émergence notable en Asie ; l’Argentine et l’Uru-
qui [adaptent] l’environnement à [leur] guay, en Amérique latine). Ainsi, le pro-
programme ». d’un système polycentrique. duit national brut moyen par habitant des
En dépit de situations variées et « tiers-mondes » était à peine plus élevé
d’écarts importants – reflet de condi- en 1950 qu’en 1750 (+ 0,6 %). L’inéga-
tions initiales et de trajectoires histori- lité Nord-Sud diminue de façon variable
ques différentes –, l’étendue, l’intensité avec la décolonisation, l’autonomie poli-
et la persistance de cette transformation tique voilant souvent la persistance des
ne laissent aucun doute sur son carac- dont 45 % pour l’Asie. Le développe- situations de dépendance.
tère structurel. L’évolution est particu- ment économique se traduira nécessai- La mutation contemporaine met
lièrement marquée en Asie, foyer des rement par une plus grande autonomie donc fin à une structure historique qui
deux tiers de la population mondiale : politique. a duré. Le polycentrisme implique non
la part de la Chine et de l’Inde dans le Le système international du XXIe siè- seulement une distribution internatio-
produit intérieur brut (PIB) mondial, cal- cle sera donc décentré et doté d’une nale plus équitable des richesses, mais
culé en parité de pouvoir d’achat (PPA), multiplicité de pôles de décision. Ce aussi un bouleversement des rapports
est passée de 3,2 % et 3,3 % en 1980 rééquilibrage est, sur le plan historique, politiques : les institutions internatio-
à 13,9 % et 6,17 % en 2006 ; en dol- une véritable révolution, qui clôt le cycle nales établies après la seconde guerre
lars de 2007 constants, leur PIB (PPA) long de deux siècles de la prépondérance mondiale (Organisation des Nations
par habitant a été multiplié par 16 pour occidentale. Il marque le retour, dans des unies, Fonds monétaire internatio-
la Chine (passant de 419 à 6 800 dol- conditions nouvelles, à la configuration nal, Banque mondiale, sans parler du
lars) et par cinq pour l’Inde (de 643 à mondiale polycentrique qui a précédé la G7-G8, qui n’a plus de véritable légi-
3 490 dollars). Mais elle est manifeste « grande divergence » entre l’Europe et timité aujourd’hui) devront inévitable-
aussi au Brésil, où le PIB par habitant a le monde extraeuropéen. ment évoluer pour refléter les nouvelles
presque triplé (de 3 744 à 9 080 dollars), De nombreuses recherches récentes réalités. Etant donné la multiplicité et
ainsi qu’en Russie, où, après la dépres- démontrent en effet que ce n’est qu’à l’ampleur des défis mondiaux, la muta-
sion des années 1990, le PIB par habitant partir du début du XIXe siècle, puis au tion pose à nouveau de façon urgente la
a atteint 13 173 dollars en 2006. cours de la révolution industrielle et de question de la coopération. ●
la « première mondialisation », que se
UN RÉÉQUILIBRAGE HISTORIQUE sont instituées les hiérarchies qui ont
Ce mouvement ascendant s’accompagne durablement divisé le monde entre Sur la Toile
d’une forte tendance vers la régionali- centres dominants (pays développés) et g Cartographier le présent :
sation en Asie orientale – les échanges « périphéries » coloniales dépendantes www.cartografareilpresente.org/?lang=fr
intrarégionaux ont crû de 40 % du total (les « tiers-mondes »). g Documents du Groupe d’études
de leurs échanges en 1980 à 50 % en A la fois cause et conséquence de la et de recherches
1995 et à près de 60 % aujourd’hui – et divergence économique et technologique sur les mondialisations :
d’un début de régionalisation en Améri- croissante entre l’Europe et le reste de www.mondialisations.org
que du Sud (Marché commun du Sud). la planète au cours du XIXe siècle, l’ex- g Groupement d’intérêt scientifique
En supposant que l’actuelle crise écono- pansion internationale de l’Occident a pour l’étude de la mondialisation
mique mondiale ne remette pas fonda- engendré un monde dual. Intégrées dans et du développement : www.gemdev.org
mentalement en cause cette dynamique, les disciplines formelles ou informel-
g International Institute for Strategic
leur part totale du PIB mondial devrait les des centres impériaux, les « péri- Studies (ISSS) : www.iiss.org/
atteindre près de 60 % en 2020-2025, phéries » nouvelles sont devenues des
Produit intérieur brut mondial (valeur de la production des biens et des services)
Le capitalisme,
Commerce mondial
Sources : OMC ; Banque mondiale ; Cnuced ;
World Federation of Exchange, 2009.
La « régulation fordiste »
Déjà au XIXe siècle, des crises à répétition
fut après 1945 une réponse
Indice des prix des marchandises (base 100 en 1900-1910)
à l’instabilité organique 220
Folie spéculative sur les mines Faillite des banques de crédit, Crise économique
du système. La chute latino-américaines baisse de la production industrielle en Amérique latine,
1825 1857 révolution argentine
des taux de profit a entraîné 180 Faillite des compagnies 1890-1893
Crise des chemins de fer, de chemin de fer
la destruction de ce modèle, dépression économique 1866
1847 Krach de l’Union générale,
1815-1818 crise boursière à Lyon et à Paris
avec mondialisation, 140 Spéculation excessive, 1882-1884
crise du crédit
surendettement, 1835-1839
1873
Faillite des chemins de fer,
100 Spéculation sur les chemins de fer crises boursières
bulle et crise financières. et les mines de charbon
1800 1810 1820 1830 1840 1850 1860 1870 1880 1890 1900 1910
Source : Philippe Gilles, Histoire des crises et des cycles économiques, 2004.
epuis qu’il existe comme sys- taux de profit élevés alors constatés, Le fordisme fut accepté par les capi-
tème, le capitalisme a toujours taux d’une phase de rattrapage après talistes tant que les taux de profit étaient
connu les crises. Mais, pendant les destructions de capital fixe (Europe) élevés. Or ils atteignirent leur plus bas
longtemps, il a baigné dans un ou les retards dans son renouvellement niveau au début des années 1980. La
environnement de petite production (Etats-Unis) enregistrés de 1914 à 1945. réduction des salaires devint l’objec-
(paysannerie, artisanat, etc.) qui frei- Mais, l’effet de rattrapage épuisé, et les tif, et le fordisme fut démantelé. Nous
nait la propagation des fluctuations. La résistances sociales augmentant, les taux sommes alors entrés dans une nouvelle
grande crise américaine de 1929 fut de profit entamèrent leur chute à partir ère de mondialisation. Celle du sala-
celle d’un bond en avant de l’instabi- de la seconde moitié des années 1960. riat, d’abord – et c’est une différence
lité, dû au passage brutal d’un monde avec la première mondialisation capi-
de petits producteurs à la prépondérance
du salariat. Avec la régulation fordiste
Sur la Toile taliste du dernier tiers du XIXe siècle,
portant sur les échanges. Une deuxième
(instaurée après 1945) il s’agissait pré- g Association Recherche différence concerne non pas l’ampleur
cisément de combattre la chute de l’ac- et régulation : http://webu2.upmf- mais le contenu de la financiarisation :
tivité lors des récessions, et, pour cela, grenoble.fr/lepii/regulation/ au XIXe siècle, les abondants flux
de soutenir temporairement la demande g Ressources en économie critique : mondiaux de capitaux étaient surtout
globale, notamment par le soutien des http://hussonet.free.fr/ecocriti.htm constitués de prêts à des Etats alors
salaires. g Ressources sur l’économie qu’ils concernent actuellement surtout
La longue expansion des « trente de la mondialisation : des actionnaires, des fonds d’investisse-
glorieuses » (1946-1974) fut alimen- http://hussonet.free.fr/mondiali.htm ment et l’interpénétration entre finance
tée en Europe et aux Etats-Unis par les et économie réelle.
1900 1905 1910 1915 1920 1925 1930 1935 1940 1945 1950 1955
de crise en crise
2008
Séisme boursier
2007
Début de la crise
des « subprime »
2001
Attentats du Indice
boursier
Les taux de profit se sont redressés, sur n’importe quel actif. Dès lors, l’éco- 11-Septembre 15 000
mais l’instabilité a augmenté. En effet, nomie des Etats-Unis navigue de bulle en G. W. BUSH
2001-2009
le capitalisme navigue entre deux gouf- bulle, passant d’Internet à l’immobilier,
fres : l’effondrement, s’il n’est pas assez puis aux matières premières, transmet- 14 000
encadré, ou l’étouffement, s’il l’est trop. tant au monde ses propres fragilités.
Mais la destruction du fordisme n’a L’éclatement de la bulle immobilière 1997
Crise financière
pas supprimé la réalité qui lui a donné a des effets particulièrement graves, asiatique 13 000
naissance – l’extension du salariat. La car deux crises s’entretiennent l’une
révolution conservatrice s’opposant l’autre. L’une, qui touche l’économie
CLINTON
farouchement à l’augmentation des réelle et peut durer longtemps, concerne 1993-2001 12 000
salaires, comment assurer le maintien la construction. L’autre, financière, est
d’une demande globale en cas de réces- redoutable parce qu’elle atteint les plus
sion débutante ? Le modèle appliqué importantes banques du monde. L’ef- 11 000
aux Etats-Unis a consisté à miser sur fet principal de la crise financière est
l’épargne des ménages (de plus en plus la restriction de crédits, qui frappe les
réduite) et leur endettement pour soute- entreprises américaines mais surtout 10 000
nir leur dépense. les ménages, qu’il s’agisse des crédits Bulle
Ce nouveau modèle est explosif : la hypothécaires ou de ceux destinés à la immobilière
chute du taux d’épargne des ménages consommation. N’oublions pas l’effet Bulle 9 000
a pour contrepartie le financement de richesse, qui postule un impact négatif Internet
l’économie américaine par l’étranger ; sur la consommation de la baisse
la hausse continue de leur taux d’en- de la valeur du logement possédé. 8 000
dettement n’a été qu’une fuite en avant Or la consommation occupe une
débouchant sur une crise de surendet- place exceptionnelle aux Etats-
tement. Les montages financiers visant Unis : sa défaillance pourrait 7 000
à transmettre les créances douteuses transformer une récession
circulent à l’échelle planétaire. Les en dépression, améri-
échéances sont repoussées, mais au prix caine d’abord, puis 6 000
de l’aggravation des déséquilibres. Ce mondiale. l 1991
Première guerre
modèle donne l’illusion que les banques du Golfe
centrales peuvent gouverner et sauver 5 000
l’économie par le maniement des taux G. H. BUSH
d’intérêt et les crédits faciles. Mais il 1987 1989-1993
pousse à la spéculation visant à Krach boursier 4 000
faire des plus-values REAGAN
1971 1981-1989
1961 Fin de la convertibilité
Bras de fer avec du dollar en or 1979 3 000
l’industrie 1966 1973 Deuxième choc
de l'acier Bombardements Premier choc pétrolier
américains sur Hanoï pétrolier
FORD 2 000
KENNEDY
1961-1963 JOHNSON NIXON 1974-1977 CARTER
EISENHOWER 1969-1974 1977-1981
1963-1969 Le Dow Jones Industrial Average, dit Dow Jones, est un
1953-1961 indice boursier calculé pour rendre compte de l’évolution
des cours de 30 grandes entreprises cotées au New York 1 000
Stock Exchange (Bourse de New York, située dans Wall
Street), par exemple Wal-Mart, Walt Disney, McDonald’s
Source : Dow Jones and Company, 2009. ou Coca-Cola.
0
1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 février2009
Croissance de la population
La population de la Terre a prise de conscience de l’embal- population ralentissent. Cette deuxième
lement démographique date des phase s’achève lorsque les deux taux
ne cesse de croître depuis
lendemains de la seconde guerre sont proches et que la population se
le XVe siècle, mais cette mondiale, l’« explosion démo- stabilise.
croissance s’est emballée graphique » apparaissant alors comme
une menace d’autant plus inquiétante LE SIÈCLE DU VIEILLISSEMENT
au cours des deux derniers
que l’on n’en voyait pas les limites. Un Actuellement, la transition démogra-
siècles. Evalué à 1 milliard demi-siècle plus tard, ses mécanismes phique, achevée ou en cours, peut être
au début du XIXe siècle, sont mieux connus. L’étude des trajec- observée dans presque tous les pays du
toires démographiques des pays euro- monde, du moins à l’échelle des Etats.
le nombre d’êtres humains
péens, les premiers à avoir entamé ce La durée de chacune des phases et l’am-
approche des 7 milliards, processus, a permis de construire un pleur de l’écart entre les taux aboutis-
cap qui devrait modèle dit « de la transition démogra- sent ou aboutiront à des croissances plus
phique », c’est-à-dire du passage d’une ou moins importantes. Une transition
être atteint avant 2015.
mortalité et d’une natalité élevées à une précoce et lente a permis en France la
Cette accélération cache mortalité et une natalité réduites. multiplication par 2 des populations en
de multiples inégalités. La transition commence par une deux siècles, en Suède de 3,5 en cent
période plus ou moins longue de réduc- cinquante ans. Les transitions en cours,
tion des taux de mortalité, tandis que facilitées par les progrès techniques dans
les taux de natalité restent élevés. Pen- des contextes socioculturels très diffé-
dant cette première phase, la population rents du modèle européen initial, seront
augmente à mesure que l’écart entre les plus rapides et entraîneront des croissan-
deux taux se creuse. Puis les taux de ces plus fortes (multiplication par 7 ou 8
natalité et le rythme de croissance de la au Mexique, par 13 à 15 au Kenya).
tion, entamé dans les années 1970, se de la planète à un niveau que l’on peut 10 Amérique du Nord
termine, et l’âge médian, qui tourne prévoir avec vraisemblance entre 10 5
0
autour de 35 ans, augmente rapidement. et 11 milliards. Ce sera aussi le siècle 1800 1850 1900 1950 2000 2050 2150
Dans le reste de l’Asie, dans la plupart de l’accélération du vieillissement. En 10 Amérique latine
des pays d’Amérique latine, du Proche- dépit de différences internes, l’Améri- 5
Orient, dans le Maghreb, régions où la que du Nord et l’Europe n’assurent plus 0
1800 1850 1900 1950 2000 2050 2150
seconde phase de la transition est en le renouvellement de leur population
20 Afrique
cours, les âges médians évoluent entre et doivent faire de plus en plus appel à
23 et 28 ans. l’immigration. 10
La plupart des pays d’Afrique sub-
0
saharienne, enfin, se trouvent encore au POUSSÉE DE L’AFRIQUE 1800 1850 1900 1950 2000 2050 2150
seuil de la seconde phase de la transi- Les décalages chronologiques du dérou- 5 Océanie
tion. Ils ont vécu au cours des dernières lement de la transition ont entraîné, tout 0
1800 1850 1900 1950 2000 2050 2150
décennies la croissance la plus rapide de au long du XXe siècle, des variations de
la distribution spatiale de la population. 60 Asie
En 1950, 29 % des habitants de la Terre 50
vivaient en Europe et dans les « pays
Croissance de l’âge médian neufs » (Etats-Unis, Canada, Australie, 40
Nouvelle-Zélande), qui avaient attiré de 30
Années
60
nombreux Européens.
Cette proportion a chuté à 17 % 20
Japon actuellement et continuera à diminuer 10
– jusqu’à 12 % en 2050, selon les prévi-
Corée
sions des démographes de l’Organisation 0
50 1800 1850 1900 1950 2000 2050 2150
du Sud des Nations unies, qui ne s’aventurent
France pas à prendre en compte les migrations. Sources : « The world at six billion » (octobre 1999),
Nations unies, New York ; Indicateurs du développement
En revanche, l’Afrique, qui n’abritait africain 2007, Banque mondiale, Washington, DC.
Source : Nations unies, World Population Prospects : Parmi les 20 premières agglomérations g Institut national d’études
The 2006 Revision, département des affaires écono-
miques et sociales, division de la population. mondiales, 13 appartiennent à l’Asie et démographiques : www.ined.fr
à l’Amérique latine. ●
Les migrations,
chance ou menace ?
Les migrations internationales e départ et/ou l’arrivée et/ou tants des pays pauvres, comme le font
le transit de migrants touchent les biens rapportés de vacances par les
font partie des phénomènes
désormais tous les pays du migrants ou les transferts de fonds que
majeurs en ce début monde alors que, par le passé, ces derniers envoient à leurs familles au
de XXIe siècle. Elles se sont ils ne concernaient que quelques régions pays (au total, 300 milliards de dollars
de départ et d’accueil. Cette révolution en 2006, une somme qui dépasse large-
rapidement mondialisées,
des migrations, qui remet en question ment les montants de l’aide publique au
atteignant 200 millions la capacité de l’Etat à maîtriser les développement).
de migrants dans le monde, frontières et à définir les modalités
du « vivre ensemble », découle de la LA FRONTIÈRE COMME RESSOURCE
contre quelque 120 millions
conjonction de plusieurs facteurs. L’économie du voyage constitue une
en 1995 et 77 millions La persistance d’écarts de richesse autre nouveauté. Désormais, dans les
en 1965 – soit très importants entre le Nord et le Sud, pays de départ, des agences proposent
alliée aux déséquilibres démographi- des circuits d’immigration clandestine,
une multiplication
ques, oppose des pays riches et vieillis- de faux papiers et parfois un travail non
par 2,5 en quarante ans. sants (pays européens, Japon) à des pays déclaré une fois arrivé à bon port, tout
pauvres ou émergents connaissant un cela moyennant des sommes élevées. La
grand dynamisme (pays asiatiques, afri- frontière est considérée dès lors comme
cains ou latino-américains). une ressource, d’autant que son pas-
Autre grand facteur de mobilité : sage est de plus en plus contrôlé pour
l’information. Les télévisions des pays les ressortissants du tiers-monde, sauf
riches montrent des modes de vie et de pour une poignée de migrants fortu-
consommation qui font rêver les habi- nés ou appartenant à l’élite (cerveaux,
sportifs, créateurs, commerçants, entre-
preneurs…).
Des transferts vitaux pour les pays pauvres La chute du système soviétique a
développé des migrations transfronta-
lières et des migrations ethniques. La
déception de la population, qui, dans
beaucoup de pays, rêvait de lendemains
meilleurs après les indépendances ou
des révolutions, représente aussi un fac-
teur de mobilité pour ceux qui veulent
réaliser leur projet de vie. On assiste
aussi à des migrations d’allers et retours,
se traduisant par des formes de copré-
sence dans les pays de départ et d’ac-
cueil, quand le statut le permet (visas
de long séjour ou à entrées multiples,
Milliards de dollars
350 double nationalité).
Monde La multiplication des crises politi-
Envois de fonds 300 Pays
des travailleurs immigrés en 2007 développés ques (Grands Lacs en Afrique, ex-You-
250 PVD¹
Pourcentage du revenu goslavie, Proche-Orient, régions kur-
national brut (RNB) 200 Autres pays
des) ainsi que l’émergence de nouveaux
de 0 à 1 % 150 facteurs d’exil (nettoyages ethniques,
Pays à revenus
de 1 à 5 % intermédiaires affrontements religieux, réchauffement
100
de 5 à 10 % climatique) jettent sur les routes des
50 Pays à faibles
de 10 à 35 % revenus millions de réfugiés, dont le statut n’est
0
Données non disponibles 1990 1995 2000 2005 07 pas toujours reconnu comme tel (voir
Source : base de données en ligne de la Banque mondiale. 1. Pays en voie de développement. p. 118). Que dire, enfin, des déplace-
ments touristiques (900 millions d’ar-
Vers le Philippines
Japon Chine
Amérique
centrale Asie Asie du
et Caraïbes centrale Sud-Est
Venezuela EUROPE
DE L’OUEST
Pérou et Turquie AUSTRALIE
Afrique
Colombie du Nord Sous-continent
indien
Bolivie ÉTATS
Afrique DU GOLFE
Paraguay de l’Ouest
Afrique
de l’Est
Argentine
Pays ayant accueilli un fort effectif
Afrique de migrants économiques
australe
Principales régions de départ
Flux de migrants peu ou pas qualifiés
Sources : Dilip Raths et Zhimei Xu, Recueil de statistiques 2008
sur les migrations et les envois de fonds, Groupe d’étude des Flux de migrants qualifiés
perspectives de développement, équipe chargée des migrations Afrique
et des envois de fonds, Banque mondiale ; Migrinter (migrations du Sud Migrations économiques à l’intérieur de la zone
internationales, espaces et sociétés), Centre national de la recherche
scientifique et université de Poitiers. Voir aussi les cartes p. 75 et 118.
rivées en 2007, dont 650 millions en des repères et fait craindre aux Etats
Europe et en Amérique du Nord), une d’accueil la perte de leur identité et la Sur la Toile
autre forme de migration, plus choisie remise en question de leurs modèles g Organisation internationale
et lourde de conséquences pour l’éco- d’intégration (assimilationnistes ou des migrations : www.iom.int
nomie et l’environnement. multiculturels), au profit d’une coha- g Laboratoire Migrinter :
Les réponses à cette nouvelle donne bitation où les migrants conserveraient www.mshs.univ-poitiers.fr/migrinter
semblent des plus contradictoires. Les leurs appartenances à des allégeances g Revue « Hommes et migrations » :
économies libérales valorisent la mobi- multiples. Diverses organisations plai- www.hommes-et-migrations.fr
lité des êtres humains, la comparant à la dent en faveur d’une meilleure gestion g Refugee Studies Centre, université
circulation des capitaux, des marchan- des migrations : associer des partenaires d’Oxford : www.rsc.ox.ac.uk
dises et des expressions culturelles. Une multiples pour accompagner la mobilité g Programme « Travaux, études et
compétition s’instaure même pour attirer au lieu de feindre de l’empêcher, provo- recherches sur les réfugiés et l’asile » :
des élites. Les pays aux démographies en quant des morts – le tout dans le mépris http://terra.rezo.net
crise reconnaissent cette mobilité comme des droits de la personne. ●
une richesse, un facteur de créativité et
de dynamisme économique et social.
Mais ils assurent y voir aussi une aubaine Le boom du tourisme mondial
pour les pays de départ, la manne des Amérique
transferts de fonds apportant un mieux- du Nord 64 % du tourisme mondial
95,3
15 % de la population
être aux familles restées sur place.
MÉPRIS DU DROIT
Pourtant, les dirigeants et l’opinion Amérique du Sud Europe Asie
et Caraïbes 484,4 184,3
publique des pays d’accueil vivent sou-
47,1
vent l’immigration comme une menace.
47,6 Pays du Golfe
Ils dénoncent une « invasion silen- Afrique et Proche-Orient
du Nord 16,3
cieuse » et déploient des politiques de Millions de personnes
contrôle, de dissuasion et de répression 28,2 1 600
à l’encontre des sans-papiers, nouveaux Afrique 1 200 903 millions
parias de l’humanité qui défieraient subsaharienne en 2007
800
l’ordre étatique. NB : les sphères sont proportionnelles
Le transnationalisme des flux, des au nombre d’arrivées touristiques en 2007 400
(en millions de personnes).
échanges marchands, des relations fami- 0
1950 2000 2020
Source : Organisation mondiale du tourisme, 2008.
liales et culturelles ajoute à ce brouillage
produits agricoles (8 %) et les textiles tion par l’OMC, est survenue malgré une 20
et libre-échange Russie
Norvège
bute sur les faits.
Royaume-
Uni Pays- Mongolie
Bas Allemagne Corée
Suisse du Sud
France Liechtenstein
Bulgarie
Italie Turquie Chine Japon
Espagne Afghanistan
’Accord général Népal Bhoutan
Israël
sur les tarifs Pakistan Taïwan
douaniers et Egypte Arabie Inde
le commerce saoudite Philippines
(GATT, en anglais) de Mali
Esse
Tchad Thaïlande déve
1947 devait tenir lieu Burkina
Papousie-
Nouvelle-Guinée nets
de chapitre IV de la Faso
Nigeria Maldives
Bangladesh
Birmanie
alim
Côte gén
charte de La Havane d’Ivoire Ouganda Laos Indonésie nive
Bénin Kenya Cambodge
de mars 1948, qui pré- Congo Maurice Vietnam Timor- agri
voyait la création d’une Tanzanie Malaisie Leste dou
plaf
Organisation internationale du Zambie prod
Mozambique Australie
commerce (OIC). Mais le Congrès des Maurice
Zimbabwe
Etats-Unis refusa de ratifier cette charte, Botswana
Madagascar
Nouvelle- Gro
écartant l’OIC au profit d’une forme Zélande les p
Afrique
moins contraignante de négociations, du Sud
plan
plus
le GATT. Les services en furent exclus, Groupe coton (G4) dom
et l’agriculture échappa largement aux G90 Alliance des pays africains com
producteurs de coton pour lutter allia
règles de libéralisation. Alliance de trois groupes de pays contre le coton subventionné puis
Mais, en 1985, les intérêts des Etats- parmi les plus pauvres – les pays les nord-américain. dan
moins avancés (PMA), les pays G33
l'OM
Unis – dont les déficits commerciaux africains et les pays ACP (Afrique, G20
PVD défendant l’idée d’une forte à la
protection à l’importation des
avaient été creusés par un dollar fort – et Caraïbes, Pacifique) – plus proches du
G33 que du G20 et qui craignent Pays exportateurs nets de produits «,produits spéciaux,» essentiels
Doh
de la Communauté économique euro- qu’une baisse trop forte des tarifs alimentaires qui proposent de à la sécurité alimentaire et d’un
G
agricoles des pays développés n’érode plafonner les droits de douane «,mécanisme de sauvegarde
péenne – devenue Union européenne en leur accès préférentiel à ces marchés. maximaux pour les produits agricoles spéciale,» en cas de forte hausse Pays
1992 – convergent pour lancer le cycle Tous ne sont pas membres de «,normaux,», et pour les produits des importations ou de forte baisse la b
des prix à l’exportation. prod
de l’Uruguay : ils souhaitent conquérir l’Organisation mondiale du commerce. «,sensibles,».
de nouveaux marchés, et pour ce faire
intégrer au GATT l’agriculture, pour baisse du taux de croissance moyen On compte 162 millions d’ultrapau-
laquelle ils disposent tous deux d’ex- des pays en voie de développement vres, qui ne mangent pas à leur faim et
cédents lourdement subventionnés, et (PVD) – hors Chine et Inde – comme vivent avec moins d’un demi-dollar par
les services exportables, où les deux des pays occidentaux ; et la forte crois- jour. Les quatre cinquièmes se recrutent
puissances dominantes concentrent des sance de la Chine et de l’Inde s’expli- parmi les ruraux des PVD incités à payer
« avantages comparatifs » majeurs. que par leur politique interventionniste, leurs dettes en réduisant les subventions
Depuis le début des années 1980, et non par le libre-échange. De fait, et protections à l’importation et en pri-
les grandes institutions de la mondia- le taux d’ouverture des Etats les plus vilégiant leurs firmes agricoles exporta-
lisation rabâchent aux pays endettés développés en 2006 – 13,5 % pour les trices... Telle a été l’orientation promue
le dogme selon lequel les barrières Etats-Unis et le Japon, et 14,3 % pour par le Fonds monétaire international
freinant les échanges freinent aussi l’Union à 27 – est largement inférieur (FMI) et la Banque mondiale, relayés à
la croissance. Or la libéralisation des à celui (proche de 30 %) des pays les partir du 1er janvier 1995 par l’Organi-
échanges s’est accompagnée d’une moins avancés. sation mondiale du commerce (OMC).
La souveraineté alimentaire
Alors que l’agriculture pèse très peu dans l’économie lors que les céréales restent
des pays développés, elle conditionne la vie dans les pays en voie l’aliment de base des pauvres,
la croissance de leur produc-
de développement, où les deux tiers des malnutris chroniques tion n’a été que de 6,3 % de
de la planète sont des paysans. Le « tout exportation » s’avère 1997 à 2005, contre une augmentation
incapable de les nourrir. Ils doivent affirmer leur souveraineté de 10,5 % de la population. Les rende-
ments plafonnent dans les pays dévelop-
alimentaire en relevant leur protection à l’importation. pés, et leur hausse ralentit dans les pays
en voie de développement (PVD). La
part de l’alimentation dans les budgets
familiaux atteint 45 % dans les pays à
bas revenu (avec des pointes à 80 %),
contre 12 % dans les pays riches. Et
��������������������������������������������������
c’est parmi les 2,5 milliards de membres
������������������������������� des familles agricoles des PVD que se
trouvent les deux tiers des 963 millions
de malnutris chroniques, ainsi que la
majorité des pauvres vivant avec moins
de 1 dollar par jour. D’où cette question
brûlante : comment nourrir la planète ?
