Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
– 1–
Ce texte bilingue bambara-français a été publié en 1987 par
l'Institut des Sciences Humaines à Bamako, Mali,
sous le titre
FULA NPOGOTIGI
(LA JEUNE FILLE PEULE)
RÉCIT DE
MOHAMMED LAMINE SUNBUNU
DIT LAJI
RECUEILLI - TRANSCRIT - TRADUIT ET ANNOTÉ PAR
SHEK TIJANI HAYDARA
AVERTISSEMENT
(Shek Tijani Hayidara)
Ceci est un récit bamanan 1 construit sur une histoire peule. Aussi pour le
transcrire avons-nous cru devoir faire l'économie des lettres propres à
l'alphabet peul.
Ainsi au "ɓ" peul, comme dans "bibèlanbè", nous avons préféré le "b"
bamanan plus commode.
Par ailleurs et conformément à une vieille règle en la matière, nous avons
transcrit les noms propres – de tribus par exemple – tel que proférés par le
producteur du texte. Ainsi, "Bwaro" sera peut-être prononcé "Bolaro" en peul.
Le lecteur peul nous passera ces "fautes" s'il se souvient qu'il s'agit d'un récit
bamanan fait par un bamanophone natif2.
D'autre part, le traitement des mots français employés dans le récit a fait
problème : fallait-il les évacuer purement et simplement pour obtenir un texte
plus convenable, plus authentique parce qu'indemne de mots étrangers ?
Nous aurions alors trahi la pensée de l'auteur qui n'a certainement pas
recouru à ces emprunts par manque de vocabulaire !... Sans compte que nous
n'aurions pas été toujours sûrs d'avoir trouvé le mot juste en bamanan. Pour
1 On dit encore "bambara" mais bamanan et bamanankan (la langue bambara) sont
de plus en plus utilisés, surtout dans les pays anglophones.
2 locuteur natif du "bambara", sa "langue maternelle" comme on dit en français.
– 2–
concilier tous les partis ( socio-linguistes, amateurs de traditions
"authentiques" et simples lecteurs ), nous avons proposé en notes, au bas de la
page des "traductions" bamanan des mots français "fautifs".
La disposition versifiée ( que nous avons encore une fois adoptée ) n'est pas
sans inconvénients, déjà pour le texte bamanan, où le lecteur peut soudain
avoir une impression de bizarrerie voire d'arbitraire devant une
segmentation inhabituelle de la phrase, lorsqu'il oublie qu'il s'agit de la
transcription pure et simple d'une récitation et non pas encore d'écriture, de
littérature écrite. Il faut rappeler à ce sujet que le "texte" de Laji Sunbunu ne
se trouve pas dans sa forme originelle et qu'il s'agira plutôt d'un arrangement
tardif à partir de traductions successives bamanan et/ou soninké du texte
peul.
Mais l'inconvénient majeur est de déparer le texte français en rendant la
lecture difficile, voire bizarre. C'est que le français littéraire est une langue
plutôt écrite, s'accommodant mal des pirouettes et des ellipses du vers
bamanan.
Ce sont donc ces contraintes qui nous ont conduit à cette présentation.
D'abord un souci de lisibilité, principalement du texte bamanan. La difficulté
de lire le bamanan ne résulte pas que du manque d'habitude. Il faudrait
compter parmi les facteurs en cause la typographie, la structuration plus ou
moins aérée, le caractère plus ou moins dépouillé de la langue. Et la récitation
se faisant par unités de souffle (unités rythmiques) la lecture du texte peut
être plus aisée, si dans sa transcription, on respecte cette distribution du texte.
D'autre part, la traduction qui pour nous n'a pour but que d'éclairer et de
révéler le texte original ici, sert doublement ce dernier, puisqu'en facilitant
l'analyse structurale, il en révèle aussi la grammaire.
Enfin, la traduction vers pour vers est un puissant garde-fou. La tentation
n'est-elle pas en effet trop grande pour qui rejette la traduction littérale, de
construire un "autre récit" en français sous le couvert d'une traduction "très"
littéraire, le texte original ne servant ici que de canevas, et de prétexte à
toutes sortes d'envolées et de débordements. Notre disposition impose une
discipline : celle de rester aussi près que possible du texte original, sans
jamais forcer la langue de traduction.
– 3–
L'empire du Ouagadou3 II°-XIII° siècles, approximativement
représenté en superposition des états actuels 4. La tache plus ou moins
circulaire le représente dans sont étendue maximum, alors que le récit
légendaire de Laji Sunbunu le porte jusqu'à l'Atlantique à l'Ouest et au
Fouta Djalon au sud : les Peuls n'étaient peut-être pas ses vassaux, mais
sous sa dépendance, c'est possible. La tache horizontale en dessous de
"Koumbi Saleh" (capitale du Ouagadou) représente la zone où se
situerait l'action de Fula npogotigi / La jeune fille peule.
3 désigné aussi sous le nom d'Empire du Ghana, qui n'a rien à voir avec l'actuelle
République du Ghana, ni géographiquement ni historiquement.
4 Wikipedia https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ghana_empire_map-fr.png
– 4–
Guillaume de l'Isle et Jan B. Elwe
Carte de la Barbarie, le la Nigritie et de la Guinée
antérieure à 1726
Source : Bibliothèque du Congrès des États-Unis http://loc.gov
Dans cette carte très approximative, car il n'y a pas encore eu d'exploration
au-delà des côtes, on notera que les fleuves Sénégal et Niger sont encore un
seul et même fleuve. Il en sera ainsi jusqu'à la fin du XVIII° siècle!
La zone indiquée "ROYAU ME DES FOULES" correspond approximativement au
pays où se situerait l'action de La jeune fille peule, au nord du fleuve Sénégal
et au sud du pays des Maures (actuelle Mauritanie) dont les chevaux sont très
convoités. "Foules" signifie Peuls, les Peuls eux-mêmes se dénommant
Foulfouldés dans leur langue (Fula en bambara, prononcer Foula). On pourra
sourire à d'autres approximations comme "Fonte Guiallon" pour Fouta Djalon
et la légende rapportée : "pays naturel (càd. d'origine) des Foules". Mais cette
carte indique une accumulation des connaissances sur l'Afrique de l'Ouest qui
contraste avec les espaces vides peuplés de lions, éléphants, girafes mais aussi
de dragons autres monstres imaginaires décorant les cartes des siècles
précédents. Seules les côtes étaient assez bien connues des Européens,
l'intérieur n'était que suppositions basées sur des récits divers.
À l'époque où cette carte a été conçue, le récit de La jeune fille peule circulait
déjà, rapporté par les griots des différentes communautés.
– 5–
FÚLA NPÒGOTIGI
– 6–
LA JEUNE FILLE PEULE
récit du griot bambara Mohamed Lamine « Laji » Sunbunu
qui le tient d’autres conteurs bambara et soninké
qui eux-mêmes le tiennent de conteurs peuls,
récit traduit enfin en français par Sheikh Tidiane Hayidara.
Institut des Sciences Humaines, Bamako, Mali, 1987
– 7–
Kà dɔ́ sìgi Ginebisawo fàn fɛ̀
Kà dɔ́ sìgi Senegali fàn fɛ̀
Kà dɔ́ sìgi, Futa fàn fɛ̀.
Òlû fána mánà fàra ù kàn : òlû yé fúlaw yé
5 Òlû « refouler » len nàna fàra ù kàn.
Ù ye sìgiyɔrɔ dí ù mà, kó Tukururu.
Ù ye dɔ́w sìgi Marakɛsi.
Ù ye dɔ́w sìgi, áwà — fó Tumutu.
Máhmud Koti (w) bɔ́ra ù dè rɔ́.
10 Ù ye dɔ́w sìgi fó Gáo fàn fɛ̀.
Ù ka « Empire » ìn bònyɛna.
« Empire » mîn yé Tukururu yé
Ò yé fúlaw yé ò tùn sìgira
Fó ò kɛ́ra « région » tán ni fìla yé.
15 Ǹka Wagadu dè bɛ ù bɛ́ɛ « coiffer ».
Wagadu dè bɛ ù bɛ́ɛ màra.
Ò fúlaw rɔ́,
Ù b'à fɔ́ kàbila dɔ́w mà
Mínnu sìgira Tukururu.
20 Ù b'à fɔ́ ò kàbila dɔ́w mà, kó Jalubèw,
Ù b'à fɔ́ ò kàbila dɔ́w mà, kó Bwarɔw,
Ù b'à fɔ́ ò kàbila dɔ́w mà...
Tribu (w)5 dè tɔ́gɔ yé nìn yé sá
Ù b'à fɔ́ ò kàbila dɔ́w mà, áyìwa í y' à fàamu kó Canbiw,
25 Ù b'à fɔ́ dɔ́w mà, Orbew.
Ù b'à fɔ́ dɔ́w mà, Filòbew.
Ù b'à fɔ́ dɔ́w mà, kó Bibɛlanbew,
Ù b'à fɔ́ dɔ́w mà, kó Saybòbew,
Ù b'à fɔ́ dɔ́w mà, kó Girlajòw,
30 Ò yé fúla kàbilaw yé.
Ǹka kùntigi kélen bɛ́ ù lá
Mîn bɛ òlû fúlaw bɛ́ɛ « commander ».
Ò b'à fɔ́ ù mà kó Saybòbew.
Òlû jàmu yé kó Bil6.
35 Ò dè yé ù fána ka « l'empereur »7 yé.
Ò « l'empereur » ò fána « soumis » nen bɛ́
màrakaw ka « l' Empire » dè lá.
– 8–
Un du côté de l’actuelle Guinée Bissau,
Un du côté de l’actuel Sénégal,
Un du côté du Fouta-Toro.
Les Peuls aussi vinrent leur faire allégeance,
5 Venus en vastes mouvements migratoires.
On leur assigna un territoire qu’on nomma Tekrour.
Ils en établirent un à Marrakech.
Ils en établirent un, eh bien, jusqu’à Tombouctou.
C’est de lui que descendront des gens comme Mahmoud Kâti
10 Ils en établirent un jusqu’au pays de Gao.
Or le royaume s’était agrandi,
Le fameux royaume du Tekrour,
Formé surtout de Peuls.
Eux aussi avaient fondé douze provinces,
15 Mais toujours sous la suzeraineté de Ouagadou.
L’État réellement souverain, c’est Ouagadou.
Or parmi ces Peuls,
Il y avait des clans.
Parmi les gens installés au Tekrour,
20 On désignait certains de ces clans sous le nom de Djéloubé,
On en désignait d’autres sous le nom de Bouaro,
On en désignait d’autres encore…
Il s’agit là des noms des différentes tribus
Sous le nom, eh bien, de Canbi,
25 D’autres encore, sous le nom de Orbè,
D’autres encore sous le nom de Fitobè,
D’autres sous le nom de Bibèlanbè,
D’autres sous le nom de Saybobè,
D’autres sous le nom de Girlajô.
30 Voici les tribus peules.
Mais toutes reconnaissent l’autorité d’un chef unique,
Le chef suprême des Peuls,
De la tribu des Saybobé,
Ceux dont le patronyme est Bil6.
35 Lui a rang d’empereur parmi les autres chefs peuls.
Mais devant l’empereur soninké, c’est un vassal.
– 9–
« histoire » dɔ́ kɛ́ra ò fúlaw fɛ̀, ń bɛ ò cógo fɔ́ í yé.
Ò « l' empereur » mîn bɛ́ yèn,
N'ò sìgilen bɛ́ ù kùn ná ù b'à fɔ́ ò mà,
- ù yɛ̀rɛ̂w bɛ́ɛ yé Sanburu yé -
5 Ò yé Sanburuw dè yé.
U b'a fò ò mà kó Sanburu Sanbunè.
– 10 –
Un drame éclata entre ces Peuls, que je vais te raconter.
Donc « L’empereur » pour ainsi dire,
Celui qui régnait à l’époque dont il s’agit,
S’appelait… c’est tout le clan qui s’appelait Sambourou.
5 Il se nommait donc Sambourou,
Et on l’appelait Sambourou Sambouné.
– 11 –
À ye dɔ́gɔmuso ìn tà,
À y'à fúru ò mà.
À ma mɛ́n, ò kɔ́ fɛ̀,
À yɛ̀rɛ̂ fatura.
5 Ù y'à dénkɛ ìn tà,
K'ò sìgi,
K'ò kɛ́ « l'empereur » yé, ò dè b'à bɛ́ɛ « commander ».
Dɔ́gɔmuso ìn,
À furula ò mîn mà,
10 À ye dénkɛ kélen sɔ̀rɔ :
Ù y'ò tɔ́gɔda kó Hámàdi.
À bá yé… áwà, l'empereur dénmuso yé.
Ò dénkɛ ìn Hámàdi
À kó ka dí à fà yé.
15 À t'à fɛ̀ hálì à ka bɔ́ kà táa yɔ́rɔ lá.
Dénkɛ ìn tóra kà kɔ̀rɔbaya.
À tóra à bi kɛ́ màa yé.
À bi kɛ́ màa yé.
Fó à kɛ́ra kámalen yé.
– 12 –
Il prépara la princesse,
Et la lui donna pour épouse.
Peu après,
L’Empereur mourut.
5 On prit son fils,
Et on l’intronisa
Chef suprême des tribus peules.
Quant à sa sœur cadette,
De son mariage avec les Bibèlanbè,
10 Elle eut un fils.
On le prénomma Hammadi,
Hammadi fils de l’ancienne princesse.
Or, ce Hammadi
Était si cher au cœur de son père
15 Que ce dernier le voulait toujours auprès de lui.
L’enfant, cependant, grandissait.
Il se développait à vue d’œil
Et prenait forme,
Il devint bientôt un jeune homme.
– 13 –
Òlû bɛ tó kà nà bìn ù kàn,
Ù bi tó kà nà bìn ù kàn.
Ǹka àlê bi ù ka kán mɛ́n,
À n'ù díyara.
5 Dákabana sò ɲùmanw bɛ́ ù fɛ̀.
Sò hɔ́rɔnw bɛ́ ù fɛ̀.
Ǹka fúlaw bi tó kà bɔ́
Jàmana tìgi ìn dè bi tó kà bɔ́…
Kà táa súrakaw fɛ̀ yèn.
10 À n'ù ka dí.
À bɛ ù ka sòw kólon,
K'ù dège táama ná,
K'ù dège túlonkɛ lá,
K'ù dège bòli lá,
15 K'ù dège kɛ̀lɛ cógoyaw lá.
À ye sò ìn síya ɲíni súrakaw fɛ̀.
À sòw ɲwàn tɛ́ -
Súrakaw yɛ̀rɛ̂… à sò ìn sí bɛ́ súraka kàbila mîn fɛ̀,
Hálì súraka wɛ́rɛ tɛ à sɔ̀rɔ,
20 Sànkó fúla.
Ǹka àlê ye díya mìnɛ ù fɛ̀.
À bɛ ù ka sòw kólon ù yé.
À bi tó kà nà bɔ́ ù yé.
À bɛ sé kà nà tìle tán ni dúuru kɛ́ ù fɛ̀.
25 À bi kálo kélenw kɛ́ ù fɛ̀.
À bi sègi kà nà à ka « tribu » lá
Báwò ù tɛ́ kàbila kélen yé.
À ye sò ìn ɲíni tùma mîn ná
N'à ma sò ìn sɔ̀rɔ,
30 Sò ìn nàna sòden wólo.
Ò ɲwàn sòden ka dɔ́gɔ.
Sò sí ìn kɔ̀ni b'ò kàbila dè bólo
Ò súraka kàbila dè fɛ̀.
– 14 –
Ces gens venaient razzier leurs villages,
Car ces gens vivaient un peu de rapine.
Mais lui le roi savait parler leur langue,
Il se lia d’amitié avec eux.
5 Or ces gens possédaient des chevaux superbes,
Oui, des chevaux pur-sang !
Or, de temps en temps, ce Peul partait,
Le chef des Peuls Bibèlanbè,
Pour des randonnées en pays maure,
10 Car il s’entendait bien avec eux.
Il dressait leurs chevaux,
Il les entraînait au pas,
Il les entraînait aux différents jeux équestres,
Il les entraînait à trotter, à galoper,
15 Et il les entraînait à charger, comme au combat.
Il voulut obtenir des Maures un spécimen de leurs chevaux.
À la vérité, des chevaux sans pareil.
Combien parmi les Maures pouvaient se flatter d’en posséder ?
Même des Maures n’obtiendraient pas cette faveur,
20 À plus forte raison un Peul.
Mais lui les poursuivait de ses assiduités.
Il leur dressait leurs chevaux,
Il leur rendait des visites fréquentes.
Faisant chez eux des séjours de dix, quinze jours,
25 Parfois, un mois,
Puis il rentrait dans sa tribu,
Puisqu’il n’était tout de même pas des leurs !
Lorsqu’il eut cherché un spécimen de cette race,
Et qu’on lui eût opposé un refus catégorique…
30 Une des juments vint à mettre bas :
Un poulain comme on en vit rarement…
Cette race semblait la propriété exclusive de l’unique tribu,
Comme le monopole de cette unique tribu maure.
– 15 –
À b'à jogow dòn sò ìn ná.
À bi bòliw kɛ́.
À bi sò ìn dège bòliw lá.
Sò tɛ sé k'à dàn.
5 À cɛ̀ɲiya… sò t'à bɔ́ cɛ̀ɲiya ná.
À y'à dɔ́n… à ɲɛ́bɔra sò ìn fɛ̀.
À t'à sɔ̀rɔ sànni ná.
À t'à sɔ̀rɔ délili lá.
Bárì hálì à kó à n'à ka sòmuso bi nà
10 K'ù ka sò siw dɔ́ bìl'à lá
Súrakaw ma sɔ̀n.
Àlê ni sò ìn bòlila
Kà n'à ka « tribu » lá.
Áyìwa…
À fána sò ìn sí sɔ̀rɔla àlê fɛ̀ k'à sábabu kɛ́ ò yé.
Áyìwa !…
25 À bɛ sò ɲíni à dénkɛ ìn dè yé,
Dénkɛ ìn mîn tɔ́gɔ yé Hámàdi.
Áwà — ò bi yɛ̀lɛn sò ìn kàn
Ò yɛ̀rɛ̂ fána yé sò dɔ́n
B'í kó à fà cógo.
30 Ù ni súrakaw kɔ̀ni ka tériya lábanna júguya lá.
– 16 –
Cultivant en lui les réflexes qu’il voulait,
L’entraînant au galop,
L’entraînant à toutes les courses.
Bientôt il devint un coursier inégalable.
5 Un très, très beau cheval !
L’homme sut qu’il s’était pris de passion pour le cheval,
Qu’il ne l’aurait pas par achat,
Et il ne l’aurait pas non plus par supplication.
N’avait-il pas déjà tenté d’amener sa jument ?
10 Il l’aurait croisée avec l’un des étalons.
Les Maures avaient encore refusé.
Il s’enfuit avec le cheval,
Jusqu’à sa tribu.
Eh bien,
Voilà comment il put posséder un spécimen de cette race, rare entre toutes.
