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L'HISTOIRE

DU
ONDE

La Librairie des Écoles


© La Librairie des Ecoles, reproduction et vidéoprojection interdites.
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JÉRÔME MAUFRAS
Professeur certifié d'histoire

L'HISTOIRE
DU
ONDE
li lustrations
/

!EMMANUEL ETIENNE
JEAN-NOËL RocHUT

Conception graphique et réalisation


NATHALIE ÜUDEK

Cartes
MARIE-CHRISTINE LIENNARD
CHRISTEL PAROLINI

Corrections
CAPUCINE )AHAN

La Librairie des Ecoles


26, rue Vercingétorix 75014 Paris

© La Librairie des Éco les, 2015 - lSBN: 978-2-369400-55-4

© La Librairie des Ecoles, reproduction et vidéoprojection interdites.


SOMMAIRE

LA PRÉHISTOIRE
3000000 - 3 300 AVANT J.C.

Les origines de l'Homme 4


Les premiers villages 6
Le début de !'Histoire 8
LE MOYEN ÂGE
476 - 1492

Les invasions germaniques


et les Mérovingiens
Byzance
La naissance de l'islam
L'ANTIQU ITÉ
L'expansion de l'islam
3 300 AVANT J.C. - 476 APRÈS J.C .
Charlemagne et les Carolingiens
La Mésopotamie 10 Des Carolingiens aux Capétiens
,
L'Egypte, une civilisation La féodalité
organisée autour du pharaon 12 , A

L'Egfüse au Moyen Age 54


Les Égyptiens, un peuple polythéiste
Trois œuvres littéraires médiévales 56
Les Hébreux, le peuple de la Bible
L'Allemagne et la Suisse 58
Les Hébreux,
de la destruction du Temple à Jésus-Christ L'Angleterre 60
La civilisation grecque, L'Espagne et le Portugal 62
un monde de cités libres 20 L' Italie
La civilisation grecque, La Russie,
une civilisation de guerriers 22 les pays slaves, baltes et scandinaves 66
La civilisation grecque, une civ ilisation Les croisades 68
de philosophes et de savants
La peste noire
La religion au cœur
La guerre de Cent Ans (1)
de la civilisation grecque
La guerre de Cent Ans (2)
Les origines de Rome
La fin du Moyen Âge
Guerres et conquêtes
de la République romaine Les Mayas, les Incas et les Aztèques
L'Empire romain,
de sa naissance à sa chute 32
Rome, une civ ilisation
brillante et organisée 34
La conversion du monde greco-romain
au christianisme 36
Les origines antiques de la Chine 38

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SOMMAIRE

LES TE MPS CONTEMPORAINS


1789 - À NOS JOURS

La Révolution française 118


Napoléon (1) 120
Napoléon (2) 122
La révolution industrielle
LES TEMPS MODE RNES
et la France du XIX' siècle 124
1492 - 1789
L'Angleterre et l'Irlande au XIXe siècle 126
Les grandes découvertes ( 1) 80
L'Allemagne et l'Italie au xIJé si,è cle 128
Les grandes découvertes (2) 82
Les nouveaux pays d'Europe centrale
La Renaissance 84 au x1x• siècle 130
,
La Réforme 86 Les Etats-Unis au XIX' siècle 132
Les guerres de Religion 88 Le Japon au XIXe siècle 134
L'Espagne des temps modernes 90 La colonisation 136
La naissance de la Hollande 92 Les explorations 138
Louis XIII et Louis XIV 94 Sciences et techniques au XIX" siècle 140
L'Angleterre des temps modernes 96 La Première Guerre mondiale 142
L'Allemagne des temps modernes 98 Les régimes totalitaires 144
La Russie des temps modernes 100 La Seconde Guerre mondiale (r) 146
Le xvn l" siècle en France 102 La Seconde Guerre mondiale (2) 148
La science et les Lumières 104 La guerre froide 150
Les premières colonies 106 Les décolonisations 152
,
La naissance des Etats-Unis 108 La construction européenne 154
L'Afrique IIO La science aux xx• et xx,e siècles ( 1) 156
L'Inde ll2 La science aux xx< et XXJe siècles (2) 158
La Chine 114
Le Japon u6

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LA PRÉHISTOIRE

,,__ les origines de l'Homme


LES PREMIERS MATINS DU MONDE - Pense aux premiers matins du monde.
Sur l'horizon des forêts, un soleil pâle se lève. C'est la seule source de lumière et
de chaleur. Les hommes, effrayés par la nuit, sortent des grottes et des huttes par
groupes, vêtus de peaux de bêtes.
Ce sont des hommes préhistoriques. Ils sont apparus en Afrique il y a 3 millions
d'années. Leurs techniques sont rudimentai res. Ils taillent quelques pierres et les
rendent tranchantes pour en faire des outils ou des armes. C'est d'ailleurs la raison
pour laquelle cette période est appelée le« Paléolithique », mot d'origine grecque
signifiant « pierre ancienne » ..
Ils cueillent des fruits et des légumes sauvages. Ils pêchent ou chassent les animaux
qui pullulent. Quand la nature ne leur donnera plus ce dont ils ont besoin, quand
les animaux seront partis, ils les suivront car ils sont nomades : ils n'ont ni village,
ni maison fixe.

DES PREMIERS HOMMES À t'HoMME - De l'apparition des premiers hommes à la


fin de la préhistoire, plusieurs centaines de milliers d'années se sont écoulées,
plusieurs espèces se sont succédé. Au fur et à mesure de leur évolution, le visage des
hommes s'est affiné, leur cerveau s'est développé, Eeur habileté a grandi.
Vers 1 50 ooo avant J.-C. , une nouvelle espèce est apparue : l'Homo sapiens, appelé
ainsi car les hommes de cette espèce étaient capables de penser. Ce sont nos plus
proches ancêtres. Ils peuvent nous sembler lointains, pourtant ils avaient la même
intelligence et la même durée de vie que nous.

Vers 700 ooo avant J.-C., une invention extraordinai re a permis


LE FEU, t' ART ••• -
aux hommes de se chauffer, de cuire la nourriture et de réaliser les premières
poteries. Cette invention, c'est le feu. Toute la vie des hommes s'est rapidement
organisée autour du foyer.
Aujourd'hui encore, nous partageons énormément de points communs avec nos
ancêtres de la préhistoi re, du moins avec les Homo sapiens. Comme nous, ils se
posaient des questions sur la vie et la mort, puisqu'à partir de 70 ooo avant J.-C.
environ, ils donnèrent des sépultures à leurs défunts, ce que ne font pas les animaux.

-3 000 000
Apparition de l'homme
sur Terre

- 3000000 11

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Comme nous, ils possédaient une sensibilité artistique : les Homo sapiens pratiquaient
ils peignaient les parois de leurs grottes, les ornaient la chasse, la pêche et la cueillette,
ils maîtrisaient le feu, utilisaient
de dessins d'animaux qu'ils chassaient, de plantes et
des outils et ornaient les parois
d'hommes, comme dans la grotte de Lascaux qui date de
de leurs grottes.
17 ooo avant J.-C. Ces peintures sont les toutes premières
œuvres d'art! Elles représentent un témoignage précieux
sur la vie des hommes préhistoTiques, dont nous savons
si peu de choses. -17 000
Grotte de Lascaux

-70 000
Premières sépultures

-700 000 -150 000


Invention du feu Apparition
de l'Homo sapiens

-3300

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LA PRÉHISTO I RE

,__ les premiers villages


L'HOMME DEVIENT SÉDENTAIRE - Vers 10 000 avant J.-C., au Proche-Orient, dans
une région qu'on appelle le« Croissant fertile», se produit un changement extra-
ordinai re : les hommes apprennent à cultiver la terre. C'est le début del' agriculture.
Ils apprennent aussi à domest iquer les animaux et peuvent désormais les élever
pour leur viande, leur lait, leur peau, utiliser leur force pour labourer la terre ou
transporter des hommes. L'élevage vient de naître.
Grâce à ces deux révolutions, l'homme devient sédentaire : il n'est plus obligé de
se déplacer à la recherche de nourriture. Il peut ainsi fonder les premie-rs villages,
dont les maisons sont de simples huttes en terre séchée et en brique.
Dans les siècles et millénaires suivants, l'agriculture et l'élevage vont se répandre
dans le monde entier, vers l'Afrique au sud, vers l'Asie à l'est. Ils n'atteindront
l'Europe, à l'ouest, que vers 5 ooo avant J.-C.
Les premiers villages.

..,

r•

-150000 -70000 - - - - - -
Apparition de Premières sépultures
I' Homo sapiens

- 150000

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L'ÂGE DE LA« NOUVELLE PIERRE » - Le surcroît de nourriture permis par l'agri-
culture et l'élevage a pour conséquence l'augmentation rapide de la population.
Plus nombreux, les hommes peuvent maintenant se partager les tâches et consacrer
du temps à améliorer leurs
techniques et leurs outils.
Un de leurs grands progrès
conce rne le travail de la
pierre : au lieu de la tailler,
ils se sont mis à la polir, ce
qui la rend plus coupante
et permet de fabriquer des
armes plus efficaces.
Ce grand changement est le
point de départ d'une nou-
velle période : la « révolution
néolithique», la révolution de
la « nouvelle pierre » .

L'ÂGE DU BRONZE, L'ÂGE DU FER - Les techniques s'améliorent. Un rite religieux sur
Vers 5 ooo avant J.-C., les hommes savent faire fondre des le site préhistorique
de Stonehenge.
minerais pour fabriquer des métaux: d'abord le cuivre, puis
le bronze, un mélange de cuivre et d'étain. C'est la nais-
sance de la métallurgie. L'homme est également un bâtisseur.
Entre 5 ooo et 1 500 avant J.-C., il apprend à manipuler des pierres extrêmement
lourdes appelées « mégalithes », comme les menhirs qu'on peut voir à Carnac en
Bretagne ou les dolmens de Stonehenge en Angleterre.. On ignore encore aujourd'hui
la signification de ces alignements de pierres géantes, mais on imagine qu'elles
faisaient partie d'un rite religieux ou d'un
culte du soleil. entre -5 000 et -1500
vers-5000 L'homme manipule
Début de la métallurgie des mégalithes
{Carnac, Stonehenge)
vers -10000
Début de l'agriculture dans
la région du Croissant fertile

-17000 - -
Grotte de Lascaux

2000

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LA PRÉHISTO IRE

,__ le début de l'Histoire


LE DÉBUT DES SOCIÉTÉS ORGANISÉES - Longtemps, les hommes ont vécu regroupés
dans des tribus. Ils vivaient sans chef, unis par le respect des mêmes coutumes et
des mêmes croyances. Entre 3 500 et 3000 avant J.-C. , en Mésopotamie, la région
située au Proche-Orient entre les fleuves Tigre et Euphrate, des hommes ont décidé
,
de se rassembler dans des Etats, c'est-à-di re sous une autorité unique chargée de
l'ordre et de la justice sur un territoire délimité.
Les premiers États occupaient de petits territoires. Une cité comme on pouvait
Il s'agissait de cités, comme Ur, Uruk, Lagash, Kish ... en voir en Mésopotamie,
bien plus grandes que de simples villages . à fépoque des premiers États.

• 1 • 1
• 1

• • ••

• 1 •

-150000 -70000 - - - - - -
Apparition de I' Homo sapiens Premières sépultures

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On y trouvait de grands bâtiments comme le palais du roi, les temples des dieux,
les grandes maisons des habitants riches ou les maisons plus modestes des petits
commerçants et artisans. Les États pouvant empêcher que naissent des querelles, les
hommes ont pu se consacrer à des métiers diversifiés, chacun devenant très habile
et efficace dans son propre domaine. Les sociétés o rganisées en États sont ainsi
devenues plus riches et raffinées.

L'INVENTION DE L'ÉCRITURE - Les États ayant désormais de grands territoires, ils


devaient pouvoir imposer partout les mêmes règlements. De plus, les commerçants
avaient besoin de faire leurs comptes et de communiquer avec leurs clients. Tout
cela fut facilité par l'invention de l'écriture entre 3 400 et 3 300 avant J.-C.
D'abord, on représenta des objets ou des idées par des signes. Mais très vite, on se
rendit corn pte qu'il était plus facile de représenter des sons et même des syllabes.
L'écriture cunéiforme ( « en forme de clou ») en est un exemple. Plus tard encore,
chaque lettre a représenté un son, comme dans f alphabet phénicien inventé
vers 1 300 avant J.-C. On a écrit, au début, sur des tablettes d'argile, des papyrus
(une fibre végétale) ou des parchemins en peaux
d'animaux. Le papier sera inventé plus tard par Un exemple d'écriture cunéiforme.
les Chinois. l es lettres étaient tracées sur des
tablettes d'argile.

L'HOMME ENTRE DANS L'HISTOIRE - L'invention de l'écriture a mis un terme à la


préhistoire.. Avant l'écriture, on ne connaissait des hommes et de leur vie que les
traces matérielles qu'ils avaient laissées. Avec l'écriture, ils se sont mis à écrire
leur histoire, et toutes ces histoires rassemblées forment l'H istoi re dont tu peux
aujourd'hui lire le récit dans ce livre.
vers-5000
Début de la métallurgie
entre -3500 et-3000
vers -10000 Création des premiers États
Début de l'agriculture dans en Mésopotamie
la région du Croissant fertile
,~ ... entre-3400et-3300
-17000 - - Invention de l'écriture
Grotte de Lascaux

2000

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L'ANT I Q UI TÉ

la Mésopotamie
ENTRE LE TIGRE ET L' EuPHRAT E - La Mésopotamie n'est pas seulement le lieu de
naissance de l'agriculture et de l'élevage ... Cette région ( dont le nom d'origine
grecque veut dire « entre des fleuves ») est traversée par deux grands fleuves,
le Tigre et l'Euphrate, qui causent chaque année de grandes crues. En revanche,
pendant l'été, elle subit une nongue sécheresse. Les Mésopotamiens eurent donc
l'idée de creuser de grands réservoirs pour retenir l'eau des crues et la laisser couler
ensuite toute l'année dans des canaux jusqu'aux champs. C'est ce qu'on appelle
«l'irrigation». Celle-ci a permis d'obtenir de bien meilleures récoltes, enrichissant
la Mésopotamie et créant un
environnement favorable à MerNoire

toutes sortes de progrès.


Le peuple qui dominait la
'I...
- Mer
Caspienne
Mésopotamie entre 4000 et
2 ooo avant J.-C. était les Mer
,......__l
âJJf M
MédUerranee
Sumériens. C'est à eux qu'on
doit l'invention de l'État et de
l'écriture . Quoiqu'ingénieux, P;:1;~.
ils étaient peu unis, ce qui
finit par les affaibli r. Vers 2 340 avant J.-C., ils fu rent envahis par les Akkadiens,
un peuple voisin mené par le roi Sargon. Ce fut la fin de la civilisation sumérienne.
Les Akkadiens victorieux créèrent ainsi le premier « empire » de l'H istoire,
c'est-à-dire un vaste État regroupant de nombreuses villes et des peuples variés.

BABYLONE, MERVEILLE DE LA M ÉSOPOTAMIE - Un tel empire méritait une capitale.


Les Akkadiens la bâtirent sur le fleuve Euphrate et l'appelèrent Babylone. C'était
une ville magnifique, ornée de temples élevés qu'on appelait des « ziggourats ».
Du haut de ces temples, les Babyloniens observaient le ciel. Ils devinrent ainsi les
premiers astronomes et commencèrent à étudier les mathématiques pour prévoi r
le mouvement des astres.
Babylone était entourée de rem parts sur lesquels Les jardins de Babylone,
on installa, vers le vf siècle avant J.-C., de magnifiques l'une des Sept Merveilles
du monde antique.
jardins suspendus.

vers -2340

[ Sargon envahit la Mésopotamie

-3300 1 1

JO ENTRE -4000 ET -2000: LES SUMÉRIENS DOMINENT LA MESOPOTAMIE

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On y créa aussi le tout premier code
de lois, le code de H ammourabi.
Pour la p remière fois dans l'Histoire,
les coutumes qui étaient transmises
oralement devinrent des lois écrites.
Babylone était réputée imprenable.
... Mais c'était sans compter su r Cyrus
le Grand, un conquérant pe rse du
vie siècle avant J.-C. Il eut l' idée d'as-

sécher le fleuve Euphrate, en forçant


l'eau à s'écouler dans un lac qu'il
avait fait creuser dans la campagne.
Une fo is le niveau du fleuve assez
bas, ses troupes purent entrer en
marchant dans le lit de la rivière. Les
Babyloniens ne s'attendaient pas à
cette attaque surprise et la ville fut
envahie très rapidement

L'ÉPOPÉE DE GILGAMESHLes-
Mésopotamiens ont produit la plus
ancien n e œuvre littéraire connue
,
de l' Histoire : l'Epopée de Gilgamesh.
Gilgamesh était le roi de la cité d'Uruk.
Avec son ami Enkidu, ils accompli-
rent de nombreux actes de bravoure
mais Enkidu mourut. Gilgamesh
comprit alors qu'il mourrait lui aussi
un jour. Il traversa les mers et les
montagnes, les fleuves et les profon-
deurs, à la recherche de l'immortalité. Un jour, il parvint à l'endroit où le soleil
se couche. Là, on lui expliqua que seuls les dieux étaient immortels. Gilgamesh
se rendit compte qu'il devait profiter des années qui lui restaient à vivre et rentra
à Uruk.

v1• siècle avant J.-C.


Cyrus le Grand s'empare de Babylone

476

ll
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L'ANT I Q UI TÉ

L'Égypte, une civilisation


organisée autour du pharaon
, ,
L'EGYPTE , « DON DU NIL » - L'Egypte est située dans une région très aride
d'Afrique du Nord. Le Nil y est quasiment la seule source d'eau, c'est pourquoi les
Égyptiens se sont installés tout au long de ce fleuve . Le pays ressemblait donc à une
sorte de long ruban de terres fertiles s'étendant sur plus de I ooo km.
Chaque année, la crue du Nil enrichissait les terres,
ce qui permettait ensuite de les cultiver. Aussi, les
Tous les ans a lieu la crue du Nil
Égyptiens considéraient ce fleuve comme un dieu
, au cours de laquelle les terres
et appelanent l'Egypte le« don du Nil». Mais c'est culttvables sont submergées et
surtout grâce au travail des paysans et à leur maî- rendues fertiles par le fleuve.
trise de l'irrigation que l'Égypte s'est développée.

LE PHARAON DIRIGE UN VASTE ROYAUME - L'Égypte est un grand pays. Longtemps,


il a été divisé entre deux royaumes, l'un au nord, le « Royaume rouge», et l'autre
au sud, le « Royaume blanc». Le roi du Royaume rouge portait une couronne en
forme de cobra rouge enlacé et celui du Royaume blanc, une couronne en forme
de cône blanc.

-3200
Narmer unifie le nord
et le sud de l'Égypte

-3300

12 -2700 /-2200 -2035/-1780


MOYEN EMPIRE
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En 3 200 avant J.-C., les deux royaumes fu rent unifiés
par le roi Narmer, qui fut le premier à porter le pschent,
une cou ronne associant celles des deux royaumes.
Le roi d'Égypte, à partir du règne de Narmer, fut appelé
« pharaon ». Pour les Égyptiens, le pharaon était le fils du
dieu-soleil : il était l'égal d'un dieu et possédait des pouvoi rs
magiques.
Ramsès II, qui régna entre 1 279 et 1 213 avant J.-C., est l'un
des plus célèbres et des plus glorieux pharaons : il repoussa
les redoutables guerriers hittites et fit construire un canal
permettant aux bateaux de naviguer depuis le Nil j usqu'à
la mer Rouge.
Au total, 26 dynasties, c'est-à-di re 26 familles royales, se
sont succédé en Égypte avant q ue le pays ne soit envahi en
,
525 avant J.-C. par les Perses. Le royaume d'Egypte a donc
duré près de 3 ooo ans et s'est étendu sur trois périodes :
l'Ancien Empi re, le Moyen Empire et le Nouvel Empire.

LES SCRIBES ET LES HIÉROGLYPHES - La plupart des habitants


du royaume d'Égypte étaient des paysans ou des artisans.
Ils obéissaient au pharaon ainsi qu'aux prêtres et aux fonction- Ce cart ouche représente
naires qui o rganisaient la vie religieuse et la société égyptienne. quelques hiéroglyphes.
l es mots sont des dessins.
Les scribes étaient des personnages importants car ils savaient
li re et écrire les hiéroglyphes, l'écriture sacrée des Égyptiens.
Longtemps, ce langage a été une énigme. Mais, à l'époque des expéditions de
,
Napoléon en Egypte (voi r page 120), un soldat a rapporté en France une pierre
gravée de ces hiéroglyphes, la pierre de Rosette. Quelques années plus tard,
en 1822, le savant français Champollion parvint à la déchiffrer. C'est grâce à lui
que nous connaissons désormais en détail l'histoire, la religion et le mode de vie
des Égyptiens.

-525
Invasion de l'Égypte
-1279 / -1213 par les Perses
Règne de Ramsès Il

476

-1545/-1070 13
NOUVEL EMPIRE
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.
L'ANT I Q UI TÉ

,,,,.
les Egypt1ens,
un peuple polythéiste
,
DES DIEUX MULTIPLES - Les Egyptiens étaient polythéistes, c'est-à-dire qu'ils croyaient
en plusieurs dieux (les mots grecs palus signifiant « plusieurs » et theos « dieu » ).
Amon-Râ, le dieu du Soleil, était pour eux le plus important, le créateur de tout
ce qui existait sur Terre et le p remier roi d'Égypte. Les pharaons étaient donc ses
successeu rs.
Osiris était un autre dieu essentiel. Les Égyptiens pensaient qu'il leur avait apporté
leur langue et toutes leu rs techniques. D'après la légende, alors qu'il régnait
paisiblement, Osiris fut tué au cours d'un banquet par son frère Seth, jaloux de son
pouvoir. Celui-ci le découpa en quatorze morceaux qu'il jeta dans le Nil. Mais Isis,
la femme d'Osiris, retrouva les quatorze morceaux et reconstitua le corps d'Osiris à
l'aide de bandelettes avant de lui redonner vie. Osiris fut donc la première momie.

DES TEMPLES GIGANTESQUES - Aucun


peuple ne bâtit des temples aussi
immenses que les temples de Louxor
ou de Karnak, à Thèbes. Aucun ne
consacra autant d'énergie à sa foi. Les
Égyptiens construisi rent dans le désert
d'immenses pyramides pour y enterrer
leurs rois. Entre 2 700 et 2 600 avant
J.-C., ils bâtirent notamment les
pyramides de Khéops, Képlhren et
Mykérinos ainsi que le Sphinx, un
majestueux lion à tête humai ne de
20 mètres de haut
censé protéger les Le célèbre
tombeaux. sµhinx d e Gizeh.

-2700 / -2600
Construction des pyramides

-3200
Narmer unifie le nord
et le sud de l'Égypte

-3300

14 -2700 /-2200 -2035/-1780


MOYEN EMPIRE
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,,

la construction
de la pyramide
de Khéops.

LA VIE APRÈS LA MORT -


Selon les Égyptiens, au
moment de la mort, les
hommes passaient devant
le tribunal d'Osiris. Là,
leur âme était pesée : si
elle était lou rde de leurs
fautes, ils étaient punis ;
si elle était légère comme
une plume, ils entraient au royaume des morts.
Les Égyptiens croyaient en l'immortalité et en la possibilité d'occuper à nouveau
leur corps après leur mort. C'est pour cela qu'ils conservaient les corps des défunts
avec des produits spéciaux et les entouraient de fines bandelettes afin d'en faire des
momies qu'ils protégeaient en les enfermant dans des sarcophages. Ils maîtrisaient
si bien cette technique d'embaumement que beaucoup de momies ont été retrouvées
des milliers d'années plus tard quasiment intactes.

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Invasion de l'Égypte
-1279 / -1213 par les Perses
Règne de Ramsès Il

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NOUVEL EMPIRE
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L'ANTIQUITÉ

les Hébreux,
le peuple de la Bible
,,
MoïsE, CHEF DES HÉBREUX o'EGYPTE - Vers 1300 avant J.-C. ,
des tribus qui travaillaient en Égypte se révoltè rent et
voulurent quitter ce pays. Mo'ise, leur chef, demanda l'auto-
risation au pharaon, qui refusa. L'Égypte subit alors, dit-on,
une terrible vengeance du dieu des Hébreux : les eaux du
Nil furent empoisonnées, des nuées d'insectes couvrirent
le pays, les premiers-nés des Égyptiens moururent .. .
Devant une telle malédiction, le pharaon céda et libéra ses
esclaves. Les Hébreux purent ainsi retourner dans leur pays
d'origine : le pays de Canaan en Palest ine. Moïse reçut
de Dieu, sur le mont Sinaï, les D ix Commandements gravés
sur les Tables de la loi (par exemple : « Tu ne tueras point. »)
qui devinrent la base de la morale de ce peuple et de bien
d'autres par la suite. La religion de Moïse était la première
à reconnaître un Dieu unique, Yahvé.

LE ROYAUME o'lsRAËL - Pour mieux se protéger en temps de


guerre, les Hébreux créèrent un État : le royaume d'Israël.
Saül en fut le premier roi. Bientôt, une guerre opposa Israël
aux Philistins, un peuple voisin. Lors de ce conflit, un géant
philistin du nom de Goliath se dressait chaque jour en haut
d'une colline pour provoquer les Hébreux. Ceux-ci, terrorisés,
n'osaient pas l'affronter.
Un jour, un jeune berger nommé David arriva au camp
des H ébreux pour leur apporter des vivres. Quand il vit
le géant se dresser pour insulter son peuple, il décida de
le combattre. Alors que le Philistin était lourdement armé,
David ne possédait qu'une fronde. Il abattit tout de même
le géant d'une seule pierre et remporta la victoire.
Néanmoins, Saül fut battu par les Philistins et dut se donner
la mort

-3300

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Les fils de Saül ayant aussi été tués, en recon-
naissance de son acte de bravoure, David fut
désigné comme roi. Ce dernier conquit la ville
de Jérusalem, qui appartenait aux Jébuséens,
et il en fit sa capitale. Son fils Salomon fit bâtir
plus tard dans cette ville un temple immense
et magnifique en l'honneur de Yahvé.
Pendant plusieurs siècles, le royaume d'Israël
fut prospère.

LA BIBLE - Pour explique r la création du


monde et la naissance de leur peuple, les
Hébreux écrivirent la Bible. Ils y racontèrent
les histoires de leurs ancêtres, les patriarches
Abraham, Isaac et Jacob. La Bible narre aussi la
sortie des Hébreux d'Égypte sous la conduite
de Moïse et leu r traversée du désert, puis
leur installation définitive en Palestine. Plus
tard, des prophètes hébreux complèteront la
morale des Dix Commandements : il ne suffit
pas de ne pas fai re de
mal à autrui, mais il
Le jeune berger David, faut en plus essayer
armé de sa seule fronde, de fai re du bien à
sortit vainqueur tous les hommes, y
du terrible combat qui . .
compris ses ennemis.
l'opposa au géant
Goliath.

vers-1300 -957
Les Hébreux Construction du premier
quittent l'Égypte Temple de Jérusalem

476

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L'ANT I Q UI TÉ

les Hébreux,
de la destruction du Temple
à Jé:sus-Christ
LA DESTRUCTION DU T EMPLE - En 587 avant J.-C., le roi babylonien Nabuchodonosor
envahit Jérusalem, détruisit le Temple et emmena les Hébreux à Babylone. Mais,
en 538 avant J.-C. , l'empire des Babyloniens fut conquis par les Perses et ceux-ci
permirent aux Hébreux de rentrer chez eux. Les Hébreux vécurent alors à nouveau
sur leurs terres et purent reconstruire le Temple
de Jérusalem.
Le royaume de Jérusalem connut une période
de stabilité de deux siècles, jusqu'à la victoire
d'Alexandre le Grand sur les Perses. Le pays fut
alors dirigé par Alexandre et ses successeurs, qui
y introduisirent la langue et la culture grecques.
Puis les Romains envahirent à leur tour la région.
Les habitants, qu'on appelait maintenant« Juifs»,
étaient autorisés à conserver leu r religion, mais
beaucoup s'opposaient au pouvoir romain.
Entre 65 et 70 après J.-C. , ils se révoltèrent Cette
insurrection se solda par un échec : beaucoup de
Juifs furent tués et les Romains détruisirent
à nouveau le Temple de Jérusalem. Aujourd'hui,
il n'en reste qu'un mur qu'on appelle le « mur des
Lamentations», au pied duquel les Juifs viennent
encore prier de nos jours. Déjà au temps de la
conquête babylonienne, de nombreux Juifs avaient
choisi l'exil et s'étaient dispersés dans le monde,
ce qu'on appela la « diaspora » (terme grec qui
signifie « dispersion »).Après la destruction du
second Temple, la diaspora s'accentua et les Juifs
furent nombreux à
s'installer dans tout En 58 7 avant J.-C., le Temple
l'Empire romain, de Jérusalem fut détruit.
Les armées de Nabuchodonosor
notamment
rasèrent la ville et capturèrent
en Europe.
toute la population.

-3300

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LA CROYANCE AU MESSIE - Ayant été longtemps soumis à des étrangers, les Juifs
se mirent à espérer l'arrivée d'un homme extraordinaire qui leur serait envoyé
par Dieu, un roi qui restaurerait l'indépendance d'Israël, rétablirait la paix sur
Terre et servirait d'exemple aux hommes par la perfection de sa conduite. Les Juifs
attendaient avec impatience l'avènement de ce personnage qu'ils appelaient le
« Messie » ..

JÉSUS-CHRIST ET SON MESSAGE - Un


soir de décembre, un enfant naquit
dans une modeste étable de Bethléem.
Il fut nommé Jésus. Devenu adulte,
Jésus enseigna aux hommes une morale
très exigeante : il disait qu'il fallait
aimer son prochain même s'il vous
détestait, et que la charité était supé-
rieure à la simple justice. Il appelait
tous les hommes, et pas seulement les
Juifs, à adopter cette morale. Beaucoup
se mirent à penser qu'il était le Messie.
Cependant, les prêtres du Temple ne
comprirent pas son message et pensè-
rent que Jésus contestait leur autorité.
Les Romains, quant à eux, se méfiaient
de lui car ils croyaient que son message
conduirait le peuple à la révolte.
C'est pourquoi, vers l'an 30 après J.-C.,
Jésus fut condamné à mort et crucifié.
Sa vie et ses enseignements sont racontés
dans le Nouveau Testament qui corres-
pond à la seconde partie de la Bible.

-957 -538
Construction du premier Les Babyloniens sont envahis entre 65 et 70
Temple de Jérusalem par les Perses Révolte des Juifs contre
vers - 1300 la domination romaine
Les Hébreux
quittent l'Égypte -587 1
Nabuchodonosor
envahit Jérusalem
-515
Construction du second Temple
de Jérusalem
70
0,estruction du second Temple
de Jérusalem par les Romains

476

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L'ANTIQUITÉ

la civilisation grecque,
un monde de cités libres
Un territoire montagneux, des îles LE TEMPS DES PREMIÈRES CITÉS - Tout
déchiquetées, une eau bleue et profonde. commença vers 2 ooo avant J .-C. Un peuple,
C'est le territoire de la Grèce, où est née les Hellènes, fonda plusieu rs cités-États en
l'une des civilisations les plus importantes Grèce, dont Mycènes - raison pour laquelle
dans /'Histoire de l'Europe et du monde. cette époque se nomme
··········· - - ··········--···-······-······ - - - - - l'« époque mycénienne».
Vers 1 200 avant J.-C.,
pour des raisons mal connues, la civilisation des Hellènes déclina
et l'on n'eut plus de traces d'eux pendant quatre siècles, qu'on
appela « siècles obscurs ».
A ' partir du v nl° siècle avant J.-C., la population grecque augmenta

rapidement Les Grecs utilisèrent un alphabet dérivé de l'alphabet


phénicien et se mirent à commercer davantage. Ce renouveau
était dû au fait que leurs sociétés s'étaient réorganisées : les
monarchi.es dirigées par un roi avaient laissé place à des cités où
les citoyens étaient égaux devant la loi et où le pouvoir politique
était partagé entre plusieurs magistrats. Pour la p remière fois
dans l'Histoire du monde, une population votait ses lois.

SPARTE - Parmi les plus célèbres des cités grecques, on connaît


Sparte, une cité du Péloponnèse, dans le sud de la Grèce. Elle était
restée une monarchie, mais elle avait deux rois. Ainsi, l'un empê-
chait toujours l'autre d'exercer trop de pouvoir. Sparte comptait
également un sénat et une assemblée du peuple.
Les Spartnates étaient citoyens et tous égaux entre eux : ils possé-
daient la même surface de terre, des maisons de même taille et
prenaient leurs repas ensemble. Les enfants étaient éduqués par
la cité et non par les parents. C'était une éducation très dure
dans laquelle on apprenait
davantage à faire la guerre et Les Spartiates étaient de redoutables
à résister à la souffrance qu'à guerriers, craints par leurs
lire et écri re. adversaires, comme ici les Thessaliens,
dont la cavalerie fut écrasée par
l'infanterie spartiate en 510 avant J.-c.

-3300

20 ENTRE -2000 ET -1200


PÉRIODE MYCÉNIENNE
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ATHÈNES - Les plus grandes réussites politiques, intellectuelles et artistiques de la
Grèce sont dues à une cité de l'Attique, Athènes. Son âge d'or, le V' siècle avant J.-C.,
a même été qualifié de« miracle grec».
Les Athéniens décidèrent d'instaurer l'égalité de tous les citoyens devant la loi, ainsi
que la liberté de parole - ce qui signifie
que même le plus modeste citoyen
pouvait exprimer son opinion devant
l'assemblée du peuple, sans craindre
d'aller en prison. Ils mirent par écrit
toutes les lois de façon à ce que chacun
puisse vérifier si elles étaient bien
appliquées.
Chaque mois, les citoyens participaient
à une grande assemblée, l' Ecclésia, sur
une place d'Athènes qu'on appelait
l'agora. Ils discutaient des lois prépa-
rées par un conseil de 500 membres,
la Boulê. Grâce à une amphore trouée
d'où s'écoulait de l'eau, on pouvait
mesurer le temps de parole de chacun.
Les dirigeants d'Athènes étaient tirés
au sort pour éviter qu'un homme garde
le pouvoir et devienne un tyran. Le
pouvoir était donc aux mains du peuple.
Athènes fut la première démocratie du
monde ('mot qui vient des mots grecs
demos qui veut dire « peuple » et kratos
qui veut dire « pouvoir » ).

v111• siècleavant J.-C.


Naissance des cités grecques
V' siècle avant J.-C.
Création de l'alphabet grec Âge d'or de la Grèce

476

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L'ANT I Q UI TÉ

la civilisation grecque,
une civilisation de guerriers
LA PREMIÈRE GUERRE MÉDIQUE - Parmi les ennemis des Grecs, les Perses étaient
les plus redoutables. Parce que les Perses étaient unis depuis longtemps à un autre
peuple, les Mèdes, on appelle « guerres médiques » les guerres opposant les Grecs
aux Perses.
En 490 avant J.-C., le roi des Perses Darius provoqua
la première guerre médique en lançant ses troupes à
l'assaut de la Grèce. Les Grecs étaient vingt fois moins
nombreux mais bien mieux entraînés et plus disciplinés.
Surtout, ils étaient volontaires et combattaient pour
leur liberté, tandis que les soldats perses se battaient
contraints et forcés.
' Marathon, les Grecs remportè rent une victoire
A
décisive. La légende dit qu'un soldat courut annoncer
la nouvelle à Athènes. Il parcou rut les 42 kilomètres
de Marathon à Athènes aussi vite qu'il put. Épuisé,
il mourut à l'arrivée. Depuis cet épisode, on appelle
« marathon» une course très longue.

LA DEUXIÈME GUERRE MÉDIQUE - Dix ans plus tard,


Xerxès, le successeur de Darius, voulut venger son père.
Il mobilisa 100 ooo hommes et déclencha la deuxième
guerre médique. Commandés par le roi Léonidas,
300 guerriers spartiates leur tinrent tête en les bloquant
dans un défilé- c'est-à-di re un étroit passage entre deux
montagnes - appelé les Thermopyles. Mais, trahis par
un des leurs, les Spartiates furent bientôt entourés par
leurs ennemis et moururent jusqu'au dernier. Xerxès contemplant la défaite
Les Perses purent alors prendre Athènes. Cependant, le de sa flotte face aux Athéniens
lors de la bataille de Salamine,
général Thémistocle avait eu le temps de faire construire
en 480 avant J.-C.
des bateaux à trois rangs de rameurs, les « trières ».
Ils se manœuvraient mieux et plus vite que les bateaux
perses. Thémistocle attira les lourds navires perses dans le détroit qui sépare l'île de
Salamine des côtes de l'Attique puis il attaqua. Les trières athéniennes détruisi rent
la flotte perse, complètement désorganisée. La Grèce était sauvée.

