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télévision de Ouagadougou
FESPACO
Festival panafricain
du cinéma et de la télévision
de Ouagadougou
Alimata Salembéré
Prix principal Étalon de Yennenga
Édition courante FESPACO 2019
Durée 8 jours
(tous les 2 ans, entre février et mars)
Direction générale Alex Moussa Sawadogo
Ouagadougou
Lieu
Burkina Faso
Site web www.fespaco.bf [archive]
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Présentation
L’objectif du festival est de « favoriser la diffusion de toutes les œuvres du cinéma africain,
de permettre les contacts et les échanges entre professionnels du cinéma et de l'audiovisuel, et
de contribuer à l'essor, au développement et à la sauvegarde du cinéma africain, en tant que
moyen d'expression, d'éducation et de conscientisation »2.
Historique
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Comment faire ?
Ouagawood est le nom donné à l'industrie cinématographique africaine dont les films sont
présentés à Ouagadougou lors du FESPACO3,4.
Employé pour la première fois par des journalistes de la BBC3 et du quotidien La Libre
Belgique lors du FESPACO 20114, le terme « Ouagawood » est un mot-valise combinant
Ouaga, le diminutif de « Ouagadougou », capitale du Burkina Faso, et celui d'un autre
symbole de l'industrie cinématographique, en l'occurrence américaine : « Hollywood »
(suivant le même modèle que les expressions Bollywood et Nollywood). Outre le symbole, ce
dénominatif reste encore très peu usité.
Éditions
3e FESPACO (1972)
4e FESPACO (1973)
Grand prix (Étalon de Yennenga) : Les Mille et Une Mains de Souheil Ben Barka
(Maroc)
Prix de l'authenticité africaine : Identité de Pierre-Marie Dong (Gabon)
Prix du 7e art : Décembre de Mohammed Lakhdar-Hamina (Algérie)
Prix de consolation : Le Sang des parias de Mamadou Djim Kola (Haute-Volta)
Prix du court métrage : Accident de Benoit-Maurice Ramampy (Madagascar)
Félicitations du jury : Oumarou Ganda (Niger)
5e FESPACO (1976)
6e FESPACO (1979)
7e FESPACO (1981)
8e FESPACO (1983)
9e FESPACO (1985)
Grand prix (Étalon de Yennenga): Au nom du Christ de Gnoan Roger M'Bala (Côte
d'Ivoire)
Prix Oumarou Ganda : Gito l'ingrat de Léonce Ngabo (Burundi)
Prix du meilleur court métrage : Denko de Mohamed Camara (Guinée)
Prix du meilleur film documentaire : Femmes d'Alger de Kamal Dehane (Algérie)
Prix spécial du jury (longs métrages) : Les Étrangers de Djim Kola (Burkina Faso)
Prix spécial du jury (courts métrages) : Boxumalen d'Amet Diallo (Sénégal)
Prix Paul Robson de la diaspora : Lumumba : la mort d'un prophète de Raoul Peck
(Haïti)
Prix d'interprétation féminine : Maysa Marta dans Les Yeux bleus de Yonta (Guinée-
Bissau)
Prix d'interprétation masculine : Joseph Kumbela dans Gito l'ingrat (Burundi)
Prix du meilleur scénario : Contre le gouvernement d'Atef el-Tayeb (Égypte)
Prix du meilleur montage : Bezness de Nouri Bouzid (Tunisie)
Prix de la meilleure image : Sankofa de Hailé Gerima (Éthiopie)
Prix de la meilleure musique : Cheick Tidiane Seck pour Yelema (Mali)
Prix du meilleur son : Quartier Mozart de Jean-Pierre Bekolo (Cameroun)
Longs métrages
Courts métrages
Prix du meilleur court métrage de fiction : On the Edge de Newton Aduaka (Nigeria)
Prix du meilleur documentaire : Hot Irons d'Andrew Dosunwu (Nigeria)
Prix Paul Robeson (diaspora) : Blue Note de Rahdi Taylor (États-Unis)
Sont listés ci-dessous les récipiendaires par nationalité du grand prix Étalon de Yennenga. Le
prix initial a connu une séparation en trois prix (Étalon d'or, d'argent et de bronze) a partir de
l'édition 2005.