Or, il se trouve
25 Que c’est à son fils qu’il destinait le cheval,
Son fils prénommé Hammadi,
Qui, à présent montait le cheval,
Car il était versé dans l’art équestre
Autant que son père.
30 L’amitié qui les liait aux Maures avait tourné en hostilité.
– 17 –
Ò júguya kólogirin tùn bɛ́ fúlaw fɛ̀
Àlê ka tribu kàn.
– 18 –
Une hostilité bien pesante de la part des Peuls,
sur la tribu.
– 19 –
Hálì ní nê ma ń bɛ́nkɛ bɔ́
Nê ye mîn bɔ́
Ò bɛ nê wàsa.
Ò kóyara bá yé.
5 Bá kúman'à fɛ̀ kà dɛ́sɛ.
Bá b'à wéle tùma ô tùma
k'à ládi.
Ní í ka kàbila dáwula ka bòn
Í bɛ́nkɛ ka kàbila dáwula mánà fàra à kàn
10 Saybòbew mánà fàra à kàn
Ò kɔ̀ni yé barikaba yé
Í fà sàya, ò tɛ dɔ́n.
Ní « tribu » mîn bìnn'í kàn
Í fà ka kɛ̀lɛ jàma ka cá ò bɛ́ɛ tá yé
15 Í bɛ́nkɛ fána, hákàjá ò bɛ́ ò cógo rɔ́.
Ò mîn y'à bɛ́ɛ ka kùntigi yé
Ń b'í déli ń dén ! táa bɔ́ í bɛ́nkɛ yé
À ma sɔ̀n.
– 20 –
Je ne vaux pas mon oncle ? soit !
Ce que je vaux,
Cela me suffit. »
Ces paroles déplurent à la mère.
5 La mère lui parla en pure perte.
Elle le faisait venir sans cesse,
Le pressait de conseils
« Ta tribu jouit d’une grande réputation, je le sais
Mais si à cela s’ajoute la réputation de la tribu de ton oncle
10 Si les Saybobé deviennent tes alliés,
Cela ne formera-t-il pas une puissance formidable ?
La mort de ton père ne se ressentirait pas.
Qu’une tribu vienne à attaquer,
Elle trouvera devant elle l’armée, plus nombreuse, de ton père
15 Et l’armée de ton oncle n’est pas moins nombreuse,
Puisqu’il est votre chef suprême…
Je t’en conjure, mon fils, va voir ton oncle. »
Il refusa.
– 21 –
Ń bi táa ń ɲɛ́ dá ń bálimakɛ kàn…
… ní ê ma sɔ̀n !…17
À kànâ nà t'à sɔ̀rɔ mɔ̀ɔw táalen bɛ́…
Bá ka táali nìn bálimakɛ fɛ̀ yèn
5 À kànâ nà t'à sɔ̀rɔ mɔ̀gɔw táalen bɛ́ bálimakɛ fúnu à dén kánmà
Dénkɛ kélen ìn mîn b'à fɛ̀, kámà.
Ba ìn wúlila.
Tùma mîn ná n'à séra kɔ̀rɔkɛ fɛ̀ yèn,
Kɔ̀rɔkɛ y'à màrahaba kùnbɛ̀n kósɛbɛ
10 Kà à bìsímila.
À ɲɛ́nafin tùn b'à lá.
À ye tìle dánmadɔ kɛ́ kɔ̀rɔkɛ ìn fɛ̀ yèn
Ǹka à táakun « principalement »18
Áwà…
15 Mɔ̀gɔ dè bɛ́ ù fɛ̀ yèn
Ò yé… ù fà mîn sàra -
Ò yé cɛ̀ kɔ̀rɔba yé
Ò tɔ́gɔ yé Jugudu.
Ò y'ù ka ɲàmakala yé.
20 Ɲàmakala dáwulama.
Ò tùn bi nkɔ̀nin fɔ́ à fà yé
mùso ìn yɛ̀rɛ̂ fà yé
Kàbini fà ìn sàra
Ò ye nkɔ̀ninfɔ dábìla
25 À kó àlê tɛ nkɔ̀ni fɔ́ fúla sí yé tún.
Hálì dénkɛ ìn sìgir'à nɔ̀ ná,
À ma sɔ̀n kà nkɔ̀ni fɔ́ ò yé.
– 22 –
Je voudrais aller voir mon cher frère…
Puisque toi tu ne veux rien entendre !… »
En effet, si les méchantes langues allaient se mettre en train
La Reine mère devait aller au-devant de son frère.
5 Les méchantes langues n’étaient-elles pas en train de dresser son frère
contre son fils ?
Contre son unique fils ?
– 23 –
Ń ka nà tɛ́ ń bálimakɛ ɲɛ́nafin-bɔ dànma yé kóyi
Ń ka nà kùn yé, áwà — ń bi nà ê (dè nɔ̀fɛ̀)
Í ka t'à dɛ́li ń yé :
À fɔ́ra k'ê tɛ fúla sí dɛ́li tún.
5 Kàbini ánw fà sàra
Í tɛ nkɔ̀ni fɔ́ fúla sí yé tún
Ń b'à fɛ̀ í ka nkɔ̀ni fɔ́ à yé
Mɔ̀gɔ dòn, à ka bòn à yɛ̀rɛ̂ bólo
Í k'à dɛ́li !
10 Ní í y'à dɛ́li,…
À ka n'à bɛ́nkɛ fò
Ù kànâ nà táa júguya dòn à ni ń bálimakɛ cɛ́
Kà táa ń ni ń bálimakɛ fára.
Nê y'à dɔ́n « force »21 tɛ́ àlê rɔ́ kà tɛ̀mɛ ń bálimakɛ kàn.
15 À kànâ nà táa ń dén fàga.
Ò sɔ̀nna.
Áyìwa ! kó sègin í ka táa í sìgiyɔrɔ.
Nê tɛ nkɔ̀ni fɔ́ fúla yé
20 Ǹka ń nà nkɔ̀ni fɔ́ àlê yé
Ń tɛ fúla dɛ́li tún
Ǹka ń ná àlê dɛ́li.
À bɛ́ kà kàanagɛlɛya mîn kɛ́
À k'à dábìla.
25 À ka nà túubi à bɛ́nkɛ yé.
À ka nà bɔ́ à bɛ́nkɛ yé.
Bá ìn sèginna kà táa à sìgi yɔ́rɔ rɔ́.
À nàna dénkɛ ìn sɛ́gɛrɛ.
À kó ń táara ń ni ń bálimakɛ yé ɲɔ́ɔn yé.
30 Áwà ! à ye bònyɛ mínnu kɛ́ à yé à y'ù jìra à lá
À ye mɔ̀gɔ mínnu dá à kàn kà nà à y'ù jìra
À y'í sìgi : à ma fɛ́n fɔ́ dén ìn kɔ̀ni yé
K'à fɔ́ à yé banbaadɔ bìla kà nà.
Banbaadɔ ìn tɔ́gɔ yé Jugudu.
35 Ò Jugudu, dénkɛ b'ò fɛ̀.
Ò tɔ́gɔ dè yé kó Ámàdu Jugudu.
O Amadu Jugudu de bi nkɔ̀ni fò « l'Empereur remplaçant »23 in yè,
– 24 –
Si je suis là, ce n’est pas simple désir de voir mon frère.
La raison de ma venue, eh bien, c’est toi…
Je te charge de la mission d’aller le supplier.
On a dit que tu ne ferais plus cet honneur à un Peul
5 Depuis la mort de notre père…
Que tu ne jouerais plus pour un Peul,
Or je veux que tu ailles jouer du nkoni pour lui.
C’est un homme imbu de lui-même,
Supplie-le !
10 Supplie-le, afin
Qu’il vienne faire acte d’allégeance à son oncle,
Je crains qu’on n’aille créer de l’animosité entre lui et mon frère
Et par là-même me séparer de mon frère.
Je sais, moi, qu’il n’est pas plus puissant que mon frère,
15 Je crains qu’il n’aille me tuer mon fils !… »
– 25 –
mîn yé « l'empereur » dénkɛ yé
Ǹka Jugudu kɔ̀rɔba yɛ̀rɛ̂ kɔ̀ni tɛ nkɔ̀ni fɔ́.
– 26 –
chef suprême des Peuls :
Quant à Diougoudou l’ancien, il ne jouait plus.
– 27 –
À nàna jìgin, í y'à fàamu áwà, Hámàdi kàn
Mîn yé Bil(w)31 ka kùntigi yé.
À jìginna ò fɛ̀.
À kó à tɛ nkɔ̀ni fɔ́ fúla yé
5 Kó ǹka à nà nkɔ̀ni fɔ́ sú ìn nɔ́
À ka màsakɛ tɔ́gɔma yé.
À ná nkɔ̀ni fɔ́ ò yé sú ìn ná.
Fúlaw bɛ́ɛ ye ɲɔ́ɔn sɔ̀rɔ yèn.
Fúlamusow, àní fúlakɛw
10 Àní kámalenw, àní cɛ̀kɔrɔbaw.
À ye njaro jùruw lámàga :
À yé sé njaro lá bɛ́ɛ yé.
À ye fúlaw tà kàbini ù lásali lá
Kà n'à bìla fó ù lában ná
15 Mîn ye kábakow kɛ́,
Mîn ye kábakow kɛ́
Mîn ye kábako kɛ́
Mîn ye kábako kɛ́.
Fó kà n'à sé Hámàdi ma.
20 À bɔ́ra màa mínnu
ni màa mínnu ná.
– 28 –
Il venait…, et oui, rendre visite à Hammadi,
Le prince des Bil.
Il descendit donc au palais.
Il rappela qu’il s’était interdit de jouer pour un Peul désormais,
5 Mais il jouerait ce soir
En l’honneur de l’homonyme de son roi32,
Il jouerait ce soir en l’honneur d’un tel personnage.
Tous les Peuls se retrouvèrent là :
De nobles dames et les chevaliers,
10 Les jeunes gens et les vieillards.
Il fit gronder les cordes du njaro33,
Il n’avait pas son pareil dans le science du njaro,
Il reprit l’histoire des Peuls depuis leurs origines, et remonta jusqu’à la
génération actuelle.
15 Citant tel qui a accompli tels exploits,
Tel autre qui a accompli tels exploits,
Et tel autre !
Et tel autre !
Descendant jusqu’à Hammadi lui-même.
20 Et il récita sa généalogie et rappela les hauts faits
qui illustrèrent chacun de ses ancêtres.
– 29 –
Áyìwa ! à kó tàbarikala (= tabaraka allah)
Fúlaw tɛ wúli kà bɔ́ ù ka kúmakan kàn
Á y'à tànu ! à y'à tànu
À kúman'à kàn, à kúman'à kàn !
5 À kúman'à kàn ! à kó í b'ò kɛ́.
Kàbini ń wúlidon kà nà, ń y'à dɔ́n
Ní ń ye fɛ́n ô fɛ́n ɲíni í fɛ̀, í b'ò dè kɛ́.
À kó ń y'à ɲíni í fɛ̀
Í ka táa túubi í bɛ́nkɛ yé
10 Í ka táa bɔ́ í bɛ́nkɛ yé
Í ka táa í ɲɛ́da í bɛ́nkɛ kàn
Í k'à dɔ́n à k'í dɔ́n.
Í yɛ̀rɛ̂ kó í y'à dí kà bán.
Fúla dè yé í yé.
15 Bibɛlanbe dè yé í yé.
Í tɛ kúma fɔ́ í bɛ mîn wúli.
Fàamaden dè yé í yé
À kó ń sɔ̀nna.
À kó à bánna.
20 À k'ò tùma í ye fɛ́n ô fɛ́n dí yàn
N'í y'ò dí ń mà, ń b'ò mìnɛ.
À ye bònyɛ cáman k'à yé.
Fúlaw ye bònyɛ cáman k'à yé
À ye síra ɲíni ù fɛ̀
25 À sèginna kà táa.
– 30 –
« Eh bien ! grâces soient rendues à Allah !
Puisque les Peuls ne reviennent pas sur leur parole ! »
Et il le loua, le louant de plus belle,
Et il l’exalta, et il le glorifia.
5 Le magnifiant encore ! Il dit : « Je savais que tu ferais ainsi.
Je savais en partant déjà,
Que tu m’accorderais tout ce que je demanderais. »
Il dit : « Je te demande ceci :
Va faire amende honorable à ton oncle.
10 Va rendre visite à ton oncle,
Va voir ton oncle,
Afin que tu le connaisses et qu’il te connaisse…
N’as-tu pas solennellement déclaré que tu me l’accordais ?
Tu es un Peul,
15 Tu es un Bibèlanbè.
Tu ne peux reprendre ce que tu as donné,
Tu es un fils de roi. »
Il dit : « J’accepte ».
Il dit : « Alors, c’est parfait ».
20 Il dit : « Alors tout ce que tu m’avais offert,
— Si tu me le donnes à présent, je l’accepte ».
Il lui fit beaucoup de cadeaux.
Les Peuls aussi lui firent beaucoup de cadeaux.
Alors, il prit congé d’eux.
25 Et il s’en retourna.
– 31 –
N'í y'à yé ń ma táa à n'à ka
Kàbila bɛ́ɛ cɛ̀
Kà n'ù bìla sòbinkanna
Ń bàlemamuso kósɔ̀n dòn
5 Ń kànâ nà jí dá à ɲɛ́ ná.
Nê yɛ́lɛl'à lá dè.
À nàna !
À fɔ́r'à bi nà dón mîn ná
Ù y'à kùnbɛ̀n ni sòw yé.
10 À yɛ̀rɛ̂ ye kírike dá à ka sòw lá
À n'à ka kɛ̀lɛ jàma nàna
À ye múgu wúli, múgu !…
Kìsɛ t'à kɔ́nɔ
Màrifa kán ye yɔ́rɔ bɛ́ɛ lábɔ
15 Hɛ̀n ! Bɛ́nkɛ kó yálà à nàna…
ń bón dè wà ?
Kó ée ! à nàna…, à dònkan dòn.
À b'à fɛ̀ à dòn kán (kànâ dògo)36.
Kó : dénmisɛnw kɔ̀ni !
20 À nàna.
À y'í cún kà bɔ́ sò kàn.
Jàma b'à nɔ̀ fɛ̀
À b'à ka « armée »37 ɲɛ́.
À nàna sé à bɛ́nkɛ mà
25 À nan'í bíri, à bɛ́nkɛ kɔ́rɔ
K'í « prosterner »38 ò kɔ́rɔ, à mɛ́nna !…
Bɛ́nkɛ y'í bólo dá à kùn ná
À ni bɛ́nkɛ ìn bɔ́len bɛ́ ɲɔ́ɔn fɛ̀.
Bɛ́nkɛ ìn y'à wúli k'à dɔ̀.
30 Kó à ka wúli k'í sìgi.
À wúlila k'í sìgi.
À kó yálà ê nàna ń bón dè wà ?
Kó ń ma nà í bón.
À kó í dùn…
35 Kà ò múgu tì dùn kùn yé mùn yé ?
À kó í k'à dɔ́n k'à fɔ́ ń nàna
Ń k'à dɔ́n k'à fɔ́ k'í kɛ́ra cɛ̀ yé wà ?
À kó : àyí ! à k'ò tɛ́ !
– 32 –
Si vous êtes témoins quex je me suis abstenu
D’aller le razzier avec toute sa tribu,
Et ils auraient servi ici comme palefreniers,
C’est uniquement par égard, par miséricorde pour ma sœur !
5 Et pour ne point l’accabler de chagrin.
Ne sait-il pas qu’il me fait rire, moi ? »
Le voici donc !
Le jour annoncé étant arrivé,
Une troupe de cavaliers partit à sa rencontre.
10 Lui-même avait fait harnacher plusieurs chevaux.
Il arriva avec le gros de son armée.
Il fit donner une salve bien nourrie :
Mais les cavaliers tiraient à blanc ! Sans balle.
La ville retentit des coups de feu des arrivants.
15 « Mais alors ! s’exclama l’oncle : est-ce qu’il serait venu
pour me bombarder ? »
« Sûrement pas ! Sire ! simplement il a voulu ne pas manquer son
entrée … et qu’on sache qu’il est là. »
Il dit : « Hé ! ces jeunes ! »
20 Le voici !
Il sauta à terre,
Suivi de son escorte.
Il marchait devant ses troupes fièrement, mais sans hâte.
Il parvint devant son oncle,
25 Il s’inclina très bas devant son oncle,
Il resta longtemps incliné devant son oncle.
L’oncle posa une main affectueuse sur sa tête.
Et l’on vit comme il ressemblait à son oncle.
L’oncle le releva et il se mit debout.
30 Il l’invita à s’asseoir,
Alors seulement il s’assit.
Il dit : « Tu es donc venu pour me bombarder ? »
Il dit : « Je ne suis pas venu te bombarder »
Il dit : « Mais alors, et ces façons… ces façons
35 De remplir ma ville de coups de fusil ? »
Il dit : « Juste que vous sachiez que je suis venu ».
« Que je sache plutôt que tu es devenu un homme ? »
Il dit : « Non ! Ce n’est point cela ».
– 33 –
À kó nê y'à mɛ́n k'í kó… áwà !
Í bá y'í dɛ́li k'í ka nà bɔ́ nê yé.
Í ka nà bɔ́ nê yé í ma sɔ̀n
Fó à ye mɔ̀ɔw bìla k'í dɛ́li
5 À kó ń bɛ́nkɛ !
À kó n'í ye ń ɲìninka,
À kó ń bɛ kúma í yé.
– 34 –
Il dit : « J’ai appris aussi que tu aurais dit, eh bien…
Ta mère t’aurais supplié de venir me voir.
Hein ? de venir me voir, et tu aurais refusé.
Et elle a même dû envoyer des gens te supplier… »
5 Il dit : « Mon oncle ! »
Il dit : « Si tu m’interroges, »
Il dit : « Je parlerai »
– 35 –
À k'ò dè ye ń bàlemamuso sɔ̀rɔ.
À kó : n'ò tɛ́ à tɛ màa sí sɔ̀rɔ
mîn bɛ́ í kó nê cógo.
À kó í fà tá sá…
5 Ò kɔ̀ni yé, áwà — dén nádiyanye.
Àní à ni súrakaw bɛ́ ɲɔ̀gɔnna mîn kɛ́…
Án y'à kìbaru mɛ́n.
Ǹka mîn y'à kɛ́ án mà « renfort » bìla
Kà táa dí à mà,
10 Án m'à mɛ́n k'à fɔ́ súrakaw y'à ka kɛ̀lɛ cíyɛn.
Ò dè kósɔ̀n dòn…
Kó ń y'à bɛ́ɛ yàfa.
À tóra dùgu kɔ́nɔ.
À kó dùgu fíl'í kɔ́rɔ.
15 Kàbi Ála y'à dá, à ma dùgu yé mîn bɛ́ í kó ò cógo :
Ù bi sów dè dɔ̀
Jàbi bɛ dá ni jíri mîn yé
Ù b'ò dè kɛ́ kà sów bíli
Kà sánkansow k'à lá.
20 À y'ò y'ò yɔ́rɔ dè lá.
