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Le Chalet Mirande, le Jardin Botanique (bas de la photographie) et le massif de la Meije, P. Renault, 20/06/2011
Pierre Renault
Etudiant en Master 1 - Paysage
Institut National d’Horticulture et du Paysage, Agrocampus-Ouest - Centre d’Angers.
1
Résumé
Le Jardin Botanique Alpin du Lautaret est géré par la Station Alpine Joseph Fourier (SAJF). Ses
membres souhaitent réaliser, d’ici quelques années, un aménagement paysager dans le but de donner
du volume à la partie du Jardin Botanique relative à la flore des Alpes et d’aborder le fonctionnement de
différents milieux écologiques présents aux alentours du col du Lautaret. Il s’agit de créer de nouvelles
rocailles, à partir d’une transposition des milieux naturels, de manière à pouvoir cultiver certaines espèces
spécifiques (espèces des combes à neige, des éboulis, des bas-marais, etc.). Cette zone serait ensuite
mise en avant comme support pédagogique, afin de présenter le fonctionnement des milieux écologiques
du Lautaret dans leurs habitats naturels au grand public. L’étude menée durant 12 semaines présente le
projet de l’aménagement, qui intégre trois axes : sa conception, la transposition écologique des milieux
représentés et une estimation globale du coût du projet.
/ Abstract
The Lautaret Alpine Botanical Garden is managed by the Joseph Fourier’s Alpine station. Its
members aim to realize a landscape planning in the area of the Garden dedicated to the flora part of the
alps, by the end of the next five years. The main objective of the project is to give to this part of the garden
more volume and attractiveness while taking into account the functioning of several ecosystems present
wild in the Alpes around the garden. It implies the creation of new ecosystems by transposing the natural
ones in order to grow their representative species (snow-beds, fallen rocks, wetland species, etc.). This
area will be used to educate the public on the natural Lautaret’s ecosystems operating. The following
survey includes three higlights: landscape planning, the ecological transposition of natural ecosystems
and basic cost estimation of the project.
/ Mots clés : Jardin Botanique, flore des Alpes, aménagement paysager, milieux écologiques,
transposition écologique
Introduction
Le Jardin Botanique Alpin du Lautaret, situé au col du Lautaret à 2100 mètres d’altitude, est
rattaché à la commune de Villar-d’Arène située dans le département des Hautes Alpes. Créé en 1899, il
est géré par la Station Alpine Joseph Fourier (SAJF) depuis 2005. Celle-ci, pilotée par l’Université Joseph
Fourier (UJF) et le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), intègre l’arboretum Robert
Ruffier-Lanche à Grenoble, le Chalet-laboratoire du Lautaret et le Jardin Botanique Alpin du Lautaret. Ce
dernier associe accueil du public, formation de stagiaires et expertise botanique et horticole au service
de la recherche.
Le Jardin Botanique est constitué d’une cinquantaine de rocailles qui présentent la flore des
différentes montagnes du monde ; la zone relative à la flore des Alpes (Figure 1) étant présentée par
milieux écologiques (rochers, éboulis, combe à neige, pelouses, milieux humides, etc.). Cette partie a été
aménagée il y a plusieurs dizaines d’années.
Aujourd’hui, la SAJF souhaite
réaménager entièrement cet espace
afin de présenter les différents
milieux de façon plus cohérente et
réaliste. La transposition écologique
des espaces reconstitués est
l’une des particularités de cet
aménagement. L’étude menée
consiste à proposer l’aménagement
paysager de cette zone depuis
sa conception jusqu’à sa mise en
œuvre, chiffrage compris. Ce travail
est réalisé en concertation avec les
jardiniers, botanistes et paysagistes
qui conseillent le Jardin Botanique et
les chercheurs travaillant au Lautaret
en écologie alpine. La réalisation de Figure 1 : Plan du jardin botanique, situation de la zone relative à la flore des Alpes ( )
l’aménagement n’est pas prévue
avant 5 ans. 2
Matériels et méthodes
Matériels
La zone d’étude
La zone relative à la flore des Alpes totalise une surface approximative de 2300 m² située au nord
du Jardin Botanique, à l’est de la zone expérimentale. Cette partie représente 1/10 de sa surface globale.
Elle est exposée plein sud sur le versant adret de la montagne de Chaillol.