Sûrement pas en laissant les multi-
nationales comme Monsanto promou-
voir dans les PVD les exploitations
d’agrobusiness exigentes en capital et
en OGM, y compris sur d’immenses
superficies achetées ou louées pour la
réexportation à long terme par les PVD
déficitaires comme la Chine et la Corée
du Sud. Cela ne peut qu’accroître un
��������������������������������������� chômage massif des paysans et la des-
������� ����������������������������� �
truction d’un environnement fragilisé
������������������ � ����������������
����������������������������� par le changement climatique. Sûrement
������������������� ������������������ ������������� pas davantage pour les pays du Sud en
���������������������������
����������������������� ����������������� ����������������������� poursuivant le développement des cultu-
res d’exportation tout en important les
denrées de base à prix cassés par les
subventions massives du Nord ou de cer-
tains pays semi-périphériques comme le
Brésil. Car, si l’on exclut le Brésil, l’Ar-
gentine et la Thaïlande, cette politique
s’est traduite par un déficit alimentaire
accru des PVD depuis 1973, qui a atteint
29 milliards de dollars en 2004.
tection de l’environnement, a réduit blesse de leur protection à l’importation taire face à l’extrême volatilité de ces
les stocks mondiaux d’oléagineux et comparée à celle des Etats-Unis et de prix. D’ailleurs, ceux du coton et du
de céréales et ouvert un boulevard de l’Union européenne sur ces produits. café ont beaucoup moins augmenté et
profits spéculatifs aux fonds sur indi- Le discours libre-échangiste du Nord se sont aussi effondrés davantage depuis
ces et aux entreprises agroalimentaires et des institutions internationales est à l’été 2008 que ceux des aliments de base
tant du Nord que du Brésil. Après la usage externe... Il faut lui opposer une massivement importés par les PVD,
crise de l’immobilier (subprime) et des régulation des échanges subordonnée pesant lourdement sur les budgets des
marchés d’actions, les capitaux spé- à des critères de souveraineté alimen- familles les plus pauvres.
culatifs se sont rués sur les matières taire : droit de protéger le marché inté- Pourtant, seule la refondation des
premières, dont les produits agricoles, rieur pour y garantir un développement politiques agricoles et de la régulation
avant de se sauver dès que le prix du agricole économiquement, socialement multilatérale des échanges agricoles
pétrole s’est effondré. et environnementalement durable ; fondée sur cette souveraineté permet-
Mais, au-delà du dumping massif mais avec des accords d’accès préfé- trait de nourrir les 9,3 milliards d’hu-
du Nord, la dépendance alimentaire rentiel à des PVD défavorisés chaque mains de 2050, malgré le réchauffement
accrue des PVD tient d’abord à la fai- fois qu’il est démontré que des expor- climatique. Il conviendrait aussi de pros-
tations accrues sont bénéfiques pour la crire les agrocarburants et la spéculation
petite paysannerie et ne pénalisent pas sur les marchés à terme des produits
Sur la Toile les consommateurs défavorisés. alimentaires, et d’encourager les pays
g FAO, l’état de l’insécurité L’ensemble de cette démarche à constituer des stocks céréaliers mini-
alimentaire dans le monde 2008 : impose pour le moins d’ôter l’agricul- maux. Sans éluder la nécessité pour le
ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/ ture des dossiers gérés par l’Organisa- Nord de réduire nettement sa consom-
011/i0291f/i0291f00.pdf
tion mondiale du commerce. mation de produits animaux d’autant
g FAO, la situation mondiale Les « émeutes de la faim » ont fina- que son modèle alimentaire est copié
de l’alimentation et
de l’agriculture 2008 : lement ouvert les yeux des PVD, qui ont dans le Sud, notamment en Chine, car
www.fao.org/docrep/ refusé de conclure les négociations du l’on n’a qu’une planète et pas les trois
011/i0100f/i0100f00.htm cycle de Doha et ont compris la néces- nécessaires à la généralisation de ce
sité de réduire leur dépendance alimen- modèle en 2050. ●
Evolution du nombre
de personnes sous-alimentées
entre 1990-1992 et 2003-2005
Afrique centrale Millions
Inde
40
Proche-Orient
Afrique de l’Est
30
Asie du Sud
(hors Inde)
20
Afrique australe
Maroc Asie de l’Est 10
Egypte (hors Chine)
Mauritanie 0
Mali Niger Yémen Bangladesh
Sénégal Amérique -10
Philippines
Burkina Faso latine
Guinée Nigeria -20
Kenya Asie du
Côte Cameroun Sud-Est
d’Ivoire -30
-40
Mozambique Indonésie
-50
Zimbabwe
Chine -60
Evolution du nombre
de personnes sous-alimentées
entre 1990-1992 et 2003-2005
Pourcentage
Voir aussi carte p. 22.
Données non disponibles Sources : L’Etat de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008, Organisation des Nations unies
-100 -30 -1 0 2 50 100 277 pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), décembre 2008 ; Jean Ziegler, septembre 2008.
2 250
2 000
Prélèvements 1 750
Consommation
Le grand gâchis 1 500
Le changement climatique 1 250
Amérique
affecte déjà de manière du Nord 1 000
Europe Asie
significative le cycle
750
hydrologique global,
500
Afrique
et cette situation parfois
250
critique va empirer. Sans Amérique
latine 0
révolution planétaire en Australie
et Océanie
matière de gestion de l’eau, Sources : Igor A. Shiklomanov, Institut hydrologique d’Etat (Saint-Pétersbourg) et Unesco (Paris), 1999 ; World Resources
2000-2001, People and Ecosystems : The Fraying Web of Life, World Resources Institute, Washington, DC, 2000 ; Paul
les inégalités – qui vont Harrison et Fred Pearce, AAAS Atlas of Population 2001, American Association for the Advancement of Science,
université de Californie, Berkeley.
croissant – entraîneraient
de lourdes conséquences
e réchauffement climatique bou- dans les pays développés que dans les
sanitaires, sociales, leverse les modèles météorolo- pays en voie de développement (PVD).
environnementales et giques et le cycle hydrologique, Pour nourrir la planète, la producti-
modifiant la disponibilité des vité agricole doit augmenter. L’irrigation
géopolitiques.
eaux de surface, l’humidité des sols et devrait s’intensifier de 17 % au cours
l’alimentation des nappes souterraines. des vingt prochaines années. Or elle
En témoignent l’ampleur et la fréquence absorbe actuellement 70 % des prélè-
des catastrophes naturelles liées aux pré- vements mondiaux, une consommation
cipitations : inondations, sécheresses, déjà excessive. Le facteur déterminant
glissements de terrain, cyclones… Le de la disponibilité en eau douce sera
rendement des cultures sera menacé, tant donc le taux d’expansion de l’irrigation
et la promotion de techniques permettant
de réduire les volumes d’eau qui lui sont
Eau potable et équipements sanitaires dans le monde rural consacrés.
Cinq cents millions de personnes
vivent dans 31 pays qui sont en état
de stress ou de pénurie hydrique. Or
l’Organisation des Nations unies pré-
voit que, en 2050, 1,8 milliard d’êtres
humains (sur 9,3) vivront dans des
régions privées totalement d’eau et
quelque 5 autres milliards dans des pays
où il sera difficile de répondre à tous
les besoins. L’équilibre entre la quantité
disponible d’eau douce et une demande
qui ne cesse de croître est déjà précaire.
Entre 1950 et 1990, l’augmentation des
prélèvements en eau a été plus de deux
fois plus rapide que celle de la popula-
tion. Le gaspillage d’eau domestique
En moyenne, 25 % de la population rurale dans le Meilleures conditions sanitaires,
monde n’a pas accès à l’eau potable, et 40 % ne peut mais accès à l’eau potable toujours augmente avec l’amélioration du niveau
profiter d’aucune infrastructure sanitaire décente. problématiques pour 25 à 40 % de la
de vie, les nouveaux équipements faci-
population
Plus de la moitié de la population litant l’usage de l’eau : les Européens
sans accès à l’eau potable Bonne couverture du réseau d’eau potable,
ou à des infrastructures d’assainissement et infrastructures sanitaires acceptables consomment pour leur usage quotidien
(au-dessus de la moyenne mondiale) malgré huit fois plus d’eau douce que leurs
Très mauvaises conditions sanitaires, quelques problèmes ponctuels
mais légère amélioration de l’accès à l’eau grands-parents.
potable pour 50 à 70 % de la population Eau potable et équipements sanitaires
Conditions sanitaires toujours mauvaises,
accessibles à plus de 95 % de la population Les gaspillages qui pourraient être
rurale
mais très nette amélioration de l’accès à l’eau évités sont très importants : seuls 55 %
potable pour 75 à 90 % de la population Données non disponibles
des prélèvements en eau sont réellement
Source : Organisation mondiale de la santé et Unicef, Meeting consommés, contre 45 % perdus par
the MDG Drinking Water and Sanitation Target, 2006.
drainage, fuite et évaporation lors de
Indicateur de stress
hydrique (WSI)
Exploitation
faible modérée forte intense
0 0,3 0,5 0,7 1 et plus Source : Smakhtin, Revenga et Döll, 2004.
l’irrigation ou par faute d’étanchéité des sement de la croissance démographique jamais autant parlé de l’eau, les pays
réseaux de distribution d’eau potable. atténuerait aussi la pression exercée sur pauvres subissent une diminution de
En outre, plus la consommation les ressources en eau. Autant d’actions l’aide publique au développement dans
d’eau augmente, plus les rejets d’eaux qui demandent des investissements ce secteur. En l’espace de quelques
usées et d’effluents urbains sont impor- financiers, techniques et humains bien années, les grands pays donateurs n’ont
tants. Or, selon les évaluations de l’Or- supérieurs à ceux qui sont actuellement cessé de réduire leurs engagements.
ganisation mondiale de la santé, dans réalisés. Laisser les PVD s’empêtrer dans leurs
les PVD, 90 % des eaux résiduaires et problèmes de pollution avec leur forte
70 % des déchets industriels sont rejetés CLIVAGE PLANÉTAIRE croissance démographique et en raison
sans traitement préalable dans les eaux A l’orée du XXIe siècle, l’inégalité face de la multiplication des mégapoles, c’est
de surface, où ils polluent la réserve à l’accès à l’eau débouche sur un nou- risquer de voir à terme une majorité de
d’eau utilisable. veau clivage planétaire. Affectés, eux la population mondiale vivre dans des
Les solutions existent pour diminuer aussi, par le changement climatique, les cloaques.
la consommation en eau et limiter les pays industrialisés, loin de remettre en Un pays qui manque d’eau ne peut
pertes : rétablir les schémas naturels question leur modèle de développement, ni nourrir sa population ni se déve-
d’écoulement vers les bassins fluviaux, optent pour une fuite en avant qui se lopper. L’accès à l’eau pourrait ainsi
généraliser l’usage des techniques d’irri- traduit par le recours à des technologies devenir l’une des premières causes
gation plus performantes, améliorer les de plus en plus sophistiquées : dessale- de tensions internationales. Si rien ne
structures de production et de distribu- ment de l’eau de mer, réutilisation des change, le nombre des réfugiés environ-
tion d’eau potable, lutter contre la pol- eaux usées pour des usages agricoles, nementaux pourrait être multiplié par
lution en assainissant les eaux usées, les loisirs, voire pour l’alimentation cinq d’ici à 2050. Les pays développés
instituer des politiques de tarification à domestique. ne pourront plus longtemps éluder une
la fois efficaces et soutenables par les Alors que s’opère un tel mode de véritable vision renouvelée de la ques-
populations concernées... Un ralentis- gestion de la ressource, et que l’on n’a tion de l’eau. ●
EFFET BOOMERANG
Phénomène plus récent, la croissance
rapide des flux d’investissements en
direction des pays émergents s’explique
grâce à une étude du cabinet Ernst &
2007 Young. En 2007, 221 entreprises des pays
Suède
Royaume- Pays- Russie émergents – dont 117 implantées dans les
Uni Bas
Canada Allemagne pays du « BRIC » (Brésil, Russie, Inde,
Belgique
Irlande Chine) – figurent parmi les 1 000 premiè-
France Suisse res entreprises mondiales et représen-
Etats-Unis Espagne Italie Chine
tent 19 % de leur capitalisation boursière
Hongkong cumulée, contre 5 % en 2000. Le chiffre
d’affaires des entreprises des pays émer-
gents augmente plus vite, leur marge
Brésil Singapour opérationnelle moyenne est supérieure
(25 %, contre 14 % en Occident) et leur
Australie
cours en Bourse a progressé deux fois
plus vite entre 2001 et 2007. On assiste
Stocks d’IDE entrants ici à l’effet boomerang de la mondialisa-
Milliards de dollars
2 000
tion, qui remet en question la suprématie
1 000
des multinationales du Nord.
300
Une partie réduite des mouvements
100 d’investissements internationaux prend
Source : Conférence des Nations unies sur le commerce 1 et moins
et le développement, 2008. la forme de délocalisations au sens strict
(déplacement d’une production déjà
Royaume-Uni
Union européenne
Source : Commodity Trade Statistics Database (UN Comtrade), Espagne
division statistiques des Nations unies, 2008 (données pour 2006). 72 % Restructurations
internes :
Turquie une entreprise réorganise
500 sa propre activité
France indépendamment d’un
autre type de restructuration.
Inde
existante) : selon l’European Restruc-
turing Monitor, ces dernières expliquent Grèce
moins de 6 % des suppressions de pos- Brésil 1. Du fait des restructurations
annoncées entre janvier 2002
tes engendrées par les restructurations. Norvège et janvier 2009 (un chiffre en
constante augmentation pour
Pour l’Insee, le nombre de personnes cause de crise financière).
Japon
concernées par ces pertes d’emplois 2. L’entreprise déplace une
serait compris entre 15 000 et 34 000 Arabie saoudite 1 000 partie de ses activités vers
un autre établissement mais
par an dans le cas français, alors que Russie à l’intérieur d’un même pays
l’économie française a créé environ (le même terme sert parfois
Chine à désigner le rapatriement
200 000 emplois marchands par an d’unités de production
durant la dernière décennie. Allemagne préalablement délocalisées).
Norvège
Russie
Irlande Kazakhstan
Fonds issus des revenus...
France ... du pétrole ou du gaz
Corée ... de minerais, de produits
Azerbaïdjan du Sud manufacturés ou de réserves
Iran Chine Japon de devises étrangères
Algérie Libye Koweït Milliards de dollars
Emirats Taïwan 1 000
arabes
Arabie unis Inde
Mauritanie saoudite 500
Thaïlande Hongkong
Nigeria Vietnam 100
Oman
Bahreïn Qatar Malaisie
Brunei Pays où la création d’un fonds
souverain est prévue ou en débat
Singapour
Angola Kiribati
Timor-Leste
Botswana Australie
Nouvelle-Zélande
Milliards de dollars
Dépenses publiques d’éducation en 2005
Capital des fonds souverains en 2008
Dépenses de santé en 2005
Revenu national brut en 2007 S
fo
Capitalisation boursière fin 2007 La
m
2
0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 60 000 70 000 d
Extinction ou replâtrage du
Ne pouvant nier leurs n 2007, la démission forcée du D’autres développements attestent
président de la Banque mon- l’affaiblissement de ces créanciers tra-
échecs, la Banque mondiale
diale Paul Wolfowitz et le départ ditionnels :
et le Fonds monétaire précipité du directeur général – en Asie de l’Est, les principales éco-
international prétendent avoir du Fonds monétaire international (FMI) nomies ont signé les accords de Chiang
Rodrigo de Rato ont accéléré la perte Mai, permettant une collaboration entre
abandonné le « consensus
de crédit de ces deux organismes. Leurs banques centrales pour affronter ensem-
de Washington ». Fragilisées recettes consignées dans le « consensus ble une éventuelle crise. C’est ce type
par l’émergence de nouveaux de Washington » (privatisations, déré- d’accord que Washington avait réussi
glementations, abandon des protec- à empêcher au milieu de la crise de
acteurs et d’initiatives
tions douanières, réduction des budgets 1997-1998 ;
novatrices en Asie de l’Est sociaux...) sont partout critiquées. – les fonds souverains constituent une
et en Amérique latine, Depuis 2004, l’augmentation nouvelle source publique d’apport de
importante du prix des produits de base capital à des entreprises privées du Sud
ces institutions dominées
a provoqué un net accroissement des et concurrencent la Société financière
par les pays du G7 voudraient réserves de change des pays en voie de internationale, l’agence de la Banque
profiter de la crise pour développement (PVD). Ces dernières mondiale spécialisée dans ce secteur ;
atteignaient en 2008 trois fois celles – en Amérique latine, plusieurs initia-
revenir sur le devant
du Japon, de l’Europe occidentale et tives régionales gênent les grandes puis-
de la scène. de l’Amérique du Nord réunis. Nombre sances. Avec Petrocaribe, le Venezuela
de pays du Sud les ont utilisées pour vend son pétrole à une quinzaine de
rembourser de manière anticipée la pays de la région à un prix inférieur à
Banque mondiale, le FMI et le Club de celui du marché mondial et améliore
Paris, réduisant ainsi leur dépendance. leurs capacités de raffinage. L’Alterna-
Les prêts du FMI, qui s’élevaient encore tive bolivarienne pour les Amériques
à 107 milliards de dollars en 2003, sont (ALBA), accord signé conjointement par
tombés à 16 milliards en 2007. Les fonds le Venezuela, Cuba, la Bolivie et le Nica-
prêtés par la Chine constituent une solu- ragua, fonctionne en partie sous forme
tion moins coûteuse et dépourvue des de troc : par exemple, 20 000 médecins
conditionnalités imposées par les insti- cubains fournissent des services de santé
tutions de Bretton Woods. gratuits à la population vénézuélienne,
Reste Chili
du monde
Yen
Japon
Dollar
américain
Rouble Dollar
Russie hongkongais
Euro Yuan
Chine
Roupie
Inde
Laborieuse reconversion de
Alliance militaire défensive epuis vingt ans, l’Organisation L’élargissement en Europe de l’Est,
du traité de l’Atlantique nord Les
fondée en 1949 sous l’égide source de tensions nat
(OTAN), en quête d’une raison en
de la puissance américaine, d’être, parle de « nouvelle stra- Pays membres et partenaires
l’Organisation du traité tégie ». Pour autant, aucun choix clair Pays membres de l’OTAN
n’a été fait sur la redéfinition de ses mis- Candidats à l’adhésion :
de l’Atlantique nord Reconnus Controversés
sions. Révisé dans l’urgence, à Rome
aurait pu disparaître en 1991, le « concept stratégique pour Pays du partenariat pour la paix
avec son adversaire, la défense de la zone de l’Atlantique Pays du dialogue méditerranéen
Beale
(Californie)
nord », datant de 1950, a été de nou- Initiative de coopération d’Istanbul
le pacte de Varsovie,
veau modifié en 1999, après un grand
après l’écroulement du mur flottement. Présence militaire des troupes de l’OTAN : Eta
de Berlin. Pourtant, aux Il réaffirme l’indivisibilité de la sécu- Déploiement actuel Opérations terminées
rité transatlantique, concède une place à Zones d’opération des flottes de l’OTAN
12 membres fondateurs
l’identité européenne de sécurité et de Principales bases de l’OTAN en Europe
se sont ajoutés 14 pays, (existantes, en projet)
défense (IESD) et étend les missions de
et l’influence des Etats-Unis l’OTAN au désarmement et à la non- Bombes nucléaires américaines en Europe 1
prolifération, induisant une possibilité Bases dédiées au bouclier antimissile
sur l’Alliance n’a jamais américain (existantes, en projet)
d’action loin du territoire européen. En
été aussi prégnante. Contre-projet russe (bases existantes, en projet)
creux, c’est surtout l’élargissement sans
frein et la fonction de relais de la poli- Etats ayant été considérés, depuis le début
des années 1990, comme menaçants ou hostiles
tique étrangère américaine qui tiennent pendant des périodes plus ou moins longues
lieu de feuille de route, même si une
troisième mise à jour du concept straté- 12 pays signent le traité de l’Atlantique nord :
les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la Belgique,
gique s’annonce en 2009. le Danemark, la France, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg,
la Norvège, les Pays-Bas et le Portugal.
PRURIT INTERVENTIONNISTE
1949 1952 1955 L’ÉLARGISSEMENT
L’élargissement lui-même a été fulgurant.
En 1994, le lancement du partenariat pour 12 14 Allemagne de l’Ouest 15
la paix, structure souple d’arrimage des
Grèce et Turquie
pays les plus divers, étend l’ombre portée Sources : Organisation du traité de l’Atlantique nord, 2008 ;
de l’OTAN. En 1995, les futurs adhérents « L’OTAN après la guerre froide », La Documentation
française, 2008 ; Sipri Yearbook 2008. Armaments,
se voient définir des objectifs à attein- Disarmament and International Security, Stockholm
dre : démocratie effective, économie de International Peace Research Institute, 2008.
���������������������
�������
����������� ������
�������
��������
������
���������� �����
������ ��������
����
����� �����
���������� ���� ���������
�����
���������
�����
������
�������������������
��������������������
�������������
�������������� ������������������������������������������� ����������������������������� ���������
�������������������������������������������������� �������
������������������������� ������������������������������������������� �������������������
��������� ���� ������� �� ���������������
����� ���������������������������������������������� ����������������
������������������������������
������������������������������������������ ������
�������������������������������������������� ������
������������������������������������������������� �����
������ ����� ������
��������������������������������������������
������������������������������������������� ������� �������� �������� ������ �����
�������������������������������� �������� ��������� ������� �������� ��������� ������ ��������
� � �� �� �� ��
���� ������� ��������� �������� ������� ������� ���������� ������� ��������� ��������� ������ ����������
����� ������ �������� ������� ������� ������� �������� ������
������� ����� ������ ������� ���
�������� ����������� ������ ��������������������������������
+ 20
3% Avec l’élection d’un président jeune, du Sud
+ 10 Russie
métis de surcroît, la « marque Améri-
que » paraît instantanément réhabilitée 0
Inde 1
par l’annonce d’un certain retour à la – 10
Brésil 1 Afrique du Sud
2
Espagne Jordanie
2
compétence, au « pragmatisme », par – 20
Opinions favorables
Pologne
la fin de l’arrogance, par l’ouverture à – 30 Japon France en 2008, pourcentage :
cette « diversité » qui devient la nou- – 40 Argentine Mexique Plus de 50
Turquie Royaume-Uni
velle idéologie dominante. « Depuis – 50 Allemagne Indonésie De 30 à 50
qu’Obama a été élu président, le style – 60 Moins de 30
USA a de nouveau une cote folle ! », a DÉGRADATION 1. Sondés majoritairement citadins. 2. Evolution 2002-2008.
signalé, enthousiaste, le magazine Elle Sources : « Pew global attitudes project : Spring 2008 survey » et « Global public opinion in the Bush
years (2001-2008) », Pew Research Center, décembre 2008 ; Le Monde diplomatique.
du 1er décembre 2008.
majeure pour l’éducation delà les distances et les migrations. La Avec 5,3 % de sa population ayant
cybercriminalité prend une importance accès à Internet, l’Afrique représente
et l’information. croissante, qui pourrait menacer la flui- le parent pauvre, ce qui renforce les
dité du système et appelle des réponses difficultés que connaît ce continent.
coordonnées contre les « paradis infor- Au sein même de l’Asie, les disparités
mationnels ». s’accentuent. Les populations japonaise
Le nombre de serveurs Internet est ou sud-coréenne se connectent très lar-
passé en quinze ans d’une poignée à gement, y compris en haut débit (à plus
près de 6 millions dans le monde. Mais de 70 %). La Chine, avec 19 % d’inter-
cette pénétration reproduit les inégalités nautes, est devenue depuis juin 2008 le
internationales. Si la moyenne mondiale premier pays en nombre d’utilisateurs.
est de 22 % d’accès à Inter- L’Inde, avec une croissance compara-
Internet : un réseau puissant... net, la pénétration ble, n’a qu’une pénétration de 5,2 %,
du réseau malgré une forte industrie de service
Etudiants
Chercheurs est de informatique. La comparaison avec la
Militants Russie (23 %), le Brésil (24 %), l’Afri-
Grand public que du Sud (10 %) ou le Nigeria (20 %)
Voyageurs Artistes
souligne les différenciations entre pays
Individus Journalistes Médias
Musique émergents.
Travailleurs Secteur culturel Cinéma Tandis que les pays occidentaux
à distance Edition connaissent la connexion perma-
Travailleurs Jeux vidéo nente à haut débit et utilisent Inter-
en déplacement Banques
Assurances net pour regarder la télévision ou
Secteur financier Fonds d’investissement des vidéos, la messagerie instan-
Entreprises commerciales tanée et l’accès au Web de base
Entreprises Agents
Publicitaires (blogs) forment le cœur des acti-
immobiliers
Instituts de sondage vités à l’échelle du monde. Les
Recruteurs
californiens Google et Yahoo
Organisations Santé détiennent un quasi-monopole
Utilisateurs non gouvernementales Education
sur les moteurs de recherche,
Nations unies aux exceptions remarquables
Bénéficient surtout : Aides sociales
de la réactivité d’Internet (vite) Services administratifs Impôts de la Chine (Baidu : 61 % des
de sa relative ubiquité (partout) recherches), de la Corée du Sud
de sa capacité de diffusion Institutions et Services de police (Naver : 73 %) et de la Russie
de la mutualisation des informations (croisements)
gouvernements Renseignement (Yandex : 44 %).
Les quelques liens entre « utilisateurs » et Armées Cette distribution reproduit la
« usages » sont figurés à titre d’exemple.
concentration des langues utilisées
sur la Toile. Si 29,4 % des internautes
g Union internationale
des télécommunications : www.itu.int
1. Dix heures pleines
et dix heures creuses, g Internet Governance Forum :
au tarif le plus avan- www.intgovforum.org
tageux du marché.
g Institut de l’audiovisuel et
des télécommunications en Europe :
Prix pour vingt heures http://idate.org
de connexion Internet 1
Dollars g Rapports de l’OCDE sur les
Coût moyen Plus de 50 technologies de l’information et de la
mondial : communication : www.oecd.org/topic
Sources : Union internationale des de 30 à 50
22 dollars /0,3373,fr_2649_37441_1_1_1_1_374
pour vingt télécommunications, 2008 ; Banque de 15 à 30
mondiale, 2008 (données 2007 ou Données non 41,0.html
heures dernière année disponible). Moins de 15 disponibles
Cyberterrorisme, la guerre
������ �����
A ce jour, en dehors ����������������
d’attaques ponctuelles ��������� ����� �����
��
����� �����
�������� ������� ���������
de quelques hackers, ������
�����������������������������
���������������������������������
���������
����������������� ��������������������
les distributeurs bancaires européens. Il
����������������������������������������������������������������������������������������������������������������
n’en demeure pas moins que d’autres ���������������������������������������������������������������������������
�� armées (Chine, Russie, les deux Corées,
���
Inde, etc.) cherchent, actuellement, à se
préparer à la cyberguerre.
Les Etats-Unis, qui avaient lancé le
plus vaste réseau d’espionnage des télé- ��������������������������������������
communications (surnommé « Eche-
lon ») au temps de la guerre froide, vien- ����
����������������
nent ainsi d’annoncer qu’ils lançaient un �����������������
plan visant à leur assurer le leadership �����������������
dans le cyberespace. Ce dernier s’inspire ����� ���
��������������������
����������������� ���������������� ����������������
du projet Manhattan, qui avait permis de ������������������
réaliser la première bombe atomique, �������
�������������
�������������� ����������� ������������
et se fixe plusieurs objectifs : surveiller �������������� ����������
le trafic Internet mondial ainsi que les
requêtes des moteurs de recherche ; créer
des chevaux de Troie informatiques pour
prendre le contrôle de n’importe quel
ordinateur ; mais aussi inventer un simu-
lateur d’Internet (et de ses utilisateurs) �����������������������
afin de tester les scénarios d’attaque et ��������
����������������������
de défense, et d’entraîner les cyberunités �����������������������
militaires.
Que les cyberterroristes n’aient
encore pas frappé ne prouve en effet
nullement qu’ils ne le feront jamais. ●
Sur la Toile
g Ministère de la défense, synthèse
« Infoguerre et cyberterrorisme » :
www.defense.gouv.fr/das/dossiers/ ������������ ���������������� ���������������� �����������������
������������ ������������ ������������ ��������������
infoguerre_et_cyberterrorisme
������� ������� ���������� �������������
g Mémoire de Cédric Thévenet ������ ���������������������� ����������� ���������������
« Cyberterrorisme, mythe ou ������������ ��������� ��������������� �����������������
réalité ? » : www.terrorisme.net/ ������������� ������������� �������������
pdf/2006_Thevenet.pdf
g Réseau Echelon :
www.echelon-online.fr.st/
������������������������������������������������������������������������������������������
Superpuissances,
hyperpuissance,
multipolarité…
Vingt ans après la chute ésultat de la seconde guerre
Accord de libre-échange
du mur de Berlin, mondiale et de la nouvelle nord-américain (Alena)
distribution des forces enté- Communauté
le système international est rinée à Yalta (1945), l’ordre des Caraïbes (Caricom)
en mutation : si les Etats-Unis bipolaire américano-soviétique a duré Marché commun
centre-américain (MCCA)
dominent toujours la structure près d’un demi-siècle (1946-1991). Il
Communauté andine
se caractérisait sur le plan stratégique des nations (CAN)
de sécurité, la diffusion par l’équilibre de la terreur nucléaire (la Marché commun du Sud
de la puissance économique « dissuasion »), la course aux armements (Mercosur) et membres associés
(Bolivie, Chili, Colombie, Equateur
et l’émergence de nouveaux et la constitution de blocs rivaux. Quoi- et Pérou. L’adhésion du Venezuela n’a
que la « destruction mutuelle assurée » pas été ratifiée par les Parlements)
acteurs sont en train interdît la guerre générale, la compéti- Espace économique européen (EEE)
de faire évoluer l’architecture tion bipolaire a favorisé les guerres par Communauté des Etats
issue de la seconde procuration dans les pays anciennement indépendants (CEI)
colonisés. La guerre, dite « froide », Organisation pour la démocratie
guerre mondiale. Mais la crise s’est ainsi soldée dans les tiers-mon- et le développement (GUAM)
aggrave les incertitudes. des par des millions de morts (Vietnam,
1946-1975 ; Corée, 1950-1953 ; Indoné- connurent aucune rupture ou destruction
sie, 1965-1975 ; Cambodge, 1971-1979 ; de leurs capacités productives : ils furent
Angola, 1975-2002 ; Afghanistan, même le seul belligérant à s’enrichir au
1979-1989…). cours de la seconde guerre mondiale,
L’équilibre stratégique masquait en avec une croissance de 50 % du produit
fait de profondes asymétries. Première intérieur brut (PIB). Au lendemain du
économie manufacturière mondiale conflit, ils se retrouvèrent ainsi dans
et centre financier international dès le une position économique dominante,
début du XXe siècle, les Etats-Unis ne jouissant d’avantages comparatifs
décisifs, tant dans les secteurs de haute
technologie que dans ceux des biens
��������������������������������������� de consommation ou dans le domaine
de l’agriculture. Malgré l’industrialisa-
tion à marche forcée de l’URSS, le PIB
������ ������ ����� par habitant des Etats-Unis fut quatre
�����
fois supérieur au sien tout au long de la
������ guerre froide.
����
����� �����������
���������
���� ����������� ��������� L’UNILATÉRALISME EN ÉCHEC
�������
������ Cœur d’une économie mondiale capi-
��������� taliste en expansion, les Etats-Unis tis-
����
sèrent des liens d’interdépendance forts
������� ����� ������
����� avec l’Europe de l’Ouest et l’Asie du
����� ���� ������
������ �������������������������������� Nord-Est. Premiers investisseurs mon-
��������
������������������������������� diaux, ils s’internationalisèrent sur le
��������������� plan économique. Ils le firent aussi sur
��������������� ������ ����������������� le plan militaire, grâce à l’archipel pla-
������������������������� ���������� ����������������������������������
������������������������ ���������������������������������� nétaire de bases acquises dès 1945, qui a
������������������������������ ���������������������������������� formé l’ossature des alliances sécuritai-
���������������������������������������� ���������������������
res régionales de la guerre froide : Orga-
Sur la Toile
g Informations sur la guerre froide,
le Davis Center for Russian
and Eurasian Studies :
www.fas.harvard.edu/~hpcws
Oulan-Bator
KAZAKHSTAN MONGOLIE
En provenance Cet espace maritime est appelé
En provenance de Sibérie « mer du Japon » par Tokyo et
de la mer occidentale
CORÉE « mer de l’Est » par Séoul.
