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Rapport de Visite à la station

d'épuration des eaux usées


de Fès

Réalisé par :
Abdelhadi Hellal
Encadré par :
Nadia Katir
Introduction
Le présent document rassemble l’ensemble des notes que nous avons prise durant notre
visite à la station d’épuration des eaux usées de Fès. Cette sortie a été encadrée par Madame
Nadia Katir, la responsable du module de traitement des eaux usées. Après plusieurs
séances de cours sur le traitement des eaux usées surtout de type domestique et les différents
enjeux de ce processus qui constitue une alternative très importante pour un
développement durable et vert, la réalisation d’une visite vers une station d’épuration
s’est avérée nécessaire. Le traitement biologique en plus de son importance écologique
(épuration naturelle ou semi-naturelle) a des intérêts économiques aussi puisqu’elle
demande moins d’investissements par rapport aux traitement physiques et chimiques. Ce
cours nous a permis d’apprendre les aspects techniques et pratiques de ce type de
traitement ainsi que son mécanisme de fonctionnement qui demande des connaissances
profondes dans différents domaines variés dont, entre autres, la microbiologie, le génie civil, le
génie des procédés etc. la sortie que nous avons effectuée était un exemple concret de ce que
nous avons vu dans le cours. Une station a boues activées qui se base dans son
fonctionnement sur une boue (des bactéries) activée par des processus d’aération et
d’enrichissement en biomasse constitu e une a lternative biologique très
intéressante pour l’épuration des eaux usées domestiques pour une meilleure protection des
milieux naturels récepteurs. Son principe est totalement biologique et elle peut épurer a 95%
les rejets avant de les déverser surtout si elle est équipée pour faire un traitement tertiaire
pour l’élimination de l’azote et le phosphore qui causent le phénomène d’eutrophisation.
La station de Fès est une station très importante à l’échelle nationale, elle couvre une
superficie de 14ha et possède de grands ouvrages qui traitent un débit moyen journalier
de 155400m3/j avec une charge moyenne en DBO 5 de 72 tonnes par jour. Sa mise en service
a eu lieu en 2014, et depuis, on note une réduction de la pollution de l’oued de Sebou qui
est l’objectif de la réalisation de cette station. Pourtant, cet oued qui est d’une grande
importance écologique et socioéconomique au Maroc puisqu’il traverse une grande
région depuis le moyen Atlas jusqu’à la ville de Kenitra, reçoit encore des rejets pollués
de différentes sources ce qui demande une grande ambition de la part du gouvernement
pour la multiplication des STEPs sur l’impluvium de Sebou et aussi un control rigoureux
de rejets de types industriels et la pollution agricole.
Dans ce rapport, je présenterai la STEP a boues activées, la RADEEF en tant que responsable
sur cette STEP, puis dans une autre partie on va essayer de décrire son fonctionnement en
fonction de ce que nous avons pu noter des explications qui nous ont étés apportées par les
ingénieurs en charge de contrôle de la STEP.
Notre visite a été effectué le Mercredi 25 Mai 2022, matin, puis après la mise de dossards et
de casques, chaque sous-groupe est parti dans une tournée qui a commencé par le point
d’entrée de l’eau usée brute, puis les ouvrages de prétraitement, les ouvrages du traitement
primaire et secondaire. Après, un coup d’œil a été jeté sur les ouvrages consacrés à la filière
boue, au niveau desquels les boues subissent une déshydrations et une digestion pour la
production du biogaz. Ce dernier est stocké dans des gazomètres avant d’être transféré
au Co générateur pour la production de l’énergie électrique utilisée par la STEP même.