Les personnes ressources
Le Jardin Botanique et le Chalet-Laboratoire partagent un même site géographique, ce qui
favorise les échanges permanents entre les deux structures. Ainsi, des acteurs divers rattachés aussi
bien au Jardin Botanique qu’au Chalet-Laboratoire (botanistes, paysagistes, chercheurs, pépiniéristes)
côtoient le Jardin chaque été. Cette multiplicité d’acteurs aux compétences variées participe activement
à l’évolution du Jardin Botanique et aux projets qui s’y rattachent. De ce fait, l’étude de l’aménagement
de la zone de présentation de la flore des Alpes ne pouvait être pertinente qu’en découlant d’un travail en
concertation et en collaboration avec eux. Ainsi, une dizaine de personnes ressources ont été sollicitées
durant l’étude.
Citons particulièrement Philippe Danton, botaniste correspondant du Muséum National d’Histoire
Naturelle et membre du Conseil Scientifique du Jardin Botanique, qui a participé activement à l’étude du
projet dans chacune des phases importantes (esquisse, conception, transposition écologique), apportant
son expérience en matière horticole et paysagère ainsi qu’un regard transversal extérieur au Jardin
Botanique.
Christophe Perrier (botaniste-animateur), Serge Aubert (directeur de la SAJF), Rolland Douzet
(botaniste du Jardin Botanique), Philippe Choler (chercheur au CNRS spécialiste des pelouses alpines,
membre du Conseil Scientifique du Jardin Botanique), Olivier Manneville (spécialiste des marais et
tourbières et membre de la SAJF) ont également apporté leurs compétences à l’étude par leur connaissance
des milieux et de leurs fonctionnements. Ils ont accompagné les sorties sur le terrain nécessaires à leur
appréhension.
Jean-Louis Latil (géologue-chercheur et pépiniériste) a contribué activement à la phase de
transposition des milieux afin d’élaborer des profils de sols (matière, granulométrie, arrosage, etc.) ;
il a apporté ses compétences de géologue et son expérience dans la culture de plantes en conditions
extrêmes.
Les outils de mesure
Le Jardin Botanique ne
possède pas de plan masse du
site. Les outils de mesure utilisés y
z
En ce qui concerne la topographie w
a
du site, les dénivelés ont été
relevés à l’aide de l’outil ci-contre
(Figure 2). Figure 2 : Outil de mesure de dénivelés. Figure 3 : Schéma de principe de mesure.
Photographie : P. Renault, 21/07/2011 P. Renault, 22/07/2011
Le schéma ci-dessus (Figure 3) illustre le principe de mesure avec cet outil. Sur une pente, le
fil à plomb crée un angle a avec l’horizontale ; cet angle a se retrouve entre l’horizontale et la verticale
par les angles correspondants puis alternes-internes. Ainsi, nous obtenons : X/Y = W/Z. Soit le dénivelé
W = (X.Z)/Y où les valeurs X, Z et Y sont mesurables aisément.
Ces phases ont été planifiées en distinguant les différentes tâches et un planning global a été élaboré
sur toute la durée de l’étude.
Une phase de recherche bibliographique a donc amorcé l’étude. De l’histoire du Jardin Botanique
depuis 1899 aux différents milieux écologiques décrits sur la région du Lautaret, cette phase a permis
de comprendre le contexte et d’appréhender la culture scientifique nécessaire à la compréhension des
milieux. Des sorties sur le terrain ont permis de faire le parrallèle entre les descriptions et une approche
visuelle plus concrète des milieux (substrat, humidité, pente, exposition, etc.).
Une phase d’esquisse a suivi. Les idées et positions de chaque acteur du Jardin Botanique sur le
projet ont été recueillies, discutées et développées, appuyées par des croquis qui ont nourri l’esquisse
globale (Annexe 1). Les milieux écologiques à représenter ont été définis en collaboration avec les
membres du Jardin Botanique à partir du Cahier illustré du Lautaret, partie 1, Eléments d’écologie alpine
(Aubert & al., 2011), ouvrage qui rassemble les différents milieux écologiques présents aux alentours du
Lautaret. Une réflexion autour de leurs caractéristiques (exposition, topographie, hydromorphie, etc.) a
permis de les situer dans l’aménagement. Cette phase d’esquisse a permis de recadrer le projet et de
faire émerger les véritables problématiques concernant sa vocation ; notamment la limite entre naturel
(milieux écologiques) et artificiel (contexte d’un Jardin Botanique). Plusieurs réunions en présence des
différents acteurs ont fait évolué l’esquisse de l’aménagement jusqu’à sa validation par tous.
