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Janet Evanovich.
On regagna le Bronco.
- Fausse alerte, dis-je.
Ranger garda le silence.
- Désolée pour la voiture.
- C'est qu'une bagnole, baby. Je peux en avoir une
autre.
Je notai que Ranger avait dit qu'il pouvait en
"avoir", et non pas en "acheter", une autre.
- On reste en planque devant l'immeuble ? lui
demandai je.
Ranger regarda la rue.
- On peut toujours... un petit moment.
On se carra dans nos sièges qu'on recula pour
être plus à l'aise. Ranger ne disait jamais rien quand on
faisait une planque. Il avait à peine plus de conversation
que Rex. Ça me convenait très bien. Je réfléchis à toute
cette histoire.
Je trouvais curieux que Mo soit revenu à la
boutique. Pourquoi avait-il pris ce risque ? Mo tenait un
sac en plastique à la main. Que contenait-il ? Des
vêtements de rechange ? Des esquimaux ? Il dégageait
une vague odeur de pourri, de sueur. Il était sale. Soit il
avait travaillé au jardin, soit il vivait dans la rue.
À midi, Ranger alla nous acheter à boire et à
manger chez Sal.
- Bedemier doit bien crécher quelque part, dit
Ranger. Tu as vérifié s'il avait un autre appart' ?
- C'est ce que j'ai fait en premier. Un coup pour
rien.
- Tu as écumé les motels ?
Je le regardai, yeux écarquillés, bouche bée.
Merde !
Je n'y avais même pas pensé.
- Ca passerait le temps, dit-il.
Humour de Ranger.
- Peut-être que Mo vit dans la rue, dis-je. La
dernière fois que je l'ai vu, il sentait l'égout.
- Je nous vois mal faire la tournée des égouts. Je
préfère les motels.
- Comment on s'y prend ?
Ranger sortit de sa poche des pages jaunes
arrachées à un annuaire.
- Tu fais la première moitié de l'alphabet, je fais le
reste. Tu montres la photo, tu demandes s'ils ont vu la
BMW. Et si tu le trouves, tu ne fais rien. Tu m'appelles.
- Et si ça ne donne rien ?
- On élargira notre zone de recherches.
Une demi-heure plus tard, j'étais au volant de ma
Buick. J'avais numéroté les motels en fonction de leur
emplacement. Je commencerais par les plus proches et
m'éloignerais vers Bordentown au fur et à mesure.
m'éloignerais vers Bordentown au fur et à mesure.
À cinq heures, j'avais fait deux fois le plein
d'essence et visité les motels de A à J.
Comme je n'avais pas envie de jouer au gibier
l'estomac vide, je fis un détour par chez mes parents. Ma
mère sortit sur le perron pendant que je me garais au
bord du trottoir.
- Quelle bonne surprise ! dit-elle. Tu restes dîner ?
J'ai fait du jambon cuit et un pudding au caramel pour le
dessert.
- Tu as mis de l'ananas et des clous de girofle
dans le jambon ? Tu as fait de la purée ?
Mon portable, accroché à ma ceinture, sonna;
c'était Ranger.
- Tu parles à qui ? voulut savoir ma grand-mère.
- À Ranger.
Elle fit des yeux ronds comme des soucoupes.
- Le chasseur de primes ? s'écria-t-elle. Qu'est-ce
qu'il veut ?
- Faire le point sur une enquête. Rien d'important.
- Dis-lui donc de venir dîner.
Je posai le combiné sur ma poitrine.
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Et
de toute façon, il est pris.
- Et il est trop occupé pour venir dîner ? dit ma
mère, un brin offusquée. Et puis quoi encore ? Un
homme doit manger. Dis-lui que je mets son couvert.
- Ma mère met ton couvert, dis-je à Ranger.
Il y eut un long moment de silence à l'autre bout du
fil.
- Que se passe-t-il si je ne viens pas ? me
demanda Ranger.
- Je préfère ne pas te le dire.
- Merde.