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Le Djurdjura A Travers L Histoire
Le Djurdjura A Travers L Histoire
'A'TRAVERS ÎJIiJSTOIRE
^depuis l'Antiquité jusqu'à l830)
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DES ZOUAOUA
(GSANDE KABYLIE)
S;A. BOULIFA V
CHARGÉ COURS DE LANGUE BERBÈRE
DU
A LA FACULTÉ DES LETTRES D'ALGER
ET A L'ÉCOLE NORMALE DE BOÙZARËA
4t"©si;s<.
LE DJURDJURA
A TRAVERS L'HISTOIRE
OUVRAGES
Méthode de langue kabyle :
1° Cours de première année (2e édition) ; Grammaire, Exercices
et Dialogues. A, JOUBDAK, Alger.
2° Cours de deuxième année: Etude linguistique et sociologique
sur la Kabyiie du Djurdjura (texte, zouaoua avec glos-
saire). A. JounDiVN, Alger.
Lexique Icabyle-irançais (extrait; A. JOJJBDAK, Alger. „,-,
Recueil cle Poésies fcafoyles, précédé d'une élude sur la femme
berbère cl d'une notice sur le chant kabyle (airs en musique).
A- JOUKDAK, Alger, (épuisé)
Texte J3erï3ûï"s 3« ï'At'as marocain, élude languislique cl
sociologique des ChL-nfi marocaine, ;:v;,c tradiiciion et observa-
tions gri'iinma'ikaies, Glissai ic. K: LKROUX, Paris.
ÎSSMOIFvES
Mémoire KEÎT l'EnseigneErent des Indigènes en Algérie
(réponse à une critique .parlementaire) paru clans le Bulletin de.
VEnseignement des Indigènes: Editeur. Adolphe JOUHDAN. 1897,
A'iger.
Katioun d'Adni, texte et traduction avec notice historique, publié
dans le Recueil de Mémoires cl de Textes de l'Ecole des Lettre s et
des Médersas, édité en l'honneur du XIV0 Congrès international
des Orientalistes, tenu à Alger en 1905.
Notice sur les Manuscrits berbers du Maroc (Mission,
Maroc), parue dans le Journal Asiatique, 1905, Paris.
Notice sur l'Inscription iibyque d'Ifïr'a (Mission, Haut-Se-
baou)., Revue Archéologique, de Perrot et S. Reidach. Paris, 1909.
NouvevUix. documents archéologiques : Stèlcx et inscriptions
libuqiie (Mission, Haut-Sebaou}, Revue Africaine (1er trimestre
1911).
Nouvelle Sïlssion archéologique en Kabyiie Rapport
:
adressé à M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts, pufaiié dans le Bulletin afcliéologiquc du Comité des tra-
vaux historiques et scientifiques., eu 1912, Paris.
Trésors magiques de Kabyiie.. prochainement dans Revue
Africaine.
ORGANISATION ET INDÉPERDARCE
DES ZOUAOUA
(G R A.7ST DE KABYLIE)
S. A. BOULIFA
CHARGÉ DUCOURS DE LANGUE BERBÈRE
A LA FACULTÉ DES LETTRES D'ALGER
ET A L'ÉCOLE NORMALE DE BOUZARÊA
.A. I_i O E3 R,
J. BRINGAD, IMPRIMEUR-ÉDITEUR
7, BOULEVARD DE FRANCE, 7 - TÉL. 12-73
19S5
Aux Maîtres
et à la Jeunesse
de nos Écoles Kabyles
P'RRATA
9° MAC-CARTY.
La Kabyiie et les Kabyles. Alger 1847-48.
10° E. MERCIER.
Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie),
in-8, 4 vol., Alger 1888-1891.
*l/i°BERBRUGGER.
Les époques militaires de ïa Grande-Kainjlie,
in-8, Paris 1850.
(Ouvrage intéressant traitant spécialement des
événements militaires de la Kabyiie).
12° HAËDO (Prêtre espagnol).
Histoire des rois d'Alger, traduction par de
Grammont, Alger 1881.
13° DE GRAMMONT.