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Présentation de la station d’Epuration des eaux usées de Fès
La station s’étend une superficie totale de 14 ha, dans la région située dans la province
de Moulay Aqoub dans le Nord-ouest de la ville de Fès. La station recueille les rejets
domestiques de la ville de Fès toute entière. L’objectif principal de la réalisation de cette
station est de réduire la pression polluante sur l’oued Sebou qui constitue le milieu récepteur
de tous les rejets de la zone. Ainsi, le projet s’inscrit dans le programme
d’assainicement et traitement des eaux usées (PNA), qui a été lancé par le
ministère de l’environnement en 2005. Le projet de la réalisation de la station a été mis
sur la responsabilité de la régie autonome de la distribution de l’eau et l’électricité de
Fès (RADEEF).
La station d’épuration des eaux usées de Fès, est une station a boues activées moyenne
charge, elle utilise des processus biologiques pour l’élimination des charges polluantes. Elle a
été dimensionnée pour 1.2 milliard d’Equivalent habitant (EH) avec un débit moyen
journalier de 155 400 m3/j soit 57 m3 annuellement. La charge polluante en DBO5 est
d’environ 64 tonnes/j. ce qui explique la dimension des ouvrages qui ont étés mis en place au
niveau de la station. La station traite deux filières ; la filière eau qui doit être traitée et
déversée dans le bassin de Sebou, cette eau peut être utilisée par la suite dans l’agriculture,
puis la filière Boue, qui est le résultat du traitement de l’EU. Cette boue subit une
digestion anaérobie dans de grands bioréacteurs pour produire le biogaz. Ce biogaz est
destiné à la production de 50% des besoins du step en énergie électrique. Il s’agit donc
d’une énergie propre et durable qui s’ajoute aux impacts positifs de cette step sur
l’environnement. La boue résultante après la digestion est transportée vers la décharge
de Fès. Pourtant cette boue peut être valorisée en compost, un projet qui est, d’après le
responsable de la station en cours d’étude et peut voir le jour prochainement.
Présentation de la RADEEF
La Régie Autonome intercommunale de Distribution d'Eau et d'Electricité de la wilaya de Fès
(RADEEF) est un établissement public à caractère industriel et commercial, doté de la personnalité
morale et de l’autonomie financière, placé sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur.
La RADEEF a été créée par délibération du conseil municipal de la ville de Fès en date du 30 avril
et 29 août 1969 en vertu du Dahir n° 1.59.315 du 23 Juin 1960 relatif à l’Organisation communale, et
ce après l’expiration du contrat de concession dont bénéficiait la Compagnie Fassie d’Electricité
(CFE) au titre de la distribution de l’énergie électrique.
La Régie est chargée d’assurer, à l’intérieur de son périmètre d’action, le service public de distribution
d’eau et d'électricité, elle est également chargée de l'exploitation des captages et adductions d'eau
appartenant à la ville.
A compter du 1er Janvier 1996, la RADEEF a été chargée de la gestion du réseau d’assainissement
liquide de la ville de Fès en vertu de l’arrêté du Ministre de l’Intérieur n° 2806-95 du 3 Juin 1996
approuvant les délibérations du conseil de la Communauté Urbaine de Fès et des conseils
communaux relevant de cette communauté, lesquelles délibérations ont chargé la RADEEF de la
gestion du réseau d’assainissement liquide de la ville de Fès.
Actuellement, la RADEEF assure la distribution de l’eau et de l’électricité ainsi que la gestion du
réseau d’assainissement liquide l’intérieur de la ville de Fès
Le fonctionnement de la STEP
La station d’épuration de Fès, s’étend sur 14 ha. Et comprend plusieurs ouvrages dont on peut
distinguer deux types selon la filière. La station traite trois filières qui sont : l’eau, la boue et le
biogaz.
Eau

Station de pompage, prétraitement (dégrillage + dessablage-déshuilage), décantation


primaire, traitement biologique avec aération de surface, décantation secondaire.

