Chapitre 2 - Constructions Parasismiques

Constructions
parasismiques
Nadjia Mihoubi Baouche
Ecole Nationale Polytechnique

Département de Génie Civil
Constructions parasismiques
Partie A: Effets des séismes sur les constructions

Conception parasismique
Partie A
Comprendre comment les bâtiments réagissent à une agression

sismique pour concevoir une construction parasismique
Partie A
Peut-on éviter l’effondrement des ouvrages après le passage d’un séisme

majeur?
Les leçons tirées des séismes passés montrent, qu’en général, les séismes ne font de
victimes qu’à travers le mauvais comportement des constructions édifiées par l’homme.
La quasi-totalité des pertes matérielles ou économiques qu’ils entrainent sont les

conséquences directes ou indirectes des dommages qu’ils infligent aux constructions et à
leur contenu.
Une construction antisismique qui résisterait jusqu’au bout à tout séisme n’existe pas.
Mais, une construction parasismique , c’est avant tout une construction qui vous sauve la
vie en limitant les désordres structurels.
Partie A
Que veut dire construire parasismique?

Construire parasismique, c’est:
▪ Limiter les conséquences directes d’un séisme, c’est-à-dire l’effondrement
des constructions sans pour autant éviter les désordres réparables ou non.
▪ Limiter les conséquences indirectes, autrement dit, assurer la continuité du

fonctionnement de tous les services de secours et de soins aux victimes.
▪ Eviter les conséquences induites, c’est-à-dire, faire en sorte que des

désordres mêmes limités dans certaines constructions n’entrainent pas des
répercussions graves pour l’environnent.
Partie A
Une construction parasismique, c’est donc:

▪ Une implantation judicieuse (effet de site, effet induit)
▪ Une conception architecturale parasismique (architecture favorable à la

résistance aux séismes, et tenant compte de l’effet du site)
▪ Une application rigoureuse des normes parasismiques en vigueur

(dispositions constructives, dimensionnement adéquat)
▪ Une mise en œuvre soignée (matériaux de construction de qualité,

exécution dans les règles de l’art)
Partie A
Quels sont les effets des séismes?

▪ Effets directs
▪ Effets indirects ou induits
1) Effets directs (déformations résultant du passage des ondes sismiques)
Si le sol est rocheux, homogène, ces effets ne dépendent que de l'énergie du
séisme et de la distance épicentrale: on parle d'effet « rocher horizontal ».
Si le sol est meuble, les secousses sismiques peuvent être amplifiées d’un
facteur pouvant atteindre 10. Cette particularité explique le fait qu’il puisse y
avoir des dégâts plus importants loin d’un épicentre qu’à sa proximité. Ce fut le
cas à Mexico City en 1985 et à San Francisco en 1989.
→ Modification du signal vibratoire (amplitude, fréquence) par:

- les déformations du sol au voisinage des failles si celles-ci amplifient
les vibrations. De telles failles sont appelées ''failles actives'';
- la topographie et la géologie du terrain : on parle alors ''d'effet de
site''.
Partie a
1.1) Faille active

Faille ayant été récemment le siège d'un séisme (pour un géologue, il y a moins de
quelques milliers d'années) ou est susceptible de l'être dans un futur proche (même laps
de temps)
→ Les ouvrages fondés sur ces failles ou au voisinage risquent de graves désordres
Rejet vertical (El Asnam, Algérie 1980) Rupture de surface (Chi-Chi, Taiwan 1999)
Partie A
1.2) Effets de site

Deux grands ensembles d'effet de site :
- Effets topographiques (sommets des buttes, falaises, rebord des plateaux,..)
- Effets liés à la structure et à la nature du sous-sol
→ Modification plus ou moins significative du signal sismique par un site pouvant

amplifier les accélérations du sol pour certaines fréquences
Partie A
2) Effets induits
Ce sont les mouvements de sol ou d’eau provoqués par le passage d'un séisme comme:
- Glissements, éboulements, tassement, liquéfaction, etc.
- Tsunami, phénomène se produisant lorsque la rupture de la roche a lieu au
fond de la mer.
Partie A
Effets induits = mouvements de terrain
Affaissement Eboulement
Glissement
Partie A
Glissements de terrain
Bâtiments parasismiques
300 habitations ensevelies
Séisme de Kobé, Japon 1995 Séisme du Salvador, 2001

Partie A
Effets induits = liquéfaction
Sols liquéfiables = sables fins lâches saturés d’eau Identification des sols obligatoire
Partie A
Effets induits = liquéfaction
Séisme de Niigata (Japon, 1964)

Partie A
Comment expliquer ce phénomène?