Une phase de transposition écologique des milieux à représenter a été réalisée en parallèle de
la phase précédente. L’aménagement paysager envisagé au Jardin Botanique est un projet particulier.
Son originalité, due à la transposition de milieux écologiques alpins complexes au sein d’un jardin, le
situe comme précurseur dans le domaine. Aucune donnée d’expériences semblables n’a été trouvée.
Ainsi, la phase de transposition a fait appel à un certain nombre d’acteurs du Jardin Botanique et du
Chalet-Laboratoire (botanistes, paysagistes, chercheurs, pépiniériste) pour son élaboration. Chacun a
pu apporter ses compétences spécifiques et son expérience pour proposer des profils de sols artificiels
à chaque milieu. Citons principalement Jean-Louis Latil, Philippe Choler, Olivier Manneville et Philippe
Danton.
La dernière phase du projet a été d’estimer le coût global du projet. Une liste quantitative des
matériaux a été réalisée et a permis d’établir un devis sous forme de lots (terrassement, fourniture de
matériaux, mise en place des enrochements, arrosage, etc.). Celui-ci a servi de base pour les demandes
de prix auprès des fournisseurs afin d’arriver à un devis estimatif global pertinent. Différents professionnels
ont été sollicités et mobilisés au Jardin Botanique pour étudier la mise en oeuvre du chantier (type de
grue, accès, etc.) et ainsi associer des prix indicatifs aux différents lots. Des carrières ont été visitées afin
de visualiser les différentes roches potentielles à associer au projet.
4
Résultats
Les résultats de cette étude sont présentés ci-après. Ils se divisent selon trois axes que sont
l’étude paysagère du projet d’aménagement, l’étude technique de transposition écologique de chaque
milieu et l’estimation du coût du projet.
Figure 6 : Modélisation des reliefs, coupe Ouest > Est. Logiciel Autocad, P. Renault
7m
5m
3m
0m
Figure 8 : Modélisation des reliefs, coupe Nord > Sud
5
De la réflexion à la situation des milieux écologiques
Le Cahier illustré du Lautaret, partie 1, Eléments d’écologie alpine (Aubert & al., 2011) présente
les différents milieux écologiques présents aux alentours du Lautaret (différents types d’éboulis, de
communautés forestières, pelouses, prairies, falaises, marais, etc.). Sur cette base comptant trente-
quatre milieux, dix-huit ont été sélectionnés en collaboration avec les membres de la SAJF afin d’être
représentés au sein de la zone d’étude ; ils ont été choisis en fonction de leur intérêt scientifique (exemple
: combe à neige), leurs atouts paysagers (exemple : cascade et bords de ruisseaux) mais aussi en
fonction de leur possibilité d’adaptation et de transposition.
Sur ces dix-huit milieux sélectionnés sont retrouvés trois milieux rocheux (schisteux, calcaires,
siliceux) et leur éboulis. Cinq types de pelouses ont été choisis (pelouse rase, pelouse de crêtes, pelouse
à laîche et saule, pelouse d’affinité steppique, pelouse à fétuque violette et laîche). Une combe à neige à
saule herbacé permet de présenter les différences écologiques entre zones de combe et zones de crête.
Un espace de lande à airelles et à rhododendrons et un espace de lande à genévriers nains sont prévus.
La prairie à fétuque paniculée existante à l’ouest du Jardin Botanique est associée à un milieu et la pinède
actuelle est déplacée, également associée à un milieu. Enfin, une cascade permet le développement de
groupements de bords de ruisseaux et l’alimentation d’un bas-marais alcalin.
L’étude des milieux écologiques à partir de différents ouvrages (Aubert & al., 2011 ; Parc national
des Ecrins, 2007 ; Manneville & al., 2006 ; Lambert, 1996 ; Debelmas & al., 1999), a permis de définir pour
chaque milieu les principales caractéristiques abiotiques à prendre en compte pour leur reconstitution et
leur situation dans la zone. Deux exemples illustrent la réflexion qui a été menée :
(1) La combe à neige est un milieu écologique situé sur les cuvettes longuement enneigées et à sols
hydromorphes (Aubert & al., 2011, Op. cit. p.67) ; ainsi, le milieu a été situé en ubac, sous l’enrochement
calcaire haut de cinq mètres afin d’optimiser la durée d’enneigement au sein du Jardin Botanique et de
compenser l’effet de l’altitude sur celle-ci. De plus, le trajet de la cascade passe à proximité du milieu pour
rafraîchir la combe.