– 36 –
Il dit : « Voilà ce qui égara ma sœur »
Il dit : « N’eût été cela elle aurait su que personne
ne peut lui être proche comme moi. »
Il dit : « Quant à la part de ton père…
5 Eh bien c’est encore cet attachement excessif à son fils unique
Et la querelle qui l’opposa aux Maures…
Nous eûmes vent de l’affaire, certes ;
Et si nous n’avons pas dépêché des renforts auprès de lui
C’est qu’en aucun moment nous n’avons craint
10 de le voir défait par les Maures.
Voilà les raisons… »
Il dit : « Je pardonne tout ».
Lui resta dans la ville
Et il lui dit : « Voici ma ville, à ta portée ».
15 Jamais de sa vie il n’avait admiré une ville d’une telle magnificence.
C’étaient des édifices haut dressés.
Et l’arbre à henné une fois débité.
C'est ce qui sert à couvrir ces maisons
Toutes pourvues d’étages.
20 Ce fut là, une découverte pour lui.
Car dans son pays, les gens habitent surtout dans des huttes,
Avec de place en place une case carrée à terrasse,
Les seules maisons à étage étant celles du palais royal.
Il séjourna chez son oncle tout un mois.
25 Pas un seul jour, il ne quitta son oncle.
Mais quand l’oncle eut remarqué son cheval,
Il en conçut une envie irrésistible.
Tous les jours
Il portait de l’herbe au cheval
30 De ses propres mains.
Lorsqu’il y avait du couscous au menu, et qu’on s’était régalé,
On versait une quantité de lait frais sur le reste...
et les convives revenaient à l’assaut.
Alors le maître de maison remettait du couscous,
35 Répandait du lait frais dessus,
Et allait porter cela au cheval.
Et le cheval prenait la suite des autres convives.
L’homme alors s’abîmait dans la contemplation du cheval.
– 37 –
Jariba41 dòn !
À cɛ́naa ka jàn
K'à dísi bònyɛ, k'à kónkoron bònyɛ.
À núnkala ka jàn : à yé sé kà jí mìn
5 Séli bɛ̀ngɛ kɔ́nɔ.
À tló fìla, n'í y'ò yé,
À n'à dísi42 n'à ntɔ́rɔn !
K'à gáran-siri yɔ́rɔ mìsɛnya
À shíbɛn43 b'à tà à kɔ́nɔ kɔ́rɔ
10 K'à t'à bìla fó à kɔ́ cɛ́mancɛ rɔ́.
Ò dè yé sò hɔ́rɔnw yé.
– 38 –
C’était un pur sang maure, un Diaribé !
Le ventre étiré, bien galbé,
Le poitrail large, la croupe énorme,
Le chanfrein droit et si noble, que la tête eût pu se désaltérer
5 Dans un pot pour ablutions.
Quant à ses oreilles, fines, dressées en permanence,
Des sabots comme sculptés, rabotés !
Les pâturons minces, minces,
La ligne d’épis allait du bas du ventre
10 Jusqu’au milieu du dos…
Tels sont les chevaux de race46.
Enfin, un jour,
Il avoua à son oncle son désir de prendre congé.
Il dit : « Je crois que mon séjour s’allonge.
15 Il me tarde de revoir ma mère.
J’ai laissé au pays
Quelqu’un à qui j’ai délégué mes pouvoirs,
Car je crains le danger maure…
S’ils savent que je suis parti
20 Pour un si long voyage…
Je suis venu avec les meilleurs de mon armée.
Je crains qu’ils ne soient tentés de faire un coup de main...
Pas trop toutefois, car ceux que j’ai laissé au pays…
Sauront faire front à une attaque éventuelle…
25 Oncle ! je demande à prendre congé de toi je veux partir. »
Il dit : « Je t’accorde le congé.
Et maintenant, quel jour pars-tu ? »
Il fixa un jour.
– 39 –
À y'à sɔ̀rɔ buge47
Ò dlòki dè bɛ́ dáwula lá
À bɛ dòn mìsi bìɲɛ dè kɔ́nɔ
À bɛ bɔ́ háwusa fàn dè fɛ̀.
5 Ò jàlamugu bɛ́nkɛ y'ò d'à mà.
Ò dlòkiba, à y'ò d'à mà.
Sakiya kùlusi, à y'ò d'à mà
Àní suduya mîn bɛ dòn à kɔ́rɔ.
– 40 –
C’était alors l’époque du buge,
Le buge c'est un grand boubou qui était à la mode.
On le conservait en rouleaux dans les cornes de vache50.
Ces tissus nous venaient du pays haoussa.
5 De ce bleu indigo l’oncle lui offrit aussi un turban51,
Du même bleu il lui offrit un grand boubou
Avec le dessous assorti.
Il lui offrit aussi un pantalon sakiya52.
– 41 –
À bɛ́ kà dìsa bɔ́ à kùn ná
À kùnsigi bɛ bìn fó à kɔ́ fɛ̀.
À ye dìsa bɔ́ à kùn ná, í y'à fàamu
K'ò dá à kàn ná, tàn.
5 À dísi n'à ɲɛ́da bɛ́ɛ bɛ́ kɛ́nɛ mà
Àlê m'ò yé.
30 À kó nê ?
À kó ɔ̀nhɔ́n !
Áyìwa !
À kó nê yé mɔ̀gɔ mîn yé ń k'ò fɔ́ í yé wà ?
À kó ɔ̀nhɔ́n !
35 À kó nê yé mɔ̀gɔ dè yé,
Mîn ni cɛ̀ ma kúma ɲwàn fɔ́ ábada fó wúla ìn ná
Ée ! à k'ò t'í tɔ́gɔ yé
– 42 –
Elle avait détaché le châle qui couvrait sa tête,
Et la nappe de cheveux ondoyait jusque dans son dos.
Elle avait détaché le châle, vois-tu ?
Elle l’avait jeté sur une épaule, ainsi56
5 Ainsi la gorge, le visage, tout était découvert.
Mais lui n’avait encore rien vu.
– 43 –
À kó ń b'à fɛ̀ í k'í tɔ́gɔ dè fɔ́ ń yé.
À kó nê yé màa dè yé
Màa mîn ma síbiri ɲɛ́ kélen táama
dùgukolo kàn ábada
5 Fó n'à kɛ́ra sánfɛla ìn yé kà táa kà nà.
À k'ò t'í tɔ́gɔ yé.
À kó ń k'í k'í tɔ́gɔ dè fɔ́ ń yé.
À kó nê yé màa dè yé mîn ma ɲɔ̀ dòn à dá kɔ́nɔ ábada.
À kó ê dùn bɛ mùn dún ?
10 À kó mìsi mîn bi fàa, ò sɛ́mɛ
À ni támàro.
À ni nɔ́nɔ.
À kó nê bálola n'ò dè yé.
À k'ò sí t'í twá yé
15 À kó bì yé dón jùmɛn yé
À kó bì yé gèjuma yé.
À kó ń ye mínnu fɔ́ í yé, n'ò y'í wàsa…
Ń tɛ ń twá fɔ́ í yé.
À hákili cíyɛnna.
20 À ye kàrafe yɛ̀lɛmɛ.
À kó soyaala ma bɔ́.
À ye dùgulen banbaadɔ dɔ́w ɲìninka.
À kó nìn yé jɔ́nì yé ?
Ù kó nìn yé í bɛ́nkɛ dénmuso dè yé.
25 Nìn y'í bɛ́nkɛ dénmuso fɔ́lɔ dè yé
Ée ! à kó nìn furulen bɛ́ jɔ́nì mà ?
Nìn y'à cɛ̀ ka só dè yé wà ?
Ée ! kó : « Roi ». à m'à fɔ́ ê yé kó à ni cɛ̀ dè
ma kúma ní wúla ìn ná tɛ́ wà ?
30 Í sigar'ò kúma ná wà ?
À kó : ò tùma à ma fúru wà ?
À kó : àyí !
À ye kàrafe yɛ̀lɛmɛ
k'ù ka sègin
35 Á ! à bɛ sègin kà táa bɛ́nkɛ fɛ̀ yèn.
À nàna ; à nísɔn ka gó.
Fàrigwan y'à mìnɛ.
À nàna.
– 44 –
Il dit : « Je veux que tu me dises plutôt ton nom. »
Elle dit : « Je suis une personne…
Cette personne qui n’a pas encore marché un empan
sûr la terre de Dieu.
5 En dehors des va-et-vient que je fais ici, dans mes appartements. »
Il dit : « Ce n’est point là ton nom. »
Il dit : « C’est ton nom que je veux que tu me dises. »
Elle dit : « Je suis une personne… qui n’a encore jamais mangé de mil. »
Il dit : « Mais alors, de quoi te nourris-tu ? »
10 Elle dit : De la moelle des vaches qu’on abat ;
De dattes,
et lu lait ».
Elle dit : « «Voici ce dont j’ai été nourrie. »
Il dit : « Mais rien de tout cela n’est ton nom »
15 Elle dit : « Quel jour sommes-nous, aujourd’hui ? »
Il dit : « Nous sommes vendredi »
Elle dit : « Si tu peux, satisfais-toi de ce que je t’ai dit…
Mais je ne te dirai pas mon nom. »
Il était désemparé
20 Il tourna bride.
Il dit : « Je renonce à cette randonnée. »
Il se mit à questionner des griots de sa suite.
Il dit : « Qui est celle-là ? »
Ils dirent : « Celle-là est la fille de votre oncle,
25 Celle-là est la fille aînée de votre oncle. »
« Mais dit-il, à qui est-elle mariée ?
C’est sûrement ici la maison de son mari ? »
« Mais enfin, sire, ne vous a-t-elle pas déclaré
n’avoir jamais parlé à un homme avant ce soir ?
30 Douteriez-vous de ces paroles ? »
Il dit : « Mais alors, elle n’est pas mariée ? »
Ils dirent : « Non ! »
Il tourna bride
et dit : « Rentrons ! »
35 Ciel ! À présent, il rentre au palais de son oncle.
Le voici ; plutôt de mauvaise humeur.
Il est fiévreux.
Le voici.
– 45 –
À jìginna kà bɔ́ à ka só kàn.
À bɛ́nkɛ kó : sòyaala ma bɔ́ wà ?
Kà dùgu lájɛ wà ?
Kó sòyaala bɔ́ra.
5 À kó ń b'à fɛ̀ kà táa
Ń bɛ ń sàra í lá.
– 46 –
Il descend de cheval,
L’oncle dit : « La randonnée n’a donc pas eu lieu ?
Pour voir la ville ? »
Il dit : « La randonnée a bien eu lieu. »
5 Il dit : « Mais je voudrais prendre congé à présent
S’il te plaît. »
– 47 –
N'í y'à fɔ́ nê yé í y'à dí nê mà
K'ò tùma nê b'à fɔ́ í yé.
À kó ɔ̀nhɔ́n !
Í bɛ fɛ́n kélen mîn ɲíni, ń y'ò d'í mà
5 À kó nê b'í dénmuso ìn dè fɛ̀.
À kó nê b'ò dè fɛ̀.
À kó nìn tɔ́gɔ yé Sìra Indu
Mùso nìn tɔ́gɔ yé Sìra Indu,
Kó àlê b'ò dè fɛ̀.
10 Bɛ́nkɛ y'à fílɛ, k'à fílɛ, Bɛ́nkɛ yɛ́lɛla
À k'ê ye à yé mínì ?
À kó nê y'à dɔ́n à bɛ́ yàn.
Nê táara fó à ka sánkanso kɛ̀rɛfɛ̀.
Bɛ́nkɛ kó à kó ń y'à d'í mà.
15 À kó ń y'à lámàra ê yɛ̀rɛ̂ dè yé.
– 48 –
Mais si tu me l’abandonnes d’avance,
Dans ces conditions, j’avoue immédiatement ce que je veux. »
« Bien, dit-il…
L’unique chose que tu désires, je te l’abandonne. »
5 Il dit : « C’est ta fille que je veux »
Il dit : « C’est elle que je veux. »
Il dit : « Celle qui se nomme Sira Indou
La femme se nommait Sira Indou… »
C’est elle qu’il voulait…
10 L’oncle le jaugea, des pieds à la tête ; l’oncle sourit.
Il dit : «Où l’as-tu vue, toi ? »
Il dit : « Je savais qu’elle était là.
Je suis allé jusqu’au pied de sa maison. »
L’oncle dit, il dit : « Je te la donne. »
15 Il dit : « C’est justement pour toi que je la gardais ! »
– 49 –
Ní cɛ̀ ìn nàna í lábɛ̀n, à bi táa
À ka kɔ́ɲɔ bón ná…
Ù ye mùso kò.
Ù bi táa mùso dí à mà.
5 À dònna só mîn kɔ́nɔ
Ù kɛ́nen bɛ́ kà hɛndɛsɛw64 kɛ́ só kɔ́nɔ
K'à pári ù ka fúla párili làhalaw lá
À ni mìnɛnw yé
À ni « tapiw » yé
10 Bɛ́ɛ bɔ́ra k'à n'à mùso tó yènninnɔ̀.
– 50 –
Lorsque l’homme se prépara à entrer
Dans la chambre nuptiale ?
On avait préparé la mariée65,
À présent on la conduisait à son mari.
5 Entrons dans la chambre :
Les murs en étaient ornés de lambris d’osiers,
De nattes multicolores, de corbeilles suspendues
Et d’autres objets encore.
Et c’était une débauche de tentures accrochées et de tapis au sol.
10 Tout le monde bientôt s’échappa, on le laissa avec sa femme.
– 51 –
… k'í b'í bólo dá ń kàn.
À y'í sìgi à y'í míiri.
À y'à ka gàwali tà.
Kálo jɛ́len bɛ́.
5 Mɔ̀gɔ bɛ́ɛ jàmanen bɛ́ ù ka yɔ́rɔ lá
Fó n'à kɛ́ra mùso kɔ̀rɔ mínnu b'ù sìgi dá lá.
À bɔ́ra dá fɛ̀.
Mùso n'à ka màsiriw bɔ́r'à nɔ̀fɛ̀.
À nàna sòkɛ ìn sìrilen yé : à kó
10 Kó sòkɛ ìn ka nà sìri à dá lá.
À yɛ̀rɛ̂ bi sì yɔ́rɔ ô yɔ́rɔ, sò ìn bi sìri yèn.
À mɛ́nna.
À ma sé kà gàwali ìn kɛ́ k'à bón.
20 À sèginna : à y'à kɔ́rɔtà
À ma sé.
À sèginna : à y'à kɔ́rɔtà…
– 52 –
… poser ta main sur mon corps. »
Il s’assit, il se recueillit.
Il prit sa lance Gaoual.
La lune inondait toutes choses de sa clarté.
5 Les convives s’étaient tous retirés.
À l’exception des vieilles matrones qui assistent la mariée.
Il sortit de la chambre.
La femme encore parée de tous ses bijoux, le suivit.
Il aperçut le cheval attaché à son piquet.
10 Il avait ordonné que le cheval soit attaché devant sa porte.
Où qu’il se trouvât, il aimait à savoir le cheval à ses côtés.
Et cela dura.
Il ne put se résoudre à frapper la bête de son Gaoual.
20 De nouveau, il leva la lance,
Il ne put achever son geste.
De nouveau il leva l’arme :
– 53 –
À bɛ́ sò ìn dè fɛ̀ kà tɛ̀mɛ nê kàn.
Mùso fúnuna.
À ka kúma fɔ́ nímisa y'à mìnɛ.
Kɔ́ɲɔ bɔ́len…
5 Bɛ́nkɛ kó : à kó « waladu » t'à lá
À b'à lábɛ̀n.
Bɛ́nkɛ y'à kɔ́ɲɔbɔ ni kɔ́ɲɔbɔfɛn ô fɛ́n ka kán
ni Fàamaden kɔ́ɲɔbɔ yé.
À y'ò bɛ́ɛ kɛ́ k'à kɔ́ɲɔbɔ :
10 Jɔ̀nw cáman.
Sòw cáman.
Áwà màrifa cáman66.
« Armes » cáman.
« Munitions »67 cáman.
15 Bɛ́nkɛ y'ò d'à mà kà t'à bìla
Kà banbaadɔw bìl'à nɔ̀fɛ̀.
Ù ye njaro tà kàbini ù ka « capitale » lá68
Fó kà t'à bìla fó nìn fána ka « capitale » lá.
Ò y'à sɔ̀rɔ à y'à ɲíni à bɛ́nkɛ fɛ̀.
20 Ń ɲìnɛna ò yɔ́rɔ kɔ́
À kó : waladu ma bán.
Waladu dè yé kálo sàba yé
Í mánà mùso fúru,
À bi waladu kɛ́, kálo sàba.
25 Mùso bɛ kɔ́ɲɔbɔ kà t'à d'í mà.
Bɛ́nkɛ kó waladu t'à lá.
À kó waladu b'à lá.
À kó nê bɛ waladu ìn kɛ́ yàn.
K'í ti t'í ka só ?
30 Mùso ná t'í sɔ̀rɔ yèn…
À k'ò tùma ; n'í kó waladu b'à lá,
à kó í n'í sìgi yàn.
À y'í sìgi yèn.
À y'à fɔ́ dùgulenw yé mínnu yé cɛ̀kɔrɔbaw yé
35 Banbaadɔ nìnnú yé
À kó ù ka màa ɲíni à yé
Mîn yé dén ìn bɛ́ só mîn ná
Mîn y'ò « construit »69
– 54 –
Non ! C’est plutôt qu’il me préfère le cheval ? »
La femme se trouva vexée.
Elle regretta d’avoir parlé.
– 55 –
Á' ka t'ò ɲwàn jɔ̀ à ka wɛ̀rɛ lá
K'à « meubler »70 b'í k'ò cógo
À bi táa mùso ìn jìgin
à ka só ɲɔ̀ɔn kɔ́nɔ
5 Ò y'ò dɔ̀ k'ò bán
Ù nàn'à f'à ɲɛ́ ná.
À sɔ̀rɔla kà síra ɲíni bɛ́nkɛ ìn fɛ̀.
À ni mùso táara.
Mùso ìn bɔ́ra só mîn kɔ́nɔ
10 À táara dòn fɛ́n kɔ́nɔ mîn ka ɲì ò yé.
– 56 –
Il voulait bâtir une pareille maison dans son campement.
Il voulait la meubler semblablement.
Car il voulait loger sa femme dans une maison semblable
à celle qu’elle avait quittée.
5 La maison fut bientôt achevée.
On vint l’en aviser,
Alors seulement il prit congé de son oncle.
Il partit avec sa femme.
La femme avait certes quitté une maison somptueuse,
10 Ce qu’elle trouva devant elle surpassa en tout ce qu’elle laissait.
– 57 –
Ò nàna kà n'ò fɔ́ à yé
Kó ń mùso kɔ́ɲɔ bɛ dòn.
Jɔ́nì ni jɔ́nì bɛ táa ń fɛ̀.
À kó jɔ́nì dùn bɛ táa kà tɛ̀mɛ nê yɛ̀rɛ̂ kàn ?
5 Ée ! à kó ê yɛ̀rɛ̂ bɛ táa ?
À kó nê ka táa ê ka kɔ́ɲɔ ná
Ò yé « nê yɛ̀rɛ̂ » yé wà ?