Colin Dupré, l'auteur du premier ouvrage historique consacré au Fespaco : "Le Fespaco, une
affaire d'Etat(s). 1969-2009". Siegfried Forster / RFI
Texte par : Siegfried Forster
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Le Fespaco, une affaire d’Etat(s), c’est le premier livre sur les quarante ans d’histoire du plus
grand festival cinématographique panafricain. Le jeune historien de cinéma Colin Dupré a
travaillé pendant quatre ans pour publier cet ouvrage historique qui servira comme référence
pour tous les inconditionnels du Fespaco et du cinéma en Afrique. Il aborde également les
aspects culturels et politiques du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de
Ouagadougou qui se déroule tous les deux ans dans la capitale du Burkina Faso. La 23e
édition aura lieu entre le 23 février et 2 mars. Entretien.
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C’est justement le caractère extraordinaire de ce festival. Le Fespaco est né en 1969 sans qu’il
n’y ait aucune structure de cinéma dans ce pays qui s’appelait à l’époque la Haute-Volta, et
sans qu’il n’y ait aucun réalisateur voltaïque. Pourquoi le festival est né au Burkina ? Tout
simplement, parce que, en 1968, au Centre franco-voltaïque, le ciné-club dynamique du
CCFV s’est rendu compte qu’il existait pas mal de films africains, mais que les populations
africaines – y compris les Ouagalais – ne voyaient aucun film africain. L’idée leur est venue
d’organiser une petite semaine de cinéma africain, dont l’unique objectif était de montrer des
films africains aux populations africaines, en particulier au Burkina Faso. C’est vraiment par
militantisme culturel et populaire que le Fespaco est né en 1969. Après, il y avait d’autres
considérations, mais ce festival est né parce qu’il n’y avait pas de réalisateurs et pas de
structures et que les films ne passaient pas au Burkina Faso.
Le festival avait plusieurs tâches primordiales pour le cinéma africain. D’abord, cela a été de
permettre une amorce de décolonisation des écrans. Jusqu’au milieu des années 1970, les
écrans africains ne montraient aucun film africain, parce que les sociétés de distribution
étaient des sociétés françaises qui se servaient de copies usagées qui avaient déjà tourné, pour
les passer ensuite en Afrique. Pour ces sociétés, c’étaient des bénéfices purs. Passer un film
africain, cela coûtait cher, parce qu’il fallait rentabiliser la copie. La principale tâche du
festival a été alors de décoloniser les écrans. La deuxième tâche était de fédérer les cinéastes
dans un endroit au sud du Sahara. Il y avait déjà les Journées cinématographiques de
Carthage (JCC), mais le Fespaco a fédéré les cinéastes et cela a participé à un mouvement
culturel en Afrique. La deuxième tâche très importante du Fespaco était de participer au
mouvement et à l’ébullition culturelle des années 1970 et 1980.
Le Fespaco fête sa 23e édition. Pourquoi, malgré cette continuité, le cinéma africain
souffre d’une production faible, d’une distribution souvent inexistante et de moyens
insuffisants ?
Colin Dupré : "Le Fespaco, une affaire d’Etat(s). 1969-2009." Editions L’Harmattan
Les raisons sont surtout financières, parce que la production n’est plus si faible maintenant.