Caspienne Pékin DU NORD
Xinjiang Iles Dokdo
Qingdao (Takeshima)
KIRGHIZSTAN
OUZBÉKISTAN JAPON Océan
TADJIKISTAN CORÉE Pacifique
Glacier DU SUD
TURKMÉNISTAN du Siachen
CHINE
Aksai Shanghaï
LE PREMIER MARCHÉ
������ ������
��� �
Et, si l’Union n’agit pas assez vite, les
������������������������������������ ����������������������������������� ������������������ velléités d’extension de l’Organisation
������������������������������� ��������������������������������� �������������������� du traité de l’Atlantique nord (OTAN)
sur les confins de la Russie servent à rap-
���������������������������� peler les priorités. Il faudrait donc que
��������������������������������������������������������� ��������������������
les Européens se décident à penser par
������������������� ����������������������
������������������������ eux-mêmes l’avenir de leur continent
�������������������������
�������������������� et de ses marges. D’autant que le bilan
du messianisme hégémonique améri-
��������������� cain et de ses actions de force n’a rien
������ �������� ����� ������ ������� ������
������� �������� �������� �������� ������� ������
d’enviable ni de concluant. La mission
����� ������ �������� européenne d’observation en Géorgie
������� ���������
��������� �������� ������� ������
de l’automne 2008 relève d’une autre
��������� ���������� ����������� ������� logique, en continuité des 17 opérations
������������� �������
����� �������� ��������
�������� ������
extérieures, dont cinq militaires, dix ans
�������� ������������
������� ������� ����������� ������� seulement après l’initiative franco-bri-
������� ������� ������� tannique de Saint-Malo, qui a lancé la
����� ����������� �������� ���������
���������� �������� ���������� défense européenne et fait de l’Union
������������������ européenne un acteur-clé dans la stabi-
�������
lisation des crises extérieures.
����������� ����������
Une seconde contrainte dans l’af-
������� ���������� ������
����������� ����������� firmation politique des Européens tient
����������� ������������
à la configuration singulière et hétéro-
Canada
Etats-Unis
Mexique
Russie
Chine
Caraïbes
Europe
Géorgie Afghanistan
Inde Indonésie
Irak Iran Atjeh
Territoires Pays
palestiniens du Golfe
Yémen
Guinée- Tchad Darfour
Brésil Bissau Corne de Voir aussi carte p. 75.
Soudan l’Afrique
Partenariat stratégique : accord sur le commerce,
Rép. le développement et la coopération
dém. du
Union européenne Congo Partenariat transatlantique
Espace économique européen Accord de partenariat et de coopération
Espace Schengen Accord euro-méditerranéens d’association
Accord de coopération Union européenne-
Elargissement Conseil de coopération du Golfe
Pays candidat bénéficiant Accord de coopération pour la sécurité
d’un partenariat pour l’adhésion
Afrique Partenariat oriental
Pays candidat bénéficiant d’un accord du Sud
de stabilisation et d’association Accord de Cotonou
Statut avancé Missions civiles ou militaires de l’Union européenne
(en cours ou terminées)
NB : l’Union européenne est aussi engagée dans des missions civiles et militaires Accord de coopération bilatéral
dans les Balkans occidentaux (Kosovo, Bosnie-Herzégovine et Macédoine).
Elle a engagé un dialogue avec Cuba et « rehaussé » son accord avec Israël. Elle a Plan d’action Paix et sécurité (Union africaine)
aussi lancé l’initiative Union pour la Méditerranée, qui regroupe les Etats riverains Dialogue Asie-Europe
plus la Mauritanie et la Jordanie. Corridor Traceca (Transport Corridor
Sources : Union européenne, Commission européenne, Transport Corridor Europe-Caucasus-Asia. Europe-Caucasus-Asia)
gène de l’Union dans le paysage géopoli- défense ou de l’Organisation des Nations Manque encore l’explicitation et la
tique contemporain, qui reste proche du unies (ONU). Mais, surtout, son mode promotion d’intérêts européens com-
concert concurrentiel des nations de la fin privilégié d’action est celui de la norme : muns. Le concept, cité deux fois seule-
du XIXe siècle. Le monde tel qu’il est en elle agit en puissance normative. ment dans le premier document de stra-
2008 n’est en rien organisé comme l’est C’est le cas avec l’environnement, tégie publié en 2003, commence à faire
l’Union : d’un côté, un système mondial dont les objectifs décidés par les 27 Etats son chemin. Dans un monde caractérisé
fondé sur le jeu classique des intérêts membres sont ensuite négociés avec les par la « puissance relative », selon Pierre
nationaux, qui s’expriment tantôt dans autres Etats, mais aussi la régulation de la Hassner, l’Union a toutes les chances
la rivalité, tantôt dans la négociation, de compétition avec la capacité de la Com- de pouvoir contribuer à façonner les
sorte que les grands acteurs interdépen- mission à sanctionner le monopole de indispensables règles internationales, ne
dants (Etats-Unis, Chine, Inde, Russie) Microsoft et les règles de gouvernance, serait-ce que parce que c’est le premier
sont en même temps partenaires et adver- notamment dans le choix des normes marché du monde, ainsi que l’expérience
saires ; de l’autre, une organisation régio- comptables, ou encore lors des négo- la plus achevée d’intégration politique
nale sui generis fondée sur le droit et la ciations à l’Organisation mondiale du régionale sur une base démocratique. ●
pratique du compromis entre les Etats- commerce, ou enfin avec l’esquisse d’un
nations membres, peinant à expliciter et
à promouvoir des intérêts communs.
modèle européen de sécurité énergétique.
L’expression de positions communes
Sur la Toile
Ces deux facteurs expliquent que dans les enceintes internationales se g Union européenne : http://europa.eu
l’Union se pense d’abord comme une confirme, notamment sur les questions g Conseil de l’Europe : www.coe.int
puissance civile, même si elle n’a jamais relatives aux droits de l’homme traitées g Fondation Robert Schuman :
www.robert-schuman.eu
eu autant de forces engagées dans des à l’ONU : unie, l’Union dispose d’une
opérations militaires extérieures, que capacité d’entraînement réelle au sein de g Rubrique Europe de la Fondation
Copernic : www.fondation-copernic.org/
ce soit sous mandat de l’OTAN, de la ces instances, notamment avec les Etats spip.php?article169
politique européenne de sécurité et de d’Amérique latine.
OMAN
Najran
TCHAD
ÉRYTHRÉE Sanaa
Khartoum Asmara YÉMEN
Darfour Socotra
SOUDAN Aden Golfe (Yémen)
d’Aden
Sanaag Voir aussi cartes p. 124 à 135, et p. 48.
DJIBOUTI
Djibouti Berbera Foyers d’instabilité
ÉTHIOPIE Hargeisa SomalilandSool
Conflit majeur ouvert Conflit majeur gelé
Addis-Abeba Puntland
Sud-Soudan Etats désignés par les Etats-Unis comme ennemis
CENTRAFRIQUE Etats ou territoires en guerre, en voie de
fragmentation, dont l’essentiel échappe au contrôle du
gouvernement actuel. Actions violentes quotidiennes
SOMALIE Risque d’extension du chaos
Mogadiscio
Territoires échappant plus ou moins à l’autorité
RÉPUBLIQUE OUGANDA centrale ou ayant des velléités autonomistes
DÉMOCRATIQUE KENYA
DU CONGO Présence militaire Etats ayant accepté de collaborer avec les Etats-Unis
dans la « guerre contre le terrorisme »
américaine et britannique
Zone de haute fréquence de piraterie maritime
Bases et facilités
TANZANIE Réserves énergétiques
Navires d’assaut
et porte-avions Exploitation de pétrole ou de gaz
Géographie du « chaos » 0 500 1 000 km Passages et verrous maritimes stratégiques
du Monde
diplomatique ,!TLAS
Le cédérom :
35 années d’archives
Anciens numéros
de Manière de voir
… et de DVD
Une sélection
de livres…
Commande facile
Livraison rapide
Offres spéciales, prix réduits
www.monde-diplomatique.fr/boutique
07
.
.
.
.
.
e,
Les Etats-Unis, seule grande œur de l’économie libérale Dans la vision américaine de l’après-
mondiale et puissance mili- guerre froide, la suprématie militaire
puissance militaire, sont
taire dominante depuis 1945, assure la sécurité globale, garantit les
devenus le premier débiteur les Etats-Unis connaissent équilibres régionaux, protège les sources
et ils dépendent de flux aujourd’hui une crise multidimension- et les flux énergétiques, et sert d’outil dis-
nelle. L’implosion du secteur finan- ciplinaire contre les Etats dits « voyous »,
financiers externes. Ils sont
cier américain en 2007-2008 a révélé très peu nombreux, qui représenteraient
à l’origine de la crise actuelle. les failles du régime postkeynésien de une éventuelle menace pour l’ordre
croissance et d’accumulation reposant américano-centré. Dans une optique
sur l’endettement. En même temps, si critique, la position de « Léviathan mili-
les Etats-Unis dominent sans conteste taire » sert à perpétuer sinon à étendre
Pourquoi des esquisses ? la structure de sécurité internationale, l’hégémonie mondiale des Etats-Unis
Produit de la rencontre entre
les difficultés rencontrées en Irak et (Irak), les « Etats voyous » jouant, dans
une science et un art, la carte en Afghanistan ont mis en lumière les l’après-guerre froide, le rôle fonctionnel
est d’abord une esquisse limites de la puissance de coercition autrefois occupé par l’Union soviétique
qui souligne la dimension (hard power) comme moyen de régula- en tant que facteur de mobilisation. Les
subjective de la cartographie. tion des conflits. Il s’ensuit une fragili- alliances sécuritaires conclues contre eux
En voici douze exemples. sation de la position des Etats-Unis dans sont censées inhiber les mouvements
le système mondial. centrifuges tant en Europe qu’en Asie.
La Chine s’invite
au banquet
des grands
Les excédents sont chinois,
les déficits, américains
et européens : cette formule
a le mérite de pointer
du doigt les changements
intervenus dans le commerce
mondial. Les flux financiers
ont suivi le même chemin.
Ces performances économiques
donnent à la Chine un statut
politique inédit mais encore
fragile, comme le prouve
la crise financière.
ékin joue dans la cour des des ventes chinoises à l’étranger. Pour est, à certains égards, une vaste plate-
grands, créant une interdépen- moderniser un appareil de production forme d’assemblage de produits fabri-
dance économique inédite. Les obsolète et pour s’insérer dans le grand qués ailleurs, ses importations se sont
Etats-Unis importent de Chine marché globalisé, Pékin a, dès 1979, également contractées et ses excédents
cinq fois plus qu’ils n’y exportent (le facilité l’arrivée massive de capitaux restent importants.
trou était de 175,43 milliards d’euros étrangers. En 2007, les investissements
en 2007) ; pour l’Union européenne, directs étrangers (IDE) en Chine ont DIPLOMATIE PÉTROLIÈRE
le rapport est de un à trois (159 mil- dépassé les 80 milliards de dollars (por- Le gouvernement a multiplié les
liards d’euros de déficit). Le Japon, qui tant le stock à 760 milliards de dollars). mesures d’envergure pour dynamiser
a détrôné l’Amérique en devenant le Historiquement, Pékin est allé chercher la demande intérieure. Avec d’autant
premier partenaire de la Chine, a des les fonds dans son arrière-cour, Hong- plus de vigueur qu’il craint des explo-
échanges excédentaires. kong, réintégrée depuis dans son giron sions sociales – 10 millions de salariés
Si l’investissement intérieur absorbe (en 1997). Les sources se diversifient au (sur une population active de près de
40 % des richesses produites, les expor- fil du temps, même si Hongkong repré- 800 millions) ont été licenciés en 2008.
tations restent le moteur le plus actif sente encore plus du quart des IDE. Il redoute également la montée de mesu-
de l’économie. L’« atelier du monde », Les flux arrivent également du Japon res protectionnistes qui se profilent dans
selon l’image consacrée, ne se contente (3e investisseur), de la Corée du Sud (4e) les pays occidentaux. Non sans raison.
pas de fabriquer des produits bas de et même de Taïwan (8e), qui se situe der- Ses réserves financières lui don-
gamme : il marque des points dans la rière les Etats-Unis (6e). nent des marges de manœuvre. A l’in-
production high-tech. La Chine réalise La dépendance de la Chine vis-à-vis térieur comme à l’extérieur. En 2007,
près de 20 % des exportations mondiales de l’extérieur s’est révélée dangereuse les investissements chinois à l’étranger
de produits électroniques. après le typhon qui s’est abattu sur l’éco- s’élevaient à 93,7 milliards de dollars. Le
Toutefois, made in China ne signifie nomie mondiale. Ses exportations ont montant reste modeste, mais il a plus que
pas made by China : des entreprises non chuté de 6 % au cours des trois derniers doublé en quatre ans. Une partie de ces
chinoises effectuent plus de la moitié mois de 2008. Certes, comme la Chine fonds a servi à racheter des entreprises
Sur la Toile
g Ministère des affaires étrangères
japonais : www.mofa.go.jp
g Ministère de l’économie,
du commerce et de l’industrie :
www.meti.go.jp/policy/media_contents
g Ministère de la défense :
www.mod.go.jp/j/library/
images/pickles
L’Inde rattrape
son retard
Partie avec retard, l’Inde a réussi son décollage économique
en s’appuyant sur les vieilles familles industrielles
et sur les nouveaux venus de l’informatique. Elle a acquis
le rang de puissance nucléaire respectable, et escompte
ainsi jouer un rôle politique à l’échelle de la planète.
POSITION DE FORCE
Bien sûr, il existe aussi des éléments de
rupture dans la politique étrangère de
la République islamique. Elle a, dans
ses premières années, développé une
stratégie d’exportation de la révolution
– aide à la création du Hezbollah liba-
nais, par exemple –, néanmoins limitée
par le caractère minoritaire du chiisme.
La prise d’otages à l’ambassade améri-
caine de Téhéran a aussi profondément
marqué les relations avec le « grand
Satan ». L’alliance avec le régime syrien,
d’abord contre Saddam Hussein puis
contre les Etats-Unis, a donné à Téhéran
un point d’appui important et stable dans
le monde arabe.
Les années 2002 et 2003 auraient
pu marquer un tournant dans l’histoire
Sur la Toile
g Ministère des affaires étrangères
allemand : www.auswaertiges-amt.de
g Société allemande pour la politique
étrangère (en allemand) :
www.swp-berlin.org
g Institut de recherche pour la politique
internationale et de sécurité
(en allemand) : www.dgap.org
Le tropisme américanophile
Depuis 1989, la vision du monde des autorités polonaises a Pologne devient, dans cette
se concentre sur le triangle Washington-Bruxelles-Moscou. région, aussi importante pour
les Etats-Unis que le Pakistan
Mais seule la première de ces capitales jouit de la sympathie en Asie du Sud ou l’Egypte au
constante des gouvernements de Varsovie. Quant à la majorité Proche-Orient. Nous voulons être trai-
de la population, elle voit l’étranger sous l’angle des expéditions tés de manière similaire », déclarait le
ministre polonais de la défense Bogdan
militaires auxquelles son pays participe. Sans oublier Klich, le 25 mai 2008.
l’émigration de masse des Polonais vers l’Ouest. Bien que l’attitude de Washington
envers Varsovie reste réservée (les visas
pour les Polonais n’ont pas été suppri-
més, par exemple), le gouvernement
polonais n’a pas lésiné sur son soutien
à la politique des Etats-Unis : en Irak
Le Caire en quête
de stabilité
et de prestige
L’Egypte est incertaine ux yeux du Caire, la présence
sur son avenir économique et américaine en Irak et dans la
région paraît un mal néces-
politique. Elle cherche avant saire pour parer à la montée
tout à préserver la stabilité en puissance de l’Iran et de ses alliés.
de son environnement La volonté et la capacité de la nouvelle
administration américaine à s’engager
immédiat. Et celle-ci repose dans le sens d’un règlement rapide du
d’abord sur l’alliance dossier israélo-palestinien constituent
stratégique avec un sujet de préoccupation vital. Les
relations avec l’Etat hébreu restent une
les Etats-Unis. pomme de discorde entre le pouvoir et
l’opinion, et l’exportation de gaz égyp-
tien vers Israël a été interdite par le Parle-
ment sous la pression populaire. Depuis
le traité de paix de 1979, l’état de « paix
froide » avec Israël reste inchangé.
L’Egypte a fermé sans états d’âme
sa frontière avec Gaza, complétant ainsi
le blocus israélien pour contraindre le
Hamas à résipiscence, et pour éviter rité humanitaire tentées par des groupes
de devoir accueillir sur son sol un flot militants (pas seulement islamistes),
durable de réfugiés palestiniens. Et, lors envers la population de Gaza, ont été
de l’offensive israélienne de décem- jugulées par les forces de sécurité, même
bre 2008, les manifestations de solida- si les tunnels transfrontaliers sont pour
la plupart restés ouverts.
La médiation égyptienne entre le
gouvernement israélien et l’Autorité
palestinienne, comme entre les mou-
vements palestiniens rivaux, a été dis-
créditée par l’absence réelle de volonté
d’aboutir de la part d’Israël et par la par-
tialité égyptienne en faveur du Fatah.
L’Egypte abrite le siège de la Ligue
arabe, mais cette prééminence se voit
désormais ouvertement contestée. Plus
déterminant, l’axe Le Caire-Riyad tente
de contrer l’axe Damas-Téhéran et le
soutien que celui-ci apporte au Hezbol-
lah et au Hamas. Mais les relations des
capitales du Golfe avec Le Caire sont
plus empreintes de condescendance
que de considération : l’Egypte n’a plus
guère de leviers pour assumer un rôle
diplomatique propre. Elle dépend des
8 milliards de dollars envoyés annuel-
lement par ses émigrés (2 millions
L’intégralité
des archives du journal
de janvier 1973 à juin 2008
40 000 articles,
400 cartes, accessibles
via un puissant
moteur de
recherche.
INSTALLATION FACILE
(Windows, Mac OSX et Linux)
45€
seulement
* Commande en ligne :
http://monde-diplomatique.fr/cederom/commande
BON DE COMMANDE
A retourner accompagné de votre règlement
au Monde diplomatique – B1209 – 60732 Sainte-Geneviève Cedex
Adresse : ..........................................................
Tarifs Frais de port Total
. ....................................................................
France métropolitaine 45 € – 45 €
Code postal : ................... Ville : ..........................
Autres 45 € 6€ 51 €
Pays : ............................ Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
SOIT AU TOTAL : ....................... € Courriel : ..........................................................
Par chèque bancaire ou postal à l’ordre de Le Monde diplomatique SA.
Par carte bancaire
Date et signature obligatoires :
Numéro de carte :
Expire à fin :
Notez les trois derniers chiffres du numéro inscrit au dos de votre carte,
près de la signature:
* Offre réservée aux particuliers, valable jusqu’au 31/12/09 dans la limite des stocks disponibles. Vos nom, prénom et adresse sont Lycées, bibliothèques, administrations, entreprises,
communiqués à nos services internes et le cas échéant, plus tard, à quelques publications partenaires, sauf avis contraire de votre part.
Conformément à la loi informatique et libertés du 06/01/78, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous retrouvez notre offre spécifique sur
concernant. www.monde-diplomatique.fr/cederom/commande_gc
RCS Paris B 400 064 291
CD04
.....
.....
.....
.....
.....
.....
Le tournant
un ordinateur
3 230 et un écran
de l’anthropocène
Couper une forêt
de 100 m2
(séquestration annuelle
de CO2 retranchée)
3 500
Puisant sans relâche dans epuis le début de l’ère indus- du fait que les sociétés industrielles ont
les matières premières trielle, l’activité humaine a émis brûlé des stocks gigantesques de char-
dans l’atmosphère un excédent bon et de pétrole, énergies fossiles qui
offertes par la nature, l’être de 200 milliards de tonnes de ont mis cinq cents millions d’années à se
humain est devenu une dioxyde de carbone. La concentration constituer. Pendant la seule année 2004,
puissance capable d’interférer mondiale de CO2 approche désormais
Propositionles; sélectionner
activités humaines ont émis
quelques 49 mil-
unes
des 385 parties par million (ppm), liards de tonnes de gaz
de ces bulles et les disperser sur la double à effet de serre,
page
dans les grands cycles niveau jamais atteint depuis huit cent dont 26 milliards d’origine fossile.
de la planète, de bouleverser (mises à l'échelle
mille ans. Durant l’ère préindustrielle, bien sûr)
Le système climatique s’en trouve
l’ordonnancement de la son niveau se situait autour de perturbé, abordant une phase
280 ppm, et ce jusqu’en 1850. nouvelle. Depuis le début
biosphère, de provoquer un Depuis 2000, l’accrois- de l’ère industrielle, nous
Faire fonctionner
réchauffement global sement annuel de CO2 une centrale électrique au sommes entrés dans
qui menace la civilisation. dépasse souvent 2 ppm/ charbon d’une puissance l’ère de l’anthropo-
de 1 000 mégawatts
an, contre 1,5 ppm/an pendant une minute cène, caractérisée par
dans les années 1980 et une intervention mas-
9 665
Emissions issues moins de 1 ppm/an dans sive de l’humanité sur
de 1 tonne de déchets
papier mis en décharge la décennie 1960. les écosystèmes. Selon
1 470
sans être recyclés L’atmosphère contient le dernier rapport du
1 060 désormais près de 800 mil- Groupe intergouvernemen-
liards de tonnes de dioxyde de tal sur l’évolution du climat
carbone, soit deux fois plus de carbone (GIEC), si le réchauffement allait au-
135 Emissions issues
de 1 tonne de
qu’elle n’en recelait au cours de la der- delà d’une hausse de 2,5 à 3 °C,
Eclairer une maison déchets alimentaires nière grande glaciation, et un tiers de les puits de carbone végétaux
pendant un an mis en décharge plus que lors des précédentes ères inter- deviendraient des sources 490
dans les pays riches
glaciaires. Cet excédent de CO2 ne pro- nettes d’émissions de CO2, et
vient pas des cycles naturels : il résulte l’Amazonie se transformerait
Produire
1 tonne
Les combustibles fossiles, principale source d’émission de CO2 de farine
de blé
Royaume-
Uni Allemagne
Corée
Chine du Sud
Etats-Unis France
Japon
Italie
Espagne
Hongkong
Inde
Taïwan
es bulles
de cesetbulles
les disperser
rait
et les sur la double
un disperser
réchauffement
sur sup-page page
la double 5 500 par rapport à leur niveau de 1 740
chèvre
Proposition ; sélectionner q
370
plémentaire du climat de 1990. Cette baisse Proposition
découle ; sélectionner quelques unes ... d’un
es à(mises
l'échelle bien sûr)
à l'échelle bien sûr) de ces bulles et les disperse
mouton
plus de 1°C. Ce constat est de ces
en partie de la chute de 35bulles
% et les disperser sur la double page 320
lourd de menaces. des émissions des pays de l’Eu- (mises à l'échelle bien sûr)
Le 23 Proposition
juin 2008, devant; sélectionner
une quelques unesen pleine (mises
rope de l’Est,
à l'échelle bien sûr)
désindustria- 100 kWh d’électricité
commissiondeduces bullesaméricain,
et les disperser sur ladepuis
doublela finpage Faire pousser issue d’une centrale
Congrès le lisation du bloc soviétique, 1 hectare de blé à charbon. Estimation
climatologue (mises à l'échelle
de la NASA bien sûr) alors que les émissions des autres pays
James Hansen
3 020
haute
105
a lancé une mise en garde aux politiques, industrialisés ont augmenté de 11 % sur
sur le risque de voir la machine clima- cette même période. 80
Estimation basse
tique parvenue à un « dangereux Une course contre la montre est
730 point de bascule ». Selon lui, « les désormais engagée. Des mesures
éléments d’un cataclysme global » bien plus rigoureuses s’impo- Produire 1 tonne
de carton (non imprimé) Brûler
se réunissent : acidification des sent : recours massif aux éner- et la gérer comme déchet 1 tonne
Produire
1 tonne océans, fonte accélérée des pôles et des gies renouvelables, révision; et
Proposition 1 990
sélectionner quelques unes de pétrole brut
3 065
de sucre glaciers, risque d’extinction de plus de relocalisation des circuits de
de ces bulles et les disperserFaire
la moitié des espèces naturelles. Compte production, économies d’éner-
surfonctionner
la double page
un congélateur
tenu de l’inertie du carbone accu- (mises
gie fondée sur laà sobriété
l'échelledesbien
com-sûr) américainpendant un an
mulé dans l’atmosphère, les portements de consommation, Emissions par passager
Effectuer un vol
émissions anthropiques doi- Propositiontaxation
aller-retour ; sélectionner
du carbone,quelques
mise aux unes Faire fonctionner sur un vol longue distance
vent impérativement être pla- Paris-New York
de ces bullesenchères des quotassur
et les disperser de laCO ,
double
2 page
un congélateur Parcourir
(émissions moyennes européen 1 000 km
fonnées à 350 ppm. intégrité environnementale
(mises à l'échelle bien sûr)de Kyoto. Les en 1 classere
par passager) pendant un an ... en classe
C’est à ce prix-là qu’on 3 670 des mécanismes aérienne
770
affaires
510
peut envisager la stabilisa- prochaines négociations clima- ... en classe
220
tion des glaces arctiques et évi- tiques, à Copenhague (Danemark) économique
ter l’élévation de 2 mètres du niveau en 2009, auront pour mission de don-
des mers à la fin de ce siècle. Reste à ner au régime de Kyoto un souffle Traiter 1 m d’eaux
3
L’Asie, très dépendante de l’énergie primaire Besoins en Quand les pays pauvres
énergie primaire
rattraperont les pays riches
Milliards de tonnes
équivalent pétrole Emissions de CO
4 ²
Chine Milliards de tonnes
et Inde 20
3
16
Amérique Pays
du Nord de l’OCDE 1
2030 2
12
2005
1
Europe Economies 8 Pays en voie
de l’Ouest en transition Autres pays
d'Asie de développement
Proche- 0
Orient 4
Japon,
Australie et
Nouvelle-Zélande
0
Amérique 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030
Afrique
latine
1. Organisation de coopération et de développe-
ment économiques.
Source : Agence internationale de l’énergie, 2007. Source : Agence internationale de l’énergie, 2007.
0 0 Charbon
0 1 2 3 4 5 6 7 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004
Cumul de la population, en milliards 1. Economies d’énergie
Source : « Développement, énergie, environnement :
Source : Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat, quatrième rapport de synthèse sur les changements changer de paradigme », Cahiers de Global Chance,
climatiques, résumé à l’intention des décideurs du troisième groupe de travail, 2007. n° 21, mai 2006.
3,5 OCÉAN
2 000 Charbon ATLANTIQUE
3,0 Autres pays
2,5
1 500 (Explosion des
demandes chinoise
2,0
et indienne
Nucléaire en électricité) Amérique centrale
1 000 Gaz naturel 1,5 et latine
1,0 Pays de
500 Energies 0,5 l’OCDE 1
renouvelables 1. Organisation de coopération
Pétrole 0,0 et de développement économiques.
0
1980 1990 2000 2010 2020 2030 Sources : BP, « Statistical review of world energy 2008 »; US Energy
1980 1990 2000 2010 2020 2030
Information Administration, « System for the analysis of global energy
Source : US Energy Information Administration, Source : US Energy Information Administration, markets », 2007 ; World Energy Council, « Survey of energy resources 2004 » ;
Annual Energy Outlook 2008. International Energy Outlook 2008. Coaltrans World Coal Map 2005 ; Agence internationale de l'énergie, 2008.
40
20 Etats-Unis
(Appalaches)
1 500 0
E
Réserves de charbon fin 2007 1987 1990 1995 2000 2007
Milliards de tonnes Sources : BP, « Statistical review of world energy 2008 » ;
McCloskey Coal Information Service ; Platts.
300
1 000
AFRIQUE
200 Sur la Toile
DU SUD
100
g World Coal Institute :
www.worldcoal.org
500
Principaux bassins de production g « Statistical Review
Lignite et charbon subbitumineux 20 of World Energy 2008 » :
y www.bp.com/productlanding.do?categ
Anthracite et charbon bitumineux
rgy oryId=6848&contentId=7033471
es 2004 » ; (coke, steam coal) 0
e, 2008.
������
������ �������� ��������
���
�������� ����������
������ �����������
���������� �����������
����� ������������ �����
����
����� ������� ����
���������� ����� ������
������� �����
������ ���� ������
������� ���������
����� ���������
������� �������
�������� ������
��������� ������ ����
������� ������
��������� ����
�������� ��������
�������� ������� �����
����������� �����
����� �������� ������
��������� �����
������ �������� ���������
�����
������
���������
�����
����������������������������� ������
��������������������������� ���������
��������������������������
������������������ ������������������������������������
� ����� ����� ����� ������ ��������� ��������� �������������������������������
������� ���
������� ���� �����
���� ����
���������� ���
������� ����
��� ����� ��
���� ����������
���� �� �����������
������
� � �� �� �� �� �� �� ��
��
��������� ����������
����� ���������� �����������
�������� ���� �� ������ �������
���� ������ �����������
����� ����
��� ����
������� ��
����� ��������
���� �
���� ���� ���� ���� ���� ����
������������������������������������������������������ ����������
��������������������������������������������������������������������������������������������������������������� ����������������������������������������������������
�����������������������
����������������������� ���������������������������
�������
��������������� ���������
���������������� ����
����������������� ������������
������������� ���������������������������������������� �����������������
������������ �������
��� � � �
�� ��
������� �������
�� �
�� ��
���������
�� ��������������� ��
������������� �����������
������������������� �� �������������� ��
���������� �������
���������� ���������������
�� ������ ������ ��
�������������
� ��
����� � �
��������� ������������ ������ ��� ������� ��������
����������
��������������������������������������� ������������� �������� ���������� �������� �������� ����������
��������������������� ��������������� ��������������������������������������������������������
������������ ��������������������� �����������������������������������������������������������������������������������������������
Le nucléaire en débat
L’énergie nucléaire civile ’histoire de l’énergie nucléaire nouveau favorables au développement
a connu son grand essor est l’histoire d’un boom, puis du nucléaire : après plus de vingt ans
d’une crise profonde. Il avait d’accalmie, les indicateurs sur le pétrole
au lendemain du choc fallu auparavant vingt ans pour sont au rouge, notamment avec un baril
pétrolier de 1973-1974. construire les premiers pilotes indus- qui a frisé les 150 dollars en juillet 2008,
Ce développement fut triels, et la hausse des prix du pétrole même si depuis ce prix a considérable-
des années 1970 semblait confirmer les ment reflué.
interrompu dans la plupart sombres prédictions du Club de Rome Mais, surtout, les perspectives du
des pays, à la suite sur la raréfaction des énergies fossiles. nucléaire ont été modifiées en profon-
des accidents de Three Mile C’est dans ce contexte d’anticipa- deur, au fur et à mesure que se précisait
tion de la pénurie de pétrole que furent le danger du changement climatique : si
Island en 1979, puis de déclenchés les grands programmes l’on souhaite vraiment limiter la hausse
Tchernobyl en 1986. Mais qui permettent au nucléaire de repré- de la température moyenne à 2 °C par
cette pause n’est-elle pas senter, en 2008, 20 % de l’électricité rapport à la période préindustrielle, alors
produite dans le monde, mais 30 % au il faut viser une division par deux des
en train de prendre fin ? Japon, 54 % en Belgique et 76,9 % en émissions mondiales de gaz à effet de
France. Les conditions semblent de serre d’ici à 2050.