-3300

22 ENTRE -2000 ET - 1200


PÉRIODE MYCÉNIENNE
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DE LA GUERRE DU PÉLOPONNÈSE À ALEXANDRE LE GRAND - Ayant grandement
participé à la victoire contre les Perses, Athènes devint la principale puissance de
la Grèce. Mais, à la fin du v" siècle avant J.-C. , Sparte contesta cette domination.
Une guerre terrible, la guerre du Pe1oponnèse, opposa
alo rs les deux cités. Sparte en sortit vainqueur
mais les deux États étaient ruinés. Ainsi commença
le déclin des cités grecques. En 338 avant J. -C., le roi
Philippe de Macédoine les conquit.
Philippe avait un fils, Alexandre. Encore enfant,
celui-ci dressa Bucéphale, un cheval sauvage qui
jetait à terre tous ceux qui essayaient de le dompter.
Pour Philippe, cet acte laissait présager que son fils
aurait un grand destin. Et en effet, âgé d'à peine
2 0 ans, Alexandre partit à la conquête du monde.
Il s'empara de l'Empire perse, de la Syrie, de l'Égypte
où il créa la ville d'Alexandrie, et alla jusqu'en Inde.
Il fit pénétrer la civilisation et la langue grecques
dans tous ces pays. Sa gloire fut si grande qu'on l'ap-
pela Alexandre le Grand.

MACÉDOI~
J -~~
.
At hènes
EMPIRE
GRÈCE'
~
D' ALEXANDRE
Mer Médjterronèe LE GRAND
Alexandrie
PERSE
• INDE
ÉGYPTE
Golfe
Persi que

-490 / -479 V" siècle avant J.-C.


Guerres médiques Âge d'or de la Grèce
vm• siècle avant J.-C. {entre les Grecs
et les Perses) -437 / -404
Naissance des cités gr,ecques Guerre du Péloponnèse {entre Athènes et Sparte)

I-r -338
Création de l'alphabet grec

Philippe de Macédoine conquiert les cités grecques

11 476

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L'AN T IQUI T É

la civilisation grecque,
une civilisation de philosophes
et de savants
LES PHILOSOPHES GRECS - Dans les cités grecques, l'exercice
de la politique encourageait la discussion. Pour convaincre,
les citoyens s'appuyaient de plus en plus sur la raison et
de moins en moins sur des croyances. Ce mode de pensée
encouragea la naissance des sciences et de la philosophie.
Dès le début du v ie siècle avant J.-C., les hommes tentèrent
d'expliquer scientifiquement le monde. Puis, au ve siècle
avant J.-C., des penseurs, qu'on appelait les sophistes,
voyagèrent de cités en cités : ils virent des coutumes diffé-
rentes mais aussi des comportements qui se ressemblaient.
Les Grecs réfléchirent ainsi à la nature humaine.
Socrate fut un des premiers philosophes - un mot qui
signifie « celui qui aime la sagesse » : il enseigna à ses
élèves comment penser par eux-mêmes, plutôt que de
suivre aveuglément l'opinion majoritaire. Platon fut son
élève et Aristote, celui de Platon. On étudie toujours leurs
idées aujourd'hui à l'école.

LES SAVANTS GRECS - Les philosophes grecs s'intéressaient


à la nature humaine, mais aussi à la nature matérielle,
c'est-à-di re aux êtres vivants, aux phénomènes physiques
ou aux astres, et ils cherchèrent à en donner des expl ications
scientifiques. Avant eux en effet, les hommes pensaient que
les fleuves, les montagnes, le vent ou le tonnerre dépen-
daient des volontés et des caprices des dieux. Les premiers
physiciens grecs, Thalès, Anaximandre et Anaximène de
Milet, comp rirent qu'il n'en était rien, et que c'étaient
plutôt des lois de la nature qui expliquaient ces phénomènes.
Les savants grecs observaient le ciel. Mais ils ne se contentaient pas de contempler
les étoiles et les planètes. Aristarque de Samos, au 111c siècle avant J.-C., réussit à
démontrer que c'était la Terre qui tournait autour du Soleil et non l'inverse. Par le
calcul, il mesura aussi avec une grande exactitude la distance de la Terre à la Lune.

-3300

24 ENTRE -2000 ET -1200


PÉRIODE MYCÉNIENNE
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Un autre astronome, Ératosthène de Cyrène, mesura la ci rconférence de la Terre
avec une précision étonnante. Mais ces découvertes furent ensuite oubfüées, et il
fallut attendre des siècles pour que des scientifiques fussent à nouveau aussi précis
et aussi proches de la vérité.
De même, dans le domaine de la
médecine, les Grecs ne cherchaient
pas seulement à soigne r leu rs
malades, ils voulaient comprendre
scientifiquement le fonctionnement
du cor ps humain. H ippocrate et
Galien, les plus grands médecins
grecs, firent des observations très
précises, encore valables aujourd'hui.
Leur apport à la médecine a été tel
que les médecins d'aujourd'hui
prêtent encore le « serment d'Hippo-
crate » avant de commencer à exercer
leur métier.
Les Grecs se distinguèrent dans tous
les domaines de la science: mathéma-
tiques, zoologie, biologie, médecine,
géographie, histoire, art du discours,
grammaire, politique ...

Platon (- 427 / -348),


entouré de ses élèves.

v• siècle avant J.-C. ----. -437 / -404


Âge d'or de la Grèce Guerre du Péloponnèse {entre Athènes et Sparte)
-338
-400 / -479 Philippe de Macédoine conquiert les cités grecques
Guerres médiques
v111' siècleavant J.-C. {entre les Grecs 1~ -+- -470/ -399 Socrate
Naissance des cités grecques et les Perses) ~ +-- -400 / -377 Hippocrate
Création de l'alphabiet grec .-+-- .... - 427 / -348 Platon
.+--- - - e - 384 / -322 Aristote

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L'ANT I Q UI TÉ

la religion au cœur
de la civilisation grecque
DIEUX ET HÉROS - Comme les Mésopotamiens et les Égyptiens, les Grecs étaient
polythéistes. Leurs dieux ressemblaient à des hommes et des femmes, ils avaient
des qualités et des défauts humains. Ils n'en étaient pas moins immortels et vivaient
sur une montagne brumeuse du nord du pays qu'on appelle l'Olympe.
Zeus était le dieu des dieux. Il commandait la pluie et la foudre. Il avait une épouse
nommée H éra. Les autres dieux étaient Apollon, dieu de la Beauté et du Soleil,
Arès, dieu de la Guerre, Artémis, déesse de la Lune, Déméter, déesse des Moissons,
Poséidon, dieu de la Mer, et bien d'autres.
Les Grecs étaient persuadés que les
dieux intervenaient directement dans
leur vie. Ils les invoquaient donc avant
chaque bataille ou chaque événement
important et venaient régulièrement
les adorer dans des sanctuaires. Dans
le temple d'Apollon à Delphes, une
prêtresse du nom de Pythie prédisait
' Olympie,
l'avenir à travers des oracles. A
on célébrait les dieux par des jeux
sportifs et poétiques. Les vainqueurs
étaient récompensés par une couronne
de lauriers.

Cette statue colossale représente


le dieu des dieux, Zeus. Elle se trouvait
à Olympie, sur la côte ouest de la Grèce,
et était faite d'or et d'ivoire.
Elle faisait partie des Sept Mervei lies
du monde antique mais fut détruite
lors d'un incendie en 461.

-3300

26 ENTRE -2000 ET - 1200


PÉRIODE MYCÉ NIENNE
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Certains hommes égalaient presque les dieux par leur courage et d'autres qualités
exceptionnelles. On les appelait des héros. Parmi eux, H ercule est le plus célèbre.
Pour avoir offensé Héra, l'épouse de Zeus, il fut condamné à réaliser douze travaux
qu'aucun homme n'avait jamais pu faire. Il dut notamment étouffer, à la force de
ses bras, le lion de Némée. Un autre héros, Thésée, tua le Minotaure, un monstre
à tête de taureau enfermé dans le Labyrinthe de l'île de Crète.

L'ILIADE - Les Grecs aimaient les histoires parlant des dieux et des héros, mais aussi
les récits racontant la vie des guerriers et des rois. Deux de ces récits sont extrê-
mement célèbres : ce sont L'Iliade et L'Odyssée, composés par le poète Homère au
VIIIe siècle avant J.-C.

Dans L'Iliade, Homère raconte la guerre de Troie. Cette guerre a pour origine
l'enlèvement par les Troyens d'une femme de Sparte, Hélène. Offensés, les Grecs
voulurent se venger. Conduits par le roi Agamemnon, ils traversèrent la mer Égée
pour assiéger Troie. Les dieux, comme Athéna ou Arès, intervinrent dans la bataille
et de grands guerriers comme Achille, Patrocle ou H ector combattirent. La guerre
dura dix ans. Finalement, les Grecs l'emportèrent par la ruse : ils se cachèrent
dans un immense cheval de bois que les Troyens fire nt entrer dans leur forteresse,
pensant qu'il s'agissait d'un cadeau, et prirent la cité.

L'ODYSSÉE - L'Odyssée raconte le retour d'un des chefs de l'armée grecque,


Ulysse, roi de l'île d'Ithaque. Ce retour aurait dQ se faire en quelques semaines de
navigation, mais il dura des années, car le dieu de la Mer Poséidon, qui détestait
Ulysse, fit tout son possible pour le détourner de son chemin. Après mille aventures,
Ulysse finira par retrouver sa femme Pénélope et son fils Télémaque.

-490 / -479
vers-1200 Guerres médiques
Guerre de Troie {entre les Grecs
et les Perses)
vrn• siècle avant J.-C. V" siècle avant J.-C.
Naissance des cités grecques Âge d'or de la Grèce
Création de l'alphabet grec -437 / -404
Guerre du Péloponnèse {entre Athènes et Sparte)
Hamère écrit

I-r -338
L1/liade et L'Odyssée
Philippe de Macédoine conquiert les cités grecques

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L'ANT I Q UI TÉ

les origines de Rome


Les Romains, comme les Grecs,
ont eu une grande influence
sur la civilisation européenne. UNE NAISSANCE LÉGENDAIRE - L'histoire de Rome
commença sur les bords d'un fleuve, le Tibre, en
753 avant J.-C. La légende raconte que des jumeaux,
Romulus et Rémus, furent placés dans un panier jeté dans ce fleuve. Les dieux les
protégèrent, si bien que le panier dériva jusqu'à la rive et qu'une louve les recueillit
et les allaita. Devenus adultes, les deux frères s'affrontèrent pour deveni r roi de la
ville qu'ils voulaient créer. Romulus tua Rémus et donna son nom à la nouvelle
ville, Rome.

LA ROME DES PREMIERS TEMPS - Rome réunissait des villages installés sur sept
collines: le Capitole, le Palatin, le Céelius, le Quirinal, le Viminal, !'Aventin et
l'Esquilin. Comme les Romains manquaient d'épouses, ils enlevèrent les jeunes
filles d'un peuple voisin, les Sabins. U ne alliance fut conclue entre les deux
peuples : les jeunes filles se marièrent avec des Romains et les rois de Rome furent
alternativement des Sabins et des Romains.
,
Peu après, un peuple d'Italie centrale, les Etrusques, envahit la région. Leur civilisa-
tion, influencée par les Grecs, était plus avancée. Ils asséchèrent les marais entre les
collines, pavèrent les rues, construisirent de magnifiques monuments en pierre, un
port sur le Tibre et des remparts. Rome devint une ville avec ses quartiers riches où
habitaient les patriciens, descendants des anciennes familles, et ses quartiers popu-
laires où vivait la plèbe, le peuple.

UN GRAND SENS CMQUE - En 509 avant J.-C., révoltés par le comportement méprisant
du dernier roi étrusque, Tarquin le Superbe (ce qui veut di re «l'orgueilleux»),
les patriciens chassèrent ce roi et créèrent une république. Des magistrats élus
remplacèrent le roi : deux consuls dirigeaient le gouvernement, les préteurs rendaient
la justice, les édiles organisaient le ravitaillement et les questeurs s'occupaient des
finances. Plusieurs assemblées prenaient des décisions importantes : le Sénat, auquel
n'étaient admis que les aristocrates, et les comices, où le peuple pouvait s'exprimer.

-3300

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Aux premiers temps, Rome n'était
Le peuple romain avait une grande conscience de
qu'un ensemble de modestes huttes
ses devoirs et de l'importance de la patrie. L'histoire installées sur le mont Palatin.
de Cincinnatus en est le parfait exemple. Un jour que
Rome était menacée par des envahisseurs, on courut
chercher l'aide de Cincinnatus, un ancien consul
retiré sur ses terres à la campagne. L'homme cultivait son champ et refusa d'abord
de l'abandonner. Toutefois, la patrie étant en danger, il finit par accepter de devenir
«dictateur », c'est-à-dire de diriger à lui seul le pays et l'armée. Il écrasa les ennemis
en quelques jours puis il retourna humblement travailler dans son cha mp, sans
prétendre conserver le pouvoi r.

-753 -509
Fondation de Rome Création de la République romaine
par Romulus par les patriciens

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L'ANT I Q UI TÉ

Guerres et conquêtes
de la République romaine
LA VILLE QUI DEVINT UN EMPIRE - Les Romains ne régnaient au départ
que sur Rome. Très vite, ils conqui rent le centre de l'Italie puis le sud,
dominé alors par les Grecs. Presque toute l'Italie fut ainsi à eux. Seule
la Sicile était encore contrôlée par les Carthaginois. Ce peuple, venu
de Phénicie au Proche-Orient, avait colonisé le territoire de l'actuelle
Tunisie, où il avait développé une civilisation maritime et commerciale
brillante.
Les guerres puniques ( du nom latin des Phéniciens) éclatèrent lorsque
les Romains voulurent prendre la Sicile aux Carthaginois. Malgré le
génie militaire du général carthaginois Hannibal - qui traversa avec
son armée les Alpes à dos d'éléphants pour attaquer les Romains -
Rome finit, après trois guerres s'étendant sur un siècle, par vaincre
Carthage, qui fut rasée en 146 avant J.-C.
Les Romains prirent possession de la Grèce, de la Macédoine, des côtes
de la mer Adriatique, et avancèrent toujours plus loin vers la Syrie
,
et l'Egypte. En 27 avant J.-C. , quand Auguste devint empereur, Rome
était maîtresse de toutes les terres entourant la mer Méditerranée et
devint la plus grande puissance de l'Antiquité.

TOUJOURS PLUS DE CONQUÊTES - Au nord des Alpes s'étendaient de


vastes pays dont les habitants étaient appelés « barbares » parce qu'ils
vivaient sans écriture et sans État. Peuplées de Celtes et de Germains,
ces contrées résistaient à Rome.
En 58 avant J.-C., un général romain, Jules César, entreprit de conquérir
la Gaule, car il savait que les conquêtes milita ires augmenteraient sa gloi re.
La guerre fut longue et difficile. Les Gaulois, regroupés sous l'autorité de leur chef
Vercingétorix, remportèrent plusieurs batailles, dont celle de Gergovie. Ils furent
cependant écrasés à Alésia et la Gaule devint romaine. César s'attaqua ensuite
à l'Angleterre mais en vain. Après ces premières conquêtes, l'armée romaine
envahit tous les territoires à l'ouest du Rhin et au sud du Danube. Ces conquêtes
européennes venaient compléter celles faites autour de la Méditerranée.

-3300

30
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Hannibal, au cours de la traversée
des Alpes, perdit de nombreux
hommes et éléphants.
Son expédition fut toutefois
couronnée de succès, puisqu'il
battit les Romains en 216 avant J.-C.
à la bataille de Cannes.

COMMENT LES GAULOIS


Si
DEVINRENT ROMAINS -
les Romains purent si long-
temps demeurer maîtres
de vastes territoires, c'est
parce qu'ils y instaurèrent
leur mode de vie. Ils appor-
taient la paix et une admi-
nistration organisée que
ne connaissaient pas les
peuples vaincus, comme les
Gaulois par exemple. Ils
réalisèrent de nombreux
travaux : des routes pavées,
des ports, des arènes, des
théâtres et des aqueducs
pour acheminer l'eau dans les villes qu'ils bâtirent sur l'emplacement des anciens
villages. Les Gaulois et les Romains se mélangèrent. Ainsi naquirent nos ancêtres
gallo-romains qui ne parlaient plus gaulois mais latin, langue qui évolua jusqu'à la
langue française actuelle. Devant intégrer à l'empi re de nombreux peuples de
cultures et de religions différentes, les Romains inventèrent un droit nouveau, basé
sur l'idée qu'il existe une nature humaine universelle.
-216 -146
-509 Han nibal remporte Rome rase Carthage et met lin

7 Création de la bataille aux guerres puniques


la République de Cannes sur
753 les Romains -58 / -50
. - romaine par
Fondation de Rome les patriciens Conquête de la Gaule
par Romulus par César

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L'ANT I Q UI TÉ

l'Empire romain,
de sa naissance à sa chute
LE HAUT-EMPIRE ET LA PAIX ROMAINE - Une puissance aussi grande que celle de
l'Empire romain ne pouvait qu'attirer les convoitises. Les généraux se disputèrent
bientôt le pouvoir. César, après ses victoires en Gaule, crut qu'il pourrait devenir
roi. Mais des Romains attachés à la République l'assassinèrent en 44 avant J.-C.
Octave, son fils adoptif, créa un nouveau régime appelé « empire », du mot latin
imperator qui signifie « général ». Octave se fit appeler «Auguste», titre qui signifiait
qu'il avait autorité sur tous les autres magistrats. Il était donc un roi sans porter
ce titre et donc sans fâcher les partisans de la vieille République.
Il n'y eut quasiment plus de guerre au If siècle après J.-C.: ce fut la« paix romaine».
C'est à cette époque que de grands empereurs comme Trajan, Hadrien ou Antonin
renforcèrent la puissance de l'empire. Rome était à son apogée.

Met
Caspienne

Mldiœrronle
u
( Parthes)

LE BAS- EMPIRE - Plus un empire est vaste, plus il est difficile d'en contrôler les
frontières. Les Romains s'en aperçurent rapidement et bâtirent une longue ligne
de séparation entre eux et les peuples alentours, appelée « limes ». Ainsi, ils
espéraient repousser aisément les attaques venues de l'extérieur. Mais, de plus en plus
fréquemment, les Parthes en Orient et les Germains en Europe parvenaient à franchir
cette limite et se livraient à des pillages.

-3300

32
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Cette scène représente un triomphe romain,
c'est-à-dire une cérémonie au cours de
laquelle un général romain vainqueur défilait
dans Rome, accompagné de ses troupes.

Par ailleu rs, la défense du limes


mobilisait beaucoup trop de soldats
et coQtait de plus en plus cher.
Devant ce risque, en 286, l'empereur
Dioclétien décida de diviser l'empire
en quatre parties, chacune dirigée par
l'un de ses proches. L'empi re fut
ensuite finalement divisé en deux :
à l'ouest, l'Empire romain d'Occident
avec Rome pour capitale ; à l'est,
l'Empire romain d'Orient avec, pour
capitale, Constantinople, la ville
fondée par l'empereur Constantin
sur le Bosphore (sur le territoire de la
Turquie actuelle). Mais cette décision
intervint trop tard .. .

LA CHUTE DE L'EMPIRE ROMAIN - À force de conquêtes, l'Empire romain s'était


beaucoup transformé. Les Romains avaient changé de religion pour devenir
chrétiens, sous l'influence de l'empereur Constantin au 1\1" siècle après J.-C.
( voir pages 36-37). Pendant ce temps, les barbares parvenaient à franchir les
frontières. Les Germains par exemple s'installèrent dans l'est et même dans le
sud-ouest de la Gaule, sans que les Romains ne pussent rien faire.
Finalement, le chef barbare Odoacre prit Rome en 476. L'Empire romain d'Occident
s'effondra et disparut, laissant place à divers royaumes commandés par des chefs
germaniques. L'Empire romain d'Orient, lui, demeura sous le nom <l'Empire byzantin
(Byzance est un autre nom de Constantinople). Ces événements marquent la fin de
l'Antiquité et le début du Moyen Âge.

-58 / -50 476


Conquête de la Gaule Chute de l'Empire
par César romain d'Occident

-509 286

. -
753
Fondation de Rome
par Romulus
7 Création de
la République
romaine par
les patriciens
-146
Rome rase Carthage
et met fin aux
guerres puniques
-27
Fin de la république
et début de l'empire
Dioclétien
divise
l'empire en
4 parties

476

33
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L'ANT I Q UI TÉ

Rome, une civilisation


brillante et organisée
L'INVENTION DU DROIT - Un empire aussi vaste que celui des Romains avait
besoin d'une loi universelle convenant à tous les peuples qui le composaient.
Les Romains perfectionnèrent donc le droit. Par le passé, les hommes, quand ils
se disputaient, avaient pour coutume de demander l'arbitrage des dieux. Mais
ce n'était valable qu'au sein de peuples ayant la même religion. Pour fonder un
droit qui ait la même valeur dans toutes les nations qui composaient leur empire,
les Romanns jugèrent nécessaire de parti r de ce qui est commun à tous les hommes:
la nature humaine.
Pendant trois siècles, les
préteurs de Rome y travail-
lèrent patiemment. Avant les
Romains, on connaissait peu
la p ropriété privée : des vil-
lages entners possédaient des
terres. Avec la loi romaine,
chacun devint propriétaire
d'un terrain précis. On évita
ainsi de nombreuses disputes
et on favorisa la production
et le commerce.

Le forum romarn était une


superbe place, à Rome, couverte
de somptueux monuments.
11 ne s'agissait au début
que d'un simple marché mais,
au fur et à mesure, on y
construisit de nombreux
temples et bâtiments publics.

-3300

34
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LES PROGRÈS TECHNIQUES - Le génie
des Romains était si grand en matière
d'architecture que leu rs édifices ont
traversé les siècles et peuvent encore
aujourd'hui être admi rés de tous.
'
A Rome, ils bâtirent le Colisée, digne
de nos stades modernes. Dans le sud
de la France, ils construisirent le pont
du Gard, un aqueduc de 300 mètres
de long et de 50 mètres de haut, soit la
hauteur d'un immeuble de vingt étages.
Par ailleurs, les Romains édifiè rent
d'innombrables temples, palais et
immeubles d'habitation qui permirent
de loger une population toujours plus
nombreuse.
,
L'ENÉIDE - Les Romains étaient égale-
ment soucieux de montrer qu'à l'égal
des Grecs ou des Carthaginois, ills avaient
des origines illustres. Virgile, un de leurs
plus grands poètes, écrivit dans ce but
,
une œuvre restée célèb re, L'Enéide. Ce
long poème est une épopée, c'est-à-dire À Rome, dans l'amphithéâtre du Colisée,
,
un récit d'actions hé roïques. L'Enéide avaient lieu les jeux du cirque.
,
raconte les aventures du Troyen Enée,
ancêtre des rois de Rome.
Après la destruction de Troie par les Achéens, Énée fuit par la mer avec ses proches
et son père. Ensemble, ils dérivèrent sur la mer Méditerranée et finirent par arriver
en Afrique du Nord. Là, Énée rencontra Didon, la reine de Carthage. Mais les dieux
indiquèrent à Énée que son destin était en Italie. Il quitta alors Didon qui se suicida
de tristesse. Arrivé en Italie, Énée eut une vision : nl vit apparaître devant lui les
futurs chefs de Rome, de Romulus à Auguste. Il s'installa en cet endroit et épousa
une princesse du pays. De la famille ainsi fondée
naquirent plus tard Rémus et Romulus. -27 476
Fin de la république Chute de l'Empire
et début de l'empire romain d'Occident
-509

. -
753
Fondation de Rome
par Romulus
7 Création de
la République
romaine par
les patriciens
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Rome rase Carthage
et met fin aux
guerres puniques
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Dioclétien
divise l'empire
en 4 parties

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L'AN T IQUI T É

la conversion
du monde gréco-romain
au christianisme
LA PERSÉCUTION DES PREMIERS CHRÉTIENS - Après la crucifixion de Jésus, ses
disciples dirent qu'il avait ressuscité et qu'il était monté au ciel. Ils se mirent
alors à répandre dans le monde entier l'Évangile, un mot qui vient du grec et
qui signifie « bonne nouvelle ». Certains disciples restèrent en Judée. D'autres
partirent en Asie ou en Afrique. Saint Paul partit lui vers le monde g rec tandis
que saint Pierre se rendit à Rome. Là, il fonda un évêché. Comme il était le
chef des douze apôtres du Christ, les évêques qui lui succédèrent à Rome
furent considérés comme les chefs des chrétiens. On les appela les « papes ».
Les chrétiens ne croyaient qu'en un seul dieu et refusaient de vouer un culte à
l'empereur romain. Leur religion fut donc interdite et ils durent longtemps cacher
leu r foi, se réunissant parfois dans des souterrains, les catacombes. L'empereur
Dioclétien fut particulièrement cruel envers eux : il les jetait en pâture aux lions
dans les arènes. Les chrétiens les plus courageux refusaient d'abandonner leur foi
et mouraient en martyrs, montrant ainsi la puissance de leur foi.

LA CONVERSION DE CONSTANTIN - En 313, à la veille d'une importante bataille,


l'empereur romain Constantin crut voi r une croix dans le ciel et ent endre une
voix lui dire : « Par ce signe tu vaincras. » Il décida donc d'apposer cette croix
à ses étendards. Sortant victorieux de la bataille, il se convertit au christianisme
et mit fin aux persécutions dont étaient victimes les chrétiens par l'édit de Milan.
Il fit ensuite construire l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, sur les lieux mêmes de
la crucifixion du Christ. En 380, l'empereur Théodose décida que le christianisme
serait la religion officielle de l' Empire romain.

LE CHRISTIANISME SE DIFFUSE - Dans toute l'Europe romaine, les peuples devinrent


peu à peu ch rétiens. La Gaule fut une des premières p rovinces romaines à
se convertir. Le christianisme se répandit aussi en Afrique du Nord , au Liban,
,
en Syrie ... Il déborda de l'Empire romain pour atteindre l'Ethiopie, l'Arménie,
l'Inde et même la Chine. Pendant les six premiers siècles d'existence du christia-
nisme, des penseurs commentèrent la Bible et donnèrent
,
à la religion chrétienne sa
forme finale. On appelle ces hommes les« Pères de l'Eglise».

-3300

36
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L'empereur Constantin,
à la vei lie d'une bataille,
vit dans le ciel une croix.
li se convertit par la suite
au christianisme.

Le christianisme s'organisa progressivement. Les personnages


les plus importants de la chrétienté se réunissaient de temps à
autre dans des conciles pour évoquer les problèmes religieux. Ils y
parlaient de théologie, c'est-à-di re de science religieuse. Partout
,
se créèrent des évêchés et, dans ces évêchés, des paroisses. Evêques 476
Chute de l'Empire
et prêtres formèrent ainsi rapidement le clergé. romain d'Occident
380
Le christianisme devient

-753 1
Fondation de Rome
par Romulus
religion officielle de Rome

313 1
Édit de Milan qui autorise le christianisme

476

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L'ANT I Q UI TÉ

les origines antiques


de la Chine
CONFUCIUS, UN SAGE - Dans la Chine du vf siècle avant J.-C. se propage l'enseigne-
ment d'un grand sage chinois du nom de Confucius. Son influence à l'époque est
telle qu'on lui a confié le ministère de la Justice de son pays, la principauté de Lu.
Hélas, Confucius, victime
de la jalousie des courti-
sans, fi nit par être chassé
de son poste. Il part alors
avec quelques élèves, ses
disciples, et parcourt la
Chine pendant 14 ans.
La Chine est déjà un
. .
immense pays qui occupe
toute la partie orientale
de l'Asie. On y trouve des
paysages très différents :
dans le sud-est, la Chine
des plaines, avec ses
grands fleuves navigables
comme le fleuve Jaune ou
le Yang-tsé-Kiang et, vers
l'intérieur, la région des
hautes montagnes.

Confucius le sage
rendant justice.

-2000
Premiers États en Chine

-3300

38
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LA CHINE, EN AVANCE SUR SON TEMPS - Dans toutes les régions de Chine, des États
existent depuis peut-être 2 ooo ans avant J.-C. Mais c'est seulement en 22 1 avant J.-C.
que la Chine est unifiée par l'empereur Qin, auquel succèdent des empereurs de la
dynastie H an, dynastie qui régnera jusqu'en 220 après J.-C. Les H ans décidèrent de
faire enseigner la pensée de Confucius dans toutes les écoles. Cette pensée était très
originale car, si Confucius croyait aux dieux, il ne croyait pas à la magie. Il pensait
qu'on pouvait expliquer les phénomènes naturels et le fonctionnement de la société
par la raison. C'est pourquoi il observait la nature avec ses disciples. C'est sans doute
également pour cela que la Chine a très tôt inventé des techniques que ne connaissait
pas l'Europe, comme la boussole, la poudre à canon, la porcelaine, les écluses, le
gouvernail, le papier ou l'impdmerie. Confucius et ses successeurs regroupèrent
aussi tous les écrits traditionnels chinois dans des livres appelés« classiques chinois».
Pour être mandarin, c'est-à-dire pour faire partie des fonction na ires à la tête de l'État,
il fallait connaître parfaitement ces classiques.

LA CHINE DOMINE L'ASIE - Tout comme Rome qui avait étendu son influence
sur l'Europe et la Méditerranée parce qu'elle était très civilisée, la Chine étendit
son influence sur toute l'Asie parce qu'elle avait perfectionné l'État, l'écriture,
l'éducation et les techniques. Le Viêtnam, la Corée puis le Japon adoptèrent la
cultu re et l'écriture chinoises. Dans cette écriture, des dessins représentent des
idées, raison pour laquelle on les appelle des« idéogrammes».
Les Chinois firent connaître la pensée de Confucius dans les pays avoisinants;
mais ils reçurent eux-mêmes de l'Inde le bouddhisme, une religion fondée sur
les préceptes de Bouddha, un sage qui avait vécu presque à la même époque que
Confucius et qui enseignait comment ne plus ressenti r de souffrance face aux
épreuves de la vie.

-753 476
Fondation de Rome Chute de l'Empire
par Romulus romain d'Occident
-551 / -479 -221
Confucius La Chine est unifiée
par l'empereur Oin

476

-206 À 220: DYNASTIE HAN 39


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L E M O Y EN ÂGE

les invasions germaniques


et les Mérovingiens
L 'EMPIRE ROMAI N o'O cc10ENT EST ENVAHI -Au cours des deux derniers siècles de
l'Empire romain, les peuples du nord de l'Europe, que les Grecs et les Romains
appelaient « barbares », franchirent de plus en plus fréquemment le limes.
La plupart étaient des peuples germaniques. Certains pillaient les richesses de
l'empi re et repartaient ensuite, comme les Wisigoths d'Alaric à Rome en 410.
D'autres au contrai re s'installaient définitivement à l'intérieu r des frontières
de l'empi re, comme les
Francs dans la moitié nord
de la Gaule, les Burgondes
en Suisse et en Bourgogne, EM PIR E
les Wisigoths en Aquitaine, ROMAIN Mer
D'OC CIDENT Caspienne

ou encore les Jutes, les Angles Ré"m


et les Saxons en Angleterre.
EMPIRE
L'Emp ire romain s'affaiblit Mer
ROMAIN
Mêditerranée D'O RIENT
à tel ponnt qu'il finit pa r
ne plus pouvoir se défendre.
En 476, le chef barbare Odoacre envahit l'Italie et fit prisonnier l'empereur Romulus
Augustule. Il envoya les insignes impériaux du jeune homme à Constantinople
pour montrer que les Romains ne gouverneraient plus jamais à Rome. Odoacre
signa ainsi la fin de l'Empire romain d'Occident.

L ES BARBARES S'INSTALL ENT EN EUROPE OCCIDENTALE - Bientôt, des royaumes


se créèrent partout en Europe, dirigés par de jeunes rois barbares. Ces derniers
avaient détruit un empire mais ils en respectaient la civilisation. Ils abandonnèrent
leur religion païenne et se converti rent au christianisme, fondèrent des royaumes
sur le modèle de Rome, écrivi rent leur lois et leurs coutumes en langue latine ...
Ainsi, d'une certaine façon, l'Empi re romain ne devint pas barbare : ce sont les
barbares qui devinrent romains et se civilisèrent. Du moins pour la plupart ...
car certains, comme les Huns venus d'Asie, n'avaient qu'un seul but: piller.
476
451 Chute de l'Empire romain d'Occident 751
Défaite d'Attila à la bataille Odoacre envahit l'Italie Fin de la dynastie
des champs Catalauniques mérovingienne
486
Victoire de Clovis sur Syagrius à la bataille de Soissons Début de
410
Pillage de Rome
par les Wisigoths r .
496
Baptême de Clovis
la dynastie
carolingienne

1
476

40
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les Wisigoths d 'Alaric
pillèrent Rome en 410.

Leur roi Attila entra en Gaule


avec sa redoutable cavaler ie
d'archers, capables de tirer
même en plein galop! Dressés
sur leurs montures, tenant des
crânes au bout de leurs piques,
ils semaient terreur et déso-
lation. Attila fut finalement
repoussé deux fois aux portes
de Paris par sainte Geneviève
et battu près de Troyes par les
Gallo-Romains à la bataille des
champs Catalauniques en 451.

LES MÉROVINGIENS FONDENT


LA PREMIÈRE DYNASTIE DES ROIS DE FRANCE - Le prem ier roi des Francs fut Clovis.
C'était le petit-fils de Mérovée, premier chef autour duquel les Francs s'étaient unis.
Clovis remporta en 486 la grande bataille de Soissons contre Syagrius, le dernier
général romain de Gaule. Il devint alors roi de la Gaule et d'une partie de l'Alle-
magne. La dynastie mérovingienne était née. Clovis se convertit au christianisme
en 496, ainsi que ses guerriers et son peuple. Les GaHo-Romains et les Francs furent
en paix et purent commencer à se mêler. Ils allaient donner naissance au pays qu'on
appelle la France.
Le règne des Mérovingiens dura plus de deux siècles et demi. Le royaume s'agrandit
jusqu'à devenir le plus grand royaume européen de l'époque.
Cependant, petit à petit, le pouvoir des rois s'amenuisa tandis que grandissait
celui de leu rs premiers ministres, appelés« maires du palais». En 75 1, l'un d'eux,
Pépin le Bref, se fit élire roi à Soissons par les grands du royaume. Cette prise de
pouvoir fut approuvée par le pape. Pépin fit alors emprisonner le dernier roi méro-
vingien, Childéric III, et lui fit couper ses longs cheveux, symbole du pouvoir sacré
païen des rois mérovingiens. Pépin créait ainsi une nouvelle dynastie de rois des
Francs, celle des Carolingiens.

1492

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L E M O Y EN ÂGE

Byzance
L'EMPIRE BYZANTIN SU RVIT AUX INVASIONS BARBARES - La partie est de l'Empire
romain, qu'on appelle l'Empi re byzantin parce que sa capitale étant Byzance,
n'avait pas été conquise par les barbares. Elle restait indépendante et forte d'un
vaste territoire allant de la Grèce aux
Balkans en passant par l'Anatolie (la
Turquie actuelle), la Syrie et l'Égypte.
(Fmncv~
~
Mer
Quand Justinien devint empereu r
.../ Caspkttne ' en 527, il voulut reconquérir la partie
(W/slgo
ESPAGN ,. ouest et reconstitue r entièrement
Médit l'Empire romain. Il réussit à reprendre
AFRIQUE DU NORD l'Italie aux Ostrogoths, une partie de
l'Espagne aux Wisigoths, et l'Afrique
ÉGYPTE du Nord aux Vandales. L'Empire
Empire byzantin à l'avènement de Justinien (527) - Reconquêtes de Justinien byzantin devint plus vaste et plus
riche qu'il ne l'avait jamais été.

L E ROI -PRÊTRE - L'empereur byzantin, qu'on ap pelle le basileus, n'était pas


seulement un général ou un roi. C'était aussi un prêtre. Considéré comme le
représentant de Dieu sur Terre, c'est lui qui nommait les patriarches, l'équivalent
des archevêques. C'était un personnage secret autant que sacré. On ne le voyait
qu'en de rares occasions. Quiconque le rencontrait devait se prosterner devant lui.
Chacune de ses apparitions était accompagnée de chants ou de musiques jouées par
des orgues.

U NE CIVI LISATION DE LUXE ET D'ORNEMENT - L'empereu r Justinien favorisa la


construction de bâtiments grandioses. La cathéd rale Sainte-Sophie de
Constanti nople en est sans doute le plus célèbre exemple. L'empereur fit appel
à de grands savants pour lui donner une majesté égale au Panthéon de Rome.
Ainsi, le physicien Isidore de Milet et le mathématicien Anthémios de Tralles
tracèrent les plans et surmontèrent l'édifice d'une coupole de 54 mètres de haut
(c'est-à-dir e deux fois la hauteur d'un immeuble de sept étages !).