Relations entre la France et la Régence d'Alger .'
Correspondance des consuls d'Alger de 1G0G-
1742. Alger.
J4" LE GÉNÉRAL DAUMAS.
La Grande Kabyiie', in-8, Paris 1847.
15° E. MASQUERAY.
Formation des Cités chez les populations séden-
taires de l'Algérie. (Kabyiie, Aouras et Mzab),
Paris 1886.
2° Chronique d'Abov Zakaria, Alger, 1878.
16.° HANOTEAU ET LETOURNEUX.
1° La Kabyiie et les coutumes Kabyles, 3 vol.
gr. in-8,, Alger 1872-1873.
2° Chants populaires de la Grande-Kdbylie,
Alger.
—: ïx —
1° DftNS L'ftNTl&tUTE
SOMMAIRE
2
histoire se permettre de vivre de son isolement absolu.
Bien souvent, elle fut, soit par voie diplomatique ou
par des concessions onéreuses, soit par la force des
armes, obligée de se donner de l'air et de s'ouvrir un
passage vers le dehors. Les nécessités de l'existence
la forçaient donc à ouvrir les portes de sa prison.
« Nécessité oblige », c'est une loi que nul ne peut
enfreindre sans péril. Nombreux sont les cas où, pous-
sée par cette nécessité, elle ne put mieux faire, dans
son désir de sociabilité et de vie, que de rompre elle-
même son isolement et de chercher, par des relations
avec l'extérieur, à assurer son existence.
Selon l'histoire, la Kabylie 'fut, dès l'antiquité, con-
nue pour avoir participé précisément à l'une des pre-
mières manifestations de l'intelilgence humaine. On
sait que le « lac intérieur », la Méditerranée, a été,
pour l'Orient d'abord et pour l'Occident ensuite, le
foyer de grandes civilisations dont l'action s'est étendue
à tous les rivages baignés par ses eaux.
Se trouvant sur une des rives du lac et à proximité
du rayonnement du foyer, la Kabylie ne put qu'être
une des premières régions éclairées.
En effet, la civilisation carthaginoise qui avait régné
sur tout le bassin méditerranéen ne semble pas avoir
négligé de comprendre le Djurdjura dans son champ
d'action. Formant une bonne clientèle, les nombreuses
populations du « Mons Ferratus » durent, dès l'anti-
quité, être recherchées par le trafic carthaginois : par
mer ou par terre, la Kabylie devait, en échange de ses
fruits, de ses essences et peut-être aussi de ses riches-
ses minérales, recevoir aisément de Carthage ce qui lui
— 5 —
SOMMAIRE
Et il ajoute :
De nos jours, les tribus zouaviennes les plus mar-
«
« quantes sont : les Beni-Idjer, les Beni-Manguellat, les
<(
Beni-Itroum, les Beni-Yanni, les Beni-Boughardan,
« les Beni-Itouregh, les Beni-Bou-Youçaf, les Beni-
« Chaïeb, les Beni-Eïci, les Beni-Sadca, les Beni-
« Guechtoula, les Beni-Ghobrin. » (2)
SOMMAIRE
zouzen (2).
Pour que cette manoeuvre ait pu se réaliser, il faut
croire que la plupart de ces tribus et leurs alliés du
(1) Voir Ibn-Khaldoun, traduction de Slane, Tome IV, p. 149,
et Tome II, p. 408
(2) Ces trois tribus sont celles qui, de nos jours, cadrent le pic
de Thamgout sur les quatre points cardinaux. Azeffoun, l'antique
Rus-Uzus, est au pied et au Nord de Thamgout ; c'est aux environs
de ce point que la concentration des troupes d'Abou-Zakaria a dû
être faite pour attendre que l'armée dès Mérinides décide et marque
la direction de ses attaques, mouvement qui ne pouvait s'effectuer
que;,par l'Ouest ou par le Sud de la Kabylie, ayant pour objectif
soit Dellys soit Bougie.
