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SUPRÊME
Mon frère dans la voie divine, qu’Allâh « te fortifie par un Esprit procédant
de Lui » (1) afin que tu sois instruit à Son Sujet par Lui-Même. Je te
recommande de connaître Allâh (dont la gloire et la sublimité soient
célébrées) conformément aux enseignements qu’Il t’a formulés (dans Sa
Loi) (akhbara-ka) en ce qui Le concerne (2), tout en t’appuyant sur ce
qu’impose la démonstration existentielle (el-burhân el-wujûdî) au sujet de
la transcendance (tanzîh) et de la sainteté (taqdîs) exigées par l’Etre vrai
(el-Haqq) (3). Ainsi, tu cumuleras la science (el-‘ilm) que te confère la foi,
(el-îmân) (4) et la science que t’impose la preuve rationnelle (5). Mais ne
cherche pas à mettre ensemble les deux voies. Prends-les chacune à part.
Que ta foi soit pour ton cœur – en raison de ce qu’elle te confère en
matière de connaissance d’Allâh – comme la vue sensible dans l’ordre
sensible, quand elle te procure des connaissances en conformité avec sa
nature propre (6).
(4) Rappelons ici les 6 points de la foi qui sont : Allâh, Ses Anges, Ses
Livres, Ses Envoyés, le Jour Dernier et la Prédestination.
Les Akhbâr transmis de la part de Dieu au sujet de ces 6 points
constituent la base doctrinale de la foi.
Sache, mon frère, que toutes les intelligences, tant celles des anges que
celles des hommes, et même l’Intellect Premier (el-Aql el-Awwal) qui est
le premier être existencié dans le plan de l’Inventaire et l’Inscription
(âlamu-t-tadwîni wa-t-tastîr) (10), connaissent leur insuffisance et leur
ignorance à l’égard de l’Essence de leur Créateur, et sont conscientes
qu’elles ne savent, au sujet de cette Essence Transcendante, que la part
exigée par le Monde sous son rapport de correspondance ou analogie (el-
munâsabah), c’est-à-dire sous le rapport des Attributs (eç-Çifât) du
« Dieu » (el-Ilâh).
Sache, mon frère, que, en fait de Science divine, il ne s’en insère dans le
monde que la part qui correspond au monde jusqu’au jour du Jugement
(14). Ceci tant pour le domaine des choses supérieures, conformément au
verset : « Il a révélé dans chaque Ciel le commandement qui revient »
(Coran 41, 14), que pour le domaine des choses inférieures, suivant cette
parole, dite au sujet de la Terre : « Il a déterminé en elle les nourritures
qu’elle doit porter » (Coran 41, 9). De ce fait, lorsque ton âme sera
rendue pure et que son miroir sera poli (15), ne considère pas avec elle le
monde pour recevoir en elle l’image de ce qui est dans le monde même
pris dans sa totalité, car il n’y a aucune utilité en cela, mais oriente ton
âme vers la Dignité Essentielle (el-Hadrah edh-Dhâtiah) sous le rapport de
la science que Celle-ci a d’Elle-même.
(14) Cf. le hadith rappelé au sujet des sciences inscrites par le Calame sur
la Table Gardée.
(17) Ce naql a lieu tout d’abord quand le Calame reçoit d’Allâh les
sciences relatives au Monde, ensuite, il se produit encore quand ces
sciences sont inscrites par lui sur la Table Gardée dont procèdent tous les
autres degrés d’existence et de connaissance.
(23) Ici apparaît dans les termes les plus nets le caractère négatif
du tahayyu’ dans la conscience. Toutefois, il est à remarquer que cette
indétermination intuitive est prise en mode actif. A cette « ignorance
totale », difficile à obtenir et à maintenir, répondra, par une sorte de
conversion immédiate, la Connaissance. C’est là la raison pour laquelle il
est parlé quelquefois de l’ « ignorance » (Jahl) comme d’un mystère
initiatique. Cf. La Parure des Abdal de Muhyed-Dîn Ibn Arabî, p. 11, note 1
dans notre traduction.