(2) La lande à genévrier nain est un milieu d’adret qui se développe en général sur substrat acide ou
alcalin à tendance xérophile sur sol drainant (Aubert & al., 2011, Op. cit. p.57) ; le milieu a cette fois ci été
situé en adret sur l’enrochement siliceux en mi-pente afin d’accentuer la capacité drainante du sol.
Le plan de situation ci-dessous (Figure 9) est donc le produit d’une réflexion selon trois facteurs
principaux : le substrat (roche mère alcaline ou siliceuse), l’exposition (adret ou ubac) et le degré de
drainage (pente ou en bas de pente). La surface associée à chaque milieu est fonction de la maintenance
demandée pour maintenir un équilibre artificiel ; ainsi les pelouses ont des surfaces limitées (entre un et
deux mètres carrés). En effet, il s’agit de milieux spécifiques très délicats à maintenir, où la compétition
d’espèces de l’étage subalpin (altitude du Jardin Botanique : 2100 mètres) représente une pression forte
sur le milieu.
15 cm 0-5 cm : grave calcaire la rivière 0/12 0-5 cm : mélange 0/20 mixte lavé
(“balthazar”) (“mélange à béton”)
5-15 cm : grave 0/31.5 concassé silice
calcaire Durance (“préparation routière”)
15 cm : pose d’un géotextile
Comme pour l’ensemble du Jardin Botanique, l’irrigation est intégrée au projet, cela à deux niveaux :
- l’alimentation en eau de la cascade, depuis le trop plein du réservoir gérant actuellement l’alimentation
des différents ruisseaux et marais du Jardin Botanique (situé au-dessus de l’arboretum) ;
- l’arrosage, distribué par des pompes à partir du chalet Mirande et relié au réseau d’eau potable.
Deux types d’arrosage ont été associés au projet : goutte-à-goutte sur les crêtes et en amont
des éboulis afin de conserver une humidité en profondeur du sol, aérien sur l’ensemble de la surface.
L’arrosage est divisé en sept secteurs distincts (trois pour le goutte-à-goutte, quatre pour l’aérien) pour
faciliter ainsi sa gestion différenciée via un programmateur. Les quatre secteurs aériens ont été définis
selon les besoins en eau des différents milieux (zones d’adret, d’ubac, arides, humides) ; ceux pour le
goutte-à-goutte selon les différences d’humidité et d’hydromorphie liées à la roche mère (schiste, calcaire,
silice). L’irrigation globale du projet est représentée sur les plans d’irrigation situés en Annexe 4. 7
L’etude technique de transposition écologique
L’étude technique de transposition écologique a permis de définir, pour chaque milieu, un profil
de sol artificiel pouvant être reproduit dans l’aménagement. Comme il a été précisé précédemment (cf.
paragraphe 5 p.4), cette étude n’a pas pu s’appuyer sur des publications existantes sur le sujet, aucune
expérience semblable n’ayant été trouvée ; son caractère original la situe comme précurseur dans le
domaine. Ainsi, la partie technique a fait appel à un certains nombres d’acteurs du Jardin Botanique et du
Chalet-Laboratoire (botanistes, paysagistes, chercheurs, pépiniériste) pour son élaboration.
Jean-Louis Latil, géologue-chercheur et pépiniériste, a pu apporter ses compétences et son
expérience en matière de culture de plantes des milieux extrêmes afin d’élaborer les profils de sols des
milieux minérals. Philippe Choler, chercheur au CNRS spécialiste des pelouses alpines, a participé à
la réflexion des profils de sols des pelouses alpines et subalpines et des prairies. Olivier Manneville,
spécialiste des marais et tourbières, a contribué à l’élaboration du profil du bas-marais alcalin. Enfin,
Philippe Danton a supervisé les différents profils réalisés en partageant son expérience transversale
en matière de culture des végétaux. Ainsi, pour chaque milieu, un profil de sol a été constitué selon le
schéma suivant :
- le numéro de référence du milieu par rapport au plan de situation (Figure 9) avec sa surface,
- une description succinte des principales caractéristiques du milieu naturel, réalisée à partir des
ouvrages cités précédemment,
- un profil légendé sous forme d’une coupe technique divisée selon les différentes strates,
- le type d’arrosage à mettre en place (aérien, goutte-à-goutte),
- une liste des espèces végétales retrouvées sur le milieu naturel.