La résistance d'un sol au cisaillement est donnée par la relation :
ɸ = angle de frottement interne
(σ - μ) = pression effective
τR = (σ - μ) tgɸ →
μ = pression interstitielle de l'eau contenue dans le sol
σ = pression déjaugée
Comme la mise en mouvement du sol entraine une montée de la pression interstitielle μ, il y a donc
une diminution de la résistance τR du sol jusqu'à annulation, soit: τR = (σ - μ) tgɸ = 0
Un matériau sans résistance au cisaillement se comporte comme un liquide, d'où le terme

liquéfaction du sol.
Facteurs favorables à l'apparition de ce phénomène :

- une énergie de vibration importante (fort séisme) nécessaire pour élever significativement
la pression interstitielle μ,
- un sable fin à moyen, de densité élevée, à grains arrondis (faible cohésion) et saturé d'eau.
Partie A
Comment traiter un sol liquéfiable ?

Plusieurs procédés de traitement existent ,comme:
- Consolidation statique par injection: Procédé souvent utilisé pour les terrains sableux,
limoneux, argileux, humides et saturés dans le but d’augmenter le niveau de contrainte entre les
grains (jusqu’à éliminer les paramètres responsables de la liquéfaction)
- Consolidation par vibro flottation: Applicable aux sols granulaires non cohérents (sables
et graviers)
- Consolidation par vibro substitution ou colonnes balastées: Applicable aux sols

cohérents (limons et argiles) lorsque la profondeur du sol à traiter est supérieure à 4 mètres
- Fondations de la construction au-dessous des couches liquéfiables en tenant compte

du sol liquéfié
Partie A
Consolidation statique par injection ←Pompe à mortier
←Tubage en attente
← Forage
Principe de la méthode statique:
Couche à traiter ↑ 1) Forage de la première phase:
Mortier injecté Reconnaissance supplémentaire du terrain à
traiter
↓
2) Injection de la première phase: Contrôler,

tout en étudiant la réaction du sol, le volume
Nadjia MIHOUBI BAOUCHE
Forage:
injecté pour une tranche de profondeur
1ére phase donnée
2éme phase 3) Poursuite des injections avec une

évaluation des améliorations des
3éme phase caractéristiques du sol traité (module de
déformation, ..)
Maillage des injections en trois phases

Partie A
Principe du compactage dynamique par vibroflottation**

1) Descendre dans le sol un vibrateur actionné par une grue, qui sous l’effet de son poids propre, des vibrations
et du lançage d’eau atteint la profondeur souhaité
2) Injecter dans la cavité créée un materiau d’apport (sable ou gravier) sans retrait de sol
3) Répéter l’opération selon un maillage prédéfini
** Ce procédé ne permet pas de suivre « pas-à-pas » les améliorations des caractéristiques du sol , et ne peut pas
s’appliquer pour les couches de terrain se trouvant à une profondeur dépassant les 20 mètres.
Partie A
Principe du consolidation dynamique par vibro substitution ou colonnes ballastées

1) Introduire dans le sol un vibrateur actionné par une grue jusqu’à atteindre la profondeur désirée
2) Eliminer au fur et à mesure les boues qui remontent à la surface pour la substitution du sol
3) Mettre en place le matériau d’apport à gros grains une fois le vibrateur retirer
4) Compacter à nouveau au moyen du vibrateur. Répéter l’opération selon un maillage pré défini **
** Le maillage, crée sur le site par les colonnes de matériaux à granulométrie incompatible avec le phénomène de
liquéfaction, suffit à drainer le sol de la zone protégée.
Partie A
Effets induits = Tsunami
Lorsque le mouvement relatif des bords de la faille est de type coulissage vertical et qu'il a lieu au
fond de la mer, il entraine soit une aspiration d'eau (si le fond descend d'un côté de la faille, l'autre
côté restant fixe), soit à une poussée appliquée à l'eau (si le fond monte d'un côté de la faille,
l'autre côté restant fixe). Ce phénomène provoque une formation d'onde à la surface de l'eau
(vague); cette vague se propage depuis la zone épicentrale sur des centaines de kilomètres. Pour
des séismes majeurs, cette vague peut atteindre une hauteur de 10 mètres.
Le tsunami est l'effet du déferlement de cette vague sur la côte entrainant avec elle la destruction
de constructions, de bateaux, etc.
Partie B: Conception parasismique

