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Surface libre dans un puits de chute par la modélisation 3D

(J. VAZQUEZ et M. DUFRESNE)

Formation d'ingénieurs ENGEES


Janvier 2016
José VAZQUEZ
Professeur en hydraulique à l'ENGEES
Responsable de l'équipe MécaFlu au laboratoire Icube
Cofondateur de la Startup 3DEau
Jose.vazquez@engees.unistra.fr

Matthieu DUFRESNE
Maître de Conférences en hydraulique à l'ENGEES
Chercheur à l'équipe MécaFlu au laboratoire Icube
Cofondateur de la Startup 3DEau
matthieu.dufresne@engees.unistra.fr

Ce cours est la propriété exclusive de ses auteurs. Toute diffusion par un


tiers sans accord écrit et préalable de ses auteurs est interdite.

Le lecteur trouvera sur le site :

http://hydraulique-des-reseaux.engees.eu/

des outils informatiques et des documents de synthèse correspondant à ce cours.

2
AVANT PROPOS

L’hydraulique est très présente dans le domaine de l’environnement. En effet, elle a une place
déterminante dans la compréhension, l’analyse et le diagnostic des réseaux d’adduction d’eau
potable, des stations de traitement, d’irrigation, des réseaux d’assainissement et des rivières.
De plus, le contrôle de ces systèmes nécessite une instrumentation qui oblige le concepteur et
l’exploitant à une connaissance poussée du fonctionnement hydraulique de ces ouvrages.
D’un point de vue réglementaire, la directive 2000/60/CE du Parlement européen établit un
cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau. Elle incite les Etats
membres (dont évidemment la France) à protéger et restaurer la qualité de leurs ressources en
eau afin de parvenir à un bon état chimique et écologique. L’eau est donc une préoccupation
majeure dans notre civilisation.

L’objectif de cet ouvrage destiné aux techniciens et ingénieurs est de fournir les bases
nécessaires à la compréhension physique et au calcul des phénomènes présents en hydraulique
appliquée au génie de l’eau et de l’environnement. Chaque notion d’hydraulique est ponctuée
par une série d’exercices permettant d’illustrer les concepts présentés. Les exemples sont issus
d’ouvrages hydrauliques existant. Les techniques de calcul qui sont associées à la résolution
des équations mises en œuvre sont élaborées dans un souci d’efficacité.

Cet ouvrage est composé de plusieurs chapitres qui s’intéressent à l’hydraulique à surface
libre. Ce type de comportement hydraulique se rencontre essentiellement en assainissement et
surtout en rivière.
Après une description des différentes géométries de canaux et de tuyaux, une description
détaillée de l’écoulement fluvial et torrentiel permet de comprendre physiquement le
phénomène d’ondes qui lui est associé.
On traite ensuite les écoulements uniforme et permanent. Dans ce contexte, on fournit les
équations ainsi que les techniques de calcul permettant de dimensionner les canalisations.
Le diagnostic d’un réseau en régime permanent est réalisé dans le cas des écoulements dits
non-uniformes. On s’intéresse dans ce chapitre à la détermination des courbes de remous ainsi
qu’à leur technique de calcul. Un chapitre est ensuite consacré aux ouvrages tels que les
seuils, les déversoirs latéraux et les vannes de régulation.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 3


4
BIBLIOGRAPHIE

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BONNIN J. (1983). Ecoulements des fluides dans les tuyauteries. Techniques de l’Ingénieur, traité Génie
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CETMEF (2005). Notice sur les déversoirs – Synthèse des lois d’écoulement au droit des seuils et déversoirs.
Ministère des Transports, de l’Equipement, du Tourisme et de la Mer.
CHANSON H. (2009). Current knowledge in hydraulic jumps and related phenomena – A survey of
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Tome 1, Traité de Génie Civil, Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, Presse polytechnique et
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GRAF W. H., ALTINAKAR M. S. : Hydraulique fluviale : écoulement non permanent et phénomènes de
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polytechnique et universitaire romanes (1996).
HAGER W. H. : Wastewater hydraulics theory and practice, Springer, ed. 1999.
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col trapézoïdal et à col en U. Association Française de Normalisation.
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NEZU I. & NAKAGAWA H. (1993). Turbulence in open-channel flows. IAHR Monograph.
PERNES P. : Hydraulique unidimensionnelle - Partie 1 - Analyse dimensionelle et similitudes - Généralités sur
les écoulements unidimensionnels - Ecoulements en charge - Ecoulements à surface libre, Cemagref
Editions, ed. 2003.
SCHIESTEL R. : Modélisation et simulation des écoulements turbulents, Editions Hermès (1993).
SINNIGER R.O., HAGER W. H. : Constructions hydrauliques : Ecoulements stationnaires, Traité de Génie
Civil, Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, Presse polytechnique et universitaire romanes (1989).
VEN TE CHOW : Open-channel hydraulics, McGraw-Hill, ed. 2009.
VIOLET P.L., CHABARD J.P., Mécanique des fluides appliquée, Presses des ponts et chaussées, ed. 1998.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 5


SOMMAIRE

CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DES ECOULEMENTS.................................................................. 9


1. - TYPES D’ECOULEMENT ................................................................................................................ 10
2. - GEOMETRIE DES CANAUX ............................................................................................................ 13
3. - REGIME D'ECOULEMENT ET SECTION DE CONTROLE ............................................................................ 15
4. - LA TURBULENCE DANS UN CANAL .................................................................................................. 20
5. - DISTRIBUTION DES VITESSES ET DES PRESSIONS ................................................................................. 26

CHAPITRE II : ECOULEMENT PERMANENT ET UNIFORME......................................................... 37


1. - DESCRIPTION DE L'ECOULEMENT UNIFORME ..................................................................................... 38
2. - CALCUL DES PERTES DE CHARGE .................................................................................................... 40
3. - FORMULES DU TYPE CHEZY .......................................................................................................... 42
4. - LA HAUTEUR NORMALE HN ........................................................................................................... 44
5. - SECTION DE DEBIT MAXIMAL ........................................................................................................ 46
6. - SECTIONS DE RUGOSITE COMPOSEE ................................................................................................ 46
7. - MARGE DE SECURITE .................................................................................................................. 47
8. - LIMITES DE DIMENSIONNEMENT .................................................................................................... 47

CHAPITRE III : ECOULEMENT PERMANENT GRADUELLEMENT VARIE ........................................ 49


1. - CHARGE SPECIFIQUE ................................................................................................................... 50
2. - REGIME CRITIQUE ET CHARGE SPECIFIQUE ........................................................................................ 51
3. - EQUATION DE LA COURBE DE REMOUS ............................................................................................ 52
4. - FORMES DES COURBES DE REMOUS ................................................................................................ 55
5. - SECTION DE CONTROLE ............................................................................................................... 66
6. - METHODES DE RESOLUTION ......................................................................................................... 66

CHAPITRE IV : ECOULEMENT RAPIDEMENT VARIE : LE RESSAUT HYDRAULIQUE ....................... 69


1. - LES DIFFERENTS TYPES DE RESSAUT ................................................................................................ 70
2. - DETERMINATION DES PROFONDEURS CONJUGUEES ............................................................................ 72
3. - DETERMINATION DE LA PERTE D’ENERGIE ........................................................................................ 74
4. - LONGUEUR DU RESSAUT .............................................................................................................. 74

CHAPITRE V : ECOULEMENT RAPIDEMENT VARIE : LES DEVERSOIRS FRONTAUX ...................... 77


1. - ECOULEMENTS NOYE ET DENOYE ................................................................................................... 78
2. - ECOULEMENTS AERE ET NON-AERE................................................................................................. 80
3. - SEUIL MINCE ET SEUIL EPAIS ......................................................................................................... 81
4. - MISE EN EQUATION POUR UN SEUIL RECTANGULAIRE.......................................................................... 82

CHAPITRE VI : ECOULEMENT RAPIDEMENT VARIE : LES CHUTES ............................................... 85

CHAPITRE VII : ECOULEMENT RAPIDEMENT VARIE : LES VANNES ............................................. 87


1. - DESCRIPTION DE L’ECOULEMENT AU NIVEAU D’UNE VANNE .................................................................. 88
2. - LOIS DE VANNE RECTANGULAIRE ................................................................................................... 90
3. - UTILISATIONS PRATIQUES ............................................................................................................ 92

6
CHAPITRE VIII : ECOULEMENT RAPIDEMENT VARIE : LES CANAUX VENTURIS ............................ 93
1. - DESCRIPTION DE L’ECOULEMENT DANS UN CANAL VENTURI ................................................................. 94
2. - LOIS HAUTEUR-DEBIT DES CANAUX VENTURI .................................................................................... 97

CHAPITRE IX : ECOULEMENT VARIE : LES DEVERSOIRS LATERAUX .......................................103


1. - APPROCHE DU FONCTIONNEMENT HYDRAULIQUE .............................................................................104
2. - FORMULES EMPIRIQUES .............................................................................................................105
3. - RAISONNEMENT A ENERGIE SPECIFIQUE CONSTANTE .........................................................................106
4. - RAISONNEMENT BASE SUR L’EQUATION DE LA QUANTITE DE MOUVEMENT..............................................109

CHAPITRE X : ANNEXES ....................................................................................................111


1. - GEOMETRIES DES SECTIONS.........................................................................................................112
2. - DETERMINATION DE LA CELERITE DE L’ONDE DE GRAVITE ....................................................................115
3. - APPROXIMATION DU NOMBRE DE FROUDE ET DE LA HAUTEUR CRITIQUE ...............................................117
4. - TABLEAU DES RUGOSITES KS ........................................................................................................118
5. - CALCUL DE LA HAUTEUR NORMALE POUR UNE SECTION CIRCULAIRE .......................................................120
6. - CALCUL DE LA HAUTEUR NORMALE POUR UNE SECTION OVOÏDE ...........................................................122
7. - CALCUL DE LA HAUTEUR NORMALE POUR UNE SECTION FER A CHEVAL ....................................................124
8. - DEMONSTRATION DE LA METHODE PAR SUBSTITUTION ......................................................................125
9. - ABAQUES DE LA METHODE PAR SUBSTITUTION POUR LE CALCUL DE LA COURBE DE REMOUS ........................127
10. - HAUTEURS CONJUGUEES DE QUELQUES SECTIONS ..........................................................................131
11. - LOIS DE QUELQUES DEVERSOIRS FRONTAUX ...................................................................................132
12. - EXPRESSION DU DEBIT DEVERSE..................................................................................................140
13. - EQUATION DES DEVERSOIRS LATERAUX ........................................................................................144
14. - ABAQUES POUR LE CALCUL DES DEVERSOIRS LATERAUX ....................................................................147

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 7


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Chapitre I :

CARACTERISTIQUES DES ECOULEMENTS

I-1 : Aménagement d’une évacuation : du pilote en laboratoire à la construction sur site

Ce chapitre constitue un résumé des bases hydrodynamiques des écoulements à surface libre.
L’accent n’est pas mis sur l’approche théorique (pour l’instant) mais plutôt sur l’application
des concepts de l’hydrodynamique aux écoulements à surface libre.
Nous verrons, dans un premier temps, le vocabulaire couramment utilisé dans le domaine de
l’hydraulique à surface libre en définissant physiquement les notions d’écoulement uniforme,
non-uniforme, de ressaut hydraulique, etc... Dans un deuxième temps, on s’attachera à définir
les différentes caractéristiques géométriques utiles pour un calcul hydraulique. Ensuite, un
paragraphe complet est consacré à la notion fondamentale d’écoulement fluvial et torrentiel.
La compréhension de ces caractéristiques est déterminante pour le calcul de l’évolution de la
hauteur d’eau dans un canal en fonction des conditions aux limites. Un chapitre est ensuite
consacré à la turbulence. Celle-ci joue un rôle prépondérant dans le calcul des pertes
d’énergie le long des canaux. Le dernier chapitre s’intéressera à la forme de la distribution
des vitesses et des pressions suivant la hauteur de l’eau.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 9


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

Les écoulements dans les canaux naturels (rivière) et artificiels (irrigation, assainissement)
sont, dans la plupart des cas, des écoulements à surface libre. La surface libre est l’interface
entre l’air et l’eau. La pression y est égale le plus souvent à la pression atmosphérique.

Surface libre

Ligne de courant

I-2 : Surface libre et lignes de courant

1. - TYPES D’ECOULEMENT

On peut définir les écoulements suivants la variabilité des caractéristiques hydrauliques tels
que le tirant d’eau et la vitesse en fonction du temps et de l’espace.

1.1. - Variabilité dans le temps

Le mouvement est permanent (ou stationnaire) si les vitesses U et la profondeur h restent


invariables dans le temps en grandeur et en direction. Le mouvement est non-permanent
dans le cas contraire.

Ecoulement permanent Ecoulement non-permanent


I-3 : Ecoulement permanent et non-permanent

Au sens strict, l’écoulement dans les canaux est rarement permanent. Néanmoins les
variations temporelles sont, dans certains cas, suffisamment lentes pour que l’écoulement
puisse être considéré comme une succession de régime permanent. On peut alors définir ainsi
le régime quasi-permanent.

10
Types d’écoulement

1.2. - Variabilité dans l’espace

I-4 : Variabilité de l'écoulement dans l'espace

Le mouvement est uniforme si les paramètres caractérisant l’écoulement restent


invariables dans les diverses sections du canal. La ligne de la pente du fond est donc
parallèle à la ligne de la surface libre.

Le mouvement est non-uniforme ou varié si les paramètres caractérisant l’écoulement


changent d’une section à l’autre. La pente de la surface libre diffère de celle du fond.

Un écoulement non-uniforme peut être accéléré ou décéléré suivant que la vitesse croît
ou décroît dans le sens du mouvement.

Lorsque le mouvement est graduellement varié, la profondeur ainsi que les autres
paramètres varient lentement d’une section à l’autre.

Lorsque le mouvement est rapidement varié, les paramètres caractérisant l’écoulement


changent brusquement, parfois avec des discontinuités. Cela se manifeste en général au
voisinage d’une singularité, telle qu’un seuil, un rétrécissement, un ressaut hydraulique
ou une chute brusque.

Au régime permanent, dans un canal au régime uniforme ou non, le débit est conservé.

Uniforme
Graduellement varié
Stationnaire Non uniforme
Rapidement varié
ECOULEMENT
Graduellement varié
Non stationnaire Non uniforme
Rapidement varié

I-5 : Les différents types d'écoulement

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 11


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

Applications : Les écoulements stationnaires et transitoires


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Pourquoi au régime permanent, dans un canal au régime uniforme ou non, le débit est-il
conservé ?

• Habituellement en hydraulique en charge, le remplissage d'un bassin peut être modélisé par
une succession de calcul en régime permanent. Peut-on faire la même démarche en
hydraulique à surface libre ?

• Le mascaret est une vague qui remonte un fleuve à contre courant. Dans quel type
d'écoulement (permanent/transitoire) peut-on modéliser le mascaret ?

12
Géométrie des canaux

2. - GEOMETRIE DES CANAUX

Dans ce chapitre nous allons définir les grandeurs géométriques les plus utilisées permettant
de caractériser l’écoulement.

yG S
Dh
h

A savoir !!!
P
I-6 : Géométrie des canaux

• La section transversale d’un canal est la section plane normale à la direction de


l’écoulement.
• La surface mouillée, S, est la portion de la section occupée par le fluide dans la section du
canal.
• Un canal dont la section, la pente et la rugosité ne varient pas suivant le sens de
l’écoulement est appelé canal prismatique (Les caractéristiques hydrauliques peuvent
varier!!).
• Le périmètre mouillé, P, est formé par la longueur de la ligne de contact entre la surface
mouillée et les parois de la section (la largeur de la surface libre n’entre pas en compte).
S
• Le rayon hydraulique est donné par : R h =
P
• La largeur superficielle ou largeur au miroir, B, est la largeur du canal au niveau de la
dS
surface libre. B =
dh
S
• La profondeur hydraulique est donnée par : Dh =
B
• La pente, I, varie environ de quelque %.
• La position du centre de gravité yG par rapport à la surface libre.
h
Moment statique : S.y G = ∫ ( h − z ) B(z)dz
0

Un catalogue de quelques sections courantes est fourni en


ANNEXE 1 : Géométries des sections p.112.

A ne pas savoir pas !!!


José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 13
Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

Applications : Géométrie des canaux


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Dans le cas d'une section rectangulaire, déterminer : S, P, Rh, Dh et yG.

• Calculer le Rh d'une conduite circulaire pleine :

• Parmi les trois conduites suivantes et pour le tirant d'eau défini, sans faire de calcul,
quelle est la conduite ayant le Rh le plus important ? Le plus petit ?

I-7 : Comparaison de sections

• Quel intérêt peut représenter le Rh vis à vis des pertes de charges ?

14
Régime d'écoulement et section de contrôle

3. - REGIME D'ECOULEMENT ET SECTION DE CONTROLE


3.1. - Le phénomène physique

Supposons un canal à section constante, à pente constante et avec une hauteur h et un débit
constant Q. On crée une perturbation grâce à une vanne que l’on ferme et que l’on ouvre très
rapidement.

Fermeture et
ouverture rapides

Q
h

I-8 : Fermeture rapide d'une vanne

Au niveau de la surface libre, il se crée deux ondes (ondes de gravité). L’une se propage
toujours vers l’aval et l’autre se propage vers l’amont si la vitesse dans le canal est inférieure
à la vitesse de l’onde de gravité ; elle s’oriente vers l’aval dans le cas contraire.

c’ = 0 c’’ > 0

Q
U=c

I-9 : Régime critique

c’ < 0 c’’ > 0

Q
U<c

I-10 : Régime fluvial

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Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

c’ > 0 c’’ > 0

Q
U>c

I-11 : Régime torrentiel

U : vitesse de l’écoulement
c : célérité des ondes
c’ : vitesse de l’onde amont
c’’ : vitesse de l’onde aval

Dans le cas où la vitesse du fluide est supérieure à la vitesse de l’onde c, l’amont n’est pas
influencé par les conditions hydrauliques à l’aval (régime torrentiel) ; alors que, dans le cas
contraire, on a une remontée de l’onde qui va perturber l’amont (régime fluvial), ce
phénomène est appelé influence aval.

3.2. - Les équations


La démonstration de la relation permettant de calculer la célérité est disponible en
ANNEXE 2 : Détermination de la célérité de l’onde de gravité p.115.

La célérité de l’onde de gravité est donnée par la relation :


2
c = gDh

3.3. - Régimes d’écoulement et nombre de Froude


On définit le nombre de Froude comme le rapport de la vitesse de l’écoulement sur la célérité
des ondes de surface.
U
Fr =
c
Soit, compte tenu de la partie précédente :
U
Fr =
gDh
Dans le cas d’un canal de forme rectangulaire, cette expression devient :
U
Fr =
gh

3.3.1. - Régime critique et hauteur critique


L’écoulement est critique lorsque le nombre de Froude est égal à 1.

16
Régime d'écoulement et section de contrôle

On parle d’écoulement critique lorsque la vitesse de l’écoulement est égale à la célérité des
ondes de surface. On parle alors de « hauteur critique ».

La détermination de la hauteur critique hc d’un écoulement s’effectue en considérant un


nombre de Froude égal à 1.

Fr (Q, hc , caractéristiques de la section en travers) = 1

Le nombre de Froude dépend du débit, de la hauteur d’eau ainsi que des caractéristiques de la
section en travers. Il est en revanche indépendant de la pente.
Q2
=1
S (hc ) gDh (hc )
2

L’expression précédente aboutit à une équation simple en hc (parfois implicite néanmoins)


dans le cas des sections classiques : rectangulaire, triangulaire, trapézoïdale, etc. L’exemple
de la section rectangulaire est donné ci-dessous.
Dans le cas de sections complexes, les formulations exactes peuvent être fastidieuses à
utiliser. Pour des formes couramment utilisées en réseau, des formulations simplifiées
existent.

3.3.2. - Régime torrentiel ou sur-critique


Lorsque la hauteur d’eau est inférieure à la hauteur critique, c’est-à-dire que le nombre de
Froude est supérieur à 1, l’écoulement est trop rapide pour que les ondes de gravité ne
remontent vers l’amont. Les ondes sont seulement générées vers l’aval. On parle de régime
torrentiel, sur-critique ou supercritique.

3.3.3. - Régime fluvial ou sous-critique


Lorsque la hauteur d’eau est supérieure à la hauteur critique, c’est-à-dire que le nombre
de Froude est inférieur à 1, les ondes de gravité se déplacent aussi bien vers l’aval (à la vitesse
U + c, où U est la vitesse de l’écoulement et c la célérité propre des ondes) que vers l’amont
(à la vitesse U - c). On parle de régime fluvial ou sous-critique.

3.4. - Point de contrôle des écoulements fluviaux et des écoulements torrentiels


Un écoulement torrentiel étant complètement indépendant de ce qui se passe à l’aval (les
ondes de gravité ne remontent pas l’écoulement), cela signifie qu’il est entièrement contrôlé
par l’amont. On parle de contrôle amont. En revanche, un écoulement fluvial est affecté par ce
qui se passe à l’aval (les ondes de gravité remontent l’écoulement). On parle de contrôle aval.
Nous retiendrons :

• Point de contrôle amont pour l’écoulement torrentiel,


• Point de contrôle aval pour l’écoulement fluvial.

De façon générale, l’hydraulique s’intéresse à deux variables : le débit et la hauteur d’eau.


Pour reproduire ces informations partout dans un canal, nous avons besoin de deux
informations au niveau des limites de ce canal. L’endroit où ces informations sont nécessaires
dépend du régime d’écoulement. En régime torrentiel, il faut connaître le débit et la
hauteur d’eau à l’amont pour les déterminer partout dans le canal. En régime fluvial, il faut
une information à l’amont (le débit ou la hauteur d’eau) et une information à l’aval
(idem).

