Vous êtes sur la page 1sur 17

GERER LE RESEAU D’ASSAINISSEMENT DE LA VILLE DE FES COLLECTER, TRAITER,

VALORISER
Safae AMARTI RIFFI 1

INTRODUCTION Cette situation a eu des effets néfastes sur l’environne-


ment de la ville de Fès dans la mesure où les oueds sont
Depuis toujours, l’histoire de Fès a été intimement liée à devenus des égouts à ciel ouvert, induisant ainsi diverses
la présence de l’eau dans cette ville. Ses premiers bâtis- nuisances (olfactives, prolifération de rongeurs, etc…).
seurs n’avaient-ils pas choisi le site de la ville à cause du Par ailleurs, les substances chimiques rejetées directe-
passage de l’Oued Fès et de la proximité d’une rivière ment dans l’Oued Sebou ont précipité la destruction de
abondante, l’oued Sebou ? Ce dernier, riche en flore et sa faune et sa flore et compromis sérieusement l’utili-
en faune, véhiculait un débit tellement important que des sation des eaux de tout le bassin du Sebou (prise d’eau
petits bateaux y circulaient jusqu’à l’océan Atlantique. pour AEP, irrigation, etc…).
L’eau à Fès a constamment fait partie intégrante de la Face à ce contexte alarmant, le Conseil de la Commu-
vie sociale et culturelle des habitants de la ville. nauté Urbaine de Fès a chargé la RADEEF, en Janvier
1996, de la gestion de l’assainissement liquide de la vil-
le. Les objectifs principaux de cette tâche sont :
• la collecte de toutes les eaux usées rejetées par la ville
de Fès,
• le traitement de ces effluents avant leur rejet dans le
milieu naturel.
Le présent article a pour objectif de décrire la situation
de l’assainissement liquide dans la ville de Fès à travers
un aperçu historique d’une part et la gestion du secteur
par la RADEEF d’autre part.
L’accent sera mis en particulier sur le traitement des
eaux usées pour lesquelles une station d’épuration sera
prochainement mise en service par la RADEEF, qui sera
la plus importante à l’échelle nationale et qui contribue-
ra largement à éliminer la pollution de l’oued Sebou.
Figure n° 1 : Oued Fès au début du XXè siècle Les perspectives de développement futur du secteur se-
ront également explicitées pour faire face à l’extension
Le système de collecte des eaux usées dans la ville était importante de la ville de Fès, et satisfaire des exigences
conçu de sorte que les oueds en amont transitaient une environnementales de plus en plus contraignantes.
eau propre alors que les rejets déversaient en aval dans
l’oued Boukhrareb. 1 – GÉNÉRALITÉS SUR LA VILLE DE FÈS
La densification importante qu’a connue l’ancienne Mé-
dina, ainsi que l’implantation de quartiers sociaux à la 1.1 – Cadre socio-économique
périphérie de la ville de Fès ont engendré : La ville de Fès, capitale spirituelle du Maroc a été im-
• D
 ’une part, des rejets importants des eaux usées dans plantée dès le IXè siècle sur les berges de l’Oued Fès.
le milieu récepteur, en l’absence d’infrastructure per- Située à un croisement de plusieurs axes routiers impor-
mettant leur collecte. tants menant vers le Nord, l’Est ou l’Ouest du Maroc
sur la plaine du Saïss, elle a connu un développement
• D
 ’une autre part, des flux de pollution considérables continu au vu des nombreux atouts que son site offre
dans l’Oued Sebou. Les eaux usées y sont en effet aux citoyens.
déversées sans aucun traitement.

1 Chef du Département Investissements / RADEEF

HTE N° 155 MARS 2013 24


La population actuelle s’élève à 1.100.000 habitants et 1.2 – Extension de la ville
devrait atteindre 1.500.000 habitants en 2030. La ville
Fès a connu une expansion démographique très impor-
représente le noyau des activités économiques de la Ré-
tante à partir des années 1961, sa population ayant pres-
gion Fès-Boulemane, dont les principales sont :
que triplé en trente années.
- L
 e tourisme, qui s’est développé autour de l’ancienne
Le taux d’accroissement enregistré (2,4%) est nettement
médina, cité impériale qui a été classée au patrimoine
supérieur à la moyenne nationale (1,3%).
mondial de l’Humanité par l’Unesco en 1981 et qui
tire sa notoriété de son enchevêtrement de ruelles ain-
si que de ses nombreux édifices religieux, culturels
ou résidentiels.
- L
 ’artisanat, qui fait de Fès l’un des plus importants
centres artisanaux du Maroc et qui emploie près de
17% de la population active de la ville. Les princi-
pales branches sont le cuir, la dinanderie ou bien le
textile.
- L
 ’industrie, qui génère près de 25.000 emplois. La
ville comporte six zones industrielles avec près de
1400 lots. Face à la demande croissante, de nouvel-
les zones sont en cours d’équipement notamment à
Ras El Ma. Les principales activités industrielles sont
l’agro-alimentaire, le textile, le cuir ou bien la métal-
lurgie.
Graphe 1 : Evolution de la population
D’un autre côté, la ville de Fès présente de très fortes
déclivités ; la topographie variant de 500 et 520 mNGM
au Sud et au Nord, à 240 mNGM à l’Est de la ville.