Comment se comporte une construction sous l’effet des séismes?
1) Effets des oscillations horizontales
2) Effets des oscillations verticales
3) Effets de la torsion
1) Effets des oscillations horizontales

▪ Rigidité latérale plus faible /verticale → Effet de la composante horizontale prépondérant
▪ Différents types de sollicitations → Flexion, traction, cisaillement et torsion
▪ Nature des éventuels dégâts → Fissuration, fractionnement, écrasement, éclatement,

effondrement
Effets des oscillations horizontales
Fissures en forme de croix à 45° dues à des efforts de cisaillement (Hôtel Mercure, Algérie 2003)
2) Effets des oscillations verticales

2.1) Effets de la composante verticale
- Non négligeable dans les zones proches de l’épicentre
- Dangereuse pour les éléments de grande portée et les éléments en porte-à-faux
2.2) Différents types de dégâts

- Arrachement de charpentes
- Projection d’équipements
- Basculement des constructions
Effets des oscillations verticales
descendante des grains sur la paroi) du séisme
Ecrasement du béton du à la flexion sous l’action de la composante horizontale et verticale (poussée descendante
des grains sur la paroi) du séisme
Silo de stockage de blé (Corso, Algérie 2003)

3) Effets des oscillations de torsion

structurelle
Deux types de torsion
accidentelle
Torsion → engendrée par les déplacements horizontaux du sol lorsque le centre de

masse ne coïncide pas avec le centre de torsion d’ensemble
3.1) Torsion structurelle

- Stabilisation (contreventement) excentrée
Noyau de contreventement
●G
e
Réaction Action sismique
e = excentricité (bras de levier du couple de torsion)

Torsion d’ensemble G = centre de gravité
C = centre de résistance aux actions latérales
Contreventement en forme de L
Torsion d’ensemble
●G
Action
Réaction ●C
e
Contreventement en forme de U
Réaction ●C
e
Torsion d’ensemble
●G
Action
Exemples de contreventements excentrés
Rez-de-chaussée avec un seul voile très rigide Noyau de contreventement très excentré
- Formes irrégulières (bâtiments de largeur variable)
Différence de rigidité
3.1) Torsion accidentelle

- Déplacements différentiels du sol
Déplacements horizontaux du sol
Déplacements verticaux du sol

- Déplacements accidentels du centre de gravité ou du centre de torsion (défauts
d’exécution, charges temporaires, transformations, défaillances progressives durant le séisme,..)
Effets des oscillations de torsion
Dommages dus à la torsion d’ensemble
Séisme de Kobé, Japon 1995 Séisme d’El Asnam, Algérie 1980

Quelles sont les règles élémentaires d’une conception architecturale parasismique?

A) Simplicité et continuité de la structure : un système porteur et une stabilisation
continue (contreventement) jusqu’au sol
Répartition correcte des charges sismiques sur les éléments porteurs
Continuité structurale
Optimisation maximale du comportement dynamique de la structure
Eviter les discontinuité dans la stabilisation

B) Symétrie en plan suivant deux directions et simplicité → Réduction considérable de

la torsion d’axe vertical
Attention : (1) Deux systèmes avec des raideurs différentes engendrent des concentrations de
contraintes au niveau de la liaison → Dommages dans les angles rentrants
Selon le RPA99/2003, pour limiter au maximum l'effet de la concentration des contraintes, les
saillies ne doivent pas dépasser au total le quart du côté du bâtiment concerné. Soit:
- b + c ≤ 0.25 LX Déformation du bâtiment
- a ≤ 0.25 LY
a
LY
Concentration de contraintes
Déformation du bâtiment
b c
LX
Formes irrégulières en plan
Formes irrégulières en plan → Dommages au niveau des angles rentrants
Séisme de Kobe, Japon 1995 San Fernando, Californie 1971

(1) Bâtiments de grandes dimensions en plan ou bâtiments allongés → Risque de dommages

dus aux déplacements différentiels du sol
Extrémités du bâtiment allongé endommagées (Séisme de Colfiorito, Italie 1997)