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 17


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

3.5. - Section de contrôle double : Amont et Aval


Une « section de contrôle double » est une section dans laquelle l’écoulement est critique.
Cela implique que la vitesse de l’écoulement est égale à la célérité des ondes.
U= gD h

Le débit qui s’écrit de façon générale Q = USpeut alors s’écrire comme suit.
Q = S gD h
La surface S comme le diamètre hydraulique Dh étant des fonctions croissantes avec la
hauteur d’eau h, il apparaît un lien bijectif entre la hauteur d’eau et le débit au régime critique.
Ceci est d’une grande utilité en débitmétrie (mesure du débit) des écoulements à surface libre.
En effet, dans le cas où l’écoulement est critique, il est possible de s’affranchir de la mesure
de vitesse pour évaluer le débit, ce qui, en plus de ne nécessiter qu’un seul capteur de mesure,
présente deux autres avantages :

• Le fait de ne pas nécessiter de capteur immergé, ce qui facilite grandement la


maintenance du point de mesure (problèmes de nettoyage ou de détérioration du
capteur).
• Une précision en général meilleure, les techniques nécessitant la mesure de la vitesse
nécessitant un passage, parfois incertain, entre la vitesse mesurée localement par le
capteur et la vitesse moyenne de l’écoulement, notamment si la mesure est effectuée à
proximité d’une singularité hydraulique (coude, jonction, chute, etc.).

L’annexe suivant donne les formulations approchées pour différentes sections :


(ANNEXE 3 : Approximation du nombre de Froude et de la hauteur critique p.117)

Applications : Régime d'écoulement et point de contrôle


A ne savoir pas !!!
(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Calculer la hauteur critique dans un canal rectangulaire et montrer qu’il est possible de
calculer le débit en mesurant la hauteur critique.

• Quel effet sur le régime d'écoulement peut avoir une élévation brutale de la
profondeur dans un canal (exemple d'un seuil) ?

• Quel effet sur le régime d'écoulement peut avoir une diminution brutale de la largeur
dans un canal (exemple d'un venturi) ?

18
Régime d'écoulement et section de contrôle

• Identifier le régime fluvial, torrentiel et identifier les points de contrôle sur le profil en
long suivant. La droite Nc représente la hauteur critique.

• Identifier le régime fluvial, torrentiel et identifier les points de contrôle sur le profil en
long suivant. La droite Nc représente la hauteur critique.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 19


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

4. - LA TURBULENCE DANS UN CANAL


4.1. - Le phénomène physique

La turbulence est un mouvement tourbillonnaire qui présente une large étendue de


dimensions de tourbillons et de vitesse de rotation. Ce mouvement toujours rotationnel peut
être conçu comme un enchevêtrement de structures tourbillonnaires dont les vecteurs
rotationnels sont orientés dans toutes les directions et sont fortement instationnaires
(même en régime dit : « permanent »). La différence entre les plus gros et les plus petits
tourbillons, augmente avec l’intensité de la turbulence. Les structures turbulentes peuvent être
considérées comme des éléments tourbillonnaires qui s’étirent les uns les autres. Cet
allongement des filets tourbillons est un aspect essentiel du mouvement turbulent. Il produit le
passage de l’énergie à des échelles de plus en plus petites jusqu’à ce que les forces visqueuses
deviennent actives et dissipent l’énergie : c’est la cascade d’énergie.

Richardson 1922 :
Les gros tourbillons ont des petits tourbillons,
Qui se nourrissent de leur vitesse,
Et les petits tourbillons en ont de plus petits,
Et c’est ainsi jusqu’à la viscosité.

I-12 : La cascade d’énergie

20
La turbulence dans un canal

Les gros tourbillons qui sont associés aux basses fréquences du spectre, sont déterminés par
les conditions aux limites de l’écoulement et leur dimension est de l’ordre de grandeur du
domaine occupé par l’écoulement. Les gros tourbillons interagissent avec l’écoulement
moyen car leur échelle est du même ordre de grandeur, ils extraient de l’énergie cinétique
du mouvement moyen et la fournissent aux agitations à grande échelle. C’est surtout les
mouvements à grande échelle qui transportent la quantité de mouvement et la chaleur.
Ainsi le taux de dissipation d’énergie est déterminé par les mouvements à grandes échelles
bien que la dissipation soit un processus visqueux dont les petits tourbillons sont le siège.
La viscosité du fluide ne détermine pas le taux de dissipation mais seulement l’échelle à
laquelle cette dissipation se produit.

I-13 : Schéma du spectre d’énergie turbulent

E(k) : spectre d’énergie ou densité d’énergie cinétique turbulente.



κ: κ= avec r longueur de l’onde.
r
Vr

Vr

I-14 : Définition des caractéristiques d’un tourbillon

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 21


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

Une solution turbulente est toujours une solution compliquée non stationnaire des équations
du mouvement, présentant des fluctuations irrégulières dans l’espace et dans le temps.
Henri Poincarré d’après J.L. Chabert et A.D. Dalmedico 1991 :

Une cause très petite, qui nous échappe, détermine un effet considérable que nous ne pouvons
pas ne pas voir, et alors nous disons que cet effet est dû au hasard. Si nous connaissons
exactement les lois de la nature et la situation de …« l’écoulement » à l’instant initial, nous
pourrions prédire exactement la situation de ce même « écoulement » à un instant ultérieur.
Mais, lors même que les lois naturelles n’auraient plus de secret pour nous, nous ne
pourrions connaître la situation initiale qu’approximativement (…) ; il peut arriver que de
petites différences dans les conditions initiales en engendrent de très grandes dans les
phénomènes finaux.

I-15 : Phénomènes d’aspiration et de rejet

I-16 : Tourbillon en épingle à cheveux

22
La turbulence dans un canal

I-17 : Vue de dessus et profil en long d’un tourbillon en épingle à cheveux

I-18 : dissipation d’un tourbillon

4.2. - Approche statistique de la turbulence

Devant cet aspect désordonné de l’évolution turbulente et cette apparente complexité du


phénomène, l’attitude naturelle et la plus utilisée a été d’introduire des méthodes statistiques.
Dans ce cas, les méthodes statistiques alimentées par des modèles de turbulence ne décrivent
pas le détail du mouvement turbulent mais uniquement les effets que ce mouvement produit
sur l’écoulement moyen.

Pour un écoulement turbulent, la vitesse en un point, u, indique que des fluctuations aléatoires
de haute fréquence, u’, se superposent à des vitesses moyennes temporelles u . Ainsi, on
considère que la vitesse instantanée, u, est la somme d’une vitesse moyenne, u , et d’une
vitesse due aux fluctuations, u’, on l’écrit :
u = u'+u

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 23


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

t +T
1
La valeur moyenne de la vitesse est définie par : u = ∫ udt
T t
L’intervalle de temps, T, doit être suffisamment important pour englober un grand nombre de
fluctuations de vitesse et la vitesse moyenne doit conserver une valeur fixe quel que soit cet
t +T
1
intervalle. u' =
T ∫ u'dt = 0
t

Les valeurs moyennes u' sont donc nulles, mais il n’en est pas de même des valeurs
moyennes de u’2.
Les expériences montrent que la distribution des fluctuations de vitesse, u’ est quasi
gaussienne.
(
 − u −u
 )2 
1  2 σ2 
f (u ' ) = e  

σ 2π
σ 2 = u '2
L’intensité de la turbulence ou degré de turbulence est défini par :
u '2
I= , pour un écoulement unidirectionnel, l’intensité de turbulence dépasse rarement la
u
u '2
valeur : I = ≤ 0 .1
u

I-19 : L’expérience de Reynolds

24
La turbulence dans un canal

4.3. - Le nombre de Reynolds

Le nombre de Reynolds caractérise la turbulence. C’est le rapport entre les forces inerties et
les forces de viscosité. Dans le cas des écoulements en canaux à surface libre Re est donné
par :
R .U
Re = h
ν
U : Vitesse moyenne de l’écoulement,
Rh : Rayon hydraulique,
ν : Viscosité cinématique.

Les expériences avec différents canaux à surface libre de grandeurs comparables à ceux
utilisés pour l’assainissement et en rivière montrent que l’écoulement est turbulent dès que le
nombre de Reynolds atteint des valeurs de 1000.
Les limites :
• Ecoulement laminaire : Re < 500
• Transition 500 < Re < 1000
• Ecoulement turbulent : Re > 1000

Dans les écoulements à surface libre, le régime visqueux existe pour des valeurs du nombre
de Reynolds inférieur à 500. Ce régime ne se produit que dans des canaux extrêmement petits
(≈ mm) ou avec des vitesses très faibles (≈ mm/s). Dans ce cas, ces applications techniques se
limitent presque exclusivement à la théorie du graissage.

On rappelle que dans le cas des écoulements en charge on a :


D.U
Re =
ν
• Ecoulement laminaire : Re < 2000
• Transition 2000 < Re < 4000
• Ecoulement turbulent : Re > 4000
D
Pour les conduites circulaires en charge on a : R h = .
4

Applications : Le nombre de Reynold


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Expliquer la différence entre de valeur entre le Re en charge et le Re à surface libre.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 25


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

5. - DISTRIBUTION DES VITESSES ET DES PRESSIONS


5.1. - Répartition des vitesses

5.1.1. - Représentation 1D, 2D et 3D

Un écoulement permanent dépend généralement de trois variables x, y et z. On


l’appelle écoulement tridimensionnel. Pour un canal, l’écoulement est représenté par la figure
suivante :

I-20 : Champ de vitesse 3D

Si le canal a une largeur B, importante par rapport à la profondeur h, l’écoulement est


considéré bidimensionnel, sauf sur une petite distance proche des parois verticales.

I-21 : Champ de vitesse 2D

Les calculs en hydraulique sont considérablement facilités si on admet que l’écoulement est
unidimensionnel. On utilise donc la vitesse moyenne. Dans les canaux de géométrie simple,
on ne rencontre généralement que des écoulements turbulents où la vitesse ponctuelle diffère
peu de la vitesse moyenne.

26
Distribution des vitesses et des pressions

I-22 : Champ de vitesse 1D

5.1.2. - Distribution des contraintes de cisaillement


Dans un écoulement turbulent, on a les forces de viscosité et les forces de turbulence. La
contrainte de cisaillement peut donc s’écrire :
τ xz = τforce de viscosité + τforce de turbulence
Pour l’écoulement dans un canal, la répartition verticale des contraintes tangentielles est
donnée par la figure suivante :

I-23 : Evolution de la contrainte de cisaillement dans un canal à surface libre

A la paroi et tout près de la paroi, les contraintes se confondent avec les tensions de
viscosité. Les tensions dues à la turbulence tendent vers zéro. Le gradient de vitesse est
important.
En s’éloignant légèrement de la paroi, l’écoulement turbulent génère des tensions dues à
la turbulence qui deviennent importantes par rapport aux tensions dues à la viscosité.
Loin de la paroi, les tensions dues à la turbulence deviennent prépondérantes. On appelle
zone intérieure la zone pour laquelle la tension est constante.
La tension totale atteint une valeur maximale τ0 près de la paroi et une valeur nulle en
surface.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 27


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

5.1.3. - Calcul de la contrainte de cisaillement au fond du canal


La contrainte de cisaillement τ0 est obtenue en faisant l’équilibre des forces d’un canal
prismatique en régime permanent et uniforme :

A savoir !!!

I-24 : Représentation de la contrainte de cisaillement dans un canal à surface libre

Appliquons l’équation de la quantité de mouvement au volume de contrôle encadré en gris sur


la figure précédente. Le volume de contrôle est soumis à une force de volume : son poids, et à
deux forces de contact, à savoir les forces dues à la pression sur les faces amont et aval ainsi
que la force de frottement sur la surface de contact entre les parois du canal et l’écoulement. Il
vient donc l’équation suivante.
( )
∑ ρ .V . V .n . S = Fpression + Ffrottement + W
Dans cette équation, le terme de gauche correspond aux forces d’inertie. Le débit
(conservation de la masse) et la vitesse (écoulement ni accéléré ni décéléré) étant conservés
entre les sections S1 et S2, ce terme est égal à 0.
Concernant les forces de pression, les lignes de courant étant rectilignes et parallèles pour
un écoulement uniforme, la pression est hydrostatique sur les faces amont et aval du
volume de contrôle. Les aires des faces amont et aval étant les mêmes (canal prismatique et
hauteur d’eau constante), il vient alors que les forces de pression, si elles existent bel et bien,
se compensent. Les forces de pression agissant sur le volume de contrôle sont donc nulles.
Les seules forces non nulles sont donc le poids et les frottements. Un écoulement uniforme
peut donc être vu comme un équilibre entre le poids et les frottements.
Projetons ces deux forces selon la direction principale de l’écoulement. Concernant le poids, il
s’exprime comme suit, où ρ est la masse volumique du fluide, g l’accélération
gravitationnelle, S la surface de passage de l’écoulement, dx la longueur du volume de
contrôle et θ l’angle du canal.
W .e x = ρ gSdx sin (θ )
Concernant les frottements, ils agissent au niveau de la surface de contact entre les parois du
canal et l’écoulement. Cette surface peut s’exprimer comme le produit du périmètre mouillé P
par la longueur dx du volume de contrôle. La force de frottement peut alors s’exprimer
comme suit, où τ0 est la contrainte de cisaillement moyenne sur la surface de contact entre les
parois et l’écoulement.
Ffrottement .e x = −τ 0 Pdx
En combinant les deux équations précédentes, il vient l’expression suivante pour la contrainte
de cisaillement.

28
Distribution des vitesses et des pressions

sin (θ )
S
τ 0 = ρg
P
Pour les angles θ « petits », tangente et sinus sont quasiment identiques. Dans l’équation
précédente, sin(θ) peut donc être remplacé par I, pente du canal.
sin(θ ) ≈ tan(θ ) = I
De façon plus quantitative, un calcul rapide permet de se rendre compte que l’écart relatif
entre la pente et le sinus de l’angle est limité à 0,1% jusqu’à une pente de 5,4% et limité à 1%
jusqu’à une pente de 14,5%. Les pentes couramment rencontrées en pratique étant en général
de quelques dixièmes à quelques pourcents, guère plus, on comprend aisément que
l’approximation précédente est tout à fait cohérente. En effet, en procédant ainsi, l’erreur
effectuée sur la contrainte de cisaillement est absolument minime.

En intégrant ce résultat et en remarquant que le rapport de la surface mouillée sur le périmètre


mouillé a été défini dans un chapitre précédent comme le rayon hydraulique, il vient alors
l’expression suivante pour la contrainte de cisaillement moyenne, valable au régime
permanent uniforme dans le cas d’un canal avec pente.
τ 0 = ρgRh I
La contrainte de cisaillement au fond du canal est ainsi le paramètre le plus représentatif des
pertes de charge dans un canal.

Applications : Le La contrainte de cisaillement


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Exprimer la contrainte de cisaillement dans le cas d'un canal rectangulaire très large.

5.1.4. - Détermination du profil de vitesse


Afin de pouvoir déterminer la distribution des vitesses suivant la verticale, il est nécessaire de
prendre en compte un modèle de turbulence pour déterminer la contrainte de cisaillement
générée par les forces de frottement. Dans ce cas, le modèle de turbulence ne décrit pas le
détail du mouvement turbulent mais uniquement les effets que ce mouvement produit sur
l’écoulement moyen.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 29


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

I-25 : Profil de vitesse dans un canal à surface libre

La contrainte de viscosité s’écrit en fonction de la loi de comportement du fluide newtonien :


∂u
τforce de viscosité = ρν
∂z
Le modèle de turbulence de Boussinesq considère que les forces de turbulence agissent
comme les forces de viscosité :
∂u
τforce de turbulence = ρε
∂z
On appelle ε le coefficient de mélange. Il a la dimension de la viscosité cinématique, c’est
pourquoi il est souvent appelé viscosité turbulence. Les deux viscosités ε et ν sont
fondamentalement différentes ; ν est une propriété du fluide et ε est une caractéristique de
l’écoulement.
Prandt considère que la viscosité turbulente ε est proportionnelle à la variation de la vitesse
∂u
suivant la verticale. ε = l 2 ou l est appelée longueur de mélange. Les hypothèses de Prandt
∂z
sont des approximations qui ne sont justifiées que par une bonne concordance avec les
données expérimentales.

On a donc :
τxz = τforce de viscosité + τforce de turbulence
∂u
τxz = ρ(ν + ε)
∂z
Compte tenu des remarques précédentes, il est ainsi justifié d’admettre que pour un
écoulement le long d’une surface les tensions totales sont souvent exprimées par les tensions
dues à la turbulence :
τ xz = (τforce de viscosité ≈ 0 ) + τforce de turbulence
2
∂u  ∂u 
τ xz = ρε = ρl 2  
∂z  ∂z 

30
Distribution des vitesses et des pressions

I-26 : Détail du profil de vitesse

En admettant que la longueur de mélange l peut s’écrire suivant Prandt de la façon suivante :
l = κ.z ou κ est la constante de Karman valable près de la paroi (dans la zone dite interne).
On a près de la paroi :
2
 du 
τ0 = ρκ z  
2 2

 dz 
Après intégration, on a : u (z ) = A. ln( z) + B

Bien que la relation précédente ne soit valable que dans la zone interne, les expériences
montrent une assez bonne concordance sur toute la profondeur d’eau du canal. La
distribution de la vitesse suivant la verticale pour un écoulement turbulent est
logarithmique : u (z ) = A. ln( z) + B . Les constantes numériques sont obtenues par de
nombreuses expériences pour les écoulements uniformes. Pour les écoulements non-
uniformes, ces constantes sont légèrement différentes.

5.1.5. - Mesure des champs de vitesse


Dans une section normale à la direction de l’écoulement, si l’on connaît la distribution des
vitesses ponctuelles dans la section, la vitesse moyenne dans cette section est donnée par :
1
U = ∫ V dS
S S
On applique parfois des règles empiriques qui permettent de mesurer la vitesse en un certain
nombre de points seulement. Ainsi pour les canaux rectangulaires, on recommande le procédé
suivant :
Vn : la vitesse moyenne sur une verticale n :
Vn = (Vn ,1 + 2.Vn , 2 + 3.Vn ,3 + 3.Vn , 4 + 2.Vn ,5 + Vn ,6 )
1
12
La vitesse dans la section à la valeur :
U = (V1 + 2.V2 + 3.V3 + 3.V4 + 2.V5 + V6 )
1
12

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 31


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

I-27 : Points de mesure pour le calcul de la vitesse moyenne

Pour déterminer la vitesse moyenne, U, dans une section, on donne les relations
approximatives suivantes :

U = (0.8 à 0.9) Usurface de l’eau U = 0.5 (u0.2 + u0.8) U = u0.4


(formule de Prony)

I-28 : Méthodes simplifiées pour le calcul de la vitesse moyenne

32
Distribution des vitesses et des pressions

I-29 : Recirculations dans un canal à surface libre

Distribution de la vitesse dans le plan longitudinale.

I-30 : Distribution de la vitesse dans une conduite rectangulaire haute

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 33


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

I-31 : Distribution de la vitesse dans une conduite rectangulaire basse

I-32 : Distribution de la vitesse dans une conduite en assainissement

34
Distribution des vitesses et des pressions

5.2. - Répartition de la pression

Le système d’équations intrinsèques consiste à écrire les équations d’Euler en régime


permanent ( ∂ ∂t = 0 ) dans un repère particulier. Ce repère est constitué par les lignes de
courant pour le vecteur t et par le vecteur n tel que v ⊥ n.

I-33 : Ligne de courant dans un canal à surface libre, représentation des variables
r
en appelant s le vecteur unitaire de la tangente à la trajectoire, on a :
r r
r r dV dV r ds
V = Vs et = s+V
dt dt dt
r r r
d s d s ds n
avec : = . = V
dt ds dt R
r r
R : rayon de courbure et n le vecteur perpendiculaire à s .

∂V 1 ∂ r
V =− (ρ.g.z + p) suivant s
∂s ρ ∂s
V 1 ∂ r
V. = − (ρ.g.z + p) suivant n
R ρ ∂n

Pour un écoulement uniforme, lorsque la vitesse moyenne U est constante et les lignes de
courant sensiblement rectilignes, la répartition de la pression est hydrostatique dans la
section droite du canal.

I-34 : Distribution de la pression dans une conduite à surface libre

Pour un écoulement non uniforme, à courbure convergente ou divergente, il existe une


accélération qui provoque une force d’inertie. La répartition de la pression n’est plus
hydrostatique.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 35


Chapitre I : Caractéristiques des écoulements

V2 ∂  p
− = z + 
g.R ∂n  ρg 
 p 
 z +  augmente toujours quand on s’éloigne du centre de courbure de la trajectoire.
 ρg 

h
h

I-35 : Distribution de la pression non hydrostatique

Pour un courant extérieurement concave, la force centrifuge augmente les pressions ; pour un
courant convexe, cette force diminue les pressions. Dans le dernier cas, elle peut même les
rendre inférieures à la pression atmosphérique, provoquant un décollement du liquide du fond
du canal et une pression négative par rapport à la pression atmosphérique.

I-36 : Distribution de la pression non hydrostatique sur un seuil

Applications : Répartition de la pression


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)
• En supposant un écoulement dans un canal de rayon de courbure 1m, de vitesse
uniforme 2m/s et de tirant d'eau 0.5m, calculer la variation de pression en mCE due à
la courbure par rapport à celle qu'on aurait obtenue en hydrostatique.