— 59 —
<c
En l'an 739 ou 740 (1338-39) Abou-Abd-er-Rah'-
« man-Yacoub s'enfuit de Milidja, où son père était
« campé; mais il fut ramené bientôt par des cavaliers
<( envoyés à sa poursuite. Son père le mit aux arrêts,
<(•
l'autorité du prétendant et à le seconder contre le
« Sultan.
« Alors, ce dernier offrit des sommes considérables
« aux fils de Chimci et aux gens de la tribu, afin de
« se faire livrer l'aventurier. Chimci rejeta tout
« d'abord. cette proposition:. Mais ayant découvert
« ensuite qu'elle avait donné son appui à un impos-
ai leur, elle lui retira sa protection et le renvoya dans
« le pays qu'occupaient les Arabes-» (i).
Sans commentaire : toutefois, il est à remarquer ici
qu'Ibn-Hidour (c'était le nom de l'aventurier) couvert
par l'A'naïa. deChimsi, fut chassé de la tribu et con-
duit hors du territoire zouaoua, mais non livré au
Sultan Abou-el-H'assan, qui n'aurait certes pas man-
qué de lui ôter la vie. Livrer le malheureux serviteur
au Sultan, aurait été une lâcheté de la part de Chimsi,
Or, si YAnaïa repoussait l'imposteur, Chimsi ne
pouvait, devant sa responsabilité engagée à l'égard de
l'individu, se dédire sans faillir; aussi, en retirant sa
protection au faux prince, Chimsi, dans sa grande
sagesse ne continua pas moins à protéger l'homme
pour qui l'a'naïa kabyle demeurait avec tous ses effets
clans toute la zone d'influence, irrévocable et sacrée.
Durant les longues guerres que les H'afsides eurent
à soutenir pour la défense du Moghreb central, qui
fut un certain temps, l'apanage glorieux des Abd-el-
Ouadites de Tlemcen, la Kabylie ne cessa donc pas un
seul instant de maintenir son indépendance intacte.
Aux nombreuses preuves historiques citées et qui
toutes confirment l'inviolabilité du sol zouaoua, nous
(1) Voir Ibn-Khaldoun, traduction de Slane, Tome I, page 257,
— 66 —
(<
Monte à ses citadelles, fouiile-les à l'intérieur.
« Allah te donnera un heureux succès. »
SOMMAIRE
*
*#
À propos du voyage qu'A'roudj effectua de Djidjelli
à Alger, nous ne pouvons nous empêcher d'émettre
quelques réflexions sur le sens politique d'un pareil
déplacement, qui se fit, nous l'avons dit, par mer.
En répondant à l'appel des Algérois, A'roudj n'igno-
rait pas que la non réussite de sa nouvelle mission
serait sa perle définitive et qu'il lui fallait, en consé-
quence dans cette entreprise où son avenir était
engagé, faire jouer tous les ressorts de son intelligence
pour atteindre le but désiré. — Son sort placé entre
les mains de la Kabylie, A'roudj, fin diplomate, ne put
mieux faire que dé manifester à celle-ci, la premère,
les honneurs de ses cajoleries.
Nous avons vu qu'en 1510, Dellys avait adressé à
l'espagnol Navarro, dès son arrivée à Bougie, une sou-
102
— —
;
réputation de sectaires et de tortionnaires avait rendus
exécrables à tout le Djurdjura, comme à tout le monde
I
islamique.
Dans ce cas, ne pas assister, ne pas participer à la
réalisation de cette entreprise pieuse et patriotique
serait pour tout bon musulman un vrai sacrilège.
— 103 -
Tel était le langage que les marabouts et autres {
DES BEUODH1
KZo-u.fe.OTJ. et Giiela/a,
SOMMAIRE
sein pour fuir ces lieux maudits où la haine acharnée de ses ennemis
la tenait emprisonnée. — Pour éviter une poursuite et détourner
l'attention de ses adversaires, elle eut la précaution de faire ferrer
sa bête à l'envers, c'est-à-dire que chaque fer était fixé sur le sabot
de l'animal de façon que la partie arrière soit en avant, de sorte
que les traces laissées par la bête sur la piste suivie ne révélaient
le lendemain aux guetteurs que l'entrée et non le départ d'une per-
sonne, d'un cavalier dans le lieu assiégé. Par ce moyen fort habile,
l'intelligente et courageuse mère a pu ainsi sauvé son enfant et son
honneur, « Ferrer à l'envers » est resté depuis dans le langage po-
pulaire comme un proverbe rappelant une grande habileté dans les
moyens employés pour tromper ses adversaires.