Bâtiment allongé (longueur/largeur >3)
Dommages dus aux déplacements différentiels (San Fernando, Californie 1971)

(3) Constructions symétriques cylindriques en maçonnerie à éviter

Comment améliorer le comportement des constructions comportant des

ailes (saillies ou des retraits)?
Les solutions visant à minimiser au maximum les inconvénients des ailes sont:
- séparer par des joints parasismiques,
- renforcer des angles rentrants,
- rigidifier les zones flexibles,
- donner une variation progressive de la forme ,
- ou bien installer des isolateurs (isolation parasismique).
B-1) Joints parasismiques

- Solution coûteuse surtout si le bâtiment est élevé , et où le joint doit être réalisé sur
toute la hauteur. Ils doivent être vides de tout matériau , et de préférence ne coupent pas les
fondations sauf quand ils jouent également le rôle de joint de tassement.
- Largeur du joint fonction de la déformation maximale des bâtiments adjacents avec

les minima suivants:
4,0 cm en zones I et IIa
6,0 cm en zones IIb et III
Partie B : Conception parasismique
Séparation par des joints parasismiques

Largeur de joint insuffisante: martèlement et effondrement (Tidjalabine, Algérie 2003)

B-2) Variation progressive de la forme

Adoucir les angles par une forme plus fluide du bâtiment : Solution partielle mais efficace, très
utilisée
Variation progressive de la rigidité

B-3) Renforcement des angles rentrants

Solution fréquemment utilisée aux Etats-Unis et au Japon, et qui consiste à surdimensionné les
éléments verticaux de stabilisation au niveau des angles rentrants.
Solution délicate à mettre en œuvre, et le renforcement des angles risque de former des points
durs pouvant « attirer » les sollicitations sismiques.
Renforcement des angles rentrants
↙
B-4) Ajouts de palées de stabilité

Rigidifier les zones flexibles en ajoutant des palées de stabilité (murs de contreventement, palées
triangulées, noyaux fermés,…).
Ajouts de noyaux fermés pour rigidifier les zones flexibles

B-5) Isolation parasismique

Interposer entre la superstructure et les fondations (ou sous sol) des appareils d’appui dits
« isolateurs » destinés à supporter les déplacements imposés à la construction par le séisme
sans dommage.
Avantages des isolateurs :

- Supportent de grandes forces, des dizaines voire des centaines de tonnes par élément,
permettant ainsi une réduction considérable des charges sismiques par niveau ( divisées par 5
ou plus suivant les caractéristiques des isolateurs).
- Permettent un déplacement horizontal de l’ordre de 10 cm, minimisant par conséquent les
déformations et les concentrations de contraintes dans la superstructure.
Principe de fonctionnement de deux types d’appuis
a) Appui à déformation b) Appui pendulaire à glissement

C) Symétrie et simplicité en élévation (ou variation progressive des dimensions

horizontales du bâtiment et de la structure)
Attention: (1)Des formes irrégulières en élévation donnent lieu à des oscillations différentielles
pouvant entrainer des concentrations de contraintes au niveau des retraits d’autant plus grandes
que les retraits sont importants.
Changement brusque de la section Concentration de
contraintes
a) Structures régulières b) Structures irrégulières
Recherche de la continuité en élévation

→ L’absence de simplicité et de symétrie est généralement plus préjudiciable en élévation

qu’en plan.
Des constructions correctement mises en œuvre, mais avec des dimensions horizontales ne variant
pas avec la hauteur, subissent habituellement moins de dommages sismiques que celles
présentant des volumes en saillie ou en retrait, ou comportant des transparences.
→ L’importance des dégâts varie avec le type de dissymétrie ou de complexité comme la

présence de:
- niveaux avec retrait,
- éléments ou niveaux en porte-à-faux,
- configuration de type « pendule inversé »,
- niveau souple,
- poteaux courts.
Comment corriger les irrégularités en élévation (retraits, niveaux souples,

éléments en porte-à-faux, poteaux courts)?
C.1) Pour un niveau avec retrait → Trois possibilités
- joint parasismique
- variation progressive de la rigidité
- ou renforcement des angles rentrants