Sous ces contraintes, même avec des
��������������������������������������� hypothèses extrêmement optimistes sur
les technologies dites « de capture et de
stockage du CO2 » (CSC), la consom-
mation acceptable d’énergies fossiles
du monde en 2050 sera très limitée. Et
les calculs sont rapidement faits : sup-
posons qu’en 2050 le taux de CSC attei-
gne 50 % des consommations totales
de fossiles, alors la division par deux
des émissions impliquera que l’on ne
pourra pas consommer plus de fossiles
qu’en 1990. Or on sait que la demande
mondiale d’énergie devrait entre-temps
�������������������������� au moins doubler : il y a donc un écart
������������������������������������ considérable entre la demande poten-
�������������������������� ����������� ��������������� tielle et l’offre acceptable en termes
����������������� �������������� �����������������
��������������������������� ������� d’environnement global…
���������������������� ���������������� ������������������ ���������������
DES DANGERS BIEN IDENTIFIÉS
���������������������
Pour résoudre cette difficile équation, les
solutions, outre la capture et le stockage
du CO2 déjà cités, ne sont pas légion :
il y a d’abord l’efficacité énergétique,
qui jouera sans doute le premier rôle,
puis les énergies renouvelables, et enfin
le nucléaire. Tout porte à penser qu’un
avenir énergétique durable supposera la
mise en œuvre de ces options.
Dans quelles proportions ? C’est
toute la question. Si les renouvelables
ont leurs limites, le nucléaire ne consti-
tue certainement pas une solution mira-
�������������������������������������������������� cle, et ses dangers sont bien identifiés :
��������������������
������������ ������������
irradiation des travailleurs ou des popu-
���������������������� ������������ �������������� lations voisines en cas de fonctionne-
������������������������
������������������������ �������������� ����������������������������������������� ment anormal des installations ; acci-
dents entraînant des fuites importantes
����������
���������� ������
������
������
���������
������
�����
������
��������������
��������
������ ����������
������
���������
������
����������������
������������������������
���������������������������������������������������
�����������������������������������������
�������������������������������
������������������������������������ �����������������������������������������������������
�������������������������������� ������������������
� �������������������������������������������������
����������������������������������������������
� ���������������
�
����������������������������������������������������������������
� ���������������������������� �����������������������������������������������������������
������������������������������� ����������������������������������������������������������
� ����������������������������������� ���������
Entre 2006 et 2007, es principaux groupes énergé- tent qu’une petite partie de l’activité
tiques et financiers mondiaux des multinationales. Pour des raisons
l’investissement mondial dans
s’emparent progressivement du de stratégie globale, celles-ci peuvent
les énergies renouvelables secteur des énergies renouvela- décider de diminuer les investissements
est passé de 100 bles (ER). Ces acteurs, attirés par un taux dans une filière et de les augmenter dans
de rentabilité élevé, sont d’autant mieux une autre. Qui peut prédire quelle place
à 148 milliards de dollars.
accueillis que les ER deviennent très ces entreprises accorderont à ces éner-
gourmandes en capitaux. A titre d’exem- gies dans un marché entièrement ouvert
��������
ple, il faut 30 millions d’euros en 2008 à la ������� concurrence ou lorsque les tarifs�������
pour construire une centrale éolienne de d’achat �������réglementés auront pris fin ?
20 mégawatts. Mais cette concentration Tout ���������������
dépendra alors de la demande en
�������� n’a pas que des avantages.
��������
�������
�������
���������
électricité
�������
����������
« verte
��������������� », produite par les
�����
��������
Elle entraîne tout d’abord l’applica-
�������
��������� ����������
renouvelables.
�������
�������
��������������� ���� �����
tion de la loi du plus fort. Les fabricants���������������� L’arrivée des ���������������
multinationales de
����
d’éoliennes préfèrent vendre 100 machi-���������������
l’énergie
�������� pose
��������� ���������� problème.
un troisième
����������������
������� �������qu’au
nes à un gros fournisseur d’électricité,
����������������� Il n’est pas rare ����� sein�����
d’un même
��������� ���������
par le biais d’un contrat cadre, que groupe se
������� côtoient �����des ER, réputées
����������������� ��������������� �������������
�������������
dix machines à dix clients moyens. ��������� « propres », et
����������������
������� des activités
��������� probléma-
������������� ����������������
Ces derniers, confrontés à la pénurie tiques d’un point de vue environnemen-
���������
����� �����
d’éoliennes en 2007 et 2008, devront�����������������tal, comme le nucléaire (Alstom,
����������������
��������� Areva,
��������� �����
�������
patienter quelques mois de plus… D’où General Electric, Suez
������������� ont tous investi
des retards de construction, sources dans les renouvelables) ou les hydrocar-
���������
����������������
����������������������� d’inégalités, dans certaines régions ou bures (Total ou ENI, par exemple). �����
�������������������������
����������������������� dans certains pays. Quatrièmement, les filières ER
�������������
������������������������� Deuxièmement, deviennent dépendantes des logiques
������������������
������������� les ER ne financières pures. Ainsi, quand l’éner-
����������������������� ������� représen- géticien ��������allemand RWE annonce la créa- ����������������
������������������ �������� ��������
������������������������� ���������������
������������� ��������
����������������������
������� ��������� ����������
����������������
��������������������� �������
������������������
����������������������
��������������������������
������� �����
��������
���������������������
��������������������������������
���������������
�������������������������� ��������������� ����
�������� ��������� ����������
���������������������������� ����������������
��������������������������������
������� ������� �����
����������������������
����������������������������
������������������
���������������������
������������������ ���� ����������������� �����
��������������������������
���������������
������������������ ���������
��� ���������������� ��������� �������
��������������������������������
������������������
�� ���������������������������� �������������
��� ���������
��
�����������������
�� ����� ����������������
���������� ������������������ ��������� �����
�� �������
������������������
�������������
� ����������������������������
��� ���������
�� ����������������
����������������������������
�� �����
�
�� ������������������������ �������������������������������
���� ����������������������������
������������
�����������������������
�������������������������
-3-Défis de l'énergie.indd 100 9/02/09 18:40:02
������� ������� �����
����������������� �����
��������� ��������������� �������������
�������
����������������
�������������
���������
����������������
�����
����������������� �����
��������� ���������
�������
�������������
���������
����������������
�����
������� �����
������ ������
������
�����������
�������� �����
������
���������� ������ ���������
���� �������
�������� ���������
����
�������
�����
������� ������
�����
�������
���������� �����
���������� ����� ��������
���
��������
��������� ������� �������������� ��������������������������������
����������� �����������������������������
��������
������� ��������
�������� �������
�������� ���������� ������������ �������
Controverses
������ �������� ���������
�������
�������
������
��������
������ �������
�������� ��������
�����
éoliennes
L’énergie éolienne connaît ’électricité représente environ différents : énergéticiens, acteurs écono-
un développement soutenu 16 % de l’énergie mondiale, et miques dans le premier cas, riverains de
c’est dans ce secteur largement parcs éoliens actifs ou en projet, natura-
– entre 20 % et 30 % dominé par le charbon et le gaz listes, protecteurs du patrimoine, chas-
de croissance annuelle – que l’énergie éolienne, une des sources seurs dans l’autre.
que bien des secteurs d’énergie renouvelable, trouve sa place. On considère souvent l’éolien, à
L’évolution des marchés et la maturité de l’instar de la plupart des énergies renou-
économiques lui envient. Mais cette filière jouent en faveur d’un déve- velables, comme irrémédiablement mar-
ces moulins à vent modernes loppement majeur de l’éolien pouvant ginal. Or son potentiel technique appa-
alimentent également atteindre – hypothèse haute – près de raît au contraire très élevé, de l’ordre de
30 % de l’approvisionnement électrique 39 000 térawattheures (TWh), soit plus
beaucoup de polémiques. mondial dès 2030, contre seulement 1 % du double de la consommation mondiale
Des nuisances sonores au aujourd’hui. d’électricité actuelle. D’après l’évalua-
surcoût représenté par cette Bien que largement plébiscité par tion des industriels, son potentiel réel-
l’opinion publique, l’éolien déclenche lement mobilisable, quant à lui, va de
filière, les arguments de ses deux types de polémiques à propos des 1 500 à 8 000 TWh, selon le rythme de
opposants sont pourtant peu aspects technico-économiques (poten- développement. La part de l’éolien dans
convaincants. tiel réel, efficacité économique, utilité le bilan énergétique dépendra aussi du
énergétique) d’une part, et des questions niveau de consommation atteint. L’hy-
d’environnement de l’autre. Elles sont pothèse médiane de 5 000 TWh d’élec-
généralement formulées par des acteurs tricité éolienne en 2050 représenterait
la distribution, la commercialisation et
les taxes représentent plus de 70 % de électriques). Les associations de pro- son développement, d’autres trouvent
la facture réelle. tection des oiseaux ont d’ailleurs, dans leur source dans la manière de le mettre
Une des principales critiques émises leur majorité, développé des stratégies en œuvre. Si la multiplication des fer-
par les riverains porte sur le bruit : une d’accompagnement – plutôt que d’op- mes éoliennes paraît incontournable et
ferme éolienne n’est effectivement pas position – à l’installation de fermes nécessaire, nous avons tout à gagner
silencieuse. Cependant, à une distance éoliennes. à ce qu’elle se réalise dans des condi-
de 300 mètres, le niveau sonore atteint De surcroît, la question complexe tions optimales de respect des territoires
45 décibels, soit l’équivalent d’une de l’impact sur les paysages varie d’une et d’appropriation des projets par les
ambiance de bureau ordinaire. Les pre- région à l’autre. En dépit de quelques citoyens. ●
mières habitations se situant générale- aménagements techniques (couleur des
ment à plus de 500 mètres du fait des pylônes, disposition des machines en �����������������
réglementations, la pollution sonore fonction du terrain), la multiplication
apparaît toute relative, mais reste un des parcs éoliens doit être précédée de �����������������������
������ �
paramètre à ne pas négliger lors des débats publics utilisant des simulations ��� ����������������
implantations. De même, en dépit des visuelles.
craintes concernant la perturbation de En conclusion, si certaines contro- ��� ����������������
�������
l’habitat ou des trajectoires de migra- verses fondées sur une mécon-
tion des oiseaux, les études scientifiques naissance des réalités de ��� ����������������
�����������
concluent à une mortalité relativement l’éolien tendent à
faible en comparaison d’autres infras- disparaître �� ������
tructures (autoroutes, immeubles, lignes avec �������������
��
Iran 80 80
Syrie Irak
Liban 60 60
Afghanistan
Israël
40 40
Palestine
20 20
Jordanie Koweït
Golfe 0 0
Pakistan 1980 1995 2005 1980 1995 2005
Bahreïn
120 120
Egypte Koweït Qatar
Emirats
100 100
Qatar arabes
unis 80 80
Arabie
saoudite 60 60
Mer
40 40
Rouge Oman
20 20
Mer 0 0
d’Oman 1980 1995 2005 1980 1995 2005
Erythrée
Yémen 120 120
Arabie Emirats
saoudite arabes unis
Djibouti 100 100
Soudan
Somaliland Puntland 80 80
Ethiopie
60 60
0 500 1 000 km
go 40 40
20 20
Somalie NB : l’Iran n’est pas un Etat arabe
mais joue un rôle prépondérant dans la région. 0 0
Sources : BP Statistical Review, 2008 ; département économique 1980 1995 2005 1980 1995 2005
et social de l’organisation des Nations unies, 2005-2008. Source : Banque mondiale, 2008.
La multiplication du nombre d’émi- Il est affligeant de constater que les Incontestablement, le pétrole aura
grés arabes attirés dans les pays de la pays arabes dotés de ressources pétro- contribué au malheur arabe et, vraisem-
péninsule, du travailleur non qualifié au lières – à l’exception de la péninsule, blablement, iranien. La combinaison
cadre de banque ou de haute administra- à faible démographie – se retrouvent de ces facteurs historiques, anciens et
tion, facilite cette évolution. Ils échap- aussi pauvres, sinon plus pauvres, récents, caractéristiques de la région, a
pent à la misère et au chômage de leur qu’au début des années 1970 : ainsi, fermé les portes d’un devenir évoluant
pays, mais, une fois rentrés chez eux, ils l’Algérie, la Libye, l’Irak, mais aussi vers l’apaisement et la normalité des
reproduisent les habitudes de consom- l’Egypte, le Soudan, le Yémen et la sociétés arabes dans leur environnement
mation et la culture puritaine religieuse Syrie, pays dotés de ressources éner- direct, occidental et oriental. ●
acquises au cours de leur séjour. Pour gétiques en quantités modérées. Les
certains pays exportateurs de main-
d’œuvre, mais surtout de cerveaux ou de
autres grands exportateurs de pétrole
de la péninsule se regroupent dans un
Sur la Toile
techniciens qualifiés, on assiste à la dis- « club de riches », le Conseil de coo- g Organisation des pays arabes
exportateurs de pétrole (Oapec) :
parition de larges pans des élites locales pération du Golfe (CCG), qui prospère www.oapecorg.org
et de la classe moyenne. Cela constitue à l’ombre de la présence militaire amé-
une perte économique importante et faci- ricaine et n’empêche pas les conflits g The Gulf 2000 Project (Columbia
University) : http://gulf2000.
lite le maintien des formes autoritaires et interarabes, nombreux depuis l’avène- columbia.edu/maps.shtml
autocratiques de pouvoir. ment du pétrole.
RUSSIE ET
ASIE CENTRALE
EUROPE
PAYS DU GOLFE ET
PROCHE-ORIENT
ASIE
UE
AUSTRALIE
du prix du pétrole risquait – jusqu’à à annoncer des coupes claires dans les place d’autres politiques que les pro-
l’été 2008 – d’augmenter la dépen- secteurs sociaux : elle a aussi poussé grammes de libéralisation économique
dance des pays africains à l’égard des des entreprises multinationales à révéler adoptés jusqu’à maintenant, afin de pro-
marchés volatils de matières premières. le gel de certains investissements déjà mouvoir la diversification des produc-
La baisse du prix du pétrole intervenue annoncés pour la prospection et le raffi- tions africaines et de permettre ainsi à
dans les derniers mois de 2008 n’a pas nage des ressources pétrolières en Afri- la richesse pétrolière d’enclencher une
seulement contraint des gouvernements que. Pour ne pas reproduire les erreurs dynamique de développement réel dans
comme ceux du Nigeria et de l’Angola du passé, il serait urgent de mettre en chaque pays producteur. l
40 � �
���� ���� ���� ���� ���� ����
Eolien
� �
30 Biomasse ������� �����
� �
20 Géothermie � �
Déchets
10 Fossile � �
Nucléaire
Hydraulique � �
0
� �
-5 ���� ���� ���� ���� ���� ����
Source : « La production d’électricité d’origine renouvelable dans le monde »,
neuvième inventaire, Observ’Er-EDF, 2008. ������������������������������������������������������������������������������
énergies renouvelables :
– un accès au courant indépendant et
décentralisé (plutôt qu’une concentra- Union européenne en 2006
tion sur les sites internationaux réputés Toutes ces usines de production d’électricité fonctionnent au charbon.
« économiques », comme la « ceinture
de soleil » du globe terrestre) ; Source : Fonds mondial pour la nature, 0 300 km
« Dirty thirty ranking of the most polluting power stations in Europe », mai 2007.
– la décentralisation politique, préfé-
rée aux institutions internationales et à
l’ « harmonisation du marché » ;
– des investissements autonomes ����������������������������������
(plutôt qu’étatiques), orientés par l’ob- ��������������� ����������������� ���������
jectif strict d’économie énergétique. ● ����������
�������������
������� ������
Sur la Toile ������ ��������
������ ��������������
g World Council for Renewable Energy : ������ ������ �������
www.wcre.org
���������
g The European Association for ������
Renewable Energy : www.eurosolar.org ��������
������������ ��������
g Ministère de l’environnement �����������������
allemand en anglais : ������������������������������������������������������������������������������
www.bmu.de/english �����������������������������������������
��� ���������
����
des gazoducs
������
�������
�������������
��������� ����������
������������� �������
��������������������������������� ��������
�
��
��
��������
��
����������������
��
�
����������������������� ������� �����������
��
��� ������
�������� ������� �����
���
�����������������
������������������� ������� ������ �
��������������� ��
������������������ ��
�������� ������ ��
���������������������� �������� �������� ���
������������������� ������� ��� �������� ��������
��������
����������������
������������� ����� �����
�������������� ��� ������
�������� �����������
����������������������
��������� ����������
��������������������� �������� ������� ����
���������������� ����
���� �����������������������
������������������������
��������� �������
����������������� ������
�������������� ������
�������� �������� �������� ���
���������������� ������
��������
������� �������� ���������
���������������� ������������
��������� �������� �������
��� ������� �������
������������ ������
���� ������
���
���
�����
������������ ����� ��������
������������ ��������
���
������� ����� ������ �����������
�������� �� ������� �������
��
������
����� �������
�� ����
�����
����������
�������
�����
������� ����� ������������������������������
������������������������������ ������������������������������
���������������������������������� ������
������� ���� ������������
������������������������������������������
�������������������������������������
����������������������������������������
������������������������������������������
���������������������������������������������� � ��� ��������
������������������������ ����� ������
Asie Philippines
centrale
Bangladesh Laos
Népal
Timor-Leste
Birmanie
Colombie Géorgie Afghanistan
Ex-Yougoslavie Turquie Azerb.
Indonésie
Chypre Syrie Inde
Pakistan Séquelles du
Liban Irak tsunami de 2004
Algérie Sri Lanka
Région Israël-Palestine
Pérou amazonienne
Sahel Soudan Yémen Situation à la fin de l’année 2007
Erythrée
Nombre inconnu de personnes déplacées à la suite de
Guinée Tchad Somalie catastrophes naturelles, du dérèglement climatique ou en
Ethiopie raison du développement de grands projets hydrauliques,
Liberia Côte industriels ou agricoles
Sources : Annuaire statistique 2006 d’Ivoire Nigeria Centrafrique
et unité d’enregistrement et des Ouganda
Nombre de déplacés inconnu mais significatif,
statistiques du Haut-Commissariat Rwanda Kenya entre quelques milliers et plusieurs millions
des Nations unies pour les réfugiés ; Revenu national brut
Internal Displacement Monitoring en parité de pouvoir d’achat Rép. dém. Burundi Nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre
Centre, Norwegian Refugee Council ; du Congo pays à la suite de conflits. La moitié bénéficie de la protec-
base de données en ligne de la Banque Supérieur à 10 000 dollars tion et de l’assistance du Haut-Commissariat des Nations
mondiale ; United States Human Angola Zimbabwe unies pour les réfugiés, agissant dans ce cas à la demande
Rights Network. Inférieur à 10 000 dollars de l’Organisation des Nations unies
Iles Baléares
ESPAGNE
(Espagne) Mer
Méditerranée
Océan PORTUGAL
Atlantique
Bizerte Tunis
Alger Annaba
Constantine
Sousse
Tanger Tétouan Oran Sétif
Rabat Oujda Batna Monastir
Kénitra Blida
Sfax
Casablanca Kairouan
Fès
Médenine
Meknès
Safi TUNISIE
Marrakech
Agadir
MAROC
Iles Canaries
ALGÉRIE
(Espagne)
LIBYE
0 200 400 600 km
Zones désertiques
Zones très vulnérables
à la désertification MALI
Zones modérément vulnérables
à la désertification
Conditions pédologiques normales Agglomérations NIGER
Population des villes de plus
de 250 000 habitants
Territoires berbérophones
3 500 000
Attaques terroristes attribuées à Population immigrée dans les années 2000
Al-Qaida depuis 2001
1 000 000 725 000 Marocains
Zones d’extraction pétrolière ou gazière 250 000 250 000 Algériens
Principaux oléoducs ou gazoducs 15 000 Tunisien
Sources : Udesa, « International migration in the Arab region : Trends and policies », 2006 ; Euro-Mediterranean Consortium for Applied Research on International Migration,
base de données en ligne, 2007 ; Plan bleu, Environnement et développement durable en Méditerranée, 2008.
Vers l’autonomie
De multiples définitions pour un seul territoire
MAROC
MARO
ROCC
Tan-Tan ALGÉRIE
Iles Mur et point de passage
Tindouf
Canaries
Territoire marocain
(Espagne) El-Ayoun Haouza Farciya
selon les Nations unies
Smara
Territoire occupé
Boujdour Boukraa Tifariti par le Maroc
Territoire administré
Y a-t-il une ligne, dans le sable, qui
par le Maroc
Gueltat Zemmour sépare le Maroc du Sahara occidental ?
SAHARA OUI ! ... « Il y a bien une ligne que les Sahraouis Territoire annexé
ne peuvent pas traverser à moins qu’ils par le Maroc
OCCIDENTAL n’acceptent de devenir marocains ! »
Kamel Fadel, représentant du Front Polisario Ex-Sahara espagnol
Dakhla Baggari
Mijek en Australie.
Imilili
NON ! ... « La meilleure cartographie du monde Territoire récemment rattaché
ne peut pas nier d’un trait, même tireté, au royaume du Maroc
Aousserd
la lutte légitime du peuple marocain
pour le parachèvement de son unité territoriale ! » Territoire en attente du
Un professeur de l’université de Casablanca référendum d'autodétermination
Techla Zoug depuis 1975
Mohammed VI, roi du Maroc, tranche dans un
Bou Lanouar entretien accordé au Figaro en septembre 2001 : Territoire toujours inscrit sur la
Nouadhibou « J’ai réglé la question du Sahara occidental, qui liste des territoires colonisés
MAURITANIE nous empoisonne depuis vingt-cinq ans. » publiée par les Nations unies
La recherche d’une solution lger et Rabat continuent de Washington, pour sa part, perçoit la
au conflit saharien, vieux nourrir le projet de dominer bande sahélo-saharienne, mal contrôlée
la région en s’affaiblissant par les Etats de la région, comme une
de trente-trois ans, prend mutuellement, mais aucun possible base arrière pour Al-Qaida,
un tour nouveau avec l’appui des deux protagonistes n’est en mesure allié depuis janvier 2007 à l’ex-Groupe
du représentant du secrétaire d’imposer sa solution. Si l’autonomie salafiste pour la prédication et le combat,
du Sahara (appuyée par les Etats-Unis, renommé Al-Qaida au Maghreb islami-
général de l’Organisation la France et l’ONU) semble constituer que (AQMI). Ce sentiment, les classes
des Nations unies au projet la sortie de crise la plus probable, elle dirigeantes du Maghreb le partagent :
d’autonomie proposé par confronterait le Maroc à une révision de elles mettent en avant les connexions
sa Constitution. entre Sahraouis du Front Polisario, Toua-
Rabat depuis le début Plus décentralisée, la nouvelle archi- regs et éléments de l’AQMI.
des années 2000. Le Front tecture institutionnelle affecterait une Mais, au-delà des programmes de
Polisario et son tuteur algérien monarchie qui « s’est construit une fonc- lutte contre le terrorisme mis en place
tion de gardienne de l’unité nationale et dès 2002 par les Etats-Unis, chacun des
continuent de revendiquer de l’islam marocain tout en centralisant Etats concernés pourrait être tenté d’uti-
l’autodétermination, assimilée son pouvoir » (Malika Zeghal, politolo- liser l’opacité ambiante, la porosité des
à l’indépendance gue). Un nouveau pacte serait établi avec frontières et le manque de cloisonnement
les Sahraouis, dotés d’une Assemblée entre trafiquants, commerçants et plus
des Sahraouis. dont la composition devrait être suffi- récemment salafistes, pour se débarras-
samment légitime et représentative pour ser de ses ennemis – l’AQMI pour Alger
négocier avec Rabat les limites du pou- ou le Front Polisario pour Rabat.
voir régional. Cette autonomie pourrait Les observateurs s’inquiètent aussi
susciter des revendications de la part des manifestations de jeunes Sahraouis,
d’autres régions, produisant une frag- qui se sont multipliées depuis 2005 dans
mentation du pouvoir central. les principales villes du Sahara occiden-
REVENDICATIONS CITOYENNES
D’autres changements ont stimulé leur Rabat
mobilisation : l’ouverture relative du Algérie Algérie Algérie
Casablanca
système politique a permis, dans les
Sahara
années 1990, l’émergence de la société occidental
civile et des revendications en matière
Mauritanie Mauritanie Mauritanie Er Rachida
de droits de la personne ; la presse dite
« indépendante », sans être proche du Marrakech
Front Polisario, a publié notamment Le Maroc Le Maroc Le Maroc ALG
une interview de son leader, Mohamed selon selon selon une
le Maroc l’Organisation non-représentation
Abdelaziz : ce traitement nouveau d’une des Nations unies Agadir
question exclusivement gérée jusque-là
par le roi et son ministre de l’intérieur a Tiznit
provoqué un débat public et une volonté Sidi Ifni
de comprendre les enjeux de ce conflit. Recolonisation
Reco
olonisation d’u
d’une
une ancienne
n colonie MAROC
Enfin et surtout, le pouvoir marocain,
Tan Tan ALGÉRIE
en voulant bâtir une cause nationale fon- Tan-Tan
Zag
dée sur la réparation matérielle et morale Tarfaya
Iles
Il Tindouf
Tindouf
de l’injustice causée lors des « années Canaries
Canaaries Haoouzza
Haouza Farciya
Farci
Fa ciyaa
de plomb », a heurté les Sahraouis : (Espagne)
(Espaggne) El-Ayoun
El-Ayou
l-Ayoun
ceux-ci furent sous-représentés dans Smara
Sm
marra
les auditions des victimes des différents Boukraa
Booukkraa
Boujdour Tifariti
épisodes de violence, dont ils ne consti-
tuèrent que 2 % alors que plus de 23 % Océan Bases militaires du Front Polisario
de l’ensemble des demandes provenaient Atlantique Gueltat
eltatt Zemmour
Guel Zem
mmoourr Présence de l’Organisation des Nations unies
des trois régions du Sahara occidental. SA
SAHARA
AHARRA
Bases militaires de l’armée marocaine
OCC
OCCIDENTAL
CID
DENT
ENTALL
Camps de réfugiés sahraouis
Sur la Toile Dakhla Baggari
Bagggaari Territoires contrôlés par le Maroc
Imilili Mijek Présence de mines
g Mission des Nations unies pour
l’organisation d’un référendum Histoire de l’édification des murs
au Sahara occidental (Minurso) : Aousserd
Aoussseerd
Aousse
A e
1980-1982 1984-1985
www.un.org/french/peace/peace/cu_ M
1983-1984 1985
mission/minurso/body_minursof.htm Techla
TTecchlaa
Zoug 1984 1987
g Sahara Press Service (presse sahraouie) : Sources : El País
País,
í , 2006 et 2007 ; Organisation
www.spsrasd.info/fr/main3.php Bou Lanouar des Nations unies, 2006 ; Haut-Commissariat
0 100 200 km des Nations unies pour les réfugiés, 2007.