— 123 —
(1) Il est étonnant que cet événement, qui est des plus importants
dans l'Histoire d'Alger, Haëdo n'en fasse même pas allusion dans
son «Epiiame de los Rcijcs de Argcl». — Cependant la retraite, la
•
fuite de Rhaïr-Eddin et la prise du pouvoir à Alger par les Zouaoua
étaient là des faits d'une importance capitale qui ne pouvait passer
inaperçue que devant l'indolence et l'incapacité des Espagnols. —
On ne s'explique pas, en effet; la raison pour laquelle ceux-ci n'aient
pas cherché à profiter de cette occasion pour donner un peu plus
d'air à leurs malheureuses garnisons emprisonnées dans les forte-
resses de Bougie et du Penon de Argel. — Le caractère espagnol
reste toujours le même, emballé ou apathique. Dans cette circon-
sttnce leur réserve ne s'explique guère.
Ce qui est certain, c'est que pendant les « sept ans de règne » de
Bel-Kadhi, Alger nJa éprouvé aucune inqxiiétude de la part des
Espagnols du Penon ou d'ailleurs.
— Iè9 —
(I) Voir «Histoire des Rois d'Alger », page 65, par Haëdo,
traduction de Grammont.
146
— —
(1) Sur cette date, comme sur bien d'autres, les auteurs algériens
ne sont pas d'accord. M. Berbrugger, en outre, porte l'assassinat
de Bel-K'adbi à la date de 1523. Cependant, si Khaïr-Eddin est
tenu loin d'Alger, après sa défaite des Isser, qui a lieu en 1520,
pendant sept ans, son retour de Tripoli n'a pu s'effectuer qu'en
1527, année pendant laquelle Sidi-Ah'mcd ou El-K'adhi a clé as-
sassiné. La date de 1523 ne pourrait donc être acceptée, ni pour noter
le départ des Zouaoua d'Alger, ni pour marquer l'année de débar-
quement de Khaïr-Eddin en Kabylie,
Le retour de Khaïr-Eddin, la mort de Sidi-Ah'med ou El-K'adhi
et la fin du règne des Zouaoua à Alger sont des événements qui se
sont produits à quelques jours d'intervalle. La date de 1523, que
nous donne Berbrugger, est donc fausse, à moins que les Bel-K'adhi
n'aient séjourné à Alger que trois ans, au lieu de sept ans. Ce qui
est peu probable, car la date 1527, marquant le retour de Khaïr-
Eddin à Alger semble indiscutable pour tous les historiens de Bar-
berousse.
Quant au nom à'Âhmed, donné au fils de Sidi-El-H'aoussin, il
n'y a là qu'une similitude de formes et non de personnages. —
Comme tous ceux qui ont écrit sur les Bel-K'adhi ne parlent que
à'Ahmed ou El-K'adhi, la confusiondes deux personnages, quoique
H
— 148 —
*
**
La nouvelle de la victoire de Bougie fut l'occasion
d'une joie générale dans toute la Berbérie, qui ne put
s'empêcher de reconnaître et d'admirer la valeur
guerrière et organisatrice des Turcs. Si la délivrance
156
— —
(1) Il ne faut pas oublier, en effet, que. les frégates qui parlaient
en course, soit de Djidjelli, soit de Bougie, ne devaient avoir
comme équipage que des kabyles. — Connus pour leur intrépidité
et leur endurance, les montagnards durent fournir une large part
au recrutement des beh'ria pour l'armement de la marine algé-
rienne. — A la suite d'un échange de prisonniers entre Alger et.
l'Espagne, nous ferons remarquer plus loin que la plupart des
esclaves musulmans, libérés par les chrétiens, étaient des kabyles
Zouaoua capturés dans la Méditerrannée.