L’exemple ci-dessous (Figure 13) présente le profil de sol établi pour le milieu écologique de la combe à
neige. L’étude de ce milieu a été réalisée à partir des différents profils retrouvés dans la publication de
Lambert, K. (1996) avec la collaboration de Philippe Choler.
Espèces végétales
Numéro de référence Surface du milieu Profil du sol caractéristiques du milieu
Ce milieu est une formation de l’étage alpin située au fond de petites cuvettes longuement
Alchemilla pentaphyllea,
enneigées. Sa structure est complexe. Il s’agit de sols profonds riches en argile dû au lessivage. On
0 cm Arenaria biflora,
parle de pédoclimat contrasté : le sol y est hydromorphe durant une très courte durée qui suit la fonte des
5 cm Gnaphalium supinum,
neiges (3 semaines) et peut être très sec en période estivale.
Sibbaldia procumbens,
20 cm Cardamine bellidifolia subsp.
- Profil du sol reconstitué :
alpina,
2-0 cm : apport de matière organique (humus) en surface pour aider à la mise en place du milieu et des
Légende du profil
Potentilla brauneana,
espèces. 50 cm Taraxacum alpinum,
0-5 cm : mélange cailloux calcaires (granulométrie 5-10), sable calcaire et terre du Jardin Botanique en
Androsace adfinis subsp.
proportions équivalentes.
brigantiaca.
5-20 cm : mélange sable calcaire et terre du Jardin Botanique en proportions respectives 1/3 et 2/3.
Dans les faciès rocailleux :
20-50 cm : argile.
Arabis caerulea,
50 cm : pose d’un géotextile.
Saxifraga androsacea,
Gnaphalium hoppeanum,
- Arrosage : aérien.
Gentiana orbicularis,
Saxifraga exarata.
Le prix obtenu d’environ 360 000 euros constitue un coût indicatif à nuancer selon l’évolution du projet
et le choix des matériaux sur le terrain des carrières lors de sa réalisation. Cependant, il s’agit d’un
coût qui découle d’une étude précise et qui reflète l’enveloppe globale nécessaire à la réalisation de
l’aménagement.
9
Discussion
Les résultats de cette étude mettent en avant le projet ambitieux porté par le Jardin Botanique
pour présenter la flore des Alpes présente aux alentours du Lautaret. L’étude comporte tous les éléments
nécessaires au lancement du projet (demandes éventuelles de subventions, négociations avec les
fournisseurs, récolte et mise en culture des végétaux en pépinière, etc.). Quelques nuances importantes
sont à considérer au regard des résultats.
- La topographie projetée. Toute la zone est de la partie calcaire (Figure 9) nécessite d’importants travaux
de terrassement et notamment un large volume de déblais. Cependant, la profondeur de la roche mère
déterminera la topographie du site ; en effet, celle-ci a été estimée à deux mètres selon les résultats
d’études antérieures menées sur des sols semblables aux alentours du Jardin Botanique, mais rien ne
permet de rendre cette supposition comme résultat acquis.
- La transposition écologique des différents milieux. Clairement exprimés lors de la présentation des
résultats, le caractère innovant et l’absence de recul en terme de cultures des différentes espèces
amènent à un certain nombre d’incertitudes à prendre en compte au regard de ces résultats. Ceux-ci sont
théoriques et indispensables au lancement du projet ; ils seront cependant voués à être modifiés selon
l’évolution de la zone et des milieux écologiques. Un exemple qui illustre l’absence de recul et le caractère
expérimental du projet est le milieu de la combe à neige ; en effet, il n’est pas aisé de déterminer la durée
de maintien de la neige à cet endroit. De cette durée dépendront les conditions du milieu (hydromorphie)
et donc son fonctionnement durant la période estivale. Un voile d’hivernage pourrait être envisagé. La
prise en compte du caractère évolutif de ces résultats constitue aussi bien une incertitude du point de vue
paysager pour le Jardin Botanique qu’un terrain d’expérimentations riche d’informations. En effet, la culture
“expérimentale” de certaines espèces permettra d’appréhender davantage leurs besoins spécifiques et
ainsi le fonctionnement écologique des milieux.
- L’estimation du coût. L’étude du coût a été réalisée à partir de devis et reflète l’ampleur du projet et
les apports financiers à investir. Cependant, trois points méritent d’être soulignés : le projet est voué à
être réalisé d’ici cinq ans, les coûts seront donc à actualiser ; certains avenants sont à prévoir (risque
d’évolution du projet) ; enfin du choix des fournisseurs, selon les qualités des matériaux, peut varier le
coût global de l’aménagement. Ces facteurs sont à prendre en compte pour les éventuelles demandes
de subventions.