476
Chute de l'Empire romain d'Occident

527 / 565
Règne de Justinien

476

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© La Librairie des Ecoles, reproduction et vidéoprojection interdites.
Pour bâtir la cathédrale, on fit fabriquer des la cathédrale Sainte-Sophie, en arrière-plan,
est le monument le plus représentatif
briques en terre de Rhodes, douze fois moins
de la splendeur de l'Empire byzantin.
lourdes que les briques traditionnelles.
Pas moins de 10 ooo ouvriers s'affai rèrent
à construi re cette cathédrale immense, ornée
de sa coupole. Parmi eux, certains apportèrent d'Éphèse des colonnes grecques du
temple d'Artémis pour souteni r l'édifice. D'autres sculptèrent le marbre vert de
Thessalie, le porphyre rouge venu d'Égypte, les pierres noires du Bosphore ou les
pierres jaunes de Syrie. D'autres encore conçurent un autel en or rehaussé de pierres
précieuses. Enfin, des artisans réalisèrent de superbes mosaïques à fond d'or sur
les murs. Ce merveilleux édifice existe toujours aujourd'hui.

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L E M O Y EN ÂGE

la naissance de l'islam
MAHOMET REÇOIT LA RÉVÉLATION - Au vif siècle, les Arabes peuplaient le vaste
territoire montagneux et aride qu'on appelle la« péninsule arabique». La plupart
étaient nomades. Ils étaient organisés en tribus qui se faisaient fréquemment la
guerre et croyaient en plusieurs dieux qui représentaient les forces de la nature.
Parmi ces tribus, les Koraïchites avaient un rôle particulier : ils gardaient le sanc-
tuaire de la Kaaba, dans la ville de La Mecque, où les Arabes allaient adorer leurs
dieux. Mahomet faisait partie de cette tribu. Simple berger devenu commerçant
après avoir épousé une riche veuve nommée Khadidja, il s'intéressait à la religion.
Chaque année, il se retirait pour méditer seul dans
le désert. On raconte qu'un jour, il eut une vision : Dans la péninsule arabique,
l'archange Gabriel lui apparut et lui révéla une les commerçants se déplaçaient
à dos de chameau et dressaient
nouvelle religion qu'il devait enseigner à tous les
des tentes dans le désert.
Arabes : l'islam.

622 630
L'hégire Mahomet prend la Mec,que

570

476 1
Chute de l'Empire rom ain d'Occident
Naissance
de Mahomet
à La Mecque
r 632
Mort de Mahomet

1
476

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MAHOMET VEUT ENSEIGNER L'ISLAM - Bouleversé
par cette révélation, Mahomet la p rêcha à
tous ceux qu'il rencontrait à La Mecque. Mais
personne ne voulut l'écouter, et il finit par être
chassé. Il se réfugia alors à Yathrib, qu'on appela
plus tard Médine. Cet événement, qui eut lieu
en l'an 622 après J.-C., est nommé «l'hégi re».
Le calendrier des musulmans débute à cette date.
Mahomet décida d'imposer sa nouvelle religion
par la force. Il rassembla des hommes et p rit
La Mecque en 630. Il détruisit les idoles des
anciens dieux. En 632, à sa mort, il était devenu
le chef religieux et politique de toute l'Arabie.

L'ISLAM, UNE NOUVELLE RELIGION - Le Coran


est le livre des musulmans. Il rassemble tous les
enseignements de Mahomet. Ce livre rappelle
qu'il n'existe pour les musulmans qu'un seul
dieu, Allah. Il décrit aussi les cinq obligations
des croyant s : 1. la profession de foi, c'est-à-dire
l'affirmation qu'il n'existe qu'un seul dieu,Allah;
2. les cinq prières quotidiennes; 3. l'aumône aux
pauvres; 4. le jeQne annuel du Ramadan; 5. le pèle-
rinage à La Mecque au moins une fois dans sa vie.
Cette nouvelle religion unit les tribus sous une
même loi, tirée du Coran : la charia. Elle assura la
paix au sein de la communauté. En revanche, les
musulmans menèrent un« djihâd »ou« guerre
sainte » contre les non-musulmans pou r les
converti r, ce qui explique leu rs nombreuses Dans la ville de La Mecque se trouve
conquêtes. la Kaaba, bâtiment sacré de forme carrée
vers lequel tous les musulmans
se tournent pour prier.

1492

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l'expansion de l'islam
LES OMEYYADES - Les successeurs de Mahomet p rirent le nom de « califes ».
Ils arrachèrent rapidement la Syrie et l'Égypte à l'Empire byzantin puis se lancèrent
à la conquête de la Perse. Les populations vaincues devinrent musulmanes.
Pour diriger ces vastes territoires, une dynastie fut instaurée : les Omeyyades. Cette
dynastie fixa sa capitale à D a mas en Syrie. Ses califes régnèrent de 661 à 750.
Pendant cette période, les Omeyyades étendi rent encore leurs conquêtes. Ils prirent
toute l'Afrique du Nord, de l'Égypte au Maroc, puis ils envahi rent l'Espagne.
En 711, après avoi r vaincu le roi wisigoth Rodé ric, ils occupèrent presque tout le
pays. Ils prirent aussi, en Méditerranée, les Baléares, la Sardaigne, la Sicrne, la Corse,
Malte et la Crète. Ils voulurent également conquérir la France mais Charles Martel
les a rrêta en 732 à Poitiers.

Mer
d'Aral
.!tl Poitiers
,,..732
Mer

ESPAGNE
Cordoue ..,,..
•. Gre.nade Mer
Mêdirerranêe
MAROC

• Médine
Mer
• La Mecque d'Oman

Mer

/\ Rouge

LES ABBASSIDES - Les Omeyyades furent chassés du pouvoi r en 750 par une
nouvelle dynastie, les Abbassides. Ceux-ci s'installèrent dans une nouvelle capitale,
Bagdad, v ille qu'ils venaient de créer sur les rives du Tigre.

711 732

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident
Rodéric est vaincu,
les Arabes occupent toute l'Espagne
Charles Martel arrête
les Arabes à Poitiers

476

46 661/750
© La Librairie des Ecoles, reproduction et vidéoproj~vêtt8r\EififèR!tU?s~0 Es
Sous les Abbassides, la civilisation musulmane
atteignit son apogée. Mais, petit à petit, le monde
musulman perdit en force eten unité: en Espagne,
les descendants des Omeyyades créèrent le
califat de Cordoue, indépendant des Abbassides.
Les divisions survinrent également dans le
domaine religieux, puisque l'islam se sépara en
deux branches : le chiisme et le sunnisme. Malgré
cela, l'islam se répandit largement. En Afrique,
en Asie, en Indonésie, des royaumes musulmans
naquirent. En Inde, le royaume musulman des
Grands Moghols dura près de trois siècles.

LA CIVILISATION ARABE - L'empire arabe s'est créé


par la conquête et s'est maintenu par sa civili-
sation brillante, acquise au contact des mondes
byzantin et perse. De belles mosquées ornèrent
les grandes villes comme Damas, Bagdad, Le Caire
ou Cordoue ; quant au magnifique palais de
l'Alhambra, il fit la gloire de Grenade en Espagne.
De splendides jardins
animés par de savants
jeux d'eau ornaient ces
bâtiments.

L'Alhambra, joyau de la ville


de Grenade, et sa célèbre
cour des Lions, nommée ainsi
en raison des douze statues
de lions qui entourent
la fontaine centrale.

1238
Début de la constructio1l du palais
de !'Alhambra à Grenade

1492

750/ 1258: DYNASTIE DES ABBASSIDES 47


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Charlemagne
et les Carolingiens
LA NAISSANCE DE LA DYNASTIE CAROLINGIENNE - Charles Ma rtel était maire d u
'
palais q ua nd il repoussa les Arab es à Poit iers. A sa mo rt, son fils Pépin le Bref
hérita de sa charge et le dépassa e n ambition , puisqu'il devint roi des Francs. Il fit
déposer le dernier roi mé rovingien Childéric III e t passa un accord avec le pape
Zacharie : il s'engageait à aller comb attre les Lombards e n Italie et, en re me rcie-
me nt, le pape le reconnaissait roi des Francs. Après le sacre de Pépin par l'évêque
Bo niface de Mayence, le pape se déplaça e n personne pour sacrer à no uveau Pépi n
et ses fils. Ainsi naquit la deuxième dy nastie de rois qui régnèrent sur la France :
les Caroli ngiens.

CHARLEMAGNE, L' ÉGAL DES EMPEREURS ROMAINS - Cette dy n ast ie fut nommée
« carolingienne » d'après le no m d e Charlemagne, Ca rolus Magnus e n lat in .
Charle magne fut le roi le plus d igne d'admirat ion de cette dynastie. C'était un
grand gue rrier : il reprit la Catalogne a ux Arabes, occupa la Bretagne, s'em para
de la Bavière, de la Saxe et de la Frise où les peuples barba res se convertire nt au
christianisme, et il battit à nouveau les Lombards e n Italie, devena nt ainsi roi des
Lombards. Son royaume était si vaste qu'on pensa qu'il avait reconstitué l'Empire
ro mai n d'Occide nt. C'est pourq uoi le pape le couro nna e mpereur le jo ur de Noël
de l'an 8oo à Ro me. On ne pouvait imagine r gloire plus grande.

FRISE Empire UN V ASTE EMPIRE - Charlemagne


'\' SAXE carolingien
•cl en814 étai.t certes un grand conq ué ra nt,
Aix•la•Ctiap
~ le - Empire_ mans c'était a ussi un ad m in istra-
BRETAGNE byzantin
~ - Monde te ur brillant. Afin de m ieux régner,
BAVIÈRE musulman
il organisa son e m pi re e n régions,
cl,ts,fo~~M,RD dirigées par des comtes.
CATALOGNE '

.......
Mer 800
Mëdite"onée
Charlemagne
est sacré empereur
à Rome

768 / 814
Règne de Charlemagne

Chute de l'Empire romain d'Occident 476 1 754


Pépin le Bref est sacré roi par le pape Zacharie

476

48
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Régulièrement, il envoyait des inspecteurs, les missi Charlemagne fut sacré empereur
dominici («envoyés du maître »), pour s'assurer que les à Rome le 25 décembre 800.

comtes appliquaient bien les lois et se montraient justes.


Il prit pour capitale Aix-la-Chapelle, dans le centre de
l'empi re.
Charlemagne donna une unité à son empi re en imposant la messe en latin dans
toute l'Eu rope. Il développa les écoles en demandant à chaque monastère d'en
créer, y compris pour les enfants pauvres, qui pouvaient ainsi espérer s'élever par
leur mérite. Souvent, il inspectait lui-même les écoles. Il avait coutume de récom-
penser par ses encouragements les plus travailleurs. En revanche, il se montrait dur
envers ceux qui ne faisaient pas d'efforts, même s'ils étaient fils de nobles.

1492

49
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L E M O Y EN ÂGE

Des Carolingiens
aux Capétiens
LE TRAITÉ DE VERDUN - Louis le Pieux succéda
à Charlemagne et poursuivit son œuvre
de 814 à 840. Mais à sa mort, ses trois fils,
Lothaire, Louis le Germanique et Charles le
Chauve se disputèrent le trône. Pour mettre
fin à cette querelle, ils décidèrent en 843 de
se partager l'empi re par le traité de Verdun :
Louis le Germanique serait roi de la partie
est, qui allait devenir l'Allemagne; Charles le
Chauve de la partie ouest, qui allait devenir
la France ; l'aîné, Lothai re, garde rait le titre
d'empereur et régnerait sur la partie la plus
riche de l'empi re, une longue bande de terri-
toire allant des Pays-Bas à l'Italie. On appela
ce royaume la Lotharingie. Mais la dynastie
fondée par Lothai re s'éteignit bientôt, de
sorte que la Lotha ringie ne devint pas un
pays comme la France ou l'Allemagne. Son
territoire fut disputé entre ces deux derniers
pendant plus de I ooo ans.

LE TEMPS DES INVASIONS - Outre les problèmes


de succession, l'empi re fut affaibli par les
attaques de nouveaux envahisseurs.
Les Vikings vinrent de Scandinavie pour piller
l'Angleterre, l'Allemagne et la France. Ils
remontèrent la Seine jusqu'à Pa ris mais Eudes, Les Vikings.
comte de Paris, défendit la ville avec succès.
Par le traité de Saint-Clair-sur-Epte de 911,
le roi Charles le Simple donna au chef viking Rollon une
région où s'établir afin que cessent les pillages. Cette région, 862
Fondation du Saint-Empire romain germanique
c'est la Normandie, le« pays des hommes du Nord».
843

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident
Traité de Verdun
814 / 840
Règne de Louis le Pieux

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Les Arabes, quant à eux, s'installèrent en Provence vers 890, pillant
les régions alentour. Le comte de Provence Guillaume 1er finit par les
chasser, mais seulement après cent ans de luttes.
Enfin, les Hongrois lancèrent des assauts vers tous les pays d'Europe.
C'est le roi de Germanie, Otton 1er, qui les vainquit à la bataille du
Lechfeld, en 955, et les força à s'installer définitivement dans le pays
qu'on appelle aujourd'hui la Hongrie afin qu'ils ne menacent plus
l'Europe.

LA FÉODALITÉ ET L'AVÈNEMENT DES CAPÉTIENS - Les populations


d'Europe avaient constaté que les rois étaient incapables de les proté-
ger contre les invasions. Elles avaient été mieux protégées par leurs
seigneurs. Ces seigneurs devinrent alors presque indépendants des
rois: ainsi se développa la féodalité (voi r page 52), qui morcela les
royaumes.
Mais les royaumes subsistaient en Allemagne et en France. En
Allemagne, le roi regagna du pouvoir sur les féodaux à partir
d'Otton 1er. En 862, celui-ci fonda un nouvel empi re, le Saint-Empire
romain germanique. En France, la dynastie carolingienne s'affaiblit
peu à peu. Hugues Capet, un grand seigneur descendant du comte
Eudes, fut élu roi en 987 à la place du dernier roi carolingien. Pour
assure r sa succession, il fit sacrer son fils Robert le Pieux de son
vivant. Ainsi naquit la dynastie des Capétiens.
Philippe Auguste fut le septième roi capétien. Il remporta à Bouvines
en 1 2 14 une gra nde bataille contre le Saint-Empire romain germa-
nique, allié à l'Angleterre. Pour la première fois, on cria « Vive la
France ! » sur un champ de bataille. La nation française était désor-
mais consciente de son identité. Louis IX, au milieu du x111" siècle, et
Philippe IV le Bel, à la fin du xnf siècle et au début du x1vc, furent
ses plus prestigieux successeurs. L'un força l'admiration par son sens de la justice.
L'autre renforça le pouvoir royal face aux seigneurs féodaux et au pape.

, - - - - - 911 1180/ 1223 1214


Traité de Saint-Clair-sur-Epte Règne de Bataille de Bouvines
Philippe Auguste
955 1226/ 1270
Bataille du Lechfeld Règne de Louis IX

__r :~ues Capet est sacré roi


1285/ 1314
Règne de Philippe IV le Bel

1492

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L E M O Y EN ÂGE

la féodalité
SEIGNEURS ET VASSAUX - Entre le X' et le x1f siècle, les rois et les seigneurs d'Europe
prirent l'habitude de recruter des compagnons d'armes pou r mener leurs
nombreuses guerres. Ces chevaliers leur restaient fidèles et devenaient les hommes
des seigneurs. C'est pour cela qu'on appelait« hommage» la cérémonie par laquelle
le seigneur et son chevalier étaient liés. Par cette cérémonie, les chevaliers devenaient
les vassaux du seigneur: ils promettaient de lui obéir en toutes circonstances, de l'ac-
compagner à la guerre et de lui porter secours. En échange, le seigneur protégeait son
vassal contre tout ennemi et lui donnait une terre, le.fief, lui permettant ainsi d'avoir
des revenus. Ce lien entre le seigneur et son vassal durait toute la vie. Celui qui ne
le respectait pas était déclaré fe1on.

LA CHEVALERIE Les fils des seigneurs et des vassaux apprenaient le métier des
-
armes : ils étaient pages jusqu'à leurs 14 ans, puis écuyers. Enfin avait lieu lacéré-
monie de l'adoubement: le futur chevalier, âgé d'environ 20 ans, priait toute une
nuit, puis un prêtre bénissait ses armes. Ensuite, un chevalier plus âgé l ui donnait
un grand coup sur le dos, appelé « collée». Le jeune homme était alors à son tour
chevalier et pouvait partir à la guerre. Petit à petit, le mode de vie des chevaliers
changea. Peu instruits et brutaux dans les premiers
temps, leurs mœurs s'adoucirent sous l'influence
,
de l'Eglise et l'habitude de la vie de cour.
Bientôt, ils rassemblèrent leurs principes dans
des codes chevaleresques. Par ces codes, ils
admettaient que la force ne devait être utilisée
que pour défendre la justice, les pauvres,
les veuves et les orphelins, qu'ils
devaient être loyaux et ne pas s'en
prendre à un ennemi désarmé.
Cet esprit chevaleresque
influença considérablement
la culture européenne.

Un chevalier
et son écuyer.

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident

476

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SEIGNEURS ET PAYSANS - Les seigneurs eurent bientôt pour demeures Les paysans cultivaient
des châteaux forts, souvent bâtis sur des buttes afin de pouvoir les les terres du fief,
surveillés de près par
défendre plus facilement De là, ils régnaient sur leur fief, dont de
les hommes du seigneur.
nombreux paysans, les seefs, cultivaient la terre. Comme l'esclavage
était interd it depuis le christianisme, ces paysans étaient libres. Mais,
en réalité, ils n'avaient pas le droit de quitter le fief du seigneur sans
son autorisation et ils étaient surveillés de près.

0 1000 1100 12 1492

ENT RE LE x~ ET LE x 11• SIÈCLE : 53


LE T EMP©:Pth:'~n:mtiH"éf des Ecoles, reproduction et vidéoprojection interdites.
L E M O Y EN ÂGE

L'Église au Moyen Âge


/1' " A ,

L'EGLISE ORGANISE LA VIE AU MOYEN AGE - Au Moyen Age, l'Eglise était aussi
puissante que les rois, voire plus puissante parfois. Elle organisait la vie de
chacun par les fêtes religieuses comme Noël ou Pâques et par les rites quotidiens
comme la messe. Elle avait aussi le pouvoi r de diriger moralement les fidèles
et de punir ceux qui ne suivaient pas ses règles en les excommuniant, c'est-à-dire
en les excluant de la communauté des chrétiens. Enfin, elle créa le tribunal de
l'inquisition pour condamner les hérétiques, c'est-à-di re ceux qui ne suivaient pas
la foi selon la tradition de l'Église catholique.
Mais l'Église aidait aussi beaucoup
le peuple. Elle organisa l'éducation
dans les monastères ou les évêchés des
villes. Elle prit l'initiative de créer les
premières universités pour faire étudier
à nouveau les sciences grecques ou le
droit romain, qui avaient été oubliés à
l'époque des invasions barbares. Elle
créa également de nombreux hospices
pour soigner les malades et accueilli r
les pauvres.
Pour montrer la profondeur de leur
foi, certains chrétiens partaient sur les
routes en pèlerinage pour prier dans
des lieux saints comme Saint-Jacques-
de-Compostelle en Espagne, le Mont-
Saint-Michel, Rome, ou encore la Terre
sainte, là même où vécut Jésus-Christ.

Dans l'Europe médiévale, les ancêtres


de nos hôpitaux, les hospices, étaient créés
et administrés par l'Église catholique.

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident

476

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LE TEMPS DES CATHÉDRALES - L'Europe médiévale bâtit de nombreuses cathédrales
pour célébrer sa foi chrétienne. Immenses et magnifiques, elles accueillaient les
foules des grandes villes de l'époque. Les premières cathédrales étaient construites
dans le style dit« roman », c'est-à-dire sur le modèle de la voûte romaine arrondie
reposant sur des colonnes cylind·riques. Plus tard apparurent les cathédrales gothiques
dont la voûte n'était plus arrond ie mais brisée, en forme d' «ogive». Les cathédrales
présentèrent alors des nefs hautes de 30 à 40 mètres et des vitraux colorés lais-
sant passer le soleil. Les plus célèbres cathédrales gothiques sont Notre-Dame de
Paris, Notre-Dame de Reims, où furent couronnés les rois de France, les cathédrales
de Cologne en Allemagne, de Milan en Italie et de Westminster en Angleterre.
Les deux flèches de la cathédrale de Cologne atteignent 157 mètres de hauteur, elles
sont donc trois fois plus hautes que la coupole de la
cathédrale Sainte-Sophie à Byzance.

LES RÉFORMES ET LES NOUVEAUX ORDRES - Au xf siècle,


plusieurs papes décidèrent de réforme r l'Église,
c'est-à-di re de modifier son fonctionnement. Parmi
eux, Grégoire VII fut celui qui eut le plus d'nnfluence,
raison pour laquelle on parle de réforme grégorienne.
Le but de la réforme était de rendre la papauté et les
hommes <l'Église indépendants des rois et des seigneurs,
ainsi que de l'empereur romain germanique qui
nommait le pape.
,
L'Eglise connut alors un grand essor. De nom-
breux ordres religieux naquirent entre le xf et
le x11f siècle. Les uns se consacraient à la prière,
comme les cisterciens ou les chartreux. D'autres
partirent à la rencontre des populations à l'exté-
rieur des églises et des couvents et allèrent prêcher
dans les villes et les campagnes. On les appela les
« ordres mendiants». Les plus célèbres sont l'ordre
des Franciscains et celui des Dominicains.

xi' siècle x1f /x11fsiècles


Réforme grégorienne Le temps des cathédrales gothiques

1492

ENTRE LE x1• ET LE x111• SIÈCLE : NAISSANCE DES GRANDS ORDRES RELIGIEUX 55


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Trois œuvres littéraires


médiévales
Dans les cours des rois et des seigneurs, LA CHANSON DE ROLAND - Ce poème
on aimait entendre des troubadours jouer composé au xi< siècle par un auteur inconnu
de la musique et raconter des histoires. raconte comment Roland, commandant
C'est là que sont nées les chansons de de l'arriè re-ga rde de Charlemagne, fut
geste, des poèmes racontant les exploits pris au piège dans les Pyrénées, au col de
(gesta en latin) de héros, ainsi que Roncevaux, par une armée ara be à cause
les premiers romans modernes. du traître Ganelon. Roland se battit toute
la jou rnée avec sa légen-
daire épée Durandal. Hélas,
il finit par céde r sous les
coups. Dans un dernier
souffle, il sonna alors l'oli-
fant (une sorte de cor) pour
appele r Charlemagne au
secours. Celui-ci l'entendit
à cause de l'écho dans les
montagnes, et se mit aus-
sitôt en route pour sauver
Roland, mais il arriva trop
tard. Il défit les ennemis, tua
le traître Ganelon et rendit
les honneurs à Roland pour
son courage et sa conduite
chevaleresque.

LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE - Un autre roman, datant lui du xnc siècle,
narre une aventure extraordinai re de chevaliers : le roman du roi Arthur et de ses
chevaliers de la Table ronde. Arthur est un roi celte du vt' siècle qui aurait peut-
être réellement existé et résisté aux envahisseurs anglersaxons. Mais le roman est
surtout composé de légendes : il raconte qu'Arthur serait devenu roi grâce à un
magicien, Merlin !'Enchanteur, en reti rant d'un rocher magique l'épée Excalibur
qui lui donna pouvoir et puissance.

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident
vl" siècle
Règne d'Arthur
15aoûtns
Roland meurt au col de Roncevaux
l
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Il épousa G uenièvre et en fit sa reine, et
s'entoura de chevaliers qui siégèrent à la
Table ronde : Lancelot du Lac, Gauvain et
Perceval ... Certains de ces chevaliers parti-
rent à la quête du Graal, la coupe qui avait
servi à recueillir le sang de Jésus-Christ lors
de sa crucifixion. Quant à Arthur, blessé
mortellement par son fils Mord red, il se
reti ra à Avalon, un lieu caché où nl se serait
endorm i, prêt à reveni r à tout moment
pour sauver son peuple.

,
L A D1v 1NE COMÉDI E - Dans L'Enéide,
œuvre écrite entre 29 et 19 avant J.-C.,
le poète Virgile raconte entre autres le
voyage qu'Énée a effectué dans le monde
de l'au-delà pour visiter son père Anchise.
Vers 131 o, Dante Alighieri, un poète de
Florence, en Italie, écrivit un long poème
racontant le voyage que lui-même, Dante,
accomplit à son tour dans ce monde extra-
ordinaire, guidé par Virgile en personne.
Dante visite d'abord l'Enfer organisé en
cercles de plus en plus profonds à mesure
que les pêchés sont graves. Il remonte
ensuite vers le Purgatoire où ceux qui ont
commis des péchés moins graves peuvent s'en nettoyer. Enfin , guidé dorénavant
par une femme très gracieuse nommée Béatrice (car Virgile, qui est païen, ne peut
aller plus haut), il se rend dans les neuf cieux du Paradis.

xi° siècle
La Chanson de Roland
x11° siècle
La Légende du roi Arthur
r
_
vers1310
La Divine Comédie

1
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L E M O Y EN ÂGE

l'Allemagne et la Suisse
LE SAINT-EMPIRE ROMAIN GERMANIQ.UE - Au milieu du Xe siècle, les Magyars
(ou Hongrois) menacèrent l' Europe. Ces cavaliers habiles menaient des raids :
ils pillaient les richesses et e nlevaient les populations pour en faire leurs esclaves.
En 955, Othon 1er, roi de Germanie, décida de leur livre r bataille dans la plaine du
Lechfeld. Bien que ses troupes fussent moins Met du Nord

nombreuses, il l'emporta. Cette victoire PRUSSE


SA,,IN T- EMP I RE
renforça considérablement son prestige. \ROMA }N,
GE~ MAN I OU-6
Il fut alors assez puissant pour reconstituer
l'Empi re romain en 962. Comme son Ocêan
Adantique

~ !~ ·
empi re rassemblait des populations de
langue aHemande et qu'il était ch rétien,
on l'appela bientôt le Saint-Empire romain
Méditerranée
germanique. Il allait durer 900 ans.

LE MORCELLEMENT DE L'EMPIRE -L'empire fut d'abord fort et centralisé. Il s'agrandit


au nord-est, grâce à des seigneurs comme Albert 1er de Brandebourg, appelé Albert
l'Ours. Les chevaliers Teutoniques, un ordre de moines soldats, conquirent quant à eux,
à la fin du XII° siècle, les vastes territoires du nord-est de l'Europe qui allaient devenir
la Prusse, mais qui n'appartiendraient pas au Saint-Empire. De grands empereurs
comme Frédéric 1er Barberousse ou Frédéric 11, appartenant à la dynastie Hohenstaufen,
tentèrent de rendre l'empi re encore plus puissant, mais ils échouèrent. Frédéric 1er
fit une guerre pour conquérir toute l'Italie du Nord, mais il perdit la bataille de
Legnano en 1176 et dut rentre r en Allemagne. Frédéric 11, quant à lui, eut une que-
relle si grave avec le pape qu'il fut excommunié. Il ne pouvait rien arriver de pire à
un roi chrét ien ! Rapidement, la dynastie Hohenstaufen perdit de son influence en
Allemagne. Bientôt, l'empi re se morcela en des centaines de petits États, parfois
très vastes comme la Bavière, parfois de la taille d'une ville comme Cologne ou
Brême. L'Allemagne resta ainsi divisée jusqu'au XIXe siècle.

LA NAISSANCE DE LA SUISSE - Au Moyen Âge, les territoires de la Suisse actuelle


faisaient partie du Saint-Empire romain germanique. Au xnf siècle, les ingénieux
artisans du canton d'Uri, une petite région montagneuse, parvinrent à construire
un pont entre deux cols, qui permettait de gagner sept jours de voyage aux convois
transportant des marchandises depuis l'Italie vers l'Europe du Nord.

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident

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Les habitants d'Uri faisaient payer un droit de passage à ces convois et s'enrichirent
rapidement. Le duc d'Autriche, qui possédait ce fief, fut bientôt jaloux de la fortune
des gens d'Uri. Ces derniers s'unirent aux habitants de Switch (d'où vient le nom
« Suisse ») et d'Unterwald et, en 131 5, à la bataille de Mortgarten, ils battirent le duc
d'Autriche. De simples paysans avaient vaincu une puissante armée de chevaliers!
Lucerne, Zürich, Berne se joignirent à ces cantons libérés, et plus tard encore,
d'autres villes de la région comme Lausanne, Bâle ou Genève, vinrent renforcer
cette union qui prit le nom de Confédération helvétique.
La légende de Guillaume Tell provient de cet événement. Guillaume Tell s'était
révolté contre les Autrichiens. Pour le punir, le bailli Gessler, représentant du
duc d'Autrnche, le fit emprisonner et lui dit qu'il ne serait libéré que s'il parvenait
à couper en deux, d'une flèche d'arbalète, une pomme
posée sur la tête de son fils, au risque de le tuer ! Guillaume Tell,
Guillaume réalisa cet exploit et put partir libre avec son d'une flèche d'arbalète,
parvint à couper en deux
fils. Quelques jours plus tard, avec la même arbalète, il
la pomme posée
tua le bailln Gessler.
sur la tête de son fils.

1152/ 1100 1220/ 1250


Règrle de Frédéric I" Barberousse Règne de Frédéric Il Hohenstaufen
1100 1239
955 Création de l'ordre Excommunication de Frédéric Il Hohenstaufen

r
Victoire d'Othon I" des chevaliers 1315
à la bataille du Lechfeld Teutoniques Bataille de Mortgarten
------.
1492

962/ 1806 : SAINT •fMPIRE ROMAIN GERMANIQ UE 59


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L E M OYEN ÂGE

l'Angleterre
LES ANGLAIS S'UNISSENT PROGRESSIVEMENT - Les Romains ne conquirent jamais
toute l'île de Grande-Bretagne. Jules César et l'empereur Claude soumi rent le Sud
mais, au siècle suivant, les Romains durent établir une frontière fortifiée, le mur
d'Hadrien (du nom de l'empereur romain Hadrien) entre les régions romanisées, où
se mélangeaient Bretons et Romains, et les peuples sauvages au nord de cette ligne.
Au if siècle, lorsque l'Empire romain d'Occident s'écroula, des peuples germaniques
(Angles, Jutes, Saxons) envahi rent l'île et fondèrent de nouveaux royaumes.
Ils chassèrent les Bretons vers le pays de Galles et la Cornouailles dans l'ouest du
pays. Certains de ces derniers s'enfuirent même en Armorique et donnèrent le nom
de Bretagne à cette région française.
En 597, Aethelbert, un des rons des nouveaux royaumes anglo-saxons, se convertit
au christianisme. Bientôt, tous les rois suivi rent son exemple si bien que l'île
entière devint chrétienne. Rapidement, l'île ne forma plus qu'un seul pays, les rois
s'unissant pour repousser les envahisseurs vikings.

GUILLAUME LE CONQ.UÉRANT, LE ROI o'ANGLETERRE


Q.UI PARLAIT FRANÇAIS - Les Angle-Saxons résistèrent
Mer
à leurs envahisseurs .. . jusqu'à la bataille d'Hastings. du
Nord
En effet, en 1066, un descendant du chef viking
Rollon (qui avait fondé le duché de Normandie) , Mur d'Hadrien

traversa la Manche avec une grande flotte, débarqua


et vainquit le dernier roi anglo-saxon à Hastings.
ROYAUME
Il s'appelait Guillaume, et ap rès sa victoire, on le D ' ANGL ET ERRE
nomma Guillaume le Conquérant. Il distribua les
terres anglaises à ses barons normands et, tout e n ' lHastings
restant duc de Normandie, il devint le nouveau roi Traversée de,
Guillaume le Conquérant f
d'Angleterre. Trois siècles durant, les rois d'Angleterre NORMANDIE
et les nobles parlèrent donc la langue française.

LE RÈGNE DES PLANTAGENÊTS - Le quatrième successeur de Guillaume fut Henri II


Plantagenêt. Il possédait de vastes territoires en France qu'il agrandit du duché
d'Aquitaine et du comté de Poitiers en se mariant avec Aliénor d'Aquitaine. Deux
des fils d'Henri II eurent un destin exceptionnel.

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident
!597
Aethelbert se convertit
.au christianisme

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Le premier, Richard Cœur de Lion, se battit contre son Richard Cœur de Lion au combat
père puis, devenu roi, décida en 119() de se joindre à la lors de la troisième croisade.
troisième croisade (voir page 68) destinée à libérer
Jérusalem qui venait d'être prise par le chef arabe
Saladin. Il combattit à Chypre et en Sicile mais, une fois parvenu en Terre sainte,
il ne parvint pas à vaincre Saladin. Il fit ensuite la guerre en France pour défendre
la Normandie et ses autres fiefs, mais il mourut d'une flèche d'arbalète en 1199.
Le second fils d'Henri II se nommait Jean sans Terre. Il succéda à Richard mais il
n'avait pas ses qualités. Il était fourbe et peu aimé des barons. En 12 15, il dut céder
à leurs demandes : il fut obligé de signer la Grande Charte (Magna Carta en latin),
par laquelle il s'engageait à les consulter avant de prendre toute décision politique.
Pour la première fois, un roi devait partager le pouvoi r. Cette charte fut à l'origine
du Parlement anglais.
1189/ 1199
1154/ 1189 Règne de Richard Cœur de Lion
Règne d'Henri Il Plantagenêt
1199/ 1216
1066 Règne de Jean sans Terre
Guillaume le Conquérant
remporte la bataille 1215
d'Hastings Promulgation de la Grande Charte

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l'Espagne et le Portugal
QUAND L' ESPAGNE ÉTAIT ARABE - Les Wisigoths s'étaient emparés de l'Espagne
romaine au moment des grandes invasions et y avaient fondé un royaume en
4 18, avec Tolède comme capitale. Mais les Arabes, aidés des Berbères d'Afrique
du Nord, débarquèrent en 7 11 et vainqui rent le dernier roi wisigoth, Rodéric. Ils
occupèrent alors presque tout le pays. L'Espagne devint un grand royaume arabe
que les conquérants nommèrent Al-Andalus.
N'acceptant pas l'autorité du calife de Bagdad, les habitants d'Al-Andalus décidè-
rent en 929 que leur royaume serait indépendant et dirigé par son propre calife.
Beaucoup de philosophes et de savants y prospérèrent, comme Averroès, un brillant
philosophe qui s'inspira des penseurs
grecs de l'Antiquité, ou encore Ibn Arabi.
Les califes firent édifier de beaux palais et
de somptueuses mosquées.

LA RECONQ..UISTA - Cependant, les chré-


tiens étaient encore majoritaires dans la
péninsule Ibérique et beaucoup voulaient
se délivre r de l'envahisseur. Charlemagne
les y aida en reprenant par les armes la
Catalogne. Puis, petit à petit, les chré-
tiens reconquirent le pays, d'où le nom
de Reconquista (mot espagnol qui signi-
fie « reconquête ») donné à ces longues
gue rres. En 1114 , Tolède fut libé rée.
Puis ce fut le tour de Valence, notamment
grâce à un chevalier légendaire ...
Ce chevalier, c'est le Cid. Avec son épée
Tizona, il remporta de nombreuses
victoires et repoussa les troupes arabes.
Il mourut en 1099 en défenda nt Valence.
Sa femme agit également de façon
héroïque : elle continua à défendre la ville
assiégée après la mort de son époux.

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Chute de l'Empire romain d'Occident
711
Rodéric est vaincu
par les Arabes

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La légende raconte qu'elle installa
le cadavre du Cid sur son cheval
Babhieca, épée à la main, et qu'elle
le fit partir au galop. Voyant leur
Lisbonne •
chef, les soldats reprirent espoir et
remportèrent la bataille.
Mer En 12 12, les ch rétiens vannquirent
Méditerronte
l'armée du calife à la grande bataille
de Las Navas de Tolosa. Les Espagnols
purent occuper la plus grande partie
du pays, les musulmans n'occup a nt plus que l'extrême sud,
la région autour de la ville de Grenade. En 1474, le roi
Ferdina nd d'Aragon et son épouse la reine Isabelle de Castille
unifièrent l'Espagne qui devint ainsi
assez forte militairement pour lutter
Le corps du Cid, attaché
contre le royaume de Grenade. Celui-ci
à son cheval, redonna du
courage à ses troupes
fut défin itivement vaincu en 1492.
et fit fuir farmée ennemie. Les derniers chefs arabes durent alors
quitter le pays.

LE PORTUGAL - Au cours de la Reconquista, H enri de Bourgogne,


un chevalier frança is, était venu comb attre aux côtés des Espagnols.
Il épousa une princesse de Castille qui lui donna un fils, Alphonse
Enriquez le Conquérant. Ce dernier remporta une grande bataille
contre cinq chefs arabes à Ourique en 1139 et libéra Lisbonne
en 1147. On le déclara roi de cette région qu'on appela Portugal
et dont le drapeau est orné aujourd'hui encore de cinq écus
représentant les cinq chefs vaincus.. Alphonse et ses successeu rs
agrandi rent le pays vers le sud et découvrirent les îles de Madère
et des Açores.