36
Chapitre II :

ECOULEMENT PERMANENT ET UNIFORME

II-1 : Régime permanent uniforme

Sous certaines conditions, la hauteur d’eau d’un écoulement à surface libre peut
demeurer constante quelle que soit la position considérée : on parle alors d’écoulement
uniforme. Si ces conditions sont peu rencontrées en pratique, l’écoulement uniforme présente
néanmoins un grand intérêt en hydraulique puisque le dimensionnement des canaux se fait
généralement au régime permanent et uniforme.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 37


Chapitre II : Ecoulement permanent et uniforme

1. - DESCRIPTION DE L'ECOULEMENT UNIFORME

Un écoulement uniforme, tel qu’illustré sur la figure suivante, peut être décrit de plusieurs
façons (Hager 1999) :

• Hauteur d’eau constante : h1 = h2,


• Vitesse moyenne sur la section constante : U1 = U2,
• Surface libre parallèle au fond,
• Egalité entre la pente énergétique J (-dH/dz), la pente de la surface libre et la pente du
canal I (-dz/dx).

U12/2g 2
U2 /2g

h1 H1 h2
H2

z1 z2
Plan de référence
II-2 : Evolution de la charge dans un écoulement permanent uniforme

Pour se produire, un certain nombre de conditions doivent être nécessairement rencontrées :

• Pente (I) du fond constante,


• Rugosité des parois constante,
• Débit constant à la fois dans le temps et dans l’espace : pas d’apports ou de
prélèvements latéraux,
• Section prismatique : la section en travers ne varie pas le long du canal ou de la
canalisation,
• Canal (canalisation) droit(e) : pas de coudes,
• Loin des conditions aux limites,
• Pression constante au-dessus de la surface libre.

L’écoulement uniforme et permanent se caractérise ainsi par une constance des paramètres
hydrauliques. Ainsi la vitesse moyenne, le tirant d’eau et donc le débit restent invariables dans
les différentes sections du canal le long de l’écoulement. Les lignes de courants sont
rectilignes et parallèles et la pression verticale peut donc être considérée comme
hydrostatique. La pente de fond, la pente de la surface libre et la pente de la ligne
d’énergie sont parallèles.

Si elles sont nécessaires, les conditions précédentes ne sont cependant pas suffisantes. En
effet, l’écoulement uniforme est un phénomène asymptotique qui pourra seulement s’établir

38
Calcul de la hauteur normale

après une longueur d’écoulement « suffisamment » importante (Hager 1999). Dit autrement,
l’écoulement uniforme ne peut s’établir qu’à une distance suffisamment grande d’une
section de contrôle ; le chapitre sur les courbes de remous donnera le moyen de quantifier
cette distance.

II-3 : Différences entre écoulement non uniforme et uniforme

Dans le cas d'un écoulement uniforme et permanent, un état d’équilibre peut ainsi apparaître
entre les forces de pesanteur et les forces de frottement. La hauteur d’eau résultante
s’appelle hauteur normale et ne dépend que du débit, du fluide, de la forme de la section ainsi
que de la rugosité.

Applications : Régime permanent uniforme


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Localiser les zones en uniforme et non uniforme.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 39


Chapitre II : Ecoulement uniforme et permanent

2. - CALCUL DES PERTES DE CHARGE


2.1. - A partir des écoulements en charge

Dans le cas des conduites circulaires en charge rectilignes prismatiques à rugosité de


paroi uniforme, la perte de charge par unité de longueur s’écrit :
λ V2
J =
D 2g
λ : Coefficient de perte de charge,
V : Vitesse,
D : Diamètre.
Le coefficient de perte de charge peut être exprimé par la relation de Colebrook et White :
1  ε 2,51 
= −2 log +  avec : Re > 4000
λ  3,7 Re λ 
Re nombre de Reynolds,
ks
ε : Rugosité relative de paroi (sans dimension) ε =
D
ks : rugosité équivalente de sable ou rugosité standard (m).

L’idée d’appliquer ces équations par similitude aux écoulements à surface libre est évidente.
Le rayon hydraulique étant le paramètre le plus représentatif des pertes de charge, en
introduisant le rayon hydraulique Rh=D/4 dans les relations précédentes, on établit une
relation qui permet d’exprimer la hauteur uniforme.

En reprenant les notations déjà utilisées précédemment :


J =I
La pente du canal I est une caractéristique géométrique. La pente énergétique J peut quant à
elle être déterminée au moyen d’une formulation de perte de charge, où λ est le coefficient de
perte de charge linéaire.
λ U2
J=
4 Rh 2 g

Par transposition directe de la relation de Colebrook et White établie aux écoulements en


charge dans des canalisations circulaires, les équations suivantes peuvent être utilisées pour
calculer le coefficient adimensionnel λ de perte de charge. k est la rugosité équivalente.
4 ρURh
Re =
µ
1  Re λ 3.71 × 4 Rh 
= 2 log 10  + 

λ  2 ,51 k 
L’approximation est d’autant plus juste que la section de passage de l’écoulement est proche
d’une forme circulaire.
Dans le cas de canalisations d’assainissement, Hager propose les valeurs du tableau précédent
(Hager 1999). Ces valeurs tiennent compte de façon globale à la fois des pertes par frottement
mais aussi des pertes locales, très souvent difficiles à évaluer.

40
Calcul des pertes de charge

Application k (mm)
Valeur minimale 0,1
Conduite sous pression, siphon inversé, canalisation sans regard 0,25
Canalisation sans apports latéraux avec regard 0,50
Canalisation avec apports latéraux et avec regards ; canalisations sans
0,75
apports latéraux avec regards spéciaux
Canalisation avec apports latéraux et avec regards spéciaux ; canaux
1,50
en maçonnerie ; égouts non standards sans information sur la rugosité1
Valeurs de rugosité opérationnelle proposées par Hager (1999).

2.2. - A partir de l'analyse dimensionnelle


Nous allons déterminer la perte de charge à partir de l’analyse dimensionnelle. Les variables
qui interviennent sont les suivantes :
Variables Symboles Dimensions
Perte de charge par unité de longueur ∆p -2 -2
ML T
∆l
Rayon hydraulique Rh L
Vitesse moyenne de l’écoulement U LT-1
Masse volumique ρ ML-3

On suppose que la relation est un produit de puissance :


∆p
= ξ.R h .U b .ρ c
a

∆l
ξ est une constante adimensionnelle. La relation dimensionnelle est alors :
ML−2T −2 = (L) LT−1 ML−3
a
( )(
b
)
c

Ce qui donne :
L : -2 = a+b-3c
M :1=c
T : -2 = -b
D’où en regroupant :
∆p  ρU 2 
= ξ. 
∆l R
 h 
 ∆p  1
En régime uniforme on a : J = I =  .
 ∆ l  ρg
ξ  ρU 2  ξ  U 2 
I=J= .  = . 
ρg  R h  g  R h 

1
Majoration de la rugosité pour aller dans le sens de la sécurité dans un contexte de dimensionnement.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 41


Chapitre II : Ecoulement uniforme et permanent

3. - FORMULES DU TYPE CHEZY


Cette expression développée par l’ingénieur français Antoine Chézy en 1769 (Chow 1959)
fait le lien entre l’hydrodynamique à travers la vitesse moyenne U de l’écoulement et les
caractéristiques géométriques du canal : son rayon hydraulique Rh et sa pente I.
Elle provient directement de l'analyse dimensionnelle précédente :
ξ  U2  −2  U 
2
I = J = .  = C . 
g  R h   Rh 

U = C Rh I

Dans cette équation, C, est un coefficient, appelé le coefficient de Chézy, devant être
déterminé par l’expérience. Plusieurs auteurs ont proposé des quantifications de C, parmi
lesquels Kutter, Bazin, Manning-Strickler, etc. (Chow 1959).

3.1. - Approche de Bazin et Kutter

C : coefficient donné par diverses formules, dont les plus utilisées sont :
Bazin Kutter
87 R h 100 R h
C= C=
KB + Rh KK + Rh
Ces relations ne sont valables qu’en régime turbulent rugueux.
KB et KK dépendent de la rugosité des parois et sont donnés par les tableaux suivants :

Caractéristiques KB (m1/2)

42
Formules de type Chézy

Caractéristiques KK (m1/2)

3.2. - Approche de Manning-Strickler

Quand l’écoulement est turbulent, ce qui est le cas le plus courant en hydraulique, de
nombreuses formules expérimentales ont été proposées pour tenir compte de l’écoulement
turbulent pour des canaux rugueux.

La formule de Manning-Strickler est considérée comme une bonne approximation de la


réalité valable en turbulent rugueux.
2
C = K s R h 6 ce qui donne : I = U2 4 / 3
1

K S Rh
U : vitesse moyenne, Rh : rayon hydraulique, Ks : coefficient de
Strickler (m1/3s-1) et n = 1 le coefficient de Manning.
KS
Cette relation est valable pour une rugosité relative ε :
7.10−4 < ε < 7.10−2
En reprenant l’équation de Colebrook en turbulent rugueux :
1  ε 2,51   ε  2.301
= −2 log +  ≈ −2 log  ≈ 1/ 6
λ  3,7 Re λ   3,7  ε
V2 λ U2
En utilisant la relation : J = , ainsi que : I = 2 4/3
2g 4R h KS R h
On a : K S .ks1 / 6 = 25.68
Avec : 7.10−4 < ε < 7.10−2

La limite de validité est ainsi donnée par la relation suivante :

31.8 < K S R h < 68.4


1/ 6

Le tableau des rugosités est disponible en

ANNEXE 4 : tableau des rugosités Ks p.118.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 43


Chapitre II : Ecoulement uniforme et permanent

4. - LA HAUTEUR NORMALE hn

Une fois fixées la nature de la paroi et la pente, on dispose, en régime permanent et uniforme,
d’une relation reliant la hauteur h au débit Q.
Q Q
= CS Rh = KSSR h = KSS(h n ).R h (h n ) 2 / 3
2/3
ou
I I
A un débit donné, hn est appelé profondeur normale.

Dans les sections évasées, le débit croît toujours lorsque la profondeur de l’eau augmente.

II-4 : Evolution du débit en fonction de la hauteur normale

Il n’en est pas de même pour les sections voûtées, puisque, dans la partie supérieure des ces
dernières, le périmètre mouillé croît plus rapidement que la superficie, ce qui entraîne une
diminution du diamètre hydraulique et en conséquence du débit.

Le lecteur trouvera en :
ANNEXE 5 : Calcul de la hauteur normale pour une section circulaire p.120
ANNEXE 6 : Calcul de la hauteur normale pour une section ovoïde p.122
ANNEXE 7 : Calcul de la hauteur normale pour une section fer à cheval p.124

44
La hauteur normale hn

Applications : Régime permanent uniforme


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Donner l’expression de la hauteur normale pour une conduite rectangulaire.

• Donner l’expression du débit au régime permanent et uniforme pour une conduite


circulaire en fonction de l’angle δ.

• Donner l’expression du débit au régime permanent et uniforme pour une conduite


circulaire à pleine section.

• Montrer qu’en faisant le rapport entre le débit de la question 2 et le débit de la


question 3, ce rapport ne dépend pas de la rugosité et de la pente.

• Expliquer pourquoi le débit n’est pas maximal à la pleine section.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 45


Chapitre II : Ecoulement uniforme et permanent

5. - SECTION DE DEBIT MAXIMAL

La construction d’un canal pour transporter un débit Q, avec une pente I et un coefficient de
rugosité n, coûtera d’autant moins cher que la section, S, sera plus faible.
Q = Cste. S 5/ 3 . P −2 / 3
Parmi toutes les sections possibles, c’est la forme du demi-cercle qui réalise P minimal pour
une section donnée.

II-5 : Sections de forme optimale

6. - SECTIONS DE RUGOSITE COMPOSEE

Les coefficients de frottement sont valables à condition que tout le périmètre mouillé ait la
même rugosité ; on dit alors que la section mouillée est homogène.
Pour des sections à périmètre mouillé non homogène, il faut alors calculer un coefficient de
frottement équivalent.

II-6 : Section de rugosité composée

Selon Einstein, on divise, de manière raisonnable, la surface mouillée S en N parts chacune


ayant son périmètre mouillé P1, P2, ... PN et son coefficient de frottement n1, n2, ... nN. On
admet que la vitesse moyenne de chaque section partielle reste la même U.
En utilisant la formule de Manning, on a :
2/3 2/3
1 S  1  S2 
2/3
1 S
U =   I 1/ 2
=  1 I 1/ 2
=   I 1/ 2
n  P n1  P1  n 2  P2 
Ainsi le coefficient de frottement équivalent d’une rugosité composée se calcule par :
2/3
 N
 ∑ Pn (
i i
3/ 2
) 

n =  i =1 
 P 
 
 

46
Section de débit maximal

7. - MARGE DE SECURITE

Le calcul des pertes de charge dans les canaux n’a pas toujours la même précision que pour
les conduites en charge. Une perte de charge non prévue provoque une élévation de la surface
libre et un risque de débordement ou de mise en charge de la conduite.
C’est pourquoi il faut toujours prévoir une marge de sécurité au-dessus de la ligne d’eau
calculée afin de tenir compte des difficultés de calcul des pertes par frottement et de
l’accumulation des dépôts solides.
La marge de sécurité oscille, généralement autour de ¼ de la profondeur.

8. - LIMITES DE DIMENSIONNEMENT

Hewitt et Hall-Taylor (1970) ont distingué six régimes possibles pour un écoulement mêlant
gaz et liquide :

• Ecoulement stratifié dans lequel la phase liquide est en-dessous de la phase gazeuse (a).
• Ecoulement ondulé qui possède une interface ondulée entre phase liquide et phase gazeuse
(b).
• Ecoulement en bouchon avec une surface de nature très ondulée qui atteint le fond du
tuyau et qui sépare ainsi la phase gazeuse en cellules indépendantes ( c )
• Ecoulements en bulles avec des bulles et des poches de gaz qui sont toutes distribuées sur
la partie supérieure de la conduite (d).
• Ecoulements en gouttes avec une distribution quasi uniforme de bulles de gaz dans le
phase liquide (e)
• Ecoulement annulaire avec une large portion de gaz qui pousse le liquide

Ces divers types de transition d’un écoulement à surface libre à un écoulement en charge sont
représentés sur la figure suivante :

II-7 : Transitions d’un écoulement à surface libre à un écoulement en charge

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 47


Chapitre II : Ecoulement uniforme et permanent

Applications : Section de rugosité composée


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Expliquer pourquoi il ne faut pas utiliser la relation d’Einstein concernant les lits
composés dans le cas d’un écoulement à surface libre dans une rivière ayant un lit
majeur très largeur par rapport au lit mineur.

48
Chapitre III :

ECOULEMENT PERMANENT

GRADUELLEMENT VARIE

III-1 : Ecoulement graduellement varié

Les écoulements graduellement variés représentent la majorité des écoulements en canaux.


Ils sont systématiquement calculés et étudiés dans le contexte des diagnostics de réseau. Ce
chapitre définit, dans un premier temps, les concepts de base permettant de comprendre
l’écoulement. Dans un deuxième temps, l’équation permettant le calcul de la courbe de
remous est démontrée. La dernière partie est consacrée à l’interprétation des courbes de
remous et aux méthodes de calcul.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 49


Chapitre III : Ecoulement permanent graduellement varié

1. - CHARGE SPECIFIQUE

La charge E ou énergie totale dans une section par rapport au plan de référence est la
somme de trois termes : la hauteur géométrique, la hauteur piézométrique et la hauteur
cinétique.
U2 U2
E = z + h. cos(θ) + ≈z+h+
2g 2g
La ligne de charge diminue toujours dans le sens de l’écoulement. Entre deux sections, la
charge E subit une variation correspondant aux pertes par frottement.

III-2 : Profil en long de la charge totale

La charge spécifique peut être définie par :


U2 Q2
Hs = h +=h+
2g 2gS2
Tandis que la charge totale E décroît toujours dans la direction de l’écoulement, l’énergie
spécifique Hs par rapport au fond, peut rester constante comme dans le cas du régime
uniforme, ou bien peut être croissante ou décroissante suivant les caractéristiques de
l’écoulement.
L’équation de la charge spécifique Hs définit, pour une section donnée, un rapport entre Hs, h
et Q valable pour n’importe quel type d’écoulement.

A débit constant, Hs(h) ou à charge constante, h(Q) sont données par :

III-3 : Variabilité de la charge spécifique

50
La charge spécifique

On voit que le même débit Q, avec la même charge spécifique H, peut s’écouler sous deux
profondeurs différentes h’ correspondant au régime torrentiel et h ’’ correspondant au régime
fluvial.

2. - REGIME CRITIQUE ET CHARGE SPECIFIQUE

dH
Le point minimal de la courbe est obtenu pour : =0
dh
Q S(h c )
D’où : = S(h c ) avec B la largeur au niveau de la surface libre.
g B(h c )

Applications : Régime critique


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Montrer que le point minimal de la courbe correspond bien au régime critique.

En analysant la courbe H(h), on constate qu’au voisinage de la charge critique une légère
variation de H conduit à une variation appréciable de la hauteur d’eau. C’est pourquoi, dans
tout écoulement au voisinage du régime critique, on rencontre des ondulations
importantes de la surface libre.

III-4 : Ecoulement proche de la hauteur critique dans un canal

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 51


Chapitre III : Ecoulement permanent graduellement varié

La pente critique pour un débit donné est celle pour laquelle ce débit s’écoule en régime
Sc
critique et uniforme : I c = g 2 4/ 3
Lc K S Rhc
Dans le cas où la pente est inférieure à la pente critique : I < Ic => hn > hc .
Dans le cas où la pente est supérieure à la pente critique : I > Ic => hn < hc .

Pour un débit donné, si la pente est supérieure à la pente critique, on dit que le canal est à
forte pente pour ce débit. Dans le cas contraire, on dit que le canal est à faible pente.
L’intérêt du régime critique est multiple :
• On dispose d’une relation bijective entre le tirant d’eau et le débit.
• L’utilisation des hauteurs critique et normale va permettre de caractériser et donc de
calculer la courbe de remous.

3. - EQUATION DE LA COURBE DE REMOUS

La courbe de remous est déterminée en réalisant un bilan énergétique.


Rappelons la charge d’un écoulement à surface libre dans le cas d’une pente pas trop
importante et d’une distribution uniforme de la vitesse.
Q2
E =z+h+
2gS 2
Dans cette équation, z est la cote altimétrique ; h, la hauteur d’eau (perpendiculaire au fond du
canal) ; Q, le débit ; g, l’accélération gravitationnelle et S, la section de passage de
l’écoulement. Précisons que cette équation n’est strictement valable que si la pression est
hydrostatique. Cette hypothèse est généralement vérifiée, à l’exception des zones où la pente
et la courbure des lignes de courant sont importantes comme par exemple le passage par la
hauteur critique.
Nous cherchons à établir l’évolution de la hauteur d’eau h en fonction de x. Dérivons donc par
rapport à x.
dE dz dh Q 2 dS
= + −
dx dx dx gS 3 dx
Or :
∂S ∂S
dS = dh + dx
∂h ∂x
Et, dans le cas d’un canal prismatique :
∂S
=0
∂x
Donc :
dE dz  Q2 ∂S  dh
= + 1 − 
dx dx  gS 3 ∂h  dx
∂S S
est la largeur au miroir B ; , le diamètre hydraulique Dh. Il vient donc l’expression
∂h B
suivante, où le nombre de Froude est rappelé ci-dessous :
+ (1 − Fr 2 )
dE dz dh
=
dx dx dx

52
Equation de la courbe de remous

Q
Fr =
S gDh
En notant respectivement J la perte de charge linéaire par unité de longueur et I la pente du
canal :
dE
J=−
dx
dz
I=−
dx
Il vient, en excluant le cas d’un nombre de Froude égal à 1 :
dh I−J
=
dx 1 − Fr 2
Dans cette équation, I est un paramètre géométrique ; le nombre de Froude Fr est une fonction
du débit, des paramètres géométriques et de la hauteur d’eau h. Reste à exprimer la perte de
charge linéaire J. Plusieurs modèles sont utilisables. Choisissons ici le modèle correspondant
à l’équation de Gauckler-Manning-Strickler, ce qui revient à considérer que la perte de charge
linéaire calculée au régime permanent et uniforme est valable en régime graduellement varié
en remplaçant la pente du fond I par la pente énergétique J.
Q2
J= 4
K 2S 2 R h 3
En injectant cette loi de frottement dans l’équation précédente et en remplaçant le nombre de
Froude par son expression, il vient :
Q2
I− 4
dh K 2S2 R h 3
=
dx Q2
1− 2
S gD h

Il s’agit d’une équation différentielle en h qui peut être résolue dès que la hauteur est connue
en une section, par exemple au niveau d’une section de contrôle.
En plus de correspondre à un écoulement unidimensionnel, l’équation précédente a été
obtenue en considérant deux hypothèses : une répartition uniforme de la vitesse dans la
section de passage et une distribution de pression hydrostatique (valide uniquement en cas
de ligne de courant rectilignes et parallèles). Dans le cas d’une ligne d’eau à forte courbure (à
proximité d’une chute par exemple, de façon générale à proximité d’un passage par la hauteur
critique), cette dernière hypothèse n’est pas valide.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 53


Chapitre III : Ecoulement permanent graduellement varié

Applications : Régime non uniforme graduellement varié


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Dans le cas d’un canal rectangulaire très large h<<2.B, déterminer Rh et écrire
l’équation de la courbe de remous dans le détail.

54
Forme des courbes de remous

4. - FORMES DES COURBES DE REMOUS

Dans le mouvement graduellement varié, les pentes et la courbure de la surface libre sont très
faibles et on peut affirmer que la distribution des pressions obéit à une loi hydrostatique.
Afin de faciliter l’interprétation qualitative des courbes de remous, on propose de modifier
l’équation des courbes de remous dans le cas d’un canal rectangulaire très large. h<<B.

10 / 3
1 −  n 
h
h
=I 
dh
3
On a : dx  hc 
1−  
 h
Dans le cas où la pente est inférieure à la pente critique : I < Ic => hn > hc : pente faible
Dans le cas où la pente est supérieure à la pente critique : I > Ic => hn < hc : pente forte

Le débit intervenant dans ces deux hauteurs, la nature de la pente est une notion hydraulique
et non pas une notion purement géométrique. Ainsi, un canal présentant une pente donnée
peut être faible pour un certain débit et forte pour un autre débit.