Boue

Epaississeurs des boues primaires, flotateurs des boues secondaires, digestion des boues
mixtes, déshydratation avec des filtres à bandes, chaulage

Biogaz

Extraction du biogaz des digesteurs, désulfurisation, stockage au niveau des


Gazomètres, cogénération du biogaz pour obtention de la chaleur et de
L’électricité (plus de 50% des besoins propres de la STEP)

Figure 2 : les différents ouvrages au niveau de la STEP pour chaque filière

La RADEEF a également mis en place un laboratoire d'analyse au sein de la station


d'épuration. Il permet entre autres de mesurer différents indicateurs relatifs à la qualité de
l'eau avant, pendant et après le traitement. À travers ces différents contrôles, la RADEEF
s'assure que l’eau épurée respecte les normes de qualité en vigueur.
La filière Eau
L’eau usée brute arrive à la station au niveau de la station de pompage, cette dernière
pompe cette vers les dégrilleurs qui éliminent grâce à leurs grilles des particules
grossières comme les bouteilles, les morceaux de bois, des canettes, et toute sorte de
déchets grossiers. Après, l’eau passe aux racleurs qui permettent l’élimination des huiles
(déshuilage ou dégraissage). Les graisses éliminées sont récupérées et transférées aux
bassins de stockage des boues. Après le déshuilage, l’eau usée passe au niveau des tamis à
mailles fines qui éliminent les sables fins avant d’être déversée dans des bassins lamellaires
de décantation primaire, au niveau desquels une bonne partie de la matière en suspension
est sédimentée vers le fond des bassins. Il s’agit de la boue primaire qui est stockée dans le
bassin d’épaississement avant de rejoindre les digesteurs.
Après la décantation primaire, l’eau prétraitée passe directement aux bassins de
d’aération. Ces derniers sont l’essentiel de la station et c’est là où la charge polluante dissoute
est éliminée par les bactéries aérobies. Deux grands bassins de 4 mètres de profondeurs
effectuent ce fameux travail dont chaque bassin comprend 12 compresseurs permettant
une aération optimale. Ces compresseurs ne sont pas tous en service en même temps car ils
sont programmables pour se mettre en service quand la concentration en oxygène dans le
milieu baisse. Ce que permet de maintenir une concentration suffisante dans les bassins
continuellement. Les eaux prétraitées avant d’être déversée dans ces bassins subissent un
enrichissement en biomasse qui provient des bassins de décantation secondaire dont on va
parler par la suite. Cette
Les différents ouvrages 5
Biomasse est plus adaptée et plus robuste et permet une meilleure digestion de la matière
en suspension dans l’eau.
Les eaux dans les bassins d’aération montrent une couleur brune avec une mousse dense a la
surface. Cette mousse à l’odeur des savants et résulte le la présence de grande concentration
en phosphates. La couleur brune est un signe de conformité des bactéries et d’un
fonctionnement optimal du processus de l’épuration.
Après un séjour suffisant dans le bassin ces bassin, les eaux passent directement aux
clarificateurs ou les décanteurs secondaires. La station compte 8 décanteurs secondaire,
quatre pour chaque bassin. Ces clarificateurs comme la montre l’image ci-dessus, ont une
forme circulaire et ils sont équipés de racleurs qui tourne sur la surface pour éliminer les flocs
qui flottent sur l’eau. Le rôle des clarificateurs est de séparer l’eau de la boue. L’eau
circule très lentement ce qui permet la décantation de la boue au fond. L’eau déborde
donc le clarificateur est se diverse dans une canalisation qui le ramène directement vers
l’oued Sebou. Mais la b o u e q u i a décanté au fond est soutirée et transférés v e r s les
c h a m b r e s d’épaississement des boues secondaire. Une partie de la boue décantée au
niveau des clarificateurs est recirculée vers le bassin d’aération comme nous l’avons
mentionnée au paravent.
Chaque jour, le laboratoire de la station effectue des analyses de l’eau traitée afin de
déterminer son degré de pollution. La station élimine en moyenne 85% de la pollution
organique de ces eaux avant de les déverser dans l’oued Sebou. Malheureusement, la station
n’est pas équipée d’ouvrages pour le traitement tertiaire.
La boue
La production de la boue commence avec les premières étapes du traitement, le