Graphe 2 : Evolution de la surface urbanisée

Dès 1990, la ville a enregistré une extension considéra-


ble due à :
Elle comprend par ailleurs un réseau hydrographique
très important, rejoignant l’oued Fès à son aval. Cette - L
 ’exode rural qui s’est traduit par l’implantation de
configuration facilite l’écoulement gravitaire des eaux plusieurs quartiers sous équipés à la périphérie de la
usées et pluviales à travers la ville. ville ( Bensouda, Jenanates, Sahrij Gnaoua…)
L’alimentation en eau potable de la ville de Fès est as- - L
 a création de nombreux lotissements équipés pour
surée par des ressources souterraines (70%) - forages faire face au besoin croissant en logements ; ce der-
ONEE/BR et RADEEF - dans la zone Sud de la ville nier étant induit par l’augmentation de la population
et par des eaux superficielles traitées par l’ONEE/BE à d’une part et la dédensification de l’ancienne médina
partir de la prise d’eau située au niveau du pont portu- d’autre part.
gais.

25 HTE N° 155 MARS 2013


- E
 nfin, plusieurs pôles urbains se sont implantés à par- 2 – HISTORIQUE DE L’ASSAINISSEMENT
tir de 2006 dans les communes limitrophes de la ville, DANS LA VILLE DE FÈS
et qui constituent de ce fait le prolongement du péri-
mètre urbain de l’agglomération. La construction de la ville de Fès sur un site où les res-
Cet élargissement considérable de l’agglomération s’ac- sources en eau sont abondantes, a favorisé le développe-
compagne nécessairement par le renforcement et l’ex- ment des systèmes de distribution d’eau et d’assainisse-
tension des réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales de ment dans la ville, et ce, dès le XIè siècle.
la ville. Par conséquent, les réseaux d’acheminement des eaux
étaient constituées 1 :
- d ’un réseau d’eaux propres, assurant l’alimentation
des édifices religieux, des maisons et des bains, ainsi
que l’irrigation des jardins ou le fonctionnement des
moulins ; ce réseau était issu du répartiteur de Bab
Boujloud ;

Figure n° 2 : Fès pendant les années 1960 Figure n° 4 : Répartiteur de Bab Boujloud

- d ’un réseau d’assainissement, constitué de canalisa-


tions souterraines dénommées sloquias, passant sous
les maisons et qui déversaient directement dans les
oueds Boukhrareb, Zhoun, rejoignant la rivière de
Sebou en aval à l’extérieur de la ville. Il assurait éga-
lement le charriage des ordures ménagères qui étaient
facilement dégradables dans l’eau.
Ce réseau a connu progressivement des défaillances im-
portantes à cause de plusieurs facteurs :
• l’expansion démographique et l’augmentation des
rejets d’eaux usées, rendant les ouvrages de collecte
insuffisants ;
• la sécheresse des sources et des rivières, diminuant
ainsi le pouvoir auto-épurateur des oueds en aval ;
• l’utilisation par les activités artisanales de produits
nocifs, engendrant une pollution importante du mi-
lieu naturel ;
• la disparition progressive des maîtres artisans, qui
assuraient l’entretien des réseaux anciens.
Figure n° 3 : Vue aérienne actuelle
1: L’eau à Fès, symbole d’une civilisation urbaine – revue HTE n° 126