Ach
CHYPRE SYRIE
(1960) LIBAN (1943)
France Irak (1943)
Liban Koweït Mer
Venezuela Europe Turquie Beyrouth Damas Bagdad
Méditerranée IRAN
ALGE- Chypre Syrie Bahreïn Tel-Aviv IRAK
Emirats Amman
arabes unis ISRAËL (1930)
Amérique Egypte ÉGYPTE (1922) (1948) TRANSJORDANIE
latine Arabie
Jordanie saoudite Mandat voté Koweït
Argentine par la Société Golfe
ARABIE KOWEÏT
LIBYE des nations (1961)
Puissances mandataires Mer SAOUDITE
L’émigration syrienne en 2005 QATAR
Rouge (1932)
(les données comprennent France Riyad (1971)
les migrations saisonnières) Royaume-Uni Possessions britanniques Ma
2 000 000
Autres territoires Sandjak d’Alexandrette,
de l’ex-Empire ottoman cédé à la Turquie en 1939
500 000 Principales destinations Territoire turc Royaume indépendant
100 000 de l’émigration syrienne Acquisitions turques selon le d’Abdelaziz Ibn Saoud
15 000 (en dehors du monde arabe) traité de Lausanne en 1923 (1942) Date d’indépendance
Source : The Euro-Mediterranean Consortium for Applied Research on TCHAD Source : Alain Gresh et Dominique Vidal,
International Migration, 2007. Les Cent Clés du Proche-Orient, 2006. 0 500 km
Sanaa
Darfour Socotra
124 L’ATLAS DU MONDE DIPLOMATIQUE SOUDAN
Sanaag (Yémen
DJIBOUT
Djibouti Berber
ÉTHIOPIE Hargeis Somaliland
Sool
-4-Conflits.indd 124 Addis-Abeba 9/02/09 22:33:09
Sud-Soudan
scène proche-orientale
tion du Hezbollah, et le général Michel Dans la foulée, l’Union européenne nor-
Sleimane, le chef de l’armée, est élu à malise ses relations avec la Syrie. Sur la Toile
la tête de l’Etat. Parallèlement, l’ouverture de négo- g Agence de presse arabe syrienne :
La direction syrienne ne cherche pas, ciations indirectes israélo-syriennes, www.sana.sy
contrairement à ce que veut faire croire sous l’égide de la Turquie, confirme g Guide de Syrie-sur-Web : www.mom.fr/
une propagande simpliste, à occuper de l’importance de Damas dans toute paix guides/syrie/syrie_c.htm
nouveau le Liban. La page ouverte par régionale. Ni les réserves de l’adminis-
l’entrée des troupes syriennes en 1976 tration finissante du président Bush ni le
g Centre for Syrian Studies (University
of St Andrews) : www.st-andrews.
est tournée. En revanche, le président raid israélien visant des « installations ac.uk/~wwwir/syrian/
Bachar Al-Assad ne peut accepter l’in- nucléaires » en Syrie en septembre 2007
clusion du Liban dans un « front » pro- ne mettent fin aux pourparlers, suspen- g Blog de Joshua Landis :
www.ou.edu/mideast/country/syria.htm
américain qui ferait de ce pays une base dus après l’offensive contre Gaza.
de déstabilisation pour son régime. Et il Ce « retour de la Syrie » sur la scène
veut éviter la signature d’une paix sépa- régionale demeure toutefois fragile. Les
rée entre Israël et le Liban qui le priverait dirigeants israéliens sont divisés sur leur début de 2009, et nul ne sait ce qui se
d’un atout important. approche des négociations avec Damas passerait s’il inculpait des dirigeants
L’accord de Doha brise l’isolement et notamment de leur obligation de se baasistes. Enfin, beaucoup dépendra de
syrien. Nicolas Sarkozy invite son homo- retirer sur les frontières du 4 juin 1967 et l’avenir des relations entre l’Iran et les
logue syrien à Paris au sommet sur la donc d’abandonner le Golan. Par ailleurs, Etats-Unis et donc du succès des ten-
Méditerranée le 13 juillet 2008. Quelques le tribunal international sur l’assassinat tatives de Barack Obama d’ouvrir un
semaines plus tard, il se rend à Damas. de Rafic Hariri doit se mettre en place au dialogue avec Téhéran. ●
L’ATLAS DU MONDEOMAN
DIPLOMATIQUE 125
GÉORGIE
Mer Noire
Azerbaidjan
Arménie
2 000
1 000
500
0
500 Américains
1 000
2003 2004 2005 2006 2007 2008
Sources : Iraq Body Count ; GlobalSecurity.
dément déstructurante poursuivie par – d’où une réorientation de la posture à profit l’affaiblissement de l’opposi-
les Etats-Unis, combinée aux efforts syrienne, combinant une distanciation tion armée (sunnite et sadriste) pour
de déstabilisation d’Al-Qaida en Irak. relative vis-à-vis de l’opposition armée négocier leurs revendications les plus
Elle transforma le conflit de multiples et un rapprochement prudent avec le légitimes, les forces américaines les
manières : la violence confessionnelle gouvernement irakien. Elle déclencha pourchassent jusque dans leurs derniers
a modifié en profondeur la structure de surtout une révision tardive de la poli- retranchements. Or ces adversaires ont
la société. La capitale et ses alentours tique des Etats-Unis, en faveur d’un prouvé à maintes reprises leur capacité
sont largement organisés, désormais, en déploiement de troupes supplémen- de survie et pourraient refaire surface
enclaves homogènes parfois séparées par taires pour protéger la population. La à mesure que la réduction programmée
des murs. Les civils des quartiers mixtes mise en œuvre de tactiques classiques de l’effort de guerre de Washington le
(souvent bourgeois), les fonctionnaires de contre-insurrection – en lieu et place permettra. ●
non partisans, les professionnels qua- des efforts de destruction de toute oppo-
lifiés et les familles hybrides ayant été sition – permit à son tour de rallier des
particulièrement ciblés, le pays en géné- groupes armés et des tribus sunnites Sur la Toile
ral et l’appareil étatique en particulier excédés par les pratiques hégémoniques g Crisis Group : www.crisisgroup.org/
ont été purgés des ressources humaines d’Al-Qaida. home/index.cfm?id=2436&l=1
indispensables à la reconstruction d’un Conçu pour restaurer le calme néces- g Institute for War and Peace Reporting :
Irak qui ne se réduirait pas à un ordre saire à la résolution des désaccords de www.iwpr.net/iraq_index1.html
milicien. fond, le renforcement du dispositif mili-
g United States Institute of Peace :
La guerre civile précipita aussi, taire de Washington a néanmoins failli www.usip.org/iraq
cependant, des évolutions positives. Elle à cet égard. En l’absence de progrès
encouragea une certaine convergence significatifs sur cet objectif politique, g The NGO Coordination Committee
in Iraq : www.ncciraq.org
de vues, au niveau régional, autour des les Etats-Unis ont favorisé des solutions
risques d’une désintégration de l’Irak d’ordre militaire. Plutôt que de mettre
Retour à la Cisjordanie
’offensive israélienne de l’hi- Le nouveau premier ministre ont gagné – plus ou moins aisément –
ver 2008 contre la bande de toutes les guerres. La première Intifada,
israélien acceptera-t-il
Gaza ressemble beaucoup à la à partir de 1988, a marqué une première
guerre du Liban de l’été 2006, le dialogue avec les Palestiniens rupture, qui a d’ailleurs conduit à la ten-
dont elle confirme les cinq leçons. La et le monde arabe ? Encore tative d’Oslo. Les offensives contre le
première, c’est la puissance de destruc- Liban et la bande de Gaza confirment
faudrait-il que Tel-Aviv tire
tion de l’armée d’Israël : sous couvert de que cette stratégie militaire a atteint ses
répondre aux tirs de Qassam, qui avaient vraiment les leçons limites. D’autant que le monde change
coûté la vie à 11 Israéliens en trois ans, de son offensive à Gaza. et que l’impunité n’aura peut-être qu’un
elle a tué 1 314 Palestiniens, dont plus temps…
de deux tiers de civils, en a blessé plus de Cinquième leçon, donc : pour garan-
5 000, a détruit 4 000 immeubles et en a tir son insertion dans un Proche-Orient
gravement endommagé 20 000… arabe, Israël devra passer de la politique
La deuxième, c’est l’incapacité voient ces terribles images (…) qui s’im- de la force à la force de la politique,
d’Israël, malgré des semaines de bom- priment dans leur esprit pour toujours : c’est-à-dire faire la paix avec ses voisins
bardements et le recours massif à des horrible Israël, abominable Israël, inhu- syriens, libanais, mais d’abord palesti-
armes interdites, à venir à bout de main Israël. Toute une génération qui va niens. Pour ces derniers, Hamas compris,
guérillas munies de roquettes. Affaibli nous haïr. C’est un prix considérable que les bases en sont connues : six décennies
militairement, le Hamas, comme hier nous serons contraints de payer bien de résolutions des Nations unies, les
le Hezbollah, reconstruira son arsenal. après que les résultats de cette guerre « paramètres » de William Clinton et les
D’autant qu’il ressort politiquement auront été oubliés. » On ne l’a pas assez quasi-accords de Taba de janvier 2001
grandi de l’épreuve, auréolé par sa résis- souligné : Washington, pour la première en dessinent les contours. La politique
tance. Au jour du cessez-le-feu, les deux fois depuis longtemps, n’a pas mis son proche-orientale prêtée à Barack Obama
mouvements parvenaient encore à tirer veto à une résolution du Conseil de sécu- pourrait offrir une chance.
des roquettes. rité qu’Israël redoutait… Retour à la rive occidentale du Jour-
La troisième, c’est la dégradation La quatrième, c’est le tournant qu’a dain, transformée en « archipel » par
sans précédent de la perception d’Israël pris l’histoire de ce conflit. Les diri- quarante-deux ans de colonisation et de
dans l’opinion mondiale. L’aîné des geants du mouvement sioniste puis de « processus de paix ». Seule une Cis-
pacifistes israéliens, Uri Avnery, l’a écrit l’Etat juif ont toujours misé sur la force jordanie d’un seul tenant, sans mur, ni
sans ambages : « Des millions de gens militaire pour imposer leur projet. Et ils colonie, ni route de contournement, avec
Jérusalem-Est pour capitale, pourra for-
mer, avec la bande de Gaza, un Etat pales-
Sur la Toile « Plomb fondu » tinien. Plus tard, il sera trop tard : bien
g « Haaretz » : que rejeté, actuellement, par la majorité
http://haaretz.com Gaza des deux peuples, l’Etat binational s’im-
posera alors comme solution, avec une
g B’Tselem : www.btselem.org La ville de Gaza et le
bascule démographique en vue…
nord de la bande ont
g Gush Shalom : www.gush-shalom.org été coupés du reste
des territoires. FENÊTRE D’OPPORTUNITÉ
Israël
Deir
Al-Balah Est-ce ce qu’Ehoud Olmert avait en tête,
Villes principales
Des Palestiniens, le 29 septembre 2008, lorsqu’il décla-
Camps de réfugiés
essentiellement Khan Younis rait : « Nous avons une fenêtre d’op-
Principales zones
Nombre de tués bombardées par portunité – un petit peu de temps avant
400 l’armée israélienne d’entrer dans une situation extrêmement
Rafah
200 Israéliens 5 km dangereuse – pour franchir une étape
Les victimes du conflit historique dans nos relations avec les
0
Palestiniens (…). Nous devons conclure
200 1 314 tués
un accord fondé sur notre retrait pres-
400
Egypte dont 904 civils que total, sinon total, des territoires. Un
600 certain pourcentage resterait dans nos
Israéliens
800 Palestiniens dont mains, mais nous devons donner aux
Palestiniens 410 enfants
1 000 13 tués, Palestiniens le même pourcentage – sans
2000 2002 2004 2006 2008
dont 10 soldats quoi il n’y aura pas de paix. [Et cela vaut
Offensive contre Gaza
Sources : B’Tselem ; ministère de l’intérieur israélien ; pour] Jérusalem. » Il y a, hélas, loin, des
Source : Palestinian Center for Human Rights, 2009.
Physicians for Human Rights ; Haaretz ; Maariv. paroles aux actes… ●
Pointe Arabbouna
Al-Yamoun
Qabatiya
Calanque
Arraba de Ganim Iles Ghor du Nord
Canal de Raba
Homesh
Deir Ile de
Al-Ghusun Grande Palestine
Ile
du Nord Silat Ad-Dahr Tubas
Tulkarem Anabta
Burqa
Asira Ash- Tammun
Cap Ibarah Shamaliya Cap Tammoun
Ile au Miel
Kafr Qaddoum
Qaddum Baie
Jayyous Naplouse d’Elon
Tell Iles du Jourdain
Kalkiliya Beit
Azzun Dajan Ile Fourik
Baie de Beita
Shomron Huwwara Canal d’Itamar
Archipel Deir Jamma’in Ile Aqraba
des Kalkiliya Istiya
Biddiya Ile
Île
Canal d’Ariel
Pointe Qabalan
Bruqin Salfit
Deir Ballout Qousra
Iles du Versant
Ile aux
Oliviers Canal d’Eli
Mer d’Israël Beit Rima Sinjil
IleÎleTourmous
Turmus
Deir Abou Ayya
Qibiya Mashaal Kobar Silwad
Cap Auja
Canal Ile Bir Zeit
Île
de Capitale
Talmon Jalazon At-Tayba Al-Auja
Ile
Autonomies palestiniennes partielles Bili’in Tayba
RAMALLAH
Autonomies palestiniennes totales Beitouniya Cap Dibwan
Ile
Réserves naturelles Iles ramalliotes de l’Est
occidentales Jéricho
Zones urbaines Ar-Ram
Qattana
Colonies israéliennes
Archipel Anata Cap Aqabat
Liaisons maritimes ramalliote Jaber
Aéroport Canal de Jérusalem Cap Elzariya
Abou Dis
Site historique
Iles
Côte protégée Battir Beit Sahour
Bethléem
Station balnéaire
Ile
Sainte
Plage Golfe Zaatara
d’Etzion Ile
Base nautique Sourif
Touqu’ Badiya
du Nord Océan Jordanique
Port de plaisance Beit Oummar Al-Arroub
Ile du Golfe de
Ile sous
Île-sous- Teqoa
Zone sous surveillance le Mur
le-Mur Camp
Tarqumiya
Tarqoumiya Halhul
Camping Sa’ir
Idna Arab
Ar-Rashayda Cap Rashayda
Damas 40
Occupation
israélienne de 20
Golan 1967 à 1985
Territoire conquis par 0
Israël en 1967, qui l’a Israël
annexé en1981 20
Tel-Aviv
Cisjordanie Contrôle militaire
syrien de 1976 à 2005 40
Civils libanais
Jérusalem Territoires
60 Hezbollah
palestiniens occupés Cessez-le-feu
Civils israéliens
Gaza Zone contrôlée par Soldats israéliens 13 août
Israël depuis 1985 80
ISRAËL
Zone placée sous la 12 19 7 13 24
50 km surveillance de l’ONU Juillet 2006 Août 2006
Sources : Nations unies, 2004 ; Alain Gresh et Dominique Sources : www.ariel-sharon-life-story.com ;
Vidal, Les Cent Clés du Proche-Orient, 2006. Human Rights Watch, 2007 ; www.reliefweb.com
signent un accord à Doha, sous l’égide Font également partie de l’opposition de Liban, les territoires palestiniens et l’Irak
du Qatar. Ce compromis rendra possible petites formations laïques et nationalistes constituent les épicentres –, la guerre
l’élection à la présidence de l’ancien arabes, comme le Mouvement du peuple froide entre les forces libanaises prend
chef de l’armée Michel Sleimane, ainsi de l’ancien député Najah Wakim ou le logiquement un tour religieux : le confes-
que de nouvelles négociations sur la for- Parti social national syrien (PSNS). sionnalisme politique a été institutionna-
mation d’un gouvernement d’union et la Même si certains courants sunnites lisé sous le mandat colonial français de
réforme de la loi électorale. soutiennent l’opposition, comme l’Or- 1920, et consacré lors de l’indépendance
Le « 14 mars » s’appuie pour l’es- ganisation populaire nassérienne du par le pacte national de 1943.
sentiel sur le Courant du futur sunnite député Oussama Saad à Saïda, l’émer- C’est ainsi que les conflits politi-
de Saad Hariri, sur le Parti socialiste gence d’un processus de guerre civile ques se traduisent par l’affron-
progressiste, druze, de Walid Joumblatt, confessionnelle, dont les chii- tement de blocs politico-
ainsi que sur deux formations chrétien- tes et les sunnites, comme communautaires.
nes maronites – les Phalanges de l’an- en Irak, seraient les Fermes Comme lors de la
de Chebaa
cien président Amine Gemayel et les principaux protago- Liban
Ram
guerre civile de
Mazraat
Forces libanaises de Samir Geagea. nistes, demeure un la Qafwah 1975, le Liban
L’opposition prend avant tout appui réel danger. Car, Al- Faskhul Mazraat se retrouve à la
Khajar Khallat Al- Zabdir
sur la communauté chiite (avec le Hez- si la lutte entre Maysat Gazalah croisée de plu-
An- Mughr
bollah et le mouvement Amal de Nabih le « 14 mars » et Nukhaylah Chebaa sieurs logiques
Berri) et, on l’a vu, sur une partie de la l’opposition reflète Yuval Banyas conflictuelles
Dan
communauté chrétienne maronite, par un conflit régional Mayan
prêtes à le faire
Dafna
l’entremise du mouvement aouniste. plus large – dont le Barukh Syrie éclater. l
Shehar
iryat Yashuv Zaura
Le nœud gordien des fermes de Chebaa emona
Station Israël
d’écoute
israélienne o
n
m
de
Fermes
Chebaa Her
Litani ts Territoire conquis en juin 1967
Al-Khajar on et annexé par Israël en 1981
Tyr n M
Kafer Kela D a Baniyas
Mer Majdal Shams Zone démilitarisée en mai 1974 et placée
Ed Aadeise sous le contrôle des Nations unies (Unidof)
Méditerranée Liban Markabe Metulla Ein Kinya
Hula Ramin Colonies israéliennes
Masada
Kyriat Buqata Villages syriens
Nakoura Alma Ash Mays Al-Jabah Shmoneh
Ayta Ash Frontière de 1923
Chab Yann Shab Aytarun
Yarun Yiftan Kuneitra Zone démilitarisée en juillet 1949
Hanita Zarit Rumaysh
Adamit Avivin Ligne du 4 juin 1967
Shetula Yiron
Dovev Baram Lac Houla Plateau Ligne de retrait des forces israéliennes au Liban
(marais)
du selon les propositions de l’envoyé spécial de l’ONU
Israël
Golan Syrie Terje Rød-Larsen au Conseil de sécurité (mai 2000)
Jourdain
Kyriat
Ata Lac de L’ATLAS DU MONDE DIPLOMATIQUE 131
Tibériade Tibériade
Afiq
KafrAreb
-4-Conflits.indd 131 9/02/09 19:57:36
Ces conflits qui persistent
Kars ARMÉNIE
Sivas Erevan AZERBAÏDJAN Bakou
Erzurum Haut-Karabakh TURKMÉNISTAN
TURQUIE Agri
Bingöl NAKHITCHEVAN
Malatya
Van (AZER.)
Diyarbakır Mer
Siirt Tabriz Caspienne
Mardin
Urfa
Yumurtalık
Alep
Sinjar Mossoul Erbil Mahabad
CHYPRE Koisinjaq
Bagdad
IRAN
0 200 km
FARYAB
Une profonde divergence nationale » à nouer des relations avec lui. BADGHIS
Après le 11-Septembre, sous la pression Qala-e-Nao AFGH
stratégique entre les membres
de Washington, Islamabad mit trois bases Herat Chakcha
de l’Organisation du traité à disposition pour bombarder l’Afghani-
de l’Atlantique nord stan, mais n’entra véritablement en scène HERAT GHOR
Territoire cédé
Termez par le Pakistan à la Chine,
Faizabad
DJAOZDJAN BALKH mais toujours revendiqué par l'Inde
2 Taluqan
Koundouz
Territoire administré
Cheberghan Mazar-e- 3 BADAKHCHAN TERRITOIRES par la Chine
Charif DU NORD et revendiqué par l’Inde
Maymana VALLÉE DE
En provenance LA SHAKSGAM
SAMAGAN Baghlan du Cachemire
FARYAB Glacier
SARI PUL 1
PROVINCE du Siachen
BADGHIS
NOURISTAN CA
la-e-Nao AFGHANISTAN BAMYAN Charikar
5
KOUNAR DE LA FRONTIÈRE
DU NORD-OUEST CH AKSAI CHIN
Bamyan 4 6 Asadabad
Bajuar
EM
Chakcharan Kaboul Jalalabad
IR
8 Passe E
9 de Khyber AZAD
DAY KUNDI Maydan Baraki 7 CACHEMIRE
GHOR 10
GHAZNI PAKTYA Khyber Peshawar Islamabad
Ghazni
Gardez Zones
KHOST tribales Rawalpindi INDE
(FATA)
Tarinkot Miran
Charana Shah
OUROUZGAN Waziristan nord
PAKTIKA
Front central :
ZABOUL Waziristan sud réseau Haqqani,
Tehrik-e-Taliban,
us
In d
Wana Al-Qaida
Qalat
chkargah Kandahar
Faisalabad Lahore
Zhob Présence militaire des Etats-Unis et
de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN)
PENDJAB
Chaman Bases et facilités américaines hors Afghanistan
Présence militaire des Etats-Unis
KANDAHAR et de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS)
tlej
Quetta Su
Multan Routes d’approvisionnement des forces de l’OTAN
MAND Portions dangereuses (attaques fréquentes des talibans)
PAKISTAN Route d’approvisionnement alternative pour le matériel non
militaire, depuis la mer Noire (accord de la Russie avec l’OTAN)
Dalbandin
Zones et villes « sécurisées » par la FIAS
Insurrection armée
Jacobabad
Principales zones d’action des combattants talibans
Front sud :
talibans, Production d’opium Les trois fronts de l’opposition armée
Al-Qaida (en 2007) Bases arrière des talibans
Tonnes (regroupement des combattants et camps d’entraînement)
BALOUTCHISTAN 5 000 Principaux attentats au Pakistan depuis juin 2007
SIND attribués à Al-Qaida et aux groupes radicaux
Principaux flux de combattants étrangers
MER D’OMAN Sources : Organisation du traité de l’Atlantique nord, Force internationale d’assistance à la sécurité, septembre 2008 ;
Karachi Afghanistan Opium Survey 2008, MCN-UNODC ; The Senlis Council ; « Troops in contact, airstrikes and civilian deaths
km in Afghanistan », Human Rights Watch, septembre 2008 ; Anthony H. Cordesman, « Losing the Afghan-Pakistan war.
The rising threat », Center for Strategic and International Studies, septembre 2008.
R
AFGHANISTAN Srinagar
E
FATA
Islamabad
Waziristan
TIBET
us
Ras Kambaran Lahore Su
Amritsar
Ind
tlej
(District de Chaigai) Simla
Cinq essais le 28 mai 1998
« Bus de l’amitié » Chandigarh
Désert de Kharan Quetta
Un essai le 30 mai 1998
N É PA L
New Delhi
an
G
us
Pokhran ge Lucknow
PAKISTAN Un essai, « Smiling Buddha »,
Ind
le 18 mai 1974
Trois essais le 11 mai 1998
Voir aussi les cartes p. 53 et 69. Deux essais le 18 mai 1998
Voie ferrée
Karachi
Site d’essai nucléaire Inde-Pakistan INDE
Missile positionné le long de la frontière Bhopal ada
Sir Creek Gandhinagar Narm
Exploitation de pétrole ou de gaz
Oléoduc ou gazoduc
Grand projet de gazoduc Sources : Jean-Luc Racine ; Geological Survey of
(en provenance de l’Iran et du Turkménistan) Pakistan, ministère du pétrole et des ressources
naturelles ; Energy Information Administration, US
Mouvements insurgés Attentats terroristes majeurs Department of Energy ; Joseph Cirincione, Jon
Wolfsthal et Miriam Rajkumar, Deadly Arsenals :
Territoires contestés Ligne de cessez-le-feu de 1949 Nuclear, Biological, and Chemical Threats, Carnegie
Endowment for International Peace, 2005 ; Asia Pacific
Liaison transfrontalière récente Energy Map et Energy Map of India, Petroleum
0 250 500 km Economist Ltd, 2002 ; ministère indien du pétrole et
Autre liaison importante Bombay du gaz naturel ; Nuclear Threat Initiative, 2006.
Détente compromise
entre l’Inde et le Pakistan
Après soixante ans de tensions uvert dès 1947, le premier Pour New Delhi, l’Azad Cachemire et les
et quatre guerres, l’Inde conflit indo-pakistanais partage Territoires du Nord sont « occupés par
de facto le Cachemire, ce que le Pakistan », lequel, pour sa part, définit
monte en puissance alors que confirme une deuxième guerre, l’Etat du Jammu-et-Cachemire comme
le Pakistan doit faire face aux en 1965. Une troisième guerre aboutit « occupé par l’Inde ». Enfin, pour New
forces de déstabilisation qu’il à la sécession du Bangladesh en 1971, Delhi, les terres transhimalayennes, un
mais ne résout rien au Cachemire, où la temps rattachées au royaume – l’Aksai
a encouragées. Les attentats population sous contrôle indien est de Chin et la vallée de la Shaksgam –, sont
de Bombay de novembre 2008 10 millions de personnes (recensement « occupées par la Chine ».
ont cherché à compromettre de 2001) dont 67 % sont musulmanes. A la fin de 1989 éclate au Cachemire
Pour le Pakistan, ce territoire aurait dû indien une insurrection, vite soutenue
le dialogue engagé entre lui revenir à l’heure de la partition et par Islamabad, qui préfère au Front de
les deux pays depuis 2004 reste « territoire contesté ». libération du Jammu-et-Cachemire le
pour calmer le jeu régional. L’Inde, en revanche, considère le rat- Hizbul Mujahideen, plus proche de ses
tachement du royaume, décidé par son positions. Face à la lourde répression
maharaja en 1947 et entériné par les élus indienne, le Pakistan infiltre au Cache-
du Cachemire en 1954, comme définitif. mire, après 1993, des combattants du
Birmanie,
sortie de
l’Empire
des Indes
en 1937
1948-1971
Inde
Pakistan depuis 1971
1858-1947 Birmanie Bangladesh
Sri Lanka
Empire des Indes (Inde britannique) Ceylan (nom adopté en mai 1972 )
250 70
200
65
150
60
100
55
50 A ces chiffres s’ajoutent les 23 000 personnes réfugiées Pakistan Inde Népal Bangladesh
en Inde entre janvier 2006 et septembre 2008. Maldives Sri Lanka Bhoutan
0
AVRIL M J J A S O N D JAN. F M A M J J A S O N D JAN. F M A M J J A
2006 2007 2008
Source : Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés , 2008. Indice de fécondité
Nombre d’enfants par femme
Loin de susciter des solidarités, le tsu- donc que par l’établissement d’un Etat
nami de décembre 2004 (35 000 morts, de droit, respectueux de la diversité. Or 3
1 million de sinistrés) engendre des le pays n’en prend guère le chemin : dans
conflits autour du partage de l’aide. Fin l’Est, le président Rajapakse a installé 2
rends ; opposants et témoins sont jugés g Centre pour les alternatives SRI
indésirables. En 2008, les Nations unies politiques : www.cpalanka.org LANKA
0,743
et les organisations non gouvernemen- g Données sur l’économie, MALDIVES MALAISIE
LAC
BALKHACH Qiqihar
Harbin
Urumqi MONGOLIE
KIRGHIZSTAN
MONGOLIE-
Kashi INTÉRIEURE Fushun
Shenyang
XINJIANG CORÉE
(TURKESTAN ORIENTAL) Pékin DU NORD
PAKISTAN
Tianjin
Taiyuan CORÉE
NINGXIA
DU SUD
Jinan
Qingdao
TIBET Lanzhou MER JAPON
(XIZANG) Xian Zhengzhou JAUNE
Nankin
Hefei
Shanghaï
NÉPAL Lhassa Chengdu Wuhan
Hangzhou MER DE CHINE
Chongqing ORIENTALE
BHOUTAN
Nanchang
Changsha ÎLES DIAOYU
INDE
Fuzhou (SENKAKU)
BANGLADESH
Kunming
GUANGXI TAÏWAN
Guangzhou
Canton
BIRMANIE Hongkong
VIETNAM Macao
Familles ethno-linguistiques
Sino-tibétaine Altaïque Austro-asiatique Zones très peu peuplées
Hans (Chinois) Mongols Môns et khmers
Violences politiques et luttes indépendantistes
Huis (Chinois musulmans) Toungouzes Indo-européenne
Tadjiks Migrations de populations hans et huis
Tibétains Ouïgours
Coréenne Limites du Tibet historique
Kadaïs (dont Thaïs et Zhuang) Kazakhs
Coréens
Miaos-Yaos Kirghizes Limites des régions autonomes
NB : familles ethno-linguistiques telles que reconnues et recensées par le gouvernement chinois. Voir aussi les cartes p. 53, 64 et 65 .
Source : Philippe Rekacewicz, « Une mosaïque d’ethnies », carte publiée dans Manière de voir, n° 85, « Jusqu’où ira la Chine? », février-mars 2006.
leur réunion – les militants pouvant se à brandir dans les meetings. Du côté du aucune allusion à l’indépendance du
retrouver dans l’opposition au pouvoir dalaï-lama et d’une partie des militants, territoire. Et que ces trois textes n’ont
central, qui ne respecte même pas ses l’affirmation de l’autonomie n’est que pas été votés par la Chine communiste,
propres textes sur l’autonomie. l’affichage policé d’une revendication comme on l’entend souvent, mais par
Même attitude au Tibet, où la lutte, d’indépendance qui n’ose pas dire son celle de Tchang Kaï-chek, autrement
relayée à l’extérieur par le dalaï-lama, nom, et qui porterait sur le Tibet histo- dit Taïwan. ●
est plus connue en Occident. Après une rique (deux fois plus important que la
période d’ouverture religieuse (de réou- région autonome du Tibet), soit envi- Sur la Toile
verture des temples) et de développe- ron 40 % de la superficie actuelle de
g Bureau national des statistiques
ment économique, les autorités chinoi- la Chine. de la République populaire de Chine :
ses ont agi dans une triple direction : Pour l’heure, les Nations unies ont www.stats.gov.cn
implantation de non-Tibétains (Hans, reconnu la République populaire de
Huis…), folklorisation de la culture, Chine dans ses frontières actuelles – et g Gouvernement tibétain en exil :
www.tibet.com
surveillance plus tatillonne des mou- ne considèrent ni le Xinjiang ni le Tibet
vements autonomistes. Sans parler de comme des territoires à décoloniser. A g East Turkestan Information Center :
www.uygur.org
la répression, notamment depuis les noter que les trois résolutions concer-
émeutes de mars 2008. nant le Tibet, en 1959, 1961 (seule g Southern Mongolian Human Rights
Du côté du pouvoir, le statut d’auto- fois où il est fait mention du droit à Information Center : www.smhric.org
nomie n’est qu’un papier tout juste bon l’autodétermination) et 1965, ne font
Véritable tchétchénisation,
La Tchétchénie a retrouvé lors que s’amorce la pere- fond que les indépendantistes se fédè-
stroïka, la réforme impulsée rent au sein d’un Congrès du peuple
un semblant de stabilité.
par le numéro un soviétique tchétchène, qui élit à sa tête, en 1990,
La résistance – dont Mikhaïl Gorbatchev en 1986, le général Djokhar Doudaev. En octo-
les slogans sont presque un lourd passif pèse sur les relations bre 1991, ce dernier proclame l’indépen-
russo-tchétchènes. Au XIXe siècle, les dance. Les réactions russes – état d’ur-
exclusivement islamistes
Tchétchènes ont farouchement résisté à gence, blocus économique, soutien à une
depuis l’automne 2007 – la colonisation et en ont payé le prix fort : opposition tchétchène anti-Doudaev –
est très affaiblie la population est passée de 200 000 per- se transforment, en décembre 1994, en
sonnes en 1818 à 98 000 en 1859, date action armée.
et la reconstruction va bon
de la reddition de l’imam Chamil, qui
train. Mais l’« ordre » mis dirigeait la résistance. RÉGIME DE TERREUR
en place, au nom de Moscou, Si le Caucase est déclaré conquis Ce qu’on appelle maintenant la « pre-
en 1864, des révoltes éclatent réguliè- mière guerre », opposant 100 000 mili-
par Ramzan Kadyrov repose
rement ; la soviétisation, en 1921, de la taires russes à quelques milliers de
sur la terreur, sur fond République autoproclamée des Monta- combattants, dure de décembre 1994
d’impunité quasi totale. gnards ne pacifie pas la région. En 1944, à août 1996 et se solde par une victoire
Joseph Staline déporte l’ensemble de la militaire tchétchène, vite retournée en
population tchétchène vers l’Asie cen- défaite politique. Bilan : des pertes
n trale, au prétexte fallacieux de collabora- civiles considérables (entre 50 000 et
tion massive avec l’envahisseur nazi. La 80 000 morts, selon les estimationsKAZA les
Do
lga
Tchétchènes ont combattu dans tée, et une pénétration de l’islamisme
l’armée soviétique. qualifié de « wahhabite
Astrakhan», qui reste tou-
Une mosaïque explosive C’est avec
Elistacette tefois minoritaire.
mémoire en Les accords de paix de Khassaviourt,
trame de en août 1996, ne résolvent pas la ques-
tion du statut. Validées par l’Organisa-
KALMOUKIE
tion pour la sécurité et la coopération en
Europe, les élections de janvier 1997
Krasnodar
Stavropol portent Aslan Maskhadov,
indépendantiste laïque
Maïkop
R U S S I E et modéré, à la pré-
sidence de la
Tcherkessk
MER RÉPUBLIQUE
NOIRE
DES ADYGHÉS
Caucasiens
KARATCHAEVO-
Adyghés Piatigorsk
TCHERKESSIE
Kabardes Naltchik
Tcherkesses KABARDINO- INGOUCHIE Grozny
Khassaviourt
Abazes
BALKARIE Nazran
Beslan Makhatchkala
Tchétchènes Vladikavkaz TCHÉTCHÉNIE
Ingouches OSSÉTIE DU Kaspiisk
Turcophones NORD MER
Andis (ouralo-altaïques) CASPIENNE
Avars Nogaïs DAGHESTAN
Laks Koumyks GÉORGIE
Darghines Karatchaïs
Tabassaranes Balkars Indo-Européens Tbilissi
Principaux attentats
Lesghines Azéris Russes depuis 1991
Agouls Turkmènes Arméniens Conflits et zones de tensions
Routouls Kalmouks Ossètes Foyers islamistes
AZERBAÏDJAN
Sources : d’après une carte établie par Cécile Marin, dans Yves Plassereau (dir.), ARMÉNIE
Atlas des minorités, 2005 ; Institut d’ethnographie de Moscou, 1995 ; agences de presse. 100 km
Tchétchénie. Mais l’activité de bandes la décimation du peuple tchétchène. En 2007, demeure précaire. S’il a acquis
armées dirigées par les anciens chefs de juin 2000, la nomination par Moscou une certaine popularité liée aux recons-
guerre, recyclés dans les prises d’otages, d’un Tchétchène, Akhmad Kadyrov, tructions, à ses accents nationalistes, au
et l’absence de soutien de Moscou à ancien mufti, à la tête de l’administra- contrôle qu’il exerce sur l’islam, ainsi
Maskhadov se conjuguent pour mettre tion provisoire préfigure la politique de qu’à sa capacité à négocier l’octroi de
en échec la construction d’un Etat. « tchétchénisation » du conflit. « Elu » fonds de Moscou, son régime de terreur
Trois ans de chaos ont raison du président de Tchétchénie en octo- alimente le flux continu de Tchétchè-
projet indépendantiste. En septem- bre 2003, après l’adoption d’une nou- nes qui fuient menaces et représailles,
bre 1999, la guerre reprend, à la suite velle Constitution qui consacre le retour rejoignant les quelque 70 000 réfugiés
d’une incursion d’islamistes tchétchènes de la République dans le giron russe, il présents en Europe. ●
et daghestanais au Daghestan. L’explo- sera assassiné en mai 2004, ce qui atteste
sion d’immeubles en Russie – attribuée
aux « terroristes tchétchènes », mais
pour le moins le caractère factice de la
« normalisation ».