Ní nê ma táa ê ka kɔ́ɲɔ ná
Ɲìninkali bɛ táa kɛ́ jɔ́nnì kélen ná ?
10 Banbaadɔw bɛ kúma jɔ̂n fɛ̀ ?
Nê n'ê dè wolola ɲwán fɛ̀.
Án mɔ̀na ɲwán fɛ̀.
Án ye kàlan kɛ́ ɲwán fɛ̀.
Cógo jùmɛn ná ê bɛ nê ɲìninka
15 Yála nê bɛ táa ê ka kɔ́ɲɔ ná ?
À kó : ń y'à fɔ́…
À kó : í ma fóyì kɔ̀ni fɔ́ ò yé.
Ò kɔ́ɲɔ sú
ù y'ù lábɛ̀n ; ù ye kírike dá
20 Ù táara à ka ò dùgu rɔ́.
À táara fó ɲɛ́ fɛ̀…
Ù fána y'ù lábɛ̀n k'ù kɔ̀nɔ.
– 58 –
L’autre, venant lui annoncer son mariage
Dit : « Les noces de ma femme sont pour bientôt,
Qui doit m’accompagner ? »
Il dit : « Qui donc mieux que moi-même ? »
5 « Comment ? s’écria-t-il, le roi en personne ? »
Il dit : « Que je me rende à ton mariage ;
Qu’y a-t-il d’extraordinaire à cela ?
Si je ne devais aller à ton mariage,
Qui mieux que moi pourrait répondre de toi ?
10 À qui les griots adresseront-ils leurs dithyrambes ?
Nous sommes pratiquement nés ensemble,
Ensemble nous avons grandi,
Ensemble récité le qur'an.
De quel droit me reprendrais-tu,
15 Si moi je prétends t’accompagner au lieu de tes noces ? »
Il dit : « J’ai simplement dit. »
Il dit : « Tu n’as certes rien dit là qui tienne ! »
Le soir des noces,
Ils s’apprêtèrent, sellèrent leurs chevaux.
20 Ils se rendirent dans ce village de leurs « amours »,
Ils firent une longue course…
On les attendait.
– 59 –
Fó ù y'à mɛ́n k'à bɛ táa, í y'à fàamu
À térikɛ ìn ka kɔ́ɲɔ ná.
Ò y'í lábɛ̀n
Kà sánu ɲíni k'ò kɛ́ sírabara kɔ́nɔ
5 Kà yɛ̀lɛn à ka sòmusonin kàn
Kà sú táama kà tìle táama,
F'à nàna sé yɔ́rɔ ìn nɔ́ sú fɛ̀
Àlê ka « capitale » lá sú fɛ̀.
À y'í « déguisé »79 kà nà dòn dùgu kɔ́nɔ.
– 60 –
Et un jour la nouvelle leur parvint du départ prochain du prince pour
les noces de son ami.
Il se prépara.
Il remplit d’or une grosse tabatière
5 Et enfourcha une quelconque jument.
Il marcha la nuit et il marcha le jour.
Enfin, une nuit, il parvint à destination.
Il parvint dans la capitale de l’autre.
Il se déguisa et entra dans la ville.
– 61 –
À b'à ka fòli t'ò bólo
Ò kó à mà : ê dùn yé jɔ̂n yé ?
Mùsokɔrɔnin kó : à kó ń tɛ sé k'ò kɛ́.
Mùsokɔrɔnin kó à tɛ sé k'ò kɛ́.
5 À y'í bólo dòn à kùn.
À ye sìra bàra ìn bɔ́, à falen bɛ́ sánu ná
Wolo-sira bàra ìn mîn bɛ díla fɛ́n ná…
À ye à dáyɛ̀lɛ
À ye sánu jɔ̀lɔkɔ tà kà bɔ́ à kɔ́nɔ
10 K'à kɛ́ í kómi…83
Kó mùsokɔrɔnin mà : kó ń bɛ nìn d'í mà.
Táa yèn jìra ń ná.
Ée !… à kó ń ti sé kà sì.
Ń dùn b'à fɛ̀, ń bɛ kúma nìn fɔ́
15 Ni Hámàdi nàna kà bɔ́ à ka kɔ́ɲɔ yɔ́rɔ
À ka fɔ́ à yé.
À k'ò kúma fɔ́ ń yé.
À kó gùndo dòn.
Ò fɔ́li nàfa sí t'í kàn.
– 62 –
À elles, il laisserait ses salutations.
L’autre lui dit : « Et qui donc es-tu ; toi ? »
La petite vieille dit : « Cela, je ne puis le faire. »
La petite vieille dit qu’elle ne pouvait faire cela.
5 Il plongea une main dans ses poches,
Il en sortit la tabatière remplie d’or.
Il s’agit de ces tabatières faites de cuir frais.
Il ouvrit la tabatière,
en retira une longue chaîne d’or.
10 Il la fit balancer ainsi devant ses yeux.
Il dit à la petite vieille : je t’offre ceci,
Va me montrer la maison.
Il dit : « Je ne veux pas passer la nuit.
Or ce que j’ai à dire,
15 Je veux lorsque Hammadi sera rentré des noces,
Je veux qu’on le lui transmette. »
Elle dit : « Dis-moi ces paroles. »
Il dit : « C’est un secret
Te le divulguer ne te servirait de rien ».
– 63 –
À kó mîn y'à yɛ̀rɛ̂ ka sìso yé
À yɛ̀lɛnda yé nìn yé.
Í bɛ dòn nìn yɔ́rɔ fɛ̀.
Mùsokɔrɔnin bòlila kà sègin kà t'à ka só.
5 Àlê yɛ̀lɛnna.
À bɛ́ k'í màsìri…
À n'à ka « espion » mínnu bɛ́ dùgu kɔ́nɔ
Ù bɛ cógoyaw fɔ́ à yé :
Cɛ̀ ìn ni fìni mínnu bɔ́ra yèn,
10 N'à bɛ táa nìn ka kɔ́ɲɔ ná
À k'ò ɲɔgɔnw dòn…
À wúlila kà táa, à yɛ̀lɛnna.
À ye dá kɔ́nkɔn mùso ìn dá lá.
À kó ń nàna : à y'à kúma kán « déguiser »
15 Mùso kó : yálà ê nàna mùn ná ?
Ê ma kɔ́ɲɔ bán wà ?
Í térikɛ ka kɔ́ɲɔ
Ê nàna k'ò tó wà ?
À k'í ɲɛ́nafin ye ń mìnɛ, ń nàna.
20 À kó nê kɔ̀ni ɲɛ́nafin t'í lá !…
À kó : í ɲɛ́nafin ye ń nàti.
Nê térikɛ ìn, ń n'à wolola ɲwán fɛ̀.
Án ye dénmisɛnya kɛ́ ɲwán fɛ̀.
Án mɔ̀na ɲwán fɛ̀, án ye kùlusi tà ɲwán fɛ̀.
25 Ń ye í ka kɔ́ɲɔ… ê furuli dè bìla
k'à mùso furuli dè kɔ̀nɔ
Ní ò tɛ́, sò fàgali, à ni fú bɛ́ɛ ka kán nê yé.
À kó ń y'à bìla kà mîn kɔ̀nɔ, ń ma fóyì fɔ́ í yé
Kó nê bɛ sò ìn ɲɔ̀ɔn tán dòn ê rɔ́.
– 64 –
Elle dit : « Voici sa chambre personnelle.
Voici l’escalier d’accès.
Tu devras passer par là ».
La petite vieille s’échappa et s’enfuit jusque chez elle.
5 Lui monta.
Il s’était masqué.
Auprès des espions qu’il entretenait dans la ville,
Il avait pris des leçons utiles.
Ainsi les habits que le prince84 avait pris
10 Au moment de partir aux noces de son ami,
On lui conseillait de mettre des vêtements semblables.
Fort de tous ces atouts il monta.
Il frappa à la porte derrière laquelle devait se trouver la Reine.
Il dit : « Me voici » : il prit soin de déguiser sa voix85.
15 La femme dit : « Et qu’est-ce qui t’amène ?
Tu n’achèves donc pas la semaine nuptiale ?
Il s’agit des noces de ton ami ?
Et tu l’auras laissé ainsi ? »
Il dit : « Je brûlais de te revoir, je suis venu. »
20 Elle : « Ce n’est pas moi que tu brûles de revoir. »
Il dit : « Le désir de te voir seul m’amène.
Cet ami vois-tu nous sommes pour ainsi dire nés ensemble
Et nous avons passé l’enfance ensemble,
Nous avons grandi ensemble, subi ensemble l’épreuve du fer 86.
25 Ton mariage, je n’ai voulu le consommer et te connaître
Que lorsque mon alter ego connaîtrait sa femme.
En dehors de ces raisons immoler mon cheval ne me coûterait rien. »
Il dit : « Voici les conditions que je m’étais fixées sans t’en avoir rien dit.
À mes yeux, dix de ces chevaux ne te valent pas, toi. »
– 65 –
Mùso nísɔndiyara n'ò kúma yé
Ù yɛ̀lɛnna sánfɛ̀ kà t'ù dá.
Mɔ̀gɔ hákili wúlilen : npògotigi kwálen b'í bólo,
Í bi sé kà mùn kɛ́, n'ò bɛ sé kà fɛ́n kɛ́
5 N'í hákili ma sìgi ?
À y'í tùrukuturuku mùso ìn ná
Fó mùso tùn bɛ nà jógin.
Ò ye mànkan bɔ́, à wúlila.
À jìginna kà nà.
20 Sò ìn sìrilen bɛ́.
Ò y'à sɔ̀rɔ, nìn ye sò ìn tó à kɔ́
Kà sòmuso dɔ́ mìnɛ
Kà táa térikɛ ìn ka kɔ́ɲɔ ná.
– 66 –
Ces paroles réjouirent le cœur de la femme.
Ils montèrent et se mirent au lit.
Un mâle excité, devant une fille nubile,
Qu’est-ce qu’il peut faire de vraiment fait
5 Tant qu’il n’a pas maîtrisé ses nerfs ?
Ce furent alors moult déhanchements et allegro ! et presto !
Au point qu’il aurait blessé la jeune femme…!
Celle-ci étouffa un cri… il se releva.
– 67 –
À sínna mùsokɔrɔnin ka só mà.
À y'à ka sò mìnɛ : à bòlila
À táara.
À nàn'à ka só.91
30 À ye òlû jɔ̀.
À yɛ̀rɛ̂ y'à ka dú dáyɛ̀lɛ.
À dònna.
À sínn'à ka sò sìriyɔrɔ lá.
À y'à sɔ̀rɔ sò bìnnen bɛ́.
35 Jòli wòyolen bɛ́.
Áwà tàma géngennen bɛ́ sò lá, í y'à fàamu.
Jòli wòyolen dòn.
– 68 –
Il avisa la maison de la petite vieille.
Il détacha sa jument et s’enfuit.
Il était parti.
Juste à ce moment,
5 Il arriva ceci qu’on eût dit que
quelqu’un avait rempli une calebasse d’eau,
Eh bien, je ne sais si tu me croiras…,
Et en aurait renversé le contenu sur le Roi
Qui alors se trouvait au lieu des noces.
10 Il fut pris d’un coup de froid.
Quand pareille chose arrive à un homme,
Il est naturel qu’il en reçoive le contrecoup
par une sorte de télépathie…
Il eut un violent tressaillement.
15 Lorsqu’il eut ce tressaillement,
Il dit à son ami : « Je rentre à la maison ».
Il dit : « Quelque chose est arrivé en mon absence, je dois aller voir. »
L’ami demanda ce que c’était,
Est-ce qu’un malheur était arrivé ?
20 Il dit : « Lorsque j’observe certains signes en moi,
Je sais qu’il s’est passé quelque chose
« Ah oui ? s’écria l’ami qui ajouta : Dans ces conditions
je pars moi aussi
Je t’accompagne. »
25 « Non ! Toi tu restes. »
Parmi les gens de son escorte,
Il prit quelques braves.
Ils sellèrent les chevaux…
– 69 –
Yɔ́rɔ bɛ́ɛ nɔ́rɔkɔlen bɛ́ jòli fɛ̀
À nàna
À ye sò ìn fílɛ.
À múnumununa sò ìn fɛ̀
5 Kà múnumunu à fɛ̀.
À ye tàma ìn bɔ̀ kà bɔ́ sò lá.
À y'í kánbɔ ù mà, k'í dɔ̀ dá lá
K'ù k'à ka jɔ̀nw kúnu.
À ye sò dátugu.
À yɛ̀lɛnna.
À táar'í kò.
À nàn'à mùso fɛ̀.
35 À ye mùso tó dlán kàn.
À y'í dá à dànma dlán kàn.
Mùso dùsu fújununa.
– 70 –
Le sol était couvert de sang.
Il s’approcha.
Il se mit à contempler son cheval.
Et il tournait autour du cheval,
5 Et il tournait autour du cheval.
Il arracha la lance du corps du cheval.
Il appela ses gens et se tint devant la porte.
Il ordonna qu’on réveillât ses serviteurs.
Il couvrit le cheval.
Il monta.
Il prit un bain.
Il vint à sa femme…
35 Puis il lui laissa le lit.
Il prit un lit à part.
La femme en fut ulcérée :
– 71 –
Mùso t'à dɔ́n k'à cɛ̀ tɛ́ !…
Mùso y'à tó yèn.
Mùso y'à fílɛ sá : à ye kúma mîn fɔ́ àlê yé
Ò yé nkàlon yé.
5 À b'à térikɛ dè ka kɔ́ɲɔ kɔ̀nɔ.
À y'à dɔ́n tígitigi : à bɛ́ sò ìn dè fɛ̀ kà tɛ̀mɛn àlê kàn.
Mùso kɔ̀ni sábalila.
À ni mùso tóra tèn.
Ù bɛ sì só kɔ́nɔ
10 Nk'ù tɛ sì dlán kélen kàn.
– 72 –
La femme ne sachant pas… que ce n’était point son mari !...92
La femme s’abstint de faire une scène.
Mais la femme s’interrogeait : « Les explications qu’il m’a données
N’étaient donc que mensonges ».
5 Et c’est le mariage de son ami, qu’il attendait !
Au contraire il sait pertinemment que c’est son cheval qu’il préfère. »
Mais la femme s’arma de patience.
Il resta ainsi avec la femme :
Ils couchaient dans la même chambre,
10 Mais ils dormaient dans des lits séparés.
– 73 –
Ń b'à ɲíni í fɛ̀
Í ka ń bìla ń ka táa ń ɲɛ́ dá ù kàn.
Ń bɛ nà.
Ée !…
5 À kó nê yɛ̀rɛ̂ bɛ t'í bìla kɛ̀.
K'í bìla kà táa…
Ée ! à kó ń t'ò kɛ́ !
À kó ń b'à fɛ̀ í ka ń kélen dè bìla kà táa.
Ée ! à kó ń t'ò kɛ́.
10 Ê kélen ?
À kó : ɔ̀nhɔ́n !
Kàbi Ála ye ń dá, ń ma sɛ̀gɛn
Ń b'à fɛ̀ kà sɛ̀gɛn.
Kàbi Ála ye ń dá ń bɛ hɛ́rɛ mîn nɔ́…
15 Mɔ̀gɔ tɛ sé kà tó hɛ́rɛ rɔ́ tèn, f'í ka
í yɛ̀rɛ̂ sɛ̀gɛn…
Ní ń n'ê95 táara ɲɔ́ɔn fɛ̀, ò bi kɛ́ mànkanba yé kójugu.
Ń tɛ́nà díɲɛ sɔ̀rɔ k'à dɔ́n ò lá.
Ń tɛ́nà jàmana dɔ́n ò lá.
20 Ń b'à fɛ̀ í ka ń kélen dè bìla kà táa.
Ní ń kélen táara…
Áwà ! ń b'à ɲíni í fɛ̀…
í mánà « permission » mîn dí ń mà96
Ò tɛ dáfa ábada ń bi nà.
25 À kó à mà : ń tɛ sé k'í bìla kà táa
À y'à dɛ́li, k'à dɛ́li, k'í kàle à yé
K'à fɔ́ k'à bi nà.
À k'í ka kélen táali dùn,
Ò kùn yé mùn yé ?
30 À kó ń b'ò dè ɲíni í fɛ̀.
Ń ye mîn fɔ́ í yé,
Kùn sí t'à lá n'ò tɛ́.
Áyìwa !… kó bìsímila ! à y'à lábìla.
Ò táar'à fɔ́ à bá yé
35 K'à sigalen bɛ́ bàna mîn nɔ́, k'à bɛ t'ò fúrakɛ.
Bá kó à tɛ sé kà táa ní màa ma táa…
À kó : àyí !… à ma sɔ̀n.
Án ye tìle dámadɔ bɔ́ ɲɔ́ɔn ná :
– 74 –
Je te le demande instamment,
Laisse-moi aller les voir.
Je reviendrai. »
« Comment cela ?
5 Mais je te conduirai moi-même !
Te laisser aller ?
Que non ! cela, je ne puis le faire. »
Elle dit : « Je désire justement que tu me laisses aller seule.
« Comment cela ? Cela, je ne puis le faire.
10 Toi, toute seule ? »
Elle dit : « Justement
Depuis que je suis au monde, je n’ai connu aucune peine.
Je veux à présent peiner.
La tranquillité dans laquelle j’ai toujours vécu,
15 Personne ne peut demeurer dans un tel état, sans éprouver le besoin de
prendre de la peine.
Si je partais avec toi, cela ferait un grand remue-ménage ;
Et je ne pourrais connaître le monde,
Je ne pourrais connaître le pays.
20 Je veux plutôt que tu me laisses aller seule.
Ainsi si je partais seule…
Et je te demande de me croire : la période d’absence que tu
m’accorderas
Ne viendra pas à terme, que je serai de retour. »
25 Il lui dit : « Je ne puis te laisser aller seule. »
Elle le supplia, insista et lui jura solennellement
Qu’elle reviendrait.
Il dit : « Mais enfin, ce voyage solitaire…
Quelle en est le motif véritable ? »
30 Elle dit : « C’est ce que je désire.
En dehors de ce que je t’ai déjà exposé,
Il n’y a aucune autre raison. »
« Eh bien, soit ! » dit-il, il donna son accord.
Il alla en aviser sa mère :
35 Son épouse voulait aller se faire soigner du mal
Qu’elle soupçonnait…
La Reine mère dit qu’on ne pouvait la laisser voyager seule...
Il dit : « Justement ! Elle refuse de partir autrement.
Nous avons discuté des jours durant :
– 75 –
À ma sɔ̀n.
À ye ń dɛ́li : ń dùn fána kó ń sɔ̀nna.
Ń t'à fɛ̀ k'ò wúli.
Bá kɔ̀ni hámina.
5 Ù y'à kélen bìla kà táa.
À n'à ka gadanin.
Ù ye sú táama, ù ye tìle táama.
Ù ye kírike dá ù ka sòw lá tùma mîn nà
Ù yé sú táama, ù ye tìle táama
10 Fó ù séra à fà ka « capitale » ba lá.
Ù ser'à fà ka « capitale » lá
À nàna. à jìginna.