I < Ic canaux à pente faible


I>0 I > Ic canaux à pente forte
I = Ic canaux à pente critique
I=0 canaux à pente zéro
I<0 canaux à contre-pente

Pour chaque cas, l’évolution de h(x) va dépendre de la position de h par rapport à hn et hc.

10 / 3
1 −  h n 
dh  h Num.
=I 3
= I
dx
1−   hc  Den.

 h

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 55


Chapitre III : Ecoulement permanent graduellement varié

4.1. - Pente faible


Une pente faible (mild slope en Anglais) se définit comme une pente pour laquelle la
hauteur normale est supérieure à la hauteur critique.
hn > hc

Pour des hauteurs d’eau h supérieures à hn, le numérateur ainsi que le dénominateur sont
positifs. La dérivée de h par rapport à x est donc positive. La hauteur d’eau h est croissante ;
on parle de courbe M1. Une courbe M1 tend asymptotiquement vers hn de l’aval vers l’amont.
Le régime d’écoulement correspondant est fluvial (h > hc).

→ L'écoulement tend vers la hauteur normale quand il s'éloigne du point de contrôle de l'aval
vers l'amont en fluvial. hn représente une asymptote.

Pour des hauteurs d’eau h inférieures à hn et supérieures à hc, le numérateur est négatif ; le
dénominateur, positif. La dérivée de h par rapport à x est donc négative. La hauteur d’eau h
est décroissante ; on parle de courbe M2. Une courbe M2 tend asymptotiquement vers hn de
l’aval vers l’amont ; elle tend de façon perpendiculaire vers hc vers l’aval (dérivée infinie). Le
régime d’écoulement correspondant est fluvial.

→ L'écoulement tend vers la hauteur normale quand il s'éloigne du point de contrôle de l'aval
vers l'amont en fluvial. hn représente une asymptote.

Pour des hauteurs d’eau h inférieures à hn et à hc, le numérateur et le dénominateur sont


négatifs. La dérivée de h par rapport à x est donc positive. La hauteur d’eau h est croissante ;
on parle de courbe M3. Une courbe M3 tend de façon perpendiculaire vers hc vers l’aval
(dérivée infinie). Le régime d’écoulement correspondant est torrentiel.

→ L'écoulement tend vers la hauteur normale quand il s'éloigne du point de contrôle de


l'amont vers l'aval en torrentiel. En se rapprochant de hc, la tangente est verticale.

Précisons que la pression n’étant pas hydrostatique à proximité du passage par la hauteur
critique, l’équation de la courbe de remous est fausse dès que la hauteur s’approche de hc. Elle
demeure néanmoins acceptable dans l’objectif de reproduire une ligne d’eau globale, sans
chercher la précision à proximité immédiate de la hauteur critique.

56
Forme des courbes de remous

10 / 3
1 −  n 
h
I>0 I < Ic (hn > hc) h > hn > hc dh
=I  h
=I
Num.
3
1 −  c 
Num > 0 Den. > 0 dh/dx > 0 dx h Den.
 h 

I>0 I < Ic (hn > hc) hn > h > hc


Num < 0 Den. > 0 dh/dx < 0

I>0 I < Ic (hn > hc) hn > hc > h


Num < 0 Den. < 0 dh/dx > 0

Exemple :

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 57


Chapitre III : Ecoulement permanent graduellement varié

4.2. - Pente forte


Une pente forte (steep slope en Anglais) se définit comme une pente pour laquelle la
hauteur normale est inférieure à la hauteur critique.
hn < hc

Pour des hauteurs d’eau h supérieures à hc et à hn, le numérateur ainsi que le dénominateur
sont positifs. La dérivée de h par rapport à x est donc positive. La hauteur d’eau h est
croissante ; on parle de courbe S1. Une courbe S1 tend perpendiculairement vers hc de l’aval
vers l’amont. Le régime d’écoulement correspondant est fluvial.

→ L'écoulement tend vers la hauteur normale quand il s'éloigne du point de contrôle de l'aval
vers l'amont en fluvial. En se rapprochant de hc, la tangente est verticale.

Pour des hauteurs d’eau h inférieures à hc et supérieures à hn, le numérateur est positif ; le
dénominateur, négatif. La dérivée de h par rapport à x est donc négative. La hauteur d’eau h
est décroissante ; on parle de courbe S2. Une courbe S2 tend asymptotiquement vers hn de
l’amont vers l’aval ; elle tend de façon perpendiculaire vers hc vers l’amont (dérivée infinie).
Le régime d’écoulement correspondant est torrentiel.

→ L'écoulement tend vers la hauteur normale quand il s'éloigne du point de contrôle de


l'amont vers l'aval en torrentiel. hn représente une asymptote.

Pour des hauteurs d’eau h inférieures à hn et à hc, le numérateur et le dénominateur sont


négatifs. La dérivée de h par rapport à x est donc positive. La hauteur d’eau h est croissante ;
on parle de courbe S3. Une courbe S3 tend asymptotiquement vers hn vers l’aval. Le régime
d’écoulement correspondant est torrentiel.

→ L'écoulement tend vers la hauteur normale quand il s'éloigne du point de contrôle de


l'amont vers l'aval en torrentiel. hn représente une asymptote.

58
Forme des courbes de remous

10 / 3
1 −  n 
h
I>0 I > Ic (hn < hc) h > hc > hn dh
=I  h
=I
Num.
3
Num > 0 Den. > 0 dh/dx > 0 dx
1 −  c 
h Den.
 h 

I>0 I > Ic (hn < hc) hc > h > hn


Num > 0 Den. < 0 dh/dx < 0

I>0 I > Ic (hn < hc) hc > hn > h


Num < 0 Den. < 0 dh/dx > 0

Exemple :

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 59


Chapitre III : Ecoulement permanent graduellement varié

4.3. - Pente critique


Une pente critique (critical slope en Anglais) se définit comme une pente pour laquelle la
hauteur normale est égale à la hauteur critique. Il s’agit d’un cas limite entre la pente
faible et la pente forte.
hn = hc

Pour des hauteurs d’eau h supérieures à hc, le numérateur ainsi que le dénominateur sont
positifs. La dérivée de h par rapport à x est donc positive. La hauteur d’eau h est croissante ;
on parle de courbe C1. Une courbe C1 tend perpendiculairement vers hc = hn de l’aval vers
l’amont. Le régime d’écoulement correspondant est fluvial.

→ L'écoulement tend vers la hauteur normale quand il s'éloigne du point de contrôle de l'aval
vers l'amont en fluvial. hn représente une asymptote.

On parle de courbe C2 lorsque la hauteur d’eau est égale à hc = hn.


Pour des hauteurs d’eau h inférieures à hc = hn, le numérateur et le dénominateur sont négatifs.
La dérivée de h par rapport à x est donc positive. La hauteur d’eau h est croissante ; on parle
de courbe C3. Une courbe C3 tend vers hc = hn vers l’aval. Le régime d’écoulement
correspondant est torrentiel.

→ L'écoulement tend vers la hauteur normale quand il s'éloigne du point de contrôle de


l'amont vers l'aval en torrentiel. hn représente une asymptote.

60
Forme des courbes de remous

I>0 I = Ic (hn = hc) h > hc = hn


Num > 0 Den. > 0 dh/dx > 0

I>0 I = Ic (hn = hc) h < hc = hn


Num < 0 Den. < 0 dh/dx > 0

Exemple :

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 61


Chapitre III : Ecoulement permanent graduellement varié

4.4. - Pente nulle


Une pente nulle ou horizontale (horizontal slope en Anglais) est une caractéristique
strictement géométrique : I = 0. Dans ce cas, la pente I ne peut pas compenser les pertes
énergétiques J dues aux frottements et il est donc impossible pour l’écoulement de se
stabiliser à une hauteur d’équilibre. Il n’existe donc pas de hauteur normale finie pour une
telle pente, l’application de la relation de Gauckler-Manning-Strickler aboutissant ainsi à une
hauteur d’eau infinie.
hn = ∞ > hc
La hauteur normale étant infinie, il n’existe pas de courbe dénommée H1.
Pour des hauteurs d’eau h supérieures à hc (et nécessairement inférieures à hn), le numérateur
est négatif alors que le dénominateur est positif. La dérivée de h par rapport à x est donc
négative. La hauteur d’eau h est décroissante ; on parle de courbe H2. Une courbe H2 tend
perpendiculairement vers hc de l’amont vers l’aval. Le régime d’écoulement correspondant est
fluvial.

Pour des hauteurs d’eau h inférieures à hc, le numérateur et le dénominateur sont négatifs. La
dérivée de h par rapport à x est donc positive. La hauteur d’eau h est croissante ; on parle de
courbe H3. Une courbe H3 tend perpendiculairement vers hc de l’amont vers l’aval. Le régime
d’écoulement correspondant est torrentiel.

62
Forme des courbes de remous

I=0 I = 0 (hn = ∞) h > hc


Num < 0 Den. > 0 dh/dx < 0

I=0 I = 0 (hn = ∞) h < hc


Num < 0 Den. < 0 dh/dx > 0

Exemple :

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 63


Chapitre III : Ecoulement permanent graduellement varié

4.5. - Contre-pente
Une contre-pente (adverse slope en Anglais) correspond à une valeur I négative, c’est-à-dire
dz
que la fonction est croissante.
dx
Dans ce cas, la hauteur normale n’existe pas. Aucune courbe ne porte le nom de A1.

Pour des hauteurs d’eau h supérieures à hc, le numérateur est négatif alors que le
dénominateur est positif. La dérivée de h par rapport à x est donc négative. La hauteur d’eau h
est décroissante ; on parle de courbe A2. Une courbe A2 tend perpendiculairement vers hc de
l’amont vers l’aval. Le régime d’écoulement correspondant est fluvial.

Pour des hauteurs d’eau h inférieures à hc, le numérateur et le dénominateur sont négatifs. La
dérivée de h par rapport à x est donc positive. La hauteur d’eau h est croissante ; on parle de
courbe A3. Une courbe A3 tend perpendiculairement vers hc de l’amont vers l’aval. Le régime
d’écoulement correspondant est torrentiel.

64
Forme des courbes de remous

I<0 I < 0 (hn < 0) h > hc


Num < 0 Den. > 0 dh/dx < 0

I<0 I < 0 (hn < 0) hc > h


Num < 0 Den. < 0 dh/dx > 0

Exemple :

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 65


Chapitre III : Ecoulement permanent graduellement varié

5. - SECTION DE CONTROLE

L’intégration de l’équation de la surface libre est nécessaire pour procéder aux calculs et à la
construction des formes de la surface. Quelle que soit la méthode adoptée, le résultat ne
donnera que la ligne d’eau à une constante près. Il est évident que la position de cette ligne
d’eau n’est pas arbitraire. Pour la situer, il faut connaître la section de contrôle à partir des
propriétés hydrauliques d’une singularité qui est à l’origine d’un écoulement graduellement
varié.
Pour intégrer l’équation de la courbe de remous, il faut définir les conditions aux limites. Il
faut donc connaître les caractéristiques de l’écoulement dans une section de contrôle ou de
référence.
Cette section de contrôle est localisée à l’aval pour les écoulements fluviaux du type M1, S1,
C1, M2, H2, A2. Dans ce cas, la courbe de remous doit être calculée de l’aval vers l’amont.
Cette section de contrôle est localisée à l’amont pour les écoulements torrentiels du type S2,
S3, M3, C3, A3, H3. Dans ce cas, la courbe de remous doit être calculée de l’amont vers l’aval.

6. - METHODES DE RESOLUTION
6.1. - Résolution à partir d’abaques

Pour traiter l’écoulement dans un canal prismatique de profil quelconque de manière


généralisée, on transforme le profil effectif (réel) en un profil de substitution. Etant donné que
la hauteur normale hn, et la hauteur critique hc, sont des caractéristiques du profil, une fois le
débit Q, la pente du radier I et le coefficient de rugosité Ks donnés, ces deux hauteurs sont
calculées pour le profil effectif. Seule la courbe de remous est calculée pour le profil de
substitution.
On prend le profil de substitution le plus simple, c’est-à-dire le canal rectangulaire de largeur
b. Ce procédé conduit à des différences de 10% au maximum relativement à la courbe de
remous du profil réel.

(ANNEXE 8 : Démonstration de la méthode par substitution p.125)

Les figures suivantes montrent la solution complète dans les cas suivants :
Conditions Type de courbes Résolution
hc > hn et h > hn S1, S2 A
hc ≤ hn et h > hn M1, C1 B
hc < hn et h < hn M2, M3 C
hc ≥ hn et h < hn S3, C3 D

(ANNEXE 9 : Abaques de la méthode par substitution pour le calcul de la courbe de remous


p.127)

66
Section de contrôle

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 67


Chapitre III : Ecoulement permanent graduellement varié

6.2. - Résolution par intégration directe

Q2
I− 2 2 4
dh Ks S R h 3
La courbe de remous s’écrit : =
dx Q2B
1−
g.S 3
Il suffit d’intégrer entre x1 et x2 :
Q2 B
x2 h2 1−
g.S3
∫ dx = h∫ Q 2
dh
x1 1 I −
2 4
K s S2 R h 3

En connaissance le point de contrôle (h1, x1), on cherche x2 en fonction de h2. L’intégration


peut se faire, par exemple, par la méthode des trapèzes avec un tableur.

68
Chapitre IV :

ECOULEMENT RAPIDEMENT VARIE :

LE RESSAUT HYDRAULIQUE

Photo : Hubert CHANSON


IV-1 : Ressaut hydraulique au pied du coursier du barrage de Chinchilla (Australie) – Figure provenant
de Chanson (2009).

L’objectif de ce chapitre est de décrire le phénomène du ressaut hydraulique (hydraulic jump


en Anglais), de présenter sa mise en équation et d’illustrer ses utilisations pratiques.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 69


Chapitre IV : Ecoulement rapidement varié : le ressaut hydraulique

1. - LES DIFFERENTS TYPES DE RESSAUT


Le ressaut hydraulique est un phénomène consistant en une brutale élévation du niveau
d’eau, l’écoulement passant d’un régime torrentiel à un régime fluvial, tel qu’illustré sur
les figures précédentes. Le phénomène de ressaut hydraulique est en général brutal.
Du fait du bouleversement des lignes de courant, le ressaut hydraulique s’accompagne d’une
dissipation d’énergie pouvant être importante selon l’intensité du ressaut. Le ressaut étant un
phénomène relativement localisé, on peut qualifier la perte de charge correspondante de perte
de charge locale.

1.1. - Ressaut ondulé : 1 < Fr ≤ 1, 7


La surface libre présente de petites oscillations. La différence de hauteur entre l’amont et
l’aval du ressaut est faible, ce qui le rend parfois difficilement perceptible. La vitesse est très
peu perturbée (pas de bouleversement des lignes de courant, pas de recirculations
importantes), ce qui implique que la dissipation d’énergie est quasiment inexistante. On
rencontre souvent ce type de ressaut au niveau de l’entrée des canaux de laboratoire, lorsque
l’eau arrive par trop-plein depuis une bâche.

IV-2 : Ressaut ondulé

1.2. - Ressaut faible : 1, 7 ≤ Fr ≤ 2, 5


Pour Fr compris en 1.7 et 2.5, on constate le même phénomène mais plus accentué. Dans ce
cas, il se produit des petits tourbillons superficiels.

IV-3 : Ressaut faible

1.3. - Ressaut oscillant : 2, 5 ≤ Fr ≤ 4, 5


Un jet oscillant (sans véritable période néanmoins) prend place dans ce type de ressaut entre
le fond du canal et la surface libre. L’écoulement est pulsatoire. La plus grande turbulence se

70
Le ressaut hydraulique

vérifie soit près du fond soit à la surface. Chaque pulsation produit une onde de période
irrégulière. Cette onde peut se propager sur une très grande distance.

IV-4 : Ressaut oscillant

1.4. - Ressaut établi : 4, 5 ≤ Fr ≤ 9, 0


Plus stables que le type précédent, les ressauts stationnaires présentent une zone de
recirculation importante. La dissipation d’énergie peut atteindre 45% à 70% de l’énergie
amont.

IV-5 : Ressaut établi

1.5. - Ressaut fort : Fr ≥ 9, 0


Ce type de ressaut provoque des rouleaux intermittents, ce qui peut provoquer d’importantes
vagues à l’aval. La dissipation d’énergie peut atteindre 85%.

IV-6 : Ressaut fort

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 71


Chapitre IV : Ecoulement rapidement varié : le ressaut hydraulique

2. - DETERMINATION DES PROFONDEURS CONJUGUEES


En termes mathématiques, aucune équation de ligne d’eau ne permet de passer d’un régime
torrentiel à un régime fluvial. Cela peut se comprendre par le fait que les lignes d’eau ont été
établies en considérant une dissipation d’énergie uniquement sous la forme d’une perte
linéaire. Or, un ressaut est un phénomène local fortement dissipateur d’énergie. Une mise en
équation simple du phénomène passe par l’utilisation de l’équation de la quantité de
mouvement (voir le chapitre sur la mise en équations des écoulements stationnaires).

Limitons la mise en équation au cas d’un ressaut hydraulique sur fond horizontal.

Appliquons l’équation de la quantité de mouvement au volume de contrôle délimité par les


sections amont (1) et aval (2).

IV-7 : Ensemble des forces formant un ressaut hydraulique

Le volume est soumis aux forces suivantes : les forces de pression, la force de pesanteur et les
forces de frottement sur le fond. En négligeant les frottements, en supposant un coefficient de
non-uniformité β égal à 1 et en projetant sur l’axe horizontal, il vient :
− ρQU 1 + ρQU 2 = ρghG1 S 1 − ρghG 2 S 2

La partie gauche de l’égalité correspond aux forces d’inertie. Quant à la partie droite, il
s’agit de l’expression des forces de pression en supposant une pression hydrostatique (voir le
chapitre sur l’hydrostatique : F = ρghG S , où hG est la profondeur du centre de gravité de la
surface). hG1 est la profondeur du centre de gravité de la surface S1 ; hG2 , la profondeur du
centre de gravité de la surface S2.

Simplifions et réorganisons cette expression en regroupant tout ce qui concerne l’amont et


tout ce qui concerne l’aval. Nous obtenons ainsi l’équation suivante.
Q2 Q2
+ hG1 S1 = + hG2 S 2
gS1 gS 2
Cette équation porte le nom de relation des hauteurs conjuguées, ou encore relation des
hauteurs conjuguées. Elle constitue le lien entre la hauteur d’eau à l’amont du ressaut et la
hauteur d’eau à l’aval du ressaut. Elle est utilisée en pratique pour localiser le passage entre le
régime torrentiel et le régime fluvial, c’est-à-dire la position du ressaut. Les termes h G S

72
Le ressaut hydraulique

correspondant aux sections rencontrées classiquement sont donnés dans le chapitre sur les
caractéristiques géométriques des canaux et canalisations.
Les hauteurs h1 et h2 sont appelées profondeurs conjuguées du ressaut. La distance entre les
sections 1 et 2 est appelée longueur du ressaut. La perte de charge est représentée par
∆H.

IV-8 : Caractéristiques hydrauliques d’un ressaut

(ANNEXE 10 : Hauteurs conjuguées de quelques sections p.131)

Applications : Le ressaut hydraulique


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Déterminer la relation des hauteurs conjuguées dans le cas d’un canal rectangulaire.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 73


Chapitre IV : Ecoulement rapidement varié : le ressaut hydraulique

3. - DETERMINATION DE LA PERTE D’ENERGIE

Le ressaut provoque une importante dissipation d’énergie mécanique ; ce phénomène


est irréversible. Les caractéristiques turbulentes sont très complexes et dépendent fortement
des conditions d’écoulement de l’amont.

Dans un canal, on calcule la perte d’énergie par :


∆H = H1 - H2

D’où pour un canal rectangulaire : ∆H =


( h2 − h1 )
3

4 h1 h2

Applications : Le ressaut hydraulique


(A faire avant le cours, la correction sera faite en cours)

• Retrouver l’expression de la perte d’énergie dans le cas d’un canal rectangulaire.

4. - LONGUEUR DU RESSAUT

Lj

Lr

Lf

Longueurs d’un ressaut hydraulique – Figure inspirée de Hager & Schleiss (2009).

La longueur du ressaut L est difficile à définir. Hager & Schleiss (2009) distinguent, tel
qu’illustré sur la figure précédente :

74
Le ressaut hydraulique

• La longueur du rouleau Lr,


• La longueur du ressaut hydraulique Lj,
• La longueur Lf nécessaire pour que la vitesse près du fond soit identique à la vitesse
moyenne.

Lj/h2

Lr/h2

Longueur du rouleau adimensionnelle et longueur du ressaut adimensionnelle dans un canal rectangulaire


en fonction du nombre de Froude amont – Figure inspirée de Hager & Schleiss (2009).

La figure précédente illustre la variation des longueurs adimensionnelles du rouleau Lr et du


ressaut Lj en fonction du nombre de Froude. Si les bandes inférieures et supérieures de cette
figure ne permettent qu’une détermination approximative de la longueur du ressaut, il s’agit
d’un des rares moyens pratiques d’estimer la longueur d’un phénomène complexe à prévoir.
Lencastre (1996) propose la formulation (très) approchée suivante pour les canaux
trapézoïdaux. Dans cette équation, h2 est la hauteur aval ; B2, la largeur au miroir à l’aval et
B1, la largeur au miroir à l’amont.
L  B2 − B1 
≈ 51 + 

h2  B 1 
D’autres formulations existent ; se reporter par exemple à Hager & Scheliss (2009).