1139 1147
Bataille cl'Ourique Emiquezle Conquérant
au Portugal libère Lisbonne 1492
Fin du royaume
1099 1212 de Grenade
Mort du Ciel
C Bataille de Las Novas de Tolosa

1492

718 / 1492: RECONQUISTA 63


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L E M O Y EN ÂGE

l'ltalie
UN PAYS MORCELÉ - Le territoi re qu'on appelle aujourd'hui
ROYAUME l'Italie a bien changé depuis la chute de l'Empire romain.
DE LOMBARDIE " ,
l • Milan Venise Au Moyen Age, il était divisé en plusieurs Etats. Dans le Nord
Pl ~~z~ 1! (• s se trouvait le royaume de Lombardie, qui appartenait au Saint-
Pise) ; FÎcle ce i~ Empire romain germanique, ainsi que de nombreuses grandes
\ ,! villes indépendantes, comme Milan, Florence ou Pise. Dans le
iTAT(
PONTI /CAL
Nord-Ouest, le Piémont appartenait au royaume de Savoie. Venise
~ Nap~ •, était indépendante. Tout le centre du pays appartenait au pape.
Mer Amalfi "~ Dans le Sud, où
Mé<Htenonêe
il y eut longtemps
ROYAUME
NORMAND des régions encore
romaines sous la
dépendance de l'em-
pereur de Byzance, les Normands fon-
dèrent un puissant royaume. Du nord
au sud de l'Italie, il y avait encore bien
d'autres principautés ou villes indé-
pendantes.

VENISE, LA CITÉ ITALIENNE l.A PLUS


"
PUISSANTE DU MOYEN AGE - Venise
est depuis toujours une ville pareille
à nulle autre. Bâtie sur la mer
Adriatique par des peuples ayant fui
l'avancée des Lombards, elle se cons-
titue d'une constellation de petites
îles reliées par des ponts. Les canaux
remplacent les rues. On y ci rcule sur
de longs bateaux appelés« gondoles ».
Les hommes ont enfoncé dans le sable
des poteaux de bois et ont construit
sur ces pilotis de magnifiques palais
et des églises somptueuses, comme la
cathédrale Saint-Marc.

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident
lin du vf' siècle
Création de Venise
l
476

64
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D'abord sous l'influence de Byzance, Venise obtint son indépendance au xi° siècle.
Pour conserver cette dernière, les Vénitiens fondèrent une république dont le chef
était appelé « doge » . La puissante flotte vénitienne commerça à l'époque dans
toute la Méditerranée ; les marchands allaient très loin, comme Marco Polo qui
s'aventura jusqu'en Chine. Cette flotte comportait
le grand voyageur vénitien également de nombreux navires de guerre qui
Marco Polo visita la ville de Pékin, jouèrent un rôle important dans les croisades.
en Chine, au x111• siècle.

LES GRANDES VILLES -


L'Italie compte d'autres
puissantes cités comme
Amalfi , Pise, Milan,
Gênes ou Florence.
Pise est célèbre pour
son extraordinaire tour
penchée qu'on n'a pas
jugé utile de redresser ;
elle est le cloche r ou
« campanile » d'une
cathéd rale revêtue
de marbre blanc. A '

Florence, les Médicis,


une fami He de riches
comme rçants, domi-
naient la ville et en
devinrent les principaux magistrats, puis les princes. Mais ces cités, Pise, avec sa cathédrale,
riches et puissantes, ne dépassèrent jamais en prestige Rome, où on son baptistère (le bâtiment
uù l'un µ1 ali4 ue le uaµtêr ne
pouvait toujours voir les ruines de la Rome antique, et qui s'om a de
chez les chrétiens) et,
magnifiques églises et autres œuvres d'art chrétiennes commandées au fond à droite,
par les papes. Rome, témoin de tant de siècles d'histoire, fut nommée sa célèbre tour penchée.
pour cette raison la « Ville éternelle ».

xl"siècle - - 1173
0 es Normands fondent Construction 1271/ 1295
le royaume de Naples de la Tour de Pise Voyages de Marco Polo

1492

x111•/xv• SIÈCLES: RÈGNE DE LA FAMILLE MÉDICIS À FLORENCE 65


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L E M O Y EN ÂGE

la Russie, les pays slaves,


baltes et scandinaves
LES ORIGINES DE LA RUSSIE - De nombreux peuples ont vécu sur
A

le territoire russe entre la fin de !'Antiquité et le Moyen Age : les


Scythes, les Sarmates, les Khazars, les Slaves et les Varègues, des
cousins des Vikings. Ce sont d'ailleurs ces derniers qui ont créé en
Ukraine Ea ville de Kiev, berceau de la Russie. Au 1x c siècle, tous ces
peuples furent unis par une même religion.
En effet, saint Cyrille et saint Méthode, deux missionnaires venus
de Byzance, convertirent les populations au christianisme orthodoxe.
La plupart des peuples d'Europe de l'Est ont conservé cette religion
aujou rd'lhui. Beaucoup partagent aussi l'alphabet cyrillique que
Cyrille créa à partir de lettres grecques pour mieux retranscr ire la
langue des Slaves.

Moscou, LA « Longtemps, les Russes furent


TROISIÈME ROME » -
dominés par les Mongols auxquels ils devaient verser un lourd tribut.
Mais des princes de Moscou refusèrent de continuer à subir ce joug.
Aux XIV" etxV" siècles, ils se révoltèrent contre le royaume mongol
appelé la Horde d'or. Dimitri IV, Vassili 1er et Ivan lll remportèrent
des victoires importantes. lis repoussèrent également les Allemands
et les Lituaniens, qui tentaient de les envahir depuis l'ouest. Grâce
au prestige de ces victoires, Moscou devint le centre de la Russie.
Quand Constantinople tomba en 1453, les princes de Moscou
décrétèrent que leur royaume prenait la suite de l'Empi re romain.
Moscou serait désormais, après Rome elle-même puis Constantinople,
la « troisième Rome ». En conséquence, le successeur d'lvan lll,
Ivan IV le Terrible, prit en 1547 le titre de « césar » que portaient
les empereurs romains, ce
qui, en russe, donna le mot Ivan IV le Terrible était un conquérant.
Il est, sur cette image, de retour
« tsar». Les tsars ont régné
à Moscou après avoir assiégé et annexé
sur la Russie pendant presque la ville de Kazan.
quatre siècles, jusqu'en 1917.

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident
1X" siècle
Les peuples de Russie deviennent
chrétiens orthodoxes

476

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LES SLAVES, LES SCANDINAVES ET LES BALTES - Les
Russes appartenaient à un groupe de peuples
qu'on appelle les Slaves. D'autres Slaves ont
fondé des pays en Europe. Le Tchèques, par
exemple, s'installèrent en Bohême au début
du xe siècle. Leur duc, Venceslas, se convertit
au catholicisme, bientôt imité par le peuple.
Le pape fit de Venceslas un roi, et il y eut
désormais un royaume de Bohême qui fit ensuite
partie du Saint-Empire romain ge rmanique
et donna à ce dernier des empereurs comme
Charles IV.
Les Polonais se convertirent eux aussi au catho-
licisme à la fin du xc siècle. Leur duc Boleslav icr
devint le premier roi de Pologne en 102 5.
D'autres Slaves enfin fondèrent des royaumes
su r les rives de l'Adriatique, dont sont issues
la Slovénie, la Croatie, la Serbie, la Bosnie-
Herzégovine, la Bulgarie et la Macédoine.
Dans le nord de l'Europe, les Scandinaves
se convertirent au catholicisme entre le XIe et
le x11" siècle et fondèrent de grands royaumes
tels que la Suède, la Norvège et le Danemark.
Les peuples qui vivaient au nord-est de la Pologne
fondèrent les « États baltes » : la Lituanie,
la Lettonie et l'Estonie .. . autant de pays qui font
aujourd'hui partie de l'Union européenne.

début du x• siècle
Le peuple tchèque 1547
s'installe en Bohême Ivan IV devient
1025
le premier tsar
Boleslav I" devient de la Russie
le premier roi de Pologne

00 1100 12 1492

x1• ET x11• SIÈCLES: LES PEUPLES SCANDINAVES 67


FoN°tFL~ E.Mf~rri'Wctei~recoles, reproduction et vidéoprojection interdites.
L E M O Y EN ÂGE

les croisades
LIBÉRER LA TERRE SAINTE - En 1070, un vent de panique agite l'Europe quand
tombe la nouvelle: les Turcs ont pris Jérusalem et en interdisent l'accès aux chrétiens.
'
A cette annonce, le pape Urbain II réagit avec vigueur. En 1095, depuis Clermont,
en Auvergne, il encourage les chrétiens à aller combattre les musulmans et à leur
reprendre la Ville sainte où Jés us-Christ est mort.
Les Européens répondirent avec enthousiasme à l'appel d'Urbain Il. Des hommes
du peuple, de simples paysans et artisans, se mirent tout de suite en marche ; sans
expérience, presque sans armes, cette « croisade des pauvres » fut déci mée avant
même d'être a rrivée en Orient.
Les chevaliers et les nobles, qui avaient pris le temps nécessaire pour se préparer et
s'étaient puissamment a rmés, se réunirent pour libérer la Terre sainte. Ils sortirent
d'Europe, franchirent Consta ntinople, prirent Antioche en Syrie et assiégèrent
Jérusalem. Le 15 juillet 1099, la ville était à nouveau chrétienne.

Tous ceux qui étaient partis


pour Jérusalem avaient cousu
une croix sur leurs vêtements,
si bien qu'on les non1n1a
les« croisés», et qu'on appela
leur expédition et celles
qui viendraient ensuite
les« croisades».

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident

476

68
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Mer
LES PRINCIPAUTÉS CHRÉTIENNES Caspienne
o'O RIENT - La Terre sainte redevint
ainsi chrétnenne comme aux te·mps • Mer
Mêdirerranée
de l' Empire byzantin. Le chevalier
Godefroy de Bouillon créa le royaume
de Jérusalem. Tout autour, d'autres
principautés virent le jour: le comté
d'Édesse, le comté de Tripoli, la
principauté d'Antioche et le royaume de Chypre. Les croisés s'organisèrent en
ordres de moines-soldats, Templiers ou Hospitaliers, pour défendre ces nouvelles
principautés par la foi et par l'épée. Ils bâtirent de puissants châteaux forts comme
le Krak des chevaliers en Syrie. Deux siècles durant, les croisés protégèrent leurs
territoires contre les assaillants. Quand les musulmans parvenaient à les vaincre
et qu'ils perdaient du terrain, ils faisaient appel aux Européens pour les secourir.
Il y eut donc d'autres croisades : huit au total. Certaines échouèrent, d'autres furent
couronnées de succès. Mais finalement, les différents royaumes musulmans s'étant
unis, ils eurent l'avantage. La dernière forteresse des croisés, Saint-Jean d'Acre,
tomba en 129 1.

LES CONTACTS Û RIENT-Ü CCIDENT - Lors des croisades, les chrétiens et les musul-
mans n'entretinrent pas que des rapports guerriers. En 1195, lorsque Baudouin IV,
roi de Jérusalem, mourut de la lèpre à 24 ans, Saladin, son redoutable adversai re
musulman, porta le deuil du jeune roi malgré le conflit qui les opposait.
Plus tard, Frédéric II de Hohenstaufen obtint par la simple diplomatie que les
ch rétiens puissent se rendre en pèlerinage à Jérusalem. En effet, ce roi croisé
était né en Sicile, pays occupé par les Arabes avant de l'être par les Normands,
il parlait donc arabe, ce qui avait permis des discussions courtoises et pacifiques.
Les contacts avec le monde arabe furent très enrichissants pour les Européens qui
découvrirent par son intermédiai re le papier, le velours, la mousseline, le satin et
la soie, venus de Chine. Ils purent aussi redécouvrir les œuvres des philosophes et
des savants de l'Antiquité largement oubliées de l'Occident, mais que les Arabes
avaient recopiées ou traduites et qu'on pouvait donc étudier à nouveau.

1095
1070 Depuis Clermont, en Auvergne, 1291
Les Tures prennent le pape Urbain Il lance un appel à la croisade Saint-Jean d'Acre
Jérusalem et
en interdisent l'accès
aux chrétiens
rL 15 juillet 1099
Jérusalem est libérée
tombe aux mains
des musulmans

1492

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la peste noire
LES CAUSES - La peste est une maladie transmise à l'homme par le rat. Elle provoque
des « bubons » sur le cou, c'est-à-dire de gros abcès, et entraîne la morte n quelques
A

jours seulement. Au Moyen Age, on ne savait pas soigner cette maladie très conta-
gieuse. Avec le développement du commerce et des villes, l'hygiène des rues était
mauvaise. C'est donc naturellement que cette terri.hie maladie se développa entre
1348 et 1352, venant probablement d'Orient Elle toucha rapidement des millions
de personnes en Europe.

1353

1351

1350

Grenade


....
Mer
Méditerranée
Alm eria

Fès

LES EFFETS - Partout, les corps des personnes décédées s'amoncelaient. Les grandes
villes ressemblaient à des cimetières à ciel ouvert. On osait à peine s'approcher
des cadavres qui pouvaient encore transmettre la maladie. On les enroulait donc
avec précaution dans de grands linges et on les enterrait dans des fosses communes
éloignées des villes. Parfois, on brûlait les corps, ce qui dégageait une odeur
pestilentnelle. Au total, 25 millions d'Européens moururent de cette maladie,
soit le quart de la population européenne de l'époque.
On chercha des responsables à cette terrible épidémie. Certains prétendirent que
c'était la faute des Juifs et s'en prirent à cette communauté qu'ils accusaient d'avoir
empoisonné l'eau des puits. Beaucoup de Juifs furent ainsi massacrés.

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident

476

70
© La Librairie des Ecoles, reproduction et vidéoprojection interdites.
D'autres, plus nombreux, pensaient que la « peste Les corps des personnes
noire » était une punition divine. Alors, pour délnvrer mortes de la peste étaient
enroulés dans de grands draps,
l'humanité de ses péchés et s'attire r de nouveau les
afin de tenter de limiter
grâces de D ieu, on organisa des processions et des prières la propagation de la maladie.
publiques. Des hommes marchèrent dans les rues en se
flagellant (c'est-à-di re en se fouettant).

LES CONSÉQUENCES - Le pessimisme gagna les cœurs, d'autant qu'au fléau de la


grande peste noire s'ajoutèrent bientôt les famines et la guerre de Cent Ans ( voir
page suivante). Il y eut d'autres épidémies de peste jusqu'à la fin du x1v<' siècle, si
bien qu'à l'époque régnait une atmosphère de noirceur. Les peuples européens ne
savaient pas qu'après ces épreuves viendrait une grande période de développement
intellectuel et de renouveau artnstique, la Renaissance.
1348 / 1352
La peste noire fait
25 millions de morts
en Europe

1492

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L E M O Y EN ÂGE

la guerre de Cent Ans ( 1)


UNE NOUVELLE DYNASTIE, LES VALOIS -Au XIV' siècle, les rois de France respectaient
encore l'ancienne loi salique des Francs. Celle-ci précisait que le pouvoi r se trans-
mettait uniquement de père en fils. Aussi les rois désiraient-ils plus que tout avoir
un fils qui pourrait prendre leur suite. Louis X le Hutin succéda ainsi à son père
Philippe IV le Bel. Il eut un fils, Jean 1er, qui devint roi alors qu'il était encore bébé
et qui mourut quelques jours plus tard. Philippe V le Long et Charles IV le Bel,
les frères de Louis X, devin rent rois, mais ils n'eurent que des filles. A ' leur mort,

il fallut trouver un successeur en dehors des règles habituelles. On choisit un neveu


de Philippe le Bel, qui devint roi sous le nom de Philippe VI de Valois. Ce fut le
début de la dynastie des Valois, qui régna sur la France de 1328 à 1 588.

LES DÉBUTS DE LA GUERRE DE CENT ANS - Cependant,


il existait un hér itier direct de Philippe le Bel, le roi
Édouard III d'Angleterre, fils d'une fille de Philippe le Bel,
Isabelle, qui avait épousé le roi d'Angleterre Édouard Il.
Mais comme les Français ne
voulaient pas avoir un roi
étranger, ils avaient invoqué
la loi salique qui exclut les
femmes de la succession,
mais que les Anglais ne
reconnaissaient pas. Cette
que relle de succession
fut la cause d'une guerre
terrible qui
du ra - --
plus de cent ans.

C'est notamment grâce


à leurs redoutables archers
que les Anglais remportèrent
la bataille de Crécy.

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident

476

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L'armée française subit d'abord de lourdes défaites : elle fut battue en 1346
à Crécy et en 1356 à Poitiers. Jean II le Bon, le ro'i de France qui avait succédé
à Philippe VI, fut fait prisonnner lors de la bataille de Poitiers et dut donner à
l'ennemi le Poitou, le Limousin, le Quercy et toute l'Aquitaine en échange de sa
liberté et de la promesse que l'Angleterre ne revendiquerait plus le trône de France.
' la même époque, peste et guerre provoquèrent des famines et des révoltes
A
paysannes qu'on appela des« jacqueries». Elles entraînèrent également la révolte
des marchands de Paris sous la conduite d'Étienne Marcel, qui réclamait, en vain,
que le roi partage son pouvoir avec un Parlement élu, comme en Angleterre.

DISPUTES DE POUVOIR - La chance allait tourner en faveur de la France. Le nouveau


roi, Charles V « le Sage », clhoisit comme chef de ses armées le connétable
Du Guesclnn, qui n'était qu'un modeste chevalier breton. Cet homme vainquit les
pillards qui terrorisaient les campagnes et se lança dans une série d'attaques contre
les Anglais, en évitant les grandes batailles qui avaient coûté cher aux Français à
Crécy et à Poitiers. Il les épuisa par ce harcèlement et leur reprit Rodez, Montauban,
Agen, Tarbes, puis toutes les villes du Poitou, si bien qu'il finit par chasser presque
entièrement les Anglais de France.
Malheureusement, Charles V mourut et son fils Charles VI devint fou après
quelques années de règne. Un oncle et un frère de Charles VI se disputèrent à
nouveau le pouvoir, s'organisant en deux camps, les Armagnacs et les Bourguignons.
Le roi d'Angleterre Henri V profita de cette situation et remporta une nouvelle
victoi re sur les Français à Azincourt, en 141 5. Alors, les Bourguignons s'allièrent
à lui et décidèrent de faire sacrer roi de France son fils H enri VI. Cela revenait à
écarter du trône de France l'héritier légitime, le fils de Charles VI, un jeune homme
nommé Charles lui aussi, qu'on appelait le Dauphin. Celui-ci dut se réfugier dans
une ville du centre de la France, Bourges. A ' ce moment, les deux tiers de la France

étaient sous la domination des Anglais. Tout semblait perdu .. .


1356
Les Anglais battent les Français
1346 à Poitiers
Les Anglais battent les Français à Crécy
1358
1337 Révohe d'Étienne Marcel
Début de la guerre de Cent Ans
1364/ 1380
1328 !Règne de Charles V
Philippe VI de Valois devient roi de France
1415
Début de la dynastie des Valois Victoire anglaise
d'Azincourt

1492

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L E M O Y EN ÂGE

la guerre de Cent Ans (2)

-
ROYAUME
D'ANGLETERRE
Territoires fi dèles
Manche au roi de France
Reims en 1429

- Territoires contrôlés
par les Bourguignons,
ail iés des Anglais

--
Océan
Territoires contrôlés
Atlantique par le roi d'Angleterre

Limi te est du royaume


de France
Mer
Médit erra née
La France avant Jeanne d 'Arc

UNE PAYSANNE NOMMÉE JEANNE - La situation


du royaume de France était désespérée. C'est à ce
moment qu'apparut un mystérieux personnage,
probablement un des plus extraordinaires de
l'histoi re de France : Jeanne d'Arc. C'était une
paysanne née dans un petit village de Lorraine,
Domrémy. Elle aurait vu Dieu en songe, qui
lui confia la mission de chasser les Anglais
hors de France. Elle en parla autour d'elle
avec une telle sincérité qu'on crut en elle.
On se cotisa pour lui acheter un cheval et
des habits de garçon afin qu'elle puisse
rejoindre le Dauphin à Bourges. A ' son

arrivée, bien que le Dauphin se fût


caché exprès dans la foule, Jeanne
le reconnut et vint s'agenou iller
devant lui. Cela imp ressionna
Charles qui lui fit confiance et À Jeanne d'Arc était
voulut bien s'entreteni r avec // une grande guerrière
elle. qui sut commander
une armée d'hommes
pour les mener

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident
à la victoire.

476

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LE ROYAUME EST SAUVÉ - Jeanne raconta ses visions au Dauphin.
Il en fut si troublé qu'il lui confia une armée. Ses soldats, croyant
avoir affaire à une envoyée de Dieu, la suivirent avec confiance, et
c'est ainsi que Jeanne et son armée arrivèrent à Orléans, y brisèrent le
siège des Anglais et délivrèrent la ville le 8 mai 1429. Grâce à d'autres
victoi res, Jeanne d'Arc ouvrit au Dauphin le chemin de Reims où
il se fit sacrer roi de France le 17 juillet sous le nom de Charles VII.
De nombreux alliés rejoignirent alors le roi en abandonnant le parti
du roi anglais.

LA FIN DE LA GUERRE DE CENT ANS - Mais, alors que Jeanne


défendait Compiègne à la tête de son armée, elle fut capturée par
les Bourguignons qui la livrè rent aux Anglais. Ceux-ci la jugèrent à
la hâte dans un procès truqué. L'évêque Cauchon avait en effet été
nommé président du tribunal parce qu'il était partisan des Anglais.
Le tribunal condamna Jeanne à mort, prétendant qu'elle était
envoyée par le diable et non par Dieu. Elle fut brQEée vive sur la place du Vieux-
Marché à Rouen le 30 mai 1431. Mais Jeanne d'Arc avait déjà rempli sa mission :
elle avait redonné confiance aux Français et à leur nouveau roi Charles VllI.
Après la mort de Jeanne, le roi fut secondé par un remarquable ministre,
Arthur de Richemont, et il fit la paix avec les Bourguignons par le traité d'Arras
en 1435. H parvint à chasser les Anglais de la capitale de la France, Paris, et il
s'y réinstalla. Peu après, il reprit la Normandie et la Guyenne. En 1453, la ville
de Bordeaux fut libérée. La guerre de Cent Ans se termina donc par une victoire
de la France. En 1456, l'Église révisa le procès de Jeanne d'Arc pour réhabiliter
son souvenir.

mai 1430 - - . . - - 30 mai 1431


Jeanne d'Arc est capturée par les Bourguignons Jeanne d'Arc est
brOlée vive à Rouen
17 juillet 1429 1435
Charles VII est sacré roi de France Traité d'Arras, paix
8 mai 1429 avec les Bourguignons
Jeanne d'Arc libère Orléans
1453
mars 1429 Fin de la guerre
Jeanne d'Arc rencontre le Dauphin de Cent Ans

1492

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L E M O Y EN ÂGE

la fin du Moyen Âge


Le Moyen Âge se termine,
selon certaëns historiens, en 1453.
Selon d'autres, il prendfinen 1492. 1453, LES TURCS PRENNENT CONSTANTINOPLE -
Ces deux dates correspondent L'Empire romain d'Orient s'était maintenu après
à trois événements. la chute de l'Empire romain d'Occident en 476
A

- - - · ····. ·····-·· .. ····............. ... ... (date qui marque le début du Moyen Age). Il avait
prospéré pendant des siècles. Mais il fut attaqué
à partir du x1f siècle par un peuple venu d'Orient, les« Turcs» (ou« Ottomans»).
Trois rois ou « sultans» de ce peuple, Mourad 1°r, Bajazet et Mourad II, envahi rent
des parties toujours plus étendues de l'empire, si bien qu'au milieu du xif siècle,
il ne restait plus aux Byzantins que la région de Constantinople. En 1453, le sultan
Mahomet II s'y attaqua et la prit ap rès un siège de 54 jours. Un État vieux de
1 ooo ans disparaissait!
D'autres sultans, Bajazet II et Sélim le Féroce, conqui rent ensuite l'Arménie,
la Syrie, l'Égypte, l'Arabie et presque toute l'Afr ique du Nord. En Europe, ils
prirent la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie, la Serbie, l'Albanie et une partie de
la Hongr ie. Partout, leurs soldats d'élite appelés « janissaires », qui étaient des
enfants chrétiens enlevés à leur famille pour être convertis à l'islam et entraînés
aux arts militaires, semaient la terreur dans les rangs ennemis. Les Ottomans furent
toutefois arrêtés devant Vienne.

1492, LES ESPAGNOLS REPRENNENT GRENADE - De l'Espagne qu'ils avaient dominée,


il ne restait aux Arabes que le royaume de Grenade. Ce royaume tenait bon face
à des chrétiens divisés. Mais en 1469, Isabelle, héritière du trône de Castille, et
Ferdinand, héritier du trône d'Aragon, se marièrent. Quand ils succédèrent à leurs
parents respectifs, ils unirent Eeurs forces et leurs royaumes. Ce nouveau royaume
d'Espagne était désormais assez fort pour reprendre Grenade, ce qui eut lieu en
1492. Boabdil, le dernier calife, n'opposa qu'une maigre résistance. C'en était
fini de la présence musulmane en Espagne, qui devint exclusivement chrétienne.
Or, de nombreux musulmans et juifs vivaient toujours sur le sol espagnol.
Ferdinand et Isabelle leur imposèrent un choix : soit ils se convertissaient, soit
ils quittaient le pays. Beaucoup de juifs, refusant de se convertir, partirent ainsi
s'installer en Afrique du Nord et tout autour de la Méditerranée.

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident

476

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1492, CHRISTOPHE COLOMB DÉCOUVRE t' AMÉRJQUE - En 1492, Boabdil, le
Les Espagnols cherchaient depuis longtemps une façon dernier calife de Grenade,
remit les clés de la cité
d'atteindre l' Inde et ses épices par une nouvelle route
aux Rois Catholiques
maritime. Un navigateur italien du nom de Christophe
Isabelle et Ferdinand.
Colomb convainquit la reine Isabelle de Castille de
financer une expédition maritime pour tenter d'atteindre
l'Inde en allant toujours plus loin vers l'ouest au lieu de
partir vers l'est Ce devait être possible puisque, comme on le savait déjà à l'époque,
la Terre était ronde! Mais on ne connaissait pas alors l'Amérique. C'est ce continent
que Christophe Colomb découvrit en 1492. Comme il croyait être arrivé en Inde,
il appela par erreur « Indiens » les habitants qu'iE rencontra lors de ses quatre
voyages.
1492
Chute du royaume arabe de Grenade. fin de la Reconquista
Découverte de l'Amérique par Christophe Colomb

1453
Les Turcs prennent Constantinople
7
1492

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les Mayas, les lncas


et les Aztèques
Avant l'arrivée des Espagnols en 1492,
des civilisations brillantes se sont
développées en Amérique centrale
et enAmérêque du Sud. On les appelle
les<< civilisations précolombiennes».
Les plus connues sont les civilisations
maya, aztèque et inca.

LES MAYAS - La civilisation maya est


une des plus anciennes d'Amérique.
Les Mayas étaient installés en
Amérique centrale. Ils avaient mis en
place des cités-États indépendantes,
comme Tikal ou Calakmul, gouver-
nées par des familles nobles. Ils
connaissaient l'écriture, l'astronomie
et les mathématiques. L'économie
était agricole et reposait sur la culture
du maïs et du cacao dont les Mayas
utilisaient les fèves comme monnaie.
Ils tissaient le coton et savaient tra-
vailler les métaux. Ils vénéraient plu-
sieurs dieux liés à la nature comme la
divinité du Soleil ou celle de la Lune.
Des sacrifices avaient lieu au cours
des r ites religieux. La civilisation
maya a disparu d'elle-même vers l'an
1000, près de 500 ans avant l'arrivée
des Européens en Amérique, ·mais il
en reste de nombreuses traces.
Les Mayas n'utilisaient pas les animaux comme
bêtes de somme. lis transportaient eux-mêmes leurs

476 1
Chute de l'Empire romain d'Occident
lourdes pierres de construction à travers la jungle.

476

78
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AMÉRIQUE
DU NORD

Océan
EMPFR.;.Er:::.i Atlan~que
MAYA
EMPI R'f
AZTÈQUE Les Aztèques se donnaient eux-mêmes
LES AZTÈQUES -
le nom de « Mexicas », le terme « aztèque » n'étant
apparu que plus tard . Selon la légende, les Aztèques
AMÉRIQUE virent un jour un aigle gigantesque descendre du
DU
SUD ciel et attraper un serpent dans ses serres, puis se
poser sur un cactus pour le manger. Ils voulurent
EM_i~IRE l'abattre à coups de fronde, mais ils comprirent
IIYCA
Océan
Paàfique qu'il s'agissait d'un dieu, et que cet aigle leur indiquait
l'emplacement de leu r future capitale, Tenochtitlan
(emplacement qui sera aussi celui de Mexico). Cette ville fut
bâtie à partir de 1325. C'était une des plus grandes villes du
monde à cette époque, avec ses 200 ooo habitants, ses grandes
avenues et ses immenses marchés. Quand ils la découvrirent, les Espagnols eurent
l'impression qu'elle était plus belle et plus riche que n'importe quelle ville européenne.
' partir de leur capitale, les Aztèques érigèrent un vaste empire, soit par la conquête,
A
soit par d'habiles alliances militaires. Un Grand Conseil choisissait l'empereur qui
régnait sur une société divisée en classes. Comme les Égyptiens, les Aztèques bâtirent
de grandes pyramides de pierre, construites pour honorer les dieux. Pour leur plaire
et obtenir de bonnes récoltes, ils pratiquaient de nombreux sacrifices humains.

LES INCAS - Les Incas vivaient le long de la cordillère des Andes. Leur empi re
se développa du x11f au xv1< snècle et eut pour capitale Cuzco. Un des sites les
plus fascinants de la civilisation inca est le Machu Picchu, au Pérou actuel.
Cette ville, constru ite au xve siècle à 2 400 mètres d'altitude dans un site
grandiose, était probablement un centre religieux et une résidence royale.
On peut y voir aujourd'hui encore les ru ines de plus de 150 bâtiments, avec
des murs géants, des terrasses, des rampes, construits en pierres ajustées les
unes aux autres, sans ciment. Mais, avant même d'être entièrement achevée,
la ville dut être abandonnée par les Incas en raison de l'arrivée des Espagnols.
Même si les Incas ne connaissaient ni l'écriture, ni le fer, ni la roue, ils régnaient sur
un vaste territoire et s'étaient dotés d'un État structuré. Ils croyaient avec ferveur
au dieu-soleil. Leur empereur était d'ailleurs considéré comme le fils du Soleil,
à l'instar des pharaons en Égypte.

vers ran 1000 1325 vers 1440


Disparition de la civilisation maya Début de la construction Construction du
de Tenochtitlan Machu Picchu

1492

- - - x111•/xv1• SIÈCLES: DÉVELOPPEMENT DE L'EMPIRE INCA 79


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LES TE M PS M O D E R N ES

les grandes découvertes ( 1)


LES PREMIÈRES DÉCOUVERTES -
Depu is le fabuleux voyage du
marchand vénit ien Marco Po lo
en Chine, les Européens rêvaient
de parcourir le monde, qu'ils ne
connaissaient que très peu. En effet,
certains étaient sûrs que la Terre
était ronde mais n'en avaient pas
encore la preuve. D'autres pensaient
que les mers du Sud grouillaient
de monstres effrayants. D'autres
enfin croyaient que l'eau bouillait
au niveau de l'équateur. Équipés de
boussoles, de cartes et de bateaux
pouvant naviguer en haute mer,
les Européens se lancèrent dans de
périlleux voyages pour trouver des
réponses à leurs questions.
Le fils du roi Jean Jcr du Portugal,
Henri le Navigateur, organisa de
grands voyages d'exploration. Grâce
à lui, les Portugais se rendirent
maîtres des Açores et de Madère
dans l'Atlantique, et explorè rent
les côtes africaines toujours plus
vers le sud. D'autres explorateu rs
portugais se distinguèrent ensuite :
Bartolomé Diaz atteignit le cap de
Bonne-Espérance tout au sud de
l'Afrique en 1488 et Vasco de Gama
suivit le même chemin pour a rriver
en Inde e n 1498. La route des épices
était découverte. 1492
Christophe Colomb décowre l'Amérique
1498
Vasco de Gama atteint l'Inde par le cap de Bonne-Espérance
1488
Bartolomé Diaz atteint 1519/ 1522
le cap de Bonne-Espérance Tour du monde de Magellan et de ses hommes

1492

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CHRISTOPHE COLOMB - Christophe Colomb avait convaincu
Isabelle de Castille, la reine d'Espagne, qu'il pourrait
atteindre l'Inde par l'ouest - la Terre étant ronde - et prendre
l'avantage su r les Portugais. L'audace de Colomb plut à la
reine. Elle lui donna trois caravelles et le nomma amiral.
En octobre 1492, après deux mois d'un long voyage, Colomb
et son équipage arrivèrent en vue des côtes de ce qu'ils
croyaient être l'Inde. Ce n'est qu'après les explorations de
Jean Cabot et de l'italien Amerigo Vespucci qu'on comprit
qu'il s'agissait d'un nouveau continent. En l'honneu r de
Vespucci, on le nomma Amérique.

MAGELLAN - La découverte de l'Amérique ne répondait pas


à la question de Colomb: peut-on atteindre l'Inde par l'ouest
en traversant ou en contourn ant l'Amérique ? Un naviga-
teur portugais, Magellan, était certain que c'était possible. En
1519, il navigua vers l'Amérique (ce trajet était maintenant
bien connu), longea les côtes du continent vers le sud, finit
par trouver un passage (qu'on appelle aujourd'hui « détroit
de Magellan»), déboucha dans un nouvel océan qu'il appela
« océan Pacifique », navigua très longtemps encore sur cet
océan vers l'ouest, découvrit plusieurs îles et parvint enfin
aux Philippines. Là, il fut malheureusement tué par des
indigènes. Mais ses hommes continuèrent le voyage. Ils traver-
sèrent l'océan Indien, atteignirent le cap de Bonne-Espérance
et remontèrent le long des côtes d'Afrique vers l'Europe. Au
bout de trois ans d'un épuisant voyage, ils revinrent enfin au
Portugal. La preuve était faite
Christophe Colomb embarqua que la Terre était ronde.
sur l'une de ses trois caravelles,
la Santa Maria, en août 1492.

1789

81
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LES TE M PS M O D E R N ES

les grandes découvertes (2)


LES PREM1ERS EMPIRES - Sous la direction de l'ami ral Albuquerque, les Portugais
créèrent des colonies dans les territoires découverts: ils administraient ces territoires
et les exploitaient comme s'il s'agissait de leur propre pays. Il y eut Goa en Inde
et Malacca en Malaisie, ainsi que Macao en Chine en 15 17, qu'ils conservèrent près
de 5CX) ans. Les Portugais découvrirent également le Japon et le Brésil.
De leur côté, les Espagnols s'installèrent d'abord à Cuba dans les îles Caraïbes.
Mais un général du nom d'Hernan Cortès décida de prendre pied sur le continent.
C'est ainsi qu'en 151 1 il décou-
vrit l'empire des Aztèques au
Mexique. Il eut tout d'abord
de bonnes relations avec le chef
des Aztèques, Montezuma,
et admira la beauté de
Tenochtitlan, la capitale, qui
semblait flotter sur le lac où elle
avait été construite.
Cependant, les Espagnols furent
rapidement choqués par les
sacrifices humains des Aztèques.
Quant à ces derniers, ils furent
tout aussi rapidement apeurés
par ces hommes qui possédaient
des animaux qu'ils n'avaient
jamais vus, les chevaux, et des
armes à feu, les arquebuses. Une
guerre éclata et fut remportée par
les Espagnols, qui régnèrent
ensuite sur l'Empire aztèque en
utilisant la violence.
t:Espagnol Hernan Cortès face
au chef des Aztèques, Montezuma.
1517
Les Portugais fondent Macao

1530
1511 Pizar~o conquiert le Pérou
Cortès décowre l'Empire aztèque

1497 1
Henri VIII d'Angleterre prend à son service !'Italien Jean Cabot
1534/1542
Expédition de Jacques Cartier
en Amérique

1492

82
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L' AMÉRIQ.UE DEVIENT EUROPÉENNE - Les conquérants espagnols, qu'on appelait des
« conquistadors », avaient soif d'or et ne se contentèrent pas de l'Empire aztèque.
Certains se mirent à chercher le mystérieux pays nommé « Eldorado » où, selon la
légende, l'or coulait à flots. En 1530, Francisco Pizarro conquit le Pérou où régnaient
les Incas. D'autres envahirent le Chili, le Paraguay, l'Uruguay et l'Argentine.
Toute l'Amérique du Sud devint espagnole, sauf le Brésil qui avait été colonisé par
les Portugais. Français et Anglais ne voulaient pas abandonner toutes les gloires et
les richesses de l'Amérique aux Espagnols et aux Portugais. En 1497, le roi
Hen ri VIII d'Angleterre prit à son service l' italien Jean Cabot et lui demanda
d'explorer le nord de l'Amérique. Cabot longea la côte des futurs États-Unis et
découvrit, tout au nord, Terre-Neuve. Le roi de France François 1er envoya lui aussi
un navigateur
en Amérique,
Jacques Cartier. Q

En quatre voyages
effectués de 1 534 •
à 1542, Cartier
remonta un fleuve
très large et très long •
qu'il appel a « Saint-
Laurent » et il explora le
Canada, qui allait devenir
français. Ensuite, ce fut au
tour des Ho llandais, qui
étaient de grands navigateurs, - Présence britannique
de partir en Amérique, en - Présence française
Présence espagnole
Afrique et en Indonésie. Présence portugaise
- Présence hollandaise (Provinces-Unies)

LES CONSÉQ.UENCES
DES GRANDES DÉCOUVERTES - Les grandes découvertes influencèrent grandement
la vie en Europe. Les explorateurs rapportèrent des plantes nouvelles comme
les tomates, les pommes de terre, les haricots, le maïs, le tabac... Ils revinrent avec
des marchandises précieuses et des épices, et ils firent connaître aux Européens les
coutumes des peuples qu'ils avaient rencontrés. Surtout, les Européens se rendi rent
compte qu'ils n'étaient pas seuls au monde et que d'autres civilisations étaient très
avancées, comme celle de la Chine. A ' cette époque, on se passionna partout en

Europe pour les cartes, la géographie et les techniques de navigation.