HTE N° 155 MARS 2013 26


D’un autre côté, avec la création de la nouvelle ville et valeur des installations, du matériel et du stock remis
des nouveaux quartiers résidentiels, le réseau d’assai- par la ville ainsi que les fonds détenus pour le compte de
nissement s’est progressivement étendu vers les zones celle-ci par l’ancien concessionnaire.
urbanisées ; la municipalité de la ville en assurant la ges-
Par la suite, la RADEEF a été transformée en Régie In-
tion. Toutes les eaux usées, domestiques et industrielles,
tercommunale suite à l’arrêté du Ministre de l’Intérieur
étaient directement rejetées dans l’oued Sebou aval.
n°3211 du 02-10-1985 portant autorisation de créer le
3 – SITUATION ACTUELLE DU SECTEUR nouveau syndicat des communes pour la gestion du Ser-
vice de l’Eau potable dans 19 communes.
3.1 – Intervention de la RADEEF La Régie est donc chargée d’assurer, à l’intérieur de
La Régie Autonome Intercommunale de Distribution son périmètre d’action, le service public de distribution
d’Eau et d’Electricité de Fès (RADEEF) a été créée en d’eau et d'électricité, elle est également chargée de l'ex-
1969 en remplacement de la Compagnie Fassie, prenant ploitation des captages et adductions d'eau appartenant
en charge la distribution d’électricité dans la ville en à la ville.
1969 et celle de l’eau potable en 1970. A compter du 1er Janvier 1996, la RADEEF a été char-
C’est un établissement public, doté de l’autonomie fi- gée de la gestion du réseau d’assainissement liquide de
nancière et placé sous la tutelle des ministères de l’Inté- la ville de Fès en vertu de l’arrêté du Ministre de l’In-
rieur et des Finances. La RADEEF assure également la térieur n° 2806-95 du 3 Juin 1996 approuvant les déli-
distribution de l’eau dans les villes de Sefrou, Bhalil, les bérations du conseil de la Communauté Urbaine de Fès
communes de Ain Chkeff, Sidi Harazem ainsi que les et des conseils communaux relevant de cette commu-
centres du plateau de Bénisadden. nauté, lesquelles délibérations ont chargé la RADEEF
de la gestion du réseau d’assainissement liquide de la
3.2 - Présentation générale de la RADEEF ville de Fès.
La Régie Autonome intercommunale de Distribution Par ailleurs, la RADEEF est assujettie au contrôle des
d'Eau et d'Electricité de la wilaya de Fès (RADEEF) est finances de l’Etat en vertu du Dahir n° 1-03-195 du 11
un établissement public à caractère industriel et com- Novembre 2003 portant promulgation de la loi N° 69-00
mercial, doté de la personnalité morale et de l’autono- relative au contrôle financier de l’Etat sur les entreprises
mie financière, placé sous la tutelle du Ministère de l’In- publiques et autre organismes.
térieur.
Actuellement, la RADEEF assure la distribution de
La RADEEF a été créée par délibération du conseil mu- l’eau et de l’électricité ainsi que la gestion du réseau
nicipal de la ville de Fès en date du 30 avril et 29 août d’assainissement liquide l’intérieur de la ville de Fès et
1969 en vertu du Dahir n° 1.59.315 du 23 Juin 1960 de la commune Ain Chkef. Elle est en outre chargée de
relatif à l’Organisation communale, et ce après l’expira- la distribution de l’eau potable dans les communes ur-
tion du contrat de concession dont bénéficiait la Compa- baines de Sefrou et Bhalil ainsi que dans les communes
gnie Fassie d’Electricité (CFE) au titre de la distribution rurales suivantes : Bir Tam-Tam, Ras Tabouda, Sidi Ha-
de l’énergie électrique. razem, Ain Timgnai, Ouled Tayeb, Douar Ait Taleb et
Par arrêté du 25 Décembre 1969, le Ministre de l’Inté- Douar Ait El Kadi.
rieur a approuvé la délibération du conseil communal Comme il a été auparavant explicité, la gestion de l’as-
de la ville de Fès en date du 29 Août 1969 concernant sainissement liquide dans la ville de Fès a été confiée à
la création de la RADEEF, fixant la dotation initiale éta- la RADEEF en 1996, après délibération du conseil com-
blissant son règlement intérieur ainsi que son cahier des munal. Les objectifs préconisés ont été :
charges.
- é quipement et raccordement des quartiers non assai-
En Janvier 1970, la RADEEF s’est substituée, d’une part nis, afin d’améliorer les conditions sanitaires des ci-
à la « Compagnie Fassie d’Electricité » pour la gestion toyens ;
du réseau électrique, et d’autre part à la ville de Fès pour
la gestion du réseau d’eau potable. - e xtension du réseau aux nouvelles zones d’urbanisa-
tion ;
La dotation en capital de la Régie, à sa création, fut
constituée par l’apport initial auquel se sont ajoutés la

27 HTE N° 155 MARS 2013


sont rejetées directement dans l’Oued Sebou sans aucun
traitement.
Cette situation engendre des répercussions néfastes le
long du bassin, sur plusieurs secteurs :
• La santé (problème des maladies hydriques)
• L
 ’irrigation (qualité de l’eau : hors classe sur plusieurs
tronçons)
• La potabilisation de l’eau
• L’abreuvage des animaux
• Les conditions socio économiques des habitants
Les pertes économiques annuelles liées à la pollution du
Sebou, sont estimées à plus d’un milliard de centimes
et la ville de Fès, à elle seule, participe avec ses rejets
d’eaux usées domestiques et industrielles estimés à 38
millions de m3/an, à hauteur de 40% de cette pollution.
Figure n° 5 : Rejets directs dans les oueds De ce fait, La Régie Autonome de distribution de l’Eau
- r éhabilitation et curage des collecteurs existants, en et de l’Electricité de Fès (RADEEF) a décidé de doter
vue d’améliorer leur débitance, principalement dans la ville de Fès d’une station d’épuration des eaux usées
l’ancienne médina ; pour la dépollution du Sebou. Cette station est conçue
pour 1,2 million Equivalent habitant, soit la pollution
- a dopter une meilleure solution pour l’évacuation des journalière correspondant à 1,2 million de personnes.
eaux pluviales et la lutte contre les submersions d’eau Elle permettra de traiter un débit de l’ordre de 130.000
; m3/j et une charge polluante de 72 tonnes/jour de DBO5
- é liminer les rejets des eaux usées dans le milieu na- à l’horizon 2015, avec un abattement considérable de la
turel ; pollution générée par la ville de Fès (>85%).
- e ngager une politique de dépollution de l’oued Se- Ce projet fait appel à un procédé d’épuration innovant
bou. « boues activées à moyenne charge », C’est-à-dire que
l’on élève des bactéries (présentes naturellement dans
La RADEEF a alors établi un schéma directeur d’as- les eaux usées) à grande échelle, dans des bassins aérés
sainissement liquide en 1995 permettant de définir les pour éliminer la pollution. L’oxygène insufflé dans les
actions d’urgence à mettre en œuvre d’une part, et de bassins d’aération permet à des micro-organismes de
programmer les travaux nécessaires aux différents hori- respirer, de se développer et de se reproduire en se nour-
zons de l’étude d’autre part. rissant de la pollution organique, azotée et carbonée.
Les paragraphes ci-après présenteront successivement Celle-ci y est donc transformée en matière vivante qui
un aperçu sur la configuration du réseau d’assainisse- est ensuite séparée de l’eau dans des bassins appelés cla-
ment de la ville ainsi que les travaux réalisés par la RA- rificateurs où l’eau « se repose ». A la sortie de la station,
DEEF et le programme d’investissement prévisionnel. l’eau dépolluée peut rejoindre l’Oued Sebou, après avoir
séjournée 8 à 12 heures dans la station d’épuration.
3.2 – Configuration du secteur
a) Réseaux
La RADEEF assure la gestion du réseau d’assainisse-
ment de la ville de Fès pour une population de 1.100.000 Le réseau est structuré en 14 bassins versants où les eaux
habitants et avec un taux de raccordement de 98%. Le usées et pluviales sont acheminées gravitairement vers
dernier quartier non encore desservi est en cours d’équi- l’est de la ville (écoulement qui est favorisé par la topo-
pement par la Régie. graphie de la ville). Une seule station de relevage existe
dans le quartier de Dokkarat et permet de transférer les
Projet de réalisation et d’exploitation de la STEP eaux du collecteur Massira Dokkarat vers le collecteur
- Station d’épuration des eaux usées Medz.
La région du bassin du Sébou est la plus peuplée du Ma-
roc, le bassin versant du Sebou est aussi le plus pollué
du pays. A ce jour, toutes les eaux usées brutes du bassin