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 75


Chapitre IV : Ecoulement rapidement varié : le ressaut hydraulique

76
Chapitre V :

ECOULEMENT RAPIDEMENT VARIE :

LES DEVERSOIRS FRONTAUX

V-1 : Quelques déversoirs frontaux (photos Matthieu Dufresne)

Un déversoir est un ouvrage hydraulique dont la crête (ou hauteur de seuil) limite la hauteur
d’eau en amont, ainsi qu’illustré sur la figure précédente. On parle de déversoir frontal
lorsque la crête est perpendiculaire à la direction principale de l’écoulement.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 77


Chapitre V : Ecoulement rapidement varié : les déversoirs frontaux

1. - ECOULEMENTS NOYE ET DENOYE


1.1. - Ecoulement dénoyé

H2
H1 h1
h2
p

V-2 : Ecoulement dénoyé au niveau d’un déversoir frontal.

L’écoulement arrive au niveau du seuil en régime fluvial (énergie principalement


potentielle). Il y a mise en vitesse au niveau du seuil : une grande partie de l’énergie
potentielle est convertie en énergie cinétique. En aval, le régime de l’écoulement est
torrentiel. Du fait de la transition entre le régime fluvial et le régime torrentiel, l’écoulement
passe par le régime critique, garantissant ainsi une bijection entre le débit et la hauteur : il
n’existe pour un débit donné Q qu’une unique hauteur d’eau h1. Ce comportement dit
dénoyé est illustré sur la figure précédente.
Dit autrement, un écoulement dénoyé signifie que la hauteur d’eau amont h1 est entièrement
conditionnée par le débit Q déversé par l’ouvrage. La hauteur d’eau aval h2 n’influence pas la
hauteur amont h1 pour un débit Q donné. Les lois de seuil proposées dans la littérature
correspondent à ce type d’écoulement.

1.2. - Ecoulement noyé

h1
h2

V-3 : Ecoulement noyé.

Lorsque la cote de la surface libre aval devient supérieure à la cote de la crête du seuil,
l’écoulement devient noyé. Un écoulement noyé signifie que la hauteur d’eau amont h1
dépend à la fois du débit Q et de la hauteur d’eau aval h2. Dit autrement, le débit Q dépend
des hauteurs d’eau h1 et h2. L’influence sur le débit est d’autant plus importante que le rapport
h2 est important. La figure précédente illustre le cas d’un écoulement noyé par une
h1
influence aval importante.

78
Les déversoirs frontaux

1.3. - Critères d’ennoiement


Le critère « niveau d’eau aval supérieur au niveau du seuil » est souvent largement suffisant
pour déterminer si un seuil est noyé est pas. Pour certaines applications (par exemple une
mesure très précise du débit), il peut être nécessaire de s’intéresser plus finement au
phénomène d’ennoiement. Le tableau suivant distingue ainsi les différents modes de
fonctionnement possibles. Les notations utilisées sont celles de la figure suivante ; h2 est
compté positivement.

Ecoulement dénoyé Ecoulement noyé en dessous Ecoulement noyé

z2 < zseuil et h2 < h1


z2 < zseuil et h2 > h1 A ressaut éloigné ou bien à ressaut z2 > zseuil
recouvrant le pied du seuil
V-4 : Critères d’ennoiement d’un seuil (CETMEF 2005).

h1
h2
zseuil

z2
Plan de référence
V-5 : Notations utilisées pour les critères d’ennoiement d’un seuil.

Dans le cas d’une influence aval, un ressaut va prendre place à l’aval du seuil. Si l’influence
aval n’est pas trop importante, le ressaut sera éloigné du seuil et n’influencera pas du tout le
fonctionnement hydraulique du déversoir, ainsi qu’illustré sur la figure suivante.

h1 h2
p

V-6 : Ecoulement dénoyé (avec ressaut éloigné non influent).

Si le ressaut est proche du seuil, le seuil ne sera plus aéré (présence d’air). Sa loi Q = f(h1) en
serait légèrement modifiée.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 79


Chapitre V : Ecoulement rapidement varié : les déversoirs frontaux

h1 h2

V-7 : Ecoulement noyé en dessous à ressaut éloigné.

Si l’influence aval devient plus importante, l’écoulement devient noyé en dessous à ressaut
éloigné. L’influence de la hauteur aval h2 est alors très faible : elle peut par exemple être
responsable d’un défaut ou d’une insuffisance d’aération (il n’y a plus de bulle d’air sur la
face aval du seuil).

h1 h2

V-8 : Ecoulement noyé en dessous à ressaut recouvrant le pied du seuil.

Si l’influence aval devient plus importante, le ressaut vient se plaquer au pied du seuil.
L’influence de la hauteur h2 sur la loi de débit augmente mais reste néanmoins limitée.

2. - ECOULEMENTS AERE ET NON-AERE


Un seuil est dit aéré si une bulle d’air se place à l’aval immédiat de la structure. La
présence de cette bulle d’air, qui s’explique par la diminution de la pression vers l’intérieur
des lignes de courant, a une influence – certes limitée – sur la relation entre le débit et la
hauteur d’eau amont. Pour un débit donné, la hauteur d’eau amont est en effet légèrement plus
grande dans le cas d’un écoulement aéré que dans le cas d’un écoulement non aéré.

Photo : José VAZQUEZ


V-9 : Exemple d’un écoulement non aéré – Lycée Agricole d’Obernai.

80
Les déversoirs frontaux

Zone de dépression

Photo : José VAZQUEZ


V-10 : Exemple d’un écoulement aéré derrière un seuil – Lycée Agricole d’Obernai.

Certains déversoirs peuvent fonctionner en régime aéré ou non-aéré, selon les conditions
hydrauliques auxquelles ils sont soumis ; leur aération doit donc être contrôlée afin de savoir
quelle loi de débit utiliser. D’autres, comme les déversoirs à contraction latérale, fonctionnent
toujours en régime aéré. Afin de mieux contrôler la loi de déversement, il est préférable de
forcer l'aération de l'ouvrage. Dans ce cas, l'écoulement sera plus stable. En effet, dans le cas
ou l'aération du seuil n'est pas contrôlée, l'écoulement devient plus instable et le mode de
fonctionnement hydraulique du déversement passe d'un écoulement aéré à non aéré en
permanence.

3. - SEUIL MINCE ET SEUIL EPAIS


Les seuils minces et épais doivent être distingués dans la mesure où ils ne présenteront
pas la même loi hauteur – débit. Le CETMEF propose les critères donnés dans le tableau
suivant et illustrés sur les figures suivantes (CETMEF 2005).

Seuil mince Seuil épais


H1 2 H1
C< C>
2 3
V-11 : Critères de définition d’un seuil mince et d’un seuil épais (CETMEF 2005).

C
H2
H1 h1
h2
p

V-12 : Ecoulement correspondant à un seuil mince.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 81


Chapitre V : Ecoulement rapidement varié : les déversoirs frontaux

C
H2
H1 h1
h2
p

V-13 : Ecoulement correspondant à un seuil épais.

Le caractère mince ou épais est donc une caractéristique hydraulique – et pas seulement
géométrique – dans la mesure où la charge amont H1 intervient. La loi du seuil, autrement dit
la relation entre le débit et la hauteur d’eau amont, dépend du caractère mince ou épais de la
crête.
H1 2H 1
Dans le cas d’un seuil n’étant ni mince ni épais ( <C < ), aucune loi ne peut être
2 3
utilisée a priori. Une étude spécifique est alors nécessaire.

4. - MISE EN EQUATION POUR UN SEUIL RECTANGULAIRE


4.1. - Mise en équation en régime dénoyé

4.1.1. - Mise en équation simplifiée


Considérons pour cette mise en équation simplifiée le cas d’un déversoir frontal rectangulaire
avec une évolution continue de la cote topographique du fond, ainsi qu’illustré sur la figure
suivante.

H1 h1 Hc
hc

V-14 : Ecoulement dénoyé au niveau d’un déversoir frontal.

L’écoulement critique apparaît au voisinage du maximum de la cote du fond. Celui-ci


pourra avoir lieu s’il n’y a pas d’influence aval forte, autrement dit si le seuil est dénoyé.
Considérons ce cas.

82
Les déversoirs frontaux

La hauteur critique va donc se rencontrer au niveau du maximum de la cote du fond (sous


l’hypothèse qu’il n’y a pas de perte d’énergie). Sous l’hypothèse d’une distribution
hydrostatique de la pression et d’une distribution uniforme de la vitesse, nous avons alors
pour la vitesse (canal rectangulaire) :
U c = gh c
Pour le débit, en notant B la largeur du canal au niveau du seuil :
3
Q = B ghc 2

Cette relation n’est pas simple à utiliser en pratique car il est très difficile de précisément
localiser le passage par la hauteur critique. Par ailleurs, la hauteur d’eau présentant une
variation importante sur une courte distance à proximité du passage par l’écoulement critique,
toute mesure dans cette zone serait empreinte d’une incertitude très importante. Cherchons
donc à faire le lien avec la hauteur h1 dont la mesure sera beaucoup plus précise. Pour cela,
considérons que la charge est conservée entre l’amont du déversoir et le passage par
l’écoulement critique.
H1 = H c
Or, pour un canal rectangulaire, la charge spécifique, c’est-à-dire la charge mesurée par
rapport au fond du canal, vaut 3/2 de la hauteur critique. Il vient donc :
3
Hc = hc
2
Après injection de cette condition dans l’équation du débit, il vient la relation suivante.
2 3
Q = 3 2g BH1 2
32
Comme on ne mesure jamais directement une charge mais toujours une hauteur, on exprime
souvent cette relation de la façon suivante :
3
2 H  2
3
Q = 3  1  2g Bh1 2

3 2  h1 
La charge étant principalement sous forme potentielle en amont, le rapport H 1 vaut
h1
environ 1. En calculant le coefficient numérique situé devant l’égalité, il vient la loi
approchée suivante.
3
Q ≈ 0,4 2 g Bh 1 2
Cette relation, certes approchée, peut tout à fait être utilisée en première approche pour
déterminer la relation entre le débit la hauteur d’eau amont au niveau d’un déversoir frontal
rectangulaire fonctionnant en régime dénoyé.
Cette valeur 0,4 calculée grossièrement selon l’approche simplifiée est approximative
h
(toujours en sous-estimation) de quelques pourcents jusqu’à 20% lorsque le rapport 1 vaut
p
2. La valeur 0,42 est souvent adoptée comme valeur « moyenne ».
3
Q ≈ 0,42 2g Bh1 2

Concernant la position du point de mesure de h1, celle-ci ne doit pas être dans la zone où la
ligne d’eau est descendante sous l’effet de chute. Le CETMEF recommande 3 et 4 fois la
hauteur h1 maximale (CETMEF 2005).

Le calcul de la hauteur à l'aval du seuil en dénoyé peut se faire en supposant la charge


constante.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 83


Chapitre V : Ecoulement rapidement varié : les déversoirs frontaux

4.1.2. - Introduction de coefficients correcteurs


On écrit la loi d’un seuil rectangulaire en régime dénoyé de la façon suivante :
3
Q = µ.C v . 2 g Bh 1 2

Dans cette équation, Cv est le coefficient de vitesse d’approche défini ci-dessous. Toujours
supérieur à 1, il en est néanmoins très proche en pratique, d’autant plus que l’énergie
cinétique est petite devant l’énergie potentielle. On considère très souvent que ce coefficient
vaut 1.
3
H  2
C v =  1 
 h1 
Quant au coefficient μ, il s’agit du coefficient de débit : c’est un coefficient correcteur
introduit pour corriger les hypothèses trop simplificatrices effectuées dans la mise en équation
simplifiée (conservation de la charge, hauteur critique et charge critique calculée en
considérant une répartition hydrostatique de la pression, aération du seuil, etc.). Des exemples
sont donnés plus loin.

4.2. - Autres types de seuils


La même démarche peut être mise en œuvre pour n’importe quel type de seuil. Les puissances
(de la hauteur d’eau, du coefficient de vitesse d’approche) doivent être adaptées selon le type
de géométrie. Un ou plusieurs paramètres correcteurs sont, comme précédemment,
généralement introduits pour corriger les hypothèses effectuées : coefficient de débit μ,
longueurs K tenant compte des effets de viscosité et de tension superficielle.
La figure suivante présente quelques déversoirs non traités dans ce chapitre mais détaillés par
le CETMEF (2005): déversoir trapézoïdal combinant une partie triangulaire et une partie
rectangulaire, déversoir circulaire souvent rencontré en réseau d’assainissement, déversoir
labyrinthe maximisant la longueur de déversement aux faibles débits.

V-15 : Quelques exemples de déversoirs frontaux non traités dans ce chapitre – Figures tirées du
CETMEF (2005).

(ANNEXE 11 : Lois de quelques déversoirs frontaux, p.132)

84
Chapitre VI :

ECOULEMENT RAPIDEMENT VARIE :

LES CHUTES

Photo : Martin FISCHER


VI-1 : Chute à l’exutoire d’une canalisation dans le réseau d’assainissement de Clermont-Ferrand.

Les objectifs de ce court chapitre sont de décrire l’écoulement au niveau d’une chute et
d’identifier la condition hydraulique correspondante.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 85


Chapitre VI : Ecoulement rapidement varié : les chutes

Dans un objectif de tracé de ligne d’eau, la description d’une chute est relativement simple.
Si le régime de l’écoulement approchant est torrentiel, son point de contrôle est situé à
l’amont. Cela signifie que l’écoulement est complètement aveugle de ce qui se trouve à son
aval, autrement dit il ne voit pas la chute qui n’a de ce fait aucune influence sur lui. Si
l’écoulement approchant est uniforme (h = hn), alors la hauteur d’eau n’est pas perturbée par
la chute et la hauteur au niveau de la chute est égale à la hauteur normale, ainsi qu’illustré sur
la figure suivante.

hc
hn

VI-2 : Ligne d’eau à proximité d’une chute en régime torrentiel.

Si le régime de l’écoulement approchant est fluvial, le point de contrôle se situe à l’aval et


c’est donc la chute qui contrôle la hauteur d’eau dans le canal. Au niveau de la chute,
l’expérience montre que la hauteur d’eau passe par la hauteur critique. La chute constitue
donc une section de contrôle. Une ligne d’eau de type M2 se met donc en place, ainsi
qu’illustré sur la figure suivante. Dans le cas d’un régime fluvial, la chute est responsable
d’une baisse du niveau d’eau à l’amont.

hn
M2
hc

VI-3 : Ligne d’eau à proximité d’une chute en régime fluvial.

La description précédente est suffisante lorsqu’il s’agit de décrire l’influence d’une chute sur
une ligne d’eau, c’est-à-dire une description de l’écoulement qui n’a de sens que si on regarde
à une certaine distance. En regardant plus finement au niveau de la chute, le fonctionnement
est en fait plus complexe.
Si on s’intéresse au comportement de la ligne d’eau à une échelle plus petite, on peut se
rendre compte que le passage par la hauteur critique se fait en réalité à une longueur Le en
amont de la chute. On peut retenir l’ordre de grandeur de 2 à 6 fois la hauteur critique hc
(Hager 1999).

86
Chapitre VII :

ECOULEMENT RAPIDEMENT VARIE :

LES VANNES

Photo : Antoine MORIN Photo : Antoine MORIN


VII-1 : Vanne de chasse Hydroguard (société Hydroconcept) installée sur un collecteur d’assainissement.

Les objectifs de ce chapitre sont de comprendre le comportement de l’écoulement au niveau


d’une vanne, de passer en revue les vannes les plus fréquemment rencontrées et enfin
d’illustrer leurs utilisations pratiques. On se limitera aux vannes frontales, les plus
couramment rencontrées, même si des positionnements latéraux peuvent parfois être mis en
œuvre.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 87


Chapitre VII : Ecoulement rapidement varié : les vannes

1. - DESCRIPTION DE L’ECOULEMENT AU NIVEAU D’UNE VANNE


1.1. - Préambule
Une vanne est un organe mobile, généralement placé frontalement par rapport à l’écoulement,
obligeant l'écoulement à passer par un orifice et permettant de réguler le niveau d’eau amont.

1.2. - Ecoulements noyé et dénoyé


De façon similaire à un seuil, une vanne peut fonctionner en régime dénoyé ou noyé.

1.2.1. - Ecoulement dénoyé

H1 h1 H2

a h2
VII-2 : Ecoulement dénoyé au niveau d’une vanne plane verticale.

Dans le cas dénoyé, illustré sur la figure précédente, l’écoulement à l’amont de la vanne est
fluvial, avec une charge principalement sous forme potentielle. La vanne provoque une mise
en vitesse de l’écoulement, c’est-à-dire une conversion d’énergie potentielle en énergie
cinétique. A l’aval, le régime d’écoulement est torrentiel. L’expérience montre que
l’écoulement aval se contracte par rapport à l’ouverture de la vanne, de façon similaire à
l’écoulement sortant par l’orifice de sortie d’un réservoir.
En régime dénoyé, une vanne fonctionne ainsi comme un seuil en provoquant un passage d’un
écoulement fluvial à un écoulement torrentiel. Il y a bijection entre la hauteur d’eau h1 et le
débit Q. Contrairement au seuil cependant, le passage par l’écoulement critique est ici fictif
(au niveau de la vanne). L'ouvrage fonctionne à charge constante.

H1 h1
h2 H2
a h*
VII-3 : Ecoulement dénoyé à submersion limite.

88
Les vannes

Si l’influence aval est importante, un ressaut hydraulique peut venir se placer à l’aval
immédiat de la vanne. Si l’écoulement est toujours dénoyé, on parle de submersion limite,
ainsi qu’illustré sur la figure précédente.

1.2.2. - Ecoulement noyé

VII-4 : Vue depuis l’aval d’une vanne noyée dans le Routhouan à Saint-Malo (vanne servant à la
protection contre l’inondation).

Si l’influence aval est plus importante, alors le ressaut noie complètement la vanne. La
hauteur d’eau aval h2 vient alors influencer le fonctionnement de la vanne : le débit Q dépend
alors des hauteurs d’eau h1 et h2. Un remous important s’installe à l’aval immédiat de la
vanne, au-dessus de la zone de contraction ; ce remous est dissipateur d’énergie.

hv
H1 h1
h2 H2
a

VII-5 : Ecoulement noyé.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 89


Chapitre VII : Ecoulement rapidement varié : les vannes

2. - LOIS DE VANNE RECTANGULAIRE


2.1. - Mise en équation
Sur base de la figure suivante, effectuons un bilan de charge entre l’amont et l’aval de la
vanne. Sous l’hypothèse d’une charge constante, il vient la relation suivante.
H1 = H 2
Décomposons H2 sous l’hypothèse de lignes de courant rectilignes et parallèles entre elles.
2 2
U1 U2
h1 + = h2 +
2g 2g
Introduisons le coefficient de contraction Cc (inférieur à 1) permettant de lier la hauteur d’eau
h2 à l’ouverture a de la vanne.
h2 = Cc a
Plusieurs auteurs ont proposé des valeurs pour Cc ; retenons la valeur 0,611 (Hager & Schleiss
2009). En notant b la largeur de la vanne, il vient pour le débit :
2 2
Q Q
h1 + 2
= Cca + 2 2
2gh1 b2 2gCc a b2
En simplifiant l’écriture, il vient :
Cc
Q= ab 2gh 1
C a
1+ c
h1

H1 h1 H2

a h2
VII-6 : Ecoulement dénoyé au niveau d’une vanne plane verticale.

Ou encore comme suit, la relation suivante étant considérée comme la forme universelle
d’une loi de vanne (Hager & Schleiss 2009) :
Q = C d ab 2gh 1

2.2. - Coefficient de débit

2.2.1. - Cas dénoyé


Le cas des vannes rectangulaires dénoyées peut être vérifié par la relation de Swamee (1992) :
h ,
h ≥ 0,81. h
a

90
Les vannes

Cd est un coefficient de débit, défini comme suit, et qui ne dépend que de la géométrie et du
a
rapport de l’ouverture de la vanne sur la hauteur amont .
h1
Cc
Cd = avec Q = C d ab 2gh 1
Cc a
1+
h1
En pratique, la détermination du coefficient de contraction Cc est d’une importance mineure ;
seule la connaissance du coefficient de débit Cd est nécessaire pour connaître la loi hauteur –
débit de la vanne.
Une valeur approchée de ce coefficient de débit dans le cas des vannes rectangulaires
verticales dénoyées peut être donnée par la relation de Nasehi Oskuyi N. (2012) :
,
C = 0,44457. avec Q = C d ab 2gh 1

Considérons les deux exemples de la figure suivante : une vanne plane et une vanne secteur.
La première, dont la vanne plane verticale est un cas particulier, est caractérisée
géométriquement par son ouverture a et l’angle δ entre la vanne et l’horizontale. La seconde,
par son ouverture a, l’angle δ (compté par rapport à la tangente à l’arête inférieure), ainsi que
par son rayon de courbure r.

r
δ δ

a Cca a Cca

VII-7 : Géométries d’une vanne plane inclinée et d’une vanne secteur.

Selon Hager & Schleiss (2009), l’écoulement au niveau d’une vanne est particulièrement
influencé par son arête inférieure, autrement dit par l’angle δ. Si les résultats suivants sont
strictement applicables aux cas de la vanne plane et de la vanne secteur, ils peuvent
néanmoins être utilisés en première approche à n’importe quel autre type de vanne.
a
Dans le cas limite d’une submersion importante de la vanne ( → 0 ), la relation suivante
h1
peut être utilisée (Hager & Schleiss 2009). Dans le cas d’une vanne plane inclinée.
 4 + 5e −0,76δ 
Cdo = ζ  
 9 

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 91


Chapitre VII : Ecoulement rapidement varié : les vannes

Dans cette équation qui donne le coefficient Cd correspondant à une submersion importante, ζ
est un coefficient égal à 0,98 pour les vannes planes et à 0,96 pour les vannes secteurs.
L’angle δ est exprimé en radians.
Dans le cas d’une submersion plus faible, la relation suivante peut être utilisée (Hager &
Schleiss 2009). Elle est représentée sur la pour différentes valeurs d’angle δ.
1 a  δ 2 

− 1−
2 h1  
Cd = Cdo e
6 

VII-8 : Coefficient de débit Cdo (submersion importante) en fonction de l’angle d’une vanne plane inclinée.