dégrillage et le déshuilage. Après, une grande quantité de la boue résulte de la
décantation primaire et constitue avec la précédente la boue primaire. Cette boue
passe aux bassins d’épaississement des boues primaires. De grandes quantités de
boues secondaires sont soutirées des clarificateurs et passent aux Aéro-flotateurs.
Après, les boues primaires et secondaires sont malaxées et transférés dans les digesteurs
anaérobies au niveau desquels les bactéries anaérobies fermentent la matière organique et
produisent le biogaz. Après la digestion aérobie qui constitue une étape clé du processus,
les boues sont transférées aux bassins de déshydratation par filtre à bondes. Dans ces
bassins, les boues sont déshydratées puis rejetées dans le lieu de stockage depuis lequel, des
véhicules les transportent directement vers la décharge de Fès.
La quantité de boue définitive produite par jour est énorme. Ces boues sont continuellement
rejetées dans la décharge, pourtant elles peuvent être valorisées et compostées pour produire
des amendements agricoles.
Le Biogaz
Comme nous l’avons mentionné au paravent, les boues mixtes fermentescibles sont digérées
au niveau des digesteurs pour produire le biogaz. Cette digestion consiste en une
Fermentation anaérobie de la matière organique par les bactéries anaérobies. Il s’agit
d’une réaction métabolique de base accomplie par les bactéries chimioorganotrophes tel
que Methanobacterium et Methanobacilus selon la formule suivante : matière organique
 CH4+CO2. Le biogaz produit au niveau des digesteurs n’est pas pur, il contient une
bonne concentration du gaz sulfurique (H2S) qui est un composé corrosif qui peut altérer
les matériaux, aussi c’est un gaz mortel et s’il passe au Co générateur il se transforme en SO 2
qui est un GES puissant, de vapeur d’eau (H 2O) et de dioxyde de carbone (CO2). Pour passer
au Co générateur, il va donc falloir éliminer le H 2S et la vapeur d’eau. Le CO 2 ne constitue
la désulfurisation. Au niveau de ce réacteur, des bactéries désulfureuses comme des
thiorhodacées et des thiobactériacées éliminent le sulfure d’hydrogène en présence de CO 2 et
la lumière et produit du soufre qui se précipite sur des supports synthétiques renouvelables.
L’élimination de la vapeur d’eau se fait par un humidificateur.
Le biogaz résultat est stocké dans deux grands gazomètres de forme sphérique avant de
passer au Co générateur qui va le transformer en Energie électrique et énergie thermique sous
forme de chaleur. Cette énergie est investie sur place pour palier 50 à 70 % des besoins
de la station tout entière en électricité. L’énergie chimique est ainsi utilisée pour chauffer
les bassins et les digesteurs. Ce qui constitue un gain très important à l’origine de la
pollution organique.
Ce choix permet de réduire de façon significative les émissions de gaz à effet de serre (GES)
en captant près de 15.000 m³/j de méthane pour produire environ 22 millions
KWh/an d’électricité. La réduction des gaz à effet de serre est estimée en moyenne à
103.000 tonnes CO2/an rendant le projet éligible au Mécanisme de Développement Propre.

Quelque photos prises pendant la visite

Les pompes clarificateur

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Bassin d’aération aérateur
dégrilleurs gros

Stockage de la boue primaire gazomètre :stockage de biogaz

Stockage des boues avant dégrillage fin


de les transporter vers la décharge
Conclusion

La station d’épuration des eaux usées de Fès est, nous dirions, une fierté pour le
Maroc et à la ville de Fès en particulier. Car il s’agit d’un projet énorme qui répond
aux critères internationaux et dans lequel sont utilisées des technologies actuelles
très poussées. C’est une preuve en fin de compte que le Maroc est un pays
conscient, soi-disant, de l’importance de l’environnement et la nécessité d’agir pour
sa préservation.
La visite que nous avons effectuée au niveau de cette station est très intéressante
pour notre formation. Nous avons pu voir sur le champ l’ensemble des aspects que
nous avons abordés dans le cours, depuis le principe de d’épuration par des
bactéries jusqu’au paramètres de dimensionnement des différents ouvrages.
Merci à notre professeur, Mm Nadia Katir pour son
accompagnement, sa qualité de formation et ses
qualités humaines.

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