HTE N° 155 MARS 2013 28


Figure n° 6 : Carte des bassins versants

Le réseau est constitué de 2050 kms de collecteurs de


différents diamètres et matériaux allant de 300 à 1600
mm pour les sections circulaires et de T100 à T240 pour
les ovoïdes. Le système adopté est du type unitaire ;
néanmoins, toutes les extensions de réseau sont réali-
sées en pseudo-séparatif, de sorte que les eaux de ruis-
sellement des voiries soient directement véhiculées vers
les oueds traversant la ville.
Activité Eau Potable
La régie assure l’alimentation en en l’eau potable pour
une population dépassant les 1 .204 .000 personnes à
l’intérieur des villes de FES, SEFROU, BHALIL, ainsi
que des les communes rurales ; BIR TAM-TAM, RAS
TABOUDA, SIDI HRAZEM, AIN TIMGNAI, OULAD
TAIB, DOUAR AIT TALEB, et douar AIN ALQUADI.
Les principaux ouvrages de distribution sont représentés
au niveau de la carte ci-après.

29 HTE N° 155 MARS 2013


Figure n° 7 : P
 lan des ouvrages principaux et des canalisations principales de
distribution d'eau potable

HTE N° 155 MARS 2013 30


Ainsi, le système collecteur Nord-intercepteur aval, in-
tercepte l’ensemble des eaux usées de la ville nouvelle,
des zones ouest et d’une partie de la zone nord (et de
la zone Oued Fès en cours d’urbanisation) pour les ra-
mener à la station de prétraitement de Zenjfour, via les
ovoïdes traversant l’ancienne médina. Le collecteur Bab
Siffer intercepte la partie restante de la zone nord (Ain
Harroune, Bourniyate, Hay Hassani, …) et son raccor-
dement jusqu’à la station de prétraitement de Zenjfour
est prévu en 2013.
A la sortie de la station de prétraitement, les eaux usées
(80% des eaux rejetées globales de la ville) sont ache-
minées par une galerie et deux conduites forcées jusqu’à
l’usine de turbinage ONE, en amont du site de la station
d’épuration.
Les collecteurs issus des bassins de Sahrij Gnaoua et La station est prévue pour traiter un débit maximal de
Jenanates se raccordent au collecteur Ain Nokbi qui vé- 4,5 m3/s ; le débit moyen traité s’élève à 1,4 m3/s.
hicule les eaux jusqu’à l’usine ONE.
Elle comprend les ouvrages principaux suivants :
Ce réseau est doté de plusieurs déversoirs d’orage, qui
délestent l’excédent des eaux pluviales vers les oueds - U
 n canal d’amenée, équipé d’un déversoir latéral re-
traversant la ville. liant la station au réseau d’assainissement ;
b) Réseau hydrographique - u n système de dégrillage automatique constitué de
deux dégrilleurs jumelés ;
Comme il a été auparavant cité, la ville est traversée par
un réseau hydrographique important qui rejoint l’oued - u n système de dessablage aéré à extraction automati-
Fès et l’oued Sebou en aval : Oued Ain Smen, Oued Ain que des sables ;
Chkeff, Himmer, Miyit, Mahrez, Boufekrane, Zitoun, - d eux vannes motorisées, installées en tête des canaux
Boukhrareb et Mellah . d’entrée des eaux, afin de régler le débit à l’entrée de
la station ;
Les bassins versants de ces oueds s’étendent au-delà
du périmètre urbain, certains drainant les zones mon- 3.3 – Travaux réalisés
tagneuses des massifs entourant la ville. Ces apports a) Période 1999 - 2008
exogènes, caractérisés par des volumes importants et
des cinétiques rapides, peuvent avoir des conséquences Le premier schéma directeur d’assainissement liquide,
dramatiques sur la ville et causer des dégâts importants. réalisé par la RADEEF en 1995, a préconisé les travaux de :