- La maintenance. Celle-ci était difficilement évaluable à ce stade. Le Jardin Botanique dispose de 2,5
postes à temps plein pour son entretien et son aménagement. L’apport des stagiaires et des collaborateurs
bénévoles, malgré son importance et sa nécessité, est difficilement quantifiable. Aussi, cela pose une
seconde incertitude quant à l’estimation du coût global du projet.
Enfin, il pourrait être intéressant d’étudier la méthode à employer pour la récolte et la mise en culture
des espèces végétales caractéristiques des milieux écologiques. Cet axe se rapproche du domaine de
l’éthique. Est-il envisageable de récolter des “pièces” de milieux naturels pour les réintroduire à l’altitude
du Jardin Botanique? A première vue, cela faciliterait la maintenance minutieuse à apporter à certains
milieux (pelouses en équilibre minimisant le phénomène de compétition notamment) ; à long terme,
rien n’est moins sûr, sans compter que cela pertuberait un milieu naturel. Dans tous les cas, la mise en
place de ces milieux met en évidence une organisation minutieuse et une réflexion préalable quant à ces
méthodes de transposition (semis, boutures, transplantation, etc.).
Références bibliographiques
Aubert S., Bec S., Choler Ph., Douzet R., Michalet R., Thuiller W. (2011) Flore et végétation de
la région du Lautaret et du Briançonnais. Partie 1. Eléments d’écologie alpine. Cahiers du Lautaret N°2,
Ed. SAJF, 76 p.
Parc national des Ecrins (2007) - A la découverte des fleurs des Alpes, 350 espèces dans leur
milieu. 2ème Ed. Glénat, 431 p.
Manneville, O., Vergne, V., Villepoux, O., et al. (2006) - Le monde des tourbières et des marais.
2ème Ed. Delachaux & Niestlé, 320 p.
Lambert, K. (1996) – Diversité des sols à l’étage alpin dans la région du Lautaret-Galibier. Diplôme
d’Etudes Approfondies « Ecosystèmes Continentaux Arides Méditerranéens et Montagnards », Faculté
des sciences de Saint-Jérôme, Marseille III et Laboratoire d’Ecologie Alpine, Université Joseph Fourier,
Grenoble I. 35p.
J. Debelmas, L. Richard, A. Bocquet, A. Garcin, L. Genest, L. Leseigneur, J.-F. Lyon-Caen,
J.-F. Noblet, G. Pautou, J.-P. Zuanon (1999) - Les Alpes ; la géologie, les milieux, la faune et la flore, les
hommes. Ed Delachaux et Niestlé, 319 p. 10
Annexes
ANNEXE 1 : Documents d’esquisse
Cascade
Combe à neige
Eboulis siliceux
Pelouse
Eboulis schisteux
Légende :
Zone de crête haute
(hauteur à déterminer)
Surface à niveau
(selon la profondeur de la roche mère)
Surface en relief
(existant, à créer ou à modifier)
Sens de la pente
Figure 3 : Croquis, vue Sud > Nord, P. Renault Figure 4 : Croquis, vue Ouest > Est, P. Renault
11
Figure 4 : Photomontage P. Renault
1,7 m 1,7 m
Maquette de travail en argile. Réalisation : Ph. Danton & P. Renault. Photographie : P. Renault, 25/07/2011
Code couleur
Arrosage aérien
Arrosage goutte-à-goutte
secteur 5 : goutte-à-goutte 1
Emplacement du programmateur
secteur 6 : goutte-à-goutte 2
secteur 7 : goutte-à-goutte 3
- 2 turbines 360 °
- 1 turbine 180 °
- conduite secondaire,
longueur : 38 ml.
- 2 turbines 360 °
- conduite secondaire,
longueur : 35 ml.
- 8 turbines 180 °
- conduite secondaire,
longueur : 41 ml.