Séparation par un joint parasismique
Joint parasismique
Concentration de
contraintes au niveau
des angles rentrants
Changement brutal de la rigidité (Cap Genet, Algérie 2003)

Variation progressive de la rigidité

Selon le RPA99 version 2003, la variation des dimensions en plan de deux niveaux successifs ne doit
pas dépasser 20% suivant les deux directions de calcul avec L ≤ 1.5 l (L = plus grande dimension
latérale, et l = plus petite dimension du bâtiment)
BN BN
Bi B'
H
Bi-1 Bi
Bi-1
H/6
B' B' B'

𝐁𝐍 𝐁𝐢 𝐁′ 𝐁𝐍 𝐁𝐢
≥ 0.67 et ≥ 0.80 ≥ 0.67 ≥ 0.67 et ≥ 0.80
𝐁 𝐁𝐢−𝟏 𝐁 𝐁 𝐁𝐢−𝟏
Figure A2: Limites des décrochements en élévation

Limites des décrochements en élévation
=
C.2) Pour les niveaux avec porte-à-faux: deux cas possibles

- Portée du porte-à-faux ≤ 2 mètres → Dommages sismiques négligeables
- Portée > 2 mètres → Risque de rupture et d’effondrement

En zone de forte sismicité : éviter les porte-à-faux ou limiter leur portée à 2 mètres environ, avec
un ferraillage adéquat tenant compte des deux composantes du séisme (horizontale et verticale).
C.3) Pour les configurations de type « pendule inversé »
Quatre solutions envisageables:

- Voiles en béton armé
- Variation progressive de la forme
- Résistance de forme
- Base élargie
Voiles en béton armé

Variation progressive de la forme Résistance de forme

Partie B Conception parasismique
Base élargie
61
Variation progressive de la rigidité Résistance de forme

Comportement en pendule inversé
Centre de gravité surélevé

Bras de levier important
Risque de renversement
Effondrement dû à la variation brutale de la masse et de la rigidité (Séisme d’El Asman, Algérie 1880)
C.4) Pour les constructions comportant un niveau souple (niveau avec une rigidité
latérale différente de celle des autres niveaux)
Conséquences de la présence de niveaux souples

Cisaillement des poteaux du rez-de-chaussée (niveau transparent): effondrement en « mille feuilles »

Conséquences de la présence de niveaux souples

Modes de ruine
e
Comment éviter l’effet de niveau souple?

Il suffit de conférer à ce niveau une rigidité comparable à celle des autres niveaux, à savoir:
- Contreventement en façade
- Variation progressive de la rigidité du niveau transparent
- Palées de stabilité métalliques en retrait de la façade
- Réduire la rigidité des autres niveaux (portiques avec façades et cloisons non rigides)
Contreventement en façade
Variation progressive de la rigidité horizontale

C.5) Pour les bâtiments avec des poteaux courts ou effet d’éléments courts (poteaux
de faible hauteur ou « bridés » par d’autres éléments)
Fissures en forme de croix caractéristiques des ruptures par effort tranchant

Vide sanitaire → poteaux courts
Vides sanitaires (El Asnam, Algérie 1980)

Poteaux courts → Grande résistance à la flexion → Rupture brutale par effort tranchant alors
que le moment de plastification n’est pas encore atteint
≤ Mrup
Rupture par cisaillement
≤ Mrup
Comment éviter l’effet d’éléments courts ?

Parmi les solutions les plus frequemments utilisées, on distingue:
- Contreventement par voiles en béton armé en façade ou à l’intérieur du bâtiment
- Remplissage avec une rigidité nettement inferieure à celle des poteaux (bois ou métal)
- Conception des poteaux conformes aux règles de dimensionnement en capacité où l’effort

tranchant étant majoré en tenant compte de limite de résistance de l’armature verticale
D) Hyperstaticité et monolithisme
Degré d’hyperstaticité d’un ouvrage (éléments porteurs en excès ) = Nombre de ruptures
qu’il peut supporter sans perte de stabilité d’ensemble
Structures hyperstatiques → Résistance aux séismes augmente → Rupture des