2.2.2. - Cas noyé


Le cas des vannes rectangulaires noyées peut être vérifié par la relation de Swamee (1992) :
h ,
h h 0,81. h
a

Une valeur approchée de ce coefficient de débit dans le cas des vannes rectangulaires
verticales noyées peut être donnée par la relation de Nasehi Oskuyi N. (2012) :
, ,!!"
C 0,3865. . avec Q = C d ab 2gh 1

3. - UTILISATIONS PRATIQUES
Une vanne peut être utilisée, de la même façon qu’un seuil, pour mesurer le débit, pour
maintenir un niveau d’eau ou encore pour écrêter un débit. Ce type d’ouvrage est aussi utilisé
pour réguler le débit en jouant sur son ouverture.

92
Chapitre VIII :

ECOULEMENT RAPIDEMENT VARIE :

LES CANAUX VENTURIS

Photo : Martin FISCHER Photo : Martin FISCHER


VIII-1 : Vue depuis l’amont de quelques canaux Venturi (canal ISMA à gauche, canal Endress-Hauser à
droite).

Un canal Venturi, souvent aussi appelé canal jaugeur Venturi (flume en Anglais), est un
dispositif de mesure du débit présentant un rétrécissement de la section transversale. Les
objectifs de ce chapitre sont de comprendre le fonctionnement hydraulique d’un tel ouvrage et
d’être capable de déterminer sa loi hauteur – débit.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 93


Chapitre VIII : Ecoulement rapidement varié : Les venturis

1. - DESCRIPTION DE L’ECOULEMENT DANS UN CANAL VENTURI


1.1. - Préambule
Un rétrécissement de la largeur d’un canal rectangulaire est un lieu propice à l’apparition du
régime critique. Dans le cas où l’écoulement critique a bel et bien lieu, c’est-à-dire lorsqu’il
n’y a pas (ou peu) d’influence aval, l’écoulement critique se rencontre au niveau du minimum
de la largeur.

1.2. - Géométrie d’un canal Venturi

Col

Contraction Elargissement
VIII-2 : Vue de dessus d’un canal Venturi.

Géométriquement, un canal Venturi est constitué d’un canal amont (appelé canal
d’approche), d’une contraction, d’une zone rétrécie appelé le col et d’un élargissement
permettant en général de retrouver un canal aval de la forme du canal amont. Si la forme la
plus simple consiste en un canal d’approche et un col tous deux rectangulaires, il existe une
multitude d’autres formes pour le canal, la contraction, l’élargissement et surtout le col. La
figure en début de chapitre présente ainsi deux exemples de canaux Venturi à col évasé : à
gauche à section exponentielle, et à droite à section trapézoïdale. L’intérêt de ces cols évasés
est de gagner en précision aux petits débits et donc de permettre une gamme de mesure plus
importante qu’un col rectangulaire.
La longueur du col est un paramètre clé comme nous le verrons plus loin. Il existe aussi
bien des canaux Venturi à col long que des canaux à col court, voire inexistant (longueur de
col nulle). Les propriétés géométriques du col sont d’ailleurs ce qui donne leurs noms aux
différents types de canaux Venturi. Quelques types de cols sont illustrés sur la figure suivante.
Ces canaux sont posés à pente nulle et leur fond est la plupart du temps plat. On rencontre
quelques canaux avec une élévation du fond au niveau de l’entrée du col (rétrécissement aussi
vertical).

94
Les venturis

a)

b)

c)

VIII-3 : Vue de dessus de quelques types de cols : canal à col long (a), canal à col court, ici de type Khafagi
(b) (Khafagi 1942), canal sans col (c). Le col est dans chacun des cas délimité par les traits pointillés.

1.3. - Ecoulements noyé et dénoyé

1.3.1. - Ecoulement dénoyé


Observons la figure suivante présentant un écoulement dénoyé dans un canal Venturi (a). Du
fait de la diminution de la largeur, l’écoulement devient critique au niveau de la zone la plus
étroite, c’est-à-dire dans le col. En amont, le régime de l’écoulement est fluvial alors qu’il est
torrentiel à l’aval. Le passage par la hauteur critique dans le col du canal Venturi fait de ce
même col un point de contrôle, garantissant ainsi une bijection entre la hauteur et le débit. Un
canal Venturi en régime dénoyé peut donc être utilisé pour la détermination du débit à partir
d’une unique mesure de hauteur d’eau. Pour des raisons de précision, la mesure de la hauteur
d’eau n’est pas effectuée dans le col où la pente de la surface libre peut être importante ; elle
est décalée à l’amont où la hauteur d’eau présente une distribution spatiale quasi-uniforme.
En présence d'une influence aval importante, un ressaut se forme à l’aval de l’ouvrage. Ce
ressaut remonte vers l’amont d’autant plus que la hauteur d’eau h2 est importante
(augmentation des forces de pression à l’aval du ressaut). Au-delà d’une hauteur d’eau h2
limite, l’aval devient influent sur l’amont. Dans ce cas, la loi hauteur – débit valable
uniquement pour un écoulement dénoyé n’est pas applicable. On dit alors que le canal Venturi
a atteint sa limite modulaire, c’est-à-dire qu’il a dépassé le niveau maximum à l’aval avant
ennoiement.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 95


Chapitre VIII : Ecoulement rapidement varié : Les venturis

Vue de dessus

Col

a)
h1
hc
h2

b)
h1
hc h2

c)
h1
h2

VIII-4 : Ecoulements dans un canal Venturi : dénoyé (a), à la limite de l’ennoiement (b) et noyé (c).

96
Les venturis

1.3.2. - Ecoulement noyé


En présence d'une influence aval très importante, l’écoulement critique ne se rencontre plus
dans le col du canal Venturi. Ce dernier n’est alors plus un point de contrôle, ce qui implique
que le débit ne peut pas être déterminé uniquement à partir de la hauteur h1. Si la différence
entre la hauteur amont et la hauteur aval est significative, une loi dénoyée peut permettre de
déterminer le débit qui devient alors une fonction de h1 et h2.

Un canal Venturi est vendu avec sa loi de débit, à savoir la relation entre le débit Q traversant
l’ouvrage et la hauteur h1. Afin de garantir un fonctionnement en régime dénoyé, les
documentations techniques recommandent parfois de placer une chute en aval du canal. Si
cette configuration garantit un écoulement dénoyé, ce n’est en rien une obligation.

2. - LOIS HAUTEUR-DEBIT DES CANAUX VENTURI


On s’intéressera dans le cadre de ce cours aux canaux Venturi à col rectangulaire, plus
simples à mettre en équation. La démarche est cependant la même quelle que soit la forme du
col.

2.1. - Démarche de détermination de la loi hauteur – débit


Le calcul se fait en considérant un débit Q et en déterminant la hauteur d’eau amont h1
correspondante. La procédure est facilement automatisable, par exemple au moyen d’un
tableur.
Considérons un canal Venturi de forme quelconque traversé par un débit Q.
En écoulement dénoyé, l’écoulement devient critique au niveau du col du canal Venturi. Cela
signifie que la hauteur critique hc se rencontre quelque part dans le col de l’ouvrage. Celle-ci
s’exprime en considérant un nombre de Froude égal à 1. Il vient alors l’expression suivante,
où Sc est la section critique (section de passage correspondant à la hauteur critique) et Bc, la
largeur au miroir correspondant à la hauteur critique dans le col.
3
gS
Q2 = c
Bc
La relation précédente permet de calculer la hauteur critique hc. En col rectangulaire (largeur
b), nous obtenons la relation suivante.
1
 Q2  3
hc =  2 
 gb 
La mesure de hauteur d’eau se faisant en amont, il faut à présent faire le lien entre
l’écoulement critique dans le col et l’écoulement (fluvial) à l’amont. Pour cela, utilisons
l’hypothèse de conservation de l’énergie entre l’amont et le col.
Sous l’hypothèse d’une pression hydrostatique et d’une distribution uniforme de la vitesse, la
charge dans le col s’écrit :
Q2
H c = hc + 2
2 gS c
En géométrie rectangulaire :
1
3 3  Q2  3
H c = hc =  2 
2 2  gb 
Sans perte d’énergie entre l’amont et le col, nous avons :
H1 = H c = H
Faisons à présent le lien entre la charge H et la hauteur d’eau amont h1 notée dorénavant h.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 97


Chapitre VIII : Ecoulement rapidement varié : Les venturis

Q2
H =h+
2gS 2
H et Q sont connus. L’équation précédente admet deux solutions pour h, l’une fluviale et
l’une torrentielle. Seule la solution fluviale a un sens, compte tenu du fonctionnement
hydraulique d’un canal Venturi (la solution torrentielle correspond à la hauteur d’eau à
l’aval).
Nous avons alors fait le lien entre le débit Q et la hauteur d’eau amont h1 ; la loi hauteur –
débit du canal Venturi est déterminée. Précisons néanmoins que cette approche est
approximative et nécessite l’introduction d’un coefficient correcteur pour atteindre la
précision souhaitée pour un dispositif de ce type.

2.2. - Norme ISO 4359

2.2.1. - Mise en forme de la norme ISO 4359


Si les équations précédentes sont suffisantes pour déterminer la loi hauteur – débit d’un canal
Venturi, la norme ISO 4359 propose une mise en forme intéressante dans le sens où elle met
explicitement en évidence le lien entre la hauteur d’eau h et le débit Q.
Dans le cas d’une forme rectangulaire, l’expression de la charge critique dans le col et la
conservation de la charge entre l’amont et le col permettent d’exprimer le débit de la façon
suivante.
3
 2 2 3

Q= 
2
g bH
 3
On ne mesure jamais directement une charge mais toujours une hauteur d’eau. Introduisons
alors le coefficient de vitesse Cv défini comme suit.
3
H 2
Cv =  
h
L’expression précédente devient :
3
 2 2 3

Q= 
2
gbCv h
 3
En injectant la relation précédente dans l’expression de la charge puis en liant la charge à la
hauteur d’eau par le coefficient de vitesse, il vient l’équation suivante pour Cv, où B et b sont
respectivement la largeur du canal d’approche et la largeur du col.
2
(
Cv 3 − 1 =
1
2
) 2 b
3 3B
Cv

Cette démarche est transposable à toutes les formes possibles de canaux Venturi, notamment
les canaux trapézoïdaux et les canaux en U en introduisant un coefficient de forme Cs.
L’établissement de la loi hauteur-débit présentée plus haut repose sur des hypothèses fortes en
partie fausses : pas de perte de charge, distribution hydrostatique de la pression, distribution
uniforme de la vitesse. Un coefficient de correction CD est introduit pour coller à la réalité ; il
peut être déterminé expérimentalement ou bien en suivant l’approche couche limite détaillée
ci-dessous.

2.2.2. - Corrections de la section critique par la théorie de la couche limite


Du fait de la condition de non glissement à la paroi, la vitesse au niveau d’une paroi est nulle.
A proximité immédiate de la paroi, le champ de vitesse présente un fort gradient pour
atteindre rapidement des valeurs importantes. Le modèle simple suivant a été proposé pour
modéliser ce phénomène : l’écoulement se compose de deux zones, une zone à proximité

98
Les venturis

immédiate de la paroi de vitesse nulle et une zone correspondant au reste de la section de


passage où la vitesse est égale à la vitesse moyenne. Il s’agit du modèle de la couche limite.
En réalité, la variation est progressive : la vitesse n’est pas strictement nulle à proximité
immédiate de la paroi comme elle n’est pas égale à la vitesse moyenne tout de suite au-delà de
cette première zone. Cependant, malgré sa simplicité, le modèle de la couche limite permet
d’aboutir à des résultats satisfaisants pour évaluer la section effective de passage de
l’écoulement.
Plaçons-nous dans le cas d’un col rectangulaire. Selon ce modèle, la largeur effective de
l’écoulement ne sera pas égale à la largeur b du col mais à la largeur b du col moins deux fois
l’épaisseur de la couche limite (pour la paroi gauche et la paroi droite). De façon similaire, la
hauteur d’eau effective ne sera pas égale à la hauteur d’eau h mais à la hauteur d’eau h moins
une fois l’épaisseur de la couche limite, la surface libre n’étant pas soumise à une condition de
non glissement.
be = b − 2δ
he = h − δ
La loi hauteur – débit doit alors être corrigée comme suit.
3
2 2 3

Q= 
2
g be Cv he
3
Ce qui peut s’écrire comme suit, en introduisant le coefficient de correction CD défini ci-
dessous.
3
 2 2 3

Q= 
2
g bCv C D h
 3
3
b h  2
CD = e  e 
bh
Afin de l’évaluer, la norme ISO 4359 fait appel aux travaux effectués sur la formation de la
δ
couche limite en aval du bord d’attaque d’une plaque et évaluant l’épaisseur relative de la
x
x ρUx
couche limite en fonction de la rugosité et du nombre de Reynolds (Harrison 1967).
k µ
Ici, x est la distance entre la zone de création de la couche limite et l’endroit où on veut
évaluer son épaisseur. La norme ISO 4359 fait les hypothèses suivantes :

• La couche limite commence au début du col,


• La hauteur critique se rencontre à l’extrémité aval du col, c’est-à-dire pour x = L, où L
est la longueur du col.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 99


Chapitre VIII : Ecoulement rapidement varié : Les venturis

ρUx
VIII-5 : Epaisseur relative de la couche limite en fonction du nombre de Reynolds et de la rugosité
µ
x
relative - Figure tirée de Harrison (1967). Sur ce graphique sont représentés deux groupes de courbes
k
du fait que la transition laminaire – turbulent peut fluctuer dans l’intervalle de nombre de Reynolds 3.105
– 106.

δ
Le coefficient de correction CD peut alors s’écrire sous la forme suivante, où peut être
L
déterminé grâce à la figure précédente. Sur ce graphique, deux groupes de courbes ont été
représentés, le premier correspondant à la fourchette basse du nombre de Reynolds de
transition entre couche limite laminaire et couche limite turbulente (3.105, valeur
recommandée par la norme ISO 4359), le second correspondant à la fourchette haute (106).
3
 δ L  δ L  2
C D = 1 − 2 1 − 
 L b  L h 
Dans le cas d’une couche limite turbulente et de parois lisses, la norme ISO 4359 propose
d’utiliser la valeur 0.003 pour δ/L (dans l’intervalle 0.002 – à.004).

100
Les venturis

2.2.3. - Domaine de validité de la norme ISO 4359


Plusieurs conditions sont nécessaires à l’application de la démarche présentée précédemment.

2.2.3.1. - Garantir une pression hydrostatique pour l’écoulement critique


La première condition – et la plus importante – est que la pente et la courbure des lignes de
courant ne soient pas trop importantes au niveau du passage par la hauteur critique. En effet,
cette dernière est calculée sous l’hypothèse d’une pression hydrostatique qui n’est vérifiée que
si les lignes de courant sont rectilignes et parallèles entre elles. Si la pente et la courbure
deviennent trop grandes, la distribution de la pression n’est plus hydrostatique et l’hypothèse
précédente peut conduite à des erreurs de plusieurs pourcents sur la loi hauteur - débit. La
norme ISO 4359 propose la condition suivante pour garantir la validité de cette hypothèse.
h
≤ 0,50
L
La norme 4359 tolère même jusqu’à une valeur de 0,67 correspondant à une erreur
supplémentaire de 2%. Cette condition se traduit pour une longueur minimale du col.

2.2.3.2. - Garantir un nombre de Froude maximum dans le canal d’approche


Si le nombre de Froude en amont est proche de 1, la surface libre peut présenter des
oscillations susceptibles de perturber la mesure. La norme ISO 4359 recommande ainsi un
nombre de Froude inférieur à 0,5 dans le canal d’approche.

2.2.3.3. - Garantir une hauteur d’eau minimale


Aux petites hauteurs d’eau, les effets de la viscosité et la tension de surface peuvent devenir
non négligeables. C’est pourquoi la norme ISO 4359 recommande une hauteur amont
minimale égale à 0,05 m ou 5% de L (le plus grand des deux).

2.2.3.4. - Manque de données expérimentales


Du fait du manque de données, la norme ISO 4359 restreint son applicabilité aux conditions
suivantes :

• Canaux à col rectangulaire, trapézoïdal ou en U,


• b > 0,10 m
h
• <3
b
• h < 2m

La deuxième de ces quatre conditions est particulièrement restrictive dans le cas des canaux
Venturi vendus sur le marché en grande partie pour la mesure de débit en sortie de station de
traitement des eaux usées. En effet, dans le cas de petites collectivités, la contrainte de
précision aux petites débits nécessitent de ne pas respecter cette largeur minimale. C’est la
raison pour laquelle de nombreux canaux Venturi ne respectent pas la norme ISO 4359. Il est
à ce sujet intéressant de remarquer qu’un canal Venturi peut ne pas respecter la norme ISO
4359 (c’est-à-dire ne pas respecter ses conditions d’application) mais respecter ses équations
(c’est-à-dire que la loi hauteur – débit de l’ouvrage correspond aux équations de la norme).
Précisons enfin que ce n’est pas le caractère normalisé d’un canal qui garantit son
fonctionnement.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 101


Chapitre VIII : Ecoulement rapidement varié : Les venturis

2.3. - Canaux Venturi à cols courts

2.3.1. - Ecoulements courbes


Si le col du canal Venturi est court, les effets de la pente et de la courbure de la surface libre
dans le col au niveau de la section critique ne sont plus négligeables : la pression perd son
caractère hydrostatique et l’expression suivante n’est plus valide pour exprimer la charge.
Q2
H = z+h+
2gS 2

2.3.2. - Canaux Khafagi


Les canaux Khafagi, du nom de leur inventeur égyptien Anwar Khafagi (1912 – 1972), sont
des canaux Venturi à col court et présentant une zone de contraction de forme circulaire (vue
de dessus). Ce type de canal est caractérisé géométriquement par le rayon de courbure R de sa
contraction ainsi que la largeur b de son col, ainsi qu’illustré sur la figure suivante.

Figure 6. Vue de dessus d’un canal Khafagi (Khafagi 1942).

Sur la base des expériences menées par Khafagi (1942), Hager (1985) a proposé l’utilisation
du paramètre de courbure U défini ci-dessous pour exprimer les différents termes additionnels
de la charge et au final corriger la loi hauteur – débit obtenue en considérant une distribution
hydrostatique de la pression.
2H 2
U =
Rb
Jusqu’à des valeurs U de 4, Castro-Orgaz (2008) propose la formulation suivante pour la loi
hauteur – débit d’un canal Venturi de type Khafagi. Il s’agit d’une correction par rapport à la
formulation obtenue dans le cas d’un col long.
 14 U 
Q = 1 + Qcol long
 243 1 + U 
En reprenant l’expression du débit selon la méthode utilisable dans le cas des canaux à col
long :
3
 14 U  2  2 3

Q = 1 +
2
  g bCv CD h
 243 1 + U  3 
La correction apportée par rapport à un débit calculé en supposant un col long va jusqu’à 5%
(pour U = 4). Il n’existe pas à l’heure actuelle de moyen simple de calculer la loi hauteur –
débit pour des paramètres U plus grands que 4.

102
Chapitre IX :

ECOULEMENT VARIE :

LES DEVERSOIRS LATERAUX

Charles BOSIGER (Wiki)

Collecteur
aval Collecteur
de
décharge
Collecteur
amont

Collecteur
Collecteur
de
amont
décharge
Collecteur
amont

Le déversoir latéral est un ouvrage de contrôle du débit couramment utilisé en rivière,


assainissement et irrigation. Bien que ce soit un ouvrage de type seuil, il présente un
fonctionnement hydraulique complexe. Ce chapitre a pour objectif, dans un premier temps, de
montrer l’évolution de la ligne d’eau le long du seuil. Dans un deuxième temps, les méthodes
de calcul seront analysées.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 103


Chapitre IX : Ecoulement varié : les déversoirs latéraux

1. - APPROCHE DU FONCTIONNEMENT HYDRAULIQUE


La géométrie d’un déversoir latéral non prismatique est représentée par la figure suivante :

VUE DE DESSUS

Qaval
Qamont

Angle (θ)
d’entonnement
Qdéversé
IX-1 : représentation d’un déversoir latéral non prismatique

Un déversoir prismatique conserve la même géométrie de la conduite de l’amont vers


l’aval. L’angle d’entonnement (θ) permet de définir le rétrécissement de la largeur de la
conduite.

En observant l’écoulement sur un déversoir latéral à crête basse, on constate que le tirant
d’eau n’est pas constant sur la crête. Plus précisément, les travaux de Frazer puis de James et
Mitri ont permis de décrire les lignes d’eau possibles sur un déversoir [Chocat-1997]. On peut
observer qu’en régime torrentiel (d) la ligne d’eau descend, alors qu’en régime fluvial (a) elle
monte dans le cas du déversoir prismatique.

hn1 : hauteur normale amont


hn2 : hauteur normale aval
hc1 : hauteur critique amont
hc2 : hauteur critique aval
hs = w : hauteur de seuil

hn1 hn1

IX-2 : Lignes d’eau possibles dans un déversoir latéral prismatique.

104
Les déversoirs latéraux

Type de profil Pente amont Pente aval

Cas (a) Pente faible Pente faible


Cas (b) Pente faible Pente faible
Cas (c) Pente faible Pente faible
Cas (d) Pente forte Pente forte
Cas (e) Pente forte Pente faible
Cas (f) Pente forte Pente faible

IX-3 : Conditions d’apparition des six lignes d’eau

Dans le cas du déversoir non prismatique le nombre de forme de lignes d’eau susceptibles
d’apparaître dans le déversoir est encore plus important. En effet, la figure ci-dessous montre
que dans le cas d’un canal non prismatique (θ<0) en fluvial la ligne d’eau peut non seulement
monter comme dans le cas prismatique mais également baisser. Dans le cas torrentiel, elle
peut baisser mais également monter si le canal n’est plus prismatique (θ<0).