Ù ser'à bá fɛ̀ yèn.
À bá kó : bìsimilayi !
15 À kó mùn dòn ? í n'í cɛ̀ dè kɛ̀lɛla wà ?
À kó : àyí
À k'ò kɔ̀ni yé nkàlon yé
Í bòlila dè wà ?
Ée ! à kó hɔ́rɔn bɛ bòli wà ?
20 À kó : mîn kɛ́ra, à k'à k'ò fɔ́.
À ye fɛ́n lákàli, à n'à cɛ̀ bɛnna mîn kàn
À y'ò fɔ́.
Ée ! à kó ê yé kábako mɔ̀gɔ yé.
À kó : ń bá, kàbi Ála ye ń dá
25 À kó nê ma sɛ̀gɛn.
Kàbi Ála ye ń dá, ń ma fóyì kɛ́ dùgukolo kɔ́kàn.
Fó án ye táa mîn kɛ́
Ní ń yɛ̀lɛnna sò kàn kà táa…
Kó ń ye mîn ɲíni ń cɛ̀ fɛ̀, ń cɛ̀ sɔ̀nn'ò mà.
30 À kó ń nàna, ń bɛ́ ń cɛ̀ fɛ̀ cógo ô cógo
Ń nàna ń ɲɛ́ d'áw fána kàn
á'ɲɛ́nafin tùn dònna ń ná.
Bá y'à jàlaki kósɛbɛ.
À kó nê bɛ sé kà nìn fɔ́ í fà yé cógo dì ?
35 ɔ́ ! dùgu mánà jɛ́, í t'à fɔ́ à yé !
– 76 –
Mais elle ne veut rien entendre.
Elle m’a supplié, à la fin j’ai dû lui donner mon accord.
Et cela, je ne voudrais pas revenir là-dessus. »
La Reine mère était soucieuse.
5 On la laissa aller seule
Avec sa jeune servante.
Elles marchèrent la nuit, elles marchèrent le jour.
Lorsqu’elles eurent sellé leurs chevaux,
Elles marchèrent la nuit, elles marchèrent le jour.
10 Alors elles parvinrent dans la capitale de son père.
Les voilà dans la capitale de son père.
Elle arriva. Elle descendit de cheval.
Elles allèrent d’abord chez sa mère.
« Justes cieux ! » s’exclama celle-ci.
15 Elle dit : « Qu’est-ce que c’est ? Tu es en querelle avec ton mari ? »
Elle dit : « Non. »
Elle dit : « Ce ne peut être vrai, cela !
Es-tu en fuite ? »
« Comment, dit-elle, une personne de noble naissance fuit-elle ? »
20 Elle dit : « Alors, dis-moi ce qui s’est passé. »
Elle exposa les termes de l’accord conclu avec son mari.
C’est ce qu’elle lui rapporta.
« Est-ce possible ! Hein ! s’écria-t-elle. Toi tu es une nature étonnante. »
Elle dit : «Mère, depuis que Dieu m’a créée… »
25 Elle dit : « Jamais je n’ai souffert,
Depuis que Dieu m’a créée, je n’ai jamais rien fait par moi-même,
Sauf la peine que je me suis donnée, au cours du voyage,
De me tenir sur le cheval qui me portait.
Alors, ce que j’ai demandé à mon mari, c’est ce qu’il m’a accordé.
30 Et me voilà, ajouta-t-elle. J’ai beau aimer mon mari,
Je suis venue vous voir vous aussi,
car vous commenciez à me manquer. »
La mère lui reprocha sévèrement sa conduite.
Elle dit : « Et comment présenter cette affaire à ton père ? »
35 Quand il fera jour, tu le lui diras !
– 77 –
Bá ye fɛ́n lákàli à yé dénmuso ye mîn lákàli à yé.
À k'ò yé nkàlon yé.
À kó : à bòlila dè.
À nàna cógo mîn ná
5 À bî ségin tèn…
Nê yɛ̀rɛ̂ t'à fɛ̀ k'à yé.
Bá y'à dɛ́li fó à ye yàmaruya dí.
À y'à dénmuso « reçoit »97 à ka só.
– 78 –
La mère lui exposa ce que sa fille lui avait raconté.
Il dit : « C’est du mensonge cela. »
Il dit : « Elle doit être en fuite.
Telle qu’elle est arrivée,
5 Telle elle s’en retournera…
Je ne veux même pas la rencontrer, quant à moi. »
La mère le supplia, et à la fin il consentit à la voir.
Il reçut sa fille dans son palais.
– 79 –
Fà kábakoyar'à lá
Fà y'à bìla kà táa.
– 80 –
Tout ceci étonna fort le père.
Le père la laissa partir.
– 81 –
Ò ka hámi bònyɛna
n'àlê tá yé.
Ò kó : án b'à tìgi ɲíni
Án b'à yé.
5 Án b'án bólo d'à kàn.
– 82 –
Celle-ci en fit un souci encore plus grand
que la jeune femme ne s’en était fait.
Celle-ci dit : « Nous chercherons le coupable,
Nous le trouverons,
5 Nous lui mettrons la main dessus.
– 83 –
Ù b'à fɔ́ ánw kɔ̀ni nàna.
Án b'án ka nàli cógoya fɔ́ áwà,
Mɔ̀gɔw dè yé mínnu yé Fàamaw yé
Mínnu yé nìn « tribu » ìn kùntigiw yé.
5 Ù bɛ́ ù « reçoit »
N'ù y'ù « reçoit », mùsokɔrɔ ìn b'à ka kúma dámìnɛ
À b'à fɔ́ nìn kɔ̀ni yé mùso dè yé.
À k'à tɛ fúru cɛ̀ sí mà
Gùndo b'à lá ní cɛ̀ mîn y'ò dɔ́n,
10 N'ò tɛ́ ní mîn ye cɛ̀farinya kɛ́
Mîn n'à ɲɔ́ɔn ma kɛ́
Ábada díɲɛ kɔ́nɔ
Ù ka fúlaw lá.
Kámalen dòn.
15 Mɔ̀gɔ ɲùman dòn.
Dɔ́nnibaga dòn.
Àlê b'ò dè ɲíni
À bɛ fúru ò mà.
« courage »105 bɛ́ mîn ná
20 N'à ka kìsɛ
Ò mɔ̀gɔ mínnu bɛ́ ò « Roi » kɔ́rɔ
Ù b'ò « Roi » ka « courage » fɔ́ à yé
K'à ka dɔ́nni fɔ́ à yé
K'à ka fónisireya fɔ́ à yé.
25 À bɛ kó mínnu kɛ́
K'ò bɛ́ɛ fɔ́ à yé.
Nk'ù tɛ s'à ka gùndo ìn mà
Ù tɛ sùrunya ò lá.
À b'à fɔ́ ń ye nìn mɛ́n
30 Nìn díyara ń yé
À b'ò tànu
À bɛ bárika dá ò yé
À b'à fɔ́ : ń bɛ yáala hálì bì ń bɛ ɲìninkali kɛ́.
Gùndo mîn bɛ́ ń ná í sùrunyan'à ná
35 Ǹka í ma s'à mà.
Ń bɛ́ « sondage »106 kɛ́ hálì sá.
Ní ń yé cɛ̀ yé…
Ń tɛ kɛ́ wùlu yé
– 84 –
Elles disaient : « Nous sommes venues à vous,
Mais nous nous expliquerons seulement
Une fois mises devant vos chefs,
Ceux qui dirigent cette tribu. »
– 85 –
Kà bɛ́ɛ cín
Áyìwa !…
Ń bɛ cɛ̀ dè ɲíni
Ń ka cinni bɛ dàn mîn kélen mà.
– 86 –
Je ne mordrais pas tout le monde.
Voilà !
Je cherche un homme…
L’homme qui sera seul à connaître ma morsure. »
– 87 –
Ù sér'ó « tribu » lá, ù lábɛnnen
Tùma mîn ná, n'ù séra yèn,
Ù jìginna ù ka galaw kɔ́rɔ.
Áyìwa dùgumɔ̀gɔw nan'ù lájɛ.
5 Ù y'ù ka hámi fɔ́ ù yé :
Ù b'ù « expliquer »111 mɔ̀gɔ dè yé
Mîn yé, áwà « tribu » mɔ̀gɔw yé
Mîn y'à fàama yé
Mîn sìgilen b'ù kùn ná.
10 Ù táar'ò fɔ́ ò yé.
Ù kó mùso dɔ́ nàna.
Dákabana mùso dòn.
Kúma b'à fɛ̀
À b'à fɛ̀ k'à láse yàn.
15 À bɛ mɔ̀gɔ ɲíni
N'à y'ò yé
áwa !… à b'à ka hámi fɔ́ ò yé.
Ò y'à « reçoit »
K'à kà mɔ̀gɔw lájɛ, hákilitigiw lájɛ à kɔ́rɔ.
20 À y'à fílɛ,
À y'à ka hámi fɔ́.
À ye mîn fɔ́ yɔ́rɔ tɔ̀ nìnnú ná
À y'ò ɲwàn fɔ́
K'à jíidi kà tɛ̀mɛn ò kàn.
25 Òlû kó n'í bɔ́ra yàn
Í máa táa yɔ́rɔ ô yɔ́rɔ
Í tɛ fúla yé mîn ka fárin nìnnú yé.
Í tɛ fúla yé mínnu ka « générosité » kà bòn
Kà nìnnú tá bɔ́.
30 Í tɛ fúla yé mîn hákili ka bòn kà nìnnú bɔ́.
Í tɛ fúla yé mîn bɛ sé kà mɔ́nɛ dòn
À fadenkɛ rɔ́, í y'à fàamu,
mɔ́nɛ mîn tɛ bɔ́ kà nìnnú bɔ́.
Í t'ò fúla sɔ̀rɔ jàmana ìn kɔ́nɔ.
35 À kó áyìwa, nìn ye báara mínnu kɛ́
Ù k'ò « relater » à yé.
Hálì n'ù ma s'à bɛ́ɛ mà
– 88 –
Elles arrivèrent à la tribu, parées de leurs atours.
Lorsqu’elles parvinrent là,
Elles s’installèrent sur la place publique.
Les habitants du village vinrent s’enquérir d’elles.
5 Elles leur exposèrent la raison de leur présence parmi eux,
Mais elles s’expliqueraient dans le détail
Seulement devant les notables de la tribu,
Devant le chef pour tout dire,
Celui qui dirige la tribu.
10 On courut alerter ce dernier.
Une femme venait d’arriver,
Une femme extraordinaire.
Elle avait un propos
Qu’elle tenait à lui communiquer.
– 89 –
Ù kó màa mîn t'à fɛ̀ kà nìn yé,
N'ù bɛ́ áwà kóɲɛ ná, júguya bɛ́ ù ka « famille » (w)112 ni ɲɔ́ɔn cɛ́,
Kà n'à bìla án bɛ́ bì dón ìn mîn ná.
Áwà, ù ye àlê cɛ ka « dú » fɔ́.
5 À ye mɔ́nɛ dòn òlû lá
Fó kà táa díɲɛ wíli
À mɔ́nɛ tɛ bɔ́.
Ù dònna kúma ìn nɔ́
F'ù nàna, ù bɛ nà táa sé yɔ́rɔ rɔ́…
10 À k'ù ka dàn yàn.
À y'à dɔ́n
À bɛ mîn ɲíni nìn dòn.
Nk'òlû dùn yé mɔ̀gɔ fìla dè yé.
Ò mɔ̀gɔ fìla, kélen yé kɔ̀rɔbalen yé.
15 Ù fìla bɛ́ fà lá, ù bɛ́ bá lá
Òlû dè fà sàra k'ù tó,
Kélen tɔ́gɔ yé Hámàdi,
Kélen tɔ́gɔ yé Bàba.
Hámàdi, ò yé kɔ̀rɔbalen yé.
20 Bàba, ò yé ncínin yé.
Nìn cɛ̀ fìla bɛ́ɛ yé cɛ̀farin yé
Fó kà táa fárinya s'à dàn ná.
– 90 –
Ils dirent : « Il y a un homme qui ne souhaiterait pas voir vivre celui-ci.
Une noire inimitié oppose leurs familles respectives
Depuis des générations jusqu’au moment où nous vous parlons. »
« Eh bien… » alors ils citèrent nommément la famille de son mari.
5 « Il leur a fait un affront… tel,
Que jusqu’à la fin du monde,
On ne pourra le laver. »
Ils entrèrent, alors dans le récit…
Et cela se développait, évoluait vers des détails tel que…
10 Non ! elle leur intima d’en rester là.
Elle savait maintenant
Que ce qu’elle cherchait, c’était cela même :
Cependant, eux les princes peuls étaient deux.
Des deux, l’un est l’aîné.
15 Les deux sont de même père et de même mère.
Leur père était mort alors qu’ils étaient encore jeunes tous les deux.
L’un s’appelait Hammadi.
L’autre s’appelait Baba.
Hammadi est l’aîné.
20 Baba lui est le cadet.
Les deux hommes étaient des braves
Jusqu’à l’extrême limite de la bravoure.
– 91 –
N'ù y'à jìgin kà bɔ́ sò ìn kàn
À bánnen yé ò yé…
Áwà ò kɔ̀ni bɛ́ tèn.
Kɔ̀rɔkɛ ìn fána ka fárin
5 Nk'à tɛ Bàba bɔ́ fárinya nɔ́.
Tùma mîn ná n'ù ye kɔ̀rɔkɛ ka báara fɔ́ à yé
À kó sísàn
Gùndo mîn bɛ́ ń ná
À ka sùrun
10 Hámàdi ìn ná
Kà tɛ̀mɛn màa wɛ́rɛ kàn.
Nê ye mîn fɔ́ à yé,
Nê tɛ kɛ́ wùlu yé
Kà bɛ́ɛ cín.
15 Nê bɛ dàn màa kélen mà.
Ń bɛ́ ń ka díɲɛnatigɛ k'ò tìgi bólo
Fó kà táa sé ń nàkan mà.
Ò kúma
Ò mìnna Hámàdi lá.
20 Ń b'à fɛ̀ kà fúru nìn mà
Ò kúma
Ò díyara Hámàdi yé.
À nísɔndiyara
Ò yé nísɔndiya dàn yé, kà kàfo à ka mɔ̀gɔw mà.
25 Ò y'à dúnanjigin, k'à bìsimila.
Ò nàna fúru ɲíni à fɛ̀
À sɔ̀nna fúru mà.
À furula ò mà.
À kó ń bɛ fúru í mà « condition »116 mîn kɔ̀ni ná,
30 Ò yé kélen yé :
Ń t'à fɛ̀ ń ni fúlamusow
kà fàra ɲɔ́ɔn kàn
Ń n'ù ka sìnaya kɛ́.
Í bɛ ń dàma yɔ́rɔ díla ń yé
35 Ò sɔ̀nna ò mà.
Ò ye yɔ́rɔ lábɛ̀n à yé.
Yɔ́rɔ mîn cɛ̀ ka ɲì
Mîn ni à ka kán.
Ò y'à bìla yèn
– 92 –
Mais dès lors, qu’on l’avait descendu de cheval
Il était réduit à rien.
Tel était le cadet.
L’aîné aussi était brave,
5 Mais il n’atteignait pas Baba dans la bravoure.
Lorsqu’on lui eut narré l’exploit de l’aîné,
Elle déclara : « Enfin !
L’énigme de ma vie,
Si elle avait un visage ressemblerait
10 À votre Hammadi
Plus qu’à toute autre personne.
Je vous l’ai déjà dit :
Je ne me ferai pas chienne enragée,
Je ne mordrai pas tout le monde,
15 Je m’en tiendrai à un seul homme,
Et je passerais ma vie avec celui-ci
Jusqu’à la fin de mes jours. »
Le propos ainsi présenté,
Hammadi fut convaincu.
20 « Je veux donc l’épouser. »
Le propos, encore une fois,
Plut à Hammadi.
Il s’en réjouit visiblement,
Sans fard aucun, et sa cour s’en réjouit avec lui.
25 Il l’accueillit chez lui et lui souhaita la bienvenue.
Puis il lui fit part de son ardent désir de l’épouser.
Elle accepta sa demande,
Et le mariage fut célébré.
Elle avait cependant dit : « Je t’épouserai à une condition,
30 Une seule condition :
Je ne veux pas vivre dans le même ménage
que les autres femmes peules
Et ainsi vivre avec elles la rivalité des coépouses.
Tu m’aménageras un domaine à moi ».
35 L’autre accepta cette condition,
Il lui aménagea une maison à elle.
Une maison charmante entre toutes
Et qui était digne d’elle.
Il l’installa là.
– 93 –
Kà « surveillante » (w)117 bìl'à kɔ́rɔ.
À lámɔ̀na mùsokɔrɔba mîn bólo
Mùsokɔrɔba hákilima ìn -
K'ò bìla yèn.
5 Ò ni à n'à ka « servante » mîn bɛ́ ɲɔ́ɔn fɛ̀
Ù yé « díɲɛ dɔ̀n » kɛ́ ɲɔ́ɔn fɛ̀.118
Fúru sìrila.
Ù bɛ́ bàrokɛ ù fɛ̀ yèn.
Nkɔ̀niw bɛ fɔ́.
10 Masalaw bɛ bɔ́.
Fɛ́n bɛ́ɛ lájɛ̀len bɛ kɛ́.
Cɛ̀ ìn máa dílan ɲíni à fɛ̀
À b'à fɔ́ cɛ̀ yé : à bɛ́, ń bólo bɛ́ jí rɔ́.
N'à bólo bɔ́ra jí rɔ́,
15 À bɛ cɛ̀ mîn ɲíni, nìn dòn.
À ni cɛ́ bɛ másala mîn kɛ́
F'à y'à « découvrit »119
K'à fɔ́ màa mîn y'àlê « déshonorée »120
Ò dè yé cɛ̀ ìn yé.
– 94 –
Il lui affecta des servantes.
Quant à sa vieille gouvernante,
La vieille femme pleine de sagesse,
On la mit là aussi.
5 Dans sa suite se trouvait aussi sa petite servante,
Sa petite compagne des jours mauvais.
Le mariage fut alors célébré.
La cour se transporta là.
On y jouait du nkoni,
10 On y donnait des récitals,
Enfin tout ce qui peut animer une chambre nuptiale.
Lorsque l’homme voulait user de ses droits conjugaux,
Elle lui disait être indisposée :
Mais dès qu’elle serait remise en état,
15 Il saurait que l’homme qu’elle cherchait, elle l’avait trouvé !
Et c’était de longues causeries dans l’intimité.
Elle put ainsi découvrir119
Que l’homme qui s’était joué d’elle,
Était celui-là même qui se livrait présentement à elle.
– 95 –
Nê yɛ̀rɛ̂ fána t'àlê fɛ̀.
Mîn bɛ́ nê fɛ̀,
N'ò hámina
Kà nìn wále ìn kɛ́
5 Nê y'ò mùso yé sá fó « yomali kíyama »124.
Ò kúma díyar'ò yé.
– 96 –
Eh bien, je ne l’aime pas, moi non plus.