(2) Voir Vertot, Histoire des Chevaliers de Saint-Jean de Jéru-
salem, (Paris 1726, 4 volumes in-4°).
— 171 —
<(
L'épouse, abandonnée par le mari ou devenue veuve
doit rentrer chez ses parents, disent les kanouns kaby-
les, qui ajoutent que « l'enfant encore au sein doit être
« laissé à la mère. »
SOMMAIRE
/
Si les renseignements de l'auteur anglais sont exacts,
tout au moins en ce qui concerne la date du décès du
roi de Koukou, c'est donc en 1618 que cet « Amar »
(ou El-K'adhi) est mort assassiné et que les Aïth-Djen-
nad ont été délivrés de la tyrannie de Koukou. De plus,
cette date mémorable fixe que l'arrivée, en Kabylie, de
Sidi-Mançour et de ses condisciples ne remonte pas au-
delà du commencement du XVII0 siècle.
Notons également que la charge du pouvoir parmi
les princes de Koukou va être dès ce moment entre les
mains d'un frère du défunt, nouveau seigneur sur le
compte duquel nous n'avons pu découvrir aucun ren-
seignement précis, digne d'être mentionné dans cette
étude.
! derniers jours,
en attendant le châtiment final, dans
; la honte et l'humiliation.
I.
*
**
La réaction des montagnards contre le régime cor-
rompu, décadant des Bel-K'adhi, fut donc le point cle
départ du grand mouvement social qui, pendant près
— 213 —
SOMMAIRE
(1) Revue africaine n» 101, page 304 et suivantes : " Notes sut
l'organisation des Turcs dans la Grande' Kabylie ", par Robin.
(2) Voir plus loin un chapitre spécial relatant le rôle ioué par
celte famille guerrière. Nous verrons comment les Aïtb-ou-K'aci,
en se mettant à la tête, d'une partie des A'mraoua, arrivèrent sans
peine, à se déclarer indépendants et comment, par suite, d'une
politique des plus habiles, ils s'opposèrent à l'infiltration de l'in-
fluence turque dans le Haut-Sebaou.
17
— 244 —
SOMMAIRE
(1) ' Cité par Berbrugger dans son ouvrage " Epoques Militaires
(le la Grande Kabylie ", page 305.
— 318 —
nue plus tard une simple unité politique dont les limi-
tes sont déterminées par les intérêts moraux et maté-
riels, géographiques et historiques; d'une façon géné-
rale, la question économique est la prédominante dans
la détermination des frontières de la tribu.
Aussi, selon les intérêts du moment et les événe-
ments du jour, la tribu se développe, grandit et forme
une confédération où elle se désagrège, s'éparpille et
se rétrécit en une simple communauté.
Vers le XIV0 siècle ,l'influence de la Confédération
des Aïlh-Irathen, selon le témoignage dlbn-Khaldoun,
élendait ses frontières jusqu'à Bougie; de nos jours, le
territoire de la dite tribu est limité et réduit à la super-
ficie de la crête de Fort-National. Les Aïth-Fraoussen
.
eux-mêmes, qui étaient des plus puissants dans l'an-
tiquité, sont actuellement fort réduits, tant en densité
de leur population qu'en étendue de leur territoire; la
naissance, la formation de nouvelles tribus dans leur
sein a réduit leur territoire et diminué leur influence.
Seule, leur capitale Djema'a-Sahridj a conservé sa
vieille réputation de cité belle et riche.
Malgré ces oscillations auxquelles la tribu se trouva
exposée de tout temps, celle-ci qui fut la force vive du
Djurdjura, ne cessa pas un seul instant d'assurer, à
travers les siècles, l'indépendance kabyle .Par son ac-
tion énergique et constante, son pays fut protégé et
resta longtemps fermé aux grands conquérants de
l'Afrique du Nord. On sait qu'à partir du XVII0 siècle,
les Turcs, comme les- Romains, ne rencontrèrent pas
d'autre résistance dans leur tentative de domination en
Kabylie, que celle que la tribu leur opposa. Comme
force de résistance, comme barrière à opposer à l'en-
vahisseur, c'était plutôt faible, et par cette faiblesse,
le Djurdjura faillit plus d'une fois perdre ses libertés
'- et son honneur.