IX-4 : Types de profils de surface pour des nombres de froude Fr<1 et Fr>1 dans les cas prismatique
(θ=0) et non prismatique (θ<0)

2. - FORMULES EMPIRIQUES

Initialement, les débits déversés par l’intermédiaire des déversoirs latéraux ont été évalués à
travers l’utilisation de relations empiriques. Ces équations sont toutes bâties à partir de
résultats expérimentaux. On trouve par exemple les formules de Engels (1917), de Coleman et
Smith (1923), de Balmaceda et Gonzales (1930) ou encore de Dominguez (1945) qui
permettent le calcul du débit déversé en fonction des valeurs de hauteur d’eau à l’amont et/ou
à l’aval du déversoir [El Khashab-1975]. Ces relations ne sont applicables que pour certains
types d’écoulement et uniquement pour certaines géométries de déversoir.

Cependant, dès que la longueur du seuil devient importante, il est nécessaire de tenir compte
des variations de la ligne d’eau. De plus, un régime fluvial à l’amont et à l’aval du déversoir
ne signifie pas qu’il le reste dans le déversoir. Enfin, toutes ces formules contiennent un
coefficient déterminé expérimentalement ; il permet de tenir compte des approximations
choisies mais fait toujours référence à une géométrie et à des conditions d’écoulement
précises. Or, il est impossible de trouver une formule pour chaque cas de figure ; c’est
pourquoi on cherche à modéliser le fonctionnement par des équations plus fondamentales
pour disposer d’outils plus généraux.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 105


Chapitre IX : Ecoulement varié : les déversoirs latéraux

3. - RAISONNEMENT A ENERGIE SPECIFIQUE CONSTANTE

Une approche plus physique initiée par Ackers en 1957 basée sur un raisonnement à énergie
constante a permis de progresser dans la connaissance du comportement hydraulique du
déversoir. En particulier, cette approche a permis de s’intéresser non seulement à l’évaluation
du débit déversé mais également à la forme de la ligne d’eau sur la crête du déversoir.

Cette approche se base sur des équations phénoménologiques avec une hypothèse qui est
celle d’une énergie restant constante le long du seuil. En fait, l’énergie varie très lentement
car ses variations sont dues essentiellement aux pertes de charge linéaires, sauf dans le cas
d’un ressaut hydraulique où la dissipation d’énergie devient importante.
La charge spécifique s’écrit :
Q2
H = h+
2gS 2
En dérivant cette charge le long du déversoir :
Q' Q Q 2 B
H' = h '+ 2 − 3 h ' = 0
gS gS
on en déduit :

 2(H − h ) ∂S  2(H − h ) ∂S Q' 2g(H − h )


h ' 1 − = −
 S ∂h  S ∂x gS

Il est nécessaire d’évaluer le débit déversé par unité de longueur (Q’).

L’établissement du débit latéral est basé sur la constatation que les profils d’écoulement sur
un déversoir frontal et sur un déversoir latéral sont semblables. Souvent, on utilise la relation
classique des lois de seuil valable pour le déversoir frontal. Celle-ci est donnée par :

= µ.C v . 2g .h 1 2 = C d 2g (h − w ) 2
dQ 3 3

dx

où Cd appelé coefficient de débit, dépend de la hauteur d’eau et de la forme de la crête et w la


hauteur de crête.

Ainsi, le déversoir latéral est considéré comme une succession de déversoirs frontaux de
longueur dx. Hager a travaillé sur les déversoirs latéraux et a établi une loi de déversement
basée sur la loi de seuil précédente. Celui-ci l’a corrigé pour tenir compte du déversement
latéral. Hager a adapté cette relation au cas du déversoir latéral en affectant à cette loi une
série de coefficients qui permettent de tenir compte des effets de :
• La pente de fond du déversoir,
• la vitesse latérale (v),
• la direction de la vitesse latérale (Φ),
• d’un entonnement éventuel dans le déversoir.

106
Les déversoirs latéraux

u
u Φ

v
Crête Crête

v
u
h
u w

IX-5 : Comparaison des profils d’écoulement sur un déversoir frontal et latéral

On utilise donc une formule de type seuil et on ajoute des coefficients permettant de prendre
en compte l’effet de la vitesse latérale et de sa direction (ωv), ainsi que l’effet de
l’entonnement du déversoir (ωΦ).

dQ
( )
3/2
Q dev = −= −Cd 2g h − w × ω u × ω φ
dx
Une démonstration est donnée en annexe 12 : Expression du débit déversé, p. 140.

Tous les calculs sont menés pour aboutir à une solution qui puisse être appliquée
« facilement ». L’ensemble des résultats a été mis sous forme d’abaques faisant intervenir les
variables adimensionnelles suivantes :

kx h θ w
X= , y= , Θ= , W=
b H k H

x : Distance en mètres dans la direction de la longueur du déversoir.


X : Variable adimensionnelle de distance suivant la longueur du déversoir.
y : Variable adimensionnelle de hauteur d’eau.
Θ : Variable d’entonnement.
θ : Angle associé au changement longitudinal de largeur.
W : Variable adimensionnelle de hauteur de crête.
H : Energie spécifique.
k=n*c : Avec c coefficient de forme du déversoir (c=1 dans le cas ou le déversoir a une paroi
mince) et n* nombre de parois déversantes (n*=1 ou 2).
# = $. (1 + '() : Largeur du canal ; b=B(X=0).
Q'
2Θy(1− y) − 2(1− y)
y' = k
(3y − 2)(1+ ΘX )

1 − θ 3(1 − y) ) 
 
1 1
3  1− W 
2 2

Q' = − n*c gH3 (y − W ) 2 


3 
  y−W 
5  3 − 2y − W     
 

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 107


Chapitre IX : Ecoulement varié : les déversoirs latéraux

On donne ci-dessous un exemple d’abaque [Sinniger et Hager, 1989] qui correspond à la


situation d’un déversoir avec entonnement dans le cas d’un écoulement fluvial. On remarque
bien les deux faisceaux de courbes ce qui représente le fait que la ligne d’eau peut monter ou
descendre.

IX-6 : Exemple d’abaques : canaux rectangulaires avec entonnement.

L’ensemble des abaques correspondant aux différents cas est disponible en annexe 14 -
Abaques pour le calcul des déversoirs latéraux, p.147.

Cas 1 Cas 2 Cas 3

Cas 6
Cas 4

Cas 5

σ est le numérateur de l’équation en y’.

108
Les déversoirs latéraux

Ils ont été vérifiés expérimentalement et l’erreur commise reste acceptable. Elle est d’environ
5 % si on excepte la formation de ressaut. Dans le cas de l’apparition, dans l’ouvrage, d’un
ressaut hydraulique, lieu de dissipation d’énergie, l’approche à énergie constante ne peut
plus être appliquée.

4. - RAISONNEMENT BASE SUR L’EQUATION DE LA QUANTITE DE


MOUVEMENT

El Khashab et Smith [El Khashab-1976] ont proposé un modèle basé sur l’équation de la
quantité de mouvement. On considère que l’écoulement est unidirectionnel selon l’axe
principal de l’écoulement (Ox) ; on suppose, de plus, que dans une section droite la répartition
des pressions est hydrostatique et que la vitesse est uniforme.

u
(Ox)
v

x x+dx

IX-7 : Vitesses longitudinale et latérale dans le déversoir

La variation de la quantité de mouvement entre les sections d’abscisse x et x+dx est égale à la
somme des forces extérieures. Après calculs, on obtient une expression de h’(x) :

Qdev  vucosϕ − 2v 2  Q 2 ∂A
S0 − Sf +  + .
 gA ∂x
3
dh Q  g
h ′(x) = =
dx Q²  ∂A 
1 − 3 .
gA  ∂h 

(Démonstration annexe 13 : Equation des déversoirs latéraux, p.144)

Cette expression permet de déterminer les lignes d’eau apparaissant dans le déversoir dans le
cas permanent en prenant en compte les pertes de charges mais et uniquement dans le cas où il
n’y a pas de ressaut dans le déversoir. Dans le cas ou un ressaut apparaît, il faut rajouter
les équations du ressaut hydraulique au système d’équations précédent afin de connaître
la ligne d’eau [Carleton, 1985].

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 109


Chapitre IX : Ecoulement varié : les déversoirs latéraux

110
Annexes

Chapitre X :

ANNEXES

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 111


Annexes

1. - GEOMETRIES DES SECTIONS


B

1 1
h h h h h δ h
1
m m
m
b b b D D

h = R (1 − cos δ)

Surface S S = m.h 2 S = bh + m.h 2


S = Bh −
(B − b)
2
S=
D2
(δ − sin δ cos δ)
π 1
S = Dh + D 2  − 
4m 4  8 2

Périmètre P = 2h 1 + m 2 P = b + 2h 1 + m 2 P = 2h + b + P = Dδ π 
P = 2h + D − 1
mouillé P
m
(
(B − b ) 1 + m 2 − 1 ) 2 

Rayon mh bh + mh 2 S D  sin δ cos δ  S


Rh = Rh = Rh = Rh = 1 −  Rh =
Hydraulique 2 1+ m 2
b + 2h 1 + m 2 P 4 δ  P
Rh
Largeur B B = 2 mh B = b + 2 mh B B = D sin δ B=D

Profondeur h bh + mh 2 S D(δ − sin δ cos δ ) S


Dh = Dh = Dh = Dh = Dh =
hydraulique 2 b + 2mh B 4 sin δ B

Dh
 b mh  2 Bh 2 h (B − b )  sin 3 δ 
2 2
S.yG mh 3 Sy G =  + D D
Sy G = h Sy G = − D 3  sin δ − −  Sy G =  h −  +
3 2 3  2 4m Sy G =  3  2 2
8  
+
(B − b )3
 δ cos δ  πD 2
D  D3
 h − +
24m 2 8  2  12

112
Annexes

La figure suivante représente les formes de conduite les plus utilisées en assainissement. Les dimensions sont adimentionalisées par rapport à la largeur.

0.75

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 113


Annexes

Les relations suivantes sont des formulations approchées des sections circulaire, ovoïde et fer à cheval.

Réseau d'assainissement

Surface Périmètre Rayon hydraulique


CIRCULAIRE
S 4  y 4 y2 
3

h ≈ y 1 − −
2  Rh 2  1 
y= D2 3  4 25  P
≈ y 1 − y 
D 3  2 
D = arccos (1 − 2y )
Pour y ≤ 0.95 erreur 1% D Pour 0.05 ≤ y ≤ 0.85 erreur 10%
OVOIDE
h
y=
T
T
S
2
≈ 0.695y
3
2
(1 − 0.15y − 0.10 y 4 ) P
T
= 0.693 ( arccos(1 − 2y) )
54 Rh
T
= 0.29y3 4
T : hauteur,
B : largeur Pour y ≤ 0.95 erreur 2% Pour 0.05 ≤ y ≤ 0.9 erreur 3% Pour y ≤ 0.85 erreur 9%
FER A CHEVAL
h
y=
= 0.65y (1 − 0.6y 3 )
S Rh
≈ 2.116y 2 1 − 0.6 y 2 + 0.1y 3 
P
= 0.10 ( arccos(1 − 2y) )
3 3 45
T
T : hauteur, T 2
  T T
B : largeur. Pour y ≤ 0.95 erreur 5% Pour 0.05 ≤ y ≤ 0.9 erreur 5% Pour 0.05 ≤ y ≤ 0.9 erreur 6%

114
Annexes

2. - DETERMINATION DE LA CELERITE DE L’ONDE DE GRAVITE

Considérons un canal à pente nulle dont le fluide est au repos (U=0)

U=0

A un instant t, on perturbe la surface libre du canal.

c c

U=0 U≠0

Chaque onde se déplace à la célérité c. On se place sur un référentiel en mouvement tel que
l’onde de gravité à droite devient stationnaire. Le référentiel se déplace à la vitesse c.

Il n’y a pas de stockage entre les sections S et S+∆S, donc ce qui entre en S+∆S sort en S.
S S+∆S

c c-U

• Le débit entrant est égale au débit sortant :


cS = (c − U).(S + ∆S)
∆S ∆S
U=c ≈c
S + ∆S S

• En écrivant l’équilibre de l’ensemble des forces en régime permanent :


∑ F = Forces d' inertie
Dans le volume de contrôle défini par S et S+∆S :
ρ.Vvol .g + ∑ p i .Si + Ffrottement = ∑ ρ.V j .(V j .n ext j ).S j
i j

avec pi la pression et Vi la vitesse sur chaque face.


En projetant dans le sens d’écoulement :

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 115


Annexes

ρQ(S).c − ρQ(S + ∆S).( c − U ) = − Fpression (S) + Fpression (S + ∆S)

∆Fpression = Fpression (S + ∆S) − Fpression (S)


dFpression
Si ΔS petit : ∆Fpression = .∆x
dx
h (x )

Fpression = ∫ ρg ( h(x) − z ) l(z)dz


Avec : 0

Dérivation sous le signe d’intégration :


d  2  u 2 (x ) df (x, t)
u (x)
du (x) du (x)
 ∫ f (x, t)dt  = ∫ dt + f (x,u 2 (x)). 2 − f (x, u1 (x)). 1
dx  u1 (x ) 
 u1 (x ) dx dx dx
∂h(x)
h(x) h(x)
dFpression dh(x) dh(x)
dx
= ∫
0
ρg
dx
l(z)dz = ρg
∂x ∫
0
l(z)dz = ρg
dx
S

soit :
∆ Fpression = ρgS.∆h
S = B.Dh
D’ou : ρcSU = ρgS∆h avec :
∆S = B.∆h

on a :
c 2 = gD h

116
Annexes

3. - APPROXIMATION DU NOMBRE DE FROUDE ET DE LA


HAUTEUR CRITIQUE

Approximation du nombre de Froude et de la hauteur critique pour les sections suivantes :

Froude hc
Circulaire Fr =
Q
 Q 
1/ 2

yc = h c D g.h 4 .D h c =  
1/ 2 
 (gD ) 
Ovoïde Q  Q 
1/ 2
Fr = 1.8
yc = h c T h c = 1.34 
1/ 2 
 (gT ) 
gTh 4
Fer à Fr = 0.62
Q  Q 
1/ 2

cheval gTh 4 h c = 0.787  


 ( gT )1/ 2 
yc = h c T  

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 117


Annexes

4. - TABLEAU DES RUGOSITES KS

118
Annexes

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 119


Annexes

5. - CALCUL DE LA HAUTEUR NORMALE POUR UNE SECTION


CIRCULAIRE

Relation approchée :
hn
yN =
D
3 2  7 y N 
2
Q
y N ≤ 0.95 ; q N = 1 / 2 8 / 3 = y N 1 −  erreur à 1%
KI D 4  12 
(
y N = 0.926 1 − (1 − 3.11q N ) )
1/ 2 1/ 2

Généralement, le régime correspondant au débit maximum en section fermée est nettement


instable ; ainsi on ne doit pas tenir compte des débits supérieurs à celui qui correspond à la
section pleine.
Afin de faciliter le calcul, les abaques suivants permettent de résoudre différents problèmes
que pose le régime uniforme pour diverses formes de section.

120
Annexes

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 121


Annexes

6. - CALCUL DE LA HAUTEUR NORMALE POUR UNE SECTION


OVOÏDE

Débit à pleine section :


Relation approchée
Qv = 0.503KI1 / 2B8 / 3 = 0.171KI1 / 2T8 / 3
y N ≤ 0.95 ;
Q
Qv
(
= q v = 1.9 y N 1 − 0.42 y N
2 2
)
(
y N = 1.09 1 − (1 − 0.884q v ) )
1/ 2 1/ 2

122
Annexes

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 123


Annexes

7. - CALCUL DE LA HAUTEUR NORMALE POUR UNE SECTION FER


A CHEVAL

Débit à pleine section :


Relation approchée
Q v = 0.212KI1/ 2 B8/ 3 = 0.457KI1/ 2T8/ 3

y N ≤ 0.93 ;
Qv
Q
(
= q v = 2.8y N 1 − 0.8y N + 0.25y N
2 2 6
)
( )
1/ 2 1/ 2
y N = 0.85 1 − (1 − q v )

Pas bien ! Bien !

124
Annexes

8. - DEMONSTRATION DE LA METHODE PAR SUBSTITUTION


hn
En introduisant φ = = Cste pour caractériser la forme du canal rectangulaire, on a :
b
hh n
S = hb =
φ
bh hh n
Rh = =
2 h + b 2 hφ + h n
Q 2 = IK S S(h n ) 2 .R h (h n ) 4 / 3
2

gS(h c )3
Q2 =
B(h c )
Q2
I− 2 4
dh K s S2 R h 3
La courbe de remous s’écrit : =
dx Q 2B
1−
g.S3
En remplaçant par les relations de Q, on a :
2 4
IKS S(h n ) 2 .R h (h n ) 4 / 3 S(h n ) 2 .R h (h n ) 3

I− 2 4 1− 4
dh K s S2 R h 3 S2 R h 3
= =I
dx gS(h c )3 S( h c )3
B 1−
B(h c ) S3
1−
g.S3
En remplaçant par les relations de S et Rh, on a :
2 4
 hn2   hn  3 4
 
 φ  . 2φ + 1   h
4  2
3
φ +1
1−     2
hn hn 3  hn
2 4
1 − 2 43 
 hh n   hh n   2φ + 1 
3

    h h
 
dh
=I  φ   2 hφ + h n  =I  
3 3
dx  h ch n  h 
  1−  c 
 φ  h
1− 3
 hh n 
 
 φ 
I.x h h
En posant X = , Y= et f = c
hn hn hn

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 125


Annexes

4 4 1

 2Yφ + 1  − 4  2 Yφ + 1   2Yφ + 1  2φ + Y −1 
3 3 3
−4
1 − Y Y −2
 Y − YY 
3
 Y − 
3
 
2φ + 1  2φ + 1 
3 3

dh  2φ + 1   2φ + 1  
=I =I =I
dx f 
3
Y3 − f 3 Y3 − f 3
1−  
Y
1
 2φ + Y −1 
3

Afin de simplifier l’expression, on a constaté que   a une variation quasi-linéaire


 2φ + 1 
entre h et hn. Donc, on peut approcher la fonction précédente par :
f (h) = f (h n ) + (h − h n ).f ′(h n ) . En fonction de Y on a : f (Y) = f (1) + (Y − 1).f ′(1)
1 −2
 2φ + Y −1  1  2φ + ( Y = 1) −1   −1  Y −1
3 3
1
soit :   = 1 + ( Y − 1).     = 1−
 2φ + 1  3 2φ + 1   2φ + 1  ( Y = 1)
2
3(2φ + 1)
 2Yφ + 1  Y −1 
Y 3 −  1 − 
dY  2φ + 1  3(2φ + 1) 
D’où : =
dX Y3 − f 3
hn
φ= = Cste peut prendre des valeurs : 0 < φ < ∞ . Si on compare les résultats de l’équation
b
pour différentes valeurs de φ, on constate peu de variations de Y(X). En moyenne, on peut
admettre φ=1.
D’où :
Y3 −
(2Y + 1)(10 − Y )
dY 27
=
dX Y3 − f 3

Cette relation permet, une fois l’intégration effectuée, d’exprimer Y(X) par une fonction
unique de f. L’état uniforme est atteint de manière asymptotique. En pratique, on admet qu’un
écoulement est uniforme si Y − 1 < 0.01 . L’origine de la coordonnée longitudinale est placée
au point où l’écoulement uniforme est pratiquement réalisé.

126
Annexes

9. - ABAQUES DE LA METHODE PAR SUBSTITUTION POUR LE CALCUL DE LA COURBE DE REMOUS

Résolution A : Courbes S1, S2


1.65 1.625 1.6 1.575 1.55 1.525 1.5 1.475 1.45 1.425 1.4 1.375 1.35
3 1.325

2.9
2.8 1.3

2.7
2.6 1.275

2.5
2.4 1.25

2.3
2.2 1.225

2.1
Y=h/hn

1.2
2
1.9
1.175
1.8
1.7 h=hc 1.15

1.6
1.125
1.5
1.4 1.1

1.3 1.075

1.2
f=1.05
1.1 f=hc/hn
1
-4.5 -4 -3.5 -3 -2.5 -2 -1.5 -1 -0.5 0
X=I.x/hn

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 127


Annexes

Résolution B : Courbes M1, C1


1.25 1.2 1.15 1.1 1.05 1.0 0.95 0.9 0.85 0.8
3
0.75
2.9
2.8 0.7

2.7 0.65
0.6
2.6
0.55
2.5 0.5

2.4 0.4

2.3 0.0

2.2 f=hc/hn

2.1
Y=h/hn

2
1.9
1.8
1.7
1.6
1.5
1.4
1.3
1.2
1.1
1
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
X=I.x/hn

128
Annexes

Résolution C : Courbes M2, M3


1

0.9 0.95

0.8 0.925

0.7
0.9

0.6
0.875
Y=h/hn

0.5

0.85
0.4

0.825
0.3

0.2 0.8

0.1 0.775

0.75 0.725 0.7 0.675 0.65 0.625 0.6 0.575 0.55 0.525 0.5 0.45 0.4 0.35 0.3 0.2 f=0 f=hc/hn

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 1.1 1.2 1.3 1.4
X=I.x/hn

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 129


Annexes

Résolution D : Courbes S3, C3


1
2.0
1.9
0.9
1.8

0.8
1.7

1.65
0.7

1.6
0.6
Y=h/hn

1.55
0.5

0.4 1.5

1.475

0.3 1.45

1.425
0.2
1.4

0.1
1.375

1.35 1.325 1.3 1.275 1.25 1.225 1.2 1.15 1.1 1.05 1.0 0.95 0.9 0.85 f=hc/hn
0
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0
X=I.x/hn

130
Annexes

10. - HAUTEURS CONJUGUEES DE QUELQUES SECTIONS

Rectangulaire h 2 1  
2
U 
formulation exacte = −1 + 1 + 8 1
h 2 gh1 
h1 et h2 indépendamment à l’amont ou à l’aval 1  
la formulation est symétrique
0.95
circulaire y 2 − y1  q D − y1 
2

formulation approchée =  
2 
avec y=h/D et y1<0.7 1 − y1 q
 o − y1 
y1 à l’amont Q
qD =
( )
y2 à l’aval 1/ 2
gD 5
3 3 / 4 4 2
qo = y1 1 + y1 
4  9 

Fer à cheval et ovoïde y 2 − y1  q D − y1 


2 0.95

formulation approchée = 
avec y=h/T et y1<0.7 1 − y1  q o − y12 
y1 à l’amont Q
y2 à l’aval qD =
( gB2T3 )
1/ 2

3 3/ 4  4 2 
qo = y1 1 + y1 
4  9 

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 131


Annexes

11. - LOIS DE QUELQUES DEVERSOIRS FRONTAUX


La « notice sur les déversoirs » du CETMEF (2005) constitue un catalogue très complet des
lois de déversoirs frontaux. Les quelques lois détaillées dans ce chapitre en sont issues.

