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HISTOIRE ET ORIGINE DU PEUPLE BAFOUNDA A L’OUEST CAMEROUN

Autant il est difficile de fixer dans le temps de façon cohérente et chronologique la genèse des
peuples Bamilekés, il d'autant plus compliqué de dire de façon claire et précise "Quand est né
Bafounda?".
Toutefois pour ce qui est du "Comment est né Bafounda ?" La tradition orale nous livre un des
récits les plus beaux et les plus pertinents qui puissent exister.
C'est l'histoire d'un chasseur qui s'appelait "Nda'a" qui au bout de ses multiples pérégrinations
décide de s'arrêter à Batoula, précisément à Mbougong pour y fonder une famille. De cette
famille naîtra six garçons.
Sentant sa mort prochaine, le chasseur fait venir ses six garçons et donne à chacun un territoire
qu'il devra désormais occuper.
Le premier ira à Ndjo'o (Bamendjo) le deuxième à Teu'u (Babeté), le troisième à Nkou'u
(Bamenkombo) le quatrième un peu plus loin à Nchiè'Nda (Bamendjinda) et le cinquième encore
plus loin à (Sso'o)Bamesso. Au sixième qui était alors resté avec lui (Le chasseur Nda'a) jusqu'à
sa mort, il va lui confier Mfou'u Nda qui veut dire le reste (Mfou'u) de "Nda'a". Les Nda'a ici étant
l'appellation commune des six villages constitués de Bamendjo, Babeté, Bamenkombo,
Bamendjinda, Bamesso et Bafounda
Le préfixe "Ba" qui s'ajoute au nom de ces six villages avait été l'oeuvre du colon au moment de
la traduction en français. Bafounda se compose donc du préfixe "Ba" (Pe'eu) qui veut dire "Les
gens de", de la racine "Fou" (Nfou'u) qui veut dire le reste et du suffixe "Nda" qui renvoie au nom
du chasseur qui s'appelait "Nda'a" et qui finalement défini l'ensemble du territoire occupé par ces
six villages (Les Nda'a)
Bafounda (Pe'eu Nfou'u Nda) s'entend donc comme le reste du territoire des Nda'a après le
partage.
Au-delà de cette histoire tout à fait pertinente, lorsqu'on analyse davantage le sens littérale du
mot "Bafounda" , on se rend compte que "Nfou'u" qui veut dire "reste" renvoie également au mot
"chance"
Par exemple, un Bafounda qui dans ses promenades ramasse à tout hasard un billet de banque
dira "Me pé'é <Mfou'u>" comme pour dire qu'il a eu de la chance.
De ce point de vue, sans s'opposer à la version du chasseur fondateur du Village, Bafounda
s'entend donc egalement comme "La chance des Nda'a"
Au regard de cette dernière version qui s'appuie essentiellement sur le sens ethimologique du
terme, on peut se poser la question de savoir en quoi Bafounda est-il considéré comme "La
chance des Nda'a"? Comment comprendre que Bafounda qui se réclame être à l'origine des
peuples "Nda'a soit le seul à parler une langue différente des cinq autres auquel il réclame la
paternité?
L'origine de la langue Bafounda
Aussi longtemps qu'on remonte dans le passé, il ressort de toute évidence que l'histoire du
Groupement Bafounda n'a pas toujours été un déroulement sans incidents. Ses valeurs et son
héritage ont parfois été le fruit de combats archarnés et de compromis sans scrupules
A la suite du partage du territoire "Nda'a" comme nous l'avons mentionné precédement,
Bafounda s'exprime comme tous ses autres frères en langue "Ngomba'a". Celle qui est
aujourd'hui parlée par les Bamendjo, Babeté, Bamenkombo, Bamesso et Bamendjinda.
Cependant Bafounda fait face à un problème qui met gravement en danger sa survie et son
integrité: Celui de l'influence de certains de ses frères plus grands par le territoire et plus
nombreux par la population.
Ces derniers convoitent son petit territoire riche et fertile et profitent donc de sa très faible
population pour occuper abusivement ses terres au point de le faire basculer dans ses derniers
retranchements.
Conscient de sa faiblesse en nombre, Les Bafounda vont user de ruse pour maintenir la survie
de leur territoire en créant un cadre favorable aux chasseurs partis de Bansoa et Bamougoum en
traversant la riviere Mifi pour qu'ils se sentent chez eux à Bafounda en restant tout en les aidant
à contrôler et à maintenir l'intégrité du territoire.
C'est ainsi que progressivement, les Bamougoum, les Bansoa, les Bameka et les Bamendjou qui
s'expriment en langue "Nguemba" vont les uns après les autres migrer vers Bafounda, une terre
ouverte et riche en opportunités au point d'y implanter définitivement leur descendance.
La relation avec ces voisins venus de l'autre côté de la rivière Mifi ira meme plus loin au point où
les chefs Bamougoum, Bansoa, Bameka et Bamendjou enveront leurs filles en mariage chez le
chef Bafounda question de sceller durablement cette amitié née de la volonté de ces peuples
différents par la langue mais unis dans leur détermination à maintenir l'integrité d'un territoire tout
en lui donnant une identité propre.
Cette coalition aura des retombées retentissantes dans la mesure où la descendance des
femmes issues de l'autre côté de la Mifi va influencer par la langue "Nguemba" ceux des femmes
"Nda'a" issues de l'autre coté de Mbougong qui jusque-là s'exprimaient en "Ngomba'a" la langue
parlée par les Nda'a.
Voilà ainsi donc comment Bafounda se retrouve plus proche des Bamougoum et autres par la
langue "Nguemba" mais a su rester connecté à ses frères "Nda'a" à travers des héritages
communs comme le grand lieu sacré de "Mbougong" et la pratique de plusieurs rites
traditionnels tel que le "Nkui'h Fo'o" qu'on celebre toujours en "Ngomba'a" à Bafounda
Bafounda se trouve ainsi construit, la synthèse parfaite de plusieurs cultures, une sorte de
Cameroun en miniature que les ancêtres ont pris le temps de façonner en intégrant de façon
continue ces valeurs et sensibilités disparates qui ont débouché sur le Bafounda que nous
connaissons aujourd'hui
L'homme Bafounda est donc un être fier de ses valeurs, de ses origines et dégage une telle joie
de vivre. Cette joie de vivre qui a toujours prévalue depuis la nuit des temps et qui justifie si bien
pourquoi "Mfou'uh Nda" au-delà de sa définition éthimologique qui signifie le "Reste des Nda'a"
se transpose bien dans cette fierté pour devenir une "opportunité" Une "Chance", "La chance
des Nda'a" et de tous ceux qui se sont mis ensemble pour lui donner cette merveilleuse identité
qui le rend si particulier.

© Appolos XIV

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