1789

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LES TE M PS M O D E R N ES

la Renaissance
RENAISSANCE ET HUMANISME - Aux xvcet xv,csiècles, un vent de nouveauté souffla
sur l'Europe. Parti d'Italie, il se répandit rapidement en Allemagne, aux Pays-Bas,
en Angleterre et en France. Les hommes de cette époque avaient soif de découvertes
et d'inventions. Eux qui pensaient tout connaître de la Terre s'étaient en effet rendu
compte qu'ils en savaient en réalité très peu et qu'il devait en être de même dans
tous les autres domaines de la connaissance. Ils s'intéressèrent alors beaucoup aux
auteurs de l'Antiquité, dont ils pensaient qu'ils avaient très bien connu la nature et
le monde. Ce fut le début d'une période qu'on appela Renaissance.
A ,

LA REDÉCOUVERTE DES ŒUVRES ANTIQUES - Au Moyen Age, l'Eglise avait imposé


aux peintres et aux sculpteurs des règles sévères : les êtres humains devaient par
exemple toujours être représentés habillés. Mais les artistes païens de l'Antiquité
représentaient les corps nus pour mieux montrer la beauté de la nature humaine.
Les artistes de la Renaissance décidèrent de les imiter: Raphaël, Michel-Ange - à qui
l'on doit les fresques de la chapelle Sixtine à Rome -Titien ou Léonard de Vinci
- qui a peint La Joconde - tous ont célébré la beauté du corps humain.
Les penseurs et écrivains n'étaient pas en reste. Inspirés eux aussi par les auteurs
antiques, les poètes de la Pléia.de, Joachim du Bellay ou Pierre de Ronsard, les écri-
vains comme François Rabelais ou les philosophes comme Michel de Montaigne
témoignèrent de leur vision humaniste de la vie : ils montrèrent qu'ils avaient foi
dans la valeur de l'homme et dans sa capacité à améliorer le monde et à s'améliorer
lui-même.
L'architecture, elle aussi, changea, d'abord en Italie : on délaissa l'aspect triste
et fermé des vieux châteaux forts et on aménagea dans les bâtiments de grandes
fenêtres qui laissaient passer la lumière. On tint à décorer les pièces avec des
meubles précieux et de belles œuvres d'art.

LÉONARD DE VINCI - Léonard de Vinci est un exemple parfait de l'homme de


la Renaissance. Ce n'était pas seulement un artiste de génie ; c'était aussi un
incroy able inventeur. Des dizaines de planches de dessins savants signés de sa main
ont été retrouvées. On peut constater qu'il a anticipé de nombreuses découvertes
modernes : hélicoptère, scaphandrier, calculatrice, roulement à bille, parachute,
sous-marnn, char d'assaut, machine à tisser .. .
1508/ 1512
Michel-Ange peint
1503 / 1506 les fresques de 1553
Léonard de Vinci la chapelle Sixtine Ronsard fonde
peint La Joconde à Rome la Pléiade

1492

84 xv• ET xv1• SIÈCLES; PARTIE o'ITALIE, LA RENAISSANCE SE DIFFUSE EN EUROPE

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Le mystérieux sourire
de la Joconde, immortalisé
par Léonard de Vinci,
a alimenté bien des débats.
Une hypothèse voudrait que
ce sourire ait été provoqué
par un bouffon que Léonard
de Vinci employait pour faire
sourire son modèle lors
des longues séances de pose.

Certes, il ne sut pas les


mettre au point; il fallut
attendre des siècles pour
qu'elles voient réelle-
ment le jour. Mais jamais
sans doute, sans l'imagi-
nation de Léonard de
Vinci et d'autres esp rits
de la Renaissance, les
scientifiques et les ingé-
nieurs n'auraient eu l'idée de chercher à réaliser de tels objets.
Les audacieux projets de Léonard de Vinci furent présentés aux souverains de
l'époque : un pont de 240 mètres permettant de franchir le Bosphore au sultan
ottoman Bayezid II ; des machines volantes à un puissant mécène ·milanais,
le comte Sforza ... François 1er invita quant à lui Léonard à venir travailler en France
à Amboise, tout près des magnifiques châteaux de la Loire de Chambord, Blois ou
Chenonceau que l'on construisait à ce même moment en s'inspi rant de l'architec-
ture italienne.

1789

85
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la Réforme
A ,

LUTHER -Au Moyen Age, l'Eglise catho-


lique avait beaucoup de pouvoi r, mais,
parfois, elle l'utilisait mal. Elle confis-
quait à son profit une part trop grande
des richesses de la société. Au xv1c siècle,
un moine allemand du nom de Martin
Luther eut le cou rage d'exprimer son
désaccord. Il remit en cause la prétention
de l'Église catholique d'être un intermé-
diaire indispensable entre Dieu et les
ch rétiens. Il dit que les commentai res
faits sur la Bible par l'Église tout au
long des siècles en avaient trahi le sens
originel. Il proposa donc de retrouver la
vérité de la foi dans la lecture de la Bible
seule. On l'accusa alors d'« hérésie »,
c'est-à-dire de trahison envers l'Église.
Il risquait pour cela la mort. Mais, quand
il maintint sa position face au puissant
empereu r du Saint-Empire romain
germanique Charles Quint, il fut protégé
par le prince-électeur de Saxe Frédéric II
le Sage, qui l'emmena dans ses terres,
au château de la Wartburg à Eisenach.
Là, Luthe r était en
sécurité et put faire Luther défendant
la première traduc- sa position face
à l'empereur
tion complète de la
du Saint-Empire
Bible en allemand
romain germanique
moderne. Charles Quint.

1540 1545/ 1563


Ignace de Loyola fonde un nouvel ordre. la Compagnie de Jésus L'Église romaine reformule ses
principes au concile de Trente
1530
Luther présente la Confession d'Augsbourg

Luther soutient son idée de réforme de l'É·~~!!


devant l'empereur Charles Quint
l --
1555
Charles Quint autorise
le protestantisme
dans son empire

1492 1550

86
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L'EXTENSION DE LA RÉFORME - L'Église romaine refusant les réformes de
Luther, celui-ci fonda une Église indépendante et rédigea un catéchisme propre
à cette Église, la Confession d'Augsbourg. Ainsi naquit le protestantisme. Luther
proposa de ne garder que deux sacrements, le baptême et la communion.
Il décida également de faire dire la messe en allemand plutôt qu'en latin, afin que
chaque chrétien puisse la comprendre. Il permit aussi aux prêtres de son Église,
les pasteurs, de se marier et de fonder des familles pour vivre parmi les hommes et
mieux comprendre leurs problèmes.
Plusieurs États allemands adoptèrent la Réforme de Luther. Charles Quint resta
catholique, mais autorisa le protestantisme par la paix d'Augsbourg en 1555 :
les États allemands étaient libres de choisir leur Église, mais les sujets et leur prince
devaient, dans chaque État, adopter le même culte. On résuma ce principe par
la formule : « Tel prince, telle religion ». Les États allemands du Nord devinrent
en général p rotestants, tandis que ceux du Sud restèrent catholiques.
Un autre réformateur, le Français Jean Calvin, créa une nouvelle forme de protes-
tantisme qui devait se diffuser en France, en Suisse, en Allemagne, en Hollande,
en Angleterre et jusqu'en Amérique.

LA CONTRE-RÉFORME - Face à de telles menaces, l'Égli.se romaine réagit Elle corrigea


d'abord ses abus, puis elle convoqua un grand « concile », c'est-à-di re une grande
assemblée de représentants de toutes les Églises, qui travailla pendant des années
à Trente, une ville du Tyrol italien. Le concile de Trente reformula la doctrine
catholique et publia un nouveau catéchisme qui fut enseigné jusqu'au xx" siècle.
,
L'Eglise catholique essaya également d'attirer les humanistes et les artistes de la
Renaissance séduits par le discours de l'Église réformée. Un Espagnol du nom
d'Ignace de Loyola fonda ainsii en 1540 la Compagnie de Jésus, un nouvel o rdre
religieux qui adopta de nombreuses idées humanistes et créa des collèges de
niveau très élevé. Beaucoup de grandes familles confièrent l'éducation de leu rs
enfants à ces collèges. Les membres de la Compagnie de Jésus, appelés« Jésuites»,
furent aussi les premiers missionnaires à partir au bout du monde pour enseigner
la foi chrétiienne aux peuples d'Amérique et d'Asie.

1789

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LES TE MPS M O D E R N ES

les guerres de Religion


LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE SE DIVISE - La Réforme avait eu de nombreux adeptes en
France, de sorte que le pays était divisé. De nombreux grands seigneurs étaient
devenus protestants. D'autres, au contraire, défendaient avec a rdeu r la tradition
catholique. Les débats restèrent plus ou moins pacifiques dans la première partie
du siècle, sous les règnes de François 1er et d'Henri Il.
Mais les derniers rois de la dynastie des Valois, François II, Charles IX et Henri III,
furent plus faibles et ne purent empêcher l'affrontement entre les deux religions
de se transformer en guerre. Entre 1562 et 1595, huit guerres civiles éclatèrent en
France, qu'on appelle les« guerres de Religion». L'épisode le plus terrible et le plus
célèbre en est le massacre de la Saint-Barthélemy du 24 aoOt 1572 où les catholiques
tuèrent de nombreux protestants à Paris et dans d'autres villes. Charles IX appela
au calme mais ne fut pas écouté. Toute la nuit, on massacra des innocents à coups
de hache, on les
défenestra, on les
pendit, on pilla
leurs maisons.

Les massacres de
la Saint-Barthélemy
firent 3 0 000 victimes
en Fran ce.

1598 - ---,
Édit de Nantes

1588
Journée des Barricades à Paris

1576
Édit de Beaulieu

24 août 1572
Massacre de la Saint-Barthélemy

1492

88 1562/1595: HUIT GUERRES


DE RELIGION EN FRANCE
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L'AVÈNEMENT D' HENRI IV ET L' ÉDIT DE NANTES - En 1576, Hen ri III voulut
rétablir la paix par l'édit de Beaulieu, qui autorisait le culte protestant en France.
Mais les catholiques se révoltèrent et formèrent un parti, la Ligue. Les Parisiens se
soulevèrent contre le roi en 1588 lors d'une émeute qu'on appelle la « journée des
Barricades». Quand Henri III mourut, assassiné par un catholique fanatique, il eut
pour successeur un de ses lointains cousins. Or, ce nouveau roi, Henri IV, était le
chef du parti protestant. Cependant, il sut rendre la paix à la France grâce à son
intelligence et à sa tolérance. En effet, ayant été protestant dans son enfance, puis
catholique, puis de nouveau protestant, il était bien placé pour comprendre les
hésitations des consciences en matière religieuse. Pour deveni r roi, il se convertit
finalement au catholicisme («Paris vaut bien une messe», aurait-il dit). Son pouvoir
ainsi affermi, il promulgua en 1598 l'édit de Nantes, une loi qui autorisait le culte
protestant à certaines conditions et dans certains lieux. Épuisés par les guerres de
Religion, les Français, cette fois, acceptèrent ce compromis, et le pays retrouva enfin
la paix. Henri IV dut le reconstruire, aidé par un Premier ministre remarquable,
Sully.

LA GUERRE DE TRENTE ANS - Les guerres de Religion avaient enflammé d'autres


pays d'Europe. Au début du xv1ic siècle, le nouvel empereur du Saint-Empire,
Ferdinand II, qui était aussi roi de Bohême, interdit le protestantisme dans ce
dernier royaume. Furieux, les habitants se révoltèrent et, en 1618, ils tuèrent les
représentants du roi en les jetant par les fenêtres du palais. C'est ce qu'on a appelé
la « défenestration de Prague ».
Aussitôt, une grande guerre se déclencha dans presque toute l'Europe. Elle opposa
le camp catholique, composé du Saint-Empire et du royaume d'Espagne (dont
les princes étaient des Habsbourg) au camp protestant composé des principautés
allemandes protestantes, du Danemark, de la Suède et de l'Angleterre. Bien que
catholique, la France s'était jointe au camp protestant, car elle voulait empêcher les
Habsbourg de dominer toute l' Europe. Cette guerre fut une des plus meurtrières
de l'Histoi re et tua entre trois et quatre millions d'Allemands. La guerre dura trente
ans et se termina en 1648 avec les traités de Westphalie, complétés par le traité des
Pyrénées en 1659.

1618 1648
Défenestration Traité de Westphalie
de Prague
1659
1I- Traité des Pyrénées

1789

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l'Espagne
des temps modernes
PHILIPPE II, ROI o'EsPAGNE - Philippe II succéda à Charles Quint en 155 5.
Roi d'Espagne, il régnait aussi sur les Pays-Bas, sur une moitié de l'Italie et sur
les immenses territoires de l'Amérique centrale et du Sud. Pour fêter sa victoire à
Saint-Quentin contre le roi français Henri II, mais aussi pour honorer ses parents et
célébrer la vigueur de la Contre-Réforme, il fit bâtir un immense bâtiment carré, de
plusieurs centaines de mètres de côté, au pied d'une montagne au nord de Madrid,
l'Escoria/. Il s'agit d'un vaste monastère avec sa majestueuse église. Le palais du roi
est un bâtiment beaucoup plus petit, situé en contrebas, presque caché. En effet,
Philippe II, sévère et très pieux, voulait montrer qu'il ne gouvernait sur Terre que
grâce à Dieu et pour le servir.
A' l'époque, les Turcs menaçaient d'envahir l'Europe (voir page 76). Après avoir pris

Constantinople et les Balkans, ils menaçaient l'Europe centrale et s'approchaient


de Vienne. Les chevaliers de l'ordre de Malte, dont Philippe II était le suzerain,
les vainqui rent d'abord à La Valette, le grand port de Malte, en 1565, après trois mois
de combats acharnés. Philippe II l'emporta à nouveau contre les Turcs en 157 1
dans une bataille navale restée célèbre, la bataille de Lépante. Les Turcs furent ainsi
durablement tenus à l'écart de l'Europe occidentale.

LE « SIÈCLE o'oR » - Un immense prestige entourait l'Espagne du xv1c siècle.


Ses possessions d'Amérique lui rapportaient beaucoup d'or. Il y avait des savants de
renom dans les universités du pays comme la grande université de Salamanque.
Des artistes d'exception s'y illustraient, comme les peintres Vélasquez et Le Greco ou
le compositeur Tomas Luis de Vittoria. Pour toutes ces raisons, on appelle Ee xv1< siècle
le « Siècle d'or » de l'Espagne ..
Cependant, l'Espagne de Philippe II ne connut pas
que des succès. En 1588, l'« Invincible Armada»,
la grande flotte espagnole qui naviguait ve rs 1588
Destruction dans une tempête
l'Angleterre pour la conquérir, fut entièrement de !'Invincible Arm ada espagnole
détruite par une tempête, ce qui diminua beaucoup 1571
la puissance militaire de l'Espagne. Victoire de Philippe Il contre les Turcs
à la bataille de Lépante
1565
Victoire de Philippe Il

J
contre les Turcs à Malte

1555
Philippe Il succède à Charles Quint

--
1492

90
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DoN QUICHOTTE - Parmi toutes les œuvres qui Don Quichotte est à terre,
ont marqué l'histoi re du monde, Don Quichotte de désarçonné après avoir voulu
attaquer ... des moulins!
la Manche de Miguel de Cervantès tient une place
particulière. Ce livre raconte les aventures de Don
Quichotte, un homme qui, influencé par les romans de chevalerie qu'il a lus, veut
combattre le mal et les injustices. Il se met en route et parcourt toute l'Espagne sur
un cheval tout maigre appelé Rossinante, suivi d'un serviteur trop gros pour l'âne
qu'il chevauche, Sancho Pança. Il leur arrive mille péripéties. Don Quichotte croit
par exemple voir dans des moulins à vent qui tournent des chevaliers maléfiques ;
il les charge alors avec sa lance pour les repousser, ·mais il se heurte aux moulins
et tombe de cheval ! Cervantès ne ridiculise pas pour autant son personnage.
Au contraire, il le rend sympathique en montrant qu'on a toujours raison de lutter
pour la justice, même si on a l'air fou ou si on est maladroit.

....--- 1605/ 1615


Publication de Don Quichotte
par Miguel de Cervantès

1789

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LES TE M PS M O D E R N ES

la naissance de la Hollande
GUILLAUME LE TACITURNE - Charles Quint avait reçu en héritage de son père les
pays qui correspondent aujourd'hui à la Belgique et à la Hollande. Son successeur
Philippe [l d'Espagne domina à son tour ces territoires qu'on appelait les « Pays-
Bas ». Mais les habitants de ces régions étaient habitués à la liberté. Lorsqu'eut
lieu la Réforme de Luther et de Calvin, ils pensèrent qu'ils étaient libres d'adopter
cette nouvelle forme de christianisme. Ce n'était pas l'avis de Philippe II, ardent
défenseur du catholicisme. En 1567, il envoya une puissante armée dirigée par le
duc d'Albe afin de forcer les Néerlandais (les habitants des Pays-Bas) à redevenir
catholiques. Le peuple néerlandais se révolta sous la direction du prince Guillaume
d'Orange-Nassau, aussi appelé Guillaume le Taciturne. A ' ceux qui pensaient que

les Néerlandais seraient écrasés par l'armée espagnole, il répétait avec fougue :
« Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »

LES PROVINCES-UNIES - Le duc d'Albe fut sans pitié et massacra 7 ooo habitants de
la grande ville d'Anvers. La révolte gagna alors tout le pays. Finalement, les pro-
vinces du Sud, qui souhaitaient rester catholiques, se réconcilièrent avec l'Espagne.
En revanche, les sept provinces du Nord
(Hollande, Zélande, Groningue, Frise,
Overijssel, Gueldre et Utrecht) s'unirent
PROVINCES -
et créèrent un nouvel État protestant : Mer
du Nord UNIES
les Provinces-Unies.
Elles profitèrent des difficultés que connut
l'Espagne ap rès la défaite de l' invincible
Armada pour devenir co mplètement
indépendantes. Les Provinces-Unies eurent
à leur tête, comme chefs militaires, les
ROYAUME
princes de la dynastie d'Orange-Nassau, DE FRANCE
descendants de Guillaume le Taciturne.
Cependant, le pouvoir politique appartenait
à des assemblées représentant le peuple.
C'était donc une république, un régime
nouveau à cette époque où les rois avaient
habituellement tous les pouvoirs.
1579
Indépendance des Provinces-Unies

Le duc d'Albe massacre 7000 habi::n~


de la ville d'Anvers
l --
1492

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Comme leur flotte était plus puissante que celles de l'Angleterre, de la France et
de l'Espagne réunies, les Néerlandais dominèrent le commerce en mer du Nord,
en mer Baltique et même en Méditerranée. Leur esprit aventu rie r les mena
hors d'Europe : en Amérique, ils fondèrent la Nouvelle-Amsterdam, la future
New York ; en Asie, ils dominèrent l'Indonésie qui fournissait ses épices à
l'Europe ; en Afrique du Sud, ils fondèrent une grande colonie autour du cap
de Bonne Espérance.

UN PAYS D E LIBERTÉ ET
D'ART - Aucun peuple
d'Europe ne jouissait
alors d'autant de liberté
que les Néerlandais. Ils
étaient tolérants et lais-
saient vivre en paix sur
leur sol les catholiques
et les juifs. Les citoyens
néerlandais pouvaient
librement commercer,
crée r des e ntreprises,
publier des livres et des
journ aux. Aussi, beau-
coup de penseurs et de
savants européens vin-
rent-ils s'installe r en
Hollande pour jouir de
ces libertés. Descartes, le philosophe français, Le peintre hollandais Rembrandt
y vécut vingt ans. Les Provinces-Unies furent travaillant sur son célèbre tableau,
La Ronde de nuit.
également un grand pays pour les arts, en parti-
culier pour la peinture : Vermeer, Franz H als,
Ruysdael, Rembrandt .. . autant de peintres dont
la renommée égalait celle des peintres italiens.

______ [ ;:oo, œN•• -Yo-rk_ _ _ _ _ _ _ __


1789

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LES TE M PS M O D E R N ES

louis Xlll e,t louis XlV


RICHELIEU, UN MINISTRE AUTORITAIRE - Quand il fut en âge de devenir roi de France,
Louis XIII prit à son service un homme très autoritaire, le cardinal de Richelieu.
Celui-ci voulait que tout le monde obéît au roi. Pour lui, les protestants bénéfi-
ciaient de trop d'indépendance. Ainsi, malgré l'édit de Nantes, il leur fit une guerre
sans merci, marquée notamment par le siège de La Rochelle, qui eut lieu en 1627
et 1628 et à cause duquel presque tous les habitants de la ville moururent de faim.
L'obstination de Richelieu était terrible mais efficace. Elle permit à la France d'être
assez forte pour empêcher l'invasion du territoire par les redoutables armées espa-
gnoles lors de la guerre de Trente Ans.

LE RÈGNE DE Louis XIV -A' la mort de Louis XIII en 1643, son fils Louis XIV devint
roi, alors qu'il avait seulement 5 ans. Il devait régner soixante-douze ans, le plus
long règne de l'histoire de France. Il y eut d'abord une régence, exercée par la mère
du jeune roi, Anne d'Autriche, qui prit pour Premier ministre un Italien, le cardinal
Mazarin. Celui-ci décida une hausse des impôts pour financer la poursuite de la
guerre contre l'Espagne. Mais, rapidement, une révolte éclata, menée par les bour-
geois de Paris puis par les nobles. On appelle cette révolte la Fronde. Finalement, la
paix revint, les Français en ayant assez des désordres et de la misère qui en découlait
En 1661 , Mazarin mourut, et Lou is XIV, qui avait 23 ans, décida qu'nl régnerait
seul sans prendre un nouveau Premier ministre. Le long règne de Louis XIV fut
une période brillante pour la France. Celui qu'on devait appeler plus t ard le Roi-
Soleil fit construire à Versailles le superbe château qu'aujourd'hui encore on
vient voir du monde entier. Le roi encouragea les arts et les lettres. H sut recon-
naître et encourager les grands artistes et écrivains de son temps comme Molière,
La Fontaine ou Racine. Sous le règne de Louis XIV, la France s'agrandit de nou-
velles provinces : la Flandre, l'Artois, le Roussillon, la Franche-Comté et l'Alsace.
H élas, le goût de la guerre poussa Louis XIV à épuiser le pays dans de longs conflits
avec ses voisins. D'autre part, il prit une décision lourde de conséquences pour la
France: en 1685, il révoqua l'édit de Nantes et recommença à persécuter les protes-
tants. Ils furent 150 ooo à s'enfuir en Allemagne, en Suisse ou en Hollande. Parmi
eux, on trouvait des savants, des entrepreneurs ou d'habiles artisans dont le départ
fut une grande perte pour le pays.

1492

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Louis XIV, salué par un
courtisan dans la magnifique
galerie des Glaces du château
de Versailles.

L'ŒUVRI DE COLBERT -À partir


de 1665, Louis XIV fut aidé par
un ministre remarquable, Jean-
Baptiste Colbert, qui s'occupa
plus spécialement des questions
économiques. Il créa des manu-
factures de textile et de métal-
lurgie, une flotte marchande et
une flotte de guerre. Il autorisa
les navires marchands à s'armer
et à attaquer les navires anglais
et hollandais ; on appela ces
soldats occasionnels des « cor-
saires ». Il créa la Compagnie
des Indes orientales afin que
la France ne soit pas en retard
sur les Hollandais et les Anglais
dans le développement des colonies. Colbert encouragea aussi les sciences: il fonda
l'Académie des sciences, créa le Jardin des Plantes et fit venir l'astronome italien
Cassini en f rance, pour lequel il fit construire l'Observatoire de Paris.

1617 / 1643 1643/ 1715


Règne de Louis XIII Règne de Louis XIV

1627 / 1628 1648/ 1653


Siège de Révolte de
La Rochelle la Fronde

1789

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LES TE M PS M O D E R N ES

l'Angleterre
des temps modernes
,
HENRI VIII ET L'EGLISE ANGLICANE - Une terrible guerre de succession marqua la
A

fin du Moyen Age en Angleterre : la guerre des Deux-Roses. Elle opposait deux familles
qui se battaient pour le trône, les Lancastres et les Tudors. Les Tudors l'emportè-
rent finalement et H enri VIII fut l'un des premiers rois de cette nouvelle dynastie.
Comme il n'obtenait pas du pape l'autorisation de se remarier, il rendit, en 153 1,
l'Église anglaise indépendante de Rome. Ainsi naquit l'Église« anglicane» . Les rois
suivants de cette dynastie furent Édouard VI, Marie Tudor et Élisabeth ire. En 1603,
ce fut le neveu d'Élisabeth, Jacques 1er, qui devint roi, inaugurant une nouvelle
dynastie, celle des Stuarts.

LA PREMIÈRE RÉVOLUTION ANGLAISE - Comme les rois de France, Jacques 1er


voulait que son pouvoir soit absolu. Sans tenir compte de l'avis du
Parlement, il leva de nouveaux impôts. Il créa ainsi un conflit qui fut
aggravé par le fait que de nombreux parlementai res étaient des
protestants « calvinistes », une forme de protestantisme
issue du réformateu r Jean Calvin et plus
stricte que l'anglicanisme de
Jacques 1er. On appelait ces
protestants les « Puritains ».
En 1620, beaucoup d'entre
eux durent s'enfuir.
Ils embarquèrent sur
un bateau, le Mayflower,
et prirent le large
vers l'Amérique.

On appelle « Pères pèlerins »


les Anglais qui avaient fui leur
pays pour rejoindre l'Amérique
à bord du Mayflower.

r
--------1- ~~~~i VIII rompt avec Rome
et crée l'Église anglicane

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Ils ne savaient pas encore que les colonies qu'ils allaient fonder là-bas donneraient
/

un jour naissance à un nouveau pays, les Etats-Unis d'Amérique.


Mais à Londres, le conflit religieux n'était pas apaisé pour autant. A' partir de 1640,

une véritable guerre éclata entre l'armée du nouveau roi, Charles l'", et l'armée du
Parlement, dirigée par Oliver Cromwell. En 1649, Charles 1er fut fait prisonnier et
condamné à mort: il fut décapité à la hache. Pour la première fois, un peuple avait
tué son roi. C'était une véritable révolution.

LA RESTAURATION ET LA SECONDE RÉVOLUTION ANGLAISE - Cromwell fonda alors


une république qu'il baptisa Commonwealth ( « le bien commun » ) . Mais de répu-
blique, elle n'eut que le nom. Cromwell se comporta en effet en véritable dictateur
pendant dix ans et réprima avec une si grande violence une révolte des Irlandais
catholiques que la haine entre .Anglais et Irlandais perdure encore de nos jours.
' sa mort, en 1658, les Anglais souhaitèrent le retour de la monarchie. On rappela
A
le fils de Charles 1er, Charles II, qui s'était réfugié en France. Il fut rétabli dans ses
fonctions à condition de ne jamais se comporter en roi absolu.
Cependant, la question religieuse divisait toujours les Anglais. Le successeur de
Charles II devait être son frère Jacques mais il était catholique. Au Parlement, deux
camps apparurent : les Tories, qui prônaient la fidélité au roi quoi qu'il arrive, et
les Whigs, qui souhaitaient que le Parlement nomme un roi protestant. A' la mort
de Charles II en 1685, son frère monta sur le trône sous le nom de Jacques Il. Mais
les Whigs, qui étaient majoritaires, demandèrent au prince protestant des Pays-Bas,
Guillaume III d'Orange, de devenir roi d'Angleterre, à condition d'avoir des pou-
voirs limités et de reconnaître les droits du Parlement En 1688, Jacques II dut céder
la place à Guillaume. Ce fut la seconde Révolution anglaise. L'Angleterre créa ainsi
une forme de monarchie constitutionnelle, où le Parlement joue un grand rôle.

1620
Départ des puritains vers l'Amérique sur le Mayflower
1640
Début de la guerre entre les armées de Jacques 1œet les armées du Parlement
1649
Jacques 1œest arrêté et décapité
1649/ 1658
L'Angleterre devient
une république
1688
1658 L'Angleterre devient
La monarchie est une monarchie constitutionnelle
rétablie en Angleterre

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l'Allemagne
des temps modernes
LA SAXE - La Saxe était une Mer
Baltique
des grandes principautés du Mer
du Nord PRUJSSE
Saint-Empire romai n germa- BRANDEBOURG
Berli n ·
nique. Auguste II le Fort fut SAXE . Dresde
son prince le plus célèbre. Il SAIN T- EMP I RE
ROM AI N
régna de 1694 à 1733. Pour ,GERM ANIQU E Vi~nne
plaire aux sept grands e1ecteurs AUTRICHE
- qui chonsissaient l'empereur
parmi les princes de l'empire
- il abandonna le protestantisme et devint catholique. Cela lui permit aussi d'être
élu roi de Pologne en 1697. Lui et ses successeurs firent construire dans leur capitale,
Dresde, die magnifiques monuments, palais et églises. La ville était si belle qu'on
l'appelait « la Florence de !'Elbe » . Un artisan de Dresde inventa une porcelaine
aussi délicate que celle de Chine. Partout en Europe, on acheta des figurines et de
la vaisselle faite avec cette porcelaine de Saxe.

L'AUTRICHE - Depuis le XV" siècle, les empereurs du Saint-Empire romain germa-


nique étaient issus de la famille des Habsbourg. Comme l'Autriche était le fief de
cette famille, Vienne, sa capitale, devint le centre de l'empi re. L'Autriche connut
à cette époque un essor sans précédent dans les arts et la culture. Pour rivaliser
avec le château de Versailles, on fit bâtir celui de Schônbrunn. Le pays s'orna
d'autres bâtiments remarquables comme la cathédrale de Salzbourg. Sous les règnes
de l'impératrice Marie-Thérèse et de l'empereur Joseph II , son fils, de grandes
réformes transformèrent le pays en un État plus libéral. Enfin, Vienne fut la grande
ville européenne de la musique : Mozart, Beethoven et de nombreux autres grands
compositeurs y vécurent.

LA PRUSSE - Longtemps, un ordre de moines-soldats, les chevaliers Teutoniques,


domina les territoires de l'est de l'Europe. Après avoir quitté la Terre sainte à la fin
des croisades, les chevaliers conquirent de vastes territoires dans l'Est, gouvernés par
le grand maître de leur ordre. Quand la Réforme su pprima les ordres monastiques,
ce territonre devint le duché de Prusse et fut dirigé par la famille des Hohenzollern,
qui régnait aussi sur le Brandebourg.

1492

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Mozart était un enfant
prodige: il composa
son premier opéra à fâge
de 11 ans ! li en créa
bien d'autres ensuite,
comme Les noces de Figaro
et La flûte enchantée.

' la fin du XVIIe siècle, le prince


A
Frédéric-Guillaume eut une ndée
originale pour peupler ce duché :
il fit veni r de toute l'Europe des
hommes et des femmes, notam-
ment 20 ooo protestants français
chassés par la révocation de l'édit
de Nantes. Son pays devint fort
et fut intelligemment administré.
Frédéric-Guillaume constitua une
armée puissante et des écoles mili-
taires strictes où on enseignait l'art
de la guerre. En 1 70 1 , il prit le
titre de roi de Prusse, qu'il trans-
mit à ses successeurs Frédéric rcr et
Frédéric Il. Berlin, la capitale, devint
une grande ville, au cœur d'un terri-
toire qui ne cessa de s'agrandir.

1694/ 1733 1770


Règne d'Auguste Il dit le Fort Naissance
de Beethoven

1618 1701 1756


Le Brandebourg et la Prusse sont unis Frédéric-Guillaume Naissance
sous le nom de duché de Prusse et dirigés prend le titre de roi de Mozart
par la famille des Hohenzollern de Prusse

1789

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la Russie
des temps modernes
PIERRE LE GRAND, FONDATEUR DE LA RUSSIE MODERNE - Une nouvelle dynastie
régna sur la Russie à partir du tsar Michel 1er : la dynastie des Romanov. Pierre Ier
le Grand fut un des tsars les pl us remarquables de cette dynastie.
Enfant, il avait lu beaucoup d'ouvrages sur l'Europe, si bien qu'à l'âge adulte,
il voulut absolument la visiter et voir ses palais, ses églises, ses manufactures
modernes et ses chantiers navals. Mais il ne voulait pas voyager comme le font les
autres rons, reçus par les souverains dans leur palais et qui ne voient rien d'autre
que les fastes des cours. Il prit donc le nom de Pierre Mikhaïlov, ne dit à personne
qu'il était un roi et se fit engager comme simple ouvrier dans des manufactures et
chantiers navals pour mieux voir comment ceux-ci fonctionnaient. Parti en mars
1697, il séjourna plus d'un an en Europe, en Hollande, en Angleterre et en France.
On appelle son voyage la Grande Ambassade.
Devenu tsar, Pierre n'eut de cesse de moderniser la Russie pour qu'elle ressemble
à toutes les merveilles qu'il avait vues lors de ses voyages. Il fit venir d'Europe des
techniciens et des professeurs, créa des universités et des manufactures. Il ordonna
même aux nobles russes, les boyards, de couper leur barbe traditionnelle et de
s'habiller comme les autres Européens.

SAINT-PÉTERSBOURG - Pierre le Grand s'empara de la Finlande après une victoire


sur la Suède. La Russie gagna ainsi un accès à la mer Baltique. Pour fêter ce succès
et célébrer la gloi re de son règne, Pierre fonda une nouvelle ville à l'endroit
où le fleuve Neva se jette dans la Baltique : Saint-Pétersbourg. En effet, Pierre
n'aimait guère Moscou, avec ses maisons de bois et sa population enfermée dans
ses anciennes croyances. Il rêvait d'une ville moderne, avec de beaux bâtiments
aux façades clai res. Pour faire de Saint-Pétersbourg un joyau pouvant rivaliser avec
les plus belles villes européennes, il y fit travailler les meilleurs architectes et
artistes européens. Saint-Pétersbourg devint la capitale de la Russie en 1712 et le
resta jusqu'en 1917.

CATHERINE II ET L' EXTENSION DE LA Russ1E - Après la mort de Pierre le Grand,


il y eut une période de troubles. Mais, en 1762, une femme énergique arriva
au pouvoir : Catherine Il. Admiratrice de la France, elle poursuivit l'œuvre de
Pierre le Grand en faisant venir des philosophes comme Diderot à sa cour.

1492

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Catherine voulait également moderniser le pays mais, mal Le couronnement de Catherine,
conseillée, elle développa le servage, c'est-à-dire le droit pou r ou Catherine la Grande,
le 12 septembre 1762.
les seigneurs d'obliger les paysans à travailler leurs terres.
La grandeur de la Russie passait par l'étendue de son territoire.
Catherine poursuivit donc l'expansion russe. Les redoutables guerriers cosaques
avaient déjà traversé la chaîne de montagnes de l'Oural pour pénétrer dans les
immenses étendues d'Asie centrale et de Sibérie. En 1640, ils atteignirent le
Pacifique, tout au bout des terres de l'Asie. Catherine II étendit aussi ses territoires
vers le sud, en s'emparant de la Crimée possédée jusque-là par les Mongols. Puis
elle lutta contre l'Emp ire ottoman
pour que ses bateaux de guerre et
de commerce puissent accéder à la
SIBÉRIE mer Méditerranée par le détroit du
OURAL RUSSIE SOUS
CATHER INE Il
Bosphore. La Russie devenait un
- Saint-Pétersbourg
• Moscou
grand pays avec lequel les Européens
,
devraient compter.
CRIMÉE
Détroit
du Bosphore

1697 / 1698
168211ns Grande Ambassade de Pierre 1"1 le Grand
Règne de Pierre I" le Grand 1712 1762

--r
Saint-Pétersbourg devient Catherine Il devient
la capitale de la Russie tsarine de Russie

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le xv111e siècle en France


LE RÈGNE MITIGÉ DE Louis XV -Au cours du règne de Louis XV, la France s'agrandit
de la Lorraine, léguée par Stanislas Leszczynski, un ancien roi de Pologne, et de la
Corse, achetée à la république de Gênes par le ministre Choiseul. Mais le règne
de Louis XV fut entaché par des guerres incessantes qui conduisi rent à la perte de
vastes territoires coloniaux français. Ainsi, Dupleix, qui avait réussi à pénétrer dans
de nombreuses régions en Inde, fut éliminé par les Anglais qui s'appropr ièrent
l'Inde tout entière. De même, la guerre de Sept Ans, qui opposait les Français aux
Anglais, se solda par la perte du
Canada au profit des Anglais.