— 363 —
(1) Sur ce point, l'Histoire nous rappelle bien des faits relatifs à
l'honneur et à la probité du Berbère. Sans parler de l'anathcme
devenu classique que lança Jugurtha contre Rome, pour la fragilité
de la conscience de ses sénateurs et du mépris de Chemsi à l'égard
du sultan mérinide qui avait cru, moyennant finance, arriver à
ébranler sa conscience de protectrice, nous rappelons la réponse
que fit il y a une cinquantaine d'années un fellah' à qui l'on propo-
sait à l'occasion d'une élection de céder, moyennantune récompense,
sa voix pour un candidat désigné : « Avec de l'argent, dit-il, on
achète chez nous une chèvre, mais jamais une conscience ».
Des faits de ce genre où se manifeste nettement la grandeur
d'âme du Kabyle se rencontrent fréquemment dans la vie commune
du montagnard. Cependant si le Berbère a de l'honneur et de la
dignité le sentiment le plus élevé et le plus noble, il ne reste pas
moins sensible aux richesses d'ici-bas. La corruption a autant de
;.
prise sur lui que sur les autres êtres humains. Les princes de
i Koukou et de Guela'a,
pour ne citer que ceux-là, ont été les jouets
i des Turcs et des Espagnols dont ils
se laissaient fasciner par leur
| or. Une société facilement corruptible est celle qui connaît le luxe
set la richesse.— Le Djurdjura ayant toujours été un pays bien
[
pauvre, son habitant aux moeurs simples mais honnêtes, pourrait
bien se scandaliser et se révolter contre les effets du «bakchich» turc.
— 367 —
:
de la Terrible Guerre, bravement accompli sa tâche.
Toujours face à l'ennemi, des « Dardannelles à la mer
du Nord », elle a hardiment participé aux combats les
plus sanglants; elle a connu les boues de l'Yser et les
tranchées des forêts de FArgonm; elle a revu le Rhin
que ses aînés les « Turcos » avaient déjà glorieuse-
ment teint de leur sang; toujours sur la brèche, elle
s'est partout dignement comportée.
,
Charleroi! La Marne! Verdun! forment pour la brave
; Kabylie une trilogie lugubre et glorieuse et au souvenir
FIN
APPENDICE 1
Zaouïa de Sidi-Mançour
des Rjlh Djennad (Kabylie)
TRADUCTION
b) Deuxième division-
Les élèves de cette division sont également « moq'ad-
dem », mais leur rôle consiste à pousse)' leurs condisciples
au travail intellectuel et à l'exercice des pratiques reli-
gieuses, à veiller à ce que la prière soit faite aux heures
réglementaires et en commun dans les rangs.
Leur nombre varie entre 5 à 70 et quelquefois davantage,
selon les années. Ils ont le commandement sur tous les
étudiants; la durée de leur service, qu'ils exercent à tour
de rôle, est d'un mois. A'"oic:i en quoi consiste la. fonction
de chacun d'eux :
Après l'appel et la prière di; « Dhohour », le t'aleb-mo-
niteur, précédant les autres étudiants, entre le premier dans
la mosquée (salle d'étude); il repasse un « h'izeb » (1) cl
quatre fois le contenu de sa planchette; puis (il va), dans
la salle d'étude où il passe en inspection, un à un, tous
les étudiants. S'il constate dans les groupes qu'un élève
est absent, celui-ci est puni d'une corvée consistant, à aller
chercher de l'eau à la fontaine, ou à être occupé à la cui-
sine pour faire cuire le couscous ou la galette. Il en est
de même pour une absence constatée clans les rangs aux
heures de la prière.
Une corvée est également imposée à. quiconque n'aura
pas récité le « h'izeb » en même temps que ses camara-
des; nonobstant la punition qui lui est infligée, l'étudiant,
quel que soit son âge, grand ou jeune, est obligé d'appren-
dre et de réciter sa leçon.