Des ouvrages ont été mis en place pour écrêter les crues • r enforcement de l’ossature principale du réseau d’as-
en amont de la ville. Il s’agit des barrages de Moulay sainissement ;
Arafa, Bled Gaada et du canal de déviation entre l’oued • e xtension du réseau, dans les quartiers sous équipés,
Mahrez et l’oued Boufekrane. en vue d’éliminer les rejets directs dans les oueds ;
c) Station de prétraitement Zenjfour • r éhabilitation des réseaux secondaires, principale-
La station de prétraitement, située à Zenjfour – aval de ment, dans l’ancienne Médina et Fès Jdid – Mellah ;
l’ancienne médina, reçoit et prétraite actuellement ~ • réalisation de la station de traitement Zenjfour.
80% des eaux usées de la ville de Fès, qui rejoignent
par la suite (après prétraitement) la station de turbinage
ONE aval pour la production de l’énergie électrique.

31 HTE N° 155 MARS 2013


Figure n° 8 : Principaux travaux issus du premier SDAL de Fès

Le programme d’investissement, d’un montant de 400


Millions de Dirhams, a été réalisé entre 1999 et 2008 et
dont les principales composantes sont :
- Lot 1 - R
 éalisation de l’intercepteur Ouest et de Sidi
Brahim : collecteurs DN 600/800 et DN 2000.

Figure n° 10 : Extension du collecteur Sidi Brahim

- Lot 3 - Réalisation l’intercepteur aval sur une longueur


de 9 kms dont une partie a été effectuée par la
technique du pousse-tube ; et de la station de
Figure n° 9 : Intercepteur Ouest prétraitement Zenjfour.

HTE N° 155 MARS 2013 32


La réalisation de ces travaux est particulièrement déli-
cate dans la mesure où ils concernent le remplacement
de réseaux anciens (sloquias), passant sous maison, à
des profondeurs pouvant être importantes et dans des
ruelles étroites avec des difficultés d’accès et un tissu
historique sensible.
- Lots 15 – 22 : Curage, réhabilitation des structures et
des radiers des oueds traversant l’ancienne Médina et
couverture des passages à ciel ouvert des oueds
D’un autre côté, une division assainissement a été mise
en place, équipée des moyens humains et matériels né-
cessaires pour la gestion du réseau d’assainissement de
la ville.
L’ensemble de ces prestations a permis d’éliminer les
rejets directs d’eaux usées dans la ville ; et par la suite,
- Lot 4 : I ntercepteurs et collecteurs Jenanates – Ain No- les différentes nuisances aux citoyens.
kbi – Bab Siffer b) Période 2009 – 2013
La RADEEF a lancé en 2007 l’actualisation du schéma
directeur d’assainissement liquide, visant la définition
des travaux à réaliser à court, moyen et long terme pour
accompagner le développement de la ville.
Une première tranche d’urgence a été réalisée, permet-
tant la résorption des inondations en période pluvieuse
et comprenant la réhabilitation des déversoirs existants
ainsi que la pose d’un collecteur formé par une conduite
DN 800 et un dalot sur une longueur de 4 kms.

D’un autre côté, la RADEEF a poursuivi les actions déjà


entamées d’extension et de réhabilitation des réseaux
primaires et secondaires de la ville, ainsi que les diffé-
rentes opérations d’inspection télévisée et de curage des
collecteurs.
Les collecteurs structurants (Nord, Moulay Abdellah
et Hippodrome) ont fait l’objet d’une réhabilitation par
- Lots 10/1 – 10/2 et 11 : Réhabilitation des réseaux chemisage de l’intérieur ; le procédé utilisé étant un
d’assainissement secondaires des zones de l’ancienne revêtement par coques en PRV, sans ouverture de tran-
médina et de Fès Jdid – Mellah chée.

33 HTE N° 155 MARS 2013


Ce dernier projet, structurant pour la ville, sera consti-
tué de dalots et d’ovoïdes sur une longueur totale de 10
kms, dont des tronçons à réaliser en galerie. Il permettra
d’intercepter la grande partie des effluents de la ville et
de les transférer vers la STEP sans passage par les ovoï-
des de l’ancienne médina.
Le coût global de ces investissements s’élève à 1.100
Millions de Dirhams pour la période 2014-2025, dont
220 MDhs nécessaires pour la réalisation du grand in-
tercepteur Oued Fès.

4 – TRAITEMENT DES EAUX USÉES

4.1 – Problématique
Les rejets de la ville de Fès, évalués à 110.000 m3/j, sont
caractérisés par une forte composante organique et une
présence considérable des substances chimiques géné-
rées par les unités industrielles et artisanales. Cette pol-
lution constitue à elle seule 40% de la pollution totale de
l’oued Sebou. Ceci a entraîné la destruction de sa faune
et sa flore, a compromis sérieusement l’utilisation des
eaux aussi bien pour l’irrigation que pour l’alimentation
en eau potable des localités en aval et a contribué à la
prolifération de maladies hydriques pour les populations
riveraines.