LA FRANCE VIENT EN AIDE


AUX AMÉRICAINS - Quand
les Américains se révoltèrent
contre les Anglais et qu'une
longue guerre débuta, que les
Américains, moins expérimen-
tés et moins bien organisés,
faillirent perdre, des soldats
français s'engagèr ent auprès
d'eux, notamment le marquis
de La Fayette, qui se p résenta
comme simple volontaire auprès
du général George Washington.
En 1778, le gouvernement fran-
çais décida l'envoi d'une grande
flotte commandée par l'ami ral
de Rochambeau. Unis, Français
et Américains purent remporter
la bataille décisive de Yorktown
en 178 1. Les États-Unis étaient
libres et leur destin était désor-
mais lié à celui de la France.

1492

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LOUIS XVI NE PARVIENT PAS À RÉFORMER LA FRANCE - A ' la même époque,

Louis XVI, qui avait succédé en 1774 à son grand -père Louis XV, choisit pour
Premier mnnistre Turgot, un économiste d'une grande intelligence. Celui-ci voulait
faire des réformes qui amélioreraient le sort des Français. Il t enta de donner plus
de libertés à l'économie : il supprima les corporations qui restreignaient la liberté
du travail, rendit libre le commerce des grains, essentiel pour le pain, et sup-
prima les corvées qui empêchaient les paysans de b nen s'occuper de leurs fermes.
Il voulut même rendre les Français égaux devant l'impôt.
Beaucoup se plaigni rent au roi, qui céda et renvoya
Turgot en 1776. D'autres ministres brillants l ui succé-
dèrent, comme Necker ou Calonne, mais leurs tentatives
de réformes échouèrent aussi. Les dettes s'accumulaient,
,
les nobles et l'Eglise refusaient de payer plus d'impôts et
Louis XVI restait indécis. Finalement, il convoqua les états
généraux pour le printemps 1789. Cet événement allait
déclencher la Révolut ion française (voir pages 118-119).

Georges Washington, accompagné


à sa droite du marquis de La Fayette,
établtt ses quartiers d'hiver à Valley Forge,
en Pennsylvanie, en décembre 1777.
Son armée y souffrit énormément du froid
mais ressortit de cette épreuve unie
et prête à vaincre l'ennemi britannique.

1789
Louis XVI convoque les 6trits g6n6roux

1781
Victoire décisive des troupes franco-américaines
à Yorktown contre les troupes anglaises

1n4
Louis XVI devient roi de France

1715 1
Louis XV succède à Louis XIV
1756/ 1763
Guerre de Sept Ans

--
1789

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la science et les lumières


LES PROGRÈS DES SCIENCES - le
A

Moyen Age avait presque tout


'
oublié de la science grecque. A
partir du XIIe siècle cependant,
des universités furent créées en
Europe pour y étudier à nouveau
les sciences de l'Antiquité.
' l'époque de la Renaissance,
A
Copernic redonna vie à la
vieille idée du Grec Aristarque
de Samos qui affirmait que la
Terre tournait autour du Soleil.
Galilée confi rma cette hypo-
thèse en observant les planètes
et leurs satellites avec une
lunette astronomique, instrument
nouveau qu'il avait fabriqué.
Kepler comprit le mouvement
des planètes, qui suit une ellipse
et non pas un cercle.
La liberté de pensée des Grecs
fut source d'inspiration pour
tous ces savants. André Vésale
et Ambroise Paré osèrent ainsi
disséquer des cadav res pour
comprendre le fonctionnement
du corps. Au XVIIe siècle, l'Anglais
Harvey découvrit les lois de la
ci rculation du sang. De grands Gatilée observant le ciel.
physiciens comme Descartes,
Pascal ou Newton comprirent et
expliquèrent des phénomènes tels que la diffusion de la lumière, la pression atmos-
phérique (c'est-à-dire le poids de l'air) ou la gravitation (c'est-à-di re la pesanteur).

x1i< siècle
Création d'universités en Europe

1492

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Des mathématiciens comme Fermat et Eule r, des naturalistes
comme Linné, Buffon ou Jussieu, des chimistes comme Lavoisier
ou des physiciens comme Volta et Ampère permirent des progrès
remarquables dans la compréhension du monde et de l'univers.

LES LUMIÈRES - Toutes ces découvertes scientifiques donnèrent


aux hommes du xv111c siècle une grande confiance dans la raison
humaine. Ils pensèrent qu'on pouvait étudier les religions, les
morales, les institutions politiques et sociales avec la ranson pour
seul critère, en remettant en cause, si nécessaire, les traditions.
Pierre Bayle sout int la liberté de recherche scientifique et condamna
la censure. Montesquieu fit connaître aux Français la monarchie
constitutionnelle anglaise, plus favorable aux libertés que la
monarchie absolue. Sieyès contesta les privilèges de la noblesse
et du clergé. Voltaire voulut améliorer la justice : en 1765, il fit
réhabiliter Jean Calas, un homme qui avait été condamné à mort
alors qu'il n'y avait pas de preuves de sa culpabilité. On appela
cette période le Siècle des lumières, car la connaissance scnentifique
rationnelle semblait être une source de lumière dans l'obscurité
de l'ignorance.

L'ENCYCLOPÉDIE - Les idées des Lumières furent notamment répan-


dues par un dictionnaire en trente-cinq tomes appelé l'Encyclopédie,
dont la rédaction fut dirigée par l'écrivain Denis Diderot et le mathé-
maticien Jean d'Alembert. Les meilleurs spécialistes de l'époque
y proposaient des articles sur toutes les sciences et connaissances
modernes. On y valorisait la technique des artisans et ingénieurs,
jusque-là peu est imée. Il y avait de nombreuses planches de dessins
très détaillés, ce qui était aussi une innovation pour l'époque.
L'Encyclopé.die marqua profondément l'opinion publique européenne. Quant
aux idées des Lumières, elles jouèrent un rôle très important dans la Révolution
américaine de 1776 et dans la Révolution française de 1789.
1765
Réhabilitation
de Jean Calas
11s1 ; 1n2 grâce à Voltaire
Rédaction de I' Encyclopédie
de Diderot et d'Alembert

1789

- - • 1715/1789 : SIECLE DES LUMIÈRES 105


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LES TE M PS M O D E R N ES

les premières colonies


LES EMPIRES COLONIAUX - Au cours des xv,c et xvnc siècles, les Espagnols s'empa-
rè rent de presque tous les territoires d'Amérique du Sud et y fondè re nt des colonies.
Ils s'installèrent aussi en Amérique centrale, dans les Antilles et aux Philippines.
Les Portugais conqui rent quant à eux le Brésil ainsi que de nombreux te-rritoires en
Afrique, en Inde et en Extrême-Orient. Les Espagnols et les Portugais dominaient
ainsi le commerce des épices, si recherchées en Europe. Ils s'en richirent également
avec l'or et l'argent d'Amérique. Mais petit à petit, Anglais, Français et Néerlandais
fondèrent à leur tour des établissements outre-mer.

LA TRAITE DES N OIRS ET L'ESCLAVAGE - Pour extraire l'or des mines ou cultiver les
riches terres des tropiques, les Européens eurent recours à l'esclavage. L' Église l'avait
fait interdire en Europe, mais il était couramment pratiqué par les Arabes qui
capturaient des prisonniers en Afrique noire ou à bord des bateaux qu'ils
abordaient en Méditerranée. Les Européens profitè rent de ces trafics: ils achetaient
les esclaves en Afrique en échange de marchandises européennes, puis les reven-
daient en Amérique. Avec le bénéfice réalisé, ils pouvaient ensuite acheter des
produits exotiques comme du sucre etdu café, et les revendaient en Europe. C'est ce
qu'on appela le « commerce triangulaire» entre l'Eu-rope, l'Afrique et l'Amér ique.
Ce commerce a enrichi des villes
européennes comme Liverpool,
EUROPE
Nantes ou Bordeaux. Il a aussi AMÉRIQUE
DU ~
coloniaux
NORD
arraché à leur terre des millions
d'hommes et de femmes qui se
sont mélangés en Amérique aux (>
AFRIQUE
populations indiennes. C'est la Oœon

raison pour laquelle on trouve Indien


AMÉRIQUJE
aujourd'lhui beaucoup de per- DU
Océan

Océan SUD Mantique


sonnes noires ou métissées sur
Paci(kjue
le continent américain.

et xv11• siècles
'K!lf
Les Espagnols colonisent
l'Amérique du Sud

1532
Début de la colonisation
du Brésil par les Portugais

1492 11

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LES MISSIONNAIRES - Les Européens apportèrent dans leurs Ces prisonniers vont
colonies la religion chrétienne. De nombreux missionnaires, embarquer pour l'Amérique.
,
lis ont été achetés par
c'est-à-dire des envoyés des Eglnses catholique et protestante,
les Européens pour être
partirent en Amérique, en Afrique et en Asie où ils construi-
revendus dans les colonies
sirent des églises, mais aussi des écoles et des hôpitaux pour en tant qu'esc laves.
venir en aide aux populations locales. Leur vie était dure
et périlleuse : ils mouraient souvent de maladies et étaient
même parfois tués par ceux qu'nls venaient évangéliser.

xvm• siècle
Commerce triangulaire
entre l'Europe, l'Afrique
et l'Amérique

0 1650 17 1789

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la naissance des États-Unis


UN MONDE NOUVEAU - Dès le xvf siècle, les Anglais explorèrent la côte est de
l'Amérique du Nord. Au XVIIe siècle, ils y créèrent des colonies comme la Virginie,
la Caroline du Nord, la Caroline du Sud, le Ma ryland ou la Géorgie. Quand,
en 1620, les puritains fuirent l'Angleterre à bord du Mayflower (voi r page 96), ils
s'inst allèrent dans une région qu'on baptisa la Nouvelle-Angleterre, où
ils fondèrent des colonies appelées Massachusetts, Rhode Island, etc. Au milieu
du xv11f siècle, les Anglais possédaient au
total treize colonies en Amérique du Nord,
le long de la côte de l'océan Atlantique.
Partout sur ces terres, les hommes vou-
laient bâtir un monde nouveau. Pour cela,
ils ne comptaient que sur leurs forces.
Ils étaient très attachés à la propriété
privée et au travail : pour eux, si chacun
mettait cou rageusement en valeur son
lopin de terre ou créait des commerces ou
des ateliers, et échangeait pacifiquement
les fruits de son travail avec ceux du travail
d'autrui, alors le Nouveau Monde serait
plus riche et plus juste que l'Ancien. Sur le
plan politique, beaucoup étaient hostiles à
la monarchie et voulaient se gouverner
eux-mêmes, co nformément aux idées
héritées d es révolutions anglaises.

LA RÉVOLUTION AMÉRICAINE - Lorsque


l'Angleterre voulut lever de nouveaux
impôts, les colons se révoltèrent. La Boston
Tea Party de 1773 reste l'épisode le plus
marquant de cette révolte : déguisés en
Ind iens, des colons montèrent dans des
navires anglais amarrés dans le port de Boston et jetèrent à la mer leu r cargaison
de thé pour protester contre les taxes touchant ce p roduit.

xvl' siècle
Les Anglais explorent la côte est
de l'Amérique du Nord

1492

108
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Le 4 juillet 1776, les colons réuni rent leu rs représentants à Philadelphie et
déclarèrent leur volonté de se rendre indépendants de l'Angleterre. Cette date de la
déclaration d'indépendance américaine est devenue la fête nationale des États-Unis.
Les Anglais voulurent mater cette rébellion. Une guerre éclata, qui dura huit ans.
Les Américains choisi rent pour chef un brillant général, George Washington, et
furent aidés par des troupes françaises envoyées par Louis XVI. La France voulait
en effet prendre sa revanche sur les Anglais,
qui venaient de lui p rendre le Canada et l' Inde.
La bataille de Yorktown en 1781 marqua la victoire
des troupes franco-américaines.

,
LA CONSTITUTION DES ETATS-UNIS - En 1787,
les Américains se dotèrent d'une Constitution,
c'est-à-dire d'un texte établissant les grands prin-
cipes de vie d'un pays. Par ce texte, ils décidèrent
que les États-Unis seraient une république avec
un président élu et deux assemblées pour équilibrer
les pouvoirs, et qu'on y vivrait en respectant
,
les droits de l'homme. L'Etat serait fédéral, ce qui
signifie que chaque colonie se gouvernerait
elle-même mais qu'un pouvoir central prendrait
les décisions concernant la défense, le commerce et
la monnaie. Deux ans plus tard, cette Constitution
se rvira de modèle aux révolutionnaires français
de 1789.

les colons américains, déguisés,


jettent à la mer les cargaisons de thé
en signe de protestation.
1787
Constitution américaine

1781
XVII"siècle
Bataille de Yorktown
Les Anglais créent des colonies
4 juillet 1776
Les Américains déclarent leur indépendance
1620
Les puritains fuient l'Allgleterre
à bord du Mayflower 1773 1
Boston Tea Party

1789

109
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LES TE M PS M O D E R N ES

l'Afrique
U N CONTINENT IMMENSE AUX MULTIPLES PAYSAGES - L'Afrique est un immense
continent dont beaucoup de territoires ne furent découverts par les Européens
qu'à la fin du XIX" siècle. Le Nord est sec et chaud. On y trouve de vastes déserts
comme le Sahara. Le centre est chaud et pluvieux, couvert d'immenses forêts
tropicales qu'on appelle « jungles ». Entre les deux se trouve une bande de
terre où dominent les hautes herbes, la savane. C'est là que vivent les éléphants,
les gi rafes, les lions et les gazelles. Enfin, au sud, l'Afrique est tempérée et
se prête à l'agriculture et à l'élevage. De grands fleuves traversent le continent :
le Sénégal, le Niger, le Congo, le Nil, le Zambèze ou !'Orange.
Longtemps, une grande partie de l'Afrique a été peuplée par des tribus,
c'est-à-dire des sociétés sans État où les hommes sont liés entre eux uniquement
par des liens de parenté et des croyances communes. Mais des États ont existé
sur de nombreuses autres zones du continent.
Certaines populations ont vécu de chasse et de cueillette, comme les Boschimans
dans le Sud ou les Pygmées dans le centre. D'autres pratiquaient l'élevage et l'agri-
culture, comme les Peuls au Sahel.

R OYAUMES ET EMPIRES - Plusieurs sociétés africaines se sont dotées d'États,


avec à leur tête des rois puissants contrôlant de vastes territoires. En Afrique
de l'Ouest, les empires du Ghana, du Mali, l'Empi re songhaï ou la ville-État
de Bénin ont été parmi les plus remarquables et les mieux organisés de ces États.
Au cœur de l'Afrique, sur les rives du Niger, naqunt la cité de Tombouctou qui,
quand elle fut visitée pour la première fois par les Européens en 1820, comptait
plus de 100 ooo habitants et presque autant de maisons. De grandes mosquées
et des palais ornaient cette cité enrichie par le commerce de l'or du haut Niger.
De Tombouctou, les caravanes de marchands partaient au nord à l'assaut du
désert, vers les rives de la Méditerranée, d'où les marchandises passaient en
Europe. En échange de l'or qu'elles apportaient, elles obtenaient d'autres
marchandises, comme le sel et les tissus, qu'elles ramenaient vers Tombouctou
et vers l'Afrique tropicale.

v111• siècle
Les Africains du sud du Sahara
se convertissent progressivement
à la religion musulmane

1492

110 - - - - - - - - - - - - - - - xv• / xv1• s1tcLES : APOGÉE DE L'EMPIRE soNGHAï - - - - - - - - - - - - - - -


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Un village d'Afrique centrale.

LES CROYANCES AFRICAINES - De très


anciennes histoires nous sont parve-
nues grâce à des conteurs nommés
«griots». Ils apprenaient les histoires
par cœur, l'écriture ayant longtemps
été inconnue en Afrique. Les sorciers
étaient également des per sonnages
importants dans les villages. C'étaient
des magiciens qu'on pensait capables
de guéri r les malades ou de faire
tomber la pluie, si rare en certains
points du continent. Les Africains
croyaient aux esp rits : ils étaient
donc animistes (du latin animus qui
veut dire « esprit»). Pour représenter
les esprits, ils portaient, lors de leurs
cérémonies religieuses, des masques
magnifiques.
Mais, à partir du VIIIe siècle, beaucoup
d'Africains du sud du Sahara se
converti rent à la religion musulmane
sous l'influence des marchands arabes
venus avec leurs caravanes.

1789

lll
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LES TE MPS M O D E R N ES

l'lnde
LES ARYAS ET t'HINDOUÏSME - De 3 000 à 1 700 avant J.-C., une civilisa-
tion dont on sait encore aujourd'hui peu de choses se développa dans le
nord-ouest de l'Inde. On l'appelle« civilisation de l'inclus », du nom du
fleuve aux nombreux affluents qui prend sa source dans l'Himalaya.
Vers 1 500 avant J.-C., le peuple des Aryas s'installa en Inde. Ils pratiquaient
la religion hindoue, basée sur des textes sacrés appelés les Védas. Leurs
principaux dieux étaient Brahma, Shiva et Vishnou. Les Aryas croyaient
à la réincarnation : selon eux, l'âme de chaque personne vit plusieurs vies
dans de nouveaux corps. Celui qui se comporte mal renaît dans des plantes
ou des animaux. Celui qui se comporte avec justesse finit par être délivré
de la réincarnation pour accéder à une sorte de paradis, le nirvana.
Les prêtres de cette religion, les brahmanes, sacraient les rois. Ils étaient
également philosophes et mathématiciens. On leur doit notamment le
système décimal qui permet de calculer facilement. Ils l'ont transmis aux
Arabes qui l'ont ensuite retransmis à l'Occident.

BOUDDHISME ET ISLAM - Au v i e siècle avant J.-C., un prophète indien du


nom de Gautama Bouddha fonda une nouvelle religion, le bouddhisme,
qui se répandit dans toute l'Asie. Trois siècles plus tard, le roi d'Inde
Ashoka regretta avec tellement de force les violences qu'il avait commises
au cours de ses guerres qu'il se convertit au bouddhisme et se jura d'établnr
la paix et la justice dans son royaume. Il interdit les sacrifices et la torture
et devint végétarien pour que les animaux puissent vivre en paix. Mais
petit à petit, le bouddhisme fut chassé d'Inde.
Vers l'an I ooo, des envahisseurs turcs et mongols arrivèrent du nord.
Musulmans, ils converti rent une partie de la population à leur religion.
L'empire des Grands Moghols domina
l'Inde jusqu'à l'arrivée des Anglais, au Le Taj Mahal, situé à Agra en Inde,
xv11° siècle. C'est sous le règne de l'un est un mausolée construit par
d'eux, Shâh Jahân, que fut construit le l'empereur moghol Shâh ]ahân
pour sa défunte épouse.
merveilleux Taj Mahal.

v1• siècle avant J.-C.


Gautama Bouddha crée l,e bouddhisme

___,,,,..., vers ran1000


~ Empire des Grands Moghols

1492

112
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L' « ATELIER DU MONDE » - Du xvi< au xv11I" siècle, les Indiens furent les meilleurs
fabricants de tissus du monde .. Leurs tissus se vendaient jusqu'en Europe et en
Afrique. Les Indiens fabriquaient notamment un solnde tissu de coton, le calicot; ils
fabriquaient aussi la percale, un tissu plus fin dont on faisait les chemises. Les fines
étoffes que sont le madras et la mousseline étaient décorées de couleurs chatoyantes
qu'on ne savait fabriquer nulle part ailleurs.

1619
Arrivée des Anglais en Inde

1789

113
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LES TE M PS M O D E R N ES

La Chine
U N CYCLE D'UNITÉ ET DE MORCELLEMENT - Les Chinois n'envisageaient pas le
pouvoir de la même façon que les Européens. Pour eux, un homme recevait à un
certain moment un « mandat du ciel » : cet homme devenait alors empereur,
fondait une dynastie, l'organisait et la faisait rayonner sur les pays voisins. Puis,
petit à petit, la dynastie s'affaiblissait : le mandat du ciel était retiré à l'empereur.
,
Le pays se morcelait alors en de nombreux petits Etats
rivaux qui luttaient pour le pouvoir. Puis un jour, un chef
l'emportait su r les autres, affirmant qu'il avait reçu le
mandat du ciel. Le cycle recommençait ainsi indéfin iment.
La dynastie Han a ainsi régné dans l'Antiquité, tandis que
les dynasties Sui, Tang, Song, Yuan, Ming et Qing sont appa-
rues au cours du Moyen Age" et des Temps modernes.
,
U N ETAT BIEN ORGANISÉ ET PROTÉGÉ - Au temps où l'Europe
était encore dominée par des seigneurs et que le reste du
monde vivait en tribus, les Chinois avaient déjà organisé un
État moderne. Partout sur le territoire, des fonctionnaires
compétents appelés« mandarins» s'occupaient de la bonne
application des lois. Pour devenir mandarin, il fallait réussir
un concours difficile, mais ouvert à tous indépendamment
de la classe sociale. Ce modèle étonna les premiers voyageurs
occidentaux à une époque où, en Europe, seule la naissance
comptait
Des peuplades barbares de Mandchourie et de Mongolie
menaçaient la paix en Chine. Les empereurs construi-
si rent alors la « Grande Muraille », c'est-à-di re une
longue muraille renforcée à intervalles réguliers par des
fortins où des garn isons de soldats montaient la garde.
D'abord faite de terre, la muraille fut bientôt construite
en pierre.

Depuis la Grande Muraille,


les soldats surveillaient
farrivée des envahisseurs.
xnl" siècle
Conquête de la Chine par les Mongols

1492

114 DU 111• AU xv11• SIÈCLE: CONSTRUCTION DE LA GRANDE MURAILLE - - - - - - - - - - - - - -


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On ne cessa de l'améliorer du 11,c au xv11c siècle. Ces quatorze siècles de travaux
lui donnèrent ses dimensions immenses : 6 700 kilomètres de long, 6 à 7 mètres
de hauteur et 4 mètres de large. C'est la plus grande construction jamais réalisée
par l'homme. Malgré ces précautions, au x11f siècle, les Mongols s'unirent derrière
Gengis Kahn. Ils conquirent un vaste empi re dont la Chine fit partie.

LA MAÎTRISE DES TECHNIQUES - A'

l'origine, l'eau des fleuves n'était


pas domptée en Chine : de nom-
breuses crues du fleuve Jaune
faisaient des victimes parmi les
populations. A ' partir du VIIe siècle,

un g rand canal fut alors creusé


entre Pékin et Hangzhou, complété
par tout un réseau de canaux ren-
forcés par des digues. Non seule-
ment les paysans chinois n'avaient
plus à craind re les caprices du
fleuve, mais ils maîtrisaient désor-
mais l'i rrigation, ce qui leur permit
de développer la cultu re du riz.
Les Chinois furent éga lement à
l'origine de nombreuses inventions
qui ne parviendront que plus tard
en Europe : la boussole, le papier,
le gouvernail, la poudre à canon,
l'imprimerie, la porcelaine ou les
métiers à tisser.

1644
Fin du règne de la dynastie Ming (1368/1644)

1789

115
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LES TE MP S M O D E R N ES

le]apon
L'INFLUENCE DE LA CHINE - Le Japon est un pays où s'est développée une brillante
civilisat ion. Il est composé de quatre grandes îles, situées à l'est du cont inent
asiat ique, et d'une multitude de petites îles voisines de celles-ci.
Il a subi très tôt l'influence de la Chine, de laquelle il a reçu le bouddhisme et le
confucianisme (voi r pages 38-39 et 11 2- 113) . Toutefois, il a aussi conservé sa propre
religion, le shintoïsme, fondée sur l'adoration des forces de la nature, des montagnes,
des sources, des rivières, des arbres et des pierres.
Les Japon ais ont voulu se doter, comme les Chinois, d'un État fort et bien organisé.
Leur capitale impériale était Kyoto, dont le plan ressemble à celui de Pékin : des
rues en damier et le palais impérial au centre. Mais les Japonais n'eurent jamais
d'administration centralisée solide, composée de fonctionnai res recrutés par
concours comme les mandarins chinois. Le Japon resta longtemps divisé en princi-
,
pautés pratiquement indépendantes qui se faisaient souvent la guerre. A partir du
x1i< siècle, l'empereur du Japon perdit une grande partie de son pouvoir au profit
de son Premier ministre, le shogun. Au xvnc siècle, Je Japon se ferma complètement
aux autres pays, n'entretenant que quelques relat ions avec la Chine.

LES SAMOURAÏS - Les guerres étaient si fréquentes que les chevaliers japonais,
les samouraïs, avaient un rôle essentiel dans la société japonaise. Ils étaient recon-
naissables à leur costume de cui rasse souple et à leu rs deux sabres, l'un court,
l'autre long. Ils vivaient à part et ne se mélangeaient pas à la population. Une morale
austère guidait leur vie, le bushido, du japonais bushi qui veut dire «guerrier » et do
qui veut dire « la voie ».
Cette « voie du guerrier » mettait l'accent sur la fidélité absolue du samou raï à
son seigneur et à son clan, le courage à la guerre, le sens du sacrifice, ainsi que
le mépris de la souffrance et de la mort Pour les samouraïs, rien n'était pire que
le déshonneur. C'est pourquo i, quand ils croyaient avoir perdu leur honneur, ils
faisaient parfois le choix de se suicider en enfonçant leur sabre dans leur ventre,
ce qui s'appelle« faire hara-ki ri».

L'ART DE VIVRE DES JAPONAIS - Les Japonais jouissaient d'une culture très raffi née.
Leur écriture, d'abord composée de caractères chinois, fut ensuite complétée par
des lettres japonaises, les kana, qui désignent des syllabes. En conséquence, une
littérature et une poésie spécifiquement japonaises ont pu s'épanouir.

à partir du xn• siècle


Le shogun prend le pouvoir aux dépens de l'empereur

1492

116
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Les jardins japonais
sont des lieux raffinés
d'où ressort un sentiment
de quiétude.

Parmi les jeux d'écriture


favoris des Japonais, les
tanka étaient des poésies
de 31 syllabes et les haïkus,
des poésies encore plus
courtes de 17 syllabes.
Les Japonais cultivaient
également l'art des jardins:
ils y représentaient en petit
la nature extérieure, notam-
ment avec les bonsaïs, des
arbres miniatures.
Ils créaient aussi des jardins faits uniquement de pierres et de sable. Chaque
élément de ces « jardins de pierre » représentait des principes religieux : une haute
pierre symbolisait l'axe central du monde, les pierres rondes une sorte de paradis
pou r les justes, et le sable représentait le « nirvana» des bouddhistes où l'âme
repose après la mort.
Les Japonais pratiquaient bien d'autres formes d'a·rts, comme celui consistant à
suggérer un paysage, des personnages ou une atmosphère à l'aide de quelques traits
de peinture.

1639
Le Japon se ferme aux pays étrangers

1789

117
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LES TE M PS CONTE M PO R A I NS

la Révolution française
LES DÉBUTS DE LA R ÉVOLUTION - N'ayant plus d'argent pou r faire fonctionner
l'État, Louis XVI réunit en mai 1789 les « états généraux » pour leur faire voter
de nouveaux impôts (voi r page 103). Pour préparer cet événement, partout en
France, les assemblées des trois ordres sociaux, le t iers état, le clergé et la noblesse,
avaient rédigé des cahiers de doléances, c'est-à-di re des demandes, des plaintes
ou des vœux qu'elles souhaitaient que les états généraux soumettent au roi. Pour
l'essentiel, les cahiers demandaient des baisses d'impôt et la fin des privilèges.
Mais les trois ordres ne parvinrent pas à s'entendre et menaçaient de se séparer.
Louis XVI décida d'ajourner la réunion. Les états généraux se déclarèrent alors
« Assemblée nationale constntuante » et se donnèrent pour but de donner à la
France une Constitution, comme les États-Unis qui venaient de proclamer la leur
en 1787. Le 14 juillet 1789, des Parisiens attaquèrent la prison de la Bastille et les
événements se précipitèrent. Le 4 août, l'Assemblée vota l'abolition des privilèges
des nobles et du clergé. Le 26 août, elle promulgua la Déclaration des droits de l'homme
et du citoyen, qui proclamait que les hommes
naissent libres et égaux en droits, que l'État ne
peut s'en prendre à leurs libertés et à leurs pro-
priétés, et que la loi est l'expression de la volonté
de tous les citoyens. La France ne devenait pas
une république comme
les États-Unis mais une La prise de la Basti lie
monarchie constitution- est l'un des événements
emblématiques de la
nelle où le pouvoir du
Révolution française.
roi était limité, comme
La date de cet événe-
en Angleterre. ment, le 14 juillet 1789,
est devenue celle de
notre fête nationale.
26 août
L'Assemblée proclame
la Déclaration des droits 20 septembre 1792
de l'homme et du citoyen
Victoire des troupes françaises
4 août 1789 à Valmy face aux monarchies
l'Assemblée vote européennes
l'abolition des privilèges
21 janvier 1793
14 juillet 1789 _ ___, Louis XVI est guillotiné
Les Parisiens attaquent
la prison de la Bastille 1793/ 1794
Terreur
mai1789 -----1 1795/ 1799
Louis XVI convoque la réunion Directoire
des états généraux

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LA RÉPUBLIQUE ET LA TERREUR - Cependant, certanns nobles qui s'étaient enfuis
en Allemagne et en Autriche projetaient de revenir à la tête d'une armée pour
rétablir la monarchie absolue et les privilèges. On les appela les émigrés. Louis XVI
lui-même tenta de s'enfuir à l'étranger les 20et21 juin 179 1, mais il fut reconnu à
Varennes. Cette tentative de fuite lui fit perdre sa popularité. Certains révolution-
naires voulurent alors transformer complètement la société en éliminant le roi. Ils
décidèrent de prendre le pouvoir par la violence. Le 10 ao0t 1792, ils fomentèrent
une émeute qui prit d'assaut le palais des Tuileries où vivait le roi, tuant 6oo soldats
qui le gardaient. Louis XVI fut enfermé dans une prison à Paris et l'Assemblée
législative fut dissoute.
On organisa des élections auxquelles ne purent p rendre part qu'une minorité
d'électeurs et où les révolutionnaires armés empêchaient les citoyens de voter comme
ils le voulaient La nouvelle assemblée sortie de ces élections, la « Convention », ne
fut donc pas représentative du peuple français. Une minorité de révolutionnaires
exerça de fait une dictature sur la majorité du peuple. Les révolutionnaires avaient
désormais beaucoup d'ennemis : le clergé, à qui l'on avait confisqué ses terres,
la noblesse, menacée dans ses privilèges, et beaucoup de gens du peuple qui
craignaient pour leurs biens et pour leurs vies. Ceux-ci
voulaient prendre les armes contre la Convention grâce
à l'aide de pays voisins favorables à la monarchne. Il y eut
donc une guerre entre la France et presque toute l'Europe
liguée contre elle. Après de nombreuses défaites, les
jeunes armées révolutionnaires firent reculer les princes
d'Europe le 20 septembre à Valmy, ce qui surprit tout le
monde étant donné leur manque d'expérience et leur
petit nombre. Cette victoire parut si extraordinaire que
la République fut proclamée le lendemain.
Rapidement, les révolutionnaires les plus radicaux, les
Montagnards, prirent le pouvoir et condamnèrent à mort
Louis XVI, qui fut guillotiné le 21 janvier 1793. Toute
personne soupçonnée d'être royaliste fut de même
condamnée à mort. Cette pé riode porte le nom de
Terreur. De nombreuses régions de France se soulevèrent
contre le nouveau gouvernement : la Provence, le Sud-
Ouest, la Bretagne, la Normandie et surtout la Vendée.
Mais ces révoltes furent écrasées dans le sang. Enfin,
Robespierre, le chef des Montagnards, fut lui-même
arrêté et décapité. La Terreur prit ainsi fin, remplacée en
1795 par le Directoire, un régime plus modéré.

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LES TE M PS CONTE M PO R A I NS

Napoléon (1)

UN BRILLANT OFFICIER -
Napoléon Bonaparte est né
en Co rse en 1769. Il fit ses
ét udes dans une école pour officie rs
A

q uand le roi régnait e ncore. Agé de


20 ans qua nd la Révolution fra nçaise éclata, il se rallia Napoléon
aux révolutionnai res et devint général à l'âge de 24 ans. lors d e la bataille
des Pyramides
Il dir igea alors les a rmées fra nçaises qui combattaient
en Égypte.
les Autrichiens e n Italie. Son talent militai re l ui permit
de rempo rter de b rilla ntes victoi res, com me celle du ,
pont d'Arcole. Très populaire, il se lança dans une expédition en Egypte pour
couper la route des Indes aux Anglais. Il en profita pour emmene r avec lui
de nombreux savants qui étudièrent à cette occasion l'Égypte antique.

1801 - ~ ....- 1802


Les Autrichiens sig11<ent la paix de Lunéville Les Anglais signent le traité d'Amiens
Signature du Concordat avec l'Église Napoléon devient Premier consul à vie

1800 1803
Victoire à Marengo en Italie Création du franc germinal

18 brumaire 1804
1769 de l'an VIII Élaboration du Code civil
Naissance de (9 novembre 1799) :
Napoléon Bonaparte Coup d'État 2 décembre 1804
en Corse de Napoléon Couronnement de Napoléon

1789

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NAPOLÉON, PREMIER CONSUL - Profitant de sa popularité, Napoléon revint à Paris
/

et renversa le Directoire avec l'aide de son armée. Par le coup d'Etat du 18-Brumaire
de l'an VIII -qui correspond au 9 novembre 1799, les révolutionnaires ayant décidé
de compter les années à partir de la naissance de la République - il instaura un
nouveau régime, le Consulat. Ce régime devait être dirigé par des « consuls »,
comme à Rome. Il était prévu qu'il y en ait trois. Mais Bonaparte, qui s'attribua le
titre de « Premier consul », dirigea seul le pays. Aussitôt, il repartit en guerre et
remporta en Italie de nouvelles victoires, dont une des plus brillantes est celle de
Marengo, le 14 juin 1800. Les ennemis vaincus durent signer des traités de paix: les
Autrichiens à Lunéville en février 18o1, les Anglais à Amiens en mars 1802. L'Europe
semblait connaître enfin la paix après dix années de guerres ininterrompues.
Bonaparte rétablit aussi l'ordre sur le plan intérieur. D'abord, il mit un terme aux
persécutions contre l'Église qun avaient lieu depuis le début de la Révolution en
signant en 1801 avec le pape un traité, le Concordat, qui rétablissait en France le
culte catholique traditionnel. En 18o2, il décréta une amnistie générale, c'est-à-dire
une loi qui autorisait les nobles à revenir librement en France. En 1803, il créa le
franc germinal, une nouvelle et solide monnaie. En 1804, il promulgua un code de
lois qu'on appelle le Code civil : il garantissait la liberté individuelle, l'égalité devant
la loi et le droit de propriété. Bonaparte s'occupa également de l'enseignement,
recréant des établissements d'enseignement secondaire qu'on appela lycées, des
facultés de droit et de médecine et des grandes écoles comme l'École polytechnique
et l'École normale supérieure.

L'EMPIRE - Comme les Français appréciaient ces mesures, Bonaparte jugea qu'il
pouvait renforcer son pouvoir. En 1802, il prit le titre de« Premier consul à vie»,
puis, en 1804, il se fit proclamer « empereur des Français » par un plébiscite
(aujourd'hui, on dirait un «référendum»). Il prit le nom de Napoléon Ier et invita
le pape Pie VII à venir à Paris pour le sacrer au nom de l'Église, comme cela avait
été fait pour tous les rois de France depuis Pépin le Bref Cette cérémonie eut lieu à
la cathédrale Notre-Dame le 2 décembre 1804. Cependant, pour montrer qu'il ne
devait son titre d'empereur qu'à lui-même, Napoléon prit la couronne des mains du
pape pour se la poser sur la tête. Le nouvel empereur pensait créer une quatrième
dynastie de rois de France ; bien plus, il rêvait d'être le nouveau Charlemagne qui
régnerait sur toute l'Europe.