1. Eboulis siliceux grossiers à oseille à deux styles et adénostyle à feuilles blanches (67 m²)
Le milieu se retrouve à l’étage alpin entre 2300 et 2500 m, soit à plus haute altitude que dans 20 cm Principales espèces
le milieu superficiel à reconstituer au sein du Jardin Botanique. Il s’agit d’un substrat drainant pas trop Adenostyles leucophylla,
sec. Les gros blocs se retrouvent en bas de pente avec des éléments plus fins entre ces blocs. 0 cm Luzula alpinopilosa,
Oxyria digyna,
- Profil du sol reconstitué : Cryptogramma crispa,
20 cm : mise en place d’un arrosage goutte-à-goutte à débit réglable. Polystichum lonchitis,
20-0 cm : blocs siliceux du moins gros au plus gros de façon progressive dans le sens de la pente. Cardamine resedifolia,
0-50 cm : mélange sable siliceux-gravier-terre du Jardin Botanique en proportions équivalentes. Epilobium anagallidifolium,
50 cm : pose d’un géotextile. 50 cm Festuca violacea,
Leucanthemopsis alpina.
- Arrosage : aérien et en profondeur nécessaire (goutte-à-goutte).
15
4. Bas-marais alcalin à laîche de Davall (62 m² / périmètre : 30,5 m)
Ce milieu de l’étage subalpin est le groupement classique de bas-marais sur substrat calcaire. Il se développe
dans les replats de fond de vallée et le long des ruisseaux. Il correspond aux tourbières minérotrophes plutôt oligotrophes. Principales espèces
Le climat peut être varié (humide à sec, chaud à froid). C’est un milieu bien imbibé situé sous ou juste au niveau général Carex davalliana,
de l’eau. L’oxygénation de substrat y est moyenne à faible. L’épaisseur de la tourbe peut être très faible à très forte, plus ou Swertia perennis,
moins dégradée. Pinguicula vulgaris,
Juncus arcticus,
- Profil du sol reconstitué : Juncus alpinoarticulatus,
L’eau doit être peu courante, bien calcaire et basique. Le substrat proposé est de la tourbe brune (pH : 5,6 / densité 0,091) Carex nigra,
et des mousses hypnacées (à mettre en place par bouturage à partir du marais sous le Jardin Botanique). Un soubassement Carex flava,
en tuf pour consolider et filtrer l’eau acide (afin d’alimenter le bassin par capillarité) est préconisé. La profondeur du bas- Carex panicea,
marais augmente dans le sens Nord-Est / Sud-Ouest, de 10 cm au plus haut à 50 cm au plus bas. Une partie d’eau libre est Trichophorum cespitosum,
entretenue dans la zone la plus profonde afin d’éviter le refermement du marais dans le temps. Le fond du bas-marais est Eriophorum latifolium,
bâché et des géotextiles délimitent les différentes couches. La fixation des géotextiles et des bâches sur les bords doit être Equisetum palustre,
pensée avec de grosses pierres éventuellement cimentées entre elles. Selaginella selaginoides,
eau naturellement Primula farinosa,
Au plus haut : plutôt acide Potentilla erecta,
0 cm
0-10 cm : substrat composé de tourbe Bartsia alpina,
brune et de mousses hypnacées. 10 cm eau moins acide Tofielda calyculata,
10 cm : pose d’un géotextile. Dactylorhiza alpestris,
10-30 cm : sous-bassement en tuf. Schoenus ferrugineus,
30 cm : pose d’un géotextile. Salix foetida,
30+ cm : pose d’une bâche. Salix caesia.
- Arrosage : aérien. 50 cm
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8. Rochers calcaires (142 m²)
Ce milieu de l’étage alpin permet le développement d’espèces saxicoles.
Principales espèces
- Profil du sol reconstitué : Carex rupestris,
Il s’agit de reconstituer le milieu à partir de la superposition et l’encastrement de blocs de toutes Petrocallis pyrenaica,
tailles. La méthode retenue est l’empilement de blocs avec le dépôt d’une couche de substrat dans les Saxifraga caesia,
interstices et les cavités. Le substrat est composé de sable calcaire et de terre du Jardin Botanique Saxifraga paniculata.
dans les proportions respectives 1/3 et 2/3.
12. Eboulis calcaires grossiers à tabouret à feuilles rondes (105 m²) Principales espèces
Noccaea rotundifolia,
Le milieu se retrouve à l’étage alpin entre 2300 et 2500 m, soit à plus haute altitude que 0 cm
Viola cenisia,
dans le milieu superficiel à reconstituer au sein du Jardin Botanique. Il s’agit d’un substrat grossier avec
15 cm Adenostyles alpina,
très peu d’éléments fins ; le sol est donc très drainant, frais et sec en période estivale.
Cerastium latifolium,
Silene vulgaris subsp.