(27) Cette recommandation doit s’expliquer par ceci, que, lorsqu’il s’agit
d’une véritable descente de la Sakînah, celle-ci est accompagnée d’une
grande puissance. Il est intéressant de remarquer cela dans le Coran
chaque fois qu’il est parlé de la Sakînah, il est même question des
« armées invisibles » qui l’accompagnent ou de la « victoire » (cf. Coran :
9, 26 et 40 ; 48, 4, 18 et 26). Cette « victoire », fat’h, est initiatiquement
l’ « ouverture » de l’Intuition ou de la vision.
Je t’ai montré en quoi réside ton bonheur dans les deux demeures (celle
de cette vie et celle de la vie future), et à quoi parviennent les âmes des
Connaissants.
SUPRÊME (1)
(suite)
II
Le Maître répondit :
C’est pourquoi nous disons que c’est par cette « face » que la chose a sa
substance et sa permanence, à n’importe quel degré existentiel qu’elle
setrouve. Le Savant Certificateur occupant ce degré de connaissance en
mode effectif, non pas en mode simplement théorique aucune chose ne
s’impose à lui en tant que « chose », car il la voit en tant que « Face du
Vrai » dans le domaine de la « choseté » (shay’îah) (6).
Ceci est une des choses les plus étonnantes en cette Voie divine.
Tel est le plus parfait des états et degrés, au-delà duquel il n’y a plus de
cible à atteindre dans la Voie d’Allâh : cet état est Vérité Absolue et
Universelle, réunissant l’existence du créé et son inexistence.
(8) Le Sheikh el-Akbar paraphrase ici les dernières paroles d’Abu Sa’îd el-
Kharraz qui, dans sa réponse, avait fait suivre la phrase précédente du
texte coranique, « Il est le Premier et le Dernier, l’Apparent et le Caché »
(Cor. 57, 9). Dans les Futûhât, chapt. 98, § 50, le Sheikh dit encore au
même sujet : « Abu Sa’îd el-Kharraz a dit : « J’ai connu Allâh par Sa
réunion des contraires », et notre compagnon Tâj-ed-Dîn el-Akhlaji nous
entendant citer cette parole répliqua : « Plutôt Il est les Contraires mêmes
(bal Huwa aynu-d-didayn) ». Notre compagnon avait raison car la formule
employée par El-Kharrâz pourrait faire croire qu’il y a autre chose qui ne
soit pas les Contraires mêmes,et qui comporterait seulement les
Contraires, or la chose ne serait pas en elle-même exacte : Il est les
Contraires mêmes, car il n’y a rien en dehors de cela : l’Apparent est le
Caché même, comme Il est aussi le Premier et le Dernier, et le Premier
est le Dernier même, comme il est aussi l’Apparent et le Caché„. Un autre
passage des Futûthât, chap. 220, dit également : « Ce maqâm qui n’est
que celui des Connaissants (el-Arifûn), qui sont « contractés » dans l’état
même de leur « détente », et il ne convient pas au Connaissant d’être
« contracté » sans qu’il soit en même temps dans un état de « détente »,
ni « détendu » sans qu’il soit en même temps dans un état de
« contraction ». Par contre, celui qui n’est pas Connaissant (véritable), s’il
se trouve dans un état de « contraction », n’est pas en même temps en
« détente », ni l’inverse. Le connaissant par Allâh ne connaît que par
« son identité dans les contraires » (bi-jam’i-hi bayna-d-diddayn), car il
est tout Vérité, ainsi que l’a dit Abû Kharraz, qui voyait en son âme la
coïncidence des contraires ».
III
Car Celui qui se montre à moi, c’est Celui que je perçois dans cet acte
comme étant mon Seigneur et mon Commandeur.
Qu’Allâh, par Sa grâce, nous mette, nous et vous, parmi ceux qui
contemplent Son Moteur Universel (el-Muharrik) qui proclament la Majesté
divine, et auxquels se révèle toujours ce qui est encore « plus grand ».
Pas de Seigneur autre que Lui. Louange à Allâh seul.