121
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LES TE MPS CO N TE MP O R A I NS

Napoléon (2)
L'EUROPE DE NOUVEAU EN GUERRE - Inquiète de la puissance de la France,
l'Angleterre rompit la paix d'Amiens dès 1803 et entra à nouveau en guerre contre
Napoléon. Bientôt d'autres pays s'allièrent à l'Angleterre. Napoléon dut réorgani-
ser et fortifier son armée. Il créa la Grande Armée, dont les plus valeureux soldats
étaient incorporés dans une unité d'élite, la Garde impériale.
La guerre commença mal. Les Français perdirent presque toute leur flotte lors
de la bataille navale de Trafalgar le 21 octobre 1805, qui fut gagnée par l'amiral
anglais Nelson (lequel mourut dans la bataille). Mais, quelques mois plus tard,
le 2 décembre 1805, Napoléon remporta contre les armées coalisées de l'empereur
d'Autriche et du tsar de Russie l'une des plus grandes victoires de l'histoire de
France, Austerlitz (sur le territoire de l'actuelle République tchèque).

NAPOLÉON DOMINE t'EuROPE - Après les victoires françaises, la Belgique et la


Hollande, l'Italie du Nord et l'ouest de l'Allemagne appartenaient désormais à
la France, qui comptait alors 130 départements. Dans de nombreux territoires,
Napoléon nomma ro is des
membres de sa famille. Il était
aussi le « protecteur » de la
Confédération du Rhin, qu'i
regroupant plusieurs États d'Al-
lemagne. Napoléon dominait
alors presque toute l'Europe.
' l'égal des rois du passé, il
A
Ocêart FRANÇAIS
Adantique
était désormais entouré d'une SOUS NAPOLÉON

cou r pour qui il donnait


des fêtes somptueuses aux
Tuileries, à Saint-Cloud ou à
Fontainebleau. Il recréa une
noblesse et récompensa par la .. Mer 1)
0
Légion d'honneur les hommes Méc:fteronée

et les femmes qui avaient bien


servi le pays.
1812 1814
L'armée de Napoléon franchit la Bérézina Napoléon est contraint à l'exil
2 décembre 1805
1...-◄ 1" mars/ 18 juin 1815
Bataille d'Austerlitz
Retour de Napoléon qui reprend le pouvoir
21 octobre 1805 18 juin 1815
Défaite de Trafalgar Défaite de Waterloo

1789

122
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Sous Napoléon, la France se modernisa rapidement. L'empereur développa
l'industrie, fit construire des canaux, des ports, des routes et assécha des marais
pour obtenir plus de terres cultivables.

LA CHUTE DE NAPOLÉON - Napoléon était autor itaire. Sa police, di-rigée par


Fouché, contrôlait tout. La presse n'était pas libre et ne pouvait pub lier que
ce qui convenait à l'empereur. De plus, les peuples européens supportaient mal
la domination française.
En 181 2, Napoléon décida de
s'attaquer à la Russie. Il prit
Moscou, désertée par ses habi-
tants. Ces derniers y mirent
alors le feu, forçant l'armée
française à battre en retraite.
C'est à ce moment que les
cavaliers russes sortire nt de
leur cachette et poursuivirent
la Grande Armée. Dans la pré-
cipitation, celle-ci dut franchir
en plein hiver la Bérézina, un
fleuve pris par les glaces. Des
dizaines de milliers d'hommes
moururent de froid.
Profitant de sa soudaine fai-
blesse, les Autrichiens et
les Prussiens attaquèrent à
nouveau Napoléon qui, cette
fois, fut vaincu. Il dut quitter
la France en 1814 pour l'île
d'Elbe. Alors le roi Louis XVIII,
frère de Louis XVI, s'installa
à Paris. Pas pour longtemps,
puisque Napoléon revint en 181 5 et régna encore pendant 100 jours ... Napoléon, lors de
jusqu'à la bataille de Waterloo où il fut définitivement vaincu par la la retraite de Moscou.
coalition de toutes les armées d'Europe le 18 juin 181 5.
L'épopée napoléonienne était terminée.

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LES TEMPS CONTEMPORAINS

la révolution industrielle
et la France du x1xe siècle
LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
ET SES CONSÉQUENCES -
En 1769, l' Écossais James
Watt cr éa la p remiè re
machi ne permettant de fai re
fonctionner un moteur avec
de la vapeur d'eau, vapeur
obtenue e n faisant chauffer
l'eau avec du charbon.
Très vite, partout où le sous-
sol conte nait d u cha rbon,
des mines se développèrent.
Bientôt, o n créa de grandes
usi nes pour y installer des
machi nes à tisser. L'ind ustrie
textile se développa, ai nsi
q ue la métallurgie, dont le
fe r se rvait à fabriq ue r les
machines. Les régions euro-
péennes o ù on trouvait du
charbon et du fer se couvri-
rent d'usi nes, comme dans le
nord et l'est de la France ou
dans la Ruhr en Allemagne.
Bie ntôt, de grandes villes
sortirent de terre. L' Europe James Watt inventa la machine
s'enrichit et sa po pulat ion à vapeur au xv11f siècle.
1871 1875
se mit à augmenter. Traité de Fr.ancfort La nouvelle
Constitution
est voté e
1830 / 1848 4 septembre 1870 en France
Règne de Louis-Philippe ,.. Proclamation
de la 111• République

1824 / 1830
Règne de Charles X 1852/ 1870
1769 Second Empire
Invention
de la première 1815/ 1824 1848 / 1852
machine à vapeur Restt.auration Il' République

1789

124
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Au x,xc siècle, la population de Pa ris et de son agglomération fut multnpliée par
trois, celle de Londres par quatre et celle de Berlin par presque dix. Autour des villes
se développèrent les premières b anlieues. Cette augmentation de la population fut
telle que trente millions d'Européens durent émigrer aux États-Unis, en Amérique
du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

LA FRANCE DE LA RESTAURATION AU SECOND EMPIRE - Des régimes politiques


stables pe rmirent à la France de se moderniser. Louis XVIII régna de 181 5 à
1824. On appelle cette période la Restauration : elle rendit à la France la stabilité
d'une monarchie tout en préservant les progrès de la Révolution. Cependant, Charles X,
qui succéda à Louis XVIII, ne le comp rit pas et voulut revenir à la monarchie
d'avant la Révolution française. Il fut renversé en 1830 par des émeutes. Son cousin
Louis-Philippe 1er mit alors en place la monarchie de Juillet. Il modernisa le pays à
l'aide de ministres comme François Guizot.
Mais certains Français ne voulaient plus du tout de roi et une nouvelle révolution éclata
en 1848. La II<République fut instaurée. Elle institua le suffrage universel masculin, per-
mettant à chaque homme de voter, et abolit définitivement l'esclavage aux colonies.
Louis-Napoléon Bonaparte, un neveu de Napoléon 1er, fut élu président en 1851.
Après un coup d'État, il se fit nommer empereur sous le nom de Napoléon Ill.
Il gouverna de façon autor itaire et engagea la France dans de nombreuses guerres.
Toutefois, le pays se modernisa encore : l'industrie se développa et les voies ferrées
permirent de relier beaucoup de villes de France les unes aux autres.
En 1870, Napoléon III déclara la guerre à la Prusse. Il fut vaincu à Sedan le 2 septembre.
Le 4 septembre, la III<République était proclamée pour mettre fin au Second Empire,
jugé respon sable de la défaite. La guerre continua, mais les Français ne purent
repousser les Allemands. En 1871, le traité de Francfort fut signé : en échange de
la paix, la France perdait deux régions : l'Alsace et la Lorraine. En 1875, on vota la
nouvelle Constitution. En 1879, La Marseillaise devint l'hymne national et les mots
,
Liberté, Egalité, Fraternité, la devise de la République. En 1881 et 1882, Jules Ferry
rendit l'école obligatoire, gratuite et laïque. En 1905 enfin, on décida de sépare r
l'Église et l'État. Par cette loi, la religion devenait une affai re privée.

----◄ 1881/ 1882


L'école devient gratuite, laique et obligatoire

-----◄• 1005
Séparation de l'Église et de l'État

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LES TE MPS CO N TE MP O R A I NS

l'Angleterre et l'lrlande
au XlXe siècle
L'ANGLETERRE, UN PAYS MODERNE - Plus que partout ailleurs, la révolution
industrielle transforma l'Angleterre. L'industde textile et la métallurgie se
développèrent rapidement, ainsi que de grandes villes comme Birmingham,
Manchester ou Liverpool. A ' la moitié du x1x<siècle, l'Angleterre était la première

puissance économique mondiale.


Le peuple anglais eut plus de
droits qu'auparavant. Le régime
parlementaire permit que le
gouvernement soit responsabne
devant un parlement élu par un
nombre de plus en plus grand
de citoyens. En 1884, le suffrage
devint quasi universel. De plus,
les Anglais eu rent un régime
stable au x1x< siècle : la reine
Victoria régna en effet de 1837
à 1901, si bien qu'on parle
d' « Angleterre victorienne» pour
désigner cette période.

Les grandes vi Iles furent


rapidement reliées par des tignes
de chemin de fer, comme
celle-ci qui permettait d'aller
de Liverpool à Manchester.

1846/ 1848
Grande famin,e en Irlande 1884
XVII' SIÈCLE :
DES COLONS ANGLAIS ET ÉCOSSAIS
Le suffrage devient
S'INSTALLEN T EN ULST ER 1837 / 1901 quasi universel
Règne de Victoria en Angleterre

1789

126
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L'EMPffiE BRITANNIQ.UE - L'Angleterre étendit sa puissance partout dans le monde
en agrandi.ssant sans cesse son empi re colonial. Sa marine dominait les mers.
Le Canada et l'Inde étaient devenus anglais au XVIIIe siècle, et l'Inde anglaise fut
encore agrandie au XIXe siècle) jusqu'à comp rend re l'ensemble des territoires
appartenant aujourd'hui à l'Inde, au Pakistan, au Bangladesh, au Sri Lanka et à
la Birmanie. En 1842, les Anglais conqui rent Hong Kong après une guerre menée
contre la Chine. Ils s'emparèrent aussi de Singapour, en Malaisie, dont ils firent
une très grande ville. En Afrique du Sud, ils imposèrent leur domination aux colons
néerlandais, les Boers, à qui ils firent la guerre entre 1899 et 1902, et occupèrent
d'autres vastes pays d'Afrique : la Rhodésie, le Nigeria, le Kenya,
l'Ouganda, le Tanganyika, le Soudan et l'Égypte. Ils eurent des colonies
en Amérique centrale et du Sud, et s'approprièrent une multitude
d'îles sur tous les océans, comme Sainte-Hélène dans l'Atlantique
sud, où fut exilé Napoléon, les îles Malouines au large de l'Argent ine,
les Bahamas ... Partout, ils commerçaient, si bien que des pays comme
l'Argentine étaient très influencés par le mode de vie anglais et faisaient
de ce fait presque partie de l'empire. A ' l'époque, on disait souvent de

l'Empire britannique que le soleil ne s'y couchait jamais, car lorsque la


nuit tombait dans une partie de l'empi re, le jour se levait dans une autre.
A

LA Q.UESTION IRLANDAISE - L'Irlande était dominée depuis le Moyen Age


par l'Angleterre. Au même titre que des pays d'Afrique ou d'Asie, elle
était traitée comme une colonie. Une révolte éclata lors de la première
Révolution anglaise, mais elle fut cruellement réprimée en 1649 par le
protestant Cromwell, qui massacra de nombreux Irlandais parce qu'ils
étaient catholiques. Une haine tenace s'installa entre les deux pays.
Des colons anglais et écossais vinrent s'installer dans le nord-est de
l'île, dans une région appelée U lster. De nombreux paysans irlandais
furent chassés de leurs terres et durent s'installer dans le reste de l'île.
Ils étaient très pauvres et un million d'entre eux moururent lors d'une
grande famine, entre 1846 et 1848. Deux millions d'irlandais durent
alors s'exiler vers les États-Unis où ils fondèrent une importante com-
munauté. D'autres se révoltèrent contre les Anglais. Après une longue
lutte, ils finirent par obtenir leur indépendance en 1921 , mais l'Ulster
est encore aujourd'hui un territoire britannique.

r
------1-
1
~;d~ pendance
de l'Irlande du Sud

127
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LES TEMPS CONTEMPORAINS

l'Allemagne et l'ltalie
au XlXe siècle
DES PAYS DMSÉS - Depuis la chute de l'Empire romain, l'Italie n'avait plus connu
l'unité. Au début du x,xe siècle, elle était encore divisée entre les États pontificaux
qui appartenaient au pape, le royaume de Naples, la Toscane, Parme, Modène,
la Lombardie-Vénétie dominée par les Autrichiens et le royaume de Piémont-
Sardaigne. L'Allemagne aussi était divisée. Depuis le XIII" siècle, elle comptait des
centaines d'États, dont certains se limitaient à une seule ville. Avec le temps, le
nombre d'États se réduisit à 39 et une union douanière, le Zollverein, permit de
commercer sans frontière. De nombreux penseurs, écrivains et hommes politiques
rêvaient maintenant d'unifier la nation allemande au sein d'un seul État, à l'instar
des grands voisins européens comme la
France ou l'Angleterre.

L'UNITÉ ITALIENNE -Les Italiens


partageaient une même langue et une
même culture. Mais, désunis, ils ne pou-
vaient se défendre contre les invasions
étrangères, pas plus qu'ils ne pouvaient
développer leur industrie comme
l'avaient fait l'Angleterre ou la France.
Un révolutionnaire, Giuseppe Mazzini,
voulut créer une république italienne,
tandis que d'autres préféraient s'uni r
autou r du roi de Piémont-Sardaigne,
Victor-Emmanuel II , et de son Premier
ministre Cavour. Parmi ces derniers,
on comptait Giuseppe Garibaldi.
Avec ses mille« chemises rouges»,
Giuseppe Garibaldi partit à la conquête de Naples.

1866 1870
La Prusse bat les Autrichiens à Sadowa Rome rejoint le
Venise rejoint le royaume d'Italie royaume d'Italie
1861 1871
Naissance du royaume d'Italie Naissance
18481
Une révolution éclate dans plusieurs villes d'Allemagne
de l'Empire
allemand

1789

128
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Celui-ci se lança à l'assaut du royaume de Naples, accompagné de seulement mille
hommes. Vêtus de chemises rouges, brandissant le drapeau vert, blanc et rouge de
la future Italie, ils se battirent avec fougue et l'emportère nt. Un grand royaume
d'Italie naquit alors en 1861. En 1866, Venise le rejoignit, puis Rome en 1870. Ainsi
fut faite l'unité italienne. Les Italiens appellent ces transformations le Risorgimento,
la « résurrection » .

L'UNITÉ ALLEMANDE - En 1848,


une révolution éclata dans
plusieurs villes d'Allemagne.
Elle aboutit à la c réation
d'un parlement qui se réunit
à Francfort-sur-le-Main.
Cette assemblée proposa à
Frédéric- Guillaume IV, le roi
de Prusse, de devenir empereur
d'Allemagne. Pa r crainte de la
réaction de son puissant voisin
autrichien, le monarque déclina
la proposition. Ce ne fut que
partie remise. L'Allemagne était
e n effet en pleine révolution
industr ielle. U sines et voies
fe rrées maillaient le territoire.
Un audacieux Premier ministre
prussien, Otto von Bismarck,
n'hésita pas à déclarer la guerre
à l'Autr iche, qui fut défaite
à Sadowa en 1866 grâce au déplacement rapide des troupes prus- L'Empire allemand est
sien nes en train. Entre 1870 et 187 1, Bismarck gagna également la proclamé en 1871 par
l'empereur Guillaume Fr,
guerre contre la France provoquée par Napoléon III. Son prestige fut
accompagné du
alors suffisant pour qu'il crée un Empire allemand dont Guillaume 1er
général Bismarck
de Hohenz-ollern fut le premier empereur. (en uniforme blanc).

129
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LES TE MPS CO N TE MP O R A I NS

les nouveaux pays


d'Europe centrale au x1xe siècle
DE L'EMPIRE o' AUTRICHE À L'AUTRICHE- HONGRIE - L'Autriche était un empire
puissant mais qui était constitué de nombreux peuples différents. Outre les
Allemands, on trouvait des Hongrois, des Slaves, des Roumains et des Italiens.
L'unité de l'Autriche était donc fragile, car chacun de ces peuples rêvait d e créer son
propre pays. En 1848, une série de révolutions éclata en Europe et dans l'Empire
autrichien : à Prague, capitale de la Bohême, à Budapest, capitale de la Hongrie et à
Vienne où habitait l'empereur François-
Joseph. L'Autriche risquait de disparaître.
Le jeune empereur comprit qu'il devait
moderniser son empire pour le sauver.
Il proposa de créer une double monarchie
d'Autriche et de Hongrie, afin que les
Hongrois ne soient plus dominés par les
Allemands. François-Joseph fut fait roi de
Hongrie sous les acclamations du peuple
de Budapest en 1868. Cependant, les autres
peuples de cet empi re austro-hongrois
étaient mécontents .. .

VIENNE, CAPITALE DE L'EUROPE - Vienne


devint une ville extrêmement brillante
qu'on considéra même comme la capi-
tale culturelle de l'Europe à la fin du
x1x" siècle. Les arts et les sciences y connu-
rent un épanouissement exceptionnel.

La ville de Vienne
au x1x• siècle.

1861 1868
Alexandre Il abolit le servage François-Joseph
est fait roi cle Hongrie
1855
Alexandre Il devient tsar cle Russie

18481
1 ! : !ssinat
Une série cle révolutions éclate en Europe cl'Alexandre Il
----
1789

130
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Les musiciens Antonin Dvorak, Johannes Brahms, Johann Strauss ou Gustav
Mahler devinrent mondialement célèbres. Les peintres comme Gustav Klimt et
les écrivains comme Stefan Zweig, Robert Musil ou Franz Kafka furent également
très renommés. On dit de Vienne qu'elle a été à cette époque une « nouvelle
Athènes » !

L'EMPIRE RUSSE - Depuis la mort de


Catherine II en 1796, la Russie était dirigée
par des tsars qui voulaient gouverner seuls.
La police pourchassait les intellectuels et les
révolutionnaires. La Russie ressemblait
A

encore à un pays du Moyen Age : 80 0/o de la


population était composée de paysans, les
moujiks, dont beaucoup étaient des serfs
n'ayant pas le droit de quitter leurs villages,
les mirs. Ils étaient illettrés et passaient leur
vie à cultiver les terres pour les nobles. Seule
une minorité de Russes voulait i nstaurer
une monarchie constitutionnelle, comme en
Europe de l'Ouest. On les appela les « occi-
dentalistes ». Au contraire, les « slavophiles»,
( « ceux qui ai ment les Slaves ») voulaient
A

revenir aux traditions russes du Moyen Age.


Tout au long du siècle, ces deux groupes
s'opposèrent. En 1855, un nouveau tsar,
Alexandre II, a rriva au pouvoir. Il abolit le
servage en 186 1 et modernisa l'administra-
tion et la justice. Mais il fut assassiné en 1881.
Ses successeurs gouvernèrent à nouveau de
façon autoritanre, ce qui produisit un grand
mécontentement dans la population et
conduisit à la révolution de 1917.

13 l
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LES TE MPS CO N TE MP O R A I NS

les États-Unis au x1xe siècle


1842
DE NOUVEAUX TERRITOIRES POUR CANADA

LES PIONNIERS En 1776, les


-
1846
États-Uni s n'étaient constitués
Ocean
que de treize États, les treize Atlantique

anciennes colonies britanniques.


Le pays commença à s'agrandir
avec l'acquisition de colonies
d'autres pays : la Louisiane fut
1819
rachetée à la France, la Floride
MEXIQUE
à l'Espagne. En 1848, après une
La formation des États-Unis
guerre avec le Mexique, le Texas,
le Nouveau-Mexique, l'Arizona et la Californie furent rattachés aux États-Unis.
En 1867, les Américains achetèrent l'Alaska à la Russie.
Mais d'autres États furent créés par les Américains eux-mêmes à mesure que des
pionniers avançaient vers l'ouest. La plupart étaient des immigrés, pauvres, qui
voyageaient dans de lourds chariots accompagnés de leur famille. Pour mieux se
défendre, plusieurs chariots faisaient route ensemble. Quand ils trouvaient une
terre, ils s'y installaient et y vivaient libres et indépendants. Quand une zone était
, ,
suffisamment peuplée, on y créait un Etat qui s'ajoutait aux Etats-Unis. Ainsi naquirent
le Kentucky, le Tennessee, l'Indiana, le Michigan, le Missouri, l'Arkansas ...
' force d'aller vers l'ouest, les pionniers atteignirent le Pacifique et la Californie où
A
la découverte d'or en 1848 provoqua une véritable ruée. En effet, attirés par la
possibilité de s'enrichi r, de nombreux aventuriers venus du monde entier tentèrent
leur chance en Amérique. C'est ce qui permit de peupler très rapidement les terri-
toires vierges de l'Ouest américain.

LES GUERRES ENTRE AMÉRICAINS - Dans les grandes plaines du cœur des États-Unis,
les terres étaient riches. Les pionniers s'y installèrent et devinrent cultivateurs
ou éleveurs de bovins, c'est-à-di re cow-boys. Mais les terres su r lesquelles
ils étaient installés appartenaient aux Indiens, ce qui provoqua des conflits.
Le grand chef sioux Sitting Bull remporta contre les Américains la grande bataille
de Little Bighorn en 1876. Mais, par la suite, les Indiens
durent battre en retraite et abandonner leurs terres. 1865/ 1869 1867
Les Américains relient Achat de l'Alaska
l'Atlantique au Pacifique à la Russie
par la voie ferrée
1848 1876

1803 1
Achat de la Louisiane à la France
Ruée vers l'or en Californie
Le Texas, le Nouveau-Mexique, l'Arizona
et la Californie rejoignent les États-Unis
1861/ 1865
Guerre de
Sécession
Victoire de
Sitting Bull à
Little Bighorn

1789

132
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La bataflle de Little Bighorn
s'est soldée par la victoire
du chef sioux Sitting Bull.

Dans les années 1850, les diffé-


rences entre le nord et le sud des
États-Unis apparurent. Le Nord
v nvait d'industrie et d'une agri-
culture de petits propriétaires.
Le Sud était le domaine des
grandes plantations de coton
ou de tabac où travaillaient les
esclaves noirs. Or, les habitants
du Nord souhaitaient aboli r
l'esclavage. Une dizaine d'États
du Sud voulurent alo rs se
séparer des États-Uni.s et faire
sécession. Le président Lincoln,
élu en 1860, refusa cette éven-
tualité. Une guerre, la guerre de
Sécession, éclata et dura de 1861
à 1865. Elle fit 600 ooo morts.
Les nordistes du général Grant,
plus nombreux et mieux armés par l'industrie, vainquirent les sudistes du général Lee.
L'esclavage fut aboli en 1865.
,
LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DES ETATS-UNIS - De 3,5 millions d'habitants en
1783, les États-Unis atteigni rent le nombre de 95 millions en 19 14. Les migrants
qui fuyaient la misère et les guerres en Europe ne cessaient d'arriver par bateau
à New York. Là, ils trouvaient un pays jeune, dynamique, où chacun pouvait
vivre libre et réussir. L'industrie se développa et le pays se couvrit de machines,
de commerces, de banques, d'écoles et d'universités. Les Américains réussirent
l'exploit de poser 5 ooo kilomètres de voies ferrées en quatre ans, entre 1865 et
1869 pour relier l'Atlantique au Pacifique par la voie des terres, et ils creusèrent le
canal de Panama. Première industrie du monde en 1900, les États-Unis se dévelop-
pèrent à l'extérieur de leurs frontières en contrôlant Cuba, Porto-Rico, le Panama,
le Nicaragua, Hawaï et en achetant les Philippines aux Espagnols. En 1914, les États-
Unis étaient une des plus grandes puissances du monde.

133
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LES TE MP S CO N TE MP O R A I NS

le Japon au x1xe siècle

LE JAPON DES SHOGUNS - Depuis le début du xv11e siècle, les Japonais étaient
opposés à toute présence étrangère. Ils n'acceptaient que quelques contacts
avec la Chine, la Corée ou la Hollande. La paix y régnait et la population
augmentait régulièrement. L'empereur avait un rôle religieux et vivait dans son
palais de Kyoto, dans le centre du pays.
Le pouvoir était entre les mains du
shogun, sorte de Premier ministre, qui
vivait à Edo, future Tokyo.

LE JAPON S'OUVRE AU MONDE - Au


milieu du x1x<siècle, le monde japonais
traditionnel fut bouleversé. Les
Américains, présents en Chine depuis
la guerre de !'Opium, voulaient pouvoir
faire escale au Japon. Aussi l'amiral Perry
adressa-t-il un ultimatum aux Japonais :
soit ils ouvraient quelques ports aux
navires a méricains, soit ce serait la
guer re. Les Japonais comprirent que
leurs bateaux à voile et leur art du
combat ne suffiraient pas à vaincre les
puissants cuirassés à vapeur américains,
capables de remonter contre le vent la baie
d'Edo. Ils acceptèrent donc de s'ouvrir
aux navires étrangers.

Les Américains débarquèrent dans


la baie de Tokyo en juillet 1853.

1894 - - - - - - ,
1853 Le Japon s'empare
Owerture du Japon d,e Taiwan et de la Corée
sur l'Occident

1789

134 1867 /1912 : ÈRE MEIJI


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L'tRE MEIJI - L'épilogue de cet u ltimatum fut très profitable au Japon qui découvrit
alors le monde extérieur. De jeunes Japonais partirent étudier dans les universités
européennes et américaines. Il y eut notamment Yukichi Fukuzawa, un jeune
samouraï passionné par les sciences qui lisait en cachette des livres en anglais et
en hollandais. Il apprit beaucoup lors de ses voyages et
fonda à son retour l'université Keio.
Comme Fukuzawa, les jeunes Japonais rapportère nt de leurs
voyages des idées pour combler le retard de leu r pays : ils
modernisèrent très vite leur armée, créèrent une industrie,
modifièrent leurs lois et demandèrent à l'empereur, Meiji,
de gouverner lui-même depuis Edo, ce que ce dernier accepta.
On parle de « l'ère Meiji » pou r désigner cette période
de grandes transformations qui s'étendit de 1867 à 191 2.
Devenu une puissance industrielle, le J apon voulut imiter
l'Europe dans sa conquête de colonies. En 1894, il fit donc
la guerre à la Chine et lui ravit la grande île de Taïwan ainsi
que la Corée. En 1905 se produisit un événement extra-
ordinaire pour l'époque : les Japonais battirent l'armée du
tsar russe. C'était la première fo is
qu'une a rmée européenne devait
céder devant une a rmée d'un autre
continent. Le Japon était devenu
une grande puissance.


Océan
• Pacilîque

1905
TAÏWAN
Le Japon bat l'armée russe

135
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LES TE MPS CO N TE MP O R A I NS

la colonisation
LES DERNIÈRES COLONISATIONS - Grâce aux progrès de la révolution industrielle,
les populations européennes étaient de plus en plus nombreuses et rêvaient de
territoires où elles pourraient aller vivre. Les Européens voulaient aussi avoir accès
à des matières premières ra res. Surtout, les nations européennes s'étaient souvent
fait la gue rre au xv11I et au XIX" siècle : elles savaient que cela continuerait et
0

qu'il fallait s'y préparer. Aucune d'entre elles ne pouvait laisser ses rivales s'emparer
des territoires encore vierges existant dans le monde, ce qui leur aurait procuré,
peut-être, des ressources décisives pour les guerres européennes à venir. On assista
alors à une véritable course de vitesse pour acquérir des empi res coloniaux aussi
vastes que possible. Chaque grand pays européen voulut avoi r sa part, ainsi que les
États-Unis, la Russie et le Japon.

LE MONDE EST COLONISÉ - L'Angleterre, la France, l'Allemagne, la Russie, l'Italie,


,
le Portugal, les Pays-Bas, les Etats-Unis, la Belgique et le Japon occupèrent de
nouveaux territoires au x1xc siècle. En revanche, l'Espagne, qui avait jadis dominé
le monde, perdit toutes ses colonies au début du siècle.
Les Anglais possédaient l'empir e le plus vaste: Canada, Australie, NouveEle-Zélande,
Afrique du Sud et Afrique de l'Est, Nigeria, Ghana, Malte, Chypre, Singapou r,
Hong Kong, Inde leur appartenaient Ils exercèrent aussi un protectorat sur certains
pays com·me l'Égypte ou le Soudan.

LA FRANCE SE CONSTITUE UN EMPIRE - La France fut également à la tête d'un vaste


empire. En 1830, Charles X décida de conquérir les côtes algériennes, laissant l'inté-
rieur du pays à l'émir Abd-el-Kader. Au début, les relations entre la France et l'émir
furent cordiales. Mais ce dernier attaqua les colons français. Les Français, dirigés
par le général Bugeaud, occupèrent alors tout le pays. Bientôt l'Algérie accueillit
des dizaines puis des centaines de milliers de Français. Pendant 132 ans, l'Algérie
appartint à la France dont elle constitua même trois départements.

1895 - - - - - - ,
Création de l'AOF
Madagascar devient une colonie française
1858 ,an
Prise de Saïgon La reine
britannique
Victoria est
1830 1854/ 1861 impératrice
Conquête de l'Algérie Faidherbe occupe des Indes
par la France le Sénégal

1789

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',t.·.,... ..~..
,, ..
•• .


Possessions
- Allemandes Belges - E:spagnoles Hollandaises Japonaises - États-Uniennes
- Anglaises - Danoises - Françaises - Italiennes - Portugaises

En Afrique noire, Faidherbe explora et occupa toute la vallée du fleuve Sénégal.


Puis la présence française s'étendit en Afrique. Tous les territoires conquis furent
regroupés dans l'Afr ique occidentale française (AOF) en 1895 et dans l'Afrique
équatoriale française (AEF ) en 1910. Madagascar et Djibouti furent également
conquises.
Dès le xvtf siècle, la France avait envoyé des missionnaires en Indochine. Comme
le roi d'Annam les avait persécutés au milieu du xtxe siècle, Napoléon III décida de
s'emparer d e la ville de Saigon. Rapidement, les Français conquirent tous les terri-
toires avoisinants : le Laos, le Tonkin, la Cochinchine et le Cambodge. Ils étaient aussi
présents en Chine puisque Canton et Shanghai possédaient des quartiers français.
Sur tous les autres continents, aux Antilles, en Océanie, dans l'océan Indien, la
France possédait des îles, des archipels et des territoires dont certains sont encore
français aujourd'hui.

- - - - - 1896
Djibouti devient une colonie française

1910

---C
Création de l'AEF

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LES TE MPS CO N TE MP O R A I NS

les explorations
Jusqu'au début du xx siècle, les cartes L'AMÉRIQUE - En 1803, le président
du monde étaient couvertes de zones américain Jefferson chargea deux offi-
blanches :des régions entières ciers, Lewis et Clark, d'explorer cette
de la Terre n'avaient encore jamais immense Louisiane que les États-Uni.s
été explorées, notamment dans venaient d'acheter à la France et de
le centre des continents. Plusieursdécouvrir s'il était possible de rallier
expéditions, aux,~ et aux~ siècle, le Pacifique. Une expédition fut donc
permirent de découvrir et de organisée, composée d'une vingtaine
cartographier ces terres inconnues.d'hommes. Elle remonta l'immense
fleuve Missouri, dont personne ne
connaissait alors la source.
Pendant un an et demi, Lewis et Clarke parcoururent ce vaste territoire
où des Français vivaient encore. Ces derniers aidèrent les explorateurs
en leur indiquant les bonnes routes à suivre et en servant d'interprètes
avec les Indiens dont ils avaient appris les langues. L'expédition atten-
gnit enfin la source du Missouri, dans les montagnes Rocheuses, et elle
alla au-delà en escaladant les montagnes puis en fabriquant des radeaux
permettant de redescendre sur l'autre versant par les rivières sauvages.
En 1805, enfin, Lewis et Clark aperçurent au loin l'océan Pacifique.

L'AFRIQUE -Au début du x1:x" siècle, l'intérieur de l'Afrique était complè-


tement inconnu des Européens. On savait seulement qu'au sud du Sahara
se trouvait une ville mystérieuse du nom de Tombouctou ( voir page 110).
Un jeune Français, René Canllé, rêvait d'être le premier Européen à
s'y rendre. Il alla d'abord en Mauritanie pour apprendre l'arabe, puis
au Sénégal. De là, se faisant passer pour un musulman faisant son
pèlerinage à La Mecque pour ne pas éveiller les soupçons, il partit à pied
vers l'est. Après un an d'une marche épuisante, il arriva à Tombouctou le 20 avril 1828.
,
D'autres voyageurs explorèrent l'intérieur de l'Afrique. Un Ecossais du nom
de Livingstone, médecin et missionnaire, partit à la découverte de ce continent.
Il remonta le fleuve Zambèze, explora la région des Grands Lacs et découvrit le
lac Tanganyika.

20 avril 1828
1803/ 1005 René Caillé 1871
Lewis et Clark atteint Stanley retrowe Livingstone
explorent la Louisiane Tombouctou au bord clu lac Tanganyika

1789

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On n'eut ensuite plus de nou-
veEles de lui et tout le monde le
crut mort. Tout le monde sauf
Stanley, un journ aliste amé-
ricain qui se mit en tête de le
retrouver. Il chercha Livingstone,
jusqu'à ce jour de novembre
1871 où, a rrivé dans un village
près du lac Tanganyika, il vit un
vieil homme blanc. « Docteur
Livingstone, je suppose ? » lui
demanda-t-il tout naturellement.
C'était bien lui !

« Docteur Livingstone,
je suppose?»

Se perdre dans les


LES PÔLES -
blanches immensités des pôles,
voilà une aventure que peu ont
osé tenter. En 1909, l'Américain
Peary fut le premier homme à
atteindre le pôle Nord. En 1911 ,
le Norvégien Amundsen décida
d'atteindre quant à lui le pôle
Sud, mais l'Anglais Scott partit
au même moment et dans le même but Il n'était pas rare que deux explorateurs
fassent ainsi la course pour leur prestige personnel ou pour l'honneur de leur pays.
Amundsen avait un meilleur matériel et une meilleure connaissance de ces pays de
glace. Aussi arriva-t-il avec trois semaines d'avance sur Scott, le 14 décembre 1911.
Scott, quant à lui, mourut de froid et d'épuisement sur le chemin du retour.

..---◄ 1909
Peary atteint le premier le pôle Nord

14 décembre 1911

C Amundsen arrive au pôle Sud

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LES TEMPS CONTEMPORAINS

Sciences et techniques
au XlXe siècle
Le x1x' siècle fut marqué par de très grands
progrès dans le domaine des sciences
et techniques. En voici quelques exemples.
____ .................................... __ ...................

LES PROGRÈS DES SCIENCES - Grâce


aux mathématiques, le mouvement
des planètes fut mieux comp ris, ce
qui permit notamment de décou-
vrir Neptune. La connaissance de
la matière fut approfondie grâce à
la chimie, permettant de cr éer des
engrais et de fabriquer plus facile-
ment le verre ou le savon, ou même
d'inventer la photographie, ce qui
fut fait par deux Français, N iepce et
Daguerre, autour de 1830. D'autres
scientifiques étudièrent la lumière et
la chaleur. L'italien Volta, les Français
Ampère et Arago découvrirent les
lois de l'e1ectricité; l'Anglais Maxwell
et l'Allemand Hertz comprirent que
des ondes électromagnétiques invisibles
traversent l'air. Les Français Pierre et
Marie Curie découvrirent quant à eux
la radioactivité.
Au x,x: snècle, on commença à s'intéresser aux petites
particules de la matière, les atomes et les électrons, et 1871
aux minuscules êtres vivants, comme les microbes. Darwin présente
sa théorie de l'évolution
Louis Pasteur comprit que ces derniers pro-
vers 1870 1882
voquaient des maladies et mit au point Alexander Bell invente le téléphone Marcel Deprei
le premie r vaccin en 1885. 1840 parvient à

l 1860 transporter de
Morse invente le télégraphe l'électricité
Premier moteur
fin du xvm• siècle à pétrole dans des câbles
vers 1830
Les frères Montgolfier
inventerlt la montgolfi ère
Niepce et Daguerre
inventent la photographie
--
inventé par
Étienne Lenoir
_ [j_
1789

140
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Louis Pasteur On étudia aussi les espèces vivantes et leu r évolution. En 1871,
inventa le Darwin démontra que l'espèce humaine avait des ancêtres
premier vaccin. communs avec les singes. On comprit alors que différentes espèces
d'êtres vivants ressemblant à l'homme avaient précédé notre propre
espèce : !'Australopithèque, l'Homo habilis, l'Homo erectus, l'homme de Neandertal. ..
La géologie s'intéressa aux mouvements des montagnes, des mers et des continents,
et on comprit que les continents avaient changé de forme depuis l'origine du monde.