Celui qui m’aimait,
Et dont la passion le poussa
À faire ce qu’il a fait,
5 Lui, je suis sa femme désormais et jusqu’au-delà de ce monde… »
Ces paroles plurent à l’homme.
– 97 –
Ù b'à kɛ́ nɔ́nɔkɛnɛ ná.
Ní í y'ò nɔ́nɔkɛnɛ mìn kà bán,
Áwà, sísàn kɔ̀ni, í tɛ sé kà fóyì kɛ́
Ní sùnɔgɔ tɛ́.
5 Kó bɛ́ɛ bɛ k'í lá
Áwà — k'í tó sùnɔgɔ ìn ná.
Mɔ̀gɔw wúlila tùma mîn ná
À y'í lábɛ̀n
K'à « parfumée »129
10 Kà wusulanw k'à lá
K'à ka huladuw130 n'à ka màsiriw bɛ́ɛ k'à kàn.
Hámàdi y'à yé
À hákili nyágamina.
À k'ù ka nà ni nɔ́nɔ yé !
15 Àlê cɛ̀ bɛ nɔ́nɔ mìn
Ù nàna ni nɔ́nɔ yé.
– 98 –
Qu’on verse dans du lait frais.
Si vous buvez de ce lait frais,
Eh bien, vous ne pouvez plus rien faire
Si ce n’est dormir.
5 On pourrait faire de vous tout ce qu’on voudrait,
Et vous dormiriez encore.
Lorsque les gens se retirèrent,
Elle se prépara,
Elle se parfuma,
10 Elle passa et repassa devant son encensoir.
Elle se para de ses plus beaux atours.
Lorsque Hammadi la vit,
Il en perdit la tête.
Elle ordonna qu’on apporte du lait :
15 Son mari allait prendre son lait nocturne.131
On apporta le lait.
Il but de ce lait
Jusqu’à satiété.
Ils passèrent alors dans la chambre.
20 Ils se mirent au lit.
Dès qu’ils se furent mis au lit,
Hammadi s’endormit.
Il ne se réveilla plus.
Lorsqu’il se fut endormi de ce sommeil de plomb,
25 Elle se leva, le toucha et vit qu’il dormait.
Elle s’en fut rejoindre, eh bien, sa vieille gouvernante
Là où celle-ci reposait ; elle la réveilla.
Elle dit : « Il s’est endormi. »
Elle dit : « Ce que nous cherchions.
30 Le voici. »
Elles vinrent à lui,
Elles le retournèrent,
Il ne broncha pas.
Elles se préparèrent.
35 Elle dépouilla l’homme de ses habits,
Et s’en vêtit.
Les talismans qu’elle avait vus sur l’homme
Et qui le rendaient invulnérable aux balles,
– 99 –
À y'ò dòn à lá.
– 100 –
Elle les mit :
– 101 –
K'à fɔ́ ù yé.
Sò sí tɛ́ yàn mîn bɛ sé kà nìn sò ìn sɔ̀rɔ.
Ò b'à sɔ̀rɔ áw ye dɔ́ kɛ́.
Ń bi kún áw rɔ́.
5 Òlû y'ò kɛ́ ò cógo rɔ́.
Àlê wúlila
Fájiri fɛ̀.
À táara dáfìla kùnkan fìla gòsi ù ka gála kɔ́rɔ.135
À kó fúlaw : n'áw bɛ wúli
10 Á' yé wúli.
À kó à ka kùntigi yé mîn yé,
N'ò yé Hámàdi yé,
À kó nê y'à fàa.
À kó wà : ń táara.
15 À y'à ka kàrafe yɛ̀lɛma
À ye síra mìnɛ ù nɔ̀fɛ̀.
À y'à ka sò wúli ù nɔ̀fɛ̀.
– 102 –
Et je le leur dirai.
Il n’y a pas un cheval ici capable de rattraper ce cheval.
À ce moment-là… vous, vous aurez fait du chemin.
Je vous rattraperai. »
5 Celles-ci firent comme on le leur avait ordonné.
Quant à elle, elle se leva.
Lorsque l’aube parut,
Elle s’en fut tirer deux coups de fusil sur la place publique.
Elle lança : « O ! Peuls, ce que vous pouvez faire,
10 Faites-le. »
Elle dit : « Celui qui était votre chef,
Celui qui se nomme Hammadi, »
Elle dit : « Je l’ai mis à mort ».
– 103 –
Ù m'ù sɔ̀rɔ.
– 104 –
Ils ne les rattrapèrent point.
– 105 –
Nìnnú seginnen kɔ́ kà bɔ́ ù nɔ̀ fɛ̀
Áwà, ò y'à sɔ̀rɔ mùso nìnnú,
Ù sɛ̀gɛnna.
Tùma mîn ná, n'ù sɛ̀gɛnna
5 À kó nìn bɛ́ cógo mîn nɔ́
Nê sɛ̀gɛnna.
Án bɛ́ kírike rɔ́ kàbi sɔ̀gɔmà
Fó kà n'à bìla sísàn ná.
Á' yé dɔ̀ án ka dàbali kɛ́
10 Án ka jìgin
Án k'án sìgi
Yɔ́rɔ dɔ́ lá
Án b'án làfiya.
Ù táara yènninnɔ̀.
Ù yé jiriba dɔ́ kɔ́rɔ
Mîn ka jàn síraba lá.
Ù y'ù ka kírikew fóni kà bɔ́ ù ka sòw lá.
30 Ù jìginna.
Tùma mîn ná n'ù jìginna
Ù y'ù láfiɲɛbɔ.
Ù ye finiw fɛ̀nsɛn
Birifiniw fɛ̀nsɛn.
35 Ù yé « Princesse »141 ìn bìla ò kàn.
À y'à làfiɲɛ bɔ́ kó sɛ̀bɛ.
– 106 –
Les poursuivants, Baba excepté, avaient donc rebroussé chemin.
Les fugitives quant à elles,
Elles, se trouvaient atteintes par la fatigue.
Lorsqu’elle vit qu’elles étaient atteintes de fatigue,
5 Elle dit : « Qu’allons-nous faire ?
Je suis épuisée.
Nous sommes en selle depuis le matin142
Jusqu’à présent.
Avisons à présent et trouvons un moyen…
10 Et mettons pied à terre.
Et nous nous installerons…
Quelque part
Et nous nous reposerons. »
– 107 –
Bàba ìn nàna.
Áyìwa — à bɛ tɛ̀mɛn…
À ka sò ntɔ́rɔn kàn !…
Ù ka sòkɛ fílanan mîn bɛ́ yèn
5 N'ò n'à ka sò ìn ka kán.
Ù fána tùn y'ò ɲwàn sɔ̀rɔ
Súrakaw fɛ̀
B'í k'í n'à fɔ́.
Áwà mùso ìn cɛ̀ y'à ka sò sɔ̀rɔ cógo mîn
10 Ù fà dè y'ò ɲíni ù fɛ̀.145
À bɛ́ɛ yé sò « síya » kélen yé.
À bɛ́ɛ yé sò sífaya kélen yé.
À bɛ́ɛ yé sòkɛ kélen dɔ́w yé.
À bɛ́ɛ yé sòmuso kélen denw yé.
15 À sò ìn ɲwàn kélen tùn b'àlê cɛ̀ fɛ̀.
« Mais »146 à ɲwàn fìla b'òlû fɛ̀.
Ù be k'à « dresser »147 kósɛbɛ
K'à dège kɛ̀lɛ lá
K'à dège bòli lá
20 K'à dège táama ná
K'à dège túlonkɛ lá.
Sò sàba ìn bɛ́ɛ sɔ̀n yé kélen yé.
Ù bɛ́ɛ tàbiya yé kélen yé.
« Ce sont des pur-sang »148
25 So ɲùmanw dòn.
– 108 –
Baba arrivait
Et… il allait passer.
Au son des sabots de son cheval…
Le second cheval qui se trouvait attaché
5 Et qui est de la même race…
Car eux aussi149 avaient pu soustraire aux Maures
des chevaux de la même race
De la même manière,
Eh bien, que la famille du mari de la princesse.
10 Et c’est leur père qui, lui aussi, en avait fait la conquête.
Il s’agissait de chevaux de la même race,
De la même nature exactement,
Nés du même étalon,
Nés de la même jument.
15 De cette race, le mari de la princesse possédait un individu,
Tandis que eux en possédaient deux.
Ils les avaient dressés de mains de maître,
Ils étaient entraînés au combat,
Ils étaient entraînés au trot comme au galop,
20 Ils étaient entraînés au pas,
Ils étaient entraînés à toutes sortes de jeux.
Les trois chevaux avaient les mêmes mœurs,
Ils présentaient les mêmes caractéristiques.
C’étaient des pur-sang,148
25 C’étaient des chevaux de race.
– 109 –
À nísɔndiyara.
À bɛ fɛ́n mîn ɲíni
À bólo ser'à ka ɲínifɛn mà.
Tùma mîn ná n'ò kɛ́ra,
5 À ye dɔ́ táama : à sínna sò ìn mà.
Jiriba mîn b'ù kɔ́rɔ,
À nàna kà nà mùso sàba ìn sìgilen sɔ̀rɔ yèn.
« Princesse » ìn, àní í y'à fàamu, à ka lámɔ̀baa, àn'ù ka « servante »,
À ye ù sɔ̀rɔ yèn.
– 110 –
Il eut un sourire de satisfaction :
Ce qu’il cherchait…
Oui il avait atteint l’objet de sa quête.
Alors…
5 Il avança encore et marcha sur le cheval.
L’arbre se dressait majestueux,
À son ombre reposaient trois femmes,
La princesse, sa vieille gouvernante et leur servante.
Voici ce qu’il trouva à l’ombre de l’arbre.
– 111 –
Áyìwa ! ù ye kírikew dá.
À b'à ka màrifa ìn kàn.151
À ma jìgin kà bɔ́ à ka só kàn.
Áyìwa : kúma mîn b'í fɛ̀,
5 À fɔ́ !
À kó kúma mîn bɛ́ ń fɛ̀
Ń b'à fɔ́ í yé.
Í dára à lá ô,
Í ma d'à lá ô,
10 Nê tɛ nkàlon tìgɛ í yé.
À kó : nê (mîn fílɛ nìn yé),
Ń ma nà à ka wɛ̀rɛ lá
Í kɔ̀rɔkɛ kámà.
Ń nàna á' ka wɛ̀rɛ lá
15 Ê dè kámà.
Tùma mîn ná ní ń nàna wɛ̀rɛ lá
Ù ye bàro sìgi.
Í yɛ̀rɛ̂ bɛ́ yèn.
Ù ye ń ɲìninka
20 Ń bɛ́ mîn fɛ̀
Ń y'à fɔ́ ù yé.
– 112 –
Alors elles sellèrent les chevaux.
Lui, tenait le fusil toujours pointé.151
Il n’avait pas mis pied à terre.154
« Eh bien commença-t-il ce que tu as à dire
5 Dis-le ! »
Elle dit : « Ce que j’ai à dire ?
Je te le dirai.
Tu me croiras,
Ou tu ne me croiras pas,
10 C’est pareil je ne te mentirai pas.
Elle dit : « Moi que voici,
Je ne suis pas venue à votre campement
Pour rechercher ton frère.
Je suis venue à votre campement
15 Pour te rechercher, toi.
Lorsque je suis arrivée au campement
Et qu’on eut installé la palabre,
Tu y étais, du reste.
Ils m’ont demandé
20 De dire ce que je voulais.
Je le leur ai dit.
– 113 –
Ń b'à fúru í mà.
À yɛ̀rɛ̂ fána bɛ k'í fɛ̀ »
Kó ò ma díya ń yé
Ń wúlikun tùn tɛ́ í kɔ̀rɔkɛ kó yé.
5 Nìn yé kábako yé
Ò yé ê dè yé.
Ê !
Í ka fárinya dogolen tɛ́ màa sí lá.
– 114 –
Je te la donne en mariage
Et elle t’acceptera pour mari. »
– 115 –
Àlê bɛ sà.
Wáli ê yɛ̀rɛ̂ bɛ sà.
Ò cógo rɔ́,
Nê ye sàya dàn nê kélen mà.
5 À n'í kɔ̀rɔkɛ mà.
Ánw fìla ka sà.
Ê ka bálo
Ń y'ò dè fɔ́
Ń kó ń t'à fɛ̀ kà kɛ́ wùlu yé,
10 Kà bɛ́ɛ cín
Ń bɛ dàn màa kélen mà.
– 116 –
Ou c’est lui qui mourrait,
Ou encore c’est toi-même qui mourrais.
Dans ces conditions,
J’ai voulu limiter le malheur à ma propre personne
5 Et à ton frère.
Nous deux, nous mourrions,
Et tu vivrais, toi.
N’est-ce pas ce qu’il fallait entendre,
Lorsque j’ai dit ceci : Je ne veux pas devenir une chienne
10 Qui mordrait tout le monde
Je veux m’en tenir à un seul homme.165
– 117 –
Nê yɛ̀rɛ̂ bɛ ń míiri
Ní ń ka kán kà mîn kɛ́, ń n'ò dɔ́n.
Ǹka f'án ka sé yènninnɔ̀
À kó bìsímila.
5 À ye kírike dá.
Ù yɛ̀lɛnna ù ka sòw kàn.
Ù ye dɔ́ táama.
Mùso ìn y'à jìra à lá :
Ń sɛ̀gɛnna
10 Án bɛ́ɛ sɛ̀gɛnna
Kàbi dùgu jɛ́ra, án bɛ́ kírike lá
Fó kà n'à bìla sú ìn ná ná
Án bɛ táa…
N'à y'à sɔ̀rɔ í bɛ sé kà làfiya d'án mà
15 Ní í ka ɲùmanya yé,
Án ka yɔ́rɔ ɲíni án bɛ sé kà án làfiya yɔ́rɔ mîn ná.
Án ka sɔ̀rɔ ka táa…
À tùn bànn'ò mà.
Ǹka à sèginna, à sɔ̀nna…
20 Ù jìginna.
À y'à sɔ̀rɔ à yɛ̀rɛ̂ sɛ̀gɛnna.
Ù y'à dáyɔrɔ lábɛ̀n.
Ù ye sò nìnnú sìri, sò fìla nìnnú sìri
Áwà à làfiyara.
25 Dúmun mîn b'ù bólo,
Ù y'ò tila ù ni Bàba cɛ́.
Jí mîn b'ù bólo
Ù y'ò tíla ù cɛ́.
À yɛ̀rɛ̂ táar'í sìgi ò kɛ̀rɛ fɛ̀
30 Ù ye másala dábɔ.
Bàba tɛ kúm'à fɛ̀.
– 118 –
Eh bien, je réfléchirais moi aussi
Et ce que je devrai faire, tu le sauras166,
Mais le tout premier préalable, c’est d’arriver là-bas. »
Elle dit : « D’accord ».
5 Elle sella son cheval.
Elles montèrent à cheval
Et ils marchèrent quelque temps.
La femme alors l’avisa :
« Je suis épuisée,
10 Toutes, nous sommes épuisées.
Depuis la naissance du jour, nous sommes en selle
Et nous y voilà encore, maintenant qu’il fait nuit,
Et tout ce temps nous n’avons fait que courir,
Si tu pouvais nous accorder un répit,
15 Et tu le ferais par pure bonté !
Nous chercherions un endroit où nous reposer,
Nous repartirions après. »
Il avait d’abord refusé,
Mais il se ravisa : il donna son accord.
20 Ils mirent pied à terre.
Il se trouva que lui-même était fatigué.
Elles lui préparèrent une couche,
Elles attachèrent les chevaux, les deux chevaux167,
Alors il put se reposer.
25 Il leur restait des vivres,
Elles les partagèrent avec lui.
Il leur restait de l’eau,
Elles partagèrent encore avec lui.
Lui-même s’installa auprès d’elles168.
30 Elles commencèrent à deviser.
Baba s’abstint de parler.
– 119 –
Bàba sìgilen bɛ́ k'à kɔ̀nɔ.
Bàba ka màrafa dalen bɛ́.
À sínn'ò mà, à y'ò tà.
Bàba kó k'í bɛ nìn kɛ́ mùn yé ?
5 À kó — áwà — kìsɛ jòli b'à kɔ́nɔ ?
À kó kìsɛ kélen kélen dè b'à dá kélen kélen bɛ́ɛ kɔ́nɔ…
Ánw tɛ kìsɛ fìla bìla màrafa kɔ́nɔ169.
À kó ê yɛ̀rɛ̂ jáati bólo dè y'à sɔ́sɔ wà ?
Ò y'à sɔ̀rɔ kɔ̀rɔkɛ y'ò gùndo fɔ́ à yé.
10 À kó Bàba ka fárinya yɔ́rɔ yé yɔ́rɔ mîn yé
N'ò bɛ́ nê n'à cɛ́ - nɛ̀gɛ t'à mìnɛ,
Nɛ̀gɛ tɛ nê mìnɛ -
Fó n'à kɛ́ra à yɛ̀rɛ̂ bólo màrifa,
À yɛ̀rɛ̂ bólo ye mîn sɔ́sɔ.
15 À kó nê bólo dè y'à sɔ́sɔ áwà !
Kó n'à y'à sɔ̀rɔ ê bólo dè ye màrifa ìn kɔ̀ni sɔ́sɔ,
À kó ń b'í fàa :
– 120 –
Baba se tenait assis dans l’attente.
Or le fusil de Baba reposait.
Elle se dirigea vers le fusil et s’en saisit.
Baba dit : « Et que vas-tu faire de ceci ? »
5 Elle dit : « Eh bien, combien de balles y a-t-il dedans ? »
Il dit : « Une balle dans chaque canon.
Nous autres, nous répugnons à mettre plus d’une balle dans un fusil. »
Elle dit : « As-tu chargé ce fusil de tes propres mains ? »
Le frère aîné lui avait révélé ce secret.
10 Il avait dit : « Ce qui prouve la bravoure de Baba.
Et qui fait notre différence, lui et moi,
Lui est invulnérable aux balles comme je suis invulnérable aux balles,
À moins qu’il ne s’agisse de son propre fusil,
Lorsqu’il l’a lui-même chargé. »
15 Il dit : « Je l’ai moi-même chargé. »
Eh-bien, dit-elle, si tu as chargé ce fusil de tes propres mains,
Elle dit : « Eh bien je vais te tuer ! »
– 121 –
Ù kó sísàn kɔ̀ni án bɛ táa
À kó màgɛn mîn bɛ n'à nɔ̀fɛ̀
Ni áwà, ni « ravitaillement »171 yé.
Sánn'ù ka kún án nɔ́
5 Ù n'à sɔ̀rɔ án ye síra fɛ́n.
Ù k'ò tùma, án ka síraba ìn bìla.
Ù y'ù káari ɲàman nɔ́.
Ù ye kúngo táa.
Ù bɛ́ ɲɔ́ɔn fɛ̀.
10 Ù y'ò sú táama
Fó kà t'ò dùgu jɛ́
K'ò dùgujɛ táama
Fó kà t'ò fána sú kò.
Ò kɔ̀ni kɛ́ra, k'ù t'ù jɔ̀ tún.