(I) Le Koran est divisé en 60 chapitres ou h'izeb. Le H'izeb à
repasser de mémoire est le dernier appris. La possession du Koran
s'obtient avec la dernière do.urate intitulée " El Be.gra" qu'elle
seule compte 5 H'izeb. Voir Bel, " Histoire des 'Abd-El-Ound "',
page275 et Mareais, " Dialecte de Tlemcen ", page 243. explica-
tions détaillées sur les étapes successives que doit parcourir un
jeune étudiant avant d'arriver à la "• taouçila " ou la possession
complète du Koran.
— 407 -
Tel est l'emploi du temps qui s'écoule entre la prière du
« dhohour » et celle de F » a'açer ».
De 1' « a'açer » au coucher du soleil, les élèves sont
libres et restent en récréation jusqu'à l'heure du « mor'
reb »; celle dernière prière faite, chacun des étudiants
reprend la récitation de son « H'izeb ». Ceci terminé, ils
se remettent tous ensemble sous la surveillance du moq'ad-
dem-monileur, à l'étude de leurs leçons, en procédant à une
répétition générale jusqu'à l'heure de 1' « a'icha ».
Aussitôt après le dîner, les étudiants rentrent de nou-
veau dans la mosquée pour étudier à la lumière des lam-
pes; tout retardataire est puni d'une corvée, comme -cela
a été dit précédemment. Le bavardage dans les rangs ou
groupes pendant la lecture ou récitation doit être égale-
ment réprimé, sauf si la parole prise est relative à l'expli-
cation d'un mot ou d'un passage du Koran ou d'une autre
science.
Telle est l'organisation de la deuxième division.
c) Troisième division.
Nous avons également, un troisième groupe dont les élè-
ves sont « oukils »• Le nombre de ces derniers pourrait
atteindre jusqu'à 10 unités; contrairement à ce qui a lieu
pour les deux précédentes divisions dont les membres sont
désignés sous le nom de « Moq'addemin », les « oukils »
sont plus nombreux et leurs fonctions différentes. Leur
service de surveillance est assuré à tour de rôle et à rai-
son d'un mois pour chaque élève.
Le rôle de l'oukil est de veiller sur les approvisionne-
ments, l'alimentation (du personnel de l'Etablissement); il
doit déterminer et procurer la quantité de nourriture néces-
saire aux t'olbas et aux hôtes; il s'occupe de toutes les pro-
visions alimentaires : eau, huile et sel, etc.
A tout moment, il doit se rendre compte de l'augmenta-
tion ou de la diminution du nombre des personnes qui ont
à prendre leur repas clans la Zaouia; il veilleg également
à ce que le repas de jour ou de nuit soit prêt à l'heure.
Si l'oukil commet une négligence ou une faute, le moq'ad-
dem de la première division est ' en droit de lui en deman-
der raison.
— 408 —
d) Quatrième division.
Tous ces élèves - chargés du service intérieur composent
une quatrième division.
Dans notre Zaouia,. le délai de stage dans la fonction
de servant ou novice, est de un à deux ans. Si le débutant
est déjà âgé, il peut, au bout d'une année de stage, chan-
ger de fonction et de grade et passer dans la division sui-
vante où il acquiert alors le titre de « t'aleb »; si, au con-
traire, le nouvel arrivé est encore jeune, il reste « servant »
pendant deux ans.
Quelque soit leur nombre, les servants sont spéciale-
ment occupés au service de propreté, comme le balayage;
il en est parmi eux qui sont chargés d'aller au village faire
des commissions. Quelques-uns s'occupent des visiteurs et
de leur hébergement; certains sont préposés à la garde des
locaux ou magasins renfermant les provisions de bouche
de la Zaouia.
4Ô9
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.
Appendice II. — Zaouia de Sidi-Mançour 395
.
a) Vie et miracles de Sidi-Mançour. 396
b) Règlement scolaire de la Zaouia
de Sidi Mançour ..'-...,.
40S
(1}
détaillé. \
Le développement de chaque chapitre est précédé d'un sommaire
Texte détérioré — reliure défectueuse
N F Z 43-120-11
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