Sur la Toile
sans enquête ni revendications explici- A la tête de sa propre milice, son fils g Informations sur la situation
tes – soude la population russe contre Ramzan reprend le flambeau. Soutenu en Tchétchénie : www.watchdog.cz
un commode ennemi de l’intérieur. activement par M. Poutine, il renforce son g Comité Tchétchénie (mobilisations,
Avec la « seconde guerre » tchétchène, pouvoir en jouant sur plusieurs tableaux : chronologie, bibliographie) :
Vladimir Poutine assure son élection recrutement des anciens indépendantis- www.comite-tchetchenie.org
en jouant sur l’honneur d’une nation tes qui acceptent de cesser la lutte, éli-
g Institute for War and Peace
humiliée par l’éclatement de l’Union mination des autres (Maskhadov est tué Reporting (Londres-Washington) :
soviétique, par une crise économique en mars 2005, et le sanguinaire Chamil www.iwpr.net/caucasus_index1.html
sans précédent et par la « défaite » de Bassaev, à la tête de la fraction extré-
1996 en Tchétchénie. miste de la résistance, en juillet 2006)
g Memorial, informations
sur les violations des droits
Bombardements massifs, opérations et reconstruction active de la République de l’homme en Tchétchénie :
de nettoyage – rafles de civils rachetés avec l’aide de Moscou. www.memo.ru/eng.index.htm
ensuite, morts ou vivants, par leurs pro- Mais l’ordre que fait régner
ches –, disparitions forcées poursuivent M. Kadyrov fils, devenu président en
Caucase du Sud,
le réveil des volcans
Les combats en Géorgie, n mai 2006, le pétrole atteint lents sur le front du Karabakh, qui font
en août 2008, ont réveillé pour la première fois la Médi- des dizaines de victimes, témoignent
terranée, après avoir franchi les des tensions et des risques courus.
la peur d’une nouvelle 1 700 kilomètres de l’oléoduc En Géorgie, bien que la « révolution
guerre froide entre la Russie Bakou-Tbilissi-Ceyhan. Avec la flambée des roses », fin 2003, ait mit en avant
et l’Occident. Nombre de des prix du brut, les dépenses militaires la démocratie et des élections libres, le
de l’Azerbaïdjan passent de 175 mil- président Mikheïl Saakachvili, une fois
diplomates européens lions de dollars en 2004 à 2 milliards au pouvoir, introduit des changements
demandent toutefois une de dollars en 2008. Les dirigeants du contradictoires. Sa construction d’un
enquête pour déterminer pays y puisent une nouvelle confiance Etat fort va de pair avec une montée en
en eux et durcissent leurs positions pour puissance du secteur militaire – le bud-
qui porte la responsabilité la résolution du conflit dans le Haut- get de la défense passera de 50 millions
du déclenchement de cette Karabakh. de dollars en 2003 à plus de 570 mil-
guerre. Mais il est clair que les Les diplomates azerbaïdjanais criti- lions en 2007 – et se double d’un dis-
quent ouvertement le groupe de Minsk cours plus radical envers les régions
évolutions géopolitiques ont de l’Organisation pour la sécurité et la séparatistes.
modifié les rapports de forces coopération en Europe, l’organisme
international qui joue le rôle de média- LE PRÉCÉDENT DU KOSOVO
sur lesquels se fondaient les
teur dans le conflit du Haut-Karabakh, et Les tentatives de la Géorgie pour
dispositions des cessez-le-feu s’efforcent de le faire remplacer par les annexer l’Ossétie du Sud provoquent
du début des années 1990. Nations unies. Pour les dirigeants armé- des affrontements violents qui se soldent
niens, un tel changement paraît inaccep- par des dizaines de victimes au cours de
table, car il réduirait à néant plus d’une l’été 2004. Alors que les tensions per-
décennie de négociations qui ont permis sistent en Ossétie du Sud, l’Abkhazie
de parvenir à des accords sur les princi- connaît des heurts plus violents depuis
pes devant s’appliquer à une résolution que des forces armées géorgiennes ont
du conflit. En mars 2008, des heurts vio- pénétré dans la haute vallée de Kodori.
RUSSIE
Une République russifiée Piste Col de Mamison L’Ossétie du Sud
2 820 m
Krasnaïa Poliana
Haute vallée de Kodori
Ce territoire est resté sous le contrôle de Tbilissi
militaire
d’Ossétie
Col de Rokski
2 995 m
en 2009
depuis 1993. En 2006, les Abkhazes ont accusé (fermée)
Sotchi RUSSIE la Géorgie d’y construire des bases militaires. OSSÉTIE
A la faveur des événements d’Ossétie du Sud DU NORD Tunnel
en août 2008, ils en ont expulsé toute la de Rokski
Lac Ritsa population (essentiellement des Svanes)
Adler
Route militaire
Route militaire de Géorgie
Dombaï de Soukhoumi OSSÉTIE
Gagra ABKHAZIE
Peuplement DU SUD
majoritaire Frontière Vanati
fermée Didi Gupta Satsheneti
Abkhazes Pitsunda
1. Tamaracheni. 4 Beloti
Arméniens Goudauta Amzara 3
Omarishara 2. Kurta. 2
Géorgiens 1 Charebi
3. Kekhvi. Ksuisi
Soukhoumi 4. Kemerti. Tskhinvali
Villages géorgiens vidés ri Avnevi
de leurs habitants en 1993 Tkvarcheli Nuli
u
Zone montagneuse 0 20 km
Marché Akhalgori
Ancienne zone démilitarisée selon Mine de d’Ergneti
les accords de cessez-le-feu de 1993 charbon GÉORGIE
Otchamtchire
Routes Points de blocus District de Gali Gali Khashuri
Voies ferrées Les Géorgiens
de ce district Gori Igoeti
ouverte Station touristique ont été autorisés Zougdidi Villages géorgiens
fermée Site olympique à regagner leurs Ingouri
villages et Territoires ayant subi une épuration ethnique
Aéroport Barrage hydroélectrique GÉORGIE
à y vivre Villages ossètes Infrastructure routière
0 50 km après 1993. Route « de la vie » Gazoduc Vladikavkaz-Tskhinvali
Koulévi Tbilissi
Sources : Nations unies ; Arthur Tsutsiev, Atlas ethnopolitique NB : la région autonome d’Ossétie du Sud a été dissoute en décembre 1990.
du Caucase, 1774-2004, Evropa, Moscou, 2006 ; OSCE. Sources : Unosat ; Ieva Rucevska, observations de terrain, mission OSCE-PNUE.
Novorossiisk Krasnodar
Maïkop Stavropol
Chapsougs Karatchaïs
Adyghés et Tcherkesses
Tcherkessk
Mer
Noire Piémont
Sotchi Naltchik Tchétchénie daghestanais
Kabardino-
Ingouchie
Abkhazie Kodori Balkarie
Nazran
Grozny Khassaviourt
Conflits majeurs non résolus Vladikavkaz Makhatchkala
Soukhoumi Ossétie
Normalisation sous contrainte du Nord Mer
Mingrélie
Tensions ethniques latentes Ossétie
Caspienne
Zougdidi
du Sud
Sénaki Tskhinvali
Mouvements autonomistes Daghestan Derbent
dans les années 1990 Poti
GÉORGIE
Gori
Territoires ayant adopté Batoumi
Borjomi
la charia en 1997-1999 Adjarie Tbilissi Lesghistan
Territoires hors du contrôle Kvemo-
Djavakhétie Kartli
des autorités centrales
Radar
Frontières fermées (blocus) de Gabala
Frontières « ouvertes » Soumgaït
Lignes de cessez-le-feu ou de contrôle (blocus) ARMÉNIE AZERBAÏDJAN Bakou
Administrativement rattachée hypothèse. Elles estiment que les Etats L’aventure militaire géorgienne
à l’Abkhazie, cette vallée compte occidentaux et les organisations interna- d’août 2008 en Ossétie a confirmé le
4 000 Svanes, un peuple apparenté aux tionales se montrent partiales en faveur danger que représentent de petites guer-
Géorgiens. Après la guerre d’Abkhazie de la Géorgie, appuyant le principe de res locales oubliées lorsqu’elles devien-
(1992-1993), l’accord conclu stipulait l’intégrité territoriale tout en rejetant nent un enjeu du bras de fer entre gran-
que les forces abkhazes n’entreraient pas celui de l’autodétermination, pourtant des puissances. La Russie n’a pas laissé
dans cette région, tandis que Tbilissi pro- appliqué par ces mêmes organisations passer l’occasion de punir l’insolente
mettait de ne pas y envoyer l’armée régu- au Kosovo. Géorgie, répondant ainsi à la reconnais-
lière (bien qu’un nombre limité de forces sance de l’indépendance du Kosovo par
de police soit autorisé à y stationner). DE NOUVELLES FRAGMENTATIONS ? l’Occident. Mais celle de l’Abkhazie et
Mais l’intervention de troupes Fait inquiétant, les forces armées ser- de l’Ossétie du Sud en tant qu’Etat par
géorgiennes en juillet 2006 suscite de vent non seulement à la normalisation le Kremlin mettra-t-elle fin à la logique
nouvelles tensions entre Soukhoumi et des relations à un niveau régional, mais de révision de l’architecture politi-
Tbilissi. Au début de 2008, alors que aussi, de plus en plus, à la répression que de l’après-guerre froide, ou bien
la Géorgie accélère son rapprochement de l’opposition interne. En Géorgie, en ouvrira-t-elle la porte à de nouvelles
avec l’Organisation du traité de l’Atlan- novembre 2007, une manifestation de fragmentations ? ●
tique nord, qu’elle espère rejoindre avec masse, menée par une coalition de partis
l’appui de Washington, les déclarations d’opposition, a déclenché une répression Sur la Toile
grandiloquentes à Moscou comme à qui a fait plus de 500 blessés, fragilisant
Tbilissi ainsi que la concentration de le président Saakachvili, réélu cepen- g « Le Courrier du Caucase » :
http://caucase.courriers.info
troupes dans la zone de conflit abkhaze dant début 2008.
font craindre une nouvelle guerre. Dans l’Arménie voisine, après une g « Regard sur l’Est » :
www.regard-est.com
Les dirigeants géorgiens se disent élection présidentielle contestée, le pou-
également mécontents de la façon dont voir a réprimé violemment des mani- g Armenian News Network :
www.groong.org
sont menées les négociations sur l’Os- festations similaires, faisant dix morts
sétie du Sud et l’Abkhazie. Tbilissi juge et des centaines de blessés, mais plon- g Armenia Now :
www.armenianow.com
que la Russie, trop proche des sécession- geant aussi le pays dans une profonde
nistes, ne peut pas servir de médiatrice et crise politique, de laquelle il ressort g Civil Georgia : www.civil.ge
doit être remplacée par des organismes qu’il n’est pas garanti que les objectifs g Cimera :
européens ou américains. Mais l’Abkha- d’unité territoriale et de réformes démo- www.cimera.org/en/publications
zie et l’Ossétie du Sud rejettent cette cratiques soient compatibles…
L’indépendance du Kosovo
La crainte d’un effet domino
Transnistrie Abkhazie
Ossétie du Sud
KOSOVO Tchétchénie
Haut-Karabakh
République serbe de
Bosnie-Herzégovine
Pays basque
Vallée de Presevo
République turque Tibet
de Chypre du Nord
Sahara occidental
Kurdistan
irakien
Casamance Somaliland
Puntland
Nord-est
du Sri Lanka
(Eelam tamoul)
Etats hésitants
Etats opposés
Source : « The Kosovo conundrum : Nations around the world ponder whether to recognize Kosovo », The International Herald Tribune, 22 février 2008.
La realpolitik des grandes roclamé en février 2008, le et croate de 1991, a suscité la crainte
nouvel Etat du Kosovo (peu- d’un effet domino. Au-delà de la provo-
puissances, à géométrie
plé à 90 % d’Albanais) a été cation du président géorgien, le réveil
variable, au Kosovo et reconnu par une quarantaine de des « conflits gelés » d’Ossétie du Sud et
ailleurs, n’a aucun effet pays (dont les Etats-Unis), mais pas par d’Abkhazie a constitué le premier contre-
l’Union européenne : l’opposition d’une coup de l’indépendance kosovare…
stabilisateur – et divise
dizaine des membres de celle-ci, comme Face aux divergences entre Etats du
donc les gouvernements. celle de la Russie ou de la Chine, s’ap- Conseil européen, la Commission euro-
puie sur le refus de la Serbie de perdre péenne a pris le relais sur le plan diplo-
son « berceau historique ». La rupture matique, avec l’espoir que la signature
du principe d’inviolabilité des frontières, d’accords d’association et de stabilisa-
appliqué depuis les sécessions slovène tion (ASA) avec la Serbie et la Bosnie-
que déjà fragilisée économiquement. Il faut dire que les capacités de produc- Union européenne Accord de stabilisation
et d’association (ASA)
Quant à l’ASA signé avec la Bosnie, tion du Kosovo demeurent inexploitées, Pays candidats Nouveaux Etats
il était supposé dépendre de progrès vers pendant que le pays connaît toujours des (après 2006)
Fractures andines
MER
Ces Andes
qui symbolisent
DES CARAÏBES
Caracas
PANAMÁ
VENEZUELA
Medellin
les querelles
OCÉAN A
GUYANA
PACIFIQUE COLOMBIE
Cali Bogotá
du sous-continent
Quito
ÉQUATEUR
BRÉSIL
olombie, Equateur, Venezuela : mais limite l’intégration aux questions tionnaires de Colombie (FARC) et l’Ar-
trois pays et, à certains moments économiques et commerciales. mée de libération nationale – placées
de l’histoire, un destin commun. Elu pour un premier mandat, en sur la liste des organisations terroristes
Sous domination espagnole, ils 1998, le Vénézuélien Hugo Chávez par Bogotá, les Etats-Unis et l’Union
font partie, avec l’actuel Panamá, durant reprend à son compte le rêve boliva- européenne –, il l’est beaucoup moins
les périodes 1717-1724, 1740-1810 et rien, en inscrivant sa révolution sous les avec les groupes paramilitaires, qu’il
1815-1819, de la Nouvelle-Grenade. auspices du « socialisme du XXIe siè- « démobilisera » dans des conditions
Celle-ci, arrachant son indépendance cle ». Il prône activement une intégra- très controversées. Bénéficiant d’un
après la victoire de Simón Bolívar, en tion latino-américaine, accordant une appui sans faille de Washington, ses
1819, à Boyacá, devient la Grande- importance capitale aux questions poli- relations seront émaillées d’incidents
Colombie. En faisant sécession, en tiques et sociales. Se joindront à ce cou- avec ses voisins.
1830, le Venezuela et l’Equateur met- rant radical Evo Morales, élu en Bolivie Au sein de la CAN, le Pérou et la
tent à bas le rêve cher au Libertador (décembre 2005), et l’Equatorien Rafael Colombie jouent ouvertement la carte
d’une Fédération des Etats unis d’Amé- Correa (novembre 2006). des Etats-Unis. Ils signent avec Washing-
rique du Sud. Déchirée par une lutte armée interne ton des traités de libre commerce, servant
Ces trois nations se retrouveront plus née dans les années 1950-1960 sur fond avant tout les intérêts des multinationales
d’un siècle après au sein du Pacte andin de violence sociale, la Colombie a vu américaines, aiguisant ainsi les contra-
(créé en 1969) – le Venezuela n’y adhère arriver au pouvoir, en 2002, Alvaro dictions. Le 22 avril 2006, le Venezuela
qu’en 1973 –, avec le Pérou, la Bolivie Uribe Vélez, partisan de la manière quitte l’organisation avec fracas, lais-
et le Chili (qui s’en retirera en 1976). forte, qu’il mettra en œuvre sous le nom sant face à face deux sous-ensembles :
L’association devient Communauté de « sécurité démocratique ». Intransi- la Bolivie et l’Equateur d’une part, la
andine des nations (CAN) en 1997, geant avec les Forces armées révolu- Colombie et le Pérou d’autre part.
V - L’Afrique au tournant
Périphérie du monde, l’Afrique est au cœur
des grandes manœuvres politiques,
économiques et militaires des plus puissants.
Alors qu’il faudrait répartir le pouvoir
et les richesses entre les continents
e
comme au sein des pays.
s
s
é
Pr
ux
êts
vea
Pa ett
et
s
ière
ix es
Musiciens - Travailleurs qualifiés
Cer
rem
illu - In
sp
so ve
r e
ire sti
è
ati
s sse
o
Migrants économiques
-M
ut
ole
ien
étr
au
me
Pétrole - Cerveaux - Arts
xp
-
nt
les ue
s
s-
co
uv
i tiq
és
r
Tra orit
Ma
oir
g o
alifi sa x
xe
ois
ns
sa
rre
tiè
au
fer
s qu
Te
ut
rs chin
m
res
ts
ères
An
Investis
r
de
lleu
pre
air
emi
Aide au Investissemen
ailleu
es
vai
miè
fo
dévelop ts s
s pr
rai
nd
Tra
pement DSRP*
sement
Dé
re
ine
sd
- Trav
ière
FMI - Fa
s
ch
Mirage
e m nger
usse dém M
e
du Nepa
ts
ocratie
Mat
d
igr
d
s
Ajustem
ts
cturés
Matières premières - Minerais
an
ents stru
en
ts
cturels
Etudiants - Professeurs - Intellectuels
u
em
-A
ung-f
eu
nts
iss
anufa
Inv
ide
x
est
dia
Etu
est
au
od - K
Inv
iss
Etu
Inv
dia An
dé
uits m
em
ve
nts ima
esti
lop
en
llywo
M
Ma
- In ux
ts
pe
at
sse
- Prod
ièr
tiè
Ma
me
tel exo
es
o
res
nt
tiè
ent
a de B
lec tiq
pr
-A
em
itaux
res
pre
tue ue
ièr
ffa
Mat
pre
mi
ls - s
es
Ciném
iris
- C ap
ère
mi
Tra
ières
tes
ère
s -M
vai
ngers
lleu
prem
ine
rs q
rai
a
ières
ts étr
s
ual
-P
ifié
étr
direc
s-
ole
Ce
s
Inv
Et
rve
ment
ud
es
aux
ian
tis
M
ts
e
se
-M
at
-D
stiss
me
ièr
ipl
usi
nt
es
om
Inve
s
cie
at
re
es
ns
nt -
ièr
- Dip
es
e
pem
lom
lop
ate
e
s
év
ud
ea
d
Ai
Une période de transition urant la décennie charnière Sud a scellé la fin symbolique des régi-
s’achève en Afrique. Ouverte 1989-1999, la plupart des mes coloniaux ; le multipartisme s’est
modèles politiques et éco- répandu, parfois avec des tensions, de la
avec la démocratisation, nomiques qui structuraient République démocratique du Congo au
en 1989, elle s’est refermée l’Afrique ont été remis en question. Cap-Vert, en passant par le Kenya ou la
avec l’échec des plans La fin de l’affrontement Est-Ouest a Centrafrique…
éteint des conflits attisés de l’extérieur Plusieurs lignes de fracture apparais-
d’ajustement structurel au (Angola, Mozambique…) ; les régimes sent. L’échec des thérapies néolibérales
début des années 2000. cryptocommunistes ont disparu ou se a, dans la plupart des pays, fait éclater
Le continent en tirera-t-il profit ? sont convertis à l’économie de marché le contrat social issu des indépendances
(Bénin, Ethiopie, par exemple) ; le ren- (en Afrique subsaharienne, l’espérance
versement de l’apartheid en Afrique du de vie à la naissance est retombée à son
70
Les élites africaines vivent en lévitation g Habari, portail des études
africaines (université de Bordeaux) : Afrique
au-dessus des sociétés. La concomitance 60
du Sud
www.africa.u-bordeaux.fr/links.asp Burkina Faso
de la démocratisation et de l’expansion 50
de la mondialisation a en effet créé un g Site d’information Africatime : 40
www.africatime.com
nouveau type de régime politique : les
30
« démocraties FMI ». La sélection des g Sur l’histoire de l’Afrique
de l’Ouest : www.histoire-afrique.org 20
élites y est le produit d’une double dyna-
mique : élections multipartites et adou- g Conseil pour le développement 10
de la recherche en sciences sociales
bement par les institutions financières en Afrique : www.codesria.org/ 0
internationales. French/default.htm Source : Davidson Gwatkin, Shea Rutstein, Kiersten
Johnson, Eldaw Abdalla Suliman, Adam Wagstaff et
De nouveaux acteurs émergent g Actualité culturelle de l’Afrique : Agbessi Amouzou, « Socioeconomic differences in
pourtant, comme les associations – de www.africultures.com health, nutrition, and population », deuxième édition,
2005, Banque mondiale.
femmes, d’artisans, de petits entrepre-
����������������������������������� ���������������������������������������������
��������������������������������������������������
����������������������� ���������������������������������������������������� �����������������������
������������������������������
����������
������� �������
���������������
������������������ �
���������� ������������������
���������� �
��������������
���������� ����
�������
��������
��������
�������������� ��������������
��������������� ����������������
���������������� �
����������� �
�����������
����������
���������������
�������������������
��������������� �
����������
Agig
Al-Khandaq ment eux-mêmes avec
fierté awlad al-beled
MER (« enfants du pays »).
ROUGE D’où une citoyenneté
TCHAD de seconde classe
DARFOUR Khartoum
DU NORD pour les autres
ÉRYTHRÉE Soudanais.
KORDOFAN
Al-Fashir
Al-Obeid Kousti ÉTHIOPIE
Al-Jounaynah
Al-Nouhoud
Etats du Darfour en guerre
DARFOUR Nyala depuis 2003
DE L’OUEST Intensification des combats
depuis l’été 2008
DARFOUR DU SUD
Ancienne zone d’action
Abyei de la guérilla du Sud-Soudan
Limite Nord-Sud
Malakal Destruction de la ville par l’armée
BAHR-AL- soudanaise, risque de reprise
GHAZAL du conflit au Sud-Soudan
Nil
La démocratie
Nigeria Cameroun
Yaoundé Bangui
Zongo
Malabo
Gem
balbutie au Guinée-
Equatoriale Basan
Congo-Kinshasa
Libreville Mbandaka
Bo
Gabon Congo
Inongo
Bolobo
Bandundu BANDU
et deux guerres (1996-1997 et 1998-2002) qui ont fait 4 millions Pointe-Noire Madimba
BAS-
Cabinda Kenge
CONGO Kikwit
de morts, les élections de 2006 en République démocratique (Angola) Boma Mbanza-
Ngungu
Matadi
du Congo, remportées par Joseph Kabila avec 58 % des voix, Thi
Angola
argement financées par l’Union éducation, santé, accès à l’eau potable.
européenne, les élections de Ayant choisi l’ouverture à l’Occident Camacupa
Lobito
2006 ont donné la majorité par- et mené à terme le processus électo-
Benguela Kuito
lementaire à l’Alliance pour une ral, il croyait pouvoir compter sur une Huambo
majorité présidentielle, coalition de plu- contribution européenne substantielle.
sieurs formations ayant soutenu Joseph Mais, deux années après les élections, 0 500 1 000 km
Kabila. Antoine Gizenga, 82 ans, a été moins du quart des montants promis
nommé premier ministre. Ancien vice- a été déboursé, et le Fonds monétaire
premier ministre de Patrice Lumumba, international (FMI) reporte toujours Corridor chinois : construction et réhabilitation des
assassiné en janvier 1961, il dirige le davantage le « point d’achèvement » infrastructures routières et ferroviaires par les compagnies
d’Etat chinoises China Railway Engineering Corporation et
Parti lumumbiste unifié (PALU) et qui permettrait une remise substantielle Synohydro d’après l’accord passé avec la Gécamines
cohabite au sein du gouvernement avec de la dette de 15 milliards de dollars (société d’Etat congolaise)
François Nzanga Mobutu, fils de l’an- (contractée du temps de Mobutu), dont Meurtres de masse : territoires dans lesquels entre 4 et
cien dictateur, vice-premier ministre le remboursement absorbe un tiers du 4,6 millions de personnes sont mortes à la suite des
chargé de l’agriculture. Aux yeux des budget de l’Etat. guerres de l’est du Congo entre 1998 et 2008
Congolais, il s’agissait là d’un symbole Nord-Kivu : zone de guerre où depuis août 2008
Source
de réconciliation réunissant plusieurs CONTRAT DU SIÈCLE s’affrontent les Forces nationales de la République du juin 20
Congo, les Forces démocratiques de libération du IPIS R
pans de l’histoire troublée du pays. Or Ce désenchantement explique le contrat Rwanda et les Maï-Maï (milices locales) contre les BBC «
M. Gizenga a démissionné le 25 sep- signé en septembre 2007 avec la Chine : forces du Congrès national pour la défense du peuple juillet
ion des Zone de combats entre l’Armée de résistance du Seigneur Quartiers généraux de la Monuc : en novembre 2008, le Conseil de sécurité des Nations unies
pagnies et les forces régulières congolaises, ougandaises et a décidé de faire passer le nombre des casques bleus à 20 000 en 2009
ation et soudanaises
camines Tous les groupes armés – y compris les forces régulières – commettent de très graves violations des
Principaux flux de personnes déplacées depuis août 2008
droits fondamentaux (pillages, viols, meurtres, recrutements d’enfants-soldats). Ils sont aussi
souvent impliqués dans les trafics de matières premières, d’armes et de drogue.
4 et Zone de forte concentration de personnes déplacées
des (environ 1,5 million dans l’ensemble du Congo
oriental, dont 1 million dans le Nord-Kivu)
2008
Sources : Mission des Nations unies en République démocratique du Congo ; Monuc-DPKO Gis Unit ; Unocha ; Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ; carte UNJLC_RDC_02,
e du juin 2006, Centre logistique commun des Nations unies ; Steven Spittaels et Filip Hilgert, « Mapping Conflict Motives : Eastern DRC », marche 2008, International Peace Information Service ;
n du IPIS Research Web Map Eastern DR Congo ; « Mortality in the Democratic Republic of Congo. An ongoing crisis », International Rescue Committee, janvier 2008 ; Tim Whewell,
e les BBC « Newsnight » ; Colette Braeckmann, Le Soir ; African Development Bank Group ; Africa Research Bulletin ; « Natural Resource Exploitation and Human Security in the DRC », Pole Institute,
ple juillet 2004 ; Railway Gazette International ; Ushahidi Project ; Energy Information Administration.
