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LE TABERNACLE DES LUMIÈRES

la connaissance n'éteint pas la lumière de la piété scrupuleuse


(wara`). »
L'objet du premier chapitre du Michkât est de préciser les différen-
tes acceptions du mot nûr, ou « lumière » , et de démontrer que,
finalement, ce n'est que pour Dieu qu'il peut être entendu au sens
propre. Pour les autres êtres il n'a qu'un sens figuré ou métaphorique.
Ceci pourrait n'avoir qu'une signification métaphysique ou théologi-
que. Ce qui lui donne une portée spirituelle, c'est que l'homme a un
« oeil » intérieur, « l' oeil du coeur », qui lui permet de voir les réalités
supra-sensibles et d'être éclairé par les lumières célestes d'abord, puis
par la Lumière divine. Cet « oeil » intérieur, c'est l'intellect (agi).
Comme dans les « Merveilles du Coeur » de l'Ihyâ, Ghazâlî identifie
pratiquement les termes « âme » (nafs), « esprit » (rûh) et intellect. Il
donnera cependant au mot rûh le sens particulier de « faculté spiri-
tuelle », la plus élevée étant « la faculté sainte prophétique ». Un point
à noter, et qui nous paraît important, c'est que la perspective de
Ghazâlî n'est pas philosophique mais religieuse. Ainsi écrit-il : « Les
versets du Coran sont pour l'oeil de l'intellect ce qu'est la lumière du
soleil pour l'oeil externe... », et un peu plus loin : « ... le soleil intérieur
appartient au monde du Royaume céleste, il s'identifie au Coran et aux
autres Livres divins révélés. » En liaison avec ceci, Ghazâlî précisera
dans le deuxième chapitre que : « Il existe des saints dont la lumière
brille" presque " d'elle-même, au point qu'ils pourraient " presque "
se passer de l'assistance des prophètes. Et, parmi les prophètes, il y en
a eu qui auraient " presque " pu se passer du secours des anges. » Ce
« presque » marque toute la différence entre la spiritualité et la simple
introspection.
Au terme de leur ascension les « sages » (ârifûn) voient « qu'il n'y a
dans l'existence que Dieu, et que toute chose est périssable sauf Sa
Face ». Ghazâlî développe ainsi à nouveau dans le Michkât ce qu'il
avait écrit dans l'Ihyâ (t. IV, p. 212) sur le « quatrième degré du
tawhîd » : « Le quatrième degré est qu'on ne voit dans l'existence
qu'Un seul ; c'est la contemplation des Justes (Çiddîqûn), et les soufis
l'appellent " l'extinction dans la réduction à l'Unité " » (al fana ft-1-
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