Figure n° 11 : R
 éhabilitation par coques du collec-
teur Nord

Le montant des investissements réalisés en cette période


(hors STEP), est de 380 Millions de Dirhams.
3.4 – Investissements programmés
L’actualisation du SDAL a défini les travaux structurants
du réseau d’assainissement de la ville de Fès à moyen et
long terme.
Le programme conséquent des travaux se compose es-
sentiellement de :
- e xtension du réseau aux nouvelles zon es d’urbanisa- Figure n° 12 : Situation de l’oued Sebou à la
tion Sud et Est ; confluence avec Oued Fès
- r éhabilitation et renforcement des réseaux secondai-
res dans les zones connaissant des insuffisances ou Les pertes annuelles conséquentes s’élèvent à 1 Milliard
des dégradations ; de Dirhams.

- r éalisation du grand intercepteur Oued Fès qui dé-


butera dans la zone de Bensouda – Merja, jusqu’à
l’amont de la station d’épuration des eaux usées.

HTE N° 155 MARS 2013 34


Distance % rejets Fès

Figure n° 13 : Qualité actuelle des eaux de l’oued Sebou

Face à cette situation, la RADEEF a entrepris un pro-


gramme considérable de traitement des eaux usées de la
ville de Fès, réalisé avec la contribution du Ministère de
l’Intérieur, du Secrétariat d’Etat à l’Eau et à l’Energie
et de l’Agence du Bassin Hydraulique du Sebou. Il est
formé de deux composantes essentielles :
- Dépollution industrielle
- R
 éalisation d’une station d’épuration des eaux usées
(STEP).
Ces deux volets seront détaillés dans les sections ci-
après.
4.2 – Dépollution industrielle
Il s’agit d’un programme entamé par la RADEEF en
2005, d’un coût de 50 Millions de Dirhams ; il com- Figure n° 14 : Bassins d’évaporation des margines
prend les actions suivantes :
A la mise en service de ce projet, la station de traitement
a) Traitement des margines pour l’alimentation en eau de Kariat Ba Mohammed n’a
La ville de Fès comprend un nombre important d’huile- pas connu d’arrêt induit par la pollution importante en
ries, implantées principalement dans le quartier indus- amont.
triel Dokkarat et qui rejettent près de 100.000 m3/an de A noter qu’un programme de délocalisation des huileries
margines, qui pourront compromettre le fonctionnement est en cours, en vue de les transférer vers une nouvelle
de la future STEP. zone industrielle, dotée des ouvrages de prétraitement
Ainsi, la RADEEF a monté un projet pilote pour le trai- nécessaires.
tement des margines, mis en place en 1997. Elle collecte b) Station de déchromatation Dokkarat
donc les margines, déversées initialement dans le réseau
d’assainissement de la ville et les transporte jusqu’au C’est une station mise en service en 2003 grâce à un don
site d’évaporation situé à 15 kms au Nord de la ville. de l’USAID. Les eaux chromées rejetées par les tanne-
Ce projet, réalisé avec une contribution financière de ries sont récupérées par la RADEEF dans des camions
la Communauté Européenne, prend en charge 50% des citernes, qui les transportent dans cette station située
margines produites. dans le quartier Dokkarat. Cette dernière traite 40% du
rejet de la ville de Fès, soit 50 m3 d’eau chromée par
jour. Le chrome récupéré est ensuite repris par les tan-
neurs.

35 HTE N° 155 MARS 2013


d) Grandes unités industrielles
Figure n° 15 : Station de déchromatation Les rejets des quatre grandes unités industrielles (CBGN,
LESAFFRE, BRANOMA, MULTIWASH) sont carac-
térisés par leur pollution considérable et l’importance de
leur débit évacué dans le réseau d’assainissement (choc
hydraulique). Ainsi, des conventions ont été établies
avec ces industriels en vue de la réalisation par leurs
soins d’unités de prétraitement propres, permettant le
traitement de leurs rejets avant leur transmission vers le
réseau d’assainissement.
Ces ouvrages comportent un dégrillage, des bassins
d’homogénéisation, des décanteurs et un système de
comptage des eaux rejetées.
Ces stations sont opérationnelles pour CBGN et LESSA-
FRE, respectivement depuis 2010 et 2012, et elles sont en
cours d’achèvement pour BRANOMA et MULTIWASH.
4.3 – Station d’épuration des eaux usées de Fès (STEP)
Les études réalisées par la RADEEF pour l’épuration
Figure n° 16 : Camions citernes des eaux usées de la ville de Fès ont préconisé la mise
en place d’une station de traitement, située dans la zone
c) Dinanderies - tanneries dite « Lahbalate » au nord est de la ville de Fès. Le choix
La RADEEF a entrepris une action de sensibilisation de ce site a été dicté par sa proximité de l’exutoire de
des dinanderies situées dans la zone Est de la ville (ZI l’ensemble des rejets de la ville.
Ain Nokbi et Ancienne Médina), afin qu’elles adoptent La RADEEF a donc commencé le 15 Février 2010, la
de nouvelles techniques de réduction de la pollution à la réalisation des travaux de la STEP, qui ont été confiés
source. Ce programme, financé par un don de l’Agence au groupement Golden State (Chine) – Waterleau (Bel-
Française de Développement entre 1999 et 2001, a per- gique) – Sotradema (Maroc) – Eusebios (Portugal) –
mis aux bénéficiaires de tester de nouveaux procédés de Mesquita (Portugal), pour une enveloppe globale de 781
fabrication, qui leur ont permis de réduire les rejets en Millions de Dirhams. Un montant supplémentaire de
chrome et en nickel de près de 70%. 300 Mdhs est dédié à l’exploitation de la station pen-
D’un autre côté, un projet est en cours d’achèvement dant dix années.
pour la réalisation de bassins de stockage au niveau de Le financement du projet est assuré par le Ministère de
ces unités, afin d’éviter le rejet direct des eaux polluées l’Intérieur, le Secrétariat d’Etat de l’Energie et de l’Eau
dans le réseau d’assainissement. Ce projet est financé dans le cadre du Programme National d’Assainissement,
conjointement par les tanneurs, le FODEP et l’ABH du un consortium de banques marocaines et la RADEEF
Sebou. selon le montage ci-après :
- Etat (subvention PNA) : 180 Mdhs
- Emprunts - Prêt au profit de la RADEEF + FEC : 440 Mdhs
- RADEEF - autofinancement : 161 Mdhs