Trois décennies
de famines et
de conflits
ÉRYTHRÉE
Akordat
Keren
MER
ROUGE
Massaoua
Iles
Dahlak
Sanaa
Incendies
Asmara
YÉMEN Moukalla
Badme
Aksoum Adwa
Détroit de Ahvar
Mekele Bab Al-Mandeb
SOUDAN Assab
Sekotar Aden
Gondar Ras Doumeira
Ras-Doumeira GOLFE
Lac D’ADEN Alula
Tana Djibouti Bosaso
Zeila
Dese
Lac Bulhar Hafun
Debre Abbé Berbera (Dante)
ÉTHIOPIE Markos Hargeisha
Hargeisa
Dire Dawa Somaliland
Asosa Ankober Gardo
Bender-
Burao
Addis-Abeba Harer Puntland Beila
Las Anod
L’influence de l’Afrique du
Plusieurs grands pays étrole, gaz, diaspora et média- vres maritimes historiques que le pays a
tion régionale pour le premier ; organisées avec New Delhi et Brasília.
affirment leur rôle sur
services, infrastructures et bons L’Afrique du Sud dispose d’indéniables
le continent. Le duel à offices pour le second : le Nige- atouts économiques : son produit inté-
distance entre Abuja et ria et l’Afrique du Sud restent les deux rieur brut représente un quart de celui de
grands rivaux en matière de leadership l’Afrique noire, et 92 % des compagnies
Pretoria tourne à l’avantage
diplomatique et économique de l’Afrique inscrites à la Bourse de Johannesburg
de l’Afrique du Sud. Accusée subsaharienne. La compétition s’inten- travaillent sur l’ensemble du continent.
d’impérialisme économique sifiera en raison des positionnements A quoi s’ajoutent des atouts politiques :
différents des deux Etats. La campagne le chantre d’une renaissance africaine
par ses voisins, celle-ci voit
de séduction que mènent ces deux géants cherche à promouvoir de nouvelles
monter la concurrence auprès des nouvelles puissances du Sud conditions de développement, présen-
de l’Angola et de l’Ouganda. (Chine, Inde, Brésil, Indonésie, mais tées comme plus adaptées au continent.
aussi Russie, Iran et pays du Golfe) porte Cependant, nombre de pays s’affirment
sur l’accès au cash-flow de ces nations déçus par l’arrogance économique de
émergentes. Mais elle concerne aussi, à Pretoria et sa façon parfois cynique de
plus long terme, la place à prendre dans défendre ses intérêts.
le cas d’une réforme des Nations unies La « nation arc-en-ciel » surveille
qui porterait le nombre des membres du tout concurrent marchant sur ses pla-
Conseil de sécurité à 25 ; le nombre de tes-bandes, qui sont loin d’être limitées
sièges permanents serait porté à 11, et à l’Afrique australe. Ainsi de l’Angola,
deux autres seraient attribués au conti- devenue en 2008 la première puissance
nent africain. pétrolière de l’Afrique subsaharienne, et
Les rôles pourraient être ainsi répar- qui a renoué avec la croissance depuis la
tis : au Nigeria, celui de missi dominici fin de la guerre civile en 2002. Luanda
des Etats-Unis – et depuis peu de la continue de considérer le Congo, et ses
Russie et de l’Iran – sur le continent ; à richesses minières, comme son arrière-
l’Afrique du Sud, celui de tête de pont cour, alors que l’Afrique du Sud souhaite
de l’Union européenne et aujourd’hui plus que jamais y investir.
de l’Inde et du Brésil. Cependant, dans Depuis ce début de siècle, on assiste
cette lutte d’influences, Pretoria creuse plus globalement à un glissement des
l’écart, comme le montrent les manœu- axes de pouvoir vers l’Est africain,
Mauritanie Mauritanie
Mali Niger Mali Niger
Sénégal Tchad Erythrée Erythrée
Sénégal Tchad
Gambie Burkina Soudan Djibouti Gambie Burkina Soudan
Guinée- Guinée Faso Guinée- Guinée Djibouti
Faso
Bissau Bénin Nigeria Somalie Bissau Bénin Somalie
Sierra Côte Ghana Ethiopie Sierra Côte Ghana Nigeria Ethiopie
Leone d’Ivoire Centrafrique Leone d’Ivoire Centrafrique
Liberia Cameroun Liberia Cameroun
Togo Togo
Guinée- Ouganda
Guinée- République OugandaKenya
Equatoriale Gabon Kenya Equatoriale Gabon démocratique
République Rwanda du Congo Rwanda
Congo démocratique Burundi Congo Burundi
du Congo Seychelles
Tanzanie Seychelles Tanzanie
Comores Comores
Jusqu’à 40 ‰ Angola Moins de 42 ans Angola
Malawi Malawi
De 41 à 119 ‰ Zambie De 42 à 46 ans Zambie
Mozambique Mozambique
De 120 à 139 ‰ De 46 à 53 ans Zimbabwe
Namibie Zimbabwe Madagascar Namibie Madagascar
De 140 à 199 ‰ Botswana De 53 à 60 ans Botswana
Plus de 200 ‰ Maurice Plus de 60 ans Maurice
Swaziland
Données non disponibles Swaziland Données non disponibles
Afrique Lesotho Afrique
du Sud du Sud
Source : Africa Development Source : Africa Development
Indicators 2007, Banque mondiale. 1 000 km Indicators 2007, Banque mondiale. Lesotho 1 000 km
tion Bush en jouant les supplétifs dans Puissance régionale Namibie Zimbabwe Madagascar
majeure, et zone d’influence Maurice
le dossier somalien. Le règlement de la économique et politique
Botswana
situation au Soudan et l’amélioration de Puissance régionale Swaziland
la gouvernance éthiopienne devraient secondaire, et zone
être deux priorités africaines pour le d’influence et d’action Afrique Lesotho
Liens économiques ou politiques
du Sud
nouveau gouvernement américain. forts (exploitation de matières
D’autres pays entrent en jeu, pro- premières, force de maintien
de la paix, effort de médiation
fitant des crises de leurs voisins. Il en dans les conflits internes)
est ainsi de l’Ouganda. Bien qu’af- Interventions militaires 1 000 km
fecté durement par le chaos qui s’est Sources : Philippe Leymarie et Philippe Rekacewicz ; The Economist ;
emparé du Kenya – nœud commercial Agence France-Presse ; Reuters ; International Herald Tribune ; Associated Press. Voir aussi la carte p. 82.
Sur la Toile 40
2
20
g Union africaine : 1
www.africa-union.org
Déploiement contrarié
pour les forces américaines
Le 6 juin 2008, Washington nnoncée le 6 février 2007 par ciers et d’aide à la « gouvernance » –
renonçait provisoirement l’ancien président des Etats- culminant en juillet 2003 avec la visite
Unis George W. Bush, la mise de M. Bush dans des Etats jusqu’alors
à transférer sur place en place du commandement chasse gardée des anciennes puissances
le quartier général des forces américaines en Afrique (Afri- (à l’exception notable de l’Afrique du
du commandement des forces com) répondait à plusieurs objectifs stra- Sud, déjà liée aux Etats-Unis) : Angola,
tégiques : contrer la menace islamiste, Gabon, Sénégal, Nigeria, São-Tomé-
américaines en Afrique. protéger les sources d’approvisionne- et-Príncipe, Mali, Niger et Tunisie.
Un échec sans doute, mais qui ment en matières premières en ces temps L’apparition, en 2003, de l’islamisme
n’arrêtera pas les ambitions de crise énergétique et, enfin, faire face radical du Groupe salafiste pour la pré-
à la Chine, qui déploie de nombreux dication et le combat, rebaptisé depuis
américaines sur le continent. moyens politiques, financiers, voire Al-Qaida au Maghreb islamique, a
humains, pour s’approprier une zone donné aux Etats-Unis une justification
vitale pour son économie. supplémentaire à leur stratégie militaire
Depuis le 11‑Septembre, Washing- en Afrique, notamment par le dévelop-
ton a lancé une offensive diplomatique pement de divers programmes d’aide
– non sans promesses de moyens finan- militaire.
Maroc
2009 d’un budget de 392 millions de Algérie
dollars (75,5 en 2008). Et les Etats-Unis Sahara Libye Egypte
multiplient les gestes envers les autres occidental
pays militairement représentés en Afri-
que. C’est le cas depuis 2004 dans le Mauritanie
Mali
Cap-Vert Niger
cadre de l’Africa Clearing House – un Sénégal Tchad Erythrée
programme d’échange de renseigne- Gambie Casamance
Burkina Soudan
Djibouti
Guinée-
ments en matière de sécurité avec les Bissau Guinée Faso
Bénin Somalie
Côte
Européens. Sierra
Leone d’Ivoire Nigeria Ethiopie
Ghana Centrafrique
Liberia Togo Cameroun
9 000 SOLDATS FRANÇAIS São-Tomé-et-Príncipe
Ouganda
Guinée-Equatoriale
A la différence des Etats-Unis, la France Gabon
Congo Kenya
République Rwanda
dispose en Afrique de nombreuses bases démocratique Burundi Seychelles
militaires dans le cadre d’accords de du Congo
Aide publique au développement Tanzanie
défense : 9 000 soldats étaient déployés Dollars par habitant en 2005
en 2008 au Sénégal, au Gabon, en Côte Moins de 25 Angola
Comores
d’Ivoire, au Tchad, en Centrafrique et à Malawi
De 25 à 40 Zambie
Djibouti, avant une réduction d’effectifs Mozambique
L’action de la communauté
Missions de paix et tribunaux l’exception de trois missions taire américaine, la deuxième mission de
internationaux accompagnent au Congo et en Egypte dans l’ONU en Somalie va payer le prix du
les années 1960 et 1970, les retrait des marines, au lendemain de la
les guerres africaines missions de paix de l’Organi- mort, à la fin de 1993, de 18 d’entre eux,
des deux dernières décennies. sation des Nations unies (ONU) furent tués et mutilés dans les rues de Mogadis-
Mais le projet d’endiguer par absentes d’Afrique pendant la guerre cio par les hommes de Mohamed Farrah
froide. En 1989, le lancement de l’opé- Aidid. En 1994, la mission au Rwanda
ces instruments la vague ration en Namibie marqua le début d’un assiste impuissante à un drame bien
de conflits que connaît grand déploiement. Depuis, 23 des pire : le génocide des Tutsis, qui dure
le continent tarde à faire 44 missions créées par l’ONU ont été trois longs mois.
mises en place sur le continent noir. Confrontées à la multiplication des
la preuve de son efficacité, De taille et de durée variables, elles guerres pendant la décennie 1990, deve-
tant sont lourds les enjeux comptent de quelques dizaines d’obser- nues médiateur et pacificateur privilé-
politiques. vateurs à des milliers de casques bleus gié des sociétés en conflit, les Nations
et durent entre à peine un mois et plus unies peinent à satisfaire les attentes.
d’une dizaine d’années. Elles se dis- Le développement des missions souf-
tinguent aussi par leurs objectifs, pou- fre de graves problèmes de gestion, et
vant aller de la simple observation d’un c’est l’attitude politique des Etats les
cessez-le-feu à la reconstruction. plus puissants à leur égard qui déter-
Le pic des missions de paix de l’ONU mine le plus souvent leurs succès ou
en Afrique s’est produit entre 1989 et la leurs échecs. Il en fut ainsi précisément
fin de la décennie 1990. Cette période à propos du Rwanda en 1994.
a vu le déploiement de quatorze « mis-
sions africaines », contre sept depuis ABSENCE DE VOLONTÉ
l’an 2000. Certaines des missions de A la fin des années 1990, le déploie-
la première génération ont connu des ment des missions de l’ONU en Afrique
succès : en Namibie, au Mozambique et, baisse de moitié, mais leur durée et leur
�������������������������� dans une moindre mesure, en Sierra importance augmentent nettement, sans
Leone et au Liberia. On leur aboutir pour autant nécessairement à
reconnaît un bon accompa- une issue positive. En Côte d’Ivoire, en
gnement de la transition République démocratique du Congo, à
de la guerre à la paix, la frontière entre l’Erythrée et l’Ethio-
moment crucial pen- pie de même que dans le Sud-Soudan,
dant lequel il s’agit après de longues années de présence
de superviser onusienne, les situations demeurent, au
����� le respect mieux, instables et volatiles.
d’accords Avec le conflit au Darfour, le refus
������
de pacifi- des autorités soudanaises d’accepter
cation, des soldats de la paix non africains
��������
d’encadrer sur leur territoire favorise la mise en
������� ����� le retour œuvre d’une solution africaine, par le
des réfugiés, déploiement d’une mission de l’Union
�������������������� ��������� de veiller au africaine (UA). Mais, faute de moyens,
���������� ��������� ��������
������������������� �������� désarmement cette solution s’avère inefficace et ouvre
�� et à la démo- la piste à une formule conjointe ONU-
bilisation des UA, qui souffre, quant à elle, des défauts
combattants ainsi communs aux initiatives de ces deux
�� qu’à l’organisa- organisations : absence de moyens et de
� tion d’élections. volonté politique.
Le bilan paraît A travers le Tribunal pénal inter-
��������������� ���������������
moins flatteur pour national pour le Rwanda et le Tribunal
��������������������������������������
les missions menées spécial pour la Sierra Leone, les Nations
������������������ en Somalie et au Rwanda unies sont très présentes dans l’autre
����������������������������������������������
������������������������������������������
pendant la même période. grand espace de pacification des sociétés
Dépendante de la présence mili- africaines victimes de conflits. Ces deux
LIBERIA SOUDAN
Minul (2003) AFRIQUE
TCHAD-CENTRAFRIQUE Minus (2005)
Budget 2 : 631,7 Budget 2 : 859
SÉNÉGAL MALI at (2007)
Minurcat
Budget 2 : 315 ÉRYTHRÉE
BURKINA
GUINÉE-BISSAU FASO SOUDAN-DARFOUR
BÉNIN Unamid (2007)
SIERRA NIGERIA Budget 2 : 1 569
CÔTE D’IVOIRE ÉTHIOPIE
LEONE Onuci (2004)
Missions de maintien
Budget 2 : 497,46 CAMEROUN
de la paix de l’Organisation
des Nations unies
En cours Terminées (voir liste ci-dessous) OUGANDA
RÉP. DÉM. SOMALIE
CONGO DU CONGO
Cour internationale Initiative de paix RWANDA
Monuc (1999)
de justice Budget 2 : 1 243
Mission politique spéciale
Procédures contentieuses BURUNDI
mise en place par l’ONU
Différend frontalier Tribunal pénal international pour le Rwanda
Tribunal spécial pour la Sierra Leone
Intrusion armée Commission vérité et réconciliation
ANGOLA
Effectif 1 des missions de maintien de la paix de l’ONU MOZAMBIQUE
En cours Terminées
22 000 20 000
10 000 NAMIBIE
BOTSWANA
institutions – tout comme la Cour pénale tations. Pendant ce temps, les victimes
internationale, dont l’Afrique reste le des crimes sur lesquels elles enquêtent Sur la Toile
principal terrain d’enquêtes – s’inscri- s’interrogent sur le bien-fondé d’une g Tribunal pénal international pour
le Rwanda : www.ictr.org
vent dans une longue histoire institution- justice qui leur semble s’opposer à la
nelle, qui commence avec les tribunaux paix. Pour autant, l’existence même de g Tribunal spécial pour la Sierra
Leone : www.sc-sl.org
de Nuremberg et de Tokyo. ces tribunaux a favorisé l’inclusion de g Centre for Humanitarian Dialogue :
En terres africaines, entre chantages procédures de justice dans la plupart des www.hdcentre.org
et instrumentalisation, ces institutions négociations et accords de paix qui ont g Opérations de paix de l’ONU :
se heurtent aux enjeux politiques qui contribué à la fin des conflits africains www.un.org/french/peace/reports/
peace_operations
pèsent d’un poids décisif sur leurs orien- depuis le milieu des années 1990. ●
une telle dérive. La pacification de cer- lisées sont identiques : violation des
tains pays est passée par la transforma- libertés publiques, arrestation des
tion de mouvements de guérilla en partis adversaires politiques, confisca- Jean-Bédel Bokassa
politiques acceptant le débat électoral et tion des médias et des finances
le choix des électeurs. Dans d’autres cas, publiques pour une campagne
le retour au multipartisme a permis des personnelle, référendum et
www.pambazuka.org 1922
Mort et résurrection de la
Près de cinquante ans après a France demeure un acteur l’immigration et de l’identité nationale,
politique, militaire et économi- Brice Hortefeux, accroît le ressentiment
les indépendances, la France
que majeur du continent afri- et les frustrations des jeunes populations
n’a plus de projet affirmé en cain, mais elle fait face à une africaines. Des manifestations de pro-
Afrique. Incapable de rompre concurrence nouvelle, tant commerciale testation accueillent parfois les avions
(chinoise) que militaro-diplomatique qui, en provenance de Paris, raccom-
vraiment avec la tradition
(américaine). Loin de clarifier la stratégie pagnent, avec la complicité des polices
« françafricaine », elle voit française, l’arrivée au pouvoir de Nico- locales, les clandestins expulsés (comme
son influence contestée las Sarkozy a encore brouillé les cartes. à Libreville, Dakar, Bamako).
Après son discours très paternaliste et En Afrique, on accuse la France d’hy-
jusque dans son pré carré,
méprisant, en juillet 2007, à Dakar, les pocrisie lorsqu’elle proclame son attache-
notamment par les Etats-Unis ambassadeurs français, consultés par le ment au continent. Si bien que certains
et la Chine. Quai d’Orsay, ont confirmé une nette responsables politiques de l’ancien pré
dégradation de l’image de la carré français n’hésitent plus à
France en Afrique. afficher de nouvelles ami-
Le durcissement tiés, avec Washington
de la politique par exemple. C’est
d’immigration le cas du président
����������������
sous la direc- �������������� ��������������� sénégalais Abdou-
tion de l’ex- ����� laye Wade. D’au-
���������� ���� ����������������
����� ��������
ministre de ����������� ���������
tres prennent
�������
���� ��������� ��������� leurs distances,
������������
�����
����� comme le pré-
���� ��������� �������������� sident ivoirien
��������������������� �����������
�����
�������� ������
�����������
������
���� Laurent Gbagbo,
������������� �������
�������
��������������������� ���������� qui cultive un
����� ���� ����������
�������
�����������
cer tain nationa-
������ �������������
�������
�����
lisme que ses par-
����������
������� tisans traduisent par
des propos antifrançais.
����������
����� Secrétaire d’Etat à la coopé-
���� ������
��������
ration, l’ex-socialiste Jean-Marie
����� ������ ��������
�������
������� ������� ������ Bockel avait affirmé vouloir « signer
�������������
������
���� ��������� �����
l’acte de décès de la “Françafrique” ».
��������
���� ���� �����
������������ ��������
������������ Il visait explicitement les liens publics et
�������� �����
����� �������� �������� �������� privés, souvent opaques, qui attachent la
������� France à nombre de régimes francopho-
������� ����� ��������
����� ����� ����������� nes depuis les indépendances. S’y mêlent
������� ��������� ����� ��������������
����������
����
soutien à des régimes autoritaires, intérêts
�����
�����������������������������
�������� �������
���������� économiques et géopolitiques, réseaux
�����
������������������ personnels d’« amitiés ».
������������������ �������
���������������������� DE JUTEUX BÉNÉFICES
��������������������� �������
����������������������������� �������� Durant sa campagne électorale en
����������������������� 2007, M. Sarkozy avait lui-même laissé
�������������� ���������� �������
������������������������ �������� entendre qu’il mettrait en œuvre cette
���������������������������� ������� « rupture » dans les relations avec l’Afri-
��������������������������
que. Mais la « Françafrique » se révèle
��������������������������� ������� � �������� résistante, et M. Bockel a été « démis-
��������������������������
������ sionné », sous la pression, semble-t-il,
���������������������������
������������������������������������
du président Omar Bongo. Le chef de
��������������������������������
������������������������������������� ������� ���������������������������� l’Etat gabonais représente un des plus
������������������������������������������������������������� anciens piliers de la « Françafrique », et
���������������������������������� �������������������������������������������������������������
����������������������������������� ��������������������������������������������������������� la France détient, dans son pays, d’im-
portants intérêts pétroliers.
SAHARA
OCCIDENTAL
1 500
morts YÉMEN
SÉNÉGAL Population réfugiée
Situation en juin 2008
ÉRYTHRÉE
Villes et bidonvilles,
une bombe à retardement
Les campagnes du continent ur fond de dérèglement climati- L’augmentation de la population
le plus rural de la planète que et de conflits, le plus rural des urbaine, depuis 2000, est l’une des plus
continents (plus de 400 millions rapides du monde, avec en moyenne
(50 % de la population) de personnes sur 965 millions 4,3 % par an, contre 1,2 % en Europe.
se vident dans des mégapoles d’habitants en 2007) vit, depuis le début D’ici à 2010, l’Afrique devrait abriter
qui débordent. L’explosion du siècle, l’un des plus brutaux et intenses 33 villes de plus de 1 million d’habi-
exodes des campagnes vers les villes. Ces tants, contre seulement quatre dans les
sociale guette les ceintures dernières se situent majoritairement sur années 1970 : Le Cap, Johannesburg,
de feu de leurs bidonvilles. les côtes (littoral du golfe de Guinée et Kinshasa et Lagos. Depuis le début du
de l’océan Indien), les vallées des grands siècle, cette dernière, capitale écono-
fleuves (Niger, Congo, Sénégal) et les mique du Nigeria – plus de 14 millions
hautes terres de l’Afrique orientale et d’habitants vivant sur 345 km2 –, attire
australe (de Johannesburg à Nairobi). 600 000 nouveaux migrants par an, soit
une croissance annuelle de 4,8 %. Et
l’on estime qu’en 2020 son agglomé-
Transition urbaine... ... inégalement achevée ration (10 % de la population du pays
répartie sur 0,4 % du territoire national)
pourrait s’insérer dans une conurbation
Part de la population Population
Population urbaine urbaine vivant des bidonvilles de 25 millions de résidents, devenant
Millions dans des bidonvilles Millions ainsi l’une des trois les plus peuplées
22 45 de la planète.
Moins de 50 %
20 Projections
Bidonvilles 40
De 50 à 75 %
18
comptant plus SLUMS, SHACKS ET MULEQUE
de 3 millions 35
De 75 à 90 %
16 de personnes Or cette pression démographique
uniquement 30
14
Plus de 90 % s’exerce sur des villes qui manquent
Lagos Données non disponibles 25 de logements – 2 millions d’unités font
12
10 20 par exemple défaut en Tanzanie –, et
Kinshasa plus généralement de perspectives de
8 Nigeria 15
Khartoum croissance économique permettant aux
6 10 migrants de se faire une place au soleil.
4 Le taux de pauvreté en milieu rural
Abidjan 5
2
0
est certes passé de 47 % à 45 % entre
Egypte
0 1995 et 2000 ; mais, dans les zones
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 Maroc
urbaines africaines, il a augmenté de
2025 Soudan
Sénégal
33 % à 37 % pendant la même période.
22
Mali Tanzanie D’après une étude de l’International
20 Rép. dém.
du Congo Kenya
Journal for Equity in Health, 15 pays
18 d’Afrique subsaharienne compteraient
New York Ouganda
16 désormais un taux de malnutrition
Côte Ghana Cameroun
14 d’Ivoire infantile plus important en ville qu’en
12 Zambie milieu rural.
Mexico Moscou
10 Angola Les plus démunis – fonctionnaires
8 Madagascar licenciés, migrants ayant raté leur inté-
6
gration économique, mais aussi familles
Afrique du Sud
Djakarta Mozambique affaiblies par une épidémie – doivent
4
s’entasser dans des bidonvilles qui, des
2
slums de Nairobi aux shacks de Johan-
0 Sources : « Slums of the world : The face nesburg en passant par les muleque de
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 of urban poverty in the new millennium »,
2025
ONU-Habitat, 2003 (estimations de 2001) ; Luanda, ne cessent de gonfler : 72 % de
base de données Earthtrends du World
Source : World Urbanization Prospects 2007, Resources Institute (http://earthtrends.wri.org). l’Afrique urbaine – près de 300 millions
division de la population des Nations unies.
de personnes – y survivent déjà ; et l’on
MAURITANIE Mer
MALI Rouge
NIGER Khartoum
Dakar
SÉNÉGAL
Bamako Niamey ÉRYTHRÉE
GAMBIE Ouagadougou Kano TCHAD
Europe
ex-URSS Asie
168 148
Proche-
11 Orient
Amérique
du Sud 81 91 Balance des échanges
92
et centrale de biens 1 en 2006
27
Afrique Excédentaire
Déficitaire
Pourcentage des pays africains... Combustible et minerai Produits manufacturés Produits agricoles Autres
8
Structure des exportations africaines
7 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 %
5
... dans le total des Vers l’Europe
exportations mondiales
4
à l’Europe en Afrique
français des relations internationales. une Afrique cantonnée jusqu’alors aux Enfin, la plus grande puissance de
Un modèle guidé par deux principes : FMI’s boys et aux « costumes-cravates » la région, le Japon, qui avait plutôt pri-
« confiance mutuelle et non-ingérence qui ont démantelé les services publics et vilégié les aides classiques au dévelop-
sur le plan politique » et « coopération écrasé les cultures nationales, cette arri- pement (1,2 milliard de dollars prévus
dans un esprit gagnant-gagnant sur le vée change singulièrement le paysage. entre 2007 et 2012), prend conscience
plan économique », selon le Livre blanc Cela explique le succès de ce que l’on de l’intérêt économique du continent.
sur la politique de la Chine en Afrique, a appelé le soft power chinois. Le gouvernement a ainsi créé un fonds
publié par le gouvernement en 2006. Cette percée sur les terres africaines doté de 5 milliards de dollars pour aider
Cherchant à conquérir les esprits, sinon a poussé l’Inde à mettre les bouchées les entreprises nipponnes à s’implanter.
les cœurs, il se présente en opposition doubles. L’autre géant asiatique a, lui Et, en 2008, du 28 au 30 mai, Tokyo a
ouverte avec les pratiques des Occiden- aussi, organisé son sommet africain, aussi organisé un sommet africain (le
taux. Les prêts sont souvent à intérêts à New Delhi, et incité ses entreprises quatrième du nom), en cherchant à lui
réduits, les infrastructures réellement à investir. En quatre ans (de 2003 à donner un peu d’éclat… L’Asie est prise
construites, les aides ne comportent 2007), ses échanges commerciaux avec d’une sorte de fièvre africaine. ●
aucune clause particulière autre que le continent noir ont été multipliés par
commerciale. près de quatre, atteignant 25 milliards Sur la Toile
Bien sûr, le pillage des ressources, de dollars par an. Cela reste deux fois
le mépris pour l’environnement n’ont moins important que le commerce sino- g China Security :
www.chinasecurity.us/index.asp
rien à envier aux pays développés, les africain, mais la courbe est impression-
conditions de travail dans les mines, nante. D’autant que l’Inde, comme la g Tokyo International Conference
on African Development :
les usines ou sur les chantiers y sont Chine, concentre ses relations écono- www.mofa.go.jp/region/africa/ticad
certainement plus dures qu’en Chine, miques sur cinq pays : l’Afrique du Sud,
g Africa-India Forum Summit :
et le rachat de terres, comme en Ethio- l’Angola, le Mozambique, la Zambie, le www.africa-union.org/root/au/
pie, inquiète. Bien sûr, Pékin exige – et Zimbabwe. La concurrence peut s’avé- Conferences/2008/april/India-Africa/
obtient – souvent la rupture d’éventuel- rer rude, notamment pour les matières India-Africa.html
les relations avec Taïwan. Mais, pour premières.
Plus de 100 %
L’APPORT DES FONDS SOUVERAINS
ZIMBABWE
De 50 à 100 %
NAMIBIE
BOTSWANA
MOZAMBIQUE Cette dernière prévoit, pour la première
fois, l’annulation de la totalité de la dette
De 20 à 50 % SWAZILAND
envers la Banque mondiale, le FMI et
MADAGASCAR
Moins de 20 % LESOTHO la Banque africaine de développement.
AFRIQUE
Données non disponibles DU SUD Mais cette initiative, assortie des condi-
tions habituelles, exclut de nombreux
Source : Global Development Finance, base de données 0 1 000 km
pays dont la dette est tout aussi insoute-
en ligne de la Banque mondiale (données de 2006). Voir aussi la carte p. 33. nable que celle des pays choisis.
Face à l’échec de l’aide publique au
développement et à la crise de la dette
L’échec de l’aide publique elon un rapport d’Action extérieure, le FMI et la Banque mon-
au développement et Aid en 2005, seul un tiers de diale poussent désormais les pays afri-
l’« aide » fournie en 2003 par cains à une course effrénée pour attirer
de la gestion de la dette les pays de l’Organisation de des investissements directs étrangers
n’a pas été compensé par coopération et de développement éco- (IDE). Mais le volume moyen annuel
les investissements directs nomiques (OCDE) correspond à une de ces derniers à destination de l’Afri-
aide véritable. Le reste, qualifié d’« aide que reste faible, en dépit de leur coût
étrangers, qui restent faibles fictive », revient aux pays donateurs – le en termes de dumping fiscal et social :
et devraient diminuer avec pourcentage atteindrait même 90 % même le chiffre record de 36 milliards
la crise. D’autres ressources s’agissant des Etats-Unis. S’ajoutent les de dollars, atteint en 2006, ne représen-
conditions liées à l’aide, qui augmentent tait qu’environ 3 % des IDE mondiaux
permettraient pourtant aux le coût de sa mise en œuvre. et 9 % des flux destinés aux pays en voie
pays concernés de regagner Le sommet du G8 qui a eu lieu en de développement.
de l’autonomie. juillet 2005 avait promis de doubler De surcroît, selon la Cnuced, la fuite
l’aide à l’Afrique en 2010, en la portant des capitaux fait de l’Afrique une créan-
à 50 milliards de dollars. Mais l’objec- cière nette des pays développés, alors
tif ne sera pas atteint, et les problèmes que le rapatriement des fonds illégale-
structurels qui expliquent cet échec ment déposés à l’étranger lui aurait per-
demeurent. mis d’avoir moins besoin d’IDE, qu’elle
contribuer à orienter une part de ces Sources : Banque mondiale, Fonds monétaire international,
ressources vers des activités producti- Banque interaméricaine de développement, 2008.
ves. Le rapport 2007 de la Cnuced sur
l’Afrique incite celle-ci à rechercher
des ressources intérieures pour gagner
en autonomie. La Cnuced insiste en ... et des intérêts colossaux
outre sur le potentiel de l’« économie
créative » (arts traditionnels, artisanat, Service de la dette Remboursements
nouveaux médias, etc.). Millions de dollars Intérêts
De 1995 à 2005, le commerce Sud- 1 600 Côte d’Ivoire
Sud a triplé, passant de 577 à 1 700 mil- 1 400
liards de dollars. Provenant des pays 1 200
du Golfe, de la Chine, de l’Inde, du 1 000
Pour 2007,
seul le montant
Venezuela et d’autres pays d’Amérique des intérêts
800 est connu.
latine, les apports de nouveaux fonds
600
souverains ouvrent une plus grande
400
marge de manœuvre aux pays africains.
Car ils ne sont pas assortis des condi- 200 ?
tions onéreuses et surtout des critères 0
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005
politiques ou idéologiques qui accom-
pagnent les prêts octroyés par les pays 1 000 Zimbabwe
occidentaux, le FMI et la Banque mon-
800
diale. Ils pourraient renforcer l’autono-
600
mie nécessaire à l’Afrique pour élaborer
400
et conduire ses propres politiques de
développement. ● 200 ?
0
Sur la Toile
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005
De grèves en manifestations,
Les mouvements sociaux
africains se sont développés « What’s the plan ? »
en réaction aux politiques Calendrier des réformes liées à un plan d’ajustement structurel
selon la Banque mondiale (morceaux choisis)
dévastatrices prônées par
Année de la réforme 1 2 3 4 ...
les organisations
COMMERCE Supprimer les quotas Diminuer
internationales et l’Union aux importations les droits de douane
européenne. En outre,
MARCHÉ DU TRAVAIL Déréglementer embauches Libéraliser les
les récentes hausses massives et licenciements négociations salariales
du coût de la vie et le blocage
« Evaluer » les ... avant de les privatiser
de la démocratisation grandes entreprises...
provoquent régulièrement des
PRIX Libéraliser les prix... ... y compris ceux des
grèves et des manifestations, biens de première nécessité
souvent durement réprimées.