DES ÉNERGIES NOUVELLES - Toutes ces découvertes permirent de mieux utiliser la


nature et de seconder les efforts humains par des éne rgies naturelles domestiquées.
On avait inventé la machine à vapeur au milieu du xv,nc siècle et on l'utilisait
pour actionner les locomotives. Mais, en 1860, un ingénieur belge, Étienne Lenoir,
inventa le moteur à explosion fonctionnant à l'essence ( du pétrole raffiné). De nom-
breux puits de pétrole furent alors creusés pour permettre le développement de
cette nouvelle industrie.
Dès le début du x,xc siècle, les scientifiques avaient trouvé une autre manière de
répandre et d'utiliser l'énergie : l'électricité. Le Français Aristide Bergès parvint à
produire de l'électricité avec la puissance de l'eau des rivières de montagne puis,
en 1882, Marcel Deprez réussit à transporter l'électricité dans des câbles, l'amenant
dans les villes et les villages. Ce fut une véritable révolution.

DE NOUVEAUX MOYENS DE TRANSPORT ET DE COMMUNICATION - Le train se déve-


loppa tout au long du x,xcsiècle. Le moteur à explosion inventé par Étienne Lenoir
permit de fabriquer les premières automobiles. On se mit également à voyager
dans les airs. Déjà, à la fin du XVIIf siècle, les frères Montgolfier avaient inventé le
ballon appelé « montgolfière ». Ce procédé fut perfectionné pour créer des diri-
geables de forme allongée, pourvus d'une hélice actionnée par un moteur qui aug-
mentait leur vitesse. Mais la véritable révolution fut l'invention de l'avion. Elle est
due à des Américains, les frères Wright, au Français Clément Ader et au Brésilien
Santos-Dumont.
Grâce à d'autres inventions remarquables, on sut faire voyager très vite, non seule-
ment les hommes et les marchandises, mais l'information. En 1840, Samuel Morse
inventa le télégraphe. Puis Alexandre Bell mit au point le téléphone vers 1870.
Grâce enfin à H e rtz, Branly et Marconi, on comprit le fonctionnement des ondes
radio, qu'on put utiliser pour fabriquer les premières radios.

-----◄ 1885
Pasteur met au point le premier vaccin

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LES TE MPS CO N TE MP O R A I NS

la Première Guerre mondiale


LE DÉBUT DE LA GUERRE - Le 28 juin 1914, l'archiduc
François-Ferdinand, héritier de l'Empire austro-hongrois,
fut assassiné à Sarajevo par un nationaliste slave. L'Autriche
déclara aussitôt la guerre à la Serbie qu'elle croyait être
l'instigateur du crime. La Russie était l'alliée de la Serbie et
déclara la guerre à son tour à E'Autriche. Comme la France et
l'Angleterre étaient alliées à la Russie et que l'Allemagne était
alliée à l'Autriche, ce furent bientôt tous les pays d'Europe
qui se retrouvèrent en guerre. Cet engrenage déclencha la
Première Guerre mondiale. En outre, les Français voulaient se
venger des Allemands depuis la défaite de 187 1 et récupérer
l'Alsace et la Lorraine.
Rapidement, les troupes allemandes enfoncèrent les défenses
belges et françaises. Elles furent arrêtées lors de la bataille de la
Marne, gagnée en une semaine, grâce notamment a u général
Joffre, ainsi qu'à l'ingénieux général Gallieni qui réquisition-
na tous les taxis parisiens pour transporter rapidement des
troupes supplémentai res.

LA GUERRE '
DES TRANCHÉES - A partir de cette bataille, les
Allemands ne progressèrent plus d'un pouce. Les Français
n'avancèrent pas non plus. Les soldats des deux armées
s'arrêtèrent là où ils étaient et ils creusèrent des tranchées dans
le sol pour s'abriter des balles. Cette « guerre des tranchées »
dura plus de quatre ans et fut la plus meurtrière de l'histoire
de France.
Formés aux guerres du x1xe siècle, les généraux français et
allemands s'imaginaient pouvoir « percer » le front adverse, La guerre des tranchées avec,
c'est-à-di re pénétrer la zone ennemie très rapidement pour au premier plan, un médecin
de la Croix-Rouge.
l'envahi r. Ils lançaient parfois des dizaines de milliers de
soldats dans de grandes attaques. Mais aucune n'aboutissait,
les armes modernes rendant impossibles ces percées. La plus
1871
terrible offensive eut lieu de février à décembre 1916 à Verdun, en Lorraine. Défaite de la France
contre l'Allemagne
Les Allemands attaquèrent de toutes leurs forces mais se heurtèrent à la Perte de l'Alsace et
résistance des Français. Cette bataille fit plus de 700 ooo morts et blessés de la Lorraine
en six mois, sans même changer le cours de la guerre.

1789

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LA VICTOIRE DES ALLIÉS - En 1917, les
Américains, dont les bateaux étaient
fréquemment coulés par les sous-marins
allemands, entrèrent en guerre aux côtés
de la France et de l'Angleterre, mettant
à disposition leur formidable industrie.
De plus, en novembre 1917, Georges
Clemenceau arriva au pouvoir en France.
Il était si énergique qu'on l'appela « le
Tigre » . Il nomma Foch, un grand chef de
guerre, à la tête de l'armée. Après l'échec
de trois de leurs offensives, les Allemands
signèrent l'armistice, c'est-à-di re l'arrêt
des combats, le 11 novembre 1918.
Le bilan fut très lou rd : 1,4 million
de Français et 2 millions d'All emands
perdirent la vie au cours de cette guerre.
Par le traité de Versailles, l'Allemagne dut
rendre l'Alsace et la Lorraine à la France.
Elle fut privée de toutes ses colonies et ne
fut plus autorisée à avoir une armée.
L'Autriche-Hongrie disparut et donna
naissance à de nouveaux pays, ayant tous
un régime républicain : l'Autriche,
la Hongrie, la Tchécoslovaquie et la
Yougoslav ie. L' Emp ire ottoman, qui
s'était alli é aux Allemands et aux
Autrichiens, fut réduit à la seule Turquie;
28 juin 1914 les territoires qu'il avait dominés durant
Assassinat de l'archiduc François-Ferdinand
des siècles, au Proche-Orient et en Afrique
3 août 1914
L'Allemagne déclare la guerre à la France du Nord, lui furent enlevés ; sa monarchie
février à décembre 1916
fut remplacée par une république.
Bataille de Verdun

- - - -= 6 avril 1917
Entrée en guerre des États-Unis

- - - - - 11 novembre 1918
Fin de la Première Guerre mondiale

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LES TEMPS CONTEMPORAINS

les régimes totalitaires


LE COMMUNISME - Dès le début de la révolution industrielle, des hommes
accusèrent le capitalisme, c'est-à-di re l'économie fondée sur la propriété privée et la
liberté individuelle, d'être injuste et d'être responsable de l'appauvrissement des
populations. Ces hommes fondèrent le socialisme et le communisme et voulurent
aboli r la propriété privée. Certains tentèrent d'atteindre ce but par des élections,
d'autres par des révolutions.
En octobre 191 7, des révolut ionnai res communistes, les bolcheviks, prirent
le pouvoir en Russie sous la d irection de Lénine. Ils tuèrent le tsar N icolas II et
créè rent en 1922 l'« Un ion des républiques
socialistes soviétiques» ou URSS.
Ce fut une rigoureuse dictature. En 1 920, une
famine terrible décima 1,5 million de paysans
dont on avait confisqué les terres. Sous Staline,
le successeur de Lénine, la société russe fut trans-
formée par la force : on supprima les entreprises
privées, on força les paysans à travailler dans
des fermes collectives et on enferma tous ceux
qui s'opposaient à cette politique dans des camps
de concentration qu'on appelait« goulags». Des
centaines de milliers de personnes y moururent.

Staline.

LE FASCISME - En Italie, Benito Mussolini créa un


régime de dictature d'un autre type, le fascisme.
Son but était de redonner à l'Italie du xxe siècle la grandeur de l'Empire romain.
Pour cela, lui aussi souhaitait supprimer le capitalisme, mais sans supprnmer entiè-
rement la propriété privée. Il souhaitait que l'État encadre de près l'économie.
Surtout, rn voulait, comme Lénine et Staline, contrôler la société en empêchant la
liberté de la presse ou toute vie politique normale. le parti de Mussolin nfut le seul
parti auto-risé, et il était interdnt de le critiquer.

1789

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LE NAZISME - Les clauses du traité de Versailles furent si lourdes pour l'Allemagne
que les Allemands ne les acceptèrent jamais réellement. Aussi, quand Adolf H itler
créa le Parti national socialiste ( « nazi » en abrégé) et proposa de ne pas respecter
le traité, des millions d'Allemands furent séduits. Hitler était persuadé que la race
des Allemands, qu'il appelait « aryenne », était supérieure aux autres, qu'elle
devait soumettre tous les peuples et se purifier en chassant ou en tuant toutes les
races « inférieures ». En particulier, Hitler détestait les Juifs et voulut les rendre
coupables de la pauvreté et des difficultés de l'Allemagne.
Hitler prit le pouvoir en 1933 et mit en place un régime totalitaire qui contrôlait
la presse, la politique et la vie des citoyens. Toutes les libertés furent suspendues et
la police secrète d'Hitler, la Gestapo, maintint l'ordre par la terreur.
Des lois antisémites furent votées, qui confisquaient les biens des Juifs, leur
interdisaient d'exercer certai nes professions ou de se marier avec des personnes
non JUtves ...
Le régime de Mussolini s'allia en 1935
au régime d'Hitler.

Hitler.

octobre 1917
Révolution russe

1922
Benito Mussolini prend
le pouvoir en Italie
Création de l'URSS

1924
Staline remplace Lénine
à la tête de l'URSS

1933
Hitler prend
le pouvoir
en Allemagne

1935
Mussolini
s'allie à Hitler

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LES TE MP S CO N TE MP O R A I NS

la Seconde Guerre mondiale (1)


LE DÉCLENCHEMENT DE LA GUERRE - En 1938, Hitler envahit l'Autriche puis la
Tchécoslovaquie. Les Anglais et les Français ne se montrèrent pas assez fermes :
ils signèrent avec H itler les accords de Munich qui reconnaissaient l'annexion par
l'Allemagne d'une partie de la Tchécoslovaquie en échange de la paix. Mais H itler
ne respecta pas ces accords et, en 1939, s'étant allié avec l'URSS, il décida de partager
avec elle la Pologne. Il envahit celle-ci le 1°r septembre 1939. L'Angleterre et la France
déclarèrent la guerre à l'Allemagne le 3 septembre, mais il était trop tard : H itler
avait déjà eu le temps de reconstituer une armée puissante et moderne.
Beaucoup de Français pensaient que la France n'avait pas à redouter une attaque
d'Hitler : elle était en effet protégée par une ligne de puissantes forteresses longeant
la frontiè re allemande qu'on appelait la ligne Maginot, du nom de son créateur.
Pendant plusieurs mois, il n'y eut d'ailleurs pas de combats car personne ne voulait
attaquer le premier. C'est ce qu'on appelle la « drôle de guerre ».

LA DÉFAITE DE LA FRANCE ET LE RÉGIME DE V ICHY - En mai 1940, les Allemands


contournèrent la ligne Maginot par le nord en envahissant la Belgique. Bientôt, les
armées française et anglaise se trouvèrent encerclées à Dunkerque par les troupes
allemandes. Grâce à leurs nombreux bateaux, une partie de l'armée anglaise
put s'enfuir mais beaucoup de soldats furent faits prisonniers. Quant à l'armée
française, désorganisée, pourchassée par l'aviation allemande, elle dut accepter
sa défaite. Au fur et à mesure de l'avancée des troupes allemandes, des millions
de Français fuirent sur les routes à pied ou à vélo, emportant avec eux seulement
quelques bagages. On appelle exode cette fuite massive de la population française
devant les troupes allemandes.
Bientôt les armées allemandes arrivèrent à Paris. Fallait-il continuer de se battre
ou demander un armistice ? Le maréchal Pétain, chef de l'État français, opta pour
cette dernière solution. Le général de Gaulle, quant à lui, appela le 18 juin 1940
à la résistance depuis la radio anglaise, à Londres. L'armistice fut signé : la moitié
nord de la France fut occupée par l'Allemagne et la moitié sud demeura libre.
Pétain prnt sa tête et mit en place le régime de Vichy. De Gaulle organisa à Londres la
« France libre » : une armée de quelques milliers d'hommes.

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LES VICTOIRES DE t' AxE - H itler se mit à croire à une victoire totale en quelques
mois et décida d'envahir l'Angleterre qui, elle, continuait la guerre. Il commença
par bombarder Londres et d'autres villes de la côte sud de l'Angleterre sans inter-
ruption pendant des mois mais, faute d'un nombre suffisant d'avions et de bateaux,
il renonça. L'Allemagne s'était alliée à l'Italie et au Japon : cette alliance est appelée
l'Axe. Chaque allié s'était attribué une partie du monde. Mais Mussolini, qui devait
conquérir les pays méditerranéens,
fut vite en difficulté et Hitler dut
venir l'aider. Il envahit les Balkans
et la Grèce et débarqua des troupes
en Afrique du Nord pour menacer
l'Égypte anglaise. La résistance des
Anglais, menée par leur Premier
ministre Churchill, fut extraordi-
naire, si bien qu'Hitler se tourna
vers son autre objectif, la conquête
de vastes territoires à l'est. Il se mit
ainsi en tête d'envahir l'immense
URSS. L'opération « Barbarossa »
fut lancée le 22 juin 194 1. Hitler
lança quatre millions d'hommes
à l'assaut des plaines russes.
En quelques semaines, il était aux
portes de Moscou .. .

septembre 1939/ mai 1940


« Drôle de guerre »
3 septembre 1939 --.1
L'Angleterre et la France 18 juin 1940 Churchill constatant les dégâts
déclarent la guerre Appel du général de Gaulle
à l'Allemagne après un bombardement allemand
22 juin 1940
sur Londres.
1" septembre 1939 La France signe rArmistice
1nvasion de la Pologne
par l'Allemagne et l'URSS r --.........
22 juin 1941
Opération Barbarossa

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la Seconde Guerre mondiale (2)


'
LE TOURNANT DE LA GUERRE - A parti r de décembre 194 1, le cours de la guerre
fut modifié. Tout d'abord, les Japonais attaquèrent par surprise les Américains sur
leur base de Pearl Harbor dans le Pacifique. Ils y firent de tels ravages que le peuple
américain, pourtant hostile à la guerre, s'engagea en représailles dans la Seconde
Guerre mondiale. Quelques mois plus tard, en novembre 1942, les Anglais et les
Américains débarquaient en Afrique du Nord. Une importante armée française
commandée par le général Giraud se joignit à eux, et les Allemands furent repous-
sés vers l'Italie. Enfin , en février 1943, les Allemands durent capituler devant les
Soviétiques à Stalingrad après avoi r perdu des centaines de milliers d'hommes dans
une bataille d'une cruauté inouïe. Ces défaites allemandes marquèrent un tournant
dans la guerre.

LE RÉGIME DE VICHY - Plus de la moitié de la France était occupée par l'armée


allemande, et presque deux m illions de soldats français étaient prisonniers en
Allemagne. Pour éviter une invasion totale du pays, le régime de Vichy se plia à de
nombreuses demandes du régime nazi. Il dut laisser beaucoup de produnts agricoles
et industriels parti r vers l'Allemagne alors que la population française manquait de
tout En juillet 1942, 13 ooo Juifs étrangers furent arrêtés par la police française puis
enfermés au vélodrome d'Hiver à Paris avant d'être déportés dans des camps d'exter-
mination où presque tous moururent. C'est ce qu'on appelle la rafle du Ve/' d'Hiv',
un des épisodes les plus honteux du régime de Vichy. Une partie des Français
refusait ce régime de collaboration. Dès 1940, ils créèrent des réseaux de résistance
et organisèrent des attentats ou des sabotages contre les Allemands. Peu nombreux
et presque dépourvus d'armes, ils durent souvent vivre cachés dans les montagnes
et les forêts : on les surnommait les « maquisards » (le maquis est une zone de
végétation que l'on trouve dans les régions méditerranéennes).

LA VICTOIRE DES ALLIÉS - Parties d'Afrique du Nord, les troupes anglo-américaines


et françaises libérèrent la Tunisie, la Corse, la Sicile puis l'Italie. Elles débarquèrent
ensuite en Provence et remontèrent le Rhône jusqu'à l'Allemagne. Pour libérer le nord
de la France et écraser Hitler, les Alliés débarquèrent en Normandie le 6 juin 1944.
7 ooo bateaux venus d'Angleterre traversèrent la Manche. A ' leur bord, des Américains,

des Anglais, des Canadiens, et quelques troupes françaises et polonaises. Beaucoup


de soldats moururent sur les plages normandes mais leur assaut parvint à enfoncer
les lignes ennemies.

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Paris fut libérée le 25 août 1944 par les Américains et par la 2 e division blindée fran-
çaise du général Leclerc. Dans les mois qui suivirent, les armées soviétiques - plus
de 5 millions d'hommes -finirent de chasser les Allemands de Russie et parvinrent
jusqu'à Berlin. Ainsi prise en étau, l'Allemagne dut capituler le 8 mai 1945.
Mais la guerre continuait en Asie. Le Japon opposait une résistance farouche aux
Alliés. Les Américains décidèrent finalement d'employer une arme terrible, la
bombe atomique, qu'ils lancèrent sur les villes d'Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 9
août 1945. Le Japon, à son tour, capitula. Ce fut la fin de la guerre la plus meurtrière
de l'histoi re de l'humanité : elle avait causé 50 millions de morts.

Certains d'entre eux étaient morts dans des ci rconstances La bombe atomique lâchée
particulièrement atroces. En effet, en libérant l'Allemagne, à Hiroshima fit un nombre
astronomique de victimes.
on découvrit des dizaines de camps de concentration et
d'extermination. A ' partir de 1942, les nazis avaient

décidé d'appliquer la« solution.finale», c'est-à-dire de tuer tous les Juifs d'Europe.
En tout, entre 5 et 6 millions de Juifs moururent dans les camps. Mais ils ne furent
pas les seules victimes de la barbarie nazie : dans les camps se trouvaient également
des Tsiganes, des handicapés, des homosexuels et des opposants au régime.

6 juin 1944
février 1943 Débarquement allié en Normandie
Défaite allemande
à Stalingrad

décembre 1941
Attaque japonaise
sur Pearl Harbor
l 8 mai 1945
Capitulation de l'Allemagne
août 1945
La bombe atomique est lâchée sur Hiroshima et Nagasaki

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LES TE M PS CONTE MP O R A I NS

la guerre froide
LA FIN DE LA GRANDE ALLIANCE - A' la fin de la Seconde Guerre mondiale,

l'Eu rope était ruinée, en partie rasée à cause des combats et des bombarde-
ments, et occupée par les armées des vainqueurs, Occidentaux et Soviétiques.
Mais les pays qui avaient formé pendant
la guerre une grande alliance pour venir
à bout d e l'Allemagne hitlérienne se
jaugèrent avec méfiance après la victoire.
En effet, ils représentaient des systèmes
sociaux opposés. Les États-Un is et leurs
alliés européens étaient des démocra-
ties. L' URSS était une dictature commu-
niste qui avait aboli la propriété privée.
Les deux blocs s'opposèrent rapidement,
mais sans jamais s'affronter directement.
C'est ce qu'on appelle la« guerre froide».
Elle dura de 1946 à 1989.
Dans les régions d'Europe qu'ils avaient
libérées des nazis, les Soviétiques imposè-
rent partout des régimes communistes
calqués sur le leur. Dès 1946, l'Europe de
l' Est communiste et l'Europe de l'Ouest
furent séparées l'une de l'autre par un
« rideau de fer» infranchissable.

UN MONDE BIPOLAIRE - Les Américains


comprirent qu'ils devaient soutenir l'Eu-
rope de l'Ouest pour qu'elle ne bascule
pas du côté soviétique. Ils décidèrent de
lui prêter une importante somme d'argent
pour permettre sa reconstruction. C'est ce
qu'on appelle le plan Marshall. Puis, une
alliance militai re fut nouée entre pays
occidentaux, nommée Organisation du
traité de l'Atlantique nord (OTAN ). Dans les pays du bloc de l'Est, de nombreuses révoltes
survinrent pour protester contre le régime soviétique,
comme en Hongrie en 1956, lors du Printemps de Prague.

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De leur côté, les Soviétiques créèrent une alliance militaire en 1955, le pacte de
Varsovie. Les deux camps étaient prêts à se faire la guerre.
La situation de l'Allemagne était dramatique. Le pays fut coupé en deux. La partie
occupée en 1945 par les Américains, les Anglais et les Français devint
la République fédérale d'Allemagne (RFA). La partie occupée par les
Soviétiques devint communiste et prit le nom de République démo-
cratique allemande (RDA) . Même la ville de Berlin fut coupée en
deux à partir de 1961 par un mur fortifié (avec plusieurs enceintes,
des barbelés, des fossés, des miradors ... ) construit par les Allemands
de l'Est pour éviter la fuite de leurs citoyens vers la partie occidentale
de la ville.

LA CHUTE DE L'URSS - Américains et Soviétiques se menaçaient, se


concurrençaient, s'affrontaient indi rectement. Plusieurs fois la guerre
entre les deux puissances parut proche, mais elle n'eut jamais lieu, sans
doute parce que les dirigeants des deux ca mps se rendaient bien compte
qu'en cas de guerre atomique il n'y aurait pas de vainqueurs : tous les
pays seraient détruits. D'autre part, la supériorité technologique et éco-
nomique du camp occidental sur les pays communistes devint telle que
les Soviétiques eux-mêmes comprirent que leur système était mauvais
et devait être réformé. En 1985, un dirigeant soviétique, Mikhaïl
Gorbatchev, décida d'accomplir ces réformes. Il laissa les pays du bloc
de l'Est décider de leur sort par eux-mêmes. Bien vite, les habitants de
' Berlin, le mur fut ouvert
ces pays choisirent de rejoindre l'autre camp. A
le 9 novembre 1989. Après 40 ans de division, l'Allemagne put être réu-
nifiée. L' URSS disparut deux ans plus tard, en 1991 , et la plupart des
pays de l'ancien bloc de l'Est purent se préparer à entrer dans l'Union
,
europeenne.

1985
Mikhail Gorbatchev devient premier secrétaire
du Parti communiste en URSS
août 1961
Début de la 9 novembre 1989
1955 construction Chute du mur de Berlin
Pacte de Varsovie du mur de Berlin
3 octobre 1900
1946 Réunification de l'Allemagne

1r-
Le terme « rideau de fer »
est utilisé pour la 1991
première fois Chute de ruRSS

15 l
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LES TE MPS CO N TE MP O R A I NS

les décolonisations
UN NOUVEAU CONTEXTE - Les pays d'Europe étaient sortis affaiblis de la Seconde
Guerre mondiale. Aux yeux des peuples colonisés, ils avaient perdu une grande
partie de leu r prestige. Par ailleurs, certains soldats venant des pays colon isés
avaient participé aux combats pour la libération die l'Euro pe. Ils se demandèrent
pourquoi eux aussi ne recouvre raient pas leu r liberté. En conséquence, les pays
européens admirent p rogressivement qu'il leur fallait décoloniser les ancien nes
colonies pour bâtir avec elles de nouvelles relations, fondées sur la confia nce et
la coopération économique.

LA DÉCOLONISATION DE L'INDE - L'Angleterre occupait l'Inde depuis deux siècles.


C'était sa plus grande colonie, celle dont les Anglais étaient le plus fiers. Pourtant,
ils décidèrent de lui rendre son indépendance. D'abord, elle leur coûtait beaucoup
plus cher qu'elle ne leur rappor tait,
à une époque où la Grande-
Bretagne avait besoin d'argent
pour se reconstru ire ap rès la
Seconde Guerre mondnale.
D'autre part, l'opinion indienne
était désormais favorable à l'indé-
pendance. Elle avait été convain-
cue par un homme aux méthodes
origi nales, le Mahatma Gandhi,
qui luttait pou r l'indépe ndance
tout en refusant la violence.

Gandhi opposa une résistance pacifique


aux Britanniques, en boycottant
les produits anglais ou en bloquant
les transports. Ici, on voit des hommes
allongés sur les rails pour empêcher
le train d'avancer.

1789

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Gandhi.

La décolonisation de l'Inde ne fut pas


simple. Lord Mountbatten, gouve rneur
anglais, négocia les termes de la décolo-
nisation avec Nehru, qui était hindou,
et Ali J innah, qui était musulman. J innah
,
proposa qu'on sépare l'Inde en deux Etats,
l'un hindouiste, l'Inde, l'autre musulman,
que Jinnah nomma le Pakistan.
Douze millions de pe rsonnes du rent
déménager et, pendant plusieurs semaines,
il y eut une terrible guerre civile qui tua
des centaines de milliers de personnes.

LA FIN DES COLONIES FRANÇAISES - L'Algérie était la colonie française la plus proche
de la métropole. Découpée en trois départements, elle était française depuis plus
longtemps que Nice ou la Savoie. Près d'un million d'Européens y vivaient, qu'on
appelait « les pieds-noirs ». Les grandes villes algériennes étaient aussi modernes
que les villes françaises. Cependant, si de grands travaux avaient permis de mettre
en valeur ce pays, de nombreux Algériens d'origine étaient mécontents. Beaucoup
étaient des paysans qui vivaient loin du confort des villes.
Une guerre eut lieu de 1954 à 1962 à l'issue de laquelle le général de Gaulle signa
,
les accords d'Evian qui accordaient l'indépendance à l'Algérie. Tous les Français non
musulmans durent quitter le pays et aller s'installer en France.
Il y eut également une guerre en Indochine, non pas parce que la France s'opposait
à l'indépendance du Viêtnam, du Laos et du Cambodge, mais parce que des com-
munistes tentaient d'instaurer dans ces pays des régimes totalitaires qu'une grande
partie de la population rejetait. Cette guerre prit fin en 1954.
Enfin, la France favorisa l'indépendance des pays de l'Afrique occidentale et de
l'Afrique équatoriale françaises.

1946/ 1954 1954/ 1962


Guerre d'Indochine Guerre d'Algérie

1947 1960
Indépendance de l'Inde Indépendance des colonies françaises
et du Pakistan d'Afrique occidentale et équatoriale

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LES TE M PS CONTE M PO R A I NS

la construction
europeenne
,,Il

L'IDÉE D'EUROPE - Déchirée par deux guerres mondiales successives, l'Euro pe


était dévastée. Dans les années 1950, des hommes comme Jean Monnet et Robert
Schuman en France, Alcide de Gasperi en Italie ou Konrad Adenauer en Allemagne
voulurent que l'Europe connaisse une paix durable. Malgré les guerres, les pays
européens avaient beaucoup en commun : l'héritage gréco-romain, la civilisat ion
chrétienne et humaniste, le respect des arts et des sciences, le goOt des libertés
individuelles, le sens du droit et de la démocratie. Il semblait donc possible de
s'entendre sur ces valeurs. C'était d'autant plus facile que l'Europe avait déjà
été unie, soit politiquement, comme sous les Romains, Charlemagne ou Napoléon,
soit par la pensée avec le christ ianisme, l'humanisme et les Lumières.

LE TRAITÉ DE ROME - En 1954, Jean Monnet et Robert Schuman créèrent la CECA


(Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier). Il s'agissait pour la France et
l'Allemagne de mettre en commun leur production de charbon et d'acier, de sorte
qu'aucun des deux pays ne puisse préparer une guerre sans que l'autre soit immé-
diatement averti.
Devant ce premier succès, on décida de créer un« marché commun », c'est-à-dire
un ensemble de pays au sein desquels il serait possible de voyager et de commercer
librement. Le traité de Rome de 1957 institua la
,
CEE (Communauté Economique Européenne).
A ' l'origi ne, celle-ci comptait six membres

fondateurs : la France, l'Allemagne, l'Italie,


la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.
En 1973 , la Grande-Bretagne, l' Irlande et
le Danemark y entrèrent à leur tour, puis la
Grèce en 1980 et enfin l'Espagne et le Portugal
en 1986.

Le parlement européen et le drapeau


de l'Union européenne.

1789

154
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C

FRANCE

PORTUGAL

ESPAGNE

MALTE CHYPRE

Les 28 membres de l'Union européenne en 2015

L'AVENTURE EUROPÉENNE CONTINUE - Après la chute du mur de Berlin, de nom-


breux pays de l'Est voulurent adhérer eux aussi à l'Europe. Par le traité de Maastricht
voté en 1992, la CEE devint l'Union européenne et définit des règles pour devenir
membre de l'Europe. On compte, en 20 15, 28 pays membres de l'Union euro-
péenne. Le traité instaura également la citoyenneté européenne et décida la créa-
tion d'une monnaie commune, l'euro, qui vit le jour en 2002 et qui est utilisée par
19 des 28 pays de l'Union. Aujourd'hui, l'Union européenne compte 500 millions
d'habitants. Elle a son drapeau, bleu à étoiles dorées, et son hymne, l'Ode à la joie,
composé par Beethoven.

1980
La Grèce entre dans la CEE

1973 1986
La Grande-Bretagne. l'Irlande et L'Espagne et le Portugal
le Danemark entrent dans la CEE entrerit dans la CEE

1957 1992
Le traité de Rome Adoption du
institue la CEE traité de Maastricht

1954 2002
Mise en œuvre de la CECA Création de l'euro

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LES TEMPS CONTEMPORAINS

la science
aux XXe et XXle siècles (1)
Les hommes sont des explorateurs.
Lorsqu'ils eurent découvert toute la
planète, ils continuèrent, et continuent LES DÉCOUVERTES EN PHYSIQ.UE -Au xx siècle,
0

toujours, à explorer /'infiniment petit


on découvrit un nouveau monde, celui des
et /'infiniment lointain. atomes et de leurs composants, ainsi que les
lois qui régissent ces tout petits objets. On
s'aperçut d'abord que la matière est constituée
d'atomes, qui s'associent pour former des molécules, créant ainsi les différents
' l'intérieur des atomes se trouve un noyau et autour de ce
types de matières. A
noyau gravitent des électrons.
On se rendit aussi compte que la
lumière, les ondes radio et les
rayons X sont en réalité une seule et
même onde, mais qui vibre de façon
différente. Les scientifiques ont su
rapidement trouver des applications
pratiques à cette découverte.
Certains ont perfectionné la radio
et la te1évision, d'autres ont inventé
le GPS qui, grâce à de nombreux
satellites artificiels tournant
autour de la Terre, nous permet de
nous localiser et de nous orienter
partout sur la surface de la planète.
Les scientifiques conti nuent d'ex-
plorer !'infiniment petit et trouvent
des particules encore plus petites
que l'électron , comme les mésons
ou les quarks.

Albert Einstein, un des plus


grands savants du xx• siècle,
1885
a beaucoup étudié les atomes. Pasteur
met au point
le premier
vaccin

1789

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LA CHIMIE COMBINE LES ATOMES - La chimie s'intéresse elle aussi aux atomes. Cette
science a d'abord décrit les corps existants en comprenant leur composition. Elle a
ensuite permis de créer des corps qui n'existent pas dans la nature en réalisant de
nouvelles combinaisons d'atomes ou de molécules, comme les matières plastiques
fabriquées à base de pétrole. Regarde autour de toi la multitude d'objets en plastique
qui t'entourent. Personne n'imagine vivre sans eux, désormais.
Aujourd'hui, on sait également fabriquer des objets qu'on ne peut voir qu'au
microscope. Ce sont les nanotechnologies. Elles ont de nombreuses applications dans
l'industrie et la médecine.

LES PROGRÈS DE LA BIOLOGIE ET DE LA MÉDECINE - Comme toute chose, les hommes


sont faits de matière. ~ biologie a étudié cette matière vivante et a découvert que
nos organes sont constitués de cellules. Dans les années 1930 et 1940, de grands
savants ont découvert que ces cellules se reproduisent parce qu'elles possèdent un
ADN, c'est-à-dire de longues molécules qui sont différentes chez chaque être vivant.
Les gènes, qui sont des petites portions d'ADN, déterminent les caractéristiques
d'une personne, d'un animal ou d'une plante comme sa taille, sa couleur, etc.
En agissant sur les gènes, on s'est récemment aperçu qu'on pouvait lutter contre
certaines maladies génétiques, c'est-à-dire des maladies dont nous héritons à la
naissance.
La médecine a fait des progrès stupéfiants au cours du xx< siècle. On guérit
aujourd'hui facilement des maladies qui pouvaient tuer autrefois. Les vaccins et les
antibiotiques soignent des millions de personnes. L'imagerie électronique permet
d'explorer l'intérieur du corps. Les greffes d'organes sont désormais possibles. Avec
notre connaissance de l'ADN et l'utilisation de cellules souches (des cellules qui
peuvent s'autorenouveler), nous pourrons bientôt régénérer des organes malades.
Qui sait si nous ne serons pas immortels un jour ?

1945
Lancement de
1967
bombes atomiques Première greffe de
sur Hiroshima cœur humain
et Nagasaki

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LES TEMPS CONTEMPORAINS

la science
aux XXe et XXle siècles (2)
CoMMUNIQ.UER - Depuis la Seconde Guerre mondiale, on a inventé puis perfec-
tionné les ordinateurs, des machines qui permettent de traiter les informations.
La science des ord inateu rs est l'informatique. Dans les années 1970 e t 1980, des
informaticiens sont parvenus à relier des ordinateurs par des lignes téléphoniques
ou des ondes radio, créant ainsi un réseau appelé Internet. Cet outil ne cesse de
se développer, rendant la communication toujours plus facile et rapide aux quatre
coins du monde.
L'homme commence également à comprendre comment les animaux communiquent
entre eux. En étudiant le comportement des animaux par l'éthologie, une science
développée notamment par le savant allemand Konrad Lorenz, on comprend mieux
la façon dont les animaux s'expriment. Mieux encore, on est désormais capables
d'apprendre des mots humains à certains singes !

'
A LA DÉCOUVERTE DE L'INFINIMENT LOINTAIN - L'homme a toujours été fasciné
par le monde des astres, planètes ou étoiles. L'astronomie, la science des astres,
a fait aux xX" et xx,c siècles des progrès fulgurants. Nous avons su mesurer notre
distance aux étoiles, comprendre que nous vivons dans une galaxie immense
comportant des milliards d'étoiles, mais qu'il existe encore autour de nous des
milliards d'autres galaxies, ayant elles-mêmes des milliards d'étoiles !
Or, d'après les observations des télescopes de plus en plus puissants, les astronomes
ont remarqué que ces galaxies s'éloignent les unes des autres. L'univers est donc en
expansion, ce qui signifie qu'il devient toujours plus grand. Cela implique aussi
sans doute qu'il n'était au départ qu'un tout petit point. Il y a treize ou quatorze
milliards d'années, ce petit point aurait explosé et donné naissance à l'Univers.
C'est la théorie du Big Bang.
Parmi les accomplissements des hommes, la conquête de l'espace est l'un de ceux
dont ils peuvent être le plus fiers. Le 20 juillet 1969, l'Américain Neil Armstrong
a été le premier homme à marcher sur la Lune. Depuis, des véhicules perfectionnés
se sont posés sur Mars et d'autres ont exploré les plus lointaines planètes.

1789

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© La Librairie des Ecoles, reproduction et vidéoprojection interdites.
On a découvert qu'il existait des milliards d'autres planètes dans Neil Armstrong est
notre galaxie, dont des milliers peut-être sont à peu près semblables le premier homme
à é:IVüÎf JllèlfChé
à la Terre et pourraient abriter la vie. Plusieurs millions d'années
sur la Lune
après ses débuts, l'aventure humaine ne fait donc que commencer! le 20 juillet 1969.

1957 20 juillet 1969


Début de la conquête spatiale Les Américains se posent sur la Lune

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Ce livre est inspiré du Manuel d'histoire Cycle 3 de Philippe Ne1no
paru en 20 12 à la Librairie des Écoles.

C RÉDITS ICONOGRAPH IQU ES

PAGE 8 : LEEMAGE

PAGES 11, 14 à 38, 43, 45 à 47, 50 à 52, 57 à 66, 72, 78 à 86,


91 à 128, 130à 153, 156à 159: loOKANDLEARN

© La Librairie des Ecoles, reproduction et vidéoprojection interdites.


© La Librairie des Ecoles, reproduction et vidéoprojection interdites.
L'histoire universelle, de la Préhistoire à nos jours,
avec ses héros, ses inventeurs, ses souverains,
ses récits légendaires, ses trésors enfouis et ses richesses ...

L' histoire du monde, c'est avant tout l'histoire des


hommes qui l'ont fait: celle des hommes préhistoriques,
,
des Mésopotamiens, des Egyptiens, des Hébreux, des Grecs,
des Romains, des Chinois, des Européens, des Aztèques ...
Chaque peuple, chaque civilisation a permis de bâtir
notre monde contemporain. Pour sortir de la nuit, de la
violence, de la misère ou de l'ignorance, les hommes ont,
pendant des millénaires, construit le monde qui nous
entoure et inventé la science, l'art, la justice et la sagesse.
En lisant ce livre, vous comprendrez comment les cultures
se sont rencontrées, se sont combattues et se sont nourries
de leurs échanges, vous découvrirez les noms des grands
inventeurs, des souverains, des artistes et des explorateu rs
qui ont modifié le cours de l'histoire au-delà des frontières.

ISBN: 978-2-369400-5 5-4

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9 782369 400554

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