HTE N° 155 MARS 2013 36


Figure n° 17 : Vue aérienne de la STEP de Fès

Figure n° 18 : Localisation des équipements de la STEP


1. Prétraitement (Dégrillage+dessablage+ déshuilage) 7. Digesteurs
2. Décanteurs primaires 8. Filtres à bandes
3. Basins d’aération 9. Unité de chulage
4. Décanteurs secondaires 10. Aire de stockage
5. Epaississeurs de boues primaires 11. Unité de cogénération de biogaz
6. Flotateurs de boues secondaires 12. Torchère

37 HTE N° 155 MARS 2013


La mission de contrôle et de suivi des travaux est assu- la stabilisation des matières organiques. Il est assuré
rée par le bureau d’études spécialisé IGIP. grâce à l’activité biologique d’une forte population
bactérienne qui se multiplie en respirant de l’oxygène
La STEP de Fès, permettant un traitement primaire et
fournis artificiellement et en consommant les matiè-
secondaire, est du type boues activées à moyenne charge
res organiques.
et comprend deux filières de traitement : Eaux et boues.
La capacité de traitement est de 130.000 m3/j permet- • Clarification : Le rôle de la décantation secondaire
tant un abattement de la pollution de 85%. (ou clarification) est d'assurer une séparation satisfai-
sante de la biomasse (boues) et de l'eau traitée et de
Elle est composée des principaux ouvrages suivants : permettre un premier épaississement des boues biolo-
- une arrivée des eaux usées, un dégrilleur grossier et giques décantées.
une station de pompage des eaux usées à l’entrée de Filière Boues
la station ;
- 8 dégrilleurs fin ; • Epaississement des boues primaires: les boues en
- 4 dessableurs – déshuileurs, de dimensions l = 5,7 m, provenance des décanteurs primaires sont admises
L = 31,3 m, h = 6,85 m ; dans les épaississeurs au fond desquels les particules
- 4 décanteurs primaires, de dimensions l = 21 m, L = les plus lourdes se concentrent.
21 m, h = 4 m ; • Aéroflottation des boues secondaires : Le prin-
- 4 bassins biologiques, de dimensions l = 46 m, L = cipe de ce procédé consiste à faire monter la boue
60 m, h = 4 m ; biologique issue des clarificateurs à la surface d’un
- 8 clarificateurs, de dimensions Diam = 40 m, h = 4 ouvrage cylindro-conique en utilisant de fines bulles
m; d’air. Il s’agit d’un procédé efficace d'épaississement
- 2 épaississeurs, de boues primaires de dimensions des boues secondaires
Diam = 21 m, h = 5 m ; • Digestion : Le digesteur, encore appelé fermenteur
- 2 flotatteurs, de boues secondaires de dimensions ou bioréacteur-anaérobie, est généralement constitué
Diam = 11 m, h = 3 m ; d’une cuve fermée, étanche à l’air et de préférence
- 1 bassin tampon, des boues avant digestion de dimen- isolée thermiquement de l’extérieur dans laquelle les
sions Diam = 16 m, h = 4 m ; microorganismes se côtoient pour dégrader chimi-
- 4 digesteurs, de dimensions Diam = 29,5 m, h = 12 m ; quement et biologiquement les boues (épaissies+
- 1 stockeur des boues digérées, de dimensions Diam = flottées), de les stabiliser en diminuant leur pouvoir
16 m, h = 8 m ; fermentescible et de produire du biogaz.
- 6 ouvrages pour la déshydratation des boues, de di-
• Déshydratation: Les boues digérées sont transfé-
mensions l = 27 m, L = 50 m ;
rées du digesteur à la déshydratation qui constitue
- un hall de stockage des boues (l=100 m, L=100 m) ;
la dernière étape de réduction du volume des boues.
- un système de cogénération du biogaz ;
Elle s’opère sur des boues épaissies, stabilisées, en
- une torchère ;
vue d’une élimination poussée de leur humidité ré-
- un bâtiment d’exploitation, équipé d’un laboratoire
siduelle.
d’analyses.
• Chaulage : Un chaulage des boues sera réalisé pour
Filière Eau éviter que les boues déjà stabilisées par la digestion
ne fermentent pendant leur stockage
• P
 rétaitement : Au cours de l’opération, l’eau est dé-
barrassée des déchets les plus volumineux. • Stockage : Le stockage des boues déshydratées assu-
re un lien souple entre la fin du traitement des boues
• Dessablage-déshuilage : Les sables se déposent au et l’acheminement de celles-ci vers la décharge pu-
fond du bassin et sont évacués par des racleurs. Les blique (sachant que des réunions et séances de tra-
graisses de surface, quant à elles, sont raclées puis re- vail ont été effectuer avec des Associations des Uti-
foulées vers les installations de traitement des boues lisateurs d’Eau (AUE)au niveau de moyen Sebou en
pour y être épaissies. vu d’une utilisation de cette boue au niveau de leurs
• Décantation primaire : Les particules encore vi- terres cultivantes). Ce stockage est assuré sur une
sibles dans les eaux usées se déposent au fond des aire équipée d’un réseau de reprise des lixiviats et la
décanteurs. Les boues (agglomération des particules) capacité de stockage sur site est fixée à 3 mois.
sont raclées puis envoyées vers des épaississeurs.
• Traitement biologique (Bassins d’aération) : a
pour objet de poursuivre l’épuration des effluents
afin d’assurer l’imputrescibilité de l’effluent grâce à