Sources : Philippe Hugon (sous la dir. de), Ajustement structurel, emploi et rôle des partenaires sociaux en Afrique
francophone, ILO, Cahiers de l’emploi et de la formation n° 28, 1998 ; Banque mondiale, 2008.
u nom des « avantages com- tions paysannes et des producteurs de cette dernière, en septembre 2003,
paratifs », la Banque mon- de l’Afrique de l’Ouest, revendiquent au Mexique : en mettant en évidence les
diale, le Fonds monétaire une politique de souveraineté alimen- enjeux de ces assises et en soulignant
international (FMI) et l’Orga- taire. Exigeant le droit de défendre les l’injustice des subventions agricoles
nisation mondiale du commerce (OMC) intérêts des populations, ils ont obtenu des pays du Nord, ils ont convaincu les
ont forcé les pays africains à libéraliser des mesures de protection de certai- délégués africains de faire bloc avec
le commerce des produits agricoles. Ils nes filières, comme au Burkina, en ceux des autres pays du Sud, sapant les
ont mis l’accent sur les cultures d’ex- Côte d’Ivoire, au Mali, au Niger ou ententes que les Etats-Unis et l’Union
portation pour rembourser la dette, au au Sénégal. européenne nouaient dans leur dos.
détriment des cultures vivrières. D’où Les mouvements sociaux africains, La résistance aux politiques néo-
l’invasion des marchés nationaux par notamment le Réseau africain sur le libérales a pris parfois la forme de
des produits subventionnés venant des commerce, ont participé, en collabo- grèves générales : en 2005, le mou-
pays développés. ration avec le Réseau tiers-monde de vement social nigérien a décrété des
Contre cette soumission et la pau- Martin Khor, basé en Malaisie, à toutes journées « villes mortes », obligeant
périsation qu’elle engendre, les orga- les mobilisations contre l’OMC depuis le gouvernement à annuler la TVA de
nisations de producteurs agricoles, 1999. Ils ont joué un grand rôle dans 18 %. Celle-ci avait été adoptée sur l’in-
notamment le Réseau des organisa- l’échec de la conférence ministérielle jonction du FMI afin de compenser les
et inégalités
Amérique du Nord
20 Asie et
Océanie
« pauvre » 2 Amérique latine
10 et Caraïbes
AFRIQUE
0
1980 1985 1990 1995 2000 2007
2. Sans le Japon ni l’Australie. La baisse soudaine des cours en rien à l’amélioration du niveau de
Maroc Tunisie Stock d’IDE
du pétrole a stoppé l’élan vie. Quant aux pays non producteurs de
entrant en
Egypte Afrique
pétrole, ils se voient pénalisés : ils subis-
Algérie de la croissance économique sent les contrecoups de la hausse du prix
Soudan de l’Afrique et révélé du baril, notamment une contraction de
Nigeria une très grande dépendance leurs économies et une augmentation
des prix des denrées alimentaires.
à l’égard de l’exportation Les capitaux investis dans les pays
Cameroun
de ses matières premières. africains proviennent essentiellement
Milliards Angola des pays émergents d’Asie : Hongkong,
de dollars Corée du Sud, Chine, Inde et Malai-
100 sie. Au total, la région a bénéficié de
50 Afrique
du Sud
38 milliards de dollars d’investissements
10 directs étrangers (IDE) en 2007, contre
Source : World Investment Report 2008, Cnuced. 1,2 milliard de dollars durant la période
2002-2004. Mais ces IDE se concentrent
vec une croissance de 5 % dans les industries extractives et ne béné-
en 2004, de 4,9 % en 2005, ficient qu’à un nombre limité de pays tels
Un continent régionalisé
de 5,8 % en 2006 et de 6 % que le Nigeria, l’Angola, le Mozambi-
UMA en 2007, l’Afrique subsaha- que, le Soudan, le Congo-Brazzaville,
rienne traverse, selon l’Organisation de la Guinée-Equatoriale ou la République
coopération et de développement éco- démocratique du Congo.
Uemoa nomiques, sa meilleure situation éco-
nomique depuis une trentaine d’années. IMPORTATION DE PRODUITS DE LUXE
Cemac En 2008, jusqu’au krach de Wall Street, Pis : consacrés pour la plupart à l’ex-
Cedeao
Echanges Comesa la croissance devait atteindre environ ploitation des ressources naturelles, par-
Ceeac
Milliards de dollars 6,5 %, selon la Banque africaine de ticulièrement le pétrole et les minerais,
140 développement. Cette augmentation du ces IDE perpétuent la dépendance de la
produit intérieur brut moyen africain région et son appauvrissement. Car ils
120
s’explique par trois facteurs : les revenus contribuent à une exploitation systéma-
100 SADC SADC d’exportation – particulièrement ceux tique de ses richesses, sans la contre-
du pétrole –, les investissements et la partie d’investissements productifs, de
80 Exportations
Cedeao
consommation. créations d’emplois et d’exportations de
Importations
Les revenus générés par la flambée biens manufacturés.
60
du prix du brut ont donné un coup de Les flux commerciaux entre les
40 fouet aux économies pétrolières de la pays de la région et ceux du reste du
région, mais n’ont, malheureusement, monde se réduisent à l’importation de
20 Cemac pas entraîné une diversification des produits manufacturés et à l’exportation
économies des pays producteurs, qu’il de produits de base, ce qui freine tout
0
1996 1998 2000 2002 2004 2007 s’agisse de l’amélioration des infrastruc- développement industriel autonome.
UMA : Union du Maghreb arabe ; Cedeao : Communauté tures ou du développement humain. La concurrence des produits asiatiques
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ; Uemoa :
Union économique et monétaire ouest-africaine ; Cemac : Ils ont, en réalité, renforcé les menace en particulier la survie de cer-
Communauté économique et monétaire de l’Afrique
centrale ; Ceeac : Communauté économique des Etats de enclaves logistiques et économiques taines industries : ainsi le textile, menacé
l’Afrique centrale ; Comesa : Marché commun des Etats
d’Afrique orientale et du Sud ; SADC : Communauté de
que les compagnies étrangères créent de faillite au Nigeria, au Cameroun, en
développement de l’Afrique australe. dans les pays producteurs et d’où sont Afrique du Sud et en Zambie, victime de
Sources : Banque africaine de développement, 2007 ;
statistiques du commerce international 2007, exclues les populations locales. Les la concurrence des exportations et des
Organisation mondiale du commerce. revenus tirés de l’or noir ne contribuent investissements chinois dans le secteur.
ALGÉRIE
SAHARA
LIBYE
OCCIDENTAL ÉGYPTE
MER
MAURITANIE
MALI
NIGER ROUGE
SÉNÉGAL SOUDAN ÉRYTHRÉE
TCHAD
GAMBIE
BURKINA
FASO DJIBOUTI
GUINÉE- BÉNIN
GUINÉE NIGERIA
BISSAU SOMALILAND
CÔTE D’IVOIRE TOGO
SIERRA GHANA
LEONE CENTRAFRIQUE
ÉTHIOPIE
LIBERIA
CAMEROUN SOMALIE
GUINÉE- OUGANDA
ÉQUATORIALE KENYA
OCÉAN RÉPUBLIQUE
GABON DÉMOCRATIQUE
ATLANTIQUE
DU CONGO
RWANDA
CONGO
Les territoires de l’Afrique « utile » BURUNDI OCÉAN
(captant l’essentiel des IDE) TANZANIE
INDIEN
Cette propension des gouverne- gence de ces entrepreneurs représente, fuite des capitaux. Dans un tel contexte,
ments africains à consommer des biens certes, une avancée, mais leur bouli- il est logique que la croissance n’ait pas
importés est exacerbée par une classe mie de consommation de produits de réduit la pauvreté ni, a fortiori, accru le
moyenne émergente issue de la nouvelle luxe fabriqués à l’étranger accentue la niveau de vie des populations. ●
embellie et des politiques de discrimi- sortie massive de devises. Or celles-ci
nation positive en matière d’emplois et auraient pu servir au renouvellement de Sur la Toile
d’actionnariat. Ainsi avec les politiques l’épargne nationale, au réinvestissement
mises en application en Afrique du Sud et au financement d’autres activités, g Banque africaine de développement :
www.afdb.org
ou résultant des programmes de privati- créatrices de plus-values et d’emplois.
sation qui assignent des quotas d’actions Ainsi, les investissements, le com- g Africa Economic Analysis :
à des nationaux. merce et la consommation, qui devraient www.africaeconomicanalysis.org
Cette élite opère dans la finance, les constituer les facteurs d’une croissance g Blog de Sanou Mbaye :
mines, le transport, la construction, la saine et durable, génèrent, tout au http://sanoumbaye.free.fr
petite industrie, l’import-export. L’émer- contraire, déficits, pertes d’emplois et
���������������������������������������������������������������������
������������������������������� ������������������������
����������� ����������� �������������������
��������� ���������
�������
� ��� ��� ��� ��� ���� ��������
������������������������������������� �����
�����������������������������������������
����������������������������������� ��������
����������������������������������������
������������� ��������� �� ����������� �� �� ���������
���������������������������������������� �������
����������������������������������������
������������������������������������������� ������������
��������������������������������������
�������������������������������������������������������������������������������� ������������������������������������������������������������������
����������������������������������������������������� ���������������������������������������������������������������
Conflits ethniques
ou lutte pour le pouvoir ?
L’africanisme a longtemps e but ultime de la violence poli- concocté par les acteurs politiques locaux
professé que l’ethnicité tique, mode récurrent de régu- en fonction des rapports des forces en
lation sociale, consiste dans la présence (pouvoir-opposition), face à
constituait l’alpha et l’omega conquête du pouvoir d’Etat ou, une alternance politique bloquée et/ou à
des conflits sur le continent. à défaut, dans sa déstabilisation. Elle est la confiscation des ressources de l’Etat.
A supposer qu’il soit fondé dite « de haute intensité » lorsqu’elle Les exemples abondent : instrumentali-
s’exprime par des rébellions armées ou sation ethnique (rébellions touarègues),
d’admettre l’existence des guerres civiles : Angola avant 2003, religieuse (Armée de résistance du Sei-
du nationalisme ethnique, Burundi, Soudan (Darfour), Mali, Niger, gneur en Ouganda, Bundu Dia Kongo
aucune preuve n’est jamais Centrafrique, Ouganda, Somalie. Elle en République démocratique du Congo),
est dite « de basse intensité » lorsqu’elle frontalière (Ethiopie-Erythrée), voire
venue corroborer cette thèse. est utilisée pour exprimer le méconten- linguistique (l’arabe et le berbère).
La conflictualité africaine est tement résultant des demandes sociales En Afrique noire, l’ethnie représente
une violence politique dont non satisfaites : villes mortes, boycot- une institution sociale et un concept
tage fiscal ou électoral, échauffourées équivalent à celui de nation ou de
l’enjeu est le pouvoir d’Etat. ou émeutes (grève des chauffeurs de taxi peuple. Qu’elle ait subi les affres de la
au Cameroun, émeutes postélectorales traite négrière, de la colonisation et de la
au Kenya). postcolonisation n’a nullement changé
A la lumière des expériences récentes, sa nature.
la langue, la frontière, l’ethnie ne consti- Sa précarité autant que son errance
tuent que des variables intégrées dans obéissent à une double cause. C’est,
un jeu complexe d’instrumentalisation d’une part, la perte brutale, à la suite
��������
������������������������������������� ������ �������
par les anciennes rébel- ������
������������������� ������ ����������
lions revendiquant l’iden-
�
Rivalités interreligieuses et
Avec presque autant n 2005, l’Afrique subsaharienne de 2000, dans 12 Etats du nord de la
de chrétiens que comptait plus de 371 millions République fédérale du Nigeria ainsi
de musulmans (45 % de la que la présence de groupuscules sala-
de musulmans, l’Afrique population continentale), fistes dans le Sahara suscitent la crainte
noire est le théâtre d’un 304 millions de chrétiens et 137 millions d’une radicalisation du Sahel par le fon-
essor des nouvelles églises de pratiquants de religions traditionnel- damentalisme.
les – qu’il s’agisse du vaudou pour le Le Nigeria connaît, depuis le début
pentecôtistes et évangéliques. golfe de Guinée, de traditions africaines de ce siècle, des affrontements interreli-
Après les indépendances, syncrétiques ou de cultes prophétiques, gieux qui ont causé la mort de plusieurs
la compétition entre religions comme le mouvement armé congolais milliers de personnes. Dans ces conflits,
Bundu Dia Kongo. la charia sert surtout d’arme politique
opère sur le terrain social Depuis le 11 septembre 2001, les contre le pouvoir central d’Abuja. La
et jusque dans les cercles variantes de l’islam (à l’instar de la communauté du renseignement amé-
politiques. tidjaniya) pratiquées sur le continent ricain estime toutefois que, parmi les
retiennent particulièrement l’attention menaces les plus importantes qui pour-
occidentale. Majoritairement sunnites, raient peser dans les quinze années à
ces dernières s’enracinent en Afrique venir sur la planète, figure une implosion
de l’Ouest ainsi que sur les côtes orien- religieuse du Nigeria, également partagé
Coexistence
C
Coe
oexiististenc
tencee des des re reli
religions
ligi
gion
ion
ons
ns TTunis
Tuni
Tun
unis
is
tales. L’instauration de entre musulmans et chrétiens.
Alger
la charia, à Or ce géant africain pourrait abriter
Rabat TUNISIE la fin près de 300 millions d’habitants d’ici à
MAROC Tripoli 2050. « Suivant l’évolution des conflits
Le Caire religieux en cours, analyse l’historien
ALGÉRIE des religions Philippe Jenkins, soit
LIBYE
SAHARA
OCCIDENTAL
ÉGYPTE il pourrait devenir un super-Etat
musulman, soit il pourrait se
MAURITANIE
scinder en deux ou trois plus
Nouakchott SOUDAN
petites entités axées autour
CAP-
VERT MALI NIGER de la question religieuse
Dakar SÉNÉGAL TCHAD ÉRYTHRÉE
Banjul GAMBIE Niamey Khartoum Asmara a et ethnique ». Et
Praia Bamako Ouagadougou
GUINÉE-
Bissau N’Djamena DJIBOUTI d’en conclure :
GUINÉE BURKINA
BISSAU
Conakry FASO BÉNIN NIGERIA Djibouti « Le sort reli-
TOGO Abuja Addis-Abeba
Freetown Yamoussoukro Porto gieux du Nige-
SIERRA LEONE Monrovia GHANA Novo CENTRAFRIQUE ÉTHIOPIE
CAMEROUN Bangui ria pourrait être
LIBERIA CÔTE Accra Lomé
D’IVOIRE Yaoundé SOMALIE un fait politique
GUINÉE- OUGANDA
ÉQUATORIALE RÉPUBLIQUE Kampala KENYA Mogadiscio d’une immense
Libreville DÉMOCRATIQUE
DU CONGO Nairobi importance durant
Pays à religion dominante SÃO-TOMÉ- GABONCONGO RWANDA
ET-PRÍNCIPE Kigali ce nouveau siècle. »
Pays d’unité religieuse Brazzaville
Kinshasa
BURUNDI
Bujumbura Au-delà du
Islam Christianisme Dodoma
Nigeria, l’Afrique
Pays à une religion principale TANZANIE
Luanda connaît, face à l’is-
Islam Christianisme COMORES lam, un véritable
ANGOLA MALAWI réveil biblique.
Pays de pluralisme religieux ZAMBIE Lilongwe
Pays à deux religions principales Lusaka En témoigne la
Islam et christianisme Harare
MOZAMBIQUE croissance expo-
Religions traditionnelles et islam NAMIBIE ZIMBABWE
Antananarivoo nentielle du chris-
Windhoek BOTSWANA MADAGASCAR R tianisme, dont le
Religions traditionnelles
et christianisme Gaborone nombre de prati-
Pretoria Maputo
Pays à trois religions principales quants ne se chif-
Mbabane
Islam, christianisme SWAZILAND frait qu’à 10 millions
et religions traditionnelles Maseru en 1900. Les menaces
AFRIQUE LESOTHO
DU SUD de dissidence de l’Eglise
Sources : Brigitte Dumortier, Atlas des religions, Autrement, 2002, anglicane africaine par rap-
d’après J.-C. Barbier et E. Dorier-Apprill, Annales de géographie, n° 588, 0 1 000 km port à celle de Canterbury – sur
mars-avril 1996 ; World Perspective, université de Sherbrooke, Canada, 2009.
fond d’ordination contestée de prê-
Sur la Toile
g Center for Studies on New Religions : ���������� ����������������
www.cesnur.org/2007/bord_damome.htm ��������������
g Site d’information mouride : ��������������
www.htcom.sn �������
Pierre Abramovici (p. 166), journaliste. Auteur de « Con- Selig S. Harrison (p. 142), directeur du National Security Gérard Prunier (p. 158), chercheur au Centre national
sidération sur l’origine des Forces spéciales », dans Les Project au Center for International Policy, Washington. de la recherche scientifique (CNRS), spécialiste de
Forces spéciales : concept et histoire, Centre d’études Auteur de Korean Endgame. A Strategy for Reunifi- l’Afrique centrale et orientale. Auteur de From Geno-
d’histoire de la défense, 2007. cation and US Disengagement, Princeton University cide to Continental War. The « Congolese » Conflict
Press, Princeton, New Jersey, 2003. and the Crisis of Contemporary Africa, Hurst and Co,
Akram Belkaïd (p. 120), journaliste indépendant, Paris. Londres, 2009.
Auteur d’Un regard calme sur l’Algérie, Seuil, Paris, Jean-Paul Hébert (p. 40), directeur du Centre interdisci-
2005. plinaire de recherches sur la paix et d’études stratégiques Jean-Luc Racine (p. 136), directeur de recherche au
(Cirpes). Auteur de Le Débat stratégique sur l’armement Centre national de la recherche scientifique (CNRS),
Jacques Berthelot (p. 20 et 22), économiste et membre 1992-2005, Cahier d’études stratégiques, n° 38-39, Centre d’études de l’Inde et de l’Asie du Sud, Ecole
du conseil scientifique d’Attac. Paris, 2006. des hautes études en sciences sociales (EHESS). Au-
Emmanuelle Bournay, géographe et cartographe. Co- teur de Cachemire. Au péril de la guerre, Autrement,
Michel Husson (p. 28), économiste à l’Institut de recher- Paris, 2002.
auteure du Vital Waste Graphics, Programme des Na- ches économiques et sociales (IRES). Auteur d’Un pur
tions unies pour l’environnement - convention de Bâle, capitalisme, Page deux, Lausanne, 2008. Jean Radvanyi (p. 72 et 104), directeur du Centre franco-
2004. russe de recherche en sciences humaines et sociales à
Isaac Johsua (p. 12), économiste, membre du conseil Moscou. Auteur de La Nouvelle Russie, Armand Colin,
Philippe Bovet (p. 96), journaliste indépendant. Auteur scientifique d’Attac. Auteur d’Une trajectoire du capi- Paris, 2007.
de Les Ecoquartiers, Terre vivante, mai 2009. tal. De la crise de 1929 à celle de la nouvelle économie,
Syllepse, Paris, 2006. Carole Rap (p. 100), journaliste.
Colette Braeckman (p. 160), journaliste chargée de
l’actualité africaine au quotidien Le Soir, Bruxelles. Au- Léon Koungou (p. 170), docteur en science politique, Philippe Rekacewicz (p. 118), géographe. Coauteur de
teure de Les Nouveaux Prédateurs, Fayard, Paris, 2002. chargé d’enseignement à l’université François-Rabelais, l’exposition « Frontières, migrants et réfugiés », 2007.
Martine Bulard (p. 52, 64, 68, 140 et 180), rédactrice Tours. Mathias Reymond (p. 112), maître de conférences en
en chef adjointe au Monde diplomatique. Auteure de Marc Laimé (p. 26), journaliste. Auteur de Les Batailles sciences économiques à l’université d’Evry.
Chine-Inde. La course du dragon et de l’éléphant, de l’eau, Terre bleue, Paris, 2008. Anne-Cécile Robert (p. 74, 154 et 172), rédactrice en
Fayard, Paris, 2008.
Marc Lavergne (p. 80), directeur de recherche au Centre chef adjointe au Monde diplomatique. Coauteure avec
Vicken Cheterian (p. 146), responsable de recherche au national de la recherche scientifique (CNRS), directeur Jean-Christophe Servant d’Afriques, années zéro, L’Ata
Cimera, Genève. Auteur de War and Peace in the Cau- du Centre d’études et de documentation économique, lante, Nantes, 2008.
casus, Russia’s Troubled Frontier, Hurst - Columbia juridique et sociale (Cedej, Le Caire). Syed Saleem Shahzad (p. 134), directeur du bureau au
University Press, New York, 2008. Pakistan d’Asia Times Online, Hongkong.
Hervé Le Crosnier (p. 44), maître de conférences à
Georges Corm (p. 48 et 106), professeur d’université. l’université de Caen. Auteur de « Tentative de définition Catherine Samary (p. 148), maître de conférences en
Auteur d’Histoire du Moyen-Orient. De l’Antiquité à du vectorialisme », dans Traitements et pratiques docu- économie à l’université Paris-Dauphine, associée à
nos jours, La Découverte, Paris, 2007. mentaires : vers un changement de paradigme ?, Actes l’Institut d’études européennes, Paris-VIII. Auteure de
de la deuxième conférence « Document numérique et Yougoslavie, de la décomposition aux enjeux européens,
Patrick Criqui (p. 98), économiste et directeur du Labo- société », 2008.
ratoire d’économie de la production et de l’intégration Editions du Cygne, Paris, 2008
internationale, CNRS - université de Grenoble. Concep- Maurice Lemoine (p. 54 et 150), rédacteur en chef Nicolas Sarkis (p. 94), directeur du bimensuel Le Pétrole
teur du modèle énergétique mondial POLES. au Monde diplomatique. Auteur de Le Venezuela de et le Gaz arabes, Paris.
Chávez, Editions Alternatives, Paris, 2006.
Demba Moussa Dembélé (p. 182 et 184), économiste et Hermann Scheer (p. 110), président du World Council
directeur du Forum africain des alternatives. Coauteur Dominique Lévy (p. 36), économiste, directeur de re- for Renewable Energy (WCRE) et de l’Association eu-
de L’Afrique répond à Sarkozy. Contre le discours de cherche au Centre national de la recherche scientifique ropéenne pour les énergies renouvelables (Eurosolar).
Dakar, Philippe Rey, Paris, 2008. (CNRS). Coauteur avec Gérard Duménil de Crise et Auteur de L’Autonomie énergétique. Une nouvelle poli-
sortie de crise. Ordre et désordres néolibéraux, Presses tique pour les énergies renouvelables, Actes Sud, Arles,
Nicolas Dot-Pouillard (p. 130), doctorant en études poli- universitaires de France, Paris, 2000. 2007.
tiques à l’Ecole des hautes études en sciences sociales
(EHESS), Paris, et à l’Université libanaise, Beyrouth. Philippe Leymarie (p. 82, 156 et 162), journaliste à Ra- Claude Serfati (p. 18), enseignant-chercheur en écono
dio France Internationale. Coauteur avec Thierry Perret mie à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines. A
Gérard Duménil (p. 36), économiste. Coauteur avec de Les Cent Clés de l’Afrique, Hachette Littératures, dirigé Une économie politique de la sécurité, Karthala,
Jacques Bidet d’Altermarxisme. Un autre marxisme Paris, 2006. Paris, 2008.
pour un autre monde, Presses universitaires de France,
Paris, 2007. Nieves López Izquierdo, géographe et architecte. Coau- Jean-Christophe Servant (p. 164, 176, 178 et 190), jour-
teure avec Riccardo Pravettoni de L’Atlas géopolitique naliste au magazine Géo Histoire, collaborateur Afri-
André-Michel Essoungou (p. 168), journaliste, Genève. de l’Amérique du Sud. Energie et conflits, à paraître en que pour Le Monde diplomatique. Coauteur avec Anne-
Auteur de Justice à Arusha. Un tribunal international 2009. Cécile Robert d’Afriques, années zéro, L’Atalante,
politiquement encadré face au génocide rwandais, Nantes, 2008.
L’Harmattan, Paris, 2006. Jean-Marc Manach (p. 46), journaliste. Coauteur de Les
Surveillants surveillés. Une anthologie des Big Brother Agnès Sinaï (p. 88), journaliste, maître de conférences à
Michel Foucher (p. 56), professeur de géographie à Awards, Zones, Paris, 2008. l’Institut d’études politiques de Paris.
l’Ecole normale supérieure, Paris. Auteur de L’Obsession
des frontières, Perrin, Paris, 2007. Laura Margueritte, géographe et cartographe. Vaclav Smil (p. 92), professeur à l’université de Mani-
toba, Canada, et membre de la Royal Society of Canada.
Hélène Gassin (p. 102), consultante indépendante sur les Cécile Marin, géographe et cartographe. Coauteure avec Auteur de Global Catastrophes and Trends. The Next
questions d’énergie et d’environnement. Coauteure avec Gérard Salem et Zoé Vaillant de l’Atlas mondial de la Fifty Years, MIT-Press, Cambridge, 2008.
Benjamin Dessus de So watt ? L’énergie, une affaire de santé, Autrement, Paris, 2008.
citoyens, Editions de l’Aube, La Tour-d’Aigues, 2005. Agnès Stienne, graphiste. Créations (affiches et bro-
Stephan Martens (p. 76), professeur de civilisation chures) pour les Carrefours de la pensée (2005-2008).
Philip S. Golub (p. 10, 50 et 62), professeur associé en re- allemande contemporaine à l’université Bordeaux-III.
lations internationales à l’Institut d’études européennes, A dirigé L’Allemagne, vingt ans après la chute du mur Eric Toussaint (p. 30 et 32), président du Comité pour
université Paris-VIII. Auteur de Losing Control : Ameri- de Berlin, Presses universitaires de Bordeaux, Pessac, à l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM-
can Imperial Politics and the Question of World Order, à paraître fin 2009. Belgique). Auteur de Banque mondiale : le coup d’Etat
paraître chez Pluto Press, Londres, 2009. permanent. L’agenda caché du Consensus de Washing-
Sanou Mbaye (p. 186), économiste, ancien haut fonc- ton, CADTM-Syllepse, Liège-Paris, 2006.
Cédric Gouverneur (p. 138), journaliste et enseignant à tionnaire de la Banque africaine de développement
l’école de journalisme du Celsa Paris-IV. Coauteur de (BAD). Auteur de L’Afrique au secours de l’Afrique, Mwayila Tshiyembe (p. 188), directeur de l’Institut pan-
L’Atelier, Ivry-sur-Seine, 2009. africain de géopolitique, Nancy. Auteur de Refondation
Produire de la richesse autrement, Centre Europe - tiers-
de la nation et nationalité en République démocratique
monde (Cetim), Genève, 2008. Aude Merlin (p. 144), chargée de cours à l’Université du Congo, L’Harmattan, Paris, 2007.
Alain Gresh (p. 58, 70 et 124), directeur adjoint au libre de Bruxelles, membre du Centre d’étude de la vie
politique (Cevipol). A dirigé Où va la Russie ?, Editions Michel Verrier (p. 132), journaliste indépendant, Berlin.
Monde diplomatique et spécialiste du Proche-Orient.
Coauteur avec Dominique Vidal de Les Cent Clés du universitaires de Bruxelles, 2007. Dominique Vidal (p. 116 et 128), journaliste au Monde
Proche-Orient, Hachette Littératures, Paris, 2006. Damien Millet (p. 24), porte-parole du Comité pour diplomatique, responsable des éditions internationales et
l’annulation de la dette du tiers-monde France (CADTM). du développement. Auteur avec Sébastien Boussois de
Jean-Pierre Guengant (p. 174), directeur de recherche et Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949),
représentant de l’Institut de recherche pour le dévelop- Coauteur avec Frédéric Chauvreau de la bande dessinée
Le Système Dette, CADTM-Syllepse, Paris, 2009. L’Atelier, Ivry-sur-Seine, 2007.
pement (IRD) au Burkina Faso. Auteur de La Jachère
en Afrique tropicale. L’apport en sciences sociales, Khadija Mohsen-Finan (p. 122), chercheuse, respon- Ibrahim Warde (p. 34), professeur associé à la Fletcher
L’Harmattan, Paris, 2006. sable du programme Maghreb à l’Institut français des School of Law and Diplomacy, Tufts University, Med-
relations internationales (IFRI), enseignante à l’Institut ford, Massachusetts. Auteur de Propagande impériale
Michèle Guillon (p.14), professeure émérite de géogra- et guerre financière contre le terrorisme, Agone - Le
d’études politiques de Paris. A dirigé L’Image de la
phie à l’université de Poitiers. Coauteure avec Nicole Monde diplomatique, Marseille-Paris, 2007.
femme au Maghreb, Actes Sud, Arles, 2008.
Sztokman de Géographie mondiale de la population,
Ellipses, Paris, 2008. Odaira Namihei (p. 66), journaliste. Catherine Wihtol de Wenden (p.16), directrice de re-
cherche au Centre national de la recherche scientifique
Serge Halimi (p. 6 et 42), directeur du Monde diplo- Didier Ortolland (p. 84), conseiller des affaires étran (Centre d’études et de recherches internationales), en-
matique. Auteur de Le Grand Bond en arrière, Fayard, gères. A dirigé L’Atlas géopolitique des espaces mari- seignante à l’Institut d’études politiques de Paris. Au-
Paris, 2004. times, Technip, Paris, 2008. teure de l’Atlas des migrations dans le monde, Autre-
ment, Paris, 2009 (seconde édition).
Peter Harling (p. 126), directeur pour l’Irak, la Syrie et Arrigo Pallotti (p. 108), chercheur en histoire et institu-
le Liban au sein de l’International Crisis Group. tions africaines à l’université de Bologne, membre du Olivier Zajec (p. 38), chargé d’études à la Compagnie
comité de rédaction de la revue Afriche e Orienti. européenne d’intelligence stratégique (CEIS), Paris.
Jean-Marie Harribey (p. 90), maître de conférences en
économie à l’université Bordeaux-IV. Coauteur avec Riccardo Pravettoni, géographe et cartographe. Coauteur Dariusz Zalega (p. 78), politologue et rédacteur en
Eric Berr de Le Développement en question(s), Presses avec Nieves López Izquierdo de L’Atlas géopolitique de chef de l’hebdomadaire Trybuna Robotnicza (Tribune
universitaires de Bordeaux, Pessac, 2006. l’Amérique du Sud. Energie et conflits, à paraître en 2009. ouvrière), Varsovie.