Cette année, on voit au Fespaco 101 films. Elle reste faible comparé à d’autres zones
géographiques, mais cela a été bien pire il y a quelques années. Le vrai problème c’est la
production et la distribution des films qui coûtent excessivement chers, parce qu’aucun
partenaire étranger ne se mobilise pour ces films. « Aucun », c'est peut-être exagéré, mais il y
a très peu de partenaires étrangers et les télés africaines ne mettent pas beaucoup de sous. Et
quand elles le font, c’est parfois au détriment des réalisateurs. Le principal problème est
financier. Il ne faut pas oublier qu’on est en pleine crise. On est sur un continent où la priorité
n’est pas au cinéma. Donc c’est difficile de faire des films. Je crois qu’il faut saluer l’effort
constant depuis 44 ans du Burkina Faso qui finance son cinéma, qui se mobilise avec un
dynamisme assez extraordinaire pour les cinémas africains avec ce festival, même si cela reste
encore un peu minoritaire.
Malheureusement les cinémas africains ont du mal à s’exporter, parce qu’ils ne rentrent pas
toujours dans le format hollywoodien qui domine les écrans et qui empêche la diversité des
cinémas. Les mêmes problèmes se posent avec les films d’Amérique du Sud ou asiatiques, qui
connaissent un peu plus de succès, mais on a du mal à les voir sur des grands écrans en
Occident. Le vrai problème, c’est que les films africains ont aussi du mal à passer sur les
écrans en Afrique, sur leurs territoires de prédilection. C’est avant tout pour des raisons
financières.
Cinéma africain et politiques publiques en Afrique est le thème principal de cette 32e
édition. Est-ce que le Fespaco a joué un rôle décisif pour influencer la politique
culturelle d’un pays africain ou de l’Afrique en général ?
Très clairement, et cela dès le début. En 1970, la Haute-Volta nationalise ses salles de cinéma,
à cause d’un différend avec les entreprises de distribution. En nationalisant leurs salles, ils
ouvrent une brèche. Dans les années qui suivent, beaucoup de pays – surtout en Afrique de
l’Ouest, mais pas seulement – nationalisent à leur tour les salles de cinéma, se dotent
d’organes et de structures de distribution, de production de cinéma. C’est le cas du Mali, du
Sénégal, du Bénin. Cela a été aussi le cas pendant la révolution, entre 1983 et 1987, puisque le
Burkina Faso avait une politique très volontaire envers sa cinématographie, mais aussi envers
les cinématographies des autres pays africains. Le Fespaco a eu un impact très clair sur les
structures de la politique culturelle africaine, sur des manifestations qui ont été créées en
réponse au Fespaco et aussi grâce à la Fepaci [Fédération Panafricaine des Cinéastes, ndlr]
qui est en ce moment dans une passe un peu compliquée, mais qui a été toujours très liée au
Fespaco. Ce jumelage entre la Fepaci et le Fespaco a permis aussi de continuer et de
pérenniser ce dynamisme dans les cinémas africains et ce mouvement continental.
Siegfried Forster
Le Fespaco a été souvent critiqué, il y a de plus en plus d’autres festivals sur le continent
africain. Est-ce que cela renforce ou affaiblit le Fespaco ?
Je m'abonne Je ne sais pas si les critiques affaiblissent le Fespaco, par contre, cela montre ses
faiblesses. La principale critique envers le Fespaco c’est bien évidemment son organisation
qui défraye la chronique à chaque édition et tout particulièrement les trois dernières éditions.
Pourquoi ? Parce que c’est compliqué d’organiser un festival à un million de festivaliers, avec
3 000 journalistes invités, sans compter les délégations. C’est très compliqué et très cher.
L’argent arrive souvent après le festival, ce qui oblige le Fespaco à avoir des dettes et des
ardoises en millions d’euros. A certaines époques, le festival travaillait d’une manière un peu
artisanale. Beaucoup de cinéastes disent que c’est scandaleux d’arriver à des états de
désorganisation semblable après deux ans de préparation. Certaines personnes sont là, mais
cela n’est pas leur métier. Il y a très peu de formations en expertise, en médiation culturelle,
en montage de projet culturel ou en événementiel en Afrique. Ils ont tous une extraordinaire
bonne volonté, mais cela ne se suffit pas toujours.