Déversoir rectangulaire à crête mince sans contraction latérale en


régime dénoyé et en régime aéré

Déversoir rectangulaire sans contraction latérale – Figure tirée du CETMEF (2005).

La loi de Kindsvater et Carter est recommandée par le CETMEF (2005).


3
Q = µCv 2gBhe 2

Dans cette équation, μ est le coefficient de débit pour lequel la formule suivante est
recommandée.
2 h 
µ =  0,602 + 0,075 1 
3 p
Cette formule n’est valable que dans le domaine suivant :

• h1 > 0,03 m (pour que la nappe soit non adhérente, c’est-à-dire que l’écoulement soit
aéré)
• p > 0,10m
h1
• < 2 (pour éviter la présence de vagues en amont)
p

Cv est le coefficient de vitesse d’approche défini comme suit.


3
H  2
C v =  1  ≈ 1
 h1 
Enfin, he est la hauteur d’eau effective définie ci-dessous, où la hauteur Kh, généralement de
l’ordre de 1 mm, est donnée ci-dessous. Kh est une correction apportée pour tenir compte des
effets de viscosité et de tension superficielle.
he = h1 + K h
Le tableau suivant donne quelques valeurs du coefficient de débit selon la hauteur amont h1 et
la hauteur de pelle p (hauteur de crête). La valeur 0,4 calculée grossièrement selon l’approche
simplifiée est fausse (toujours en sous-estimation) de quelques pourcents jusqu’à 20% lorsque
h
le rapport 1 vaut 2. La valeur 0,42 est souvent adoptée comme valeur « moyenne ».
p
132
Annexes

p (m)
0,10 0,20 0,30 0,50 1,00 3,00
0,03 0,416 0,409 0,406 0,404 0,403 0,402
0,05 0,426 0,414 0,410 0,406 0,404 0,402
0,10 0,451 0,426 0,418 0,411 0,406 0,403
h1 (m) 0,20 0,501 0,451 0,435 0,421 0,411 0,405
0,30 0,476 0,451 0,431 0,416 0,406
0,50 0,485 0,451 0,426 0,410
1,00 0,501 0,451 0,418
Quelques valeurs du coefficient de débit μ selon la formule de Kindsvater et Carter.

Déversoir rectangulaire à crête mince avec contraction latérale en


régime dénoyé

Déversoir rectangulaire avec contraction latérale – Figure tirée du CETMEF (2005).

On parle de contraction latérale lorsque la largeur de déversoir Bdéversoir est plus petite que la
largeur du canal Bcanal, ainsi qu’illustré sur la figure précédente. La loi de Kindsvater et Carter
est recommandée par le CETMEF (2005).
3
 H1  2
avec : h e = h1 + 0,001 et C v =   ≈ 1
3
Q = µC v 2 g B e h e 2

 h1 
Dans cette loi, seuls les coefficients de débit μ et la largeur effective Be sont différents de
l’expression détaillée plus haut sans contraction latérale.
La largeur effective Be se calcule selon l’expression suivante, où Kb est donné sur la figure
suivante.
Be = Bdéversoir + K b

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 133


Annexes

Hauteur Kb en fonction du rapport de la largeur du déversoir sur la largeur du canal d’approche


(CETMEF 2005).

Le coefficient de débit μ est quant à lui calculé selon l’équation suivante, où φ et ψ sont
donnés par la figure suivante.
2 h 
µ = ϕ + ψ 1 
3 p
Le domaine de validité de cette formulation est le suivant.

Bdéversoir > 0,15 m



• p > 0,10m
• h1 > 0,03 m
• Bcanal − Bdéversoir > 6h1
h1
<2
• p

134
Annexes

Variation des coefficients φ et ψ en fonction du rapport de la largeur du déversoir sur la largeur du canal
(CETMEF (2005).

Hégly proposa en 1921 la formule suivante :

B Bc

0,0027 # - #. #. . ,
* = 0,405 & - 0,03. . /1 & 0,55. 1
, # #. %, & 0)
limites : 0.1m < h < 0.6m
0.4m < Bc < 1.8m
0.4m < p < 0.8m

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 135


Annexes

Déversoir triangulaire dénoyé

Ecoulement dénoyé au niveau d’un seuil triangulaire à paroi mince à contraction complète – Figure tirée
du CETMEF (2005).

Ecoulement dénoyé au niveau d’un seuil triangulaire à paroi mince partiellement contracté – Figure tirée
du CETMEF (2005).

Dans les deux cas illustrés ci-dessus, le CETMEF recommande la formule de Kindsvater,
formule également recommandée par l’Association internationale de normalisation (ISO).
α 
Q = µC v 2 g (h1 + K h ) 2 tan 
8 5

15 2
Cette formule est applicable lorsque les conditions suivantes sont remplies.

• 25 ° < α < 100 °


• 0,05 m < h1 < 0,6 m
• p ≥ 0,1 m
• B ≥ 0,6 m

136
Annexes

Hauteur Kh en fonction de l’angle d’un déversoir triangulaire.

La hauteur Kh permet de tenir compte des effets de la viscosité et la tension de surface. Son
influence est significative seulement pour les petites hauteurs d’eau h1. Elle s’obtient au
moyen de la figure précédente.
Cv est le coefficient de vitesse d’approche défini comme suit pour un déversoir triangulaire.
5
H  2
C v =  1 
 h1 
h1 p
Enfin, le coefficient de débit μ s’obtient pour une contraction complète ( ≤ 0,4 et ≤ 0, 2 )
p B
grâce à la figure suivante.

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 137


Annexes

Coefficient de débit pour un déversoir triangulaire à contraction complète.

Comme formule pratique, on peut utiliser la relation de Hager avec 14 ° ≤ α ≤ 100 ° :

α
Cd tan   ( 2gh 5 )
8 1

Q=
2

15 2
  2 α 
2

  h tan     
1   2    1 + 0.66 
Cd = 1+  
3   3B(h + w)    h 3 2 tan  α  
     
      2  

138
Annexes

Seuil épais rectangulaire dénoyé

Comparé à un déversoir à mince paroi, un paramètre supplémentaire relatif à la longueur de la


crête (Le) du déversoir doit être considéré.

Q = Cd B 2gh h>50mm
3
2

b>0.3m
 9  h 4  w>0.15m
1 +    0.08<h/Le<0.85
 7  Le  
C d = 0.326  4 
 1+  h  
   
L
 e 

Seuil mince rectangulaire noyé

0.385
Q noyé   h  2.5 
= 1 −  u   d’après Brater et King (1976)
Q dénoyé   ho  
 

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 139


Annexes

12. - EXPRESSION DU DEBIT DEVERSE

L’établissement du débit latéral est basé sur la constatation que les profils d’écoulement sur
un déversoir frontal et sur un déversoir latéral sont semblables. Souvent, on utilise la relation
de seuil valable pour le déversoir frontal. Celle-ci est donnée par :

= C d 2g (h − w ) 2
dQ 3

dx

où Cd appelé coefficient de débit, dépend de la hauteur et de la forme de la crête.


Ainsi, le déversoir latéral est considéré comme une succession de déversoirs frontaux de
longueur dx.

Hager a travaillé sur les déversoirs latéraux et a établi une loi de déversement basée sur la loi
de seuil [Hager-1987]. Celui-ci l’a corrigé pour tenir compte du déversement latéral. Hager a
adapté cette relation au cas du déversoir latéral en affectant à la loi de seuil une série de
coefficients qui permettent de tenir compte des effets de :

• La pente de fond du déversoir


• la vitesse latérale (v)
• la direction de la vitesse latérale (Φ)
• un entonnement éventuel dans le déversoir

u
u Φ

v
Crête Crête

v
u h
u w

Comparaison des profils d’écoulement sur un déversoir frontal et latéral

On utilise donc une formule de type seuil et on ajoute des coefficients permettant de prendre
en compte l’effet de la vitesse latérale et de sa direction (ωv), ainsi que l’effet de
l’entonnement du déversoir (ωΦ).

dQ
Q dev = − = −0.6n *.c w gH 3 (y − W)3 / 2 × ωu × ωφ (2.1)
dx

140
Annexes

Effet de la vitesse latérale

Dans le cas d’un seuil frontal, la vitesse principale u est nulle ; si on exprime la vitesse
v à partir de la définition de la charge spécifique H, on obtient, en supposant que la hauteur
d’eau sur le seuil est faible :
v = 2g(H − w) ; Or cette vitesse est faible, on peut donc considérer que H est proche de h.
On obtient :

v = 2g(h − w)


Dans le cas d’un seuil latéral, la charge spécifique s’exprime par H = +h.
2g

Si << h , on se rapproche du cas du déversoir frontal, si ce n’est pas le cas, cette vitesse a
2g
une influence sur le débit déversé. On a alors, en supposant toujours que la hauteur d’eau est
proche de celle du seuil, u = 2g(H − w) .
On définit alors ωu comme le rapport de la vitesse v du cas du seuil latéral et de la vitesse u du
cas du seuil frontal :
u H−w
ωu = =
v h−w

Effet de la direction de la vitesse latérale

u
dx

Effet de la vitesse latérale

Si on exprime le débit latéral, on trouve :


dQ = −vsinΦ × (h − w).dx

On considère que l’effet de la direction latérale peut-être exprimée par :

ωΦ = sinΦ = 1 − cos2 Φ

Or :

u = vcosΦ

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 141


Annexes

u2 u2
⇒ cos 2Φ = ⇒ sinΦ = 1 −
v2 v2

On applique le théorème de Bernoulli sur une ligne de courant au sein de la lame déversante
en supposant que la charge reste constante.

1
2

Application du théorème de Bernoulli

P1 u1 ² P v ²
z1 + + = z2 + 2 + 2
ρg 2g ρg 2g

On utilise les valeurs moyennes de chaque terme : u1 correspond à la vitesse principale et v2 à


la vitesse latérale. On suppose que dans la section précédant le seuil le répartition des
pressions est hydrostatique :

u1 ² v 2 ²
h+ = + w + ε(h − w)
2g 2g

En calculant la moyenne des pressions au sein de la lame déversante, on obtient [Sinniger-


1989] :

2
ε=
3

Soit, après calculs, on trouve en utilisant une écriture adimensionnelle :

u1 ² (h − w)(ε − 1) (y − W)(ε − 1)
−1 = =
v2 ² H − w − ε(h − w) 1 − ρy − W(1 − ε)

Soit, en utilisant l’expression précédant et en remplaçant ε par sa valeur,

1/2
 y−W 
ω Φ = sinΦ =  
 3 − 2y − W 

Effet de l’entonnement

L’effet de l’entonnement doit être pris en compte quand la crête fait un angle θ (θ<0)
avec la direction principale du canal (Ox).

142
Annexes

θ u
Φ

v
θ

Figure 8 : Effet de l’entonnement

Le débit latéral s’écrit :

Π 
dQ = − vcos  − θ − Φ  × (h − w).dx
2 

Or :

Π  Π 
cos − θ − Φ  = cos − (θ + Φ)  = sin(θ + Φ)
2  2 

L’effet de l’entonnement est donc pris en compte en modifiant le coefficient ωΦ calculé


précédemment.

1/2
 y−W 
sin(θ + Φ) =   = F = sinθinθ.c + sinΦinΦ.c
 3 − 2y − W 

On considère des valeurs de θ <<1, donc on peut remplacer les valeurs de sin θ et cos θ par
leurs équivalents : θ et (1- θ2/2). En développant chaque terme et en négligeant les termes en θ
d’ordre supérieur à 2, on trouve :

  1  
1/2

ωΦ = sinΦ = A. 1 + θ  2 − 1 
 A  
Expression finale

En remplaçant les coefficients ωu et ωΦ par leurs expressions, on peut exprimer le


débit déversé par :

dQ 1− W y−W   1  
1/2

= −0.6n*c w gH (y − W)
3 3/2
× × 1 − θ  2 − 1 
dx y−W 3 − 2y − W  A  
où :
dQ 1− W   3(1 − y)  
1/2

= −0.6n * c w gH (y − W) ×
3 3/2
× 1 − θ  
dx 3 − 2y − W   y − W  
 

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 143


Annexes

13. - EQUATION DES DEVERSOIRS LATERAUX

En vue de profil, on a la figure suivante :


Tirant
d’eau

dP
P P+ dx
Q dx
S dQ
x Q+ dx
dx
β≅sin(β) dS
S + dx
dx

V : vitesse d’entrée,
U : vitesse déversée,
Q : débit,
u
dx
S : surface,
B : largeur,
P : pression,
h : tirant d’eau,
α
α : angle entre U et x,
I : pente du déversoir, v
J : perte de charge.

dQ
On appelle − dx le débit déversé. Le signe négatif vient du fait que le débit diminue dans
dx
∂S
le sens de l’écoulement. Le canal est supposé prismatique : =0
∂x

En raisonnant, suivant un volume de contrôle en régime permanent, les forces qui agissent sur
cet élément sont :
- Les forces de volumes : - les forces de pesanteur provenant de la gravité : ρ. Vvol . g
- les forces d’inertie :
- les forces d’accélération pure :0
- les forces d’accélération convective :
∂V
∫V ρ. ∂s V.dv = Surf∫ ρ.V.(V.n ext ).ds = ∑j ρ.V j .(V j .n ext j ).S j

144
Annexes

- Les forces de surfaces : - les forces de pression sur les surfaces Si : ∑ p .S


i
i i

- les forces de frottement : Ffrottement

En écrivant l’équilibre de l’ensemble des forces : ∑ F = Forces d' inertie


ρ.Vvol .g + ∑ pi .Si − Ffrottement = ∑ ρ.V j.(V j.n ext j ).S j
i j
Suivant x, on a :
 ∂S 
ρ.Vvolg sin(β) + Fpression (S) − Fpression  S + dx  − Ffrottement =
 ∂x 
 ∂V   ∂V  ∂S  ∂Q
ρV(−V)S + ρ V + dx . V + dx  S + dx  − ρ dx.U. cos(α)
 ∂x   ∂x  ∂x  ∂x

avec :
 ∂S 
∆Fpression = Fpression  S + .dx  − Fpression (S)
 ∂x 
∂F
Si ΔS petit : ∆Fpression = pression .dx
∂x
h(x)

Avec : Fpression = ∫ ρg(h( x ) − z )l(z)dz


0

Dérivation sous le signe d’intégration :


d  2  u 2 ( x ) ∂f ( x , t )
u (x)
= du 2 ( x ) du 1 ( x )
dx  u1∫( x )  u ∫( x ) ∂x
f ( x , t ) dt dt + f ( x ,u 2 ( x )). − f ( x , u 1 ( x )).
 1 dx dx
∂Fpression h(x)
∂h ( x )
∂x
= ∫
0
ρg
∂x
l(z)dz

soit :
∂Fpression ∂h
.dx = ρgS. .dx
∂x ∂x

∂h
ρ.S.dx.g sin(β) − ρgS. .dx − Ffrottement =
∂x
 ∂V   ∂V  ∂S  ∂Q
ρV(−V)S + ρ V + dx . V + dx  S + dx  − ρ dx.U. cos(α)
 ∂x   ∂x  ∂x  ∂x
∂h  ∂V   ∂Q  ∂Q
ρ.S.dx.g sin(β) − ρgS. .dx − Ffrottement = ρV (−V)S + ρ V + dx . Q + dx  − ρ dx.U. cos(α)
∂x  ∂x   ∂x  ∂x

∂h ∂Q ∂V ∂Q
ρ.S.dx.g sin(β) − ρgS. .dx − Ffrottement = ρV ( − V )S + ρVQ + ρV dx + ρQ dx − ρ dx.U. cos( α )
∂x ∂x ∂x ∂x

∂V 1 ∂Q Q ∂h
avec V=Q/S => = − B
∂x S ∂x S 2 ∂x

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 145


Annexes

∂h ∂Q  1 ∂Q Q ∂h  ∂Q
ρ.S.dx.g sin(β) − ρgS. .dx − Ffrottement = ρV dx + ρQ − 2 B dx − ρ dx.U. cos(α)
∂x ∂x  S ∂x S ∂x  ∂x

∂h ∂Q Q2 ∂h ∂Q
ρ.S.dx.g sin(β) − ρgS. .dx − Ffrottement = 2.ρV dx − ρ 2 B dx − ρ dx.U. cos(α)
∂x ∂x S ∂x ∂x
∂Q ∂Q ∂h  Q2 
ρ.S.dx.g.I − Ffrottement − 2.ρV dx + ρ dx.U. cos(α ) = ρgS.dx 1 − 3 B 
∂x ∂x ∂x  gS 
On a vu que :

On a : τ0 = ρgRh I
En régime non uniforme on prend comme approximation : τ0 = ρgRh J
∂Q ∂Q ∂h  Q2 
ρ.S.dx.g.I − τ0 Périmètre .dx − 2.ρV dx + ρ dx.U. cos(α ) = ρgS.dx 1 − 3 B 
∂x ∂x ∂x  gS 
∂Q ∂Q ∂h  Q2 
ρ.S.dx.g.I − ρgR h J.Périmètre .dx − 2.ρV dx + ρ dx.U. cos(α) = ρgS.dx 1 − 3 B 
∂x ∂x ∂x  gS 
∂Q ∂Q ∂h  Q2 
ρ.S.dx.g.I − ρgS.J.dx − 2.ρV dx + ρ dx.U. cos(α) = ρgS.dx 1 − 3 B 
∂x ∂x ∂x  gS 
V ∂Q ∂Q U ∂h  Q2 
I − J − 2. + . cos(α ) = 1 − 3 B 
gS ∂x ∂x gS ∂x  gS 

I − J + (U cos(α ) − 2V )
Q'
dh Sg
=
dx Q2B
1− 3
gS

146
Annexes

14. - ABAQUES POUR LE CALCUL DES DEVERSOIRS LATERAUX

Cas 1 : Teta=0, F<1


1
0.95

0.9

0.875
0.95
0.85

0.825
0.9

0.8
Y=h/H

0.85 0.775

0.75

0.8

0.725

0.75
0.7

0.675 0.65 0.625 0.6 0.575 0.55 0.525 0.5 0.45 0.4 0.3 0.2 0.1 0.0 W=w/H

0.7
-15 -13 -11 -9 -7 -5 -3 -1
X=kx/b

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 147


Annexes

W=w/H Cas 2 et 3 : Teta=-0.1, F<1


1
0.9

0.9

0.8
0.95
0.8

0.7
0.9
0.7
Y=h/H

0.65
0.85

0.6

0.8

0.55

0.75

0.5

0.4 0.3 0.2 0.1 0.0

0.7
-15 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0
X=kx/b

148
Annexes

Cas 2 et 3 : Teta=-0.2, F<1


1
W=w/H

0.8

0.95
0.7

0.65

0.9
0.6
Y=h/H

0.85 0.55

0.5

0.8

0.75

0.4

0.3 0.2 0.1 0.0


0.7
-15 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0
X=kx/b

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 149


Annexes

W=w/H Cas 2 et 3 : Teta=-0.4, F<1


1
0.8

0.7

0.95
0.6

0.9 0.5

0.45
Y=h/H

0.85
0.4

0.8
0.35

0.3
0.75

0.2 0.1 0.0


0.7
-15 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0
X=kx/b

150
Annexes

Cas 4 : Teta=0, F>1


0.6

0.55

0.5
0.5
0.45

0.4
0.4
0.35

0.3
Y=h/H

0.3 0.25

0.2

0.2 0.15

0.1

0.05
0.1
0.0
W=w/H

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
X=kx/b

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 151


Annexes

Cas 5 et 6 : Teta=-0.1, F>1 W=w/H


0.6
0.35

0.3
0.5

0.25

0.4 0.2

0.15
Y=h/H

0.3

0.1

0.2
0.05

0.1
0.0

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
X=kx/b

152
Annexes

Cas 5 et 6 : Teta=-0.2, F>1


W=w/H
0.6
0.25
0.35 0.3

0.2
0.5

0.15

0.4
0.1
Y=h/H

0.3
0.05

0.2
0.0

0.1

0
0 1 2 3 4 5
X=kx/b

José VAZQUEZ et Matthieu DUFRESNE 153


Annexes

Cas 5 et 6 : Teta=-0.4, F>1


0.6
0.35 0.3 0.25 0.2 0.15 W=w/H

0.1

0.5

0.05

0.4
0.0
Y=h/H

0.3

0.2

0.1

0
0 0.5 1 1.5 2 2.5
X=kx/b

154

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