- Profil du sol reconstitué :
prostrata,
0-15 cm : couverture de cailloux calcaires granulométrie 20-100.
50 cm Campanula alpestris,
15-50 cm : mélange sable calcaire et terre du Jardin Botanique en proportions équivalentes.
Brassica repanda,
50 cm : pose d’un géotextile.
Astragalus australis,
Erysimum jugicola,
- Arrosage : aérien.
Berardia subacaulis.
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13. Combe à neige à saule herbacé (13 m²) Principales espèces
Ce milieu est une formation de l’étage alpin située au fond de petites cuvettes longuement Salix herbaceae,
enneigées. Sa structure est complexe. Il s’agit de sols profonds riches en argile en raison du lessivage. Alchemilla pentaphyllea,
On parle de pédoclimat contrasté : le sol y est hydromorphe durant une très courte durée qui suit la fonte 0 cm Arenaria biflora,
des neiges (3 semaines) et peut être très sec en période estivale. 5 cm Gnaphalium supinum,
Sibbaldia procumbens,
- Profil du sol reconstitué : 20 cm Cardamine bellidifolia subsp.
2-0 cm : apport de matière organique (humus) en surface favoriser la mise en place du milieu et des alpina,
espèces. 50 cm Potentilla brauneana,
0-5 cm : mélange cailloux calcaires (granulométrie 5-10), sable calcaire et terre du Jardin Botanique en Taraxacum alpinum,
proportions équivalentes. Androsace adfinis subsp.
5-20 cm : mélange sable calcaire et terre du Jardin Botanique en proportions respectives 1/3 et 2/3. brigantiaca.
20-50 cm : argile. Dans les faciès rocailleux :
50 cm : pose d’un géotextile. Arabis caerulea,
Saxifraga androsacea,
- Arrosage : aérien. Gnaphalium hoppeanum,
Gentiana orbicularis,
Saxifraga exarata.
17. Pelouse à fétuque violette et laîche ferrugineuse (1,2 m²) 0 cm Principales espèces
Festuca violacea,
La pelouse à fétuque violette et laîche ferrugineuse se développe plutôt sur substrat acide Carex sempervirens,
et sur les pentes fortes. Avenella flexuosa,
40 cm Senecio incanus,
- Profil du sol reconstitué : Arenaria multicaulis,
Il s’agit de reconstituer le milieu sur 40 cm de profondeur à partir d’un mélange de tourbe blonde (pH Achillea nana.
: 3,8 / densité 0,048), cailloux siliceux (granulométrie 10-50) et terre du Jardin Botanique dans les Sites plus humides et moins
proportions suivantes : pentus :
tourbe blonde (3/4) cailloux siliceux (1/12) terre du jardin (1/6). Plantago alpin,
Un géotextile est mis en place en profondeur. Luzula apinopilosa,
Saxifraga bryoides.
- Arrosage : aérien.
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18. Prairie à fétuque paniculée (82 m² dont 29 m² à reconstituer)
Ce milieu de l’étage subalpin est une formation d’adret, Principales espèces
intermédiaire entre prairie et pelouse, dense et très riche floristiquement. 0 cm
Centaurea uniflora, Potentilla grandiflora,
Le substrat qui le compose est principalement acide. Le milieu se Meum athamanticum, Senecio doronicum,
développe sur des pentes faibles et sur des sols profonds (> 1 mètre). Trifolium montanum, Gentiana acaulis,
La compétition y est forte (allélopathie) mais les perturbations faibles. Campanula barbata, Gentianella campestris,
Ce milieu est déjà présent au sein du Jardin Botanique dans la zone Arnica montana, Cerastium arvense subsp. strictum,
de présentation de la flore des Alpes. Il doit être mis en valeur mais 50 cm Phyteuma michelii, Geum montanum,
la structure du sol n’est pas à recréer ; le milieu étant naturellement Luzula nutans, Veronica allionii,
adapté au sol du Jardin Botanique. Paradisea liliastrum, Helianthemum grandiflorum,
Crepis bocconi, Nigritella nigra,
- Profil du sol reconstitué : reprise de l’existant pour la partie la plus à Pulmonaria angustifolia, Traunsteiner globosa,
l’ouest ; apport de terre du Jardin Botanique sur 50 cm pour la partie à Campanula thyrsoides, Artemisia atrata,
recréer entre les rochers schisteux et l’éboulis calcaire. Trifolium alpinum, Allium lineare.
- Arrosage : aérien.
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