éléments redondants n’entraine pas l’effondrement
Monolithisme (structures isostatiques) → Rupture d’un élément porteur déstabilise

l’ouvrage
Structures isostatiques
Structure isostatique (Kobé 1995, Japon) Structure vulnérable aux séismes (USTHB, Algérie)
Pour garantir aux bâtiments une réserve de stabilité → Disposer au moins deux éléments de
contreventement verticaux (voiles, portiques,..) dans chaque direction principale
E) Contreventement ou comment se fait la transmission des charges

statiques et dynamiques jusqu’au sol d’assise de la construction?
Deux systèmes sont possibles
- Structures autostables: descente de charges dynamiques horizontales passent par les
mêmes éléments de structure que les charges statiques verticales (voiles, portiques ,…)
- Structures contreventées: descentes de charges horizontales passent par des dispositifs
spécifiques (systèmes articulés , contreventements ,…)
Deux types de contreventement pour chaque structure:

- Contreventement horizontal ou diaphragme
- Contreventement vertical ou palées de stabilité
Qualité des liaisons + qualité de la mise en œuvre = condition d’efficacité

Cheminement des charges sismiques
Contreventement horizontal: Forces reprises par les

planchers (diaphragme) pour être transmises aux
éléments résistants verticaux
Contreventement vertical: Forces reprises par les

éléments verticaux seront transmises aux
fondations
Fondations vers le sol d’assise

Principe de fonctionnement du contreventement horizontal

Action sismique
Action sismique
Diaphragme
Contrevente
ment vertical
Quel est le rôle du contreventement horizontal ?

- Transmettre fidèlement les actions horizontales aux différents plans de
contreventement verticaux
- Raidir le niveau
Diaphragme
- Connecter les éléments porteurs verticaux
→ Mission parfaite = diaphragmes rigides et solidement ancrés aux éléments

porteurs verticaux
Disposition du contreventement horizontal

- Planchers de tous les niveaux d’un bâtiment
- Versant des toitures
- Plans des entraits
Liaison en fondation Liaison

Conséquences
- Même déplacement en tête des plans verticaux
- Charges sismiques réparties aux différents plans de contreventement verticaux
proportionnellement à leurs rigidités
Mêmes déplacements en tête

Comment estimer par avance les accélérations dans un bâtiment durant

un séisme?
Pour connaitre les accélérations possibles, il faut:
▪ Identifier toutes les failles actives de la région et leur associer des magnitudes de
séismes et des cycles de retour (sismologues, géophysiciens)
▪ Etablir des « lois d’atténuation » du mouvement sismique par les sols traversés (perte
d’énergie des ondes en fonction de la distance parcourue depuis la source jusqu’au
site étudié, sa profondeur et la nature des sols traversés)

▪ Etablir le « spectre de réponse » pour le site à construire (savoir quels sont les
bâtiments susceptibles d’amplifier les accélérations du sol)
▪ Données complémentaires fournies par les codes en vigueur (taux d’amortissement

de la structure, etc.)
Partie B: Conception parasismiquea
Comment lire un enregistrement?
En abscisse: temps en secondes

En ordonnée: accélérations en m/𝐬 𝟐
Si l’enregistrement est fait sur un appareil orienté Nord-Sud, on repère vers le haut les
accélérations pendant les déplacements vers le Nord, et vers le bas les déplacements vers le Sud.
Sur cet enregistrement, on repère une accélération maximale au sol (ou pic) de 2,3 m/𝐬 𝟐 (+ 0,23 g)
après 4,8 secondes et une autre de Amax = 2,2 m/𝐬 𝟐 (- 0,22 g) à t = 6,0 secondes
Accélérogrammes du séisme de la wilaya d’Alger du 21 mai 2003

Choc principal : Magnitude 6,8 sur l’échelle de Richter à 19 h 44 mn 40 s (GMT+1)
Enregistrements recueillis à la station de Keddara (Boudouaou)

Quelles sont les retombées d’une conception parasismique saine?

