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Résumé global :
Le 20 juin 1934, Simone Weil se met en congé afin de pouvoir y étudier les
conditions de vie des ouvriers dans les usines. Elle dit dans l’œuvre : « Je
désirerais préparer une thèse de philosophie concernant le rapport de la
technique moderne, base de la grande industrie, avec les aspects essentiels de
notre civilisation, c’est-à-dire d’une part notre organisation sociale, d’autre part
notre culture »
Du 4 décembre 1934 au 23 août 1935, Simone Weil est ainsi en immersion dans
le monde ouvrier en travaillant comme ouvrière successivement chez Alsthom
à Paris, aux Forges de Basse-Indre à Boulogne-Billancourt puis chez Renault.
Pour elle, il ne s'agit pas de vivre une expérience, mais d’« entrer en contact
avec la vie réelle ». Titulaire d’une agrégation de philosophie, elle souhaite
vivre de l’intérieur la condition ouvrière. Elle y travaille jusqu’en avril, avec
plusieurs périodes de mise à pied ou de convalescence. En août 1935, elle cesse
de travailler à l’usine et enseigne à la rentrée au lycée de Bourges. Simone Weil
livre dans cet article un témoignage de la vie d’usine.
Chaque jour, elle formulait alors les instants vécus, « le sentiment d'être livrée
à une machine, de ne pas savoir à quoi répond le travail accompli, ce qu'il sera
demain, si les salaires seront diminués… » qui vont mettre en lumière en vivant
leur quotidien, les conditions épuisantes des ouvriers à l’usine. Elle va
également décrire la dureté des tâches physiques, l’impact du travail sur le
moral des ouvriers, les relations de pouvoirs existantes, un rapport maîtres-
esclaves. Son but : mettre au-devant de la scène leur voix face à l’ignorance car
ces ouvriers n’arrivent pas à réfléchir à leur propre condition et n’arrivent
encore moins à mettre des mots envers le travail qu’ils subissent. Comme elle
dit, en travaillant, « la pensée se rétracte » due aussi à une répétitivité
monocorde des tâches. Conséquences : souffrance + relations dures avec les
autres ouvriers qui ne parlent pas de leur souffrance aux autres, relations
fraternelles exceptionnelles, déshumanisation. Les ouvriers doivent prendre
conscience de l’utilité de leur travail selon elle, même s’ils font ça par dépit afin
de « gagner leur vie ». Ainsi, en cherchant à comprendre les fondements de la
brutalité ouvrière, Simone Weil inscrit sa réflexion dans la perspective du
syndicalisme révolutionnaire, anticapitaliste, qui prône l’auto-organisation des
travailleurs. Elle veut abandonner l’organisation tayloriste, au profit d’une
réorganisation complète du travail en introduisant notamment un nouveau
rapport aux machines. Ainsi, une société sans travail ne serait pas une société
véritablement émancipée : le travail, dans certaines conditions, est formateur,
il nous permet de nous épanouir. Certes, il contient toujours une part de
nécessité et de souffrance, mais il n’est pas déshumanisant par nature. Weil
met ainsi en avant dans ce texte la nécessité de :
- transformer les stimulants du travail,
- instaurer un nouveau rapport à la machine,
-intéresser l’ouvrier à la production,
Dans l’objectif de faire entrer une forme de joie à l’usine afin que la condition
ouvrière cesse d’être une condition d’esclave.
- La Condition Ouvrière est la somme du Journal d'usine et d'une « série de
lettres et d'articles écrits en fonction de son expérience quotidienne.
Ce qu’il faut en retenir : Pour Simone Weil, le but n’est pas d’émanciper les
hommes du travail, ou de refuser le travail manuel de l’usine mais plutôt
transformer radicalement l’organisation du travail, afin que les hommes
retrouvent leur dignité et quittent leur condition d’esclave.