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américains. En effet, la détérioration des conditions de dominer l’Asie est plus important que tout ce qui
dans l’environnement de sécurité mondial laisse se passe en Europe. Pour être franc : Taïwan est plus
présager le contraire. » important que l’Ukraine. »
Même s’il se déclare en faveur d’un soutien à
l’Ukraine pour préserver sa souveraineté face aux
menaces russes, il juge que les intérêts américains
ne justifient pas d’entrer en guerre avec Moscou.
L’essentiel, souligne-t-il, est de faire face à la
principale menace des États-Unis : la Chine.
Taïwan plus important que l’Ukraine Des soldats américains dans un avion KC-46 Pegasus. © EYEPRESS NEWS /AFP
Un article publié par le Wall Street Journal Si, comme le souligne le New Yorker, Josh Hawley
dimanche 13 février et signé par deux membres de est haï par le camp démocrate pour son soutien
think tanks conservateurs – dont un ancien stratège aux manifestants qui ont envahi le Capitole le 6
du département de la Défense sous Donald Trump janvier 2020 dans la capitale états-unienne, sa prise
– plaide dans le même sens. Elbridge Colby et de position sur la crise ukrainienne a reçu une écoute
Oriana Skylar Mastro estiment que « les États-Unis attentive parmi ses opposants.
ne peuvent plus se permettre d’étendre leur armée à
Alors que la porte-parole de la Maison-Blanche,
travers le monde ». « La raison est simple : une Chine
Jen Psaki, accusait Hawley de « répéter comme un
de plus en plus agressive », écrivent-ils. Plutôt que
perroquet les arguments russes », ce dernier a reçu
de se laisser « distraire » par l’Ukraine, Washington
l’appui du conseiller sur les affaires étrangères du
devrait plutôt se concentrer sur Taïwan, un autre lieu
sénateur Bernie Sanders, Matt Duss, qui a tweeté :
de tensions géopolitiques.
« Hawley est affreux, mais ce sont le même genre
Et les deux analystes renvoient les Européens à leurs d’accusations que l’administration Bush a portées
responsabilités, car, jugent-ils, « c’est tout à fait à contre les critiques de la guerre en Irak. »
la portée de l’Europe, car la puissance économique
Bernie Sanders, lui, s’est d’abord exprimé dans le
combinée des États de l’OTAN éclipse celle de la
Guardian, se déclarant partisan de la « finlandisation
Russie ». « Les États-Unis doivent rester attachés à
» de l’Ukraine – une éventualité rejetée fermement par
la défense de l’OTAN, mais ménager ses ressources
les dirigeants ukrainiens –, puis au Sénat.
essentielles pour le combat principal en Asie, et à
Taïwan en particulier. Refuser à la Chine la capacité Bernie Sanders, sénateur
Soulignant la nécessité de trouver une solution
diplomatique, il a rappelé dans son intervention les
précédents historiques au Vietnam, en Afghanistan
et en Irak : « L’intervention militaire au Vietnam
a démarré lentement, les guerres en Afghanistan
et en Irak plus rapidement, mais ce qu’elles ont
eu en commun c’est que l’establishment chargé de
la politique étrangère insistait sur le fait qu’elles
étaient nécessaires, qu’il n’y avait aucune alternative
à l’escalade et à la guerre. Et bien, il s’avère qu’ils se
sont trompés. Et des millions d’innocents en ont payé
le prix. »
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Pour lui, Vladimir Poutine, qui s’est emparé d’une Certains rappellent aussi que des experts de la Russie
partie de l’Ukraine en 2014, porte sans conteste ayant servi dans les administrations successives depuis
la responsabilité de la crise actuelle et désormais la chute du mur de Berlin ont mis en garde contre
« menace de s’emparer du pays tout entier et de tout hubris américaine et les conséquences d’une
détruire la démocratie ukrainienne». Cependant, il expansion de l’OTAN aux anciens pays du bloc
s’inquiète de l’atmosphère belliciste à Washington et soviétique.
de l’incapacité de « reconnaître les racines complexes Dans le New York Times, une ancienne conseillère
de la tension dans la région [qui] sape la capacité des diplomatique de George W. Bush a raconté la colère
négociateurs à obtenir une résolution pacifique ». de Poutine en 2008 après la décision du sommet de
Il estime ainsi nécessaire de prendre en compte les l’OTAN d’ouvrir la voie à l’adhésion de la Géorgie
craintes russes envers l’expansion de l’OTAN – « et de l’Ukraine et que son équipe avait averti le
Évidemment, l’invasion par la Russie n’est pas une président américain « que M. Poutine considérerait les
réponse ; ni l’intransigeance de l’OTAN » –, rappelant mesures visant à rapprocher l’Ukraine et la Géorgie
que les États-Unis dans le cadre de la doctrine Monroe de l’OTAN comme une provocation qui provoquerait
se sont donné le droit d’intervenir dans sa zone probablement une action militaire russe préventive ».
d’influence : au moins une douzaine de gouvernements « Mais finalement, nos avertissements n’ont pas été
ont été renversés ou affaiblis par Washington dans ce entendus. »
cadre...
Comme l’a rappelé le commentateur politique
Pour lui, la solution résiderait donc dans la « Peter Beinart, l’actuel directeur de la CIA William
finlandisation » de l’Ukraine. « Il est important de Joseph Burns, spécialiste de la Russie et ancien
reconnaître, par exemple, que la Finlande, l’un des ambassadeur à Moscou, qui s’est rendu en novembre
pays les plus développés et les plus démocratiques dans la capitale russe pour rencontrer Vladimir
du monde, borde la Russie et a choisi de ne pas Poutine, a cité dans ses mémoires publiés il y
être membre de l’OTAN. La Suède et l’Autriche sont a deux ans un mémo qu’il avait écrit alors qu’il
d’autres exemples de pays extrêmement prospères et était conseiller politique à l’ambassade à Moscou en
démocratiques qui ont fait le même choix. » 1995 : « L’hostilité à un élargissement précoce de
Un regroupement hétéroclite anti-« blob » l’OTAN est presque universellement ressentie dans
Toutes ces « colombes » forment, selon le New Yorker, tout le spectre politique intérieur ici. »
un regroupement hétéroclite anti-« blob », selon la Puis, sur la question de l’extension de l’adhésion à
formule utilisée en 2016 par le conseiller de Barack l’OTAN à l’Ukraine, ses avertissements sont clairs
Obama, Ben Rhodes, pour désigner la communauté dans une note adressée en 2008 à la secrétaire
réunissant « les analystes de la politique étrangère d’État de l’époque, Condoleezza Rice : « L’entrée de
de l’après-guerre froide, les sous-traitants de la l’Ukraine dans l’OTAN est la plus brillante de toutes
défense, les journalistes et les dirigeants politiques qui les lignes rouges pour l’élite russe (pas seulement
semblaient toujours d’accord, aux moments de tension Poutine). » Alors que le président George W. Bush
internationale maximale, qu’un peuple opprimé était se déclarait prêt à accueillir l’Ukraine dans l’OTAN,
en péril, que la liberté était en jeu et que des missiles Burns s’inquiétait, jugeant que « cela créerait un
anti-aériens devaient être envoyés ». terrain fertile pour l’ingérence russe en Crimée et
Parmi ces anti-« blob », on retrouve désormais des dans l’est de l’Ukraine ». Encore une fois, ces conseils
figures conservatrices ou progressistes, « des faucons n’ont pas été entendus par George W. Bush.
sur la Chine, des réalistes doctrinaires, des anti-
impérialistes et des gens épuisés par les guerres
éternelles ».
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