15 Hálì n'ù b'ù láfiɲɛbɔ yɔ́rɔ rɔ́
Dɔ́ɔnin dòn, à tɛ mɛ́n.
– 122 –
Elles dirent : « Maintenant il s’agit de partir. »
Elle dit : « Les renforts qui arrivent
Avec des vivres et de l’eau,
D’ici qu’ils nous rattrapent
5 Nous aurons fait du chemin. »
Elles dirent : « Dans ces conditions, abandonnons la route. »
Elles s’enfoncèrent dans la brousse,
Elles allaient à fond de train,
Restant serrées les unes contre les autres.
10 Elles marchèrent la nuit durant,
Jusqu’aux lueurs de l’aube.
Elles marchèrent le jour suivant,
Jusqu’à la tombée de la nuit.
C’était devenu une course sans répit
15 Et si elles prenaient quelque repos,
C’était minime, un laps de temps.
– 123 –
Áw dùn yé mùn kélen yé ?
Án nàna jìgin fàama kàn
Á' ka kùntigi kàn.
Ánw yé sò jagolaw dè yé.
5 Án bɛ sò fèere.
Án y'à mɛ́n à bɛ́ sò ɲùmanw fɛ̀.
Án bɛ nà sò nìnnú jìra à lá.
Ù táara « Roi » kúnu.
« Roi » nàna
10 À ye ù yé.
Ù ye súrakakan dè fɔ́ à yé.
Kó nìn kɔ̀ni
Ánw yé sòjagolaw dè yé.
– 124 –
« Mais qui êtes-vous exactement ? »
« Nous sommes venus174 faire une visite au Roi…
Faire une visite à votre chef :
Nous sommes des marchands de chevaux.
5 Nous vendons des chevaux.
Nous avons appris qu’il aime les chevaux de race :
Nous sommes donc venus lui proposer ces chevaux. »
Ils allèrent réveiller le Roi.
Le Roi arriva.
10 Il les vit,
Mais c’est en maure qu’elles s’exprimèrent.
« Eh bien ! voici :
Nous sommes des marchands de chevaux. »
– 125 –
À kó, ò tùma ná sá, á' bìsímila.
À y'ù jìgin
Ù jiginyɔrɔ lá
Áyìwa.
5 À nàna táa —
À kó « comme que »175 ń mùso tɛ́ yàn
Ń b'à fɛ̀ k'áw jìgin ń yɛ̀rɛ̂ ka « palais »176 lá.
À y'ù jìgin à yɛ̀rɛ̂ ka « palais » lá.
À ye « servante » (ìn) ni mùso kɔ̀rɔ ìn sìyɔrɔ dí
10 Mîn yé sò tìgi yɛ̀rɛ̂ yé.
À kó : ê dè yé sò tìgi yé wà ?…
Ǹka à « déguiser » (len) dòn :
cɛfiniw dè b'à lá.
À k'ê kàn'í dá nê yɛ̀rɛ̂ fɛ̀ yèn.
15 Ò nan'í d'à yɛ̀rɛ̂ fɛ̀ yèn.
Áyìwa — ù másalala
À bɛ súrakakan dè fɔ́ à yé.
Tùma mîn ná n'ù másalala,
Sùnɔgɔ y'ù tà…
20 Áwà — cɛ̀ sùnɔgɔra.
Cɛ̀ ìn sùnɔgɔra
À ye cɛ̀ tó sùnɔgɔ rɔ́.
À wúlila : à y'à ka fìniw bɔ́ à lá
À « déguiser » (len) bɛ́ ni fìni mínnu yé.
25 À y'í lábɛ̀n.
– 126 –
Il dit : « Dans ces conditions, acceptez mon hospitalité. »
Il les reçut
Où il convenait de les recevoir.
Puis
5 Il se ravisa.
Il dit : « Comme mon épouse est absente,
Je voudrais vous recevoir dans le palais même. »
Il les reçut dans le palais.
Il indiqua une chambre pour la servante, et pour la vieille dame.
10 Quant au propriétaire des chevaux…
Il avait dit : « Est-ce toi le propriétaire des chevaux ? »
Naturellement, l’autre était déguisée en cavalier,
avec des vêtements d’homme.
Il dit : « Toi, tu viendras dormir en ma compagnie. »
15 L’autre vint se coucher dans sa propre chambre :
Alors… ils devisèrent
Et c’est toujours en langue maure qu’ils parlaient.
Pendant qu’ils devisaient ainsi,
Ils furent pris de sommeil.
20 Alors… l’homme s’endormit.
L’homme était tout à fait endormi.
Pendant que l’homme dormait,
Elle se leva : elle ôta ses vêtements,
La tenue qui avait servi à son déguisement,
25 Et elle s’habilla.
– 127 –
Ò ma díya cɛ̀ yé
K'à sábabu kɛ́
À t'à fɛ̀
À k'à ka dúnanw yé
5 Sò mínnu kìbaru dɔ́n.
Áwà ! ò k'í nàna sú ìn nɔ́ wà ?
Àhân ! à kó ń nàna sú ìn ná
Áwà, ù ye ɲɔ́ɔn fò.
À k'à mà : í ma ń dɔ́n wà ?
10 À kó ń y'í dɔ́n.
Áyìwa, à kó bìsímila.
À kó nê ni ê fìla dè bɛ́ yàn.
Gùndo mîn bɛ́ ê ni nê cɛ́,
Ê dè b'ò dɔ́n
15 Nê yɛ̀rɛ̂ fána b'à dɔ́n.
Wále mîn, n'à ye nê sɔ̀rɔ…
Í ka yàfa ń mà : à y'à bólo fìla d'à kɔ́.
À kó dénmisɛn hákili ye ń sɔ̀rɔ.
Nê ka túlon k'í fɛ̀
20 K'à fɔ́ í yé, k'à fɔ́ k'í k'í ka sò fàa.
À kó ń y'à fɔ́…
Dénmisɛnya mà.
Àní, áwà, yàdalenya…
Fàamadenya yàdalenya…
25 Áwà, ê ma sé k'í ka sò fàa
Fó kà n'à bìla
Fó sàn kélen kɛ́ra
F'í térikɛ ka kɔ́ɲɔ…
Mɔ̀gɔjuguw ye nìn mɛ́n.
30 Ù y'à ɲíni ù bɛ túlonkɛ nê ná
Ù bɛ mɔ́nɛ dòn ê rɔ́.
Nê y'à tìgi dɔ́n
Nê y'à tìgi ɲíni.
Ń y'à yé ń y'à « découvrir »
35 Ń y'à dɔ́n.
N'ê y'à dɔ́n,
Kɛ̀lɛ bɛ wúli.
À bɛ kɛ́ kɛlɛba yé.
Ní ń fà fána y'à dɔ́n,
– 128 –
Cela contraria le mari
Pour une raison simple :
Il n’aurait pas voulu
Qu’elle rencontrât ses hôtes ;
5 Ni qu’elle connût la situation des chevaux…
« Donc tu serais venue cette nuit même ? »
« Oui dit-elle, je suis arrivée cette nuit. »
Alors ils se sont adressé le salut dans les règles de l’art.
Elle lui dit : « Est-ce que tu ne m’aurais pas reconnue ? »
10 Il dit : « Si, je t’ai bien reconnue. »
« Très bien », dit-elle.
Elle dit : « Nous sommes seulement tous les deux ici :
Il y a un secret que nous partageons toi et moi,
Que tu connais parfaitement
15 Et que je connais parfaitement.
Le caprice que j’ai fait,
Et que tu voudras bien me pardonner », et elle se mit à genoux,
les deux mains croisées au dos.179
Elle dit : « C’est à l’inexpérience de la jeunesse que je le dois.
20 Si, pour jouer, je t’ai demandé de tuer ton cheval,
Elle dit : « Je l’ai dit simplement
Poussée par la folie de la jeunesse,
Poussée aussi par l’arrogance,
Oui cette insolence agressive des princes.
25 Or pris au jeu, tu n’as pu immoler ton cheval.
Et le temps a passé,
Toute une année…
Jusqu’au mariage de ton ami.
Or des criminels avaient eu vent de l’affaire,
30 Et ils ont voulu se jouer de moi
En même temps qu’ils te feraient à toi le suprême affront.
Or j’ai pu identifier le coupable,
Je l’ai recherché,
Je l’ai retrouvé.
35 Or, je sais de science certaine
Que si tu l’apprenais,
Il y aurait la guerre.
Une guerre terrible :
De même si mon père l’apprenait,
– 129 –
Ù b'ù ka dùgu cì.
K'ù bɛ́ɛ fàa.
Ò yé màsiba yé.
Ò tɛ́ mɔ́nɛ yé, mɔ́nɛ dònna nê mîn nɔ́.
5 Nê yɛ̀rɛ̂ ye mɔ́nɛ mîn bɔ́ yèn kóyi,
Ò yé mɔ́nɛ dè yé
Ń fà ye mîn bɔ́.
Wálà ò yé mɔ́nɛ dè yé
Ê ye mîn bɔ́
10 Nê ni ń ka màloya bi tó ɲɔ́ɔn ná
Mɔ́nɛ dònna nê mîn nɔ́.
Nê y'à « calculé ».180
Nê dè ka kán kà nìn mɔ́nɛ ìn bɔ́.
Ń fà t'à bɔ́
15 Ń bá t'à bɔ́.
Nê yé hɔ́rɔn yé
B'í kó ê yé hɔ́rɔn yé cógo mîn.
Ê man fùsa ni nê yé.
Nê man fùsa ni ê yé.181
20 Nê yɛ̀rɛ̂ k'à mɔ́nɛ bɔ́ !
– 130 –
Il détruirait leur pays :
Oui il les aurait exterminés :
Ce serait certes là un désastre.
Ce ne serait pas des représailles dues à la première victime l’outrage.
5 Certes, la vengeance que j'en aurais tiré là-bas
Ce serait des représailles
Qu’on devrait à mon père.
Ce serait des représailles
Qu’on te devrait à toi-même mon mari :
10 Je serais restée plongée dans la honte,
Or c’est moi qui avais subi l’outrage.
Je me suis recueillie pour délibérer,
Et je me suis dit : tu devras te laver de cet outrage toi-même.
Tu n’en chargeras ni un père,
15 Ni une mère.
Car enfin je suis, par la naissance, noble,
Autant que tu es noble toi-même.
Tu ne m’es point supérieur
Et je ne suis pas supérieure.181
20 Je devais donc laver l’outrage moi-même… »
– 131 –
À bólow fílɛ, à sènw fílɛ.
Ù ka « servante » ìn kó :
Mɔ̀gɔ màlobaliw b'ù ka màlobaliya
Kɛ́ ni fɛ́n mîn yé,
5 Nê y'ò tìgɛ
Ò fílɛ nìn yé.
– 132 –
Voici ses mains et voici ses pieds. »
La servante intervint alors : elle dit
« Quant aux instruments dont usent les sans pudeur lorsqu’ils se livrent
à l’impudicité,183
5 Je les ai coupés.
Les voici ! »
– 133 –
Nê yáfara í mà
Í fána ka yàfa ń mà.
– 134 –
Je t’accorde mon pardon.
À ton tour, pardonne-moi. »
35 Et il félicita sa fille.
– 135 –
À m'à dɔ́n nìn ɲɔ̀ɔn « táriku » kólokololen bɛ́
à bɛ́ɛnnin ni à mùso cɛ́
À kó nìn yé dénmisɛn wále dè yé.
Ǹka nìnnú ye í y'à fàamu wále mîn kɛ́
5 Màa sí tɛ sé k'à kɛ́ kà tɛ̀mɛn nìnnú kàn.
À y'ù tànu
Ni ù ka wále yé.
Ù y'ù ka ɲɛ́namaya dàamunen kɛ́
Fó kà táa sàya s'ù mà.
10 Nê tùn bɛ másala mîn dɔ́n
Áwà, Sanbori fúlaw ka kó rɔ́
(ní) nê y'ò fɔ́ í yé…
Ò dè yé nìn yé.
Ò dè júguya…
15 Ò tóra ò kàbilaw ni ɲɔ́ɔn cɛ́
Kà n'à bìla fó kɔ́sa ìn ná.
Ò dè bɛ́ Bwarɔ ni Sanbori cɛ́.
Ò tɔ̀ mîn yé ò yé,
Áwà — ù ka fúlaw y'ò ɲɛ́dɔn.
20 Hálì bì Sanbori ni Bwarɛ
Ù man dí : à sábabu yé nìn yé.
– 136 –
Il n’aurait pas imaginé son jeune neveu et son épouse
capables de contenir si longtemps un tel drame.
Il dit : « Ne sont-ce pas là des enfantillages, en vérité ?
Mais tel que ces deux… voyez-vous, qui ont résolu leur problème,
5 Nul au monde n’eût pu faire mieux. »
Il les loua
Pour leur magnanimité.
Ils vécurent une vie de bonheur
Jusqu’à la fin de leurs jours.
10 Le récit tel que je l’ai appris
Des aventures des Peuls Sanbori
Et tel que je viens de le faire,
Le voici mené à son terme.
FIN
– 137 –
Notes
– 138 –
1 Làrabu kó "zuriyyatu" - bámànakan na, à bɛ sé kà fɔ́ "bɔ́nsɔn"
de l'arabe "zuriyyatu" - en bambara on peut dire bɔ́nsɔn : descendance.
2 Selon certaines traditions, Silamaganba Koyita serait le contemporain de Daman Gile, lui-même
considéré tantôt comme le contemporain de Sunjata, tantôt comme d'une époque postérieure
(XV° - XVI° siècles), cf. Mamadu Jawara (Mamadou Diawara), Thèse de 3° cycle, 1985
6 À b'íko fìli dònna nìn yɔ́rɔ lá : báwò à b'íko Bibelanbew dè yé jàmu ye, n'ò ye Hamadi fàsola
màaw ye.
Il semble qu'il y ait là une erreur, car Bibelanbew semble être un nom de famille, celui qui est porté
par les proches de Hamadi.
10 Almoravid : tùbabukan fɔ́cogo dòn - Jàhadi kúlu dè twá dòn, mínnu ye Wagadu cì, sàn 1077
wáaati lá.
Almoravides : mot français - il s'agit d'un groupe pratiquant le Jihad qui aurait détruit le Ouagadou
vers l'an 1077.
Selon Cheikh A. DIOP (in L'Afrique Noire Précoloniale. P.A. 1960) ce mot désignerait plutôt une
secte religieuse et guerrière, qu'une ethnie déterminée.
11 K'à fàamu nìn yɔ́rɔ lá kó màsakɛ ma dángadenya kɛ́, à ye hɔ́rɔnkan dè fɔ́. À kúmana hɔ́rɔnkɛ
dè kúmacogo là.
Pour bien saisir ce passage il faut comprendre que le roi ne maudit pas mais parle noblement ; il
s'exprime comme un noble (un homme libre).
13 Le terme propre serait plutôt Roi, puisqu'un empereur ne saurait avoir un autre empereur pour
vassal.
19 Toujours par fidélité au texte de base, nous avons préféré "nkoni" (sorte de guitare à deux, trois
ou quatre, parfois cinq cordes) au nom peul de l'instrument.
22 Dùndare dè yé màa mîn ka bòn à yɛ̀rɛ̂ bólo. Wá à tɛ kaba kójugu à ka fànga nɔ́fɛ̀.
"infatué" se dit de gens qui se donnent beaucoup d'importance. Ou bien qui ne s'étonne pas de sa
puissance.
Du peul "dunndare" : despotique.
L'idée c'est aussi que les rois, quelle que soit leur puissance, deviennent ombrageux pour tout ce
qui touche à leur pouvoir et, par suite, dangereux. L'idée est que cette disposition l'emporte sur le
sens de la parenté.
24 "Permission" dè yé jɛ̀maya yé, ka jɛ̀n mɔ̀gɔ mà, à ka sàgona kó dɔ́ kɛ́.
"Autorisation" ni "Permission" bɛ́ɛ kɔ́rɔ yé kélen ye.
"Permission" est un accord verbal, on accorde à quelqu'un le droit de faire quelque chose à sa guise.
"Autorisation" et "Permission" ont tous deux le même sens.
27 À ma táama kɛ́.
Il n'a pas fait le voyage.
34 Il s'agit du Roi.
40 Les femmes sont réputées avoir moins d'esprit que les hommes, ce que veulent démentir
certaines femmes qui font de véritables prouesses !...
42 Nìn yɔ́rɔ bɛ sɔ̀rɔ dafili yé, báwò dísi kófɔra kà bán.
Ce passage semble être un lapsus, car on a déjà parlé de la poitrine/du poitrail.
43 Bágan shíbɛn dè yé tàamashiyɛn yé, à b'íko shíbɔcogo shífalencogo bɛ yé yɔ́rɔ mîn ná.
La ligne d'épis chez les animaux est un signe auquel on peut voir comment poussent (croissent) les
poils.
45 k'í pári : nìn dáɲɛ b'íko à fárala tùbabukan dè lá "parer".
"pari" : ce mot semble être dérivé du français "parer".
47 buge yé gàlala fini dè yé, gàla ye mîn mìnɛ fó k'à bìlen.
Le buge est un tissu indigo, que l'indigo a imprégné jusqu'à lui donner une teinte rouge.
(buge suite) Initialement tissu de cotonnade teint à l'indigo pour obtenir un bleu très foncé, avec
des reflets violets et rougeâtres.
50 Le tissu, une fois amidonné et "repassé" était conservé dans des cornes.
Repassage : la méthode ancienne - toujours utilisée - consiste à battre le tissu longtemps (cf.
l'expression : battre à plate couture)
51 Les turbans indigo font encore partie de la tenue traditionnelle des Alfa et des Shérifs à
Tombouctou lors des fêtes du maouloud.
Mawlid, une fête musulmane commémorant la naissance de Mahomet, prophète de l'islam.
53 La femme en tant que manifestation de la beauté peut être considérée comme une parure (de la
nature).
54 K'à "fixé" : k'í ɲɛ́ bása à kàn, kà mɔ̀gɔ fílɛ f'à k'à dɔ́n k'í b'à kàn k'à fílɛ.
"fixer" : fixer ses yeux sur quelqu'un, regarder quelqu'un jusqu'à ce qu'il s'aperçoive qu'on le
regarde.
56 Ces détails doivent-ils choquer ? Peut-être pas, si l'on considère que selon la loi musulmane,
l'homme peut et doit regarder, donc voir sa fiancée.
59 Nìn kúmasen fìla fɔ́ra ɲɔ́gɔn kɔ́ dɔ́ɔnin. Wàlímà ni fili dònna fílanan cógo lá.
Ces deux phrases se contredisent mutuellement, ou une erreur s'est introduite dans la seconde...
60 Tungeren yé fúla fɔ́li yé : fílen mánkannin tùlen dòn - À bɛ mìnɛ bɛ́ɛ k'à fɔ́.
Tungeren est un mot peul. Il s'agit de petites calebasses tendues de cuir - tout un chacun peut en
jouer.
Calebasse couverte de peau tannée, servant de tambour chez les Peuls.