HTE N° 155 MARS 2013 38


Il est important de préciser que la station comprendra
une unité de cogénération de l’énergie électrique à partir
du biogaz produit par les digesteurs ; elle constitue à cet
effet une première à l’échelle nationale.
Une partie (50%) de la consommation électrique de la
station, évaluée à 10 Millions de Dirhams par an, est
donc produite sur place ; ce qui la rend éligible au mé-
canisme de développement propre mis en place par le
protocole de Kyoto pour la réduction des gaz à effet de
serre.
Figure n° 19 : Ouvrages de prétraitement La STEP de Fès contribue ainsi à une réduction de
100.000 tonnes équivalent CO2 par an.
D’un autre côté, les boues seront stockées dans un
premier temps dans le hall dédié à cet effet avant leur
transfert à la décharge publique. Des discussions sont en
cours pour leur utilisation comme combustible.
La STEP aura un impact considérable sur l’amélioration
de la qualité des eaux de l’oued Sebou, comme le mon-
tre la figure ci-après ; elle permettra ainsi :
• d ’une part, une potabilisation au niveau des prises
d’eau de l’ONEE/BE située à 88 kms à l’aval (eau de
Figure n° 20 : Réalisation des clarificateurs classe 1A/1B) ;
A ce stade, les travaux sont achevés et la mise en service • d ’autre part, une irrigation immédiate à l’aval (eau de
est prévue à l’été 2013. classes 2 et 3) ;
• e nfin, une amélioration certaine des conditions écono-
miques et sanitaires des habitants à l’aval.

Figure n° 21 : Gazomètres

Figure n° 22 : Qualité de l’oued Fès après épuration

39 HTE N° 155 MARS 2013


4.4 – Perspectives Le programme de dépollution industrielle, réalisé avec
l’appui des autorités locales et des organismes de tutel-
Le site de la station de traitement comporte le terrain né-
le, constitue une étape essentielle de la dépollution de
cessaire pour son extension future. Avec l’augmentation
l’oued Sebou et permet une élimination à la source de
des volumes rejetés, la RADEEF entamera les études
la pollution industrielle qui est particulièrement nocive
et la réalisation des modules complémentaires pour le
pour le milieu naturel.
traitement des eaux usées.
Par ailleurs, la station d’épuration des eaux usées de la
Par ailleurs, une étude est en cours par le Secrétariat
ville de Fès qui entre dans le cadre du Programme Na-
d’Etat de l’Energie et de l’Eau pour analyser les possibi-
tional d’Assainissement et dont la mise en service sera
lités de réutilisation des eaux usées.
effectuée prochainement, représente l’ouvrage de trai-
CONCLUSION tement le plus important à l’échelle nationale et s’ar-
ticulant en plus dans le mécanisme de développement
Le secteur de l’assainissement liquide de la ville de Fès propre.
a connu une évolution importante ces deux dernières dé-
cennies, avec la prise en charge par la RADEEF de sa Toutes ces actions, ainsi que celles programmés par la
gestion. RADEEF dans son plan d’investissement, ont un impact
bénéfique sur l’environnement à travers :
Des travaux considérables ont été réalisés aussi bien
pour la réhabilitation des collecteurs existants que pour - la réduction des nuisances dans l’ancienne médina et
le renforcement et l’extension des réseaux de collecte. à proximité des oueds ;
L’adoption de nouvelles techniques de pose, telles que - la collecte de l’ensemble des effluents de la ville de
les pousse-tube ou bien le chemisage de l’intérieur des Fès ;
collecteurs a été favorisée, afin de réduire la gêne occa-
sionnée par l’ouverture des tranchées en milieu urbain. - l’élimination des débordements des eaux usées ;
De même, près de 1000 branchements au réseau d’assai- - la réduction des inondations en période pluviale ;
nissement ont été accordés par la RADEEF aux citoyens - la réduction des éléments nocifs et l’élimination de la
des quartiers sociaux à un coût réduit, et ce dans le cadre charge polluante déversée dans l’oued Sebou.
de l’Initiative Nationale de Développement Humain.

HTE N° 155 MARS 2013 40

Vous aimerez peut-être aussi