Les conséquences d’une conception architecturale parasismique sont multiples, à savoir, sur:
▪ L’évaluation des charges sismiques → non résonance avec le sol, limitation des effets de
torsion d’ensemble, limitation des oscillations différentielles,..
▪ La non fragilité → types de sollicitation: flexion, ..
▪ La résistance → limitation des concentrations de contraintes, résistance de forme, ..
▪ La fiabilité → réserve de résistance
▪ Le coût → optimisation
Remarques
Les principes de conception parasismique s’appliquent uniquement à la structure porteuse, ce qui laisse à
l’architecte beaucoup de liberté dans son projet, et particulièrement la liberté d’aspect de la structure
secondaire qui représente le facteur déterminant de l’aspect extérieur.
Structure porteuse (principale)
Structures secondaires
References bibliographiques
Nadjia BAOUCHE
References bibliographiques
[Balandier, 2001]: "Le séisme et les sites constructibles". Balandier P. DDE Martinique
[Zacek, 1996]: "Construction parasismique". Zacek M. (1996). Editions parenthèses, 13006

Marseille-France.
[Plumier, 2006]: "Conception parasismique". Plumier A. (2006), Université de Liège,

France
[RPA, 2003]: "Règles parasismiques algériennes version 2003". Centre National de

recherche appliquée en génie parasismique
[Filiatrault, 1996]: "Eléments de génie parasismique et de calcul dynamique des

structures". Filiatrault A. (1996). Editions de l’Ecole Polytechnique de Montréal.
[Lestuzzi et Badoux, 2008]: "Génie parasismique ". Lestuzzi P. et Badoux M. (2008). Les
presses de l’Ecole Polytechniques Fédérale de Lausanne.
Nadjia BAOUCHE

Chapitre 2 - Constructions Parasismiques

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Nadjia Mihoubi Baouche

Ecole Nationale Polytechnique

Partie A: Effets des séismes sur les constructions

Comprendre comment les bâtiments réagissent à une agression

Peut-on éviter l’effondrement des ouvrages après le passage d’un séisme

La quasi-totalité des pertes matérielles ou économiques qu’ils entrainent sont les

Que veut dire construire parasismique?

▪ Limiter les conséquences indirectes, autrement dit, assurer la continuité du

▪ Eviter les conséquences induites, c’est-à-dire, faire en sorte que des

Une construction parasismique, c’est donc:

▪ Une conception architecturale parasismique (architecture favorable à la

▪ Une application rigoureuse des normes parasismiques en vigueur

▪ Une mise en œuvre soignée (matériaux de construction de qualité,

Quels sont les effets des séismes?

→ Modification du signal vibratoire (amplitude, fréquence) par:

1.1) Faille active

1.2) Effets de site

→ Modification plus ou moins significative du signal sismique par un site pouvant

Effets induits = mouvements de terrain

300 habitations ensevelies

Séisme de Kobé, Japon 1995 Séisme du Salvador, 2001

Effets induits = liquéfaction

Effets induits = liquéfaction

Séisme de Niigata (Japon, 1964)

Comment expliquer ce phénomène?

Un matériau sans résistance au cisaillement se comporte comme un liquide, d'où le terme

Facteurs favorables à l'apparition de ce phénomène :

Comment traiter un sol liquéfiable ?

- Consolidation par vibro substitution ou colonnes balastées: Applicable aux sols

- Fondations de la construction au-dessous des couches liquéfiables en tenant compte

Consolidation statique par injection ←Pompe à mortier

2) Injection de la première phase: Contrôler,

2éme phase 3) Poursuite des injections avec une

Maillage des injections en trois phases

Principe du compactage dynamique par vibroflottation**

3) Répéter l’opération selon un maillage prédéfini

Principe du consolidation dynamique par vibro substitution ou colonnes ballastées

Effets induits = Tsunami

Partie B: Conception parasismique

Comment se comporte une construction sous l’effet des séismes?

1) Effets des oscillations horizontales

2) Effets des oscillations verticales

1) Effets des oscillations horizontales

▪ Différents types de sollicitations → Flexion, traction, cisaillement et torsion

▪ Nature des éventuels dégâts → Fissuration, fractionnement, écrasement, éclatement,

Effets des oscillations horizontales

2) Effets des oscillations verticales

2.2) Différents types de dégâts

Effets des oscillations verticales

descendante des grains sur la paroi) du séisme

Silo de stockage de blé (Corso, Algérie 2003)

3) Effets des oscillations de torsion

Torsion → engendrée par les déplacements horizontaux du sol lorsque le centre de

3.1) Torsion structurelle

Réaction Action sismique

e = excentricité (bras de levier du couple de torsion)

Exemples de contreventements excentrés

- Formes irrégulières (bâtiments de largeur variable)

3.1) Torsion accidentelle

Déplacements horizontaux du sol

Déplacements verticaux du sol

Effets des oscillations de torsion

Dommages dus à la torsion d’ensemble