61 Galoli dè yé kúleli yé : k'à sì kà kúle, kà dɔnkili da.
Galo signifie cris, hurlements : passer la nuit à brailler et à chanter.
62 Il serait plus correct de dire "mon enfant", terme générique ; noter qu'en Afrique noire les termes
de neveu, cousin, tante (maternelle) et oncle (paternel) sont remplacés par fils, frère, mère et
père.
Les termes précis existent mais dans la vie de tous les jours, il arrive en effet qu'ils soient simplifiés
comme indiqué.
64 "Hɛndɛsɛ" : nìn dáɲɛ bɔ́len bɛ màrakakan dè fɛ̀. Só màsirilan dòn. À b'íko dɛ̀bɛn. À bɛ
géngen kógo lá, à bɛ kɛ́ à lá.
Hendese : ce mot vient du soninké, c'est une décoration d'intérieur. C'est une sorte de natte, qu'on
cloue ou qu'on fixe au mur.
66 Nìn yɔ́rɔ yé kábako yé, báwò Wagadu kó tùma, màrifa tìle tùn tɛ́. Ǹka kúma ná tàamashiyɛn
dòn. N'ò tɛ́, báasi tɛ́.
Ce passage est étonnant, car à l'époque de Ouagadou il n'y avait pas de fusils. Mais ne retenons que le
symbole, ce n'est pas grave.
Impossibilité : pour l'Histoire, le fusil est inconnu en Afrique noire jusqu'au XVI° siècle de l'ère
chrétienne.
70 K'à "meubler" : tùbabukan dòn : à kɔ́rɔ yé : kà sìgilan ni làfiya yɔ́rɔw lábɛ̀n à kɔ́nɔ.
"meubler" est un mot français qui signifie : préparer à l'intérieur des sièges et des lieux où l'on
peut se reposer.
NB : d'autres meubles : tables, bureaux, armoires, etc. sont peu vraisemblables pour l'époque.
72 "garder" : K'à garder : tùbabukan dòn : k'à mara, k'à tó í bólo.
Garder est un mot français qui signifie (en bambara) : garder, conserver la possession, le contrôle.
74 Rappel, hors récit, du narrateur, que nous avons traduit tout à fait librement.
75 On se souvient que le roi s'était engagé devant sa femme à lui immoler son cheval, pour lui
prouver qu'il la préférait.
76 Hammadi, mîn n'ò yé fúla twá yé, án y'ò tó à fúla twá sɛ́bɛncogo lá.
Hammadi étant un nom peul nous en avons conservé l'orthographe peul.
78 Plutôt que le complexe d'Oedipe, les Africains semblent avoir cultivé le complexe de Caïn...
Fàdenya : litt. enfant de même père, signifie en réalité "rivalité entre enfants de même père". Et non
comme on pourrait le croire "fraternité".
81 "Espion" yé tùbabukan yé ; bámànankan ná : màa mîn bɛ màaw kɔ̀lɔsi kà ków ɲɛ́ɲini màa
wɛ́rɛ yé, dògo lá.
"Espion" est un mot français qui signifie en bambara : personne qui observe en cachette les gens et
fait un rapport de ce qu'il a trouvé à une autre personne.
En bambara : jɔ̀jɔlibaa.
84 Lorsque le narrateur évoque le roi (des Bibélanbé) sans mentionner ce titre, nous traduisons par
"prince".
85 Ce détail nous paraît insuffisant pour convaincre. Mais n'oublions pas que le diable, maudit soit-
il, est un auxiliaire des méchants.
87 jáati : Í b'à sɔ̀rɔ nìn dáɲɛ bɔ́ra làrabu kán ná : zali (zalika). À kɔ́rɔ : nìn cógo, nìn yɛ̀rɛyɛ̀rɛ ;
àlê yɛ̀rɛ̂.
Il se trouve que ce mot vient de l'arabe zali (zalika). Il signifie : comme ça, ceci exactement, lui-
même.
91 Nìn yɔ́rɔ kɔ́rɔ : à sera wɛ̀rɛ lá, à̀ ka yɔ́rɔ lá, à ka só dá lá.
Entendre par là : il arriva au campement, chez lui, à la porte de sa maison.
Cette interprétation nous semble plus logique que la traduction littérale qui donnerait : "Il vint
chez lui".
93 Nous avons traduit littéralement cette formule chère au conteur, qui signifie : "voici donc ce qu'il
était advenu d'eux".
96 "í mánà" : sɔ̀sɔli bɛ́ nín dáɲɛ sɛ́bɛncogo lá : dɔ́w kó k'à sɛ́bɛn nìn cógo lá : í mánà nà (ni
segukaw b'ò kɛ́ "í máà nà" yé).
L'écriture de ce mot fait l'objet d'une discussion ; pour certains il faut écrire : í mánà nà ( ce qui,
pour les gens de Ségou, donne "í máà nà").
97 Kà mɔ̀gɔ "reçoit" : à kɔ́rɔ tùbabukan ná : k'í bìsimila, k'í jìgin ; dɔ́w kó k'í jà (jàtigi, dúnan
jàtigi).
Recevoir des gens : ce mot français signifie : accueillir quelqu'un, l'héberger, être son hôte (logeur
des étrangers).
98 Án ma nìn yɔ́rɔ fàamu kósɛbɛ, án y'à bisigi k'à kɛ́ nìn ye, laala...
Nous n'avons pas très bien compris ce passage, voilà ce que nous avons supposé, peut-être...
103 "accompagner" : tùbabukan dòn, à kɔ́rɔ yé kà mɔ̀gɔ bìlasira, kà d'à kàn (kà táayɔ́rɔ dɔ́ lá).
C'est du français, cela veut dire bìlasira : raccompagner, marcher à côté (pour aller quelque part).
104 "lieu public" : tùbabukan dòn, à bɛ fɔ́ fána "place publique" : bámànankan ná : fɛ̀rɛ.
C'est du français, on dit aussi "place publique". En bambara : fɛ ̀rɛ.
105 "courage" tɛ dɔ́ wɛ́rɛ yé tùbabukan ná kìsɛya kɔ́.
Mot français - ce n'est rien d'autre que kìsɛya : ardeur, vaillance.
106 Kà "sondage" kɛ́. Sondage dè yé kà mɔ̀gɔ ɲíni, tùbabukan ná ; à bɛ sé kà fɔ́ : kà "enquête" kɛ́,
kà sɛ̀gɛsɛgɛli kɛ́, bámànankan ná.
Sondage, mot français qui veut dire : interroger les gens. On peut dire faire "enquête", ou en
bambara sɛ ̀gɛsɛgɛli kɛ ́ : faire une enquête, un contrôle, un interrogatoire...
107 "Parabole" dè yé kúma mélekelen yé, kúma mîn banakɔla n'a sókɔnɔna tɛ́ kélen yé, à b'íko
ntalen - hákilima kúma dòn.
Une "parabole" est une parole détournée, une parole dont l'extérieur et l'intérieur ne sont pas les
mêmes - c'est une parole pleine de sens cachés.
114 "mêlée" dè yé sórobaɲagami yé kɛ̀lɛ lá, ni cɛ̀w kɛ́ra ɲɔ́gɔn ná ni mùru ni tàmaw ni bérew yé.
Grand désordre au milieu de la bataille où les hommes s'affrontent au couteau, à la lance et au
bâton.
117 "surveillante" dè yé kɔ̀lɔsibaa te, à bɛ fɔ́ fána "suivante" (nɔ̀fɛ̀ màa).
C'est une kɔ̀lɔsibaa : surveillant(e), on dit aussi "suivante" (nɔ̀fɛ ́ màa : dépendante).
121 Màa mîn y'àlê "séduit" : mà mîn y'àlê nɛgɛn - Ǹka cɛ̀ y'à sònyɛ dè, k'à jànfa.
L'homme qui l'a trompée - mais l'homme l'a volée et l'a trahie.
122 Ò ye kúma jùmɛn yé ? Í b'à sɔ̀rɔ, Hammadi ni mùso ìn kó tɛ́ à cɛ̀ yé, à kó bɛ́ àlê Hammadi
wɛ́rɛ tígi yé... Ǹka nìn yé kotɛɛten yé.
123 Voici le raisonnement que feint d'adopter la jeune femme et qui nous parait logique :
La femme ayant subi pareil outrage resterait toujours une personne diminuée, tout juste tolérée
par son mari et les siens, qui ne manqueraient pas, chaque fois qu'elle voudrait relever la tête, de
lui rappeler sa honte.
127 "drogue" dè yé kìribilan yé, fɛ́n mîn bɛ mɔ̀gɔ mìnɛ, fó k'i bɔ́ í hákili kàn, jiro nìn dílacogo yé
sùnɔgɔfura yé.
Une "drogue" est un stupéfiant, une substance qui saisit les gens et les sort de leur état normal, la
préparation à base de jiro est un somnifère.
130 Huladu : àn tɛ nìn dáɲɛ kɔ́rɔdɔn, fó n'à kɛ́ra mùsow ka màsiri dɔ́ yé, wáli "dàbalifɛn" wɛ́rɛ.
Nous n'avons rien trouvé sur ce mot, sinon qu'il s'agit d'une parure féminine où bien d'un autre
objet magique.
131 Nous avons voulu rendre ici dans la phrase française la structure du bamanan.
132 "séjour" yé tùbabukan yé : à̀ kɔ́rɔ yé : màa ye wáati mîn kɛ́ í táayɔrɔ lá.
Mot français qui indique le temps qu'une personne à passé à son lieu de destination.
133 Fìli bɛ sɔ̀rɔ kà dòn nín yɔ́rɔ lá, báwò kúnkolo dè mélekela fìninkolon ná k'ò bìla fòroko
kɔ́nɔ.
Une erreur s'est glissée dans ce passage, car c'est bien la tête qui a été enveloppée dans un chiffon
et mise dans le sac en peau.
134 Littéralement, je ne veux pas les "voler" en les poignardant dans le dos.
135 Nìn wáatiw y'à sɔ̀rɔ màrifa kó tìle tɛ́ ! Ǹka nìn fɔ́cogo yɛ̀rɛ̂ bɛ másala díya k'à sánkɔrɔta.
À cette époque les fusils n'avaient pas vu le jour ! Mais cette présentation exalte le discours et lui
donne une aura de gloire.
139 Dans le texte bamanan on lit : "Ils épuisèrent le soleil (la journée) sur leurs traces".
140 "traversé" yé tùbabulan yé - à kɔ́rɔ : kà kúngo tà f'à kùn f'à kun. Kà à tìgɛ íko bá. Ǹka nìn
yɔ́rɔ ìn ná, à kɔ́rɔ dè yé kà kúngo mìnɛ, kà tàa à kùn fɛ̀ fó kà táa bɔ́ síra wɛ́rɛ kàn.
Mot français qui signifie prendre la brousse d'un point à un autre, la traverser comme on traverse
un fleuve. Mais dans ce passage cela signifie s'engager en brousse selon son inspiration jusqu'à ce
qu'on croise une autre route.
142 En fait, la gouvernante et la servante sont en selle depuis la veille... Quel cheval pourrait soutenir
un tel rythme ? et quel cavalier ?
143 "Nous coupons à travers champs" pour employer une expression consacrée en langue française.
Dans l'espace qui, en Afrique, sépare villages et contrées, la proportion de terres cultivées est
minime. De sorte qu'on ne "coupe pas à travers champs" mais on "prend la brousse", on "entre
dans le bois".
145 Nìn yɔ́rɔ ma fáranfasiya kósɛbɛ - Í b'à sɔ̀rɔ à fɔ́cogo ɲùman dɔ́ yé nìn yé : "Ù fà dè yé nìnnú
ɲíni ù yé".
Ce passage n'est pas très clair - on peut trouver une meilleure façon de le dire : "leurs pères en
avaient fait pour eux la conquête".
148 "Ces sont des pur-sang" : Nìn yé tùbabukan dè yé ; à kɔ́rɔ yé : "sò hɔ́rɔnw dòn".
C'est du français ; cela signifie : ce sont des chevaux nobles.
En français dans le texte bamanan : la chose est courante dans l'expression orale.
149 Cas d'emploi arbitraire du pronom personnel, puisqu'il n'est pas fait mention du nom
antécédent.
152 Ǹ y'à dɔ́n màabaw (wɛ̀rɛ màabaw) dè kó dòn, mabow (fúla jèliw) kó tɛ́.
J'ai eu confirmation qu'il s'agit bien de màabaw (gens importants du campement) et non de
mabow (griots peuls).
153 "sánni" : Bámanankan ná, nìn dáɲɛ lásaali bɛ́ sɔ̀rɔ "sísàn ni" dè yé.
Il faut bien voir qu'en bambara ce mot vient de "sìsan ni" : maintenant et.
155 le mot "griot" est une traduction classique du mot malinké - bamanan "jali" ou "jeli" qui renvoie à
un phénomène typiquement mandingue. Les mabo sont dans la société peule des gens castés
spécialisés dans la parole.
156 Les noms "Fà" des Bamanan ou "Abba" des Peuls ne correspondent pas exactement au nom
"père" en français. Le mot français est trop précis, trop personnel, et par suite trop restrictif.
157 Étrange emploi du style direct : le "toi" ici ne vise pas l'interlocuteur actuel.
158 "mêler"li : Nìn dáɲɛ yé tùbabukan yé : à kɔ́rɔ dè yé "sèn dònni" yé : k'í sèn dòn kó lá.
Il s'agit d'un mot français dont le sens est "prendre part à, s'impliquer".
163 K'a "decidé" : tùbabukan dòn : k'à járatìgɛ, k'à látìgɛ, k'à bìla bólo kélen kàn.
Mot français pour : arbitrer (jálatìgɛ), prendre une décision, mettre en une seule main.
165 Cet homme, compte tenu des déclarations que la princesse a faites devant chaque tribu visitée,
ne peut être que Hammadi, en aucun cas son frère. Une des (rares) invraisemblances du récit, qui
ne nuit pas considérablement à la logique de l'ensemble, mais qui mérite d'être signalée.
167 S'agit-il d'un lapsus ? Il y a trois chevaux, sans compter celui de Baba.
168 Par quel miracle Baba s'est-il trouvé par terre ? Peut-être faut-il taire certains détails, par
décence ?...
169 Án yé "án tɛ kìsɛ fìla bìla màrafa kànu" dè mɛ́n. Ǹka à bɛ sé kà kɛ́ "màrifa kɔ́nɔ" yé, báwò ò
fána bɛ fàamu.
Ce que nous avons entendu c'est "nous n'aimons pas les fusils où l'on met deux balles". Mais ça peut
très bien être "nous ne mettons pas deux balles dans le fusil", car cela aussi fait sens.
170 Dísi dè ka bòn dùsukun yé. Í b'à sɔ̀rɔ dá tùn bɛ nà fɔ́lɔ dísi lá, kà sé dùsukun mà ò kɔ́.
La poitrine est plus grande que le cœur. On se serait attendu à entendre parler d'abord de la
poitrine, puis, ensuite seulement du cœur.(...)
(...) Il faudrait peut-être inverser l'ordre des mots "cœur" et "poitrine".
Et finalement, le fusil n'était-il pas chargé d'une seule balle ?
172 Ù « insister » (ra) : ù ye sɔ̀sɔli jíja, sí ma sɔ̀n k'à tó fán dɔ́ tá lá.
Ils eurent une âpre discussion, aucun n'accepta de consentir aux positions de l'autre (chacun campa
sur ses positions).
174 Les trois dames sont déguisées en hommes. D'où le choix du masculin pour le pronom "nous" et
pour le participe "venus".
175 "comme" : tùbabukan dòn ; à kɔ́rɔ : ǹka n'à kɛ́ra ; ǹka n'Ála y'à kɛ́...
Mot français : mais s'il arrive que, mais si Dieu a fait que...
176 "palais" dè yé fàama ka yɔ́rɔ yé, wálì fàngaso kɛ́rɛnkɛrɛnnen wɛ́rɛ, í n'à fɔ́ kíiritigɛso.
Un "palais" est la demeure du roi, ou bien un autre centre de pouvoir spécial comme un palais de
justice.
177 "À ka ò sú nàni ò" ; à nà mîn kɛ́ra ò sú yɛ̀rɛ̂ kɔ́nɔ (ò ma díya cɛ̀ yé).
Son arrivée qui a eu lieu dans la nuit même (ce qui n'a pas plu à l'homme).
178 le "danpé" : Sorte de toge dont se drapent encore les femmes maures.
179 En Afrique soudanienne, c'est l'attitude (chez les femmes notamment) de celui qui fait amende
honorable.
180 Nê ye à "calculé" : nê ye à jàteminɛ, nê ye jàteminɛ kɛ́...
181 Kùranɛ ma sɔ̀n nìn yɔ́rɔ mà, báwò cɛ̀w ka fìsamanciya jìrala súran fìla kɔ́nɔ k'à fɔ́, k'à jɛ́ya
a) Sùran al Baqara, háya 228nan ná ;
b) Sùran an nisa'i, háya 34nan ná.
Ǹka ò tɛ mùso kɛ́ cɛ̀ ka jɔ̀n yé.
Ce passage n'est pas en accord avec le Coran, car la position préférentielle de l'homme a été
indiquée dans deux sourates qui clarifient ce point :
a) la sourate al Baqara au verset 228 ;
b) la sourate an nisa'i au verset 34.
Mais cela ne fait pas de la femme l'esclave de l'homme.
source islaminquran.com :
Sourete 2-La vache (Al-Baqara) Verset-228 :
"Les femmes divorcées doivent observer un délai d’attente de trois menstrues (doivent vérifier si elles sont
enceintes ou pas). Et si elles croient en Allah et en la rencontre avec Allah, il ne leur est pas permis de
cacher ce qu’Allah a créé dans leurs ventres. Et leurs époux seront plus en droit de les reprendre pendant
cette période, s’ils veulent la réconciliation. Les hommes ont des droits sur les femmes, et les femmes aussi
ont des droits sur les hommes. Mais les hommes ont cependant un degré de prédominance sur elles. Et
Allah est Puissant et Sage."
Sourete 4-Les femmes (An-Nisa') Verset-34 :
Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et
aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs
maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah.
Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et
frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes,
Haut et Grand"
181 suite, note sur la traduction :
Il faudrait quelque peu commenter ici, et préciser qu'il s'agit du chapitre particulier du sentiment
de la dignité personnelle, lié à la naissance. Sur le plan ontologique, une femme ne peut
prétendre être l'égale de l'homme, en islam.
182 Mùso kɛ́ra sò fàa sábabu yé, ǹk'à yɛ̀rɛ̂ bólo m'à fàa.
La femme est devenue la cause du meurtre du cheval, mais elle ne l'a pas tué de ses propres mains.
Ceci, qui n'est pas l'exacte traduction du vers bamanan, nous semble plus proche de la réalité : si
la femme fut cause de la mort du cheval, elle ne l'a pas tué elle-même.
184 Chaque fois que nous devrons employer l'expression : deux chevaux, nous choisirons "deux
étalons". A l'expression "deux chevaux", plus exacte, nous avons préféré l'expression "deux
étalons" moins juste : mais plus agréable à l'esprit comme à l'oreille. Le mot juste ici serait
"coursier".